Maxence Darkan
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Paupières frémissantes, regard soutenu, elle se voyait finalement à travers la glace, pourtant, elle dut prendre un court instant pour comprendre qui se trouvait en face. Le son de l'eau, coulant du robinet, frappant la céramique creuse d'une toilette bâclée. Mais elle ne voyait que du sang à la place de ses taches de rousseur, des larmes dans ses yeux éteints et des dents en moins à travers ses lèvres fermées. Maxence attrapa un élastique sur le bord de l'évier, glissa ses doigts le long de ses cheveux pour les accrocher, un chignon, presque parfait à la simple exception de cette petite mèche coulant sur sa tempe, rattraper au vol par sa main, la rangeant derrière son oreille. Ses phalanges étaient encore rouges des coups donnés à Dana, considérant son bras comme la dernière fois où elle le voyait, son poing se serra, ses veines et tendons ressortaient sous sa propre pression.

-Woh, bordel, sans dé-conner ! Le parieur regardait le datapad, plus précisément la vidéo. Putain, elle va vraiment ?... Ah, ouais, complètement. Juste dans la loge à côté. Et elle y met du cœur en plus.

La blondinette se passa de l'eau sur le visage, lui donnant presque l'impression qu'elle s'évaporait, rien qu'en effleurant sa peau. Nouveau regard dans le miroir, visage humide, passage de manche pour sécher le tout, elle était prête, désormais, il fallait attendre l'homme qui paierait pour tous les autres.

-Bon, assez rigolé, elle va commencer à m'filer une gaule coupable. Il rendit le datapad à la femme qui le rangea dans son blouson. Maxence, il va falloir qu'on parle sérieusement, toi et moi. J'ai remarqué qu'tu passais pas mal à côté des objectifs qu'on s'était fixé. D'abord, tu parles indirectement de Taha à Dana, à deux doigts d'tout foutre en l'air, parce que oui, j'vous ai entendu, ensuite tu copinages et tu l'embrasses et pour finir tu récupères des d'esclaves sensitifs ? Il inspira en détachant son regard, ne masquant pas son agacement. Écoute, j'vais t'parler en tant qu'homme derrière Flakstaff, t'as ma confiance et je suis avec toi dans cette histoire, mais j'ai l'impression qu't'es pas forcement la meilleure variable.

-C'est nouveau ça. La mercenaire restait stoïque. Le grand Flakstaff doute au moment le plus crucial.

-Tu nous dis rien. À moi, à Fély, à Bigord, c'est quoi la suite ? Parce qu'avec les prisonniers, j'vois rien d'bon, mais j'm'en plains pas, le truc, c'est qu'j'commence à croire que tu vas changer d'avis à mal.

-Dis le sale con qui joue dans l'dos des gens. Elle s'approcha très près de lui. C'est marrant ça, mais tu m'portais moins d'intérêt quand il s'agissait d'te refiler les infos. La drogue, les bleus supplémentaires sur mon visage, tout ça... nan, pourquoi s'en embarrasser ?

Échange de regards foudroyants, secondes de silence et Maxence élança finalement son poing vers le parieur qui, à sa grande surprise, l'esquiva pour répliquer. Les coups de n'échangeaient pas, seulement des gardes trop biens mises en place, des frappes prédictibles pour chacun, leur bras se croisèrent pour se figer.

-C'était toi. Il la repoussa prenant ces distances pour la considérer d'un mauvais œil. Taha nous avez parlé d'une école d'art martial dans laquelle elle avait essayé d's'inscrire avec « un vieux pote » avant d'se faire rejeter. C'était toi.

-Tu t'aventures en terrain miné.

Il tourna les talons pour partir de cette maudite salle au plus vite. La rodienne était le dernier pilier de son énigmatique vie, entre l'existant et l'inexistant : d'un côté, sa mort effaça les dernières traces existantes de son passé, de l'autre, il n'avait plus personne pour s'y raccrocher. Maxence empoigna ses blasters pour y enfoncer deux chargeurs, tous les deux marqués d'une croix blanche sur le flanc. La mercenaire s'en alla des loges pour retourner sur la scène où les hommes s'attroupaient en attente des dernières consignes.

Sur ladite scène, il y avait deux chaises de bois clair avec accoudoirs, d'un style banal, presque trop pour ne pas être suspectes, elles étaient l'une face à l'autre, séparées de cinq mètres et soixante-trois centimètres, exactement. Il y avait aussi une table un peu en retrait de deux mètres de long pour un de large, sur laquelle des outils de tortures biens trop caricaturaux pour être pris au sérieux étaient posés, avec les affaires de Dana et le bocal contenant le doigt de Moh Trekkar.

-Bon, on arrive à une fin maintenant, vous vous en doutez. Sa voix restait neutre et posée. Si les choses tournent mal, sachez premièrement que Dana est capable de contrôler les esprits, elle me l'a dit, mais y' a une limite, faire comme avec Taha'san et Skroutch, c'est bien plus complexe qu'on l'pense et je sais pas jusqu'où elle peut aller. Elle est capable d'invoquer des monstres sous forme d'ombres, des trucs tentaculaires qui vous font fondre la peau en les touchant, de se protéger des tirs de blasters et de vous écraser par la pensée, peut-être plus.

Des chuchotements retentir, préoccupés, perdus.

-Lloyd, lui, peut... disons, s'augmenter : courir plus vite, frapper plus vite, p't'être même être plus fort, j'l'ai vu sur Khar Delba et je connais quelqu'un capables des mêmes prouesses. Il utilise l'un des pouvoirs les plus mortels, celui de... vous sucer mentalement. Nan, c'est pas c'que j'voulais dire. Il vous pompe votre vitalité, comme lui. Elle pointa le bocal avec le doigt. Jusqu'où ? Je sais pas, ne les sous estimez surtout pas. S'ils s'échappent pour X ou Y raison sans leur collier, tirez à vue.

Des hochements de tête, principalement, mais aucune plainte. Elle leva les paumes en l'air, lançant un triste sourire pour leur dire de se mettre à leur place, il ne restait plus qu'une heure avant l'arrivée de Lloyd Hope. Le speeder partirait en avance au spatioport, l'attendrait pour l'amener dans le hall en attendant que Maxence l'accepte. Les Djiilo seront là pour admirer le spectacle et le protéger. La blondinette retournait voir sa captive... du moins, ces captifs : elle et trois autres, le contrebandier, une Humaine et une Twi'lek.

Maxence s'assit, Dana « dormait » toujours, elle en souriait, mais il fallait se montrer patiente quand il s'agissait de violence, ce n'était qu'avec l'attente qu'on en ressentait tous les effets. Alors elle regardait son corps inconscient, le revoyait nue, habillé de ces immondes vêtements moulants et les soins futiles qu'elle y apportait. Les minutes s'écoulaient, enfin, elle se réveillait.

-La forme ? Demanda Maxence sobrement, sans lui laisser le temps de trop reprendre ses esprits. À ta place j'aurais bu d'l'eau. J'ai lu quelque part que l'eau était un p'tit remède secret à tout pour les humains. Gastro ? Eau. Infection ? Eau. Migraine ? Eau. Blessure. Eau. Dans ton cas t'iras t'faire foutre, mais j'pense que t'as l'idée.

La blondinette considéra son blouson.

-J'porte les mêmes fringues depuis qu'on s'est rencontré, j'me disais qu'une fois qu'j'aurais terminé, j'brulerai tout, une sorte de rituel, tu vois ? Bon, tu m'diras j'ai changé d'culotte, 'fin bref. Ça va être l'heure ma grande.

Une très légère pause s'immisça alors qu'elle s'humectait les lèvres.

-J'ai un truc à t'demander, j'vais essayer d'le faire gentiment cette fois : sois patiente, évite les bêtises. C'est comme un vilain cauchemar et bientôt, tout l'monde se réveillera.
Lloyd Hope
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Fin de l'Acte

Et ainsi on tenterait d’atteindre Dana Shar à travers Lloyd Hope, et Lloyd Hope à travers Dana Shar.






Trois heures plus tôt, à bord du Sans Visage.



Le silence.

Voilà ce qui s’était installé dans la tête du hapien.

Habituellement, il y avait le bourdonnement des moteurs qu’il surveillait d’un coin de son cerveau, la petite voix qui donnait son avis sur tout – un avis souvent désagréable -, les souvenirs des cris des champs de bataille et des gémissements de Dana, et encore les ordres de Laduim comme des listes interminables à vérifier et revérifier, et encore les mille choses qui se terraient dans les ombres et qu’il devait surveiller constamment, comme un brouhaha épuisant où la vigilance était toujours de mise, un vacarme où seule parfois la passion permettait de passer d’un tapage infernal à une symphonie harmonieuse, l’espace de quelques minutes.







… Mais depuis vingt-quatre heures, tout s’était tu, et il ne subsistait plus que le vide.

Le silence.












La cabine du capitaine était plongée dans un clair-obscur, la surface de Rishi jetant sa lumière à travers le hublot et déversant une pâleur morne sur les casiers de métal. Des vêtements gisaient au sol ainsi qu’un carton vide, et le hapien tournait le dos à ce décor grisâtre, assis à son bureau, sur la surface duquel il croyait deviner, encore, les traces de fluides mal essuyés – ou bien il se faisait des idées, comme toujours. Sur son visage blême, la lueur clignotante de son bloc de données marquaient ces cernes et les petites rides soucieuses qui s’étaient formées sur son front, derrière lequel, donc, le silence avait élu demeure.

Quand il avait allumé son datapad pour visionner le message de la mercenaire, persuadé d’avoir à encaisser un autre genre d’annonce, il était resté coi. Il avait pris une inspiration, s’attendant à ce que le brouhaha revienne, et avec lui les plans à déployer à la hâte, les cris de rage intérieurs, la colère de s’être fait avoir une deuxième fois, mais il n’y eut rien. Toujours le silence. Le silence, et le constat que ce qui arrivait n’était qu’une suite logique et inéluctable : de leur promesse, de ce Personne ne doit savoir, dont ils n’avaient rien respecté.

Et ainsi on tenterait d’atteindre Dana Shar à travers Lloyd Hope, et Lloyd Hope à travers Dana Shar.

Il avait toutes les raisons de ne pas y aller : une frégate l’attendait, avec un équipage. Mat’aenna l’attendait. D’autres choses que les mensonges d’une Inquisitrice l’attendaient, et l’Empire était en proie à une guerre civile, pourquoi aller chercher une femme qui l’avait manipulé ?

Il était resté longuement à regarder le message. Une deuxième fois, une troisième fois, une quatrième fois, et bien sûr qu’il reconnaissait la petite morveuse, et non, il n’y avait rien qu’il pouvait utiliser contre elle dans cette vidéo. Alors il déglutit, cala le datapad sur son bureau et activa l’enregistrement.


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Il jouait en sachant qu’il avait déjà perdu. S’il y avait une infime probabilité que ces mercenaires puissent être achetés, il était prêt à prendre le risque. Mais évidemment, ce n’était pas le cas. Son argent resterait au chaud. A qui irait-il ? Il n’avait jamais pensé à faire en sorte que s’il disparaissait, Mat’ et Mumkin pussent en bénéficier.

Mais tout ceci n’était que des considérations absurdes.

Comme un automate, il se leva pour sortir de sa cabine, traversa la coursive d’un pas silencieux. Dans le cockpit, le dévaronien mâchonnait en silence un morceau de viande séchée, et osa une œillade suspecte vers le hapien. Depuis la veille, le patron était bizarre. Il ne disait plus rien. Ce n’était pas bon signe.

- T’as eu Dana ?
- Non. On va sur Nar Kaaga, annonça-t-il platement.
- Heu… Ok.
- On doit être à l’astroport dans trois heures quarante-cinq.
- Oh la, c’est un peu juste ça ! Surtout que bon…
- Mumkin. On sera à l’astroport dans trois heures quarante-cinq.

Le dévaronien leva cette fois-ci franchement les yeux vers Lloyd. Mais ce dernier fixait la surface de Rishi au travers de la baie de pilotage, un masque de rien sur le visage.

- Heu… Ok, je booste.
- Tu connais cette femme ?

Lloyd tendit un datapad et le dévaronien posa les yeux sur l’image d’une petite blondinette affalée dans un canapé.

- Jamais vue.
- Ok.

Le hapien repartit dans sa cabine du même pas raide et silencieux. Mumkin haussa les épaules et mit les plein gaz pour que le Sans Visage rugisse afin de quitter l’orbite de Rishi.







Lloyd ne reparut que lorsqu’ils atterrirent sur le petit quai étroit d’un astroport fréquenté de Nar Kaaga, quand Mumkin eut sifflé de satisfaction depuis le cockpit, vantant ses propres talents de pilotage – Rishi-Nar Kaaga porte à porte en trois heures et quarante et une minutes, s’il vous plaît, ça méritait bien quelques fleurs lancées sur ses cornes, à défaut d’avoir un patron capable de vous féliciter.

- Et voilà l’travail, claironna le dévaronien en se tirant de son fauteuil de pilotage. Hé patron ! On est arrivés ! Allôôô ?

Dans la coursive, l’écoutille de la cabine du capitaine était ouverte et Mumkin vint s’enquérir du hapien mais il se figea à l’entrée.

- Heu… Lloyd ?
- Mmh.

Le capitaine était allongé par terre entre des cartons à moitié remplis, à fixer le plafond.

- T’es sûr que ça va ?
- Parfaitement.

Lloyd grogna en se redressant.

- Ce carton-là, tu vois ? fit-il en désignant l’un des contenants encore ouverts, où des objets et papiers divers étaient entassés. A jeter. Et le petit, là, tu peux l’mettre dans la cabine à côté.
- La cabine de Dana ?
- Ouais, la cabine invité, quoi.
- Ok.

Les yeux du dévaronien tombèrent sur le petit carton d’où débordait une soie rouge pliée et une guirlande colorée roulée en boule. Mumkin se baissa pour le ramasser en faisant une moue de dépit. Il allait s’en aller mais il hésita sur le pas de l’écoutille.

- Hum, tu… Vous…

Lloyd lui jeta un regard d’avertissement. Mumkin s’efforça de prendre un ton dégagé.

- Tu vas avoir besoin d’aide ?

Le hapien se mordit la langue pour conserver le masque de neutralité qu’il arborait. Il resta silencieux, à soutenir d'un regard noir la face embarrassée de Mumkin. Le dévaronien finit par hausser les épaules et s’en aller vers la cabine voisine.







Dix minutes d’avance.

Dans le hall central de l’astroport, au milieu d’une foule de passants bruyants, de droïdes rigides annonçant la vente de tickets pour des navettes express vers Bothawui ou Nal Hutta, de petits véhicules déambulant en transportant bagages et caisses de marchandises, le hapien était immobile. Il n’était vêtu que d’un pantalon noir au-dessus des rangers qu’il utilisait habituellement pour les missions en terrain accidenté, et d’un tshirt. Pas d’arme, pas d’uniforme, même pas de papiers d’identité. Rien qui pût permettre de l’identifier, rien qui pût agiter la haine anti-impériale. Il lui sembla être longuement la seule personne immobile, la seule personne sans destination, à guetter les visages dont les regards glissaient sur lui avant de passer à autre chose.

Puis il avait croisé des yeux verrouillés sur lui : les petits yeux enfoncés dans leurs orbites d’un trandoshan. Et quelques secondes plus tard, quelqu’un d’autre s’était arrêté près de lui ; un kel dor armé d’une pique électrifiée.

- Lloyd Hope ? brailla une voix derrière le masque respiratoire du kel dor, et le hapien acquiesça. Bienvenue en territoire djiilo. Suivez-nous. Pas de surprise, sinon elle mettra ses menaces à exécution.

Lloyd les suivit sans un mot, encadré des deux énergumènes. Le trandoshan aussi était armé, d’un fusil à répétition qu’il maintenait contre sa poitrine, bien en évidence, et sur leur passage, chacun veillait à s’écarter et à détourner le regard du trio qui fendait la foule.
Dehors, le ciel de Nar Kaaga était sombre et jeta sur la peau du hapien une humidité glacée. Un boulevard s’était matérialisé devant eux, mais ils bifurquèrent immédiatement sur leur droite, vers une série de landspeeders alignés.

- Elle s’appelle comment ? tenta le hapien, mais le kel dor parut l’ignorer.

Un humain en costume soudain, à peine plus jeune que lui, sortit de l’un des landspeeders. A peine se furent-ils approchés que le trandoshan saisit les bras de Lloyd pour les attirer en arrière et l’homme, à peine plus jeune que lui, le contourna pour fixer des menottes aux poignées du hapien, qui se laissa faire, les mâchoires serrées. L’instant suivant, on lui enfilait un sac opaque sur la tête et il ne vit plus rien.

Il fut poussé sans ménagement dans le speeder.

- Tu l’appelleras Max, comme tout le monde, entendit-il après avoir atterri sur la banquette arrière.

La pointe glacée d’une pique électrifiée se planta superficiellement sur sa gorge, comme un avertissement silencieux, et les moteurs du speeder grondèrent.





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Darth Hope
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Fin de l’Acte

Elle riait pour ne pas pleurer.







Au cours de sa vie, Dana Shar avait encaissé de nombreux coups. Les premiers sévices corporels à l’Académie de Korriban lui avaient rapidement enseigné l’importance de survivre à chacun d’entre eux. Alors, elle avait érigé une stratégie pour déconnecter son esprit, le temps que sa peau reçoive les chocs et la douleur. Comme avant une anesthésie générale, elle pensait à une étendue verte, aussi verte que des émeraudes, parsemée de champs de blé qui blondissaient sous un soleil estival. Elle se projetait là, et il lui semblait que la souffrance n’était plus qu’un écho lointain, jusqu’à ce qu’elle s’arrête ou que le paysage paisible s’éteigne en même temps que sa conscience. Et elle savait pertinemment qu’un jour, à force de faire des conneries, tout s’éteindrait pour ne plus jamais se rallumer. Et alors qu’elle pensait à ces blés souples et dorés qui se couchaient et se relevaient sous la caresse d’une main invisible, elle entendit le craquement sinistre induit par des phalanges qui heurtaient une ultime fois sa figure.



Elle espérait encore que Lloyd Hope ne vienne pas.








Un grognement secoua sa gorge. Dans un noir encore absolu, la voix de Maxence résonnait désagréablement à ses tympans en plein éveil. Elle roula sur le côté dans un autre gémissement plaintif et ouvrit les yeux. Un bourdonnement douloureux battait à ses tempes et sa vision mit quelques secondes avant de réussir à se focaliser sur la mercenaire. Dana cracha un peu de sang au sol pour se débarrasser du goût ferrique qui baignait sa bouche. Elle souhaita s’asseoir mais rugit une nouvelle plainte en portant une main à son flanc dont la plaie en plein rétablissement souffrait encore du coup de talon de Maxence. Elle dut se mettre sur le dos et reprendre son souffle qu’elle avait saccadé par la douleur. Des mèches écarlates et un peu de sueur encombraient sa vue et elle cligna des paupières plusieurs fois.

Et un rire mit à vif toutes ces blessures, mais elle riait encore. De sa propre condition, se moquant de la souffrance, du monde entier. Elle riait pour ne pas pleurer. Le rire devint une toux et elle essuya sèchement sa bouche couverte de sang. Elle baissa ses yeux vers son ventre rebondi et mis à nue par ses vêtements légers. Il y avait un hématome. Cette garce blonde avait vraiment frappé là.

- Affronter ma mort avec courage hein, déclara-t-elle. Dis-moi.

Sale chienne.

- Quel genre de courage faut pas avoir pour frapper une prisonnière résignée, déjà à terre et incapable de se défendre. Mais j’te concède. Il en faut pas beaucoup non plus pour encaisser les coups d’une gamine dans ton genre.

Dana se tut ensuite et glissa une main fébrile vers son ventre, comme pour le protéger d’une nouvelle vague furieuse. Ele aurait dire à ce putain de bébé qu’il fallait penser à un paysage à la con, avec des fleurs ou des blés, que c’était ça la clé pour encaisser les coups. Mais elle ne souhaitait pas qu’il prenne de coups. Elle aurait aimé invoqué la Force pour étendre sa protection à ce truc vivant et étranger, mais la morphine la droguait toujours et l’empêchait de mobiliser correctement ses dons. Elle serra les dents, désabusée.

Il semblait y avoir de l’agitation dans le couloir et à l’extérieur. Peut-être qu’il se murmurait que l’acteur principal, le clou du spectacle était en route ou déjà arrivé. Maxence s’éloigna après que Dana lui aie envoyé un regard noir. Shar le sentait dans sa chair : elle ne devait pas être belle à voir : la lèvre tuméfiée, le nez ensanglanté, une pommette violacée et sur sa peau dénudée à beaucoup trop d’endroits, c’était le même genre de marque qui disaient : « Le pied de Maxence était là ». Elle massa son ventre, grimaçant légèrement, comme si cela pouvait réparer ou réconforter ce qu’il y avait à l’intérieur. Et il y avait une pensée réconfortante : Si Dana mourrait, elle ne mourrait pas seule. La grille grinça en s’ouvrant, Dana sentit des bras la soulever et elle tenta de se dégager.

- Ca va, je sais marcher toute seule, me touchez pas bande d’aliens dégénérés.

Une gifle bien placée lui répondit, ravivant la douleur de son visage fracassé par les coups de poing précédents. Il y eut des ricanements : on riait de sa douleur, de sa dégaine de prostituée bon marché, de sa chevelure défaite, de ses blessures. On se rassurait comme ça, parce qu'avec ses habits légers, ses blessures, ce collier d'esclave : elle n'avait plus trop l'air d'une Sith et si au fond des cervelles, on craignait encore qu'elle ensorcelle les esprits, la démonstration de force de Maxence semblait avoir enhardi les coeurs de ceux qui étaient venus voir.








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Maxence Darkan
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-Qui t'as dit qu'c'était du courage te frapper ? Sans défense ou prisonnière, c'est d'la honte, personne ne mérite de salir ses mains avec ton sang. Elle pencha légèrement la tête. Rigole tant que tu l'peux, j'aime quand les visages se décomposent après.

Haussement rapide de sourcil, puis elle s'écarta pour faire signe d'emmener Dana au bon endroit pour une superbe entrée en matière. Sur la scène, elle attrapa cette chose immonde qu'est le sabre aux courbes singulière, attendant patiemment que son bracelet lui souffle :

-On y est.

Quelques minutes s'écoulèrent. Le temps qu'elle sorte une clope, sert le poing une dernière fois et que son souffle se normalise, un peu le temps de préparation d'un acteur, le traque du public.

-Éteignez tout. Elle rapprocha sa bouche de son bracelet. Bienvenu Lloyd.

Le Siths fut poussé à l'intérieur, les portes se fermant derrière lui. Il pouvait désormais s'avancer dans les escaliers qui descendaient vers la scène. Le problème ? Aucune lumière, l'obscurité complète. Elle voulait instaurer un sentiment de sécurité avec son interlocuteur, quelque chose qu'il connaissait peut-être un peu trop. Le silence en devenait étrange, personne pour réagir, pas un bruit, la salle bien trop grande pour savoir où quelqu'un pouvait se cacher, mais elle était bien là, en face de lui, à une vingtaine de mètres en descendant les marches.

-« Je suis pas le Prince Charmant » ? Résonna une voix qui devait lui paraître doucement familière. C'était c'que t'avais dit, nan ? Hmm. Ironique. J'ai pas tendance à m'souvenir des trucs, en fait, c'est à peine si j'me souviens de c'que j'ai bouffé hier, pourtant, chaque moment de ce jour en particulier est encré bien profondément dans ma mémoire.

La lumière rouge brûlante du sabre apparut au pied de la scène et Maxence y était. La lame écarlate éclairait le côté de son corps, n'offrant qu'une vague première partie du tout. Elle l'approcha de la cigarette qu'elle arborait au coin de ses lèvres pour en allumer le bout et réduire la distance entre les deux, pas à pas. Les vrombissements de la lame couvrant le silence, la pointe toucha le côté d'un siège pour le faire fondre. Puis, prise soudainement, elle secoua la lame, n'importe comment, frappant ce qu'elle pouvait frapper dans le décors.

-J'aime bien les sabres, quand j'vous vois les utiliser, j'me sens maligne. Elle ne voyait pas où il était, mais elle continuer de monter les marches. Je sais, c'est scénarisé comme entrée en scène, ça fait très... la lame s'éteignit, les lumières s'allumèrent. Théâtrale.

Et effectivement, c'était le plus grand théâtre érotique de la ville qui venait de se découvrir gentiment derrière les bras grands ouverts de la blondinette. Elle souriait, sans pour autant jubiler, il manquait un petit quelque chose à son cou pour qu'elle se sente plus à l'aise. Elle rangea le sabre à sa ceinture pour laisser le temps à Lloyd de découvrir son environnement. Des Djiilo de chaque côté de la salle, un des trois qui l'avait amené dans le hall rentra à son tour après avoir remarqué la lumière pour se positionner derrière lui, fusil blaster à la hanche.

De derrière les rideaux de la scène, là où les décors étaient entreposés, Dana en sortie, accompagnée joyeusement par Bigord qui la poussa jusqu'à une chaise, celle de gauche par rapport à la vision de son amant. Flakstaff était assit au bord de la scène, il s'étira longuement, reposant ses mains derrière sa nuque avec condescendance et mépris.

Lloyd voyait tout désormais : les regards haineux, l'athmosphère pesante sur ses épaules, les iris bleutées de Maxence qui, sans aucun doute, auraient tourné jaunes avec un peu de puissance mystique à la con. Elle s'approcha, presque collée à lui, elle le regardait depuis sa petite taille, une marche en dessous. Elle inspira un grand coup dans sa direction, reniflant son odeur avec circonspection. Ça la laissait sans trop d'avis, un peu grimaçante, il manquait encore ce fichu collier, où l'avait-elle mis ?

-Oh... mon Lloyd. Mon beau et grand Lloyd. Toi qui vient sauver ta tendre princesse, tu n'y trouveras que douleur et désolation. Haussement d'épaules. C'est pas d'moi, ça vient d'une pièce : Romélo et Julia, j'te la conseille, très bon spectacle. Breeeef... où est-ce que j'voulais en venir ? Oh, ouais, pfff, j'allais presqu'oublier que j'devais t'ruiner ta journée, bon ! Sur ce.

Elle fouilla dans son blouson pour en sortir le collier et le coller contre son torse, nan san brusquer le mouvement. Elle lui souria, presque amicalement avant de le laisser tomber sur le sol, « sans faire exprès ».

-Oups. Elle s'écarta de quelques pas pour pointer l'objet. Qu'est-ce que j'peux être maladroite quand j'm'y mets. Tu pourrais l'ramasser et le mettre gentiment autour de ton cou ? Elle jeta un œil à l'inquisitrice. Tu peux refuser, si tu vois c'que j'veux dire. Mais si tu l'mets, tu acceptes réellement c'que tu es, un gentil toutou qui va faire exactement c'que j'lui dis sous peine d'être piqué. Après t'iras t'asseoir pour me lancer dans la plus grande indifférence « et maintenant ? ». Ensuite j'vais vous péter la gueule pendant un bon moment et on terminera ça en beauté, j'ai plein d'surprises pour vous, t'en penses quoi ?

Elle balaya le vent d'une main las -il pouvait se carrer sa réponse là où elle pensait- avant de lui tourner le dos pour remonter sur la scène, lentement, elle se plaça à côté de Dana, posant une main lourde sur son épaule, invitant leur compère à, premièrement, enfiler ce putain de collier, deuxièmement, s'asseoir docilement en face.

-Aller beau gosse, on a pas toute la journée. Il s'alluma une cigarette. Il est temps de nettoyer les marches de ton empire.
Lloyd Hope
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Fin de l'Acte

Chacun semblait garder un silence religieux, comme avant une cérémonie.






Lorsque les projecteurs du théâtre s’étaient brusquement allumés, avec la détonation sourde d’un générateur se réveillant dans la salle des machines derrière lui, le hapien avait sursauté avant de grimacer pour plisser les yeux, ébloui. Et peu à peu les contours des sièges, de la scène, des occupants de la salle se dessinèrent, et il balaya le tableau d’un regard alarmé, mais il conserva le silence. Ses yeux allèrent jusqu’au siège où Dana venait d’être installé et il contempla, de loin, le sang qui avait coulé sur le visage de l’Inquisitrice, les lèvres pincées.
On l’avait libéré de ses menottes et du sac. Il se pencha doucement pour saisir le collier à ses pieds, et prit son temps en se redressant pour le faire tourner entre ses mains. Il nota intérieurement la référence du collier – c’était inutile, il ne pourrait rien faire de cette information, à part se distraire quelques instants pour ne pas affronter la merde qu’était cette situation. Le collier était un modèle similaire à celui que Dana avait eu sur Artorias. Un cercle noir, des renforcements de métal, un jeu de fils qui traversaient le cercle et une attache à verrouillage électronique.
Il soupira avant de l’enfiler avec un geste bref. Il y eut un clic près de sa jugulaire, et alors il s’avança d’un pas raide vers la scène, sur laquelle il monta à son tour. A son passage, certains des hommes avaient l’air de s’être imperceptiblement redressés, tendus. Ses mouvements étaient surveillés. Max n’était peut-être pas à son premier coup de ce genre, malgré la grandiloquence dont elle se sentait obligée de faire preuve. En tout cas, elle s’était entourée avantageusement.

Sur l’estrade, ses yeux s’attardèrent un instant sur les engins disposés là tandis qu’il marchait d’un pas lent, circonspect, et ses pas résonnaient dans la haute salle où chacun semblait garder un silence religieux, comme avant une cérémonie. Le hapien passa devant Dana en évitant de la regarder. Il avait bien assez vu, de toute façon, les couleurs qu’arboraient son visage et ses bras. Fichue Inquisitrice. Il était là pour elle.

Qu’un jour il fût pris et torturé parce qu’il représentait l’Empire, parce qu’il représentait les Sith, parce qu’il représentait le Conseil Noir, ou au contraire parce qu’il représentait la désertion ou la lâcheté, c’était inévitable. Et c’était déjà arrivé, de toute façon. Être un otage, en subir les conséquences. Faire ce qu’il vous est demandé de faire, pour survivre, ou pour que quelqu’un d’autre pût survivre. Mais qu’il fut pris et torturé pour une femme ?

C’était étrangement familier, et cauchemardesque à la fois. Il dut s’efforcer de respirer calmement. Elle n’allait pas faire ça, elle ne pouvait pas savoir, cette mercenaire savait beaucoup, mais elle ne savait pas ça. Elle allait les torturer, voilà tout. Les faire saigner, leur faire mal.

L’histoire ne se répète pas.

Ou du moins, elle ne pouvait se répéter, puisqu’il ne pensait pas pouvoir survivre aux épreuves qu’il avait déjà traversé quelques années plus tôt. Il ferma un bref instant les yeux pour s’efforcer de chasser les craintes qui se nouaient dans sa tête, comme si elles avaient pu le trahir.
En s’asseyant à son tour, le hapien jeta un regard inquiet vers la fameuse Max. Il se laissa aller contre le dossier, dans une posture faussement nonchalante.

- J’imagine qu’il n’y a rien à offrir en échange de sa libération, alors.

Lloyd soutenait le regard de la mercenaire, évitant toujours soigneusement de regarder Dana. Il ne voulait pas, il ne pouvait pas. Ses mâchoires étaient contractées et un film de sueur s’était formé sur sa nuque et ses tempes. En se concentrant sur la mercenaire, il ne pouvait s’empêcher de remarquer, comme un miroir, la contracture des muscles de la jeune femme. Elle avait les nerfs à vifs, comme eux. Et elle était sacrément jeune. Soit elle avait été élevée pour le job, soit elle jouait à ce qu’elle n’était pas. Le hapien prit une brève inspiration.

- Je vais pas te mentir ; personne ne viendra nous chercher. Les impériaux n’ont pas ce genre de solidarité.

Sauf quand ils font équipe. Mais il n’y a plus d’équipe.

- Tu ne risques rien à nous faire disparaître. Mais tu t’assiérais sur un gros paquet de crédits et d’informations.

Lloyd s’efforça de ne pas ciller, de ne pas cligner des yeux, de garder son regard émeraude, éteint et froid, sur cette bouille à peine adulte. Il parlait, à dessein, d'une voix tranchante, celle habituée au commandement des troupes, afin que chacun pût entendre.

- De quoi faire mal à l’Empire durablement, ce qui ferait que tes petits copains seraient pas morts pour rien. Plutôt que de faire ta petite démonstration théâtrale sur un clébard en uniforme et une racoleuse de luxe pas moins asservis aux lois de la galaxie que toi et toute ta bande, tu pourrais négocier quelque chose pour ceux qui restent, ceux qui sont encore vivants.

Et enfin, à ses mots sortis d’entre ses lèvres comme du venin, au silence qui l’écrasait dans sa tête, se substitua un long grondement.




Celui de la haine.





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Darth Hope
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Fin de l'Acte

Il n’y avait plus de paysage paisible







La chaise était inconfortable et la sueur lui irritait les yeux qu’elle avait rouge et humide à cause de sa crise de larmes passée. Les projecteurs braqués sur la scène faisaient briller indécemment le sang et la transpiration sur son derme habituellement nacré dont les salissures formaient une pellicule grasse. Elle s’humecta les lèvres, goûta encore à son propre sang qu’elle déglutit péniblement. Ses pupilles rutilantes n’avaient pas quitté Lloyd, guettant le moindre de ses gestes. Et quand il avait clipsé ce foutu collier autour de sa gorge, elle avait eu l’impression que c’était leur destin qu’il venait de sceller. Une brèche vertigineuse s’était créée dans l’âme de Dana et elle n’avait eu qu’un hurlement silence qui n’avait franchi le seuil de sa gorge.

Le poids de la main de Maxence sur son épaule la fit réagir de sa léthargie et elle dévia son attention vers le « public », la salle. Elle leva ses yeux vers le plafond à la recherche de la moindre faille qui pouvait initier le début d’un plan. Ils avaient survécu à pire, à plus désespérant. Il existait forcément un moyen de se libérer, d’échapper à toute cette folie. Naïvement, elle y croyait et jetait ses espoirs les plus fous dans cette possibilité. Malgré la douleur lancinante, elle tentait de mobiliser une maigre analyse des lieux, de la situation.

Et la voix de Lloyd Hope l’arracha à cette espérance pour lui plonger brutalement la tête sous l’eau. D’un geste brusque, elle ramena son attention sur lui et sa respiration se précipita tandis que tombait sur elle tous les mots méprisants du hapien. Il se rabaissait, il la rabaissait, il compromettait l’Empire. Peut-être était-ce une stratégie. Oui, se rassura-t-elle, il avait un plan, sinon il ne serait pas venu. Il était meilleur stratège qu’elle et il possédait une meilleure expérience. Alors, elle chercha son regard émeraude, pour y déceler une étincelle, un indice, mais elle ne rencontra qu’un mur opaque. Il évitait les prunelles de l’Inquisitrice, silencieux. Elle attendit encore, le suppliant de la regarder.

Un gouffre venait de s’ouvrir à ses pieds, se substituant à cette scène grotesque. Elle se pinça les lèvres et jeta une œillade vers la petite assemblée. La honte lui brûla les tripes, la solitude soudaine lui rongea les os. A quoi s’était-elle attendue ? A ce qu’il demande si elle allait bien ? La réponse était gravée sur sa figure ensanglantée. Elle pourrait l’insulter, tenter de faire croire à Maxence qu’ils n’étaient pas liés, mais….c’était trop tard. Toutes les confessions qu’elle avait accordées à la mercenaire, persuadée de mourir. La blondinette connaissait au moins l’attachement irraisonnable que Shar avait pour Lloyd Hope.

- Tu pourrais avoir plus de respect quand tu parles d’une Inquisitrice Sith, dit-elle d’une voix éteinte et un peu rauque. Je t’ai dit…y’avait plus d’équipe et tu viens quand même ? T’es qu’un putain de con Lloyd Hope. Ma vie vaut cent mille crédits ? T’aurais dû avoir la décence de retourner à Dromund Kaas, de continuer ta vie. T’es venu juste pour m’insulter, fallait pas te gêner un message aurait suffi.

Elle serra les poings contre ses cuisses et se mit à fixer le sol, tremblante. Elle se retenait de crier. Elle comprenait que ce qu’il y avait dans son ventre n’avait finalement pas de père. Puis, elle se souvint que Maxence avait parlé de l’autre, de Mat’aenna. Bien qu’il soit peu probable que le réseau d’influence de la blondinette puisse atteindre la twi’lek en plein cœur de Kaas City, elle ne souhaitait pas prendre le risque. Elle leva les yeux vers la présentatrice de ce petit show à huis-clos.

- Je sais pas pour lui. Mais moi, j’ai pas de crédits, ni d’informations à donner. Et ceux qui restent, ta petite bande de dégénérés à la con, je les emmer..


Ses mots moururent dans un gargouillis incompréhensible. La crosse du fusil blaster de Bigord venait d’entrer en collision avec la mâchoire de la Sith. Le choc et la surprise manquèrent de la faire tomber de sa chaise. Le Calamari semblait hors de lui. Il leva encore son fusil. Son bras armé cacha un instant la lumière des projecteurs à Dana, jetant sur sa figure meurtrie une ombre menaçante. Et il n’y avait plus de paysage paisible, il venait de voler en éclat. l'horizon vert avait terni et les champs de blés avaient pourri, pour laisser place à l'horreur de la réalité. Le coup lui avait fait mal. Vraiment mal. Mais le coup ne s’abattit jamais. Flakstaff avait retenu le bras de son acolyte pour le tirer vers l’arrière. Il lui murmura quelques mots.

Choquée par la douleur qui irradiait de sa tempe jusqu’à son cœur fébrile, Shar respirait fort et vite. Son sang avait giclé de sa bouche et des petites traînées pourpres tâchaient les planches de la scène.

- La prochaine fois, je vise le ventre sale garce ! s’écria l’alien avant d’être emporté hors de la scène par le parieur.

La lumière intense du théâtre incommodait sa rétine. Elle s’emmura dans le silence dès lors. Ses mains tremblaient, comme le reste de son corps endolori. Elles étaient froides. C’était l’état de choc. Elle se souvenait de cette sensation qu’elle avait expérimenté à ses débuts d’aspirante Sith.








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Maxence Darkan
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Flakstaff se leva. On en revenait toujours à cette idée biaisée par leur lavage de cerveau. Il la fixait, marchant lentement sur le bord de la scène. Quand on s'attaque à une personne, c'est qu'on en veut à sa communauté. S'il ne faisait pas attention de prime abord aux deux prisonniers, il la scrutait. Sauf que les gens ne vivent pas tous pour un camp, certains n'existent que pour admirer le chaos, ou le causer. Visiblement, il n'y trouva rien de plus qu'une femme les bras croisés, ne répondant à rien, préférant attendre que les querelles de couples soient terminées. Il jeta un œil à Bigord : un coup s'était bien, le deuxième ne passerait pas. La blondinette ne leva, à aucun moment, le petit doigt et le calme s'installa plus simplement. Sa bouche émit un claquement agacer, elle savait gérer des hommes, les menacer, mais comment faire avec des enfants ?

-T'as vu comment tu lui parles ? Lança-t-elle à Lloyd. Tu sais en quelle année on est ? Franchement, traiter sa... p'tite copine, ou peu importe, de pute parce qu'elle a son propre style de vêtement et sa manière d'aborder sa sexualité, mon pauvre t'es complètement à la ramasse. J'comprends mieux pourquoi elle méprise les hommes... parce que le sien la méprise en premier. Puis elle se tourna vers Dana. Bon, après, faut dire qu'si les deux neurones qui s'battent en duel dans ton cerveau sont tombés amoureux d'lui, tu mérites un peu.

Dommage, on avait presque une bonne morale venant de la mercenaire. Exacerbée par ce comportement désinvolte, elle ne se voyait même pas offrir sa propre leçon à Dana. Le Calamari lui avait déjà filé une beigne, un jour où ils étaient bourrés et voulaient se battre pour « rigoler », Maxence s'était réveillée le lendemain avec un coquard et une migraine atroce : il tapait dur. La mercenaire préféra porter son attention à tous les outils sur la table, primitif.

-Tu vises toujours à côté Lloyd. Si t'es là, c'est uniquement parce que j'ai déjà les informations et l'argent. En plus de ça, si j'voulais faire mal à l'Empire, ta tête au pied d'la maison d'Ladium aurait suffit... mais voilà, j'en ai rien à foutre de l'Empire, ni des Loyalistes, ni des Renégats, ni même de la République : ma foi n'est pas dévouée, ma foi est rémunérée. La raison pour laquelle tu t'trouves là nous est commune, mais pas dans les termes que ton misérable intellect puisse te gerber.

Elle glissa sa main dans les outils, la plupart, conçus pour le jardinage. Tellement primitif.

-On m'a donné plein d'idées. Elle attrapa de grosses cisailles. Une des plus inventives était d'te pendre par les pieds, attendre que le sang te monte à la tête, te couper les couilles pour te remettre droit et t'regarder te vider d'ton sang. Puis elle jeta l'outil. Mais bon, ça m'aurait pas tant fait marrer qu'ça. Ce fut au tour du sécateur. Sinon le coup d'te couper tous tes doigts, des mains comme des pieds. Elle le jeta aussi. Sauf qu'une autre personne a surenchéri. Elle attrapa une grosse scie. Faire de toi un homme tronc. Regard furtif. J'te jure, te voir en train d'sautiller sans tes putains d'membres ça m'aurait tué d'rire... 'fin bref. Elle allait pour le lancer, mais le reposa à la place. J'y réfléchis encore.

Au lieu de continuer ce petit décompte morbide des instruments de torture, Maxence s'écarta de quelques pas de la table avant de laisser couler son blouson, celui porté depuis le début. Découvrant les muscles de ses bras sortant de son débardeur, si elle se savait parfaitement incapable de tenir un sabreur au corps à corps, Lloyd sans Force, uniquement avec ses poings, elle était sûre d'une chose, lui briser le cou serait d'une triste simplicité.

-On a tous des comptes à régler avec toi. Principalement moi, par contre, j'vais pas t'l'expliquer tout d'suite, j'veux t'voir dans l'incompréhension totale quand j'te réarrangerai le portrait. Lui faisant face, son regard le méprisait. J'te préviens, j'vais faire en sorte que ce soit douloureux.

Elle posa lentement une main sur son épaule avant d'enfoncer de toutes ses forces son poing dans son visage. Elle frappait de la droite à plusieurs reprises, échangeant avec la gauche, sa petite copine n'avait plus d'importance à cet instant précis, parce qu'elle voyait le sang couler de son parfait visage. Se fut ensuite le tour du ventre sur lequel elle s'acharna un bon bout de temps et finir en botter dans les côtes. Tout le monde la regardait avec intérêt, ils ne bougeaient pas d'un poil : « Ce sale fils de pute mérite plus. » à chaque coup. L'empoignant par les vêtements, elle le jeta au sol, non loin de Dana pour l'asséner de coups de pieds, dans le flanc principalement, pour qu'il ne puisse même pas espérer se reprendre avec les mains.

Pour conclure ce premier round, elle attrapa la chaise sur laquelle il était assis pour lui éclater dessus. Du matériel de spectacle, elle était faite pour être fragile, ce n'était qu'une chatouille par rapport au reste.

-Trop près.

Elle le pointa comme un sac poubelle mal rangé. Bigord prit les devant pour le traîner violemment sur le sol et l'écarter de sa petite chérie, posant son pied sur son poitrail et se pencher au-dessus de lui. Il le scruta.

-J'ai toujours dit qu'les humains étaient vraiment immondes, mais toi, tu bats des records. Reste au sol : ta place.

La mercenaire s'essuya les phalanges dans une serviette, comme si elle venait de faire la vaisselle. Elle se sentait bien, vraiment bien.

-Le chien du Castellan qui fricote avec une princesse de bas étage, j'aime l'idée, ça fait une très belle pièce. Elle marque un point sur une chose, pourquoi t'es venu ? Tu pensais vraiment la sauver en faisant ça ? Ou tu comptais sur une quelconque pitié d'ma part ? Il en a eu, lui ? Elle attrapa le bocal. T'en as eu quand t'étais à deux doigts d'lui baisser son froc pour lui sucer la queue ? Nan. Nan, j'pense pas. Alors j'en aurais pas avec toi et si tu penses qu'elle n'a rien à voir avec cette misérable histoire, alors fallait p't'être y réfléchir avant d'lui coller un gosse dans l'bide. Oh, surprise ? Dis moi, t'as l'air d'aimer les femmes comme ta viande, saignante et sans bavoir ?

Maxence s'approcha de lui avant d'éclater le bocal près de son visage, sans aucun doute, il venait de se prendre des éclats qui lui ouvrirent un peu plus la peau, mais ses yeux s'en sortaient bien, pour l'instant. Elle attrapa ensuite le doigt pour le rapprocher de sa bouche.

-Ouvre. Penchée au-dessus, elle le força à ouvrir la bouche pour lui placer à l'intérieur, se redressant en posant son pied sur le côté du visage. La prochaine, tu pourras la mettre en maternelle avec son propre gosse, pratique, nan ? Tu peux pleurer si tu veux, on est tous là pour te juger dans tous les cas.

La blondinette resta là, le regardant de haut, admirant sa tête sous sa semelle, il ne savait même pas encore pourquoi elle lui en voulait autant, cependant, maintenons un certain sens des priorités, offrons donc à papa le temps d'encaisser le choque le plus dur. Elle tourna la tête vers l'inquisitrice.

-Elle a pas l'air très réceptive, Bigord, si ça peut t'faire plaisir ? Il lui écrasa son poing dans le ventre, puis saisit son visage pour la forcer à regarder le futur père. Vous voulez qu'j'vous laisse un p'tit instant peut-être ? Bon. Et crache ce doigt, t'as l'air ridicule.

Maxence s'écarta, pour se poser sur la table, attrapant la cigarette qui se consumait lentement sur le bord pour la terminer.
Lloyd Hope
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Fin de l'Acte


Tick, tick, tick, boum.






Il cracha et le doigt roula à quelques centimètres de son visage.

Allongé au sol, le hapien haletait, et sa respiration rauque était parfois troublée d’un gémissement aigu que la douleur lui arrachait. Il voyait trouble. Les projecteurs du plafond de la scène l’éblouissaient et parfois, la silhouette de Maxence couvrait la lumière, pour un nouvel impact qui s’écrasait dans ses côtes ou son visage déjà ensanglanté. Il n’avait pas répondu aux coups. Il était resté silencieux, sauf quand la douleur lui avait arraché un éclat de voix involontaire, la peur de mourir l’incitant à faire taire ses envies de réplique.

Le goût du sang et du doigt de Trekkar était affreux, mais moins odieux que les propos sans queue ni tête de la mercenaire. Et pourtant, dans tout ce charabia qu’il avait eu peine à suivre, une information l’avait giflé d’une manière plus aiguë que les poings serrés de Maxence.

- Quoi… ? gémit-il quand un répit lui fut enfin offert.

Il essaya de rouler pour se mettre de côté mais le pied de Bigord le ramena à terre et il suffoqua de douleur. Cette connasse lui avait recassé les deux côtes fragilisées sur Ch’Hodos. Mais le visage du hapien se tourna quand même, ses deux émeraudes effarées au milieu de son visage où le sang commençait à gagner du terrain cherchant le visage de l’Inquisitrice.

- Dana… Dana, de quoi elle parle ?!

Mais soudain tout faisait sens : ces fichus vomissements depuis des semaines, ces malaises. En rencontrant l’étendue dorée elle-même noyée dans le sang, ses propres yeux s’écarquillèrent.

- Dis-moi qu’c’est pas vrai !

Il avait crié comme une supplique et sa voix s’était répétée en un écho dans la salle presque vide. Certains des mercenaires s’étaient rapprochés de la scène et des sourires mauvais s’étaient formés sur les visages, l’accroche du spectacle ayant visiblement convaincu le public.
Lloyd essaya tant bien que mal de se replier sur lui-même, autant en tout cas que lui permettait le poids de Bigord sur son poitrail. Il passa ses mains sur son visage, essuya la sueur et le sang. Il avait chaud. Il se sentait mal. Plus rien n’avait de sens. Pourquoi est-ce qu’elle n’avait rien dit ?!

La vérité a l’air plus facile à dire à un type comme moi qu’à un type comme toi, on dirait. Mumkin était au courant ?!

Le hapien gémit et quand son visage réapparut entre ses mains une grimace de douleur le déformait. Ses dents étaient visibles mais du sang avait coulé dans sa bouche et lui donnait l’allure d’un boxeur en fin de carrière, pour son dernier combat.

- C’ETAIT QUOI TON PUTAIN DE PLAN !

Il avait hurlé et cette fois-ci la rage l’avait fait se redresser un peu, ignorant la douleur du pied de Bigord qui s’enfonçait dans ses côtes. Et c’était à Dana qu’il s’adressait directement.

- CA TE SUFFISAIT PAS DE M’AVOIR MANIPULE ? IL FALLAIT QUE TU TE SERVES DE MOI POUR TON PUTAIN D’HERITIER AUSSI ?!

Comme il commençait à s’agiter, Bigord cala sa crosse contre sa gorge, juste au-dessus du collier, et le rabattit violemment au sol. Le hapien suffoqua et un râle s’échappa de ses lèvres comme de nouveau il était forcé de regarder le plafond, à des mètres au-dessus, et que les projecteurs faisaient luire sur sa face les fluides carmins qui dégoulinaient.

- On se calme, on se calme, sinon… tick, tick, tick, boum, le collier, insinua Bigord d’une voix doucereuse, et Lloyd ferma les yeux.

Il y eut un long silence, pendant lequel on n’entendait plus que la respiration haletante du hapien. Quand il rouvrit les yeux, il avait retrouvé un peu de sa retenue, qui tenait plus de la résignation que du self-control. Il tourna de nouveau le visage et croisa le regard de Maxence, où il lisait le mépris. Il pinça les lèvres. En essayant de se maîtriser, cependant, tout son corps tremblait, accusant parfois des soubresauts de douleurs quand Bigord assurait sa prise.

- J’suis v’nu parce que j’pense qu’c’est une Inquisitrice de valeur. J’suis v’nu pour essayer de sauver une carte maîtresse de l’Empire.

Il déglutit avant de détourner les yeux. Il cligna des paupières en fixant le plafond au-dessus de lui, au-delà de la face désagréable de Bigord.

- A l’heure qu’il est, je devrais fêter une promotion avec des verres de vin artorien. Parce que j’vous jure, c’t’une Inquisitrice très douée. Vu qu’avec son dernier rapport à l’Inquisition, il paraît que c’est elle que je dois remercier pour ma prochaine affectation. Une surveillance au poil, sur des mois, j’vous jure, elle a un vrai don.

Enfin… prochaine affectation, avec des membres en moins c’est pas sûr qu’on t’envoie commander une frégate pauvre con.

Sa poitrine fut brièvement secouée d’un rire nerveux, et il repensa soudain au rire qu’il avait eu avec elle sur Ch’Hodos, dans ce lit. Ses éclats de voix s’arrêtèrent aussi brusquement qu’ils avaient débuté. Il tourna le visage vers Dana, et sa grimace de douleur avait disparu. Un masque de rien se peignait de nouveau, comme si le souvenir de Ch’Hodos l’avait cloué au sol et à l’inexpressivité.

- Puisque j’sais pas si j’vais survivre, autant qu’on soit honnête l’un avec l’autre, non ? lança-t-il à l’Inquisitrice d’une voix résignée, comme s’ils n’avaient été que tous les deux. Ça m’a fait un choc d’apprendre que pour toi c’était moi, la mission.

Il soutint les prunelles de Dana. Il avait peine pour elle aussi, à la voir si souffrante. Elle avait juste essayé de tirer son épingle du jeu. Comme une vraie Sith. Est-ce qu’ils étaient encore du même côté ? Lloyd fronça les sourcils.

- Enfin ça t’a pris un bout d’temps, quand même, à prendre ta décision si oui ou non j’étais bien un vrai Sith. J’imagine que le slick, les trafics de Mumkin, tout ça, ça a pas dû aider. C’est sympa de ta part de pas t’être arrêtée à ça, du coup. D’avoir voulu aller au fond des choses. Les cauchemars et la paranoïa, par exemple, ça donne des points en plus ou en moins dans ta checklist ?

Un souffle bref s’échappa de ses lèvres, comme un soupir d’amusement chargé d’amertume.

- Alors tu vas faire quoi, maintenant, enfin si on se sort de la tragédie écrite par notre nouvelle amie Max ? demanda-t-il en désignant la mercenaire d’un vague mouvement de tête, tout en l’ignorant royalement. Tu vas enquêter sur un autre type ? L’allumer jusqu’à ce qu’il te laisse entrer dans sa vie, comme moi ? J’espère que j’étais pas trop mal sexuellement au moins, que tu t’es pas trop ennuyée, quoi. Enfin apparemment t’as eu ce qui t’arrangeait.

Il se laissa aller en arrière de nouveau, l’arrière de son crâne roulant sur le sol dur, soufflant une nouvelle fois, mais aussitôt il rechercha encore le regard doré de la princesse, comme s’il ne pouvait s’en empêcher.

- Joli travail, sérieux, continua-t-il en affichant un sourire sarcastique et sanglant. Y’a pas à dire, l’Inquisition bosse bien. J’imagine que pour arriver à un tel niveau, j’dois pas être le premier, hein ?

Mais quand il avait dit ça, plein d’amertume, son visage s’était crispé et il se détourna de nouveau pour qu’elle ne put le voir, parce que ses yeux se réchauffaient de façon inattendue, que ses joues avaient rougi stupidement pour le trahir, que son menton avait tressauté discrètement. Alors il se tut, incapable d’en dire davantage. Sa tête avait basculé de l’autre côté et ses yeux tombèrent sur l’assemblée. Soudain ce public insolite lui parut insupportable et il se mit à leur hurler dessus.

- Et vous, vous attendez quoi, hein ?! ALLEZ-Y PUTAIN ! VOUS VOULIEZ VOTRE PART DU GATEAU NON ? VOTRE PART DE CE CONNARD DE CHIEN DU CASTELLAN ? VOUS VOULIEZ LE TORTURER NON ?! HE BIEN ALLEZ-Y, MONTREZ-NOUS C’QU’UNE BANDE DE BRUTES DJIILO A DANS L’VENTRE ! LA PUTAIN D'INQUISITRICE L'A BAISE ET C'EST VOTRE TOUR !

Sa voix s’érailla et il reprit son souffle en roulant ses yeux dans leurs orbites, exaspéré.

- Allez-y j’vous dis ! râla-t-il, mais sa voix avait perdu de sa verve et elle tremblait, mais il faisait de son mieux pour rester le centre de l’attention, le centre de la haine de la bande de mercenaires. Allez-y, j’vous dirais si vous vous y prenez mieux qu’les impériaux ou pas ! J’mets une note à la fin !

… si j’suis encore vivant.






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Fin de l'Acte

Quatre lettres brillaient sous la lumière, noires comme du charbon







Bigord avait sèchement relâché sa figure meurtrie pour calmer le hapien qui s’égosillait au sol. Le Calamari n’avait pas hésité à enfoncer ses doigts profondément dans les joues et la mâchoire douloureuses de l’Inquisitrice qui avait étouffé un geignement. Ses yeux écarquillés étaient posés sur Lloyd Hope et son état de choc ne fit que s’accentuer.

Je ne laisserai jamais rien t’arriver, qu’elle avait promis. C’était raté, elle était une menteuse. Et une colère affreuse lui dévorait les tripes, dirigée contre Maxence et sa bande, contre le Sith, mais surtout contre elle-même. Elle n’avait su que dire face aux questions du capitaine, ni face à ses accusations fournies. Elle était tétanisée, légèrement courbée en avant dans l’espoir de soulager son ventre. Elle avait tenté de voir venir le coup de poing, de contracter ses abdominaux afin d’encaisser en surface, afin que ce qu’elle couvait à l’intérieur ne puisse être impacté, mais c’était peine perdue. Même si elle le sauvait de la violence physique, elle avait l’impression que le bébé voyait l’horreur à travers ses yeux dorés. Elle serrait les dents et contracter sa bouche électrisait cruellement les os de son visage.

Mais ce n’était pas le plus douleureux : ses chairs ouvertes, le sang qui s’écoulait, l’humiliation du collier infligé par la « douce » Maxence, première du nom. Toute cette souffrance était franchement relative comparé à ce que Lloyd Hope venait de lui infliger avec des mots, des idées, des charges qui foulaient au pied toute la confiance qu’elle lui avait accordé jusque-là.

J’ai jamais enquêté sur toi. Je dois juste te laisser partir ou l’Inquisition s’en prendra à Mat’aenna.

C’était ironique quand on savait que Darkan s’en prenait désormais à Dana, dans le même genre de levier de pression malsain.

Le bébé, c’est vrai, mais je l’ai jamais planifié. J’avais aucun plan, j’avais juste de l’espoir.

Un espoir réduit à néant, pulvérisé en miettes aussi fines et volatiles que des confettis qui soulignaient l’apogée de la fête, avant que tout ne s’éteigne, que tout ne retombe, peut-être comme leurs vies bientôt. Dana observait le sang imbibé la chevelure de Lloyd ; une tignasse dont elle aimait tant la couleur et qu’ironiquement – encore, il partageait avec la mercenaire. Elle le regardait et s’inquiétait. Elle souhaita bouger, le rejoindre pour l’aider mais Bigord pointa le chien de son fusil blaster vers elle. On reste assise et sage. Elle se raidit et combattit l’idée folle de braver le collier, le fusil pour un acte désespéré. Et malgré les provocations du Sith, personne n’avait bougé. Alors Shar devina que tous se délectaient de la scène, qu’ils attendaient sa réponse, peut-être envenimée.

- Je..

Elle avait commencé à parler, sa voix avait franchi cette gorge sèche et nouée d’appréhension.

- Je….

Il y eut des éclats de rire, parce qu’elle ressemblait à une handicapée qui avait du mal à s’exprimer et pour certains idiots, le spectacle suffisait à déclencher leur hilarité. Des larmes brûlantes noyèrent ses prunelles et emportèrent le sang qui colorait ses joues et ses lèvres. Le premier sanglot lui arracha un léger gémissement, car il avait fait tressaillir son corps et avait réveillé la douleur à son ventre.

- Je voulais pas que tu viennes, réussit-elle à sortir péniblement, ignorant les inculpations dont il l’avait chargé et qui l’avaient transpercé.

Qu’il la pense capable de l’avoir manipulé, c’était à la fois un compliment et une insulte. Et se faire insulter par l’être que l’on aimait, devant une foule d’inconnus, c’était une humiliation dont elle n’était pas sûre de se relever un jour. Elle ravala ses pleurs.

- C’est Runà qui…qui a dit….

Sa voix ne portait plus, avalée par d’autres sanglots.

- Plus fort on entend rien ! se plaignit-on dans l’assemblée et une petite huée fit écho à la demande.

Dana quitta enfin Lloyd du regard pour diriger son attention vers ceux qui étaient venus voir. Elle brillait sous les projecteurs d’une scène, comme elle avait toujours rêvé de le faire : vedette d’un véritable spectacle, adulée par un public. Mais ces projecteurs lui brûlaient la peau et les paires d’yeux qui l’observaient piquaient sa chair. Elle ferma les paupières et détourna sa figure. Ses mains tremblaient toujours, froides comme de la neige.

- T’as l’air en colère contre moi alors, tu devrais être soulagé, va y avoir une justice dans ce monde. Je vais mourir. Je serai pas là pour voir ta réaction, mais je commence à la deviner. Tu vas te trouver dans la file de ceux qui viendront cracher sur mon cadavre. Je savais pas que tu me détestais à ce point, je pensais qu’après ce qu’on avait vécu…mais j’ai dû me tromper.

Elle rouvrit les yeux pour scruter Maxence, Bigord, les rideaux. Elle sentait les effets de la morphine s’estomper un peu, parce que ses blessures commençaient à lui faire un mal de chien et que la Force revenait, goutte après goutte, former ce torrent dans ses veines. Elle se serait dit qu’elle utiliserait cette Force pour protéger le bébé, mais elle pourrait aussi bien l’utiliser et faire diversion, assez pour que Lloyd se débarrasse du collier, peut-être avec l’une des pinces proposées sur la table aux nombreux instruments. Cinq secondes. Sa jugulaire exploserait, il fallait espérer que Lloyd soit assez rapide. Mais s’il ne l’était pas ? Ils mourraient tous les deux. C’était également un bon scénario, celui qu’elle avait privilégié dès que Maxence avait dévoilé ses véritables intentions. La résignation s’insinuait comme un poison dans son esprit engourdi par la douleur.

- Je comptais me débarrasser de l’enfant, reprit-elle de sa voix chevrotante. Dès que je l’ai su, je voulais le faire. Et tout s’est enchaîné. Je l’aurais fait et t’aurais pas eu besoin de le savoir. C’était absurde cette histoire de régime et de toute façon, j’ai plus envie de te voir.

Voilà, enfin. La colère irraisonnable engloutissait tout. L’état de choc se propageait à tout son corps brisé.

- J’ai ton PUTAIN DE NOM sur mon sein !

Elle se redressa vivement et Bigord la braqua directement :

- Oh rassis-toi !

Mais elle n’écouta pas et défit les attaches de sa brassière. Ils souhaitaient du spectacle ? Elle découvrit son sein gauche, sous des yeux animés de voyeurisme ou des figures dégoûtées par un tel exhibitionnisme. Quatre lettres brillaient sous la lumière, noires comme du charbon.

- C’est bien son NOM ?! Vous lisez HOPE comme moi ? Enfin si vous savez lire bande de connards.

Le Calamari s’éloigna de Lloyd pour poser une main autoritaire sur l’épaule de Dana et la faire se rassoir prestement. Il la gifla et lui ordonna de se rhabiller, ce qu’elle fit les mains tremblantes, fixant sur Lloyd un regard plein de haine, de détresse, de douleur.

- J’aurais donc commencé ma super enquête y’a genre…six ans avant même que je sois Inquisitrice ?! Wow, je m’impressionne moi-même ! Je suis une sacrée foutue bonne Inquisitrice !
- Sacrément bonne ouais, siffla-t-on et on hua ensuite.

Dana cracha au sol, les prunelles furieuses.

- Va te faire foutre Lloyd.

Elle l’avait insulté pauvrement, en pleurant de plus belle, pleine d’amertume et l’allure pathétique. Que pouvait-elle faire d’autre de toute façon ?







CSS par Gaelle



Maxence Darkan
Maxence Darkan
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-Tien ?

La petite mèche rebelle caressait sa tempe, étrange, elle ne se souvenait plus l'avoir défaite en frappant Lloyd. Un simple oublie, ça ne l'embêtait pas tant que ça, le plus important restant les deux amoureux en train de se crêper le chignon version amour gloire et blaster, saison huit, épisode trois. Le parieur ne laissait qu'apparaître un rictus nerveux face à ça, comment pouvait-il réagir après tout ? Rire aux éclats en se moquant de ce spectacle pitoyable ? Se permettre des remarques sur les seins de Dana ? Il valait mieux que ça. Il valait mieux qu'eux. Dans la finalité et cela en ignorant Bigord qui devait recadrer les deux Siths, Maxence et Flakstaff ne ressentaient rien à l'égard de ce qu'ils proposaient.

-Touchant.

Railla-t-il à l'intention de Dana. Était-ce les mots sincères d'une femme enceinte sur le point de mourir à son tendre amant ? Ou simplement une colère rejetée sur la seule personne sans défense de l'assemblée ? Des dés pipés, il adorait. La mercenaire s'approcha de la Sith, cigarette en bouche, elle se plaça derrière elle pour se pencher, proche de son oreille.

-Tu vois ? J'adore quand les visages se décomposent.

Sans prévenir, elle balaya un des pieds fragiles de la chaise pour la faire tomber.

-Maintenant ! On va encore éclaircir quelques points. Il fallait qu'elle se remette à frapper le ventre d'une femme enceinte pour lui expliquer, quelle tristesse. Tu ne te lèves pas sans mon autorisation !

Saisit par le col, l'inquisitrice put goutter une nouvelle fois aux poings de Maxence. Ses doigts s'enfoncèrent dans son immonde tignasse rougeâtre pour la traîner vers son propre crachat et lui enfoncer sa tête dedans, comme on mettrait le museau d'un vilain toutou dans sa crotte. Elle laissa ensuite la chose flanquée dans sa propre bêtise pour retourner auprès de Lloyd et lui envoyer quelques nouveaux coups punitifs dans le flanc, se fut même Flakstaff en personne qui daigna se bouger pour arrêter une Maxence au regard rouge. Si elle continuait de les rouer de coups, ils ne tiendraient pas la fin de la pièce.

-C'est à moi qu'tu t'adresses ! Et personne d'autre !

Un court instant, ses yeux s'étaient clos et la sale gueule du Hapien lui était revenue, avec ce même sourire narquois, cette même nonchalance dans les mouvements, sa façon de se comporter. Cette place de toutou privilégié avait dû lui monter au cerveau, toujours croire qu'on l'excuserait pour ce qu'il faisait, mais pas Maxence, pas elle. Si la mercenaire risquait autant, c'était uniquement pour réparer la stupidité de l'Empire.

-J'aime l'honnêteté. Elle s'écarta de la prise du parieur. J'aime vous voir vous dire c'que vous pensez l'un d'l'autre et j'pensais pas qu'ça allait être aussi simple de foutre en l'air une inquisitrice de valeur et un bon Sith, juste un peu paumé. Vous m'foutez vraiment la gerbe. Enfin bref, tu sais, j'dois aussi l'être... franchement, on va pas s'mentir, on aurait dû y réfléchir à deux fois avant de se jeter dans une guerre réunissant : prêtre attardé, pédophile refoulé, consanguin et autres illuminés incapables de voir plus loin que leur petite personne. La Force vous rend fort, mais con. Elle était minutieuse dans sa gestuelle pour lui expliquer. Regardez, vous agissez sur l'instant, sans réfléchir aux conséquences de vos actes et même après, pour maintenir un semblant d'honneur, vous gardez en tête que c'était la meilleure chose à faire.

La blondinette marqua une pause, Bigord s'occupait de surveiller personnellement la femme. Elle se pencha au-dessus de Lloyd, il avait morflé.

-Avec toi les cartes sont toujours faussées, Ladium garde espoir en toi pour des raisons qui m'échappent. J'peux pas t'en vouloir d'en profiter, à ta place, j'aurais fait la même... sauf que j'suis pas Ladium. Ce jour là, fit en elle se redressant, avec un peu de patience de la part de Moh, il aurait sans aucun doute survécu, pour la bonne raison qu'j'aurais pas été l'une des causes de sa perte. Tu sais, la trahison, tu dois connaître ? Ça offre l'avantage, quand on y réfléchit.

Maxence leva un doigt dans les airs.

-Après tout c'est d'bonne guerre, j'l'ai dit, on aurait dû y réfléchir à deux fois, jouer un jeu aussi simple, même pour vous c'est trop complexe, une erreur de notre part, on a perdu, ça arrive... mais... il y a ce moment... tu t'souviens quand Aoi Takeda t'a mis à mal en combat singulier ? Le sabre sous la gorge, elle t'a fait une proposition, celle de partir rejoindre Dana pour l'aider... la sauver. Elle se tourna vers l'inquisitrice. Ce jour là, il a accepté, il est parti pour revenir quelques secondes plus tard, fier de sa lâcheté, y' voulait vraiment pas lâcher le bout d'gras, pas vrai Lloyd ? Un ricanement lui échappa. L'histoire ne s'arrête pas là : elle lui a fait une seconde offre, la même, alors que tout semblait perdu pour Trekkar, il a préféré rester, encore. J'espère qu'il te l'a dit, sinon, il va avoir l'air con d'te renvoyer tes mensonges dans la gueule.

Elle caressa la crosse de ses blasters.

-Il a joué, il a perdu, en pleine connaissance de cause. J'ai découvert quelques rapports médicaux sur l'inquisitrice Shar, sale affaire, du travail de Verpine, pour sûr. Mais c'est pas ça l'important, parce que ce n'est pas Dana Shar qui l'intéresse, c'est sa carrière, c'est Ladium lui tapant sur les doigts, c'est Mat'aenna. Alors on va jouer à un petit jeu.

Maxence dégaina ses blasters pour les poser sur le sol avant de faire signe au parieur de s'approcher tandis que de son côté, elle tourna le dos à la scène.

-Mélange les flingues. Il s’exécuta. T'as pas l'air de porter grande attention à la femme qui... qui t'aimait, je suppose que c'est du passé maintenant. Donc on va jouer avec nos vie, Lloyd.

Flakstaff mélangea les armes en fixant Dana, le rictus toujours présent, il s'amusait. Alors qu'il semblait terminer le mélange des deux armes, il les échangea avec une étrange discrétion, lançant un clin d’œil à la Sith.

-Tu peux y aller.

La mercenaire ramassa les armes, réfléchissant leur laquelle elle choisirait, il n'y avait rien pour les différencier.

-Quand certaines personnes voient la mort arriver, il pense à une personne, une divinité quelconque ou la Force. Par contre moi... elle fit son choix, en rangeant une dans son fourreau, c'est différent.

Elle leva l'arme à sa tempe, appuyant sans hésiter sur la détente, le clic raisonna, accompagné par les hoquets de surprise des spectateurs. Juste un haussement d'épaules de sa part.

-J'pense qu'à moi. Le truc, c'est que... quand il s'agit de quelqu'un en qui tu tiens, ça change toute la donne.

La mercenaire s'approcha de Dana, l'attrapant par les cheveux, la mettant à genou, elle sortit l'arme qui lui était destinée pour la plaquer contre son front.

-Alors Lloyd, quand tu l'imagines, le cerveau étalé sur le sol, tu penses à quoi ? À Mat'aenna ? À Ladium ? À ta carrière ? Ou... peut-être que tu penses aux derniers mots qu'tu lui as dit ? Une pute manipulatrice ? Les derniers mots qu'elle t'as lancé à la gueule ? « Va t'faire foutre Lloyd » ? Ça t'fait p't'être bander cette histoire ? Dis-moi Lloyd ! Son ton gronda avec une force jamais expérimentée. À quoi tu penses ?! Elle força le canon à s'enfoncer dans la bouche de sa proie. Va t'faire foutre Lloyd !

Elle appuya sur la gâchette. Les spectateurs étaient déjà en train d'imaginer la cervelle carbonisée s'étaler sur le sol tandis que l'homme qui méritait tous les malheurs du monde s'écroulerait dans ses propres larmes... pourtant, rien, un clic sec. Les deux armes étaient vides depuis le début. Le canon glissa hors de sa bouche, essuyant la bave sur la joue de Dana, elle lui envoya un coup de crosse en plein dans le nez. Maxence reprenait sa respiration, sans détacher son regard de la Sith.

-Les cartes sont toujours faussées quand on parle de toi, Lloyd.

-J'me pose une question. Une question qui t'correspond bien, l'Hapien. En fait, j'me demande si tu serais prêt à la laisser mourir pour toi.

Il dégaina son propre blaster pour le braquer sur Dana. Il tira une première fois à côté de son visage.

-Il est chargé, le mien. Pas d'surprise. Donc ? Elle ou toi ?
Lloyd Hope
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Fin de l'Acte


Il était ça, le Chien du Castellan : quiconque le suivait sur ces traces ne récolterait que l’odeur de l’urine, la sécheresse du désert et le sang versé dans la bassesse et l’humiliation.







A regarder Dana se lever et brandir le tatouage, à entendre ses insultes, à la regarder être violentée, frappée, jetée au sol, frappée encore, Lloyd entendait parfois des gémissements aigus. De brefs petits couinements étranglés, ridicules, pathétiques. C’étaient les siens, il ne s’en rendait seulement pas compte. Il s’était recroquevillé au sol quand Bigord l’avait lâché, mais il avait soutenu le regard de Maxence et celui de Dana, le cou tendu, comme s’il avait senti, instinctivement, que fermer les yeux ou détourner le regard lui aurait attiré davantage de coups, davantage de provocations, davantage de haine. C’était peut-être ce qu’il aurait dû rechercher ; s’attirer les foudres pour éviter que Dana fût celle qui les reçût, mais il n’était plus capable de penser rationnellement. Le tapage interne lui hurlait qu’il allait mourir, que Dana aussi, que tout était de sa faute. Si seulement il avait tenu bon, si seulement il n’avait pas cédé à cet appel du corps et de la chair, si seulement il n’avait pas été si misérable, Dana et lui n’auraient été nulle part, ils se seraient séparés au premier dérapage, ne se seraient plus revus, et ils n’en seraient pas là. Il regrettait, il regrettait, il regrettait tout, si seulement, si seulement.

Lloyd entendit à peine les accusations concernant Khar Delba. Maxence était là pour dire sa lâcheté, mais il avait toujours été honnête avec ce trait-là, il avait toujours dit qu’il était ça, le Chien du Castellan ; quiconque le suivait sur ces traces ne récolterait que l’odeur de l’urine, la sécheresse du désert et le sang versé dans la bassesse et l’humiliation – Dana savait tout cela, n’est-ce pas ?

Entre les coups et les cris, le hapien avait roulé sur le côté, cherché du regard l’étendue dorée comme une confirmation ; ou comme une excuse. De toute façon, c’était inutile, Dana était à terre et un rideau rouge, de cheveux et de sang, noyait son visage, il ne parvint pas à capter son regard.

- Arrête, glapit-il pitoyablement.

S’il regardait l’Inquisitrice, il parlait en effet à Max. Il obéissait à son ordre. C’est à elle qu’on parle. Très bien. Il suivit du regard les gestes de Flakstaff, le jeu des blasters. Tout se passa très vite. Il eut à peine le temps de comprendre le petit manège qu’il vit soudain que Max s’apprêtait à exécuter Dana. La terreur s’empara de son corps. Il n’y avait plus de raisonnement possible.

- NON ARRETE ! ARRETE !

Il avait hurlé quand Max avait inséré le canon de son arme dans la bouche de Dana. Un cri d’horreur, non maîtrisé. Il avait essayé de se relever une nouvelle fois, emportant Bigord avec lui. Il y eut une lutte qui ne ressembla à rien. Le calamari rattrapa le hapien qui s’était dressé sur les genoux et dut presque s’effondrer sur lui pour le remettre à terre tandis que le Clic révéla à tous l’imposture du tour de passe-passe : ce blaster-ci était vide également. Lloyd s’écrasa au sol sous le poids du calamari avec un râle. Bigord, qui avait réutilisé son fusil pour maintenir écrasé les épaules du hapien contre le sol, ventre à terre, jeta un regard d’avertissement à Max au-dessus du Sith : ça avait failli déraper sérieusement, là.

Mais Lloyd ne vit pas cet échange visuel. Sa face avait heurté le parquet de la scène, sa mâchoire déjà douloureuse écrasée tandis qu’il essayait de tourner le visage vers le parieur, qui s’était approché de lui pour une nouvelle menace. Il sursauta lors de la première détonation, celle que Flakstaff avait créé pour lui montrer que l’arme fonctionnait bien. Il se rendit compte alors, subitement, que tout son corps tremblait follement, que c’était de ses lèvres que s’échappaient les gémissements et les cris, que c’était sa sueur qui le trempait ainsi. Malgré sa position, il essaya de relever le regard, ses émeraudes dans son visage contusionné se heurtèrent à la vision du blaster pointé sur Dana. Il y eut un bref silence. On attendait sa réponse. Il avait cru un moment que ce n’était encore que de la provocation mais non, ce mercenaire-là était différent. Il posait une vraie question, comme si la réponse avait un sens.

- Moi, gémit Lloyd, mais sa voix n’était qu’un filet étouffé contre le sol de la scène.

Sa tête retomba contre le sol avec un bruit mat quand son front percuta le plancher.

- J’veux dire, tue-moi, pas elle, fit-il plus fort, pour qu’il n’y ait pas de mauvaise interprétation.

Ses yeux s’étaient remplis de larmes et il ne chercha pas à le dissimuler. Ça n’avait plus de sens. Il aurait voulu réfléchir, trouver une issue, fomenter un plan pour s’échapper et survivre, mais son cerveau était déconnecté. Il ne pouvait plus anticiper, il ne pouvait que se soumettre. Une telle asphyxie mentale, réduisant à néant le moindre espoir de survie, quand même la mort semble être une issue finalement clémente. Il avait déjà vécu cela, plusieurs années plus tôt. Et il s’était bercé dans l’espoir que ça n’arrivât plus jamais. Erreur, donc.
Et il pleurait stupidement.

- J’suis exactement le connard que vous décrivez, glapit-il dans un sanglot, et sa voix n’était plus qu’un miaulement pathétique.

Il avait fermé ses yeux et son visage s’était froncé dans le sang et les larmes. Il avait renoncé à essayer de susciter la haine ou la clémence. Les jeux ne fonctionnaient pas. Il n’était pas l’acteur qu’ils recherchaient. Il n’était pas acteur tout court.

- Mais j’ai jamais torturé comme t’es en train de le faire, Max. Et encore moins juste pour l’envie de voir souffrir. Et j’ai jamais frappé d’enfant dans l’ventre de sa mère non plus. J’suis un connard, ok, c’est vrai. Mais laissez-la. C’est à elle que j’pense quand j’vais mourir.

A ses mains glissant sur ma nuque, à son souffle chaud sur ma tempe, à la tendresse qu’un boucher ne mérite pas.

Il ferma les yeux plus fort. Il attendait l'impact du blaster de Flakstaff qui lui grillerait la cervelle.


La tendresse.







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Darth Hope
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Fin de l'Acte

C’est pas un connard







Par deux fois, le poing de Maxence s’était abattu près de son œil droit ou tout contre. La douleur irradiait partout, il était difficile de saisir où les phalanges étaient précisément tombées. Elle savait simplement que la vision de cet œil droit était floue, éteinte, qu’elle avait du mal à en soulever la paupière tant elle était tuméfiée. Ses gémissements avaient apporté un peu de consistance au spectacle, ils avaient raisonné, en écho avec ceux du hapien. Leurs voix pathétiques s’étaient mêlées sous les voûtes du théâtre qui propageaient le son. Le canon du blaster avait étouffé ses geignements précipités par la souffrance et le désarroi. La sensation du métal froid et dur contre la charnure de ses lèvres blessées était familière. Ce n’était pas la première fois, au cours de sa vie qu’on lui enfonçait une arme dans le gosier, mais cela n’en rendait pas moins l’acte humiliant et traumatisant. Parce que derrière la grossièreté d’un tel spectacle, il y avait la certitude mourir, d’être à la merci d’un seul doigté, d’une seule pression, d’un seul grain de folie. Sa prunelle encore en alerte roula vers le Sith blond, elle eut quelques secondes avant le délic. Quelques secondes pour réfléchir très vite et faire la somme des choses, mais il lui paraissait qu’elle ne regrettait rien. De ce qui était arrivé, elle n’avait aucun regret. Ni les nuits de tendresse, ni celles de férocité. Pas plus qu’elle ne regrettait d’avoir entendu son rire, ou d’avoir affronté sa colère à de nombreuses reprises. Enfin, malgré toute la colère qu’elle éprouvait encore et qui partageait son souffle rauque avec la douleur, elle ne regrettait pas les fois où elle s’était lancée à son secours, en dépit de la raison ou de sa propre vie. Il était donc normal que les choses se terminent dans un marre de sang, de cervelle, de souffrance ; qu’elle se termine comme eux avaient vécu ces derniers mois teintés d’une rare violence. Le meurtre de Jaden, l’exécution des gamins sur Artorias, les morts de Brilack et Raidun, celle de Jared Ashar, de Faucet, de Sepha Rhysode. Et pour ceux qui vivaient encore et dont ils avaient fait couler le sang.

Elle ne regrettait rien, pas même le….

Clic.

Elle avait senti le mécanisme du blaster vibrer entre ses joues, et le vide avait désagréablement retenti entre ses dents qu’elle avait serré autour de l’arme, tendue comme arc. Le coup de crosse contre son nez l’avait ramené à la réalité, lui avait fait comprendre à quel point elle était encore vivante, engluée dans ce cauchemar impossible. Manquant de force, elle s’étala au sol, haletante. Et avant que Flakstaff ne surenchérisse et après qu’il avait tiré pour lui faire comprendre que la comédie ne prenait plus, elle songea à un souvenir étrange. Elle avait repli une main raide et tâché de sang contre son ventre.


Il y avait ce soir sur Jabiim, où elle avait pris la route dans la forêt avec Mercy, pour retrouver une certaine Mia qui avait fugué à cause d’une amourette stupide. C’était bien la troisième ou quatrième fois que la petite rouquine demandait une pause, incapable de marcher plus de cinquante mètres sans être essoufflée par le poids qu’elle traînait dans son ventre. Dana avait jeté un coup d’œil sur cette forme ostensiblement ronde, qui déformait et tendait le tissu de la robe de Mercy. Et elle avait demandé avec une nonchalance feinte, pour masquer son ignorance :

-Dis-moi être…enc…dans ton état, c’est comment ?
- C’est loin d’être une partie de plaisir, avait geint la future mère en s’adossant à un arbre. Tu ne vois pas ma tête ?
- Oui, ça je sais mais…tu peux me dire, quand même.

Mercy avait levé les yeux vers le ciel noir et étoilé qu’occultaient en parties des arbres à la majesté sombre. Elle avait approuvé dans un nouveau râle de plainte, reniflant sa douleur et soutenant son ventre arrondi d’une main soucieuse.


- Bah…les tous premiers jours c’est un peu comme…avoir…du vent dans le ventre. Ensuite, tu commences à sentir l’enfant bouger. Et c’est comme un poisson au bout d’une ligne ça tire un court instant et ça cesse de tirer si vie que t’es pas sûre de l’avoir senti. Il dort plusieurs heures de suite quelque fois sauf que s’il reste longtemps immobile t’as..t’as peur qu’il soit mort. Du coup, t’essaie de le réveiller et quand il se remet à donner des coups de pieds. Tu te mets à genou et tu promets aux dieux tout ce qu’ils voudront tant qu’ils le protègent.

Mercy avait dû couper court à son récit, grimaçant de douleur et Dana s’était levé pour l’aider, la soulager un peu
.












Et le décor avait changé pour laisser place à une scène au silence uniquement brisé par les gémissements étouffés du hapien. Des pleurs. Elle aurait voulu lui hurler de faire quelque chose, pour les sortir de là. Elle aurait souhaité, plus que jamais, que Lloyd Hope ait un plan, une étincelle de combattivité. Elle voulait ardemment se reposer sur lui cette fois-ci. Mais il l’avait accusé de toutes ces choses, il l’avait offert en pâture à l’humiliation devant ces enfoirés notoires de Djiilo. Il l’avait ridiculisée devant Maxence. Une Maxence à qui elle avait confessé si fièrement qu’elle aimait le hapien, même s’il était le pire connard de la Galaxie. Et bien, il était temps de mettre cette assertion provocante à l’épreuve.

Le rire de Dana n’était plus aussi clair, il oscillait entre un hoquet ridicule et un geignement pleureux, parce que rire lui faisait atrocement mal. Elle avait une paume plaquée contre son nez blessé, et une autre massait son ventre comme si elle suivait les conseils de Mercy, en voulant réveiller le bébé, ignorant qu’il était peut-être trop tôt pour sentir des coups vigoureux.

- C’est pas un connard, dit-elle vers Flakstaff. J’ai tué des gosses. Deux, ou trois. Avec leurs parents, devant leurs parents. C’étaient des exécutions. Ils étaient très jeunes. J’ai appuyé sur la détente. Et le pire c’est que…j’avais aucune raison valable de le faire, c’étaient des…impériaux, des familles loyales à l’Empire Sith.

Elle trouva la force de rouler sur le dos, dans l’espoir de soulager un peu sa douleur.

- Je l’ai fait uniquement parce que je voulais plus qu’on soupçonne Lloyd et que je voulais pas qu’on le tue.. Moh Trekkar. Ce bon vieux connard de Trekkar. C’est moi qui ai dit à Lloyd Hope de ne jamais abandonner sa mission peu importe la situation. Tu sais Maxence. Si je lui avais demandé de me rejoindre…si j’avais appuyé sur ce foutu bouton, ben il aurait pas protégé ce prêtre à la con. C’est pas le chien, le problème. C’est toujours la main qui le nourrit.

Comme quand elle en avait voulu à Laduim, elle voulait que Darkan lui en veuille à elle.

- Tu dis que c’est un homme qui aime les filles un peu jeunes. Mais c’est peut-être moi qui aime m’envoyer en l’air avec des hommes plus vieux ? Lui….il a fait qu’accepter ce que je lui ai mis sous les yeux, pourquoi il aurait refusé hein ? On reste entre adultes consentants. Notre putain de sexualité, ça regarde que nous. Alors, Flakstaff, qu’est-ce que t’en dis ? Ca te met les choses un peu en perspective.

Ca te donne pas envie de continuer de me viser et d’appuyer sur cette putain de gâchette ? Elle détourna sa figure, plaquant sa joue poisseuse contre les planches de la scène pour admirer Lloyd, de son seul œil ouvert, malgré les lianes écarlates qui avaient pris possession de son visage meurtri. Est-ce qu’il avait seulement entendu toutes ces fois où Maxence avait dit que Dana l’aimait ? Elle aurait voulu penser à lui, comme à chaque fois qu’elle l’avait fait au bord du précipice.

Mais là, tout de suite, avant de mourir. C’était au bébé qu’elle songeait.










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Maxence Darkan
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Attendrissant. Flakstaff regardait à tour de rôle Dana, puis Lloyd. Ils essayaient de le prendre pour un con et s'en était presque à marcher. Évidemment que Dana était la pire raclure entre les deux, cette petite salope vantarde qui n'en manquait pas une pour faire une scène, attirer l'attention sur elle, cherchait la merde à qui elle veut, la balle aurait dû lui être destinée de base. Elle jouait un jeu bien trop familier, elle l'aimait, mais elle le manipulait : la satisfaction de garder une personne rien que pour elle, très classe, basique, mais efficace.

-Ça m'va.

Il rangea l'arme avant de s'écarter, il n'en demandait pas plus, il avait posé une question et on lui avait répondu. Plutôt conquis par les paroles de chacun, entre la résignation totale, plongée dans la plus profonde tristesse et un réalisme terrible, ou l'inimitable vantardise Sith ne regrettant rien de ses méfaits pour le plus gros déchet existant, les deux lui montrèrent une amère sincérité. Finalement, là où il restait des questions qui ne trouvaient pas de réponse, c'était du côté de Maxence.

Devant la table pour recharger ses armes d'une main tremblante, son cœur raisonnait dans ses tempes, dans sa tête, dans tout son corps. Les voix s'entre mêlées et elle les voyait, mais ils ne la regardaient toujours pas. Pourquoi eux ? Hm ? Pourquoi pas moi ? Pourtant, elle avait écouté Lloyd, son visage, légèrement crispé dans une attention pensive. Elle le comprenait, d'un certain point de vue, elle n'avait pas jouer les misérables techniques de torture habituelles, faire mal physiquement avec des outils, c'était d'un inutile qui la répugnait, les poings avaient toujours quelque chose de plus sincère dans la démarche. Quant au reste... ce sale fils de pute le méritait.

-C'était...

Sa voix se tut. La gorge nouée. Elle se revoyait apporter un caf à Taha'san sur le lit. Elle revoyait Skroutch et son sourire nié, la mitrailleuse en main, toujours prêt à toute éventualité. Elle revoyait l'Estafette au complet, arme et vaisseau, victorieuse. Mais elle revoyait les visages pâlis par l'incompréhension, les larmes couler sur les joues, les familles, les proches, les amis. Ces putains de funérailles ne laissant que des cendres des gens qu'elle aimait. Ses yeux venaient de s'humidifier, la haine et la tristesse, le deuil et le désespoir. Reprenant, chuchotante, elle ne cachait pas ses émotions, mais ne se tourna que vers Lloyd.

-C'était exactement c'que j'voulais t'entendre dire, Lloyd. Je veux que tu comprennes ce que j'ai ressenti ce jour là, ce que j'ai vécu. Elle s'approcha lentement pour s'accroupir, penchée au-dessus. Je veux que tu saches ce que ça fait de revenir avec une bague de fiançailles et un collier frappé d'un lotus pour voir les gens s'écrouler à tes pieds en te suppliant de dire que tu es une menteuse, que c'est la pire blague qu'on puisse faire à quelqu'un... j'ai perdu un frère d'arme et mon amante ce jour là, pas toi. Le monde est injuste, j'le sais, mais quand je vois les chances qu'on t'as offert, que tu as refusé, tout ça pour t'en sortir grandi, l'Empire prêt à te donner une... putain de promotion...

Laissant sa phrase en suspens, Maxence inspira de façon saccadé pour retenir ses larmes, elle était à deux doigts de lui briser la nuque sous sa semelle. La blondinette était, dans l'absolu, très réaliste, le monde fait pour être basé sur un principe d'inégalité constant, le cas de Lloyd Hope n'en était qu'un parmi les milliards existants, mais si, à son échelle, elle pouvait envoyer un message à l'Empire par sa tête, alors elle le ferait.

-Pourtant... Lloyd... j'ai qu'une seule parole... je n'aurais aucune pitié. Visiblement, Dana en demande toujours plus. Je pourrais la faire sauter sur l'instant, elle a juste du mal à percuter, c'est mignon. Du coup, continua-t-elle soudainement très neutre, j'vais lui péter l'bras, devant toi, ensuite tu pourras lui proposer d'arrêter avant qu'je perde réellement patience. Bigord, maintiens-le.

Aux grands mots, les grands remèdes, elle se leva pour s'approcher de sa suppliciée, la retournant sur le ventre avec le pied, elle posa son genou sur son échine, attrapant son bras, toute résistance était veine. Maxence connaissait un peu les points de pression, ceux que l'on nomme « vitaux », par accommodation à un combat, une fois touché, on se facilitait la tâche pour le reste. Tenant son poignet d'une main ferme, elle ramena son bras près d'elle, posant une seconde main sur le coude. Une technique simple pour briser les membres, les articulations. C'était l'histoire d'une pression rapide et contradictoire en deux points différents.

-Ne viens pas m'faire de cours sur la sexualité quand t'es pas capable de lui enfiler une capote.

Puis ses muscles se raidirent. Le claquement sec, violent, de ses os s'inversant dans une position imaginable, vous faisant toujours grimacer. Le genre de douleur qui vous parcourait le bras, puis le dos pour monter au cerveau et raisonnait dans le corps. La mercenaire n'avait qu'à peine forcé, parce qu'elle savait où forcer.

-Ça fait un. Vois l'bon côté des choses, y' t'reste trois chances.

Tout cet amour lui donna une folle idée, un truc qu'elle avait vu dans un film et qui marchait à chaque fois pour mieux comprendre les personnes torturées. De retour près de la table, elle en attrapa un couteau de cuisine vaguement aiguisé, considérant la pointe de la lame d'un œil avisé, puis le tranchant en frottant le plat sur son pouce : une arme simple, barbare, à l'image des sauvages en larme devant elle. La mercenaire jeta le couteau sur le sol, entre les deux, une distance égale à l'œil nue. Elle s'écarta de quelques pas.

-J'vois quatre façons dont ça peut s'terminer. La première, l'un de vous attrape le couteau, bondit sur moi avec le peu de forces qui lui reste avant de se faire exploser la gorge. La deuxième, l'un d'vous attrape le couteau et tue son tendre amour pour survivre. La troisième, quelqu'un se sacrifie pour laisser l'autre vivre. La quatrième, personne ne fait rien, les colliers explosent. La question de notre cher ami Flakstaff me laisse sur ma faim. Vous avez vraiment l'air d'être près à vous sacrifier pour l'autre, mais il y a bien un amour plus fort que l'autre, j'me trompe ?

Une nouvelle fois, c'était sur Lloyd qu'elle porta son attention.

-Je sais, c'est pas un combat égal, elle a un bras péter, elle est enceinte, ce serait lâche de la tuer... ton jour de chance, pas vrai ?
Lloyd Hope
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Fin de l'Acte


Il avait le geste aussi clairement qu’il savait démarrer un hyperdrive.







Il haletait toujours et les cris de douleur de l’Inquisitrice l’avait forcé à relever le visage. Il balbutia quelque chose d’incompréhensible entre ses larmes, entre le sang qui dégoulinait sur son menton. Quelque chose à base de Dana, arrêtez, Max, non, quelque chose comme ça qu’il ne saisissait pas lui-même. Il était toujours vivant. Le dénommé Flakstaff l’avait laissé en vie, pour mieux faire durer le plaisir. Le hapien ne lui en était pas reconnaissant.

Toujours tremblant, il vit le couteau tomber entre eux comme une guillotine serait tombée sur le cou tendre de tout ce qu’ils avaient partagé. La séparation avait déjà été décidée. Pourquoi fallait-il qu’elle fût si brutale, si dégueulasse ? Peut-être pour être à l’image de ce qu’ils avaient fait : un lien forgé dans l’horreur, dans la soumission au destin et l’insoumission à leurs maîtres, à trahir les idéaux Sith de puissance individuelle, à performer néanmoins par le sang versé.

Mais soudain le deal était clair, et les larmes cessèrent de couler sur les joues du hapien. Ses yeux émeraudes se verrouillèrent sur l’objet et soudain l’urgence sembla lui ramener toutes ses facultés.

Il dégagea brusquement l’une de ses mains de l’emprise de Bigord, qui s’écartait soudain, de peur que le combat commence entre les deux Sith, et Lloyd tendit sa main vers le couteau. Le manche fut attiré par ses doigts en une brève seconde où la Force s’était manifestée dans sa paume, avant que quiconque, et surtout pas Dana, put avoir l’idée de s’en munir. Sans réfléchir, avec un râle féroce, comme avouant une satisfaction improbable, il glissa l’arme sous son propre corps pour l’y dissimuler sous son ventre, afin que l’Inquisitrice ne put avoir l’idée d’utiliser la Force pour rappeler le couteau à son tour. Il faisait écran de son corps, haletant, front contre terre pendant de longues secondes. Ses épaules oscillaient au rythme de sa respiration effrénée, son souffle s’écrasait sur le plancher, et la sueur avait littéralement trempé le tshirt que des tâches de sang fonçaient en auréoles inélégantes.
Sous son ventre, ses doigts serraient le manche du couteau, poisseux, tremblants. Hésitait-il ? Il savait mieux que personne le genre de force nécessaire pour traverser la peau et les organes d’un corps avec un ustensile de ce type. Il savait parfaitement l’endroit pour tuer rapidement, l’angle avec lequel inciser, la profondeur à atteindre. Il avait le geste aussi clairement qu’il savait démarrer un hyperdrive, qu’il savait frotter les tâches de la passerelle, qu’il savait changer une durite ou vidanger un réservoir. Il connaissait le corps humain comme son vaisseau ; il savait parce qu’il avait manipulé, des années durant, et maintenant ses mains savaient mieux que lui. Ses mains sauraient avec précision le mouvement comme elles avaient su saisir Dana par les hanches, elles sauraient la force à appliquer comme elles avaient su presser la peau de ses seins, elles sauraient le geste exact comme ses doigts avaient su glisser entre les lèvres humides de l’Inquisitrice et s’insérer entre douceur et prédation pour la faire gémir.

Ses mains sauraient, donc, exactement comment le tuer.

Le hapien releva de nouveau la tête, dans le silence qui s’était prolongé, religieux. Ses yeux cherchèrent les prunelles de l’Inquisitrice, désespérément. Il attendit, parce qu’il voulait les voir. Soudain, ça lui paraissait important.

- Dana ? gémit-il pour qu’elle voulût bien ouvrir les yeux et implorer un contact visuel. Vaut mieux… C’est parce qu’il vaut mieux un seul mort que deux, ok ? C’est moi qui ai demandé ça.

Comme c’est toi qui a demandé le boucher.

Comme Bigord l’avait libéré, il n’avait plus qu’à rouler sur le dos et aller vite. Ses mains savaient ça, que la vitesse évitait la réflexion.

Sous les projecteurs, il fit donc basculer son corps et ses mains levèrent le couteau, positionnant la pointe de la lame vers son ventre. Il n’avait qu’à viser et…

Un impact brûlant lui arracha la lame des mains et un cri surpris s’échappa de ses lèvres : un tir de blaster venait de percuter le couteau, brûlant ses doigts, et la lame de métal tomba au sol deux mètres plus loin dans un crissement aigu. Le hapien regarda un bref instant sans comprendre, mais déjà Flakstaff baissait son arme et le contournait, pour mieux aller poser le pied sur le couteau afin de la maintenir à terre. Entre ses doigts, le blaster était encore chaud et il regarda Lloyd dans les yeux.

- Pas si vite, l'Hapien. On veut s’amuser encore un peu. Ne finis pas le travail avant d’en avoir reçu l’autorisation, sinon les deux colliers sautent.

Les mains de Lloyd retombèrent pauvrement sur son ventre tandis que son regard vide soutenait, sans expression, celui de Flakstaff. Ce dernier releva ensuite les yeux vers Maxence avec une expression qui ressemblait à un avertissement. Le hapien fronça brièvement les sourcils. A quoi jouait-il ? Le jeu de Max était-il si bien maîtrisé qu’il en avait l’air ?





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Darth Hope
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Fin de l'Acte

Lloyd...Lloyd...







Son cri résonnait encore dans sa boîte crânienne que tapageait une souffrance intense. Elle avait senti son articulation se disloquer puis se rompre.

Croc. Ou plutôt, Crac. Comme un futile bout de bois sec. Un voile noir était passé devant ses yeux et après avoir longuement crié sa peine, elle avait dû lutter pour rester consciente, même si elle ne demandait rien de mieux que de sombrer pour oublier la douleur. Son bras pendait lâchement le long de son corps, déformé au niveau de la fracture et la peau se colorait déjà d’un hématome qui s’accorda parfaitement avec sa figure tuméfiée. Elle tremblait encore, avait froid et ses pensées n’étaient plus claires. Le couteau avait jailli, les mots de Maxence aussi. Il avait percuté son cerveau, comme si soudainement, quelqu’un avait augmenté le volume.

Elle aurait aimé dire à Lloyd que deux morts valaient mieux qu’une, que c’était ce qu’elle avait demandé. S’il mourrait, les mercenaires devaient en finir avec elle. C’était un deal que Maxence aurait honoré, espérait naïvement Dana Shar. Parce qu’il n’y avait plus rien d’autre à quoi s’accrocher qu’à la naïveté. Elle avait envie que ça se termine, d’une manière ou d’une autre.

Lloyd…Lloyd…elle avait gémi son nom, mais dans un autre contexte, les yeux baignés de larmes dures, le cœur en charpie, les tripes à l’air, l’âme déchiquetée. Elle le suppliait de ne pas faire ça. Et puisqu’il se justifiait, qu’elle comprenait qu’il le ferait, elle se tournait vers Bigord, vers Maxence. Elle les implorait également, de faire quelque chose et leur silence était insupportable. Elle aurait tendu l’autre bras et ses deux jambes, si c’était là le prix pour que ce cauchemar prenne fin. L’impuissance lui brûlait la poitrine : les provocations, les tentatives grotesques d’attirer l’attention sur elle avaient échoué. C’était Lloyd Hope qu’ils avaient toujours voulu. Dana Shar n’était qu’un simple instrument, comme ceux alignés sur la table, dans une mise en scène pathétique. Un instrument vivant, qui saignait, le corps à vif, les os brisés.

Elle avait secoué mollement la tête en lui offrant son regard à moitié ouvert. Elle refusait, elle ne lui pardonnerait jamais. La Force ne répondait pas non plus, malgré ses pathétiques essais de la rassembler pour lui dérober le couteau. A chaque fois qu’elle tendait sa volonté vers la Force, cette dernière lui échappait et elle était comme une ivrogne qui loupait une marche et s’étalait par terre. Elle avait l’impression horrible que tout le monde riait, se moquait d’elle. Elle hallucinait, elle délirait. Affronter la mort de Hope lui faisait perdre sa raison. Elle n’avait plus d’armure, plus de paysage où se réfugier en attendant l’éclairci et l’inconscience ne l’avait pas cueillie.

- Lloyd…répéta-t-elle.

Il devait bien exister des mots qui l’en empêcheraient. Où étaient-ils ? Elle n’avait pas l’habitude d’utiliser des mots avec lui. Ce n’était pas comme ça qu’ils s’exprimaient le pire et le meilleur habituellement. Dana rassembla l’énergie qui maintenait encore sa conscience à flot pour se redresse sur ses genoux, plier ses chevilles, prête à prendre un pauvre élan pour se jeter vers lui, pour l’arrêter, sans doute pour avoir une chance de coller ses lèvres aux siennes pour lui dire, avant que son collier ne réduise sa jugulaire en charpie.

Mais le tir de Flakstaff fut comme un tir de sommation, ou de délivrance. Dana avait sursauté, retombant pauvrement sur sa main valide pour s’appuyer au sol. Elle voyait ses larmes heurter le plancer, assombrir le bois qui constituait la scène. Et son sang suivait, emporté par ces mêmes larmes. Elle renifla bruyamment, geignant de douleur puisque son nez avait été brutalisé par une crosse. L’humiliation gravait encore sa chair aussi sûrement que l’aurait fait une marque au fer rouge. Les humiliations plutôt. Elle n’avait été qu’un objet et sous les projecteurs étincelants, indifférents au carnage et au drame, elle s’en rendait compte.

N’y tenant plus, elle s’effondra sur le flanc, la respiration courte, épuisée par la douleur, tétanisée par son état de choc qui n’avait fait qu’empirer. Comment pouvait-on casser le bras d’un être vivant avec autant de sang-froid ? Comme on était capable de presser le canon d’un blaster sur le front d’un enfant et de tuer.

Dana ne disait plus rien. Elle avait vraiment froid maintenant et elle s’était recroquevillée, comme une coquille pathétique, pour tenter de se réchauffer absurdement. Dans la petite assemblée, on se rabrouait les côtes de coups de coudes entendus : c’était donc ça une Inquisitrice Sith ? Une boule de chair sanguinolente et pleureuse. Ils étaient prêts à en affronter dix des comme ça. Mais c’était elle en particulier qu’ils étaient venus voir souffrir, en souvenir de deux compagnons qui n’avaient pas eu la chance de s’exprimer autant avant qu’on liquide leur sort.

Et au fond d’elle, quelque chose d’horrible grandissait. Oh, ce n’était pas le bébé. C’était bien pire : un amas de haine et de rancœur qui l’enlisa un peu plus dans le Côte Obscur où elle trouvait un étrange réconfort dont elle ne voulait plus sortir.

Pourquoi il avait pas tué Alopseno ?
Pourquoi il avait pas tué Maxence ?


Elle se recroquevilla davantage, mais les larmes ne coulaient plus. Elle s’était asséchée à force de pleurer. Sa chevelure couvrait son visage et la protégeait un peu de l’extérieur. Et son bras invalide n’était qu’une rivière de chair qui fuyait, et ses courants réveillaient une douleur qui lui coupait le souffle. Elle avait envie de courir chez son Maître. Runà lui donnerait du kolto, elle n’aurait plus mal. Elle lui préparerait du thé, elle n’aurait plus soif. Elle lui apporterait des biscuits, elle n’aurait plus faim. Elle lui donnerait de nouveaux vêtements, elle n’aurait plus froid. Tout ce qu’elle avait à faire, c’était être une bonne Sith, une bonne apprentie. Mais tant que Lloyd Hope serait en vie, elle ne serait jamais une bonne Sith ou une bonne apprentie. Elle aurait toujours mal, soif, faim et froid, parce qu’elle l’aimait. Et elle l’aimait comme on essayait de remplir un tonneau percé.

Ses doigts glissèrent contre le poignet de son bras cassé et elle appuyait sur le bouton. Il n’y avait plus de bracelet, mais on pouvait la voir presser sa peau, comme s’il y avait encore trois serpents et un mécanisme. Elle ne se rendait même plus compte que c’était trop tard.











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Maxence Darkan
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Bigord n'apprécia pas spécialement l'intervention de Flakstaff dans ce suicide organisé, Maxence non plus en somme. Pourquoi pas ? Après tout, le chien du Castellan en moins, se suicidant par amour, sans avoir à se salir les mains, c'était quand même plus simple, non ? Ils étaient tous les deux pathétiques, maintenant il la craignait cette putain de gamine bonne à rien. Le parieur s'approche de Maxence pour se pencher à côté de son oreille et lui parler avec une voix basse, trop sereine par rapport à ce qu'il ressentait.

-Tu m'expliques c'que tu branles ?

Elle posa sa main sur son poitrail pour l'écarter et lui lancer un terrifiant sourire, quelque chose qu'il ne voulait pas voir venant de la femme en qui il portait une certaine confiance. Maintenant il faisait ce qu'elle demandait. Brûlés dans les flammes, réduit à l'état de boule amorphe, il restait un dernier point à marquer avant de les libérer de leur souffrance. Dana ne parlait plus, bien, la mercenaire était heureuse de ne plus avoir à l'entendre rabâcher son immonde passé comme on brandirait un trophée. Maxence s'approche de l'inquisitrice en boule, en l'imaginant toute sourire, se grandissant comme une Sith méga accomplie. Au sol, sa place. Son pied taquina le bras brisé de la pointe pour la considérer, savoir si elle était toujours attentive.

-C'est beau l'amour. T'en penses quoi, toi ? Quelqu'un qui s'sacrifie pour ta vie de princesse et l'amas de cellules de quatre mois en train de grouiller dans ton ventre, trop chou. Elle fit face aux spectateurs. C'est dommage, j'aurais plutôt pensé à un truc dans l'genre : Romélo et Julia, à la fin, les deux amants se donnent la mort par passion, c'est foutrement touchant. Les deux ne comptaient pas en personne, mais en amour.

De retour sur Lloyd, elle fixa sa carrure ensanglantée. La blondinette sentit un violent coup, en interne, quelqu'un ou quelque chose tambourinait dans son crâne à la vue du Sith, une sensation que ne lui était pas nouvelle, mais elle l'étouffa durement, comme pour s'en sauver.

-Lloyd, ta copine à l'air très fière des choses qu'elle a fait. Tuer, mentir, se mentir, tout ça pour toi, j'te cache pas les jolis enregistrements à ramener à l'Empire, j'me demande ce qu'ils m'en fileront pour avoir découvert une Inquisitrice qui défit secrètement l'autorité. Elle pointa une caméra dans un coin de la scène. Embarrassant tes aveux. Alors je vais devoir me pencher sur toi mon grand. Les gens pensent qu'affronter sa propre mort est l'une des choses les plus durs, j'pense que les gens disent de la merde, le plus dur, c'est d'affronter la mort que tu donnes. J'me demande jusqu'où va ta foi pour l'Empire...

Éos avait sûrement tout dans la boite, bien au-delà des caméras, c'était une étrange manière de défendre sa cause.

-Amenez-les.

Un homme s'en alla pour revenir avec les trois prisonniers une poignée de minutes silencieuses plus tard. Ils avaient tous un sac sur la tête et il était temps d'en finir avec ces petites épreuves, la dernière signant un pacte dans le sang et la cruauté impériale. Maxence attira l'un d'eux à la silhouette masculine, le contrebandier, placé au milieu, il ne parlait pas, ne pouvait pas parler et ne semblait pas entendre ou ne voulait pas entendre. Elle dégaina son blaster.

-L'Empire adore les exemples. C'est une espèce de tradition chez vous, faut toujours un bouc émissaire... jamais pigé l'intérêt. Mais c'est comme ça. Ce mec là a travaillé pour un esclavagiste renégat et donc, indirectement, pour eux, j'ai pas vraiment besoin d'faire un exemple, juste passé un message.

Elle leva l'arme pour l'abattre d'une balle dans la tête, elle avait conscience de son geste, mais laisser un homme comme lui dans la nature avait tendance à causer plus d'ennuis qu'autre chose. Il aurait simplement continué ses petits tours de vaisseau pour aider ceux qui ne mettaient que des bâtons dans les roues. Il n'avait pas souffert, ne s'en était peut-être même pas rendu compte, méritant juste ce qu'il cherchait. Les deux autres prisonnières avaient sursauté à l'écoute du tir, ce qui n'empêcha pas Maxence de les prendre par les bras pour les poser à genou devant Lloyd.

-Aucune pitié, Lloyd. Souris, t'y es presque.

Elle se tourna ensuite vers l'inquisitrice, fini de jouer les boules pleurnichardes, le test de foi se faisait attendre. Elle aussi, à genou devant lui, c'était le premier fois qu'ils étaient aussi proches, mais Bigord maintenait Dana pour l'empêcher de bouger et Maxence imposa sa présence juste à côté du Hapien en lui faisant comprendre de ne pas faire de bêtises avec un regard étincelant de haine. Elle décrocha le sabre de sa ceinture pour le mettre en évidence dans sa paume, bercée par les souffles courts des prisonnières sous leur sac.

-En face de toi, Lloyd, il y a trois personnes, deux inconnues et une femme qui méprise l'Empire. Un choix. Franchement, tu sais lequel faire, pas vrai ? Pour l'Empire, pour Mat'aenna. T'auras l'air de quoi si tu tues une pauvre innocente ? Un monstre ? Ou alors, tout ça... cette histoire de foi... c'est qu'un mensonge ?

Elle lui posa le sabre dans les mains avant de les couvrir avec les siennes, les deux tremblaient en tenant l'objet, mais elle n'arrivait pas à savoir qui en était la cause principale. Elle poussa son pouce sur le commutateur, ainsi, il n'avait qu'une légère pression à offrir pour faire jaillir la lame. La mercenaire força un mouvement des bras vers l'avant, comme ça, il dirigeait l'arme vers le torse de chacune, vadrouillant de gauche à droite.

-T'as juste à appuyer. Rends-toi compte du sang sur tes mains Lloyd. Pèse le pour et le contre, comprends ton geste, n'ignore aucune possibilité. Imagine qui pourrait te retrouver si on apprend la raison de la mort de l'une d'elle. C'est ça, tuer quelqu'un. C'est ça, aider un tueur.

Elle lui avait expliqué ça avec douceur, presque compassion, comme on expliquerait à un enfant de le faire.

-Tu veux peut-être lui donner un avis Dana ? Ou nous donner encore ton ressenti quand t'as tuer les gosses devant leurs parents, ça va p't'être le motiver.

Les femmes ne méritaient pas vraiment la vie après tout, entre la Twi'lek, membre d'un gang local ne pouvant causer que des problèmes à petite échelle aux Cartels, la deuxième, affiliée par amour à un autre, les deux valaient toujours mieux que Dana... mais dans l'absolu, elles ne méritaient pas une mort de sa main. Personne ne se faisait d'idée sur le choix qui allait suivre.
Lloyd Hope
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Fin de l'Acte


Désolé, ma princesse de Ch'Hodos.







Ses jambes avaient failli se dérober sous lui quand Bigord l’avait attrapé par un bras pour le forcer à se lever.

Non, non, non, elle n’allait pas lui demander ça. Ses membres tremblaient. Mais quand le prisonnier tomba raide mort, face contre terre à travers le sac, et qu’il comprit le sens de cette dernière épreuve, soudain un soulagement libéra sa poitrine. Le hapien s’essuya le visage, étalant la sueur, le sang et les larmes, avant de refermer les mains sur son arme, guidé par celles de Maxence.

Elle avait des petites traces noires sous les ongles. Elle avait les doigts chauds et tremblants, comme un humain quelconque dans une situation de stress intense, et cette information parut être une corde jetée au fond du gouffre depuis la surface. Sans qu’il pût voir qui le jetait vers lui, sans qu’il pût voir si ce n’était pas un piège, si ce n’était pas un autre serpent jeté au fond du puits.
Lloyd serra les mâchoires, sentit le commutateur sous son index poisseux, mais ses yeux s’attardèrent un instant encore sur les mains de la mercenaire. Elle avait des cals sur certains doigts.

Maxence s’écarta, et le hapien se retrouva devant les trois femmes agenouillées. Leurs têtes à hauteur de son bassin. Un mauvais souvenir s’insinua en lui et il en eut un vertige nauséeux. Un souffle s’échappa de ses lèvres, sa respiration se calmait doucement. Encore vivants. Ses yeux rencontrèrent l’étendue dorée dans une expression un peu vide. Il ne demandait rien à Dana. Il savait le genre de trucs qu’elle allait dire. Il n’en ferait rien.

- Tu sais ce que j’ai fait sur Artorias, dit subitement l’Inquisitrice. Tu sais que je recommencerai. Il faudra que tu lèves le pied sur le slick. Une Inquisitrice de moins, ou une traîtresse de moins, c’est pas très important, ok ? J’ai beaucoup aimé. Tout. Prouve-leur que tu es un vrai Sith. Ils nous ont assez humiliés.

Le hapien secoua la tête en un signe négatif. Qu'avait-il à prouver ?

- J'suis pas un vrai Sith, Dana. Je suis le connard dont ils ont parlé. C'est la vérité.

Désolé, ma princesse de Ch'Hodos.

Les mains du hapien tremblaient toujours, mais il resserra sa prise et il ferma les yeux un instant. Il eut un soupir résigné. Son corps était meurtri et chaque respiration arrachait dans ses côtes une douleur aiguë.

Quand il rouvrit les yeux, cependant, ce fut pour les poser sur les deux sacs.

Les lekkus d’une twi’lek à la peau jaune pâle frémissaient sur ses épaules étroites, qui se contractaient étrangement, secoués probablement de sanglots silencieux. De sous l’autre sac, un cou gracile et sombre, humain, se tenait dans une dignité que les projecteurs semblaient embellir.

Il ne réfléchit pas davantage. Son doigt activa le sabre et la lame jaillit dans un crissement sec.

Le buste de l’humaine fut traversé de part en part, passant directement par le cœur. Le corps fut un bref instant agité de soubresauts tandis que le hapien retirait avec lenteur la lame de ce nouveau foyer, et le corps de la jeune femme bascula, face en avant, pour s’écraser sur Lloyd. Il la rattrapa pauvrement de sa main libre, comme pour éviter qu’elle ne tombât plus bas. La plaie du buste, mal cautérisée par le geste inélégant, déversait un filet de sang sur son pantalon, tandis que sa main la retenait contre sa taille, comme on aurait approché un enfant de son flanc, pour le protéger. La main de l’humaine pendant pauvrement dans le vide, son ombre se balançant sur la scène comme un projecteur éclairait ce tableau sanglant.

Le public était de nouveau silencieux. Seuls les sanglots de la twi’lek se faisaient parfois entendre, et Lloyd évitait soigneusement de la regarder. Il se retourna vers la jeune femme blonde, ce bourreau improvisé, et cette fois-ci le visage du hapien, à défaut d’avoir retrouvé sa sérénité, était exempt de haine.

- Tu sais, Max, dit-il subitement, les yeux écarquillés.

Il avait l’air hagard, malgré la lueur absurde qui étincelait dans ses yeux.

- Tu sais qu’si une pièce est foutue, la foi te sert à rien, Max. Que tu sois Sith ou mercenaire, connard ou innocente, si ta pièce est foutue tu peux prier tout c’que tu veux, ça sert à rien. Tu peux rien faire d’autre que bricoler avec c’que t’as sous la main.

Sa voix lui parut pâteuse et elle l’était, parce que sa bouche était noyée de sang et qu’il avait l’air d’avoir du mal à tenir sa tête sur ses épaules. Il tituba et le cadavre glissa dans le sang dans schplosh lugubre. La lame vrombissait à son côté, comme il n’avait pas pensé à l’éteindre. La lame rouge jetait des lueurs qui se reflétaient dans la flaque de sang étincelante.

- Y’a des fusibles plus ou moins importants, hein ? Vaut mieux être emmerdé à gérer une panne d’affichage électronique du tableau de bord que de sacrifier ton générateur d’oxygène.

C’était peut-être un langage que seule Maxence était en mesure de comprendre, dans ce théâtre. Ou bien il divaguait, tout simplement. Ses yeux glissèrent au sol, où le sang agrandissait la longue flaque odieuse, qui commençait doucement à baigner leurs pieds et les genoux de Dana. Soudain sa voix n’était plus qu’un grognement rauque, éteint.

- On navigue tous à vue, Max. On navigue tous à vue.





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Darth Hope
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Fin de l’Acte

Lloyd Hope ne faisait que prolonger l’agonie : incapable de la tuer, incapable de la sauver.







Les dernières forces qu’elle avait réussi à mobiliser dans un éclair de lucidité soudain n’avaient eu aucun effet. Était-ce une surprise ? Artorias, je recommencerai. Vraiment ? Dana avait été lâche sur ce coup. Elle n’avait pas osé provoquer la colère de Lloyd Hope, elle n’avait pu lui donner des paroles qui l’auraient réellement motivé à la tuer ? Appuyer là où ça faisait mal, reparler de cette mission inexistante où elle avait dû le surveiller, remuer le couteau dans une plaie encore mal refermée et toute fraîche. Elle n’avait pas trouvé le courage et elle avait l’impression que Maxence le savait désormais. Comme tout le monde, Dana aussi avait peur de mourir. Et à la place de Lloyd, si c’était à elle qu’on avait remis ce sabre-laser et ces trois vies : elle n’aurait pas hésité une seule seconde à épargner le capitaine, à sombrer un peu plus dans l’humiliation en prouvant à la face de ces mercenaires dégénérés toute l’importance que Hope avec pour elle. Il avait été son monde durant des années et ces derniers mois, il avait été son univers tout entier.

L’Inquisitrice avait à peine bronché lors de l’exécution sommaire. Elle était demeurée à genoux, comme une statue en prière, de nouvelles larmes chaudes et silencieuses labourant ses joues sales. Si elle avait été celle qu’il avait décrite : la catin, la manipulatrice, l’Inquisitrice menteuse et sournoise : pourquoi était-il venu ? Pourquoi offrir un spectacle des plus pathétiques en refusant de la tuer ? Les réponses l’intéressaient peu, mais ces questions la rendaient folle un peu plus.

Le sang s’épandait sous ses genoux tremblants. Elle souhaita reculer mais n’en trouva pas la force. Une nausée violente vrilla dans sa tête, retourna son estomac et la seconde d’après elle se penchait pour vomir une bile translucide qui rejoignit le fluide écarlate. Son corps fut parcouru d’autres spasmes, mais son ventre vide ne sut rien rejeter. Elle n’avait pas bu, pas manger depuis des heures. Elle avait plus faim que soif. La faim lui tiraillait les entrailles lui donnant l’impression qu’un gouffre au fond d’elle réclamait une offrande. Dans ses pensées chaotiques, au travers de sa vision rendue imprécise par les larmes et les mèches de cheveux cuivrés qui barraient son regard, elle se demandait si le bébé avait faim également. Ou…s’il avait mal, comme elle souffrait en ce moment. Son bras, sans compter cet angle étrange qu’il formait, avait pris une teinte violacée et sombre et malgré ses efforts pour ne pas le bouger, le moindre tressaillement mettait ses nerfs à vif et la faisait gémir.


La voix de Lloyd lui était parvenue alors qu’il s’adressait à la mercenaire. Il avait encore les mots. Shar n’arrivait décemment plus à en aligner. Quand bien même elle aurait réussi à le faire, elle souhaitait s’épargner une jambe ou un autre bras brisé avec violence. Elle avait actionné dans son cerveau une commande de pilotage automatique ou quelque chose qui s’en rapprochait. Elle entendait sans écouter, voyait sans regarder. Ses mains tremblotaient toujours et sous le sang qui tâchait son visage, sa peau été maladivement pâle. On le constatait sur les parties de son corps dénudées : ses cuisses, ses jambes, ses bras, son ventre Sali par le sang, la poussière et les hématomes provoqués par les coups.

Elle restait à genou malgré l’inconfort et la douleur que cette position provoquait. Elle avait encore le goût rance de sa propre bile dans la bouche. Son regard fuit vers Flakstaff, mais elle n’arrivait plus à penser ou à analyser raisonnablement, alors elle laissa tomber, parce que l’idée même de fournir un effort de ce genre lui donnait des vertiges.


Dana avait atteint ses limites physiques, et surtout mentales. Cette fois-ci, elle ne pourrait pas s’épancher dans la Force pour les repousser, ou se sacrifier en poussant Lloyd dans une ouverture ovale vers un paysage enneigé. Ce n’était pas comme agoniser sur un champ de bataille où le silence morbide offrait un genre de paix. C’était plutôt comme à l’Académie Sith, quand Orzak l’avait vulgairement plaquée sur une table sacrificielle et lui avait brisé le bras d’une clé rude. Contrairement à ce jour-là, Lloyd Hope ne faisait que prolonger l’agonie : incapable de la tuer, incapable de la sauver. Il maintenait par ses choix, un statu quo insupportable pour Dana. Elle déversa son attention sur le cadavre encore chaud de l’humaine et elle lui enviait cette tranquillité soudaine.

- T’as choisi l’humaine…

Les mots revenaient, mais elle n’avait le contrôle sur aucun d’eux. Ils sortaient péniblement de ses lèvres tuméfiées.

- T’avais ce choix et t’as choisi l’humaine…

Dana se pencha vers le cadavre et de sa main valide, sous le regard nerveux de Bigord, retira le sac de la tête. Elle dût s’y prendre à plusieurs reprises, mais dévoila finalement un minois pâle, des cheveux de jais, des yeux éteints. Dans une hallucination brève, elle contempla sa propre figure.

- T’as choisi de tuer l’humaine.

Elle dévia sa prunelle vers la twi’lek geignante et songea à la photo d’une autre twi’lek.

- C’est à moi que tu penses quand tu vas mourir ?

Un silence.

- Tu mens bien….tu mens pour protéger Mat’aenna, pour que…quand j’aurais crevé ils s’en prennent pas à elle et ils pensent que…c’était moi seule.

Elle parlait tout bas, comme si elle monologuait avec elle-même. Son front était brûlant, luisant d’une fièvre progressive qui indiquait que son système immunitaire déclarerait bientôt forfait. Elle délirait, sans aucun doute. Mais Lloyd avait encore le sabre en main, peut-être qu’elle avait enfin trouvé le courage de le motiver.

- Pourquoi tu leur parles pas de Mat’aenna, hein ? Ils pensent tout connaître…pourquoi tu leur dis pas que…(Elle devait prendre des pauses, parler aussi c’était douloureux) Tu gardes sa photo tout le temps, parce que….c’est ton unique objectif…qu’elle te manque…






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Maxence Darkan
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Les paroles de Lloyd avaient cette pointe singulière qui lui fit baisser les yeux. Il avait choisi une « innocente », sans surprise... mais il avait choisi l'humaine, laissant Dana dans l’incompréhension la plus totale. Comprenait-elle finalement ? Fallait-il en arriver à autant de souffrance pour qu'elle comprenne ? Ou était-ce encore des paroles sans goût de sa part ? Un court instant, la lame rouge se reflétait dans les prunelles de la blondinette, avant que Flakstaff ne l'en désarme d'un geste habile, presque pickpocket. En les écoutant parlait, elle saisit l'étendue de leur pathétique relation.

-Il est temps d'en finir, reprit-elle le ton grave, et je sais parfaitement c'que j'dois faire pour continuer d'avancer avec le tas d'rouilles dans lequel tu m'as laisser.

Elle le fit tomber à genou, se plaçant devant lui, depuis sa hauteur, la mercenaire regardait une dernière fois d'un œil nouveau le visage abattu de Lloyd Hope, pointant son arme sur son front. Sa main ne tremblait plus, ce qu'elle pensait voir s'estompaient. Un long silence s'installa. C'était à son tour de faire surface, lui et sa belle gueule, ses cheveux argentés. Elle sentait encore la joue qu'elle avait posée sur ses jambes, la main de l'homme lui caressant ses cheveux sales, le jour où elle aurait pu en finir. Ce petit Jedi n'avait jamais les mots justes, mais Maxence s'y reconnaissait toujours, parce qu'au final, il la comprenait, elle avait grandi. Le blaster se baissa.

-T'épargner... … Elle ne les voyait plus, mais elle les entendait toujours. T'épargner. Parce que t'as aucune idée de c'que ça fait. Aucune. T'as jamais navigué, Lloyd... tu bricoles dans l'vent et ton vaisseau dérive.

Un coup de feu retentit, un corps s'écroula. Sursaut. Maxence tourna lentement la tête. Bigord venait d'abattre la Twi'lek, le visage prit par la rage, il envoya sa crosse dans la tête de Dana pour s'assurer qu'elle ne bougerait pas. Flakstaff était tout aussi surpris. Il avait toujours compté le Calamari comme une constante, pas une putain de variable. Il venait de comprendre, il avait fait une énorme erreur.

-L'épargner ? Grogna-t-il. Tu veux « l'épargner » ?

-Tu veux l'buter ? Elle aussi ? T'as bien vu tout c'que j'ai vu, les laisser en vie c'est la pire torture qu'on puisse leur imposer.

-Tous ces risques, tous ces morts... pour lui laisser la vie sauve ?...

-Alors quoi ? Qu'est-ce que tu comptes faire ?

-Préparer le terrain.

Lança le parieur, neutre, alors que tous les spectateurs se mirent à lever leurs armes sur le duo. La blondinette percuta. Son retour soudain dans ce règlement de compte, le temps qu'elle lui avait donné avec les hommes embauchés... Bigord se doutait qu'elle allait flancher et Flakstaff l'avait toujours sous-estimer sur le plan intellectuel, comme il sur-estimait Dana. Personne ne voulait la mort de la mercenaire, ni du parieur, ils récupéraient les reines au moment où elle ferait son choix. Le mauvais choix. Le visage de Maxence se masqua d'un voile sombre et impassible alors qu'elle regardait les hommes qui la trahissaient sur l'instant.

-Tu nous l'as déjà dit, Max, t'es morte avec eux ce jour là. T'es ma sœur d'arme, tu sais à quel point tu comptes pour moi, mais si t'es pas capable d'en finir, alors je prends les devants. Vos armes. Elle jeta ses blasters sur le côté de la scène, le parieur aussi. J'vais simplement vous faire sortir, pour terminer ton travail.

-Tu fais... une énorme erreur.

-Je sais parfaitement qu'les petites caméras sont d'ton côté, mais j'lui en veux pas non plus... à ton avis, il choisira qui entre un vieil ami et deux Siths ? Il avait raison, Fély choisirait Bigord, Éos aussi, par logique.Tu comprendras.

Trois hommes les attrapèrent pas les épaules pour les forcer à descendre avant d'emprunter les escaliers et remonter vers l'entrée. Les deux seules personnes qui pouvaient encore les épargner sur cette planète quittaient le tribunal. Le Calamari s'approcha de Lloyd, écrasant sa crosse sur son visage, il le roua de coups.

-Vous nous avez tout pris. Tout ! L'Empire et ses petits jeux. Nos frères et sœurs d'arme, nos amis, nos famille, notre cheffe. Tu paieras pour tout les autres, le bouc émissaire des boucs émissaires. Il marqua une pause, au-dessus de son corps. J'ai préparé quelque chose pour toi.

Tous les Djiilo étaient montés sur la scène, l'un d'eux passa derrière les rideaux pour en sortir avec une corde dont le nœud coulant pendait, comme pour narguer le Hapien. Il la jeta par-dessus d'une des poutres tenant les spot lumineux qui frappaient leur visage depuis le début avant de prendre l'homme par les cheveux pour le traînait. Ils s'organisèrent avec simplicité, comme pour un dernier dîner, balayant d'un revers de bras tout ce qu'il y avait sur la table, la boucle descendit et on lui enfilait autour du cou, au-dessus du collier, collé à sa mâchoire, la place manquait légèrement, mais alors ses vertèbres se disloqueraient lentement et la souffrance n'en serait qu'identique.

Des coups de feu retentirent, des bruits sourds, des cris.

-Max.

Il y eu un silence de plomb, puis les colliers se détachèrent, tous les deux d'un coup, il s'ouvrirent pour retomber sur le sol. Elle le punissait. Mais il réagirait.

-Tire sur cette putain d'corde !

Un homme robuste tira dessus pour lever le corps du blond, puis commencer à le pendre. Bigord fit glisser la table sous ses pieds, la pointe touchant, la corde était accrochée à l'échafaud destiné aux décors. La vie de du Sith tenait sur le bout de ses doigts de pieds.

-Vous, allez voir, arrêtez-la.

Presque tous les hommes sauf deux restèrent avec lui. Le Calamari attrapa Dana par les cheveux pour qu'elle fixe Lloyd en équilibre sur la table.

-Maxence aura beau s'montrer forte, faut s'rendre à l'évidence, elle sort tout juste de l'adolescence, c'est qu'une gamine. Il jeta un œil derrière lui. Je veux que tu le regardes, que tu te sentes impuissante et que tu élèves ton enfant avec son père pendu dans ta misérable tête.

Il la poussa sur le flanc, de manière à ce que, depuis sa joue sur le sol, elle puisse au moins apercevoir la pointe des chaussures de Lloyd. Les coups de feux s'intensifièrent dans le bâtiment, la mercenaire n'aurait jamais fait ça, avant Khar Delba. Il ne voulait pas perdre de temps, l'heure était venue.
Lloyd Hope
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Fin de l'Acte


Un cauchemar où on allait le tuer, et finalement l’épargner, puis le tuer de nouveau, et l’épargner encore.







Quand Max le força à se mettre à genoux, il sentit à peine ses articulations heurter le sol, les yeux fous encore rivés sur Dana, la bouche entrouverte.

Vraiment ?! Venait-elle vraiment d’amener Mat’aenna sur la table, de leur indiquer à tous que là était sa pire faiblesse ? Dana n’avait-elle pas compris qu’elle était la seule personne au monde pour qui il avait entrouvert la porte de cette histoire odieuse, de la pire histoire de sa vie ? Et elle décidait de le trahir ?
Il en tremblait. Le choc s’ajoutait au choc.

Mais qu’importait ? Il allait mourir de toute façon. Déjà, Maxence pointait sur son front le canon de son arme et il releva vers elle ses yeux hébétés. Allait-il mourir cette fois, où la mercenaire allait-elle encore jouer avec ses nerfs ? Il avait l’impression d’être dans un cauchemar sans fin. Un cauchemar où on allait le tuer, et finalement l’épargner, puis le tuer de nouveau, et l’épargner encore. Comme un cercle effréné de folie, sur lequel son cerveau n’avait plus aucune prise. Et dans tout ça, Dana, Dana, Dana, Dana l’avait-elle manipulé, et pourquoi n’avait-elle pas dit la vérité sur l’enfant, elle avait eu peur qu’il veuille le garder, et pourquoi, pourquoi diable Mat’aenna, pourquoi alors même qu’il échappait à la pire torture que Max aurait pu lui infliger, elle en soufflait l’idée à cette ennemie ?
Pourquoi autant de frustration avant de mourir ? N’était-on pas censé faire la paix à ce moment-là ?

Les yeux du hapien se remplirent de larmes de rage, ses traits se déformèrent tandis qu’il soutenait intensément le regard bleu de Maxence.

- J’ai pas la photo de Mat’ ! éclata-t-il dans un sanglot et son front tremblait sous la pointe du canon. J’suis venu chercher une Inquisitrice…

Mais sa voix mourut dans un drôle de brouhaha. Autour, des mercenaires qui s’agitaient, et il ne comprenait rien à ce qu’il se passait. La petite mercenaire fut écartée avec quelques échanges et il resta là, hébété, à regarder le balai des djiilo qui montaient sur la scène, qui s’activaient autour de lui. Ses yeux fouillèrent du regard les cadavres au sol, comme s’il s’était attendu à y voir son propre corps, avant de rencontrer le visage tuméfié de Dana.

Elle était en aussi piteux état que lui, supposait-il. Mais quand leurs regards se croisèrent, il fut incapable de faire passer quoique ce soit dans ses yeux. Ni compassion, ni déception, ni affection, ni haine. Il n’était plus qu’un visage hébété, ahuri, qui la regardait comme s’il la voyait pour la première fois.

Le contact visuel fut rompu par un premier coup, puis un autre. Bigord s’en donnait à cœur joie, visiblement. D’autres personnes aussi. Il s’était roulé en boule pour encaisser, misérable. Il allait mourir, il n’allait pas mourir, il allait mourir, il n’allait pas mourir. La souffrance de ne pas savoir était pire que la certitude de la fin qui arrivait.

Il pleurait de nouveau quand on lui passa la corde au cou. Il avait à peine la force de porter ses mains sous sa mâchoire pour essayer d’adoucir la morsure de la corde. Il repensa à cette fois-là où il avait failli être pendu, quelques jours plus tôt à peine. S’il était mort sur la station Astroballe, il serait mort en pensant qu’il rendait Dana malheureuse et que c’était mieux ainsi ? Mais maintenant ? Maintenant plus rien n’avait de sens. Même mourir. La corde le força à se lever, à genoux de nouveau, puis debout. Il aurait voulu être pendu sur Astroballe. Il aurait tant voulu.





























Et soudain, il réalisa.

























Sous ses doigts.






















PAS DE COLLIER.

Quand le collier était-il tombé ? Quand ?!

Il vit qu’on amenait Dana juste devant lui. Sans collier non plus. Pas de collier, pas de collier, pas de collier. Des blasters partout, certes, déjà des tirs qui fusaient. Mais pas de colliers. Il avait juste besoin de puissance. Juste besoin d’un peu d’énergie.

Et il y en avait à foison autour de lui.


















Il déploya la Force autour de lui de façon désordonnée, avec l’énergie du désespoir. D’abord, Bigord et celui qui tenait la corde. Puis quelques autres amassés autour. Leurs mouvements ralentirent, certains titubèrent. D’autres n’étaient pas touchés et ne parurent pas tout de suite se rendre compte de l’anomalie.

Soudain, le poids du hapien emporta la corde et il s’écroula au sol, mais son lien invisible avec les autres, lui, l’avaient maintenu en alerte. Il se cogna le coin du front à terre avec un râle et un bref instant, ses yeux se verrouillèrent sur une étendue dorée. Mais il n’y avait pas le temps.

Il enlaça Dana comme pour une dernière étreinte, mais ce n’était pas un au revoir : c’était une prise d’otage. Il la serra contre lui dans un mouvement possessif tandis qu’il ramenait ses genoux sous son corps et Bigord venait de tomber lourdement au sol à ses côtés avec un bruit sourd, sous les yeux un instant surpris de ses congénères.

Il y eut une confusion de tous les diables. Des tirs de blaster en tous sens tandis que Lloyd buvait leur énergie vitale. Ils ne visaient pas correctement dans cette panique et la confusion avec le retour de Maxence acheva de dresser un tableau de corps enchevêtrés, de gestes désordonnés, d’éclats de voix terrifiés, sous les projecteurs donnant à la scène finale une allure d’apothéose étourdissante.
Le hapien parvint à se relever avec facilité, maintenant que la Force lui donnait une puissance brute, que plusieurs corps étaient tombés autour de lui. Il soulevait Dana en la serrant contre lui comme une poupée de chiffons en travers de son corps, mais plus rien n’avait d’importance à part la fuite. Il joua des épaules pour traverser le nuage de mercenaires vers le fond de la scène, et un tir de blaster frôla son oreille, un autre lui transperça le bras. La douleur lui arracha un cri de rage mais l’énergie qu’il avait aspiré l’emplissait soudain d’une telle fièvre qu’il l’ignora en s’engouffrant entre les rideaux, au pas de course, sans un regard en arrière.

Il se cogna contre des tables, des fauteuils empilés, sauta vers un escalier qui s’enfonçait à un niveau inférieur en entendant que sur ses pas quelques mercenaires essayaient de suivre – pas beaucoup, car bien d’autres étaient restés, les corps empilés sur la scène, morts ou épuisés par cette aspiration inattendue – puis il y eut un boum suivis de cris paniqués. Toute la scène au-dessus avait tremblé quand quelqu’un avait activé la télécommande pour faire exploser les colliers – inutilement, bien sûr, puisqu’ils ne cernaient plus aucun cou. Mais la fumée dégagée par la détonation n’était qu’une folle chance de plus pour le hapien.


Il se retourna un bref instant pour percuter une porte de service avec le dos, et soudain, ils furent dehors.

Le Sith se mit à courir dans la rue, ses pas martelant le bitume humide, le souffle haletant, les gémissements de souffrance de Dana qui montaient jusqu’à sa conscience. Elle avait mal – son bras, certainement – mais il n’avait qu’une seule chose en tête : courir, courir, courir, loin de ce merdier, loin du théâtre qui aurait dû être leur toute dernière vision.

S’il y avait le moindre espoir de survie, il allait le prendre, le moindre espoir qu’elle ne mourut pas par sa faute, ou qu’il ne mourut pas par la sienne, il ne savait plus très bien.

Leurs deux corps ensanglantés et gémissants, désarticulés, étaient ballotés dans la nuit de Nar Kaaga par ses jambes impétueuses, nourries par la Force… Et par les vies qu’il avait prises à travers elle.





CSS par Gaelle



Darth Hope
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Fin de l’Acte

Sa respiration n’était plus qu’un mince filet irrégulier et brûlant.







Lloyd avait marché dans les ruelles de Pine Point 86 et chaque pas arrachait un cri de douleur à Dana. Bientôt, des figures hostiles se tournaient vers eux, à la fois curieuses et dérangées par le spectacle sonore. On se demandait bien ce qu’un blond à la face ensanglanté faisait avec une femme à moitié morte dans les bras. Parce que Dana ne ressemblait plus vraiment à autre chose qu’un sac de chair brisé que l’on trimbalait vers l’abattoire. On ne distinguait plus très bien sa chevelure de son visage meurtri, tout n’était qu’un mélange de cheveux, de sang, de salive, de bile, de derme tuméfié. Mais cette mixture horrifique n’avait pas encore pris possession du seul œil qu’elle arrivait à garder ouvert et qui était écarquillé de souffrance.

Son bras valide était rabattu contre elle, le poing plaqué sur son ventre. Et entre ses doigts sales, le sabre-laser de Lloyd dormait. Elle l’avait ramassé à la hâte, dès que son collier était tombé. Elle l’avait repêché au sol, glissant pathétiquement et au moment où ses phalanges s’étaient saisies de l’objet, Bigord l’avait attrapé par les cheveux pour la faire fixer la scène macabre, l’exécution à venir. Son cœur avait battu fort. Elle avait mordu sa lèvre blessée pour faire taire des insultes, pour endiguer le nom de Lloyd qui brûlait dans sa gorge, pour lui dire…peut-être avant de mourir, qu’elle était désolée. Elle avait essayé de se servir du sabre, mais ses forces avaient manqué puis son œil avait remarqué que Lloyd également n’avait plus de collier.


Retour sous le ciel pollué de Pine Point, dans l’ombre d’une ruelle déserte, entre deux établissements de luxure et de jeux, à quelques pas du théâtre érotique où s’était joué l’œuvre la plus pathétique de la décennie ; que les critiques ne manqueraient pas de tailler en pièces. La plus mauvaise interprétation de Romélo et Julia. Une actrice vulgaire dans le rôle de l’amante, un acteur sans charisme dans le rôle de l’amoureux. L’air frais de la nuit ravivait les plaies à la surface. Dana grelotait et tremblait, mais elle se sentait vivre. L’hapien s’était assis, dos au mur qui marquait que la ruelle était sans issue, entre deux containers d’ordure où des chats de gouttières rôdaient, le ventre affamé. L’odeur de pourriture et de déchets prenait aux tripes. Heureusement, l’Inquisitrice n’avait plus rien à vomir et l’odeur de son sang surpassait tout le reste.

Comme un jour lointain sous un pont kaasi, elle était assise en travers de ses genoux, pressée contre lui. Elle haletait, parfois gémissait, comme un animal blessé qu’il faudrait achever. Ses doigts quittèrent son ventre pour se faufiler entre leurs corps. Elle gardait toujours la garde du sabre en main ce qui rendit ses gestes maladroits et difficiles. Son index et son majeur ripèrent contre la ceinture du blond, dans une tentative médiocre pour la déboucler.

- Ta ceinture…

Dana n’était pas médecin, mais elle avait déjà eu le bras cassé plusieurs fois au cours de sa vie. Elle savait qu’immobiliser l’articulation brisée était nécessaire pour atténuer la douleur et maintenir la fracture en place avant de possibles soins plus poussés. Il y eut un déclic métallique, le cuir siffla dans l’air au moment où il quittait les hanches du Sith. Shar pressa sa joue contre le torse de dernier, serrant les dents, puisant un peu de courage. Finalement, elle ouvrit la bouche ; son nez croqua sinistrement alors qu’elle s’efforçait d’ouvrir plus grand et elle rangea la garde du sabre-laser entre ses deux mâchoires. De sa main valide elle attrapa son autre poignet. Contre lui, il pouvait la sentir respirer fort et sangloter. Elle tremblait. D’un geste qu’elle voulut ferme mais qui faiblit, elle replia son bras cassé. Ses dents s’enfoncèrent dans le métal, son hurlement vibra dans sa bouche, tapant désagréablement à ses tempes. Elle ramena encore son membre invalide contre elle et recracha le sabre, transpirante. La fièvre n’était pas retombée.

A aucun moment, elle ne lui demanda de l’aide. Elle attrapa la ceinture, la fit glisser entre les doigts de Lloyd et chercha maladroitement à s’en confectionner une attelle pour garder son bras blessé dans cette position. Plusieurs tentatives se succédèrent. Entre chaque, elle retombait contre lui, réfugiant son front au creux de l’épaule du capitaine pour reprendre son souffle et gémir. Peut-être qu’il en eût marre de l’entendre geindre, peut-être qu’il avait fini par avoir pitié ou peut-être qu’il avait juste enfin percuté ce qu’elle voulait faire. Alors, elle le sentit maintenir la position de son bras et s’emparer de la ceinture pour la nouer comme il le put afin d’immobiliser le membre fracturé. Ses mouvements avaient mécaniques, imprécis et elle devinait son air encore un peu hagard.

Il n’y avait plus d’équipe. Juste le silence.

Elle baissa sa figure et remarqua la garde du sabre-laser qui reposait sur son ventre nu, brillant sous la pénombre là où elle y avait laissé son sang et sa salive. Ce serait sa dernière vision avant que le noir n’étreigne enfin son esprit et que tout s’éteigne. Soudain, il put la sentir plus lourde, plus silencieuse, comme pouvait l’être un poids mort. Sa respiration n’était plus qu’un mince filet irrégulier et brûlant.

Puis, il y eût du bruit.

Rien à voir avec les clameurs qui s’étaient fait entendre jusque-là : douces rumeurs d’une cité en perdition, qui s’adonnait aux loisirs et à la liberté de chacun. A ce bruit, les chats avaient fui par tous côtés.









CSS par Gaelle



Maxence Darkan
Maxence Darkan
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Il y avait du sang sur son visage, mais pas le sien. Dans la salle de spectacle, elle vit Lloyd s'enfuir, prenant la balle d'un homme qui le voulait mort, pourtant, ils étaient tous tombés raides. Flakstaff fut le premier à se précipiter près du corps sans vie de Bigord, il l'avait tué, ce fils de pute l'avait tué. Elle dégaina son couteau et se mit à courir pour passer sur leur pas. Le parieur cria quelque chose, perdu dans le ronronnement assourdissant qui vrillait ses oreilles, le regard rouge, il n'allait pas s'en sortir aussi facilement, personne n'en sortait aussi facilement. Dans les rues de Pine Point 86, ses yeux flirtaient avec le ciel, arme en main, elle courait parmi les passants, sachant pertinemment qui la précédaient à l'allure de leur visage. Un voile noir se posa contre son corps, ses yeux pris par les larmes et désormais, elle se voyait, en face, juste là, à quelque pas, dans une salle noire, c'était la vraie Maxence.

Tu t'souviens des derniers mots qu'tu lui as dit ?

Évidemment

Elle souriait, celle d'en face, elle pleurait aussi, triste pour la chose qui la remplaçait, se débattant inlassablement contre ses deux pires ennemis, ceux qui pouvaient tout lui coûter.

Nan. Nan, tu t'en souviens pas.



C'était la rue. Son pied frappa une canette d'un vieux plat tout fait bon marché, le genre qu'on pouvait dégustait froid si rien ne nous permettait de le faire autrement. Le dernier cul de sac, deux conteneurs et un couteau, un sabre salvateur et des regards de désespoir. Maxence se tenait là, bloquant l'ultime sortie, elle connaissait la ville, elle les connaissait. C'était bientôt fini, alors elle sourit, mais son visage se crispa dans la douleur, dans la tristesse et la haine.

-Je t'ai laissé une chance... et tu l'as tué ! Elle secoua la tête de gauche à droite. Lève-toi. Bats-toi.

Les deux comprenaient parfaitement et le Sith ne laisserait pas sa femme manipulatrice mourir sans lui ruiner un peu plus la vie avant. Alors bercé par le bruit lointain de la ville, il se leva et la lame rouge jaillit du manche, face à lui, une gamine avec un couteau. En un instant, il avala la distance entre eux, frappant, les muscles offrant un ultime souffle combatif. Les deux ne se touchaient pas, à chaque fois des esquives, suivies de contres-attaques rapides.

Il était rapide, elle était agile et par chance, il était épuisé. Maxence se sentait lentement couler en elle, ne sachant pas si Lloyd lui aspirait sa vitalité en même temps, ou si elle fatiguait réellement. La lame rougeâtre la frôla à maintes reprises, très vite, c'était clair, elle ne gagnerait pas, mais ferait en sorte que lui non plus. Les entraînements tournaient dans sa tête, les erreurs qu'elle faisait, les sentant la prendre, sa garde serrée pour esquiver, frapper le bras afin de repousser la lame s'assouplit soudainement, son poing s'élança, le forçant à riposter en bon et due forme.

La lame s'enfonça dans la peau du bras de la mercenaire, un coup net, de bas en haut, le couteau qu'elle tenait dans l'autre main se planta dans le flanc de l'homme. Il y eut un silence, une lame qui s’éteignit, un bras sur le sol, Lloyd tomba sur les genoux, puis Maxence. Le couteau en duracier semblait dévorer la hanche du Hapien, il devait la retirer.

La blondinette eut un hoquet en découvrant son avant bras manquant, le coude sectionné. Un long, sincère et terrifiant hurlement lui échappa en ressentant la douleur de la blessure. Toujours vivante, il n'avait pas utilisé ses pouvoirs sur elle, trop pris dans l'action ? La lame dans son flanc le déstabilisait trop ? Des larmes coulaient sur ses joues, lavant le sang de ses hommes, ceux qu'elle avait tué. Et même après une chance offerte gracieusement... il l'avait fait. Il avait tué son frère d'arme.

Comme un boost d'adrénaline brisant ses muscles, elle se jeta sur lui, frappant son cou pour lui faire perdre son souffle, elle enchaîna avec des frappes, ses phalanges épousaient une nouvelle fois sa peau, encore et encore et encore, pleurante, hurlante, agonisante, c'en était presque automatique, portée par le moteur du désespoir.


Prends soin de toi. Si tu le fais, j’m’entraîne au pole dance. Promis.
On est la putain d'Estafette de Kaaga !
Max... je... je t'aime.
Hé, belle gosse... fais gaffe là-bas.


Maxence fut projetée en arrière. Pas par la Force, ni par quiconque. Seule. Elle venait de reculer pour tomber lourdement sur ses fesses. Paniquée, elle recula, se traina pour mettre le plus de distance possible entre eux, jusqu'à la sortie du cul de sac. Ses genoux remontant contre son torse au même titre que son moignon de chair brûlée, elle se balançait d'avant en arrière, horrifiée. Le ronronnement se tut. Les visages la regardaient, juste une dernière fois avant de disparaître.

-Je te hais, Lloyd... je te hais.

Flakstaff débarqua au pas de course pour découvrir cette scène sinistre, au milieu de nulle part, dans une vieille ruelle de Pine Point 86. Il ne sut quoi faire, d'abord, il considéra le bras de Maxence, puis la femme en elle-même. Le parieur aurait peut-être pu les abattre, mais il n'en voyait pas l'intérêt. À la place, il engouffra sa main dans sa veste pour jeter négligemment le datapad de Dana, de quoi contacter le Sans Visage, de quoi contacter de l'aide. Le bracelet de l'inquisitrice dormait encore dans sa poche, il l'avait simplement oublié, le plus important était de sortir l'humaine tétanisée d'un cauchemar qu'elle s'était créée.

-On y va Maxence, c'est fini.

Il l'aida à se relever, la mercenaire était tout simplement misérable. Elle n'avait pas trouvé force de tuer un homme... car elle ne redoutait qu'une chose, ne plus jamais la trouver en le tuant, lui.

Flakstaff la prit sous son épaule valide pour quitter la ruelle et terminer dans les rues plus mouvementées. Fély avait dû fuir, bientôt il les recontacterait, après tout, faire sauter les colliers sans raison restait le seul signe de son départ. Dans le théâtre, il restait les corps des hommes s'entre tuant pour un autre, le frère d'arme, abattu par l'ivresse de la vengeance, le blouson de cuir de la mercenaire, étalé au sol, épongeant le sang qu'ils avaient tous fait couler ne laissant plus que la seule chose qui les rassemblait réellement, roulant sur le parquet : le doigt de Moh Trekkar.


[FIN]
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