Floaz Rĭ’i
Floaz Rĭ’i
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La porte claqua, tout comme mes talons sur le carrelage de l'entrée. Aujourd’hui avait été une bien fatigante journée, non seulement épuisante, mais aussi chargée de grands soucis et de lourdes responsabilités. Malgré tout, je pris le temps d'enlever mon manteau, mes chaussures puis vins me laisser tomber lourdement dans le canapé. Je ne pouvais m’empêcher d’arborer un large sourire, j’étais si fière de nous, après tout notre entretien avec le procureur avait été un succès et malgré la surprise qu’avait été de tomber nez à nez dans le Jardin des amis avec la garde umbarane, nous étions sorties victorieuses de cette dangereuse rencontre. Par ailleurs, j’étais également heureuse de m’être davantage rapprochée de la Sénatrice Ranya, alliée politique de choix, tout comme d’avoir fait la rencontre de la “grand-mère feuillage” du Sénat républicain : un bien curieux personnage qui m’aura arraché plus d’un rire aujourd’hui.

Les rideaux de la fenêtre entrouverte se soulevaient doucement sous la brise et je faisais tourner les glaçons dans mon verre de soda citron-vert. A mon grand soulagement, je constatai que j'avais retrouvé la maîtrise de mon corps. J'agitai mes petits orteils boudinés et m'étirai longuement en appréciant le tiraillement dans mes muscles endoloris. Mon corps de vieille Kel Dor n’était ma foi plus habituer à crapahuter dans tous les sens et à se mettre à genoux pour jardiner. La fenêtre me laissait voir l'immensité de la nuit.

M’extirpant du canapé, je me dirigeai finalement vers les étagères surchargées à la recherche d’un livre de pâtisserie. J’aimais cuisiner, je le revendiquais et y passais d’ailleurs du temps. J’estimais qu’il s’agissait d’un domaine où il y avait toujours à découvrir. Je puisais mes idées dans ma collection de livres de cuisine, les feuilletant toujours avec gourmandise, devinant d’ores et déjà à la lecture l’explosion de saveurs, comme une musicienne qui entendrait la mélodie en lisant une partition.

Mon datapad émit soudain une série de sons de notification ce qui eut pour effet de me détourner de ma lecture de la recette de l’opéra. Je l’harponnai aussitôt et y projeta mon regard, il s’agissait d’Inchiostro, peut-être voulait-il s’excuser pour ses manières de ce matin ? La réalité fut encore plus surprenante, le procureur général m’apprenait que la Cour Suprême avait d’ores et déjà tranché et statué sur nos questions. Le bougre avait raison, un sacré chômage technique en effet pour que les magistrats s’affairent à cette vitesse à notre requête, à moins peut-être qu’ils étaient eux également tout aussi pressés que nous de faire sauter la Vice-Chancelière umbarane.

La surprise ne s’arrêta guère là puisque je découvris ensuite en pièce jointe les bonnes nouvelles que j’attendais si ardemment. La Cour suprême nous donnait donc raison et nous offrait la base légale pour démettre de ses fonctions la monarque absolue pour la livrer aux juges. Je lâchai alors un bref hurlement de satisfaction dans mon salon vide, nous pouvions donc le faire, nous allions le faire, j’y croyais. Je me levai ensuite et exécutai une petite danse de la victoire qui ne dura qu’un instant étant donné que je fondis l’instant d’après de nouveau sur mon datapad. Tchiïki, étrangère aux services de communication de la Cour suprême et du Parquet général, n’avait peut-être pas encore reçu l’heureuse nouvelle, raison pour laquelle je lui transférai à mon tour la décision de la Cour, y joignant tout un tas d’emojis que je jugeai suffisamment expressifs pour traduire toute la joie qui était la mienne.

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Tchiïki Ranya
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Que de rebondissements ! Je n’aurais jamais soupçonné qu’une rencontre, même organisée aussi précipitamment, avec une de mes collègues, puisse prendre cette tournure. J’étais néanmoins heureuse d’avoir fait la connaissance de Floaz Rĭ’i, peut-être pourrais-je presque imaginer que nous avions noué des liens amicaux ? Rencontrer messieurs Tinta et Detchi, respectivement Procureur général de la République Galactique et Sénateur d’Umbara, avait certes été moins agréable, mais nous avions brillamment composer avec ces deux lourdauds, Floaz et moi. Au dehors, il faisait nuit et je me trouvais au beau milieu d’une place relativement animée. Alors que j’allumai une cigarette, assise sur un banc, éclairée par un lampadaire, un Nautolan vint me demander du feu. Je lui en offris, puis pris successivement deux longues bouffées de cigarette, que j’expirai ensuite. Je me sentais bien, ce coin de Coruscant était assez paisible, je sortis donc mon datapad et reprit la lecture de “Culture et le mode de vie des Quarrens de l’océan oriental” [de Mon Calamari]. Le contenu de cet ouvrage était des plus instructifs, à vrai dire me replonger ainsi dans les sciences sociales, mes amours anciennes, était parfois un exutoire pour moi – il en fallait bien. Je lus des pages et des pages, dévorant longuement l’écrit, inarrêtable. Soudain, je cessai ma lecture, mon attention s’étant déplacée vers la notification push apparue en haut de mon écran. La Sénatrice de Dorin venait de me transférer un document, le verdict de la Cour suprême.


La Cour Suprême de la République Galactique,
Saisie le 6 Welona 21.576 par les Sénatrices Floaz Rĭ’i et Tchiïki Ranya sur la base de la Constitution,

Vu la Constitution, et notamment son Préambule,
Vu les observations produites à l’appui de cette saisine,

1. Considérant que l’article 7 de la Déclaration universelle des droits de l’être conscient dispose, que les citoyens républicains sont astreints aux devoirs prévus par la Loi ; les membres du gouvernement républicain n’étant guère soumis à un régime d’exception, ils sont des justiciables comme les autres et ne doivent, en aucun cas, contrevenir à la Loi.

2. Considérant que les membres du gouvernement républicain sont, en partie, garants de l'autorité publique et qu’ils sont perçus comme de hautes figures morales, ils ne peuvent que se montrer d’autant plus irréprochables.

3. Considérant que l’article 8 de la Constitution de la République Galactique dispose, que le Sénat exerce un pouvoir de contrôle sur le gouvernement ; la Cour suprême, ne peut empêcher le Sénat, d’exercer sa mission sur les membres du gouvernement, en tous cas dénués d’immunité pénale.

4. Considérant que les membres du gouvernement républicain peuvent ne pas être complices, les uns des autres, leur responsabilité pénale, contrairement à leur responsabilité politique, est individuelle.

5. Considérant que la destitution individuelle d’un membre du gouvernement républicain, ne revient pas à acter la culpabilité de celui-ci, la Cour suprême se réserve le plein exercice, de son droit de juger ceux qui contreviennent, le plus dommageablement, à la Loi.

Décide :
Article premier :
Les membres du gouvernement de la République Galactique sont individuellement responsables, pénalement, pour les actes accomplis dans l’exercice de leurs fonctions, qualifiés de crimes, ou de délits, au moment où ils ont été commis.
Article 2 :
Le Sénat de la République Galactique est compétent, pour démettre de leurs fonctions, les membres du gouvernement pénalement responsables, à titre individuel.
Article 3 :
La Cour suprême de la République Galactique est seule juridiction permanente, compétente pour juger les membres du gouvernement de la République Galactique, pénalement responsables, accusés d’avoir commis des crimes, ou des délits, dans l’exercice de leurs fonctions.
Article 4 :
La Cour suprême de la République Galactique considère donc que la suspicion de culpabilité, exercée par le Sénat de la République Galactique, ne revient pas à une condamnation judiciaire. Un membre du gouvernement républicain destitué demeure présumé innocent, jusqu’à preuve du contraire, sans doute raisonnable.

Cette bonne nouvelle méritait bien d'être au moins fêtée par une seconde cigarette.

FIN

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