Karm Torr
Karm Torr
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Et c’est comme ça qu’on fait de la bouse de qualité.
Fascinant.

Le paysan se lissa la moustache, l’air particulièrement fier de lui. Ce n’était pas tous les jours qu’un Maître Jedi venait s’extasier sur votre engrais biologique 100% naturel. Une forme d’accomplissement, en somme.

Après avoir inspecté tout ce beau fumier, Karm se redressa et, avec le fermier, il reprit le chemin du corps de ferme. À quelques centaines de mètres de là, les tentes de l’AgriCorps couvrait tout un plateau rocheux d’où tombait l’une des nombreuses cascades des régions montagneuses de Firrerre.

En tout ça, ça vous réussit pas mal, constata l’explorateur.
Pour sûr, dit le paysan. Puis je vais vous dire, je préfère largement être ici que dans les collines, là-bas.
Pourquoi ? Elles ont quoi, les collines ?
Vous avez pas entendu ?

L’homme fit des efforts surhumains pour prendre un air grave et même triste, mais en réalité, son regard pétillait d’une fascination morbide.

Des monstres ! Des enlèvements ! Du bétail mutilé !
Vraiment…
Vraiment, s’enthousiasma-t-il de plus belle ! Y a plus guère que le vieux Morille et sa famille pour être assez fou pour vivre là-bas. Paraît que… Vous savez…

Le fermier se tapota l’index de la tempe.

Il a plus vraiment le cerveau en mode hyperdrive, si vous voyez ce que je veux dire…

Un quart d’heure plus tard, Karm mettrait le grappin sur un ranger trandoshan qu’on avait réquisitionné pour contribuer à la protection de la mission de l’AgriCorps sur Firrerre, même si, jusqu’à présent, personne ne savait très bien de quoi ils étaient censés être protégés. Le projet de transition de l’agriculture du continent de l’industriel vers le biologique avait certes irriter certains magnats de l’agroalimentaire, mais depuis l’arrivée de la mission, on n’avait eu aucun incident à déplorer.

Hé, Galdur.

Lever les yeux vers lui, pour Karm, c’était frôler le torticolis assuré, mais le Jedi était un garçon courageux.

Dix contre un que ton grand rêve dans la vie, présentement, c’est de m’accompagner admirer un champ de citrouilles.

Et c’est ainsi qu’après quatre heures à descendre de la montagne, pas en cheval mais en speeder, pour rejoindre les collines, réputées moins fertiles, et depuis longtemps délaissées par les grandes exploitations agricoles de la planète, les deux hommes étaient parvenus à la ferme du vieux Morille.

Vous êtes un Jedi, vous ?
Ben merci pour l’accueil.
Non mais, je veux dire… Lui, là…

D’un geste de la tête, Morille désigna Galdur.

Je veux bien, mais vous ?
Dites donc, vous voulez de l’aide ou bien ?

Du reste, le paysan n’avait guère le choix. Alors en leur faisant visiter ses rangées de citrouilles, il leur exposa la situation : le vieux Gringo, sa femme d’une beauté sublime, sa disparition, les événements inexpliqués et le danger qui, désormais, rôdaient dans les collines et s’approchaient de plus en plus de la ferme.

Hmm…
Je sais ce que vous allez dire : je suis superstitieux, comme tous les campagnards, et je me fais des idées à partir de rien.
Non non. On vous prend très au sérieux. On a besoin d’interroger des témoins.
Ma femme et mes enfants sont dans la…
Plus tard peut-être.

Karm prit un air grave et sérieux, et dit :

Conduisez-moi au bétail.

Morille était bien un peu perplexe, mais après tout, le Maître Jedi, c’était lui. Alors il fit signe au Trandoshan et à l’Ark-Ni de le suivre et il les mena dans un pré où paissaient, de l’autre côté de la ferme, à peine une dizaine d’éopies.

J’en avais seize, avant, expliqua-t-il d’un ton dépité. J’en ai retrouvé trois mortes, toutes mutilées. Une qu’a dû prendre peur et qu’a fini les pattes brisées au fond d’un ravin. Et les deux autres, pas de trace. J’ai pris des photos.
Des corps ?
Comme preuves.
Bonne initiative.

Pour l’heure, cependant, le Jedi s’approcha de l’un des animaux, qui vint spontanément fourrer son mufle dans sa main. L’explorateur ferma les yeux. Lui caressa l’encolure. Petit à petit, son esprit se mêlait à celui de la bête. Il la sentait agitée, inquiète, consciente, confusément, d’un danger vague qui l’entourait. Dans un cerveau aussi simple, les souvenirs étaient épars et fugitifs, et Karm ne parvint pas à reconstituer la scène d’une attaque avec beaucoup de précision. Simplement le calme, et puis soudain le cri d’une compagne, le troupeau qui s’enfuit, et cette sorte de terreur d’un degré supérieur : la terreur de l’animal qui a affaire à un prédateur différent de ceux auxquels ses instincts l’ont préparé.

L’éopie poussa un gémissement plaintif et, dans sa langue, l’Ark-Ni lui murmura des propos rassurants, avant de se détacher d’elle pour revenir auprès des deux autres.

’Ffectivement, conclut-il. Y a bien quelque chose.
Parce que vous venez de télépather ma bête, là ?
Totalement.
Faites ça avec les femmes, aussi ? Parce que la mienne, je sais jamais quoi elle pense.
Galdur
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Galdur versa avec la délicatesse relative dont pouvait faire preuve un trandoshan l’eau bouillante dans les deux timbales. Le café en poudre s’y mélangea, créant un liquide noirâtre fumant à laquelle il ajouta un sachet de sucre, avant de pousser doucement la timbale de fer vers son bout opposé de table. Son interlocuteur tendit la main pour la saisir avant de souffler la surface du café et de hocher doucement la tête.

« Je te remercie, Galdur. »

Dex Kinoh avait beaucoup grandi. Lui qui autrefois était un Padawan plein d’entrain, d’impatience, et d’énergie, s’était transformé en un Chevalier Jedi d’un calme sans pareil et d’une grande clairvoyance. Le jeune humain avait fait et vu beaucoup. L’âge avait prit sa dette, et quelques rides apparaissaient sur son visage souriant et paisible. Il était plus âgé que le trandoshan, mais les deux se connaissaient pourtant depuis leur enfance.

« Parle moi d’cette histoire… Et d’pourquoi tu es venu m’voir. »

« Et bien… Compte tenu de nos antécédents et de ta fonction actuelle, tu me paraissais être le candidat idéal.»
« Oh j’vois ! Dès qu’il s’agit d’aller barboter dans la boue et d’s’taper les missions banales, c’est tout d’suite à Galdur qu’on pense ! »


Le visage du Chevalier Jedi traduisit un léger sourire, amusé par le faux agacement de son compagnon. Malgré tout ce qui avait pût se passer, Galdur était toujours fidèle à lui-même. Le trandoshan s’esclaffa en avalant d’un coup net sa tasse de café. Évidemment, il ne pouvait pas s’attendre à être envoyé faire les tâches les plus cruciales compte tenu de sa position. Il repoussa sa timballe et haussa les épaules.

« Alors ca s’ra quoi cette fois. Vous voulez qu’j’aille surveiller une forêt ? Déloger des braconniers d’leur trou ? Peut-être même qu’il s’agira d’ramener quelqu’un ? »

« Pas vraiment. Il s’agirait plutôt d’une alerte de type écologique. A l’origine, je devais me joindre à Maître Torr pour l’occasion, mais j’ai suggéré à mes comparses que tu serais probablement un meilleur individu pour l’opération. J’ai déjà mis au courant Maître Torr de mon retrait en ta faveur. J’ai cru comprendre que vous aviez déjà des opérations communes ?»

Galdur fronça ce qui lui servait de sourcil. Voilà qu’il était intrigué. Si c’était un Maître Jedi que l’on envoyait, ce n’était sans doute pas pour cueillir des cerises. Karm Torr avait déjà rencontré Galdur par le passé, avant son récent pèlerinage sur Trandosha. Il se demandait s' il allait le reconnaître, maintenant qu’il avait trouvé le chemin vers ses racines. Non pas qu’il ait réellement tant changé que cela, mais le look plumes et peintures en avait surpris plus d’un.

« … Mmph. Dit m’en plus… »

--

La navette de transport fit quelques tours en cercle au-dessus de la zone d'atterrissage, alors que le pilote balayait du regard les environs, à la recherche d’un endroit pour se poser. Entre les fermes et les champs cultivables, difficile de trouver un endroit susceptible de convenir sans risquer d’arracher les plantations des locaux et d’attiser leur colère. Tant pis, il allait falloir descendre ainsi. On déploya le câble de descente que le trandoshan s’empressa d’utiliser pour glisser et toucher pied à terre. Il épousseta sa veste, réajusta ses colliers de plumes et crocs avant de faire de grands signes au pilote, qui leva le pouce avant de replier sa navette vers les cieux. Voilà qu’il était livré à lui-même. Sa mission était simple:

Prendre contact avec les locaux, et retrouver Karm au point de rendez-vous. La ferme de ce dénommé… Morille ? Quel curieux prénom, devait se trouver non loin d’ici. En faisant du porte à porte et s’aiguillant à l’aide des natifs, le trandoshan finit par réussir à faire liaison avec le Maître Jedi. Il lui renvoya un sourire plein de dents, les peintures sur son visage et son torse tranchant avec son teint ocre.

« Hey, Karm. Ca f’sait un bail qu’on s’était pas croisé. J’vois qu’on a l’chic pour s’retrouver dans les situations les moins ordinaires, eh ? »

Il avait toujours le Kybuck de la dernière fois aux écuries. En espérant que son apparence quelque peu peu conventionnelle et un poil tribale n’effraie pas les locaux. Galdur s’était en effet déjà ramassé quelques petites remarques un poil désagréable depuis. Non pas qu’il ne pouvait comprendre l’idée de passer pour un sauvage, mais il trouvait légèrement insultant que ce prétexte soit utilisé pour l'imputer d’une quelconque stupidité.

« Réflexion faite, c’mon deuxième plus grand rêve dans la vie. L’premier ça s’rait d’admirer à poil le dit champ d’citrouille. J’ai toujours été un grand romantique après tout. »
plaisanta t-il.

Galdur n’aimait pas le speeder. Non pas que le trandoshan ne les trouvaient guères utiles pour se déplacer, mais il avait toujours le mal des transports quand il en empruntait un. Cette fois n’était pas coutume, son ventre commençait à grogner et il avait des hauts-le-cœur. Foutu modernité. Quand on venait d’un trou perdu où la plus haute technologie, c’était les briquets pour allumer des cigarettes, on était jamais pré-disposé à se faire aux avancées d’ailleurs.

Le moins que l’on pouvait dire, c’était que ce Morille, aussi amusant soit son nom et aussi vieux soit-il, avait un talent certain pour entretenir ses fermes.

Galdur devait le reconnaître, les bêtes semblaient bien nourries et ne devaient pas vraiment souffrir de maltraitance de la part de leur maître. Si l’on excluait les troubles ayant récemment frappés les lieux, cet endroit devait être d’habitude pittoresque et pacifique, garantissant des bêtes bien grasses et des récoltes prodigieuses. Il laissa le Maître Jedi tenir la conversation et les rênes, pour l’instant, se contentant de suivre et d’inspecter les environs de ses yeux, essayant de mémoriser les détails. Si il y avait une chose pour laquelle Galdur était douée, c’était les terrains naturels et les bêtes. Pas étonnant qu’on lui ait proposé la mission. Dex avait raison: Il serait parfaitement à sa place ici. Ses outils et armes clinquant sur lui, Galdur croisa les bras pendant que le Maître s’occupait d’aller… Interroger les créatures ? Pourquoi pas. Les voies de la force étaient nombreuses.

Une fois l’interrogation effectuée, il prit la parole.

« Si les bêtes sont inquiètes, c’est qu’y’a une bonne raison. Pourquoi n’fouillerons nous pas l’habitation d’ce vieux Gringo au préalable ? Peut-être qu’il aurait laissé des traces ou des notes, quelque chose. J’aimerais aussi pouvoir j’ter un oeil aux alentours. Si le bétail a été attaqué par une créature sauvage, y’a forcément des traces qui doivent s’terrer quelque part. »

Il observa Karm et haussa les épaules.

« Karm, on d’vrait profiter d’être encore d’jour pour mener notre investigation. Une fois qu’la nuit tombera, ça sera probablement critique qu’on garde l’yeux bien ouverts et qu’on reste dans les parages, proches d’la civilisation. S’faire prendre d’attaque de nuit loin d’la lumière et des habitants, c’pas le meilleur plan. Peut-être même qu’on trouvera la trace d’une des bêtes d’Monsieur Morille ici présent. En tout cas, si les créatures passent à l’attaque ici, c’est qu’y’a probablement plus grand chose à becter chez Gringo. D’où l’importance d’être de r’tour ici avant ce soir, au cas où quelqu’chose apparaîtrait et qu’on ait pas plus de pistes. »

Un plan relativement simple, mais il fallait bien commencer quelque part. La piste la plus évidente était celle de se rendre sur le lieu où le premier crime avait été reporté. Galdur misait également sur la possibilité de retrouver la trace d’une des têtes de bétail disparue. Même si elle a été tuée et trainée sur le terrain, elle aura forcément laisser des traces.

… Et… Peut-être qu’il arriverait à trouver des excréments. Il était possible de déterminer pas mal de choses à l’aide du caca, aussi dégoutant et immature que cela puisse paraître.

« Sauf si y’a d’aut’ questions à poser à m’sieur Morille bien sûr. »

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Karm Torr
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Yep.

C’était laconique, mais le Jedi avait ponctué les suggestions de Galdur de hochements de tête approbateurs, tout en examinant les environs d’un regard circulaire.

Le vieux Morille se permit tout de même de renchérir :

D’autant plus que je vais pas vous mentir, c’est vrai que si la nuit, vous pouvez être dans les parages…

Il ne finit pas sa phrase, mais les deux autres purent comprendre sans peine que la chose les rassurerait, lui et ses familles.

Laissons le speeder de côté, suggéra l’Ark-Ni. Inutile d’annonce notre présence avec des moteurs ronflants.

Ce serait une précaution inutile, si les mystérieux prédateurs étaient des animaux diurnes qui se tenaient en embuscade, mais dans le cas contraire, les deux hommes s’abstiendraient de les réveiller. Après avoir serré la main du vieux fermier, Galdur et Karm prirent la direction des collines.

Il ne fallait pas beaucoup plus d’une demi-heure de marche pour que le paysage encore accueillant où la ferme des Morille était nichée se laisse gagner par l’aridité : bientôt, il ne poussait plus que des buissons et des herbes rases, sauf quelques arbres dont les silhouettes fines et tortueuses trahissaient la pauvreté du sol.

Le terrain accidenté portait encore des traces de terrassement, datant d’une époque lointaine où le climat avait été plus clément et où des champs s’étaient étagés là, il y a bien des générations par le passé. On pouvait deviner ainsi d’anciennes terrasses de culture, que les éboulements avaient déformées au fil des générations.

Le vieux Gringo n’avait certes pas choisi l’endroit ni le plus arable, ni le plus civilisé pour s’établir, mais ses pérégrinations dans la Bordure Extérieure et l’Espace Sauvage avaient appris depuis longtemps à Karm que parfois, le besoin de la solitude l’emportait chez ceux qui avaient trop vécu parmi le monde.

Au bout d’une bonne demi-heure, les deux explorateurs, arrivés sur la crête d’une colline où se penchait presque au ras du sol un arbre rachitique, purent apercevoir la bâtisse sommaire qui servait de maison au vieux Gringo. On y distinguait nettement que le bas des murs avait fait partie jadis d’anciennes fondations et que Gringo avait rebâti par-dessus, simple pavé de permabéton sans fioriture tout contre le flanc d’une colline, peut-être même en partie troglodyte.

Karm tira ses jumelles pour examiner de loin l’habitation.

Pas de trace de combat, décrivit-il. Des tuyaux qui sortent de la colline, j’pense que c’est une ferme à champignons là-dessous. De toute façon, y a pas grand-chose d’autres qui pousseraient dans le coin. Il a une sorte de basse-cour, je pense.

En effet, un petit enclos grillagé jouxtait la maison.

Le Jedi abaissa ses jumelles.

Mais sans animaux.

Voilà qui n’était guère rassurant.

L’explorateur échangea un regard avec Galdur, puis ils entreprirent tous les deux de descendre prudemment de leur colline, pour rejoindre le petit vallon au bout duquel se trouvait la ferme de Gringo. Ce fut la partie la plus lente de leur progression, parce que l’un comme l’autre examinaient le sol avec la plus grande attention.

Le terrain aride n’était pas le plus favorable pour retrouver des traces, mais tout semblait indiquer qu’à part les rongeurs et les insectes, personne n’était passé dans les environs depuis un bon moment. Quand enfin ils parvinrent à la porte de Gringo, il leur parut qu’il régnait là le plus grand des silences.

Par précaution, Karm décrocha son sabre laser de sa ceinture, avant de pousser la porte, qui s’ouvrit dans un grincement. À l’intérieur, la poussière volait dans les rayons de soleil qui tombaient des fenêtres. L’habitation à proprement parler n’était composée que d’une seule grande pièce : d’un côté, la cuisine, toute entière encastrée dans un mur, et puis une grande table, et un peu plus loin, deux fauteuils et un vieux canapé. Derrière un rideau à demi-ouvert, on distinguait un lit, qui achevait de compléter tout le confort spartiate des lieux.

L’essentiel du bâtiment était occupé en réalité, au-delà de la porte du fond, d’une réserve d’outils et de matériaux, puis d’un tunnel qui s’enfonçait dans la colline, où se trouvait la champignonnière.

Le Jedi s’approcha de la table, encombrée de tout un bric-à-brac : des pièces détachées pour humidificateur, de petits fossiles que Gringo avait dû trouver dans les environs, une poignée de fruits à coque, des couverts, un datapad, une vieille vibrolame de chantier, quelques crédits éparpillés.

Presque déchargé, murmura le Jedi en extrayant du lot le datapad.

Il l’alluma et l’écran afficha le titre d’un livre électronique, que le jeune Maître lut à haute voix :

Histoire de la sculpture humaine et proche-humaine, par le professeur Nogo Tokami de l’université d’Alderaan.

Puis l’appareil grésilla avant de s’éteindre, à court de batterie.

J’veux pas faire dans le préjugé culturel, mais c’t’une étrange lecture pour un vieux fermier à moitié ermite de Firrere.

Il n’en rangea pas moins le datapad dans son sac, avec l’espoir de le rebrancher une fois revenus à la ferme Morille, ce soir-là.
Galdur
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Le moins que l’on puisse dire, c’était que la ferme ne payait pas de mine. Jusqu’ici, il ne semblait y avoir aucune trace qui aurait pu soupçonner quelconque drame. Voilà qui n’arrangeait pas les affaires des deux. Galdur mâchait son tabac en observant les environs d’un regard inquisiteur. Qu’est ce que c’était que cette histoire, si il y avait de dangereuses choses ici, comment est-ce qu’elles avaient pu mettre à sac les lieux sans provoquer le moindre combat ?

« Oooooh. Ca m’dit rien qui vaille cette histoire Karm. On a vraisemblablement pas affaire à de simples prédateurs. N’importe quelle bestiole aurait chiée dans le coin pour marquer son territoire ou en tout cas laisser une piste. »

Il emboîta le pas du maître Jedi dans l’intérieur de la ferme. Cela ressemblait un peu à son propre quartier à l’écurie du Temple Jedi. Confort sommaire, pas de prétention. Ouaip, c’était bel et bien un type de la campagne qui vivait à la mode habituelle. Les deux se séparèrent pour investir l’habitation, Galdur s’intéressant à la cuisine. Il ne trouva pas grand chose de très intéressant, sinon ce qui semblait être des salaisons locales stockées dans des paquets de tissu dans un placard. Sûrement, personne ne lui en voudrait si quelques-unes disparaissent, n’est-ce pas ? Le trandoshan se permit d’en attraper une et de croquer dedans, mâchant le saucisson en continuant d’inspecter les lieux.

« En tout cas, elles sont terribles ses salaisons mmh. T’en veux une ? »
laissa t-il échapper en indiquant le paquet de charcuterie dans le placard.

La chambre révéla la présence d’un datapad. Qui s’intéresserait à ce genre de sujets si spécifiques ? D’autant plus de la part d’un agriculteur local ? Non pas que Galdur se sentait de critiquer les facultés intellectuelles du vieux Gringo, mais les gens de ce domaine étaient rarement des littéraires avisés ou des étudiants en art. Bon… Lui ne savait pas vraiment lire le Basic… Donc il était mal placé pour se l’ouvrir.

« Ouais… C’est pas vraiment not’ genre ce genre de trucs. C’est suspect. C’qui est bizarre, c’est qu’y’a pas d’traces de luttes en plus… Genre… Il aurait emmené son bétail loin d’ici de lui même ? Ou l’aurait offert ? »

Très étrange cas. Galdur fit signe à Karm qu’il sortait afin d’aller inspecter les enclos et espaces des bêtes, après tout, c’était plus son dada. L’exploration et l’observation des champs dédiés au bête ne révéla rien de bien anormal. Elles étaient nourries sur une base régulière, même si la nourriture commençait à tourner. Les bouses étaient sèches, et pour la plupart ne révélaient pas grand chose sinon l’alimentation relativement normale des bestiaux. Il s’aventura dans le cabanon de rangement des outils, et y trouva fourche à crottin, pelles, brouettes, et autres standards d’outillage des fermes.
Un détail attira son attention sous l’un des racks d’outils. Il en tira ce qui ressemblait à une sorte de piège à ours un peu rouillé qu’il dépoussiera et actionna les mâchoires. Par la déesse, ce truc était bien plus gros qu’à l’accoutumée. Est-ce qu’ils avaient l’habitude de gros prédateurs dans les environs ? Sous le rack s’en trouvait une petite collection. Le trandoshan en revint à l’habitation, son large piège à ours dans les bras.

« Regard’ moi la taille d’ce truc ! Ha ha ! Soit l’vieux Gringo était superstitieux, soit il y a des gros trucs qui rôdent dans le coin. J’sais pas si y’a des pièges du genre armés autour d’sa ferme, mais il en a une réserve au niveau des enclos à bêtes qui sont désarmés. On dirait qu’sa vigilance est retombée.»

Il inspecta le piège, le referma et le glissa dans son dos. Il allait le garder pour l’instant, qui sait, cela pourrait être utile tôt ou tard. Le Ranger se dirigea par la suite vers le tunnel de la champignonnière. Mince, ce tunnel était pas bien grand et Galdur manqua de se cogner la tête en regardant à l’intérieur.

« Bon… Allez voir c’qui s’passe là dedans. Fait gaffe, c’est étroit et sombre là-dedans, si y’a un machin qui s’planque plus loin, il aura un angle parfait d’attaque sur nous. Tu passe d’vant où tu veux que j’joue l’éclaireur ? »

Forcément, les champignons avaient besoin d’être dans un endroit humide loin de la lumière du soleil.
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Karm Torr
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Pendant que Galdur faisait le tour du propriétaire à l’extérieur, Karm, après avoir refusé comme à son habitude la viande qu’on lui proposait, se chargeait d’inspecter le reste de l’habitation principale. C’était à la poussière qu’il s’intéressait surtout, une alliée précieuse pour les investigations dans une région aussi aride : elle se déposait partout, fine et jaunâtre, et trahissait ce qu’on avait utilisait récemment, et ce qui dormait là depuis un moment.


L’inspection était donc méticuleuse, minuscule, même. Karm grimpa sur une chaise pour prendre comme point de référence le sommet d’une étagère, afin d’examiner le reste. Le lit, surtout, lui parut riche d’enseignements : les draps étaient défaits et une pellicule de sable des collines les recouvrait, signe que son propriétaire n’y avait pas dormi depuis au moins plusieurs jours.


Je passe devant, proposa le Jedi quand il fut question d’inspecter la champignonnière.


Bientôt, le petit tunnel était éclairé par la lumière d’un shoto à lame verte, qui jetait son éclat d’émeraude sur les murs creusés dans la colline, puis renforcés avec des plaques de duracier. Quelques mètres plus loin, la galerie se terminait sur une lourde porte du même métal.


Hé ben voilà quelque chose de pas commun, observa l’explorateur, avant de se plaquer contre la paroi, pour que Galdur puisse jeter un œil à la porte à son tour, malgré l’étroitesse du couloir.


On avait soudé ensemble le battant et le montant. Le travail était rudimentaire, fait probablement avec les moyens du bord, mais l’intention était claire : empêcher qu’on pénètre dans la champignonnière. Ou bien empêcher quelqu’un d’en sortir. Karm passa son pouce sur la soudure.


Pas trop usé, ça doit être relativement récent. OK, commençons par…


Sans finir sa phrase, il posa sa main contre le battant de la porte, ferma les yeux et se concentra sur la Force. Ce qui le frappe d’abord, ce fut bien sûr la présence de Galdur tout près de lui, mais il poussa son esprit à embrasser d’autres formes de vie tout autour d’eux, en quête de ce qui se trouvait au-delà, sous la colline.


Personne, finit-il par murmurer, avant d’apporter toutefois une précision prudente : ’fin, a priori, quoi.


Fort de cette conclusion à demi-rassurante, le Jedi entreprit d’enfoncer le shoto incandescent dans la soudure. Laborieusement, il parvint à la fondre et à dégager la porte. À peine ouverte, elle laissa s’engouffrer dans le couloir une légère odeur de pourriture. Karm troqua son shoto contre son sabre et fit un pas à l’intérieur de la ferme à champignons.


Après avoir tâtonné sur le mur à côté de lui, il actionna l’interrupteur. Plusieurs fois. Sans succès.


Pas d’aération non plus, nota-t-il.


Les deux hommes longèrent les immenses bacs à champignons qui occupaient la quasi totalité de cette caverne artificielle dont les dimensions restaient difficiles à déterminer. Une partie de la récolte était définitivement perdue, faute d’une atmosphère suffisamment renouvelée, et c’était ce qui expliquait l’odeur.


Au bout de cinq minutes, ils parvinrent à la paroi d’en face et, en la longeant, ils tombèrent sur le groupe électrogène et le panneau de contrôles qui gouvernait la lumière, l’humidification et la ventilation. Quelqu’un avait sectionné, manifestement à la vibrolame, les principaux câblages.


Dis donc, souffla l’Ark-Ni, ils ont passé leur brevet d’électricien, les prédateurs, dans le coin…


Une dizaine de mètres plus loin, la semelle de Karm roula sur quelque chose. Il se pencha pour ramasser l’objet et le tenir dans l’éclat de son sabre.


Euh… Certes…


C’était une sorte d’arabesque en pierre, assez fine, presque un filament, d’une trentaine de centimètres, qui paraissait avoir été brisée d’un ensemble plus vaste. Karm la retourna dans tous les sens pour tenter d’en comprendre l’origine, voire l’utilité, sans succès. Alors, après avoir interrogé Galdur du regard, il finit par ranger l’étrange objet dans sa poche.


Le reste de l’exploration ne révéla rien de plus extraordinaire que des régions de champignons avec une triste mine. Tout du moins jusqu’à ce qu’ils ne parviennent au bout du mur est de la caverne. Là tombait un rayon de soleil par une trouée dans le flanc de la colline. Contrairement aux puits d’aération, elle avait été trouée de façon rudimentaire. Avec les moyens du bord.


On dirait que quelqu’un X a enfermé quelqu’un Y, et que quelqu’un Y s’est frayé un chemin hors de son piège, seul ou avec un peu d’aide de l’extérieur.


Ou alors ils avaient affaire à un prédateur animal fort singulier dont la physiologie avait de quoi laisser songeur.


Allons faire un tour de l’autre côté, sur le flanc de la colline, pour voir s’il reste des traces de sortie.
Galdur
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Pfouah ! Quelle odeur ! Les narines du trandoshan picotaient alors que les relents d’humidité et de champignon lui parvinrent en pleine figure. Cela dit, il se rendit aussi compte qu’il était fort mal informé sur ce que les Jedis pouvaient faire. Comment est-ce que Karm pouvait affirmer avec certitude qu’il n’y avait personne ? Encore un mystère de la Force qui venait de s’additionner avec tous les autres.

« Depuis quand t’sais faire ça… Aaaah bon. Pas grave. De toute façon j’pense pas que ce soit un mensonge. Tu veux d’l’aide pour la serrure ? J’suis sûr que j’peux la casser en -»

Il observa le sabre laser faire fondre le métal et interrompit sa phrase. Mmh. Oui, oui, très bien. Cela fonctionnait aussi et cela avait le mérite d’être moins bruyant que de fracasser la porte à coup d’épaule ou de pied. Il n’était pas non plus des plus à l’aise avec ce bâton de la mort qui se pavanait à côté de lui. Après en avoir reçu plusieurs coups à de multiples occasions, Galdur pouvait affirmer qu’il n’était pas vraiment un grand fan de l’objet.
L’exploration de la champignonnière révéla des éléments d’autant plus étranges qui vinrent directement contribuer à épaissir l’énigme du lieu. Définitivement, le sabotage du système électrique avait été effectué par une forme de vie intelligente, probablement avec des outils. A moins que ce ne soit une créature avec des ciseaux à la place des mains.

« Hmmm… Tu penses que le vieux ou quelqu’un d’autre aurait été piégé dans les environs ? Ça collerait avec l’idée qu’il n’ait pas foutu les pieds dans son salon depuis un moment. Mais ça voudrait dire aussi qu’le truc qu’on chasse est assez intelligent pour piéger les gens… Baaah… C’est pas vraiment le commun des bestiaux si je puis me permettre. »

Galdur avait la conviction que la chose ou les choses qui rodaient dans les parages n’étaient pas de simples prédateurs, de simples animaux à l’intelligence certes présente, mais relative. D’un coup, la chasse paraissait plus excitante ! Il gagnerait sans doute plein de points de Jaggannath ici. La Déesse serait ravie.

« Direction la colline donc… Hmph… En route ! »

Le trandoshan ne pouvait clairement pas passer dans la trouée, trop imposant. Aussi il fut contraint de sortir par l’extérieur pour faire le tour. Plein de ressource était celui qui avait réussi à s’échapper ainsi. Mais il se demandait tout de même qui avait été le prisonnier. Gringo ou la créature ? Qui était le chasseur, qui était la proie. Pour l’instant, il paraît plus du principe que Gringo avait été la proie, mais il n’avait aucune confirmation.

« Hey… Attention à l’herbe ! Faut éviter d’trop marcher. Si y’a un truc assez lourd qu’est passé dans l’coin… On peut détecter sa direction en observant les brins cassés et aplatis. C’pas des traces de pas dans la boue, mais ça peut donner un bon indicateur… »

Des petits trucs de chasseur, que l’on apprenait sur le tas généralement, mais qui pouvaient se révéler être très utiles.

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Karm Torr
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Clairement pas, non, abonda le Jedi quand son coéquipier souligna qu’ils n’avaient pas affaire à un animal ordinaire. Que ce soit Gringo qui ait été enfermé ou lui qui ait jugé utile d’enfermer on sait pas trop quoi, de toute évidence, c’est pas une attaque de chien de prairie.


Du côté de la colline, des traces cette fois-ci manifestes venaient confirmer leurs conclusions. Pas de mystère sur ce point-là : de l’autre côté de la trouée, l’herbe sèche et jaunâtre était couchée assez régulièrement, à peu près sur la largeur d’un homme, et parfois elle était constellée de sang. On n’avait traîné quelqu’un et la piste était facile à suivre.


Karm échangea un regard avec Galdur, puis les deux hommes se mirent en route, prudemment, le regard parfois posé sur l’herbe, pour être certains de ne pas manquer le moindre changement de direction, et d’autre fois promené aux alentours, au cas où un prédateur ne surgisse pour les attaquer à leur tour.


Le vent bruissait entre les collines, des insectes craquetaient dans le sol, et tout ce paysage eût été bucolique s’ils n’avaient été occupés à suivre les traces d’un homme certainement déjà mort. Pourtant, soudain, la piste devenait plus confuse. C’était de l’herbe brisée de tous les côtés, ici des pas, là à nouveau des espaces entièrement écrasés, et le sang s’était fait plus abondant.


Un combat, murmura Karm, en contournant prudemment l’étendue que ces indices circonscrivaient. Gringo a dû reprendre conscience. Essayer de se soustraire à son agresseur. Regarde.


Ça, c’était bizarre.
Enfin, plus bizarre encore que le reste.


Du doigt, l’explorateur désigna l’endroit où l’on comprenait nettement que le corps de Gringo s’était relevé. On voyait les traces de pas de la personne qui le traînait, en tout cas du bipède, et celles, plus larges, plus lourdes, du vieux fermier. Mais sur tout le reste de la zone de l’affrontement, il n’y avait plus que les pieds de Gringo, comme si son adversaire s’était brusquement volatilisé.


Quelque chose avec des ailes, suggéra l’Ark-Ni ? Ou bien une sorte de métamorphe.


C’était les deux explications qui lui paraissaient les plus plausibles, quoique la seconde suggérait une espèce encore plus rare que la première.


Dingue parce que les premières traces de pas ont vraiment l’air humaines… Les gens avec des ailes, généralement, c’est pas tellement du côté des primates qu’on les trouve. Remarque que ça pourrait être un jet pack.


Même si la présence d’une pareille technologie dans un endroit aussi reculé aurait en soi quelque chose de merveilleux.


En tout, ce qui sautait aux yeux, c’était qu’une dizaine de mètres plus loin, Gringo avait été rattrapé. On pouvait déduire qu’il avait été à nouveau couché dans l’herbe, et alors il n’y avait plus de signes de combat. Mais en revanche, les traces de pas, celles de l’autre, plus petites, reprenaient, et à nouveau le corps du fermier était traîné vers l’endroit où les collines, au loin, se réunissaient les uns aux, où elles devenaient plus rocheuses aussi, pour former une sorte de canyon désertique presque dépourvu de toute végétation.


Deux hypothèses. Ou bien Gringo trempait dans des trucs louches, s’est mis mal avec des gens pas recommandables et on lui fait payer tout ça. Peut-être, je sais pas… Des champis hallucinogènes ? Après tout, un endroit reculé comme ça, c’est pas trop mal pour se lancer dans ce genre de culture. Soit c’est plutôt un prédateur, OK, un prédateur hyper bizarre, qui a pour habitude de faire des réserves de bouffe. Ou a des petits à nourrir.


La première hypothèse avait ceci de vaguement réconfortant qu’elle laissait plus d’espoir sur le fait que le paysan puisse être encore en vie.


Dans tous les cas, on a pas jugé utile de le tuer tout de suite, c’est donc qu’on attendait quelque chose de lui.


Ou bien Gringo avait-il découvert quelque chose dans ces collines, qui vaille la peine qu’on le capture pour l’interroger ? Karm secoua la tête pour chasser ces conjectures à ce stade inutile et prit le chemin du canyon. Au bout de quelques pas à peine, les yeux fixés au sol, il s’arrêta brusquement, s’accroupit et effleura du bout des doigts l’herbe rase.


T’as vu ? On dirait que certains brins sont… un peu transformé en pierre.


Difficile à expliquer autrement : là où les autres étaient jaunes, presque comme de la paille, d’autres, plus rigides et plus durs, avaient un teint en partie grisâtre. Karm en brisa un précautionneusement, et il peut l’effriter en partie entre ses doigts.


Chelou fut son diagnostic de professionnel de la nature face à cet étrange phénomène et, par acquis de conscience, il le photographia avec son datapad, avant de collecter un nouvel échantillon.


La piste n’offrait guère plus d’indications, alors ils reprirent leur chemin vers le canyon, où selon toute apparence leur cible, quelle qu’en fût la nature, avait dû se fortifier.
Galdur
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« Hmm… Peut être une sorte de mucus ou bien d'substance acide ? Parfois certaines bestioles libèrent c'genre de produit. Ça aurait fait réaction avec l'herbe ? P't'être que c'était pas si parano d'avoir ces pièges à dents dans sa baraque… »
tenta t-il.

Tout ce sang ne lui disait rien qui vaille. A vue de nez cela ressemblait beaucoup à un prédateur qui aurait traîné une proie blessée ou morte vers son nid. Autrement dit, les choses devenaient soudainement plus funestes pour le fermier, mais au moins ils avaient une piste beaucoup plus sérieuse désormais. Impossible d'expliquer ces étranges brins d'herbes cependant, il n'avait jamais vu de phénomène pareil. Pour l'instant, Galdur se contentait de suivre, réservant ses paroles et ses pensées. Le Trandoshan préférait éviter les jugements hâtifs dans ce genre de traque. Mais il devait reconnaître que Karm avait l'œil. En chemin et alors qu'ils poursuivaient la piste, il toussota et parla.

« Tu sais maintenant que j'y pense… C'pas la première fois qu'on se r'trouve à faire équipe mais j'me rends compte qu'on a jamais vraiment prit l'temps d'se parler. Je veux dire… T'sais, de faire connaissance quoi. »


Autant profiter du moment de répit pour échanger. Même s' il restait naturellement concentré sur la chasse et gardait l'œil ouvert. Il était vrai que les deux n'avaient jamais vraiment pris l'opportunité pour échanger un peu, trop concentrés qu'ils étaient sur leur travail en temps habituel. Mais avec les évènements récents qui étaient intervenus dans sa vie, Galdur s'était rendu compte que ce genre de questions lui importait. Même si le moment n'était peut-être pas le plus approprié.

« C'marrant quand même. T'sais, au fond j'crois que le conseil ne m'a jamais vraiment aimé. Paraît que j'ai une mauvaise influence sur les jeunes et que j'suis trop en conflit avec l'code Jedi. Et pourtant, m'vla à galoper les plaines avec l'un des leurs… Dit moi, est-ce que t'crois en la providence et au destin ? »
interrogea t-il.

La question pouvait paraître étrange, mais elle était assez intéressante pour Galdur. Non seulement cela faisait généralement une bonne question d'accroche pour ouvrir une conversation, cela révélait aussi souvent des choses sur l'interlocuteur. Il s'attendait à une réponse en rapport avec la Force naturellement, comme souvent les Jedi avaient tendance à vivre par cette dernière.

« T'sais, plus le temps passe et plus j'me dit- »


Il s'interrompit brutalement, se redressa et sembla fixer du regard l'horizon. Galdur était persuadé d'avoir aperçu quelque chose, un peu au-dessus d'eux, dans les sentiers en légère surhauteur. Ou plutôt, à défaut d'avoir réellement observé une silhouette ou un élément inconnu, il avait perçu une différence notable sur le spectre thermique des environs. Cela pouvait tout à fait être une conséquence de la température ambiante ou d'une exposition au soleil, mais à cette heure du jour cela paraissait très étonnant. Cela pouvait être aussi peut être une source non naturelle mais ici ? Au milieu de rien ? Il ne dit pas un mot et se contenta de lever la main avant de l'agiter en direction de son observation, s'abaissant légèrement dans sa course comme dans la crainte de se faire repérer. Son chemin le guida vers ce qui ressemblait à des rocheuses à flanc de colline, d'où semblait émettre l'anomalie.

« Y'a quelque chose ici… J'en suis sûr. »


Cet indice l'emmena droit vers ce qui semblait être une sorte de trou dans les rocheuses, marquant l'entrée de ce qui devait être une sorte de caverne. Les yeux de Galdur ne l'avaient pas trompés. L'émanation de chaleur au milieu de cette pierre et du sol de température ambiante semblait émettre de ce qui ressemblait à une étrange matière gluante rose qui recouvrait les pierres de l'entrée de la grotte. Bien à l'ombre, la matière faisait tâche, aussi bien en apparence que en spectre thermique. Le trandoshan tendit un doigt qu'il planta dans la matière avant de le soulever, le slime élastique formant des filaments et s'étirant dans le mouvement avant de rompre. Reniflant la chose à la recherche d'un élément de comparaison, il tendit la langue et se lécha le doigt, goûtant la matière avant de la recracher aussitôt.

« Pouah ! Dégueu. Rien que j'connaisse déjà. On dirait une espèce de euh… pâte. Ça a un goût horrible, et c'est ultra âcre. Donc j'partirai sur l'idée qu'c'est des déchets corporels d'une créature. »


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Karm Torr
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On se connaît surtout de réputation, oui, reconnut le Maître Jedi. Dommage, à vrai dire, dans la mesure où on est en gros dans le même genre de carrière.

Physiquement, c’était le jour et la nuit, et ils formaient un duo improbable sur ces collines de plus en plus désertique, mais les deux hommes partageaient beaucoup. La nature qu’ils savaient lire, le sens de la traque, un certain désir d’indépendance.

Un sourire se dessina sur les lèvres de l’Ark-Ni.

Oh, j’suis pas membre du Conseil, rassure toi. Et j’ai des relations en demi-teinte avec eux. Je crois.

En la matière, il n’était plus trop sûr de rien. Il y a quelques années, il aurait volontiers dit que le Conseil ne l’appréciait guère. Trop excentrique. Sa relation avec Luke, ses idées atypiques sur la Force, les préceptes étranges qu’il transmettait aux Padawans, tout cela ne jouait pas en sa faveur. Mais on ne lui en avait pas moins confié l’Enclave de Dantooine, et même si Karm n’était pas très versé dans l’art délicat de la politique, il comprenait que sa popularité d’année en année plus grande auprès des autres Jedis incitait même les plus réactionnaires à le traiter avec considération.

J’sais pas exactement ce qu’on te reproche, à vrai dire, mais il y a bien des manières de l’interpréter, le Code Jedi. Pour qu’une religion soit vivante, il faut que ses textes sacrées se prêtent à des regards un peu diversifiés. J’imagine que la tentation est forte, quand on est au Conseil, de figer tout ça, d’arrêter une doctrine, d’effacer une partie de l’histoire qui cadre mal avec. Mais perso, j’suis plutôt partisan d’une certaine pluralité.

Plus jeune, il avait cru être isolé de ce point de vue, mais il s’était rendu compte petit à petit que ses opinions étaient en partie partagées, parce que les temps de crise qu’ils traversaient tous, et qui, pour les gens de sa génération, avaient constitué presque l’intégralité de leur vie au sein de l’Ordre, invitaient à reconsidérer les acquis.

Cela dit, je crois pas vraiment à la destinée. Je crois que la Force peut nous mener là où on doit aller, mais pas dans le sens d’une main qui serait en train de nous pousser sur un sentier tracé pour nous de toute éternité. Plutôt… quand tu sais écouter la musique, tu arrives à danser en rythme. Tu vois ce que je veux dire ? Il y a de la grâce dans le hasard aussi.

Mais cette délicate discussion théologique fut interrompue par une nouvelle découverte. L’examen de la substance ne leur en apprit pas beaucoup plus, et Karm en préleva un échantillon, qu’il glissa dans son sac.

J’imagine que c’est l’heure de faire un peu de spéléologie.

Le Jedi tira ses lunettes de vision nocturne de son kit d’exploration, les ajusta sur sa tête et pénétra le premier dans la caverne. Elle n’était pas très grande, mais elle se termina en un goulot et de là une galerie partait qui s’enfonçait à l’intérieur de la falaise. Leur piste n’était pas difficile à suivre : à plusieurs endroits, l’excrétion mystérieuse renvoyait sa signature thermique bien particulière, et il suffisait de se laisser guider.

Ils avançaient prudemment. Pendant près d’un demi-kilomètre, le souterrain serpentait dans la roche. En chemin, ils ne croisaient guère que des insectes et des vers qui rampaient le long des murs, créatures aveugles qui menaient là une vie paisible et sans véritable prédateur. Plus les deux explorateurs progressaient, plus la chaleur devenait moite : dehors, les collines avaient été séchées depuis longtemps par le soleil, mais là, l’eau perlait parfois sur les murs de pierre.

Au bout d’un moment, ils purent entendre le bruit caractéristique d’une rivière souterraine qui se répercutait en écho le long des boyaux rocheux, et il sembla à Karm qu’ils ne devaient pas été très loin d’une cavité plus grande. Or, en effet, après quelques centaines de mètres, les deux camarades débouchèrent sur un petit promontoire qui dominait une nouvelle caverne, dont les dimensions cette fois-ci semblaient considérables.

Pour plus de sécurité, Karm se mit à plat ventre, avant de retirer ses lunettes pour observer les environs. Car en effet, tout indiquait que la caverne avait déjà été visité, et en particulier les lampes sur trépieds installées à intervalles réguliers, qui diffusaient une lumière blafarde aux environs.

De là, on pouvait reconnaître les lieux : il y avait bien une rivière, qui sortait d’une fracture étroite dans la roche, venait abonder un large bassin irrégulier, avant de disparaître dans la paroi opposée. L’eau devait jaillir plus bas d’une source chaude, parce que le bassin semblait dégager des vapeurs de souffre brûlantes.

Il y avait deux caisses de transport usées, posées dans un coin, et des marques avaient été faites à la peinture un peu partout, à la fois du côté des fissures par où s’écoulait la rivière et autour du bassin. Après les avoir examinées aux jumelles, le Jedi chuchota :

J’ai l’impression que quelqu’un avait l’intention de se lancer dans des travaux hydrauliques. Boucher le bassin, augmenter le débit de la rivière. Doit y avoir une entrée plus pratique que celle qu’on a prise. Peut-être que notre fermier cherchait des solutions d’irrigation.

En tout cas, les travaux n’étaient pas allés beaucoup plus loin que la simple reconnaissance. Karm reporta son attention sur le bassin lui-même.

Je crois que y a quelque chose dans l’eau, souffla-t-il. Possiblement des œufs.
Galdur
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>Une caverne humide. L'endroit idéal pour profiter d'un somme loin du soleil sec de midi, et le genre d'endroit convoité par de nombreux animaux. La prudence était de mise. Ce genre de grottes pouvaient regorger de faune et de flore potentiellement dangereuses, et bien que ce n’était pas des vers aveugles qui allaient leur causer du tort, mieux valait prévoir l’opportunité d’attaque. Au moins, ils avaient un chemin relativement dégagé vers la sortie si les choses tournaient mal.

« Hmph. Attention. C’est p’têtre l’antre d’une créature. On n’veut pas avoir de mauvaises surprises. »


Il le suivit en restant attentif aux signes environnants qui pouvaient trahir la présence de quelconque créature. Mais à l’exception des vers et des bestioles endémiques du coin, il ne semblait pas y avoir de danger imminent. Quel étrange endroit, ce n’était pas banal de trouver ce genre de cours d’eau, et encore moins quand ces derniers semblaient être aussi chauds… Hmm… Intéressant. Mais encore plus intéressant était le matériel qui avait été entreposé ici. Peut-être que c’était ici que le fermier avait fait une mauvaise rencontre… Mmh… Mais il n’y avait pas de sang ou de traces de luttes apparentes…

« Des oeufs tu dis ? Eh… Laisse moi r’garder. »


Il se pencha pour inspecter la surface de l’eau… En effet, il se trouvait d’étranges sacs accrochés au sol et contre les parois du bassin. On aurait dit de petites capsules gélatineuses. Galdur se mit en tête d’essayer d’en attraper quelques-uns afin de les identifier. Mmh… Mais le trandoshan restait hésitant à l’idée de plonger la main dans ce qui pouvait être très chaud… Il récupéra à la place sa sarbacane qu’il assembla avant de la plonger dans l’eau et de s’en servir comme d’une baguette dans l’espoir de réussir à faire remonter quelques-uns de ces étranges œufs… Ce n’était pas vraiment l’idéal mais il parvint à obtenir deux trois de ces sacs gélatineux qu’il attrapa aussitôt avant de jongler un peu avec par réflexe.

« Ouh ouh ouh ! Chaud chaud chaud ! »


A l’air libre, cela se calma rapidement et lui permet le luxe d’observer les choses dans le creux de sa large main. C’était… Mou, pour le moins que l’on puisse dire. Transparent, en dépit de sorte de petites fibres rosâtres qui semblaient se trouver au milieu. Galdur fronça les sourcils et chercha dans sa mémoire. Mince, il avait déjà vu ce genre de choses… Sur Trandosha, pas loin d’une mer…

« … Des oeufs d’méduses ? D’puis quand les méduses vivent en eau douce et dans c’genre d’endroits… C’est même pas comme si y’avait d’quoi s’nourrir dans ces vieux points d’eau… »
expliqua t-il.

Cela ne pouvait pas être ce qu’ils cherchaient. Même si en même temps, il était difficile d’ignorer que la piste pointait vers cette possibilité, en particulier avec le matériel qui avait été déposé ici. Et puis, si il y avait des oeufs ici, cela signifiait que Papa ou Maman étaient forcément dans les parages non ? Ils n’avaient pas accès à l’intégralité du bassin, mais… Il jeta les oeufs à l’eau aussitôt.

« … Eh Karm. J’sais pas vraiment c’qui s’passe ici mais à en juger par l’matos, notre disparu est passé par ici. J’ai p’têtre un plan, mais ça implique d’attendre un peu le coucher de soleil et de se mettre en embuscade dans les environs. Vraisemblablement, si un truc vis ici… Ben il doit pas aimer beaucoup l’air extérieur ou l’soleil. La plupart des bestiaux sont nocturnes… Donc… Si ça se cache plus loin dans l’bassin… Peut-être que ça sortira par la fraîcheur arrivant pour chercher d’quoi s’nourrir ? Ces foutus oeufs ont pas été pondus tous seuls, et ça ressemble vraiment à rien d’ce que je connais déjà. C’est louche. »


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Karm Torr
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Tout à fait d’accord.

Karm s’était lui aussi penché sur les œufs, mais il n’en avait pas tiré plus de conclusion que son camarade.

Manifestement, le truc est dangereux, et même si Gringo était pas de première jeunesse, ça a l’air d’être un bonhomme combatif, donc faut s’attendre à de la résistance.

Ils avaient pris le chemin de la sortie.

Par ailleurs, ben… Faut voir aussi ce qu’on décide de fort. D’accord, y a eu une attaque, mais c’est pas forcément pour ça qu’on va zigouiller ce qui est peut-être une espèce rare. Vu le caractère inhabituelle de la chose, on a peut-être affaire à une créature qui a été déplacée de son écosystème ordinaire, d’une façon ou d’une autre, et qui est obligée de s’adapter à son nouvel environnement.

Sans doute le scénario qui se dessinait petit à petit trahissait un certain degré d’intelligence, mais Karm préférait se garder de tirer des conclusions hâtives. Peut-être avaient-ils affaire à une espèce sentiente, et par conséquent responsable de ses crimes, quelqu’un qui, en observant Gringo travailler autour du bassin, avait été capable d’en déduire ses intentions. Peut-être était-ce tout simplement un prédateur qui avait repéré sa proie et l’avait suivie jusqu’à chez elle.

Le Ranger et le Jedi étaient revenus à l’air libre et ils passèrent un moment à chercher un poste d’observation convenable. Avec quelques efforts, un éboulis rocheux non loin de là pouvait faire office de cachette convenable. Une fois installés, ils prirent soin d’écraser des herbes et des déjections séchées d’animaux du coin pour couvrir leur odeur. Il ne restait plus qu’à attendre.

La vie d’explorateur apprenait la patience. Ici, c’était le temps que la marée se retire, là, que la bête sorte de sa tanière. On attendait le bon moment de la journée ou la bonne saison. Pour les grandes comme pour les petites choses, la nature avait ses propres rythmes. Les yeux mi-clos, appuyé contre un rocher, Karm en profita pour faire le vide dans son esprit. Chasser les théories à demi-formées qui ne pouvaient qu’influencer son jugement.

Le soleil commença à décliner, puis la nuit tomba. Des insectes s’étaient réveillés dans le canyon pour produire un crissement au rythme répétitif. Le vent s’était levé lui aussi : il s’engouffrait entre les deux falaises de pierre avant de se répandre sur les collines. Pendant une bonne heure encore, ils attendrirent sans que rien ne vint.

Et puis, sous la clarté de la lune et des étoiles, les deux hommes purent distinguer une silhouette humanoïde qui émergeait dans la caverne. Elle était même plus qu’humanoïde : elle était humaine, féminine, et d’une beauté singulière. La description même qu’on leur avait donné de la mystérieuse étrangère qui était apparu dans la vie de Gringo.

Par acquis de conscience, Karm se concentra un instant dans la Force, pour approcher l’esprit de la créature, mais il n’eut pas la facilité qu’il avait d’ordinaire avec les animaux. Aussi murmura-t-il à son compagnon :

Sentiente.

Ils n’avaient donc plus affaire à un fauve, mais à une criminelle, dont les motivations demeuraient mystérieuses. Avait-elle tué elle-même Gringo ou dressé une bête pour le faire ? Était-elle innocente, ce qui paraissait peu probable ? Et ces œufs de méduse, quel intérêt avaient-ils pour elle ?

La femme resta pendant un moment debout sur le seuil de la caverne, le regard perdu dans le vide, comme quelqu’un qui ne sait pas où aller. Puis, d’un pas décidé, elle prit la direction qui menait hors du canyon aride et en direction des collines. Galdur et Karm lui laissèrent une bonne avance, avant de commencer à la pister.

Il devint vite évident qu’elle prenait le chemin de la ferme de Gringo. Si elle allait plus loin, en direction de celle du paysan et de sa famille qui vivaient encore, alors il faudrait sans doute intervenir sans tarder. Mais pour l’heure, rien ne pressait. Ils cheminèrent ainsi un bon moment dans les collines. Plus d’une fois, leur cible s’arrêtait, balayait l’horizon du regard, longuement, avant de reprendre la route, et Karm commença à soupçonner que ses sens étaient peut-être rudimentaires et qu’elle avait besoin de ces fréquentations stations pour reconnaître son environnement.

Enfin, elle était parvenue à la ferme de Gringo. Ils s’aplatirent sur une colline et Karm sortit ses jumelles d’explorateur, dont il activa la vision nocturne. De la sorte, il put la voir disparaître dans la ferme. Un petit quart d’heure plus tard, elle en ressortait avec une bassine remplie à ras-bord de champignons.

On est manifestement loin de son environnement habituel, chuchota Karm, et c’est peut-être le bon moment pour tenter de l’appréhender. Il s’agirait de savoir si elle est seule dans le coup ou si des complices sont cachés avec elle dans le réseau de caverne.
Galdur
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Pendant que Karm profitait d’une pause pour dormir, se reposer, ou se vider l’esprit, Galdur ne pouvait pas vraiment le dire avec exactitude, le trandoshan s’activa. Il avait plusieurs heures devant lui avant que la nuit ne tombe, et il désirait mettre ce temps à profit pour préparer le terrain. L’occasion idéale pour exercer sa pratique de trappeur, dans un terrain qui, pour une fois, se présentait propice à ce genre d’action. Une bonne partie de son temps fut allouée à la collecte de petits morceaux de bois, et au tissage de ficelles au moyen de fibres végétales et de lamelles de feuille tournées sur elles-mêmes. Ce n’était fort heureusement pas ce qui manquait ici, et les bois environnants paraissent parfaits pour l’exercice. Une fois les ingrédients récoltés, il quadrilla le terrain aux alentours de la grotte au moyen de marqueurs de bois, discrets, plantés dans le sol au niveau des arbres et à moitié enfoncés dans la terre. Cela se confondait aisément avec le décor et les animaux n’avaient pas vraiment conscience de la signification de ces petits pieux enfoncés. Cela servait principalement à Galdur pour mémoriser l'emplacement de ses pièges, et éviter de les retourner contre lui.

Les pièges en eux même étaient rudimentaires et simples, mais le trandoshan n’estimait pas que la proie en question nécessitait une technique particulière. Ce n’était probablement pas du petit gibier cependant, aussi ses pièges à collet étaient doubles et utilisaient deux fois plus de fibres qu’à l’accoutumée. Il se permit également de creuser plusieurs fosses à l’aide de pierres et de ses mains larges. Les mains des trandoshans avaient beaucoup de défauts quand il s’agissait de manipuler avec précision des objets, mais elles étaient très efficaces pour creuser ou grimper. D’ordinaire, il aurait placé des épieux dans les parois verticales des fosses afin de blesser les proies et de les empêcher de sortir, mais le but était ici de capturer la créature. Une mauvaise chute dans une fosse à épieux pouvait facilement être fatale pour les animaux qui n’avaient pas un cuir robuste. Pas de pieux pour cette fois-ci.

Il couvrit les fosses au moyen de fines branches et d'une couche de litière, qu’il marqua à leurs tours d’autres morceaux de bois. Voilà qui devrait faire l’affaire. Il ne restait plus qu’à se mettre en tenue, si on pouvait le dire ainsi. Ses dernières heures furent dédiées à la collecte de fougères et autres feuillages larges dans les environs. Une fois une bonne pile collectée, il reprit ses ficelles végétales restantes et se mit aussitôt à fabriquer un filet de camouflage, reliant les rameaux, tiges et pétioles aux nœuds du maillage ficelé. Le résultat fut une demi-ghillie qui partait de la tête et lui tombait jusqu’aux hanches. Cela ferait l’affaire. La touche finale était de frotter cette dernière avec l’aide de terre et de déjections locale pour assurer que cela fasse aussi bien un manteau visuel que d’odeurs.

Il revint donc au Jedi dans sa cape de camouflage… Cela ne sentait pas bon, mais il fallait ce qu’il fallait.

« Bon… J’ai quadrillé l’terrain. Si quelque chose sort, elle n’pourra pas sortir sans se prendre une d’mes petites surprises… J’me suis assuré qu’ce soit non léthal. Évite d’trop suivre le sentier, s’tu dois bouger. J’ai mis des p’tits marqueurs pour indiquer l’emplaçement des pièges, mais sont assez discrets et faciles à rater pour les non initiés… »


--

Aaah… La nuit. Une période autrement plus pratique pour les trandoshans dont les yeux pouvaient voir les spectres de chaleur. Ainsi, lorsque le soleil cessait de chauffer la terre et la nature, les créatures qui sortaient la nuit devenaient aussi visibles pour eux que des tâches blanches sur un canvas noir. Confortablement installés, Galdur mâchait de la réglisse qu’il avait cueillie dans les environs. Processus qu’il interrompit aussitôt en repérant une anomalie pointer le bout de son nez, depuis leur poste d’observation.

« Attention… Quelqu’chose arrive… »


Il s'aplatit au sol et riva ses yeux vers la sortie de la caverne. Mince… La forme n’avait rien d'animal ou de monstrueuse… Cela semblait être celle d’un humanoïde… Une femme ? Zut alors… Est-ce qu’ils s’étaient trompés de cible ? Ou cela n’était que quelqu’un qui se promenait dans les environs ? Impossible, ils ne l’avaient pas vu rentrer auparavant… Et elles seraient tombées dans les pièges n’est-ce pas ?

Oh mince ! Les pièges !

« Merde Karm… Les pièges ! Faut qu’j’aille les désarmer ! Je sais pas qui est cette donzelle mais j’peux pas la laisser se prendre ce que j’ai laissé… Ça risquerait d’la blesser… »


Et la dernière chose dont ils avaient besoin, c’était d’être poursuivis par la police locale pour blessure sur civil. Galdur était confus… C’était louche, mais peut-être que ce n’était qu’une voleuse… Dans le doute, mieux valait la suivre… Le trandoshan prit de l’avance, usant de sa ghillie et faisant profil bas, cherchant ses marquages pour désarmer et retirer progressivement les pièges qu’il avait placés plus tôt dans la journée… Une fois l’opération effectuée, et soupirant quant au temps qu’il avait perdu, il fit jonction avec Karm en contournant le sentier pour venir le rejoindre pendant qu’il surveillait de loin la cible. Le trandoshan souffla et s’essuya le front. Il avait dû agir avec rapidité pour assurer d’avoir assez de marge pour ne pas se faire répérer par la femme en approche.

« … J’ai rien raté ? Elle a pas l’air d’avoir remarqué que j’suis passé avant elle… »


Ils prirent donc une filature classique, et cela jusqu’à ce que la cible ne fasse finalement arrêt à la ferme de Gringo. La petite fouine… Était-ce donc juste une voleuse ? Et ils avaient fait fausse route depuis le début ? Peut-être qu’ils étaient arrivés bien trop tard, et que la créature qui avait attaqué la ferme avait filé depuis des jours, avant même qu’ils ne se posent ici… Difficile à dire, mais pour l’instant, ils allaient s’accrocher à la seule piste qu’ils avaient.

« J’vais prendre un peu d’avance… J’imagine qu’elle va r’tourner vers la caverne… J’vais m’mettre en embuscade plus loin. J’lui tombe dessus une fois qu’j’suis sûr qu’elle soit en route pour s’mettre à l’abri. La lâche pas d’une semelle...»


Le trandoshan fila aussitôt, abandonnant Karm et disparaissant dans les bois environnants, laissant le Jedi à la surveillance et à la filature. Pour une énième fois, il remontait le sentier. Mais cette fois, les arbres furent sa priorité. Il leva le nez vers la cîme de ces derniers, à la recherche d’un qui serait suffisamment large pour l’accueillir. Une fois son choix effectué, il fit un petit bond et planta ses griffes dans l'écorce, actionnant ses muscles de jambes pour escalader le tronc et se hisser jusqu’aux premières branches, larges et solides. Une fois qu’il eut gagné encore un peu de hauteur, sa forme camouflée dans les feuillages grâce à la ghillie confectionnée, il entreprit d’utiliser les cordages et ses bolas pour se sécuriser, s’installa sur une large branche, et dans un mouvement souple, se percha aussitôt la tête à l’envers en cochon pendu, relâchant ses bras et maintenant sa posture en croisant les jambes sur le bois. De là, il sortit sa sarbacane et, toujours la tête à l’envers, la porta vers sa bouche, surveillant ainsi le sentier.

Après de longues minutes, il perçut enfin la silhouette thermique de la femme qui approchait. Parfait… Elle était en position. Il ne restait plus qu’à viser le cou, et à lui injecter le tranquillisant et-

CRACK !

La silhouette de la femme disparut en l’espace de quelques secondes, accompagné d’un cri de surprise. Un bruit de chute se fit entendre.

« …. Euh… Oups. »


… Aurait-il oublié de découvrir une fosse ? Forcément, avec sa chance habituelle, il fallut qu’elle soit en mesure de l’esquiver par accident à l’aller, mais qu’elle ne se le prenne au retour. Galdur rougit un peu d'embarras. Oups en effet. Il s’empressa de descendre de son perchoir, chutant et roulant sur la litière forestière avant de se diriger vers la fosse. Quelqu’un semblait en effet en train de se plaindre.

« Au secours ! Au secours ! »
« Gnaaah ! J’arrive ! J’arrive ! »


Il se pencha au dessus du trou béant, observant alors la femme plantée sur les fesses au fond de la fosse. Elle lui renvoya un regard plein de surprise, jusqu’à ce que le trandoshan ne s’allonge sur le rebord pour finalement lui tendre la main, afin de l’aider à remonter hors de ce piège.

« Prenez ma main ! Il doit y avoir une erreur m’dame… Veuillez m’excuser ! »


Sa main entra en contact avec celle de la femme… Et il fut soudainement tiré droit vers l’intérieur du trou.

« WOOUAH ! »
s’écria t-il en disparaissant à son tour dans la fosse.

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Karm Torr
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Des théories farfelues commençaient à se former dans l’esprit du Jedi, tandis qu’il reprenait la filature, à nouveau seul. Cette femme avait assassiné Gringo pour lui voler ses champignons dont elle se servait comme nourriture pour des méduses apprivoisées. Et tout ça, c’était parce que… hé bien… Parce qu’elle avait une passion pour les méduses ? Sans doute ? Il y a bien des gens qui se saignent pour s’offrir des aquariums prodigieux avec des poissons venus de tous les coins de la Galaxie, alors, après tout…

Pourtant, son intuition lui soufflait qu’il manquait un détail important. Machinalement, il faisait jouer entre ses doigts, dans sa poche, le petit morceau de pierre qu’il avait trouvé dans la champignonnière. La Force essayait de lui murmurer quelque chose. Une vérité venue du passé ou du futur. Un élément crucial.

Alors il fit son possible pour laisser son esprit vagabonder. Appliquer les conseils des autres Voyants, ceux qui étaient plus expérimentés que lui en la matière. Se rendre disponible aux intuitions. Accueillir les visions, sans chercher à les comprendre. Il avait l’impression que le fragment de roche, dans sa poche, devenait de plus en plus pesant.

C’était désormais ça qui le préoccupait. Pas les champignons, pas les œufs trouvés dans le bassin, pas la femme devant lui, qui s’approchait de l’endroit où Galdur préparait son embuscade. Mais ce caillou étrangement dessiné, dont la présence lui devenait obsédante. Il sentit devenir chaud et souple sous ses doigts, presque fluide, même, et pourtant, quand il le sortit pour l’examiner à la clarté de la lune, c’était toujours la même pierre.

Soudain il entendit un cri, de drôles de bruits, et il se précipita. Quand il déboula au bord du précipice aménagé par Galdur, ce fut pour voir la femme se transformer brutalement en une sorte de créature rose et gélatineuse de taille humaine. C’était plus que ça : c’était une méduse. Elle se jeta sur le Trandoshan. Sans réfléchir, Karm bondit à l’intérieur de la fosse lui-même et la lumière de son sabre jaillit entre la créature et son coéquipier.

Aussitôt, la femme-méduse se recula, tout contre la paroi opposée. Pendant quelques secondes, elle conserva sa nouvelle forme, avant de reprendre l’apparence de la splendide jeune femme à la peau rose et aux yeux blancs qu’ils avaient suivie jusque là. Le Gardien jugeait plus prudent de garder son sabre allumé.

Qui êtes-vous, demanda-t-il ?
Que me voulez-vous ?
C’est à vous, les œufs, dans la grotte ?
Qu’avez-vous fait des autres ?

Le Jedi soupira.

Bon, j’crois qu’on va pas y arriver comme ça. Du coup je commence. On veut savoir où est Gringo.

Apparemment, c’était la question qui fâchait.

Vous l’avez tué, hasarda l’explorateur ?
Par…

Elle sembla chercher le mot qui convenait, sans cesser de fixer la lame lumineuse.

… légitime défense.
Parce qu’il prévoyait de détourner le cours de la rivière souterraine ?

La femme-méduse hocha la tête.

Et que c’est là où vous pondez vos œufs ?

Une nouvelle fois, elle hocha la tête. Cette soudaine sincérité n’inspirait qu’une confiance toute relative au Jedi.

Vous avez essayé de lui parler ? À Gringo ?
Vous allez me laisser partir ?
Ben vous avez tué un mec, quand même… Possiblement avec de bonnes raisons, mais enfin…
Je fais ce qu’il faut pour ma colonie.

Elle bougeait la main. L’approchait de la lame. Observait ses doigts.

C’est extrêmement chaud, souligna Karm. Un sabre laser. Quelque chose me dit que vous couper en deux, ça vous fera pas grand-chose, mais en revanche, les brûlures…

Il n’avait même pas fini sa phrase qu’elle se jetait déjà sur eux, dans sa forme rose vive. La lame du sabre la transperça sans qu’elle parut rien sentir mais, au lieu d’essayer de la trancher, et alors qu’elle entreprenait de l’ensevelir sous sa masse gélatineuse, le Jedi pirouetta sur lui-même en traçant des arabesques avec son sabre, pour parcourir toute la substance de la chaleur de sa lame.

L’odeur de brûlé était infecte et, au bout de quelques secondes, la chose retomba, inerte et carbonisée sur le sol. Karm restait debout là, poisseux de la tête aux pieds, et il s’appuya sur une narine puis sur l’autre pour éjecter avec une élégance discutable la matière organique qui lui avait pénétré dans le nez.

Bon.

Comme plus rien ne bougeait, l’explorateur qu’il pouvait désactiver son sabre.

C’était… Modérément instructif. Et j’aurais préféré pouvoir la raisonner.

Il était d’ailleurs plus affecté qu’il ne voulait bien le dire d’avoir dû se défendre jusqu’à la mettre à mort. Même si elle ne lui avait pas laissé le choix.

Pas sûr qu’elle comprenait tout ce que je lui racontais, elle avait l’air d’avoir une intelligence rudimentaire. Beaucoup de mimétisme mais peut-être pas des masses portée à la réflexion et à l’abstraction.

Il sortit Fugueur de son sac et programma la sonde pour qu’elle récupère des échantillons biologiques.

T’en penses quoi ? Déjà vu un truc pareil ? Parce que perso, c’est la première fois. Elle parlait des autres, d’une colonie, tu penses que ça s’en tient aux œufs qu’on a vus tout à l’heure ou on doit s’attendre à une véritable…

… invasion de femmes-méduses ?
Galdur
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Note: Désolé pour le temps de réponse, j'me suis défoncé une jambe et j'ai eu pas mal de paperasse et de choses à faire en conséquence mdr.

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Il s’était ainsi retrouvé au fond de cette fosse miteuse qu’il avait lui même creusée, les fesses par terres et le dos contre la paroi terreuse, face à ce qui était désormais une sorte d’étrange mollusque rosâtre à l’air menaçant qui venait de provoquer sa chute. Le visage couvert de bave et de matière visqueuse, essuyant d’un revers du bras ses lunettes, le Trandoshan prit un peu de temps pour regarder dans les yeux l’étrange créature.

« Toi… On t’a bercé un peu trop près du mur… »
gargouilla t-il.

Il porta instinctivement son bras au niveau de sa tête en voyant la créature commencer à se dresser comme pour l’attaquer, seulement pour se reculer par l’arrivée propice du Jedi armé de son sabre, assurant une distance de sécurité et prévenant l’attaque. Juste à temps ! Galdur n’était pas vraiment du genre à craindre les attaques animales, mais il n’avait strictement aucune idée du genre de bestiole qui se tenait face à eux et il était nerveux. Finir en snack n’était pas vraiment ce qu’il avait prévu en guise de mort… Quoiqu'il en soit la bête semblait avoir assez de jugeote pour ne pas se jeter sur eux. Était-ce le signe d'une véritable intelligence avancée ou bien simplement la réaction instinctive d'une créature faisant face à quelque chose qu'elle ignorait ? La transformation et la prise de parole de la créature suffisent à convaincre le Trandoshan qu’il ne s’agissait pas là d’un simple animal en chasse, mais bel et bien d’une forme de vie… Particulière. Peut-être même capable de civilisation ?

Malheureusement, la négociation et la discussion tournèrent court très rapidement. Peu docile, la créature tenta l’offensive, seulement pour se faire cueillir par le plasma de la lame. Voilà qui était… Embarrassant, mais il ne pouvait pas vraiment blâmer Karm pour s’être défendu.

« Oh par les chaussettes d’chef de guerre… C’est pas bon ça… »


Première chose à faire : Sortir de cette fosse. Il escalada la paroi, usant de ses mains griffues pour s’accrocher et s’ancrer. Pas vraiment besoin d'aider le Jedi a sortir, c'était l'affaire d'un simple bond. Une fois dehors, c’était maintenant l’occasion de porter réflexion sur la situation. Galdur prit un peu de temps pour réfléchir, son statut de Ranger lui ayant permis à de multiples reprises de participer à des opérations de braconnage, de régulation des populations animales mais également de déplacement. Selon son savoir, il paraissait incongru que ce genre d’espèce ne se trouve ici… N’était-ce pas un endroit fort inapproprié ?

« Hmm… Ca m’paraît étrange… J’connais pas vraiment c’te bestiole.. Mais j’ai pas l’impression que c’est vraiment l’genre de lieu idéal pour leur vie… J’serais pas étonné d’apprendre qu’elles ont été am’nées ici par un cargo ou par un collectionneur véreux. Après tout personne dans l’coin semblait savoir à quoi ils avaient affaires… Donc j’parie que c’est une espèce introduite par accident et non native d’ces lieux.»


Il claqua des mâchoires et des dents. Quoiqu’il en était, les échantillons collectés par le Jedi allaient être pratiques et seraient probablement ce qui leur permettrait de tirer au clair l’affaire, mais également de savoir la marche qu’ils allaient devoir suivre.

« Bon. On a pas trente six milles solutions. Première étape : Faut qu’on aille faire un rapport aux autorités sur l’sujet. Si ces créatures ont investi la région, il faut organiser un filet d’sécurité et d’surveillance et indiquer aux gens soit d’rester chez eux l’temps de l’opération zoologique, soit d’évacuer et d’s’installer temporairement ailleurs. Faudra passer l’coin au peigne fin pour s’assurer que y’a pas d’autres nids. Ensuite, faut réussir à collecter autant d’oeufs et d’spécimens adultes que possible pour les confirmer et les mettre en sécurité. Et enfin, les déplacer. Il existe pas mal d’sanctuaires animaliers dans l’espace Républicain. Si on trouve pas l’monde natif de ces bestioles, on aura toujours un endroit où elles pourront vivre plus agréablement qu’ici, encadrées par d’professionnels… Mais j’suis sûr que tes échantillons prélevés permettront aux zoologues d’identifier l’espèce. »


Cela faisait longtemps que Galdur n’avait pas participé à une opération de contrôle de population animalière, mais il connaissait le sujet. Le principe était simple : Capturer et récupérer autant de spécimens que possible, les confiner et les sécuriser, et enfin les déplacer vers une aire adaptée. Fort heureusement il avait dans son carnet de connaissances plusieurs personnes qui pourraient l’aider. La République elle-même disposait de plusieurs organismes chargés de la surveillance, de la préservation, et de l’étude des populations animales. Firrerre en elle-même devait bien avoir un centre dédié à la question aussi.

« Quant aux autres spécimens qui ne pourront être maîtrisés ou capturés… Faudra organiser une chasse. Je sais exactement qui fera l’affaire dans ce cas là. Mais pour l’instant, on f’rait mieux d’aller faire not’ rapport, d’mettre en place périmètre d’sécurité et apprendre à quoi on fait face… »


Il lui fit signe et commença aussitôt à rebrousser chemin, laissant ainsi la fosse ouverte. Ils auraient l’occasion de revenir ici avec des spécialistes afin de dégager le corps et collecter plus d’échantillons au besoin. Le trandoshan conseilla tout de même de prendre plusieurs photos. Cela pourrait être précieux pour les zoologues.

« Retournons en ville, ils ont certainement un organisme d’gestion de l’environnement quelque part à l’administration. »


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Galdur
Galdur
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Mince, j'ai posté accidentellement sur ce topic deux fois. Et je peux pas supprimer ce message donc... Circulez y'a rien à voir lol.
Karm Torr
Karm Torr
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Je vous demande pardon ?

Quelques heures plus tard, Karm était occupé à ne pas réprimer un bâillement devant la jeune femme en VISA, le volontariat inter-stellaire en administration, à qui l’on avait confié la responsabilité d’une petite antenne du Bureau de Contrôle Animalier dans une ville périphérique d’un continent secondaire de Firrerre.

Des sortes de méduses, reprit patiemment le Jedi. Qui se transforment aussi en meufs canons. Euh… Enfin, en humaines très séduisantes, vous voyez ?

L’explorateur était vite tombé d’accord avec le protocole proposé par son compagnon d’aventures et ils s’étaient tous les deux mis en route vers la ferme de Morille, pour lui donner quelques conseils de sécurité, et inviter le paysan à réunir les bonnes volontés des environs pour sécuriser l’accès aux collines arides. Pendant que le fermier se chargeait de faire la tournée des autres exploitations, les deux hommes, eux, avaient gagné la ville.

Mais c’est… Euh…

La jeune femme tapotait machinalement le bord de son bureau avec le stylet de son datapad. Jusqu’à présent, elle n’avait rien fait de plus extraordinaire que d’organiser la stérilisation de la population de tookas des rues. Plus d’une fois, elle avait rêvé qu’un animal exotique vienne pimenter un peu son quotidien sans histoire. Désormais, elle n’était pas loin de le regretter.

Et il y a donc… Des œufs ? C’est ça ?
Comme je vous ai dit, répondit Karm, qui avait déjà expliqué la situation trois fois.
Très bien. Très bien. On va… euh… Comme le dicte le protocole de…

Le Jedi chercha le regard de la VISA en panique et suggéra avec toute la douceur possible :

Si vous voulez, on peut se charger de la conduite des opérations.

Elle hocha lentement la tête.

Mon collègue Galdur a déjà tout un plan en tête. Mais avant tout, est-ce que vous avez des gens dans le coin qui ont un goût un peu trop prononcé pour les animaux exotiques ?
Hé bien… Il y a un, euh, fichier, si je puis dire. En quelque sorte.
En quelque sorte ?

L’humaine pianota sur son écran pour transférer un document texte sans formatage, qui contenait trois lignes et six mots en tout et pour tout : le nom de trois personnes qui, un jour, avaient été surprises à importer des animaux dangereux sans la moindre autorisation.

Cool. C’est vous qui avez réuni ces données ?
Mon prédécesseur.
Je vois.
Désolée, ce n’est pas très, très détaillé…

C’était le moins que l’on puisse dire.

… mais il avait abandonné sa mission en plein milieu pour entamer une carrière de cracheur de feu dans un spatiocirque itinérant.
Comme ça arrive souvent, fit l’Ark-Ni d’un ton pince-sans-rire.

Mais pour l’heure cependant, il fallait assurer la sécurité des œufs que Galdur et lui avaient découvert dans les cavernes du canyon. Le Maître Jedi fit venir quelques coreligionnaires de l’opération agricole pour assister les deux agents à mi-temps qui constituaient l’intégralité du personnel local en matière de protection des animaux. Pour ce qui était du côté pratique, l’affaire était simple, mais elle se compliquait avec les fermiers, qui auraient préféré détruire la couvée, un peu par pragmatisme, beaucoup par esprit de vengeance.

Vous nous avez demandé de l’aide, pas vrai, fit Karm au vieux Morille, quand Galdur, les autres Jedis, les agents du BCA eurent rejoint les paysans dans le canyon ? Ben faites-nous confiance.
Qui nous dit qu’en laissant les œufs-là, on va pas essuyer une nouvelle attaque, objecta le fermier ?
Ben c’est quand Gringo a essayé de dynamiter le bassin qu’on s’en est pris à lui, du coup, quelque chose me dit que si vous optez pour l’approche violente, ça se terminera pas hyper bien.

Karm ne sut pas trop si c’était son argument ou son statut de Maître Jedi qui avait porté, mais en tout cas, les gens du coin se rangèrent au protocole établi. Après s’être assuré que les autres Jedis avaient la situation bien en main, l’explorateur rejoignit Galdur.

Bon. On a trois noms. Trois suspects. Tardons pas trop à les interroger, la rumeur de notre petite opération risque de se répandre vite et les mecs feront disparaître les preuves. Et puis…

Son datapad fit entendre une petite alerte et il le tira de sa poche.

Les résultats des analyses sont arrivés.

Karm passa les données purement génétiques pour consulter la conclusion du laboratoire de l’ExploCorps sur H’ratth à qui, la nuit dernière, il avait transmis en urgence les mesures effectuées par Fugueur sur les échantillons.

Voilà, fit-il avant de commencer à lire à haute voix. Mikan. Créature endémique du planétoïde Mika, dans le secteur d’Arkanis, monde désertique et océanique. Les Mikans sont des créatures à la sentience élémentaire, qui connaissent trois formes : des femmes humanoïdes d’une grande beauté selon les standards humains, des statues de pierre humanoïdes quand elles sont exposées à la lumière directe de la plupart des soleils et des méduses carnivores. Les Mikans peuvent chasser les humains et Proche-Humains, auquel cas elles les séduisent grâce à leur apparence humanoïde.

Le Jedi haussa un sourcil.

Exotique, lâcha-t-il, avant de poursuivre sa lecture. Pour un chasseur bien entraîné et préparé à leur rencontre, les Mikans ne posent pas de difficulté particulière, mais leur existence atypique et leur ruse en font des prédatrices redoutables pour les personnes ordinaires. La plus grande prudence est nécessaire pour protéger les populations exposées à leur présence. Heureusement, la présence des Mikans en dehors de leur monde d’origine n’est pas attestée.

Voilà qui expliquait certains des indices collectés auxquels Karm, jusque-là, n’avait pas su donner du sens.

Bon, conclut-il. Plus qu’à voir lequel de nos trois suspects a passé ses vacances dans le système d’Arkanis, alors.
Galdur
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Galdur était installé dans la salle de pause dédiée du Centre de Contrôle Animalier, occupé à déballer quelques packs de rations républicaines et à décompresser en attendant que Karm ne revienne de son escapade au laboratoire. Il était armé d’un crayon et semblait occupé à dessiner et noter ses observations sur un carnet en cuir de bête dans un mix maîtrisé de Dosh et de Basic. Le trandoshan montrait une attitude raisonnement plus sérieuse et concentrée que ce qu’il avait l’habitude d’aborder, c’était parce que ce genre d’affaires lui étaient chères. Lui qui n’en avait que faire des guerres ou de la politique intergalactique était très concerné de part sa culture par la chasse, le braconnage, l’élevage, ou toutes activités qui concernait les animaux.

Il fut interrompu dans sa séance d’écriture par l’arrivée du Maître Jedi. Il releva le nez, redressa ses lunettes et afficha un sourire plein de dents pointues.

« Ah. Mon Jedi préféré. Raconte-moi. »


Galdur écouta attentivement ce que le Jedi avait à dire. Trois personnes, et une créature identifiée comme étant totalement étrangère à ce système, ce qui gonfla un peu l’égo du ranger lorsqu’il constata qu’il avait mit dans le mille. D’un geste preste, il fit glisser la bouteille de bière épicée locale qui traînait de son côté de table vers celui de Karm, réfléchissant à ce que tout cela pouvait impliquer et ce qu’ils allaient devoir faire par la suite.

« Hmm… Pas mal… Faudra juste éviter d’être trop tapageur et d’avoir l’accusation trop aisée… C’est pas dit qu’l’responsable était spécialement conscient de c’qu’il ramenait ou qu’il savait ce qu’il faisait… C’est un truc qui arrive parfois hélas d’temps à autres. »


Malheureusement, les migrations des espèces par l’influence des civilisations galactiques était quelque chose d’assez fréquent. Il avait suffit d’un transport avec quelques rats-womps se cachant à bord pour qu’une région entière d’une planète différente se retrouve infestée, là où il n’y avait pas de prédateurs naturels pour ces bestioles. Le plus grand risque ici, sur Firrerre, outre le fait que les bestioles s’en prenaient aux locaux, c’était qu’elles chassent intégralement jusqu’à disparition d’autres espèces ou envahissent les sphères privées d’autres membres de la faune locale.

« Tu t’souviens d’ce jour où on était à bord d’ce casino clandestin ? Ils avaient plein d’anguilles et d’poissons différents dans leurs aquariums. Les foutus touristes et les foutus riches pensent que c’est marrant d’s’payer le luxe d’avoir de beaux poissons colorés. Puis ils les balançent dans la cuvette des chiottes ou dans les océans de planètes totalement différentes. Et c’est comme ça qu’tu t’retrouves avec des invasions d’espèces nuisibles. »


Quelle affaire cela avait été. Il glissa sa main sous la table d’où il attrapa une autre bouteille de bière qu’il ouvrit et porta à sa bouche, s’offrant une rasade conséquente en se penchant en arrière sur la banquette. Ce n’était pas vraiment le whisky qu’il chérissait tant mais cela n’était pas si mal…

« J’ai appelé quelques experts pour l’déplaçement. Devraient être là dans pas trop longtemps. Ca leur permettra d’se charger du déplacement pendant qu’on va mener l’enquête chez les présumés coupables. »


Une nouvelle gorgée de bière qui l’incita à s’essuyer la bouche, barbouillant un peu de sa peinture faciale sur le revers de sa main. Le trandoshan regarda un instant le collier de crocs qui reposait à son cou. Il pouvait se rappeler de chaque animal, chaque instant où il avait saisi cette dent de la bouche de la créature, à l’époque où il chassait encore.

« T’sais… Quand j’étais petit, quand j’gardais le bétail au milieu de la steppe pour la nuit, j’m’allongeais souvent sur le dos et j’regardais toutes ces étoiles qui peuplaient l’ciel, me demandant jusqu’où elles s’étendaient. Le shaman de mon village m’parlait souvent de ce qui existait par delà nos cieux. Des millions d’étoiles, de soleils comme le nôtre. Une vaste collection d’formes de vies, certaines dangereuses, provoquant quiconque de les approcher… D’autres qui n’faisaient que flotter le long d’la voûte céleste… Combien avaient choisis de vivre par delà ces mêmes étoiles, se faisant la guerre, ou forgeant la paix, tous cherchant le sens de leur existence, comme moi. »


Il vida la bouteille.

« Dit moi, qu’est ce que tu sais des T’doshoks ? »


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Karm Torr
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Les pieds croisés sur le coin de la table, parce qu’il n’avait décidément aucune éducation, ce petit salopiaud, Karm lisait pour la forme l’étiquette de la bouteille de bière, en écoutant son collègue. Il ponctuait les remarques du Trandoshan d’un hochement de tête, avant de glisser d’un ton dégagé :

De toute façon, j’pense qu’on peut parier qu’une fois attrapé, notre coupable saura se négocier un arrangement avec la justice, parce que vu les créatures en question, je doute qu’il ou elle se soit débrouillé seul pour convoyer des trucs pareils. Sans parler de leur mettre la main dessus. Niveau exotisme, ça va quand même chercher loin.

Les Mikans étaient si rares que l’explorateur avait même du mal à imaginer dans quelles circonstances un amateur d’une ville périphérique d’une planète s’était trouvé à en importer. Son intuition lui soufflait qu’il y avait là toute une filière à remonter et que la mission sur Firrerre ne serait que la première étape de l’enquête.

Par politesse, il avala une gorgée de bière, en laissant aussitôt la Force le purger de l’influence de l’alcool. Il n’en consommait presque jamais, et seulement dans des circonstances religieuses, mais il aurait fait un piètre explorateur s’il avait sous-estimé le rôle que ce genre de breuvages pouvait jouer dans les relations sociales.

Y a une seconde piste, qui paraît moins probable, mais qu’est pas à négliger, c’est que tout cela ait commencé par le bout statue de la chose.

Le Jedi rétablit l’équilibre de sa chaise.

Que quelqu’un ait importé une jolie statue et que la statue se soit réveillée contre toute attente. Ça paraît un peu plus rocambolesque : y aurait eu d’autres moyens de s’échapper, mais enfin pourquoi pas. J’ai envoyé un message au commissariat du coin pour savoir si y avait eu des plaintes pour vol d’oeuvre d’art. Un mec qui se réveille le matin et qui se rend compte que sa nouvelle sculpture s’est volatilisée. Ce genre de choses…

Cette hypothèse lui paraissait néanmoins secondaire, car la confusion aurait reposé sur une série de coïncidences qu’il jugeait improbable : il aurait fallu que la Mikan soit capturée en plein jour par un marchand d’art venu la chercher sur son étrange planète d’origine sans la moindre idée de ce qu’elle était, puis qu’elle n’ait jamais profité de l’obscurité durant le transport pour recouvrer sa liberté et qu’enfin, arrivée sur Firrerre, elle se fût abstenue d’attaquer son nouveau propriétaire.

N’empêche que les pauvres doivent être sacrément déboussolées, conclut-il, et c’est déjà un petit miracle qu’elles n’aient apparemment fait qu’une seule victime.

La saison estivale, avec son ensoleillement, et peut-être l’éclairage public, avaient dû jouer leur rôle en réduisant la marge de manœuvre des créatures.

En tout cas, tout cela semblait rendre son collègue quelque peu mélancolique. L’Ark-Ni lui jeta un bref coup d’oeil. Quand les gens confiaient des choses personnelles, il évitait de les fixer. Dans sa culture, c’était impoli : il fallait savoir ménager aux autres une certaine intimité, même lorsqu’ils n’étaient pas seuls.

Pas grand-chose, avoua-t-il quand le Trandoshan le questionna. Pour être honnête, j’suis très lié aux Wookies de Kashyyyk, j’parle la langue, ‘fin je la comprends, parce que la parler, c’t’une autre histoire, puis je passe pas mal de temps à m’entraîner là-bas. Du coup, t’imagines bien que les histoires que j’entends sur Dosha sont un peu… comment dire…

Ses amis à fourrure lui dépeignaient volontiers leurs envahissants voisins comme des brutes sanguinaires et même sadiques.

… disons qu’elles reflètent un certain point de vue, acheva-t-il, aussi diplomatiquement que possible. Tout ce que je sais, c’est que pour certains, beaucoup j’imagine, la religion impose de chercher à prouver sa valeur à travers des prouesses, notamment de chasse, et que ces prouesses sont comptabilisées et permettent de structurer la société. De la hiérarchiser. Enfin, c’est ce que je crois avoir compris.

Cette fois-ci, il jeta un coup d’oeil interrogateur à Galdur.

D’aucuns diraient que tu corresponds pas exactement à l’idée qu’on se fait d’un T’doshok. Mais les gens qui trouvent leur chemin jusqu’à l’Ordre Jedi sont rarement des exemples très typiques de leur espèce. Ou de culture. J’suis bien placé pour le savoir.

Un Ark-Ni dont la principale activité était de découvrir des planètes exotiques et de frayer avec des cultures différentes, c’était inouï.

Il est pas facile, mine de rien, cette mission. Du point de vue… De nos principes moraux et culturels. Les protocoles, c’t’une chose, mais ça suffit pas toujours à prendre la meilleure décision.
Galdur
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Les wookies… Encore eux. Si Galdur savait parfaitement que ces derniers avaient une relation privilégiée avec la République et l’Ordre Jedi dans une certaine mesure, il ne s’attendait pas vraiment à ce que Karm lui-même n’ait eu de contacts avec eux. Encore que cela ne devrait pas l’étonner. Le métier de Jedi impliquait aussi une part d'ambassade. Le Trandoshan grommela un peu en levant la tête.

« Les Wookies ? Grruuh… Qu’est ce que les Wookies savent d‘nous et d’nos problèmes ? Ils sont les premiers à venir s’plaindre à leur douce République de notre prétendue sauvagerie et d’nos prétendues coutumes barbares, se faisant passer pour les victimes d’une grande injustice. Tu sais c’que c’est la réelle injustice ? Celle que l’on apprécie s’voiler et ignorer dans c’te prétendue grande république ? C’est celle qui a décidé d’placer les Wookies comme nos représentants et nos superviseurs au Sénat. Qui sont-ils pour oser prétendre nous représenter ? Qui sont-ils pour oser nous faire des l’çons et nous peindre comme l’grand mal qui ronge la galaxie ? Qui sont-ils, eux avec leur bonne figure, pour s’mettre à crier qu’ils sont pour la paix alors qu’ils étranglent notre monde et nos tribus ? »


Son poing frappa un instant sur le table, dans un véritable signe de colère. Il était extrêmement rare pour Galdur de présenter ce genre de comportements, mais c’était très clairement quelque chose qui lui tenait à cœur. Lui-même en avait assez de l’hypocrisie de la République sur ce sujet, et il tenait encore plus de rancoeur contre les Wookies.

« On entend toujours parler d’tel clan ou de tel tribu qui s’livre à des pillages sur Kashyyyk. Mais on entend jamais parler des blocus Wookies qui affament not’ lune et détruisent notre économie. On entend jamais parler d’ces chefs Wookies qui vendent leur propre peuple pour la fortune. On entend jamais parler des pénalités poussées par Kashyyyk pour isoler not’ peuple. Alors que not’ monde agonise par ces décisions portées par ces mêmes qui s’prétendent être les attaqués et les victimes, que connaissent t-ils d’la misère qui découlent d’leurs actions ? Crois-tu en ces mots qu’l’on affiche fièrement devant l’sénat ? En ces monts et merveilles que l’on nous promets ? Ils disent qu’nous devrions nous réjouir, mais nous n’avons rien choisis. Qui décide à not’ place sinon des poignées d’hallucinés qui s’couchent dans leurs belles maisons et leurs belles forêts, qui en pleine campagne électorale nous parlent comme à des enfants et deviennent subitement nos “frères”. Ces ignorants qui parlent d’nous comme si ils partagaient not’ pain, et s’empresse ensuite d’nous mettre des chaînes. Tous c’mots destinés à nous mentir pleuvent en trombe sur nos vies comme d’furies déchaînées. »  


Il se pencha en arrière et sembla prendre un peu de temps, sortant finalement une boîte de tabac à mâcher dont il fit sauter le couvercle, avant de prendre une dose qu’il glissa immédiatement dans sa bouche et se mit à mâchonner bruyamment.

« Les p’remiers violents, c’est eux. Et l’soir, lorsqu’ils se pavanent devant leurs télévisions, avec leurs bonnes consciences, au regard d’la Déesse Jaggannath, ils ont plus de sang sur les mains que n’en auront jamais les braves qui prennent les armes pour sortir d’leur détresse. Ils ont apportés la destruction et la faim par leurs traités, et ils ont l'arrogance de nous appeler barbares ensuite. »


Galdur prit un peu de temps pour observer un peu de silence, se rendant compte qu’il n’avait pas vraiment exposé grand chose sinon son sentiment d’injustice et de colère contre Kashyyyk… Cela ne renseignait que peu Karm sur le point de vue T’doshok et ne lui donnait que peu d’informations sur la situation actuelle de la planète. Mais le contexte était si compliqué…  Comment expliquer le grand fossé qu’il existait entre les différentes tribus ? Comment expliquer le conflit interne qui existait au sein même de la société T’doshok ? Comment expliquer que certains agissent d’une certaine manière, et d’autres non ?

« Nos ancêtres rêvaient d’terres vastes et riches, où ils pourraient élever leurs prouesses au nom d’la Grande Gardienne. Mais tous c’que nous connaissons aujourd’hui est l’conflit et la misère. Ils ont partagé not’ planète et détruit l'unité qui nous habitait jadis. Il est facile d’avoir d’valeurs et d’paroles lorsqu’on a pas à l’confronter à la réalité. C’est ça, Karm, la grande tragédie d’notre époque et d’notre peuple. Avoir été mis contre le mur, au point d’en rendre confus nos propres enfants.  »


Un grand débat existait au cœur de la société Trandoshanne. Un débat sur la manière dont chacun devait vivre, les aspirations qu’il devait suivre, et ce qu’il faisait de ses ressources et de ses moyens. Les traditionalistes disaient que c’était dans la chasse honorable et l’adversité que l’on forgeait sa gloire, aux yeux de la Grande Déesse, là où les modernistes disaient que c’était le nombre de chasses et le résultat qui comptait, peu importe la manière utilisée pour l’accomplir. Deux visions très différentes qui s’opposaient, le moyen contre la fin. Le voyage, contre la destination.

« Il est important d’comprendre une chose, Karm. Ce que nous appelons la Grande Chasse, ce n’est pas quelque chose qui fonctionne qu’par le fait de tuer. Il existe une divinité, qui s’appelle la Grande Déesse Jaggannath, aussi parfois appelée Gardienne des points. Depuis l’ailleurs, elle surveille chaque T’doshok et évalue ses actes, lui attribuant des points qui déterminent la place du Trandoshan dans l’au-delà. Chasser et vaincre un adversaire est une méthode qui rapporte beaucoup d’points, mais ce n’est pas la seule. Contribuer à faire tourner la société T’doshok en rapporte aussi, même si très certainement moins qu’la chasse. La moralité et l’but de la Grande Chasse n’est pas tant de tuer, mais d’pousser chacun à l’adversité, et se confronter à quelque chose, à surpasser des obstacles. C’pour ça que beaucoup d’jeunes se tournent vers l’mercernariat par exemple… Dans leur quête d’gloire, ils pensent qu’ce chemin leur apportera plus d’points que d’fabriquer des choses sur Trandosha. »  


La majorité des jeunes finissaient toujours par revenir sur la planète et intégraient alors de manière plus ou moins permanente la société Trandoshannne et adoptaient d’autres rôles. Cependant, leur carnet de chasse avait un grand impact sur leur place dans la hiérarchie. Les Anciens et les Chefs de Guerre par exemple étaient souvent des individus ayant accumulés beaucoup de points d’une manière ou d’une autre, souvent en étant eux même d’anciens mercenaires ou chasseurs, ce qui les avaient conduits à prendre les rênes de la société T’doshok.

« L’problème… C’est nos traditions qui s’perdent... Avec la modernisation d’nos moyens… Il est beaucoup plus facile d’tuer quelque chose au moyen d’un fusil qu’de passer du temps à fabriquer des vases ou élever des montures… Si bien qu’pas mal d’jeunes estiment qu’ils gagneront plus d’gloire en accumulant un maximum d’chasse en un temps minimal, sans considérer un seul instant les méthodes employées pour la chasse… Et c’est là qu’on entre dans c’qui pose un gros problème et fait débat. Qui est au final l’chasseur le plus juste et l’plus respectable. C’lui qui possède crédits et technologie pour vaincre dix personnes sans efforts ? Ou bien c’lui qui rejette cet avantage matérialiste et défie face à face une de ces personnes seulement ? Quelle est la place d’l’honneur et d’la dignité dans cela ? »  


L’absence totale de technologie moderne dans l’équipement de Galdur laissait facilement deviner dans quel camp il se trouvait.

« Pour moi, il n’y a pas d’gloire à trouver dans l’opportunisme ou l’déshonneur. N’est-ce pas là ce qu’la Déesse évalue finalement sur nous ? Not’ capacité à faire face à l’adversité et notre ténacité ? N’est-il pas tricher que d'se retirer d’l’effort nécessaire pour compléter une chasse ? Avoir les poches pleines n'me rendra pas plus valeureux. Est-ce cela l'ambition du commun d'la galaxie ? Accumuler assez d'richesses pour gagner l'droit d'se dédouaner d'ses responsabilités ? À quoi te serviront tes poches pleines de crédits une fois poussé dans la tombe ? Cela ne t'épargnera pas le jugement de la Gardienne. »



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Karm Torr
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La colère du Trandoshan avait été accueilli par le même air placide et presque indifférent dont le Jedi ne semblait jamais se départir et, pourtant, Karm l’écoutait attentivement. Il aurait fait un piètre explorateur dans le cas contraire. Le chemin qu’il avait choisi était celui de l’ignorance : il consistait à se rendre compte jour après jour qu’il ne savait rien, et à se faire expliquer les mondes de la galaxie par ceux qui l’habitaient, du caillou au sentient.

Quand Galdur eut fini de parler, le Jedi resta un bon moment silencieux. Dans sa culture à lui, c’était un signe de politesse : les grandes explications méritaient que l’on s’y attarde. On devait écouter et, quand c’était fini, montrer qu’on était en train d’y réfléchir. Et puis, lentement, après avoir soigneusement délibéré, Karm hocha la tête.

J’avais un pote, ‘fin un pote, un collègue, ‘fin un collègue, un supérieur, bref, un mec qui était un Trandoshan, Maître Ekkt, une Ombre Jedi. Spécialisé de la chasse au Côté Obscur. Il était manipulateur, sans doute pas hyper moral aux yeux de bien des Jedis, mais terriblement efficace. Un esprit brillant, et puis surtout déterminé. Une cible, une chasse, quoi qu’il en coûte. J’étais là pour sa dernière chance, il est mort décapité sous les yeux par la Maître qui m’a formé.

L’Ark-Ni reposa la bouteille à laquelle il avait à peine touché.

J’crois que c’est difficile de comprendre la morale de quelqu’un depuis l’extérieur. De toute façon, c’est pas à moi de dire ce qui me paraît le plus convaincant, entre ta version de l’honneur et, disons… La voie rapide. Ce que j’en dis, c’est que…

Les mots ne lui venaient pas facilement, parce qu’il était un homme d’action, de boue et de branchages, plutôt que de grands débats. Les coudes posés sur la table, il essaya de trouver son chemin parmi tous ces concepts.

Ça se voit pas au prime abord, il paraît, mais j’fais partie des Jedis les plus… Branchés mystique et religion. J’crois pas forcément en une divinité, enfin pas comme à une entité aussi personnelle que celle que tu décris, mais je crois que l’expérience du sacré est une expérience quotidienne et intérieure. Et les rituels sont des contenants, mais ça arrive qu’ils soient vides. Tu vois ce que je veux dire ?

Frustré ne pas arriver à s’exprimer clairement, Karm s’interrompit à nouveau pour chercher ses mots.

Je dirais que c’est pas impossible que des gens chassent de façon ancestrale sans faire l’expérience du sacré. Alors le rituel devient vide, une boite sans rien à l’ordinaire. Certains Jedis s’assoient en tailleur, font le vide dans leur tête et méditent comme… Comme n’importe qui méditerait après une séance de sport. C’est pas sans valeur, ça a des effets positifs, mais c’est pas tout à fait un acte de foi.

Je crois que dans toute religion, y a deux dangers opposés. L’un, c’est que le rituel devienne une recette. Tu tues des gens, t’as des points. Tu fermes les yeux, tu médites. Les recettes se présentent toujours comme une modernité. C’est la démocratisation du réel. Il devient simple, compréhensible, abordable par n’importe qui. Plus le privilège de quelques uns. Tu sais ce qu’il faut faire pour obtenir une gratification surnaturelle, maintenant ou dans l’au-delà. Et ça, sous couvert de rationalisation, c’est de la superstition.

Mais l’autre danger, c’est de vouloir à tout prix conserver l’épaisseur de la tradition inchangée, en restant oublieux de tout ce qui évolue autour de soi. C’est beaucoup ce que fait l’Ordre Jedi. Y a le code et rien ne change. Y a une conception dominante du Côté Lumineux, c’est comme ça et pas autrement. Ça dicte la vie. Et tu dois interpréter ça, encore et encore, en faire jaillir du sens constamment, c’est un travail de foi à plein temps, mais qui produit toujours les mêmes résultats, tandis que le monde change. Et les gens appellent ça de la dévotion, mais en vérité, c’est de l’idolâtrie, parce que la foi dans le rite remplacent la foi dans le sacré.


L’explorateur haussa les épaules.

Faire de la poterie avec des méthodes traditionnelles aujourd’hui, ça n’aura jamais le même sens que par le passé. Peut-être que chasser avec les méthodes traditionnelles aujourd’hui, ça n’a pas le même sens, et que c’est dans cette différence que peut se loger une foi toujours vivante. Peut-être que celui qui prend une lance en bois et en métal pour une chasse rituelle pour revenir après à sa carabine blaster en la regardant d’un œil nouveau et plus circonspect. Quant aux Wookies…

Honnêtement, je sais pas grand-chose de la politique planétaire. Je fréquente pas précisément les chefs de clan, là-bas, tu sais. Moi, je traîne avec les types qu’on envoie explorer les sous-bois, qui descendent le long des arbres et qui en remontent pas toujours. Eux non plus, je pense pas qu’ils soient particulièrement informés. C’est un tort, pour eux comme pour moi, et j’essaierai de me documenter.

Mon intuition… Mon intuition, c’est qu’entre le chasseur wookie qui risque sa vie dans les niveaux inférieurs de la forêt pour nourrir sa famille et le Trandoshan victime de la politique galactique, y a peut-être une solidarité possible, parce qu’à mon avis, l’un et l’autre ont un adversaire commun. C’est comme tu disais. Il y a des gens qui sont prêts à vendre leur peuple et qui en attendant le distraient en leur inventant des ennemis. Peut-être que le peuple et les ennemis ont matière à s’entendre, du coup.


Spoiler:


Tu devrais passer à l’Enclave de Dantooine, un de ces quatre. C’est moins ambiance jungle qu’Ondéron, je te le concède, mais c’est un endroit où on parle de ces choses plus librement que là-bas. De la foi, de la manière de la vivre, de ce que ça veut dire au quotidien. De la manière d’organiser une société. C’est une Enclave où les décisions se prennent en commun, ça force les gens à réfléchir. Et où vivent des Jedis et des personnes qui le sont pas. Ça nous intéresserait de t’écouter un peu expliquer toutes ces choses-là, et pourquoi pas de penser un peu à tout ça avec toi.
Galdur
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« … Est-ce que tu m’demande d’abandonner mes traditions ? Mrpgh… désolé ça me rend grognon. »


Le message était-il qu’il courrait après une chimère et qu’il lui fallait reconsidérer ses choix de vie ? Il n’en était pas sûr...
Galdur ne savait pas vraiment quoi penser, dans la finalité. Lui-même n’avait pas véritablement été capable de se forger une opinion concrète sur la question, pas même après des années. Le sujet n’était pas facile. Et cela était intrinsèquement lié à ses propres insécurités et craintes quant à l’avenir. Il prit une profonde respiration, se demandant même si son discours était compréhensible du point de vue extérieur.

« Tu sais… Il y a… un an ou deux d’cela, à l’époque où j’portais encore mon ancien uniforme, l’époque où tu m’as connu pour la première fois, j’étais loin de tout ça. J’picolais à ne plus savoir qu’en faire, j’vivais au jour le jour sans trop m’poser d’questions sur c’que la vie m’réservera, m’disant que quoiqu’il arrive, c’était d’la volonté d’la Déesse d’me faire passer par là… Et puis un jour, j’ai décidé de revenir sur Trandosha, après des années et des années d’absence, depuis plus d’une dizaine de cycles. »


C’était un temps qui n’avait pas été si lointain que cela. Voilà encore deux années auparavant, Galdur était encore assez insouciant, et se désintéressait complètement de son avenir. Mais l’âge l’avait rattrapé. Lentement mais sûrement, il savait qu’il vieillissait et qu’il était désormais plus proche de la retraite que de la jeunesse. La moitié de son espérance d'existence. Après une petite période de traversée du désert durant laquelle il ne savait plus exactement où il allait ni ce qu’il suivait comme chemin, il avait décidé de se retourner et de retourner à ses modestes origines.

« J’y ai revu mes parents, mes frères, mes soeurs. Le shaman de mon village qui s’fait vieux, et tous ces p’tits avec qui j’avais grandis qui étaient désormais de grands t’doshoks. J’portais ni peintures, ni mes armes, et on m’regardait comme si j’étais devenu un total étranger à ces lieux, là où j’avais pourtant grandi… Mais où j’avais pas laissé errer mes pensées une seule seconde d’puis longtemps. Shamoke, l’shaman qui m’a élevé, m’avait adressé quelques mots, mais j’savais très bien que tout ce qu’il pouvait dire n’pouvait jamais être plus violent que tout c’qu’il pensait. »


Il avait détesté ce retour, parce qu’il avait été une combinaison de culpabilité et de sentiment d’injustice. Mais cela lui avait au moins ouvert les yeux. Une existence dans les étoiles, loin de son foyer, l’avait considérablement changé et éloigné de ses racines, de ses origines.

« Il m’a dit: “Gaa-lhdu'ur, l’jour où tu mourras… Est-ce que ton esprit s’envolera vers les étoiles et l’Temple, ou bien voguera t-il dans l’champs de chasse de tes ancêtres ?” »


Il marqua un point de silence. La question lui taraudait encore l’esprit et il n’était pas certain lui-même d’avoir la réponse, mais cela l’avait grandement secoué. Au point d’ébranler quelque peu sa conception actuelle de la vie et de ce qu’il faisait en tant qu’adulte.

« … Le temps passe, les jeunes oublient nos traditions. Moi même j’en ai été coupable… Peut-être que nous sommes au crépuscule d’not’ existence… Existera t-il seulement encore des Hasrans dans 20 ans ? Not' territoire se réduit, les nôt' disparaissent, les enfants oublient...»


Quant à Dantooïne… Et bien… Peut-être, un jour… Il ne savait pas vraiment quoi penser de l’idée d’envoyer cela en face d’un wookie sans risquer de lui coller sa main dans la figure.

« On d’vrait se concentrer sur notre tâche. »


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Karm Torr
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J’te dis pas d’abandonner tes traditions. Au contraire.

Karm haussa les épaules.

J’suis pas le mieux placé pour parler de ça, j’imagine, vu la réputation que j’ai au sein de mon Ordre.

Excellente, sans aucun doute, à bien des égards, mais sulfureuse aussi.

Mon point de vue en matière de religion, c’est que les traditions existent pour évoluer. Elles ont du sens quand elles sont réappropriées par chaque génération qui passe. Ça se fait jamais de manière simple. C’est toujours un combat. Mais quand on reçoit le passé en héritage, qu’on en veuille ou non, c’est pas pour le transformer en pièce de théâtre, c’est pour le poursuivre.

Lui-même était intimement persuadé d’être plus fidèle aux traditions de l’Ordre Jedi que nombre de ses détracteurs qui voyaient en lui un dangereux mystique et un révolutionnaire.

Je te parlerai un jour de comment je vois l’Ordre. Tu trouveras peut-être des parallèles dans nos propres querelles intestines. Parfois, on réfléchit plus clairement sur sa situation, quand on peut la comparer à celle des autres, et j’ai l’impression qu’à bien des égards, les débats que tu dis, là, ressemblent aux nôtres.

Pour l’heure, en effet, ils avaient une mission et elle n’était pas sans urgence : plus ils tardaient à aller interroger leurs suspects, plus il était possible que l’un d’entre eux passe entre les mailles du filet, après avoir été alerté par l’émotion qui gagnerait inévitablement la petite ville.

Les deux enquêteurs du jour abandonnèrent donc la salle de repos où ils avaient pris leur quartier et se guidèrent au datapad jusqu’à la première adresse qu’on leur avait indiqué. La ville n’était pas très grande et le chemin ne fut pas difficile à trouver. Bientôt, une maison de ville se dressait devant eux, petit immeuble à deux étages qui avait connu des jours meilleurs.

Karm pressa la sonnette et un oeilleton monté sur un tentacule télescopique sortit aussitôt de la porte pour inspecter les deux visiteurs de la tête aux pieds.

C’est pour quoi, fit une voix dans l’interphone ?
On est avec le Centre de Contrôle Animalier et…
Je suis innocente !

Karm échangea un regard avec Galdur.

On en doute pas. On peut entrer ?
Montrez voir vos papiers, exigea l’interphone.

Et l’oeil artificiel examina avec soin les deux identifications, avant de se rétracter à l’intérieur de la porte. Un déclic se fit entendre et puis le lourd panneau métallique s’entrebâilla pour laisser passer les deux étrangers.

Karm se faufila à l’intérieur. C’était un couloir en contrejour et il fallut quelques secondes à ses yeux pour s’habituer à la pénombre.

Les oiseaux, fit une voix âcre presque à ses pieds, J’aime les oiseaux. Est-ce que c’est un crime, d’aimer les oiseaux ?
Euh…

Le Jedi baissa les yeux pour distinguer enfin une Lannik d’un certain âge, appuyée sur une canne, qui dardait sur lui un regard plein d’accusations.

Carrément pas, s’empressa-t-il de répondre.
C’est ce que je me tue à leur dire. Venez.

Et, non savoir d’abord jeté un coup d’oeil méfiant à Galdur, elle les entraîna à l’intérieur de sa maison, jusqu’à un grand salon quasi entièrement occupé par de grandes volières, où s’ébattaient des volatiles exotiques. Le spectacle déplut instinctivement au Jedi, pour qui aimer et garder dans une cage étaient deux choses bien différentes.

Grendo, s’exclama soudain la Lannik au point de le faire sursauter, Dis bonjour ! Allez. Grendo. Dis bonjour.

Une drôle de bête installée sur un perchoir pencha la tête de côté pour observer les deux nouveaux venus, avant de lancer dans une sorte de roucoulement :

Viiiive la Rrrréééépublique !
N’est-ce pas qu’il ressemble au Chancelier, fit sa propriétaire avec fierté ?
C’en est troublant, répondit Karm.
J’ai tous mes papiers en règle, désormais, vous savez.
Vos papiers ?
C’est pour ça que vous venez, n’est-ce pas ?

Et elle se mit à fouiller dans une commode massive pour en sortir des brassées et des brassées de datadisques.

Le CCA, vraiment, vous êtes une belle bande de bureaucrates. C’est comme mon pauvre mari Edmond disait. Vous connaissiez Edmond ?
Euh… non…
Mon cinquième mari. Il est mort en avalant sa langue. Brave Edmond. Emond disait toujours…

Edmond disait beaucoup de choses, à ce que purent découvrir les deux visiteurs dans les deux minutes qui suivirent, avant que Karm ne se décide à intervenir pour sauver leur santé mentale.

À vrai dire, on voudrait vous interroger sur des créatures humanoïdes qui présentent des caractéristiques de méduse.
De méduses ?
De méduses.
Parce que vous croyez que ça m’intéresse, les méduses ?
Viiiiive la Rrrééépublique !
C’est bien, Grendo, c’est bien.
Manifestement pas, reconnut le Jedi. Mais j’suis sûr que vous connaissez des gens qui savent se procurer des espèces peu communes. Pour, euh… Les collectionneurs avertis dans votre genre.
Oh, vous savez…, commença évasivement la Lannik, À mon âge, la mémoire, tout ça… Ce n’est plus ce que c’était…
Rrrréééforme fiscale, s’exclama Grendo !
La mémoire vous reviendra peut-être si je vous dis que tout ça, c’est lié à une affaire de meurtre ?

Tact et délicatesse, la marque de fabrique de Karm Torr.
Galdur
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Il emballa ses affaires, séance tenante. Galdur se sentait un peu mal à l’aise, ayant l’impression d’avoir exposé quelque chose qu’il n’aurait pas dû. Non pas parce que cela aurait été particulièrement secret, plutôt parce qu’il avait le sentiment d’avoir été quelque peu prise de tête avec Karm qui n’avait pas vraiment demandé quoique ce soit.

« … D’solé. Fallait que ça sorte. Remettons nous au travail. »


Direction la maison du premier suspect. Les raisons qui pouvaient conduire une espèce à être introduites pouvaient être très nombreuses. Accident de fret, collectionneur trop ambitieux et peu regardant, souvenirs de voyage d’une personne mal renseignée, déplacement migratoire, expédition scientifique… Les pistes ne manquaient pas ! Espérons que l’investigation auprès des suspects dirige vers quelque chose.

Le moins que l’on pouvait dire, c’était que le domicile du premier suspect avait de la gueule. Comment pouvait-on vivre dans ce genre d’endroits ? La démesure de ces demeures de bourgeois bien en chair suprenaient toujours Galdur, qui se voyait très mal vivre une épopée d’escaliers et de couloirs juste pour pouvoir rejoindre son lit. Et dire que cela ne représentait qu’un “petit” appartement comparé aux autres… Et après on se demande où passe l’argent des contribuables sur Ondéron !

« P’tain… T’as vu la taille d’ces baraques ? Moi quand j’ai une salle d’bain, déjà j’suis content… »
gargouilla t-il.

Quelque chose à se reprocher madame ? On n’avait pas idée de rétorquer son innocence dès que les flics se pointaient chez soi. Enfin bon… Quelques pas supplémentaires, et les voilà arrivés dans le logis. Un véritable zoo ! Cela ne posait pas vraiment trop de problèmes à Galdur, lui même aimait bien les animaux et avait une flopée de varactyls chez lui après tout.

« Oh ben vous savez m’dame… Si c’est un crime d’aimer les oiseaux, moi j’suis l’plus gros hutt de cartel alors. J’élève des varactyls. C’est des gros oiseaux au final. Mixés avec des lézards. »


Laissant Karm faire l’interrogation, Galdur s’intéressa aux différents spécimens présents. La plupart des oiseaux ici semblaient bien entretenus, peu de chance pour que cette dame soit une arnaqueuse qui fasse de la revente. Sans doute une passionnée d’ornithologie, et il apparaissait qu’elle semblait savoir ce qu’elle faisait. Par contre, il fut interloqués par quelques petits éléments ici et là… Certains de ces oiseaux, sans doute des espèces rares, ne semblaient pas avoir été bagués correctement ou ne possédaient pas de plaques d’immatriculation. Pour les oiseaux communs, ce n’était pas grave, mais dans le cadre des espèces protégées, exotiques, ou soumises à une réglementation, c’était une nécessité car le spécimen était également renseigné dans une base de donnée pour le centre de préservation local. Cela faisait partie de la procédure de comptage et permettait aux spécialistes de se mobiliser plus facilement en cas de pépin de santé pour l’animal.

Certains de ces animaux avaient donc sans doute été obtenus de manière officieuse… Même s' ils semblaient bien entretenus.

« … Jolie collection m’dame, par contre, vot’ Spyphrix Écarlate dans la cage là-bas, il est ni bagué ni identifié. J’sais pas qui vous l’a vendu mais c’pas un animal qui a été enregistré dans l’répertoire local et qui vous a pas été attribué comme propriétaire légal. Faudra penser à présenter vot’ permis et vot’ certificat d’achat au centre le plus proche, parce que sinon on peut vous embarquer pour acquisition et détention illégale d’espèce protégée et pour infraction au code d’l’environnement. »


Calé sur le sujet, le sauvage.

Il se garda d’accuser la femme de quoique ce soit, même si il se doutait que ce n’était sans doute pas innoçent. Les bestiaux avaient l’air en forme, donc il n’allait pas la dénoncer, même s' il voyait d’un mauvais œil la conservation d’espèces fragiles dans un espace si petit. Leur place était dehors, pas dans un appartement. Il continua d’observer les différents oiseaux en plissant les yeux… Hmm… Un p’tit détail attirait son oeil. Gardant silence le temps que Karm fasse la discussion, il finit par lui taper le bras à l’aise de son coude.

« … Beaucoup d’espèces côtières pour les gros spécimens. C’machins mangent du poisson, des fruits d’mer mais aussi des oeufs d’amphibiens et d’poiscaille. Sans vouloir trop vous déranger m’dame, c’est qui vot’ fournisseur de nourriture pour vos oiseaux ? Vous ach’tez ça sur un marché local, un privé ou vous faites appel à une compagnie ? »


Une piste solide.

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Karm Torr
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Mon fournisseur ?

La Lannik commença à jouer machinalement avec un gros collier de perles à son cou et, aussitôt, Karm laissa la Force affluer en lui, pour démêler dans les réponses de l’ornithophile le vrai du faux.

Mais… je vais au marché, bien entendu. Le marché de l’hôtel de ville. Ah, vous savez, on y trouve des produits de qualité. Ils ont d’excellentes palourdes. Vous aimez les palourdes ? Vous voulez des palourdes ?
J’suis vegan, répondit le Jedi d’un ton légèrement absentAh mon dieu ! Mon pauvre petit !
Non mais ça va très bien, je vous rassure…
Ça explique votre…
Oui ?
Non, rien rien.
Et donc, reprit l’explorateur qui avait perçu que leur interlocutrice manquait de sincérité ? Vous y trouvez tout ce qu’il vous faut, au marché ?

Il lui lança un regard tellement appuyé qu’elle n’eut d’autre alternative que de se demander s’il était hypermétrope ou s’il se doutait de la vérité.

C’est-à-dire…

La vieille femme jeta un regard nerveux au spyphrix écarlate dont Galdur n’avait pas manqué de remarquer les irrégularités. Karm suivit le chemin de ses yeux et suggéra :

On peut sans doute vous aider à régulariser tout ça, dit-il d’un air entendu.
A-Ah ? Vous croyez… ?

Il haussa prudemment les épaules.

Hé bien…

Après avoir soigneusement pesé le pour et le contre, elle se décida à avouer :

… il y a bien un monsieur qui a toujours sous la main les denrées un peu exotiques qui conviennent le mieux à l’estomac délicat de certains de mes petits chéris. Vous savez, quand on examine leurs fientes de près, on sait à coup sûr quand quelque chose passe ou ne passe pas.
J’en doute pas.
Bref, quoi qu’il en soit, monsieur Kiliki, Takhül Kiliki a toujours ce qu’il nous faut, pour ce qui est des produits de l’océan.

Karm échangea un regard avec son compagnon d’aventures.

Et on peut le trouver où, monsieur Kiliki ?
Il a une ferme piscicole près du barrage électrique.
Plaaan de rrreelaance, intervint Grendo.
Tenez, tenez. C’est ça.

Après avoir pianoté sur l’écran de son datapad, elle le tourna vers les deux enquêteurs, qui purent voir s’y afficher la photographie d’une maison au bord du lac, et la légende qui indiquait le nom de la ferme : L’Étang Takhül. Karm hocha la tête et, après qu’ils se furent assurés que la dame irait bien régulariser ses oiseaux, les deux hommes levèrent le camp.

Définitivement trop grand, comme baraque, reconnut le Jedi une fois qu’ils furent à l’air libre. Mais j’dois avouer que moi, l’habitait individuel, ça m’échappe un peu comme principe…

Entre son enfance ark-ni et son éducation jedi, il n’avait jamais connu que les logements partagés, qui lui paraissaient un principe plein de bon sens. Comme Galdur, il se serait mal imaginé dans un endroit pareil.

Ensemble, ils reprirent leur speeder. Le barrage hydroélectrique dominait la petite ville et ses turbines en fournissaient quasi toute l’électricité. C’était l’un de ces grands travaux de développement local financés par la République, qui surgissaient sur le territoire des élus les plus habiles à faire valoir leurs causes auprès des technocrates de Coruscant.

L’ouvrage en tout cas était impressionnant et impeccablement entretenu. Quand ils arrivèrent au sommet, là où se trouvait le lac, ils purent remarqués que ce dernier était bordé de constructions diverses : un centre de loisir, deux ou trois rassurants, une sorte de musée qui vantait le génie des ingénieurs hydrauliques de la République et la fameuse ferme piscicole.

Le speeder se gara devant L’Étang Tacule. Après avoir mis pied à terre, Karm considéra les bassins de culture et les pulsations de la Force Vivante qui en émanaient.

Hmm…, fit-il très éloquemment.

Il se pencha à l’oreille de Galdur, ce qui dans leur cas consistait pour lui à se mettre sur la pointe des pieds pour parler à l’épaule du Trandoshan.

Aux trois quarts vides, chuchota-t-il. Elle doit pas être bien rentable, sa ferme, dis donc, avec ce genre de rendements.

Ils gagnèrent l’entrée qui paraissait destinée aux clients et se retrouvèrent en face d’une sorte de petit comptoir. Personne pour les recevoir. Le Jedi ferma les yeux pour mieux tendre l’oreille, ce qu’il fit d’ailleurs avec une surnaturelle acuité.

Ça farfouille frénétiquement dans l’arrière-boutique.

Alors il souleva la partie mobile du comptoir et s’engagea dans le couloir un peu étroit. Quelques mètres plus loin, sur la gauche, les deux visiteurs tombèrent sur un Quarren qui brassait des datadisks dans son bureau, les tentacules faciaux tout frémissants.

Bonjour, fit le Gardien. On vous dérange pas ?

L’homme sursauta avant de relever les yeux vers eux.

Ou… oui ?
Monsieur Takhül Kiliki ?
Oui. Oui oui. Lui-même. Vous désirez du poisson ?
J’suis veg… Euh, non, rien. Je suis Maître Torr et voici le Ranger Galdur. On enquête sur une série d’événements singuliers…
Singuliers, vous dites… hm… Singuliers…
Voire bizarres, oui. Qui tournent autour de créatures aquatiques.
Voyez-vous cela…, fit le Quarren d’une voix lointaine.
J’ai pas pu m’empêcher de remarquer que vos bassins étaient pas très pleins.
Ah ! Oui ! Des ventes exceptionnelles, en ce moment. La passion du poisson, que voulez-vous.
Ah, tant mieux. Moi qui avais peur que votre élevage se soit fait dévorer par une espèce un peu invasive…
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Laisser Karm aux commandes des discussions semblait être une stratégie assez efficace, cela lui permettait de jeter son œil et de mettre son nez à gauche et à droite afin de repérer d'éventuels indices ou éléments compromettants. La piste du marché local pouvait conduire sur un certain nombre de possibilités, aussi il allait falloir jouer un peu de persuasion ou d’intelligence pour dégoter quelque chose… Les bassins presque vides pointés par Karm attirèrent un peu l’intention de Galdur. Mauvaises affaires ? Poissons dévorés par les méduses ? Le visuel ne le précisait pas, mais ils auraient l’occasion de le vérifier une fois à l’intérieur.

« Eh… Bien vu. Hmm… On peut s’demander les raisons d’ce rendement, mais soyons prudents sur les jugements directs… Ca s’trouve, c’est juste un type qui a vraiment pas d’bol. »


Même si évidemment, cela portait au questionnement. Ils entrèrent dans la boutique, et alors que Karm s’occupait une enième fois d’engager le dialogue, les yeux de Galdur se portèrent aussitôt sur le décor. Cela ressemblait à une boutique relativement classique et vu d’ici, il ne semblait pas y avoir d’éléments compromettant ou d’anomalies… Bon… Ils poursuivirent vers l’arrière-boutique, pour surprendre finalement le propriétaire. Des choses à cacher ? Très vite, la question des bassins vides vint. Galdur ne tomba pas dans l’argument de la bonne saison. La pêche était un de ses hobbies.

« J’crois pas non. On est actuellement en pleine saison d’reproduction. Et vu l’peu d’poissons qu’vous avez, il aurait été un suicide commercial d’vous séparer d’autant d’individus par c’t’époque. J’sais pas combien d’mâles vous avez au total, mais même avec ce nombre, ils auraient à peine assez d’laitance pour féconder un tier des œufs pondus par les femelles. Dites plutôt la vérité, on est pas là pour vous embarquer, mais pour tirer aux clairs l’affaire. »


Cela eut pour effet de mettre mal à l’aise le Quarren, repoussé ainsi dans ses retranchements d’arrière boutique sans réel moyen de s’échapper, même s' il semble considérer la fenêtre durant quelques instants. Après quelques secondes, il émit un gargouillis de frustration.

« … Non, c’est faux, en effet. Mais en quoi est-ce que cela vous intéresse ? Il y a quelques mois, mes bassins ont été contaminés par des produits chimiques qui ont tué la vaste majorité de mes bancs. Je ne vois pas en quoi celà vous aidera dans votre enquête ? »

« Pourtant, paraît qu’vous avez vendu des oeufs d’poiscaille à la vieille dame qui vit dans l’espèce d’gros appartement plus loin. Lannik. Ca vous sonne une cloche ? Puisqu’vous avez quasiment plus d’poiscailles ici, j’doute que vous ayez assez d’oeufs pour honorer des commandes vu qu’faut que vous regarnissiez vot’ bassin. Alors d’où ils sortent ? »


Le Quarren se sentait visiblement coincé. Après un énième temps de réflexion, il finit par tirer un tabouret, s’asseyant et poussant un long soupir. Il y avait trop d’informations contre lui, il n’avait pas vraiment le choix que de dire ce qu’il s’était passé.

« … Écoutez, il faut me comprendre… Je n’ai qu’un minuscule business et voilà que cette contamination arrive. Si je ne trouvais pas une solution pour honorer les commandes déjà prises, je fermais boutique à coup sûr ! »
« J’comprends. Parlez plutôt d’vot’ solution. »

« J’ai considéré faire importer des œufs depuis l’extérieur… Mais ces denrées ne sont vraiment pas données. De plus, il y a une taxe sur cette planète sur les produits d’imports. Je n’avais clairement pas les moyens d’acheter des œufs sur le marché en vigueur. D’autant plus que les poissons que j’élève, les Tapilas Empereurs, ne donnent que 13% de leur masse en œufs… C’est peu. Très peu. En conséquence, ils valent très chers et sont consommés par la bourgeoisie d’habitude… Comprenez donc ! J’avais perdu une grande partie de mon affaire, j’étais ficelé dans des commandes que je devais honorer, et j’ai une réputation à tenir ! Jamais mon affaire n’aurait survécu si j’avais annulé les commandes ! »
« … Et du coup ? Z’avez fait quoi ? »

« Et bien… Il y avait ce type qui proposait des œufs de Tapilas Empereurs pour un prix défiant toute concurrence… Discrétion garantie, et pas de questions posées… »

Galdur savait déjà où cela menait. De la contrebande. Le pisciculteur avait fait appel à un contrebandier pour mettre la main sur des œufs. De cette manière, il payait un prix qui ne prenait pas en compte les taxes affiliées au produit, en plus de la potentielle ristourne de celui qui transportait pouvait faire.

« Vot’ type là, vous êtes sûr qu’il vous a livré des œufs d’Tapilas machins ? »

« Il m’a certifié que c’était le cas. Même si je ne me suis pas amusé à ouvrir l’intégralité des barquettes. Une fois les caisses reçues, je les ai directement expédiées à mes clients. Comme convenu. »
« … J’crois qu’vous vous êtes fait avoir dans l’lot mon gars… Au moins une partie des oeufs devaient pas être ce que vous avez payé pour… Des infos sur ce fameux transporteur ? »


Le Quarren haussa les épaules et fouilla encore parmi ses datadisks pour en récupérer un qu’il tendit au duo. Galdur laissa le Jedi le récupérer, ne disposant d’aucun appareil sur lui permettant de lire son contenu. Le datadisk révélait simplement l’identification d’un vaisseau de Fret. Le Beluga, une sorte de vieux coucou de transport affilié à ce qui semblait être une entreprise de pâtés pour animaux, qui faisait vraisemblablement le trajet entre Firrerre et la station spatiale de commerce. Qui fréquentait ce genre de milieu le savait très bien : Les membres d’équipages étaient rarement payés de manière gracieuse, et avaient parfois recours à de petites entorses pour combler leurs fins de mois. Il était fort à parier que l’entreprise en elle-même n’était sans doute pas au courant de la chose, et que les membres d’équipages avaient chargés quelques marchandises supplémentaires ni vu ni connu, qui ne figuraient étonnamment pas sur les déclarations de douane. Apparemment, le Beluga était encore amarré au spatioport et avait prévu de repartir d’ici quelques jours. Galdur envoya un regard à Karm.

« On dirait qu’on à quequc’chose. Qui dit contrebande dit pas d’contrôle de qualité approuvé… À tous les coups, on a essayé d’faire passer des vessies pour des lanternes. Des braconniers sur Mika ont dû collecter des œufs et les ont vendus comme des produits d’gamme venant d’Tilapis Empereurs. De fil en aiguille, et par l’réseau d’contrebande, ces cargaisons d’vrais faux œufs se sont retrouvées ici… Certains ont dû éclore, et… »



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