Karm Torr
Karm Torr
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Karm hocha la tête, quand Galdur lui fit part de ses conclusions.

On dirait bien, ouais. Ben les contrebandiers peuvent s’estimer chanceux que ça ait pas dégénéré dans leur vaisseau, parce que sinon, je te raconte pas le carnage.

C’était en tout cas une piste prometteuse et le Jedi prit ses dispositions pour pouvoir rejoindre la capitale de la planète, où le Beluga était basée. Galdur et lui passèrent la nuit avec le reste de l’AgriCorps, puis empruntèrent un speeder au petit matin. Imaginativement baptisée Firrere aussi, la capitale avait au moins le mérite d’être bâtie à flanc de falaise d’où se jetait une cascade aux dimensions saisissantes, dans un grand fracas d’eau.

Somme toute, la ville n’était pas si grande que cela et les deux hommes n’eurent guère de difficulté à trouver la zone commerciale où se trouvait l’entreprise qui avait immatriculé le Beluga. Karm se retrouva donc bientôt à suivre de l’index une colonne de noms sur l’interphone d’un immeuble de bureaux, avant de presser le bouton à côté de l’étiquette : « Les P’tits Matous ».

L’écran qui aurait dû lui permettre de voir son interlocuteur se mit à grésiller avant de rendre l’âme, mais une voix grinçante n’en fit pas moins :

Oui, allô, c’est pour quoi ?
C’est le facteur, tenta le Jedi, par mesure de précaution.

Il n’y eut d’autres réponses que le bip de la porte et le bruit de la serrure magnétique qui se désactivait. Un turbolift en panne et cinq étages à pied plus tard, Galdur et Karm se présentaient dans les bureaux des P’tits Matous, cent mètres carrés d’open space équipés de meubles bon marché et de consoles informatiques vieillissantes.

Vous n’êtes pas le facteur, constata une Gran venue à leur rencontre, en dardant ses trois yeux, tous affligés d’un strabisme différent, sur Galdur qui, en effet, ne dégageait pas précisément cette sobre élégance propre aux fonctionnaires des services postaux.
J’ai dit facteur, moi, fit Karm d’un air innocent ? Je voulais dire Jedis en pleine enquête.
Une enquête ?
Tout à fait.
Ici, fit la Gran avec une incrédulité croissante ?
Ben ouais.
Ah ça alors…

Il faut dire que l’événement le plus palpitant à ce jour dans le bureau des P’tits Matous, ça avait été la panne de la machine à café, il y a deux ans de cela.

Je vais vous amener à monsieur le directeur, il va pas en revenir.

Et, en effet, monsieur le directeur n’en revint pas.

Saperlipopette, s’exclama ainsi pour la septième fois le soixantenaire tout rougeaud, qui en avait manqué de s’étouffer avec les bonbons. Une pastille à la menthe ?
Toujours pas.
Des meurtres !
Des morts, en tout cas.

Ça avait l’air d’enthousiasmer monsieur le directeur plus qu’autre chose, mais c’était parce qu’il aimait lire des polars.

Et vous pensez vraiment que l’équipage du Beluga… ?
J’imagine que vous vous portez garants de vos hommes, mais…
Ah, non, s’empressa de dire monsieur le directeur. Une pastille à la menthe ?
Non, merci…

(Karm allait commencer à le prendre personnellement.)

Ce sont des sacrées canailles, ces gens-là, mais qu’est-ce que vous voulez, de nos jours, les jeunes travailleurs partent tous de Firrere pour aller monter des start-up de chaussures connectées sur Coruscant. C’est une vraie hémorragie.
Pas de pastille à la menthe, merci, glissa préventivement le Jedi.
Alors on prend ce qui reste, voyez-vous. Des gens qui n’ont pas fini le lycée. J’ai un master, moi, vous savez ?

Et monsieur le directeur indiqua fièrement son diplôme encadré sur le mur. Karm, qui n’avait pas de master, fut un exemple de vertu et se priva d’une réplique sarcastique.

Mais donc, vous les engagez quand même ?
Mais c’est qu’on a pas le choix, ma pauvre mademoiselle, soupira monsieur le directeur. Par les temps qui courent ! Et c’est qu’avec ça, on est saignés par les charges sociales. À croire que la République veut la mort des petits entrepreneurs. Une past…
Il est à qui, votre vaisseau, en ce moment, coupa l’explorateur ?
Renée-Gudule, appela monsieur le directeur ? Renée-Gudule, le planning du Beluga, s’il vous plaît !

La Gran refit son apparition dans le bureau et marmonna quelque chose à propos du serveur partagé, avant de pianoter sur l’écran de son supérieur, pour afficher le planning.

Ah, oui, voilà… Merci Renée-Gudule… Le Beluga repartira chez les grossistes de la station spatiale dans l’après-midi. J’imagine qu’à cette heure-ci, ils sont en train de préparer le vaisseau. Vous croyez que je serai dédommagé ?
Dédommagé ?
Hé bien, pour le préjudice moral que toute cette affaire cause à mon entreprise…
Le pré… Euh… Mais… Oui, totalement. Je serai vous, j’irai expliquer tout ça bien en détail au poste de police le plus proche.

Où Karm espérait très fort que les forces de l’ordre du coin aiderait monsieur le directeur à développer son sens des responsabilités.
Galdur
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Galdur croisa les bras en tentant de garder son calme. Si Karm n’avait pas été là, il n’aurait sans doute pas vraiment fait dans la dentelle et aurait expliqué sa manière de penser à cette tête de nœud. S'il commençait par payer ses hommes correctement, peut-être que ces derniers n’auraient pas recours à la contrebande et aux marchés alternatifs ? Mais mieux valait éviter de faire capoter l’opération ici. La meilleure solution restait de collaborer avec les forces locales. Galdur soupira en roulant des yeux… Karm était plus diplomate.

« Grmph… Bon… Filez nous la plateforme sur laquelle repose actuellement le Béluga, et on va aller s’charger d’prévenir la douane. On verra c’qu’on peut faire pour vous éviter les ennuis… Mais j’promets rien hein… »


Non pas qu’il avait en plus spécialement envie d’épargner le portefeuille de ce patron, sa tête ne lui revenait pas vraiment. Néanmoins, avec ce signalement, cela allait leur permettre de remettre dans l’ordre la situation sur la planète. Ne restait vraiment plus qu’à atteindre que chaque partie ne fasse son travail désormais.

--

Il s’écoula approximativement une semaine pour que l’intégralité des acteurs ne se mette en action. Comme convenu, les différentes connaissances de Galdur dans le milieu se révélèrent utiles. Habitués à effectuer du travail contre les braconniers, il avait dans son portefeuille de contacts plusieurs organisations environnementales galactiques, la filiale des Amis des Animaux de Ondéron, ainsi que diverses agences de protection de l’environnement. Un ballet de vaisseaux était donc apparu durant quelques temps sur Firrerre, alors que biologistes, zoologistes, et leurs accompagnants se relayaient. Leur affaire était relativement simple : Ils étaient venus inspecter le nid de Mikan, en plus de dresser quelques portraits de l’espèce et son comportement hors de sa terre natale. Délicats, ils récupèrent les œufs non-éclos et entreprirent de les rendre à leur terre d’origine pour certains, tout en déplaçant d’autres vers un sanctuaire d’étude.

Les scientifiques, toujours prêts à tout pour remplir leurs carnets.

Les autres contacts de Galdur était d’une nature bien différente cependant, puisqu’il restait à s’occuper du cas des individus adultes encore en liberté sur Firrerre. Une compagnie de chasseurs. Des T’doshoks, trandoshans peints de la tribu de Hasran, proches du Ranger Ondéronien, qui avaient accepté avec enthousiasme l’opportunité de chasser un gibier jusqu’ici jamais observé de leur part. De quoi pleinement satisfaire la Déesse Jaggannath, et de joindre l’utile à … L’agréable n’était pas le terme. À la gloire ? Va pour la gloire. Galdur resta pour accompagner ses camarades lors de la chasse, pendant que Karm s’occupait de tout ce qui était de diplomatie et d’échange avec les équipes de supervision de déplacement.

Et en cette fin de semaine, le trandoshan reposait assis sur les marches du Bureau de Contrôle Animalier où ils avaient fait leur premier rapport. Il y dévorait un sandwich aux anchois. Il pouvait dire ce qu’il voulait sur ce qu’il pensait de la planète, il fallait reconnaître que leurs poissons, c’était pas n’importe quoi. Pas étonnant qu’ils aient la côte et que l’économie locale tourne partiellement sur la pêche d’eau douce.

La bouche pleine et le sandwich à moitié dans la gueule, son regard se posa sur la silhouette d’un individu qui approchait. Galdur agita le bras, crachant des miettes et projetant des morceaux de pain devant lui, ce qui ne manqua pas d’attirer une flopée de sortes de pigeons locaux.

« Hmgtpth ! Kharm ! Far Ipfi ! »
lança t-il, la bouche pleine.

Il était temps pour eux de faire un petit point sur leur semaine passée sur Firrerre.

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Karm Torr
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Le vieux Gringo eut le droit à une sépulture décente. Karm y veilla. Au fond, il doutait que le fermier lui aurait inspiré beaucoup de sympathie s’ils s’étaient rencontrés, mais ce n’était pas une raison pour le laisser sombrer dans l’oubli. À vrai dire, la cérémonie n’attira pas grand-monde. Gringo avait choisi de vivre dans la solitude et le reste de la société le lui avait bien rendu.

Sa champignonnière ne revenait à personne. Pas d’héritier connu. La ville la plus proche allait la vendre aux enchères, probablement, mais l’employée du cadastre ne parut pas très optimiste sur la possibilité de trouver preneur. Elle finirait par tomber en ruines et les champignons proposeraient à l’insu de tous dans la fraîcheur de ses profondeurs. Ce serait leur petite conquête calme, à eux qui ne dévoraient les gens qu’une fois morts, et lentement, et en silence.

Karm caressait désormais le projet de se rendre de Mika et d’étudier de plus près des créatures exceptionnelles dont la violence ne le rebutait pas. Qui a grandi sur Ondéron doit accepter que l’intelligence n’empêche pas de devenir la proie d’êtres sauvages. En tout cas, il était certain que les rapports scientifiques ne lui suffiraient pas : pour sa part, c’était la patience investigation de la Force qui l’intéressait.

Le Jedi vint s’asseoir à côté de Galdur, sur les marches de l’escalier. Il avait les bottes pleines de boue et quelques brindilles dans les cheveux, qu’il entreprit de retirer une par une, signe qu’il avait encore profité des derniers jours sur Firrerre pour fureter dans la campagne aux alentours.

La mission de l’AgriCorps touche à sa fin, expliqua-t-il. On commence à lever le camp demain.

C’était la raison première de leur présence sur la planète : accompagner la transition agricole vers des méthodes d’exploitation des sols plus durables. Une affaire de plantes qui poussent et de terre meuble, pas vraiment la matière dont on faisait les holofilms d’action. En tant que Maître spécialiste des Corps Auxiliaires, Karm avait veillé au bon déroulement de l’opération, ce qui, selon lui, consistait essentiellement à faire confiance en l’expertise des autres.

J’ai refait un petit tour des autorités locales sur notre affaire de méduses, poursuivit-il, et tout semble en ordre. Tes contacts et ceux de l’ExploCorps ont porté leurs fruits. J’ai rencontré une ou deux personnes qui ont le projet de monter une association de sensibilisation au bien-être animal. Quelque chose dans le genre. On va continuer à regarder ça, même si ce sera d’un peu loin.

Takhül Kiliki, le propriétaire de l’Étang Takhül, pisciculteur malchanceux, avait fait l’objet d’une sévère inspection sanitaire des services de contrôle des aliments et boissons, des agents directement envoyés de la capitale planétaire, dont les questions sévères avaient conduit à la fermeture, pour l’heure temporaire, de l’exploitation.

Cette histoire me travaille un peu, je crois, dit Karm d’une voix songeuse. Ça fait plusieurs fois que je rêve que je suis une femme-méduse moi-même, qu’on m’arrache de ma planète et que je dois protéger ma famille contre une agression inattendue. Vivre la nuit, se changer en pierre le jour. Je sais pas. Bizarre.

Le Jedi apprendrait plus tard à prêter davantage d’attention à ces étranges rêves prophétiques.

J’ai trouvé pas mal de carcasses d’animaux morts dans la forêt. Sans véritable blessure. Je suppose que c’était là qu’elle se nourrissait, principalement. Gringo aura été comme un canari dans la mine. Sans sa mort, les gens du coin se seraient peut-être rendu compte de la chose beaucoup trop tard et l’écosystème aurait été sévèrement bouleversé.

Médiocre consolation, sans aucun doute, pour le pauvre Gringo.

Parfois, mieux vaut laisser dans l’ombre ce que la nature a voulu y cacher, laisser la nuit à la nuit, et les rivières souterraines suivre leur cours secret, à l’abri de la roche.

Une vibration du datapad dans sa poche interrompit cette méditation poétique. Karm tira le petit appareil pour jeter un coup d’oeil au message, non aux deux, maintenant trois, puis quatre, puis cinq messages. Une multitude de petits problèmes pratiques se présentaient, c’était inévitable, au moment du départ.

On dirait qu’il faut que j’aille faire les gros yeux à l’administration portuaire. Une histoire d’échantillons de sol et de taxe d’exports.

Un problème auquel il ne comprendrait pas grand-chose, mais parfois, agiter un titre de Maître Jedi suffisait à calmer la situation. Karm se releva à contrecoeur. Il aurait préféré passer sa soirée à bavarder avec Galdur, pour finir par dormir à la belle étoile quelque part dans les collines.

Tu devrais venir nous rendre visite sur Dantooine, dit-il tout de même avant de se diriger vers sa lugubre mission administrative. Je te promets pas des enquêtes palpitantes autour de créatures exotiques, mais ce ne sont pas les vastes étendues qui manquent à explorer.

La République, dans sa grande mansuétude, se chargerait bientôt d’en offrir l’opportunité au Trandoshan.

FIN
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