Absalom Thorn
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Tu as pris une écharpe ?
Aryst…


Absalom jeta un bref regard au docteur qui patientait à côté de la navette.


Tu sais, les grandes plaines, il y a du vent, il fait froid.
J’ai pris une écharpe.
Bon.


Le splendide jeune homme aux cheveux bruns qui lui faisait face fronça légèrement les sourcils, puis eut à son tour un coup d’oeil pour Torhyn.


Ma présence t’embarrasse…, murmura-t-il.
Quoi ? Mais p…
Je pensais te faire plaisir en t’accompagnant à l’astroport, coupa le jeune Hapien, avec un redoutable regard de tooka éploré.
Tu me fais très plaisir, s’enflamma aussitôt le terrible Sith, en posant une tendre main sur sa joue. Et tu vas me manquer à chaque seconde qui passe.
Pour de vrai ?
Bien sûr.
Alors c’est bon, je te pardonne.


Et pour sceller cette réconciliation, Aryst déposa un baiser sur les lèvres de son compagnon, avant que celui-ci ne consente à se détacher de lui pour rejoindre le docteur.


Mon compagnon, expliqua-t-il sobrement.


Le scientifique sera probablement parvenu lui-même à cette conclusion grâce à son puissant esprit de déduction. En tout cas, Aryst était d’une beauté époustouflante, comme bien des Hapiens, mais ses cheveux noirs et bouclés tranchaient avec ce que le docteur avait pu observer jusque là sur la planète et, surtout, il y avait quelque chose dans ses attitudes, dans ses gestes un je-ne-sais-quoi qui trahissait que la haute société hapienne, avec toutes ses grâces et ses délicatesses, devait lui être étrangère.


Absalom ne s’en retourna pas moins une dernière fois pour le contempler avant de disparaître dans le vaisseau où Kela, la pilote personnelle du sorcier, attendait déjà dans le cockpit. Bientôt, la rampe se relevait et, les autorisations de décollage dûment obtenues des contrôleurs spatiaux, ils quittèrent la terre forme pour prendre la direction des étoiles.


Et ça, de toute évidence, ça n’enchantait pas le chef de cette petite expédition. La mâchoire légèrement crispé, calé aussi profondément que possible dans son siège, Noctis en serrait les accoudoirs comme si sa vie en dépendait. Ce ne fut que lorsque l’appareil, après avoir quitté l’orbite, s’engouffra dans l’hyperespace que le Sith parut se détendre quelque peu.


Rien à signaler, maître, fit la voix de la pilote dans l’intercom.


Celui-ci hocha la tête, au moins un peu rassuré.


Bien. Nous devrions arriver dans quelques heures. Vous avez eu le temps de vous familiariser avec les détails que je vous ai transférés hier ?


C’était trois jours plus tôt que le Hapien avait informé celui qui était devenu son scientifique en chef de son désir de le voir se joindre à un voyage sur Balamak, l’une des planètes agricoles les plus importantes de la Bordure Intérieure, entre la République et l’Espace Hutt. Là, la conservatrice en cheffe de sa Bibliothèque le lui assurait, un chasseur de trésors bothan se tenait prêt à lui vendre un précieux document sur des expériences biologiques d’anciens Siths, datant de plusieurs centaines d’années.


La piste avait paru assez solide pour que Noctis consente à se déplacer : le Bothan fournissait un descriptif détaillé des circonstances de sa découverte, sur une antique station spatiale expérimentale à la dérivée dans les régions sauvages, et les clichés qu’il avait fournis à l’appui de ses prétentions permettait d’identifier sans doute possible un laboratoire de recherches sith. Des expériences elles-mêmes, il ne restait rien depuis longtemps, mais le Bothan était parvenu à copier des données importantes, quoique fragmentaires, des quelques ordinateurs encore en état de marche.


Je crains que notre voyage n’ait un côté un peu fastidieux et l’on ne peut pas dire que je vous emmène dans l’endroit le plus exotique qui soit, mais enfin, j’ai prévu que l’on reste un ou deux jours de plus pour visiter. Enfin, vous les occupez comme vous voulez : moi, j’ai déjà repéré des conférences captivantes à la chambre planétaire de l’agriculture.


Chacun sa définition des vacances.


En tout cas, le plan était simple : ils se posaient, rencontrer le soir même le Bothan dans le salon privé d’un night-club, et Absalom s’assurait de la validité mystique des documents présentés, tandis que Torhyn jugeait de leur qualité scientifique. S’ils étaient satisfaisants, la transaction était conclue et chacun pouvait repartir heureux.


Qu’est-ce qui pourrait mal se passer ?


Alors, dites-moi. Comment se passe votre acclimatation à Hapès ? Pas trop perturbé par nos conditions astronomiques un peu particulières ?


Il voulait parler bien entendu du jour perpétuel, qui, passé le charme des premiers moments, pouvait être un rude coup pour l’horloge interne des autres espèces.


J’ai cru comprendre que la prospection de nouveaux locaux était en bonne voie. Et que Darth Venenous a bientôt fini de vérifier que les employés potentiels que vous avez repérés ne posent pas de risques de sécurité. Tout semble donc se mettre en place.


Et les anciens employés, eux, coulaient des jours heureux dans la chambre froide.
Torhyn Lokred
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- Reviens ici ! Mais…non ! Viens là ! Au pied ! Non pas par-là ! Ça suffit !

C’était un drôle de spectacle qui s’offrait à tout spectateur du laboratoire où j’officiais désormais, sous l’égide du Docteur Absalom Thorn. En effet, les scientifiques déjà sur place pouvaient admirer leur chef de service en train de farfouiller dans les recoins les plus sombres et les plus petits du laboratoire. Pour ensuite se mettre à courir derrière une petite forme blanche, non sans pester comme un beau diable.

- J’ai dit reviens ! Au pied ! Ce n’est qu’une toute petite piqure tu le sais ! Un simple rappel de tes vaccins ! Ce n’est pas comme si je t’injectais un truc nocif crénom ! (Nous n’entrerons pas dans un débat sur ces dernières paroles). Enfin le petit rat, devenu rusé, fut capturé : HA HA ! Je t’ai eu ! Dis donc toi ! Pris par mes affaires et l’installation ici j’ai négligé ton education. Nous allons devoir reprendre.

(Oui…je parlais à mon rat.)

Cette sentence fut accueillie par un petit couinement de l’animal, visiblement fort peu réjoui de subir son rappel de vaccin…

- Docteur Lokred ? osa enfin se manifester un de mas nouveaux assistants qui s’était fait discret jusque-là.
- Oui, fis-je avec un magnifique sourire au jeune Hapien (allez donc savoir pourquoi ils sont tous sublimes sur cette planète) que je dévorais presque du regard.
- Une missive du Docteur Thorn.
- Ho. Fort bien, je vous remercie.
- Et…
- Ouiiii ?
- Darth Venenous a envoyé les derniers rapports sur les scientifiques que vous aviez retenus. Elle vous invite à en prendre connaissance et d’agir en conséquence.
- Formidable ! Il me sourit aimablement…- que je sois damné…il était magnifique – avant de finalement s’éloigner. Quant à toi, repris-je à l’attention de mon rat, tu vas rester bien tranquille okay ?

Mon délicieux employeur m’avait demandé de l’accompagner sur Balamak – un monde agricole – pour rencontrer un chasseur de trésor. Apparemment il avait un document ancien à vendre sur des expériences Siths en matière de biologie notamment. Mon expertise était requise en raison de ce dernier point. Autant vous dire que j’avais hâte d’avoir le précieux document entre les mains pour en analyser son contenu et déterminer s’il était digne d’intérêt ou non.

N’était-ce pas à prendre comme une aventure ? C’était ainsi que je voyais les choses. J’étais donc fin prêt, dès le lendemain, au point de rendez-vous pour notre départ. J’avais passé une tenue un peu plus simple que mon sempiternel costume trois pièces. Sans pour autant négliger mon style. Mon épaisse tignasse avait été disciplinée en une queue de cheval qui dansait sur mes épaules et le haut de mon dos, au rythme des mouvements de ma tête.

Je ne pus m’empêcher de sourire avec chaleur en voyant le redoutable Seigneur Sith, si doux et prévenant avec ce beau garçon qu’il avait cru bon de me présenter comme son compagnon. Je ne l’imaginais pas ainsi…J’avais beaucoup à apprendre sur Absalom Thorn…et sa personnalité hors du commun. Comme le fait qu’il semblait ne pas aimer les turbulences en plein vol. Et quoi de mieux pour en apprendre plus que de passer du temps avec lui.

- En effet répondis-je à sa première question, et je vous remercie de la confiance que vous m’octroyez. J’espère que cette piste sera fructueuse.

Mon sourire s’élargit à sa remarque su le fait que nous pouvions ensuite nous occuper comme nous le souhaitions sur Balamak une fois notre tâche accomplie. Il ignorait sans doute que lorsqu’on me donnait un os à ronger…pas question que je le lâche tant que je n’en n’avais pas extirpé toute la substantifique moelle. Si le document était authentique et intéressant, je me mettrai au travail immédiatement.

- Hapès est une planète magnifique. Je dois avouer que malgré le fait que d’ordinaire je n’ai besoin que de quelques heures de sommeil, il me faille d’avantage dormir pour récupérer ces derniers temps.

Il n’empêchait que mon temps de sommeil demeurait remarquablement court pour un humain. Il en avait toujours été ainsi.

- Darth Venenous est d’une efficacité remarquable. C’est un plaisir de travailler avec elle. La mise en place de la nouvelle équipe et du nouveau laboratoire est en effet en bonne voie. J’ai exposé à Darth Venenous le protocole de sécurité strict pour travailler sur des agents infectieux plus…virulents que d’ordinaire. J’ai fait une demande d’un nouveau type de matériel, certes un peu onéreux, mais qui est nécessaire pour la poursuite de recherches scientifiques quelle qu’elles soient en matière de génétique et infectiologie. Sans oublier les matières premières. Tout avance à merveille. Je gage que nous serons rapidement opérationnels et prêts à travailler sur au moins deux projets simultanément…Pour commencer naturellement. Inutile de vouloir aller trop vite


Absalom Thorn
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Excellent, se réjouit l’Hapien. Je me réjouis de découvrir vos premiers résultats.


Dans la bouche d’un autre Sith, on aurait peut-être pu l’interpréter comme une menace. Soyez efficace ou je vous suspends par les narines au-dessus d’un puits d’acide. Quelque chose dans le genre. Dans celle d’Absalom, c’était une déclaration pleine de légèreté et d’enthousiasme.


(Et peut-être une menace quand même ?)


En tout cas, le sorcier était d’une humeur rayonnante ce jour-là et il passa une bonne partie du voyage à s’enquérir de la nouvelle vie de son protégé, et de sa découverte du Consortium, en dispensant des conseils sur les endroits à découvrir, les lieux à visiter et les spécialités à essayer.


Cela dit, malgré toute sa bonne volonté pour vanter les charmes de sa planète natale et de ses voisines, il n’était pas fâché de la quitter pour quelques jours. S’arracher à Hapès avait parfois quelque chose de libératoire, quand c’était pour regagner le terrain. Absalom se sentait rapidement comme un animal en cage, et il préférait le frisson de l’aventure, fût-ce celle qui ne prenait la forme que d’un voyage, au confort de ses appartements.


Quand enfin ils sortirent de l’hyperespace cependant, l’homme redevint taciturne et anxieux, pendant tout le temps qu’il leur fallut pour rejoindre l’astroport de Dorum, la capitale de Balamak. Ce ne fut que lorsque les moteurs se turent enfin qu’il consentit à déboucler son harnais, pour quitter le vaisseau à grands pas.


Enfin, s’exclama-t-il une fois sur le plancher des éopies ! Bien. Nous sommes très loin de la prolifique architecture de Hapès ou de Coruscant. Venez, ma pilote s’occupera des formalités administratives.


Si la ville était modeste au regard des grands mondes qu’il venait d’évoquer, Dorum n’en abritait pas moins une population bigarrée. Nul doute que les fermes étaient, elles, plus homogènes, mais là se pressaient tous les négociants des systèmes avoisinants, dont les mondes dépendaient en bonne partie de la production pléthorique de Dorum pour leur approvisionnement.


C’était une vie pleine de frissons aussi, et de petites mésaventures méconnues : ces visiteurs mi-fonctionnaires, mi-commerçants, que personne ne connaissait et que personne ne reconnaîtrait jamais, avaient en un certain sens la vie de milliards de personnes entre leurs mains. La nourriture était là, sur Balamak, et il ne fallait pas laisser passer un contrat de long terme, et ne jamais perdre de vue le cours des grains ou de la viande.


Vous savez, chez les économistes du développement, comme moi, on dit souvent que le destin des grands empires se jouent dans des villes comme celle-ci et les salles de réunion de leurs fédérations agricoles, plutôt que sur les champs de bataille au milieu des tirs de blaster. Sans doute est-ce un peu exagéré, mais ce n’est pas tout à fait faux.


C’était un univers qu’il connaissait, pour s’en être beaucoup, comme Consulaire puis comme Seigneur. L’essentiel de sa carrière au service de l’État, la République ou l’Empire, avait été consacrée au développement des périphéries, et la question agricole y était intimement liée.


Dans un pareil endroit, il se sentait dans son élément et, de façon remarquable, son attitude avait changé. C’était des détails discrets. La manière de bouger. Les mouvements de la tête. La démarche. D’infimes corrections à la grâce distinguée de rigueur dans la haute société hapienne, et qui s’était muée en une aisance de voyageur galactique, un peu plus brusque, un peu plus populaire, pour se fondre dans le paysage local.


En longeant l’une des rues principales, les deux hommes étaient arrivés au pied de l’Hôtel des Comices, un établissement confortable sans être tapageur, dans lequel le Hapien s’engagea sans hésiter.


Une réservation au nom de Lakvé, s’il vous plaît, dit-il à la jeune réceptionniste, qui eut besoin d’un moment pour se convaincre de détacher le regard du Hapien, le premier qu’elle ait jamais vu, pour se concentrer sur sa console.
Une chambre pour deux.
Deux chambres pour un, corrigea machinalement le Sith.
Ah ! Euh…


Le regard de la jeune fille passa nerveusement d’un homme à l’autre, avant qu’elle ne se mette à pianoter à toute vitesse sur son clavier.


Aman Lakvé.
Aman, le n à la fin se prononce. Mais oui, c’est cela.
Je suis désolée, M. Lakvé, j’ai bien la réservation d’une seule chambre, avec un lit double. Il y a… euh… dû y avoir une erreur… ?
Hé bien, mettez-nous en une autre.
Oh, c’est hélas impossible !


Le sorcier haussa un sourcil.


Voyez-vous, ce week-end, c’est la Fête de la Courge.
Je vous demande pardon ?
La Courge. C’est la Fête de la Courge. C’est un événement qui attire des gens de tous les systèmes des environs. Les hôtels affichent tous complets. Je crains que vous n’ayez bien du mal à trouver une chambre supplémentaire à la veille du concours de la Plus Grosse.
La plus grosse courge ?
Exactement. Vous voulez participer ?
Je n’ai pas ma courge avec moi.
C’est regrettable.
N’est-ce pas ? Bon, hé bien, tant pis, donnez-nous la clé et l’on s’en accommodera…


Quelques secondes plus tard, Absalom empochait une carte magnétique et tendait l’autre au docteur.


La courge…, maugréa-t-il encore en s’engageant dans le turbolift.
Torhyn Lokred
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Je prenais note de tous les conseils que me prodiguait mon si aimable compagnon de route rapport à ma nouvelle vie sur Hapès. Je devais bien reconnaitre que deviser avec lui était quelque peu rafraichissant. Son esprit vif était appréciable. Il n’avait vraiment rien à voir avec d’autres Seigneurs Siths. Même si Darth Ganys, ou Darth Oracci m’avaient toujours traités avec un certain respect, Absalom Thorn avait cette faculté toute particulière de mettre l’aise les personnes qui s’adressaient à lui.

- Ce n‘est pas tout à fait faux, en effet. De même qu’en médecine les pires infections proviennent d’organismes microscopiques…


Je notais la bonne humeur du Hapien depuis nous avions atterri. Il semblait à l’aise dans cet univers bien loin du faste de la resplendissante Hapès. Sa jovialité devait être communicative, car je souriais moi-même à pleines dents. Je marchais aux côtés de mon formidable employeur, observant l’effervescence de la capitale, la foule des négociants, commerçants et j’en passais, les effluves campagnards. Cette ville pétillait de vie, et je ne savais où poser les yeux tant il y avait à voir. Je me sentais comme un gamin qui redécouvrait le monde…

Absalom avait réservé, sous un nom d’emprunt, ce qui aurait dû être deux chambres avec un lit dans chacune. Mais, apparemment les choses n’allaient pas etre aussi simples. Je me retenais de rire quand nous constatâmes que nous allions devoir partager chambre et…lit. Je saisis la carte magnétique que me tendais l’Hapien, avant de m’engager dans le turbolift à sa suite.

- La « plus grosse » courge, le corrigeais-je avait une pointe d’amusement. Néanmoins je ne voulais pas le mettre mal à l’aise et encore moins l’agacer davantage, sans oublier le fameux « compagnon ». Aussi m’empressais-je de retrouver un semblant de sérieux et j’ajoutais : n’ayez crainte. J’ai apporté du travail, dormir n’est pas une nécessité. Et au besoin un fauteuil me conviendra. Et pour qu’il ne se sente pas coupable, je précisais : une habitude quand vous êtes un médecin et un scientifique passionné : s’endormir n’importe où et pas forcement dans un bon lit.

Combien de fois, quand j’étais encore sur Lorrd, m’avait-on retrouvé endormis dans fauteuil, ou encore avachis sur mon bureau, au milieu de mes recherches ou de mes expériences. Une coutume que je n’avais pas perdue sur Kohlma…Et Darth Ganys, comme Mee Keto, m’avaient déjà retrouvé dans des situations semblables.

Le petit « ding » du turbolift marqua notre arrivée à un étage…Nous n’étions pas arrivé à destination encore. Les portes s’ouvrirent pour céder le passage à un couple de Zabrak, et leur petit garçon. Sans oublier l’énorme courge que l’individu zabrak mâle portait dans ses bras. Pour leur laisser un peu de place, il me fallut reculer tout au fond de l’élévateur, me retrouvant…assez proche d’Absalom Thorn...vraiment très proche. J’eus un sourire gêné à son encontre, et tâchais de porter mon attention sur autre chose que la forte proximité à laquelle nous étions forcés. Mais la tâche s’avérait plus compliquée qu’on ne pourrait le croire. Les effluves d’un parfum subtil et délicat, que j’attribuais sans hésitation à Noctis, vinrent chatouiller mes narines. Nous étions si proches que cela. Je n’irai pas jusqu’à dire que je me retrouvais en apesanteur pour reprendre le titre d’une chanson de la pop intergalactique mais pas loin. Si je levais la tête vers lui, cela pourrait frôler l’indécence. Un léger fard venait colorer mes joues d’ordinaire si pâles. Avec un faible soupire, mes yeux se posèrent machinalement sur la courge…

- C’est excitant hein ?!
- Comment ?
- En avez-vous déjà vu de plus grosse ?
- Pardon ?
- La courge…le festival ! (mais bien sûr! quoi d'autre?) Nous avons travaillé dur pour y participer et produire le légume le plus parfait possible, expliqua le Zabrak visiblement fier de sa production, et pas du tout conscient de la tourmente dans laquelle il venait de me plonger.
- Ha…heu…belle taille en effet oui, répondis-je vaguement, tout en tentant de mettre de côté les idées mal placées de mon cerveau dérangé.
- Vous êtes venus aussi pour le festival ?
Je n’eus pas le temps de répondre, son épouse intervint :
- Voyons chéri, ne les ennuie pas avec cela. Ils ne sont peut-être pas là pour ce genre de chose.

Hrem…

Un autre « ding » vint nous sauver la mise. Nous étions au bon étage. Nous descendîmes tous en quêtes de nos chambres respectives.

- C’est ici… fis-je à Absalom en désignant une porte. Mes yeux se tournèrent vers le couple qui prenait ses quartiers dans la chambre juste en face de la nôtre. Je sentais leur regard curieux, sans doute en raison d’un magnifique quiproquo qui s’était initié dans leur esprit, alors que je scannais la carte magnétique qui activa l’ouverture de la porte qui s’effaça sur notre passage.

Le room-tour allait être rapide. Ce n’était une suite, mais la chambre, aux dimensions raisonnables, était propre et agencée savamment dans le but d’optimiser un maximum l’espace présent. L’unique lit trônait au centre de la pièce principale. La salle de bains était adjacente. Une table qui pouvait faire office de bureau était dans un coin, un mini-bar, fauteuil, bref l’essentiel était présent. Moi qui avais appris à e contenter de peu, je trouvais cela tout à fait satisfaisant. Je ne connaissais encore rien des habitudes et mode de vie de mon employeur. C’était l’occasion rêvée.

Alors que je faisais l’inventaire des lieux, on devenait paranoïaque à force de vivre avec des Siths, je demandais au Docteur Thorn :

- Quand est prévu le rendez-vous avec le Bothan ?

Oui…je tâchais de revenir à l’essentiel.


Absalom Thorn
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Alors qu’ils passaient dans l’ascenseur, l’esprit du Sith était déjà parti vers d’autres considérations. Tout psychologue et perspicace qu’il fût à l’ordinaire, il ne remarqua pas le trouble de son scientifique attitré. Déjà, il repensait au document qu’on devait leur vendre, aux secrets qu’il révélerait peut-être, et aux inépuisables mystères de la Force.


Ce fut à peine s’il se rendit compte qu’il avait intégré la chambre et que le reste de l’étage spéculait sur leur courge.


Hmmm, fit-il, le regard fixé sur un mince tableau holographique projeté un peu au-dessus du lit, qui représentait l’un des paysages de la planète ? Ah ! Oui ! Le rendez-vous. Dans une demi-heure.


Le Hapien laissa tomber son sac de voyage par terre, au pied du lit.


Possiblement le premier d’une série de rendez-vous. La difficulté, dans ce genre de situations, c’est que les vendeurs ne savent pas trop ce sur quoi ils ont mis la main. Faute d’être des spécialistes de la Force eux-mêmes, vous comprenez ? Alors ils sont obligés de tenter d’en deviner le prix en jaugeant des réactions de leurs interlocuteurs et c’était une danse qui a quelque chose d’un peu fastidieux. Mais c’est un peu la règle de ce marché.


Le sorcier entreprit de refaire machinalement l’inextricable chignon qui retenait ses longs cheveux blonds dans un arrangement compliqué.


Je me demande si je ne devrais pas les couper…


Considération assurément capitale, mais qui ne parvint pas à prendre le pas sur l’objet de leur mission.


Bien ! Allons-y, si vous êtes prêts, nous pourrons profiter de la chambre plus tard.


Et, semblerait-il hermétique au double sens de son propos, il adressa l’un de ses sourires chaleureux au docteur, avant de quitter la chambre. Retour dans l’ascenseur, sans courge cette fois-ci, puis au grand hall de l’hôtel et aux rues de la ville.


Le rendez-vous était fixé dans un hangar à grains de la périphérie de la ville et ils se mêlèrent à la population en empruntant les transports communs. C’était préférable, selon Absalom, à la location d’un speeder, qui aurait laissé trop de traces. De toute façon, tout le monde était gagné par l’effervescence : le train à suspension magnétique latérale, qui filait le long de la façade des immeubles, était rempli à craquer de concurrents qui dorlotaient leurs énormes courges.


Torhyn et Absalom, à nouveau tout proches, presque pressés l’un contre l’autre par les autres voyageurs, purent profiter des conversations qui allaient bon train. Chacun avait apparemment son activité préféré : le concours de la meilleure tarte à la courge, la compétition de craché de pépins de courge, le grand championnat des mangeurs de purée de courge, le colloque d’histoire de l’art sur la courge en peinture à travers les époques et le spectacle inter-école intitulé Les Aventures de Courgie la Courge et de ses amis, une super-production qui expliquait la présence dans le wagon de bon nombre d’enfants en costume de citrouilles.


Le train se vidait peu à peu cependant à mesure qu’ils approchaient des quartiers les plus industriels. Bientôt, les festivaliers furent remplacés par des ouvriers, des employés et des voyageurs de commerce. Les deux hommes finirent par en descendre eux-mêmes, pour découvrir un paysage d’immenses entrepôts, qui se succédaient en demi-cercles concentriques devant eux.


Magnifique, déclara Absalom qui, en bon économiste, avait un certain penchant pour les décors de ce genre. Observez combien on peut deviner les étapes successives du développement de la planète à la forme des entrepôts qui se succèdent, comme les anneaux d’un arbre. Les plus petits, qui datent de l’époque de la colonisation, et là-bas, au bout, les greniers à grains de dernière génération.


Magnifique, en effet.
(On en écrirait presque des poèmes.)


Le Sith s’en abstint néanmoins, pour dévaler à la place les escaliers métalliques qui menaient de la station de train au quadrillage de rues perpendiculaires qui desservaient avec un ordre tout géométrique les fameux bâtiments. Dix minutes plus tard, ils s’arrêtaient devant un hangar déjà ancien. Après avoir vérifié la géolocalisation sur son datapad par acquis de conscience, Absalom poussa la porte.


Ah.


À l’intérieur, c’était la ruine. Des silos à grains cylindriques avaient été éventrés, par des charges explosives si l’on devait en juger au métal déchiré et calciné, et leur contenu s’était déversé comme des dunes au milieu de l’entrepôt. Instinctivement, Absalom s’interposa entre le docteur et un danger éventuel, son sabre laser éteint, mais déjà logé au creux de sa main.


Pendant quelques secondes, le sorcier demeura immobile, tandis que son esprit s’étendait petit à petit autour de lui, à la recherche d’autres pensées, et donc d’adversaires éventuels. D’abord, il crut que tout était inerte autour d’eux, et puis soudain, une impression fugitive passa dans ses pensées.


Par ici, souffla-t-il au médecin, avant de s’engager au pas de course dans une travée de silos que les événements avaient épargné.


Ils n’eurent pas besoin de courir longtemps : une dizaine de mètres plus loin, un Bothan était couché sur le sol, la fourrure ensanglantée, la respiration sifflante, et à peine conscient.
Torhyn Lokred
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Me saisissant d’un sac où je gardais mon datapad et mon éternelle trousse de soin, j’étais prêt.

- Je vous suis.

Et nous voila repartis en sens inverse. Noctis menait la danse, nous frayant un chemin à travers la foule qui prenait les transports en communs. Nous nous engouffrâmes de justesse, avant que les portes ne se referment. En raison du cruel manque de place nous nous retrouvâmes – à nouveau – serré comme des sardines en boites. Le train filait à vive allure, je me retenais tant bien que mal à une barre métallique, mais rien d’évident quand la rame était bondée ! Un petit virage sec, et ce fut l’effet domino. Mon voisin de derrière m’envoya définitivement contre Absalom…Décidément ! Reprenant mon équilibre, tout le monde se confondait en excuse. Moi le premier par rapport à Absalom. Difficile à dire si je regrettais véritablement l’indécence du moment. De nouveau, je tâchais de me concentrer sur quelque chose de plus…prosaïque.

Encore des courges…des courges partout. C’était une vraie passion chez ces gens-là. Il fallait de tout dans cet univers…Chacun ses délires. Au fur et à mesure le train se vidait, et nous pûmes retrouver un minimum d’espace vital chacun. Enfin, nous descendîmes à destination. Absalom semblait ravi du paysage qui s’offrait à nous. Des hangars…à perte de vue. Chacun son délire comme je le disais plus tôt. Néanmoins, je demeurais courtois en hochant poliment la tête face aux explications qu’il me donnait sur l’architecture des bâtiments, témoins de la succession des époques.

J’emboitais le pas du Sith pour gagner le train qui desservait les hangars. Celui qui nous intéressait ne payait clairement pas de mine. Nous entrâmes. L’intérieur n’était guère plus glorieux, quelqu’un avait semé une sacrée pagaille. Avant que je puisse esquisser le moindre geste, Absalom s’était placé devant moi. Son sabre laser éteint à la main. Ma main se glissa doucement dans l’intérieur de ma veste…où sommeillait le cadeau d’un autre magnifique jeune homme, que j’espérais encore en vie. Je suivais Noctis prudemment, galopant derrière lui jusqu’à ce qu’il s’arrête brusquement. Devant nous, un Bothan salement amoché était allongé au sol.

- Par les étoiles, murmurai-je en amorçant un geste pour me précipiter vers lui. Mais je suspendis mon mouvement, observant tout autour de nous. Était-ce un piège ? Finalement je repris ma progression. Après tout, Absalom était puissant non ? Je me faufilais donc en direction du Bothan. Une large mare de sang s’étalait tout autour de lui, mais cela ne me perturba pas le moins du monde. Et je m’agenouillais pour l’examiner. Sa respiration sifflante n’augurait rien de bon. Avec autant de précautions que possible, j’entrepris d’écarter ses vêtements pour constater les dégâts.

- Perforation thoracique et costale, annonçais-je à Absalom…il perd beaucoup de sang…Toutefois en traumatologie, dans une situation de ce genre, il ne fallait pas se laisser impressionner par des blessures importantes. Le plus important ce n’était pas toujours ce qu’on voyait…mais bien le retentissement sur les organes vitaux. Le sifflement en question de ses poumons à chaque tentative de respiration était un indice. J’ouvris ma besace pour en extirper ma petite trousse de secours. Il n’y avait pas si longtemps, elle avait contenu le nécessaire pour me réanimer en cas de crise d’emphysème aigüe…et mes bronchodilatateurs. Depuis, j’en avais quelque peu changé le contenu. Ainsi, je saisis mon stéthoscope et le posais sur le torse du Bothan en écartant au maximum sa fourrure. L’écoute des murmures pulmonaires allaient m’en dire plus sur la gravité de son état. Le corps de mon patient se souleva légèrement, il poussa un râle horrible, sa respiration sembla se bloquer brusquement.

- Il n’y a plus d’air qui circule ! Pneumothorax suffoquant. Je fouillais encore dans ma trousse, je cherchais quelque chose de bien précis…je vais avoir besoin de vous. Je ne peux pas le sauver dans de telles circonstances…Mais…je peux tenter de le maintenir en vie quelques temps, et le soulager quelque pour qu’il puisse nous parler. Pour ça je dois réduire la pression dans l’espace pleural. L’augmentation de la pression réduit la quantité de sang retournant vers le cœur car le sang ne peut pas s’insinuer dans le thorax et revenir vers le cœur. Par conséquent, le cœur a une quantité de sang inférieure à propulser vers l’organisme, ce qui entraîne un choc, et l’incapacité à respirer.

Je venais de réciter mon cours de médecine, comme à chaque fois que je devais traiter une urgence. C’était un moyen de se rassurer ses des gestes que je n’avais pas l’habitude de faire, mais aussi pour expliquer à Absalom ce qu’il se passait. Je regardais tout autour de nous…Nous étions dans un hangar agricole après tout…Une machine énorme avait été garée dans un coin. Je me dirigeais vers elle, ouvris son « capot » et plongeais la tête en quête d’un élément clé. Quelques secondes plus tard je revenais triomphant avec un petit tuyau de faible diamètre. J’ouvris plusieurs kits : l’un de désinfection, l’autre contenant une seringue à adrénaline, et un dernier enfermant un bandage et des compresses et je passais des gants stériles et un scalpel.

- Je dois faire une décompression à l’aiguille, je n’ai pas ce qu’il faut, alors on va faire autrement. Système débrouillardise. Mettez vous face à moi s’il vous plait, il me reste une dernière paire de gants dans mon sac, mettez-les, et tenez-vous prêt s’il vous plait. Avec l’écart de mes doigts je calculais l’intersection entre ligne fourchette sternale et ligne mamelonnaire. Je n’ai pas une aiguille assez grande, je dois donc inciser, ouvrir et planter l’aiguille directement. D’un geste vif je tranchais l’épaisse peau du Bothan avec mon scalpel à l’endroit ciblé. Le sang se déversa de la plaie. Docteur Thorn, écartez les bords de la plaie et tenez-la ouverte je vous prie. J’agrandis l’ouverture, puis je saisis l’aiguille et la plantais directement à l’endroit que je cherchais. Il y eu un petit « pchiit », et soudainement le thorax de notre patient se souleva dans un mouvement respiratoire. J’expliquais à Absalom : on va utiliser le tuyau pour garder la prise d’air et panser notre ami. Et c’est ce que nous fîmes. J’utilisais le tuyau « emprunté » pour servir de drain. Voilààà….prenez les compresses….appuyez-ici, je saisis doucement la main d'Absalom pour la poser à l'endroit souhaité…Parfait. Je terminais de faire le pansement, libérant le Sith de sa position d'asistant médical. Le Bothan respirait à nouveau, il ouvrit doucement les yeux. Je précisais à Absalom : pas sûr qu’il survive, on ne peut rien faire de plus sans matériel. Au moins il a repris connaissance.

Nous avions agit rapidement, et sereinement. Mon désir de sauver le Bothan n'était nullement par bonté d'âme...mais parce que nous avions besoin de lui.
Absalom Thorn
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Fort bien, fit le Sith avec une pointe de distraction, tandis que le docteur lui expliquait la procédure à suivre.

Pour sa part, il avait continué à sonder l’entrepôt et, après s’être assuré qu’ils ne risquaient pas d’être surpris par un adversaire, en tout cas pas un adversaire vivant, il prêta son assistance au médecin. Ni l’urgence de la situation, ni le spectacle de ce corps meurtri que l’on opérait ne paraissaient le bouleverser outre mesure.

Avec la discipline de quelqu’un formé au sein de l’Ordre Jedi, il exécutait les ordres polis qu’on lui donnait, avec une précision méthodique, jusqu’à ce que le Bothan ait repris conscience.

J… Je…, commença celui-ci d’une voix faible.

Absalom échangea un regard avec Torhyn, avant de reporter son attention sur le malheureux.

Tout va bien se passer, promit-il avec une douceur angélique, en lui caressant les cheveux. Détendez-vous.

Ses pupilles se dilataient petit à petit. Sa main s’arrêta sur le front du patient. Le regard du Bothan devint confus.

Vous êtes en sécurité, poursuivit le sorcier d’une voix hypnotique, dont les mots comme les ondes à la surface d’un étang se propageaient dans l’esprit de son interlocuteur. Et vous pouvez avoir pleinement confiance en nous.

Le Bothan bougea les lèvres sans parvenir à parler, mais Noctis ne parut pas s’en soucier. Son esprit s’était déjà immiscé dans celui de sa victime, dont il parcourait à la fois les souvenirs et les pensées. La respiration du Bothan était de plus en plus lente. L’écume lui venait aux lèvres.

Le Sith finit par fermer les yeux. La scène qui avait précédé leur arrivée se reconstituait dans son esprit, et à partir de là, il tentait de puiser les souvenirs les plus utiles, ceux de ces derniers jours, ceux qui dessinaient, par fragments, le quotidien du mourant.

Je…
Dormez, murmura Absalom, dormez sans plus vous soucier de rien.

Et l’homme perdit conscience. Son corps s’affaissa à nouveau dans la mare de sang. Il y eut un léger soubresaut et enfin il fut mort.

Bien, dit le sorcier d’un ton dégagé, en rouvrant les yeux avant de se relever. Par chance ou par malheur, c’est encore à voir, il ne s’agissait pas de notre vendeur, mais de l’un de ses associés, un membre de son clan bothan, qui lui servait de gros bras. Si l’on peut dire. Les deux nous attendaient ici, dans ce hangar, vers les silos que nous avons vu éventrés. Et ils se sont faits surprendre par un groupe de cinq individus armés et cagoulés. Armés de blasters.

Précision importante, par les temps qui couraient.

Il semblerait que Velax, notre contact, ait réussi à s’échapper tandis que son… disons… cousin essuyait les plâtres. J’ai réussi à identifier l’endroit où logeaient ces deux-là sur Balamak. Un petit appartement de location, non loin de l’astroport. Allons y faire un tour. Je vous laisse récupérer tout ce qui pourrait avoir nos empreintes ? Je vais nous chercher un lavabo et dire à Kela de venir nous retrouver avec un speeder. Si nous devons nous lancer dans des courses-poursuites, ce sera infiniment plus pratique.

Quelques minutes plus tard, tube, compresses, bandages, tout était méthodiquement incinéré au sabre laser, avant que les deux hommes ne quittent l’entrepôt. C’était un contretemps fâcheux, et principalement parce qu’il impliquait que les informations qu’ils étaient venus acquérir pouvaient leur échapper.

Pourtant, l’humeur de Noctis n’en semblait pas entamée. Bien au contraire. Un peu d’action ne faisait jamais de mal. Et puis il avait été rassuré par la présence de blasters. Ni les Jedis ni les Siths, selon lui, n’auraient envoyé d’autres qu’eux-mêmes récupérer ce genre de documents, et il lui paraissait probable que les ennemis du Bothan en avaient après lui pour d’autres raisons.

Dans le pire des cas, Velax était tué à son tour, ces individus mystérieux reprenaient son stock et alors, il s’agirait tout simplement de négocier avec eux plutôt que lui.

Au bout d’un petit quart d’heure, un speeder de location se rangeait devant l’entrepôt, avec aux manettes la pilote du maître noir, la même jeune femme que le docteur avait pu apercevoir déjà sur Hapès, et dont il paraissait impossible d’arracher plus qu’un ou deux mots.

Avez-vous été suivie, demanda l’Hapien en s’installant sur la banquette arrière ?

La chauffeuse secoua la tête.

Bien. Ce n’est donc probablement pas à nous que l’on en veut et l’on dirait que l’on débarque comme des chiens dans un jeu de quilles. Hé bien, voyons quel sera notre score !

Et le speeder repartit. Ils furent obligés de contourner les rues centrales, dévolues au Festival de la Courge, et de longer le centre-ville, en se dirigeant vers la silhouette du spatioport, avec son allure fonctionnelle et rudimentaire, très différent de ce que l’on voyait sur les grandes planètes qui confiaient en général la conception de ces bâtiments de prestige à des architectes renommés.

Le véhicule finit par s’arrêter devant un petit immeuble de cinq étages, qui louait à la semaine des appartements pour les voyageurs de commerce. Quand Torhyin et Absalom pénétrèrent dans le hall, ils purent remarqués l’alignement de minuscules coffres-forts, dont les résidents devaient composer le code pour récupérer la clé magnétique de leur logement temporaire.

Trois étages plus haut, le Sith se retrouvait à pousser prudemment la porte fracturée de l’une des unités. Après avoir jeté un coup d’oeil à l’intérieur, il hocha la tête à l’attention du médecin, pour confirmer que les lieux étaient sans danger. À l’intérieur, tout avait été renversé, retourné, fouillé.

Les coussins éventrés.
La tapisserie décollée.
Les canalisations de l’évier dévissées.

Ils ont dû trouver les clés dans les poches de notre Bothan, fit le sorcier. Mais peut-être quelque chose aurait-il échappé à leur vigilance. Sans ça, nous essaierons d'interroger les voisins.
Torhyn Lokred
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Il répondit à mes ordres et m’assistait avec une efficacité exemplaire. Je devais bien avouer ne pas en attendre moins de la part d’un homme qui avait déjà tant fait dans sa vie.

J’avais observé avec intérêt la méthode du Sith pour rassurer notre mourant, l’apaiser, alors qu’il cherchait dans son esprit des informations précieuses. Le Bothan rendit son dernier souffle, mais heureusement, il avait livré quelques renseignements à Noctis qui me les transmis. Ce n’était pas le bothan que nous recherchions, mais un de ses gars qui travaillaient avec lui. Velax, de son nom, avait réussi à s’échapper à l’attaque qu’ils avaient subi. Apparemment cinq individus non identifiés et armé les cherchaient. Voilà qui n’était pas très rassurant. Absalom avait réussi à extraire la localisation de son appartement. Nous allions pouvoir nous mettre en route.

Mais avant cela, il fallait effacer toute trace de notre passage ici. Ce fut vite fait bien fait. Nous rejoignîmes le speeder de Noctis et sa conductrice pour nous rendre aux pieds d’un immeuble qui louait des appartements à la semaine. Il eut été trop beau que notre ami Bothan nous attende avec un thé chaud et des petits biscuits. Son appartement était sans dessus dessous…Un total capharnaüm. Quelqu’un était passé avant nous. Sans doute ceux qui étaient responsable de la mort de notre patient des hangars. Après s’être assuré que nous ne courions aucun risque, Absalom me fit signe d’entrer.

J’hochais la tête à la remarque de mon compagnon de voyage, nous pouvions possiblement trouver quelque chose d’intéressant. Je n’avais plus de gants stériles, qu’à cela ne tienne, mon mouchoir en main pour éviter de laisser des empreintes, et me voila parti en quête d’indices. Ho, je ne me prétendais pas un brillant enquêteur…Mais en tant que Lorrdien, et aussi en tant que médecin, j’avais un certain sens de l’observation. J’avais en tête quelque chose de bien précis, utiliser mes compétences médicales pour en apprendre plus sur notre ami… Entre la chambre à coucher, et la salle de bain, je fouillais un peu tout pour trouver ce que j’étais sûr n’intéressait pas des cambrioleurs. Enfin je revins vers Absalom en lui montrant deux boites portant l’identité de Velax et contenant des cachets. Je lui expliquais la nature de ma découverte :

- Lévothyroxine sodique, médicament prescrit pour de l’hypothyroïdie. C’est une maladie endocrinienne fréquente chez des espèces comme les Bothans. Notre ami va avoir besoin de s’arrêter dans une officine, ou tout autre lieu susceptible de vendre ce type de médicament. Je secouais l’une après l’autre les boites : celle-ci est pleine, mais l’autre non…c’est donc celle qu’il utilise quotidiennement. Vu le dosage prescrit, il en est à un stade assez avancé. S’il n’est pas traité depuis longtemps, il doit présenter des signes physiques caractéristiques au mieux, et au pire des cicatrices de ces signes. Poil terne et sec, possiblement clairsemés avec une desquamation, et séborrhées. Sa voix a dû changer aussi, elle aura une sonorité particulière, granuleuse. Il peut présenter une forme de claudication, par l’hypothyroïdie peut entrainer une faiblesse des membres inférieurs.

L’idée d’interroger les voisins n’était pas mauvaise car ils auraient pu entendre quelque chose de particulier…

Je sortais de l’appartement pour me planter devant la porte de l’appartement annexe et je toquais, non sans me racler la gorge. Une dug femelle – flanqué de son petit - nous ouvrit la porte, visiblement peu satisfaite de nous voir, car je n'eus pas le temps de dire quoique ce soit, elle claqua immédiatement la porte en vociférant des propos dont le sens m’échappait :

- Jee gee tanea bai sey bai bu pas! (Traduction du Huttese : J’ai rien à dire à de la flicaille !)

Je tournais la tête vers Absalom :

- J’imagine, au ton employé, qu’elle ne nous a pas souhaité la bienvenue…Qu’elle était cette langue ? Du huttese ?




Absalom Thorn
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Tout brillant qu’il fût, Darth Noctis était aussi utile pour mener l’enquête dans un appartement qu’une rapière à fromage en plein concerto pour violon. Le Hapien erra de pièce en pièce, à la recherche d’un indice marquant, mais le désordre était tel qu’il avait bien du mal à voir ce qui sortait de l’ordinaire. Son domaine à lui, c’était les personnes bien vivantes, éventuellement pour les rendre moins vivantes ensuite.


Après avoir retourné un ou deux coussins et examiné pour la forme une vieille cafetière, il fut soulagé de constater que son nouveau collaborateur avait mené des recherches plus fructueuses que les siennes.


Voilà qui va le rendre facile à décrire, se réjouit-il. Je ne sais pas si nous arriverons à obtenir un accès à la base de données des pharmacies, si tant est qu’il en existe une sur cette planète, mais au moins nous savons ce que nous cherchons.


Quelques minutes plus tard, on les insultait vertement.


Absalom hocha la tête.


Du huttese.


Fort heureusement, c’était l’une des trois langues qu’il parlait, en bon habitué des marges galactiques. Restait qu’il y avait peu de chances pour qu’on leur rouvre à nouveau. Ou la Dug se méfierait d’eux, ou elle serait effrayée par la descente dans l’appartement voisin.


Alors, après avoir pesé le pour et le contre, le sorcier tendit la main vers la serrure de la porte, avant de faire lentement pivoter son poignet. Il y eut une série de clics, puis un blocage, puis un craquement moins subtil et l’homme repoussa la porte et partit s’inviter dans le salon.


Quand la locataire du petit appartement le vit, elle poussa un cri de surprise et tendit précipitamment la main vers un tiroir. Qui refusa de s’ouvrir. Elle avait beau le tirer de toutes ses forces, ses efforts restaient vains. Le petit Dug était parti se cacher dans un placard.


Ce fut en huttese qu’Absalom déclara posément :


Nous souhaitons simplement vous parler.
Qu’est-ce que vous me voulez ?
Vous parlez. C’est ce que je viens de vous dire.


(Voilà qui s’annonçait laborieux.)


Je vous assure que je ne vous veux aucun mal, poursuivit l’homme qui venait d’entrer chez elle par effraction. Et je suis même près à récompenser votre coopération. Je ne doute pas que vous et votre…


Fils ?
Fille ?




… enfant pourriez profiter de quelques centaines de crédits en plus, n’est-ce pas ?


Dans le regard de son interlocutrice, Absalom perçut l’intelligence pragmatique des pauvres hères de la galaxie, habitués à calculer vite et bien les risques et les opportunités.


Vous venez à propos du Bothan…, dit-elle d’une voix sourde, tout en relâchant finalement la poignée du tiroir.
Et de toute évidence, nous ne sommes pas les seuls.
Deux Zabraks sont venus. Il y a cinq heures. Je l’ai vu fouiller l’appartement.
Des têtes connues ?


La Dug fit signe que non. Absalom la considéra un instant, avec prudence, avant de décider qu’elle disait probablement la vérité.


Et Velax ? Le Bothan ?
Pas vu depuis ce matin.
Quoi d’autre ?
Les Zabraks. Ils parlaient entre eux, dans leur langue. Je n’ai pas compris, mais j’ai reconnu un mot. Al-Shalmi.
Al-Shalmi ?
C’est un…


Elle chercha le mot précis. En vain.


Une sorte de bar. Sur la presqu’île.
Excellent, conclut le Sith avec un sourire bienveillant, que la femme jugea plus inquiétant qu’autre chose.


Puis il tira cinq cents crédits de sa poche pour les déposer sur la table basse, avant de s’éloigner avec Torhyn. Ce ne fut que lorsque les deux hommes eurent regagné le couloir que la Dug osa retenter sa chance avec son tiroir. Pour l’ouvrir, et y retrouver son petit blaster de poche, désormais inutile.


De retour dans la rue, Absalom expliqua :


Deux Zabras, venus fouiller l’appartement, il y a cinq heures de cela, tout en parlant d’un bar appelé Al-Shalmi, sur la presqu’île du fleuve, à l’est de la ville. Il est probablement un peu tôt pour tenter notre chance là-bas, je doute que l’établissement très fréquenté à cette heure-ci. En revanche, voyons voir…


Noctis tira son datapad pour chercher la pharmacie la plus proche de leur position. Après tout, on pouvait supposer que Velax avait pris ses habitudes au plus près de chez lui. Cinq rues plus loin, alors qu’ils s’apprêtaient à pénétrer dans une petite officine coincée entre un réparateur de droïdes domestiques et un service de pompes funèbres, le sorcier glissa :


Je vous laisse mener la danse, je doute de pouvoir poser les questions appropriées. Faites-moi signe s’il vous semble que votre interlocuteur a besoin d’être quelque peu… Persuadé.


Puis les portes automatiques s’ouvrirent devant eux et ils furent aussitôt accueillis par un tonitruant :


Joselyne-Bénédicte, la crème pour hémorroïde de Mme Lopez !


Du fond de la boutique, une autre voix répondit aussitôt :


Format XXL, c’est ça ?
Pour cas résistants, oui, hurla le pharmacien en retour.


Mme Lopez, elle, tentait de se faire oublier derrière un présentoir à brosses à dents.
Torhyn Lokred
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Je fus aux premières loges pour admirer le « spectacle » des pouvoirs de Noctis qui força la porte de la Dug et entama la conversation avec elle dans une langue qui m’échappait totalement. Les sonorités étaient horribles d’ailleurs. Au moins l’ancien sith fut en mesure d’extirper des informations précieuses. Après avoir largement récompensé la créature qui nous faisait face, il me fit un petit récapitulatif. Deux brutes de zabraks, un bar sur la presque-île de la ville. Trop tôt à visiter. C’est donc vers la quête d’une pharmacie que nous nous dirigeâmes pour le moment.

Le pharmacien porta son attention sur nous, il nous détailla quelques secondes et se mit à brailler :

- Ha vous venez chercher votre commande ?

- Pas exactement, nous…

- La commande de viagra! Elle est prête ? Hurla le pharmacien en direction de l'arrière de la boutique.

- HEIN ?

- Le VIAGRA!

- Pas encore!

- Bon ben faut attendre un peu, fit l'homme à mon attention.

Je manquais de m’étrangler :

- Plait-il ? Non !

- Nan mais c'est l'affaire de quelques minutes.

- Non mais Je n'ai pas besoin de çà!

- Faut pas avoir honte hein…ça arrive à tout le monde. Surtout quand on sort avec des petits jeunots et qu’on n’a plu la santé…son regard allait d’Abaslom à moi, un sourire amusé en coin…Il me fallut quelques instants pour admettre que je ne rêvais et que tout ceci se produisait bien…

- Hé mais…je ne suis pas du genre à prendre du viagra ! pestais-je à l’attention du pharmacien qui eut un haussement d’épaule blasé :

- Oui…oui…ben ils disent tous çà…

- On cherche quelqu’un…

- Ho…Un plan à trois ? C'est une pharmacie ici pas un...

- Mais c’est fini oui ? On n’est pas ensemble !

- Ha…Ben il vous faut quoi alors ? Des vitamines ? De l’auto-bronzant ? Nan pas parce que vous êtes pâle…

Mon regard s’assombrit soudainement…je le fusillais du regard et repris :

- Je suis médecin, je cherche un patient, un Bothan que vous avez peut-être vu parce qu’il n’a pas pu prendre son traitement.

- Ha ! Ben fallait le dire tout de suite ! Je me sentais soudainement las…ce pharmacien était une plaie. Bon, effectivement j’ai vu un bothan il y a peu. Mais j’ai pas trop le droit de vous dire ce qu’il est venu chercher. A moins que vous ne me prouviez que c’est bien votre patient…

- Vous êtes sérieux ? Je soupirais, c’était vraiment l’officine qui se foutait de la charité. Finalement je sortais de ma poche la boite de Lévothyroxine sodique pour la mettre sous les yeux de notre brillant ami. Il hocha la tête :

- Okay, oui donc en effet je l’ai vu. C’est un habitué. L’était pas beau d’ailleurs ! Pouilleux comme pas possible !

- Desquamations ? Type dermatite atopique ?

- Oui…il se grattait alors il a voulu quelque chose pour mettre sur les plaies que ça lui faisait. Et je lui ai refilé un shampooing pour ses desquamations. Il perdait de ces touffes de poils !

- A-t-il précisé autre chose ?

- Nan…mais il avait l’air pressé. D’habitude il est du genre frimeur, mais là il avait l’air d’avoir peur.

- Merci. Ce sera tout.

- Vraiment ? Pas de gélules auto-bronzantes ?

- Non…

- Pas de v…

- Je-ne-prends-pas-de-viagra !

- Ha mais…j’allais dire des vitamines.

- Ha…non.

- Bon bon…comme vous voulez. C’est vous le médecin après tout.

Je me tournais vers Absalom lui faisant signe que tout était bon pour moi.

- Je ne pensais pas que notre Bothan serait si « atteint » par sa maladie. Il est donc très marqué. Nous quittâmes l’officine. Il s’est peut-être posé quelque part pour prendre son traitement et tâché de soulager la dermatite causée par son hypothyroïdie. Achevai-je à l’attention de l’ex Sith, non sans observer mon reflet dans la vitrine d’une boutique. Je n’avais pas l’air si vieux bon sang !



Absalom Thorn
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Tandis que Torhyn se débattait avec le pharmacien, son complique, lui, s’était pris de passion pour le rayon dermatologique. Le Hapien s’examinait soigneusement dans les petits miroirs disposés à intervalles réguliers entre les produits qui promettaient une jeunesse quasi éternelle, et il guettait, avec une anxiété croissante à mesure que les deux autres, non loin de là, parlaient de vieillesse et de dermatite, les signes de l’âge, la moindre ride, la moindre imperfection, qui aurait terni sa beauté.


Absalom se trouva des défauts qu’il était bien le seul à voir et pour lesquels d’autres, bientôt, sacrifieraient sans doute leur énergie vitale. Ce ne fut que lorsque le docteur revint vers lui que le Sith parvint à s’arracher à cet examen toujours si douloureux pour lui, et si dangereux pour ses futures victimes.


Une chambre d’hôtel, vous voulez dire ? Pour prendre son traitement.


Le faux jeune homme sortit son datapad afin de consulter une nouvelle fois la carte des environs.


Supposons qu’il ait fait au plus pressé et examinons les établissements dans un rayon de cinq cents mètres. Il y en a… Deux.


Fort heureusement, ils n’étaient pas sur Coruscant et Balamak n’était pas l’une de ces mégalopoles tentaculaires où il aurait plus de chance de retrouver un comlink dans une usine d’astromechs.


Les deux hommes quittèrent donc la pharmacie pour remonter la rue, et il fallut tout de même à Absalom un dernier coup d’oeil à son reflet dans une vitrine pour pouvoir se concentrer à nouveau sur leur mission. Le premier hôtel était un établissement impersonnel de l’une de ces chaînes galactiques qui ouvraient un peu partout dans la République.


À l’intérieur, tout était automatisé : l’accueil par droïde, le service en chambre, les réclamations. Le spectacle contraria aussitôt le Sith, dont les pouvoirs n’avaient guère de prise sur les machines, que ce fût ceux naturels de sa séduction et ceux que lui conférait la Force.


Bonjour, entama-t-il néanmoins en adoptant un étrange accent, difficile à comprendre, tandis que le droïde de la réception faisait pivoter vers lui ses trois yeux montés sur antennes. Nous avons rendez-vous avec un ami. Est-ce possible de l’appeler dans sa chambre ?
Bienvenue aux hôtels Hibiscus.
Merci…
Hibiscus ! On se sent bien chez soi !
Je disais donc : nous avons…
Je suis Receptotron. Que puis-je faire pour vous ?


Le sorcier réprima un soupir de contrariété.


Nous avons rendez-vous avec un ami. Un Bothan, un peu… hé bien… disons… souffrant. Au niveau du pelage. Il est en séjour sur Balamak et il a développé une terrible allergie aux… racines de… vous voyez. Bref, on a promis de l’emmener chez le médecin. Vous l’appeler dans sa chambre ?
Son nom ?


Absalom marmonna quelque chose d’incompréhensible.


Je n’ai pas compris votre requête.


Rebelote.


Je n’ai pas compris votre requête.


Et une troisième fois.


Le Sith fixa intensément la machine. Velax ne s’était probablement pas enregistré sous son vrai nom et le donner eût au mieux servi à être déboutés par la machine. Ils n’avaient guère que sa description et l’essentiel était de ne pas avoir à donner un nom, pour ne pas paraître l’ignorer. De sorte que le Hapien comptait sur les protocoles sociaux du droïde, que la politesse empêcherait, espérait-il, de faire répéter plusieurs fois à un homme dont le basic n’était apparemment pas la langue maternelle.


Le droïde le fixa pendant de longues secondes, alors que son algorithme calculait l’attitude courtoise à adopter dans une pareille circonstance. Puis il finit par déclarer :


Je suis désolé : aucun de nos résidents ne correspond à votre description.
Ah…, fit Absalom d’un ton dégagé. On a dû se tromper d’hôtel.


Et après avoir murmuré encore quelque chose dans une langue étrange car purement fictive, il se détourna de la réception pour regagner la rue. Étape suivante : le second hôtel. Cette fois-ci, c’était un petit établissement familial et pittoresque, dont l’essentiel des chambres était occupé à intervalle régulier par les mêmes voyageurs de commerce depuis des décennies.


L’arrivée de nouveaux venus ne fut pas sans faire sensation.


Ah, s’exclama la femme replète, derrière le comptoir, en continuant à tricoter à toute vitesse avec ses vibraiguilles ! C’est la journée des nouvelles têtes !
Ah oui, répartit le Sith du même ton joyeux, familier, déjà amical même ? Beaucoup de visites ces temps-ci ? La courge, j’imagine.
Hé oui ! La courge !
Ah la la ! La courge ! Tout de même, hein ?
N’est-ce pas ?
Bon, bon, bon. Dites-moi, on cherche notre ami bothan. Je… je crois qu’on s’est peut-être un peu perdus, il nous a donné rendez-vous dans un hôtel mais…


Le terrible Boucher de Kano-IV afficha un sourire confus, le regard barré par des mèches de cheveux blonds qui lui donnaient un air angélique.


C’est la première fois qu’on vient ici, vous comprenez… C’est, euh…


Il baissa la voix pour chuchoter d’un air conspirateur :


Notre voyage de noces.


Avant de jeter à son camarade d’aventures un regard plein de tendresse, histoire de faire bonne mesure.


Oh, comme vous êtes touchants ! C’est le petit monsieur de la chambre 12, que vous cherchez ? Le pauvre, ça lui fera du bien de vous voir, parce que je ne veux pas critiquer, et puis je ne suis pas du genre à parler sur le dos des clients, vous pensez bien, mais tout de même, il est dans un piteux état.
Oh non !
Si si. Le pelage… la peau…
Comme c’est triste !
N’est-ce pas ? Je vous l’appelle ?
Oh non, dans ce cas, ne le dérangez pas : on va aller le voir directement, il doit probablement se reposer.
Torhyn Lokred
Torhyn Lokred
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Je ne fus pas fâché de quitter cette damnée officine et cet apothicaire de malheur. Dans mon désarroi je n’avais pas prêté immédiatement attention aux préoccupations d’Absalom. Ce n’était qu’à présent, que nous étions en route pour trouver un hôtel correspondant, que je songeais. Mon regard glissa sur lui, observant son visage aux traits fins et parfaits. Il avait parlé d’une absorption de vie…Un redoutable pouvoir…La peur de vieillir du Hapien ne me choquait pas vraiment. Nous avions tous nos petites lubies qui nous faisaient faire des choses peu recommandables.

Dans le premier établissement nous fûmes accueillis par un droide. Je ne cachais pas une moue de désappointement. Mon comparse n’était guère enjoué non plus. Et il adopta immédiatement une tactique pour faire parler la machine. Pas de Bothan correspondant à celui que nous cherchions.

Hôtel suivant. Plus petit, plus chaleureux. Une bonne femme enjouée s’occupait de l’accueil des clients. Elle parut enchantée de nous voir arriver. Je sentais mon compagnon bien plus enjoué. Je ne pus retenir un sourire en le voyant agir, changeant d’attitude avec une facilité déconcertante. C’était un plaisir pour mes yeux de Lorrdien, prompts à l’analyse. Il se serait adapté en un rien de temps sur mon monde. On nous disait capable de mimer et copier les voix, utilisant des langages cachés, dissimulés dans nos gestes et nos mouvements, quasi indétectables pour un non initié. Et je retrouvais un peu de tout ceci chez mon employeur.

Noctis parvint à amener la conversation vers l’objet de notre visite, de manière assez amusante. Ainsi donc nous étions en voyage de noce. Décidément. Il m’avait jeté un regard des plus tendre pour jouer le jeu, et je le lui rendis avec un sourire un peu gêné. C’était bon…nous voici donc en couple aux yeux de notre hôtesse qui fondait devant tant de mignonneries. Immédiatement elle nous révéla que notre « ami » se trouvait dans la chambre 12.

- Ho d’accord, alors prenez ce couloir, il y aura quelques marches, continuez au fond à droite.

Un sourire de remerciement et des yeux doux plus tard, nous nous étions engagés dans ledit couloir. C’était cosy, la moquette au sol amortissait nos pas, des tentures aux murs réchauffaient l’ambiance. Les quelques marches…au fond…porte de droite. Nous y étions. Je frappais…

Rien…

Encore une fois… Mais toujours rien…

J’allais regagner l’accueil pour demander un double des clés à la brave dame, mais dans un acquis de conscience j’actionnais l’ouverture de la porte…non verrouillée. Je fronçais les sourcils et jetais un regard à Absalom. Voila qui était étrange. Nous entrâmes dans la chambre, à l’image de l’hôtel. Sur le lit, un fatras de médicaments, vêtements et autres affaires. Des nuages de vapeur provenaient de la salle de bain. Il avait pris une douche ? Un bain ? Rien d’étonnant cela dit, le pharmacien n’avait-il pas dit qu’il souffrait de dermatite et qu’il lui avait donné un shampooing comme traitement de sa fourrure. Soudain une illumination se fit dans ma tête, et je me précipitais dans la salle de bain non sans maugréer :

- Ha l'imbécile!

Velax était étendu sur le sol de la salle de bain. Trempé…une serviette autour de la taille, à peine conscient. Je me penchais pour prendre son pouls. Très faible…trop. Je fis signe à Absalom de ne pas s’approcher. Ces bêtes à fourures, surtout dans des cas de problèmes de peaux pouvaient avoir des parasites.

- Bon sang, il va nous faire un arrêt ! Mais quel idiot ! Je saisis un de ses bras pour le passer autour de mes épaules et l’obligeais à se lever : levez-vous triple andouille ! Allez du nerf !

Je ne faisais preuve d’aucune compassion, ni délicatesse. Tant bien que mal je parvins à l’amener vers le lit où je le laissais choir. Je saisis mon sac en expliquant à mon compagnon d’aventure :

- Sa fréquence cardiaque est trop basse…et il a du mal à respirer…Mais ne vous inquiétez pas. Il sera sur pied dans...cinq minutes. Je dégainais à nouveau ma trousse de soin, et en sortit une solution injectable d’adrénaline. Cet idiot à de la chance que j’ai gardé ceci sur moi. J’avais toujours de l’adrénaline sur moi …au cas où moi-même je ne fasse un arrêt cardiaque en raison de mon emphysème. Histoire ancienne à présent, mais précautionneux comme j’étais, j’avais gardé cela. La seringue était impressionnante, mais il me fallait. Car je devais l’injecter directement dans sa cage thoracique. Sans douceur, je tâtais son torse, cherchant l’endroit idéal…et sans ménagement je plantais l’aiguille et injectais le produit. L’effet fut rapide. Et notre Bothan pris une profonde inspiration et retrouva une énergie toute nouvelle. Je soupirais…le laissant reprendre ses esprits.

- Voila…ça va aller mieux. Vous étiez à deux doigts de l’arrêt cardiaque. Votre respiration était faible. Je vous ai injecté de l’adrénaline. Ce qui a permis une augmentation de la fréquence cardiaque et une augmentation du volume d'éjection systolique du cœur conduisant à une hausse de la pression artérielle, une dilatation des bronches.

Il me regardait sans trop comprendre…Puis soudain il réalisa…Ses yeux se posèrent sur Absalom…puis sur moi…puis la porte, et à nouveau sur moi. Je vérifiais une dernière fois qu’il allait bien puis je me levais. Il voulu faire de même mais je grondais un :

- Assis ! Il n’osa bouger, A présent, vous allez me faire le plaisir de prendre votre médicament immédiatement ! Vous avez préféré traiter votre peau et votre fourrure en premier, cela vous grattait n'est-ce pas? Il hocha la tête, et je repris de plus belle: il fallait prendre la Lévothyroxine tout de suite ! Je lui tendis le flacon de médicaments et l’obligeais à en prendre un. Dans votre empressement vous n’avez même pas verrouillé la porte ! Et vous avez pris une douche chaude ! Il fallait la prendre au pire : tiède, au mieux : froide, et ce peu importe si vous n’aimez pas le froid à cause de votre état. La chaleur ne fait qu’aggraver les démangeaisons et la desquamation. De plus, les vapeurs d’eau ont provoqué la sensation d’étouffement, la faiblesse due à la non prise du traitement a fait le reste.

Le Bothan nous regardait tour à tour…je m’écartais de lui et fis à Absalom :

- Cinq minutes...C’est tout bon. Notre ami est prêt à nous raconter sa petite histoire…

L’ancien Sith était meilleur que moi pour faire parler les gens.








Absalom Thorn
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Pas besoin de convaincre Absalom de ne pas toucher un Bothan galeux : le Sith s’était prudemment écarté de lui-même et il n’avait suivi les gestes du médecin que de loin. L’apparence du malade lui inspirait une répugnance toute naturelle, redoublée par les préjugés hapiens, et pour un peu, il n’aurait pas été opposé à lui abréger ses souffrances, pour s’épargner aussi tôt que possible ce triste spectacle.

Ah, bon, bon…, murmura-t-il d’un ton à demi-convaincu quand son associé l’invita à débuter l’interrogatoire. Si vous le dites…

Il attendit malgré tout encore quelques secondes, avec l’espoir inavoué que le Bothan tombe raide mort, mais hélas, Torhyn était trop bon médecin pour ça. Alors le sorcier fut bien obligé de promener un regard circulaire tout autour de lui, à la recherche d’un endroit où s’asseoir, avant de renoncer, quand il décréta en lui-même que toutes les surfaces étaient sans doute horriblement contaminées.

Velax, c’est ça, commença-t-il cependant avec une soudaine douceur, qui ne laissait plus paraître grand-chose de sa répugnance spontanée ?

Le trafiquant hocha la tête.

Vous avez l’air de pousser une rude journée, M. Velax. Nous avons trouvé votre camarade à l’entrepôt. Mort.

Enfin, à peu près.

Votre appartement de location. Dévasté.
Q… Qui êtes-vous, finit par articuler le Bothan, qui fit en même temps un geste pour se gratter, avant de se raviser sous le regard de son nouveau médecin traitant ?
Votre client du jour. Un client légèrement irrité, pour ne rien vous cacher, parce que je ne pensais pas avoir à vous courser à travers toute la ville pour récupérer la marchandise.
Vous êtes le Silence, murmura Velax avec une pointe d’incrédulité, en utilisant le pseudonyme utilisé par le Hapien dans leurs échanges cryptés ?
En personne.

Il y eut un moment d’hésitation de la part du Bothan.

Vous avez l’air déçu…
Je vous imaginais plus… moins…
Désolé de ne pas être à la hauteur de vos attentes. Vous avez la marchandise ?
Oui et non.
Allons bon.
Disons que j’ai une bonne et une mauvaise nouvelle ?
Laissez-moi deviner : la bonne, c’est que vous savez où elle est, la mauvaise, c’est qu’elle est dans le repaire d’un gang de Zabraks sur le presqu’île du fleuve.

Quand Velax marqua sa surprise, Absalom soupira :

Oui oui, je sais, je suis un homme plein de perspicacité…
Ce n’est pas ma faute, argua le Bothan. Moi, j’avais prévu de vous laisser examiner les données, comme convenu. Et de faire la transaction. Sans histoire, quoi, vous comprenez. Puis les Barzaks… C’est le nom du gang. Les Barzaks ont débarqué dans l’entrepôt, j’ai perdu ma mallette sécurisée dans l’affrontement, et je suppose qu’ils l’ont récupérée quand je me suis enfui.
Et qui me dit que les données n’ont pas déjà été revendues sur le marché noir ?
Non non, s’empressa d’assurer son interlocuteur. La mallette. Codée avec mes empreintes oculaires.
Et les Barzaks, ils vous en veulent parce que… ?

L’air incertain, l’homme les regarda tous les deux à tour de rôle.

C’est que… je ne voudrais pas vous choquer…
Un scrupule qui vous honore, répliqua Absalom avec une pointe de sarcasme. Mais au point où on en est…
Hé bien, vous savez ce que c’est. Les antiquités, ça va, ça vient, c’est bien quand ça se trouve et ça se vend, mais c’est un peu aléatoire et l’on a parfois besoin de revenus plus réguliers.
À savoir ?
Des épices. Pures. Interdites en République. On fait l’intermédiaire entre la République et l’Espace Hutt. Les Kajidics les envoient ici, on s’arrange pour les mêler aux cargaisons agricoles qui partent pour les mondes républicains frontaliers, et là-bas, ça se redistribue dans le reste de la République. Moi, j’ai mes relations, je facilite un peu ces choses-là.
Je vois.

La drogue : l’une des innombrables pratiques que Noctis, avec ses idées d’ascète bien cachées mais aussi bien réelles, jugeait durement. Mais pas aussi durement que l’esclavage, aussi parvint-il à conserver tout son calme.

Et donc, les Barzaks ?
Ils ont possiblement l’impression que j’ai détourné une partie d’une cargaison qui leur était destinée et depuis, le Kajidic avec lequel ils bossent les menace de plus en plus vigoureusement.
Possiblement ?
Possiblement.
Et c’est une impression fondée ?
Hé bien, euh… ma foi…

Le Bothan resserra machinalement la serviette à ses hanches, qui constituait toujours son seul et unique vêtement.

Je suppose que, euh… disons que les faits sont susceptibles d’interprétations diverses.
Je vois.

Absalom poussa un long soupir, mais c’était en réalité pur théâtre : toute cette situation l’enthousiasmait de plus en plus.

Une seconde, s’il vous plaît. Et n’essayez pas de vous enfuir, je suis un homme patient mais épisodiquement impulsif.

Et sur cette menace tout en courtoisie, il entraîna Torhyn à l’autre bout de la pièce.

Qu’en pensez-vous, docteur ? On peut l’aider en comptant sur ses informations, aller tout simplement traiter en direct avec les Zabraks, contacter le Kajidic et profiter de leur influence, se débrouiller par nos propres moyens… Les possibilités ne manquent pas.
Torhyn Lokred
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Noctis semblait douter que notre ami soit en état. Mais, je l’avais parfaitement remis sur pied. Et je le surveillais alors qu’Absalom commençait l’interrogatoire. Nous en apprîmes beaucoup sur les raisons de l’attaque qui avait tué un Bothan et mis en fuite l’autre. Ainsi donc notre ami, ici présent, trafiquait plus que des antiquités. La drogue.

- Génial fis-je avec une pointe de dégout.

- Ben faut bien vivre.

Je soupirais… Je n’aimais pas ces produits qui généraient une accoutumance dangereuse. Mais surtout qui avait la fâcheuse manie de transformer n’importe quel gentleman en fripon de bas étage. Et ensuite, malgré ce que certains pouvaient croire, cela altérait considérablement les capacités cognitives de toute personne sous leur emprise. Comment pouvait-on tolérer cela ?

- Vous auriez pu trouver un autre trafic…je ne sais pas. Les médicaments ? Les organes ? Bref quelque chose d’utile.

- Les organes…mais c’est dégoutant…Il grimaça…puis repris : La drogue c’est pas un médicament ?

- Ho bon sang…j’aurai peut-être mieux fait de vous laisser mourir…

Il me regarda avec interrogation, comme si ce que je venais de dire ne pouvais sortir de ma bouche :

- Quel genre de médecin êtes-vous ?

Je le fusillais du regard, et haussais les épaules. Je m’étais légèrement écarté, d’une ce Bothan m’agaçait, et de deux pour me laver les mains, j’avais la désagréable impression de démangeaisons après avoir soigné ce Bothan. Je tâchais de débarrasser mes vêtements des poils qui s’y étaient collés. Puis de relaver mes mains jusqu’au plus haut de mes bras que je le pouvais, en remontant mes manches de chemise. J’allais ranger mes instruments médicaux mais je n’en n’eus pas le temps. Mon comparse m’attira un peu plus loin, non sans faire comprendre au Bothan de ne pas faire quelque chose de stupide et qu’il serait aisé pour l’ancien Sith de lui faire regretter. Il sollicita mon avis. C’était le moment que mon « double » choisi pour venir titiller mon esprit tourmenté.

*C’est un poids mort ce Bothan*

*Oui mais il peut toujours servir*

*Il est moche en plus*

*Ce n’est pas de son fait çà…*

*Un peu quand même…il n’est pas fut-fut ! *

*ça c’est clair…*

Finalement, l’instant de réflexion fut cours, et je répondis doucement à Absalom :

- Est-on sûrs de ses renseignements ? Il peut encore servir. Ne serait-ce parce qu’il nous faut son empreinte biométrique pour l’authentification qui permet d’ouvrir la mallette. Cela dit…j’eus un temps d’arrêt, une courte réflexion, et me décalais pour demander au Bothan : iris ou rétine ou les deux ?

- Hein ?

- La mallette. Le code avec l'empreinte oculaire.

- Ha ! Heu, iris. C’est déjà vachement cher rien que ça…Pourquoi ?

- Ho comme ça. Un petit sourire sadique naquit au coin de mes lèvres : c’est l’iris…C’est moins cher oui, mais plus dangereux si la personne concernée n’est plus utile. Voyez-vous nul besoin qu’il soit en vie, ou présent...enfin pas complètement... pour que le scan de l’iris fonctionne. Je peux pratiquer une ablation de ses yeux de manière propre et efficace…Il ne criera même pas…Je fixais à présent les organes de vue de Velax avec une forme d’amusement. Ce serait moins encombrant que lui tout entier…Et moins voyant. Nous promener avec cet animal pouilleux n’est pas très discret. Si ses informations sont exactes, nous pouvons donc nous passer de lui pour rejoindre les Zabraks et négocier avec eux la mallette et son contenu. Peut-être que leur livrer cette andouille serait un gage de bonne foi de notre part…Après tout, ce qui nous importe c’est cette mallette et son contenu.

J’observais l’ancien Sith, essayant de décrypter ce qu’il pouvait bien avoir en tête. J’étais bon pour mentir et jouer la comédie. Et j’étais un génie en matière médicale. Mais tout ce qui touchait au monde de la négociation et de la diplomatie…Je n’y entendais rien. Une chose était sûre. J’étais quelque peu désappointé que les idioties de ce Bothan nous fassent perdre un temps précieux. Mais cela, je le gardais pour moi. Ce qui m’intéressait, c’était la valeur scientifique du contenu de cette mallette. Et je ferai le nécessaire pour y parvenir, même si pour cela je devais arracher les yeux de Velax de ses orifices oculaires avec une petite cuillère.


Absalom Thorn
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Ah, vraiment ?

Absalom considéra à son tour le Bothan. Il lui fallut quelques instants pour peser le pour et le contre de la situation, mais il finit par secouer la tête.

Ce n’est pas que cela m’enchante, mais je crains qu’il ne faille le garder avec nous pour quelque temps encore. La réceptionniste nous a vu entrer dans sa chambre, nous avons interrogé l’autre hôtel et le pharmacien, c’est une petite piste qui s’effacera quand les Zabraks se chargeront de le liquider, mais qui, pour l’instant, remonte jusqu’à nous.

Un ton plus bas, le Hapien murmura :

C’est de ma faute : il y avait sans doute une meilleure manière de procéder.

C’est que Noctis visait l’excellence et pour l’atteindre, il se soumettait à de constantes autocritiques, pas par l’effet d’une complaisance morbide, mais pour être certain de s’améliorer. Cette habitude, il en avait hérité de sa formation de Jedi, qui se mêlait chez lui à l’orgueil permis par l’Empire.

Velax, dit-il un ton plus haut. Vous venez avec nous, nous allons voir ces Zabraks et…
Mais vous êtes complètement cinglé !
… et négocier un traité de paix pour vous.
Hors de question que je…
Alternativement, nous nous proposons de retirer les deux yeux avant de vous exécuter comme un chien errant.
Oui, bon, ben si vous le prenez comme ça, hein…
Voyez les choses du bon côté : avec nous, vous avez une chance de survivre, sans nous, vous étiez destiné à vous faire abattre à l’astroport en tentant de fuir. Ce dernier quart d’heure, votre situation s’est drastiquement améliorée.

Le Bothan marmonna quelque chose dans sa langue maternelle, mais il n’en se leva pas moins pour rassembler ses affaires.

Si l’on se rend à Al-Shalmi avant l’ouverture du bar, y a-t-il une chance que nous y rencontrions quelqu’un ?
Évidemment…, soupira-t-il, alors que cette perspective l’enchantait à peu près autant qu’un slow avec un réacteur de X-Wing.
Excellent.

Le sorcier se retourna vers son associé et murmura :

J’aurais été curieux de voir vos talents, docteur, mais je ne doute pas que ce ne soit que partie remise.

Quand Velax fut prêt, les trois hommes quittèrent la chambre, Absalom gratifia la maîtresse des lieux de son sourire le plus chaleureux et, une fois dans la rue, ils commencèrent un taxi par l’Holonet.

Sur le Presqu’Île, s’il vous plaît, fit le Jedi Noir en s’installant à l’arrière du speeder.
Pour sûr, répliqua le chauffeur d’un ton enjoué en ajustant l’holoviseur central. Et bonne courge à vous !
Mais de même, cher monsieur, de même !

L’appareil s’éleva dans les airs pour longer les bâtiments de la ville. Plus ils se rapprochaient du fleuve et de la presqu’île, plus les lieux étaient envahis par des banderoles oranges. Partout, des courges de toutes les formes décoraient les balcons. Dans la rue, des gens déguisés en courge. Sur les holopanneaux publicitaires, on vantait les mérites du jus de courge. De la tarte à la courge. Du shampoing à l’essence de pépins de courge.

C’était une véritable frénésie.

On va tous mourir, murmura le Bothan, dont les épaules s’affaissaient à proportion qu’ils approchaient de leur destination.
Qu’est-ce vous dites, demanda le chauffeur ?
Il dit qu’on va tous courir, répliqua le Hapien.
Ah, vous participez au marathon de la courge ?
Bien entendu.

Le taximan posa un regard un peu circonspection sur le passager du milieu, qui n’avait pas vraiment l’air en état de courir plus de cinq mètres sans s’effondrer, mais par professionnalisme, il s’abstint de faire la moindre remarque.

Où ça, précisément, sur la presqu’île ?
Oh, près de… Hm… Du Temple de l’Apocoloquintose, répondit Absalom en consultant la carte sur son datapad, ce sera très bien. On veut surtout se promener dans le quartier.

Quelques minutes plus tard, le speeder se posait au pied d’un petite édifice religieuse dont le fronton était gravé d’une élégante citrouille. La course réglée, les trois hommes se retrouvèrent à l’air libre et le sorcier mit un point d’honneur à attendre que le taxi disparaisse au détour d’un pâté de maison pour reprendre leur marche.

Mais vous avez déjà fait ça, au moins ?
Hmm ?
Traité avec des gens dangereux ?

Absalom adressa un regard consterné à son interlocuteur.

Velax, mon brave, vous avez affligé d’un manque de perspicacité effrayant et je m’étonne que vous ayez survécu aussi longtemps. Vous arrivez à me faire douter de la qualité de votre marchandise…

Une lueur de panique passa dans les yeux du Bothan. Il se rendait bien compte que seule la perspective de mettre la main sur la mallette conduisait ces deux hommes à l’aider.

Authentiques ! Les données que je vous ai promises, parfaitement authentiques. Vous pourrez le constater par vous-même. Et il y en a encore plus de là d’où elles viennent. Enfin… Potentiellement.

C’était aller un peu vite en besogne, mais Velax tenait à conserver tous ses yeux au bon endroit.
Torhyn Lokred
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Voir Absalom négocier était très instructif. Son sens de la répartie était admirable, il maniait le chaud et le froid à merveille et il savait parfaitement s'adapter à sa proie. Il avait repoussé ma première idée de nous séparer – partiellement – du Bothan. Nous contentant de ne prendre que ce qui nous intéressait, à savoir ses yeux. Je ne ferai donc pas illustration de mes magnifiques compétences dans le domaine. Dommage.

Notre ami, s’il avait espéré être en mesure d’esquiver la première offre d’Absalom, fut rappelé à l’ordre par mon comparse. Soit il coopérait, soit…je faisais démonstration d’une ablation de ses yeux. Allez savoir pourquoi cette deuxième idée ne lui plaisait pas. A présent que nous avions notre Bothan, restait à récupérer la mallette. Il prit donc ses affaires et nous quittâmes la chambre, non sans avoir gratifié l’hôtesse d’un magnifique sourire.

Dans le taxi qui nous conduisait jusqu’à la presqu’île où se trouvait le fameux bar, le Bothan laissait entrevoir de sévères signes d’inquiétude. Sans doute avait-il de bonnes raisons de le croire. Le taxi nous déposa au pied d’un temple religieux, sur la demande de l’ex Sith. Velax exprima une nouvelle fois ses craintes émettant un doute sur les compétences d’Absalom et sa capacité à traiter avec des personnes dangereuses. Je réprimais un rire…Ce pauvre Bothan était loin de la vérité… très loin. Que dire sur la dangerosité de Noctis ? Il était tout de même le boucher de Kano IV…Un ancien Seigneur Sith. J’imaginais bien qu’il savait traiter avec des petites frappes sorties du trou du cul de la Galaxie.

Quant à moi…j’avais l’habitude des Siths…et j’avais passé de long mois en fuite après mon rapatriement sur Coruscant. Pour fuir la République, j’avais traité avec des filous et des rebus de la société pour gagner le gite et le couvert en jouant les toubibs de bord sur des poubelles volantes. Absalom avait raison, c’était à se demander comment ce Bothan avait pu survivre jusque-là, et si finalement ce qu’il avait à nous proposer valait le coup. Il pesta, comme quoi tout était authentique. Avec un sourire carnassier je répondis doucement :

- Permettez-nous d’en juger par nous même mon bon Velax…Et il vaudrait mieux pour vous que nous ne nous soyons pas déplacés pour rien.

- Ca va, ca va…Bon…C’est par là…

Il eut un geste vague pour nous indiquer la direction. Avancer au milieu de la foule n’était pas une mince affaire. Les gens se pressaient autour de stands pour le festivale de la Courge. Nous étions hyper sollicités par les forains ou les marchands cherchant à nous attirer à eux. Un marchands avait mis le grappin sur Absalom, lui vantant les mérites dermatologiques d’un sérum de jouvence à base d’huile de pépins de courge, et d’un masque à base de pulpe de citrouille qui conférait un éclat halé naturel. Ce dernier me fut également proposé. Allez donc savoir pourquoi. Velax fut hapé par un forain pour un tir à la carabine pour gagner une peluche. De peur de le perdre dans toute cette masse, je le suivis.

- Souhaiteriez-vous nous fausser compagnie mon cher ?

- Mais pas du tout docteur…pas du tout !

- Allons messieurs ! Qui tente sa chance ?! Essayez donc ! Trois cibles touchées et c’est gagné !

- On se dégonfle docteur ?

- Nous n’avons pas de temps pour cela.

- On est en largement en avance. Et il vaut mieux donner le change, sinon on va nous voir venir à des kilomètres ! Jouez le jeu bon sang. A moins que vous n’ayez peur de vous faire plumer devant votre ami.

- Hein ? C’est un défi ?

- Possible.

Je saisis un des fusils, Velax également. Nous mîmes en joue…je n’avais pas tiré depuis un moment…La dernière fois c’était quand je m’entrainais sur Kohlma…avec Mee. Mais j’étais plus concentré sur ses yeux magnifiques que sur mes cibles à l’époque. Velax fit feu…sur les trois tirs, il en eut deux. Moi un. Je grommelais en observant le fusil. Etait-il déréglé ?

- Ho…ce n’est pas grave docteur…On ne peut pas être bon partout.

Moi vexé ? C’était le moins que l’on puisse dire. J’étais surtout opiniâtre, et j’avais décidé que ce Velax m’énervait. Pas question de perdre la face devant ce Bothan pouilleux qui se gaussait. Je demandais une nouvelle série. J’avais compris que le fusil tirait légèrement de biais, un léger ajustement de ma part…et je fis un carton. Mee serait fier de moi. Velax me regardait avec un drôle d’air, comme surpris que je puisse savoir tirer…Avec un sourire moqueur je repris :

- J’ai fait du tir à l’Université…

- Pfff…bourgeois…

Le forain me présenta deux peluches, je devais choisir l’une d’entre elles. Entre le tooka et le droide R2 le choix était vite fait. C’est donc avec le tooka dans mon sac que nous reprîmes notre route. Fendant la foule du mieux que nous pouvions, à masure que nous progression Velax devenait nerveux, et je ne le quittais pas des yeux de peur qu’il ne prenne la poudre d’escampette. Finalement nous arrivâmes en vu du fameux bar. Le Bothan s’arrêta net :

- Ok…on y est. Dites, et si je vous laissais y aller ? Histoire de prendre la température tout ça tout ça ? vous récupérer la mallette et moi je vous retrouve pas loin. Hein. Promis je m’enfuie pas… Nan parce que vraiment, ils vont se mettre en pétard s’ils me voient…et…

Ma main se posa sur l’épaule de notre chasseur de trésors :

- Vous nous prenez pour des idiots ?

Mon regard se faisait perçant…

- Nan nan…c’était juste…une idée…Arrêtez de regarder mes yeux comme si étaient des trophées hein…

Je le poussais en avant…

- Passez devant. Après tout, les Brazaks sont vos amis.

- Vous êtes vraiment médecin ? Vous avez plus l’air d’un psychopathe…

- Je sais.

Je me tournais vers Absalom, les choses sérieuses allaient commencer.
Absalom Thorn
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De l’huile de pépins de courge, vous dites ?
Absolument, s’exclama le forain d’un air enthousiaste, en agitant la fiole sous les yeux de sa vic… de son client. Dont l’efficacité a été prouvée par des essais dermatologiques de la plus grande scientificité.
Hmm…

Absalom examinait le liquide doré de l’air le plus sérieux du monde.

Naturellement, un homme tel que vous, à la beauté aussi resplendissante, doit prendre soin de sa peau, n’est- ce pas ? Vous ne voudriez pas que se fanent la splendeur de votre jeunesse ?

Le Jedi Noir releva les yeux vers son interlocuteur et, petit à petit, ses pensées entreprirent de percer celles du forain. Le marchand eut l’air d’abord confus, puis absent, tandis que Noctis, lui, cherchait à démêler le vrai du faux dans son petit argumentaire de vente.

Quand il fut convaincu qu’on ne cherchait à lui refourguer que des décoctions sans valeur, le Sith murmura :

Je ne doute pas que vous puissiez faire beaucoup pour préserver ma beauté…

Les cheveux aux temps du forain se mirent à grisonner un petit peu. Dans le brouhaha de la foule, la cohue de la fête, personne ne prêtait attention à eux. À ces petites rides qui se creusaient au coin de ses yeux. Au bout de quelques instants, Absalom détourna le regard, tandis que l’homme reprenait ses esprits, avec la curieuse impression d’être soudain affaibli.

Je… que… que disions-nous ?
Ah, fit le Hapien plus resplendissant en effet que lorsqu’il s’était arrêté devant le stand, je crois que mes amis m’attendent. Merci beaucoup pour vos services, vous êtes un homme… délicieux.
Euh… merci… merci à vous…, balbutia le forain qui le suivit du regard, mais tant bien que mal, car il venait inexplicablement de développer une légère presbytie.

Quelques mètres plus loin, en voyant le docteur fourrer un tooka dans son sac, Absalom s’exclama d’un ton joyeux :

Excellent choix.

Sa bonne humeur avait quelque chose de communicatif et, en cet instant, on aurait juré qu’il n’était que l’un de ces jeunes gens qui venaient visiter la Fête de la Courge pour s’amuser avec leurs amis, insouciants et inoffensifs, dans ce monde sans histoire. Et peut-être, pour quelques heures, aurait-il aimé l’être.

Ils ne s’en rendirent pas moins jusqu’à Al-Shalmi, le fameux bar où les Barzaks avaient établi leur quartier général. Le nom de l’établissement s’étalait en lettres cursives stylisées sur la façade, et on aurait pu croire à un endroit somme toute respectable, un bistrot comme un autre, si aux trois numéros en amont et en aval de la même rue, les locaux commerciaux ne semblaient inoccupés et condamnés, comme si le propriétaire d’Al-Shalmi préférait ne pas avoir de voisinage.

Sans hésiter, le diplomate s’approcha de la porte et pressa la sonnette. Les trois hommes attendirent quelques minutes sur le trottoir, tandis qu’au-dessus d’eux, un petit dirigeable de basse-altitude en forme de courge passait dans le ciel, en dépliant derrière lui une banderole publicitaire :


QUAND C’EST MELON, C’EST QUE C’EST BON


La porte finit par coulisser très légèrement dans le mur et, de l’intérieur obscur, une voix demanda :

C’est pour quoi ?
Vous avez quelque chose que je désire, commença Absalom de but en blanc, avant de faire un pas de côté pour dévoiler ce qui se trouvait derrière lui, et singulièrement Velax. J’ai quelque chose que vous désirez.
Qu… Quoi ? Hé, attendez, une seconde, là…

Trop tard : la porte s’était ouverte en grand, disparaissant dans la paroi, et trois blasters étaient déjà braqués sur eux, ce qui ne parut pas beaucoup émouvoir Absalom. Après des années de guerre, puis de trafic aux marges de la galaxie, on était bien obligé de se résigner à ce genre d’accueil.

Entrez, fit abruptement le Zabrak.

À cette heure-ci, l’intérieur d’Al-Shalmi ressemblait à n’importe quel autre bar : des chaises renversées sur la table, des projecteurs éteints, un zinc lustré du matin, qui n’avait pas été encore souillé par les mains graisseuses des clients. Les trois Barzaks, en les tenant toujours en joue, conduisirent les visiteurs à travers la salle principale, puis dans un couloir de service et jusqu’à un escalier.

Cinq minutes plus tard, on les avait installés dans un bureau dont les murs étaient couverts par des étagères où s’alignaient des bouteilles d’alcool vide avec des étiquettes qui couvraient une bonne partie de l’éventail des langues de la galaxie. Une collection comme une autre, et peut-être impressionnante pour les connaisseurs en la matière.

En tout cas, ils n’eurent pas à attendre très longtemps pour qu’un nouveau Zabrak s’installe en face d’eux, dans un fauteuil imposant. Il avait la peau jaune et les tatouages qui lui couvraient le visage étaient plus subtils et plus élaborés que ceux de ses hommes de main.

Donc, fit-il d’une voix rugueuse, presque maladive. Vous nous ramenez notre petit arnaqueur.

Pour la septième fois en dix secondes, Velax changea de position sur son siège.

Vous avez, semblerait-il, une mallette lui ayant appartenu, et dont le contenu nous intéresse.
Possible. Et ?
Et je vous propose un échange.
Pourquoi j’échangerai quelque chose que j’ai sous la main ?

Et d’un geste de la main en question, il désigna Velax.

Parce que je ne compte pas vous le livrer sans rien en retour.
Mais je pensais qu’on allait…
Silence, aboya le Zabrak, avant de remporter son attention sur Absalom. Humain…

À ce mot, un frémissement d’agacement anima le sourcil du sorcier.

Quand je veux quelque chose, je le prends.
J’entends bien, mais certainement vous imaginez sans peine que personne ne se jette dans la gueule du loup comme cela sans être raisonnablement sûr d’en sortir vivant et vous ne seriez pas assez imprudent vous-même pour agir dans la violence et la précipitation, sans avoir découvert sur quoi je fonde ma tranquillité.

Son interlocuteur balaya ses paroles d’un geste agacé.

Toi, tes cheveux…
Mes cheveux ?
… tes belles paroles, tu viens du Noyau, tu es comme Velax. Un beau parleur.

Noctis se sentit insulté par la comparaison.

Moi je ne parle pas. J’agis. Je traite avec du concret. Je prends Velax. Je garde la mallette. Et en récompense, je te laisse la vie sauve, à toi et l’autre humain. Et des boissons gratuites ce soir au bar.

Un sourire satisfait s’étira sur le visage du patron de l’Al-Shalmi.

Ça me paraît généreux.

Noctis poussa un soupir et se pencha légèrement en direction du Bothan.

Velax, mon cher ami, je vous prie de m’excuser, je vous avais mal jugé, faute d’avoir pu vous comparer au niveau de la population locale, et juger de vos talents à cette lumière, si toutefois l’on peut appeler ça comme cela.
Qu’est-ce que tu dis, l’humain ?
Je dis que j’ai une contre-proposition, répliqua Absalom en reportant son attention sur son interlocuteur, alors que petit à petit, sa présence dans la pièce devant plus oppressante, plus menaçante. Vous êtes en train de mourir. J’ai un médecin. Donnez-nous la mallette. Et survivez.

Le Zabrak avait commencé à suer à grosses gouttes. Il passa machinalement un doigt sous le col de sa chemise.

Les médecins, répondit-il avec un souffle court, j’en vois assez et depuis assez longtemps, merci bien. On mange toujours trop de ceci, on boit toujours trop cela, on fume toujours trop à leur goût. Je préfère mourir à petit feu que de ne pas vivre du tout. Reviens me voir dans quinze ans, humain, quand ma maladie en sera vraiment au stade terminal.
Oh…, fit Absalom avec une douceur qui, en ce moment précis, avait quelque chose de plus glacial que toutes les tentatives d’intimidation. Je crains que vous ne m’ayez mal compris. Vous êtes en train de mourir maintenant. Minute. Par. Minute.

Les trois hommes de main avaient reculer d’un pas, instinctivement, et le Zabrak dans son fauteuil avait ouvert le premier bouton de sa chemise.

Vous pouvez les sentir, n’est-ce pas, poursuivit le Sith d’une voix désormais hypnotique ? Les cellules dans votre corps, en train de se multiplier, les organes qui se boursouflent, la vie qui devient l’ennemie de la vie même. Il y a de la beauté dans votre agonie. Dans la profusion d’énergie que met votre corps à mourir.
Qu… qu’est… qu’est-ce que vous êtes ?
Mais je ne suis qu’un homme, répondit le Hapien avec le ton de la plus grande sollicitude, qui vient vous proposer d’apaiser vos souffrances, en échange d’une simple mallette, dont le contenu vous serait d’ailleurs inutile, et incompréhensible. Ceci étant dit, je ne suis pas un médecin moi-même, mais mon ami ici présent, si, et je crois qu’il ne me contredirait pas si je vous disais mon inquiétude de vous voir hésiter, alors que le temps vous manque…

Un peu de sang coulait désormais de la narine du Zabrak.

… manifestement.
Torhyn Lokred
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- Excellent choix.

Il m’avait presque fait sursauter. J’avais levé les yeux sur lui, il rayonnait, visiblement heureux d’être ici. Je devais bien reconnaitre que ce petit défi amical avec le Bothan m’avait amusé. Nous étions dans une petite bulle d’insouciance l’espace de quelques instants et cela n’avait rien de déplaisant, bien au contraire...Et j'appréciais cela. Malgré la situation, j'avais l'impression de revivre après dans de temps passé en captivité. Mais ce fut de courte durée et bientôt nous avions trois blasters pointés sur nous. On nous laissa entrer dans la gueule du Rancor lorsqu’Absalom pointa du doigt le fait que nous pouvions faire affaire. Un échange de bons procédés si j’osais dire.

Mais notre interlocuteur – le chef sans doute des Brazaks – ne l’entendait pas vraiment ainsi. Il comptait visiblement nous arnaquer. Quelle surprise venant de malfrats. Et bien entendu entre le fait que le Bothan donnait l’air de se liquéfier sur place à mesure que le temps passait, qu’Absalom paraissait être un jeune premier en quête d’aventures, et moi je n’étais guère effrayant malgré mon côté ténébreux…Cela n’aidait pas à nous rendre crédible. Pourtant…si nos amis zabraks avaient pu, un tant soit peu, prendre la peine d’observer notre ami négociateur, ils auraient pu le trouver étonnement calme. Trop calme…Et d’ailleurs il ne manqua pas de le souligner. Jamais nous ne sous serions présentés ici sans quelques atouts et autres garanties.

J’observais la situation, observant tour à tour chacun. Mais celui qui m’intéressait le plus en cet instant : le chef Zabrak…Il ne donnait pas l’air d’être d’une santé de fer. Et son propos sur le fait de revenir dans quinze quand sa maladie l’aura presque tué m’interpela. Aussitôt je m’étais mis à guetter les moindres signes d’une quelconque maladie…

Je ne saurai dire ce qu’il se passais véritablement, car je n’avais pas encore passé suffisamment de temps en compagnie d’Absalom pour comprendre l’étendue de ses pouvoirs et leurs effets réels. Une chose était sûre, le Zabrak n’était pas dans son assiette, ce qui inquiétait de plus en plus ses comparses. Et plus le temps passait, plus l’état de notre hôte empirait. Ma qualité de médecin était ajoutée à l’équation de ces négociations. Il me fallait comprendre ce qui détruisait le corps du Zabrak qui se voyait à présent saigner du nez. Il ne fanfaronnait plus…du tout.

- Que…mais…c’est impossible…Faites quelque chose ! S’exclama-t-il à ses hommes qui ne semblaient pas disposés à s’approcher de lui et encore moins d’Absalom. Je m’enfonçais dans mon fauteuil, croisant les bras, un sourire en coin…C’était très intéressant. J’aimais les méthodes de mon employeur.

- Qu’est-ce qui…m’arrive !? Vous…il me désigna, vous êtes médecin ?

J’hochais positivement la tête. La panique sur le visage jaunâtre de notre ami était jouissive.

- Comment…savoir…que…

- Vous ne pouvez pas en avoir la certitude…C’est indéniable. Moi par contre ce dont je suis sûr…c’est que vous allez faire un arrêt…dans…moins de cinq minutes si vous ne vous dépêchez pas.

- Ai…aidez-moi !

Sans esquisser le moindre mouvement, je rappelais à l’individu :

- Je crois qu’il est question d’une mallette avant toute chose…

- Oui…la mallette…Je…elle est ici. Il désigna une étagère derrière lui pour montrer l’objet de notre désir. Il eut un geste et un de ses hommes s’en empara pour la poser devant nous.

- Cela peut-être n’importe quelle mallette…Velax…très cher. Est-ce la vôtre ?

Le Bothan confirma. Je l’invitais à ouvrir la sécurité biométrique :

- Alors qu’attendez-vous ? Nous n’allons pas courir le risque que vous essayez de nous entourlouper. Et n’oubliez pas…ne faites rien de stupide.

Velax émit un son qui tenait plus du couinement, et obtempéra. La mallette révéla son contenu qu’il nous présenta à Absalom et moi. Après vérification, et confirmation que c’était bien ce pourquoi nous étions venus, je levais les yeux sur le Zabrak qui s’effondra lamentablement au sol, pris de convulsions. Ses hommes s’étaient de nouveau reculés alors que je me levais pour lui porter assistance. Après tout, il avait rempli sa part du contrat.

- Vous avez une trousse à pharmacie ici ? Les Brazaks me regardaient sans comprendre. Je soupirai…Qu’est-ce que vous trafiquez comme drogue ici ?

- Heu…un peu de tout.

- De la drogue qui calme vous en avez ?

- Heu…ouai…

- Alors amenez-en ! Dépêchez-vous sinon il va mourir pour de bon !

Ils revinrent en me présentant le tout. Je fouillais dans les flacons de drogue, cherchant la plus adaptée…

- Ha ! Voila ! Des barbituriques. Ce n’est pas comme à l’hôpital mais presque. C’est le dosage qui fait la différence. Je prélevais une faible quantité dans une seringue, ouvris brutalement la chemise de mon patient et injectais la drogue dans l’organisme, faisant cesser les convulsions et les risques qu’elles entrainaient. Restait à vérifier le reste. Mon patient était totalement détendu et complètement à l’ouest. Je vérifiais ses réflexes photomoteurs, quand…je m’arrêtais quelques instants sur son œil…Un sourire naquit sur mes lèvres alors que j’aidais le Zabrak à se caller contre le mur en position assise, je venais de comprendre ce qu’il avait, mais je le gardais pour moi et me contentais de lui conseiller : n’essayez pas de vous lever…Il me regardait avec des yeux vitreux, et un sourire béat, comme s’il était…ivre. Effet secondaire des barbituriques…Je me tournais vers Absalom, lui confirmant du regard que c’était bon de mon côté. Je continuais de fouiller dans les médicaments du Zabrak, cherchant quelque chose de bien précis...


Absalom Thorn
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Le mécanisme biométrique, murmura Absalom au Bothan, tandis que le médecin s’activait auprès de son patient. Reprogrammez-le. Pour mes yeux.


Velax lui adressa aussitôt un regard méfiant. La maîtrise de l’ouverture et de la fermeture de la mallette, c’était son seul levier dans toute cette histoire. D’un autre côté, plus il la gardait longtemps réglé sur ses données biométriques, plus ces deux psychopathes risquaient de lui arracher les yeux.


Comment vous pouvez le constater, insista le sorcier après un bref regard au Zabrak à qui Torhyn était en train d’injecter une dose de barbiturique, ma patience n’est pas sans limite…
Très bien, très bien, maugréa le trafiquant, avant de tourner la mallette vers lui et d’entrer en code dans le petit clavier tactile qui courait sur la tranche.


Quelques secondes plus tard, le Sith appliquait ses yeux dans le lecteur. Il ne fut satisfait que lorsque l’écran lui confirma que les nouvelles données étaient enregistrées.


Vous allez me tuer, maintenant, n’est-ce pas…, chuchota Velax.
Vous abordez la vie avec trop de pessimisme, mon ami, le rassura Absalom, avant de reporter son attention sur le Zabrak et son nouveau médecin traitant.


Sa voix résonna soudain dans l’esprit de Ryden.


:: Ménagez vos efforts, docteur. Il survivra bien quelques jours. ::


Dans le même temps, Absalom se leva de son siège. Instinctivement, les trois hommes de main firent un pas en arrière, comme si leur propre survie dépendait désormais d’un périmètre de sécurité entre eux et cet étrange visiteur. La mallette toujours bien en main, le Sith s’agenouilla aux côtés du patron de l’Al-Shalmi.


Ce que contient cette mallette, dit-il d’une voix insinuante, en posant une main sur son avant-bras, a un terrible effet corrupteur. Et sans notre intervention, vous seriez probablement mort en cet instant, à force de la garder près de vous.


Le chef des Barzaks tourna vers lui un regard rendu confus par l’injection et le développement soudain de sa maladie. Son esprit, devenu malléable, n’offrait plus guère de résistance à l’influence du sorcier, qui désormais plongeait les yeux dans les siens.


Notre aide vous a sauvé, dit-il lentement, en détachant chacun de ses mots, comme s’il voulait les graver un à un dans les pensées de son interlocuteur. Nous allons vous débarrasser de ce objet maudit…


L’homme émit un borborygme indistinct.


… et nous occuper du Bothan pour vous.


Ses paroles résonnèrent comme un écho dans l’esprit de sa victime, jusqu’à se loger dans les recoins de sa conscience, puis le Hapien se releva et se retourna vers les hommes de main.


Votre patron est très affaibli par l’influence délétère de cet artefact, expliqua-t-il en mentant sans ciller. Nous allons l’éloigner et il devrait se rétablir en quelques heures. Veillez sur lui néanmoins. Et vous devriez vous faire examiner vous-même à la première occasion par un médecin. On n’est jamais trop prudent. Quant à nous, ne vous inquiétez pas : nous saurons retrouver la sortie.


Les trois Zabraks échangèrent un regard inquiet. Sans surprise, ils ne se battirent pas pour escorter les trois visiteurs.


Docteur ? M. Velax ?


Quelques minutes plus tard, les trois hommes étaient à nouveau dans la rue et s’éloignaient du bar d’une démarche tranquille.


Mais…
M. Velax… ?
Qu’est-ce qui s’est passé, là-dedans ?
Maintenant que nous avons la mallette, je veux pouvoir quitter la planète sans avoir à m’inquiéter d’être poursuivi par le gang du coin. Je préfère donc qu’ils se sentent redevables, que vindicatifs.
Mais… Dans la mallette, ce sont… Des données, des datadisks, des archives. Ce n’est pas une sorte d’artefact ou que sais-je…
Vous savez ça, et je sais ça, mais eux l’ignorent. Pour ceux qu’ils en savent, ils avaient une relique sith sur leurs étagères qui les corrompaient d’heure en heure. Les gens ont l’imagination fertile et ils se persuadent de beaucoup de choses, pour peu qu’on les oriente dans la bonne direction.
Mais Ravrik… Le chef, je veux dire. C’est vous qui lui avez fait cela ?
Il se l’est fait tout seul depuis des années, je suppose. Je n’ai fait qu’accélérer un peu le processus. Mais ne vous inquiétez pas : il va s’en remettre.

C’était précisément le contraire de ce qu’il venait de suggérer au docteur quelques minutes plus tôt, quand il lui avait assuré que le Zabrak mourrait des suites de leur rencontre dans les jours à venir, mais pour l’heure, Absalom préférait continuer à agiter cette présence menaçante devant Velax, pour que le Bothan se sente encore dépendre de sa protection.


Et par conséquent, vous seriez bien inspiré de quitter la planète.
Alors… vous n’allez vraiment pas me tuer, fit le trafiquant, comme si c’était la partie la plus improbable à ses yeux de toute cette histoire ?


Absalom lui adressa un sourire chaleureux, que Velax jugea proprement effrayant.


Mais bien sûr que non. Du reste, vous avez une dette envers nous, désormais, n’est-ce pas ?
Je… euh…


Techniquement, le sorcier venait de récupérer pour rien les données qu’il avait été prêt à payer, et l’on aurait pu considérer que la dette était soldée de ce point de vue.


Oui, je suppose, enfin, je veux dire, bien sûr, balbutia néanmoins Velax avec une intelligente prudence.
Excellent ! J’espère que nos chemins se recroiseront un jour.


Un espoir pas précisément partagé.


En attendant, n’abusez pas trop de la citrouille.


Et sur ces bonnes paroles, le Sith traversa la rue avec Torhyn.


Navré que notre affaire ait été un peu plus mouvementée que prévue, docteur, dit-il alors d’un ton léger. Mais enfin, nous n’avons été retardé que de quelques heures. J’espère que cette petite chasse au trésor ne vous a pas… je ne sais pas… perturbé ? Je comprendrais que les aléas du terrain puissent vous déplaire.
Torhyn Lokred
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Bien entendu que notre ami Zabrak ne survivra pas longtemps…Quelques jours tout au plus désormais. Une maladie transmission autosomale récessive qui se caractérisait par une toxicose cuprique. Dans le cadre de cette maladie, une altération génétique entraîne un dysfonctionnement de l’élimination du cuivre hors de l’organisme. Sa présence en excès va être responsable d’une véritable intoxication, impactant différents organes et en premier lieu celui où il est stocké, le foie. Puis c’était tout le reste qui se trouvait déréglé. Une des caractéristiques de cette maladie était la formation d’un anneau orangé au bord externe de l’iris. Il s’agissait d’un dépôt de cuivre, qui pouvait se voir à l’œil nu selon l’avancée de la maladie. C’était ainsi que j’avais détecté ce qui affectait le Zabrak et que Noctis venait de pousser au paroxysme.

Absalom mis de l’ordre dans tout le bazar que nous venions de faire, récupérant la sécurité oculaire de la mallette en demandant au Bothan de la régler sur ses propres yeux. Puis en insufflant dans l’esprit des zabraks que tout cela était à cause d’un artefact Sith qui se trouvait dans la mallette, et que nous venions de les sauver. C’était redoutablement brillant. Et j’étais vraiment curieux des compétences de mon nouvel employeur.

Nous libérâmes également le Bothan, lui laissant la vie sauve…Dommage pour mes trophées. Mais au moins nous était-il redevable désormais. Et nous avions récupéré ce pourquoi nous étions venus, sans débourser un seul centime. Je saluais également l’idée d’Absalom de laisser sous-entendre que le Zabrak allait survivre…ne lui avais-je pas sauvé la vie ? Au moins ne pourrions-nous pas nous mettre cette histoire sur le dos.

- N’oubliez pas votre traitement…Et des douches froides…
prescrivais-je à Velax.

- Oui, vous me l’avez hurlé dessus à l’hôtel…j'ai pas oublié...

- Je préfère me répéter…il serait dommage que vous mourriez prématurément parce que vous n’avez pas respecté les consignes d’un médecin.

- Ha non…j’ai pas l’intention de mourir. Même si je suis curieux de savoir ce qu’il y a de l’autre côté…Mais non je veux pas mourir maintenant.

J’eus un froncement de sourcil…qu’avaient-ils donc tous avec ces questions de vie après la mort blablabla ? Un frisson me parcourus alors que je me souvenais du jour où j’étais mort. Je me souvenais du froid, et des ténèbres. Avec froideur je répondis :

- Y’a rien. Faites ce que je vous ai dit…et ce ne sera pas cette maladie qui vous tuera…mais votre mode de vie. Mais ça…c’est votre responsabilité.

Il était presque surprenant de voir un homme sans éthique comme moi conseiller et réclamer l’attention d’un patient que je n’avais vu que quelques heures. Mais…il avait tenu parole. Et nous aussi. Je n’entendais pas l’avoir traité pour rien. Tant qu’à faire autant qu’il respecte mon travail.

Je suivis Noctis, finalement notre duo en était ressorti gagnant. Je respirais à plein poumons profitant de la satisfaction du travail accompli. Je fus surpris d’entendre Absalom s’excuser sur le fait que cette excursion fut plus mouvementée que prévue. J’eus un petit rire et je tournais mon regard pétillant vers lui et lui répondis en souriant :

- Vous plaisantez ? Cela faisait bien longtemps que je ne m’étais pas senti aussi vivant et libre. Je songeais même à vous remercier pour cela. Car même s’il est parfois agaçant pour un psychorigide comme moi que tout ne se déroule pas comme prévu, je dois reconnaitre que ce fut grisant, amusant parfois, et très instructif.

Nous étions revenus à la cohue des rues de la ville mouvementée en raison du Festival.

- J’espère que notre ami Bothan avait raison quand il a dit que tout le contenu de cette mallette est authentique. J’ai hâte de voir ce que cela donne.

J’étais impatient, mais je réalisais un petit détail, et en fis part à mon compagnon de route :

- J’ai faim…pas vous ?

Oui…toutes ces péripéties m’avaient ouvert l’appétit. Chose étrange. Mais n’était-ce pas un signe positif ?

- Je voulais vous demander...Comment avez-vous su...qu'il était malade à ce point? Et comment avez vous fait pour...qu'il passe en phase terminale?

Ma curiosité perpétuelle. L'ancien Sith était peut-être d'allure angélique, mais son pouvoir était destructeur. Et même si je n'y avais pas accès à travers la Force...peut-être trouverai-je un autre moyen d'imiter certaines de leurs capacités grâce à la science.



Absalom Thorn
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Faim ?


Pendant un instant, on aurait presque pu croire que le Hapien ignorait la signification de ce mot, mais il finit par hocher la tête et, ensemble, les deux hommes remontèrent les rues où se pressaient la foule pour rejoindre celles que les organisateurs avaient dédié à aux stands de nourriture.


On trouvait là de la soupe au potiron et de la tarte à la courge, des bonbons à la citrouille et des salades de melon, des courgettes farcies et tout un monde de saveurs auxquelles d’autres ingrédients, fort heureusement, venaient apporter un peu de variétés.


Absalom se plongea dans la lecture des menus laconiques que des hologrammes affichaient en vacillant devant les stands, derrière lesquels officiaient parfois des robots, parfois des êtres en chair et en os. Il finit par arrêter son choix sur un bol végétarien qui était probablement l’entrée la plus diététique de la liste, et quand, quelques minutes plus tard, on lui tendit sa commande, il ne manqua pas de l’inspecter consciencieusement.


Le sorcier attendit qu’ils se fussent un peu éloignés de la foule pour reprendre le fil d’une conversation dont il préférait qu’elle ne soit pas surprise par des oreilles indiscrètes. Ce ne fut donc que lorsqu’ils commencèrent à traverser le parc qui couvrait tout le sud de la presqu’île qu’il dit :


La vie, la mort, et la manière dont elles résonnent à travers la Force, c’est en quelque sorte l’une de mes spécialités. Je n’ai pas besoin de savoir précisément quelle maladie l’afflige : il me suffit de sentir que quelque chose en lui est déséquilibré, qu’il y a une lutte à l’intérieur de son organisme, pour l’orienter du bon côté.


Il s’assit sur un petit banc, à l’écart des allées principales, pour plonger sa fourchette dans le bol.


Je n’ai aucune idée de la maladie dont il souffrait. Ou en tout cas pas dans vos termes. Je n’ai aucune notion de médecine. Mais je sens la vie comme un courant, comme une rivière où l’on peut boire, ou que l’on peut tarir. Il aurait été en pleine santé que ça ne l’aurait pas soustrait à mon emprise. En revanche, il aurait probablement pu survivre à notre rencontre, dans ce cas-là.


Le funeste destin qui attendait désormais le Zabrak n’avait en tout cas pas l’air de beaucoup l’émouvoir.


Même la plus solide des existences est toujours fragile, et même le plus robuste des corps peut être fissuré. Imaginez que… que vous pouvez entendre le pouls des gens. Quand vous fermez les yeux, vous entendez le sang battre dans leurs veines, vous en sentez les pulsations dans votre esprit, et vos pensées se mêlent à elles, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus au fond de différence entre votre imagination et la vie qui pulse dans chacun de leur organe, si bien que par votre volonté, vous pouvez le précipiter ou l’arrêter. La Force… La Force, c’est le sang du sang, c’est ce qu’est la vie avant de devenir de la matière, et si je l’écoute patiemment, intensément, je la sens battre tout autour de moi.


Le regard perdu dans le parc en face d’eux, où l’on voyait entre des buissons s’égayer des enfants qui profitaient de la fête pour s’adonner à leurs jeux innocents, il poursuivit :


Beaucoup vous diront que ce que j’ai fait dans ce bureau est maléfique. Que c’est une perversion de la Force. Vous savez pourquoi je me méfie des monothéistes ? Ils veulent en général que leur Dieu soit entièrement bon. Et parce qu’ils ont la vertu à leurs côtés, tout ce qu’ils font, tout est justifiable, et tout est préservé de la contradiction. Les civilisations qui entretiennent leur panthéon savent que la plupart des réalités sublimes et supérieures de notre univers, et la plupart de nos expériences sont quotidiennes, sont parfois bonnes, et parfois mauvaises, parfois douloureuses, et parfois joyeuses, qu’il y a de la vengeance comme du pardon, et de l’horreur comme de la consolation.


Ce n’était pas la plus scientifique des réponses, et il en avait bien conscience, mais quand un médecin interrogeait un sorcier, pouvait-il s’attendre à recevoir une réponse de médecin ?


Quand vous n’avez de place dans vos croyances, qu’elles soient spirituelles ou simplement morales, pour la maladie, et la mort, et la corruption de l’esprit et de la chair, et la violence, et la douleur, que sous les traits d’une perversion, d’une obscurité à combattre, alors vous croyez à une abstraction intellectuelle sans rapport avec le réel et ce que vous appelez votre vertu est l’instrument politique de votre fanatisme. Moi, je prête l’oreille au moment où la lumière s’éteint, où le sang ralentit, où la vie s’épuise, et je donne du sens et de l’utilité à ces moments précieux.


L’homme eut un rire léger.


Je suis navré, docteur : vous aurez remarqué que j’ai tendance à donner des réponses plus longues qu’on ne pourrait le souhaiter. Mais il faut bien, ma foi, que j’aie malgré tout quelques traits de méchant d’holofilm, n’est-ce pas ?
Torhyn Lokred
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Le Hapien avait cédé à l’appel de mon estomac. Nous nous étions donc naturellement dirigés vers des stands qui proposaient de quoi satisfaire tous les régimes et les gouts. Nos commandes en main – un bol végétarien pour Absalom et un wrap à base de viande blanche et de légumes pour moi – nous cherchâmes un coin tranquille.

J’écoutais les explications d’Absalom avec un grand intérêt. Assis sur un banc, j’essayais de comprendre commet fonctionnait ce pouvoir dont il avait usé contre le Zabrak. Ainsi donc il sentait à travers la Force des déséquilibres entre la vie et la mort chez les vivants. Le tout sans compétences médicale poussée.

- Je comprends... J’imagine qu’il en est de même pour moi. Rappelez-moi de ne jamais vous mettre en rogne. J’eus un petit rire de cette remarque qui se voulait plus humoristique qu’autre chose. Je l’écoutais me préciser comment il percevait la Force…C’était passionnant ce pouvoir qu’était le sien au travers de cette maîtrise qu’il avait de la Force. Notre ami souffrait d’une maladie génétique…Ce que vous avez fait est fascinant. Cette faculté que vous avez est formidable.

Bien entendu j’y voyais mon propre intérêt et le projet que j’avais. Avoir un individu capable de telle prouesse pouvait être très utile pour un homme tel que moi. J’espérais que la charmante He’Thu puisse un jour parvenir à un tel niveau de compétence. N’avait-elle pas elle-même émit le souhait de m’aider dans mes recherches sur les Rakghoules ? Faire combiner la science et la Force. Mes réticences sur ces arts magiques s’estompaient au fur et à mesure que j’en comprenais les tenants et aboutissants, et surtout que je lui trouvais une grande utilité finalement.
Je réalisais cependant que même entre sensitifs, ils ne s’entendaient pas plus que cela. Chacun avait une perception de la Force, et donc de son application, différente. J’hochais la tête :

- Je vois. Ce que vous me décrivez ne me choque pas plus que cela. Bien au contraire. Comme vous le dites, vous donnez de l’utilité à ces êtres en fin de vie. Finalement nous n’étions pas très différents l’un de l’autre. Nous utilisions tous les deux nos capacités pour apporter un but à des êtres anodins. Les imbriquant dans quelque chose de plus grand qu’eux-mêmes. J’avais posé mes yeux sur les gens qui profitaient de leur vie et des festivités. Des vies normales…si dérisoires. Si…fragiles. Des enfants qui s’amusaient sous le regard attendri de leurs parents…Un faible sourire naquit sur mon visage : vous savez, je ne voulais pas être médecin initialement…Le grand médecin c’était mon père. Un neurochirurgien de renom. Il voulait que je suive ses traces. Il voulait que je le rende fier. Mais je crains de n’avoir été qu’une source de déceptions pour lui. Savez-vous de quoi il est mort ? Il a fait un AVC…Il en est ressorti brisé. Un esprit brillant enfermé dans un corps végétatif. D’aucun disent qu’il s’est laissé mourir. Ce n’est pas tout à fait exact, je levais les yeux vers l’Hapien : ne vous méprenez pas. Ce n’était pas de la pitié à son égard, et encore moins le désir de lui donner une mort digne. Il n’y a pas de dignité dans la mort je trouve. J'ai simplement fait ce qu'il fallait. Je soupirais, laissant Absalom imaginer ce que j’avais bien pu faire pour aider mon père à mourir, il était suffisamment imaginatif et intelligent pour cela. Vous avez pu constater que ma pratique de la médecine n’était pas toujours au gout des autres. On m’a jugé comme un monstre. Ce que j’ai fait sur Lorrd, je le referai sans état d’âme ni hésitation. Je pense que des personnes comme vous et moi sommes suffisamment mûrs (pour ne pas dire « vieux » mais je ne voulais pas blesser Absalom) pour ne plus prêter attention à ce que les autres peuvent bien penser de nous. Être bon ou méchant…Qu’est-ce que cela veut dire ? Pour qui sommes-nous bons ou mauvais ? Aux yeux de qui ? Et pourquoi ?

Notre discussion tournait diablement vers des pensées philosophiques et éthiques. Mais cela ne me dérangeait pas. J’entrepris de déguster mon wrap en prenant le temps de bien macher sans précipitation. Et je me résolus à demander à Absalom :

- Avez-vous déjà frôlé la mort, Docteur Thorn ?

En y réfléchissant bien, en ce qui me concernait je l’avais déjà vue de prêt bien plus de fois que je ne l’aurai souhaité.



Absalom Thorn
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Vous avez eu raison d’abréger ses souffrances, observa l’ancien Sith, posément. Je ne crois pas aux morts lentes et douloureuses. Le sadisme que certains de mes anciens confrères au sein de l’Empire cultivent comme une voie vers le Côté Obscur est à mes yeux une passion triste. La douleur est parfois utile, quand on se forme, et utile quand on cherche à faire pression sur les autres, mais souffrir et faire souffrir par principe, c’est… Puéril, en un certain sens.

C’était ce genre de discours qui avaient conduit certains Siths, par le passé, à en le juger comme un faible. Les moins perspicaces d’entre eux, tout du moins, qui avaient vu alors en lui une victime facile à écarter sur le chemin de leur ascension. Ceux-là, en général, avaient rencontré une mort plus prompte qu’il ne l’aurait cru.

Au demeurant, je ne crois pas que la pitié soit une mauvaise chose. J’éprouve souvent de la compassion pour les gens, y compris ceux dont j’abrège l’existence. Simplement… Vous et moi avons des devoirs autrement plus grands. De la même manière qu’un général peut se soucier de ses troupes et les envoyer néanmoins se faire tuer, un savant doit être prêt tout à la fois à se préoccuper du bien-être des autres, mais à en sacrifier certains sur la voie du progrès.

Et tous ces gens qui s’égayaient dans le parc devant eux, et avec lesquels il aurait volontiers discuté, ces gens qui menaient des vies auxquelles il s’intéressait sincèrement, il les aurait tués, tous, s’il y avait trouvé la moindre utilité.

Votre père avait tort d’être déçu par vous, mais… Quand on cherche à s’affranchir des règles de la société, on s’expose à l’opprobre. C’est sans doute le plus difficile. Savoir que les autres vous méprisent. Pour être honnête, j’ai moi-même été tenté de rester en Empire. Quand l’Inquisition s’est retourné contre moi sans la moindre raison. Rester pour me battre. J’aurais pu, sans doute, essayer de me tailler un petit territoire aux marges de l’Empire. Devenir un seigneur de guerre. Mais c’eût été des années et des ressources perdues dans le seul but d’entretenir l’image que les autres avaient de moi. Le véritable ennemi de ceux qui cherchent à accomplir de grandes choses est leur désir que les autres les sachent en train de les accomplir. Il faut apprendre à combattre son orgueil plutôt que ses détracteurs.

Mais il mentirait s’il prétendait que parfois il ne rêvait pas à l’autre tour que sa vie aurait pu prendre, à la gloire dont il aurait pu peut-être s’entourer en Empire, les choses eussent-elles été simplement un tout petit peu différente, et peut-être au trône qu’il avait l’impression confuse d’avoir frôlé, sans savoir, des années après, s’il avait jamais vraiment voulu s’y asseoir.

Quoi qu’il en soit, je ne méprise pas la morale qui fonde l’existence des gens qui nous entourent. Elle est très utile. Elle est souvent, en tout cas dans les grandes lignes, parfaitement raisonnable. Mais elle est circonstanciée aussi, elle sert à régler les affaires ordinaires, et quand on s’occupe de réalités plus vastes, plus profondes, plus éternelles, alors elle perd de sa pertinence. Car enfin, quand une étoile s’étend et se développe, lui reproche-t-on de brûler les planètes sur son passage ? Et les vagues immenses qui soulèvent et renversent les navires ne sont pas plus coupables du destin des marins.

Absalom jeta un coup d’oeil à son interlocuteur et, ayant constaté que Torhyn avait fini son repas, il se leva pour reprendre leur chemin à travers les rues d’une ville qu’il connaissait au fond encore assez mal.

La mort ?

Un sourire amusé se dessina sur ses lèvres.

Bien des fois, oui. Les Jedis ont cherché à m’arrêter et j’ai toujours été d’avis de rester libre, alors il y a eu parfois des conversions, de leur part, et d’autres fois des affrontements. Dont je suis ressorti jusqu’à présent victorieux, mais qui sait ce que l’avenir nous réserve. Quoiqu’il en soit, Darth Venenous, que vous commencez à bien connaître…

Le verbe était un peu fort pour parler des relations qu’entretenaient avec les autres l’énigmatique Kaminoane.

… était jadis une Sentinelle Jedi lancée sur ma trace. Elle m’a retrouvé, car c’est une femme pleine de talent, et elle et moi avons longuement discuté. Mais j’ai connu des Jedis moins ouverts à la conversation. Maître Marja, par exemple. Grande adepte du crime de guerre. Vivante image de l’hypocrisie de l’Ordre.

Qui avait lancé son vaisseau plein de soldats contre son vaisseau plein de soldats, au mépris de la vie des troupes, et au mépris surtout de celle des civils qui vivaient sur la planète en contrebas. Qui avait cherché à saboter les négociations de paix entre la République et l’Empire. Et qui, pourtant, continuait à graviter dans les hautes instances de l’Ordre Jedi, plus coupable que bien des Siths.

Et puis il y a bien sûr la compétition interne au sein de l’Empire. Avant même que ma tête n’y soit mise à prix. Depuis, ma foi, il arrive que des assassins siths ou des mercenaires tentent leur chance. Rarement au sein du Consortium, dont il est somme toute difficile de passer les frontières, mais quand je voyage au-dehors. Et enfin, naturellement… La quête du savoir ésotérique, comme vous avez pu le constater aujourd’hui, peut être très mouvementée.

En somme, c’était un diplomate qui se faisait beaucoup tirer dessus.

J’aspire à mener une vie surnaturellement longue et pourtant, j’aime quand elle est en danger. Paradoxal, n’est-ce pas ?

Mais au fond, c’était comme la richesse : quel intérêt d’avoir de l’argent, sinon pour le dépenser ?

Et vous, docteur ? À part vos recherches, à quoi aspirez-vous ? Je ne doute pas que vous aimiez vous perdre dans votre travail et vous avez vécu jusqu’à présent, si j’ai bien compris, d’une façon qui ne vous laissait peut-être guère le temps de réfléchir à ce à quoi vous pourriez tendre, personnellement. Mais sans doute avez-vous des espoirs pour vous-même ?
Torhyn Lokred
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J’eus un sourire en l’entendant m’expliquer qu’il éprouvait de la compassion même pour ceux qu’il achevait. Je ne me souvenais pas en avoir. Mais je me fourvoyais possiblement. Il était amusant de voir comme il présentait les gens comme nous comme des êtres, finalement raffinés. Car nous évitions des jours, des semaines, voir des mois, de souffrance à des êtres condamnés. Les achever était finalement un acte de bonté. Et c’étaient nous les monstres ? Cela n’avait pas de sens.

« Savoir combattre son orgueil plutôt que se détracteurs ». Il n’avait pas tort. N’était-ce pas par orgueil, suite à de nombreuses frustrations, que j’avais laissé se déverser ma colère sur Lorrd ?

- Je vous rejoins sur vos propos. Comme je vous le disais je ne regrette pas mes actes sur Lorrd puis là où j’ai été retenu prisonnier. J’ai inoculé le virus Rakghoule à des êtres conscients, non pas pour les tuer, mais leur donner une nouvelle existence. Cependant, je reconnais mon imprudence sur Lorrd. J’ai manqué de raison et j’ai cédé à l’impulsivité parce que j’étais en colère d’avoir échoué. Mon orgueil ne tolérait pas cet échec. A cause de cela j’ai été percé à jour.

Et j’en avais payé le prix…obligé de fuir et de changer de nom. Mais finalement je n’étais pas le seul à avoir tiré un trait sur un passé qui aurait pu être glorieux. J’appris ainsi que Darth Venenous était une ancienne Jedi. Je ne savais pas grand-chose sur leur Ordre. Jusque ce qu’on disait sur eux. Et il y avait du bon et du moins bon, selon de quel côté on se plaçait.

- Etonnant qu’une telle femme soit un Maitre Jedi…Je ne connais pas les Jedis, ni leurs préceptes, en dehors de ce que tout le monde sait… « les sauveurs de la Galaxie », de ce que vous me dites, nous en sommes loin. Et allez savoir pourquoi, mais je ne doutais même pas de ses propos en cet instant…Je sais que ce sont eux qui ont contribué à sauver les rescapés de Lorrd-City, moi y compris. Mais…j’ai appris par la suite que c’était du fait de leur présence, entre autres, que l’attaque fut donnée. Ce qu’ils faisaient là…je n’en ai aucune idée. Ce fut juste un beau gâchis selon moi.

Alors que nous marchions à travers rues, sa question sur mes aspirations me fit sourire.

- Je vous avoue avoir peu réfléchi à la question. Dans ma jeunesse insouciante je n’avais pas de grandes ambitions. Je m’apprêtais à suivre les traces de n’importe quel jeune bourgeois lorrdien…Avoir un bon travail, et fonder une famille. Bien sur mes…heu…penchants n’étaient pas du gout de mon père qui se voyait déjà privé d’héritier car plus le temps passait plus les femmes me décevaient. Mais j’étais prêt à faire des efforts au prix d’un petit arrangement. Et vous ? Je n’ai pas entendu parler de mariage vous concernant…J'imagine que vous avez dû subir le même genre de remarques que moi suite à...votre coming out.

Je me souvenais encore de ce jour où mon père m’avait fermement ordonné de mettre fin à mes « tares » pour me concentrer sur mes études et me trouver une épouse aimante. On ne pouvait pas dire que je n’avais pas essayé. Mais les femmes…s’étaient les unes après les autres jouées de moi. Je n’ai finalement trouvé de quiétude qu’auprès des hommes…Je ne pensais pas que mon père était véritablement contre ma bisexualité qui tendait plus vers une homosexualité...Mais j'étais le seul enfant qu'il avait eu...le seul à transmettre sa lignée...J'imaginais que sa réticence venait de cette crainte...

- La mort de mon père a tout changé. Petit à petit j’ai…changé. Et j’estimais mériter une reconnaissance au moins égale à celle de mon génie. Vous l’avez compris je suis un acharné du travail, et un insatiable poseur de questions. Et je déteste perdre. Je voulais la renommée…La destruction de Lorrd-City a tout brisé. Ces dernières années je n’ai fait que survivre. Et à présent, à court terme, mon but est de trouver un moyen de me soigner. Je veux retrouver ma force et ma vitalité passées…je veux récupérer ces années dont on m’a largement privé…tant l’Empire que la République. Je veux vivre le plus longtemps possible pour profiter…mais aussi accroitre mes connaissances. Etancher ma soif de questions. Si possible avec un compagnon suffisamment patient pour me supporter. Mais je vais éviter d’être trop exigeant.

Je ris de bon cœur…J’étais et je resterai un scientifique, avec une âme romantique. J’avais toujours eu besoin de reconnaissance, de soutien…d’affection. En un mot : d’amour. Visiblement c’était très dur à trouver. En même temps, qui pourrait faire confiance à un homme tel que moi qui n'avait aucune éthique. Aucune morale en fin de compte?

- Une vie simple en tant que médecin généraliste, j’y songeais lorsque j’étais épuisé…las de tout. Mais…je savais que mon esprit s’ennuierait vite. Mon esprit a besoin d'etre sans cesse stimulé...J'ai besoin de vivre en plein cœur de la Science. Tout comme vous mettez votre vie en danger alors que vous cherchez à l'allonger le plus possible. Il y a une forme de logique là dedans. Car c'est en frôlant la mort qu'on se rend compter de l'importance de la Vie, et se sentir plus vivant. Et la peur de mourir nous pousse à vouloir vivre comme jamais on ne l'a fait.






Absalom Thorn
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Hmm…


Insensiblement, ils arrivaient près de leur hôtel.


Peut-être devrions-nous mettre la main sur un Maître Jedi. Un expert de la restauration, quelqu’un qui s’y entende dans la Force Vivante. Une telle personne serait peut-être capable de vous guérir complètement, et dans tous les cas, je gage, d’accélérer le processus. De façon assez surprenante, ils ne sont plus si nombreux que cela.


Sans doute que la guerre n’y était pas étrangère : la voie des armes avait quelque chose de plus glamour, celle de la diplomatie aussi, et quand on était une jeune personne qui se formait au sein d’un ordre, comment n’aspirerait-on pas à être aux premières lignes, celles des champs de bataille ou des traités, plutôt que cantonné à tout observer depuis l’arrière ?


Je connais l’un d’entre eux, un explorateur du nom du Torr, dont la restauration n’est pas la première spécialité, mais qui a une expérience, disons, éclectique. Nous ne sommes pas en très bons termes, et il est difficile à saisir, dans tous les sens du terme, mais il y a peut-être un échange de bons procédés à considérer.


Déformation professionnelle peut-être, mais Absalom tenait toujours la négociation possible, même avec les pires ennemis. Il fallait parfois du temps, et bien des chemins de traverse, mais il n’y avait pas de voies détournées qui puisse épuiser la patience d’un diplomate consciencieux.


Ou, à défaut, un peu de théâtre. On obtient beaucoup de choses avec une pièce soigneusement mise en scène.


Le Hapien esquissa un sourire entendu.


Quant à vos relations personnelles, vous découvrirez que la situation sur Hapès est quelque peu complexe.


Il avait été surpris d’apprendre que son nouveau protégé aimait les hommes, mais, par politesse plutôt que par dissimulation, il n’en avait rien laissé paraître.


Les hommes ont un statut ancillaire sur Hapès et, pour beaucoup, leur rôle est d’abord celui de géniteur. Par conséquent, leur valeur repose sur leur inscription dans l’économie de la relation hétérosexuelle, et des transactions matrimoniales qui l’accompagnent. Être un homme est une tare, chez les miens, et être un homme qui aime les hommes, c’est en quelque sorte un double défaut. On se trouve privé de toute utilité sociale. Mais d’un autre côté…


Les portes de l’hôtel s’ouvrirent devant eux et Absalom s’interrompit le temps de traverser le hall. Il avait depuis longtemps pris l’habitude, quand ils visitaient des planètes où on pouvait le confondre avec un humain, de ne pas faire l’étalage de son espèce véritable. Dans un endroit comme celui-ci, où l’on pouvait surprendre leur conversation, le sorcier préférait donc conserver le silence.


Ce ne fut que lorsqu’ils eurent réintégré leur chambre, avec son fameux lit unique, et qu’il s’installa dans l’un des deux fauteuils qui complétaient le mobilier avec le bureau, qu’il reprit le fil de ses explications :


D’un autre côté, donc, le mépris que la société hapienne a pour les hommes est essentiellement fondée sur ce qu’elle considère être des propriétés masculines. Des caractéristiques innées, si vous préférez. Et l’homosexuel, dans une certaine mesure, étant celui qui défie cette nature masculine, peut avoir d’autant plus de valeur qu’il est une espèce rare. Pour utiliser une analogie qui vaut ce qu’elle veut, être fou est vu comme une tare la plupart du temps, mais être à la fois fou et créateur donne un lustre particulier à ses créations.


Le Hapien défit sa queue de cheval et ses cheveux blonds se libérèrent dans une cascade dorée comme on n’en voyait guère que dans son espèce.


Pour ma part, très honnêtement, la combinaison de l’argent, de la réputation familiale, de mon statut de quasi-étranger et du fait que, somme toute, une partie des gens me considère comme quelqu’un de dangereux, me prémunit largement des remarques indélicates. Aryst, mon compagnon, que vous avez vu à l’astroport, n’a pas toujours cette chance il est vrai, mais ceux qui s’avisent de lui manquer de respect ne le font pas deux fois.

Est-ce que cela voulait dire qu’il y avait quelque part sur Hapès un charnier plein d’homophobes exécutés froidement par un ancien Sith très protecteur ou simplement qu’en apprenant la relation du jeune Hapien aux cheveux étrangement sombres avec un Thorn doublé d’un sorcier, on réfléchissait ensuite à deux fois ?


Avant cela… J’ai toujours caché à l’Ordre mes liaisons. Je doute, cela dit, que quiconque m’ait jamais vu en se disant que je pouvais être hétérosexuel, je n’ai jamais eu besoin de dire ce que j’étais. Au sein de l’Empire, abstraction faite de certains militaires, l’obsession pour le pouvoir que l’on incarne l’emporte sur les autres considérations. Mais je comprends que, de ce point de vue, j’ai été infiniment plus privilégié que la plupart des gens comme nous.


Et il en prenait pour témoins ces esclaves qu’il sauvait parfois, quand ils croisaient son chemin, et qui avaient été perdu dans une spirale infernale, après que leurs parents les avaient jetés hors du domicile familial, à cause de leurs préférences.


Quoi qu’il en soit, la recherche d’un compagnon, c’est… C’est une aspiration noble et précieuse. On fait pour l’être aimé ce que l’on ne ferait pas pour soi-même : son regard nous élève, et le désir de lui plaire nous accompagne. On m’a souvent reproché de me laisser distraire par les hommes qui partagent ma vie, et je suppose que c’est vrai en un sens, mais je ne crois pas que j’aurais jamais eu le courage de faire un quart de ce que j’ai accompli sans songer au profit qu’ils en retireraient. Selon mon expérience, les êtres sont moins égoïstes qu’on ne le pense : l’intérêt personnel est une puissante motivation, mais elle fait pâle figure au regard du souci de l’autre.


Et quelle planète, en vérité, ne réduirait-il pas à feu et à sang pour les beaux yeux d’Aryst ?
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