Ogrruur'rr
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Ogrruur'rr s'éveille.

Dans la case, bercée par la pénombre, tout le monde est endormi. Il cligne trois fois des yeux puis se lève. Un regard par-delà les lanières de cuir pendouillantes qui délimitent l'entrée lui confirme qu'il est l'heure. Ogrruur'rr comma la plupart de ses semblables est capable de définir l'heure selon la luminosité astrale. Il doit être quatre heure trente, et c'est justement le bon moment. Bientôt, l'aube dévoilera ses tous premiers rayons cardinaux en ajoutant à la toile de nuit ses nuances grenats et orangées. Un moment que le jeune dresseur, si sensible à l'esthétique des paysages, apprécie particulièrement.
Animé par la grande forme de celui qui se lève tôt, il s'empresse de s'équiper dans le noir, au centre de la case. Sa mère l'interpelle, ne manquant de le faire sursauter. Il aurait du se douter qu'elle était éveillée, n'entendant pas ses ronflements habituels. Elle est inquiète, sachant ce que signifie cette journée pour lui. Chaque brave désireux de s'approprier le respect de ses semblables y a été confronté un jour. Beaucoup en sont morts, mais telle est la voie du guerrier, solitaire, dans la vallée des épreuves.

Ogrruur'rr, déjà méconnaissable sous ses bandelettes, se penche vers sa mère et se contente de la serrer fort contre lui, l'instant de quelques secondes. Puis, ignorant ses inquiétudes, il ramasse son bolas et quitte la petite hutte en peau robuste. Il n'a pas réveillé son père, affaibli par l'âge, préférant lui laisser la surprise au matin. Car le jeune Tusken est confiant en lui. Il n'échouera pas.

Le voilà qui traverse le campement endormi en inspirant un air frais et pur, se dirigeant vers l'enclos des banthas à la lisière des habitacles. Quelques braves sont accroupis ça et là dans le campement, enroulés dans leurs longs châles de laine, leurs visages inexpressifs dissimulés sous leurs bandelettes ocres. Ogrruu'rr ne fait pas plus attention à eux que ces statues immobiles ne semblent s'intéresser à lui, car les drôles dorment probablement à moitié, bien qu'au moindre problème leur conscience instinctive les mettra sur pied, leur fusils chargés et prêts à défendre les leurs.
Sous ses pieds nus, le sable est froid et vient mordiller son épiderme rude en lui procurant une sensation délicieuse. Il a toujours aimé le contact avec le sable. Il le trouve délicat, paisible, doux .. contrairement à certains le percevant grossier, agressif, irritant, n'insinuant partout !
Il existe différentes sortes de sables, Ogrruu'rr se sent capable d'en reconnaître six types. Mais les plus expérimentés des braves, souvent conquis par l'âge, peuvent, paraît-il, en définir le double.
Arrivant à l'enclos, le dresseur dépasse le portique en os de rontos et se fraye un chemin parmi les bêtes endormies. Il déroule son tapis de cuir et le passe autour de la taille du mammifère qui émet un braillement, signe qu'il est réveillé. La paume de sa main vient s'appuyer contre son abdomen pour le rassurer. Puis Ogrruu'rr traîne sa monture hors de l'enclos en tirant sur sa fourrure faciale, avant de la monter et de s'éloigner vers le désert.

Aujourd'hui est un grand jour, le jour des guerriers. Celui lors duquel, ceux désireux de devenir des braves traquent le Ggrorr'iin. Celui que les visages-nus appellent « Dragon Krayt ». Mais Ogrruu'rr ne sait rien de la science des infidèles. Il sait à peine à quoi ressemblent ces derniers. Tout ce qu'il sait d'eux, vient de ce qu'il en a entendu des braves lors de leurs longues discussions animées autour du feu, le soir. Les visages-nus sont impies et cruels, et ne reconnaissent aucun des territoires sacrés des Ooiinrr. Des Tuskens. Il est murmuré par les vieux oracles qu'un jour, au crépuscule de l'empire de leurs ancêtres, alors que le monde n'était peuplé que d'une brève myriade de peuples vivants en harmonie, notamment les Ooiinrr et les Kr'aaw'r, les Jawas, une étoile descendit du ciel et se posa sur la Mer de Dunes. En sortirent deux êtres que les Ooiinrr interprétèrent comme leurs dieux, car c'était le chemin le plus court pour expliquer une telle prouesse. Ils les traitèrent comme tels, prirent soin d'eux, les protégèrent de la faune, et leur offrir une existence d'opulence et de mollesse dépourvue de tout effort.
Il est dit que les braves furent trahi par ceux qu'ils pensaient être leurs dieux. D'autres étoiles descendirent de la toile bleu nuit, et progressivement des lignages disparurent, et des installations s'érigèrent sur les territoires sacrés et les sanctuaires. Ogrruu'rr connait beaucoup de ces anciens récits racontés par les braves. Il les connait pratiquement tous par cœur et ils sont devenus un moteur dans son entreprise de devenir un guerrier reconnu des siens.

Le Ggorr'iin vit dans les regs stériles et rocheux d'un territoire à la lisière des ergs ensablés, à trois lieues du campement. Ogrruu'rr et sa monture approchent déjà de la zone, bercée par les premières lueurs de l'aurore. Il fait frais, tout est calme, hormis les mélodies du vent qui flûte en s'insinuant dans les orifices des pitons rocheux taillés par une érosion millénaire, qui se dressent devant lui comme de grands serpents de pierre. Son cœur s’accélère alors qu'il immobilise sa monture. Son regard vient caresser l'entrée du défilé lugubre de roches sombres et acérés. L'un des accès à cet endroit des plus sauvages. Il inspire calmement, pensant aux paroles de R'win qui viennent lui donner du courage.

Le danger est bien réel mon frère. Mais la peur, est un choix que le brave apprend à dompter. »

Puis il fait avancer son bantha.
Karm Torr
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Il faut chaud.
Vraiment très chaud.
Genre… Hyper chaud.
Dites-donc, les jeunes.


Le jeune Maître Jedi se retourne vers sa troupe — sa petite troupe, de trois personnes — et, les poings sur les hanches, il considère chacun des Padawans.


Dans le concept de « mission d’entraînement intensif sur Tatooine », c’est la partie mission, entraînement, intensif ou Tatooine, qui vous avait échappé ?
Ah non mais !
Nous, on dit ça, mais ce sont des observations.
De terrain. De la description, euh…
Géoclimatologiques.
Exactement. Comme elle a dit.


Karm réprime un sourire et son expression, qui demeure égale, à la hauteur du flegme légendaire de l’explorateur ark-ni, laisse les trois jeunes gens incapables de déterminer s’il est amusé, irrité ou indifférent face à leur attitude. En tout cas, même s’ils se plaignent, ils mesurent tous les trois leur chance : le Gardien est une célébrité au sein de son Ordre et ses explorations nourrissent les rêves de bien des Padawans.


Certes, dans les rêves, il fait moins chaud et il y a moins de sable. Mais ils ont tous entre dix-huit et vingt ans, et la perspective des épreuves de Chevalerie se rapprochent, alors ils tiennent à prouver leur valeur. Un entraînement en situation réelle, dans le milieu hostile des dunes de Tatooine, c’est une occasion qui ne se refuse pas.


On va rencontrer des Hommes des Sables, demande le jeune Twi’Lek, avec plutôt de l’espoir que l’inquiétude qui s’imposerait ?
P’têtre bien, est la réponse laconique qu’il parvient à tirer du Maître.
On pourrait peut-être enfin établir un lexique, déclare l’humaine.
Hmmm…


Aucun des deux autres n’a l’air très convaincu. De ce qu’ils ont lu dans les Archives du Temple, ces gens-là ne sont guère ouverts à la discussion, en tout cas pas avec les étrangers, et les efforts diplomatiques à ce jour sont restés vains.


Karm lève soudain la main et un silence profond tombe immédiatement sur l’équipe, pour laisser place au bruit du vent qui souffle sur les dunes, et du sable qui coule sur le sable, en d’infimes et perpétuels éboulis. L’explorateur met un genou au sol et enfonce ses doigts entre les grains, concentré sur la Force. Elle est si particulière sur Tatooine. Primitive, minérale, presque partout, et parfois, comme par surprise, surgissent les vies secrètes du désert, les grandes, les énormes mêmes, et puis les présences minuscules, fouisseuses, cachées dans les replis du sable.


Les sens de l’Ark-Ni peu à peu prennent une acuité nouvelle. Les Padawans l’observent en retenant leur souffle. C’est moins leur regard qu’ils concentrent sur lui que leur propre perception à travers la Force. Le Maître de l’Enclave de Dantooine, dit-on, sait parler à la nature. Aux glaciers, aux déserts, aux jungles et aux forêts, aux lagunes, aux océans. C’est sans doute très exagéré. Mais tout de même.


Vous sentez ?
Le désert ?
La vie !
La Force !
L’essence.


Karm se redresse et frotte ses mains sur son pantalon.


Désolé, c’est prosaïque, mais des speeders sont passés par là.


Probablement des chasseurs partis d’Anchorhead et à la recherche de quelque gibier de prix à revendre pièce par pièce. Les fermes les plus proches sont à des dizaines des kilomètres et les quatre Jedis eux-mêmes ont laissé leurs véhicules à plus de deux heures de marche.


Et c’est grave, s’enquiert l’humaine ?


Pour toute réponse, son mentor hausse les épaules et reprend sa marche. Cette fois-ci, les trois jeunes gens ont bien compris que l’heure n’est plus aux commentaires. Ils sont vigilants, tous les trois, et Karm lui-même entreprend de suivre la piste, si discrète, laissée par le souffle du speeder sur les dunes.


Son objectif est de permettre aux Padawans d’observer la vie si dangereuse du désert, les animaux sauvages, et de comprendre leur existence, leurs préoccupations peut-être primitives, mais assurément dignes d’intérêt à ses yeux, et s’il peut, en chemin, empêcher une créature majestueuse de tomber sous les coups d’un boucher de la colonie, ce n’est pas plus mal.


La roche commence à succéder au sable.


Tanières de krayts, observe l’Ark-Ni.


Un frisson d’anticipation, et peut-être aussi d’inquiétude bien légitime, court sur l’échine des trois jeunes Jedis. Ce sont moins les dragons eux-mêmes cependant qui inquiètent l’explorateur que ceux qui sont éventuellement venus les chasser et qui, lourdement armés, ne comptent probablement pas parmi les traqueurs les plus délicats d’Anchorhead.


Tu vois quelque chose, demande-t-il au Twi-Lek qui balaie les canyons de ses jumelles ?


Le jeune homme secoue la tête.


Bien. Allons voir de plus près. Restez sur vos gardes. Certains chasseurs aiment pas vraiment la concurrence…
Ogrruur'rr
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Prudemment dans le défilé lugubre, l'intrépide entame la traque du fauve. Ogrruur'rr et son bantha semblent être les seuls âmes de ce territoire désolé, qui ne semble être observé que des soleils blancs et de leur climat de flammes. La température, cependant, est fraîche en cette précoce matinée irradiée des puissantes lueurs de l'aube carmine où le silence domine. Depuis que son bantha s'est mis à marcher dans le défilé, Ogrruur'rr sent, impuissant, son rythme cardiaque s'élever, ce qui provoque en lui un sentiment amère. Il ne veut pas être seulement le maître des bêtes, mais aussi le maître de lui-même.
Régulièrement, il pose sa paume enturbannée sur le garrot de sa monture qui braille, semblant partager son angoisse, pour tenter de l'apaiser. Le puissant lien empathique qui l'unit à sa monture l'aide lui-aussi à surmonter son anxiété. Un sentiment qu'il ne comprends pas tout à fait et peine à définir, mais dont il ressent les indésirables effets sur son esprit tourmenté.

Sur ses flancs les falaises ocres atteignent maintenant des hauteurs improbables, tandis que le sable sous les sabots de la bête commence à prendre cette teinte brûlée qui annonce le territoire des becs noirs. Ogrruu'rr ordonne cependant à son bantha de s'arrêter, tirant légèrement sur sa crinière brune. Il a repéré quelque chose. Une cavité. Il descend de sa monture dans un silence naturel, son bolas enserré autour de sa main droite. Ogrruur'rr s'approche de la grotte bercée par la pénombre restant collé aux parois. Il s'arrête et écoute. Ses sens exacerbés par des années de chasse lui indiquent la présence de ce qu'il cherche avec une forte probabilité. Il peut le sentir bouger, se mouvoir, et s'immobiliser frappé par la crainte. Simple ressenti opéré par son savoir-faire ou véritable don d'une quelconque force mystique ? Ogrruur'rr se pose parfois la question. Cette étrange sensation qui parfois, semble lui révéler les choses autour de lui, les révéler comme si une voix assistait sa conscience. Une raison de plus pour penser être marqué par les dieux et emprunt d'une destinée héroïque.

Doucement, l'ombre du dresseur pénètre dans la caverne. Il y fait bien plus frais qu'à l'extérieur et une odeur de fauve et d'urine vient s'incruster dans ses narines, le laissant toutefois indifférent. Le bolas claque d'un bruit souple. Un couinement s'élève par-dessus les échos de galops de la faune qui détalle. Prisonnier de son lasso, le Slari se tortille sur sa pierre comme un serpent sur la braise. La satiété s'abat sur Ogrruur'rr comme une brume sucrée qui l'apaise. Il est conquis par cette sensation chaque fois qu'il capture une bête. Rejoignant sa proie emprisonnée, il l'observe un instant immobile, solidement entravée, d'un air dominant et satisfait. Puis il ramasse la bête à l'apparence lapine, prenant garde aux griffes acérées qui terminent ses pattes fines.

Le dresseur ressort de la grotte, rejoint sa monture, et entrave définitivement le Slari avec un boyau de Boen-Noto. Il le met ensuite dans un sac de peau, ignorant ses couinements, qu'il noue à l'assise en cuir robuste de sa monte.
Les hauteurs désolées des falaises continuent de défiler à mesure que le dresseur avance dans la gorge. Sous les pieds du bantha, les ardoises de schiste friables décollées des parois craquent avec des petits petits bruits secs. Au bout d'un moment, Ogrruur'r oblique par une artère rocheuse, étroite, accidentée, taillée dans des la falaise par l'érosion et débouche après une vingtaine de minutes de marche sur un territoire autrement plus spatieux, largement dominé par les regs et les roches qui prennent cette teinte singulièrement sombre. Le sable est grenat, brûlé, cramoisi, et sur un territoire assez long et large, se dressent les becs noirs. Ogrruur'rr n'a jamais su si les becs noirs étaient réellement vivants, comme le disaient certains braves le soir, autour du feu. Ces grands pitons de roches noires, escarpées et acérées, s'amoncellent au milieu de la dépression rocheuse comme un roi assit sur son trône. Le territoire des Ggorr'iin, caressé par les lueurs de l'aube.

Le dresseur sent son cœur s'accélérer davantage, mais tente de réprimer cette sensation qui le gêne. Il ne réalise pas le rival qu'il va affronter aujourd'hui. Lui qui auparavant, n'a jamais rien chassé de plus massif qu'un boen-noto. Il emmène sa monture derrière un rocher, prêt de l'entrée de la gorge d'où il est apparut, saisit son matériel et l'appât qui ne cesse d'émettre des couinements, puis la laisse en toute confiance. Jamais son bantha ne partira sans lui. La silhouette décharnée d'Ogrruur'rr s'enfonce dans les regs dominés par les pitons noir qui semblent l'observer avec sévérité, dans une démarche vigilante, son bâton Gaderfii noué dans son dos et son bolas enroulé autour de sa main droite, prêt à claquer à tout moment.
Il pense saisir, ressentir, où se trouve la proie et avance guidé par la seule force de son instinct. Au bout d'un moment, alors entouré d'un étrange spectacle de pierres coupantes bercé par le plus grand des silences, il sent qu'il n'est pas seul ici. Des images défilent dans sa psyché primitive. Une immense haine, terrible, couplée d'un appétit qui ne se rassasie jamais, s’immisce dans son esprit. Une sensation âpre et désagréable coule en lui. Cette créature .. est féroce, bien plus qu'il ne l'a imaginé. Ogrruu'r rouvre les yeux en chassant d'un éclair de volonté l'effroi qui tente de l'entraver. Il s'approche d'un amas de pierre à l'entrée d'une grotte, et dépose son appas avant de s'éloigner d'une démarche rapide et silencieuse.
Alors qu'il se met en embuscade sans s'attarder sur le grand danger qu'il s'apprête à défier, il est frappé par cette sensation étrange, de ressentir une autre présence s’immiscer dans son esprit. Elle ressemble à une présence plurielle, beaucoup moins brute, mais plus singulière. Insaisissable. Ogrruur'rr réfléchit tandis que les rayons se reflètent sur ses lentilles, puis il chasse cette nouvelle sensation et se concentre, à plat ventre sur une pierre plate qui domine la zone.
Karm Torr
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Maître ! Regardez.

Tout le monde s’attroupe autour de la fabuleuse découverte d’Hirani. Karm saisit le tube de métal écrasé que le Twi’Lek a exhumé des sables, non loin de l’entrée des défilés rocheux, et souffle dessus. C’est une canette de ration de survie liquide ultra-protéinée, abandonnée là, toujours intacte, presque neuve en fait.

Le Jedi hoche la tête, la fourre dans son sac à dos, puis d’un index sur ses lèvres, intime le silence à sa petite troupe et rouvre la marche en direction des contreforts rocheux. Au bout de dix minutes, ils s’engagent tous les quatre sur un sentier escarpé, parce que Karm veut prendre de la hauteur et avoir un point de vue panoramique sur les environs. Le vent s’engouffre entre les parois de pierre, dans les galeries qui les creusent, et c’est comme si tout le plateau était un vaste instrument.

Quand ils arrivent au sommet, Hirani dégaine une nouvelle fois ses lunettes et scrute l’horizon de tous les côtés. Bientôt, il les tend à l’explorateur, tout en pointant quelque chose de presque indiscernable au loin, au-delà des canyons eux-mêmes, là où des pythons rocheux transpercent les sables.

Tusken, demande-t-il tout bas ?

Le Maître Jedi hoche la tête. C’est bien un cavalier et son bantha, seul, qui s’aventure dans un territoire dangereux, probablement pour chasser une proie d’exception. Karm n’est pas très familier des habitudes culturelles des Hommes des Sables, mais il suppose sans peine qu’il y a là un enjeu de distinction.

Maître, chuchote tout bas la Duros qui, depuis quelques secondes, allongée sur le plateau, a collé sa tête contre la roche. J’entends des gens.

Aussitôt, les trois autres Jedis se couchent à leur tour et ils s’approchent, à plat ventre, du bord de la falaise. Il ne faut pas longtemps en effet pour que cinq silhouettes émergent de l’une des cavernes, en discutant bruyamment. Le bruit de leurs voix se répercute en écho des deux côtés du canyon.

… des Sables, poursuit l’un d’eux. Ils continuent à ratisser toutes les cavernes.
C’est eux qu’il faudrait ratisser, réplique un autre en ôtant un vieux casque de l’armée impériale tout cabossé, récupéré on ne sait trop où, pour s’éponger le front. Si les autres avaient un peu plus de courage, on éradiquerait les campements et on en parlerait plus.
Pour sûr, abonde un troisième, occupé pour sa part à ajuster les réglages d’une énorme carabine blaster. Après un raid de chasseurs, ces sauvages en mèneraient pas large.
Une épuration, c’est ça qu’il nous faut.
On va vers les pics ?

Cette proposition impromptue paraît épuiser tout d’un coup tout le courage grandiloquent des autres chasseurs. Les regards se tournent vers les aiguilles sombres qui s’élèvent par-delà le canyon et la circonspection succède aux bravades.

Ou alors on rentre bredouille, poursuit le dernier homme, un vieux proche-humain dont Karm ne parvient pas à déterminer vraiment l’espèce, dont le visage est creusé par les rides, mais la carrure encore très impressionnante, et on en est bons à avoir fait des frais pour rien.

Manifestement, ces hommes-là ont eu l’espoir de tomber sur quelques proies faciles dans les grottes. Mais même lourdement armés comme ils le sont, la perspective d’aller chasser un dragon ne suscite chez eux qu’un enthousiasme modéré.

Rok n’a pas tort, concède finalement l’un des autres.

Pendant quelques minutes, ils discutent encore de cette idée, mais l’appât du gain est bientôt plus fort que l’instinct de conservation, et les cinq hommes prennent la même direction que le cavalier solitaire aperçu un peu plus tôt.

Qu’est-ce qu’on fait, Maître, demande Syria ?
Ils ont le droit de chasser, non ? Je veux dire, c’est un métier comme un autre. Peut-être pas très respectable, d’un certain point de vue, mais ça fait partie des habitudes de la planète…
Ce n’est pas de la chasse qu’ils font, avec des armes pareilles, proteste l’humaine, c’est un massacre !
Que l’on tue facilement ou que l’on tue périlleusement, il n’y a pas d’honneur dans le meurtre.

Moralement, le cas paraît indécidable à l’Ark-Ni. À ce qu’il en sait, les populations animales de Tatooine ne sont pas en danger d’extinction et les ressources sont rares pour les sentients qui y vivent. La chasse n’est-elle pas une activité légitime, dans ces conditions, quand même elles seraient pratiquées avec des moyens aussi expéditifs ?

On les suit, finit-il par répondre dans un murmure. Chasse ou pas chasse, c’est des mecs qui parlaient assez librement d’un petit génocide, et ils vont tomber droit sur le Tusken. A minima, je pense que c’est notre devoir d’essayer d’éviter un affrontement.

Comme à son habitude, l’explorateur sonde le regard de chacun des trois Padawans. Ceux-là le fréquentent assez longtemps pour savoir que les décisions de Maître Karm sont toujours ouvertes au débat et que l’excentrique Gardien n’est jamais opposé à la perspective de changer d’avis. Ce jour-là, cela dit, ils sont tous les trois d’accord avec lui, et les Jedis se remettent bientôt en marche, au pas forcé, pour rattraper les chasseurs et le cavalier.
Ogrruur'rr
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Ogrruur'rr attends, posé sur son rocher plat, sa tunique se confondant avec les pigments de la roche. Immobile comme il est, il paraît invisible. L'immobilité rend le camouflage davantage oiptimal que le mimétisme. Comme la plupart de ses semblables il sait que les créatures sont attirées davantage par le mouvement que par un contraste, une singularité, dans le relief. Le Ggrorr'iin est l'un ceux là. Les braves assimilent son fonctionnement à celui des Makad'ee. Cette espèce arachnoïde de petite taille dont les vibrations de sa toile lui indique qu'une proie est entravée, ce qui l'amène à surgir de son terrier et à la surprendre par la vitesse. Le Ggrorr'iin en est très proche. Sa rapidité et l'exacerbation de ses sens, expliquent sa grande dangerosité. Le jeune dresseur sait qu'il n'a pas le droit à l'erreur, et que selon la taille de la bête il devra décider d'agir ou reporter sa chasse.

Le temps défile, mais Ogrruur'rr ne s'impatiente pas. Il a appris de longue date l'art du chasseur patient qui attends sa proie. Il est prêt à rester ainsi pendant plusieurs cycles des soleils. Il n'a même pas emporté d'eau avec lui, jugeant qu'il ne partait pas pour assez longtemps. Attendre le déclin des étoiles ne mettra pas sa survie en danger.

Et pendant ce temps …

Poya kamar chuta! Je suis pas aveugle, c'est un bantha ! »
Koon stuupa, c'est une pierre espèce d'Achuta. »
Et si vous la boucliez un peu ? Vous vous rappelez où on est déjà ? » fait le proche-humain qui n'oublie pas sur quel territoire ils marchent.

Les cinq silhouettes progressent en direction de la singularité que l'un d'entre eux pense être une bête. Ils marchent en silence sous les rayons timides des soleils et la douce brise du vent qui siffle entre les pics de cauchemar, véritables montagnes d'épines, qui les observent immobiles, marcher sur ces sentiers interdits.

Ogrruur'rr sent un frisson tiède lui descendre l'échine quand un bruit l'alerte. Il croit ressentir quelque chose. Comme une vibration douce, partie des profondeurs obscures, qui le percute dans tout son être. Quelque chose est entrain d'approcher. Il ne sait pas par où, mais il en est certain. Le Slari a cessé de geindre. Comme s'il avait lui aussi ressenti quelque chose. Sur son rocher, derrière ses lentilles, l'enturbanné pourrait passer pour un mort, ou un épouvantail renversé, séchant au soleil. Il ne fait plus qu'un avec la roche qui le soutient. Les forces de la nature semblent couler en lui avec équilibre et harmonie. Comme si son système vital s'était arrêté de battre.
Quand soudain. Un cri résonne au lointain. Ou en lui. Il ne sait pas, mais il a ressenti la décharge de plein fouet, et il l'a comprend tout de suite. Ses yeux se cerclent d'humidité tandis que le feu semble gagner sa poitrine. Une haine cyclopéenne monte en lui. Dans la précipitation il se lève et traverse le réseau de pics en sautant de rochers en rochers, poussant des piaillements et des cris, sa main droite tient un Gaderfii.
Ogrruur'rr cours à toute vitesse guidé par l'instinct protecteur. Il a senti à distance la détresse de sa monture. Elle l'appelle. Elle a besoin de lui. La savoir en danger le pèse, l'écrase, d'une façon insupportable.

Le voilà qui la repère, et à côté .. un éclair le frappe en remuant la haine qui macère en lui. Il va lui retirer son âme et rapporter sa dépouille pour la manger, seule façon de réparer cet affront.
Aveuglé par la colère, le dresseur surgit en terrain découvert après avoir slalomé entre les rochers, brandissant son Gaderfii. Un hurlement s'élève dans la dépression . Sur les cimes désolées, des volatiles décharnés s'envolent précipitamment. Le visage-nu lâche la crinière du bantha en affichant en se tournant vers le Tusken. A travers ses lentilles polychromes, Ogrruur'rr apperçoit un sourire se dessiner sur le visage de son adversaire. Il a déjà vu R'win avoir cette expression qu'il interprète ici comme un défi. Ayant remarqué à l'avance que l'intrus n'est armé que d'une seule trique, il s'avance en brandissant son Gaderfii au dessus de sa tête, conquis par l'appétit du meurtre de ce colon.
Un bruit souple résonne quelque part dans l'écho. Ogrruur'rr sent ses nerfs lui donner des décharges d'appréhension quand un filet s'abat et l'entrave. Sans succès, il tente de se défaire en donnant de violents coups avec le tranchant de son bâton, mais rien n'y fait, le filet est solide, fait dans un matériel qu'il ne connaît pas.

C'était plus facile que prévu. Krabba le Hutt va nous payer cher pour ça .. »

Ogrruur'rr s'attarde sur la voix qui a surgi. Un autre visage-nu, accompagné de quatre autres. Sa haine explose. Il a été piégé. Les cinq silhouettes s'approchent du filet en ignorant le bantha qui pousse des grognements en ondulant dans une posture défensive. Ogrruur'rr pousse des cris légers puis un hurlement tonitruant s'élève dans la dépression. Les visages-nus se figent, leurs sourires s'effacent. Sauf l'un d'entre eux qui continue de marcher vers lui. Sa première pensée est pour sa mère. Il ne veut pas qu'elle souffre. Reprenant son souffle, il recule dans son filet et invoque les esprits des ancêtres pour qu'ils lui viennent en aide.
Karm Torr
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Maître ? Je crois que la situation est en train d’évoluer.
Sans blague, répliqua l’explorateur alors que, sous leurs yeux, un dragon des canyons coursait quatre chasseurs, qui embarquait dans une fuite frénétique le cavalier tusken, tout juste capturé, tandis que le bantha avait le privilège singulier d’être ignoré par le prédateur, à la faveur de ces proies plus gesticulantes, et par conséquent plus appétissantes.
Là, regardez ! Le cinquième homme vient les chercher en speeder.
Ils vont vendre ce pauvre Tusken en esclavage, c’est terrible.
Ouais.

Le flegme du jeune Maître avait l’air de confiner à l’indifférence, comme si tous ces drames entrecroisés qui se déroulaient sous ses yeux ne l’affectait guère, mais les trois Padawans qui l’accompagnaient ce jour-là le fréquentaient depuis assez longtemps pour savoir qu’il n’en était rien.

Bon, les jeunes, vous vous occupez du dragon.
Vous voulez qu’on le combatte tout seuls ?
Mais non. Vous l’apaisez. Vous le renvoyez dormir. Vous vous y mettez à trois. C’est pour ce genre d’exercices qu’on est venus ici, j’vous rappelle. Cherchez dans la Force. Accueillez son esprit. Aidez-le à trouver le calme. Vous faites pas dévorer.
Rassurant, murmura Hirani.
Moi, j’m’occupe de notre pote le Tusken.

Le speeder fonçait dans le défilé, les hommes continuaient à courir, le krayt continuait à courser, le bantha observait le tout avec une croissante perplexité. La situation ne se prêtait guère à la discussion et, après avoir échangé un regard, les trois Padawans eurent le même hochement de tête et s’élancèrent à toutes jambes sur le plateau, pour rejoindre le reptile. Ce n’était pas le spécimen le plus gros que le désert avait à offrir, mais il était tout de même impressionnant. Pourtant, il leur fallait voir au-delà : comprendre son existence au sein de la Force Vivant et mettre à profit, en situation réelle, ces enseignements sur la Nature qu’ils avaient reçus à l’Enclave de Dantooine.

Karm, lui, avait pris la direction opposée. Il détacha l’un des shotos de sa ceinture. La lame verte jaillit dans les nuages de poussière et le Gardien lança son arme. Guidée par la Force, elle tournoyait dans les airs, droit vers le speeder, pour s’enfoncer dans le tableau de bord. Le pilote eut un cri de surprise. Le véhicule paraît en vrille.

Le Jedi bondissait désormais de corniche, avec une agilité qui devait sans doute beaucoup à ses talents naturels, et plus encore à ses facultés mystiques, tandis que le sabre s’éjectait comme de lui-même du tableau de bord pour revenir se loger dans sa main. Le pilote du speeder avait réussi à sauter en marche, pendant que l’engin partait s’écraser contre une paroi rocheuse.

Bordel, mais qu’est-ce que…
Le dragon nous poursuit plus !
Comment ça, le dragon…

C’était pourtant bien vrai : le reptile à quelques dizaines de mètres d’eux encore faisait le gros dos, devant trois silhouettes qui paraissaient minuscules en comparaison et qui, les mains tendues pacifiquement vers lui, paraissaient tenter de le convaincre de s’en retourner de là où il était venu.

Mais c’est qui ces abrutis ?
D’autres Tuskens, suggéra le chasseur ?

Perspective guère réjouissante : être coursés par un dragon de Krayt ou une bande d’Hommes des Sables, c’était un peu comme choisir entre la peste et puis la peste aussi.

Mais on s’en fout de ça, pesta celui qui tenait à s’imposer comme le chef de la troupe. Notre speeder a explosé, bordel !

Le plus vieux des chasseurs, qui avait été préposé à la garde du véhicule pour permettre leur fuite, venait de se relever après sa chute, quand il fut alpagué par une singulière apparition :

Salut. J’ai des objections morales à la pratique de l’esclavage.
Qu’est-ce que…
Mais genre, ça me chiffonne profondément, quoi.

L’homme à la barbe blanche décrocha la carabine blaster de son flanc.

C’est qui ça, avec Rok, là-bas ?
Je vois rien avec la fumée et la poussière.
On est pris en tenailles par les Tuskens !
Paniquez pas, beugla le chef, en paniquant.
Venez, on abandonne notre prise et on s’enfuit par les cavernes !
On a pas fait tout ce chemin pour rien. Continue de courir.
J’entends plus le dragon…

En revanche, ils entendirent distinctement des tirs de blaster. Derrière l’écran de fumée noire dégagée par la carcasse du speeder écrasé contre la falaise, Rok canardait son adversaire. Décision funeste : en une fraction de seconde, la lame bleue du sabre du Jedi s’était matérialisé, et le Maître du Shien avait donné une démonstration de l’étendue de son art.

Les tirs qu’il n’esquivait pas se heurtaient à un sabre manié avec la précision redoutable du spécialiste. Retournés à l’envoyeur, le premier d’entre eux effleura la cuisse du chasseur aguerri et le second lui transperça l’épaule. Peu habitué à combattre des Jedis, Rok n’en comprit pas moins que la partie était inégale et il cessa de tirer.

OK, lança-t-il d’une voix forte, OK, je me rends !

Avec le secret espoir que ses camarades n’allaient pas tarder à surgir pour lui prêter main forte.
Ogrruur'rr
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Ogrruur'rr ne parvient pas à calmer la fureur qui tempête en lui. La haine, noire et ardente, est solidement installée dans son esprit. Tandis que son corps enserré dans le filet continue d'être traîné sur le sable froid, tirés par deux des colons peux impressionnés par l'effort, une myriade de questions viennent le harceler. Comment va t-il s'échapper ? Que va t-il devenir ? Que pensera sa famille s'il ne revient pas ? Dans un soubresaut de colère il s'acharne contre les liens épais de l'entrave, sans beaucoup plus que succès. Il entends devant lui les rires de ses geôliers, et conteste par un hurlement retentissant.

C'est pas ici qu'on viendra te chercher mon pote. Tu peux crier tant que tu .. »

Un rugissement s'élève dans la dépression en résonnant brutalement dans l'écho. Des volatiles ont quitté précipitamment leur perchoir sur les cimes décharnées des falaises. Ogrruur'rr sent sa masse s'arrêter sur le sable, car tout le monde est attardé sur quelque chose qui vient d'apparaître. Un nouveau hurlement claque, tonitruant, monstrueux. Le dresseur le reconnaît. Il vient de l'amoncellement de regs noirs où une quinzaine de minutes plus tôt, il était en embuscade. Il sent son corps se remettre à glisser sur le sable, de plus en plus vite, et entends les colons échanger entre eux à haute voix. L'un d'entre eux s'arrête pour tirer au fusil sur une menace invisible qui semble se rapprocher. Depuis son filet, Ogrruur'rr ne voit pas grand chose, mais il peut sentir quelque chose approcher à grand pas, glissant et ondulant sur le sable.
De nouveaux tirs éclatent, un hurlement furieux s'élève. La bête approche. Ogrruur'rr peut presque sentir son odeur, si forte, si emblématique. Il doit se libérer. Il doit absolument se libérer.

Une déflagration arrive jusqu'à ses oreilles, suivie d'une odeur de carburant brûlé, qu'il ne connaît pas. Derrière, quelque chose semble retenir la menace. Mais devant que se passe t-il ? Ogrruur'rr est dans la confusion. Autour, l'attitude de ses geôliers semble changer. Il peut ressentir la peur et l'incertitude qui planent autour d'eux comme un spectre maléfique. De nouveau arrêté sur le sol, il tente de briser son filet sans beaucoup plus de succès.

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Il parvient à s’asseoir sur le sol et écarte le filet pour observer la situation. Dans le nuage de fumée devant lui, une lueur bleue irradie d'une aura singulière. L'émotion bat en lui. R'win ? R'win est revenu pour le sauver ! Il sent ses nerfs vibrer d'une centaine de frissons de reconnaissance.

Rok a besoin d'aide. Shaark, surveille les arrières ! »

Les colons ouvrent le feu en hurlant des phrases qu'Ogrruur'rr ne comprends pas, mais les dards écarlates semblent ricocher sur le faisceau azur du gardien mystérieux que la brume noire ne semble vouloir dévoiler. Pourtant .. le dresseur qui s'est habitué à ressentir la présence de R'win n'est pas atteint de la même sensation que jadis. Celle ci est différente. Empreinte d'une écume de sagesse tournoyant dans les remous d'un imperceptible mysticisme. Ogrruur'rr n'a jamais ressenti cette présence. Il est étonné et perdu.

Il s'arrache cependant de ses pensées car un garde approche, soutenant un fusil à lunette. Le dresseur que la prédation semble avoir réveillé l'observe jeter des coups d’œils dans leur direction opposée, puis il se met à ramper silencieusement vers lui en traînant son lourd filet dont le raclement sur le sable et les cailloux est couvert par les bruits de la lutte.
Une main enturbannée saisit le mollet du colon qui sursaute en poussant un cri de stupeur, avant de basculer dans un nuage de sable.
Karm Torr
Karm Torr
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Hé, les jeunes, vous me recevez ?


Dans un instant de répit, alors que les autres chasseurs s’approchent prudemment, les yeux plissés pour scruter le nuage de fumée noire de l’autre côté duquel Rok est sagement assis contre un rocher et médite les probabilités infinitésimales que le seul jour où ils tentent de capturer un Tusken, un Jedi se matérialise pour les empêcher — la Galaxie est décidément bien injuste —, Karm a activé son comink.


Sexy Leader, on vous reçoit !
Sexy Leader ?
Eeeeeeuh ! C’est pas ce que je voulais dire ! Oubliez ça ! On vous appelle pas du tout comme ça entre nous ! Oh la la ! Non ! Quelle idée ! Vraiment, vraiment pas !
OK, on reparlera de ça plus tard. Ça se passe comment avec le dragon ?
Ben…


Tout en discutant, le Jedi enlève son foulard pour bâillonner Rok et, par un bond prodigieux, se réceptionne sur une corniche des parois du canyon où, accroupi, il guette d’éventuels nouveaux venus comme une gargouille.


Il ronfle.
Il ronfle, chuchote tout bas le Jedi ?
Il ronfle, confirme son élève sur le même ton. On y est peut-être allés un peu fort dans la relaxation…
OK, allez libérer le Tusken. Essayez de pas le mettre en rogne.
Ah, parce que c’est possible, ça ?
J’vous rejoins très vite. Sexy Leader, terminé.


Devant le krayt assoupi, et dont les trois Padawans espèrent que leurs efforts combinés ne l’ont pas plongé dans un état totalement comateux, Syria s’attire des regards pleins de reproches de ses deux camarades.


J’ai paniqué, se défend-t-elle !
Non mais je te jure…
Bon. Il est où, le Tusken ?
C’est pas lui, là-bas, qui est en train de choper un chasseur ?
Hein ? Où ça ?
Sous le filet ?
Voilà.
Ben il a pas l’air d’avoir besoin d’aide…
Quand même…
Je dis juste que l’autre mec a l’air de prendre cher, mais oui, on y va.


Pendant ce temps, trois silhouettes traversent l’écran de fumée.


Rok, s’exclame le chef de la troupe en découvrant son complice ligoté et bâillonné au pied d’un rocher, bordel de hutt, mais qu’est-ce que…
Hmm hmm hmm hm hm !
Qu’est-ce que tu dis ?
Hmm hmm hmm hmm hm !
Qu’est-ce qu’il dit ?
Peut-être que si on lui enlève son bâillon…
Tout de suite les grandes idées !


Qui ne sont pas mises à exécution, parce qu’un caillou sauvagement propulsé par une énergie télékinésique sans pitié vient assommer un chasseur. Le caillou est bientôt suivi par un shoto à lame verte qui fuse dans les airs pour se planter dans un genou, puis par un Jedi un peu amateur des entrées théâtrales, qui bondit en allumant son sabre, pour atterrir avec souplesse devant le chef de la bande.


Oui donc voilà, je suis là avec des visées libératoires.
Mon genou ! Bordel ! Mon genou !
Libératrices ?
Il m’a cramé le genou !
Libératives ? Non, ça sonne hyper mal.
Mais il m’a cramé le genou, le nain !
Hé ! Oh ! Dites donc ! Un peu de respect, là.


Et Karm reporte son attention, en même temps que la pointe de son sabre, vers le patron, que l’état peu reluisant de ses camarades invite à une certaine circonspection.


C’est à cause du Tusken ?
Précisément.
L’esclavage est pas illégal, ici.
J’préfère écouter mon sens de la morale que celui des lois.
Mais ça fait mal, en plus !
Et c’est moral de nous foutre dans cet état pour que toute la tribu de guignols des sables viennent nous embrocher ?
Hmm…

Ce n’est pas une mauvais argument, il est bien obligé de le reconnaître.


J’imagine que vous en avez d’autres, des speeders.


Pas de réponse.


Ouais, des grands garçons comme vous, vous en avez d’autres. Vous les prenez, vous retournez d’où vous venez, et voilà.
Mon genou ! Non mais sérieusement ! Mon genou !
Comme si on allait pas se faire attaquer en chemin.
De ce point de vue, j’vois pas ce que ça change de d’habitude.


Silence et rude tension.


Quoi ? Vous voulez une escorte ?
Non, pas vraiment, concéda l’homme.
Je faisais de la danse, moi !
Ah, mais tu vas la boucler à la fin ! Tu vois bien que je négocie.


Puis il se tourne à nouveau vers le Jedi.


Qui te dit que j’ai pas de renforts ?
Ma foi…


Karm hausse les épaules avec indifférence. Ses propres renforts sont arrivés près du Tusken, qu’ils libèrent promptement du filet.


Euh…


Syria pousse sa collègue du coude.


Pourquoi pas, souffle la Duros ?


Il fait néanmoins un nouveau pas en avant et tente en huttese :


Nous venons en paix et nous n’avons pas l’intention de vous déranger sur votre territoire.
Ogrruur'rr
Ogrruur'rr
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Le colon est coriace, Ogrruur'rr peut sentir la peur couler en lui comme des rapides effroyables. Lui, est plutôt serein maintenant qu'il a saisi sa proie, désormais occupée à se débattre vigoureusement. Deux violents coups frappent l'homme de main avec un bruit creux. Assommé, la canaille tombe sur le sable avec un bruit moue. Ogrruur'rr observe quelques secondes la position pittoresque dans lequel l'individu s'est affalé. Allongé tout droit sur le dos, les mains jointes sur son bassin, une expression niaise sur son visage porcin. Il s'est aussitôt mis à ronfler. Encore une race qu'il ne connaît pas.
Le monde lui paraît si grand, si démesuré par-delà les sentiers foulés de son expérience. Combien d'autres races existe t-il ? Jusqu'où s'étendent les frontières du monde ? Des questionnements qui lui arrive de se poser souvent, lors desquels il se sent bien seul. Mais le jeune dresseur est focalisé sur sa proie pour penser à d'autre chose. Le mélange de haine et de colère qui l'anime le pousse naturellement à achever ce corrupteur.

Ramassant une pierre à travers les mailles de son filet, le voilà qui la brandit à deux mains au-dessus de sa tête en poussant des cris saccadés. Au moment d'abattre violemment son arme, une voix retentit derrière lui. Un frisson glacé lui descend l'échine. Ogrruur'rr tourne sa silhouette enturbannée recouverte de son filet, vers l'origine de la singularité. Trois silhouettes, plutôt de petite taille, l'observent. La colère se met à bouillonner dans sa poitrine. Ses yeux se cercle à nouveau d'humidité. Des corrupteurs, encore. Ils doivent trépasser pour ce qu'ils ont fait aux siens. Pour ce qu'ils représentent. Eux qui souillent les territoires sacrés et les sanctuaires de leurs pas impies. Ogrruur'rr peut sentir la mémoire des siens couler en lui, il croit souvent entendre des milliers de bouches hurler de douleur en réclamant la rétribution. Ces visions pénibles viennent souvent le hanter, exacerbant sa colère déjà permanente.

Les ombres s'avancent vers lui dans la pénombre déclinante de l'aube. Le vent a cessé de siffler dans l'écho de la dépression de pierres. Et règne à nouveau silence. Le dresseur ressent une sensation inhabituelle et énigmatique à mesure que les trois êtres marchent vers lui, comme s'il se trouvait sur une toile fine que trois masses viennent courber sous leurs poids. Et qu'il peut ressentir.
La partie reptilienne de son cerveau tournant à plein régime, Ogrruur'rr est pareil à une bête acculée prête à tout pour sa survie. Il reste d'abord silencieux, y compris quand une silhouette le libère de son entrave en la sectionnant d'un faisceau bleu bourdonnant. Celui qu'il a vu dans la fumée.
Ce n'est pas la première fois qu'il voit cette race étrange au visage flanquée de tentacules, bien qu'il n'en ai jamais vu une d'aussi prêt. Quelle race étrange. Mais le troisième l'intrigue beaucoup plus. Son visage céruléen est allongé et frappé de deux braises rouges qui luisent d'une étonnante aura. C'est celui-ci qui tente de lui parler. Pourquoi ce colon l'a t-il libéré ? Il est sensé l'emprisonner, ou le tuer, comme tous les colons. Tous les colons sont les mêmes. C'est les aînés qui le lui ont dit.
La confusion mêlée à la haine règne dans son esprit tourmenté. Quand le visage-bleu s'approche trop prêt, Ogrruur'rr pousse un violent hurlement en faisant un pas vers lui pour l'inciter à reculer, avant de chercher instinctivement un échappatoire. Il ne peut se mesurer à trois corrupteurs armés de bâton-flamme. Il sent les regards rivés sur lui, sur ses moindres mouvements. Que cherchent-ils à faire ?

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Ogrruur'rr se calme légèrement en entendant la voix du visage-bleu. Elle lui rappelle celle de R'win. Sa puissante mémoire a reconnu les palatales et ces diphtongues particulières qui diffèrent tant de sa langue. La seule qu'il connaît. R'win lui aussi, parlait comme cela, quand il ne s'exprimait pas en Ooiinrr, pour réciter des poèmes qu'Ogrruur'rr et les jeunes n'appréciaient que par la sonorité de leurs rimes.
Il a senti la présence proche de son bantha, qu'il tente d'appeler en criant fort dans l'écho.

Il refait silence et les regardent l'observer, circonspects. Ils enrage de ne pas ressentir la peur en eux, contrairement à la brute qui sommeille sur le sable. Derrière ses lentilles polycarbonates il les dévisagent, accoutumé à lire les expressions sur le visage de R'win, il ne décèle pas d'animosité en eux.
Si les braves le voyaient hésiter il risquerait un lourd châtiment, mais Ogrruur'rr s'est toujours senti plus réfléchit que ses pairs. Ces gens ne semblent pas lui vouloir de mal, en plus de l'avoir libéré. Bien qu'une haine enfouie à l'encontre de leurs races demeure contenue dans son cœur. Après un instant à se regarder, Ogrruur'rr s'approche de la race bleu céruléenne en emportant avec lui sa forte odeur, caractéristique de son espèce. Il se met lui-même à renifler le visage-bleu, comme sa mère avait l'habitude de le faire sur les singularités, n'y décelant pas grand chose sinon quelque chose caché dans son sac. Quelque chose de sucré ! Le voilà qui se met à pousser des cris légers en tentant de s'emparer du sac que le visage-bleu porte sur le dos, n'hésitant pas à pousser ce dernier au sol pour atteindre la sucrerie.
Karm Torr
Karm Torr
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Hé, les jeunes, fait Karm dans son comlink. Vraiment, c’est quand vous voulez.
On a rencontré, euh… Un très léger contretemps, lui répond la voix de Syria.
Mais encore ?
Mais donne lui ton sac !
C’est ma dernière Rancor !
On t’en rachètera d’autres, c’est bon.
On peut savoir ce que vous fabriquez ?
Ruru, allez, donne ton sac. Rien rien, maître ! Tout est parfaitement sous contrôle !


Le Maître Jedi coupe la communication et considère ses prisonniers.


Ouais, dit-il flegmatiquement. On est vachement bien préparés et tout.
Manifestement, réplique son interlocuteur avec beaucoup plus qu’une pointe de sarcasme.
Donc ? Vous partez ? C’est une occasion en or.
Et Vurburg, intervient Rok ?
J’vous d’mande pardon ?
Le Gamorréen qui… hm… veillait sur notre prise, reprend le chef.
Ah. Ouais. Une seconde.


Retour au comlink.


Oui, c’est encore moi. Désolé de vous déranger dans…
Non mais c’est bon, maintenant, Ruru lui a donné ses barres de Rancor. Il se trouve qu’elle en avait plusieurs, en réalité…
Oui, oh, c’est bon, hein, je ne m’étais pas rendu compte.
Notre nouvel ami est coopératif ?
Je… j’imagine, oui. Compte tenu des circonstances.
Cool. Vous auriez pas un Gamorréen avec vous ?
Si, mais il n’est pas très frais.
C’est-à-dire ?
Très inconscient.
Bon.


Karm raccroche.


On vous le ramènera à Anchorage, déclare-t-il.
Parce que vous croyez vraiment qu’on va l’abandonner ?
Oh, ma foi…
L’abandonner, l’abandonner, tout de suite les grands mots…
Dans la vie, il faut savoir faire des sacrifices.


Touché par ce bel élan de solidarité, le Gardien conclut :


Entendu ?


L’homme qui mène le groupe pèse le pour et le contre, et comme le contre, c’est de rester coincé dans un ravin avec des Jedis, un dragon et un Tusken mécontent, il finit par hocher la tête. Il profère de vagues menaces dans une langue que Karm ne comprend pas, avant de faire signe aux autres et, ensemble, ils s’éloignent prudemment du Jedi, sans jamais lui tourner le dos, jusqu’à disparaître à un angle du défilé. Pendant un moment, les yeux fermés, Karm les suit encore par la pensée, et ce n’est que lorsqu’il les sent disparaître à grande vitesse de son champ de vision qu’il désactive la lame de son sabre, contourne la carcasse et part inspecter cette histoire de barres chocolatées, de Gamorréen assommé et de Tusken mécontent.


Ah, maître, s’exclame Hirani avec un palpable soulagement quand la silhouette guère impressionnante du Jedi émerge de l’écran de fumée !


De fait, le Tusken a récupéré le sac de Rukiyokoshiru — Ruru, pour les intimes —, dont il en a tiré les friandises, pendant que les trois Padawans conservent une prudente distance de sécurité.


Félicitations, déclare l’explorateur du même ton qu’il aurait dit : « on va devoir vous amputer de la clavicule ».
C’est sarcastique ?
Mais pas du tout. Vous avez apaisé un dragon de Krayt et libéré un malheureux…
À vrai dire, il était en train de se libérer un peu tout seul.
… et je suis fier de vous.


Les trois jeunes ont l’air positivement ravi. C’est vrai que ça leur en fera, des histoires à raconter, pour rouler des mécaniques devant leurs camarades, dans un respect approximatif de l’humilité préconisée par le Code Jedi.


Ces compliments distribués, Karm se retourne vers le Tusken.


Il n’a pas l’air de comprendre le huttese, prévient Ruru.
Ni le basic, renchérit le Twi’Lek.
Pas très étonnant. OK. Agenouillez-vous devant moi.
Pardon ?
Ouais, je sais, désolé, c’est pas top, mais je veux lui faire comprendre que je parle pour nous tous parce que je suis le chef et je doute qu’il le devine à ma seule apparence.


Probablement parce que des quatre Jedis, c’est probablement lui qui a l’air le moins impressionnant. Confortés par cette explication, les trois Padawans mettent un genou au sol et inclinent la tête en signe de respect, avant que Karm, qui goûte peu lui-même ces marques d’autorité et de soumission, leur fasse signe de se relever.


Il fait un pas vers le Tusken et présente un blaster dans ses paumes tendues, puis fait un signe de tête vers la carcasse du speeder encore fumante, avant de déposer cette prise de guerre au pied de l’Homme des Sables, comme un cadeau qui fait office de marque de bonne volonté.


Puis il se désigne, lui, et aussi les trois Jedis, et le Gamorréen inconscient, avant de faire un signe dans la direction d’Anchorage, pour signifier qu’il souhaite partir avec le chasseur. À n’en pas douter, les intentions de son interlocuteur à l’endroit de son ancien kidnappeur sont sans doute moins tendres, mais le Jedi ne voudrait pas avoir troqué une victime pour une autre.
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