Horakk Antarxarxès
Horakk Antarxarxès
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• Compendium militaire pour esprits désœuvrés •

• Chroniques •




HRP : Cette petite suite de chroniques se situe temporellement après ce rp.



-- Vide intersidéral -- Pont supérieur de l’Égide de Krayiss --


L'Histoire ne retenait jamais que les grandes dates, les figures iconoclastes, les vastes bouleversements. Alors que, paradoxalement, l'immense majorité de son contenu n'était qu'une suite ininterrompue d'insipides journées, au creux de toute sortes d'endroits totalement insignifiants, parcourus par tout autant de personnalités évanescentes.

Pourtant, chacun de ces visages était une personne à part entière, et qu'il manquât une pièce à ce précieux puzzle, ce pouvait changer bien des choses, même à très grande échelle. Cela, peu d'officiers impériaux aurait osé l'admettre. C'eut été contrevenir à une forme de compassion malvenue envers la troupe, vue par les vieux théoriciens comme un simple nombre tout à fait malléable et renouvelable à souhait, pour peu que l'on put compter sur un recrutement actif.

Pourtant, il existait des exceptions à la règle, et curieusement, certains Sith n'y avaient pas été étrangers, dont Darth Ynnitach elle-même. Malgré toute la cruauté dont cette junte pouvait faire preuve, la nécessité d'un esprit de corps avait fini par s'imposer à elle avec la venue de la guerre, véritable et totale. Il devenait évident qu'une armée sans cohésion était vouée à sa perte, aussi performant son armement eut-il été ! Etait-ce par sa nature alien qu'il en était venu à faire si rapidement ce constat, là où l'écrasante majorité de ses pairs avait passé sous silence ce point si particulier ? Du peu qu'il savait sur sa propre espèce d'origine, on vantait sa sociabilité. Peut-être lui devait-il d'avoir senti dès ses jeunes années cette affinité toute particulière pour le groupe, la forge du lien, et puis plus tard, avec le temps, le commandement, l'aisance à trouver le chemin des cœurs et les émotions vives, par l'écho de la foule à un discours plein d'ardeur !

Il avait utilisé cette affinité que l'on aurait dit "naturelle" avec les arts de la voix et de l'esprit pour donner aux équipages sous son ordre cette cohésion qui les avait dès lors fait paraître comme des choses étranges. Des années de guerre avaient finalement accouché de cette flotte impériale hybride qu'était la Ve, et considérée par les autres comme inclassable - une curiosité, mais dont l'exemplarité avait évitée, malgré les inévitables revers et déboires, qu'on n'en moquât ouvertement la singularité. Un jour, s'en était promis Antarxarxès, cette unité les sauverait des fins si communes, et peut-être, si les vents les portaient jusque-là, les ferait-elle entrer dans cette Histoire qui ne voulait que des marque-pages.

Mais le charbon qui nourrissait ces feux-ci était long au chargement. C'était tout ce que lui avait démontré sa propre vie, depuis qu'il avait embrassé sa carrière dans la marine, comme certains embrassent la mariée. Le quotidien morne et répétitif des militaires ne faisait jamais le gras des ouvrages de guerre, et pourtant, il était le bois dont on bâtissait toutes les guerres, petites ou grandes...



Horakk éteignit le data qu'il s'était appliqué à lire depuis près d'une heure. Tous ces vastes constats sur les zones d'ombre de l'Histoire Galactique le laissaient songeur. Il ne se faisait guère d'illusion sur le fait que ses propres digressions en la matière auraient fait sourire n'importe quel spécialiste... Pour autant, sa curiosité presque infantile pour la nouveauté lui faisait garder une naïveté bienvenue pour ce qui était d'observer les choses pour ce qu'elles étaient. Connaître le quotidien des Sith anciens sur Korriban avant l'avènement des Exilés n'aurait pas provoqué un enthousiasme délirant chez les jeunes Sith, et pourtant, le sujet parvenait à garder un vieux rishii alerte une bonne heure durant.

Laquelle touchait désormais à sa fin, et avec elle le repos qu'il s'était octroyé pour cette journée-là. Sur le sol métallique et froid, le son atténué de ses pieds sans doigt rythmait ses allers-venues d'un bout à l'autre de la cabine. Ce morceau d'Egide-là lui appartenait en propre, du temps qu'il y ferait son office. Et depuis, l'endroit avait pris l'aspect qui seyait à ce propriétaire exigent. Sous l'éclairage indirect des longues appliques qui soulignaient la blancheur des murs blindés, Horakk prit le temps de traquer la moindre imperfection dans sa très règlementaire tenue, et ne daigna sortir que lorsqu'il fut certain que son reflet ne mentait pas.

Quant à savoir quelle heure pouvait afficher le cadran de bord, Antarxarxès n'en était plus à cette vérification près : depuis des mois qu'il n'avait plus vu une atmosphère planétaire, son organisme avait trouvé moult parades pour s’acclimater à cet ermitage en apesanteur. L'une d'elle consistait à calculer inconsciemment le nombre exact d'heures de sommeil nécessaire pour combler une nuit artificielle à bord. Ce qui lui épargnait d'avoir à caler un énième réveil : depuis presque trente ans, son cerveau paraissait avoir compris de son propre chef l'importance capitale de la ponctualité à bord.

Dans les coursives sans jour ni nuit, où la technique avait remplacé la nature, on veillait sans relâche, certains qu'une paire d'yeux prenait toujours la relève de la sienne. L'effervescence était permanente, et tandis qu'ils voguaient d'un bout à l'autre des voies hyperspatiales, il se trouvait toujours mille et une chose à faire au sein de chacun de ces monstres de duracier qu'on appelait amoureusement "nos navires". On avait gardé de l'eau la métaphore, jusqu'au bout.


" Mon amiral : le capitaine Hope vient de rentrer. Chasseur stationné hangar frontal, quai n°2.

-Parfait : dites-lui de monter au pont de commandement dès que possible. Je souhaite m'entretenir avec lui sur ce vol d'essai. "


Cela faisait à présent plus d'une semaine standard que le dénomé Lloyd Hope - Darth Omíros dans le secret des états de service - arpentait tantôt les interminables coursives de l’Égide de Krayiss, tantôt les ponts des divers vaisseaux qui composaient la Ve flotte. En tant que Sith, il était craint et respecté avant même d'être connu. Malgré tout, le hapien avait insisté pour être traité le plus "normalement possible", c'était à dire, comme l'avait bien compris l'amiral, comme n'importe quel marin à son bord. Chose faite : les instructions données à tous les équipages étaient claires. Le titre de Darth était relégué aux archives, et le grade de capitaine était le seul qui prévalait.

C'était amplement suffisant pour susciter certaines jalousies, car après tout, qu'avait-il fait, celui-là, pour mériter qu'on lui collât d'entrée ce grade, alors qu'il n'avait sans doute jamais tenu une barre ? Avait-il fait l'académie ? Même pas ! Non, il ne devait son salaire et son qu'au fait qu'il était - et la rumeur était tenace - l'ancien apprenti du Castellan. Et la facilité avec laquelle l'amiral avait accepté cette pièce rapporté n'en finissait pas d'interroger.

De son pas si étrangement léger malgré sa raideur, Antarxarxès avait regagné son immuable poste d'observation. Le ronron du quotidien se mêlait aux bruits familiers des systèmes de l’Égide, et dans toute cette habitude qui aurait tôt fait d'avoir raison de leur vigilance, l'inconnue s'introduisit d'elle-même dans l'équation :

" Bon retour à bord, Capitaine. J'espère que ce tout premier essai vous a permis d'en apprendre plus sur ce modèle de chasseur ? Qu'en pensez-vous ? Je souhaite m'entretenir avec vous sur ce vol en priorité - et, si vous n'y voyez pas d'inconvénient, sur vos impressions concernant votre intégration au sein de notre flotte à un niveau plus général. "

D'un geste, il l'invitait à s'avancer :

" Nous n'avons guère eu l'occasion de nous entretenir sur les raisons de votre présence ici, depuis Dromund Kaas. "

Depuis cette merveilleuse soirée, semblait souligner le rire muet au coin de ses yeux.

" Raison pour laquelle j'ai pris la liberté de vous faire remonter jusqu'ici. N'hésitez pas à me partager toutes vos impressions, un œil extérieur est une aubaine pour qui cherche à s'améliorer constamment. "

Mains dans le dos, Horakk dévisageait à présent le Sith avec une intensité accrue. Non pas pour le mettre mal à l'aise, mais bien par réel intérêt : aucune échappatoire, le jeune dernier de l’Égide allait devoir se montrer bavard. Du moins pour donner le change.



Lloyd Hope
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Si on ne comptait que ce bâtiment, l’Egide représentait des milliers d’individus. Si on comptait la Vème flotte tout entière, on tenait des dizaines de milliers d’hommes.

Pendant que le chasseur biplace dans lequel Lloyd se trouvait virevoltait dans l’espace, le hapien essayait de se représenter la masse qu’une telle foule occuperait, mais son esprit n’y parvenait pas. Une centaine, un millier, d’accord. Des dizaines de milliers, à quoi cela ressemblait-il ? Comment pouvait-on être entendu, compris, quand on commandait de telles masses ?

- Et voilà… mon capitaine,
crépita la voix du pilote à l’avant, qui portait lui aussi un masque respirateur. A bâbord, là, c’est le Sibyllin.
- Oui, je l’ai reconnu.
- On peut faire une pointe vers lui et revenir, si vous voulez ?
- Ça ira.
- Mal au cœur ?
- Nan, ça va.

J’aime juste pas tellement remettre ma vie entre des mains inconnues.

- Parce que ce qui est chouette, avec ce nouvel appareil, c’est les systèmes de décélération.
- Ouais, mais ça ira, merci. On rentre.
- Comme vous voudrez, mon capitaine.

Le petit appareil oscilla, bascula d’un côté. Ils longèrent l’Egide, et par le hublot le hapien contempla la carcasse de métal interminable, marquée des symboles de l’Empire, l’insigne de l’Egide et des stigmates d’anciennes batailles qui étaient comme des cicatrices discrètes, des témoignages silencieux des dernières années passées. La guerre avait beau avoir momentanément cessé, les hommes et femmes qui vivaient dans ces navires se levaient, travaillaient et se couchaient toujours aux rythmes sévères de temps plus durs, afin d’être préparé à reprendre une bataille sans s’être trop habitués à de confortables conditions.

Ces derniers jours, le hapien avait eu beau avoir le luxe d’une cabine individuelle, il n’y avait guère passé de temps. Il avait partagé les repas, les exercices, quelques réunions et même quelques séances d’activité physique avec d’autres officiers et quelques sous-officiers chargés de lui présenter les particularités techniques de l’Egide ou les principales procédures de fonctionnement. Bien sûr, on évitait d’être trop bavard avec lui, on évitait d’ailleurs d’être celui qui était désigné pour « promener » le capitaine dont les rumeurs disaient au mieux qu’il fallait s’en méfier, au pire qu’il leur faisait tous perdre leur temps. Malgré l’échec relatif qu’il essuyait pour nouer des contacts, Lloyd parvenait à passer beaucoup de temps dans les détails techniques du croiseur et y apprenait beaucoup. Un séjour qui lui donnait un avant-goût fidèle, du moins il l’espérait, de ce qui l’attendait lorsqu’il commanderait son propre navire.

Ainsi, à part les moments où son esprit lui rapportait les souvenirs désagréables de sa première soirée à bord, le reste du temps les heures filaient en quelques clins d’œil.
Huit jours s’étaient écoulés depuis la danse de Dana Shar.









Le hapien avait exécuté un salut militaire en se présentant sur le pont de commandement, comme l’aurait fait n’importe quel autre officier appelé auprès de l’Amiral. Il était vêtu d’une combinaison de pilote plutôt que de son uniforme. Son regard fut un instant attiré par les consoles voisines, avant qu’il ne s’intéressât de nouveau au rishi. Il resta figé, le visage fermé.

- Ces chasseurs sont très impressionnants, confirma-t-il poliment. Très réactifs. Voilà longtemps que je n’avais pas volé dans de si petits appareils. Enfin, j’aimerais beaucoup les voir opérer en formation à l’occasion. Je crois qu’il y a une manœuvre prévue demain, je me trouverai un poste d’observation.

Il baissa un bref instant les yeux sur sa tenue – aurait-il dû se changer ?

- Je compte y retourner ensuite, pour voir l’atelier mécanique qui les entretient, dit-il comme une explication.

Le pont de commandement était relativement calme. Lloyd aurait aimé y passer davantage de temps, mais ce n’était pas exactement le genre d’endroits où l’on pouvait se promener comme dans un musée ; il profitait donc des quelques moments où il avait été appelé à s’y rendre pour jeter un œil ici et là. A quelques pas d’eux, une carte d’astrogation holographique diffusait une lueur bleue qui ajoutait à la quiétude de l’endroit. Un bourdonnement discret, confortable aux oreilles du hapien, mais il se doutait que ce n’était pas exactement de ce genre d’impression que l’Amiral souhaitait discuter.

- Mon intégration se passe très bien, déclara-t-il sobrement. Vos officiers ont le soin de me faire participer à la vie de l’Egide.

C’était un demi-mensonge par omission. Si les officiers se chargeaient bien d’intégrer Lloyd à leurs activités quotidiennes en se le refilant d’un jour à l’autre, ils le faisaient avec une cordialité froide et le hapien avait même assisté à une prise de bec entre deux d’entre eux ; l’objet de la dispute étant de choisir qui se chargerait d’emmener la pièce rapportée dans ses inspections du jour, qu’il avait fait mine de ne pas entendre. Heureusement, un certain nombre de sous-officiers se moquaient pas mal de ce que Lloyd eut mérité ou non son grade et avaient voulu faire bonne impression en ne se montrant pas avare d’informations et de démonstrations, que ce fut à bord de l’Egide ou d’un autre des navires de la flotte. Lloyd en avait profité pour passer un peu plus de temps auprès de ces personnes qui l’avaient mieux accueilli, et qui bientôt regrettaient un peu leur zèle : le nouveau capitaine avait la fâcheuse tendance de vouloir tout ouvrir, vérifier et étudier lui-même et même s’il ne recherchait pas des motifs de sanction, il était malaisant d’avoir un officier qui se mêlait autant des détails, fut-ce temporairement.
Mais en bref, il n’y avait pas eu d’accroc particulier et Lloyd espérait donc que l’Amiral n’eût pas eu vent de l’ambiance exacte de son intégration dans la flotte. Après tout, toute nouvelle recrue essuyait quelques jours ou semaines d’inadéquation sociale, s’était convaincu le capitaine.

- Je suis impressionné par la fluidité de coordination à l’intérieur de l’Egide et avec les autres navires. Certains personnels semblent se connaître depuis longtemps mais même lorsque ce n’est pas le cas, il règne dans la plupart des interactions une volonté de s’accorder efficacement, c’est très appréciable. Surtout dans un bâtiment d’une telle complexité technique.

Lloyd avait croisé momentanément ses mains dans le dos, impassible, sans sembler se rendre compte de l’effet de mimétisme face à l’Amiral.

- Et pour ce qui est des raisons de mon séjour, il est vrai que je n’ai pas eu le temps de vous les exposer proprement. Je suis intégré à la Marine Impériale depuis plusieurs années pour commander ponctuellement des opérations spéciales. Jamais de grands bataillons, quelques escadrons tout au plus. J’ai principalement coordonné des attaques sur sol, Columnex il y a deux ans par exemple. Cela fait plusieurs années que j’ai demandé au Castellan d’intégrer la Marine de façon plus stable, pour y servir à côté de mes obligations de Sith. Depuis quelques mois, il considère réellement de me confier le commandement d’une frégate.

S’il continuait à être l’obéissant larbin qui intervenait là où les autres ne le pouvaient pas pour le compte de Darth Laduim, bien évidemment.

- Je suis donc ici pour comprendre comment fonctionne une flotte dans ses différents aspects pour pouvoir peut-être en intégrer une un jour.

Il y eut pendant quelques secondes un silence qui flotta entre eux. Le rishi réfléchissait peut-être aux implications d’avoir un Sith de façon permanente dans une flotte dont les rouages fonctionnaient en général mieux sans eux.

- J’ai, hum…

Le hapien baissa les yeux, le temps de fouiller l’une de ses poches, en sortit un petit papier plié qu’il tritura un peu maladroitement pour parvenir à le déployer sans le déchirer. La page était noircie d’une écriture griffonnée.

- J’ai préparé quelques questions. Si vous avez le temps, bien sûr.

Il releva des yeux interdits vers l’Amiral. Le rishi lui semblait toujours avoir un regard qui jamais ne cillait ; était-ce à cause de son espèce ou le faisait-il exprès, il lui semblait qu’Antarxarxès ne clignait pas des yeux, ou pas assez. Ou peut-être qu’il se faisait des idées. En tous les cas, l’Amiral lui donna d’un geste une invitation à procéder et le hapien se reconcentra sur la lecture de son papier griffonné.

- Merci. Hum… Oui, alors…

Il n’avait pas de difficulté à se relire. Les questions s’étalaient de son écriture serrée, mais plus aucune ne lui paraissait intelligente, en réalité. Ou bien elles étaient trop personnelles. Ou trop ceci, ou pas assez cela. Il releva brièvement les yeux vers l’Amiral, les baissa de nouveau sur son papier, la mine sérieuse.

- Ah oui, voilà. Les tubes de lancement de torpilles à protons sont positionnés groupés et de façon opposée – pour optimiser les axes de tir bien sûr – mais à ce que j’en ai vu, il n’existe que des moyens électroniques pour les désactiver, sans moyens mécaniques en cas de panne de l’électronique. Alors je sais que par rapport aux Centurion, l’idée était d’avoir quelque chose de plus fiable et plus rapide, mais si on prend un cas comme un incendie interne – ce qui est arrivé il me semble l’année dernière sur le Terrifique - avec panne électronique je ne comprends pas comme vous pouvez empêcher l'incendie de se propager vers les générateurs centraux. Et aussi, je me demandais si vous faisiez souvent des exercices liés à des pannes de propulseur et en combien de temps l’Egide pouvait basculer sur ses propulseurs de secours en cas de panne de l’hyperdrive, et… Je me demandais aussi si vous appliquiez à la lettre les recommandations de la doctrine concernant les encerclements sous feu ennemi. Certaines des directives paraissent parfois peu réalistes et…

Le hapien s’interrompit en s’humectant les lèvres.

- Oui enfin, sinon je pourrai demander tout ça à vos équipes, je suppose.

Il froissa discrètement le papier entre ses mains, la mine troublée. Quand il croisa le regard du rishi, il parut le voir réellement pour la première fois : pas seulement l’Amiral, mais l’individu, au-delà. Qui réfléchissait à ses actes. Qui en mesurait la portée. Qui se corrigeait en conséquence.
Lorsque Lloyd reprit la parole, c’était sur un ton moins formel.

- Ce qui m’a frappé, en réalité, c’est à quel point vos soldats parlent de vous avec déférence. Surtout les officiers. Ils ont une bien meilleure estime de vous que de n’importe quel Sith. Bon, ça, c’est peut-être pas tellement surprenant, ajouta-t-il avec un bref sourire contrit.

La dernière fois que l'Amiral devait avoir eu à faire à des Sith, c'était... Hé bien, huit jours plus tôt, avec sa délicate prestation pour faire parler le sergent Aarian et l'intervention élégante de Dana Shar. Autant dire qu'il avait peut-être une image à rattraper. Il y avait fort à parier que les Sith précédents qu'Antarxarxès avait dû rencontré n'avaient pas été beaucoup plus fins qu'eux.
Il se passa une main sur la nuque, puis soudain se détendit pour braquer sur l’Amiral un regard franc, incisif.

- Pour la majorité, ils semblent croire que vous avez confiance en chacun d’eux personnellement, commenta-t-il, avant de froncer légèrement les sourcils. Alors qu’en ne prenant que les officiers et les sous-off, ils sont déjà plus d’un millier dans cette flotte, et je ne compte même pas les jours où vous avez des troupes embarquées !

Le hapien secoua la tête, la mine renfrognée.

- Vous ne pouvez pas avoir confiance en chacun d’eux, dit-il, presque comme une protestation, ou peut-être une accusation, mais c’était pourtant bien une question, au fond.

Horakk Antarxarxès
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L'existence savait véritablement vous étonner, et Horakk continuait de le découvrir chaque jour. Même là, au milieu du vide absolu, sur ce contraste de noir, sur les métaux aseptisés de l’Égide, il découvrait avec une joie bien particulière la sensation de se laisser surprendre. Et d'y réagir favorablement. Ce jeune homme au port altier, qui jusqu'ici n'avait affecté que la plus stricte bien séance, un peu gauche, un peu froid, s'animait soudain. Tout, de son visage aux pointes de ses bottes, semblait tout d'un coup reprendre vie après un étrange hiver.

Etait-ce réellement le spectacle des chasseurs stellaires, qui lui donnait maintenant cette verve effervescente ? Ou tout autre chose ? La question flottait dans le regard intrigué de l'amiral, dont le religieux silence laissait toute la place au retour du capitaine, qu'il avait lui-même appelé de ses vœux. Sachant le jeune Sith réceptif aux apprentissages marins - chose rare - il avait espéré que ce faisant, l'enthousiasme de Hope pour la technicité des manœuvres de la flotte légère lui permettrait d'avoir, comme il aimait à le dire souvent, "des yeux dans tous les coins". En l’occurrence, à détecter ce que des pilotes très aguerris, trompés par leurs réflexes et leurs habitudes bien rodés, auraient éventuellement omis de voir. Ainsi avait été la petite mission implicitement liée à la sortie sans grande portée du Sith dans l'espace. Cependant, il apparut à Antarxarxès que son allié de circonstance s'était montré peu attentif et peu impliqué sur les détails qu'il avait espérer le voir dénicher... Tout plan comporte toujours ses failles.

" Mon intégration se passe très bien. " affirmait avec un aplomb appréciable la figure tout en contraste de Hope.

Dès qu'il lui avait été donné la permission de parler, le hapien s'était montré des plus loquaces. Le petit avien garda le silence, laissant à sa discrète queue plumeuse le soin de battre la mesure de sa pensée. A la façon d'un bon élève un peu intimidé par l'interrogation formelle d'un professeur exigeant, le hapien dégaina, sous le regard surpris d'Horakk... une feuille. De papier. Le genre de relique encore en vogue dans les confins de l'espace, sur les mondes désolés où l'électronique demeure une richesse de contrebande. Curieusement, c'était une ressource très prisée... des espions. Car absolument non piratable, et impossible à effacer à distance. L'attention vigilante de l'amiral se porta alternativement sur cette petite chose si improbable ici, et le visage à peine fébrile du hapien. Comme s'il avait pu deviner les pensées derrière les pensées, le jeune homme s'arrêta, son regard croisant le sien. Horakk, imperturbable écueil planté dans une mer familière, ne cilla pas, malgré l'intensité du bref échange : ce regard-là... Etait aussi vert que celui qu'il aimait par dessus tout. Un éclat qui ne pouvait pas laisser indifférent, lorsqu'on avait le loisir de le contempler d'aussi près. Mais, ce vert-là semblait chaud, solaire, tirant subtilement sur la verdure printanière. Les pupilles du patriarches Antarxarxès, elles, lui avaient toujours évoqué les nuances plus froides et sombres des forêts primordiales. Cette différence faisait tout, elle changeait à elle seule tout le rendu du vivant tableau que le rishii comparait au souvenir immatériel qui trônait dans sa mémoire. Tout ceci était invisible et muet, et Lloyd ne pouvait en avoir conscient, quand bien même la Force aurait pu lui faire pressentir telle rêverie en aparté.

" J’ai, hum… "

La singularité qu'était le capitaine Hope offrait aux esprits instigateurs une foule de détails subtilement discordants, qu'Antarxarxès, tout rishii qu'il demeurait malgré lui, ne pouvait résister à explorer.

Bien qu'il n'ait pas été, et de loin, le plus grand détecteur de mensonge ambulant, Horakk tendait au fil des ans à comprendre et décrypter le langage des corps avec de plus en plus d'aisance. Toutes ces choses non dites que susurraient les choix inconscients servaient sa lecture des autres, que son rôle de commandement nécessitait toujours. Il lui fallait, dans le secret de sa réflexion, pouvoir, sinon anticiper, au moins s'adapter quoi qu'il arrive, à ce qu'une présence étrangère pouvait générer de surprise. Alors, tandis qu'il parlait, le capitaine Hope pouvait se sentir soumis à un interrogatoire d'une nature très différente de celui qu'aurait mené un Sith. Rien n'était dit, rien ne transparaissait qu'une attention soutenue et des plus polie. Un seul regard, à peine usé par les ans, glissait parfois avec l'agilité que lui conférait sa nature avienne sur d'infimes détails, le visage, les mains, les plis du vêtement si bien porté. L'inflexion de la voix, les hésitations ou au contraire l'empressement soudain : le rishii buvait ces vagues données plus ou moins volontairement et y faisait le tri avec minutie. Qui êtes-vous ? interrogeait ce regard inhumain, pourtant dénué de froideur.





Qui êtes-vous en vérité ? Sous ce masque si commun et cet uniforme si vite enfilé ? disait-il encore lorsqu'en réponse, le corps du capitaine tentait de se dérober à la réponse qu'il n'aurait peut-être pas souhaité donner. Se raidissait et se détendait comme les cordes d'un instrument curieux. Simplement, un Sith comme un autre ? Prêt à tout pour gagner ? Un apprenti étouffé par un maître qui jamais n'abdiquera son cher trône ? Une âme en peine, échouée par hasard sur un navire dont elle doit s’accommoder ? Mais encore, êtes-vous réellement la personne droite et déterminée que vous paraissez ? Pourrais-je voir en vous un allié comme la marine doit en avoir ? ...

Ou ne serez-vous qu'une déception de plus ? Un traître et un manipulateur, comme tant d'autres avant vous ?










Qui êtes-vous, Lloyd Hope ?












C'est la seule question qui m'intéresse. Le reste n'est que fioriture tant que je n'ai pas la certitude d'avoir la bonne réponse.








Il parlait toujours, l'examen secret gardé pour leurs seuls inconscients mis de front. Malgré les apparences, celui que l'on décrivait parfois comme le mercenaire attitré du Castellan Noir - son... Chien, comme il se disait avec bien trop de mépris dans les cours Sith - peinait à coller à l'image d’Épinal du Sith que la propagande impériale aimait peindre. Il était discret, magnanime, respectueux des hommes et du matériel, et semblait contre toute attente nourrir une curiosité sincère pour les choses de la marine, là où bien d'autres se contentaient de prendre leurs vaisseaux pour des taxis un peu mieux armés que la moyenne. Sans doute par des traits d'une dérangeante perfection aux yeux de l'espèce humaine, l'homme se prévalait de paraître plus jeune qu'il ne devait l'être. Mais... irradiant d'une juvénilité que l'on aurait cru éternelle, soulignée encore par une blondeur insolente, le Sith devenu capitaine jouissait d'un capital sympathie peu commun parmi la gente humanoïde.

Son visage laissait transparaître une vague morosité, au travers d'un masque de neutralité soigné. L'amiral ne s'en inquiéta pas outre mesure : jamais il n'avait eu l'intention de jouer d'intimidation avec le personnage, pas plus que de tenter de lui tirer les vers du nez. Le rishii jouait ses partitions sur un tout autre registre. Désormais, du loin de son âge plus avancé qu'il n'y aurait paru pour un homme, il savait à quel point ces jeux-là pouvaient faire la différence. Leurs derniers jours à bord avaient été éprouvant, et pas seulement pour l'organisation d'un défilé, tout officiel eut-il été. Leur mésaventure avec le sergent Aarian avant été le rappel puissant et douloureux d'une vieille leçon peut-être mal apprise pour Horakk. Celle de ne jamais rien prendre pour acquis, pas même la fidélité d'un homme prétendument loyal à sa cause.

" Vous en aurez l'occasion, confirma l'amiral avec une vague approbation de la tête, "

Les octaves de sa voix d'alien chantaient avec une harmonie à peine infléchie par ce fantôme d'accent qu'une oreille avertie aurait captée avec malice.Très différente de celle de Hope, elle n'en demeurait pas moins volontairement d'un volume analogue, puisque Horakk le savait, le mimétisme, dans la construction d'une relation sociale - chez les hommes comme ailleurs aussi - était une arme de choix.

Je vais répondre à votre question... par une autre question. Si vous n'y voyez pas d'inconvénient."

Un procédé bizarre, qui n'avait cessé de le dérouter des années durant, avant qu'il ne parvienne finalement, par une sorte de découverte fortuite en son fort intérieur, à en révéler tout le splendide mécanisme. La façon dont le jeu de miroir forçait l'esprit qui se pensait ignorant à fouiller en lui pour réaliser, avec une stupéfaction enfantine, qu'il avait toujours porté ses propres réponses dans le silence de son inconscient.

" Imaginons : vous venez de recevoir l'un de ces chasseurs. Flambant neuf ! Il sort de l'usine. Le démarrez-vous séant ? Fort à parier que non. Vous l'inspectez, peut-être ? Avec grande minutie, sans nul doute ? Y passez-vous des minutes ? Des heures ? Des jours ? Le démonterez-vous pièces par pièces ? Encore... Tout porte à croire qu'il n'en serait rien, n'est-ce pas, capitaine ? Non. Et quand bien même ? La réalité vous rattrape : vous n'avez pas les moyens, peut-être pas le temps, de vous assurez vous-même de la fiabilité absolue de chacune des millions de pièces qui le composent. Allez pour autant renoncer à voler, alors que c'est précisément ce pourquoi vous l'avez acquis ?

Il existe pourtant un moyen bien simple et efficace, allez-vous me dire, de tester toutes les pièces en même temps et de s'assurer de la fiabilité de votre appareil : faites-le voler. Fin du paradoxe, et début de la véritable expérience ! Risqué ? Tout à fait ! Mais n'est-ce pas le propre de toute expérience ? Le risque ?

Voici ma conviction, alors. Il va de même pour toutes les choses ici-bas : vous pouvez à loisir vous perdre indéfiniment dans leur contemplation, dans la pesée infinie des pour et des contre, dans le tricotage sempiternel des hypothèses, si chers aux théoriciens de toutes natures avec de très pieux "et si, alors, et si ?" Prodigues mais bien souvent, en vain. Pourquoi, peut-on rétorquer ? Parce que, répondrait le vétéran sorti des ornières... parce que la vie se chargera avec sarcasme de vous caler un "si" dans le dos, celui-là même que vous n'aurez su voir... Car si Elle est omnisciente, cela ne sera jamais votre cas : c'est le lot d'une créature, si puissante soit-elle, face à sa Créatrice. Appelez-la la Vie, la Force, le Destin ou que sais-je ! A votre guise, peu importe le nom, le résultat est le même.
"

Et le prix à payer, proportionnel à l'orgueil, songea-t-il, les yeux tournés vers son vide intérieur. Il réfléchissait tout en parlant. Pour cela, peut-être semblait-il au hapien que le petit alien trapu se paraît successivement d'une mélancolie grise ou d'une exaltation légèrement amusée sur les bords, au gré de ses phrases, dont le rythme et le timbre connotaient une maitrise propre aux orateurs militaires. Différente de celle d'un politique versé dans l'illusionnisme de la voix, elle pouvait pourtant se laisser confondre. Après tout, un meneur d'homme reste un meneur d'homme, qu'il les mène au combat... ou aux urnes.

" La question que vous me posez vous ouvre à un cas similaire : vous ne pourrez jamais vous assurer de la loyauté et de la valeur de millions d'individus. Alors, le fond de votre question repose sur une autre pierre de taille : la question de l'échelle. L'échelle de l'individu n'est pas celle de la masse. Elles sont imbriquées, liées, indissociables, mais pourtant largement différentes, et parfois contradictoires en apparence. "

Sa voix s'était emplie progressivement d'une vive passion, d'un feu très différent de celui qu'on pouvait lui connaître lors d'allocutions martiales. Ce visage, il le gardait souvent pour cet endroit précis, là où il pouvait finalement partager largement sa pensées, l'ouvrir à la critique aiguisée de ses pairs. C'était donc ce qu'il faisait face à Hope, de l'autre côté de la console, les couleurs de sa figure parée des scintillements intermittents des hologrammes bleutés.

" L'analogie qui vous paraîtra sans doute la plus aisée à saisir est celle de l'eau. Voilà que vous devez acheminer toute votre eau d'une cuve jusque dans une centrale à vapeur. Tentez-vous de canaliser chaque goutte séparément pour se faire ? Ou construisez vous un canal adapté, dans lequel elles sont toutes jetées en désordre - et par tous les phénomènes de friction, de collision et de frottement qui font leurs liens, se retrouveront à progresser toute en une masse solide et unique, bien que tout à fait fluide et mobile ?

Les hommes sont comme l'eau, capitaine.
"

Il n'avait pas dit cela avec des grands airs de vieux sage. Mais plutôt avec un sourire espiègle de celui qui guette, qui n'a pas encore tout dit de sa pensée mais qui apprécie l'échange pour lui-même.

" Un amiral n'a pas pour tâche de prendre les gouttes à la pipette pour les amener de A vers B une par une. Mais bien de construire un canal de A vers B, de dimension et de géométrie adaptée, et de maîtriser ensuite débit et pression sur l'ensemble des gouttes rassemblées pour faire convoyer ce flot solide et unis, bien que composé de toutes les gouttes liées entre elle, qui convergera vers le lieu qu'il aura établi par avance. Voilà notre vraie tâche, invisible et insidieuse, et bien plus chronophage que toute réunion tactique. Et bien peu nombreuses sont les académies capables de vous apprendre cela : la vie seule le peut.

Voyez-vous, c'est votre curiosité envers les choses qui vous fait comprendre les gens. Et votre curiosité envers les gens qui vous fait comprendre les choses : les Sith les plus sages résonnent-ils autrement ?
"

Pour ce qu'il en savait, c'était quitte ou double : la sagesse et la folie n'était jamais qu'à deux pas l'une de l'autre, disait-on par chez lui. Deux pas de danse, peut-être...

" Alors... pourquoi tant de palabre pour une simple question ? Parce que la réponse pourrait vous surprendre, et il me fallait donc l'expliciter bien davantage pour vous laisser la lattitude d'en comprendre pleinement le sens. A la vérité, capitaine, je ne fais confiance à personne. Ni ici, ni ailleurs. Et c'est le lot de tout officier. "

Alors, ainsi s'écroulait le mythe de l’Égide, unie et portée par une seule figure de proue ? Le regard rouge de l'oiseau miroitait d'intensité quand il le reporta sur l'homme qui lui faisait face.

" Car beaucoup confonde confiance et délégation négligente. Le confort nous endort, capitaine, et c'est un tort pour l’œil vigilant d'un État Major que de croire que la victoire est sienne. Il pense avoir gagné et se détourne du véritable objet de sa vigilance ! Lui-même !La confiance n'existe pas pure à l'état naturel, même au sein de la plus grande naïveté : disons que c'est un alliage amalgamé à température ambiante. La confiance n'exclue jamais la méfiance, mais s'y mêle en toute prudence - était l'adage de mon vieux mentor. "

Il crut déceler dans le regard surpris du jeune homme une sorte de doute confus, et il s'en amusa gaiement :

" Oui, c'était une personne fort curieuse, en effet. A l'image de cet apparent paradoxe. Lui-même était une énigme que je ne suis jamais parvenu à résoudre tout à fait... "

Il y avait dans ses mots comme l'ombre d'un pâle regret. Après tout, malgré les longues années de croisière spatiale aux côtés du vieil impérial, le rishii doutait d'avoir parfaitement compris la complexité déconcertante de la folie qu'un original comme Decker aimait à affecter. Car fou, il ne l'avait jamais véritablement été. De cela, Horakk en était convaincu, bien loin de donner la moindre considération aux qu'en-disait-on du tout Dromund Kaas sur cet éminent personnage.

Tant dis que les souvenirs brumeux de l'imposante figure qu'avait été l'ancien amiral se dissipaient avec réticence, Antarxarxès accrocha de nouveau le costume et le visage à peine trop blême de Hope en face de lui. Le passé fusionna brutalement avec le présent. Alors, il ne le réalisa qu'en ce fugace instant : désormais, les rôles étaient inversés. Plus de Decker, plus de pilote sur le navire... Il était seul, et devant lui, un grand vide... Tous derrière et lui, devant.

Lui, l'éternel élève, avait un jour, sans qu'on ne lui crie gare, été propulsé sur cette marche étroite qu'il n'avait jamais regardé qu'en contre-plongée. Et maintenant ? Ce Sith semblait sorti de nulle part, comme un mirage. Le rishii doutait une seconde qu'il ne fût de chair. Une illusion de Force ? Pourtant, la main qui s'était portée avec curiosité sur le rebord métallique de la console parut bien lourde et pleine. Certes blanche et ciselée, mais on ne pouvait plus matérielle. Il la contempla d'un air absent.

" Mais, fi de tout cela ! Je ne vous ai pas fait grimper jusqu'ici pour vous assommer de souvenirs indigents, qu'un vieil esprit amer aurait pieusement laissé macérer ! Non. Ici, capitaine Hope, je souhaite vous parler - tout d'abord du présent, le nôtre. D'avenir ensuite : celui de l'Empire. Empire, qui comme vous le savez, et pouvez dès à présent le constater par vous-même, est indissociable et lié depuis son berceau à sa marine ! Que nous incarnons à notre tour, désormais. "


Mais plus encore, Lloyd Hope était pour Horakk un tout nouveau mystère à élucider. Un puzzle flambant neuf frais livré à bord, qu'il prenait un plaisir, malsain auraient objecté certains, à décortiquer de son regard de feu, sans la moindre animosité. Simplement comme un oiseau curieux observe une chose incongrue parvenue jusqu'à lui. Car, qu'avait-il en commun avec toutes ces Lames qu'ils avaient un jour convoyé, ce Sith-là ? Depuis qu'il était à bord, il ne cessait de les surprendre, lui, ses officiers, son équipage. On le pensait comme ceci, il démontrait qu'il était tout le contraire... ou peut-être pas, et finalement, la confusion que cette incohérence semait était toute Sith.

" Enfin, sachez que sur les Pourfendeurs de la cinquième génération, l'architecture des systèmes de tirs diffère de celle de la génération précédente. Chaque batterie de secours, de même que chaque nappe d'alimentation principale et secondaire, est enclavée dans une travée technique isolée possédant chacune un système d'analyse magnétothermi-tronique alimenté par des générateurs locaux découplés. Chaque travée est équipée de clapet coupe-feu anti-explosion à déclenchement par avance de phase. Toute propagation d'incendie au-delà des sas de détection est donc mécaniquement impossible. Sans oxygène, un feu même électrique ne se propage pas, et toute l'utilité de cet attirail encombrant se révèle dès lors qu'un flanc est touché. La vitesse de circonscription des zones de dégâts est multipliée par trois pour les systèmes secondaires, par six pour les systèmes centraux. Là est l'une des différences entre le Terrifique et l’Égide de Krayiss, capitaine, que deux générations de vaisseaux séparent sur près de quatre années de guerre. "

Horakk acheva son monologue de par trop didactique, même malgré son ton léger, en défroissant soigneusement le papier de l'officier, et le lui rendit plus lisse encore qu'il ne l'avait reçu.

" Bien sûr, Capitaine, comme vous vous en doutez... Je vous confie ici le superficiel, que tout technicien à bord pourra vous citer, et j'omets en toute conscience l'essentiel. En gage de respect envers la maxime légère que je vous ai cité tout à l'heure : la confiance n'exclue jamais la méfiance, mais s'y mêle en toute prudence. Vous ne m'en voudrez pas. "

Son œil étincelait de malice lorsqu'il se détourna une brève seconde de son interlocuteur.

" Brûlez également ce genre de notes, ne laissez toujours pour vous que des traces pleinement choisies. C'est contraignant, mais nécessaire. En matière de défense comme d'assaut, tout renseignement mal venu peut se retourner contre vous, et j'entends aussi même jusque dans vos vestiaires. Considérez que même vos lettres et votre journal de bord sont des preuves accablantes, aux yeux de ceux qui veulent bien y voir la trahison sous n'importe quelle forme, et des indices pour ceux qui tendent à entrer dans votre tête. La Force n'est en cela pas même nécessaire pour qui veut s'en donner la peine... "

Alors qu'il disait cela, Antarxarxès fixait le jeune homme droit dans les yeux. Et comme toujours avec lui, l'indice le plus précieux, celui qu'il entendait léguer si le désigné légataire s'en montrait digne par sa présence d'esprit, résidait dans ce qui était tu, bien davantage que dans ce qui était dit.

" Quant au respect que me porte l'équipage de l'Egide... Il n'en a pas toujours été ainsi. Lorsque vous avez, comme moi, le double avantage de ne pas être de Dromund Kaas, ni... - et l'on sentit à quel point le mot était dur - un être humain, gagner le respect d'une foule si disparate est un travail que seule une guerre peut vous permettre d'achever en si peu d'années. Dans le cas contraire... certainement vous en coûterait-il toute votre carrière, voire votre vie... Le temps, le travail et la volonté sont nécessaires au commandement comme pour n'importe quel apprentissage. Il n'y aucun raccourci, aucun miracle, si ce n'est peut-être la Force elle-même. Chaque officier supérieur devrait se sentir fier des retours que lui fait sa troupe, de la plus modeste enseigne au plus doué des capitaines ! Hélas, de l'idéologie qui a bien souvent dominé nos rangs, c'est chose rare, parmi noss plus anciens. Trop selon moi prennent cela pour acquis, et néglige leur rôle de symbole à bord. Néanmoins, je gage qu'à l'avenir, les nouvelles générations d'officiers sauront mesurer la valeur de l'engagement et de la confiance que leur porte des équipages aussi compétents que les nôtres. Vous touchez ici à ce qui fait ma raison d'être, capitaine. Sans ses hommes, un officier n'est rien. De cela, j'en suis convaincu, et pour certains de mes homologues, c'est un tort, voyez-vous ? Une sensiblerie, que je ne devrais pas me permettre. "

Il y eut un temps mort, durant lequel chacun des deux militaires put jauger en son fort de ce qui venait d'être échangé sous le sceau d'une intime confidence. Les oreilles indiscrètes dans les fosses ayant été de par trop éloignées d'eux pour saisir leurs mots.

" Bien. A votre tour capitaine, de répondre à l'une de mes plus grandes interrogations ! Sentez-vous libre de refuser si elle vous paraît déplacée, néanmoins. Je ne m'en offusquerais pas. "

Difficile de savoir à quel point il était sincère, au milieu de tous ces protocoles. Lui-même finissait par se perdre entre sa volonté de connaître et de comprendre le drôle de mystère qu'était Hope, et ses propres mécanismes de défense mentaux. Mais tous, sur ce pont comme ailleurs, savait quel titre portait ce jeune homme blond sans apprêt particulier. Sachant cela, la phrase d'Antarxarxès prenait soudain un tout autre poids.

" De vous à moi, loin de ce qui a pu m'être écrit, des ordres et des notes officielles. Pourquoi un Sith tel que vous, qui servez un tel maître avec toutes les obligations que cela implique... s'enquit-il avec tant d'intérêt des choses de la marine ? Du vol spatial ? Des secrets de nos machineries ? Pourquoi ces sujets, tant délaissés par les vôtres, vous passionnent-ils au point de mander une affectation à ce bord ? "

Puis, après ce qui parut une fugace hésitation soucieuse, il compléta, avec une note de perplexité :

" Je sais vos études nombreuses, complexes et éminemment chronophages. L'impératrice elle-même y consacrait le plus clair de son temps. Pourquoi allouer ce temps fort précieux à l'armée, à l'espace... plutôt qu'à la Force et au maniement du Pouvoir ? Est-ce là votre volonté propre ? "

Et dans le silence de ce qui n'était pas dit : ou bien celui de votre maître ? Ainsi, il saurait. Les raisons véritables qu'il n'avait cessé d'interroger en vain. Mais peut-être Horakk se leurrait-il en pensant pouvoir toucher ici un semblant de vérité. Les Sith étaient, après tout, les maîtres de l'illusion et du charme, tout autant que de la mort et de l'oubli...



Lloyd Hope
Lloyd Hope
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Lloyd Hope acquiesçait aux propos de l'Amiral de mouvements de tête très discrets, le visage impassible mais plus serein. Après avoir fait durer un silence qui avait fait chauffer ses entrailles et sa peau enfermée dans cette tenue de la Marine Impériale, le rishi avait daigné répondre aux questions - ou plutôt, au moins, reprendre la parole, au soulagement du capitaine. La voix de l'Amiral était d'une mélodie ondulante bien que solennelle, et malgré ses accents aliens - ou peut-être grâce à eux ? - se distinguait d'une certaine élégance, d'un phrasé qui n'était pas loin d'une aristocratie pragmatique, si cela pouvait exister. Voilà qui marquait une sorte de supériorité du rishi, que Lloyd Hope avait admise de toute façon comme présupposé avant même leur rencontre. Le capitaine était plus saisi par la résonance vocale qui voguait sur les ronronnements du navire ; le duo de ce fond doux et de cette mélodie de paroles berçait et confortait davantage le hapien que le fond des propos de l'Amiral, qu'il s'efforçait pourtant de suivre et de noter intérieurement. Ce faisant, les sourcils de Hope se fronçaient légèrement, tâchant de voir plus clair dans les propositions du rishi, qui manipulait la discussion d'une telle manière qu'à ses questions, il répondait... Par d'autres questions.

Pourtant, peu à peu, l'analogie fit sens, et le capitaine hocha lentement la tête. Maintenant que le rishi en parlait, il lui semblait que la réponse était évidente, et qu'il aurait dû la trouver lui-même, mais il se garda bien de divulguer ce point. Un instant, il sembla réfléchir, ses yeux se détachant de l'Amiral pour contempler sans les voir les immenses baies vitrées qui leur offraient une vue imprenable sur le vide absolu. Observer le rien de l'espace était de toute façon ce qui lui permettait le mieux de réfléchir. Lloyd Hope resta un moment ainsi, à confronter dans son esprit des pans de lui-même : l'évidence de la réponse de l'Amiral résonnait avec une part de lui-même et le poussait à suivre aveuglément ce paradigme pragmatique ; une autre part de lui-même résistait, formulait des objections sur ce qu'engendrerait une telle prise de risque. Pourtant, il ne craignait pas de mourir : la mort et la possibilité de la rencontrer plus tôt que prévu étaient des faits que les Sith apprenaient à côtoyer très jeune, et sur ce point il ne faisait exception. A bien des égards, Lloyd Hope connaissait mieux la mort que la vie. Non, ce qui l'inquiétait était d'une toute autre nature. Une nature sur laquelle, pourtant, il peinait à mettre le doigt. Il était comme aveugle sur le fond de ses propres doutes, ce qui l'empêchait d'articuler de quelconques réticences, même si elles étaient là. Elles bouillonnaient en lui comme autant de démons prêts à l'accueillir le jour où il tomberait entre leurs griffes, ayant trébuché sur l'un de ces risques qu'il mettait tant de temps à circonscrire, soigneusement, à en réduire la probabilité, ou l'impact.

Qu'offrait l'Amiral en réponse à ces menaces ? La certitude qu'il serait dévoré par elles, une nuit ou une autre. C'était d'un accablant réalisme. Lloyd acquiesça en silence, se raccrochant à la suite du discours. L'Amiral, en réalité, lui apparaissait désormais plus passionné : de sa voix régulière du début, il avait mué en une envolée plus contrastée, plus profonde parfois, plus légère ensuite, marquant tous les contrastes que son intelligence avait pu lui offrir en termes de réponse. Alors, le capitaine prit une inspiration lorsqu'il comprit.

Oh, Amiral, vous y avez déjà tant réfléchi. N'est-ce pas ?

Il y avait un proverbe, dans l'Armée Impériale, qui disait que celui qui prenait le commandement d'un vaisseau signait un voeu de solitude. La solitude, Lloyd la connaissait déjà, aussi n'avait-il jamais prêté attention à cette mise en garde du bon sens commun de la société impériale, mais il comprenait désormais, avec cet Amiral sous les yeux, que quelque chose s'agitait depuis l'intérieur, sous l'uniforme, sous les plumes, au-delà des billes aliens qui lui servaient de regard ; quelque chose s'agitait qui était semblable à la solitude, mais pas celle que lui connaissait : la solitude quand on avait un millier d'hommes à mener au combat, certainement, n'était pas la même que la solitude que lorsque l'on avait que sa propre carcasse à promener d'un bout à l'autre de la galaxie en espérant disparaître sous les radars ennemis.

Etrangement, alors, l'analogie mécanique de la centrale à vapeur tira un sourire au hapien, sourire dont il parut s'excuser en baissant les yeux. Ce qu'il racontait n'avait rien de drôle, alors, qu'est-ce qui lui tirait cette connivence soudaine ? Heureusement, le rishi souriait aussi. Leurs deux sourires comme deux oiseaux en tandem s'envolèrent - il n'en resta plus trace, dès lors que la question de la confiance refit surface.

A la vérité, capitaine, je ne fais confiance à personne. Ni ici, ni ailleurs. Et c'est le lot de tout officier.

Lloyd Hope n'eut pas besoin d'acquiescer. Il lui sembla que c'était ce qu'il avait besoin d'entendre : il était un Sith, après tout. Un Sith ne faisait confiance à personne non plus. C'était peut-être l'une des choses qui l'ennuyaient le plus lorsqu'il avait arpenté l'Egide : tous ces hommes qui faisaient confiance à leur Amiral avait-il conscience de l'erreur dramatique qu'il commettait ? Lui-même avait beau avoir servi dans les rangs, jamais n'avait-il fait confiance à aucun de ses supérieurs hiérarchiques. La docilité et la discipline n'impliquaient pas une croyance aveugle ; mais les militaires autour de lui, sur ce grand navire, parlaient du Rishi comme une figure sous laquelle s'abriter, pour une sécurité qui lui semblait illusoire et qui simultanément l'avait inspiré. Et il avait supposé, dans sa naïveté, que cette confiance était réciproque, quand elle ne l'était pas du tout. Il fronça les sourcils, un peu tristement. Il s'était fourvoyé. Ce qui lui contait l'Amiral était pourtant bien plus réaliste, et représentait une base bien plus solide pour construire son commandement que les illusions mouvantes, pareilles aux sables de Ch'Hodos, que l'ego aurait voulu conserver : un chef qui unissait les siens, qui croyaient en eux autant qu'eux croyaient en lui, dans une synergie mystérieuse.
Mais il chassa cette image, et s'humecta les lèvres. Le mot mentor le troubla un instant et il fronça les sourcils - le rishi capta ce mouvement involontaire.

- Vous avez eu... Un mentor ?

La question lui avait presque échappé des lèvres. Sa question était faite d'une curiosité sincère, qui donnait une toute autre dimension à l'Amiral. Il était clair qu'elle ne figurait pas sur un morceau de papier. Lloyd Hope s'était toujours imaginé que l'Amiral Antarxarxès s'était bâti au feu de l'expérience ainsi que dans l'étude des Académies militaires. Il n'avait jamais considéré qu'il avait forcément appris, aussi, auprès d'anciens. D'hommes qui avaient sûrement disparu aujourd'hui.
Là où le rishi réalisait qu'il était venu devant tous les autres pour les guider, le hapien réalisait que devant le rishi, il y avait eu d'autres gens. Il ne se l'était pas figuré, principalement parce que l'Empire était encore jeune : il l'avait vu naître, lorsqu'il était adolescent. Il n'y avait joué qu'un rôle anecdotique, il n'avait été que l'une des quelques âmes qui avaient attaqué le Temple Jedi.

Cette époque lui semblait si lointaine, désormais. Le rishi, lui, devait déjà être à l'époque un officier aguerri, quand lui n'était qu'un gamin qui ne comprenait rien à ce qu'il faisait. Lloyd s'efforça de repousser ces souvenirs ingrats, de les remettre dans une boîte bien scellée, au fond de sa mémoire, pour s'efforcer d'être au plus présent dans cet instant privilégié : il échangeait avec l'Amiral le plus respecté de la Marine, et ce sur des sujets qui se révélaient bien plus personnels qu'il ne l'avait prévu.

Lloyd Hope sourit poliment lorsque le rishi annonça qu'il fermait la parenthèse de ses propres souvenirs, malgré ses propres regrets : c'était la partie qu'il aurait peut-être le plus souhaité entendre, mais ce serait peut-être pour une autre fois. Il acquiesça avec déférence alors que l'Amiral revenait sur des considérations mécaniques et stratégiques. Il tâcha de se concentrer sur ces propos, mais sans retrouver le fil exact de leur conversation, comme si les précédents propos avaient lancé une partie de son esprit sur d'autres chemins partie qu'il peinait désormais à ramener au présent. Il tendit la main pour récupérer son morceau de papier, vaguement embarrassé de la rusticité de son procédé, et le fit disparaître rapidement dans l'une de ses poches. Il acquiesça encore.

- Oui, oui bien sûr.

Il brûlerait le papier. Malheureusement, malgré les sécurités qu'il s'imposait, il savait que son datapad pouvait être piraté. Il avait fait les frais de renseignements malvenus laissés derrière lui, et en avait payé le prix fort. Cette leçon-là, il peinait à l'apprendre. Pourtant, il n'avait cessé de redoubler d'efforts : et pourtant, il lui semblait qu'il y avait une traque perpétuelle pour déceler le moindre indice et le faire tomber. Il fallait dire qu'un Hapien, dont le monde était si lointain, pouvait susciter plus de méfiance que d'autres. Que dire alors, en effet, d'un rishi ? La psychologie des espèces sentientes pouvaient varier considérablement ; et là où Lloyd Hope malgré ses origines n'était qu'un humanoïde ordinaire, qu'en était-il d'une espèce proche des rapaces ? On louait leur intelligence, mais qu'en était-il de leur loyauté ? De leur attachement ? De leur ego ? Etaient-ils si différents ? Le témoignage de l'Amiral rassura néanmoins le Sith, qui dans le secret de son esprit fermé au monde, se demandait toujours si la défiance qu'on lui témoignait était une normalité.

Quand ce fut son tour de répondre, il prit néanmoins un temps de réflexion. Il s'humecta les lèvres, et tâcha, quand il parla, de conserver le lien entre leurs regards. Il voulait être honnête. Mais le pouvait-il ? Il y avait toute une part de son histoire, faite d'errements et de trahison, qu'il devait passer sous silence. D'où le temps, peut-être, qu'il lui fallut pour formuler un début de récit. Le plus plausible possible, le plus fidèle, aussi, malgré les délitements qu'il devrait nécessairement opérer.

- Les spécialités des Sith sont diverses et variées, raconta-t-il d'une voix neutre. Beaucoup s'intéressent à la théologie, d'autres se concentrent davantage sur la maniement des armes, la maîtrise de la Force ou la politique. Bien que nous ayons tous étudié des fondamentaux faisant de nous les êtres aux capacités que l'on sait, il n'en reste pas moins qu'il s'agit d'une communauté dans laquelle il est plus utile de se diversifier plutôt que de suivre aveuglément la trace la plus prestigieuse.

A savoir, celle de la manigance et du rapport de force, seule garante d'une ascension dans la hiérarchie des Sith. Lloyd Hope, lui, ne recherchait pas le pouvoir. Il avait tenté de s'en faire oublier, sans succès. La Marine était son seul espoir de trouver un juste milieu entre être absorbé par la soif insatiable des Sith et leur système de puissance, et la dérive morbide à laquelle son périple solitaire l'avait mené.

- D'ailleurs, l'Armée Impériale n'a pas la réputation qu'elle mérite au sein des Seigneurs Sith. Ces derniers pensent que l'Empire assoit son pouvoir principalement grâce à leur propre puissance et à leur réputation ; alors qu'il tient en réalité en grande partie à la force de frappe immense des rangs militaires impériaux. Se dévouer à l'Empire, n'est-ce donc pas  s'assurer que sa plus grande ressource soit menée comme il se doit ?

Un silence recueilli accueillit ces propos lisses, parfaitement appris. Ces raisons logiques, qui alliaient une pseudo-ambition personnelle à une loyauté envers l'Empire, s'accordaient parfaitement à ce que l'on attendait de quelqu'un ayant planifié sa carrière, ayant évalué finement les ressources impériales, quelqu'un qui fût désireux de se montrer plein de potentiel et de conviction.

Pourtant, le regard de Lloyd Hope était dénué de toute émotion. Leurs yeux restèrent verrouillés longuement, comme s'ils échangeaient en silence un constat évident que le Sith ne pouvait tout à fait masquer : tout ceci était faux.
C'était vrai d'un point de vue rationnel, mais ce n'était pas la réalité de Lloyd Hope.

Ce silence se prolongea, et le capitaine clignait parfois des yeux devant ce regard rishi qui ne cillait pas, aussi perçant qu'il lui semblait qu'il voyait à travers l'armure qu'il ne portait pas, et dont pourtant il ne se dévêtait jamais. Et au creux de ces yeux verts, de ce masque froid qu'il s'était composé pour réciter ces raisons préparées avec soin, Lloyd Hope carra légèrement les mâchoires. Il sentait imperceptiblement quelque chose nouer sa poitrine, mais il s'efforça de ne pas détourner le regard.



Sa voix ne fut qu'un souffle triste, lorsqu'il admit, à peine audible :

- J'ai juste l'âme d'un militaire, Amiral.



La véritable raison, sans nul doute, qu'il ne s'expliquait peut-être pas vraiment lui-même.
Elle sous-entendait : Davantage l'âme d'un militaire que d'un Sith, Amiral.
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