La Main de la Force
La Main de la Force
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Les révélations faites, [Seuls les administrateurs ont le droit de voir ce lien], par le Sénateur de Tanaab ont eu l’effet d’une bombe. L’opinion publique républicaine s’est rapidement embrasée autour de la question de la responsabilité de Sly Keto dans le conflit tanaabo-umbaran. Tandis que la Vice-Chancelière est actuellement en déplacement loin du tumulte de la capitale, une femme garde la tête froide sur Coruscant. Retrouvez Floaz Rĭ’i, Sénatrice de Dorin, dans l'acte II d’une aventure mouvementée qui pourrait bien provoquer la chute précipitée de la n°2 du prestigieux gouvernement républicain.
Floaz Rĭ’i
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Mon appartement était plongé dans l’obscurité et seuls les speeders circulant dans Coruscant venaient troubler le silence nocturne. Les brises du vent appelaient un sommeil plein d’une délectable quiétude, mais ne vous laissez pas tromper par ce cadre somme toute paisible. Mes yeux étaient peut-être clos, mais les engrenages de mon cerveau tournaient eux à plein régime, et ma cervelle frôlait la surchauffe et l’implosion. Soudain je me réveillai en sursaut, le front couvert d’une sueur glacée. Mon cœur envoyait un tel afflux sanguin à mon cerveau que je manquai de vaciller en me redressant. De ma tête jaillissaient de véritables éclairs de génie. Mon réveil affichait deux heures vingt-trois du matin, ce qui ne m’empêcha toutefois pas de filer droit vers mon salon récupérer mon datapad.

Mes doigts pianotèrent à toute vitesse sur l’écran tactile dont la lumière bleue me détruisait les yeux. Ma santé pouvait attendre, il fallait profiter de l’instant avant que l’éclair ne dompte. Je ne payais vraiment pas de mine à préparer le prochain séisme politique dans mon pyjama fleuri bleu ciel qui flottait sur mes épaules et ma poitrine aplatie. Quelques clics plus tard, je me retrouvai sur la page de la sacro-sainte Constitution, et ma lecture eut l’effet d’une drogue tant chaque article me procurait une intense sensation d’extase. Mes yeux pétillaient d’excitation à lire les textes qui s’offraient à ma vue.

Sans plus attendre, je me rendis ensuite via l’holonet sur le site du Sénat :

“Vos Sénateurs > Liste des Sénateurs par région > Noyau > Non-inscrits > Délégation de Chandrila > Sénatrice Tchiïki Ranya > Contact”

La Sénatrice Ranya m’avait laissée une très bonne impression au Sénat lorsqu’elle avait soutenu mes motions. J’estimais pouvoir faire amplement confiance à ses capacités. Je savais pertinemment que mon projet, fou à n’en pas douter, demanderait une dose certaine d’énergie, et Tchiïki Ranya était parvenue à me prouver qu’elle possédait cette passion. Attentive à sa prise de parole, je n’étais pas non plus restée dupe quant à ses ambitions. Il était évident que la Togruta visait la Chancellerie, et commençait déjà à doucement placer ses pions pour les prochaines élections. Je la croyais d’ailleurs en toute honnêteté capable de battre Grendo S’orn, lui proposer de m’accompagner dans cette entreprise ne pouvait ainsi que servir sa propre cause. Confiante quant à mon choix, j’entrepris de lui écrire.

- Madame Ranya,

Je tenais tout d’abord à vous remercier pour l’intervention que vous avez livré à l’occasion de la dernière séance au Sénat, vous avez, je n’en doute pas, su redonner espoir à notre Opposition. Soyez assurée que l’Alliance Démocratique des Systèmes non-Humains observera avec un grand sérieux votre travail à la tête de la nouvelle commission. Sur une note plus personnelle, j’avoue avoir été piquée d’un vif intérêt pour le programme que vous entendez mettre sur pied et je vous souhaite donc bonne chance.

J’aimerais par ailleurs aussi pouvoir vous rencontrer pour discuter d’un sujet tout aussi grave qu’intéressant. Que diriez-vous d’un rendez-vous sur la place du Sénat demain matin ? Je vous y attendrai.

Bien respectueusement,

Sen. Floaz Rĭ’i


Reposant mon datapad, je me dirigeai ensuite d’un pas fier vers mon divan, me laissant tomber dans le fauteuil tout en soufflant avec volupté la fumée de ma cigarette, mais mon plaisir n'était qu'une pause car la journée ne faisait que commencer. J’empoignai la télécommande et zappai jusqu’à tomber sur une chaîne d’humour, le sketch était misérable, mais bon, il fallait savoir occuper l’insomnie.

Tchiïki Ranya
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Au fur et à mesure qu’au dehors, l’hyperactive Coruscant sortait de sa relative paralysie nocturne, la domotique de mon appartement décidait de m’extirper de mon sommeil de vieillarde. Au son d’artificiels pépiements d’oiseaux chandriléens, je me levai donc et préférai imaginer les paysages boisés et vallonnés de mon enfance à regarder par de larges baies vitrées la vermine mégalopolitaine. Comme il faisait bon vivre loin de la capitale, je venais d’y revenir pour participer à la première phase des discussions autour de la première proposition de loi d’Evea et mon chez-moi où j’avais laissé Isidore me manquait déjà. Qu'à cela ne tienne, il fallait comme tous les matins ici accomplir les mêmes tâches répétitives. Une fois douchée, habillée et dérisoirement pomponnée, je remplaçai les chants d’oisillons qui m’avaient accompagnée jusque dans la salle de bain par ma compilation d’airs traditionnels Togruta. Je pris place dans la cuisine et préparai mon petit-déjeuner tout en consultant mes messages. Tiens, j’en avais reçu un qui attira particulièrement mon attention : Floaz Rĭ’i, la Sénatrice à laquelle j’avais apporté mon soutien il y a peu, m’avait écrit. Je lus expressément son message.

J’étais d’une part ravie que cette femme politique, dont le poids n’était point négligeable étant donné la place qui était la sienne au Sénat comme dans l’Opposition, avait pris le temps de me contacter. Avec elle à mes côtés, je pourrai peut-être bénéficier de l’appui de la commission sénatoriale qu’elle tenait d’une main de maître, d’autant plus que nous semblions partager bon nombre de positions. Avait-elle pour ambition que nous nous retrouvions pour discuter de politique, ou était-il possible qu’elle ait découvert un sensationnel scandale dont elle avait formellement envie de me faire part ? Après tout, nous venions bien de découvrir qu’une guerre faisait rage entre Tanaab et Umbara ! Je jetai un coup d'œil à l'horloge qui se trouvait sur ma droite, il était déjà huit heures. Ni une, ni deux, je rassemblai mes affaires, emportai quelques biscottes et sautai dans le premier speeder en stand-by devant la résidence que j’habitais.

Alors que j’étais en chemin, un élément me revint à l’esprit et je ne pus m’empêcher d’en ricaner. Je comprenais évidemment qu’en tant que Présidente de commission, la Sénatrice Rĭ’i avait une masse de travail particulièrement importante à abattre chaque jour et ne pouvait se permettre de jouer toute la journée à la secrétaire ; il était cependant très peu conventionnel d’écrire à ses collègues en pleine nuit, bien en dehors des horaires de bureau, en particulier à son âge. Dans le pire des cas, il était toujours possible de programmer l’envoi d’un message : qu’avait-elle de si urgent à m’annoncer ?

J’allais, de toute manière, bientôt être fixée sur mon sort. Non pas que ce dont nous avions à discuter allait me concerner, évidemment, mais avec madame Floaz Rĭ’i, on était en droit de s’attendre à tout. Elle n’était, selon moi, guère fourbe, elle disposait plutôt d’un méticuleux et redoutable instinct, elle était presque une conquérante. Il me semblait par ailleurs que nous avions eu le plaisir de nous rencontrer à deux ou trois reprises à l’occasion de sommets internationaux lorsque j’étais à la tête de Chandrila, puisqu’elle occupait peu ou proue la même fonction sur Dorin, la planète dont elle était originaire. J’étais finalement arrivée sur les lieux du rendez-vous et même à cette heure, l’esplanade qui encerclait l’édifice sénatorial était noire de monde. Grâce à ma haute stature, il m’était heureusement très peu ardu de retrouver mon interlocutrice Kel Dor sur cette agora. Sa petite taille n’enlevait rien à sa superbe et le vrombissement de son masque ne pouvait qu’être intrigant.

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Floaz Rĭ’i
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J’étais échouée sur mon canapé lorsque mes propres ronflements me réveillèrent. J’étais toujours vêtue de mon pyjama, et la télévision continuait de projeter ses gags et ses numéros franchement pas très drôles, mais la nuit s’était quant à elle évanouie pour laisser place à des rayons qui venaient doucement réchauffer ma peau. J’avais donc réussi à combattre l’insomnie, cette tare que je traînais depuis plusieurs décennies, du moins je pensais avoir réussi car lorsque je me retournai, je découvris avec stupeur une tablette de somnifères généreusement entamée. Et merde, j’avais donc cédé, mon médecin avait beau continué à m’alerter quant aux risques liés à la consommation de barbituriques, je perséverais à m’en gaver, unique échappatoire à mon trouble.

L’horloge affichait six heures quarante-trois, ce qui me laissa largement le temps de me préparer. Ma toilette réalisée, et mon casse-croûte englouti, je sautai ensuite dans mon speeder de fonction pour rejoindre le Sénat. Le ciel était bleu, calme et le soleil brillait de ses mille rayons et se revêtait des couleurs de l’arc-en-ciel, la saison estivale se faisait pressentir. Il était toutefois hors de question de prendre des vacances, pas maintenant, pas après les révélations de cette nuit. Comme à son habitude, la place était bondée de journalistes, de diplomates, de politiciens et de simples curieux passant par là. Après avoir subtilement esquivé les reporters avides d’informations d’intérêt public, je m’assis sur le rebord d’une des fontaines de l’esplanade, celle-ci était d’une grande simplicité architecturale, mais était richement décorée.

J’aperçus au loin la Sénatrice Togruta progresser, me levai et d’un signe de la main lui fit signe de s’approcher. Le décalage physique de nos espèces respectives était encore plus accentué par notre différence de taille, j’esquissai donc un sourire amusé lorsque j’entrepris de tendre ma main vers la grande femme qui se tenait face à moi.

- Bonjour madame Ranya, je vous remercie pour votre réactivité, j’espère ne pas avoir chamboulé votre agenda.

- Bonjour, madame la présidente. Très honnêtement, c’est moi qui vous remercie, vous savez je n’ai désormais plus qu’une hâte : découvrir ce à quoi touche le mystérieux sujet auquel vous faisiez allusion dans votre message tant l’actualité est brûlante en ce moment.

Je jetai un rapide coup d'œil à la montre en tissu qui ornait mon poignet gauche avant de reprendre.

- Nous avons encore quelques minutes avant notre rendez-vous, mais ne tardons tout de même pas trop. Suivez-moi, je vous expliquerai tout en chemin, vous ne serez pas déçue.

Tchiïki Ranya opina du chef et nous nous dirigeâmes vers le bâtiment. Une fois la sécurité passée, je lui chuchotai discrètement.

- Êtes-vous au fait quant aux récentes révélations sur la crise taanabo-umbaranne ?

- Nous avons malheureusement appris hier matin que ces deux Mondes se livrent à de nombreuses altercations depuis plusieurs années, c’est cela ?

- C’est cela, oui. Ce conflit n’est désormais plus un secret pour personne, et pourtant, le gouvernement ne s’est toujours pas exprimé sur le sujet, j’en suis troublée. Je sais que je ne suis pas timbrée, que c’est un vrai problème, et pourtant ces hostilités sont entourées d’un silence complice. Dîtes-moi madame Ranya, auriez-vous l’obligeance je vous prie de rafraîchir ma mémoire quant à l’identité de notre Vice-Chancelière ?

Tchiïki Ranya
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Il aurait presque pu être agréable de s'asseoir en terrasse le temps d’un cappuccino tant il faisait bon aujourd’hui. Je décrirais volontiers cette météo comme chandriléenne, puis l’hyper-centre de Coruscant, bien moins laid car plus propre et plus soigné, me faisait un peu plus d'effet que le reste de la planète. De cette fontaine, point de départ où nous nous saluâmes, nous prîmes, la Sénatrice et moi, le chemin qui menait au Sénat. Notre discussion renforça ma bonne opinion de la Kel Dor, elle savait manifestement comment faire impression. De plus, il me semblait que sa proposition allait être des plus halente, prenante à souhait.

- Si je ne m’abuse, la Vice-Chancelière de la République Galactique est Sly Keto, reine d’Umbara, ce qui pose maintenant que vous le dites un très sérieux ennui. À ces mots, Floaz Rĭ’i s’arrêta un moment dans le couloir, puis pivota dans ma direction avant d'esquisser un sourire des plus malicieux. Je semblais avoir visé juste.

- J’espère que vous n’avez pas froid aux yeux, madame Ranya.

- Vous savez, j’estime que je peux désormais moi aussi vous mettre dans la confidence en vous annonçant en exclusivité que je travaille en ce moment sur une [Seuls les administrateurs ont le droit de voir ce lien] qui devrait plus que vous prouver que je suis loin d’être résignée ou tétanisée.

- Je n’en ai jamais douté, raison pour laquelle j’ai tout de suite pensé à vous lorsque l’évidence m’est apparue. Je n’ai pas su imaginer meilleure partenaire pour déclarer la guerre à notre exécutif. L’heure de la revanche a sonné, vous en conviendrez.

- Je n’ai, comme vous sur la forme, pas arrêté de combattre le gouvernement sur le fond. Ici, au-delà même d’un simple désaccord politique, il en va de tolérer ou non une guerre illégale qui est jusqu’à lors passée inaperçue. J’étais gonflée à bloc, cette histoire minait à une vitesse galopante le peu d’estime qu’Alysanne m’avait convaincue d’adopter pour sa maîtresse.

- Nous sommes d’accord. Quant à l’illégalité de cette guerre, sa démonstration sera un jeu d’enfant, le véritable enjeu est plutôt de connaître nos options : j’ai passé une partie de la nuit à lire et relire la Constitution, et rien ne semble nous permettre de condamner Sly Keto.

- Je comprends tout de suite bien mieux pourquoi vous n’avez été en mesure de me contacter qu’au beau milieu de la nuit ; mais oui, pardonnez-moi si je me trompe mais nous Sénateurs ne disposons pas des instruments nécessaires pour vertueusement défaire cette criminelle.

- Non en effet, la Constitution ne dispose toutefois pas qu’il nous est interdit d’inculper un membre du gouvernement, elle n’aborde tout simplement pas la question. Un vide juridique donc, mais surtout une faille qu’il nous faut exploiter. À ce propos, notre rendez-vous devrait nous être d’une grande utilité.

Nous finîmes par nous arrêter au niveau d’un large hall ouvert sur le couloir que nous venions d’emprunter. À en croire les diverses inscriptions que je pouvais lire, nous étions parvenues au quartier général de la prestigieuse Commission de la Législation générale. Une multitude de pupitres de secrétaires s'étalait devant nous, il y en avait précisément un devant chacune des portes adossées aux murs de cet espace. Floaz Rĭ’i m’expliqua sur un ton blagueur que cet atrium était si mal agencé que même cinq ans après son entrée au sein de la commission, elle ne parvenait toujours pas à se souvenir de l'emplacement de toutes les pièces ici desservies. La Kel Dor fut néanmoins en capacité de m’indiquer où se trouvait son bureau, au cas où j’avais à venir la trouver à l’avenir, elle me fit ensuite visiter quelques salles de réunion utilisées par les collaborateurs de la commission. Vint finalement le clou du spectacle : l’hémicycle où siégeaient les membres de la commission à l’occasion de leurs séances solennelles, comme les auditions d’officiels par exemple.

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Floaz Rĭ’i
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Nous pénétrâmes donc dans l'hémicycle, la salle était spacieuse et particulièrement élevée. Des peintures en arabesques rehaussées de moulures d’or décoraient le plafond, et de larges fenêtres laissaient entrer de toutes parts le jour éclatant. Sur les murs mêlant sculptures et notes d’un rouge cardinal, on pouvait observer de grands motifs composés d'un bouclier sur lequel se détachaient les attributs de la Justice. La Commission était en grande partie faite de chêne massif plaqué, et par endroits de larges bandes de tissu pendaient. Mon fauteuil de présidente était quant à lui accusé par un panneau décoré d'attributs sculptés. À l’autre bout de la pièce était assis un homme, les yeux rivés sur son datapad, il attendait que nous le rejoignions.

Alors que nous progressions dans la salle, je déduisis de l’expression de ma collègue qu’elle était quelque peu impressionnée par l’envergure de l’hémicycle.

- J’aime souvent me vanter d’avoir la plus belle commission, mais vous verrez, celle du Trésor et de l’Économie n’est pas mal non plus. Encore félicitations à ce sujet, la dernière commission était d’une telle médiocrité, je suis heureuse que nous soyons parvenues à la dissoudre. Le FLR s’en était emparé en début de législature et enchaînait depuis plusieurs mois les torchons, toujours est-il que la voilà entre de bonnes mains à présent. Je souris à ma partenaire tout en la guidant au travers de la salle.

- Écoutez, j’espère que nous pourrons nous y rendre ensemble très prochainement, Sénatrice. Ainsi, nous désignerons celle qui remportera ce duel ! Par ailleurs, je vous remercie. Il n’a pas été facile de mettre le Sénat face à ses responsabilités hier, vous comprenez nos collègues n’apprécient que très peu lorsque nous pointons les flagrantes erreurs qu’ils ont pu commettre au début de cette législature, lorsqu’ils étaient encore tous galvanisés par le crapaud et sous sa coupe. J’estime que peu à peu, très lentement, les membres du Sénat se réveillent collectivement.

- Je vous en prie, appelez-moi Floaz, au vu du temps que nous risquons de passer ensemble à l’avenir, trêve de mondanités, nous savons toutes deux que celles-ci ne sont pas vraiment notre tasse de thé. Ne crions pas non plus victoire trop vite Tchiïki, la séance de la dernière fois nous a montré à quel point l’Opposition n’a pas encore retrouvé sa pleine puissance. Elle concentre d’indéniables nouveaux talents, comme cette petite Pantoranne, mais sans soutien, ces nouvelles feuilles et leurs bonnes volontés sont juste bonnes à être livrées en pâture au FLR qui se fera un malin plaisir de leur renvoyer leur inexpérience au visage.

La Togruta se contenta d’acquiescer puisque nous arrivions enfin à l’autre bout de la salle où un homme s’empressa de se lever pour nous saluer.

- Bonjour Sénatrices !

- Tchiïki, permettez-moi de vous présenter Inchiostro Tinta, Procureur général de la République Galactique. C’est un partenaire régulier de travail tant je suis amenée à collaborer avec ses services.

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Inchiostro serra la main de Tchiïki qui la dépassait d’une tête.

- C’est exact, encore une fois nous allons être amenés à travailler main dans la main, mais je vous en prie, installons-nous donc !

Tchiïki Ranya
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- Bonjour, monsieur le Procureur général. Tchiïki Ranya, Sénatrice de Chandrila et Présidente-élue de la Commission sénatoriale du Trésor et de l’Économie. Je suis ravie de vous rencontrer.

- C’est moi qui suis enchanté, madame ! Cet homme était supposé être l’un des plus illustres magistrats de la République, pourtant il avait ce genre de visage, encerclé par un collier de barbe et une tonsure, qui ne me revenait pas. Il était bedonnant, petit et trapu, ses traits étaient épais, il semblait engoncé et apparaissait bien plus gras dans son veston carmin.

Nous étions présentés, Floaz put donc reprendre la parole. D’une manière qui me fit penser aux propos tenus par une cheffe de cartel à destination de son contrebandier, elle s’adressa au magistrat.

- Avez-vous ce qui nous intéresse ?

- Évidemment ! Voici, mesdames, deux copies du formulaire de saisine que j’ai pré-rempli, selon les modalités habituelles. Le procureur parlait relativement vite et sur un ton enjoué, Floaz et lui devaient bien s’entendre à force de travailler en bonne intelligence.

- Vous êtes un ange, Inchiostro. Au fait Tchiïki, êtes-vous totalement au fait quant à la procédure de saisine ?

- Nous sommes en présence de monsieur le Procureur général, alors si je ne m’abuse, vous faites tous deux référence au droit de saisine de la Cour suprême des Sénateurs ? Comme le dispose la jurisprudence, nous avons, en tant qu’élus de la République, la possibilité de déposer des recours devant la Cour suprême.

- En voilà une qui ne méconnaît pas ces droits, je vous apprécie déjà ! Cet Inchiostro Tinta était, à n’en pas douter, du naturel avenant, ses yeux renfermaient la malice des loubards pervers et pourtant, sa carrière ne pouvait correspondre qu’à celle d’un modèle de sagesse, de tempérance et de vertue.

- N’est-ce pas ? Et autant dire que nous ne nous gênerons pas pour les exercer. Savez-vous quand nous pouvons espérer recevoir une réponse de la Cour ?

- Figurez-vous que la Cour suprême traverse actuellement une longue période de chômage technique, depuis le surmédiatisé procès d’Emalia Kira, c’est le calme plat.

- Que les magistrats du siège se réjouissent dans ce cas, car nous leur donnerons sous peu de quoi s’occuper, qu’ils s’attendent à examiner le cas de notre si peu estimée Vice-Chancelière, elle qui il n’y a pas si longtemps prenait encore un malin plaisir à s’improviser Grande Inquisitrice, elle qui a, de ses mains, cloué la monarque ondéronienne au pilori.

- Nous avons en effet constaté, monsieur le Procureur général, que la Vice-Chancelière s’était rendue coupable de multiples atteintes à notre Constitution. J’ajouterai qu’elle a également bafoué la quasi-totalité des principes consacrés par la Déclaration universelle des droits de l’Être conscient.

- Ce sont de bien graves accusations que vous proférez là ! Je ne peux en aucun cas me rendre complice d’une pareille mascarade, comment pouvez-vous envisager d’orchestrer une tentative de renversement du pouvoir alors que nous venons tous d’apprendre avec effroi qu’une guerre a éclaté au sein même de nos frontières ? Je me dois de rester impartial, mesdames. Si c’est pour cela que vous m’avez fait venir, je m’en vais. Inchiostro Tinta tourna les talons, alors qu’il s'apprêtait à mouvoir son imposant postérieur, Floaz tenta de le raisonner.

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Floaz Rĭ’i
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Je connaissais Inchiostro, il s’emportait toujours que ce soit pour le meilleur ou pour le pire. Malgré son importante bedaine, il demeurait sans arrêt prêt à bondir au moindre scandale. Il faut dire qu’il s’était dressé face à tant d’injustices lors de sa longue carrière, à force d’avoir écumé toutes les salles d’audience, il était devenu impulsif et le voilà qui nous faisait un énième caprice.

- Allons Inchiostro, rasseyez-vous ! Vous me connaissez assez pour savoir que jamais je n’abuserai de notre amitié, ni même de mes prérogatives. Puis n’êtes-vous pas un peu intéressé par cette histoire ? Elle est sérieusement documentable et il n’est d’ailleurs nullement question de renverser le pouvoir, la Vice-Chancelière est l’unique cible de nos enquêtes, du moins, la principale.

- Mais c’est de la folie, de la folie je vous dis ! Vous rendez-vous seulement compte de la gravité de vos manigances ? C’est trop, bien trop pour moi, rendez-moi tout de suite ces formulaires, faisons comme si nous n’avions même pas abordé cet odieux sujet ! Sa voix rocailleuse et un tant soit peu effrayée semblait venir d’outre-tombe.

- Reprenez seulement ces formulaires Inchiostro et je serai dans l’obligation de vous assigner en justice.

- Vous oseriez ?! Je ne vous reconnais plus Floaz.

- Bien au contraire, vous savez pertinemment à quel point je suis sérieuse. Pas plus tard que la semaine dernière j’ai dissous une commission, ne m’obligez donc pas à m’attaquer au Parquet général de la République Galactique. Le procureur semblait horrifié, il devait me trouver exécrable tant je l’avais mis hors de lui. En un rien de temps Inchiostro était devenu vermeil, la veine de sa tempe s’était gonflée, ses poings serrés, et sa moustache agitée. Il m’inspirait un buffle prêt à charger et tandis qu’il s’apprêtait à rétorquer, Tchiïki brisa avec fermeté, de sa voix grave et posée, notre dialogue de sourds en rappelant très sérieusement ce pourquoi nous étions venues.

- Monsieur le Procureur général, avec tout le respect que je vous dois, l’objet de notre requête est d’éclaircir un point de droit très précis. Dans l’état actuel de la Constitution, nous, Sénateurs, avons en vertu de son article huit pour attribution de contrôler l’action du gouvernement. Il apparaît cependant en vertu de l’article vingt-et-un que ce contrôle vise l’action du gouvernement dans son intégralité et n’est que strictement politique. Ainsi, nous ne pouvons rien contre Sly Keto. Qu'en est-il de la responsabilité pénale individuelle des membres du gouvernement républicain, soumis à mon sens au droit commun ?

Inchiostro grommela un instant avant d’approuver d’un signe de tête.

- Hmf, oui, je vous comprends désormais, mais que diable reprochez-vous à la Vice-Chancelière au point de ne vouloir attaquer qu’elle ?

- Comme vous le savez désormais, Sa Majesté Sly Keto s’amuse à l’heure même où nous nous parlons à batailler dans l’illégalité la plus criante contre les forces armées tanaabiennes dans l'hyperespace. Cette femme investie de la noble mission qu’est celle de veiller à l’unité républicaine utilise son peuple et ses soldats, des vies républicaines, pour exacerber les tensions entre deux Mondes républicains. Quel intérêt peut être trouver à cela hormis sa propre satisfaction ?

Inchiostro sembla soudainement piqué d’intérêt, et dans un mouvement lent se rassit. Tchiïki renchérit directement.

Tchiïki Ranya
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J’étais soulagée que la pression due à l’escarmouche entre Floaz et le procureur soit redescendue. Ma collègue savait à force comment dompter cet animal sauvage, elle avait sûrement tant bien que mal appris à le connaître. J’estimais d’autre part que mon intervention, savamment placée avant que la situation ne dégénère, n’avait été inopportune. Elle avait permis de tous deux les recadrer afin qu’ils calment leur surchauffe.

- Bien qu’imparfaite, notre Constitution a doté cette République d’une Cour Suprême et lui a entre autres confié l’attribution de veiller à maintenir la paix à l’intérieur de nos frontières par le règlement légal des différends internationaux.

- Or cette paix intérieure a volé en éclats suite aux révélations tout bonnement choquantes d’hier. Nous pensons que la Vice-Chancelière Sly Keto de part sa position dans le régime politique umbaran ne peut tout simplement pas être étrangère à ces conflits d’une rare violence.

- De braves journalistes viennent en effet de tous nous alerter sur cette situation, c’est maintenant à vous d’agir et de mettre un terme à cette guerre. Commencez par inculper la Vice-Chancelière si vous êtes assez courageux, toujours est-il que même avec votre intervention, elle ne sera pas automatiquement démise de ses fonctions.

- Il est clair qu’il nous faut d’une part assigner la Vice-Chancelière en justice au plus vite, et d’autre part ne pas perdre de temps pour la destituer. Savoir qu’elle est en capacité de rester en place après toute cette histoire est simplement insupportable compte tenu des conflits d’intérêts ici mis en exergue.

- Certes, certes, il arrive néanmoins que sous la pression médiatique qu’entraînent de telles découvertes un officiel démissionne de lui-même. Nul besoin d’en passer par l’ouverture d'une information judiciaire ou une mise en examen.

- C’est en effet possible, mais ces choses-là prennent du temps. Le souci avec cette guerre est que nous n’avons pas de temps à perdre, encore une fois des vies sont en jeu.

- Des vies, toujours des vies… Cette guerre est toute nouvelle, il n’y a pas encore eu d’étude réalisée sur le terrain et il n’existe pas la moindre enquête sur les dégâts qu’ont engendré les conflits. Je ne vous laisserai pas contrevenir au principe de présomption d’innocence.

- C’est d’une guerre dont nous parlons, Inchiostro ! N’avez-vous donc pas vu les mêmes images que moi aux actualités ? Elle devrait nous appeler à la plus grande prudence. De plus, nous savons déjà que les combats ne sont pas récents, ils sont demeurés secrets grâce à l’énergie vraisemblablement investie par Sly Keto dans une vaste campagne de désinformation. Celle-ci semble avoir été tellement massive que l’omerta s’est installée au point que même Tanaab n’a pu nous prévenir. Nous ne comptons au fait nullement contrevenir à la présomption d’innocence, la suspension de Sly Keto à la Vice-Chancellerie le temps que la Cour Suprême rende son jugement ne me semble pas être une mesure préventive disproportionnée. Nous nous sourîmes, Floaz et moi, tant nous semblions sur la même longueur d'onde. En bon duo, nous étions comme synchronisées et faisons toujours évoluer la discussion.

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Floaz Rĭ’i
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Je pensais naïvement avoir réussi à convaincre Inchiostro, mais ce n’était absolument pas ce que semblait me dire son visage. Il fronçait les sourcils tout hébété et marmonna dans sa moustache, farfouillant dans sa boîte à arguments sceptiques.

- J’entends bien, sauf que vous, vous n’entendez nullement résoudre ces conflits devant la Cour, c’est la reine d’Umbara que vous visez tout particulièrement.

- Croyez-moi Inchiostro, ce n’est pas de gaité de coeur que nous entendons le faire, il est pourtant indéniable que la Vice-chancelière a perdu toute crédibilité, et sa présence à la tête de la République Galactique est une honte pour nous tous. Nous ne sommes une nouvelle fois pas en mesure de la mettre en accusation, nous n’avons cependant nullement peur d’affirmer que nous entendons agir.

- Admettons que madame la Vice-Chancelière soit comme vous le clamez impliquée dans une attaque envers notre Constitution, vous indiquiez tout à l’heure qu’elle serait ainsi la principale cible de votre action, à qui d’autres pensiez-vous ?

- Il est envisageable que Thelius Sarkhan, le ministre de la Sûreté de l'État ait lui aussi pu jouer un rôle dans la dissimulation des combats. Si des rapports internes des renseignement civils sont remontés jusqu'à ces services, comme cela devrait être le cas sans dysfonctionnements, il a failli à faire respecter l’ordre. Pas même un dialogue ne semble avoir été envisagé par l’exécutif fédéral, vous rendez-vous vraiment compte de la gravité de cette situation, monsieur le Procureur général ? Deux mondes républicains sont en état de guerre et ce aux frontières du Consortium d’Hapès ! Nous passons ni plus ni moins pour une Nation tout aussi désordonnée que l’Empire, car rongée par des luttes internes. Le Consortium ne peut que se réjouir d’assister au spectacle d’une telle instabilité. Tchiïki avait employé un ton tout à fait diplomatique, souhaitant une ultime fois raisonner monsieur Tinta.

Inchiostrio soupira longuement, puis apposa ses mains contre ses tempes.

- Vous êtes complètement folles, j’espère que vous en êtes conscientes.

- Folles aujoud’hui peut-être, mais demain nous serons considérées comme celles qui auront libéré la République Galactique du joug des malhonnêtes. Enfin, je ne vais tout de même pas vous apprendre votre métier : la Vice-Chancelière aussi puissante soit-elle porte une atteinte significative au droit républicain, j’aurais attendu du Parquet général davantage d’élan à l’égard de notre requête et un soutien plus important. Vous ne ferez rien d’illégal, alors pourquoi cette réticence ? Comprenez déjà à quel point la tâche nous est périlleuse, nous ne sommes que deux Sénatrices, soyez bon et prêtez-nous main forte. Je conçois tout à fait que ce nœud d’hésitation traduit les pressions que pourrait exercer sur vous votre hiérarchie, pensons seulement que lorsque nous touchons à des problématiques aussi imprégnées de la restauration de l'intérêt général il ne faut pas rester les bras croisés. Inchiostro, vous me connaissez, ce qui m’intéresse c’est la loi, alors aidez-moi simplement à protéger le droit en éclaircissant un point assez nébuleux, les membres du gouvernement seraient-ils devenus inviolables même lorsque nous nous basons sur des faits pour les attaquer ?

Tchiïki Ranya
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Une fois sa tirade déclamée, Floaz reprit son souffle. Elle demeurait vraissensablement irritée depuis les premières échauffourées qui avaient éclaté entre le Procureur général et elle, puis leur dialogue de sourds persistait, je me devais donc d’intervenir et de me faire la plus incisive possible pour couper court à leur tergiversation.

- Sénatrice, monsieur le Procureur général, – je les saisis chacun leur tour par un regard torve – nous avons abordé en long, en large et en travers le sujet militaire et la politique belliqueuse prônée à l’intérieur de cet État de droit par Umbara, éventuellement via l’intermédiaire de sa monarque despotique, Sly Keto, Vice-Chancelière de la République Galactique. Toujours est-il que ne nous ne sommes aucunement mis d’accord sur une stratégie, efficiente et simple, utile à l’action. D’accord, Floaz, le problème fondamental que pose cette guerre, et cette histoire aux relents de conflits d'intérêt, dépasse toutes les considérations politiques et devrait tous nous geler. D’accord, monsieur le Procureur général, vous n’envisageriez pas d’entamer des poursuites ou d’ouvrir une information judiciaire si nous déposions, toutes deux, plainte. Ainsi je vous soumets une troisième fois : nous allons bel et bien utiliser les formulaires que monsieur Tinta a eu l'obligeance de bien vouloir nous apporter, – je toisai tout à coup l’homme d’un regard de feu, il m’apparut qu’il avait failli oser ouvrir la bouche – nous n’allons néanmoins saisir la Cour suprême de la République Galactique que pour lui poser les questions relatives au vide juridique que nous avons pointé du doigt. Vous conviendrez que les Sénateurs ont ce pouvoir et que si la Cour désire aller dans notre sens, alors nous serons en mesure d'obtenir la victoire que nous espérons tant et ce au sein de la rotonde sénatoriale.

- Vous avez tout à fait raison, Tchiïki, cette discussion commence à durer au-delà du raisonnable. Inchiostro, nos questions seront simples : dans la continuité des articles huit et vingt-et-un de la Constitution républicaine, les membres du Gouvernement sont-ils, à titre individuel, pénalement responsables pour les actes accomplis dans l’exercice de leurs fonctions et qualifiés de crimes ou de délits au moment où ils ont été commis ? Si oui, le Sénat de la République Galactique est-il compétent pour démettre de ses fonctions les membres du Gouvernement, à titre suspensif voire définitif ?

J'acquiesçai aux propositions de Floaz, en bonne juriste elle avait su trouver les mots justes. La perplexité s’était, de plus, peu à peu effacée du visage du procureur, remplacé par un soulagement certain. Ma suffisance ne l’avait donc sûrement pas gêné, je m’en délectais.

- Cela est enfin des plus convenables, c’est noté - s'exclama-t-il de nouveau, bien moins moribon qu'auparavant. Veuillez simplement parapher la demande et signer en bas de page pour officialiser la saisine et nous en aurons fini. Hallelujah !

- Hop, voilà qui est fait. Tout est parfait désormais. Floaz apposa la première ses initiales sur le document avant de le signer et me céder la place. Je m'exécutai à mon tour, essayant de faire de même, malgré le flagrant manque de praticité des datapads.

- Tout ceci sera communiqué à la Cour suprême dans les plus brefs délais, j’ajoute que la prise en charge de votre dossier vous sera notifiée par la greffe. Je ne peux plus que vous dire au revoir maintenant, mesdames. À l’avenir, chère Floaz, vous feriez mieux de faire scrupuleusement attention avant de m'appeler. En dépit de la fébrilité de ses jambonneaux, Inchiostro Tinta fila hors de la pièce plus vite que le vent. Il ne mettrait très certainement plus les pieds au Sénat pour un moment et ce n’était pas plus mal ainsi.

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Floaz Rĭ’i
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Aussitôt le Procureur disparu je fis volte-face vers Tchiïki et lui souris.

- Louée soit la Force, elle m’a entendue, et moi qui commençais à croire qu’on y passerait toute la journée. Merci Tchiïki pour votre aide, je connais très bien Inchiostro comme vous avez dû le voir, il n’est pas du tout méchant, mais qu’est ce qu’il sait se montrer indigeste des fois, nous avons toujours été comme chat et chien lui et moi. La balle est désormais dans le camp de la Cour Suprême, il ne nous reste plus qu’à patienter.

- Je partage votre joie Floaz, nous avons réussi alors que je ne pensais inconcevable que nous puissions faire entendre raison à cet homme. Je ne mets toutefois pas du tout en doute ses capacités, ni son talent en d’autres circonstances. Telles deux accusées, nous sommes en effet pendues aux lèvres des juges.

- Vous savez, il est de ces gens qui ont bien trop souvent les chocottes, mais dès qu’il est convaincu, il devient inégalable, il reste aussi un bon ami et je suis heureuse qu’il ait répondu aussi vite que vous à mon invitation. Enfin, ce n’est pas tout ça mais j’ai frôlé la nuit blanche pour nous préparer cette saisine, vous laisseriez-vous tentée par un petit café ?

- J’en meurs justement d’envie depuis mon arrivée sur la Grand'Place.

- Fort bien ! Mais ne soyons tout de même pas trop pressées, je vous préviens il est hors de question que nous nous servions à la cafétéria du Sénat, leur arabica est une horreur : du jus de chaussette tout simplement !

- Vous ne pouviez pas mieux tomber, Sénatrice. Je connais l’endroit idéal pour déguster un nectar des plus revigorants. Vous laisseriez-vous tenter par une excursion en Bohème ?

J’arquai un sourcil.

- Vous me faîtes peur, ce n’est quand même pas un de ces endroits bondés d’adolescents en plein plane ? Non pas que l’expérience me déplairait, loin de là, mais il m’embêterait d’entacher mon image en faisant irruption à la Cour Suprême sous coke.

- Non non rassurez-vous, nous n’allons guère fumer le calumet de la paix ou la chicha avec quelques énergumènes addicts aux opioïdes ou tout simplement dans les vapes. J’ai pensé à un café éco-géré par une de mes collaboratrices qui est aussi une de nos collègues figurez-vous : la Sénatrice d’Ithor, Matoaka Amonute.

- Hm, je ne connais ma foi pas grand-chose de madame Amonute, si ce n’est qu’elle était là avant même que le Sénat ne soit bâti, mais son petit havre de paix a somme toute l’air des plus mignons.

- Voyons, n'exagérez rien, elle a par le passé su se distinguer par de fortes actions en faveur de l’écologie politique. C’est la lecture, lorsque j’étais plus jeune, de ses ouvrages qui m’ont en partie fait prendre conscience du danger qui planait sur de très nombreux autres Mondes partout dans la Galaxie.

- Evidemment, je suis mauvaise langue, madame Amonute est même l’injuste cible de railleries au sein de la rotonde. Sa position très marginale doit à tout prix être sauvegardée.

- Je ne peux que saluer vos dires ! Vous verrez, nous nous plairons au “Jardin des amis”, Matoaka s’attache en outre à n’employer que des jeunes personnes issues de milieux très défavorisés comme les bas-fonds de Coruscant et à les réhabiliter.

- C’est merveilleux, qu’attendons-nous donc pour y aller ?

Tandis que Tchiïki et moi-même nous apprêtions à quitter la salle, quelqu’un toqua à la porte.

Tchiïki Ranya
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Ma grande amie, la star des stars de ce Sénat, l’immuable et inimitable Nadine, fit son apparition dans l’hémicycle de la Commission sénatoriale de la Législation générale. Comme à son habitude, elle poussait son chariot de femme de ménage et restait, vétue d’un legging galaxy, la technicienne de surface la plus branchée de tout Coruscant.

- Ço alors, m’dame Tchiïki, c’est un réel plaisir d’vous voir ici hein ! Mais c’est po lo qu’ch’est vot’ étage, qu’ez vous faites lo ? Nadine avait un phrasé tout à fait respectable, je dirais seulement qu’il était un petit peu particulier, singulier.

- Pardonnez-moi, Tchiïki, qui est cette femme ? La connaissez-vous ?

- Oh oui, ne vous en faites pas, Floaz ! Je vous présente madame Nadine, elle était jusqu’à présent la responsable des techniciens de surface du septième étage où j’ai mon bureau. Je pivotai à présent vers la femme de ménage et m’adressai à elle. Nadine, nous étions en train de travailler ici la Sénatrice Floaz Rĭ’i et moi, vous vous trouvez en fait dans son quartier général. Nous nous apprêtions justement à partir, ne vous dérangez pas.

- Ben le bonjour, m’dame la Sénatrice Floaz Riri. Si vous voulez c’est à moi qu’on a dit de v’nir remplacer la brave Gisèle le temps qu’elle reste en arrêt, histoire eud faire eul ménage ichi avant la réunion de vot’ club. À ces mots, j'aperçus les yeux de Floaz s’écarquiller et je ne pus m'empêcher de sourire. Après tout, Nadine était plus encline à se tenir au courant des moindres potins qu’à suivre les affaires politiques.

- Alors, je suis loin d’animer un club comme vous dites, ceci est une commission sénatoriale, madame Nadine. Cela ne fait rien après tout, avez-vous des nouvelles de Gisèle ? J’espère qu’elle va bien, j’ignorais qu’elle était tombée malade. Madame Gisèle est une grande amie.

- Boh, vous savez elle va se r’met’ vite, c’est une battante la Gisèle, elle en a vu d’autres. Nadine opta pour une moue décontractée et une attitude tout aussi “cool Raoul”.

- Voilà qui fait plaisir à entendre, j’espère qu’elle se sera rétablie pour son anniversaire la semaine prochaine, j’espérais pouvoir lui faire une petite surprise.

- Au fait Nadine, vous n’avez toujours pas eu l’occasion de me raconter votre date avec votre fameux fils de notable, Jean-Enguerrand il me semble.

- Ço c’est déroulé comme sur des roulettes, m’dame Tchiïki. Moi je vous le dis, il vo vite l’oublier sa fiancé le p’tit coco, à moi le flouze.

- J’en suis fort aise, ma chère Nadine !

- Après tout, c’est une façon comme une autre de réussir sa vie…

- En parlant de roulettes, j’aurais un p’tit service à vous d’mander, m’dame Tchiïki et à vous aussi m’dame Riri ! Y strouv’ que mi Nadine, j’ai zencore un chariot tout pourri pour faire eul ménage, sauf que y en a d’aut’ les p’tites jeunes lo, elles elles zont des chariots qui lévitent ! Mi Nadine, j’en ai po et ço c’est révoltant. Tss’ mi j’suis sûr qu’elles ont fait des pirouettes avec l’aut’ Orateur sénatorial pour les obtenir va.

- Il est vrai que l’Orateur sénatorial n’est pas bien net, ça ne m’étonnerait presque pas... Tenez, avez-vous pensé à jeter un coup d'œil dans le local de Gisèle ? Elle en possède un si je ne m’abuse. Floaz semblait apprécier se prendre au jeu de Nadine, peut-être ambitionnait-elle de former un duo comique avec la femme de ménage ? Toujours était-il que ce bref interlude avait eu le don de la détendre.

- Oh mais dîtes donc, c’est qu’il aime po qu’les p’tites jeunes l’Orateur si la vieille Gisèle en a un. T’façon mi j’vous le dis m’dames, ceto toudi mal foutu quand c’était qu’on avait un crapaud pour Chancelier.

Ce fut après ces sages paroles, constat qui valait seul toutes les démonstrations politiques de la Galaxie, que nous quittâmes, Floaz et moi, la pièce.

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Floaz Rĭ’i
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Nadine était amusante, même si j’avouais rencontrer de nombreux soucis à la comprendre, ma maîtrise du basic n’était guère excellente, et son accent ne rendait pas la tâche plus aisée.

- C’est quand même terrible, pourquoi n'avons-nous pas des droïdes pour faire le ménage ? Nadine comme Gisèle sont toutes deux si dévouées.

- Je trouve que ce sont de sales bestioles, de nazes droïdes ne peuvent tout de même pas supplanter le travail de Nadine ! Puis vous savez, parfois il faut bien trouver un moyen de donner à chacun un emploi. Certains ne peuvent pas vraiment faire autre chose.

- Oui, vous avez peut-être raison. Je toucherai quand même deux mots à l’intendance du Sénat, ces conditions de travail doivent être améliorées. Enfin bon, ce n’est pas tout mais j’ai toujours aussi soif, nous y allons ?

- En route, nous n’avons qu’à prendre la ligne 721 et nous arrêter à la station Germaine van Nes !

Tchiïki ouvrit la porte et me laissa passer devant elle, nous sortîmes du Sénat pour nous diriger vers un arrêt de bus situé au croisement de l’esplanade et d’une large artère. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, une navette collective se présenta devant nous, je farfouillai dans ma poche d’où je sortis un carnet de titres de transport.

- Tenez Tchiïki je vous offre la course, il me reste encore quelques tickets sur moi ! Je vous en prie, à votre tour de passer devant.

- Je vous remercie Floaz, vous êtes décidément du genre à être parée à tout ! Sans vous, j’aurais dû me dépatouiller seule et trifouiller dans mon sac à main pendant un quart-d’heure à la recherche de ma fichue carte bancaire, parce qu’il est du fait des banques évidemment de plus en plus difficile de régler ses achats en monnaie fiduciaire.

Nous montâmes dans le bus bondé. En l’absence de places assises libres, nous nous adossâmes à une vitre, dans un coin. Dans le véhicule, les voyageurs bavardaient ou étaient absorbés par leur datapad.

- Je ne veux surtout pas faire la rabat-joie, mais il faut reconnaître que sur Dorin il y a tout de même bien plus de transports en commun. De plus, le prix d’un simple trajet ici est tout simplement honteux, je suppose que la récente abrogation de la loi relative aux nationalisations n’est pas étrangère à cette problématique.

- Comme je vous comprends ! Sur Chandrila, nous misons énormément sur le transport ferroviaire à l’aide d’hyperloops et les péniches, notamment alimentés par l’énergie solaire. Vous voyez, c’est cela de croire en un progrès technologique qui dopé par l’investissement étatique sert le progrès social.

- Chandrila, c’est vrai.. Cela fait si longtemps que je ne m’y suis pas rendue. Il me semble d’ailleurs que la dernière fois que j’ai séjourné sur Chandrila c’était pour vous y retrouver. A cette lointaine époque je n’étais pas Sénatrice, et vous non plus.

- Je m’en rappelle oui, je rêve même la nuit que je suis de retour sur les terres de Chandrila et que je suis de nouveau sa dirigeante. Vous deviez faire partie d’une délégation de diplomates que nous avions reçu tant nous étions confrontés à des problématiques de développement similaires.

Tchiïki Ranya
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Nous arrivions à bon port, la station Germaine van Nes était en vue, je signalai donc au chauffeur le souhait qui était le nôtre de nous arrêter ici. Nous descendîmes du bus et fîmes tout de suite face au vacarme assourdissant et invasif d’un boulevard encerclé par des nuées de buildings. Nous avançames de quelques pas avant que je désigne du doigt un gratte-ciel de forme cylindrique au sein duquel nous devions entrer.

- Le café de Matoaka se trouve au quarante-sixième étage, je pense donc qu’il est préférable que nous empruntions un des ascenseurs.

- Préférable ? Je crois que prendre l’ascenseur s’impose, ou vous devrez me porter sur votre dos, Tchiïki. Je suis en réalité bien plus âgée que vous pour mon espèce.

- Je ne peux pas dire que je ne serai pas prête à relever le défi, mais vous comprendrez que mes hanches et mes lombaires me le feraient volontiers payer. Argh, cette fichue hernie discale n'arrêterait donc jamais de hanter mon esprit. Toujours était-il que nous étions à présent portées dans les étages par une grande capsule toute en verre, j’espérais que Floaz n’était en rien sujette au vertige.

- Dîtes-moi Tchiïki, puisque nous ne sommes désormais plus hantées par toutes les odeurs de transpiration qui régnaient dans ce bus, je me rends compte que votre robe sent drôlement bon ; pourrais-je me permettre de vous demander quelle est votre marque de lessive ? À l'annonce de cette étonnante question, je ne pus m'empêcher de sourire largement tandis que mes yeux fixaient le sol. On me demandait donc quel était le parfum qui embaumait ma chère longue robe en lin beige, j’étais prête à détailler tout le processus de fabrication de ma lessive maison, mais je décidai de ne pas trop m’étendre.

- Figurez-vous que je confectionne moi-même les produits ménagers que j’utilise, en règle générale les chandriléens se fournissent en lessive bio dans nos drogueries, malheureusement celle-ci n’est pas disponible sur Coruscant alors j’avise pour ne pas avoir à stocker des litres entiers. Ma fameuse mixture est parfumée au lilas. Je pourrai toujours vous en apporter à votre bureau si vous le voulez, elle est bien moins nocive pour l’environnement et la peau que les produits traditionnels.. puis adieu les perturbateurs endocriniens.

- Oh, impressionnant. J’ai moi-même déjà tenté plusieurs fois de concocter ma lessive et mon adoucissant, mais rien de bien convainquant, c’était pire que mieux, ainsi j’accepterai avec plaisir vos échantillons.

- Ça alors, mais vous êtes quand même une initiée dans ce cas ! Je suis sûre que vous trouverez un nécessaire de bien meilleure qualité au sein de l'échoppe fourre-tout de Grand-mère feuillage. La Sénatrice d’Ithor a choisi, pleine de dérision, ce surnom qui a eu pour principale qualité d'effrayer ses détracteurs politiques. Imaginez-les, blêmes, persuadés qu’une de leurs collègues était devenue gourou et communiquait avec des arbres humanoïdes ou je ne sais quoi d’autre. Quarante-quatre, quarante-cinq, quarante-six : les portes de l'ascenseur s’ouvrirent et tout à coup cinquante nuances de végétaux nous apparurent. Plusieurs personnes s'affairaient là, au beau milieu des plantations.

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Floaz Rĭ’i
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Les portes de l'ascenseur s’ouvrirent sans bruit et je pus enfin contempler l’endroit. Cette Matoaka Amonute pouvait être particulièrement fière de la façon dont son “Jardin des amis” évoluait. Les plantations étaient modestes, mais jolies.

- C’est magnifique, vraiment splendide Tchiïki ! J’ai beau avoir quelques connaissances en botanique, je suis incapable de reconnaître la plupart de ces plantes, quel dépaysement !

Nous commençâmes alors à évoluer à travers le jardin, les feuilles de certains arbustes étaient si imposantes qu’elles nous chatouillaient agréablement les épaules. Tchiïki semblait être une habituée de ce club de jardinage et me guida entre les jardinières, m’indiquant tour à tour divers parterres de fleurs. Dans tous les coins j'apercevais des gens s’affairer, transplantoir dans une main, petite truelle dans l’autre.

- Suivez-moi, Floaz ! Si vous saviez comme je suis attachée à ce lieu, regardez par exemple ces quelques buissons de myrte et de phlox sous les arbres là-bas, ils me rappellent Chandrila. Voyez aussi ces deux azalées, nous les avons plantées ensemble, Matoaka et moi. Entre nous, la rouge est plus luxuriante, car c’est la mienne… Il y a aussi cette agréable rangée de tulipes, la clématite qui continue de toujours plus grimper sur les poteaux de la terrasse et, enfin, cet hortensia nain que j’apprécie particulièrement.

Enchantée par une telle quantité de verdure, que je pensais incompatible avec la planète Coruscant, je restai bouche-bée, transportée par la communauté à la main-verte qui avait su façonner ce véritable jardin d’Eden. Je me contentai donc de quelques brefs mots d’admiration.

- C’est sublime.. et ça continue même par là ! Fis-je d’un ton presque juvénile en indiquant de ma main la prochaine pièce.

Tchiïki me sourit amicalement et ensemble nous pénétrâmes dans la salle suivante. L’humidité s’y faisait beaucoup plus forte, ce qui donnait presque un air de vacances à cette journée de travail. Je me plaisais à m’imaginer de retour sur Seylott, découvrant avec le reste des touristes en compagnie de notre guide les paysages tropicaux de ce monde de la Bordure extérieure.

- Oui Floaz, c’est cela de redonner vie au Monde-capitale. Je me souviens que lorsqu’elle a acheté cet endroit, Matoaka n’a également pas pu résister à l’envie d’établir ces quelques rangs de tomates cerises, ainsi que des œillets et des impatiens, juste de quoi avoir une petite récolte à l'automne. Tenez, observez ces élèves éclaircir le massif d'alstibes, tuteurer les capucines et installer quelques bulbes de glaïeuls. D’ordinaire, Matoaka ne manque pas de déambuler doucement à travers la verdure et sourit à chacun, mais où est-elle.

Bien aimables, les disciples de la Sénatrice Matoaka Amonute relevèrent tous la tête pour nous saluer tout sourire, un sourire que je ne manquai pas de leur rendre lumineusement. Arrivées au bout de la salle, nous franchîmes un rideau de lianes avant de débouler dans un modeste verger. Dans un coin sombre, une vieille Ithorienne était agenouillée aux côtés d’un jeune humain.

- Est-ce madame Amonute ? Chuchotai-je discrètement à l’attention de Tchiïki. Ne la dérangeons pas, elle est peut-être occupée avec un de ses élèves.

Tchiïki Ranya
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Je prenais le plus grand des plaisirs à présenter le “Jardin des amis” à Floaz et visiblement ce paradis secret lui plaisait hautement également. Chuchotant moi aussi, je lui répondis :

- Tout à fait, Floaz. En effet, Matoaka est très attentive aux autres et apporte un suivi aussi régulier à ses étudiants qu’à ses plantes. Elle apprécie distribuer anecdotes, conseils et instructions à qui veut bien l’entendre radoter. Ne nous ne nous approchâmes donc guère plus, préférant laisser du temps et de l’espace à la botaniste et à un de ses amis. Je reconnaissais bien Matoaka, comme à son habitude, elle avait relevé sa sobre tunique en chanvre, afin de pouvoir s’installer accroupie face au trou creusé par l’humain. Elle jetait de longs coups d'oeil à une parcelle sur laquelle je ne distinguais que de petits monticules de terre qui protégaient le noyau de pêche que le garçon peinait à planter.

- Tu ne t’en sors pas, petit Osho ? Les cheveux et les manches maculés de boue, le jeune humain accéléra ses mouvements. Malgré ses violents coups de transplantoir, la terre accumulée était charriée par l'eau et retombait inlassablement dans l'orifice qu’il avait creusé, rendant la tâche un peu plus ardue pour Osho. Décidée à l’aider, Matoaka posa lentement sa main droite sur celle de l’humain, cherchant à calmer son agacement. Elle lui dit :

- La Nature a besoin de calme pour s’épanouir, Osho. Il faut de la douceur et de la patience pour qu’une graine se lève, puis il en faut encore plus pour que la jeune plante se développe. L’Ithorienne refusa poliment l'outil de jardinage que lui tendait son élève et préféra plonger ses larges mains dans la terre. Elle ferma les yeux et respira profondément l'odeur de la boue coincée entre ses doigts et sous ses ongles, transportée de joie.

- Vous savez madame, un jour, je rendrai la végétation de ce jardin encore plus luxuriante. Je ne sais pas combien de mois ça prendra mais je rajouterai de la terre là où il en manque, je planterai de nouvelles fleurs, mettrai de l'engrais… Après cette déclaration, Matoaka tourna sa tête vers le dénommé Osho, elle eut un rictus tendre, avant de lever ses yeux bleutés vers le cognassier du verger.

- Vois cet arbre, Osho, je ne peux le faire fleurir à mon gré, ni faire pousser ses fruits avant la saison ; je ne suis qu’humblement à son service. Quant à ce noyau, quoique tu fasses, cette graine donnera forcément un pêcher. Même si tu as envie d’une pomme ou d’une orange, ce sont des pêches que tu auras. Pour que la graine pousse, tu dois être prêt à la guider, à la nourrir, et surtout à croire en elle. Comment veux-tu qu’elle croisse si tu n’es même pas prêt à lui accorder tout le temps dont elle aura besoin ? La Sénatrice ramassa le noyau de pêche et le mit dans le creux de la paume de sa main, pour le déplacer quelques timides centimètres plus loin. Elle asséna deux dociles coups de pelle à la terre et allongea dans le lit de terre ladite graine. En un mouvement circulaire, l’Ithorienne recouvrit du bout de ses doigts d’humus le pépin brun.

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Floaz Rĭ’i
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Tchiïki et moi-même nous tenions à l’écart, admirant silencieusement l’intervention de notre aînée. Elle accordait tant de sérieux au jardinage, lui conférant toute sa noblesse. Nous n’avions pas décoché un mot, et demeurions ainsi indétectées de l’Ithorienne qui continuait à aider son élève.

- Ne cherche pas à faire de ce jardin le plus beau parc botanique de la Galaxie, ne cherche pas à semer mille autres plantes. Materne chaque graine, et promets-moi de croire en elles.

Matoaka esquissa une vilaine grimace tandis qu’elle poussait sur son sceptre fait de bois pour se relever, bien difficilement. Elle plaça ensuite sa main sur l’épaule de l’humain.

- Tu sais Osho, le jardinage m’avait drôlement manqué ! Mon petit séjour sur Alderaan était très mignon, j’ai eu la chance de rencontrer plusieurs chercheurs bien sympas, mais quelle joie de tous vous retrouver ! Le contact rassurant de la terre sous mes genoux, sous mes ongles, l’odeur du humus qui s’attarde sur mon corps… Elle eut un long soupir de bonheur. Et puis, mon retour tombe à point nommé ! Il y a une semaine encore, je ne pouvais m’allonger sans m’emmitoufler dans une pile de linges sous peine d’être mordue par le froid, mais l’air de Coruscant s’est tant réchauffé, quel bonheur ! Tu as vu les lavandes d’ailleurs ? Elles sont en pleine florai… À ces mots, la Sénatrice se mit à pivoter sur elle-même, voulant indiquer du bout de sa canne les fleurs mauves à son élève. Son attention fut toutefois interceptée par notre présence, ses yeux s’écarquillèrent soudainement, comme deux gros œufs durs. Un sourire flottait sur ses lèvres.

L’Ithorienne se précipita sur nous, faisant d’innombrables petits pas pour se rapprocher.

- Regardez qui voilà ! Bien le bonjour mesdemoiselles ! Je vois que tu as ramené une amie Tchiïki ! Qu’est-ce que je pourrais vous servir ? Une bonne chicorée ?

Ainsi proche de nous, la Sénatrice Amonute me semblait encore plus minuscule. La scène en était presque risible tant la Togruta devait probablement mesurer trois fois sa taille. Je souris infantilement à la vieille femme avant de lui répondre.

- Bonjour madame Amonute, de la chicorée sera très bien pour moi, je vous remercie ! J’aime beaucoup son goût caramélisé et puis je n’ ai pas l’occasion d’en boire souvent.

La vieille-femme m’agrippa aussitôt par le bras et m’adressa quelques mots.

- Oh vous savez, c’est surtout parce que c’est bon pour le foie et pour le transit ! Une petite infusion chasse en un rien de temps la constipation passagère et les troubles digestifs. Matoaka desserra alors son étreinte sur mon bras et posa ensuite son regard sur la Togruta. Je t’en prépare une aussi ma Tchiïki ?

- Volontiers, serais-je un petit peu trop ambitieuse si je te demandais aussi une part de ton gâteau au manioc et un peu de confiture ?

- Pff, nullement ! Allez donc vous installer que je vous apporte ça tout de suite, c’est la maison qui régale !

Elle nous indiqua d’un geste de son sceptre le chemin retour vers l’entrée, où de nombreuses tablées nous attendaient. Elle nous emboîta le pas.

Tchiïki Ranya
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Mon amie Matoaka fit tout son possible pour marcher aussi vite que nous, alors que nous nous empressions de rejoindre le coin casse-croute du jardin. En route, la tenancière ne manqua guère de nous indiquer le géranium de Fabienne, il n’était certes pas très beau, mais elle encourageait tout de même chacun à faire de son mieux. Nous nous installâmes finalement à une table, vestige d’un énorme tronc d’arbre sur lequel étaient posées plusieurs fleurs empotées, coincée entre deux bananiers.

- Attendez un instant, je vous débarrasse de tout ça ! L’ancienne présidente de Vers le vert déplaça les pots de terre cuite en un éclair, elle finit de faire de la place en chassant de sa main les feuilles mortes et la terre restées sur la table. Elle disparut un moment, nous laissant seules Floaz et moi, avant de réapparaître les bras chargés de boissons et de friandises. Nous nous servîmes toutes une part de gâteau au manioc et plusieurs biscuits à la citrouille.

- Floaz, voici donc la fameuse Matoaka Amonute, Sénatrice d’Ithor. Bien que je la connaisse pour ses écrits depuis plusieurs décennies, nous ne nous sommes rencontrées pour la première fois que l’an passé, juste après que j’ai fondé le Forum des non-alignés.

- C’est exact… je vais te dire mademoiselle, moi je suis une femme réservée, ce qui fait que je ne me suis pas rendue au premier évenement organisée par la grande Tchiïkiki.

- Ravie de faire votre connaissance madame Amonute, je suis Floaz Rĭ’i, Sénatrice de Dorin et Présid…

- Inutile de te présenter, je te connais ! Tu penses bien que depuis le temps que je moisis au Sénat, j’ai quand même eu le temps de mémoriser deux ou trois noms. L’Ithorienne se tourna vers moi et tenta vainement de me chuchoter quelques mots. Je vois que tu as changé tes fréquentations, c’est pas plus mal ! Je ne pouvais plus supporter l’autre bécasse. Floaz fit mine de rien n’avoir entendu, il était évident que Matoaka faisait référence à mon amitié avec Alysanne Méridan qui n’était un secret pour personne, tant notre binôme était performant, presque surprenant.

- Matoaka, je t’ai déjà expliquée qu’Alysanne, mon amie humaine comme tu l'appelais, traverse une période difficile. Essaye à nouveau d'apprendre à la connaître, avant de te réjouir de ne plus l'apercevoir. La vieille dame grommela, elle était visiblement prête à dire encore une fois tout le bien qu’elle pensait de l’ancienne Sénatrice du secteur Darpa. Pressentant sûrement ce qui risquait d’arriver, Floaz intervint.

- Votre chicorée est délicieuse, madame Amonute, Tchiïki a eu raison de nous amener ici. Il fallait dire que cette chicorée nous était aussi bien utile, en effet les biscuits qui nous avaient été servis étaient légèrement rassis. Matoaka n’aimait rien jeter, ainsi il fallait bien trouver une solution pour ramollir notre goûter !

Cela n'empêchait pas notre hôte de décrocher ce sourire que seules les vieilles mamies savaient faire, elle tira ensuite un petit rondin à elle et s’assit dessus, puis n’hésita guère à déposer ses mains encore salies de terre sur la table.

- Au fait, quel bon vent vous amène ici, les filles ?

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Floaz Rĭ’i
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Tout comme Matoaka, je ne portais pas non plus spécialement Alysanne Méridan dans mon cœur, elle n’avait à mes yeux eu de Sénatrice que le titre. Je m’étais toutefois surprise à éprouver une certaine empathie à l’égard de l’humaine aussitôt que le scandale avait éclaté. Phénomène particulièrement paradoxal puisque ce fut pourtant celui-ci qui scella sa carrière politique et provoqua son échec électoral. Je voulus partager à l’Ithorienne mon opinion sur la Ralltiirienne, que le Sénat savait proche de la Sénatrice Ranya, mais le rappel à l’ordre de Tchiïki à son aînée la fit changer de sujet avant même que je ne puisse rebondir.

- Tchiïki et moi-même nous sommes rendues au Sénat ce matin pour préparer une saisie de la Cour Suprême.

Matoaka Amonute arqua un sourcil puis se pencha au-dessus de la table, se mettant à chuchoter.

- Oh, qu’est-ce vous préparez de beau les deux chipies ?

Sous mon masque antiox j’esquissai un sourire complice et fit signe à ma nouvelle collaboratrice d’expliquer notre plan fou à Matoaka.

- Tiens-toi bien Mato’ ! Je ne sais pas si tu as écouté les actualités dernièrement, mais il s’avère que les planètes républicaines Tannab et Umbara se livrent, depuis plusieurs années, une guerre qui a été étouffée par le gouvernement, étant donné que la dirigeante d’Umbara, n’est autre que Sly Keto, l’actuelle Vice-Chancelière. On pense aussi que le président du Rassemblement patriote, le parti dont est membre Umbara, qui est aussi ministre de la Sûreté de l’État, est impliqué.

- Mais attends Tchiïki, la Vice-Chancelière ce n’est plus Alyria Von ? Ouille ouille ouille.

- C.. comment ?

Matoaka Amonute était-elle atteinte d'alzheimer ? J’échangeai alors un regard gêné avec Tchiïki ne sachant trop quoi lui répondre. Après tout, peut-être ne faisait-elle que plaisanter, je commençais doucement à cerner le personnage, et elle me donnait l’impression d’être une sacrée farceuse. Puis j’écarquillai les yeux. Oui voilà, bien sûr ! Plusieurs anecdotes de la Sénatrice d’Ithor me revinrent soudainement. Au-delà d’être connue comme la mère de l’écologie politique au Sénat, la vieille Matoaka était aussi réputée pour ces trous de mémoire volontaires. La politicienne jouait régulièrement la carte de la sénilité pour tromper ses adversaires, mais pourquoi chercherait-elle alors à nous déstabiliser ? J'entrepris donc de la corriger.

- Non madame Amonute, Alyria Von a disparu du paysage politique depuis belle lurette. C’est le binôme d’incompétents S’orn-Keto qui dirige la République Galactique, et ce pour notre plus grand dam.

Un court silence s’installa, l’Ithorienne cligna deux-trois fois des yeux avant de reporter son attention sur la Togruta qui avait plaqué une main contre sa bouche pour retenir un ricanement.

- Tchiïki, tu te rappelles des boutures de Sol-Stella que tu m’as apportées la semaine dernière ? Figure-toi que je n’ai malheureusement pas encore eu le temps de toutes les planter ! Serais-tu partante pour que nous initions ta nouvelle amie ?

Je n’en revenais pas, l’autre vieille était donc vraiment en train de m’ignorer avec un flegme royal. Je décidai tout de même de prendre sur moi et de dépasser cet affront pour chercher à m’intéresser à la discussion.

- Des boutures de Sol-Stella ? Qu’est-ce donc que cette plante ?

Tchiïki Ranya
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꧁⚝꧂


- Voyez par vous-même, Floaz. Nous nous rendîmes près d’un coffre en épicéa rempli du bric-à-brac de bricolage de Matoaka, fort heureusement mes boutures étaient restées intactes, à l’abri dans un coin. Délicatement, je les sortis pour les amener à la vue de la plus jeune de mes deux consoeurs. Voici !

Floaz entreprit, pour l’examiner de plus près, d’ôter une des boutures de son pot de semis en bambou, mais la Kel Dor brisa involontairement la jeune tige, qui s’écrasa au sol. Elle releva tout de suite son visage vers nous, grimaçant.

- NON ! Je suis vraiment navrée, je ne voulais pas. Pardonnez-moi, je suis une brute.. cette histoire avec Umbara me frustre, j’ai grand besoin d’extérioriser. Gênée, Floaz ricana, avant de se tourner vers Matoaka qui demeurait figée.

- Bon.. tu as de la chance que Tchiïki ait amené quinze autres plans ! Tu devrais aussi songer à une autre activité pour relâcher ta colère, mes bébés ne sont pas des punching balls. Le jardinage, madame Riri, c’est un art précis, qui requiert douceur, quiétude et sérénité ! Matoaka pivota en ma direction, chuchotant. Tchiïki, veux-tu bien porter les boutures jusqu’à la jardinière, s’il te plaît ?

J'acquiesçai, avant de m’exécuter, invitant Floaz et Matoaka à me suivre à nouveau. La jardinière de Matoaka ne payait pas de mine, mais savait tout de même rester sa fidèle alliée. En effet, elle était tout ce qu’il y avait de plus rustique : ce n’était qu’un bac fait de quatres grandes planches d’un épais bois, maintenues ensemble par de nombreux clous mal enfoncés et à moitié rouillés.

- Votre jardinière est, ma foi, pour le moins charmante. Ce sont vos fameux élèves en difficulté qui l’ont conçue ? demanda Floaz l’air hagard.

Matoaka prit comiquement une attitude des plus outrées, tandis que je répondais :

- Ne vous en faites pas, elle fera l’affaire ! Dans moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, ces quinze boutures seront devenues de belles fleurs aux pétales blancs et or ; nous leur aménageons ensuite un parterre où elles prendront le temps de tisser des stolons, ainsi nous aurons une mini prairie chandriléenne et une multitude de Sol-Stella aux coeurs noirs. Eh oui, la Sol-Stella est une espèce de fleur vernaculaire de Chandrila ! Mes souvenirs et moi, nous sourîmes.

Matoaka sortit alors divers outils des larges poches de sa salopette, tendant à Floaz un transplantoir.

- Tu voulais te défouler ? Je te fais donc l’honneur de te laisser un peu retourner cette terre ! Nous aurions également grand besoin d’humidifier le tout, Tchiïki, peux-tu aller quérir de l’eau ? Il me semble que j’ai laissé l’arrosoir près de l’entrée, tu ne peux pas le manquer, c’est celui de mon petit-fils. Il faudra s’en contenter, j’ai encore oublié d’en commandé de nouveaux, heureusement que mes apprentis remènent les leurs.

- Bien, j’y vais de ce pas ! Jardiner avec Matoaka était toujours sportif, il fallait systématiquement crapahuter aux quatre coins du quarante-sixième étage, puisque l’Ithorienne ne pouvait point s'empêcher d’éparpiller ses affaires. Floaz, pour sa part, esquissa un sourire ravi et attrapa l’instrument de jardinage, se mettant aussitôt à genoux pour travailler le terrain.

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Floaz Rĭ’i
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Je sentis soudain la main de Matoaka se poser sur mon épaule gauche, j’échangeai alors un regard avec elle, l’Ithorienne me souriait tendrement et observait mes travaux. Comme c’était relaxant de remuer la terre, parallèlement à mes mouvements répétés mon esprit lui divaguait. Je songeais à Ket’olt, le savoir si loin me faisait du mal. Il avait été déployé pour intervenir dans l’orbite de Tanaab, raison pour laquelle toute cette histoire m’affectait autant. Il était hors de question que les viles machinations de la Vice-Chancelière m’arrachent mon petit : loin d’être insensible, je me faisais du souci pour mon fils.

Bu, mon ex-mari, n’a jamais cessé de dire à quel point j’avais sacrifié les enfants. Selon lui je préférais consacrer mon temps et mon coeur de pierre aux débats politiques les plus enflammés. La vérité était pourtant toute autre : certes je n’étais pas douée pour exprimer mes sentiments, mais je vouais un amour sincère à mes enfants et à leur père. Que voulez-vous, il est parfois trop peu aisé pour une femme de laisser la carapace qu’elle est contrainte de se forger sur le pas de son foyer avant de retourner derrière ses fournaux. C’est ainsi que j’avais dû par dépit renoncer à la tendresse pour ne pas me laisser distancer dans l’arène.

Dans l’atmosphère apaisante de ce jardin improvisé, je me surpris à éprouver pour la toute première fois une nouvelle émotion bien particulière. Je tenais sincèrement à ce que Ket’olt revienne aussi pour qu’il puisse me donner un petit-fils. Avoir côtoyé cette Matoaka et Tchiïki qui étaient toutes deux grand-mères m’avait fait réaliser que la naissance d’un nouvel être serait mon occasion de me racheter. Des vers de terre se hissant sur mes doigts me ramenèrent d’un coup à la réalité. Sans m’en rendre compte, j’avais fini par déloger des lombrics qui entreprenaient désormais de gravir le mont Floaz.

- Regardez Matoaka, ne vous font-ils pas penser aux membres du FLR ? Ils gesticulent dans tous les sens et me font presque pitié. Je secouai vivement mes mains pour les faire dégringoler.

- Ces vers de terre tout mignons ? Oh mais tu es terriblement injuste avec eux, les S’orniens sont plutôt des mouches à merde pour le coup.

Ce fut à ce moment précis que Tchiïki débarqua, un arrosoir jaune flashy en forme de canard à la main.

- Mesdames, je suis assez étonnée de vous surprendre à avoir pareille discussion.

Je me relevai alors, laissant à Tchiïki le soin d’asperger la jardinière puis lui répondis.

- Tchiïki, nous étions tout juste en train de parler du FLR.

- Oh mes aïeux, ces scatophages de première ? Je comprends la teneur de votre discussion désormais, quelle grossière erreur font tous les Sénateurs encartés au FLR, ils ne devraient pas manger dans la main du Chancelier ainsi.

Nous rimes alors toutes les trois de concert, puis Matoaka frappa dans ses mains.

- Bon les filles ! Trève de plaisanterie, ces boutures ne se planteront pas toutes seules ! Si on s’y met toutes, ça ne devrait pas prendre beaucoup de temps. Je te fais confiance Floaz, tu me refais pas la connerie de tout à l’heure hein’ ? J’opinai du chef. Très bien, alors au travail !

Tchiïki Ranya
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꧁⚝꧂


Efficaces, nous étions presque arrivées au bout de nos plantations, quand tout à coup le bruit sourd de semelles de rangers, que l’on fait claquer sur le sol, nous arriva de l’entrée du “Jardin des amis”. Je fus la première à me retourner en direction de ce vacarme et ce que je vis me laissa totalement désarçonnée. Nyss Detchi, le Sénateur d’Umbara, se tenait au centre du hall ; ce vieux corbeau blafard n’avait donc pas honte et évidemment rien d’autre à faire, que venir en personne nous trouver ici ? Comme à l’accoutumé, il était accompagné de quatre gardes, tous certainement membres de la plus féroce force d’intervention de leur Monde. Ces cinq hommes, aux mines toutes plus fières et irrévérencieuses, nous dévisagèrent longuement lorsqu’ils s'aperçurent de notre présence.

- Charmant, les petites pouilleuses font joujou dans la terre..

- Oh, Seigneur, nous avons des ennuis. Floaz déposa son outil au sol et se releva, nous fîmes de même, Matoaka et moi. L’Ithorienne se pencha ensuite vers nous, et nous chuchota tout bas :

- Ah oui, je ne vous ai pas prévenues, mais j’ai oublié de payer mon loyer, sans parler du fait que la copropriété est constamment sur mes côtes, mais ne vous en faîtes pas, j’ai la situation en main. Aux dires de Matoaka, j’échangeai un regard embarrassé avec Floaz, même si notre hôte l'ignorait, c’était bien contre nous deux que ces hommes avaient une dent. Malgré tout, nous nous avancâmes toutes trois, d’un pas fébrile, en direction des Umbarans, Matoaka en tête de notre escadron. Arrivée à leur hauteur, la Sénatrice Amonute esquissa un large sourire et ouvrit les bras dans un mouvement théâtral.

- Bonjour à vous ! Je vois que vous avez sorti l’artillerie lourde, mais ce n’était vraiment pas nécessaire, j’ai toujours été une citoyenne modèle ! J’ai eu quelques soucis ces derniers temps, mon lave-linge et mon frigo ont comme par hasard décidé de me lâcher en même temps, mais je paierai dans les plus brefs délais, vous pouvez compter sur moi ! Impatients de nous tomber dessus, deux des quatre gardes dégainèrent leurs fusils blasters et les braquèrent sur Floaz et moi, prise de panique, Matoaka leur rétorqua, haletante :

- Oula, inutile de me menacer davantage ! Je dois tout compte fait bien avoir de quoi vous payer tout de suite ! Matoaka gesticula dans tous les sens, farfouillant dans chaque poche de son ample tunique, probablement à la recherche de sa carte bancaire.

- Alors, Matoaka, je suis au regret de t’annoncer que ces hommes ne sont pas des huissiers de justice. L’asperge livide à l'allure de rapiat est Nyss Detchi, Sénateur d’Umbara et serviteur incontesté de la Vice-Chancelière à laquelle nous nous frottons, Floaz et moi. L’ancienne militante décocha soudain un regard déchaîné au Sénateur Detchi, elle avait retrouvé sa fougue d'antan, ainsi elle n’hésita pas une seule seconde avant de lever son sceptre dans la direction de l’escouade ennemie.

- Les filles, allez me chercher des râteaux que je m’occupe d’eux.

- Mamie, mamie, mamie, ne vous fatiguez pas, ce n’est point à vous que j’en veux.. ne m’obligez pas à ordonner à ces braves messieurs – il désigna sa milice – de mettre en miettes vos vieux fémurs.

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Floaz Rĭ’i
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Je m’interposai soudain entre l’Ithorienne et les soldats. La suite sénatoriale umbarane était connue pour ses revendications, ses menaces et ses invectives, et se définissait surtout en trois mots : grossière, violente et dangereuse. Il y avait par exemple eu cette histoire concernant le Sénateur de Tibrin -monde de la Bordure extérieure ayant récemment rejoint la République- qui avait été la malheureuse victime d’actes d’intimidation de la part des Umbarans. Les signalements avaient fait siffler les oreilles de mes secrétaires, mais rien à faire, la Vice-Chancelière avait déployé tant d’efforts pour faire taire l’Ishi Tib, invoquant divers malentendus sur ces curieux incidents.

- Du calme ! Baissez tout de suite vos armes si vous ne voulez pas finir au même endroit que votre Reine : en prison. Le Sénateur me lança un regard froid mais ne fit aucun commentaire. Après quelques secondes de silence, il ordonna d’un bref mouvement de main à ses soldats de ranger leurs armes.

- Sénateur Detchi, quel bon vent vous amène ici ? Tchiïki s’avança alors à mes côtés, armée d’un sourire provocateur.

- Vous le savez on ne peut mieux.. je viens dénoncer vos pratiques crapuleuses, déloyales et illégales. Sa Majesté Sly Keto est actuellement en déplacement pour un motif personnel et vous deux vous essayez de tordre les lois pour la faire tomber. Sans compter que vous ingérez allégrement dans les affaires souveraines de Taanab et Umbara.

- Vous parlez comme quelqu’un qui est lui-même en danger, on dirait bien que vous vous êtes fait avoir par votre Reine vous aussi !

J’écarquillai les yeux, outrée au possible. Je pris alors un air sans équivoque.

- Tordre les lois ? Vous rendez-vous bien compte à qui vous vous adressez monsieur Detchi ? C’est vous Umbarans qui avez une connaissance bien hasardeuse de notre Constitution, et votre monarque en paiera bientôt un bien lourd tribut. En effet, puisque vous et votre gouvernement avez tout fait pour masquer ces horreurs, c’est au Sénat de se retrousser les manches pour régler cette terrible histoire. Mais rassurez-vous, me salir les mains ne me dérange guère, faire tomber les crapules de votre genre est un réel passe-temps chez moi.

- Permettez-moi de rire, vous êtes si ridicules que cela en devient consternant. Personne n’a peur de trois veilles folles mal baisées qui se contentent de faire trois pauvres plantations de temps en temps. L’homme claqua des doigts et un de ses gardes se détacha de leur groupe. En brute épaisse, il n’hésita pas à donner de gros coups de crosse dans les pots en terre cuite qui abritaient diverses espèces végétales exotiques.

Posté derrière une embrasure, le jeune Osho avait tout vu de la scène tribale qui se déroulait au sein du “Jardin des amis”. Il ne comprenait pas grand-chose aux échanges qu’avaient les sénateurs entre eux, pourtant il se doutait bien que quelque chose clochait. De plus il ne laisserait personne s’en prendre à Matoaka comme le faisait la délégation umbarane. Aussi l’humain avait un plan : il allait faire diversion. Passant derrière les différents arbres et les quelques massifs, il réussit à se faufiler jusqu’à la sono que Matoaka n’avait pu acheter que par erreur. Il actionna le bouton “play” et patatra.

Tchiïki Ranya
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Je fus pour le moins surprise par la déferlante cacophonique qui parvint plus que soudainement à nos oreilles, je compris cependant que la lecture de cette “chanson” n’était point le fruit du hasard et qu’il y avait là une opportunité à saisir. Alors que les Umbarans avait plaqué les paumes de leurs mains sur leurs oreilles, je me précipitai près du jeune Osho, notre bienfaiteur, pour atteindre l'interrupteur variateur de lumière qui se trouvait au-dessus de la chaîne Hi-fi. Les compétences que j’avais acquises au cours de mes études et de mes travaux de recherche en Ethnologie me permettaient en effet de savoir que les Umbarans étaient une espèce à la physionomie extrêmement photosensible, ainsi ils allaient très mal supporter le second coup que nous allions leur porter ! Les brutes n’intérioriseraient donc jamais la morale de la légende du Maître Jedi Da’avyd et de Darth Goliath ? À la fin, c’est toujours le plus fort qui, enorgueilli, se laisse abattre. Note à moi-même, je devrais faire comprendre au Chancelier que lui aussi aurait des enseignements à tirer de ce vieux récit.

- En bande organisée, personne peut nous canaliser ! Dans la zone, ça fume la fusée, pistés par les banalisées ! fanfaronnait l’icône Ithorienne.

Sous l’effet de l'éblouissant éclat des spots de l’entrée, les yeux umbarans, brûlés, se mirent à gratter, piquer et pleurer. Pendant ce temps, Mataoka dansait de plus belle, ajustant une paire de lunettes de soleil de pilote de speeder sur son visage. Floaz, protégée de la lumière par son masque antiox, levait son pouce vers moi, comme pour me féliciter.

- Hasta luego, fais-en un, hasta luego, fais-en deux ! Hasta luego, ouh, ouh, hasta luego, bam, bam ! Emportée par le rythme particulièrement entraînant de la musique, Matoaka n’hésita nullement à donner de vifs coups de canne aux Umbarans dès lors que des “ouh” et des “bam” retentissaient. Il me semblait que même ma nouvelle amie Kel Dor se surprit à se déhancher.


[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]

- Et ça fait : zumba, caféo, caféo, carnaval. On allait de surprises en surprises, au fur et à mesure des couplets, Floaz commençait déjà à connaître quelques paroles de la chanson. Quant aux Umbarans, excédés, ils déguerpirent tels des rats, ne se privant évidemment pas de nous maudire au passage. À leurs baragouinages, nous répondirent par des applaudissements à nous-mêmes adressés ; ceux-ci venaient en effet saluer notre prestation, pour le moins singulière, ainsi que la fin de la lecture de “En bande organisée”.

- Je nous félicite, mesdames ! Je ne pensais même pas que nous puissions nous sortir de cette fâcheuse situation indemnes, remercions également bien chaleureusement Osho pour son sauvetage, je préfère ne pas imaginer ce qui aurait pu advenir sans lui.

- Tout de même, Tchiïki ! Je n’ai jamais douté un seul instant de nos capacités, et je ne pense pas que leur intelligence collective égale ne serait-ce qu’une seule des nôtres, les Umbarans sont des abrutis et nous les avons renvoyés la queue entre les jambes.

- Eh ben dites-donc, nous pourrions postuler pour entrer dans les forces spéciales ! Notre vieille hôte nous offrit un sourire sincère et emplit de sa gratitude.

- Bien dit ! Comme j’ai déjà hâte que nous puissions encore rire de cette burlesque scène à de nombreuses occasions.

Nous occupâmes la fin de notre après-midi à discuter, puis lorsque le soleil se mit à décliner, nous décidâmes donc que l’heure était venue pour notre squad de se séparer.

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