Maxence Darkan
Maxence Darkan
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Elle n'avait pas dit un mot du voyage, n'avait pas lancé un regard à Fúm. Le moment qu'elles avaient partagé ensemble, avant que tout s'écroule, paraissait désormais si loin. Elle essuyait ses larmes, tenant le volant d'une main, elle se sentait conne. Maxence ne se souvenait pas s'être mis dans de tels états avant de rencontrer la lapine. Elle lui avait fait mal, physiquement, la pire partie d'elle-même était ressortie alors qu'en face, il n'y avait aucune résistance. Un court instant, elle se demandait : aurait-elle pu la tuer ? Un excès de colère incontrôlé. Une fraction de seconde hors d'elle et le pas de trop ?

***

Maxence se trouvait sur le balcon, une cigarette en main, elle avait un sale goût. Elle ne la fumait pas pour le plaisir du goût, mais pour les effets, elle espérait sentir la nicotine dans ses veines, comme un shoot pour oublier. Une mauvaise habitude, comme avant une mission, pour se donner du courage, ou après, pour se féliciter. Ses yeux rouges ne voulaient pas disparaître, portés sur l'horizon. Par dessus la barrière, la place en contre-bas, les enfants jouaient, les adultes bronzaient et on se baignait à accompagner les vagues, comme s'il n'y avait que ça pour se donner des sensations fortes. Sa main de chair tremblait encore un peu de rage, mais elle n'arrivait pas à comprendre pourquoi, c'était terminé, plus besoin d'être en colère, elle essayait de réfléchir. Sa prothèse était bien trop précise pour ça, elle était faite pour éviter les désagréments du corps, pas de tremblement, seulement de la précision.

T'aurais du lui enfoncer l'crâne contre un arbre et l'abandonner sur place. C'est la méchante Max qui parle, elle est toujours là quand j'prends des décisions. Elle voit les choses à sa manières, elle pète des gueules, elle me maintient en vie et elle prend l'dessus quand les événements deviennent difficiles. Pourquoi faut toujours que tu t'comportes comme la dernière des ordures ? Et là, c'est la gentille Max. Elle fait vriller les gens au lit, elle me tient à l'écart des blasters et des fois, elle me fait parler comme j'aime parler. Et c'que c'est un truc de folle ? Voir les choses de deux manières ? La gentille et la méchante, le vilain jeu d'rôle manichéen... la galaxie fonctionne comme ça après tout. Enfin... « fonctionne », elle survit comme ça. C'était le bon choix ? Essayer de la pardonner ? Merde. Cette fille. Pourquoi elle me fait ça? C'est des emmerdes. Un paquet d'emmerdes. P't'être que méchante Max a raison. J'ai mal aux corps. Elle m'a pas ratée. J'ai des bleus un peu partout. J'les ai pas senti sur le coup, j'les sens jamais sur le coup, c'est seulement quand j'me mets à réfléchir et qu'j'arrête de jouer les dures décérébrées que j'les sens. J'devrais p't'être dire un truc. Elle ose pas, j'le sens. C'est p't'être la Force ? Max avec la putain d'Force.

Elle se mit à ricaner discrètement. C'était nerveux, con, désespéré. Elle se perdait désormais entre la bonne et la mauvaise Max. La lapine ouvrit la baie vitrée, elle était à l'intérieur depuis tout à l'heure. Elle lui tendit un joint allumé, l'odeur, c'était une partie de la sienne. La blondinette jeta un œil discret, soupira, puis l'attrapa pour tirer dessus. Elle posa sa cigarette dans le cendrier tandis que le pétard prenait le relais. Elle laissa s'asseoir Fúm sur une autre chaise, non loin.

-J'ai l'impression qu'j'peux plus. Genre, j'peux déjà plus. J'comprends rien. P't'être même que j'ai jamais vraiment pigé. Je sais, c'est des trucs de Lepi, t'es rapide, tu vois les choses différemment, t'es plus rapide dans c'que tu penses, c'que tu vis et... j'essaye de faire des efforts pour rattraper l'train... essayer d'me mettre à ton allure... sauf que des fois, j'ai l'impression qu't'en as rien à foutre, tu continues sans regarder derrière toi et c'est d'ma faute.

Maxence essayait réellement de faire des efforts, pas pour tout le monde, mais pour certain•e•s, oui. Ce n'était pas un exercice facile, elle avait souvent l'impression de nager à contre courant et ce qui pouvait paraître normal pour beaucoup, ressemblait à une mission impossible pour la blondinette. L'excès de colère de Fúm ne l'avait pas tant troublé que ça, elle l'exprimait souvent de la même manière, par impulsion, pas comme une goutte d'eau, plus comme un geyser. Une inspiration difficile à contrôler se mêla à un léger chagrin.

-J'te disais même pas ça méchamment... tu peux comprendre que j'veux pas qu'tu t'mêles à certaines partie d'ma vie ? Comme tu voudrais pas qu'j'me mêle aux tiennes ? Son regard porté vers le sol, elle tapota son poignet sur l'accoudoir de sa chaise. On en est venue à s'battre. J'frappais pour faire mal. Tout ça parce que j't'ai dit que j'voulais pas qu'tu t'fasses tuer par un Sith pour une histoire qui t'regarde même pas. J'veux juste que les personnes que j'aime arrête de mourir autour de moi.

Elle figea son regard dans le sien. Première fois depuis le speeder. Ses yeux s'humidifièrent sur l'instant et elle se forçait à ne pas détourner le regard une nouvelle fois.

-Alors quoi ? T'essayes de m'avoir toute entière, connaître le moindre de mes p'tits secrets ? Savoir où j'suis et c'que j'fais en continue pour jouer la garde du corps protectrice en espérant qu'j'te tombe dans les bras en t'disant qu'je ferai tout c'que tu voudras pour te remercier ? Ses lèvres se mirent à trembler. Parce que j'connais ce genre de personne et j'ai sûrement pas envie d'en fréquenter une.

Ce n'était pas un ultimatum, elle ne lui demandait pas de changer pour qu'elles puissent continuer comme elles le font. Ça ne marcherait pas. Elle lui demandait d'être sincère, si c'était réellement qui elle était, si c'était réellement ce qu'elle cherchait à faire.
Fúm Ellar
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Je me tais. Je me tais et m’enfonce en moi-même. Je me replis. Mille fois, et mille encore. Essayant par la force de mon esprit de ne plus apparaître, de ne plus être un poids à côté d’elle, de ne plus sentir tout le la peine dont je suis l’auteure. Rabats tes antennes, laisse-la tranquille, cesse de fourrer ta sale truffe partout, laisse-la parler si elle en a envie, roule-toi en boule, retire-toi de son soleil. Ferme ta gueule. Je ne pleure plus. Je n’ose plus ressentir quoi que ce soit. Le silence absolu de l’espace infini que nous parcourons m’a gelée jusqu’à la moëlle, et le blizzard continue de souffler, souffler…

🥕

Elle n’a toujours pas prononcé un mot. A vrai dire, je pense qu’elle ne m’a pas encore regardé ne serait-ce qu’une seule fois. Elle vient d’ouvrir la porte vitrée et de sortir… Je ne sais comment l’approcher. Je ne veux pas la presser. Et pourtant… Bon… J’peux voir ? Et si elle veut pas, un geste de la main, je disparais, basta ? Schrick, schrick, schrrick, pfouit, pfouit, pfouit, slurp, tap, tap, tap. Je respire. Doucement. Je la regarde. Ouais, ça se tente. J’ouvre à mon tour la baie vitrée et, parvenue à l’extérieur, j’allume rapidement le calumet que je lui offre pour la paix. Elle regarde en coin, lâche un soupire, accepte l’offrande. Un contact. C’est déjà le début de quelque chose, hein ? Sois gentille, lapine. Laisse son temps à la Zhumaine, pour une fois. Elle me présente une chaise, d’un geste de la main et je m’enfonce dedans. Je la regarde, mais sans insistance. Si elle veut trouver mes yeux, elle les trouvera. Je ferme ma gueule. Et j’écoute. Ce qu’elle a à dire. Je sais qu’elle fait pas ça. Genre, Max. Je sais qu’elle fait pas ça, comme ça, tout l’temps. On est parfois pas si différente. L’action, le feu, le combat, la fièvre, ce sont des choses qui nous parle. Là ? Une conversation à cœur ouvert ? Elle m’explique les choses, ce qu’elle ressent. On a jamais autant parlé. Genre, jamais. En presque un an. J’étais tellement pas obligée d’tout faire en arriver là… Vient-elle de me ranger sans avoir l’air de le comprendre parmi les gens qui comptent ? J’en sais rien, mais de nouveau, elle ose me regarder et je me vois dans un miroir d’eau. J’ai honte, tellement honte… Mes oreilles n’ont rien de gaillarde, elles se sont écroulées piteusement dans mon dos.

Qu’est-ce que j’attends ? Mah rien… Rien d’autres que de passer du temps avec elle, le temps qu’elle me donne, et voilà. Même pas tout le temps, en fait. Faut être folle pour ça. Je laisse le temps infuser dans ma cervelle. J’essaie de réfléchir droit, malgré son regard. Il n’a rien d’une accusation et pourtant, j’ai l’impression de deux pieux plantés dans mon âme. Au moment où j’essaie de parler, enfin, j’me rends compte du ridicule… Ma voix est brisée, sûrement mon cou, déjà, a viré au bleu. J’ai mal et ma voix d’ordinaire chaude tient plus, maintenant, du crapaud buffle. Le monstre sous le déguisement de princesse ? « J’ai pas menti, pour que tu me laisses cette chance. Je… Je conçois pas que je puisse être une entrave à ta liberté. T’es un genre de comète. On pose pas de chaîne à une comète. On l’admire, et on se dit qu’on a de la chance d’un tel spectacle. J’ai… Je ne saurais pas te dire combien j’suis désolée. J’ai jamais voulu être intrusive… Je… Comment te dire… J’assume la responsabilité, okay ? J’ai merdé, totalement. J’ai merdé parce que je me connais, toi non. J’aurais dû m’éloigner, te dire gentiment de ne pas me suivre, aller hurler dans un coin, laisser la rage passer. Quand tu m’as raconté tout ça, le Sith… J’ai vrillé. J’ai senti le feu monté et j’ai pas eu le cran d’aller plus loin. Ce que j’ai dit… Ouais, bien sûr, ça m’a traversé l’esprit, mais comme on pense parfois plein de conneries, et quand on les pense, à aucun moment on doute que ce sont des conneries. Sauf qu’en colère… Bah… Les hormones pètent la gueule de mon système cognitif et j’me trouve à… » J’ai pas les mots pour décrire et j’agite les mains comme pour désigner toute la situation. La voir au bord des larmes, ça fait monter en moi les eaux aussi. – J’ai pas menti… J’ai pas menti quand je te disais que ta promesse me suffisait. J’veux pas savoir de toi plus que ce que tu veux que je sache… J’suis pas… J’suis pas une putain de meuf creapy qui te stalke sur les réseaux et te met sous cloche. J’suis pas cette hystéro qui te hurle des reproches qu’ont aucun sens. J’aurais… ‘Fin… Merde… T’es pas là pour entendre mes regrets. J’ai merdé. Voilà. Et y a rien que j’puisse dire pour qu’tu m’crois de sûr, pour l’instant. J’peux juste te montrer que je pense tout c’que j’dis. Puce… T’es… Voilà… T’es genre l’seul truc que j’ai envie d’garder en bagage de cette toute putain d’année. Mais pas comme un joli bracelet, pas comme un animal que j’aurais domestiqué. Oui… Oui j’veux te séduire, bien sûr. J’veux te plaire. Retrouver tes yeux quand ils me disent que je suis la plus belle et qu’tu veux m’bouffer. Bien sûr, je veux… Je veux que ce soit encore vrai. Ce que tu m’as dit. Au lac. Que je t’avais manqué et… Ouais, non. Là, j’ai besoin d’une pause. Repenser à tout ça alors que j’ai peut-être déjà tout foutu en l’air, c’est sale. Très sale. Mais j’dois continuer, pour elle. Elle a posé des questions, elle a droit aux réponses. Chevaucher une comète, glisser ses doigts dans sa chevelure, la peindre une heure avant l’aube, quand la lune est couchée et qu’il n’y a plus qu’elle pour brûler dans les cieux avant que le soleil ne la détrône. Ouais, ça se mérite. J’ai un petit soubresaut quand j’fais sauter les verrous nécessaires pour réussir à reparler.

« T’avais putain d’raison. T’as ton jardin intime, et personne n’a à décider d’où il doit s’arrêter, sinon toi. Les gens ont pas à faire ça, encore moins au prétexte qu’ils ont de l’affection. T’as géré ta vie comme tu l’entendais, et à partir du moment où je suis là, où j’ai pardonné, c’est que j’ai acceptée, tout ça. Vraiment. Et ce sera toujours valable, pour ça, pour le reste… Aussi vrai que j’étais sincère lorsque je t’invitais à voir ma famille : une idée, tu la saisis si t’as envie. J’m’imagine pas marcher autrement avec toi. Te dire ce dont j’ai envie, ce qui me passe par la tête, te voir t’emparer de l’idée ou la délaisser, et si au final, mes envies sont plus du tout les tiennes, être grande et partir. Je suis putain d’confuse… En fait, c’est à la fois très clair et en même temps, ma conduite a tellement pas été… Enfin, jusque-là quoi… Jusqu’à ce putain de là. Elle s’était ouverte, naturellement, on avait partagé les meilleurs moments, j’étais bien j’voulais rien d’plus. Et… merde. Ça perle un peu et ça coule. Je détourne un instant le regard pour ressuyer. J’veux pas être la victime dans cette histoire. – J’veux qu’on puisse faire équipe, niquer des gueules, à l’occaz’, se quitter après une bonne biture, se manquer des mois durant, se retrouver et faire trembler les putains d’fondation d’la galaxie elle-même, se dire des conneries romantiques qu’on a un peu honte de penser mais qu’on doit bien constater, et repartir, encore, vivre nos vies pour pouvoir s’raconter tout c’qu’on a fait la fois prochaine. S’envoyer des conneries, de temps en temps, juste pour faire savoir à l’autre qu’elle est pas oubliée… Tu vas t’foutre de ma gueule, après tout ce que je viens d’merder mais… en vrai, j’crois qu’j’suis une fille assez simple. J’veux pas d’tralala… Je veux ce que tu me demandes, de l’honnêt’té, mais pas de l’intrusion. Qu’tu t’dises que tu peux me parler quand tu veux, de ce que tu veux, mais que t’as aucune obligation d’le faire, jamais, que quand tu l’fais, c’est parce que t’as envie, qu’j’peux t’aider, que… Juste parce que voilà, tu veux faire la conversation… » Je laisse ma voix mourir. Je sais plus quoi dire. Je sais plus quoi faire. C’est à elle de battre la mesure. A moi de danser. Sans humiliation. Juste parce qu’elle a besoin d’voir qu’j’suis pas en train d’me foutre de sa gueule.
Maxence Darkan
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Fúm parlait. Maxence l'écoutait. La honte était partagée, la blondinette avait l'impression de s'être comportée comme la dernière des ordures face à une personne qui, de ce qu'elle lui avouait, l'aimait sincèrement. Elle avait vrillé, elle avait salement vrillé et elle avait dit des choses qu'elle n'aurait jamais dû dire... comme Maxence. C'était ça, à essayer d'être meilleure que les autres, elle en venait à foutre la merde, dire des choses inconsidérées, juste pour blesser, juste pour faire mal. C'était la première fois qu'elle était aussi triste, on venait de rentrer dans son cercle intime, son coffre fort mental pour aucune raison. Elle avait l'impression de s'être fait trahir. Elle détourna le regard pour le porter à nouveau sur la plage, toujours attentive. Elle détestait la situation, cette situation, elle n'espérait qu'une chose, pouvoir revenir en arrière, laisser Fúm délirer dans son coin et reprendre leur moment à deux.

À la place, elle se retrouvait là, sur cette chaise, en haut d'un balcon, avec la peur de l'autre. Mentait-elle ? Elle pesait le pour et le contre. Recommencerait-elle ? Elle imaginait les scénarios. Pourquoi avait-elle cherchait à le savoir ? Par besoin de contrôle, par amour, par curiosité malsaine, par excès de colère ?

-J'suis pas compliquée, j'le sais et... p't'être que tu penses pas ça, que j'suis trop mystérieuse, mais genre, mystérieuse dans l'sens flippante, que j'te cache des trucs et qu'j'ai mes... mes humeurs. J'veux c'que tu veux. J'veux m'éclater, qu'on s'envoie en l'air sans réfléchir, qu'on tag des immeubles parce que ça nous éclate, j'veux t'voir sourire, t'entendre te foutre de ma gueule ou l'inverse, qu'on ait chacun notre route, mais qu'elles se rejoignent à un moment ou un autre.

C'était ce qu'elles voulaient toutes les deux au final. Elles vivaient un moment de leur vie où se compliquer la vie avec quelqu'un d'autre ne pouvait pas être considéré. Maxence avait son cercle, Fúm aussi... elle ne voulait simplement pas tout arrêter sur une connerie... une grosse connerie, certes, mais un instant d'humilité et de sagesse de la part de la blondinette lui suffirent pour se rendre compte que sa propre vie était basée sur ses conneries, ses échecs et témérité.

-Tout ça. Tout c'que j'ai dit, t'as pas à en avoir quoi qu'ce soit à foutre, c'est pas ton problème et j'pense que t'as bien mieux à faire. Tu veux reprendre les études, alors tant mieux et j'suis prête à t'aider si c'est c'que tu veux. À part si l'aide en question emmerde Maxence. Et si j'ai besoin d'aide venant d'toi, alors j'te demanderai, mais c'est juste... son index et son pouce frottèrent ses sinus en soupirant, puis ses poignets frottèrent ses yeux humides, c'est juste stupide, tout ça.

Elle se leva en posant le joint dans le cendrier. Un excès Lepi, une teinture Fúm dans ses pensées. Ses yeux continuaient de s'humidifier, elle avait encore mal, de ce qu'elle avait dit, fait, ressenti, subi, et son cœur se serra un peu en s'approchant de Fúm. Elle lui prit les mains pour la lever à son tour. Ses yeux dans les yeux, elle lui levait délicatement ses paumes, proche d'elle à nouveau, elle semblait perdre ses mots et les secondes s'écoulèrent.

-J'veux qu'on reprenne comme avant, qu'on oublie ces conneries... 'fin... nan, j'veux pas oublier, j'peux pas oublier, mais... j'sais pas, qu'on s'en serve pour nous, plutôt que contre nous. J'te crois. Elle haussa les épaules et en souriant, une des larmes maintenues dans son yeux glissa le long de sa joue. Ça paraît con et pour l'instant j'peux pas savoir si c'est une bonne idée, mais j'te crois. Et... j'voulais... j'pensais pas non plus c'que j'te disais, j'étais pas moi-même.

Elle le pensait sincèrement, même si Maxence avait la réputation de s'excuser à la légère, ces temps si étaient troublés, pour elle, par rapport à son passé, ce qu'elle faisait dans le présent et ce qu'elle cherchait à faire à l'avenir. Des plans à revoir constamment, une dose de stresse accumulée constamment et... elle terminait par faire la même chose que sa partenaire. Pas de goutte d'eau. Un geyser.

-Toi et moi, c'est d'la putain d'folie, j'ai... j'ai pas les mots pour te dire c'que j'ressens à côté d'toi.

Sa main mécanique se posa sur la joue de Fúm, son pouce caressait sa pommette, elle la regardait droit dans les yeux, son sourire disparut et elle sembla s'y perdre. Elle avait brisé de nombreuses règles, les règles qu'elle s'était implicitement fixée, celles qui l'avaient maintenue en vie toutes ses années. Ne jamais avoir confiance. Ne jamais montrer un moment de faiblesse, pas physiquement. Ne pas en dire trop. Des règles qui s'effritaient, encore et encore, chaque jour, pas seulement avec Fúm, avec Karm, Tanlo, Fély ou Léo. Un bordel dans sa tête, une impression de devoir changer beaucoup de choses, trop de choses. Et pourtant, elle était en face de la lapine, elle avait fait son choix, faire marche arrière maintenant lui paraissait impossible, parce qu'elle ne désirait plus qu'une seule et unique chose à cet instant précis.

-Embrasse-moi. Comme si c'était la première fois.
Fúm Ellar
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J’pensais pas la bouleverser autant. Sans déconner… La meuf, elle n’a pas versé une larme depuis… En fait j’l’ai jamais vu comme ça. Et là, les grandes eaux ? Putain, au fond de moi, y a une lapine bleue fluo qui s’planque sous un carton avec marqué « shame » en lettre rouge dessus, et qui sanglote. J’suis p’t’être pas faite pour côtoyer les Zhumains. C’est p’t’être ça que mes parents ont voulu m’faire comprendre, et qu’j’ai refusé et résultat ? Bah Baie d’Or pleure, et j’suis comme une conne à faire pareil, parce que j’sais pas voir quelqu’un que j’aime pleurer sans pleurer, et j’ai l’air d’une sombre conne, encore, devant une Zhumaine. Faut voir l’bordel. Dans une maison Lepi. Quand y en a un qui commence à pleurer, genre pour de vrai, pas juste parce qu’il caprice. Et qu’un à un, t’as tous les autres qui s’pointent, qui découvrent la scène, et qui braillout à plus savoir s’arrêter. Un vrai drame romantique à faire s’tailler les veines aux cœurs les plus solides.

Et pourtant, malgré l’eau, elle est là. Elle me parle bien. Doucement. Elle me dit ce qu’elle a sur le cœur. Et ce que j’entends, ça me plaît, putain… Et les larmes se mêlent au sourire, et le sourire aux larmes. J’sais plus pourquoi je pleure. Parce que j’ai été la pire des garces ? Parce que je suis la plus veinarde de la putain de galaxie ? Parce qu’au fond, tout ça, c’est d’un ridicule sans nom et n’importe qui, avec un peu de bon sens, trouverait le tout suffisamment exagéré pour nous faire toutes les deux interner ? Tout ça en même temps ? Ouais… Pas besoin d’intellectualiser du cul, autant y aller, s’laisser porter.

Elle a pris mes mains, m’a invitée à me lever. Mon corps ne manque pas de me faire savoir qu’il est en réparation à tous les étages, mais j’fais genre j’suis une grande et j’ai rien senti. De toute façon, on sent pas la douleur quand on se noie dans une eau si bleue. On voit juste la lumière qui filtre au travers, et les milliers d’éclats, dessous la surface, qui vous font savoir que derrière, y a un astre qui brille. Elle s’approchait de moi. De nouveau, son odeur. Une vapeur. Comme venue du désert. Et son sourire. C’était pourtant si facile… Je ne veux pas non plus oublier. Je ne veux pas oublier, parce que je sais que j’dois être meilleure que ce que j’ai été jusque-là. Pas que je veux lui promettre l’mariage et lui faire des enfants, ce genre de connerie, mais juste… juste merde quoi, y a pas un moment où j’peux devenir adulte ? Savoir gérer mes sentiments, mes humeurs, ma vie ? Arrêter d’fuir tout l’temps, et d’tout casser quand l’truc devient un peu trop sérieux et qu’du coup, j’panique ? Genre…

Le contact, tiède, curieusement, de sa paume, sur ma joue. Je soupire d’aise. De soulagement. De bonheur. Son pouce va et vient. Tendrement. J’bois la tasse. J’me perds. Au milieu de l’éther, j’ai l’impression d’voir les enfers qui se déchaînent, comme mille pensées qui dans sa pupille se font la guerre. C’pas possible qu’elle ait pas du sens d’Lepi, au fond. Bordel… Qu’est-ce que tu attends pour me parler ? Dis-moi… Je t’en supplie. Ne t’arrête pas là… Ne fuis pas… Ne… « Embrasse-moi. Comme si c'était la première fois. »

J’obéis, mais d’abord, je l’amène délicatement à s’adosser contre la balustrade du balcon. Là, je viens jusqu’à capter son souffle. Je m’arrête un instant, pour que mes doigts aient le temps de glisser sur sa nuque, comme le vent flattant le marbre, puis jouant dans l’or, et mes lèvres franchissent à nouveau le Rubicon, armées de toute l’honnêteté et de toute la tendresse d’un cœur dont la tempérance n’a jamais su s’emparer. Là, dans l’absolu douceur de nos cœurs déposant les armes, je m’éternise dans le baiser le plus long que nous ayons jusque-là échanger, n’ignorant rien du goût métallique de nos bouches blessées. Je ne remarque pas le ciel assombrit. Je ne remarque ni le grondement, ni les lumières cinglantes, écrues. Je ne remarque pas non plus les gouttes, qui tombent, et tombent ; déjà baignée dans ses eaux. Ses lèvres, comme de la soie, sa langue, parfois, comme une flamme, et la tendresse, qui délite le putain de temps à le rendre éternel.
Maxence Darkan
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Ses mains sur ses joues. Ses lèvres contre les siennes. Maxence avait l'impression de ne jamais pouvoir se décoller un jour de l'étreinte de la lapine. Les gouttes tombaient, une à une sur elles, mais elles restaient figées... plus ou moins... à s'embrasser. Contre la balustrade son corps endolori s'anima d'une soudaine passion tandis que la pluie s'accéléra. Une pluie violente et soudaine, comme si la planète elle-même trouvait ça trop. Maxence emporta Fúm dans le mouvement, essayant de garder ses lèvres proches des siennes, maintenir le goût qui la rendait dingue. Elle ouvrit la baie vitrée pour l'emmener à l'intérieur.

Elles semblaient lire chacune des les pensées de l'autre, elles le savaient, elles avaient toujours été meilleurs avec des gestes que des paroles. Peut-être à tort. Peut-être auraient-elles pu éviter tout ça avant. Mais quelle importance maintenant. Elles s'emportaient corps contre corps, à l'unisson et elles refaisaient tout, comme la première fois. Derrière les yeux encore rouges et humides, il y avait des sourires et des rires. Elles enterraient la hache de guerre aussi vite qu'elles l'avaient brandie. C'était leur côté Lepi, l'envie d'aller vite, de ne pas se prendre la tête, de faire trembler les putains de fondations de la galaxie.

L'orage tonnait comme il n'avait jamais tonné. Sur les vitres, l'eau s'écrasait et coulait en sillon, des brides de lumières faisaient leur apparition de temps en temps pour laisser aussitôt place aux nuages. Même le double vitrage ne pouvait garder le vacarme loin de leurs oreilles et le volume de l'holotv était aussi fort que celui du vieux sénile, trois étages au-dessus, quand le monde était silencieux. Maxence était blottie contre Fúm dans le lit. C'était auprès de la personne qui lui avait fait du mal qu'elle trouvait le réconfort. Son index jouait sur le ventre de sa partenaire, tournant autour de son nombril, distraite par la télé. Sa tête sur son torse, elle se redressait, des fois, pour embrasser sa peau, ou son cou. Malgré la peur, la douleur, qu'elle avait ressentie, c'était dans ce genre de moment en particulier qu'elle comprenait cette drôle de chimie entre les deux. Un rien qui faisait tout. Près d'elle. Elle était mieux. Elle était bien.

Ce n'était pas tout, mais la télé l'emmerdait carrément, elle voulait faire quelque chose d'intéressant avec ce temps de merde. Ne serait-ce qu'un putain de puzzle, ou jouer à cache-cache-tape. Un jeu fabuleux où, quand tu trouves quelqu'un, tu le frappes, fantastique vous ne trouvez pas ? La blondinette remonta légèrement. Accompagnant le mouvement de baisés qui remontèrent jusqu'aux lèvres de Fúm avant de passer juste au-dessus d'elle. Elle ne souriait pas, personne ne sourit quand on se fait chier.

-Tu veux faire un truc ? Genre, autre chose que regarder cette merde ?

-Oh putain, j'ai cru que j'allais crever, oui !

Et bien effectivement, tout le monde se faisait chier par ici.

-Ok, cool, tu veux faire quoi ? Putain de... bordel qu'est-ce qu'on peut faire dans une chambre d'hôtel pour s'amuser ?

-J'ai le droit de te proposer un autre truc chelou dont tu vas sûrement me dire que j'suis givrée ?

-Vas-y, j'aime quand tu m'dis des trucs comme ça.

-Bon, bon, bon... Qu'est-ce que tu dirais que... Bah... Elle rougit un peu et se servit de ses oreilles pour se cacher le visage avant de souffler, presque. Tu veux bien que je te dessine allongée nue sur le lit ?

L'une d'elle se redressa pour observer la blondinette d'un œil. Maxence ne sut trop quoi répondre à cette invitation à part un air étonné, des yeux se redressant au-dessus du visage de la lapine en fronçant les sourcils, prise de par la réflexion. C'était bien la première fois qu'on lui demandait de faire un dessin d'elle. La blondinette détestait les photos, par parce qu'elle n'aimait pas en prendre ou qu'elle avait un complexe avec son physique, simplement parce qu'elle ne voulait pas que son visage traîne un peu partout avec des indications sur ses relations et sa position... cependant... un dessin d'elle nue... il y avait un côté nouveau qu'elle ne pouvait pas refuser.

-Heuuu... bah... Elle soupira en souriant. Ouais, aller, pourquoi pas, c'est pas comme si j'manquerai une occasion d'avoir un portrait d'moi à poil dans tes mains.

Fúm se redressa pour l'embrasser et commencer son travail d'artiste, c'est à dire maîtriser son modèle. Non, pas ça. Elle s'occupa de mettre la blondinette en place, allongée sur le ventre, elle plaça les draps de manière à les faire jouer avec son corps, un ensemble sobre, dénudé, que Maxence ne pouvait pas comprendre, elle n'était pas très calée en composition, mais elle se sentait belle, désirée et le baisé furtif sur sa fesse droite l'en assura. Elle hésita, soutenir sa tête, ne pas soutenir sa tête, le menton sur le matelas, autre chose ? Finalement, après avoir bougé sa tête une branlée de fois en espérant ne pas avoir foutu en l'air les premiers traits de la Fúm, elle demanda sobrement.

-J'dois tenir ma tête ou ?...

-Croises les bras, pose ta joue et regarde moi comme si tu voulais recommencer encore une fois.

Ce petit nez frétillant, ce regard, elle comprit sur l'instant et s'exécuta. Sa joue sur ses avants-bras elle la regardait, elle et son air nouveau, concentrée dans son art minutieux. Maxence n'espérait qu'une chose, que ses courbes soient prises à la perfection, qu'en fasse, elle travaille aussi bien qu'elle la travaille quand elles sont l'une contre l'autre.

-Dessine-moi comme une de tes Lepies.

La blondinette souriait niaisement en la regardant. Fúm était belle, quand elle était concentrée. Rester immobile ne la dérangeait pas, pour elle, les fourmis qui s’étendaient progressivement dans son bras entier, comme dans son biceps restant n'avaient plus aucune importance. Les minutes s'écoulaient, ses iris bleus se perdaient sur son visage.

-Alors ?
Fúm Ellar
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En haut, si haut. Le sol... En contrebas. Si bas… Le cœur. Plus fort que le tonnerre. Ses caresses. Plus fortes que la bourrasque. Sa chaleur, plus intense que la pluie qui cingle. Elle m’emporte. L’orage. Ma tempête. Notre ouragan. Il nous emporte. L’intensité de notre étreinte n’a pas décru. Les souvenirs de mains jouant dans l’herbe, les images de pardon recueillis sur l’oreiller, tout s’entremêle et nous ne faisons qu’aller crescendo, chaque rencontre, une nouvelle musique. Nous suspendons nos notes, nous trouvons nos harmoniques, nous composons de nouvelles ballades, plus belles encore. Que notre joie demeure…

🥕

Il va bouger son cul… Mais vas-y putain, prends ta décision… Tu l’aimes, tu lui cours après… AAAAALLLLEEZZZZZZ ! BORDEL ! Mais qu’est-ce que les séries zhumaines sont chiiiaannttess à mourir ! Putain ! Faut que je lui dise. J’adore, là, son câlinou, sa façon de jouer sur mon ventre, c’est trop mignon, mais pas devant ça ! PAS DEVANT CETTE SOMBRE… RRAAHHHH ! Non, non, là, ça chatouille, stop ! Ah, un bisou. C’est mieux. Les bisous. C’est mieux. Et c’qu’on s’emmerde… Non, vraiment, qu’on puisse passer du temps, là, à rien foutre, et à voir des niaiseries pareilles ? Nan mais qui s’inflige ça, dans la galaxie ? Qui ? Qui ? Dites-le moi ?! Je veux des noms ! Et j’vais les tuer. TOUS ! Et comme ça, réglé… Plus d’holoséries nulles. Plus que des bisous. C’est bien les bisous. Tiens, v’là qu’on m’escalade… Bisou.

La délivrance. Enfin. Putain… Bon. Mon projet farfelu a été adopté. On met une playlist sympa’ quand même en toile de fond – on aime toutes les deux les mêmes choses, ça punk, ça rock, j’la laisse gérer, c’est elle qu’a les mains plus libres que moi, quand même. Et j’m’installe, après l’avoir installée, après avoir baisé le sacré galbe – ça va sans dire. Elle gesticule, mais je n’y prête pas attention, je suis déjà partie ailleurs. On ne commence pas par le centre d’un dessin. On fait le tour. Le tour. Le tour. Le drap, le lit, le mur, l’espace. - J’dois tenir ma tête ou ? … Elle ne sait pas comment se mettre… mais je sais comment je l’aime. Je sais ce que je veux graver d’elle. J’ai le fragment en moi. L’éclat saphir. Je l’invoque. – Croise les bras, pose ta joue et regarde moi comme si tu voulais recommencer encore une fois. » Rien que d’y penser, un frisson s’élève et mon nez se trémousse. On pourrait alimenter Coruscant des mois avec le courant qui passe, là. Je la lâche plus. Le tour, le tour… Puis l’esquisse du corps. Quel corps. L’image évanescente, d’abord, puis plus fin, plus marqué. J’ai un style comme délavé, je n’aime pas forcément les traits trop marqués. Sous mon crayon, elle devient comme vaporeuse. A mes yeux, elle est d’un autre monde, à deux doigts de l’intangible.

J’ai perdu le fil en traçant le trait. Combien de temps ? Elle me rappelle à elle. – Dessine-moi comme une de tes Lepies. Je souris, lâche un petit rire étouffé, comment je peux lui refuser ? Sa bouille, là. Idiote. Deux idiotes. Le bonheur rend idiot. Je ne suis pas encore assez douée pour projeter, simplement. D’une main, j’appelle mon datapad, je trouve une photo d’Orientalis, elles ont le même âge. Je lui vole ses oreilles, puisqu’elle me demande de lui voler, et je me permets de lui retracer un peu le nez – elle aura compris que beaucoup se passe dans un nez lepi. Et ses grands yeux. Je n’ai qu’un regret, ne pas pouvoir les rendre aussi bleu. Le numériser, plus tard ? « Alors ? Sa phrase se meurt, je suis ailleurs…

Lorsque je termine, un trait de lumière lunaire vient crever les nuages et se pose sur elle. « Tu es belle…. Le constat s’impose de lui-même, et je n’ai rien d’autre à dire. Je souffle une dernière fois sur le dessin, et je lui tends le résultat. J’espère ne pas la décevoir. On m’a demandé de capter l’étincelle d’éternité, j’ai fait ce que je pouvais pour m’en emparer.

HrP : . : Effort d’imagination demandé : il faut mêler le style de ces deux dessins A & B et coller Max, non seulement dans la bonne position, hein, mais aussi avec des oreilles lepies comme celle d’Orientalis et des traits un peu plus affiné pour tendre vers le cunniculesque.

HrP 2 : . : L'effort d'imagination a été fait par Evadné, que je remercie mille fois, et mille fois encore, pour ce dessin superbe qu'elle aura su réaliser alors que j'en étais incapable.
Maxence Darkan
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Maxence se redressa, comme une gamine un matin de noël impatiente de découvrir ses cadeaux. À quatre pattes sur le lit, elle s'approcha de Fúm pour prendre le dessin et le regarder. Restant un instant silencieuse, elle lança un regard nouveau sur sa partenaire, de l'étonnement, presque de l'admiration. Puis, sans un mot elle se colla à elle pour l'embrasser.

-Tu dessines putain d'bien. Tes études, tu veux les faire en art ?

Ce compliment n'était pas passé dans l'oreille d'une sourde. Le visage de la lapine s'illumina et très vite, elle enchaîna avec son inévitable mitrailleuse à bisous.

-J'suis heureuse que ça te plaise. Baaahh... Tu t'moques pas hein ? Mais... En vrai, j'ai pensé à un double cursus, j'voudrais faire dans l'commerce aussi. 'fin... Truc du genre. J'aimerais savoir mener les négociations, m'vendre comme un genre de... VRP qui nique des mères. Genre, j'vais dans la bordure, j'négocie, si on m'fait chier, j'négocie à coup d'tonfa dans la gueule. Et après je dessine pour me détendre... Tu crois c'est bizarre ?

La blondinette grimaça, pas de dégoût, de surprise, ce genre de cursus, plus sa vie de mercenaire... c'était un boulot monstrueux.

-Nan, nan, j'pense pas qu'ce soit bizarre... disons que... c'est beaucoup, en fait. Tu t'vois prête à enchaîner deux... euh... « cursus » ? Ouais, cursus. Donc, deux cursus en même temps qu'ta vie de mercenaire, plus celle avec ta famille, plus tout ce qui entoure le reste ? Je sais qu'tu vas vite et qu't'es capable de pleins d'trucs, mais les études, c'est un temps fixe qu'on t'oblige à suivre. De c'que j'en sais... j'en sais pas grand chose, mais c'est c'qu'on m'a dit.

Elle la connaissait maintenant, elle savait quand elle la voyait douter et là, elle venait de taper juste. Un double cursus plus sa vie telle qu'elle était... déjà que Maxence ne semblait pas trouver le temps pour grand chose avec ses projets et ses frères et sœurs d'arme du Cartel, mais Fúm avec tout ça, c'était compliqué.

-Je sais mais... C'est possible de faire plein de trucs à distances, et puis... J'me fais chier. T'as pas remarqué ? Que ma nuit, j'la passais à me relever parce que je dors pas comme toi ? J'ai plein d'temps, en vrai. J'fais deux-trois missions très risqués, masse de blé, j'me concentre sur m'en mettre dans la tête, pis... Au pire, on dira j'fais l'art de loin ? L'important c'est d'me rendre plus onéreuse en location. J'veux plus être pris pour une neuneu.

-J'dors vraiment comme un putain d'sac à patate, j'croyais qu'tu t'levais pour aller pisser ou un truc du genre, donc nan, j'avais pas vraiment remarqué. Et puis franchement, faut qu't'arrêtes de t'considérer comme une neuneu... 'fin j'veux dire, ok, des fois j'me fous d'ta gueule parce que tu dis des trucs vraiment cons... mais hé, regarde moi.

-Bah... En gros, tu fais dodo genre sept-huit heures - c'est mignon comme tu ronfles d'ailleurs, parfois - bah moi j'dors deux-trois heures, j'me lève, j'm'occupe une bonne heure ou deux, et après je vais me recoucher avec toi. Soit j'vais courir, soit j'travaille le corps... J'me dis que plutôt qu'regarder des conneries en faisant ça, j'peux aussi bien m'en mettre dans la tête. Ah, et important, j'prends mon premier petit-déjeuner aussi.

Là, elle se rendait compte qu'elle manquait beaucoup d'étape du sommeil de sa partenaire. Par contre, elle savait qu'il lui arrivait de ronfler. Et elle savait aussi que ses ronflements étaient foutrement mignons.

-Après... J'sais bien j'suis pas la dernière des débiles, mais... Quand j'étais avec Jez', là-bas, sur Ondéron, les autres, les gens que j'ai rencontrés... J'me sentais... Si ignare. Et c'est pas que j'ai honte, j'y peux rien si j'suis pas fille de bourgeoise comme eux, mais juste. J'me suis rendue compte que j'avais genre, faim, en fait. J'sais pas si j'suis super claire.

Fúm attrapa les draps pour les envelopper autour d'elles, blotties l'une contre l'autre. Chacune sentait la chaleur de sa partenaire et Maxence resserra son étreinte d'autant plus autour d'elle.

-J'crois qu'je vois c'que tu veux dire. J'ai ressenti ça plein d'fois. Bon, ok, c'était p't'être pas dans les mêmes domaines et j'suis foutrement putain d'loin d'l'idée d'vouloir faire des études ou des trucs d'art... mais j'comprends. T'as d'l'avenir, dans l'art, dans plein d'trucs.

-De l'avenir dans l'art, de l'avenir dans la bagarre... De l'avenir avec toi. Faudrait que je vive cent ans avant d'me lasser, au moins.

La lapine frotta son nez contre celui de la blondinette puis grimaça, ce souvenant que le sien avait pris un sacré choc. Maxence posa sa main sur le visage qu'elle avait meurtri de ses mains... son front, plutôt. Un petit soupir honteux lui échappa.

-Viens, on va nettoyer nos conneries et prendre une douche. Ou l'inverse, j'sais jamais comment ça fonctionne.

-La douche d'abord, et on sèche bien les plaies, et on désinfecte. Et tu me fais des bisous magiques, sinon, j'meurs, c'est sûr. Petits bisous, rire et elle souffla à son oreille avant de se lever Allez, viens.

Comme hypnotisée, elle se leva pour la suivre jusque dans la salle de bain. En attendant que la douche chauffe, elles s'embrassèrent, leurs mains glissant dans le dos de l'autre pour remonter dans les cheveux. Des secondes qui parurent des heures. Encore. Puis elles montèrent dans la douche. Une douche qu'elles méritaient après ce qu'elles avaient sué toute la journée à, soit faire l'amour, soit se battre en accumulant des microbes dans leurs plaies, soit refaire l'amour.

***

-Putain, j't'ai pas ratée.

Elle ne lui demandait même pas d'arrêter de bouger la truffe, elle se contenta de sécher la plaie pour mettre un joli pansement pour enfant dessus, avec des fleurs, des couleurs kitsch et des animaux dessus. Une fois le nez réarrangé, elle déposa un baisé sur sa joue avant de passer à la gorge. La dite gorge commençait à changer de couleur et la blondinette ne put s'empêcher de tiquer de la tête en étalant doucement de la pommade dessus. Elle posa ensuite naïvement la question.

-Ça va ?

La voix de Fúm était enrouée. Contre coup malheureux du premier savoir faire de Maxence à ce sujet. N'allons pas nous mentir sur le fait que Maxence ressentait un peu de fierté vis-à-vis de ça, ses entraînements payaient... pas sur les personnes qu'elle souhaitait, malgré tout. Elle gardait tout de même sa concentration pour ne pas faire mal à la lapine.

-T'auras réussi l'miracle d'me faire taire d'ici peu. Tu sais que beaucoup ont essayé avant toi.

-Ouais, je sais, j'ai tapé vraiment dur. J'aurais préféré qu'tu subisses jamais ça.

-T'as une pédagogie assez vénère mais au moins j'aurais découvert des trucs. C'est quoi les mouvements bizarres que tu as faits ?

-Ça, ma grande, c'est... arrête de bouger. J'disais, c'est le Stava, j'ai eu un maître en la matière, pendant... pendant ma disparition, j'ai appris des techniques spéciales. Elle s'écarta en la regardant droit dans les yeux. Crois-moi, c'était d'la putain d'torture d'apprendre ça. Puis elle reprit son travail de précision. Mais ça paye, visiblement. J'm'entraîne toujours, j'deviens meilleure, j'découvre de nouvelles manières de l'implémenter. Le type qui m'a entraînée a senti quelque chose chez moi, j'suppose qu'il avait raison.

Tanlo. Elle repensait beaucoup à lui. Parce qu'elle l'adorait ce vieil homme tortionnaire. Cette drôle d'affection qu'elle ressentait à son égard ne pouvait être égalée par quiconque. D'une certaine manière, même pas Fúm, mais c'était différent.

-Et j'peux l'apprendre, moi, la savate ?

-Stava. Et non. 'fin, j'veux dire. Elle la considéra de haut en bas avant de tâter ses bras. Dans l'état dans lequel tu t'trouves, nan. Et puis, j'pense pas être la meilleure prof pour l'instant, j'apprends encore de mon côté. Mais si t'es prête à en baver comme jamais t'en as bavé... que tu t'sens suffisamment forte pour ne pas devenir folle sous les coups d'la torture de l'exercice, parce que tu vas être mise sous pression y' a aucun doute là dessus, alors ouais, j'peux t'filer l'adresse du prof qui m'l'a appris.

-Aïeuh. Là, j'ai mal. Plus Maxence parlait et plus le visage de la Lepie se durcit, déterminé J'suis pas la dernière de la portée, donne-moi sa putain d'adresse et j'te montre qui c'est la meilleure à la bagarre... C'est facile ça aussi, madame elle a plein des maîtres Shaolin partout et elle s'étonne après que moi j'galère toute seule... J'vais t'claquer les fesses à coup de Svata tu vas rien comprendre.

Elle se mit à imiter franchement grossièrement les mouvements qui lui avait été appliqués en faisant d'immonde bruitages. Elle en vînt plus à la chatouiller qu'autre chose, alors la blondinette craqua en s'approchant d'elle soudainement pour l'embrasser. La meilleure manière qu'elle avait jamais trouvé pour calmer la Lepie.

-Arrête tes conneries et laisse moi terminer.

Elle s'occupa de récupérer les dégâts les plus visibles sur sa peau, au niveau de ses côtes, ses hanches, ses flancs. Un peu de pommade, c'était tout ce qu'elle pouvait faire. Finalement elles échangèrent de place. Alors qu'elle avait laissé la demande de sa partenaire en suspens, elle la regardait d'un nouvel œil, celui de son maître et se demandait si elle en était réellement capable. Fúm commençait à réparer Maxence.

-Tanlo Jakobi. C'est l'type qui m'a entraîné. J'lui demanderai s'il est prêt à t'prendre en charge et s'il dit oui... tant mieux pour toi, mais il me fera pas de traitement d'faveur, donc y' a aussi des chances pour qu'il dise non. Aoutch. Mollo. Faut qu'tu comprennes que c'est comme les études, ce sera pas instantané... et y' a aussi des chances pour qu'il te démolisse en t'filant les leçons. En tout cas j'vois pas pourquoi il m'aurais démolie et pas toi.
Fúm Ellar
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« J'ai pas peur de me dépasser, Namour. Je demande que ça qu'on me laisse une putain de chance. Ça fait vingt ans que j'attends ça. Pas une chance de devenir une débile qui court avec des néons plein les mains. Pas une débile qui tire sur tout dans jamais réfléchir... J'veux juste... J'veux juste pouvoir montrer qu'aussi bizarre que je suis, je peux kick des gueules à la pelle, et derrière faire une jolie fresque sur le mur encore ensanglanté de ma dernière rencontre.

On croit pas en moi, on me lance jamais la balle, et derrière on s'étonne que je l'attrape pas ? J'vais y aller. Bien sûr qu'il va me péter la gueule. Mais j'ai pas sourcillé quand tu l'as fait. Mais j'apprendrais. Et quand je partirai, j'aurai appris à lui en mettre deux, trois derrière la tête aussi.
J’la fais rire. J’aime bien son rire. N’empêche que je vais quand même apprendre à lui botter le cul dans les règles de l’art et on verra bien si elle rigolera, passée en travers de mes cuisses, pendant que je lui mettrai la fessée. M’enfin l’imaginer m’emmène ailleurs, là… – Quand tu repartiras, t'auras les bases du Stava, par contre, lui, te péteras toujours autant la gueule. Mais t'inquiète, j'étais dans ton cas, au début, j'ai appris à lier les bons contacts et m'immiscer quand j'pouvais. J'en donne pas l'impression, mais on m'jette pas tant la balle que moi. Aux yeux des autres ont est des gamines débutantes qui connaissent rien. Un conseil, joue là-dessus, c'est un avantage. Alors on fera de la super bagarre ! Hann… Et on ira botter des culs ensemble ! Trop bien. Le rêve. J’fais l’tour de sa petite personne comme elle a fait le tour de la mienne. Pommade, strape, p’tit bacta des familles. L’une comme l’autre, on a su marquer nos corps. Cliniquement, ce fut une belle bataille. L’enquête se poursuit, et j’dois en faire un p’tit pantin si j’veux pouvoir faire le boulot correctement. – Lève le bras, teplait. Ouais... En tous les cas, j'vais travailler à fond. Je sais ce que je veux faire. Y a des trucs... Qu'ont bougé dans ma tête. Tu verras, dans un an, on s'ra dans un hôtel à deux fois ce prix-là, et c'est moi qui te paierai la note. Non sans t'avoir d'abord attachée au lit après la bagarre. »

C’est possible que j’ai des idées qui ont commencé à faire leurs chemins dans ma tête. En tout cas, mon nez, il en a plein des idées là. Je souris, déterminer à lui faire peur ; et fait croire que ça marche, on était tellement faites pour se trouver. « Ça... ça c'est quelque chose que j'ai hâte d'expérimenter. Pis, bon, tu peux déjà m'attacher à un lit sans même lever ta garde. J’installe ma poker face, si, si, et j’demande, genre de rien, absolument rien. – On doit rendre la chambre à quelle heure, demain matin ? Enfin, si mon nez voulait bien arrêter deux secondes de danser. – Donne-moi les strapes, te plaît. On était pas loin d'une belle entaille, là. J'aurais p't'être pas dû griffer. Elle s’exécute et me donne la boite. J’badigeonne la plaie de gel légèrement bactaifié, j’rapproche les bords de la plaie et j’pose les petites bandes collantes. Avec ça, dans deux jours, elle a plus rien. – J'crois qu'on doit la rendre en fin d'matinée. Après ça, j'ai plein d'boulot, j'peux pas allonger l'séjour. Petit air de quelqu’un qui s’inquiète juste d’avoir rangé la chambre avant de partir et bien fait sa valise. Faut dire, être en train d’soigner ses p’tits bobos, ça m’aide à avoir l’air concentrée. – T'inquiète, on sera dans les temps, j'ai juste besoin de savoir le degré de sévices que je peux me permettre, hors de question que je sois obligée de te porter pour rentrer. Petit blanc… – J'suis plutôt résistante et j'ai expérimenté d'sacrés putains d'trucs... je serais étonnée d'te voir me faire craquer dès l'premier essai. » et le seing est donné.

🥕

Elle m’a concédé tous les droits sur son corps. J’ai résolument pris le degré de la responsabilité qu’elle plaçait entre mes mains. Les attaches, solides, étreintes si douce de sa confiance. Pour elle, toute la nuit, plongée dans le noir. Seulement mes jeux. Seulement ma voix. Seulement mes règles et mes dérobades. Sa peau comme terrain de jeu, ses souffles comme mélopée, ma facétie pour tracer les notes de plaisirs sur la partition de son désir. Jamais l’apothéose. Jamais. On n’offre pas les cieux à qui n’a pas, dans le cœur, la passion de les rejoindre. Quand les mots semblent pouvoir franchir le seuil sacré des lèvres, mutine j’en scelle l’accès, que la danse se poursuive encore, que le chant puisse gagner en intensité. Le souffle brutal, les frissons en cascades, violents. Les perles se forment sur la peau et les élans électriques d’une douceur iridescente l’inonde. Enfin, déesse compatissante pour elle, devenue mon monde, ma création, je la libère du mutisme et lui laisse souffler les mots. Les ai-je seulement entendus ? Compatissante, certes, mais qu’on me rappelle quel est mon pouvoir et combien on me révère ! Elle les crie, les suppliques. Enfin. Alors elle gagne le ciel…

Lorsqu’elle retombe, libérée, la tête encore pleine de nuage, elle trouve mes bras pour l’accueillir et la nuit, encore, pour abriter notre tendresse.

🥕

Les rues semblent plus ternes qu’avant. Faut dire, elles sentent les adieux et les départs. J’me suis promis d’pas pleurer. Et bah même que je l’ai fait dans les toilettes, avant d’quitter la chambre, et qu’elle a rien vu. Je crois. Mais c’est passé. Maintenant y a plus que la joie de ce qu’on a vécu. J’ai la tête pleine de souvenir, mon nez plein de son odeur, la rétine marquée par ses couleurs. J’ai mon sac à mes pieds, je la tiens par la taille. J’avoue, j’ai du mal à la lâcher, j’ai encore en vie de ce « un peu plus » de ses yeux. Mais faut partir. On est de grandes filles. « Alors, Namour, quelles seront nos dernières paroles ? Elle se colle à moi, m’enivre encore. – J'suis à chier pour dire au revoir, tu l'sais, alors contente toi de ça. Et elle m’embrasse. Pas genre, pour faire monter une dernière fois l’palpitant au comble. Non. Amoureusement. J’en suis sûre. Et mes oreilles tombent, et mes mains la serrent contre moi, et… il nous faut partir. Nos lèvres s’éloignent, mais je pose mon front contre le sien. J’aurais les mots de la fin : – Ne t’inquiètes pas, c’est quand tu t’en sers comme ça que ta voix est la plus belle. » Et on s’sépare, un dernier sourire, sac sur le dos, et j’m’éloigne comme je suis venue, en roulant des hanches sous son regard ravi.

FIN
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