William Cavendish
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CONTRAT:
TROP DE BLABLA, PAS ASSEZ DE VAISSEAUX





Il se grattait la tête soulevant légèrement son chapeau, cherchant à démêler le sac de nœuds qui composait la mission que son frère venait de lui coller dans les pattes.
« Heu…en gros je dois attaquer un cargo Bothan mais en vrai je les attaque pas ? »
Cole soupira…frottant ses tempes comme pour faire passer une migraine, signe d’un agacement plus que profond…
« C’est pas possible…Mon pauvre petit frère… »
« Quoi ton « pauvre petit frère ? »
« Quand on fera danser les couillons tu seras pas à l’orchestre ! »
Avec une moue boudeuse, Will baissa la tête et râla :
« En même temps il est pourri ton plan…j’attaque ou pas ? »
Cole affichait une mine plus que désappointée...Il poussa un soupire qui semblait venir des abysses de son être. Il posa ses deux mains sur le bureau où il était assis pour reprendre posément, chaque point qu'il venait déjà d'énoncer et qui avaient plongé Will dans une grande perplexité.
« On reprend… Siège Czerka sur Coruscant est patron de nous. Siège Czerka fâché que Bothans aient raflé le contrat de Kubindi » Will hocha la tête pour signaler qu’il comprenait, « Siège Czeka demander moi envoyer homme pour déglinguer cargo Bothan » nouveau mouvement de confirmation de tête, « Mais attaquer Bothan pas arranger moi et conciliations commerciales que moi avoir passé avec eux. Dooonc, nous faire semblant obéir Siège Czerka…Toi faire croire que toi attaquer Bothan, mais toi proposer secrètement aider Bothan contre vilains mercenaires qui vont attaquer lui ». Will faisait toujours oui de la tête. « Toi comprendre ? Mais réponds ! Je parle pas Jawaese nom d’un Krayt en rut ! », Will fusilla Cole du regard et repris sur le même ton railleur que son frère :
« Et si Siège Czerka découvrir supercherie ? »…Cole haussa les épaules :
« On s’en fou. Je dirai que tu as échoué »…Will serra les dents et pesta :
« Ben voyons…et je passe pour un con »…Un coup de poing sur la table vint révéler que la patience de Cole était arrivée à sa limite ultime :
« Mieux vaut toi que moi ! Personne ne te reprochera cet échec. Cette discussion est terminée. Tu feras ce que je t’ordonne, sinon je te renvoie pourrir dans la prison militaire républicaine dont je t’ai extrait ! C’est clair ? »…Il n‘eut aucune réponse ce qui eut pour effet de le mettre hors de lui : « William Cavendish ! Est-ce CLAIR ? ». En soupirant William confirma :
« Reçu fort et clair ouai… ». Radoucit, Cole s’approcha de son petit frère « Formidable », il posa une main chaleureuse sur l’épaule de ce dernier : « Allez Will…Tu sais que je crie pour ton bien…Hum ? Tu es mon frère…Et entre frère on s’entraide. Ne te mine pas à trop te poser de questions…Tu sais ce que je te répète souvent…dans la vie il y a deux types d’hommes…celui… »
« Ouai…je la connais ta citation : celui qui réfléchit et celui qui tire sur la gâchette…et moi, je tire sur la gâchette. Faut que tu revoies ton répertoire frangin…ton disque commence à rayer ». Une claque à l’arrière de son crane manqua de faire choir son chapeau noir. Cole repris avec plus de sévérité : « N’oublie pas que je fais tout ça pour toi. Moi seul est capable de comprendre et d’accepter le monstre que tu es. Obéis…et tout ira pour le mieux. Tu peux partir. Je t’enverrai les coordonnées et les détails de la mission et de l’itinéraire du cargo Bothan quand tu seras à bord de l’Hel Dorado ». En maugréant de plus belle, Will remit son couvre-chef, attrapa son fusil qui reposait dans un coin et quitta le bureau de son frère sur Tatooine pour rejoindre son propre vaisseau.

Une fois à bord, il héla son droide avec…délicatesse :
« Truc…TRUC ? » Un droide sphérique, modèle S6 de chez MerenData, élégamment baptisé « Truc » vola à sa rencontre.
« Bip-buboo ? »
« Nouvelle mission…on décolle. J’aurai besoin de toi surement sur place. Cole va nous transmettre les données de la mission ».
« BipBiiiPou-pou-pidou ? »
« Tu seras là en soutien, j’aurai surement besoin de tes talents en sécurité et informatique. Ne m’en demande pas plus… Après tout je suis que le connard qui tiens le flingue… » Le droide émit un bip d’incompréhension auquel Will ne répondît pas. Il était en train de rentrer les coordonnées pour définir un point de rencontre sur l’itinéraire que le cargo Bothan devait prendre. « On va le repérer, et le prendre en chasse discrètement. Ça nous permettra de déceler la présence d’autres traqueurs potentiels ». Il procéda à quelques réglages non sans marmonner « moi…obligé de jouer les baby-sitters d’un capitaine Bothan…il m’aura tout fait faire bon sang de bois… On passe en vitesse lumière…accroche toi Truc. »

Le vieux cargo s’ébroua pour, d’un formidable bond en avant, entra dans l’hyperespace. Will en profita pour étudier les renseignements sur la mission envoyé par son frère et préparer ses armes. Un bon flingueur prenait soin de ses armes…elles étaient ses instruments de travail après tout.

Will attendait en « embuscade » juste à la sortie de la passe Kaaga. C’était par là que le vaisseau Bothan devait passer avant de gagner Nal Hutta pour un ravitaillement. Si les données de son frère étaient bonnes. Heureusement ce fut le cas. Et la « traque » put commencer quand « L’increvable » se manifesta…Will devait rester à bonne distance pour évaluer la situation et décider de la marche à suivre pour mettre le plan rocambolesque imaginé par son frère.
« Et après on vient dire que c'est moi qui suis dingue...quelle connerie...»





Fâr Sorem
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Trop d'blabla, pas assez d'vaisseaux





Les quais de Nal Hutta n'ont jamais été les mieux bâtis, ni les mieux fréquentés. Mais ils ont un avantage indéniable sur bon nombre d'autres : en graissant les bonnes pattes, y compris celles des Hutt, faire privatiser tout un hangar est tout à fait envisageable.

Cette excentricité, le capitaine Koyha To se l'autorise aujourd'hui. Trop pressé pour se pencher sur toutes les conséquences que sa brusque demande a pu engendrer, et trop focalisé sur la réussite de sa mission pour en avoir quoique ce soit à faire ! Il ne lui reste pas plus d'une poignée d'heures avant que le ravitaillement de son vaisseau ne soit terminé, et d'ici là, il lui faut trouver les renforts qu'il a tant espéré rallier depuis sa dernière escale. Fidèle à sa nature bothane, il ne lui faut pas longtemps pour parvenir à flairer la bonne information. Dans le sac de nœuds que constitue l'infâme bouge de Gebroila, il finit par trouver une piste intéressante pour achever la fin de son aventureux périple. On lui indique un nom, une direction, en précisant que moyennant finance, il trouverait là à qui parler.

Raison pour laquelle, à moins de quatre heures de son prochain décollage, le capitaine à poils et son imposant garde du corps se retrouvent à quelques pas de leur quai d'amarrage, au beau milieu d'une nuit glacée, en étrange compagnie.

______________

[ Dialogues traduits du Huttese ]

L'Increvable ?

Adossé au bardage, Fâr jette un regard oblique à l'immense silhouette noire du vieux vaisseau, par delà les toits. Le silence ponctue sa phrase le temps d'un nuage gris et âcre, et il commente, sarcastique.

M'a l'air quand même bien crevé de base - l'prend pas mal, ekxjalà*. Mais c'pas glorieux des masses.

A voir la gloire passée du cargo bothan, il se demande encore si le jeu vaut le déplacement. Les mètres à pied sont chers, sur Nal Hutta. Mais le petit capitaine hirsute qui croise les bras à deux enjambée de là ne se démonte pas pour autant. Placide, sûr de lui comme le sont ceux qui témoignent d'un confiance bien ancrée, il prend son mal en patience face à la raillerie du pyke.

Ah, mais au contraire ! L'Increvable est très bien nommé : ce ne sera que son cinquante-cinquième voyage à travers ce traquenard qu'est l'Espace Hutt ! Mais il est vieillissant, c'est un fait. Pas de quoi à en faire un plat quand on voit l'état des flottes qui croisent dans le coin ! Ces quais sont remplis de vieux tacots qui ne passeraient pas en vitesse lumière même avec un croiseur aux fesses !

Les trucs qui vieillissent s'font bouffer, par ici, kxringèyo**. A l'heure qu'il est, tous ceux qui t'ont vu débarquer avec ta passoire vont aller baver sur l'carreau des ratpis. Z'allez attirer les mouches plus vite qu'une charogne, avec ça...! J'sais pas c'que z'êtes venus vous fourrer ici, mais pardi qu'c'est un beau merdier.

Je suis conscient des risques que je prends, pas d'inquiétude. Mais je n'ai pas le choix : le temps me manque cruellement ! Alors ? Est-ce que ça vous intéresse ? Nous n'avons pas toute la nuit devant nous.


Derrière le bothan, son garde du corps semble bien moins patient que son maître. Le visage buriné du weequay se tend, jettant au grand alien en armure un regard qui se passe de tout commentaire. Bouge-toi le cul, sinon c'est moins qui vait te le bouger. Fâr l'ignore superbement, coude sur le bras, tirant sur sa pipe avec une élégance désinvolte.

Si t'es si conscienc'qu'ça, fourrure, pourquoi tu viens gratter du renfort ? T'as peur d'railler la peintoche d'tes canons en route ou bien ?

Le rire grinçant du reptile semble cette fois agacer Kohya. Il change brusquement de position et se plante, mains sur les hanches, face à Sorem, toujours adossé au mur.

J'ai ce qu'il me faut ! Ce n'est pas ça, le problème. J'ai besoin d'une escorte qui sache piloter au travers de la route que nous allons emprunter. C'est à dire, je ne pense pas vous l'apprendre, l'une des plus casse-gueule de la galaxie !

Derrière la face anonyme de son masque, le pyke sourit, toujours maître de ses longs silences nonchalants. Avec un haussement d'épaule, il se contente de botter en touche.

Et alors ? J'suis pas pilote.

Mais vous n'êtes pas venu à pied jusqu'ici, non ?

J'vois pas en quoi ça change quoi qu'ce soit.

Soit j'ai été mal renseigné, soit je m'adresse bien à Teshe'banza ? Nous sommes sur Hutta, ici vous avez pignon sur rue. Vos vaisseaux sont amarrés chez Trooga, également : ce sont ses gardes qui m'ont dirigé vers vous. Donc, j'aimerais savoir à qui je m'adresse au juste ?

Tu t'adresses au type qu'on paie pour refroidir tous ceux qui nuisent au biz', ekxjalà. Mais si t'entends par là qu'je peux rencarder une poucave comme toi, ça reste à voir. Va falloir d'abord êt'plus clair !

Mes mercenaires sont pour la plupart originaires des secteurs Dalchon et Arkanis. Aucun d'eux n'a jamais piloté à travers l'Akkadese, et rien que le nom de la Gueule suffit à en décourager pas mal. Mais je dois passer par là, au plus court ! Nous devrons faire escale sur Kessel. On m'a dit que vous étiez originaires de par là-bas... Que vos pilotes connaissaient mieux que quiconque les cartographies de toutes les anomalies qui s'y nichent... J'ai tort ?

On pénave toujours à balle de trucs, par ici. Pas pour ça qu'ça vaut maille. On est pas des mercos, fourrure, on crève pas la dalle au point vissère l'premier bolos qui s'ramène !

Oh, je m'en doutais ! Et c'est tant mieux. Je suis prêt à payer pour avoir accès à ce savoir-faire. Si vos pilotes peuvent faire arriver ce vaisseau sur Kubringi intact, peu pourront vous offrir la paie que je suis prêt à vous accorder pour un tel travail ! Je peux vous l'assurer.


L'oeil magenta s'allume d'intérêt. Fâr s'étire le long du mur, et il abat sa large paume sur l'épaule du bothan avec un sourire plein de dents :

Fallait commencer par là, kxringèyo. Là tu nous intéresses !

Nouvelle pause. Imperceptiblement, la silouhette de Fâr s'allonge, son cou sineux se déploie. Il se penche :

Combien ?

Le bothan renâcle.

Je préférerai parler de ça quand on sera à bord de l'Increvable. Pas ici.

Nan nan nan, fourrure ! Soit tu poses le deal direct, soit t'vas trouver ta garde rapprochée dans un bordel ! T'as t'd'la route à faire, moi j'ai du biz' à faire tourner, alors soit tu sors la thune, soit tu vas t'faire dikave chez les Hutt, okay ?


Koyha arrête le poing du weequay. Un échange de regards plus tard, dont Fâr n'a que faire, le bothan reprend, deux tons plus bas.

Cent mille en Wupiupi, éventuellement une partie en nature si ça vous intéresse... On a du bon matériel. Dix pourcent en acompte lorsque qu'on décolle, le reste à notre arrivée sur Kubringi.

Le pyke paraît peser consciemment la proposition. Puis d'un geste, il corrige :

On prend trente au décollage.

Il marque une nouvelle pause, laissant deviner la conclusion logique.

Et l'reste à l'arrivée.

Malgré une tension apparente, To ne peut résister à l'envie de rire face à un tel culot. Il s'était attendu à beaucoup de choses de la part des loubards d'un tel bled... mais peut-être pas autant qu'il ne l'aurait cru.

Je rêve ! C'est le monde à l'envers ! Qui de nous deux est le client, ici ?!

La main du pyke se déploie avec expressivité, marque tout le calme sournois de son propriétaire.

Soit t'as l'choix, soit tu l'as pas, Et là tu l'as pas. Ou bien tu vas gratter ailleurs, c'toi qui voit ! Mais si j'perds mon temps, autant te dire : ça va t'gratter très vite... Ok ?

Koyha ne se prive pas de grimacer. Il n'a jamais été un bon négociant... On ne peut pas avoir tous les talents, songe-t-il en repensant à certains de ses amis. Lui est commandant de vaisseau... Après avoir dissuadé son garde du corps de régler l'affaire à coups de poings, le capitaine de l'Increvable juge qu'il n'a effectivement pas beaucoup d'option. Le temps manque, et il n'a pas d'autres pistes pour l'heure. Les informations se font chères, et il n'a plus que la nuit pour terminer son ravitaillement. Alors que faire ? La loyauté n'est pas la vertu la plus répandue parmi des espèces gravitant dans la sphère des Hutt. Du peu qu'il en sait, les pykes ne font guère exception. Mais ? Mieux vaut les avoir avec lui que contre lui : ses vieux réflexes de navigateurs sont tenaces. S'il ne parvient pas à acheter leur concours... d'autres le feront. Sa fourrure frémit, trahissant sa brève réflexion.

Très bien, en d'autres temps j'aurais sans doute eu plus d'arguments... C'est d'accord. Rendez-vous demain matin pour le décollage sur l'aire réservée : ma location à Trooga prend fin à midi, il faudra qu'on ait quitté l'atmosphère dans ces eaux-là. C'est faisable ?

Tout est faisable.


En guise d'accord, le bothan lui tend une main griffue, que Sorem serre avec assurance. Satisfait, le bothan quitte les lieux, non sans guetter de loin l'ombre qui tourne au coin du bâtiment. L'Increvable a beau être bien surveillé à terre, l'endroit est suffisamment mal famé pour qu'ils n'aient à rester sur leurs gardes du début à la fin.

Fâr, lui, bien loin d'un tel fardeau mental, a déjà quelques longueurs d'avance avec ses enjambées souples. D'un geste vif, il sort de l'une des poches un vieux comlink cabossé, d'où émerge brusquement un hologramme visiblement affalé en bonne compagnie. Fâr aboie sans douceur au travers de l'appareil :

Hey, Roj' ! Arrache ton tarma d'ce putain d'sofa et ramène-toi au port. Y a d'la thune à s'faire. Fissa !

Il replie son comlink aussi vite qu'il ne l'a dégainé, et s'enfonce en silence entre les murs brûlés des hangars. L'atmosphère saturée de pollution donne à la nuit un aspect plus glauque encore. Mais quoi : ce n'est pas pour lui déplaire ! Hutta ne plaît pas à grand monde... sauf à ceux qui y trouvent leurs comptent, et Fâr Sorem est de ceux-là. Alors, il s'en accommode : son casque le lui permet, loin d'être un simple agrément.

Le chemin n'est pas bien long, mais la faune urbaine de Hutta, même sur Gebroila, reste à l'affût. Blasters aux côtés, Sorem se fond dans les ombres, à la manière d'un chat, et tout aussi à son aise. Brusquement, un bruit tonitruant met fin au silence relatif de la rue.

A l'instant où Sorem relève la tête, un vaisseau spatial des plus originaux fuse en direction de l'astroport. Sa carlingue usée claque et crisse dans le ciel nocturne comme un animal à l'agonie, alors que l'engin freine de toute sa puissance pour atteindre le sol. Distrait, le pyke suit la forme des yeux, jusqu'à ce qu'elle disparaisse derrière la barrière des installations hirsutes des Hutt dans un concert de sifflements. Difficile de dire à quoi ça correspond : certainement pas à une corvette corellienne, et pas davantage à un transporteur zygerrien.

Blàkayxjer***, c'est la foire aux casseroles zarbi, c'te nuit ?! C'est quoi ct'e téci d'branlos, sérieux ?! Pas foutu d'se payer des tacos un eups secla, quoi !

L'étonnement est de courte durée, et son attention vite reportée vers les ombres qui viennent en sens inverse.

__________

* litt. "oreilles", désigne les mouchards, les espions - par extension, à cause de leur réputation, les bothans
** "étranger ", au masculin
*** juron, sens équivalent de "quel bordel / bronx / boucan"


William Cavendish
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L’atterrissage sur Nal Hutta se fit sans encombre, juste dans un vacarme épouvantable. Le jeune homme passa son cache-poussière noir d’un geste ample. Il vérifia la présence de son blaster dans son holster, son couteau dans le fourreau. Ses lunettes dans une sacoche, et son fusil accroché dans le dos par une lanière. Il décrocha le chapeau noir qui pendait à l’entrée du vaisseau pour l’enfoncer sur le sommet de sa tête. Il était prêt à affronter cette foutue planète. Il actionna la commande d’abaissement de la rampe d’accès de l’Hel Dorado. L’appel d’air vint soulever les pans de son cache poussière et le fit frissonner. Il rajusta le col de son manteau et remonta sur son visage le carré de tissus noir qui lui servait de foulard. Ses bottes martelèrent l’acier de la rampe qu’il descendait d’un pas assuré.

Nal Hutta…un monde putride et vicié. Avec la nuit qui tombait l’ambiance était encore plus sinistre et glauque que de coutume. L’éclairage était assuré par des projecteurs puissants, mais les grésillements produits par certains laissaient présager une déficience prochaine. Un quarren flanqué d’un evocii semblaient l’attendre sur l’air de débarquement. Son atterrissage n’était définitivement pas passé inaperçu.
« Tah ah kanway see wa cag see va foppa! » fit le Quarre d’une voix graveleuse en huttese.
Will haussa un sourcil et répondit en bocce :
« Je ne comprends pas le huttese…tu comprends le basic ou le bocce ? »
Le quarren se tourna vers l’evocii qui hocha la tête :
« Moi…je comprends le bocce…je traduis. »
« Bien…en ce cas nous allons pouvoir faire affaire. Je vais louer cet emplacement pour un temps indéterminé. J’entends que mon vaisseau n’ait pas d’égratignure supplémentaire à mon retour. »
« Hé !»1 pesta le quarren après traduction de l’evocii des propos de Will « tu ne crois tout de même pas qu’on va être tes larbins ? Pour qui tu te… »
Il n’eut pas le temps d’en dire plus, Wil venait de lui assener un coup de poing qui le sonna et d’un croche-pied il le fis chuter au sol. Pas besoin d'avoir une traduction pour connaitre grosso modo la teneure des propos qu'il venait d'entendre. Le quarren gémissait de douleur et se mit à trembler quand il vit scintiller une lame d’un long couteau sous ses yeux. Will fit d’un ton posé :
« J’ai dit…que je ne voulais pas qu’il arrive quoique ce soit à mon vaisseau le temps qu’il sera ici…C’est…clair ? » il leva les yeux vers l’evocii effrayé qui s’était reculé dans un coin. Le quarren bredouillait des mots que William ne comprenait pas pleinement, mais dont il saisissait vaguement la nature. « Tu as compris Face-de-Poulpe ? » Il accentua ses propos en posant un pied sur le dos de sa victime. Le quarren hocha la tête en continuant des suppliques. Will eut un sourire narquois, il se redressa et tourna les talons vers la sortie quand l’evocii demanda avec crainte :
« Qui…qui êtes-vous ? »
William lui fit face, son regard étincelait d’une lueur bestiale :
« Mieux vaut pour vous que vous ne sachiez pas qui je suis. Sachez juste qui m’envoie. »
Il écarta un pan de son manteau pour révéler sur son veston une sorte de médaille. Les deux malfrats plissèrent les yeux pour mieux voir malgré l’obscurité de la nuit…Quand ils virent de quoi il s’agissait, leurs prunelles s’arrondirent de stupeur…Le sourire de William s’élargissait quand il asséna une dernière menace :
« Pas un mot de tout cela. N’oubliez pas…si vous me faites faux bon…n’importe où…n’importe quand… »

Il rajusta son col de manteau encore une fois, et remis son couteau dans son fourreau. Puis sans rien ajouter de plus, il quitta son aire d’atterrissage pour entrer dans le spatioport de Gebroila.
« Truc, trouve tout ce que tu peux sur l’Increvable, et rejoins-moi au plus vite. Je vais à la pêche aux infos dans les cantinas »
« Bibobombou ».
William hocha la tête à la confirmation de ses instructions puis il s’élança dans les rues puantes du taudis que certains osaient appeler « ville ». Il savait se faire discret, silencieux comme une ombre.



« Alors comme ça, la Czerka envoie son boucher pour tanner le cuir des Bothans » demandait un immense Weequay en fixant le jeune homme au long manteau et au chapeau noir.
« En même temps, sans les Bothans, la Czerka aurait probablement eu le contrat. » fit remarquer un rodien aux yeux vicieux.
« Sans doute ! ».
Jouer les alliés de crevards de mercenaires n’avait pas été bien difficile. Tout le monde savait que la Czerka n’appréciait qu’on lui rafle une transaction juteuse. William « Butcher » Cavendish n’avait pas eu à fouiner bien longtemps.
« Et dis donc Butcher, tu sais te servir de cet engin ? » lui demanda un advozsec à l’allure des plus douteuses en montrant le fusil de chasse lance-projectiles de Czerka Arm.
« Oui… » répondit l’interpelé « je sais très bien m’en servir ».
« Bon, on partage les gains. Le premier d’entre vous qui essaye de la mettre à l’envers je lui sonne la gueule…C’est valable aussi pour toi Butch’…Czerka ou pas, t’es dans la même bateau. ». Will hocha la tête.
« T’inquiète pas…d’ailleurs, mon droide a été mettre ses circuits dans les coins où crèchent les Bothans. Il a glané quelques données qui vont nous aider ».
Truc avait en effet rejoint William et ses nouveaux amis, et transmis ses derniers relevés à son maitre.
« Dès qu’on aura neutralisé les gardes du hangar, tu te trouves un angle de tire et tu défonces tout ce qui nous emmerde. »
Will confirma d’un signe. Ainsi, tout le monde l’avait vu prêt à en découdre avec les Bothans sur ordre de la Czerka. Il n’y avait pas de raison pour que le Siège pense que Cole l’ait envoyé pour une mission totalement inverse.

Ce fut juste avant que le jour ne se lève – quoi que ce fût un bien grand mot pour signifier qu’un pâle soleil tentait de darder ses rayons à travers la couche épaisse de nuages chimiques et toxique qui enveloppaient Nal Hutta. L’attaque fut lancée, sans crier gare, une équipe de mercenaires avait déferlé sur le hangar où s’étaient retranchés les Bothans pour leur ravitaillement. Une attaque frontale tant ils étaient sûrs d’eux. Seul William restait dans l’ombre, usant de vice et malice pour éviter d’être vu, se frayant un chemin pour trouver un angle de tir suffisamment dégagé et discret.

Il semblerait que Koyha To se soit dégoté quelques renforts. Ses hommes et lui s’étaient retranchés derrière des caisses de ravitaillements, essayant tant bien que mal de repousser les assaillants. Attendait-il d’autres renforts ? Possible…Mais rien n’était sûr. Cavendish avait contourné sans trop de souci la scène pour gagner un escalier et prendre de la hauteur derrière une balustrade qui surplombait le tout. Will saisit son fusil de chasse, il se positionna le plus confortablement. Il prépara son arme et mis en joue…Une profonde aspiration, il prenant en compte les mouvements de sa victime…Le coup de feu parti…

Koyha To cru sa dernière heure arriver quand trois advozsecs étaient parvenus à se frayer un passage vers lui. Mais alors que l’un d’entre eux, plus proche, avait pointé son blaster sur le Bothan, il tomba…raide mort. Un trou sanglant au niveau de la tête. Ses deux comparses se regardèrent…sans comprendre. Le Bothan non plus d’ailleurs. Il y eu une nouvelle déflagration, et un deuxième advozsec tomba. Le troisième tenta de se mettre à l’abris…mais sans succès.

Soudain, des invités vinrent de joindre à la fête. Will fut surpris, étaient-ils des alliés ou des ennemis des Bothans ? Fronçant les sourcils, il arma de nouveau son fusil et tenta d’identifier les nouveaux venus…Qui étaient-ils ? Voila qui allait compliquer les choses s’ils eux aussi étaient venus pour détrousser l’Increvable.


1: traduit du Huttese





Fâr Sorem
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Trop d'blabla, pas assez d'vaisseaux





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[Dialogues traduits du pyke]

L'ombre d'un pyke, plus petit de quelques centimètres et plus trapus, se détache subitement du mur sous la lumière verdâtre d'un projecteur.

J'en ai ma claque de m'faire sonner comme un putain d'clebs !

Sous l’anonymat du masque, Fâr décoche un regard blasé à son cadet. Lequel laisse paraître par son seul grognement qu'il n'est pas ravi d'avoir été sorti de sa petite pause cantina. Royjhel fonce droit devant lui, un index rageur pointé sur le plastron balafré de son lieutenant de frère.

Tu fais chier, Velk' ! J'suis pas ta boniche !

Impassible, Fâr encaisse la charge maladroite.

Nan Royj', t'as bien raison. Parce qu'si c'était l'cas, bordel, j't'aurais déjà viré tellement tu m'sers à que'tchi.

D'un coup de paume, il écarte son frère et le dépasse sans un regard.

T'es sérieux là ?!

T'as pas idée. Kazam t'avait d'mandé d'aller pénave à Trooga d'leur nesbi : tu l'as fait ?

Je...

T'fatigue pas à répondre, j'sais déjà qu'non. C'est super qu'tu kiffes ta life, frangin, mais faudrait p'tet te bouger l'fion un d'ces quatre, plutôt qu'brailler dès qu't'es pas ok avec les trois pauv'trucs que j'te d'mande ! Parce que là, on passe juste pour des branlos.

Ok, c'est bon ! C'est bon ! J'ai pigé ! J'allais chafrave après, t'façon, j'suis pas complèt'ment creux, aussi, merde ! Alors c'est quoi, la djèse c'te fois ? On doit fumer qui ?

Personne. Pas encore, p'tet ben. Un bothan, qui veut juste qu'on lui fasse prendre les raccourcis, des runs jusqu'à Kubindi pour un biz' urgent j'crois bien. L'genre de turbin au calme qu'on peut pas r'fuser. Et c'est sur la route, c'est tout bénef'.

Kubindi ? Sans dec' ! Kazam voudra jamais qu'on prenne sa flotte pour aller s'planter là-bas, tu rêves !

D'une main experte, Fâr verrouille le bec de sa pipe dans l'un des deux embouts de son respirateur. Un nuage âcre s'en échappe, alors qu'il fixe l'angle de la rue d'un œil vigilant.

Kazam et sa grande gueule, j'en fais mon affaire, Givelk'. Le type est prêt à mettre l'artiche sur la table si on l'escorte tranquille.

Ah ouais ? Mais genre, combien ?

Du genre tu réfléchis pas pendant dix minutes.

Stylé ! J'savais bien qu'les fourrures en avait de côté d'puis la guerre...

Le truc, c'est qu'ces jobards ont pas joué très fins en s'posant chez Trooga en payant cash. Le tacot est pas bien baraque, et j'sais pas grand chose de ses capacités... Mais sa gueule a bien mis la bave à tous les crèves-dalles qui croisent. On risque d'avoir du beau monde, ça craint à mort. Alors faut pas croire que c'est dans la fouille, frérot ! Va falloir êt' fute-fute, en tous cas plus qu'les reurtis qui vont rapplique dare-dare dès qu'ces taches vont sortir de leur case.

T'es en train d'me dire qu'on va s'fourrer droit dans un traquenard, quoi ?! Fais chier, Velk' ! On peut pas passer une putain d'soirée pénard, là ?!

Eh, t'as les foies, Rojie ?

Pah, dans tes rêves ! La noc' va êt' chaudasse, j'en connais qui vont bader ! J'pense que j'vais aller pêcher l'CZ-25* dans la nav', et les premiers toquards qui tentent, j'fais du Mal Perzi** avec c'qui reste !

J'préfère ça. Ramène la shmaal*** au n°6 chez Trooga, on doit s'arracher d'ici quatre plombes grand max. Vous perdez pas en route, ok ?


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[Dialogues traduits du huttese]


Une heure à peine avant l'aube, Sorem sait qu'ils ont été doublés sur le lieu du rendez-vous. D'ordinaire, la nouvelle aurait pu lui tirer une vague grimace, mais cette fois, les jeux étant presque faits d'avance, il ne trouve rien de surprenant à entendre les éclats caractéristiques des échauffourées résonner dans l'immense carcasse crevée du hagard n°6. A peine hâte-t-il le pas pour se glisser le long des bâtiments qui longe l'entrée du secteur privé de cet ruine que l'on nomme encore spatioport dans le quartier.

Hey ! On dirait qu'ça a commencé sans nous ! J'suis deg', là !

Fâr décoche un regard en biais à sa benjamine, dont le pas alerte pourrait précéder le sien si elle se l'autorisait. Sorem laisse pourtant sa propre décontraction les ralentir, à l'affût des bruits renvoyés par les hauts murs du bâtiment.

Sa main droite s'aventure rapidement dans l'une des poches de sa ceinture, tandis que l'autre décroche d'un geste naturel l'un des chargeurs de son blaster gauche. Tout en se faisant, Fâr se tourne vers sa troupe, où les uniformes semblables au sien sortent de l'ombre portée des passerelles rouillées. L'endroit, à cette, heure, n'est pas aussi désert qu'il aurait dû l'être. Beaucoup s'en alarmeraient, mais pas eux. Leur nature les incline au conflit, et les pykes ne sont pas de ceux qu'une escarmouche effraient - que du contraire.

Bon, ben, on est en retard, les zouz' ! J'crois qu'notre nouveau plan c'est fait quelques potos, en arrivant. Restez derrière, j'prends la température, voire si ça vaut l'coup qu'on prenne un ticket.

Pas question ! On rentre tous et on poutre tout le monde !

Nan, givelk'. Faut soigner ses entrées, sur Hutta. Question d’réputation, tu vois ? T'agis comme un gamorréen que si t'en es un, sinon tu passes juste pour un con. Allez, tiens toi sage encore deux minutes, t'auras l'temps d'cracher après.

Le hangar résonne des tirs et coups portés sur un front hasardeux d'une vingtaine de mètres, où deux équipes tout aussi hétéroclites de part et d'autres semblent ne jamais prendre l'avantage l'une sur l'autre.

Depuis combien de temps To et son groupe essuyaient-ils cet assaut bien peu organisé ?

L'oeil habitué du porte-flingue fait rapidement le tour du paysage qui se présente à lui. Il distingue les dos de ceux qui ont donné la charge, maintenant répartis sur trois niveaux d'avancée, avec en face une résistance que l'on peut sans rougir qualifiée d'acharnée malgré un désavantage évident.

Sans prendre davantage de précautions et ravis d'avoir sans rien faire une position plutôt avantageuse depuis la large porte, les Sorem s'avancent, Fâr à leur tête, dans l'entrepôt encore plein. Caché derrière l'une des premières rangées de bric-à-brac stocké là, un rodien blessé au bras se retourne vers eux. Prenant de court toute réaction virulente, Sorem écarte les bras et s'exclame :

Bah alors, Ganz, on m'invite pas à la teuf du siècle ? J'suis vexé, là.

Le visage balafré du mercenaire semble brièvement se décomposer, avant d'afficher une colère nouvelle. Il avance vers Fâr et le repousse d'un grand geste.

Chhh... la ferme ! Qu'es'tu fous ici ?!

Du shopping, comme d'hab. Et toi, ma biche ? Tu prends l'frais à l'intérieur ?

Vas-y, mêle-toi d'tes oignons ! Dégagez la place, c'est pas vot' problème, on est pas là pour rigoler !

La tentative du petit alien contre le grand ne connaît pas un succès fulgurant. Fâr ne recule pas d'un centimètre, et bien au contraire, avance contre lui.

Preum's, p'tite tarlouze, c'pas toi qui décide de ce qui nous regarde ou pas. Deuz', y a pas mal d'paramètres que t'as pas l'air de maîtriser, c'te night. Alors tu vas fermer ce qui te sers de gueule et toi et ta bande de nouilles, z'allez vous casser d'la zone en vitesse. Le Syndicat réquisitionne la place.

Quoi ?! Attends, c'est des menaces, là ?!

Le temps d'un clignement, le blessé se retrouve nez à nez avec le canon d'une arme chargée. Le masque énigmatique de Sorem ne trahit rien du sourire narquois qu'il ne se prive pas d'arborer, tout à sa satisfaction mauvaise.

Nan, c'la dernière comptine pour gosses. Un, deux, trois, nova ! T'connais pas ? Regarde !

Le temps que l'autre ouvre grand la bouche, le coup part et Ganz s'étale raide mort. Tout ralentit, alors que le bruit du tir de plasma s'est à peine fondu dans celui des feux nourris sur les barricades improvisées. Les yeux oblongs du reptile calculent brièvement les mouvements des assaillants, dont seuls une poignée réalise ce qui vient de se tramer à quelques pas derrière eux. Quelques cris fusent, une décharge frôle l'épaule caparaçonnée du pyke, qui riposte avec dextérité. Conscient que leur position à découvert ne tiendra pas plus d'une poignée de secondes, Fâr indique à sa petite troupe d'un ton presque enjoué :

On les prend à revers, on nettoie et on trace. Allez, go !

Comme un seul homme, les six pykes tirent dans le tas, sur la ligne des assaillants soudain prises entre deux feux. En face, les rangs du bothan marquent un temps d'arrêt.

Et puis, s'en suit la confusion la plus totale.

Les tirs pleuvent, d'un côté, puis de l'autre. Les rafales d'arme lourde se croisent, heurtant les cargaisons au passage. Les moins malins visent les nouveaux assaillants sans calculer que leurs alliés se trouvent sur la même ligne de tir. Des piles de caisses s'effondrent, déversant leur contenu sur le sol déjà poisseux. Au hasard d'un tir malheureux, un bidon de gaz explose, noyant une partie du hangar sous une épaisse fumée irritante.

Au milieu de ce chaos, déployant toute son agilité avec un plaisir visible, le grand alien bondit en avant, armes à la main, sans l'ombre d'une hésitation. Seul à découvert, le pyke ouvre le feu avec une dextérité mortelle, abattant deux des tireurs embusqués... qui lui tournaient le dos. Rien ne vaut une victoire acquise de fait.

La provocation de Fâr ne passe pas inaperçue, et les acolytes de feu Ganz le prennent pour cible... Ce qui était tout à fait le but d'une telle manœuvre. A peine ont ils tourné leurs armes à l'unisson sur la silhouette affûtée de Fâr que Royjhel leur fonce dedans tête la première, les expédiant au sol et les y clouant sous une averse de coups déchaînés. Les deux aînés talonnés par leur fratrie enfonce l'arrière-garde avec une brusquerie appuyée par l'effet de surprise.

Mâz, sur la gauche, Ti, à droite ! On fait comme d'hab' !

Ses consignes données, Fâr accélère et se taille un passage au travers du labyrinthe des cargaisons. Il ne cherche pas à vérifier si ses directives sont suivies : entre les Sorem, la confiance est réciproque ou n'est pas. Il prend son élan, planté sur ses jambes de sprinter, et jaillit comme une flèche sur le sommet de la première barricade, à découvert.

Hey !

Trois visages se retournent vers lui, alors que les blasters sont restés pointés sur la rangée d'en face. Ses deux armes à la main, Sorem déclare avec une conviction confondante :

Joyeux anniversaire !

Trois tirs plus tard, il est rejoint par ses deux comparses. La riposte ne se fait pas attendre, et poussés à couvert, Fâr, Mâzef et Tirim sont contraints de se séparer pour échapper à l'escadron qui tente de les pourchasser. Les trajectoires des trois pykes zigzaguent et bondissent entre les caisses et les machines comme le brouillon d'un artiste énervé. La désorientation des tireurs ennemis ne dure qu'un instant, mais elle permet à l'anguille qu'est Sorem de franchir la première barricade de fortune érigée à la hâte par les troupes improvisées de l'Increvable. Le sol est déjà décoré de corps et d'armes abandonnées, laissant entrevoir que les première minutes de l'embuscade avait coûté cher au capitaine.

Il glisse au sol, se contorsionne et se relève d'un même mouvement, pour gagner une nouvelle position abritée. Dans leur sillage, les survivants cherchent un moyen de s'organiser. Moyen qui, vraisemblablement, ne vient pas...

Sans qu'il ne sache trop pourquoi, Fâr sent qu'à cet instant précis, il n'aurait pas dû avoir cette envie subite de lever les yeux. Il aurait dû plutôt se concentrer sur l'arrivée imminente d'une petite ombre armée d'un blaster qui l'avait suivi jusque-là. Mais c'est pourtant vers les hauteurs du bâtiment que sa tête se relève presque malgré lui, avisant entre les deux parois verticales des conteneurs les lignes sombre d'une large balustrade, à plusieurs mètres du sol.

Quelque part dans ce mélange hasardeux d'ombres, de poussière et d'émanations toxiques, un furtif mouvement attire son attention. Le regard vide du masque se plante brusquement sur un reflet subtil, miroitant dans le noir. Le porte-flingue ne bouge pas, le regard fixé sur le reflet qui tremble à peine, sa nyctalopie lui permettant à peine d'entrevoir une forme trapue tenant une arme, pointée vers eux, quelque part en contre bas.

Sorem cligne des yeux, stupéfait parce qu'il découvre, muré dans un silence nouveau.

Il y a bel et bien un embusqué en haut, sur l'une des passerelles qui serpentent au second étage du hangar. Personne ici ne semble l'avoir remarqué, et lui-même ne l'aurait pas non plus repéré, si le plus pur des hasards ne l'avait arrêté ici précisément, à cet endroit, à ce moment.

Seulement, cette lucidité nouvelle est oblitérée aussitôt par un tir écarlate, qui ricoche lourdement contre son bouclier. Ramené à la réalité, l'alien plonge au sol et dérape, prenant la fuite sur deux rangées de caisses avant de faire demi-tour, de changer de direction sur une autre rangée et de prendre son tireur à revers le temps d'une courte saillie verbale. Il l'a reconnue : Gebroila reste petite malgré son trafic dense, et cette voix est assez inoubliable.

Quatre quilles, c'est trop pour toi Sora, tu l'sais nan ?

Commente-il avec un sourire, plaqué contre la surface irrégulière et froide. D'un œil, il surveille la charge de ses armes, alors que les insultes en huttese pleuvent encore depuis l'autre côté du conteneur.

Z'avez tout fait foirer, putain ! Nique ta race d'enfoirés, Teshe' ! Vous allez douiller, pauvres merdes !

Ma race emmerde c'te galaxie depuis bien avant la tienne, cousine. On a une réputation à tenir, ok ? Déso-pas déso ! Allez, bisous !

Les deux gangsters échangent de nouveau une série de tirs, leurs talents respectifs ne les départageant que parce que l'aqualish avait pour elle sa taille réduite, et parce que le pyke bénéficiait d'une expérience sans nul doute plus grande. L'ouverture qu'il guette arrive enfin, et tout en maintenant son adversaire à distance, Sorem franchit la dernière travée de libre d'un large entrechat, pour disparaître du champ de vision de la mercenaire. Sans perdre une seconde, il se remet à courir à pleines jambes. Sur sa gauche, la silhouette de Mâzef apparaît, courant dans sa direction.

A la volée, il désigne le plafond d'un mouvement de tête et lui lance :

Oxtrovakh !****

La jeune pyke se fige, puis change brusquement sa course pour disparaître à couvert.

La troupe se retrouve dispersée, mais Sorem est satisfait. Plusieurs tireurs neutralisés, et surtout : le voici passé de l'autre côté de la ligne. La respiration saccadée par sa course effrénée à travers les rangées de caisses résonne en échos métalliques dans son respirateur, brisant le silence relatif qu'il retrouve à la faveur d'un renfoncement sombre. Il repense alors à l'ombre aperçue sur les hauteurs, au mystérieux reflet, ce que tout ceci peut bien signifier pour eux.

Blasters toujours en avant, les yeux derrière la tête autant que devant, le franc-tireur quitte de nouveau son couvert pour une dernière danse avant le mur du fond. Une décharge ricoche à ses pieds, lui tirant une exclamation tout à la fois surprise et amusée. Le coup, cette fois, venait des rangs de l'Increvable, visiblement sous tension depuis un bon moment.

C'est To, réfugié entre et le mur, qui lève la main en premier pour retenir ses hommes.

Ne tirez pas ! C'est un allié !

Le bothan abaisse son arme et affiche un sourire chevalin en voyant Sorem s'extirper en souplesse d'entre les caisses de munitions.

Ravi de voir que vous n'avez pas changé d'avis !

Un deal c'est un deal, fourrure ! Prouve-nous juste qu'on a parié sur l'bon fathiers, ok ? Sinon, tu rinces sans nous.

L'Increvable en a encore dans le ventre ! Nous avons été pris par surprise. Je m'attendais à ce que nous soyons testés, par ici... Mais jamais je n'aurais cru avoir le désavantage du nombre ! Nous avons subi un assaut en règle : rien à voir avec une simple embuscade.

J't'avais prév'nu, kxringèyo... J't'ai dis qu'faire le mariol sur les quais, t'allais attirer les mouches. Eh bah d'vines quoi ? J'avais raison !

Faites-moi penser à me repentir d'un tel manque de sagesse une fois qu'on sera sortis d'affaire, d'accord ?

Garde tes vannes au chaud pour plus tard ! Tout à l'heure, quand j'ai tracé sur la gauche, j'l'ai zieuté. Planqué sur la passerelle, là, en haut : y a un type en embuscade, pas l'genre d'en bas. Plutôt du style droit ent'les deux mirettes, tu vois ? On dirait qu'on t'as envoyé un énervé du viseur sur le dos, fourrure. Et ça, ça craint sévère : y a moyen qu'ça sente le Prizee*****

Vraiment ?! C'est ridicule ! Qui enverrai un tueur à gage pour descendre un capitaine de cargo qui a payé tous ses frais ?! Tout à l'heure, l'un de nos ennemis s'est fait descendre : il était parvenu à passer. Certains m'ont l'air d'avoir deux mains gauches, dans ce ramassis de charognards ! Mais je prends votre avertissement au sérieux : s'il y a un tireur là-haut, je préfère ne pas prendre de risque et tenter un replis vers l'Increvable. Tant pis pour ce qui reste

Tu replis que dalle ! On en a aligné quelques uns, la partie est pas terminée ! Faut choper un d'ces womps et l'faire dégoiser. Y en a bien un dans l'tas qui sait qui et quoi.

C'est certain, mais nous n'avons plus le temps. Je me fiche bien de savoir qui a trouvé marrant de payer ces idiots pour me ralentir ! Je veux que l'Increvable et sa cargaison arrivent à temps à Kubindi, le reste n'a plus d'importance.

Avec un nouveau sourire, gêné cette fois, le capitaine de l'Increvable aboie à ses quelques tireurs de se déplacer vers les portes encore fermées. Laissant implicitement le soin à Sorem et cie de couvrir leur retraite. Sauf que le silence du pyke n'est en rien un assentiment à une débacle bien trop hâtive à son goût. Légèrement irrité par cette décision qu'il juge stupide, le jeune tireur observe les mouvements des mercenaires désorganisés en face. Il lui apparaît alors évident que cette troupe manque d'un élément essentiel. Chose qui ne lui avait pas sauté aux yeux, pris dans la mêlée qu'il était : cette armée improvisée n'a aucun chef à sa tête. Du moins, aucun chef capable de lui donner le chemin à suivre.

Où tu vas, Velk' ?!

Fâr fouille rapidement sa ceinture et en tire son complink qu'il consulte d'un air distrait.

En éclaireur : s'il y a un fils de Hutt planqué là-haut, j'lui offre une cible, et j'vous couvre. Toi, tu prends Tirim et Kreiz, et vous mettez le bothan et ses valises hors d'portée des toquards du bas. Qu'ils s'rameutent à bord de leur rafiot et qu'ils décollent, qu'on dégage l'Increvable de c'traquenard débile. On se chargera de vider ceux qui restent.

Loin d'être discret avec son armure, Sorem sait qu'il n'a pas l'avantage sur le terrain où il s'avance désormais. Pourtant, c'est avec une curiosité pleine de sournoiserie qu'il s'aventure dans l'ombre portée des caisses, avisant tantôt l'une des échelles de maintenance, tantôt l'un des escaliers, qui tous mènent sur les étages mal entretenus du spatioport de Trooga. Sa tête triangulaire pivote longuement à la recherche d'un éventuel indice sur la position actuelle de la fameuse lunette furtive. Mais il ne trouve plus rien : l'autre a bougé.

D'un bond souple et décidé, il se hisse alors sur le haut de l'escalier opposé à la passerelle, toujours à l'affût. Sans chercher à se dissimuler, dos au mur et armes dégainées, Fâr disparaît à son tour entre les ombres et la brume.

__________

* Modèle prisé de lance-flamme produit par la Czerka
** Grande artiste abyssine connue pour ses œuvres très controversées à base de morceaux de cadavres d'animaux
*** trad. du pyke : la famille, au sens large
**** trad. du pyke : "Sniper !"
***** trad. du bocce : surnom des chasseurs de prime


William Cavendish
William Cavendish
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« Un tir, un mort », c’était bien souvent l’objectif des tireurs d’élite, qu’ils soient en tir de précision ou en tireur embusqué. William, dissimulé dans les ombres, était en position forte. Surplombant l’ensemble du hangar il avait une vue imprenable et profitait de la mêlée et du brouhaha qui avait lieu en contrebas. L’œil vif du jeune homme ne perdait pas une miette du spectacle. Tenant son arme avec douceur et fermeté, il visait en utilisant la longueur du spectaculaire canon de son arme, reproduisant les techniques des Tuskens de Tatooine. Sa respiration était calme…Sans à-coup…Il amortissait le recul sur son épaule. Un tir…un mort…






Des…Pykes…

Des foutus Pykes.


Voila ceux que ce damné Bothan avait décidé d’appeler à l’aide. William n’avait jamais travaillé avec eux. Mais il connaissait leur réputation. Comme tout le monde dans le milieu de la pègre. Il soupira…pestant intérieurement sur leur présence. Cela promettait du sport. A présent qu’il savait que les nouveaux venus étaient des alliés, il pouvait se concentrer sur ce qu’il restait des autres assaillants qu’il avait lui-même conduit ici. Vers leur propre mort.

Soudain, l’attention de Will se porta sur celui qui semblait être le chef de la troupe de Pyke qui avait déferlé dans le hangar. Une grande gueule à en juger par sa manière d’agir en arrivant. Mais William avait pu apprécier ses talents de combattant également. Apparemment ce Pyke savait se servir de ses blasters. Et à ce moment précis, Cavendish le tenait en joue, du haut de son perchoir, avec son sacro-saint fusil de chasse…Mais il se passa une chose laquelle William ne s’attendait pas. Car, un court instant, il vit le Pyke lever les yeux vers lui. Il l’avait vu…il en était sûr. Mais le moment fut fugace, le Pyke dut gérer un tir qui venait de ricocher sur son bouclier, et William passa à une autre cible…ennemie cette fois.

Une chose était sûre…Il allait devoir bouger ! Un Sniper découvert était en danger. Il était certain que l’alien qui l’avait débusqué tenterait de le trouver. Il ne pouvait prendre le risque d’être lui-même abattu. Aussi, il se redressa, et avec silence il se glissa au cœur des ombres. Il prenait soin de marcher avec légèreté pour éviter que ses pas sur la passerelle métallique ne révèlent sa présence au Pyke qui avait gravis les marches et se trouvait au même étage que lui désormais. William était un as de la discrétion cela faisait partie de son métier, ne se montrant aux yeux des autres que lorsqu’il le jugeait opportun. Il se positionnait systématiquement en arrière de l’alien trop curieux, le gardant ainsi en ligne de mire sans être vu.

Voila pourquoi le Pyke ne trouva rien. Pas une trace de ce tireur embusqué qu’il avait aperçu. Mais l’avait-il seulement vu ? Le doute était-il possible ? Lorsque Koyha To vit l’alien revenir bredouille il lui demanda :
« Alors ? Il est où ce snipeur ? Vous avez trouvé quelque chose ? »
Le Bothan devait sans doute se demander si le Pyke n’avait pas rêvé. Après tout pourquoi un assassin serait-il venu ici ? Ils étaient tous en vie ! Cela n’avait pas de sens. L’aube pointait, dardant de faibles rayons à travers de la brume, dans une tentative désespérée de chasser l’obscurité.

« C’est moi que vous cherchez ? » fit la voix de Will dans leur dos. Ils se tournèrent pour voir une silhouette sombre s’avancer vers eux, à contre lumière. Les pans de son long manteau ondulaient au rythme de son pas lent. Son fusil lance projectile avait retrouvé sa place, dans son dos : une arme pour un tireur d’élite, tout particulièrement un assassin embusqué qui ne souhaiterait pas qu’on le remarque dans l’obscurité…Bien que son blaster soit à portée de main, William ne manifestait aucune intention de s’en servir. Il s’arrêta devant eux, avisant à la fois les Pykes et les Bothans. Il releva négligemment de son index l’avant de son chapeau à larges bords. Puis il saisit le foulard qui dissimulait ses traits pour l’abaisser et montrer son visage angélique impassible. Ses yeux ambrés balayaient l’assemblée d’aliens devant lui. C’était la première fois qu’il voyait un représentant de cette espèce reptilienne d’aussi prêt. Du haut de son mètre quatre-vingt, le jeune homme qui avait l’habitude de dominer physiquement ses interlocuteurs. Mais le Pyke le dépassait aisément d’une bonne vingtaine de centimètres.

« Qu’est-ce que toi et tes gars vous foutez avec les Bothans ? » demanda-t-il en basic au Pyke qui l’avait cherché et qui semblait être le chef de cette clique. « Tu comprends ce que je dis ? » Visiblement pas. Le Bothan se manifesta soudain :
« Il ne parle pas le basic. Moi si. Qui êtes-vous ? »
« C’est moi qui pose les questions ici » gronda Will en le fusillant des yeux. Il reporta son attention sur le pyke: « Il parle le Bocce la tronche de géométrie ? » Il redemanda en Bocce : « qu’est-ce que vous foutez ici Pyke ? Qui êtes-vous ? ». Le regard du jeune homme n’avait rien de chaleureux, et il semblait incroyablement calme malgré la situation. Il n’était clairement pas un amateur. Et pour les éclaircir immédiatement sur son identité, il écarta un pan de son cache-poussière qui cachait un insigne qui refléta instantanément la faible lumière du jour naissant: non...la Czerka n'envoyait pas d'amateur.





Fâr Sorem
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Trop d'blabla, pas assez d'vaisseaux





______________


Le stress aurait gagné la plupart des combattants aguerris, par cette simple impression d’être soudain devenu la proie d’un autre chasseur. Fâr, au contraire, semble parfaitement au clair avec cette ambiance angoissante. L’action mélangée de l’adrénaline et du Sansanna a cette vertu de le laisser dans un état quasi perpétuel de total lâcher-prise vaguement extatique, rendant ses actes d’autant plus incompréhensibles par un esprit sensé. Mais depuis quand Sorem est-il un esprit sensé ?

Le pyke en armure se juche sur la passerelle avec pesanteur, faisant résonner ses pas à toute oreille attentive. Accompagnés du bruit de fond des tirs et des éclats de voix des combats, l’écho métallique de son déplacement rapide sur les caillebotis grillagés n’est pas des plus discrets. Fâr ne s’en soucie pas : il sait qu’il est épié. Il sent au travers de l’épais brouillard toxique, avec toute son acuité de prédateur nocturne, le poids d’un regard scrutateur, mauvais.

Mais ce qui l’intrigue bien davantage que le tireur supposé, est sans aucun doute son inaction inexplicable. Il ne se cache pas, ne prend aucune précaution, et pourtant, aucun piège ne se déclenche, personne ne jaillit. Pourquoi n’a-t-il pas tiré ? Lui, à sa place, n’aurait pas hésité une seconde. A moins que sa fenêtre de tir n’ait pas été bonne. Ou bien ? Autre chose.

Tandis qu’il arpente les passerelles à la recherche du reflet, d’un mouvement, d’une ombre, Sorem réfléchit. Curieusement, il n’est pas si mauvais à ce jeu. Il s’avère même plutôt du genre futé à ses heures perdues, et apprécie jouer aux idiots pour le plaisir de prendre les autres au dépourvu. Cependant, il n'est qu'un porte-flingue élevé dans les boyaux de Shaddaa, pas un militaire ou un espion d'une grande puissance galactique. Les techniques de traque n'ont pas vraiment fait partie de son cursus : il ne doit sa science du combat à distance qu'à l'expérience de la vie. S'il en avait été autrement, peut-être Sorem aurait-il anticipé l'angle mort dans lequel le fantôme se terre avec soin, calquant ses déplacements sur les siens. Mais ce n'est pas le cas, et où que se pose son regard sans pupille, il n'aperçoit pas ce qu'il est venu chercher. L'impression du regard demeure, mais où qu'il scrute, le pyke ne trouve rien. Non, rien : le reflet qui miroitait tout à l'heure dans l’ombre a tout simplement disparu. Aucun indice sur la passerelle, pas de mouvement dans l’atmosphère épaissie par la fumée.

L’instinct lui fait rarement défaut, pourtant ! Mais il se rend à l'évidence après avoir fait trois fois le tour du lieu : soit il s'est fait un holofilm, soit le quelqu'un s'est débiné entre temps. Avec un haussement d’épaule, le pyke laisse tomber la traque. Le temps lui manque et il a mieux à faire. Comme en finir avec cette bande de zouaves et terminer le rembarquement sur l’Increvable, par exemple ! Un autre que lui se serait vexé, mais tout ceci ne tire à Sorem qu'un vague dépit. Le danger immédiat est écarté, du moins le pense-t-il.

Fâr fait donc demi-tour et décide de prendre l’escalier opposé à celui par lequel il est monté. Il lui suffit de quelques foulées amples le long du mur pour rejoindre les portes gardées par la troupe du bothan face aux derniers mercenaires encore suffisamment butés pour vouloir continuer de mener l’assaut. Au bout d’une poignée de minutes supplémentaires à circuler entre les caisses en tirant par toutes les ouvertures, la troupe conjointe des bothans, des mercenaires et des pykes a débusqué quatre tireurs de plus, et il ne faut pas longtemps avant que la fureur de Royjel et Mâzef mette en fuite les retardataires.

Un instant de répit et le groupe se retrouve devant les portes du quai d’amarrage. Le capitaine avise Fâr et fend le rang de ses protecteurs pour marcher dans sa direction.

Alors ? Il est où ce sniper ? Vous avez trouvé quelque chose ?

D’un geste presque machinal, Fâr réarme son blaster, maussade.

Nan, oualou par là-bas.

Je vous l’avais dit, ça n’a aucun…

C’est moi que vous cherchez ?


Tout le monde se retourne d’un même mouvement, les armes se pointent en un éclair en direction de la voix. Le groupe tout entier reste sur la défensive, mais comme l'attaque ne vient pas, le doute s'installe. Ni To ni Sorem n'ont agit, les hommes de mains stoppent machinalement leurs gestes, et le temps se suspend une seconde.

Un type solitaire, un grand humain à la dégaine de contrebandier, s’avance sur eux sans l’once d’une hésitation. Il grogne une courte interjection dans ce que Fâr reconnaît être un basic râpeux, qu'il ne capte pas vraiment. Il a presque fini par oublier à quoi ressemblait ce phrasé si délicat, en comparaison des langues rugueuses et sifflantes de la Bordure. Plus surpris en réalité d’entendre cette langue si peu parlée dans la Bordure que de constater qu'il avait raison sur toute la ligne ! L'individu porte en bandoulière une arme de tir de précision, et ses habits pourraient sans problème le faire passer pour un chasseur de prime en vadrouille. Par réflexe, la main du pyke s’est refermée sur la gâchette de son arme.

Personne n’a le temps de répondre que le nouvel arrivé enchaîne déjà, son agressivité à peine contenue derrière un calme trop froid pour être honnête. Il fixe Sorem d'un air sombre, déblatérant tout un charabia sans la moindre chaleur. D’un regard, Fâr comprend que c’est à lui que l’intrus s’adresse, et non à Koyha, comme on aurait été en droit de s’y attendre. Le mot « bothan » ponctue la phrase que Sombrêve n’essaye même pas de déchiffrer. Un touriste qui brasse le basic sur Hutta… La chose a de quoi faire rire ! Ici, on engueule ses voisins en huttese, au minimum.

Seulement, son silence amusé ne semble pas plaire. La réaction ne se fait pas attendre.

Tu comprends ce que je dis ?

Autour d’eux, les regards se font interrogatifs. Le poil soyeux de To ondule avec mauvaise humeur. Le petit alien à fourrure fait un pas en avant, comme pour s’interposer physiquement entre les deux tireurs.

Il ne parle pas le basic. Moi si. Qui êtes-vous ?

Le ton, dur, ne laisse place qu’à la plus élémentaire politesse. Seulement l’individu ne semble pas bien plus commode que tous les numéros alignés dans le hangar cette nuit.

C’est moi qui pose les questions ici ! Il parle le Bocce la tronche de géométrie ?

Indifférent aux subtilités d'une insulte qui aurait sans aucun doute provoqué son hilarité, Sorem ne bronche pas, toujours à l’affût d’un signe avant coureur d'un tir de blaster. Il entend alors l’être humain s’essayer aux sonorités familières d’un bocce aux accents étrangers à la Bordure. D'un coup, le sens des mots du type au chapeau lui paraît clair, et il n'est même pas surpris de sa question.

Qu’est-ce que vous foutez ici Pyke ? Qui êtes-vous ?

Fâr garde le silence, le temps d’évaluer l’autre de son regard oblique, placide. Il le détaille sans pudeur, lentement, avec l’attention de ceux qui ont l’habitude de jauger leurs adversaires, et de choisir leurs combats.

Si l’attitude du grand brun a pu paraître impressionnante au capitaine de cargo, elle semble plutôt joyeusement hardie au jeune lieutenant. Un sniper qui quitte sa planque pour s’avancer à découvert, seul, son arme rangée, dans les rangs de tireurs chevronnés, armés et en supériorité numérique… Comment tout ceci pourrait mal finir ? Vraiment ?

A moins que le chapeau ait plus d’une carte dans sa manche. L’idée a de quoi plaire à une âme retorde comme celle de Sorem, sa curiosité en est d’autant plus attisée. Un gars pareil ne se mettait pas à découvert aussi bêtement sans vouloir quelque chose de précis… L’assurance presque suicidaire du gaillard lui plaît, fait écho à son propre caractère comme on se dégote avec entrain un nouveau partenaire de jeu. La Bordure est un milieu où il ne fait pas bon être trop timoré. De là à se mettre à découvert seul contre une dizaine ? Le choix pouvait poser question… Les bothans se la sont posée en premier.

Le pyke avise alors l’arme qui décore le dos de leur nouvel invité : ce qu’il avait pris de loin pour une simple carabine laser s’avère être un fusil à projectile d’un autre âge. Le genre d’objet que seuls les Jawa et les originaux se vantent encore de posséder. L’un des seuls qu’il ait aperçu de toute sa courte existence.

Royjhel s’avance sur la droite de son frère et lance entre ses dents :

Kxertân ilsyj’aur ?

Kxto.

Aprêkxo ?!

Kebhyi chcel strieľať, uhz’by to dávno hùrobih'l.

Prèkxoh ste teda nestrieľ àhlij ako prvyje ?!

Pretokxe skebyj som to chcel urobiť, uhz’by som to hùrobih'l.


Malgré l’inintelligibilité de leur jargon, le geste ferme de Sorem laisse peu de doute sur la teneur de leur échange. Sa main tridactyle se tend brièvement en travers du chemin de son cadet qui, toujours armé, n’a pas quitté l’humain des yeux. Fâr repousse le jeune pyke sans ménagement pour soustraire l’humain à sa ligne de mire. Il prend alors tout son temps pour articuler d’une voix nonchalante pleine d'un plat cynisme :

J’suis l'arrière grande tante de ta cousine germaine, askip' ! Ouais, ouais, j'sais, c'est pas transcendant des masses vu comme ça, mais j't'assure ! Même qu'elle avait un Reek de compagnie, à l'époque ! J'crois bien qu'y s'appelait "Rak", d'ailleurs.

Éclats de rires gras dans la troupe, To sourit malgré lui. Sorem désigne celui qu'il ronge son frein dans son dos du pouce :

Et lui, c’la femme de ménage. Pas vrai, givelk’ ?

Royjhel siffle avec agressivité, le cou arqué de fureur. Fâr désigne l’humain en face de lui d'un léger coup de menton. Le regard vide et opaque de son masque se pose successivement sur To, son garde du corps, sa fratrie, puis de nouveau sur l'être humain au chapeau noir.

C’qu’on fout ici, j’vois pas en quoi ça t’regarde, ûmaanh’ji**. Mais si tu prends la peine d’poser la question, c’est qu’ça doit bien t’emmerder un peu. J’me trompe ?

Raille sa voix rendue métallique et rauque par le respirateur.

T’es v'nu faire affaire ? Sinon, tu peux r’partir kiffer au calme là-haut ! On a du taf. Ok ?

L’humain écarte un pan de son manteau. Le genre de geste faussement machinal qui n’a en réalité qu’un seul but : attirer l’attention. L’œil scintillant du pyke accroche alors le petit insigne métallique et coloré discrètement épinglé dans le revers du vêtement. Un court calcul plus tard, Fâr pivote vers Koyha To, suspicieux.

Kzerkads’***, eh ? C’est quoi c’t’embrouille ?

Le bothan semble surpris. Mais son mécontentement, lui en revanche, ne passe toujours pas ! Encore une fois, toute cette agitation le retarde. Décoller de Nal Hutta s'avère être une véritable sinécure ! Cependant, un discret éclat de méfiance passe dans ses yeux noirs lorsqu'il dévisage l'être humain.

Je n’en ai aucune idée.

Il se tourne à son tour vers l’homme au chapeau et l’interpelle de nouveau, bras croisés.

Mais peut-être allez-vous éclairer notre néon ? Ce hangar est encore ma location pour deux heures. Je vous demande donc ce que vous faites ici sans y avoir été invité ? Je ne me souviens pas avoir contacté la Czerka récemment. Pas plus que je ne me souvienne d’avoir sollicité autre chose qu’un ravitaillement sur ces quais !

Autour de l’intrus, le cercle des grands aliens s’est silencieusement refermé, attentif à ses moindres mouvements. Le calme apparent des protagonistes n'est en réalité qu'un voile pudique jeté sur la tension invisible qui les anime.

__________

* trad. du pyke " Je le descends ?" "Non." "Pourquoi ?!" "Parce que s'il avait voulu tirer, il l'aurait déjà fait. " "Et on tire pas avant ?!" "Si j'avais voulu tirer avant, je l'aurais déjà fait."
** trad. du pyke : Humain, désigne l'espèce dans sa globalité.
*** trad. du Bocce, surnom donné aux employés de la Czerka, tous grades confondus


William Cavendish
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C’était un duel de regards…Échange glacial malgré la couleur chaleureuse des yeux de William. S’il avait eu l’audace de se montrer ainsi à découvert c’était, certes, parce qu’il n’avait pas l’intention de faire feu contre les personnes présentes. Du moins pas encore. Mais ce genre d’envie pouvait poindre. Mais c’était aussi parce qu’il n’avait strictement aucun ressenti de peur…rien. Pas une once. Pratique non ? William observait surtout les aliens, leur échange dans une langue qui lui était totalement inconnue n'en demeuraient pas moins éloquents. Leurs comportements et leurs intonations parlaient pour eux. Un des deux, apparemment plus nerveux, souhaitait en découdre. Mais l’autre avait fait un geste pour le retenir. Il paraissait avoir sa drôle de tête plus en place sur ses épaules. Quoique.

«J’suis l'arrière grande tante de ta cousine germaine, askip' ! Ouais, ouais, j'sais, c'est pas transcendant des masses vu comme ça, mais j't'assure ! Même qu'elle avait un Reek de compagnie, à l'époque ! J'crois bien qu'y s'appelait "Rak", d'ailleurs.»

En entendant la réponse de l'alien, qui déclencha l’hilarité générale, Cavendish esquissa un sourire malsain. Sa tête pencha doucement sur le côté et il répondit avec une voix calme mais qui trahissait une pointe d’acidité :

« Ho mais bien sûr, vers la branche consanguine. Comment ne l’ai-je pas de suite compris en voyant le genre d’attardé que tu sembles être avec ta gueule en hexagone…T’es un comique toi ». Il soupira…cela promettait d’être long…et affligeant pour lui. Il en voulait à son frère à cet instant pour lui avoir confié une mission. L’alien avait renchéri dans sa blague pour ensuite envoyer paitre William, à moins qu’il ne cherche à faire affaire avec eux. Cavendish fit quelques pas pour s’approcher du reptile bipède, histoire de faire monter un peu la tension déjà assez palpable des lieux. Les autres étaient prêts à agir, guettant les moindres gestes du Chapeau. Toujours aucune peur, rien ne transpirait de cet inconnu, sauf peut-être un brin de folie au fond de ses prunelles mordorées ? Il auscultait l’impertinent des pieds à la tête affichant un air parfaitement sérieux durant cette espèce de combat de « coqs ». Il devait bien reconnaitre que le pyke en avait dans le ventre.

Finalement le fait de montrer son appartenance à la célèbre Corporation avait fait son petit effet. To semblait perdu, et méfiant. Il somma William de leur en dire plus quant à sa présence ici.

«Mais peut-être allez-vous éclairer notre néon ? Ce hangar est encore ma location pour deux heures. Je vous demande donc ce que vous faites ici sans y avoir été invité ? Je ne me souviens pas avoir contacté la Czerka récemment. Pas plus que je ne me souvienne d’avoir sollicité autre chose qu’un ravitaillement sur ces quais ! »

Le jeune homme mis ses mains légèrement en avant comme pour montrer qu’il n’était pas armé, et pointer l’évidence :

« On va faire simple : c’est Thornton qui m’envoie ». A la mention de ce nom Koyha To ouvrit de grands yeux de stupeur. William poursuivit : « En raflant le contrat pour Kubindi, toi et les tiens vous vous êtes mis le siège de la Czerka à dos. Ils ont donc ordonné qu’on envoie un type susceptible de te botter le cul. Mais Thornton ne l’entend pas ainsi. Il vous veut en vie...j’imagine que vous avez passé un accord. »
« Je n’aurai pas cru que la Czerka serait aussi rude en affaire. »
« Voila ce qui arrive quand on marche sur ses plates-bandes ».
« Nous avons remporté ce contrat à la loyale ! Les petits problèmes de frustration de la Czerka ne sont pas les miens. Cela dit, vous pouvez vous rassurer, je n’ai pas besoin de votre aide ». Il désigna les Pykes. Will eut un petit sourire avant de se rapprocher encore un peu plus, dévoilant ses dents immaculées :
« Je crois que y’a un truc que tu n’as pas compris : je ne négocie pas. Tu n’as pas le choix. Je viens défendre les intérêts de monsieur Thornton… Et…que je sache si je n’avais pas été là tu boufferais les rares plantes radioactives qui poussent sur ce foutu caillou par la racine. » Il avait désigné les cadavres des advozeks qui gisaient un peu plus loin…

To fixait les corps en question…notamment les trous sanglants laissés par les projectiles qui les avaient transpercés de part en part. Il savait que lorsque Cole Thornton ordonnait quelque chose il valait mieux se résoudre à obéir si on ne voulait pas qu’il envoie son chien de garde. Un doute affreux le saisit soudainement. Son regard revint sur Will. Était-ce possible que ?
« Qui êtes-vous ? » finit-il par demander. Le regard de Cavendish s’intensifia, et un sourire malsain fendit son visage angélique en deux :
« Ton pire cauchemar si tu cherches à me doubler moi, ou monsieur Thornton ».
Le doute n’était plus possible. Ce type au chapeau ne pouvait être que l’homme de main du représentant de la Czerka aux dents longues. Celui qui effectuait toutes les pires saloperies pour Thornton sans jamais ciller.
« Le Boucher… »

Toujours souriant, William saisit l’avant de son chapeau entre son pouce et son index dans un salut négligé. Son égo aimait toujours quand on comprenait qui il était et ce dont il était capable si d’aventure on venait à l’énerver.
« Autre détail, il est possible que le Siège de la Czerka envoie un second assassin, au cas où. Or j’ai l’impression que je suis le mieux qualifié ici pour détecter ce genre d’individu… ». Le regard de Will avait coulé lentement vers les Pykes affichant presque un air de défi. « C’est bon ? On peut s’arracher de cette fange toxique ? Mon vaisseau n’est pas loin ». D’un geste il désigna la zone de l’astroport où il avait lui-même atterri quelques heures plus tôt.





Fâr Sorem
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Trop d'blabla, pas assez d'vaisseaux





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[Dialogues traduits du Bocce]

Ho mais bien sûr, vers la branche consanguine. Comment ne l’ai-je pas de suite compris en voyant le genre d’attardé que tu sembles être avec ta gueule en hexagone…T’es un comique toi.

Fâr éclate de rire, suivi par le reste du gang. L'expression impassible de l'homme ne fait qu'ajouter à son hilarité. Il fait jouer ses nombreuses vertèbres avec bonne humeur, ravi de retrouver le terrain familier des clash verbaux qu'il connaît si bien. L'humain veut s'amuser ? Il ne demande que ça ! Et quand Fâr s'amuse... C'est une réaction chimique autogène.

Eh, c'est pas beau ? C'même pas oim qui l’est sortie, celle-là ! Ahah, z'y'av mon jobard ! J'espère qu't'as pas songé à élaguer l'arbre généalogique trop large, alors, hein ? Doit pas rester beaucoup d'branche ! Ahahahaha ! Mais t'inquiète... Si j'suis un attardé, alors faut croire qu'avec ta tronche de Kath pelé, t'es resté sur l'quais d'la gare et qu'c'était l'dernier hovertrain d'la saison, dans ton coin d'cambrousse !

MERCI !! Merci, merci bien pour cette démonstration, jeunes gens ! Mais je n’paie pas pour avoir droit à une joute verbale de trois heures ! Le temps est compté, terminons-en rapidement. Réglons le reste de nos soucis A BORD ! Voulez-vous ?!

Et c'est à Fâr qu'il adresse son regard le plus courroucé. Le niveau sonore monte d'un cran quand Koyha To tente de mettre fin à la surenchère infinie des pykes, dont l'un des sports préférés semble bizarrement être de débiter les âneries au kilomètre. Les mercenaires de To ne savent plus s'ils doivent rire des idioties des deux protagonistes, ou de l'absurdité de leur situation actuelle.

J'ai rien compris là. Ils se sont insultés et personne n'est mort ?

On se croirait sur les docks du 1313 putain ! Comme à l'époque !

C'était bien sympa, mais on pourrait p'tet aller bouffer, non ?

C'est moi où c'est pas normal que ça se soit pas encore mal fini, leur truc ?

P'tain, les pelures, c'est tous des consanguins !

Mais non... Enfin, j'crois pas ?

Toutes les espèces sont consanguines à la base, hein ?

Ça veut dire quoi con sans gain ?

Ta gueule, Kreiz.


La révélation des intentions de l'inconnu rend au quai de l'astroport une ambiance moins exubérante. Encore agité d’un léger rire qui n’a rien de bien naturel ni de rassurant, le pyke se détourne de la conversation animée des deux lascars et tire de l’une de ses poches sa pipe à épice, en l’allumant d’un même geste habile. Elle n'est pas si mal, cette nuit, au final. On a vu pire...

Avec l’œil du crocodile, il épie la discussion entre le bothan et le sniper. Bien qu’en retrait avec l’air de ne pas y toucher, Sorem n’en perd pas une miette. Savoir ne pas se mêler des affaires des autres est une chose, mais une info reste une info… Surtout sur Hutta.

Il ne cille pas lorsque l’étranger révèle l’identité de son commanditaire, ni lorsque To souffle son surnom si craint par les mauvais payeurs du Noyau. « Le Boucher » : la traduction en bocce n’est pas aussi classe que celle en basic, mais le sens demeure bien clair. Alors comme ça, le drôle est un nettoyeur de la Czerka ? Sorem enregistre l'info avec intérêt. Voilà qui promet d’être intéressant ! La simple mission d’escorte prend maintenant une tourne autrement plus alambiquée… Sans doute tout le monde ne verra pas son initiative de mettre les pieds dans un tel sac de nœud d’un bon œil, mais Fâr s’en moque. L’appât du gain reste un moteur essentiel dans la vie des âmes damnées de l’Espace Hutt, et on y succombe presque davantage par réflexe que par réelle cupidité. Le reste tient surtout à sa propre manie de choisir la connerie comme voie de développement spirituel. Un trait qu’il partage avec nombre d’autres individus toutes espèces confondues.

Derrière To, une bothane à l'allure militaire jusque-là très discrète s'avance pour lui glisser à l'oreille :

Alors c'est à cette bande de hyènes que vous avez confié notre trajet ? Merci du cadeau, capitaine.

Je me passerai de vos commentaires acides, Shon.

A votre aise, capitaine.


Koyha se détourne d'elle aussitôt, réalisant du même coup que le Boucher qu'il pensait derrière lui s'est en réalité déplacé.

Calé sur le coude contre une caisse, Fâr voit l'envoyé de la Czerka se retourner vers lui, avec la mine d'un gamin fier de son coup. Bordel, on dirait Royjhel avec une épingle surmontée d’une assiette à la place de la tête. L’image lui arrache un bref sourire féroce.

C’est bon ? On peut s’arracher de cette fange toxique ? Mon vaisseau n’est pas loin.

Fâr exhale un léger O nébuleux. Haussement d’épaules : la réponse est à l’image de la posture de son auteur.

C’pas à moi qu’y faut poser la question, Kzerkads’. Moi, on m’paye pour flinguer, pas pour faire les plannings. Si l’pékin est ok, on est ok, c’pas plus compliqué !

Il désigne le bothan de la tête.

Allez régler vos nesbis d’chanvreux à deux, moi j’dois aller récup’ mes scarlas sur la n°3. On s’rejoint plus tard. Essayez juste d’pas vous bouyaver bien sale entre temps, hein ? Attendez-oim’ pour la fête, au moins.

Avec un bref salut ironique, Sorem lève le camp et laisse « le Boucher » et le capitaine sur le seuil du hangar sans une explication de plus. Il pense déjà à ce qu'il va sortir comme bobard pour expliquer leur changement de programme, et se tient pour dit d'y mêler correctement la Czerka.

Une dizaine de minutes plus tard, quatre vaisseaux légers viennent stationner sur les hauteurs de l’astroport, d’où émerge encore la forme de l’Increvable, et Fâr réapparaît soudain sur le quai. Il traverse l’ancien champ de bataille sans se presser, enjambe les cadavres pêle-mêle sur le sol avec désinvolture et rejoint les dernières personnes encore présentes, dont, sans surprise, To et son nouveau garde du corps imposé.

Yo ! L’escorte de sa majesté est dans la place, comme conv'nu.

Lance-t-il à Koyha. Il se plante devant lui et tend sa paume avec un geste explicite.

Ta part du deal, ekxjalà.

Le bothan renâcle, furieux.

Quoi ?! Nous n’avons même pas encore décollé !

C’est tout comme, sauf si t'as encore d'aut' connards du genre au cul ? Et avec c’te delbor qu’on s’est tapé pour rentrer, estime-toi ben guèze qu’on te taxe pas le double !

Indifférent aux cris indignés du capitaine de cargo, il dirige plutôt son attention sur l’humain, toujours planqué sous son chapeau à large bord.

T’as bien dit qu’t’avais un vaisseau, hein ?

Puis de nouveau à Koyha :

Vous allez l’fourrer où, son zingue ? Il passe en queue d’peloton ou bien vot’casserole peut l’caser en soute ? J’dois rencarder mon éclaireur, faut d’abord savoir c’qu’on va d’voir encadrer pour pas s’planter d’route. On passe pas à trois de front sur les horizons d’la Gueule, j’aime autant vous l’pénave direct.

Alors autant embarquer ce vaisseau sur l’Increvable. Nous avons une trente tonnes – il se tourne vers le Boucher de mauvaise grâce – est-ce que votre gabarit peut y tenir ? Si ce n’est pas le cas, nous devons trouver une solution maintenant.

L'échange est sec, mais cordial. La nuit touchant à sa fin et son calvaire avec, le capitaine du vieux cargo reprend le chemin de son cockpit à vive allure, toute la troupe sur les talons. La perspective de quitter Gebroila lui redonne une énergie nouvelle ! Mais, arrivé à son niveau, la large paume ganté de Fâr lui attrape vigoureusement l'épaule.

Tsksksks. Eh fourrure : la thune d’abord. On embarque pas tant que l’acompte y est pas. Ok ?

Vous êtes plutôt du genre buté, à vos heures perdues, non ?

On m’le sort souvent, ouais. Alors, tu craches ou on s'casse ? Décide-toi.


Sur les premiers rayons de l'aube - si tant est que Hutta ait une aube - tous les survivants de l'embuscade embarquent enfin à bord de l'imposant cargo. Koyha To n'ose pas encore soupirer : ce n'était qu'une brève escale. Il leur en faudra encore deux avant d'arriver à destination.

Le trajet promet d'être long.

__________


William Cavendish
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William était dubitatif au sujet de ce Pyke. Il ne savait ce qu’il devait en penser. Vu sa réaction et les conneries qu’il avait été capable de sortir en un temps record, l’Alien et les siens avaient, à la foi, sollicité la curiosité de William, tout en l’agaçant au plus haut point devant leurs enfantillages. Une chose à noter, ces Pykes étaient dangereux. Ce serait folie que de les prendre à la légère. William suspectait même qu’ils ne fassent exprès d’avoir l’air si désinvoltes. Au moins pour le chef de leur petit groupe. Dans le but de dissimuler cette dangerosité dont ils étaient capables.
Le Bothan ne semblait pas enchanté de voir débarquer un envoyé de la Czerka. Mais cela ne perturbait pas Will. Il avait l’habitude de ne pas être le bienvenu. Et il avait joué sur la crainte que son statut d’exécuteur pouvait susciter chez les autres, pour justifier le fait qu’il n’y avait rien à discuter.

Alors que le pyke était parti arranger son équipe, To s’était approché de Will :
« C’est qui ceux-là ? »
« Des gars du Syndicat Pyke » répondit le Bothan alors que Will gardait un œil sur l’alien qui s’éloignait. « Celui qui vous a parlé c’est Teshe'banza…On dit qu’il porte bien son nom. »
« Ca veut dire quoi ? »
« Vous ne parlez pas huttese ? »
« Le Bocce me suffit. Et je suis pas payé pour parler ».
« Ca veut dire Sombrêves ». Will n’eut aucune réaction malgré le fait qu’il venait de réaliser que ce nom ne lui était pas inconnu. Celui qu’en Bocce on appelait aussi Spico…c’était donc lui. « Un type comme vous en quelque sorte ». Cavendish eut un regard sévère et claqua un :
« Ca m’étonnerait. J’ai rien en commun avec ce demeuré ».
Koyha compris qu’il valait mieux qu’il n’entre pas sur ce terrain. Il pris cela pour de la vanité de la par du jeune homme de s’imaginer être le seul tueur du coin. Mais la raison était tout autre. Le Bothan songea à ce que le « Butcher » lui avait dit précédemment :
« Vous étiez sérieux quand vous parliez d’un autre assassin potentiel ? »
« Oui. »
« Génial…manquait plus que cela. Décidément ! Y’a pas moyen de laisser travailler les honnêtes gens ! » William resta silencieux, observant le Bothan qui n’était guère satisfait par la nouvelle. Le jeune homme soupira et précisa :
« Moi c’est ce que je ferai…Alors reste sur tes gardes. Je vais être clair avec toi. Tu sais qui je suis, et ce dont je suis capable. Tu sais donc que le baby-sitting c’est pas mon truc. Alors ouvre les deux yeux…Et ne fais confiance à personne. »
« Personne ? »
« Personne. »
« Ben vous êtes rassurant comme garçon vous ».
« … »
« Et vachement loquace avec çà » grommela le Bothan plus pour lui-même. « Un plaisir de discuter avec vous ».
Will haussa les épaules, faisant comme s’il n’avait pas entendu vraiment les propos de To.Il observait le pyke Teshe'banza revenir vers eux. Discuter, l’alien non plus n’était pas en mesure de le faire. Pas pour ce qui concernant la réception d’un acompte sur sa paye. Ce qui eu pour effet de faire rager Kohya To. Mais une autre question vint s’ajouter au tableau : le vaisseau de Will.

« Ouai j’ai un vaisseau »
« Vous allez l’fourrer où, son zingue ? Il passe en queue d’peloton ou bien vot’casserole peut l’caser en soute ? […] »
« Alors autant embarquer ce vaisseau sur l’Increvable. Nous avons une trente tonnes , est-ce que votre gabarit peut y tenir ? Si ce n’est pas le cas, nous devons trouver une solution maintenant ».
« Ca tiendra… »

Rajustant son chapeau Will s’éloigna de quelques pas, se tourna et fit au Bothan après une nouvelle remarque de Sombrêves sur l’argent qu’il leur devant :

« A ta place j’alignerai les ronds…A moins que tu ne veuilles réduire tes chances de survie. Souviens-toi de ce que je t'ai dit…Je ne suis pas ta baby-sitter ».

Et il quitta le hangar pour rejoindre l’air d’atterrissage ou sommeillait son vieux cargo. Il fut accueilli par les deux truands à qui il avait précédemment confié la garde de son vaisseau. Le Quarren s’était précipité vers Cavendis, lui présentant le vaisseau, et expliquant dans un huttese que Will ne percutait pas qu’ils avaient fait tout ce qu’il avait demandé. A la lettre. L’Evocii traduisait. Cavendish inspecta son vaisseau rapidement, et se tourna vers eux avec un air satisfait.

« C’est très bien….bien… » Il tapota sur l’épaule du Quarren qui hochait la tête visiblement heureux de la satisfaction de l’humain. L’evocii lui-même semblait plus détendu. Mais soudain, il y eu une décharge de blaster. Un cri. Et le Quarren s’effondra. Mort. Devant la mort soudaine de son comparse, l’evocii demeura interdit quelques secondes, puis il réalisa que le coup était parti du blaster que William avait discrètement dégainé.

« Mais…pourquoi. On a fait tout ce que vous vouliez » gémit-il en se recroquevillant au sol, les mains jointes « pitié monsieur…pitié ».

« Ca n’a rien de personnel…dis-toi que c’est de bonne guerre ». En disant ces mot, le jeune homme eut un sourire mauvais et pointant son arme vers sa victime, il fit feu. L’evocii s’écroula à son tour.

William grimpa à bord de l’Hel Dorado, il fut accueilli par Truc qui attendait son retour.
« Bip ! Boubibom »
« On s’arrache d’ici ».
« Biboubim »
« Non, on ne les rejoint pas là-bas. On va s’y faire conduire ».

Les moteur chauffés, Will arracha le vieux cargo de son repos dans un fracas de taule assourdissant. Il fallait rejoindre l’Increvable et se poser dans le hangar de l’énorme vaisseau des Bothan. Rien d’insurmontable pour le pilote qu’était Will.
Ce serait vite réglé.
« Truc, quand on sera sur l’Increvable, je veux que tu en explore chaque recoin. Je veux tout savoir dessus, n’omets rien…aucun détail. Il faut qu’on soit en mesure d’agir rapidement en cas de pépin. »
« Bip…bubipiou ? »
« On verra…Si Cole m’envoie ici…c’est pas pour rien. Il faut pas qu’on se loupe. Sinon ca va encore être ma fête. »







« Sacré vaisseau » fit remarquer Koyha quand Will descendit à sa rencontre après avoir « garé » l’Hel Dorado. « Bienvenue sur l’Increvable ».
« Il a quoi mon vaisseau ? »
« Ho…il est…heu…dans son jus ? »
« Hum »… grogna Will en rajustant son chapeau d’un geste négligé. Il observait tout autour de lui l’immensité des lieux. Ça n’allait pas aider un truc aussi gros à protéger…








Fâr Sorem
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Trop d'blabla, pas assez d'vaisseaux





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[Dialogue traduits du Bocce]


L’Increvable est un vieux modèle bothan, un vaisseau peu connu et peu commercialisé en dehors de l’espace du même nom. Fâr observe avec force curiosité tous les détails de l’improbable carlingue, alors qu’ils entrent dans les entrailles du cargo. Premier du genre qu'il arpente, et le voyage vaut en effet le détour !

L'architecture reste néanmoins plutôt conventionnelle dans ses fonctionnalités. Simplement empreinte de la paranoïa naturelle des bothans. Ce qui conduit les nouveaux hôtes à faire quelques efforts de repérage pour ne pas se perdre dans l'enchevêtrement de boyaux étroits qui constituent le passage obligé de l'avant à l'arrière.

Perso j'aurais pas choisi orange, pour les rideaux.

Commente le pyke à l'adresse de la bothane en tenue militaire, qu'il a vaguement reconnue de dos. Elle ne se retourne qu'à moitié et le gratifie d'un regard meurtrier par dessus son épaule.

Eh : respire, m'dame ! C't'ait pour rire ! J'mords pas, t'sais ? Enfin, pas en premier.

Elle brise son silence tendu pour rétorquer avec colère :

C'est un vaisseau commercial, ici, pas un cloaque de Hutta ! Si vous n'avez rien d'intelligent à dire, ayez l'obligeance de vous taire !

Fâr siffle de consternation alors qu'elle s'éloigne d'un pas raide.

Ouais, c'est ça, l'obligeance, sa mère ! Et l'intelligence, elle chiale rien qu'de t'avoir croisée, miss vaisseau commercial !

Aboie-t-il à son adresse, goguenard, alors qu'elle disparaît à l'angle du couloir. Il détaille l'endroit où il s'est planté avec une curiosité naïve. La porte d'une cabine condamnée se dessine dans l'un des murs dans l'ombre, et la console délaissée par la bothane bipe désormais à intervalle régulier.

C't'ambiance de malade, sérieux ! Elle promet, la balade.

Il considère l'interface holographique une vague seconde avant de décider que le mieux est encore de rejoindre l'agitation la plus proche. Soit, de ce qu'il a compris : la soute. Le vaisseau de leur invité surprise ne doit plus être bien loin, après dix bonnes minutes de vol.

Par-dessus les commentaires des mercenaires, la voix de To couvre brièvement l'agitation :

Bien, notre allié de circonstance est en phase d’atterrissage. Ouvrez la soute !

Le spectacle de l’entrée en soute du vaisseau de l’humain est une attraction que Fâr n’aurait raté pour rien au monde. Des vaisseaux rafistolés ou rapiécés, il en passe tous les jours partout dans la Bordure. Mais un profil comme celui qui vient d’entrer ? On en a encore jamais croisé de mémoire de pyke. C’est une attraction ! Pour les oreilles aussi : il ne doit pas rester une seule pièce mécanique qui ne crisse ou ne couine sur la totalité de l’engin. Enfoncé, l'Increvable. Niveau originalité, le nouvel acteur rafle la mise haut la main !

Sérieux... c’est quoi c’te blague ?!! Mais la race d'ses morts, ça vole une bécane pareille ?! Y a même plus d'déflecteur ! J'vous dis cette galaxie part vraiment en couille.

De la part d'un type payé par l'une des plus grosses corpo' de la galaxie, le poids plume qui vient d'entrer en gare laisse une drôle d'impression. Dans le cas de Sorem, cette impression se traduit par une hilarité soudaine et démonstrative. Il n'est d'ailleurs pas le seul, et de loin, à réagir au design singulier de l'appareil du Boucher. Lequel emet encore quelques sifflements légers lorsque son poids vient à reposer entièrement sur ses patins d'ancrage.

Le capitaine de l'Increvable s'avance dans le hangar désormais clos pour accueillir son dernier visiteur pour le voyage. Avisant Fâr plié de rire dans un coin, ses babines moustachues remontent imperceptiblement.

Ah oui, je sais ! Je m'attendais moi aussi à autre chose.

Quand il bavait qu’il avait un zingue, l'autre, j’pensais pas vraim’ à ça, en fait !

Vous pensiez qu'il ramènerait un croiseur flambant neuf ?

Ça m’aurait p'tet moins surpris, sans dec’. Nan, j’sais pas, là ça m’fait plutôt penser à… A un Fambaa assis sur une paire de chiottes.

Hein ?!

Trouves pas ? Y a comme un air, nan ? Là, t’as la tête, tu vois ? Comme ça.

Euh… Je dois vraiment manquer d’imagination.

Sur le côté du nez de l’appareil, on peut lire en lettres noircies : « Hel Dorado ». Intrigué, Koyha lit le nom en basic à voix haute, tout en s’attardant sur quelques détails insolites.

Bord’Hel Dorafiot ça sonn’rait plus fair play. Mais sûr qu’ça d’vait pas être vendeur des masses.

Ne se prive pas de commenter Fâr avec sa verve habituelle.

Y sont si fauchés qu’ça chez la Czerk’ ? ça la fout plutôt mal.

Je pense que c’est avant tout un choix stratégique, pour passer inaperçu.

Et mon tarma l'est stratégique, aussi, tiens ! Même les flottes Hutt sont pas aussi pourraves.

Sur ces entrefaites, la rampe du chasseur c’est abaissée pour laisser descendre son seul occupant biologique. Sorem avise d'un oeil vigilant le minuscule droïde sonde qui s'est échappé de la carcasse de l'Hel Dorado, et virevolte maintenant loin de son propriétaire. Mais il garde l'information pour lui, alors que le bothan s'adresse àl'humain pour un court échange des plus banals. Loin du duo, le pyke entreprend de faire le tour de l'Hel Dorado.

Tout le monde se disperse en ordre de marche pour la sortie de l'Increvable de l'atmosphère de Nal Hutta. Pris par ses prérogatives, Koyha To disparaît dans la cabine de pilotage, laissant la horde en liberté dans son vaisseau vaquer à ses occupations. Un bref temps mort dans l'emploi du temps très serré des bothans dont Sorem s'empare avec une volupté non feinte, suivi par toute sa turbulente fratrie. Le naturel d'explorateur de Fâr lui fait reconnaître avec aisance les chemins qu'il a emprunté pour traverser le vaisseau. Il ne lui faut donc pas bien longtemps avant de se repérer dans le labyrinthe du vieil Increvable comme dans les entrelacs de n'importe quel souterrain.

De son pas chaloupé, le grand alien remonte le long d'un couloir sombre qui mène au cœur névralgique du cargo. Lorsqu’il débouche dans la salle des machines, suivis de près par Mâzef et Kreiz, il avise soudain la tête de l’humain brun, qui revient de la soute en sens inverse. Le mystérieux individu semble perdu dans ses pensées, le regard noyé dans l’ombre de son large couvre-chef.

Sans doute ne l'aurait-il pas vraiment calculé si Sorem n'avait pas soufflé de son accent râpeux :

Eh, Butcher.

Il lui fait signe de la main : direction le long corridor des cabines sur bâbord.

T’es attendu en hauts lieux ou bien ça t’dis d’te poser tant qu’c’est tranquille ? Profites-en, ça va pas durer.

Sans attendre une quelconque réponse, les trois pykes s’engouffrent dans l’autre réduit, Fâr à leur tête, accrochant câbles sortis et consoles mal rangées de ses épaulières trop larges. Au détour d’un tournant, il décide au hasard d’ouvrir l’une des portes entrouvertes d'un coup de pied. Derrière, une cabine étroite, vide, où trônent deux lits superposés de part et d’autre de la pièce sombre. Le tout dégage une propreté stricte et une tristesse propre au minimalisme de la décoration.

Ouais, ça l'fait.

Commente-il d’un ton satisfait. D’un mouvement brusque, il tire à lui les maigres couvertures du premier lit, les rejette contre le mur, et s'y laisse tomber d’un bloc. Son armure claque et crisse alors qu’il s’affale non sans grâce en travers de la couchette, trop courte pour ses jambes. Avec un soupir d'aise, sa cadette l'imite en s'étalant ostensiblement sur le lit superposé qui surplombe son aîné. A la manière d'un chat, elle s'étire et entreprend de vérifier son armement. Bien plus maladroit, Kreiz tente de la suivre et se perche de l'autre côté de la pièce.

A l'aise dans cette pénombre froide, Sorem avise l'ombre de l'humain au chapeau dans l'encadrement de la porte.

Tu comptes rester là pour décorer l’entrée ? Allez, cale ton p'tit cul et bédave un ep's, Kzerkad's. J'crois qu'on a à causer un brin, toi et moi.

Fâr sort de l’une de ses innombrables poches un petit cylindre métallique fermé. Il l'ouvre et l'accroche brièvement à l'une des extrémités de son respirateur, et après un long silence entrecoupés des seules rumeurs lointaines du vaisseau, le décroche, le referme, et le lance sans dans les mains de l'humain en face de lui sans plus d'explication. Comme un accord tacite dont le Boucher est prié d'accepter les termes silencieux.

J'suis curieux d'savoir c'que ton boss peut bien avoir à foutre du vieux To et d'son bouiboui spatial pour s'mitoner une pagaille pareille ?

Derrière la dérangeante gaieté perpétuelle, presque décalée de l'alien, l'intérêt est bien réel.
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William Cavendish
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Des remarques sur l’He’Dorado, il avait l’habitude. Les gens y voyaient toujours une « poubelle » volante, et se retrouvaient finalement surpris des capacités de ce petit cargos rapide. L’Hel’Dorado représentait bien plus qu’un simple vaisseau pour Will. C’était son foyer, mais surtout sa liberté. Et au moins, quand on le voyait arriver, personne ne soupçonnait un employer de la Czerka venu faire le sale boulot. Passer inaperçu, rester discret, c’était la base du métier d’un bon assassin. Et lorsque son identité était révélée, il était trop tard. Les critiques sur son vaisseau ne l’atteignaient donc pas plus que cela.
« Bon, si vous voulez bien m’excuser, on a un emploi du temps chargé et on est ric-rac coté timing. Faites comme chez vous, du moment que vous ne causez pas de dégâts. Eviter de vous chiffonner avec les Pykes ». Sans un mot, ni esquisser le moindre geste, Will s’éloigna. Il avait du travail lui aussi. Il devait contacter son frère et lui faire part de l’avancée de la mission. To haussa les épaules et gagna le pont, non sans marmonner « J’vous jure…Entre les autres cinglés et un boucher psychopathe…ça promet ».

Will remonta dans son vaisseau pour passer un appel sur la console sécurisée qui s’y trouvait. Après quelques secondes d’attente, le visage froid et dur de Cole apparus sur l’holoterminal.
« Alors ? Où en es-tu ? »
« Je suis à bord de l’Increvable…J’ai laissé des traces sur Nal Hutta comme quoi j’avais attaqué les Bothans. Je me suis montré à eux au dernier moment »,
« Bien…bien…rien à signaler pour l’heure ? »
« Non…rien de spécial. Koyha To a fait appel à des Pykes pour le guider dans le voyage et le protéger »
« Le Syndicat Pyke ? Hum…ils sont un problème ? »
« Pour le moment non…en dehors du fait que le chef, qu’ils appellent Sombrêve est un vrai moulin à paroles…et ils sont du genre trublions » Cole esquissa un petit sourire. Entre les Pykes et son frère, cette mission prenait un drôle de virage
« Ne te laisse pas distraire par eux. Rappelle-toi, on n’est pas à l’abri que le Siège envoie un autre assassin. Alors ouvre l’œil. »
« Qu’est-ce que tu as magouillé avec les Bothans ? Pourquoi sont-ils si importants à tes yeux ? » Dans un soupire Cole eut un geste d’agacement :
« Will…dans la vie il y a deux sortes d’hommes… »
« Je sais… »
« Alors ne m’emmerde pas avec tes questions. Tu fais ce que je te dis et tu ne cherches pas plus loin. Ce sera tout. » et la communication se coupa. Will retint un juron, son frère avait toujours l’art et la manière de lui rappeler sa place.

Il quitta l’Hel’Dorado, et se mit dans l’idée de visiter quelque peu l’Increvable, histoire de faire passer le temps tout en inspectant les environs. Mais ce fut sans compter sur les Pykes. La voix de Sorem le tira de ses pensées :

« Eh, Butcher. T’es attendu en hauts lieux ou bien ça t’dis d’te poser tant qu’c’est tranquille ? Profites-en, ça va pas durer. »

Il était prêt à envoyer bouler l’invitation de l’alien, mais il se ravisa. C’était l’occasion de faire plus ample connaissance après tout. Aussi les suivit-il sans prendre garde à tout le tintouin qu’ils pouvaient faire en se déplaçant. Coté discrétion on repassera. Il fut invité à entrer dans une cabine d’une belle manière…Il se posa donc en face de Sombrêve, le fixant de son regard glacial aux teintes ambrées. Remontant légèrement son chapeau sur son front, il ouvre un peu son champ de vision pour tenir à l’œil le reste de la fratrie. Il réceptionne le cylindre envoyé par Far, il l’examina avant de le rendre à son envoyeur d’un geste vif.
« Je préfère garder les idées claires… » marmonna-t-il toujours sans la moindre expression faciale ni émotion dans sa voix.
« J'suis curieux d'savoir c'que ton boss peut bien avoir à foutre du vieux To et d'son bouiboui spatial pour s'mitoner une pagaille pareille ? »

Will se posa sur le lit en se calant assis contre un montant. Étirant ses jambes en long qu’il croisa finalement au niveau des chevilles, tout comme ses bras au niveau de sa poitrine. Une position qui se voulait nonchalante. Malgré tout, il n’était pas inquiet plus que cela de la situation. Il se décida finalement à répondre au Pyke :
« Aucune idée…et je vais te dire, j’en ai rien à foutre. J’ suis pas payé pour chercher le pourquoi du comment. Il me dit ou et quand. Le pourquoi c’est pas mon souci. Ce qu’il se passe entre les Bothans et Monsieur Thornton…osef ».

Il soupira avant de finalement sortir une petite boite de métal argenté joliment décorée de gravures qu’il ouvrit, et en extirpa une cigarette. Puis il se saisit d’un petit cylindre en métal argenté et portant les mêmes décors que la boite à cigarettes. Il en dévissa l’extrémité, pour en sortir une allumette permanente qu’il gratta d’un coup sec contre le cylindre et alluma la cigarette, pour tirer une bouffée de tabac qu’il sembla savourer. Finalement, il tourna les yeux vers Sorem et d’un geste silencieux lui demanda s’il en voulait une.

« Et toi », finit-il par demander en tirant sur sa cigarette, « c’est juste pour le pognon que toi et tes gusses vous êtes là ? Vous êtes pas non plus des baby-sitters, et vous êtes pas juste des mercenaires...Alors...c'est quoi votre but? Vous éclater?»







Fâr Sorem
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Trop d'blabla, pas assez d'vaisseaux





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[Dialogues traduits du Bocce]


Dans le monde joyeusement sinistre de la pègre galactique, les règles ne sont pas écrites, pas plus qu’elles ne sont récitées aux jeunes initiés lorsqu’ils embauchent, au détour d'une vie de misère. Il faut les apprendre sur le tas, un pas après l’autre, le plus souvent en se cognant aux murs.

En refusant l’offre, 'Butcher' indique tacitement qu’il n’est pas de la partie, qu’il se met à l’écart. Ou pire : qu’il n’entre pas dans la combine. Et ça, c'est pas vraiment une bonne chose.

Je préfère garder les idées claires…

Au travers d'un calme un peu trop prononcé, d'une décontraction à toute épreuve, Fâr part d'un léger rire grinçant. Quelle idée ! Le pyke juge rapidement à l’attitude de l’homme qu’il n’avait fait ce choix regrettable que par pure ignorance. Il ne le quitte pourtant pas des yeux, sa curiosité maladive toujours camouflée par le masque.

C'toi qui vois, kxringe'.

Un léger sarcasme continue de serpente au fond de sa voix chantante. Pas une menace. En dépit des apparences, l'alien est trop subtil pour ça. Non : seulement un indice pour qui sait le lire. L'ambiance bizarre de la cabine s'alourdit de fumée, jusqu'à ce que leurs silhouettes affaissées sur les lits ne soient plus que des ombres vaporeuses.

C'est sans peine qu'un biologiste versé dans le domaine aurait reconnu le parfum âcre et capiteux du Glitterstim. Plus enivrante qu'une bouteille de rhum corellien. En prendre vous fait entrer dans une autre dimension, oui. Instantanément, intensément ! Mais après ? On dit qu'à la longue, les systèmes nerveux qui n'y sont pas adaptés finissent par fondre. Celui de Fâr, apparemment, ne risquait plus grand chose depuis un bon moment.

Aucune idée…et je vais te dire, j’en ai rien à foutre. J’ suis pas payé pour chercher le pourquoi du comment. Il me dit ou et quand. Le pourquoi c’est pas mon souci. Ce qu’il se passe entre les Bothans et Monsieur Thornton…osef

Mmmh.

Qu'il ponctue d'un ton appréciateur. Tu parles. Il tire négligemment sur sa nouvelle friandise, manquant de la consumer entièrement d’une seule traite.

T'sais quoi ? T’as bien raison, Butchy.

Commente-t-il en examinant avec une attention bizarre la cigarra qui termine de se consumer seules entre ses doigts. Encore un peu, et le reste de flamme ira lécher la peau turquoise. Le diminutif sonne d'autant mieux avec son accent exécrable.

C’t’encore l'moy's d’pas clamser trop vite, askip'.

Le ton rauque et feutré laisse entrevoir tout l'amusement malsain qu'il tire de ses propres réflexions vaseuses. C'est qu'il est drôle, en fait, l'humain, avec sa petite tête pointue de gizka famélique. On aurait presque envie de lui donner à bouffer ! Mais est-ce lui gratter le menton le ferait ronronner ? La question traverse réellement le large crâne alien de Fâr, et provoque une nouvelle vague d'hilarité maladive.

Après quelques notes discrètes, une nouvelle cigarra rend l'âme. La cendre se répand sur le drap en une multitude de paillettes mates. Fâr ne cherche même pas à chasser les quelques flocons qui s'incrustent sur les articulations de l'armure qui le couvre.

Il pourrait bien rester là pour le restant du voyage, p'tet bien.

Et toi ?

Ou pas. Ses yeux de chat se relèvent vers le visage blafard qu'encadrent quelques mèches noires. Voyant qu'il garde le silence, l'humain croit bon de développer davantage. Ce qui, de ce qu'en a vu Fâr depuis les quais de Hutta, semble être un exploit pour le type, dont le débit de parole doit en général avoisiner la température à l'extérieur de l'Increvable.

C’est juste pour le pognon que toi et tes gusses vous êtes là ? Vous êtes pas non plus des baby-sitters, et vous êtes pas juste des mercenaires... Alors... c'est quoi votre but ? Vous éclater ?

Fâr ne répond pas. Pas tout de suite. D'abord, on joue un peu, on jauge, on tâte. Les humains sont une espèce très commune dans toute la galaxie : il en a côtoyé des centaines. Celui-là a l'air un peu différent, et pour Fâr, être différent, c'est plutôt pas mal. Plutôt même... bien. Oui.

P'tet ben qu'oui. Ou p'tet ben qu'non. Qui sait ?

Mais l’idée que l’humain puisse passer de longues heures à leur imaginer un quelconque but cryptique est bien tentante. Les non-dits sont aussi importants que tous les babillages des ruelles, par ici. Tout un art !

Mais au fond, Butchy. Qu’on soit des mercos ou juste des fouteurs de merde, ça change pas grand-chose, pas vrai ? A part le tarif, 'tet ben.

Nouveau rire.

Tout c'qui peut t'intéresser sur not'matricule, c'est qu'on a maille sur Kessel, et qu'ça, c'est tout bénef. La vieille fourrure va d'voir ravitailler sa guimbarde spatiale, tantôt. Alors on va faire aussi une belle marge, tu vois ? Simple. Basique. Le biz' des familles, quoi, au calme.

Rien de tout ça n'est un mystère pour qui traîne sur Hutta. Le Boucher, lui, n'est sans doute pas du coin. Au travers du rideau blanchâtre de la fumée, la silhouette de la bothane qu'il avait asticotée plutôt paraît s'arrêter une courte seconde. Une seconde de trop. Il l'a vue.

Eeeh, miss veyssocomersiale ! Comment ça va d’puis cinq minutes ? Toujours aussi coincée ? J'ai d'l'obligeance à r'vendre, t'en veux ?

Les rires des créatures résonnent dans l'étroite cabine : sa tête vaut le détour, au moins. Sorem croit un bref instant qu'elle va entrer, leur gueuler une flopées injures dans un patois quelconque, leur dire qu'elle va rameuter la police, ou peut-être une milice à ses ordres. Mais en fait, non : elle se contente de les toiser d'un regard méprisant, et disparaît tout aussi vite. Ses pas finissent par se fondre dans le bruit de fond du vaisseau.

Mais c'est qui, c'te cave ?! La pute du capitoche ?

Croasse Mazef du haut de son perchoir, outrée de s'être fait dévisager au travers d'une porte. De base, elle n'aime pas les portes. Fâr non plus : il préfère les fenêtres.

C'quoi un capitouche ?

Kreiz, bordel de Hutt, ta gueule...

Pfff...

Sorem lève sa jambe caparaçonnée et l'expédie d'un coup brutal dans le sommier qui le surplombe. Mazef siffle de surprise.

Faites chier les chiourmes ! A baver comme des tanches ! Fermez-la un peu, ok ?!

Le silence revenu, il regagne sa position confortable et entreprend d'observer avec plus d'attention leur invité. Son long cou de serpent se tord avec grâce et il s'amuse, visiblement rodé au jeu, à dessiner de longs motifs énigmatiques à l'aide de l'épaisse fumée qu'exhalent les deux protubérances de son casque.

Tu cartonnes bien pour un ûmaanh’ji. D'hab, les oxtrovakh dans ton genre s'font plutôt discretos. Mais v'la't'y qu'tu t'enjailles ? C'est pour la bonne cause d'M'sieur l'Tonton ou d'en avait juste ta claque de croiser qu'des murs dans les couloirs ? Me dis pas qu'c'est parce que t'avais plus d'mines ?

Pas sûr que Chapeau ait envie de taper la discute. Mais Fâr est suffisamment nombreux à lui seul pour s'occuper lui-même de toutes les répliques du film. Le Boucher n'en a peut-être pas encore tout à fait conscience. Au bout de la troisième réplique, ça commence à être probant.

Et puis, comme si avoir une conversation décontractée entre connards était un crime, une alarme se met à hurler. Les couleurs fades de la cabine s'imbibent de rouge, et dehors, Fâr entend plus qu'il ne voit les bothans se mettre à courir dans les boyaux du vaisseau. Le pyke grogne, maussade. Son lit commençait à peine à être confortable, dans cette position.

Tssssss... Pas moy's d'bédave tranquille même au fin fond d'l'espace, sa race... C'est triste, j'te l'dit Butchy. La zermi, c'te rafiot !

Avec une souplesse surprenante, il se redresse, se campe de nouveau sur ses deux jambes en deux mouvements. Juste le temps pour l'homme au chapeau de comprendre, en examinant l'élégante boîte à cigarette entièrement vide devant lui que certains ne sont peut-être pas tout à fait dans ses moyens.

Allez les casos, on s'ramasse et on s'prépare à s'técla comme sur Hutta ! Avec le p'tit supplément "l'premier qui fait un trou dans l'blindage a perdu "! Go !

Sa gigantesque carcasse se plie dans le cadre de la porte, là où sa tête triangulaire explore les environs avec prudence. D'un geste leste, il dégaine sa paire de blasters et, armes en main, fonce dans le ventre de l'Increvable pour trouver l'origine de l'alerte.

Par là.

Au passage, le pyke n'omet pas de lever le canon de son arme, et sans même la regarder, fait taire cette "putain d'alarme de..."



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William Cavendish
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Il ne fallait jamais compter sur William pour mettre de l’ambiance, quelle qu’elle soit. Et quand on lui posait des questions, on pouvait espérer qu’il y réponde autrement que par un grommellement. Quelques fois, il pouvait même tenir une conversation. Mais ç’était quand il était de bonne humeur. Difficile à dire dans quel état il se trouvait à l’instant. Son visage restait impassible malgré le moulin à paroles qui lui faisait face et la fratrie peu docile. Sans oublier le fait qu’il était en train de jouer les baby-sitters à « Fourrure » pour le compte de son frère. Alors il avait plusieurs bonnes raisons d’être en pétard. Mais comme toujours, il demeurait imperturbable. Ses yeux mordorés, mais frigides, ne laissaient rien transparaître.

Mais William avait la courtoisie de répondre à l’Alien. Pourquoi. Il l’intriguait…C’était aussi simple que cela.

« Tu cartonnes bien pour un ûmaanh’ji. D'hab, les oxtrovakh dans ton genre s'font plutôt discretos. Mais v'la't'y qu'tu t'enjailles ? C'est pour la bonne cause d'M'sieur l'Tonton ou d'en avait juste ta claque de croiser qu'des murs dans les couloirs ? Me dis pas qu'c'est parce que t'avais plus d'mines ? »

« Thornton », rectifia Will sans relever la « blague » de Fâr sur l’effet jeux de mots. « Je suis un tireur embusqué…oui. J’utilise cette arme pour justement la discrétion qu’elle offre. Mais…s’il faut aller se salir les mains…j’hésite pas. » Il tapota sur le couteau qui sommeillait dans son étui, accroché à sa jambe. « A ton avis…pourquoi on m’appelle « Butcher », le « Boucher de la Czerka » ? C’est pas pour décorer. »

Un sourire s’était avait éclairé le beau visage de l’humain. Il obéissait aux ordres de son patron, c’était un fait, mais ce dernier lui donnait souvent carte blanche pour « régler » les missions.

« Tuer quelqu’un c’est une chose. Mais lui prendre la vie en le regardant bien dans les yeux pendant que ta lame s’enfonce dans ses chairs et que son sang chaud s’écoule…C’est autre chose… »…Il eut un temps de réflexion…et finalement termina son propos : « Aucune chasse ne vaut la chasse à l’homme, et ceux qui ont longtemps chassé des hommes armés, qui ont aimé ça… ne trouvent plus jamais saveur à autre chose »…

Ce n’était pas de lui ces belles paroles presque poétiques, mais d’un auteur célèbre. Une preuve de la culture générale du jeune homme.

La conversation s’arrêta là. Car William se redressa, une alarme assourdissante venait de retentir dans tout le vaisseau. Il suivit les pykes, et la consigne de Fâr à sa fratrie n’avait rien de rassurant. Dans ces couloirs étroits, il ne pouvait utiliser son fusil. Il avait donc dégainé son blaster et suivait le chef de cette bande d’aliens. Pourquoi cette alarme avait retenti ? Il avait salué d’un signe de tête l’action de Fâr de la faire taire.

Alors qu’ils progressaient, quelque chose attira le regard de William. Il fit un signe à Fâr de poursuive sans lui mais un tapotement sur son oreille, ainsi qu’un code de trois chiffres esquissés avec ses mains lui permit de donner son code de fréquence pour son communicateur. Ainsi ils restaient en contact. William avançait prudemment dans la coursive étroite. Il arrivait à une bifurcation. Il leva son blaster, prêt à tirer mais un « bip » connu le dissuadé de le faire. Il baissa son arme en soupirant :

« Truc, tu abuses, j’aurai pu te faire de sacrés dégâts »

« Bibuboup. Bip »

« Oui j’avais entendu qu’il y avait une alarme ».

« Bububibo bibum »

« Il faudrait que tu te connectes à un terminal de sécurité pour remonter l’origine »

« Bipp bubom »

« Ok…alors va, et préviens-moi quand ce sera fait. Tu me guideras ».

William n’eut pas longtemps à attendre, son petit droïde se manifesta rapidement dans son comlink, pour lui indiquer le chemin à prendre pour remonter la trace de la naissance de cette alarme.

« Tu es sûr de toi ? » quand il annonça à Will l’endroit précis. La petite sphère flottante confirma. « Ok…comment j’y vais ». Il activa son comlink : « Ho, la tête d’hexagone, y’a une piste. Mon droïde t’envoie les infos ». Truc bipait les indications. William tournait tantôt à gauche, tantôt à droite. I faisait fi de ceux qu’il croisait et qui semblait paniqués à l’idée qu’il puisse y avoir un souci. Tout était possible ! Un abordage ? Un assassin ? William penchait pour la deuxième option. Après tout la Czerka pouvait parfaitement avoir un deuxième exécuteur comme lui. Afin de s’assurer que le travail serait fait et bien fait. Et déclencher une alarme précisément à cet endroit était une bonne diversion.

Finalement, William arriva devant le lieu indiqué par Truc. Dans le couloir juste en face, venaient d’arriver Fâr. Le Boucher indiqua la porte du « lieu de l’infraction » d’un geste. Il laissait à l’alien l’honneur de se jeter dans la gueule du loup.






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[Dialogues traduits du Bocce]



Tuer quelqu’un c’est une chose. Mais lui prendre la vie en le regardant bien dans les yeux pendant que ta lame s’enfonce dans ses chairs et que son sang chaud s’écoule…C’est autre chose…

Son titre, l'humain l’arbore avec une fierté un peu bizarre, une chose assez incompréhensible pour les pykes. On sent bien qu'il y tient, et que si ce n'est pas pour décorer, il préfère quand même qu'on l'appelle comme ça, le chapeau.

Aucune chasse ne vaut la chasse à l’homme, et ceux qui ont longtemps chassé des hommes armés, qui ont aimé ça… ne trouvent plus jamais saveur à autre chose !

Alors voilà quel genre de type il est, ‘Butchy’ et sa gueule de gizka famélique ! Un doux dingue, un frappé des étoiles, un marteau, une case de libre, comme on dit. Une des âmes bizarre et imprévisible qui se traine dans les ruelles sombres la nuit, le regard fou, à la recherche d’un loisir vivant, à l’affût d’une opportunité de commettre des choses parfaitement répréhensibles ! Le Boucher n’aime pas seulement les choses tout à fait répréhensibles : apparemment, il aime surtout quand elles prennent du temps. Ou bien il aime faire penser que c'est le cas, histoire d'éloigner les plus craintifs... C'est une technique ! Et la technique, ça se discute pas, ça se teste, à la limite.

Dans sa petite vie, Fâr en a croisé, des comme ça, d'un peu toutes les espèces, d'un peu partout. C'est pas un scoop, quand on grandit entre les tueurs à gages, les toxicomanes et les prostituées, on a un pourcentage de risque plus élevé que la moyenne de croiser quelques esprits 'originaux'. Les humains étant majoritaires dans une grande partie de la galaxie, ça ne le surprend pas d'en croiser un du même style. Il se demande simplement ce qu'un oiseau du genre vient à proposer ses coups de pétoires à la Czerka contre rétribution ? Après tout, en général, ils sont plutôt du style à n'écouter rien ni personne...

Fâr écoute sans écouter, à moitié présent. Toutes ces choses l’indiffèrent, sauf… sauf quand on peut s’en amuser. Là ! Là c’est autre chose, mon gaillard, quand la vie montre ce qu’elle a en réserve sous les aspects les plus incongrus ! Mais sinon ? S’enfermer dans une arrière-cour grise aux portes closes, où règne une atmosphère desséchée prisée des suicidaires, pour y dépecer un gamin ou deux sur des airs à faire pleurer les jours de pluie ? Il n’y a pour lui que les humains pour perdre leur temps avec des loisirs aussi creux. Chacun son métier, il n’est ni esclavagiste ni revendeur de viandes exotiques, et la torture n’est pas vraiment sa spécialité. En général, quand il faut tuer, c’est vite et bien, pas d’chichis. Mais, comme quoi, on peut toujours se dégoter un binôme sympa au tournant d’une vie : au fond, les petits talents de ‘Butchy’ sont sans doute assez complémentaires au sien ! L’idée lui plaît.

Classieux, ton marlou, Velk' ! Comment qu'il cause bien, hahaha !

Ronronne Mâzef. Elle n'a pas les bonnes références, comme sans doute tout le reste de son ingérable fratrie, pour comprendre que la phrase n'est pas de lui. Elle la lui attribue avec un mélange d'admiration et de moquerie infantile. Fâr hausse les épaules, tout à ses réflexions hilares qu'il a la décence, cette fois, de garder pour lui.

La salve de plasma atteint la gueule hurlante de l'alarme du couloir dans un énorme 'crac' suivi d'un trémolo de grésillements piteux. Sur l'instant, le geste de Fâr passe pour gratuit. Après tout, un débile agit de façon débile, la logique est sauve ! Eh, non ? Mais à bien considérer la chose, on se rend compte pourtant que le calme retrouvé dans les quelques mètres de coursive a un énorme avantage : on peut de nouveau écouter les cavalcades folles dans le reste du ventre labyrinthique de l'Increvable ! Tout en continuant d'avancer souplement vers l'origine du boucan.

Il s'est intensifié, depuis que le groupe a quitté sa planque improvisée. L’Increvable est pas le cargo le plus logeable – mais ça, on l’a déjà dit. Sauf que là, c’est autrement plus compliqué : les couloirs du vaisseau sont taillés pour les bothans, pas pour les pykes. Fâr est contraint de déployer toute sa souplesse et son agilité pour progresser à une allure raisonnable dans le labyrinthe qui constitue le ventre de l’appareil.

A intervalle régulier, il continue de réduire au silence les haut-parleurs qui couvrent les bruits alentours à grand renfort de gémissements électroniques. C'est que pour un peu, on s'entendrait plus penser au milieu de ce bordel !

Hé, Velky', qu'on fait oik' maint'nant, dis ?

C'pourquoi qu'on nous balance la thune, givelk' : taper dans l'premier qui veut la faire à l'envers au vieux To. Mais y a un truc qu'je pige pas...

Au détour d'une croisée des couloirs, il s'arrête net, juste à temps pour ne pas entrer en collision avec une fournée de mercenaires bothans qui arrivent de la proue. L’astuce ? L’ombre projetée de l’autre gusse sur le blindage en face… A quoi tenait un dentier, vraiment !

La stecor nous a pas sonné. Comment ? Tu parles, ça renifle l'traquenard à dix parsecs...

L'escorte pyke reste en effet tout à fait stoïque, rien d'anormal depuis l'espace. Sorem remarque alors que l'humain qui les talonnait depuis la planque a disparu des écrans radars. Il scrute une seconde les ombres dans leurs dos, mais rien, l'autre s'est fait la malle : tant pis, ça lui apprendra à être si peu vigilant... Ils avancent, la configuration des lieux ne leur laisse pas le loisir d'improviser une chorégraphie plus recherchée. Dans les couloirs adjacents, ça s'invective avec mauvaise humeur : on ne comprend pas d'où sort le signal, rien n'a été relayé sur le système central, bref c'est le bronx : le genre de situation merdique dont Sorem raffole. Visiblement, il est le seul... Pour un peu, on croirait à un bon vieux canular ! La chose amuse le pyke, qui laisse les mercenaires les devancer, réduisant l'allure à dessein. Au moins, ça se bouge sévère, sur ce tas d'ferraille, on peut pas dire le contraire !

Mais le souci ? Ils se rameutent tous en rang sur le même point, façon troupeau. Alors Fâr songe que les bothans, malgré toute leur malice, ont tous un comportement trop prévisible à son goût. Ils gagneraient à la jouer moins à la régulière, les fourrures ! Ce que lui compte faire, dans tous les cas ! Sa main droite considère quelques secondes le nombre de chargeur à sa disposition, tandis que son regard oblique calcule les ombres qui galopent contre les murs du vaisseau un peu plus loin.


Soudain, une des poches à sa ceinture prend la voix de Butchy le Boucher, avec un accent électronique pas si désagréable :

Ho, la tête d’hexagone, y’a une piste. Mon droïde t’envoie les infos.

Sorem met une brève seconde à comprendre. Avec un claquement de langue désapprobateur, il considère la proposition du Boucher avec un brin de sarcasme. Bien sûr, c'est pas en faisant équipe sur le tard trois minutes cinquante avant l'embarquement que son tout nouveau et fortuit partenaire de jeu pouvait deviner qu'il ne parlait pas le droïde. Étonnant, dans une galaxie si technologique ? Pas si l'on considère que les pykes sont plutôt adepte du fais tout toi même si tu veux que ce soit bien fait. Et Fâr, dans sa crânerie crasse, ne diffère pas vraiment du standard de son espèce : du moment que les machines ne se mettent pas en travers de son chemin, il sait les laisser tranquilles.

Droïde, hein ? T’fatigue pas, j’ai zappé d’prendre bécane troisième langue quand j’étais sur Shaddaa ! Et pis j’les ai toujours préféré en pièces détachées, ces p’tites bestioles. Les Jawas payent bien pour ça !

Un son bizarre lui répond à travers le communicateur. La chose se met à babiller des trilles synthétiques comme un type accoudé au comptoir d'un bar mal fréquenté :

Bah quoi ? J't'ai xevé, la blinque ? T'as la haine qu'un orga' te clashe ou oik's ? Ziav, allez, arrête de brailler, j'pite quedal, c'est mort !

Le droïde de l'humain continue son monologue au travers du communicateur, que le pyke a laissé allumé au creux de la poche, plus par jeu que par réelle envie de comprendre les indices pourtant précieux que la machine s'échine à lui donner. Après une dizaine de minutes qui auraient pu lui être épargnées s'il avait eu le décodeur, Fâr croise finalement le reste du gang, revenu par le hangar. Regroupés, ils reprennent en sens inverse, continuant de fracasser consciencieusement les alarmes. Cette fois, parce qu'il est inutile pour eux de repasser par un couloir où elles sont déjà en piteux état, leur évitant malgré leur idiotie de façade de tourner en rond.

Arrivé au centre du vaisseau, il devient évident que la source du problème se situe sur bâbord. Quelques bras armés de To s'y hâtent, délaissant momentanément leurs postes. Sans s'interroger plus que raison, les pykes envisagent de les suivre, s'économisant une nouvelle partie de j'ai-pas-les-plans dans le vaisseau. D'un signe, il indique à sa fratrie la direction à prendre : on suit le mouvement. Rapide, la troupe converge vers une impasse, à proximité des quartiers de nuit, à l'opposé de leur cabine attitrée.

Par un double coude du boyau par lequel ils débouchent, Sorem et consort se retrouve au devant des bothans, nez à nez avec le Boucher, venu d'en face. Fâr leur fait brusquement signe de se taire : dans le silence relatif du vaisseau privé de ses nombreux haut-parleurs, quelques bruits étranges émanent de l'impasse qui tient désormais toute leur droite. Éclairée par les lueurs écarlates, une unique porte, plutôt petite, comme il en existe des dizaines dans le coin... D'un échange de regard parfaitement muet, les deux criminels se mettent d'accord : le franc-tireur passe d'abord, le sniper reste à couvert. Le plan aurait pu fonctionner, c'était pourtant bien simple ! Sauf qu'ils sont loin d'être seuls, sur le rafiot - et c'est précisément à cet instant crucial que la bothan compagnie et ses invités décident de débarquer avec une demi-minute de décalage. Puisqu'il ne faut pas être universitaire pour comprendre que tout le monde met en joue la porte du fond, les mercenaires comprennent que leur détection initiale vient bel et bien de ce petit carré

Bon, deux options ! Soit on envisage de sceller ça en attendant un plan d'action coordonné du capitaine, soit on prend l'initiative d'une ouverture subtile et discrète en conservant une seconde ligne prête à faire feu si le danger se déclare !

Gronde celui qui a visiblement pris la tête du groupe.

Le porte-flingue considère rapidement ladite porte. Elle est étroite et pas franchement blindée : ce qu'il y a de l'autre côté ne mérite pas qu'on s’embarrasse d'un système de sécurité. Alors, pourquoi y passer six heures ? Autant faire vite. Conclusion d'un esprit radical et peu porté sur la poésie :

Ou alors, option trois : on s'fait pas chier.

D'un coup de blaster, Sorem fait sauter le mécanisme sans une once d'élégance. Certes, oui, d'une habileté et d'une vélocité tout à fait remarquables même pour un œil habitué, mais bon, soyons sérieux : un coup de blaster resterait à jamais un coup de blaster, quoi qu'on en dise ! Les 'bonnes vieilles méthodes' constituent cet incontournable vintage que rien ne vient démoder !

Et une bonne vieille méthode en appelant une autre, Sorem se déploie violemment contre ce qu'il reste du petit verrou magnétique, jusqu'à ce que son pied botté de plastacier heurte la porte avec toute la force de ses deux mètres de carcasse alien.

BLAM. La porte, toujours elle - qui n'a rien demandé mais s'en prend quand même plein la tronche dans cette histoire - s'ouvre à la volée, sous l'expectative agressive d'une dizaine d'armes mortelles. Son seul tort ayant été de faire obstacle à une bande de défenseurs stellaires improvisés face à ce qui se trouve derrière.

Grand silence.

Euh...Euuuuh...! Le... Le voyant était rouge, les gars...! C'est... occupé.

Sourire gêné.
Eh bien un bothan qui sourit, c’est plutôt moche, figurez-vous. Alors avec le futal en bas des pattes, c'est pire.





'Tain, comment ça commence à m'zéref ces conneries !

Pas autant qu'moi, merde, j'étais calée...Pfff...

Eh, savez quoi ? L'prochain qui s'oublie sur un détecteur, ziav' on'l'bute direct, même pas il bave qu'il est déso' !

Encore une fois : vous ne descendez personne sur mon vaisseau. Personne qui ne soit pas identifié comme un ennemi, tout du moins.

Ouais, ouais... Eh, l'Père la Nuance, fais pas crari t'as moy's de t'la donner parce que t'es l'tolier d'la baraque ! Va plutôt tenir les panouilles qui déglinguent c'te zingue d'ses morts, qu'on puisse arriver un jour ! J'te garantis qu'si on doit l'ver nos tarmas encore une fois ce s'ra pas qu'pour foncedé une putain d'porte. Bien cordial'ment, hein ? Sans dec'.

Maintenant que vous m'avez nettoyé les couloirs, j'espère qu'on aura pas de VRAIS problèmes ! Parce qu'on est mal ! Et j'imagine que vous avez prévu de me rembourser les dégâts ?

Que tchi, ekxjalà ! T'as précisé l'résultat, t'as pas précisé la méthode ! Alors la méthode, c'est nous.

Sur ces entrefaites, la seconde escale de l'Increvable approche : ce n'est plus qu'une question d'heures avant que la mauvaise troupe spatiale n'amorce sa sortie de l'hyperespace vers Saki. Planète banale pour cette portion de la galaxie, elle ne diffère de Hutta que par son climat et... ses locaux. Mais pas vraiment par ses mœurs, ni par la qualité de ses infrastructures ! Les sakians sont connus pour être d'excellents tueurs, dans le secteur. Qui pensait que la mise en bouche sur les quais des brumes allait suffire ? Tout paraît de nouveau normal à bord, les voyageurs ont regagné leurs postes, mais une drôle d'ambiance règne désormais. Les regards qui se croisent dans les couloirs se font plus méfiants, et l'agitation causée par le déclenchement des alarmes a désorganisé une partie du vaisseau.

Ce n'est pas du tout le type d'instant dans une vie où les emmerdes aiment s'immiscer, pas vrai ?


Hey, Kava' : tu m'reçois ?

Cinq sur Cinq ma biche ! Alors, ça ressemble à quoi vu d'en haut, dis ?

C'est toujours aussi moche. Mais dis voir : on a un saut en esp' conven' sur les talons, p'tet bien ! J'me fais peut-êt' des idées, mais ça pourrait bien nous avoir reniflé, cette affaire. Faudrait pas qu'on s'fasse trouer en tentant s'amarer, ok ? Il reste à distance, c't'enfoiré, alors j'peux pas savoir, mais on est sur le coup.

Mh, ok, j'vais brasser à tête de poils et à son nouveau garde du corps. Cimer, on s'bip à l'occaz' !

L'appel à peine raccroché, Fâr plante derechef le reste du gang sur la salle des commandes, et entreprend de regagner la cabine de pilotage. Le Boucher est de nouveau parti en vadrouille, et l'Increvable paraît plus crevé que jamais.


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William Cavendish
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Il ne comprenait pas. Un type dans les toilettes qui avait déclenché une vulgaire alerte ? C’était juste cela ? William fronçait encore les sourcils, cherchant encore, au bout d’un long moment, comment une telle chose avait pu se produire ? Sa perception des choses étant différente de personnes dites « saines », il était incapable de rationnaliser ce qu’il venait de se passer.

Il y pensait encore alors qu’il avait laissé les Bothans et les Pykes se prendre la tête. Il avait besoin de tranquillité, de calme…de solitude. Tout ces aliens faisaient tant de bruit. Il s’était posé dans une salle de repos, et avait entrepris de nettoyer ses armes sous les yeux curieux des Bothans présents. Impassible malgré les yeux braqués sur lui, William avait commencé par son blaster. Il en avait profité pour capter quelques conversations.

« Parait que ce con de Rogrim s’est fait pincer à fumer dans les chiottes. »

« Ca devait bien arriver un jour. Je lui avais dit qu’il allait finir par déclencher une alarme avec ses conneries ».

« Vous avez vu la réaction des Pykes ? »

« Ils sont complètement cinglés.»

« Ils ont mis un sacré merdier… »

« Chut »…fit l’un d’entre eux en désignant d’un coup de tête William. Il avait aiguisé son couteau avec grand soin et vérifié l’efficacité de la lame. Il gardait toujours le meilleur pour la fin. Son fusil. Cette arme conçue par la Czerka suscitait généralement bien des interrogations dans le regard de ceux que le « Boucher » pouvait croiser. Et cette fois ne fit pas exception. Et les Bothans le hélèrent :

« He ! Sacré pétoire que tu as là…On dirait un de ces trucs qu’ont les Hommes des Sables ».

William leva son regard glacial vers eux mais ne pipa mot, continuant de démonter chacune des pièces de son précieux et adoré fusil. L’un des aliens à poils, plus « téméraire que les autres » s’était approché.

« Ho…l’Humain, t’es sourd ? »

« Non »

« Ha, il sait parler ! On commençait à avoir des doutes vu que tu nous a pas répondu ».

« Je n’en voyais pas l’intérêt ».

« T’es en train de nous snober ? » Un autre Bothan s’était levé pour s’approcher de William, il semblait…agaçé. Son comparse le retint.

« Nan, calme-toi, parait qu’il a pas la lumière à tous les niveaux »
et il pointa son doigt en direction de sa tête comme pour montrer l’origine du « problème » chez William. Pour toute réponse ce dernier avait continué de les ignorer.

« Mais regarde-le, il prend même pas la peine de répondre ! »

« Laisse tomber je te dis…Il est taré…allez les gars c’est la fin de la pause. On s’arrache ».

William se retrouva à nouveau seul…Il avait entrepris de nettoyer chacun des composants du fusil, dans un silence de plomb. Jusqu’à ce que « Truc » fasse irruption dans la pièce.

« Bibubup ! Bubobom ! Bip BIP BUM! »

Il n’avait pas l’air de bonne humeur…si on peut considérer que la petite sphère était capable d’avoir véritablement une « humeur » dans le sens où on l’entendait. William ne lui accorda pas un regard. Concentré sur son travail. Ce qui eut pour conséquence de faire rager d’avantage le petit droïde.

« Bobibum ! Boup BUMBIBO !! »

« Je t’avais entendu… »

« Bib Bumboup ? »

« Il va falloir t’y faire. On travaille avec eux. » Tenant le canon de son fusil devant ses yeux, Will vérifiait qu’il n’était pas tordu ou qu’il n’y avait pas de trace qui risquerait de fausser ses tirs. « C’est que pour cette mission… »

« BIBUBOP ! »

« Je sais… j’ai entendu quand il t’a appelé « la blinque ».

« Bibibibubouboooommm » finit par piailler dans un genre de lamentation le petit droïde…

« Mais non il ne va pas te revendre à des Jawas en guise de pièces détachées…Il plaisantait. Enfin je crois. »

« Bibiboumbooo »

« Mais oui je l’en empêcherai… »

Ou pas. Ce genre de chose n’atteignait pas du tout William. Satisfait de son travail, le jeune homme entrepris de remonter son arme. On aurait qu’il faisait un concours de vitesse, comme s’il était chronométré. Un vestige de ses années d’entrainement militaire ?

Le temps avait filé plus vite qu’il ne l’aurait cru, et alors qu’il terminait de vérifier les munitions de son fusil à projectiles, Sombrêves avait surgit pour lui signaler qu’ils étaient en approche de Saki. Il lui fit part également de la présence d’un vaisseau étrange. De quoi faire froncer un peu plus les sourcils de William.

Saki, un monde luxuriant par sa végétation tropicale qui prospérait sous la protection de son ionosphère. William n’aimait pas les climats de ce type. Trop humide. Il avait fini par s’habituer à la chaleur étouffante et aux tempêtes de sable de Tatooine. Il n’avait aucune envie de s’éterniser. Le fait qu’un vaisseau les poursuivait potentiellement le « perturbait ». C’était un bien grand mot, disons que cela l’interpelait. Il ouvrait l’œil, prêt à intervenir. Mais aussi surprenant que cela puisse paraître, le ravitaillement sur Saki se déroula sans encombre.

Cette histoire de vaisseau détecté par les Pykes était-elle une fausse alerte ? Seul l’avenir pourra le dire.










Fâr Sorem
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Trop d'blabla, pas assez d'vaisseaux





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[Dialogues traduits du Bocce]

Sorem tombe sur sa trouvaille humaine du moment, affalée dans un coin, en grande occupation. Le type avait apparemment jugé que sa pétoire rutilante avait encore besoin de soins, même si on pouvait déjà se voir dans le reflet du canon. Alerté par le bruit de ses pas, l'humain relève le nez, et Sorem échange brièvement sur ce qu'il vient d'apprendre. Cette fois, pas de demande étrange, ni de pillage de poches : le pyke laisse le sniper s'occuper de son bijou avec un détachement inhabituel.

Au passage, il gratifie la sonde droïde d'une tape qui la fait dangereusement osciller dans l'air. Un droïde qui s'offusque, c'est quelque chose ! Le monologue de Truc dure une bonne minute de plus, ponctué de commentaire sur l'incurie des organiques, qui, faute de retranscription, resteront à jamais ignorés des grands esprits de cette galaxie.

Not'traceur est toujours là. Il décroche pas, il reste hors de portée.

Mais rien. Le vaisseau reste à distance, ne manifeste aucune intention hostile malgré son évidente tendance à les suivre. A croire que son but est de les rendre fous.

Seulement, l'avertissement de leur escorte a suffi à insinuer le doute chez les bothans. Un poison lent et insidieux qui ne tarde pas à se diffuser aussi dans l'esprit de To : depuis qu'il a quitté Bothawui, l'Increvable n'a connu quasiment que des désagréments. D'abord, des imbroglios administratifs à n'en plus finir, alors qu'il avait fait son possible pour que tout soit en règle à l'avance, afin d'honorer le plus rapidement possible son marché ! Ensuite, des retards inadmissibles à l'embarquement des cargaisons, pour lesquels on lui avait donné les pires prétextes... Pour finir, cette attaque sur Hutta, alors qu'il avait tout fait dans les règles pour ne pas être inquiété. Et maintenant ? Quelle suite improbable les attend sur la dernière partie de cette course, alors qu'elle est à bien des égards la partie la plus délicate ?

Tout ceci ne lui dit rien qui vaille, et la suspicion permanente de Fâr n'arrange rien. Quelqu'un, quelque part, doit faire en sorte que ce voyage tourne au cauchemar. Même les couloirs familiers de son bon vieux cargo lui paraissent désormais hostiles. A-t-il vraiment bien fait, d'ailleurs, de demander l'aide de gangsters aussi instables ? Et ce type, tout seul, qui les suit avec des airs de fantôme : a-t-il dit toute la vérité ? On aurait difficilement rêvé pire attelage. Retourné à son poste de pilotage, le vieux Koyha cogite.

Il n'est pas le seul : privé de toute action notoire, les esprits gambergent. C'est paradoxal : quand on est dérangé par l'action, on voudrait revenir à son repos, et puis quand on est dérangé par le repos, on prie pour retrouver un peu d'action. Les heures qui suivent la crise de panique provoquée par l'incendie imaginaire des toilettes au fond à droite paraissent, par contraste, d'un ennui sans fin à Sombrêve. Pas le moindre petit incident.

Tout le monde à son poste, le vaisseau s'active comme les arrières cuisines d'un grand restaurant un soir d'affluence, chacun à sa tâche, et eux, mercenaires désœuvrés, se mettent à tourner en rond. Laisser des pykes tourner en rond est rarement une bonne chose, tout simplement parce qu'un pyke tourne rarement rond tout seul tout court.

Ping.

Dix points.

BIBOM BIP BUM !

Ding.

Dix points.

Bobum bibobobobobibom bi bom ! BUM BIP BIP !

Ping.

Dix points. T'es vrem's naze, Machin.

BUMBIBIBO BOBUM !

Lassé de jeter indéfiniment ce qui lui passe sous la main sur un Truc rendu hystérique par ce jeu cruel, Fâr décide de faire un nouveau tour de propriétaire pour dégoter de quoi tuer le temps. Il retrouve leur ancienne cabine, où Mâzef et Kreiz on de nouveau élu domicile. Mais il ne s'y arrête pas. Il traverse l'intégralité du vaisseau à vive allure, croise ci et là les regards suspicieux des bothans, peu prompt à le laisser en liberté dans leurs quartiers. Sans soucier de rien ni de personne, le pyke rallie l'objectif qu'il a en tête : le hangar où est sagement resté stocké le vaisseau déglingué du tireur, ainsi que les centaines de caisses d'armement rangées de part et d'autres de l'immense soute. Son regard attentif fait le tour du propriétaire, bien plus en détail que lorsque leur arrivée avait laissé la foule des mercenaires galoper dans les allées.

Qu’es'c'tu fous, Velk' ? J’croyais qu’on devait matonner la vieille branche poilue, là-haut ?

J'profite de l’accalmie pour mater un ep'la raison pour laquelle il nous yèp : c’est ça, qu’on doit rendre aux Kubaz. Et la sécu' est pas vrem's gaillarde, à c'quej'zieute direct.

C'est ici, en réalité, que se cache le seul véritable intérêt que peut représenter l'Increvable pour ceux qui voudraient attaquer ce convoi : plusieurs tonnes d'armement dernier cri issus des industries bothanes. De quoi faire tourner un beau commerce pendant plusieurs années pour qui sait revendre le tout au marché noir. Dire que la tentation de se servir n'existe pas pour Fâr serait mentir. Est-ce que les bothans ont réellement fait un invertaire de la totalité de leur cargaison ? La malice voudrait qu'on s'en assure.

Sûr qu’avec ce matos on pourrait faire bien mal ! Tu crois qu’on peut miner, genre au cas où les reutis s’pointent pendant la pause ?

C’pas une mauvaise idée ! Faut juste faire ça bien : pas d'dégats au hasard, et ça, c'est pas gagné avec leur empilage random.

Tu mises qu'ce vieux tas d’ferraille va encore rameuter du monde ? Après la zermi d’Hutta ?

Saki est pas vraiment l'bon endroit pour frapper. Mais on sait jamais, des cons, frangin, y en a partout ! Alors autant prendre de l'avance, ok ? Viens y voir.


______________


A tout l'équipage : nous quittons l'Hyperespace ! Préparez-vous à descendre en atmosphère, Saki est notre prochain arrêt.

Leur escale ne dure finalement qu'une maigre demi-journée. L'atterrissage sur Saki se fait dans une atmosphère bizarre, inhabituelle pour une telle compagnie. Tout le monde est tendu, on anticipe les emmerdes, les regards scrutent tout et tout le monde à la recherche du moindre indice d'un coup semblable à celui de Hutta.

Koyha n'a pas pris davantage de précautions sur ce nouveau spatioport que sur le précédent. L'Increvable est donc attendu sur ce nouveau point de ravitaillement, en plein territoire disputé entre les Kajidic. S'aviser de croire qu'on est en sécurité parce qu'on a payé les uns sans payer tous les autres, n'est jamais qu'un parfait pari. Mais Fâr trouve l'effronterie de To amusante : le bothan fait preuve d'un certain panache, à vouloir tracer sa ligne droite au travers des contrées les plus mal famées de la galaxie. Cette traversée en un temps record pourrait un jour lui valoir quelques bons récits, s'ils s'en sortent.

Sur le tarmac, les négociations avec les mains des Hutt se déroulent rapidement, sans autre accroc qu'un quiproquo sur le rachat d'une partie de l'astroport. Koyha, son équipage, ses mercenaires, se déversent sur le quai étroit, où ils n'ont cette fois pas le luxe de bénéficier d'un hangar particulier. Toujours nerveux, le capitaine accepte de laisser quartier libre aux équipes, à la seule condition qu'un roulement efficace soit mis en place.

Profitant du mutisme du tireur embusqué, Fâr, grande gueule, lui colle d'office le premier quart sur le dos, et disparaît dans la nuit, en direction du centre ville rocambolesque de Ridgetown Square. Les pykes ne réapparaissent qu'à la nuit tombée, ayant laissé mercenaire et Czerka se partager la garde de l'Increvable pour trois bonnes heures.

Les réservoirs affichant complet et le rembarquement terminé, on commence à croire que, finalement, le plus mauvais est passé. Ne reste plus qu'une seule escale avant Kubindi : Kessel. L'escorte pyke devant, l'Increvable fend l'espace en direction de l'Akkadese et ses légions de trous noirs.


______________


A l'approche des premières anomalies spatiales, pourtant, Sorem gagne finalement son pari. Détecté par les vaisseaux pykes, une dizaine d'assaillants font irruption depuis l'Hyperespace alors que l'Increvable s'apprête à y entrer. Coupant de fait le convoi dans son élan : manœuvre bien connue des pirates, elle laisse néanmoins les occupants du cargo déstabilisés. Pour qu'une telle approche puisse avoir lieu, il faut nécessairement que leur position et leurs paramètres de vol soient connus !

Le vaisseau inconnu sur leur talon n'était sans doute qu'un leurre, un mouchard destiné à servir de relais. Il est maintenant trop tard pour tergiverser davantage !

Attaque ! Attaque ! Sortie d'hyperespace en dessous du seuil critique ! On s'est fait avoir ! A l'Increvable, sortez l'artillerie, va falloir passer en force !

Les mots, lancés depuis les haut-parleurs du cockpit, résonnent dans un silence de mort. To s'arrache les touffes des oreilles, tandis que les pilotes bothan se mettent à discourir sur la tactique à mener pour tenter d'échapper au piège. Fâr relève la tête, visiblement le seul à trouver quelque chose de drôle dans cette histoire :

Ah ! Bah, voilà ! J'me disais bien qu'ça allait finir par arriver.

L'un des bothans passe la tête à travers l'encadrement de la porte :

Capitaine ! On a un énorme problème: tout une partie de notre armement semble avoir été désactivée par un protocole inconnu ! On a plus de canons frontaux !

La nouvelle fait l'effet d'une bombe. La stupeur est totale :

Désactivé ?! ... C'est impossible...! C'est une blague ! Ce vaisseau a passé toutes les visites techniques avant son départ ! J'ai personnellement supervisé toute les vérifications, j'ai contrôlé chaque millimètre carré de ce cargo ! Il n'y a qu'une seule explication : nous sommes victimes d'un sabotage !

Un murmure stupéfait et consterné noie la cabine de pilotage. Voilà qu'on veut débattre du quoi et du comment : Fâr lève les yeux au plafond. Sûr qu'avec autant de bons réflexes en cas d'attaque, la To compagnie n'avait pas eu à essuyer beaucoup d'ennuis similaires par le passé ! Visiblement, en vingt ans de carrière, l'Increvable avait soit joui d'une chance incroyable, soit bénéficié d'un autre type d'aide. Sorem penche davantage pour la seconde option, mais il garde sa réflexion pour lui. Il se contente de noter :

Avec un peu d'chance, on peut les semer et tracer à travers la Gueule. Y nous suivront jamais.

Je crois que malheureusement, il est trop tard pour envisager ce genre de stratégie ! Ils sont trop proches, on a pas autant de manœuvrabilité pour pouvoir les éviter ! Il nous faut nous préparer à défendre ce vaisseau coûte que coûte ! Je ne peux pas envisager de perdre une seule once de ma cargaison à cause d'une bande de pirates...

Tu perdras rien du tout.

L'assurance dans la voix synthétique fait tiquer le bothan. Son inquiétude transperce même l'épaisse toison de poil qui couvre son visage allongé. Fâr continue d'interchanger ses chargeurs avec une décontraction dramatique compte tenu de l'urgence :

T'as plus d'canon ? Bah c'est parfait : les mecs vont s'dire qu'c'est open bar, rush sur l'bifton, c'est gratos c'te night ! Alors bah... on va faire en sorte qu'ce soit open bar, et ils vont rappliquer bien comme on veut qu'ils rappliquent !

Je ne vous suis pas !

Ok, toi t'as jamais eu à branler des guets dans les sout's pour poutrer du kasos à dix contre un, pas vrai ? J'vais t'montrer comment on dézingue à l'ancienne. Deal ? A charge de r'vanche, cap'tain j'me pointe comme une fleur. J'espère que t'avais aussi prévu d'refaire la déco, parce que c'te fois, y a pas qu'tes putains d'alarme qui vont pleurer misère !

Les oreilles de l'alien trahissent sa stupeur lorsqu'il saisit l'idée :

Attendez. Vous voulez qu'on les laisse nous aborder ?!

Tu l'as dit : la stecor va flinguer leurs chasseurs, mais l'gros tas derrière est trop près et tes bat'ries sont nazes, donc zéro barrage, on s'ramasse tout dans l'pif. Pirate un, nos gueules, zéro. Sauf qu'leur but est pas d'nous trouer, mais d'se servir à bord ! Alors le seul moy's d'gérer la crise, tu vois, c'est d'êt' plus malin, ok ? Amène-les nous sur not'terrain, ils s'attendent pas à s'faire piéger : à c't'heure, ils doivent êt'guèze d'leur p'tit coup d'pute et penser qu'on panique comme des tanches. Sauf qu'c'est pas l'cas, et on va s'marrer un coup s'ils débarquent quand on les y attend.

Le type est beaucoup trop sûr de lui au goût de To. Mais à tenter de trouver des alternatives, il ne fait que donner du temps aux adversaires. Dilemme : en désespoir de cause, le bothan avise le visage pointu du tireur de la Czerka :

Vous en pensez quoi, vous ? Vous pensez qu'on a une chance, avec un plan pareil ?

Le bon sens lui dit que non. Sauf que cette fois, il n'était pas question de compter sur des barricades pour leur faire écran. Alors, tenter le tout pour le tout ?

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William Cavendish
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C’était trop beau…pas d’attaque sur Saki. Il fallait bien que cela dégénère à nouveau. Il y avait, semblait-il, une taupe à leur bord. William restait impassible, comme de coutume, tâchant d’analyser au mieux la situation. Il avait écouté l’idée du Pyke…mais Koya ne semblait pas se réjouir de laisser leurs assaillants les aborder. Il sollicita l’avis de Will. Ce dernier regardait tour à tour les interlocuteurs qui lui faisaient face. Se pourrait-il que ce soit l’un d’entre eux le traitre ? Ils le soupçonnaient surement également. Un type comme lui, secret et silencieux. Il était le parfait bouc-émissaire.

« Hé bien ? » insista Koya., comme s’il s’imaginait que William allait lui sortir une stratégie aux petits oignons. D’un geste, William attrapa la lanière qui maintenait son fusil dans son dos, faisant basculer l’arme au long canon pour la prendre à pleine main. Le geste était élégant et sans bavure.

« La meilleure façon de savoir si c’est une bonne idée, c’est de tenter » répondit simplement le Boucher de la Czerka. Il avait levé les yeux vers Fâr, et hocha la tête pour lui signifier qu’il validait son idée. Après tout, tuer des gens c’était ce que William faisait de mieux.

Le Bothan poussa un soupir de résignation…Il s’éloigna avec ses hommes, laissant les Pykes et l’humain mettre en place le plan d’embuscade.

« Y'en a pas un pour relever l'autre...Il vont me déglinguer le vaisseau… Ca va couter une fortune en réparation...si seulement on s'en sort...Quelle misère...»
gémissait le capitaine Bothan…

« Ils sont complètement tarés ! »

« Je sais. »

« On va se faire tuer ! »

« Je sais ! » s’exclama Koya en se tournant vers ses aides, « vous avez une autre stratégie à proposer ? Parce que moi je n’en ai pas ! Je mise sur le fait que ces gars sont complètement cinglés pour justement espérer qu’ils ont une toute petite chance de réussir ! »

« Qu’est-ce qui nous dit que la taupe n’est pas l’un d’entre eux ? »

Koya To soupira…Il n’avait aucun moyen de s’en assurer…

« Je ne sais pas…nous n’avons pas le choix… »

« Les Pykes sont grassement payés…ils n’ont pas d’intérêt à nous trahir… »

« Sauf s’ils ont décidés de nous la faire à l’envers… »

« Il y a le type de la Czerka. »

« Il est envoyé par un de mes amis…Je ne pense pas que Cole me trahirait… »

« Mais lui…ce type…il est si fidèle que cela à votre ami ? »

« Cole n’enverrait pas n’importe qui…il a envoyé un de ses chiens les plus enragés, celui en qui il a le plus confiance pour faire un travail de ce genre. »

« Cela ne peut être un des nôtres ! »

« Difficile à dire…Nous ne devons pas laisser cette taupe nous diviser. Tôt ou tard le responsable se trahira…et alors nous le débusquerons. Il faut nous préparer à toutes éventualités ! ».


De leur côté William et Fâr tachaient de se préparer au mieux.

« Tu as conscience qu’ils sont vachement plus nombreux que nous ? » signala William au Pyke. Ce n’était pas que le Brentaalien craignait pour sa vie, mais il était évident qu’ils étaient en sous-nombre. « Faut qu’on les amène sur nos territoires ». Il désigna son fusil : « il me faut une position en hauteur… » …Et le meilleur endroit pour cela : le hangar. Il était vaste. Les containeurs où sommeillait la précieuse cargaison étaient empilés avec soin. Ils allaient constituer un terrain de jeu de choix pour le sniper qu’était William. L’éclairage n’était pas des plus optimale, Koya n’avait pas forcé sur la facture de réparation ses spots. Ce n’était la pénombre, mais il y avait des zones d’ombres, favorable pour un tireur embusqué désireux de se faire discret le plus longtemps possible. Sans oublier que son fusil avait la particularité, comme beaucoup d’armes à projectiles, à ne pas faire d’éclat lumineux susceptibles de révéler la position du tireur. Ce qui était d’autant plus appréciable.

La tactique – si on pouvait appeler cela comme çà – qu’ils avaient mise au point était simple : utiliser les compétences de chacun pour s’en sortir. En face ils étaient en surnombre. Et Fâr débordait d’imagination pour réduire leurs rangs. Il était possible qu’ils ne s’attendaient pas à trouver des types comme Fâr et William. Ils pouvaient donc éventuellement compter sur l’effet de surprise. William devait se positionner, compter sur le Pyke pour jouer les « fouteur de merde » dans leur rang, les poussant jusque lui. Le jeune humain n’était pas un fin stratège, mais il connaissait ses capacités, et ses propres failles au combat. Il comptait également sur Truc pour le tenir informé de l’évolution de la situation.



« Ils nous abordent ! L’ennemi est dans la place !! »
avait retenti dans l’intercom la voix en panique de Koya.

William avait gravi les containers pour se positionner en hauteur. Il avait repéré un trajet sur les sommets des énormes caisses pour bouger au mieux, et ainsi changer d’angle de tir et ne pas s’exposer outre mesure.

« En position »
indiqua-t-il simplement à Fâr dans le comlink. De là où il était, il pouvait aisément faire un massacre avant d’être inquiété. Il était rapide, et à cette distance, il était rare qu’il manque sa cible. « Amène-les-moi et je vais te montrer comment je me débrouille avec ce fusil… ». Une sorte de défi lancé par le Brentaalien à son comparse Pyke.

Il entendait des cris, des galopades lui parvenir…Ils approchaient. Il était prêt ! Prêt à faire feu !










Fâr Sorem
Fâr Sorem
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Trop d'blabla, pas assez d'vaisseaux





______________
[Dialogues traduits du Bocce]


Certains jours, on préférait rester au pieu. Quand la pluie tombe à seaux entiers dehors, quand il faut aller bosser dans la neige ou avec un rhume carabiné... Quand une horde de pirates enfonce les écoutilles à coups de canons laser. Ce genre de journée-là, oui !

Quand les groupes se forment et que la cabine finit de se vider, Fâr avise l'humain, main à son arme, qui lui fonce dessus d'un air contrarié :

Tu as conscience qu’ils sont vachement plus nombreux que nous ?

Un ep's, mais t'sais oik' ? Êt'à six mille quand t'rentres qu'à dix, c'est ultra con. Parc'que l'mec de derrière... eh bah l'a plus d'chances d'te trouer toi, que d'cartonner en face, tu vois ?

Son index tapote avec amusement le côté de son casque. Le type au chapeau a l'air de saisir, son regard s'éclaire d'une lueur nouvelle. Mauvaise, bien sûr.

Faut qu’on les amène sur nos territoires. Il me faut une position en hauteur…

Y a pas trente-six planques où qu'on trouv'ra ça, ma gueule. T'sais c'que ça veut dire ?

La soute.

Fâr exhale un nuage ocre avec un 'mh' appréciatif.

J'spère qu't'avais pas piscine ? Allez, on bouge.

Dans la cabine de pilotage, on serre les dents : pas sûr que ça se passe si bien que ça. Au travers du cockpit, les paires d'yeux ont guetté le moment fatidique où les deux blindages entreraient en collision. En première approximation, To est forcé d'admettre que pour l'instant, l'idée des deux électrons libres n'a pas l'air si décalée. Les flibustiers de l'espace n'ont pas tiré plus que nécessaire, et si l'escorte a bien donné la chasse aux vaisseaux légers comme entendu, elle n'a pas pu être d'une aide terrible pour empêcher le plus gros poisson d'effectuer sa manœuvre meurtrière contre le flanc cabossé de l'Increvable. Tout le personnel de bord tressaute quand le pont d'abordage défonce sans aucune légèreté la passerelle d’arrimage.

Dans le hangar, c'est le silence : plus personne. Enfin, juste en apparence ? En réalité, tout le monde s'est planqué, et selon un schéma qui s'est finalement voulu comme un savant assemblage des idées du vieux capitaines, de ses seconds, de la clique des Sorem et de the Butcher et, avouons-le, d'une bonne dose de totale improvisation. Le but est simple, la méthode plus encore.

A l'angle de l'un des conteneurs, le trait de pinceau qu'est Fâr se confond avec le métal plongé dans l'ombre. Sa tête se relève lentement vers les hauteurs de l'immense soute, où les quelques attractions que la To compagnie est parvenue à mettre en place avant que l'abordage n'ait lieu trônent fièrement. L'Hel'Dorado, tout éclairage éteint, attend toujours son futur décollage tout au fond. De là, les rangées de conteneurs forment de longs couloirs étroits, fermés parfois par un rang en quinconce. L'un d'entre eux, parmi ceux que les mercenaires bothans ont identifiés comme étant parmi les plus solides, a été élingué aux palans du plafond, maintenu en l'air par un unique câble. La suspension précaire est faite pour l'être : aucune finesse, on vous dit. Que du lourd !

Le seul vrai détail dans l'histoire, ce sont les appliques néons, toutes éteintes, à l'exception des veilleuses de guidage, qui projettent maintenant leurs lueurs vertes un peu partout au sol. Plongé dans le noir, le piège énorme perd de son évidence. Dans cet environnement, comme l'a promis Fâr à Koyha, les pykes sont chez eux, et le sniper est en place : que la partie commence !

En position. Amène-les-moi et je vais te montrer comment je me débrouille avec ce fusil…

Même portée par le comlink, l'intonnation de l'humain porte ce petit ton gourmand que Sorem identifie sans mal. Le vacarme de l'abordage gagne la soute, les cris résonnent et brisent maintenant leur silence feutré : on peut sentir la tension dans l'air.

Ahaha... Ziav', enquille, kxringèyo, balance du rêve ! Mais j'te parie ta prochaine murge qu't'en déquilleras pas autant qu'moi...

Lui répond-il avec cette sensualité venimeuse tout à fait provocante dans la voix, les deux canons déjà en joue en direction de l'arrivée du bruit. Avec une excitation enfantine, il attend la fenêtre qui ne tardera pas à se présenter : cinq, quatre, trois, deux, un...

BLAM !

Au signal de Truc, William fait feu. Une seule balle part, et le filin se sectionne avec un bruit semblable à une explosion. Le piège, si grossier, fonctionne sur les premiers rangs qui se sont déversés à la hâte par les passerelles : la masse tente de se disperser au dernier moment, mais la chute des cinq tonnes venues du ciel se fait en gravité artificielle. Ceux qui n'ont pas fini aplatis sous le conteneur se retrouvent brusquement propulsés dans les allées de stockage... A la merci des blasters adverses. Des rugissements féroces éclatent dans les rangs bothans : on sonne la charge ! Mais leur victoire est de très courte durée. Fâr juge que l'instant est bon pour sortir de l'ombre, et se poste en franc-tireur au devant des bothan. Face à eux, ça s'organise déjà, sans discrétion, avec une assurance un soupçon trop évidente :

Touchez pas aux caisses, les gars !! Vous avez les ordres : neutralisez-moi cette bande de brelles, mais pas d'casse ! C'est à nous !

Esquiver les salves adverses, mais tenir la place, suffisamment pour inciter les plus téméraires à lui foncer dessus. Son toupet finit par payer, ses provocations terminent de convaincre la première ligne de le prendre en chasse. Les lignes bougent, les mercenaires bothans suivent le mouvement pour tenter d'encercler les points d'arrivée des pirates. Par deux fois, ils sont contraints d'abandonner leur plan pour se replier sur les rangées adjacentes, et la horde armée qui a saisi les sas d'entrée sans couverture abat sans sommation plusieurs mercenaires en s'engouffrant dans la soute. Le désordre a rapidement raison de leur organisation de dernière minute, et la bataille rangée s'efface au profit d'un chaos total.

Lorsqu'il juge la distance restante suffisamment faible, Fâr décroche et file au travers des allées de conteneurs. Comme sur Nal Hutta, la scène semble se répéter,... mais cette fois, avec une symétrie inversée. Le pyke traverse des mercenaires, précipitant à sa suite la horde qui lui tire copieusement dessus. Il prend de la vitesse, vire en dérapant dans les virages, se ramasse et rebondit comme une balle sur les parois des conteneurs de part et d'autres de l'allée en une succession hasardeuse de gauche-droite pour esquiver le déluge de feu qui le suit. Le franc-tireur réplique, esquive, redémarre, vire, tire derechef, et la succession de ses attaques et fuites finit par en perdre un bon nombre. Comme la marée brisée sur les récifs, l'équipage pirate s'est divisé, et les pertes commencent à changer de camps.

Au milieu de sa course effrénée, Fâr attrape le comlink et lance, guilleret :

A toi d'jouer, Kzerkad's !

Le sniper entre en scène, et depuis le haut des piles, vise tour à tour les têtes qui se détachent un peu trop de la meute. Sa cadence est moindre que celle du franc-tireur, mais chacune des balles métalliques qui n'est pas arrêtée par une armure trouve à se loger chez son destinataire. L'homme s'amuse, change par trois fois de poste et se met à jouer au Qui Est-ce depuis les hauteurs, tandis que les bothans entrent au corps à corps avec le reste de la troupe d'assaut. A la cinquième mort subite, les pirates comprennent ce qui cloche, et Fâr réalise que sa ruse a cessé de fonctionner : l'un des meneurs, un énorme feeorin au faciès endommagé, beugle à ses hommes de mettre la main sur leur tireur. Avec un sifflement de contrariété, le pyke détalle de nouveau pour contourner l'allée où le Boucher se fait prendre en chasse. Plusieurs assaillants ont entrepris de rattraper l'humain encore dissimulé dans les ombres près du plafond, en escaladant les piles. Sorem entreprend alors de faire face au gros poisson qu'il a localisé :

Rojye', tiens les arrières, j'crois bien qu'j'ai capté l'tonton d'la tôle : va falloir s'mouiller sévère !

Le feeorin, de dos, est encore occupé à tabasser sa dernière victime quand deux tirs de blaster l'atteigne droit sur la nuque. Un crépitement répond à l'audace sans scrupule de Sorem, le plasma se dissipe contre une barrière énergétique lourde qu'il n'a pas anticipé : celui-là est bien plus prévenant que les autres... Normal, se ravise Fâr avec un demi-sourire, c'est le chef. Il faut bien une raison pour qu'il soit chef, non ? Sinon... Tout le monde serait chef. Celui qui ne sourit pas du tout, en revanche, c'est le chef.

Tu te crois malin, toi ?! J'vais t'faire passer l'envie de jouer au con avec moi !!

Cinq, six tirs, mais le bouclier résiste, et plutôt que de battre en retraite comme le bon sens l'aurait exigé, le pyke tient sa position, noie jusqu'au bout son adversaire sous les tirs combinés. Le colosse prend à son tour Sorem de vitesse en se ruant sur lui. De toute sa force brute, le feeorin percute le pyke et l'expédie à terre avec violence.


______________

Dans le cockpit, les choses ont pris une tournure différente. En prévention, les bothans ont condamné tout une partie des accès, autant pour inciter les envahisseurs à se diriger vers les zones définies que pour gagner du temps. Le plan suicidaire ne plait pas, et les aliens à fourrure n'ont pas davantage l'intention de se voir dérober un vaisseau que de se faire piller une cargaison.

Je peux savoir ce que vous faites ?!

Ce que je fais ? C'est une vraie question ?!

Vous avez accepté la proposition de ce malade ? Vous les avez laissé aborder sans même tenter quoi que ce soit ?!

Quel choix avions-nous ? Sans nos canons, nous ne sommes pas grand chose d'autre qu'une cible facile ! Autant tenter de se battre de la seule manière qui nous assure...!

...Vous assure quoi ?! De nous faire avoir et de passer conjointement pour un incapable et un imbécile ?! Vous êtes d'une naïveté confondante, To ! Vous leur laissez une opportunité en or de prendre nos équipes à revers, et de s'emparer définitivement de ce vaisseau et de tout ce qu'il contient ! Le tout pour un coût dérisoire ! C'est pathétique !

Stop ! Je ne me laisserai pas insulter comme ça ! J'ai fait de mon mieux avec les cartes que nous avions, pour tenir mes engagements et ceux de mes supérieurs, Shon !

Oh, bien sûr ! Je suppose que d'embaucher... un psychopathe d' une firme d'une honnêteté exemplaire et une bande de polytoxicomanes connue pour ses méthodes pacifiques, était le maximum que vous puissiez faire en termes de prévenance ?!

Qu'est-ce que vous essayez de démontrer, exactement ?! Que je suis un incapable ?! Vous aviez mieux à proposer, peut-être !

Oui, en effet. Mais, entre nous, qu'est-ce que cela aurait changé ? Vous voulez me faire croire que vous, vous auriez seulement envisagé de suivre l'une de mes instructions ?

Koyha tente de répliquer, mais bizarrement, il réalise une chose : jamais, en autant d'années de service, il n'a pris en considération la moindre de ses remarques. Moyennant quoi, son brusque mutisme arrache une expression mauvaise à sa seconde :

J'ai ma réponse, merci.

Elle arme son blaster en le gratifiant d'un regard meurtrier et sort de la cabine. Il hésite une seconde, passablement énervé, puis décide d'un coup de lui emboîter le pas, avec un simple 'tenez le cap, ne changez rien' à l'adresse du premier qu'il croise.


______________


Le feeorin comprend, mais un peu tard, que l’assommé ne l'est pas tout à fait. Alors qu'il se penche pour ramasser l'arme de son adversaire, le bras de Fâr jaillit et la lame du cran d'arrêt coincée entre son pouce et son index se fiche profondément dans le large gosier, que cette fois rien ne protège. Se balader les pectoraux à l'air, il n'y a que des pirates de la Bordure, pour faire ça ! Le colosse rugit et recule par réflexe, mais le pyke est déjà sur lui. Vif comme un scorpion, Sombrêve frappe encore, et encore, pris dans une brusque frénésie psychotique que rien ne semble plus vouloir arrêter. La peau bleue du géant se constelle de tâches noires, il protège son visage d'une main, tente d'attraper de nouveau Sorem de l'autre, mais le rasoir cisaille sans pitié à une vitesse qu'il ne parvient pas à égaler.

J'VAIS T'EXPLOSER, LA SALOPERIE !

Épouvanté, To assiste, impuissant, à la scène. C'est un combat de chiens enragés, il n'y a plus de règles... Il n'y en a jamais eu. Le pirate n'entend plus rien, et en face de lui, c'est un mécanisme déréglé, une mélodie discordante qui tourne en boucle, comme un type s'amusant à appuyer frénétiquement sur 'enter' sans logique apparente. Le feeorin parvient à bloquer la tête casquée du pyke sous son bras, mais les contorsions du cou de la vipère qui lui sert d'adversaire l'empêchent de parvenir à le neutraliser complètement. La lame découpe les larges couches de vêtements, la manche, et brusquement, tranche net le support qui retenait la cellule énergétique du bouclier. La brute finit par abattre son poing sur l'épaulière du gangster, qui cède dans un craquement atroce. La voix, affreuse, émet un son à mi chemin entre le râle de douleur et le fou rire. Le feeorin attaque à nouveau, mais la silhouette armurée s'est affaissée sous le coup et Fâr fléchit, esquive le coup qui aurait dû lui déboîter les vertèbres en s'écroulant à moitié au sol.

La manœuvre n'est qu'une ruse, une de plus, et d'une contorsion improbable, Sorem a remis la main sur son blaster. Ce n'est qu'un seul et unique geste, depuis les doigts glissant à leurs places habituelles sur le corps de l'arme, jusqu'à l'alignement du canon sur la jointure du front et des deux yeux noirs. Le coup part, et du début à la fin, il ne s'est pas écoulé une seconde entière.

Cause toujours, face de serpillère.

Qu'il ricane - avec son épaule complètement démise. Derrière, le regard atterré de Koyha se pose sur la forme voutée du pyke, éclaboussée de sang et encore agitée des soubresauts d'un rire absurde. Quel genre de personne peut rigoler en ayant...quoi, mal ? Sent-il encore quelque chose ? Sont-ils tous aussi malades que lui, ici ? La main griffue se serre sur la crosse de l'arme qu'elle tient, et une idée à la hauteur de sa peur lui traverse le crâne : il tient peut-être sa seule chance de s'en sortir. En finir avec cette bande de cinglés, et continuer seul vers Kubindi...

Le temps qu'il se décide, Sombrêve s'est relevé en titubant, tout son squelette se remet péniblement en place au-dessus de ses deux jambes. Sauf que son regard a capté le geste du bothan, bien avant que celui-ci réalise qu'il a réalisé, et lorsque Koyha braque son blaster sur lui, le canon du pyke est déjà bien aligné. Les deux tireurs se font face, à moins de trois mètres de distance, immobiles.

Jolie mise en scène ! Félicitations ! Je ne suis pas sûr de savoir faire le mort aussi bien que vous.

T'as un problème, fourrure ? T'as plus envie d'raquer, c'est ça ? J'te conseille de bien viser, parce que moi, j'te raterai pas.

Malgré le fantôme de rire de l'alien, l'échange est bel et bien glacial. Koyha resserre sa prise sur son blaster, mais son hésitation est visible. Sa colère aussi :

Quelqu'un a fait en sorte que cette embuscade ait lieu ! Leur seul moyen de pouvoir organisé un tel abordage, est d'avoir bénéficié d'une complicité interne ! Sur ce vaisseau !

C'est quoi l'rapport, sans dec' ?

Le rapport, c'est que vous aviez tout loisir d'organiser cette attaque, et que je ne suis plus disposé à laisser planer le moindre doute, plus maintenant ! Alors répondez : êtes-vous à l'origine de ce chaos ?!

Toi... T'as vrem's pas inventé l'eau chaude, hein ? On a qu'ça à foutre. Si j'avais voulu taxer ta caisse, Hutta c't'ait l'occas', pas la peine de s'branler jusqu'à Saki ! Mais si t'as réussi à t'coincer l'idée qu'c'était pas si con, c'est qu't'as tes raisons, pas vrai ?

Je ne vous crois pas aussi négligents, plus maintenant.

Tu m'véners à balle avec tes causeries d'niaiseux, capitaine baltringue. t'as pas l'impression qu'on est juste en pleine baston, là ? T'as rien d'mieux à foutre qu'de baver naouak's ?

Alors, vous allez me soutenir que vous n'y êtes pour rien ?

Cette réponse n'a plus d'importance pour vous, To.

Dans leur dos, depuis les couloirs du ventre de l'Increvable, Shon réapparaît, et met à son tour Koyha To en joue.

Les responsables ont, dans tous les cas, remporté cette manche.

Son museau affiche un rictus que l'on hésite peu à qualifier de sadique. Elle prend le temps de gratifier le pyke blessé d'un regard équivoque :

Si vous voulez toujours tirer le premier, je pense que je n'aurais pas à vous laisser la priorité ?

Quoi...?

Ne faites pas cette tête, To : vous saviez que cela ne pouvait pas durer. Je ne fais qu'accélérer un processus déjà bien entamé !

Après toutes ces années... C'est révoltant ! Vous êtes la honte de notre espèace ! Vous n'avez pas idée de ce que vous faites ! Tous ces morts, pour rien ?! Vous êtes en train de détruire la réputation de Bothawui ! Vous piétinez tout ce pourquoi nous avons travaillé, vous... je n'arrive même plus à comprendre...

Oh, mais au contraire, j’œuvre précisément au rétablissement d'un commandement digne de ce nom sur cette épave qu'on ose à peine appeler un vaisseau ! Nous allons simplement procéder à un remaniement. Cette mission continue, l'honneur de Bothawui ne sera pas entamé : je n'ai jamais envisagé de laisser quiconque nous détourner de nos devoirs. Nous avons toujours nos ressources, et je mets un point d'honneur à ce que les Kubaz obtiennent leurs marchandises !

Je ne sais pas ce qui vous a traversé le crâne, ni quel genre de personne vous êtes en réalité, pour croire qu'un tel crime restera impuni ! Cole Thorton ne permettra jamais qu'une telle chose se produise alors que l'une de ses propres main se trouve à mon bord !

Vraiment ? Vous donnez toujours tant d'importance ! Et qui se souviendra de cette scène, mon pauvre ami ? Vos caméras ? Je vous garantie que non. Quant à ces messieurs, vous l'avez dit vous mêmes, ils savent être des plus... pragmatiques ? Lorsque tout ceci sera terminé, on ne retiendra que votre tragique décès lors d'un abordage des plus violents. Peut-être un hommage vous sera-t-il rendu ?

En désespoir de cause, Koyha se retourne vers Fâr, qui le tient toujours droit dans son collimateur :

Notre marché tient toujours ! Vous travaillez encore avec moi, et dans de telles conditions, j'exige votre protection ! Vous serez payé à la hauteur de ce que je vous dois, vous pouvez avoir confiance là-dessus : je crois que tout le monde ne pourras pas vous garantir un tel niveau d'honnêteté...!

Fâr relève la tête et toise le bothan avec morgue :

C'est drôle. J'avais com'l'impression qu't'avais pas l'même discours, genre y a deux s'condes. T'as encore changé d'avis, hein ?

J'ai été emporté par ma paranoïa... Mais il faut croire que j'étais loin d'avoir tort ! Vous auriez fait la même chose à ma place !

Taisez-vous ! Vous êtes ridicule ! Son paiement sera le mien, vous n'avez pas à vous en faire pour ça ! Rien ne change, sinon la tête du capitaine : nous arriverons dans les temps... Mais sans vous, To. Vous, vous terminez votre carrière ici, maintenant !

Depuis la soute, les bruits de combats continuent, alors que d'autres visages se joignent soudain à la scène, comme suspendue dans le temps. Mais, leur passionnant échange est interrompu une nouvelle fois :

Capitaine ! Capitaine ! Nous... avons un problème...?

... Je vous jure que le prochain qui prononce cette phrase...!

Oui...mais, je veux dire... Le vaisseau qui nous suivant à distance. Il tente de nous aborder à son tour. Qu'est-ce qu'on fait ? ... Attendez, il y a un souci ?!

Le capitaine bothan ferme les yeux et inspire. Dans les yeux de Shon, une brève surprise.


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William Cavendish
William Cavendish
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«Ahaha... Ziav', enquille, kxringèyo, balance du rêve ! Mais j'te parie ta prochaine murge qu't'en déquilleras pas autant qu'moi...»

William esquissa un sourire mauvais. Le Pyke le mettrait-il au défi ?

« On vérifiera les comptes Tête d’Hexagone. Tâche de pas te faire buter…je m’en voudrai de gagner pour cause de forfait ».

Voila qui n’avait rien de rassurant.

Ils avaient fait de leur mieux pour tenter de ramener la situation à leur avantage malgré la situation périlleuse qu’était la leur. Les quelques pièges disposés pouvaient possiblement les y aider, di tout daignait (pour une fois) se dérouler selon le plan. Mais il y avait deux légers détails à retenir : ni Sombrêves, ni William, n’étaient du genre à suivre un plan à la lettre. Autant dire que cela promettait d’être une belle merde, et Koyha To avait surement de bonnes raisons de s’inquiéter sur la poursuite de la mission, et l’intégrité de son vaisseau. C’était le meilleur moyen de déterminer sur l’Increvable…portait bien son nom.

A l’abri derrière des caisses de matériels, William patientait. Il respirait calmement, son fusil était chargé, ses organes de visés étaient alignés. Le jeune homme était concentré, il ne devait pas rater son premier tir.

« Quand tu veux Truc »
murmura-t-il dans son comlink à son droïde.

« Biboum »

« Ils arrivent, je les entends »

« Biboum »

« J’attends…j’attends…C’est long…Si jamais je perds mon pari à cause de toi, tu serviras à nouveau de cible d’entrainement au Pyke ».

« BAM ! »

« Enfin… »

Comme quoi les menaces…

BLAM !


Il n’avait pas raté son tir, et d’un seul coup, le filin libéra la charge monumentale qu’il retenait pour s’écraser au sol. L’effet fut spectaculaire. Et dans les rangs des envahisseurs s’était la débandade. William attendait le signa de Far qui devait rabattre les ennemis vers lui.

« A toi d'jouer, Kzerkad's ! »

« Avec plaisir...»

Du pain béni pour un sniper. William se faisait littéralement plaisir, enchainant les tirs.

« Cinq…six…sept…huit…neuf…dix… »

Il changeait de position parfois, cherchant un emplacement plus propice. Sa précision et sa dextérité en étaient presque artistiques. Le pire dans tout cela, c’était qu’il s’amusait, un franc sourire malsain illuminait son visage alors qu’il semait mort et chaos depuis les hauteurs.

« Rojye', tiens les arrières, j'crois bien qu'j'ai capté l'tonton d'la tôle : va falloir s'mouiller sévère ! »

Pas besoin d’être un brillant stratège pour savoir que l’avantage que constituait William en tant que tireur à distance ne pouvait durer qu’un temps. Il avait fini par être repéré par le chef du groupe d’assaillants. Déjà des individus escaladaient des caisses pours se hisser dans les hauteurs ténébreuses, où se dissimulait le sniper.


« Biboubom »
raisonna la voix métallique de Truc dans son comlink.

« Oui, je les ai vu. Je peux en éliminer quelques-uns…mais… »
il n’eut pas le temps d’achever. Un des agresseurs l’avait pris à revers. L’agresseur était un grand Zabrak qui tentait d’arracher des mains de William son long fusil. Le Brentaalien luttait de toutes ses forces pour faire lâcher prise à son ennemi. Un coup de pied bien placé de William lui redonna l’avantage, saisissant son fusil, il fit feu à bout portant sur le Zabrak tombé à genoux au sol en se tenant l’entre-jambe. « Et de onze… » marmonna le jeune homme. D’autres malfrats étaient en train de se ruer sur William, sautant de caisses en caisses pour parvenir à son niveau. C’était définitivement le moment de prendre la poudre d’escampette. Le fusil retrouva sa place dans le dos de William, fermement sanglé, libérant ses mains pour redescendre de son perchoir.

En bas, les Bothans se démenaient contre les assaillants. Ils avaient prévu un beau bordel. Ils étaient en plein dedans. Là où Far Sorem n’hésitait pas à affronter une face de poulpe baraquée, le jeune homme tâchait de rester hors de la lumière, se faisant discret, et prenant ses adversaires en traitre. Il tenait son blaster d’une main et son couteau de boucher de l’autre main. Il taillait, faisait feu, peu importait le style, seul comptait le résultat. William n’avait aucune gloire, aucun honneur, tous les coups étaient permis pour tuer. Grâce à Truc qui lui indiquait les emplacements des assaillants, William pouvait aisément surgir tel une ombre fantasmagorique pour faucher les vies avant de s’évanouir à nouveau dans l’obscurité.

« Bibumbom
» lui indiqua la petite sphère droïde à propos d’une nouvelle victime pour le Boucher de la Czerka.

« Ok…je le prends par la droite. » murmura le jeune homme. Il bifurqua donc, repérant son adversaire…Son couteau fermement en main, il s’élança. Mais manque de chance :

« Maudit humain ! » rugit le malfrat en se retournant pour saisir les mains de William, l’empêchant d’utiliser ses armes. Le Brentaalien réalisa alors :

« Un putain d’Advozse… ! »

« Bobibum »

« T’aurai pu le préciser ! Ces saloperies voient dans le noir ! » marmonna William en tâchant de se libérer de la poigne de son adversaire. Mais ce dernier était plus fort et il mit William à terre, lui faisant lâcher ses armes.

« Je vais te crever saleté d’humain ! Sans ton fusil tu ne vaux rien ! »
il avait saisi Cavendich par le col pour l’envoyer valser contre un container.

« Bip ! Boum ! »

« Boum ? Comment ça boum ? Tu m’as envoyé contre un type plus fort que moi abruti de machine ! »

« Bibibu ! »

« Bien sûr…tenir… aucun problème…prends tout ton temps » râla William dans son comlink alors qu’un coup de poing bien placé vint l’étaler au sol. L’Advozse se rua sur lui, et ses deux mains se refermèrent sur le cou de Cavendish. Ce dernier se débattait comme un beau diable, il avait vu son blaster un peu plus loin, mais il lui était impossible de l’attendre avec son ennemi ainsi sur lui.

« BIBIBUUUUU BOUM ! »



« Qu’est-ce que ! Foutu petit droïde ! Dégage !! »
. L’Advozse avait lâché William tourmenté par Truc qui avait sorti ses petits bras mécaniques et pinçait fortement celui qui tentait de tuer son maître. L’instant rêvé pour William de mettre la main sur son blaster et de faire feu. Le corps du mercenaire retomba au sol. Cavendish se remis sur pied en prenant appui contre le container sous l’œil avisé de la petite sphère :

« Bip Boum ! »
fit fièrement le petit être de de métal.

« Ouai… « boum » …t’as pris ton temps dis donc. »

« Bibibu babibou »

« Ok ok…j’ai rien dit. Où sont les Bothans et la Tête d’Hexagone ?

« Bibu blibupobum…bibubom ».

« Quoi ? Mais ils ont pété un câble sur ce vaisseau… »

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Il s’était fait discret pour écouter leurs échanges. Truc n’avait pas exagéré. Cette suspicion de sabotage avait semé le trouble dans les esprits. Même To avait suspecté Far…Et finalement, la responsable de tout ce bazar s’était révélée. Et les voilà tous, pointant leur blasters les uns sur les autres.

J'ai été emporté par ma paranoïa... Mais il faut croire que j'étais loin d'avoir tort ! Vous auriez fait la même chose à ma place !

« Taisez-vous ! Vous êtes ridicule ! Son paiement sera le mien, vous n'avez pas à vous en faire pour ça ! Rien ne change, sinon la tête du capitaine : nous arriverons dans les temps... Mais sans vous, To. Vous, vous terminez votre carrière ici, maintenant !».

Ce fut ce moment-là qu’il choisit pour se manifester. Sortant de l’ombre, il leur apparu sur leur flan. Son long fusil était pointé en direction de la Bothan qui avait trahis son capitaine.

« Désolé ma grande. Mais je crois que tu as oublié un détail dans ton délire. Moi…J’ai été envoyé ici pour protéger la marchandise…mais aussi Koyha To… Alors tu peux me refiler tout le pognon que tu veux, tu ne fais pas le poids face à la personne que je représente ». Sans quitter la bothan des yeux, il reprit à l’attention de Far Sorem : « et avant que tu aies, dans un des six coins de ta tête de nœuds, l’idée de me la faire à l’envers, dis-toi que ce serait vraiment con pour toi de te foutre mon boss à dos. Et si c’est qu’une question de fric…ça peut s’arranger. Inutile que je te rappelle pour qui je travaille ».

Ce fut, bien entendu, le moment décidé pour que des Bothans débarquèrent en panique pour annoncer que le vaisseau qui leur tournait autour depuis quelques temps, avait eut la brillante idée de s’engager dans la partie. William soupira…To croisa son regard :

« Ce…c’est le tueur que vous avez annoncé ? »

William eut un hochement d’épaules, il ne savait pas, mais si c’était bien un tueur envoyé par le Siège de la Czerka, ce con avait bien choisi sont moment pour débarquer.

« Si c’est le cas…il est à moi » gronda William qui semblait peu satisfait qu’on vienne marcher sur ses plates-bandes… « Débrouillez-vous avec vos guéguerres de petits chefs… »

Et sans rien ajouter, Cavendish s’éclipsa. Il demanda alors à Truc :

« Tu as un accès quelque part ? Pour un visuel… »

« Biboubom » répondit la petite sphère par la négative. Il semblerait que le terminal du hangar avait subi des dégâts suite à l’invasion qu’ils avaient subi.

« Ok…alors on va faire çà à l’ancienne. Va en reconnaissance et tiens-moi au courant ».

Il se concentrait…un jeu du chat et de la souris venait de commencer.




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