Maxence Darkan
Maxence Darkan
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« Un autre jour de gloire pour l'Estafette. » Ironique. Désormais dissoute, l'Estafette n'était plus que le nom commun primaire qu'il désignait. Si elle avait quitté une dernière fois Nar Kaaga, ce n'était pas pour se trémousser joyeusement sur Nar Shadda et faire la tournée des boites de strip-tease. Le cœur lourd, elle fixait un datapad éteint dans ses mains. Faire le grand nettoyage dans sa vie. C'était simple, d'abord Karm, Fély, Flakstaff, puis maman, papa ira se faire foutre et maintenant, ça. Il y a quelques jours, Maxence eut la force de retourner dans l'appartement de Taha'san, en plein déménagement, il ne restait plus grand chose à part des boites remplies d'affaires personnelles. Parmi les culottes, les cendriers et les jeux de cartes froissées, elle était tombée sur cette amas de datapads, dans lesquels se trouvaient ses rapports, les plans futurs, les missions en préparation, en prévision et quelques côtés techniques de la vie de lieutenant qui lui passaient au-dessus de la tête.

L'école Nrujima. Trouvée par hasard, regrettée quelque part. La Rodienne avait déjà commencé à travailler sur l'idée de rallier la cause de ces fous furieux du sang parmi les rangs Djiilo, de nombreuses façons de faire avec de multiples actes. Prête à beaucoup pour réussir ce qui pouvait paraître impossible, elle n'eut jamais le temps de terminer. Toute une partie des recherches se trouvait être des informations sur les techniques de combat utilisées : Taha'san ne semblait pas les connaître précisément, malgré ses connaissances dans le domaine, elle bloquait sur beaucoup de points et jamais elle ne demanda à Maxence de faire tourner ces contacts à ce sujet.

Ce qui lui restait malgré tout dans la tête, c'était le nom. Celui qui revenait souvent, suivi d'une technique de combat inconnue, ancestrale, supposément, la blondinette ne connaissait pas grand chose dans ce domaine. Si ce n'était pas son surnom, alors c'était lui : Tanlo Jakobi.

Mais voilà, elle était morte et incinérée, plus rien à garder, plus rien à voir, Maxence ne voulait pas déterrer la mission pour courir droit dans les bras de l'école Nrujima, mais bien pour voir un collègue perdu sur une lune pourrie. Il méritait de savoir, ne serait-ce qu'au cas où. Après tout, ils leur avaient donné leur parole que, si jamais il s'attirait des ennuis, l'Estafette répondrait présente.

-Taha... qu'est-ce que tu m'fais faire...

Elle attrapa son sac à dos, quelques affaires de rechange à l'intérieur et des tenues adéquates à la suite de ses idées, elle devait le faire. Une main tremblante, les nausées étaient de retour, elle attrapa ses pilules pour s'en prémunir avant de sortir de son vaisseau, parqué dans un des nombreux spatioports de la lune. Ça faisait longtemps qu'elle n'y était pas allée, ne serait-ce que pour affaire : Nar Shadda, depuis le démantèlement de ce trafique de drogue Dejsadii, laissa un vague sentiment d'insécurité à l'idée de retourner là-bas. Pourtant cette sensation d'être une tête parmi la foule, frappant le sol de ses bottes comme son voisin de droite, ou la personne en face, lui avait largement manqué. La violence des regards, les rues lugubres et les échoppes toutes plus louches les unes que les autres... c'était son deuxième chez elle.

Maxence ne connaissait pas le quartier dans lequel elle était, alors trouver le dojo se montrait d'autant plus complexe. Demander son chemin, avec cette bonne humeur et cette gentillesse native de chaque coin de Nar Shadda lui demanda près d'une demie heure.

Elle faisait face à la grande façade du dojo. Un soupir lui échappa quand ses yeux se baissèrent sur la porte, l'important, ce n'était pas trouver, mais entrer. Elle poussa la porte, faisant ses premiers pas à l'intérieur. Trop de fois elle l'avait fait : prévenir les gens. Le pire restait de le faire fraîchement pour en informer les proches. Cependant, la blondinette reprenait sa vie en main, réorganisait les choses en se préparant à l'impossible pour venger une sœur et un frère d'arme qui n'en aurait pas demandé autant. Le deuil n'était pas terminé, mais le Jedi lui redonna foi en quelque chose.

Les grandes lumières tardives du hangar frappaient les quelques combattants travaillant d'arrache-pied leur coup de paume, les revers de la main, ou les balayages, s'attardant sur la position adéquate, sans faux pas, sans perte d'équilibre, une bande d'amateurs qu'elle appréciait déjà pour l’énergie qu'ils mettaient dans leurs exercices. Le tout arborant une simplicité martiale plutôt représentative de l'homme qu'elle avait rencontré sur Nar Kaaga et connu sur Lannik.

-Tanlo !

S'écria-t-elle soudainement en direction d'une imposante et singulière carrure, dos à elle. La Djiilo ne souriait pas, le visage neutre, elle s'approcha pour saisir son poignet et taper son épaule comme le ferait deux vieilles connaissances. Si elle savait qu'il se trouvait à son lieu de travail ce soir là, c'était uniquement parce qu'il fallait prévoir ce genre de rendez-vous surprise, comprenant recherches d'informations -compromettantes ou non- derniers endroits où il s'était rendu, les précédentes missions auxquelles il fut affilié, les employeurs : une sorte de paranoïa de son prochain. Si les Siths devaient payer, alors Maxence ne se permettrait pas de s'entretenir avec une personne susceptible de parler contre une poignée de crédits.

-Ça fait un baille. Elle jeta un œil autour d'elle. J'ai des trucs à t'dire... et à t'demander... en privé.
Tanlo Jakobi
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- Gorja, plus concentré sur tes appuis ! C'est mou !

- Oui maître !

Habillé d'un simple pantalon de toile et d'un débardeur blanc et pied nu, Tanlo marchait avec lenteur, examinant la quarantaine d'élèves présents en train de se livrer à des sparrings. L'oeil aigisé du maître allait de l'un à l'autre, enchaînant réflexions et commentaires, jouant du chaud et du froid. Bien qu'aimable et joueur, il était un professeur à la sévérité impitoyable.

C'est pour ça qu'ils venaient.

- Alex, plus haute ta garde ! Matt, met de l'écart entre Borgov et toi, t'es plus grand, use ces putains de bras !
- Oui maîte ! répondirent-ils en coeur.

Le glissement des pieds sur le sol, les expirations, le bruit des coups contre les corps, résonnaient dans le hangar, trop grand pour le faible nombre d'élèves. Il était tard, c'était son dernier cours. 40 personnes, c'était presque intimiste.

Ils venaient de tous les horizons, étaient de toutes races et de tout gabarits. Jeunes, vieux, humains, aliens, petits, grands, maigres et costauds. Malgré ces hétérogénéités aussi bien physique que techniques, les débutants comme les confirmés étaient en harmonie. Un oeil extérieur aurait remarqué, après étude attentive, des similarités dans leurs styles. Une transition par ici, la manière d'utiliser un appui par là, un enchaînement...

L'odeur de la sueur, et même du sang -on ne retenait pas les coups plus que nécessaire ici- baignait l'endroit. Ca sentait le mâle. Pour ça que les femmes étaient excessivement rare.

-Tanlo !

Autant dire que l'arrivée de Max amena avec elle un silence de mort. Les quarantes élèves regardaient la mercenaire comme si ils venaient de voir un fantôme. Ca n'était pas une élève. Ca ne pouvait pas être une élève. Ils ne l'avaient jamais vus, et quelle femme irait se retrouver là dedans ?

Tanlo remarqua le silence et se mit à rugir tel un lion grondant ses petits.

- Changez de partenaire et recommencez.5 sparrings de 2m, avec 30 secondes de pause. FABED !

- Oui maître ?

- Ce soir, tu mène les échauffements jusqu'à ce que je revienne !

- D'accord !

- AU BOULOT !

Il s'écarta alors, faisons signe à Maxence de le suivre.

Le hangar était immense, et l'appartement de Tanlo n'était ni plus ni moins que l'ancienne salle de contrôle. Des grandes baies vitrées -teintées-, il pouvait continuer de surveiller ses élèves s'entraînant en contrebas.

La pièce était petite. Spartiate. L'homme semblait ne se soucier que peu de son confort. Un lit plutôt confortable et parfaitement fait, une grand cuve de bacta, un bureau, une petite cuisine, un réfrigérateur... bien qu'il ait plusieurs centaines de mètres carrés à sa disposition, toutes ses possessions physiques personnelles se trouvaient ici, dans cette petite pièce.

Il ferma la porte derrière lui, la verrouillant, et fit signe à la jeune femme de s'asseoir sur le lit. Il se pencha en avant, ouvrant un réfrigérateur, et en sorti une bière, qu'il envoya à la blonde.

Cette dernière était toujours joyeuse, dynamique. Pleine d'énergie et de malice. Il la voyait sérieuse. Usée. Fatiguée. Sa démarche, ses épaules, son regard, tout indiquait aux yeux de Tanlo qu'elle n'allait pas bien. Alors, il décida lui aussi d'être sérieux. Il tira un tabouret et s’assit dessus, en face de Max. Il tenait une bouteille d'eau énergisante. A son âge, tous les moyens étaient bons pour rester en forme et repousser les années.

- Tu fais une sale gueule Max. T'a perdu tes clés ? dit-il avec un sourire un peu moqueur, mince tentative d'alléger une ambiance qu'il sentait lourde d'avance. Il reprit la parole.

- Je t'écoute. Qu'est ce que Tanlo peut faire pour toi ? Est-ce enfin cette invitation à dîner tant attendue que j'avais demandé en remerciement de mes faits d'armes ?
Maxence Darkan
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Ça sentait le fauve. Une odeur de mec qui lui rappelait des nuits biens trop agitées, une envie de revenir en arrière, ne serait-ce qu'un jour : cette espèce de pensée interdite qui lui brisait chaque fois un peu plus les neurones. Malgré le retour aux entraînements, les regards furtifs lancés par curiosité continuaient, reprit par ce fameux Fabed qui tenait son rôle de maître remplaçant à cœur. Encore envie de fumer, trois clopes en même temps si possible, mais l'heure n'était pas à ça. Elle posa son sac dans un coin avant de s'asseoir, attrapant la bière au vol pour l'ouvrir comme une sauvage à la main -ne me demander pas comment c'est possible-, puis bu une grosse gorgée. Elle ne lâcha pas un sourire à ses blagues, juste un hochement de tête, pas de sa faute, il n'était pas encore au courant. Quand elle tournait encore au Speed, elle ne voyait que le mauvais côté des choses, elle aurait sûrement répondu par une tentative de fracassage de crâne qui se serait terminé par un Tanlo au-dessus d'elle en train de lui faire une clé de bras pour la calmer.

-Ils sont morts.

Son ton neutre témoignait de deux choses, premièrement qu'ils l'étaient depuis longtemps et donc qu'elle avait pris son temps avant d'aller le voir, deuxièmement qu'elle avait déjà fait son deuil, du moins, qu'elle avait au moins fait un premier pas vers l'acceptation de leur disparition. Elle décida de se relever pour chercher son sac, laissant couler un silence et surtout du temps pour que le colosse puisse comprendre que ce n'était pas une de ses mauvaises blagues. Elle sortit une petite fiole de cinq centimètres de diamètre, remplie de cendres pour la poser sur le bureau. C'était les derniers vestiges physique de Taha'san et Skroutch. Normalement, ils n'étaient pas mélangés, dans son vaisseau, elle avait deux capsules, une pour la Rodienne, l'autre pour le Lannik, mais elle voulait peut-être quelque chose de plus solennel pour Tanlo.

-Taha'san et Skroutch sont morts le même jour, à la même seconde, au même endroit. Elle s'appuya sur le bord du bureau. Je suppose que tu veux des explications. Elle leva son doigt en l'air. Alors ferme la et écoute.

Les gens adoraient écouter des histoires morbide avec des morts et de l'action, elle ne pouvait pas lui en vouloir s'il voulait savoir. Son air, ainsi que son ton neutre n'offrait rien de bon pour la suite.

-La guerre civil a éclaté chez les illuminés d'l'Empire. Les Djiilo veulent tirer leur épingle du jeu et on a été emmené sur le terrain, moi Skroutch et Taha. Khar Delba. La mission, nous faire passer pour des renégats et nous retourner contre eux pour prendre l'avantage. On avait un prêtre à protéger, il avait qu'à s'montrer patient... Il les a tués, sans même réfléchir. Ils sont morts sur le coup et j'ai survécu. Son poing se serra. Il a tué ses propres alliés. Les putains d'Siths...

Elle marqua une pause en lançant un regard inquisiteur à Tanlo. Elle savait pour lui. L'Ouragan, avait combattu au côté de l'Empire, un tueur de Jedis. Son regard devenait de plus en plus menaçant. Si Maxence était une contractuelle privilégiée des Jedis, ce n'était pas cet attachement professionnel qui la faisait bouillonner. Sans quitter ses yeux de ceux du colosse, elle fourra une nouvelle fois sa main dans son sac pour en sortir un pot en verre rempli de formol, à l'intérieur, un doigt, celui du prêtre : Moh Trekkar.

-J'ai pris l'index du prêtre et maintenant il va passer la fin de ses jours à endurer les pires tortures. Haussement de sourcils. Un trophée personnel. Aoi Takeda, ça t'dit quelque chose ? Évidemment qu'ça t'dit quelque chose. Elle y était c'jour là, de base, j'devais lui mettre une balle dans la tête et repartir en sautillant avec cette sale merde Zabrak.

Nouvelle pause, Maxence prit la fiole de cendres pour lui jeter. La mercenaire était très bien renseignée sur lui : ce n'était pas un homme qui cachait ses faits d'arme aux yeux de la galaxie.

-Écoute, franchement, ton passé de tueur de Jedi, j'm'en tape, tes associations avec l'Empire, c'est pas mes oignons, j'suis pas là pour ça. Sa tête désigna la fiole qu'il avait dans les mains. C'est eux.

Elle porta la bouteille à sa bouche. L'espace d'un instant, elle revoyait leur corps sur le sol, comme toutes les dernières fois où elle les revoyait. Les yeux vitreux, les joues encore chaudes.

-Fély est sur Nar Kaaga et Bigord a disparu sans laissé d'traces. L'Estafette est dissoute. Y' aura pas d'dîner.

Elle lui laissa une troisième fois le temps d'encaisser. Elle ne lui en voulait pas pour son passé, elle remettait les choses au clair. Quant à ses plans futurs concernant ce petit connard Hapien, elle les gardait pour elle, après tout, elle n'allait pas le dire à un ancien allié de l'Empire... mais c'était surtout parce qu'elle savait qu'il demanderait à les venger, lui aussi, en le faisant de bon cœur, qu'elle ne lui dit rien. La désormais lieutenant Djiilo voulait régler cette histoire avec les derniers vestiges de Taha'san et Skroutch : Maxence, Flakstaff et Fély.

-Tan. J'ai besoin qu'tu m'entraînes. Si t'es capable de tenir tête à des Siths ou tuer des Jedis avec tes mains, alors je veux qu'tu m'apprennes : des cours particuliers, je paierai le prix. Le problème avec moi, c'est qu'une fois sans flingue, je perds le contrôle, même si j'suis rapide et qu'j'me faufile, il faut qu'je sache riposter. Dans mon sac, j'ai des fringues de rechange, j'veux commencer aujourd'hui.
Tanlo Jakobi
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Le mercenaire d’habitude si expressif ne répondit guère, restant silencieux. Ses yeux bleus brillants caressaient du regard la fiole. Ainsi donc, l’estafette était morte.

En réalité, ça ne le touchait pas vraiment. Ils étaient compétents, et s’étaient révélés des alliés agréables et sympathiques. Mais ils n’étaient pas des relations proches. Seulement des connaissances. Après des décennies de carrière, Tanlo avait vu un nombre incalculable de personnes mourir, y compris des êtres qu’ils chérissaient. Il n’était pas résigné, mais habitué.

Au final, les gens n’étaient guère plus qu’un ensemble de muscles, d’intestins et de nerfs, commandés par des impulsions électriques. On meurt tous un jour, et rarement comme on le désire.

Non, leur mort ne le toucha pas.

La peine de Maxence, brutale, réelle, pleine de franchise, l’affectait bien plus. Les vivants l’avaient toujours plus intéressé que les morts. Aussi, les fines larmes qui coulèrent de ses yeux n’étaient pas pour les décédés, mais pour l’endeuillée en face de lui. L’homme ne connaissait pas la pitié, mais il n’était pas dénué de compassion. Sa voix trembla un peu.

- Je suis désolé Max. Je sais qu’ils comptaient beaucoup pour toi.

Il ne lui en voulait même pas pour ses… reproches à peine masqués. Elle était bouleversée, évidemment. Ainsi donc, la blonde louchait plus du côté de la République. Un jour, ils se retrouveraient face à face. Devait-il prendre des mesures préliminaires ? Il caressa l’idée un moment. A cette distance, il pouvait la tuer. Elle ne serait pas en état de lutter. Lui briser le cou…

Il chassa cette noire pensée. Tuer devait encore avoir un sens. Une utilité. La tuer serait beaucoup plus fatiguant, et moins intéressant que de la laisser en vie. Il se mit à penser à la shogun. Elle s’était révélée aussi bonne élève qu’instructrice. C’était grâce à elle que le mercenaire avait désormais une vibrolame sous le lit.

Puis, la proposition de Max. Tanlo la regarda avec des yeux ronds, avant d’éclater de rire, franc, qui résonna d’autant plus fort que la pièce dans laquelle ils se trouvaient étaient bas de plafond.

- HAHAHAHAHA !
Il essuya une larme coulant de son œil, alors qu’un sourire carnassier et carrément prédateur déformait son visage, creusant ce dernier d’innombrables rides d’expressions. Max, j’ai du m’entraîner quotidiennement pendant 35 ans pour arriver là où je suis. Tu crois que quelques cours avec moi vont te faire tenir tête à un putain de Sith ? Tu penses vraiment que…

Son instinct primaire, primal même, lui envoya un signal. Un frisson le long de sa colonne vertébrale, alors qu’il cherchait, presque paniqué, les yeux de blonde. Si un regard pouvait tuer, il aurait été désintégré sur place, avec tout son dojo. La détermination de la mercenaire était un véritable brasier, qui, peu à peu, masqua le reste de la pièce aux yeux de l’homme, qui ne voyait plus qu’elle.

S’il ne savait pas ce dont il était capable, il aurait peur d’elle.
- Putain…

Il se leva, se remettant à sourire, la déshabillant du regard avec amusement, comme un boucher estimant la valeur d’une bête. Pieds, bras, mâchoire, doigts, stature, posture, équilibre.

- T’es vraiment sérieuse.
Sa voix mélangeait admiration, crainte, et presque un peu de mépris. Avant qu’il ne rigole. Tu me plais ! Une grosse tape sur l’épaule de la jeune fille, avant qu’il ne lui rende la fiole de cendre.

- Ok, Max, tentons le coup. Très bien. Mais je dois te prévenir. Tu ne vas pas suivre le même cursus que les autres !
dit-il en désignant du pouce, derrière lui, le reste de ses élèves, qui faisaient des étirements. Je vais faire de toi une tueuse, pas une combattante. Et comme on a pas de temps, ca sera une formation accélérée.

- Mais avant, j’ai des conditions à poser, et aucune n’est négociable.

Son poing se ferma, avant qu’il n’étire son pouce. A chaque règle, il étirait un autre doigt. Il était redevenu professionnel. Pour la première fois, il lui exposait sa facette d’instructeur.

- Premièrement, je veux une obéissance totale. Pas de « non », ou de « mais », ou de « je suis trop fatiguée ». Je te dis de faire un truc, tu le fais, point.

- Deuxièmement, ça sera toi avec moi et personne d’autre. Tu va loger ici, y a d’autres chambres et des douches. Pas de comlink, pas de distraction, pas de contrat, pas d’alcool, pas de clope, pas de quoi que ce soit, tu seras à 110% sur ton entraînement.

- Troisièmement, je veux pas que tu te bride. Si t’a mal, hurle. Si t’a envie de chialer, chiale. Si tu galère au point de te pisser dessus, fais-le. Si t’a trop mal pour faire quelque chose, ouvre ta gueule plutôt que te blesser encore plus par orgeuil. Je juge pas, personne te jugera, et tu va en chier. Mon but, c’est que tu réussisses.

Il regarda le sac de la jeune femme.

- Et tu commence pas aujourd’hui. Il est tard. Reviens demain, après déjeuner. Fais-toi un bon repas. Dis au revoir à tes amis. Tire un dernier coup. Un bon sommeil. Goûte une dernière fois à la vie. Et si t’es décidée de rejoindre mon monde, alors on se verra demain.

Silence.

- Et rédige tes dernières volontés.
Maxence Darkan
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-Très sérieuse.

Elle le fusillait du regard. Elle n'avait la prétention de vouloir tuer un Sith ou un Jedi à main nue, ni même se montrer capable des mêmes prouesse que le colosse sur le domaine des combats rapprochés, elle voulait simplement trouver une issue à ses problèmes de guerrière. Si tenir un sabreur à distance ne semblait pas l'ennuyer plus que ça dans l'idée, le fait de devoir se retrouver sans blaster contre leur bâton lumineux ne l'enchantait guère et si les choses tournaient mal durant ses plans, alors elle aurait au moins ça. Ces conditions ne lui plaisaient pas, mais il n'y avait pas de « mais », alors elle hocha la tête, elle fumerait un autre jour, elle boirait un autre jour, elle garderait sa libido de côté, juste le temps qu'il faudra, ainsi, Maxence Darkan disparaîtrait le temps qu'il faudra.

-Mes derniers mots sont déjà enregistrés. Elle jeta un œil à la fiole de cendre avant de la reposer sur le bureau. Garde-les, ou fous-les à la poubelle, j'en veux pas.

Elle attrapa son sac et fit demi-tour, pas de au-revoir, les talons tournés, retour dans la salle qui puait la sueur et l'air -passablement- frais de la lune. Ce soir là, elle était partie boire un verre avant de terminer sa soirée dans une chambre de motel. Peut-être mal interprétés, les mots de Tanlo sur le fait de tirer un dernier coup avait sûrement plus affaire avec ses deux blasters accrochés aux cuisses que le beau jeune homme assoupi dans le lit double après leurs ébats. Une fois sûre qu'il soit bien endormi, elle se leva pour sortir sur le petit balcon qui donnait directement sur la rue, une cigarette au coin de la lèvre, le bracelet en direction de son visage, elle jeta un œil à la boite de cachets qu'elle se trimballait avant d'enregistrer un dernier message.

« Salut Fély. Quand j'suis revenue, ce jour là, j'ai pas pleuré, j'ai pas... vraiment dit quoi qu'ce soit en fait, mais chaque jour j'y repense, encore et encore. Je revois leur visage sur le sol... leur expression... c'était, ni de l'incompréhension, ni d'la peur ou d'la colère, juste une sorte d'apaisement. » Elle ricana. « T'inquiète, c'est pas un message de suicide, j'voulais juste te remercier, tu m'as aidé, autant qu'Karm, alors merci. Écoute, je vais disparaître, une dernière fois, après ça, toi, moi, Flak, on terminera c'qu'on a commencé, pour eux, pour l'Estafette, faut qu'tu m'fasses confiance, une dernière fois. Tanlo va m'entraîner le temps qu'il faudra : pas d'clope, pas d'alcool, pas d'distraction, pas d'Cartel... le problème, c'est qu'j'suis une ancienne toxico, j'ai besoin des médocs que tu m'as filé si j'veux pas m'écrouler sur moi même, alors j'aurais besoin d'ton expertise là-dessus, à ton avis, je peux arrêter d'les prendre ou pas ? » Elle marqua une pause, se pinçant rapidement le nez en reniflant. « Prends soin d'toi et dis à Flak d'aller s'faire mettre. »

Elle coupa la communication, jeta sa cigarette consumée avant d'aller retourner se coucher. La mercenaire dormit paisiblement cette nuit là, pas vraiment de stresse, dans les bras de l'inconnu, c'était une forme de réconfort que d'offrir les reines de sa vie à l'Ouragan, plus besoin de réfléchir, agir instinctivement et obéir. Pas besoin de prévenir Karm, ni Léo, ni qui que ce soit d'autre, ils le savaient déjà qu'elle allait devoir disparaître un temps.

Le lendemain, son compagnon n'était toujours pas réveillé, elle attrapa son bracelet, la matinée avait déjà bien avancé. Maxence souffla un bon coup avant de s'habiller et trouver le courage d'écouter le message du Gozzo en retour.

« Salut Max... »

*****

La blondinette se craqua la nuque en jetant le dernier mégot avant longtemps. Malgré ce qu'avait proposé Tanlo, elle n'avait pas « profité » de la vie, même du haut de son intellect souvent limité, Maxence savait que jouer une soirée de dingue avant de créer un manque considérable la démoraliserait complètement, elle avait donc fait simple, quelques verres, une partie de jambes en l'air et un retour à la normale avec un déjeuné simple et nutritif. Habillé d'un jogging souple, de chaussure de sport et d'un sweat-shirt, le tout, noir, elle entra finalement dans le dojo pour retrouver son -désormais- maître martial.

-Salut. Avant tout.

Elle dégaina son clapet à cigarette pour lui donner, ainsi que son briquet, terminé. Puis elle retira son bracelet, fit de même, pas de distraction. Elle tenait à ces trois objets comme à la prunelle de ses yeux, cependant il avait déjà tout dit, les conditions étaient non-négociables.

-Maintenant, trois choses d'une, j'ai pas d'allergie, mon groupe sanguin c'est AB positif, j'suis receveuse universelle -au cas où- et j'ai pas d'problème physique particulier. De deux. Elle fouilla dans son sac pour sortir un paquet de serviettes hygiéniques. Devine quoi, c'est pas d'ma faute si mon vagin s'met à faire des hémorragies tout seul, alors c'est la seule pause que tu m'accorderas. Et troisièmement. Elle sortit la boîte de cachets. J'suis une ancienne toxico et j'ai besoin d'ça si tu veux pas t'retrouver avec un linge plein d'sueur inutile, gémissant sur le sol comme une loque. J'ai mis Fély au courant, le sevrage forcé fera rien d'plus que m'foutre en l'air sans m'aider. Dès qu'j'ai des nausées, vertiges ou tout l'bordel qui m'colle au cul, j'en prends un, je dois attendre deux heures d'intervalles entre chaque prise, minimum.

Elle inspira à nouveau, c'était un peu tout ce qu'elle demandait, le reste, elle pensait pouvoir le supporter. Maxence retira donc son sweat-shirt pour se découvrir en brassière de sport, un parmi la quinzaine qu'elle avait. La mercenaire n'en donnait pas l'air avec ses vêtements sur le dos, mais elle était bien taillée, entre ses muscles de bras, creusés par sa peau, ses abdominaux apparents et ses jambes, pour le coup, couvertes, ses dures années de mercenariat débutées à un âge, pour le peu, bas l'avaient visiblement bien forgée.

-Du moment qu'tu commences pas à m'tripoter comme un vieux pervers, j'suis toute à toi.
Tanlo Jakobi
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Il l'avait attendue. Croisant les bras et la regardant presque de haut, il l'écouta attentivement. Il ne releva pas sa dernière pique. Ni elle, lui ni n'étaient là pour ça. L'homme était professionnel, et Max, bien que faite, ne l'intéressait pas vraiment. Il était là pour lui apprendre à se battre, pas pour se la taper. Il ne voyait en elle qu'un corps à sculpter et à renforcer.

- C'est noté. Par contre, laisse moi jeter un œil sur tes cachets.
Il examina la boîte, ouvrant cette dernière, plissant les yeux devant ces derniers.

- Oh, tu prend ça ? Bon, pas de problème. Ça devrait pas interférer. Allez, suis-moi.

Ils prirent une porte dérobée, qui donnait sur un monte charge. Il activa un levier, et ils descendirent dans les profondeurs.

- J'ai construit mon dojo sur un ancien hangar à vaisseaux. On a de la place, et je nous ai fait une petite salle spéciale. Ça permettra à mon second de continuer de donner des cours pendant que je m'occupe de toi.

Il leur fallu 10 minutes de marche, dans des gigantesques couloirs abandonnés à la lumière grésillante, passant entre des portes blindées fonctionnant à moité, certaines portant des marques des poings de Tanlo. Ils arrivèrent alors dans une grande pièce d'une cinquantaine de mètres carrés, avec trois portes visibles donnant sur d'autres pièces. Des tatamis se trouvaient sur le sol, ainsi que des bouteille d'eau, et, surprenamment, des équipements de musculation. Il lui fit signe de déposer son sac.

- Bien, je t'explique comment ca va se passer. On va te renforcer de trois manières. D'abord, le développement musculaire. Puis, le développement mental. Une fois ceci fait, je pourrais t'apprendre mes techniques.

Il fit craquer ses doigts.

- Le développement musculaire, c'est chiant et pénible, mais c'est indispensable. T'a beau être agile et habile, si t'a pas de force, tu vaudra rien. Les muscles te font taper plus fort, mais aussi plus vite, et plus longtemps, tout en pouvant prendre plus de coups. T'es pas une jedi qui peut faire des prouesses en pesant cinquante kilos. Ca veut aussi dire.

Il la désigna d'un geste vague de ses bras.

- Qu'après ton passage ici, tu devras sûrement revoir ta garde-robe.
Il se mit à sourire. Avec tes cheveux courts, tu fera un mec très mignon, Max. SUR CE !

Son poing fermé cogna contre sa paume ouverte.

- Échauffement. On cours. Index vers le bas, il fait un petit geste circulaire. Autour de la salle.

Il perçoit un regard circonspect. Un truc de gym, rien de plus. Où est l'entraînement secret ? Il ricane intérieurement.

- Allez ! Il s'élance, et lui fait signe de le suivre. Il fera tous les exercices avec elle. Ils trotinnent ainsi pendant quelques minutes, à un rythme tout à fait gérable.

- Pas de côtés ! Il bondit, sur plusieurs mètres, sans élan, sa masse puissante de muscle tendue, et atterrit en face d'elle, afin qu'elle imite ses gestes.

Aucun son, uniquement celui des pas crissant sur le sol, et de leurs respiration. On n'entend rien du monde extérieur ici. Les pas sont rapides, puissants. Puis, il saute. Ses jambes se détendent d'un coup. Il flotte dans l'air, à plus d'un demi-mètre du sol.

[color=#00cc00- Sauts sur place ! Tu m'en fais 20, tu cours, tu en refait 20 ![/color]

Il ne la perd pas du regard ne serait-ce qu'une seconde, tel un juge silencieux. Il ne dit rien, pour l'instant. Elle fait exactement ce qu'il faut.

- Poirier !

Le premier exercice difficile, mais il n'a aucun doute sur l'agilité de la jeune femme. Lui non plus n'éprouve aucune difficulté à faire cet exercice. Il prend même le luxe, tête à l'envers, de croiser les bras. Son corps entier repose uniquement sur sa tête, alors que ses jambes raides pointent vers le ciel. Le débardeur de l'homme tombe, montrant des abdominaux si durs qu'ils en sont presque hideux, bougeant sous la peau tels des animaux vivants. Il se remet sur ses pattes.

- Maintenant, le pivot. Je te montre. A genoux devant moi, tête sur le sol. Comme si tu priais. Parfait, comme ca.

Il adopta la même position... en se mettant sur elle. Tête au dessus de la tête. Ce qui était assez gênant. Puis, d'un mouvement du bassin, inversa la position, sa tête vers les jambes de la jeune femme. Il recommeca, retrouvant sa position initiale.

- Ca, c'est un pivot. On... pivote au-dessus de l'autre. Ca fait travailler le bassin, et les jambes. 3 séries de 20, à intervalle !

Leur différence de gabarit fut un peu gênante pour Max, qui avait plus d'effort à faire pour pivoter au dessus de Tanlo, mais la blonde parvint à accomplir la tâche demandée.

- Maintenant, les abdos ! Une centaine. Tu devrais y arriver.

Elle y arriva, mais plus difficilement que lui. Naturel. Il doutait qu'elle accomplisse un tel exercice chaque jour. Il commençait déjà à voir la fatigue et la sueur sur le visage de la jeune femme.

- C'est pas fini.
Il s’avança vers elle, et... la souleva comme un sac de patate. Elle ne pesait rien du tout pour lui.

- Le soulevé de corps !
Il la redéposa, et se mit à quatre pattes devant elle. Tu va faire parell. Je sais que j'suis lourd, mais t'a juste à me soulever ne serait-ce que d'un millimètre au dessus du sol. 3 séries de 10 !

Ils firent une petite pause ensuite. Un peu d'eau, reprise de respiration. Et ils continuèrent.

- Mon exercice préférée. La crevette !

Il s'effondra au sol, continuant de méler un peu de spectacle à ses cours. Il était allongé sur le côté.

- En combat, tu risque souvent de te retrouver par terre. Si ça arrive, t'es dans la merde. Il faut se remettre sur pied, mais tu n'a pas toujours l'occasion, le temps, ou la place. C'est là où la crevette intervient. Tu garde la distance.

Sans utiliser les bras, uniquement en utilisant ses pieds, ses jambes et son bassin, toujours allongé sur le sol, il recula, s'éloignant de Max presque aussi vite que s'il était debout. En un souffle, il était déjà à une dizaine de mètres. Puis, toujours utilisant les jambes, il revint vers elle, toujours allongé.

- Ouais, je sais, ca a l'air ridicule. Mais crois moi... pouvoir te déplacer rapidement, même en étant allongé au sol, ca ouvre beaucoup de possibilités. Y a une version avec les pieds, et une avec les bras. Allez ! Ca va te muscler aussi !

Elle eut un peu de mal. Elle se trainait, et n'arrivait pas à se retenir d'utiliser les deux parties de son corps. Il la corrigea, et l'accompagna jusqu'à ce qu'elle parvienne à faire les 10 allez-retour correctement.

- Debout.

A peine fut-elle debout qu'il attaqua. Pendant un bref instant, il semblait s'évanouir, ses jambes devenant molle. Puis, en un battement de coeur, il couvrit la distance les séparant. La posture si basse qu'il semblait à deux doigts de tomber, il percuta la jeune femme et la plaqua avec force sur un tatami se trouvant juste derrière.

- Ca, c'est un plaquage. On va en faire deux cents. La première moitié, en plaquant les deux jambes, comme je viens de faire. La seconde...
il l'aida à se relever, puis, avec lenteur cette fois, la plaqua en se saisissant d'une jambe. Comme ceci. Vu notre différence de gabarit, je vais y aller mollo. Et également, je vais pas trop résister quand tu m'attaque. On échange !

Et ils se plaquèrent. Encore et encore. Même en y allant doucement, le choc était présent. Tomber, encore et encore, faisait mal. Après un exercice aussi éreintant, ils durent s'arrêter. La jeune femme était dégoulinante de sueur, rouge, et respirait difficilement.

- On fait une pause. dit-il en faisant rouler une bouteille d'eau vers elle. Lui ? Il était en forme. Sa respiration était régulière, et s'il était aussi plein de sueur, il était évident qu'il était loin d'avoir puisé dans ses limites. Il fit un clin d'oeil.

- Crevant et chiant hein ? Ca sera ton pain quotidien. Crois moi. Ca vaudra le coup. Bien! Je t'explique la suite du programme. On a une centaine de bear hug à faire. C'est comme un gros calin, sauf que tu essaie de pousser l'autre. Ca fera travailler tes bras. Après, soulevé de corps. Et ensuite...

Un sourire carnassier, encore. Sa voix devint lente.

- Huit fois cinq minutes de sparring. Je me fiche que tu sois crevée, tu fera chacune de ces quarante-cinq minutes. Attaque moi avec tout. Poings, pieds, coudes, coup de tête, prise, ce que tu veux. Même si t'es naze, même si c'est lent, même si c'est nul. Je resterais mesuré.

Encore une fois, il l'aida à se relever.

- Allez ! Tu peux le faire Max !
Maxence Darkan
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Maxence était un homme très séduisante quand elle s'y mettait. Combien de temps s'était-il écoulé depuis le début ? Sûrement trop peu. Les entraînements physiques poussés de cette manière avait de quoi l'emmerder, bien au-delà des positions embarrassantes dont elle eut un self-control suffisamment imposant pour ne pas faire de remarques, pousser son corps à l'exercice sans se montrer sur le terrain, de son sens, c'était contre-productif. En fait, elle ne se plaint à aucun moment, au début, uniquement parce qu'elle voulait suivre ce que disait son Maître martial : de l'obéissance totale, à la fin, parce qu'elle n'en avait même plus la force. Tanlo était lourd, dans le sens littéral du terme et il ne s'en cachait pas, le soulever péniblement d'un ou deux centimètres lui rappelait Lannik avec sa tête en ratatouille, mais sur Lannik elle ne s'était pas autant foutu en l'air son cardio.

Cette histoire de crevette égailla quelque peu la blondinette, elle avait vraiment l'impression d'apprendre utilement, son corps épuisé par les précédents exercices, elle peina largement à montrer le meilleur d'elle-même dans le débattement en combat. Ses prises étaient fortes, pourtant, Maxence savait qu'il y allait doucement... ça ne la décourageait pas, au contraire, elle voulait qu'à la fin de son entraînement, il y mette tout ce qu'il pouvait, mais pas trop non plus, aucune envie de finir en bouilli. Alors elle gigotait, se tordait maladroitement, revoyant le colosse le faire à sa place, ce n'était pas fameux, néanmoins elle comprenait comment faire.

-Tu fais quoi l...? Hmph !

Est-ce que vous connaissez la sensation de se faire rouler dessus par trois camions de dix-neuf tonnes en roue libre, vous insultant ensuite d'être sur leur passage ? Et bien vous ne vous êtes jamais fait plaqué par un Tanlo.

-Deux cents ? On peut compter tes plaquages pour dix, histoire qu'j'm'en prenne moins ?

Non. Mais quand elle croyait le calvaire de reprendre sa respiration, c'était un deuxième plaquage qui en suivi, de quoi la mettre en joie, se faire expliquer les choses à la dure gardait tout de même ce petit côté grisant et vengeur de la reprise. Plaquer l'Ouragan se montrait d'une frustration à toute épreuve, elle le sentait parfaitement l'accompagner dans son mouvement quand elle était trop molle, trop lente, pas assez puissante dans l'élan et à chaque fois, elle grognait contre elle-même avant de se faire ravaler ses côtes.

Allongée sur le tatami, elle sentit la bouteille d'eau se cogner contre son pied, ce qui la força à se redresser en tailleur. Sans y aller de main morte, c'était la moitié de la bouteille qu'elle venait de s'enchaîner pour se réhydrater, ce qui, dans les faits, était une erreur.

-Crevant, ouais. Chiant, tu m'en diras des nouvelles quand ton apprentie te rétamera à la fin. Maintenant laisse-moi deux minutes et on y retourne.

Elle se leva gracieusement, fit quelques pas vers une poubelle, du moins, ce qu'il se rapprochait le plus d'une poubelle avant de dégobiller tous ses tripes. Voilà le résultat de l'erreur. Elle leva un doigt en l'air pour marquer une pause, puis recommença. Finalement, elle se redressa, cracha ce qu'il lui restait dans la bouche, but une petite gorgée d'eau et se remit en place. Rien à voir avec le vomi de soirée, complètement torchée au dessus des chiottes pour s'endormir, là, c'était du dégobie d'effort qui ne lui rappelait qu'une chose : l'inévitable finalité de la vie, se rapprochant chaque jour inéluctablement plus du trépas que de l'existence... et qu'elle avait bu l'eau trop vite.

-On peut y aller. Des gros câlins tu disais ? Évite de m'briser la colonne sans faire exprès.

Maxence se lança intrépidement dans cette nouvelle aventure. Il lui montra d'abord comment faire, avant de comprendre l'étendue de son épuisement face aux efforts intensifs, maintenant une poigne ferme et des appuis solides, elle continuait de faire de son mieux. C'était une nouvelle épreuve qu'elle venait de passer. La blondinette le sentait, elle tenait bon, elle pouvait terminer cette histoire de sparring et avancer dans cette maudite journée. Sur les tatamis, Tanlo était déjà prêt à se battre, pas besoin d'être en garde pour comprendre qu'il était déjà en route mentalement pour lui foutre une branlée maîtrisée. Maxence baissa légèrement son centre de gravité, les jambes flexibles, le regard dans celui de son adversaire, levant ses poings, elle rabattit une mèche rebelle de son chignon derrière son oreille.

-J'te préviens... fit-elle à bout de souffle. J'me suis améliorée depuis la dernière fois.

Signe de tête plus loin, elle se lança à l'assaut. Trois coups. C'était ce qu'elle avait pu mettre dans sa garde avant de se prendre un coup punitif dans le nez qu'elle se pinça en s'écartant, face à lui.

-J'étais pas prête. Maintenant j'le suis.

Deux coups cette fois.

-Ok, j'ai compris, tu veux jouer à ça ?

Alors elle y retourna avec plus de cœur. Dans l'absolu, c'était comme démarrer une tronçoneuse, quelques coups secs au démarrage et la machine s'emballait ! Les cinq premières minutes furent un véritable fouillis de mouvements rouillés pour la mercenaire. Elle savait elle-même qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas, se faisant punir de plusieurs manières pour des erreurs qu'elle ne voyait pas, sans jamais dépasser la garde épaisse du colosse. Petite pause, reprise de positions et les hostilités furent relancées : Même constat. La fois suivante, c'était pire. Encore après, mieux, mais rien de concret.

Le problème restait le style de combat de Maxence, elle bougeait, esquivait, faisait preuve d'une agilité étonnante dans les mouvements ainsi qu'un positionnement somme toute, très correct, mais c'était au moment de frapper qu'elle manquait de ce quelque chose. Des jambes trop optimisées dans la défense et les déplacements, jamais dans l'attaque, une garde moyenne offrant d'immondes ouvertures, un gabarit bien trop faible pour son style trop violent, basé sur des muscles, certes, développés, mais pas suffisamment. Même avec son entraînement, elle n'aurait pas le temps de le forger adéquatement.

Son avant bras se plaqua contre celui de Tanlo, une nouvelle fois contrée, un nouveau coup dans le ventre, une nouvelle fois étalée. Le souffle court, ses yeux suivaient les traits du plafond, une goutte de sueur sur la tempe.

-Ça fait... six fois cinq minutes que tu m'étales au sol sans qu'je puisse au moins t'en coller une. Est-ce que tu pourrais m'dire c'qui va pas ?
Tanlo Jakobi
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-Ça fait... six fois cinq minutes que tu m'étales au sol sans qu'je puisse au moins t'en coller une. Est-ce que tu pourrais m'dire c'qui va pas ?

Tanlo souffla, reprenant un peu son souffle. Cet entraînement était dur, même pour lui, et la belle n'était ni faible, ni lente. Il devait quand même faire des efforts pour réagir à ses attaques, et le faisait avec le plus grand des sérieux.

- Plein de trucs. Mais la bonne partie viennent de ta fatigue. Du coup, t'es moins performante que d'habitude. Mais je pense avoir mis le doigt sur quelques petites choses.

- Tu ne te bat pas. Tu te bagarre. Je me doute bien que sur un mec lambda ou dans une cantina, ca fait l'affaire, mais face à quelqu'un de meilleur. Genre moi. Ou un Sith. Et bien tu te fera défoncer. Tu te bat comme un mec 20 cm plus grand et 30 kilos plus lourd. Tu manque de muscles.

Du pied, il désigna les mollets de Maxence, puis sa cuisse, et son bassin.

- T'as des jambes solides et puissantes. C'est bien pour se battre. Mais le haut du corps... son pied monta au niveau du flanc, puis du dos, puis des épaules, alors qu'il levait sa jambe sans effort. T'as une bonne poigne, mais tu sais pas utiliser tout ça pour bien frapper. Tu manque de technique.

Il reposa son pied, se mit en garde, et enchaîna plusieurs coups rapide. Elles les évita.

- Tu te bas pour survivre. Pas pour tuer. Mais c'est pas un reproche.
Il se baissa, ramassant une bouteille d'eau. C'est normal. De la même manière, je suis pas foutu de toucher une cible avec un flingue.

Il vida la bouteille d'eau, et la jeta vers une large poubelle qui se trouvait à quelques mètres d'eux. Il manqua sa cible de plus d'un mètre, et le contenant vide roula pitoyablement sur le sol devant un Tanlo dépité.

- On va travailler sur ces points. Lors de cette séance, tu a renforcé ton corps. A la prochaine, je t'apprendrais à te battre. Position. Garde. Prise. Où, quand et comment frapper. Puis, à avoir le mental. Il se mit à sourire. Et on recommencera. Encore et encore.

Il claqua des mains.

- Allez, reprenons ! Il l'aida à se relever. Concentre toi sur l'esquive pour ces deux dernières séances.

*****

- Pas mal.

La séance était terminée. La pauvre femme était rincée. Mais vivante, et en forme. Il lui fit un clin d'oeil. Elle s'était bien débrouillée.

- Fais des étirements et reste là. Je reviens bientôt.

Il sorti de la pièce et revint une dizaine de minutes plus tard... tenant un énorme bol fumant entre ses bras.

- C'EST L'HEURE DE MANGER ! Fais nous de la place !
dit-il en désignant les tatamis et une planche en bois qui traînant. On mange à même le sol. La blonde fit une table de fortune en empilant des tatamis. Il déposa le plat brûlant sur la planche de bois. Il s'agissait d'une énorme soupe fumante. Au moins assez pour nourrir une vingtaine de personnes.

- Je te présente la plus grande merveille de la galaxie ! dit-il d'un air triomphant, alors qu'il se dirigeait vers un casier, et en sortait deux autres bols et des plats, revenant avec agitation. Le Chankonabe !

Il s'assit en tailleurs, en face d'elle, lui intimant de faire pareil.

- Riz, boeuf, poisson, légumes, champignons, salade, soupe. 10 000 calories quotidien de pur plaisir, préparé par la maison ! Il prit un air sombre et sérieux.

- Je plaisante pas. Tu va bouffer ça. Tout. Le. Temps. Il se mit à ricaner. De toute façon, je sais que tu crève la dalle.

Il mélangea doucement le plat, avant de le verser dans le grand bol de la femme avec une louche.

- Bon appétit. Mange jusqu'à être full.

Le repas dura une bonne demi-heure. Une demi-heure active, loin des repas un peu paresseux où l'on parle plus qu'on ne mange. Lorsque Max n'en pouvait plus, Tanlo se saisit du plat -encore plein de soupe et de nourriture- et sortit de la pièce, avant de revenir.

- Maintenant, allonge-toi là dessus dit-il en désignant une table de massage, qui se trouvait dans un coin de la pièce.

- Là, tu te sens bien, mais même avec les étirements, tu va douiller. Il agita ses dix doigts d'un air faussement pervers. Tu te souviens de mon massage ? Et bien, tu va y avoir droit. Mais sur... tout le corps. Fais pas ta timide. C'est pro. Tu va en avoir besoin.

Après le repas donc, le massage. Les doigts puissants de l'homme massèrent Max de la tête au pied. Plante des pieds, jambes, fesses, bassin, épaule, cou, ventre. Il n'y avait aucun geste déplacé. Juste un soucis professionnel de bien faire, l'homme appuyant sur des muscles que la mercenaire devait sans doute découvrir dans l'instant. Il n'était pas un savant, mais l'anatomie humaine n'avait aucun secret pour lui. Il expliquait lentement à Max -d'abord allongée sur le ventre, puis le dos- pourquoi il massait chaque partie du corps. La séance dura une bonne demi-heure.

- Bien, il est... il regarda le réveil, au loin, posé sur un tabouret, qu'ils utilisaient depuis le début pour chronométrer leurs sparrings. 14h. Parfait. Il désigna une porte fermée.

- Là bas t'attend ta cellu.... ta chambre. Y a un matelas par terre, et une douche. Rien d'autre, mais c'est normal. Pas de réseau également.

- C'est ta pause. Ton refuge. C'est insonorisé, désinfecté, sans odeur, à par la tienne. Tu va dormir, jusqu'à 17h. On reprendra ensuite une séance jusqu'à 19h. Tu mangea, tu te fera masser, tu dormira. Et ainsi de suite. On appelle ca le sommeil polyphasique. Au lieu d'avoir une bonne nuit, tu va fragmenter ton sommeil. Tu dormiras 3 fois 3 heures. Puis 3 fois deux heures trente. Puis 3 fois deux heures. Et ainsi de suite... Çà te permettra d'avoir plus de temps pour t'entraîner. Tu apprendra à dormir instantanément. Tu récupérera plus vite.

Un sourire, carnassier, maléfique presque.

- Bien sûr, il faut du temps pour s'y habituer. Sur le long terme, ca peut être dangereux. Privations de sommeil, hallucinations auditives... ce n'est pas recommandé à tout le monde.
ses yeux se mirent à briller, d'une lueur dangereuse.

- Mais ni toi ni moi ne sommes "tout le monde", hein ? Alors profite de ton temps de libre. Douche toi. Médite sur ton existence, pense à tes amis, à ton futur combat, ce que tu veux. Je viendrais te chercher. Et on passera à la seconde partie. Et on recommencera. Chaque. Jour.

Il croisa les bras.

- Bienvenue en enfer Max. Mais consoles toi en disant que l'enfer, c'est ce que tu fera vivre aux autres après.
Un ton, plus doux, presque paternel. Passe une bonne nuit. On se retrouve tout à l'heure.
Maxence Darkan
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Le repas était un délice, enfin non, c'était un plat banal pour prendre des muscles. Dans l'ensemble, Maxence n'était pas une fine bouche, elle avait passé une partie de son adolescence à manger des restes d'une cantina miteuse, alors aucun problème avec le goût. Le problème restait que, pour une première fois, ça allait, sauf qu'elle craignait l'était de sa bouche la soixantième fois.

Après le repas, les mains de Tanlo dans sa gueule ne suffisaient pas, il fallait qu'il lui détruise les muscles à coup de paume s'enfonçant dans la peau et de doigts forçant les nœuds. À ce niveau là, elle aurait presque préféré se faire tripoter par un vieux pervers. Le truc qu'elle aimait, au moins, avec ces maudits massages, c'était qu'une fois terminés, elle se sentait plus libre, parce que, certes, elle n'y connaissait pas grand chose dans le domaine martial, mais elle savait parfaitement que les étirements et massages lui permettaient de s'éviter en grande partie les désagréments des courbatures.

Maxence s'approcha de la porte de sa chambre, un peu perdue, presque apeurée, surtout hésitante dans les mouvements. Un peu comme une gosse faisant son premier jour d'école, la dureté du combat, les massages, le même plat et toutes les merdes qui lui arriveraient, elle n'en pensait pas grand chose, mais ça, ça, c'était de la torture, pure et dure. Avant Khar Delba, avant toutes les insomnies qu'elle enfilait, la blondinette était bien connue pour son temps de sommeil conséquent. Elle allait devenir folle, le colosse avait dit ça comme si tout allait bien, comme si rendre les gens fous n'avait rien de nouveau.

-Euh... Ok.

Sa voix trembla légèrement alors qu'elle s'engouffrait dans son refuge. Au moins elle avait un endroit à elle, ses affaires à l'intérieur, l'apprentie n'avait plus que le nécessaire de toilette et des fringues de sport. La porte se ferma derrière elle, la laissant seule dans ce qui ressemblait vaguement à un studio étudiant Coruscanti. Par instinct, la première chose qui lui vînt en tête fut la douche. Elle retira ses vêtements, rentrant lentement dans la douche, l'eau était tiède, presque froide, elle en avait besoin, la sueur sachet par un gel douche toujours aussi bon marché, ça n'avait pris qu'une quinzaine de minutes avant qu'elle se dirige dans son lit pour s'écrouler. Dormant presque sur l'instant.

La porte s'ouvrit, Tanlo pour le réveil, trois heures, c'était court, très court. Pas le temps de trouver quoi que ce soit de réparateur. Pour le moment, elle n'avait pas besoin d'un sommeil profond, juste une sieste pour se requinquer, prête, donc pour le second round.

La blondinette navigua sur les tatamis en s'étirant. Il fallait qu'elle se chauffe de nouveau. Commençant à faire quelques pas chassé, des échauffements de coude, bras, dos, elle repensait à ce que lui avait dit le colosse sur son style de combat. Il avait raison, si elle pouvait se permettre de péter la gueule du premier gugusse qu'elle croisait dans la rue, quand il s'agissait de s'attaquer à plus gros qu'elle, ses moyens lui échappaient. Le pire étant les combats contre des armes, capable de gérer un couteau ou deux, même les vibro-dagues, une lame ou pire, un sabre, il n'y avait tout simplement rien à faire... à part esquiver.

-Par rapport à ma technique. Elle continuait de s'échauffer en lui parlant. En fait, j'ai passé tout mon temps à apprendre sur le tas. J'connais les manières principales de s'positionner face à un combattant, quelques enchaînements pour passer outre la garde, mais d'mon côté, à part esquiver et bondir dans tous les sens en essayant d'distraire mon opposant, j'connais pas grand chose.

Elle parlait donc de son incapacité à produire une garde concrète. À son sens, c'était le plus dur pour un pugiliste, se maintenir pour contre attaquer, étant donné qu'elle se trouve très volatile, tenir ses membres en place lui paraissait impossible. Tout ça, sans compter la branlée de gardes différentes.

-Va falloir que tu m'apprennes tout depuis l'début. J'veux qu'tu m'apprennes à dissocier chacune des parties d'mon corps pour ensuite toutes les assembler. Moment d'hésitation. 'fin, après c'est toi l'maître, tu fais comme tu veux.

Ce n'était pas une plainte, mais elle se rendait compte que demander des choses à la personne qui lui ordonnait d'être docile pouvait se terminer en balayage surprise plus prise de soumission, quelques baffes et une engueulade à la mode papa Jakobi. Elle fit une petite pause dans l'échauffement, reprendre rapidement le peu de souffle qu'elle avait perdu en papotant avant de se tourner vers son maître martial.

-Hé, Tan. Tes histoires à la cons avec le même plat, la même chambre, faire des micros nuits, c'est cool, mais si j'perds la boule... tu t'arrêtes pas. Tu continues avec une folle si nécessaire, pigé ?

Il lui donnait peut-être l'impression d'être un vrai taré psychopathe avec ses explications, sauf qu'elle ne lui offrait pas toute sa confiance pour aucune raison, il devait savoir modérer les gens comme Maxence. S'il faisait ça instinctivement, la mercenaire n'était sûrement pas la première à être passée par là, pas vrai ? Pas vrai ?...
Tanlo Jakobi
Tanlo Jakobi
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- T'inquiète pas pour ça Max.Tu t'es engagée, tu ira jusqu'au bout, de gré ou de force. C'est comme ça que ca marchait au temple. La seule différence, c'est que je vais pas te tuer si tu te révèle trop faible, comme c'est arrivé à mes pauvres camarades.

Il avait un air presque nostalgique.

- Pour le reste, t'a une base un peu foireuse, mais t'a une base. T'es athlétique, t'a de bons réflexes. C'est mieux que... quasiment tous mes élèves ! Je vais t'apprendre à frapper, mais j'ai besoin d'en voir plus.
dit-il alors qu'il enfilait des gros gants de frappe. Il leva son bras droit.

- Frappe. Elle s’exécuta. Il ne broncha pas alors que le poing de la jeune femme s’enfonçait dans le cuir. Il leva l'autre bras. Il ordonnait, elle obéissait. C'était une relation simple qui plaisait à Tanlo.

Il analysait chacun de ses gestes. Après de longues minutes, il vint près d'elle, la faisait répéter son mouvement, plus lentement, le segmentant petit à petit.

- Tu frappe qu'avec le haut du corps. Faut utiliser le tout. Il se mit en position, de profil face à elle, et frappa l'air, rapidement, avant de recommencer, lentement.

- Regarde. Je bouge le talon, le mollet, la cuisse, et surtout, le bassin. Plus tu utilise le poids de ton corps, plus tu apporte de la force à ton punch. Ça vaut d'autant plus pour les femmes, qui ont le bas du corps plus musclé que le haut.

Les exercices étaient durs, mais plus lents, le rythme bien plus doux que lors du dernier entraînement. La théorie était presque aussi présente que la pratique, alors qu'il la faisait retravailler le même mouvement, encore et encore. Ses mains colossales manipulaient doucement celles de la mercenaire, alors qu'il lui apprenait à refermer ses poings dans une forme plus efficace.

Bien entendu, beaucoup de ses conseils étaient du pinaillage. Mais face à un Sith, elle devait apprendre à frapper de manière parfaite. Le "correct" n'était pas de mise. Ses mains appuyèrent sur l'épaule de la jeune femme.

- Ton deltoïde ici. C'est un muscle de l'épaule, mais c'est de la que vient la puissance d'un punch. T'a pas besoin d'avoir des bras de bucheron comme moi. Tu le sens ? Faut que tu compte là dessus.

Exercice. Elle frappait. Il parait, esquivait. Il n'y avait aucune riposte de son côté. Après chaque exercice, il froncait les sourcils, observait, donnait des instructions, et ils recommençaient.

- Détend ton bras. T'es trop tendue. C'est normal, je te rassure. T'a encore l'exercice de ce matin dans le corps. Mais tu devra apprendre. Plus tu contracte, plus tu es lente. Et lenteur égale faiblesse.

Il s'éloigna et ouvrit une boite, en sortant... un fouet.

- Regarde cette merde. Juste de la corde. Aucune solidité. Et pourtant.

Le bras de Tanlo Jakobi devint flou, et le fouet disparu, claquant dans l'air juste à côté de Maxence dans un bruit assourdissant.

- La vitesse. Tu ne l'atteint qu'en étant détendue. Lorsque tu frappe, tu pivote sur tes bassins, le bras mou... et tu ne durcit qu'à l'impact.

4 heures. Ils passèrent ainsi 4 heures à apprendre à frapper simplement du poing. Comme si elle n'était qu'un bébé réapprenant à marcher, il décrivait chaque étape, chaque mouvement, utile ou inutile, avec une précision presque obsessionnelle. Il parlait, beaucoup. La faisait répéter, encore et encore. Le direct, le crochet, le jab, l'haymaker. Quand les utiliser ? Comment ? Face à qui ? A partir de quelle garde ? Ce qui ne semblait au début n'être que des questions simples, rapidement, se révélait à la mercenaire comme une science millénaire.

- Frappe !

Ils revinrent au début. D'un air satisfait, il sonna la fin de la séance. La jeune femme n'avait essuyé aucun coup, et n'avait fait que frapper, des centaines de fois, encore et encore. Il s'amusait de la voir essoufflée, les bras presque tremblants.

- J'avais 8 ans quand j'ai commencé.
dit-il avec nostalgie. Mon premier maître m'a fait répéter les mêmes gestes, encore et encore et encore jusqu'à ce qu'ils deviennent aussi instinctifs que respirer. Il fit un clin d'oeil. Sois pas frustrée. T'a mieux progressé que ce que tu pense. Bientôt, tu claquera des directs assez puissants pour me mettre à terre.

Ils se mirent à manger. Max, moins épuisée, était mieux en état de parler. La discussion se fit plus animée. Il lui racontait quelques faits d'armes. Ils étaient violents, parfois glorieux, parfois pitoyables. L'homme ne cachait pas ses échecs, ni ses défaites. Mais surtout, il se souvenait de chacun d'entre eux, avec une telle précision qu'il répétait, parfois dans le vide, un échange particulier.

Combien de fois se les étaient-ils répété dans l'esprit, tels des énigmes dont on peine à trouver la réponse ?

- Va te reposer. Après ton sommeil, on ira courir dehors.
Il rigola.

- Ca sera une sacrée épopée.
Maxence Darkan
Maxence Darkan
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Taper, ce qu'elle se forçait à désapprendre pour mieux le comprendre et, par la suite, l'apprendre à nouveau, était une vraie misère. Elle se sentait vraiment très conne à frapper de façon répéter dans gant de Tanlo en se répétant qu'elle le faisait mal. Alors oui, Maxence était là pour ça, cependant, s'agissant du premier jour, accepter cette idée pourtant presque inscrite dès son arrivée ici ne se montrait pas mince affaire. Puis, comme si elle comprenait ce que son maître attendait d'elle, la blondinette commença à reprendre une simili-confiance en elle pour balancer ses poings comme elle avait l'habitude de le faire.

Il lui fallut les explications pour que son visage commence lentement à se décomposer. Dans l'idée, très simple, utiliser son corps dans son entièreté pour frapper le plus adéquatement et le plus fort possible. Dans la pratique, découper son corps en plusieurs parties, s'alliant ensuite pour former un tout, un mouvement... l'enfer. L'apprentie se remit au boulot, essayant de placer ses jambes, premièrement, sans deuxièmement, étant donné que ça ne lui suffisait jamais assez, ayant toujours cette même impression d'être en retard, mal ordonnée, placée trop hasardeusement, le bassin flanchait, attendant trop impatiemment son tour.

Encore essoufflée, le colosse fit part d'une remarque qu'il aurait, au sens de Maxence, dû faire avant. Si ses coups étaient trop tendus, pourquoi ne pas lui dire plus tôt ? Et vous savez ce qu'elle lui répondit alors que son regard se crispa insurrection ? Que dalle, parce qu'elle devait et allait fermer sa gueule en jouant les gentilles apprenties. Détrompez-vous, ça ne lui plaisait pas, plusieurs fois, elle se retenait de lui gueuler dessus, principalement de frustration face à son propre échec, mais aussi de fatigue.

-Woh... pu... putain !

Hésita-t-elle à s'exclamer en sautant de surprise sur le côté, le plus loin possible de fouet. De la folie, ses mouvements, à lui, pas elle, c'était simplement de la folie... néanmoins, avec un exemple comme celui-là, elle comprenait mieux. Au boulot, encore, pendant des heures qu'elle ne compta même pas. Élançant misérablement ses hanches, utilisant hasardeusement ses jambes, des fois tendue, des fois détendue, la blondinette n'arriverait pas à se maîtriser en une fois. Elle n'y manqua pas non plus pour la séance, elle était épuisée, moins que la première, mais elle sentait ses bras vibrer dans tous son corps, ses muscles semblaient pris de micro-spasmes qui l'agaçaient, ne pouvant rien faire contre, elle s'attela à manger son plat de ses mains fébriles.

Maxence eut du mal à lui lancer ses faits d'arme, en fait, ceux qu'elle lui avait confié venaient de sa période solitaire. Pas vraiment de mots sur ses compagnons Djiilo, jouer les dures était une chose, mais reparler de l'Estafette dans son entièreté lui brisait encore le cœur.

-Courir dans les rue d'Nar Shaddaa ? Cool, j’espérais pas chopper un cancer aussi vite. Ironisa-t-elle pour se donner du courage avant même que cette épreuve commence. Hésite pas à tambouriner la porte pour me réveiller.

La blondinette s'enferma dans sa chambre, elle resta un instant debout, sans bouger, à ne rien regarder, mais plutôt attendre quelque chose, comme une sorte de force, différente de cette puissance mystique, une bien plus mentale. Elle tourna la tête vers son sac, il y avait bien une chose qu'elle ne lui avait pas donnée. Sa main s'engouffra à l'intérieur et, lentement, elle en tira une chaînette, se terminant par le lotus en métal, le pendentif que Taha'san portait tout le temps. Maxence s'allongea pour maintenir le collier, pendouillant au-dessus de son visage. Ce que Tanlo lui avait dit sur son apprentissage enfant ne l'avait pas laissé indifférente : la première fois qu'elle avait tenu un blaster, c'était à son sixième anniversaire, la mercenaire se souvenait encore de la crosse trop grande et des mains de son père autour des siennes pour la guider vers la cible. Onze ans, sa première bagarre d'école, tout ça pour un garçon qui ne la calculait même pas. Quatorze ans, la pote qu'elle s'était fait en arrivant à l'orphelinat, perdue de vue depuis longtemps. Dix-sept ans, l'âge où elle tua pour la première fois. Vingt ans, la rencontre de Karm. Et maintenant.

La blondinette se surpris, assaillie par la tristesse, plongé soudainement dans ses propres larmes, elle posa le pendentif contre son torse en serrant ses genoux contre elle. La dernière chose qui lui vînt à l'esprit fut quelques pensées, rongées de regrets... parce qu'elle le savait maintenant, elle n'avançait plus avec la gloire, les remords ou l'impulsivité, elle agissait avec regret.

Sans surprise, Tanlo pour le réveil, une vraie douceur. Elle se redressa, jetant un dernier coup d’œil au lotus pour le remettre dans son sac. Elle s'était endormie sans prendre de douche, mais à l'allure à laquelle elle travaillait, elle les limiterait peut-être plus souvent que prévu. Enfilant ses chaussures de sport, laissant son sweat-shirt de côté, ils remontèrent les étages pour terminer à l'entrée du dojo en s'étirant rapidement. Il faisait nuit, découper le sommeil de façon chaotique laissait déjà Maxence dans l'étonnement, elle ne pensait pas avoir passé autant de temps dans le dojo, la première journée était donc déjà passé.

-J'espère que t'es prêt, courir, c'est un tiers de ma vie.

Parce qu'il fallait fuir dans la vie... ou courir pour mieux se positionner et viser le bon endroit, mais peu importait, Maxence se lança dans une course tranquille, rien que pour le départ, chauffer les muscles. Dans les rues de Nar Shaddaa, il n'y avait plus grand monde, quelques mauvaises têtes pointaient par ci par là qui les considéraient vilainement. Évidemment, le pas s'accéléra et très vite, trottiné n'était plus qu'un lointain souvenir. Suivant Tanlo dans les culs de sac, ils passèrent au-dessus des grilles, transformant le tout en un véritable parcours.

-Ok, ok, attends, stop. À l'entrée d'un sombre escalier qui descendait profondément dans la ville, la blondinette eut un mauvais pressentiment. T'aurais p't'être dû m'dire de prendre mes flingues avant d'partir par là. Elle marqua une pause. Oh nan, ça y est, j'ai compris...

Fit-elle en reprenant le pas.
Tanlo Jakobi
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Vêtu d'un jogging et d'un gros gilet à capuche, Tanlo ressemblait à n'importe quel homme de son âge. Malgré son gabarit, le grand maître, une fois habillé, ne sortait pas du lot.

Aussi, personne ne le remarqua particulièrement. Il était un homme faisant son footing. La femme qui le suivait de près faisait de même.

De toute façon, ils étaient bien trop rapides pour que quiconque ait le temps, ou pire, la motivation de les déranger.

Nar Shadaa était une lune dangereuse. La plupart des gens vivaient dans une insalubre médiocrité, où le feu des poubelles illuminait la rue plus que les néons pourris des devantures abandonnées. Ils serpentaient entre les gens, les étals et les ruelles. Parfois, ils furent hélés. Un type essaya même de leur barrer le chemin. La main de Tanlo se saisit du visage du malotru, et il le traîna derrière lui sur plusieurs mètres sans ralentir, avant de le laisser contre une poubelle.

Il sprinta, elle fit de même. Il semblait connaître le dédale de ruelles par coeur. Ils allaient vite. Alors que la course fatiguait les sens, les sons devinrent flous, éloignés. Les odeurs se succédaient, toutes plus étranges les unes que les autres. Les lumières hésitantes dessinaient un jeu d'ombres et lumières hasardeux.

Il mit fin à la course, soulevant une plaque d'égout, avant d'entrer dans ces derniers.

Quittant la rue, ils étaient à présent dans les égouts. Sploch, sploch, sploch. Dans cet endroit abandonné des hommes, on entendait cette fois les animaux. Des rats, des insectes. Une nuée de chauve souris paniquées vola en plein contre leur visage.

Ils descendaient, peu à peu, dans les entrailles de la planète.

Ils se retrouvèrent au dessus des immenses lignes de production d'une usine pétrochimique. Le bruit des machines se disputait au vrombissement des liquides multicolores traités. L'odeur emplissait la tête. Ils prirent une autre sortie.

Depuis combien de temps trotinnaient-ils ? Ils se retrouvèrent dans des grottes naturelles. Il suivait son chemin, et sentait la présence de la femme derrière lui. Des hurlements. Un crachat.

Ils croisèrent des mutants. Des rakgoules ? Ils n'étaient pas sur Tarir. Mais ce n'était plus des humains.

La lie de la planète se réfugiait ici. Ils étaient en haillons, vivant dans des bidonvilles.

Ils continuèrent ainsi, sans fin, quittant un univers pour entrer dans un autre, alors qu'il l'emmenait dans des endroits dont personne, même les plus baroudeurs, ne soupçonnait l'existence, empruntant des passages si bien cachés que leur connaissance relevait du surnaturel. On ne pouvait plus se fier à la vision, alors que ce qu'ils avaient respirés au cour de leur ballade enfumait légèrement leur cerveau. Ils revinrent à la surface. Un souk nocturne. La densité de population était incroyable. Ils se frayèrent un chemin à travers la foule, en bousculant certains. On leur tira dessus, un moment.

Le calme, enfin. Et des escaliers. Il monta, prenant un virage les emmenant dans un couloir sombre, que personne d'autre n'aurait remarqué.

Le noir complet. Il n'y avait plus que le bruit de leurs bottes, leurs respirations, leurs vêtements, leur sueur, les muscles se mouvant sous leur peau. Il suait. Son coeur battait à tout rompre. Qu'en était-il d'elle ? Pendant dix longues minutes, ils coururent ainsi.

Un souffle d'air. Ils sortirent du tunnel. Au même moment, une navette passant en sifflant au dessus d'eux. Ils étaient sur un pont étroit, au dessus du vide.

Il s’avança dans hésiter, et su qu'elle fit de même. Subtilement, ils avaient pris de l'altitude, et se retrouvaient au niveau des immeubles.

Leur épopée s'acheva dans un ascenseur. Un monte charge grimpait les étages par dizaines, alors qu'ils étaient là, immobiles et silencieux, ressortant de ce marathon psychédélique. Il sentait ses jambes puissantes trembler, tant elles avaient été mobilisées.

Ce n'est qu'après de longues minutes que l'ascenseur s'arrêta, ouvrant sur de grandes portes.

Ils étaient haut.

Une des plus hautes tour de cette zone Nar Shadaa. Abandonnée par tout le monde, mais toujours debout. Il s'avanca, et s'assit au bord du vide.

Sous leurs yeux, la ville, gigantesque, à perte de vue. Les navettes, les immeubles, si minuscules.

La ville s'éveillait. Elle respirait, en rythme. Invisible, au début, mais que lui percevait mieux que quiconque. Il espérait qu'elle aussi, arrive à le capter. A le comprendre. Voir le rythme de la vie dans cet océan de béton, dans ces endroits à travers lesquels ils ont filé.

Nar Shadaa était vivante, tout comme eux. Crevés, exténués, mais plus vivants que jamais.

Le vent était fort ici, faisant voleter leurs cheveux.

- Ah... on est bien ici.

Maxence Darkan
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Elle avait bien fait de ne pas prendre de douche visiblement. Un vrai bonheur de patauger dans des égouts remplis de trucs étranges et sûrement pas natifs, ou du moins, qu'elle espérait ne pas être natifs de la planète. Ce petit jeu au pas de course restait dans les cordes de Maxence pour le coup, pas de grande envie de s'écrouler et s'évanouir, pas de plaquage à la Tanlo, pas de crevette, simple de la course dans une lune ville qu'elle connaissait bien. Ce n'était pas forcement la vitesse du colosse qui la forçait à rattraper le retard, mais la facilité avec laquelle il se déplaçait dans les rues qu'il semblait connaître à la perfection.

La peur du vide était un concept qu'elle avait du mal à comprendre, certes, l'idée de ne pas vouloir tomber avait toujours ce côté positif de nous maintenir en vie et en alerte en jouant les funambules sur des ponts, mais pourquoi fallait-il que certaines personnes se crispent complètement en chouinant loin du bord ? Dans l'ascenseur, Maxence avait le souffle court, elle était humide de sueur, elle avait tellement chaud, que durant la course, elle avait accroché son sweat-shirt à la taille. Le visage rosi par l'effort, cloper n'était pas son meilleur ami et les mois de drogue lui avait bousillé son système jusqu'au cerveau. Au moins, la vue de son maître épuisé la rassura sur deux points, premièrement, elle n'était peut-être pas tant à bout physiquement, deuxième, Tanlo pouvait être épuisé sans avoir besoin de lui déchirer une partie du visage contre un mur.

Ding. Le toit. Ses yeux balayèrent l'horizon alors que le vent froid frappait son corps en sueur. La blondinette n'eut même pas le temps de regretter d'avoir retiréle peu de tissu qui la couvrait qu'elle se força à prendre une grande bouffée d'air, bien moins polluée qu'en bas. Suivant le colosse sur le bord du bâtiment, elle admirait ce qu'elle adorait admirer : un monde qui s'écroulait bruyamment sur lui-même, corrompu, apeuré, unique et sans état d'âme. Sous ses pieds, l'apprentie crue presque reconnaître une rue par laquelle ils étaient passés, mais rien n'était sûr.

-J'ai passé seize années d'ma sainte putain d'vie sur Coruscant. J'suis jamais allée plus bas que le niveau 1048, là-bas, c'est comme si tout c'qui faisait la République avait disparu. Et c'était beau. Les gens sont carrément tarés en dessous, c'est... c'est d'la putain d'folie. J'me souviens, un clochard m'a serré la main et la seule chose qu'y' m'a lâché, c'est : « Enchanté, j'espère que tu connais mon prénom » avant d'sortir une clope humide et l'allumer en rigolant.

Comme le clochard des transports en commun qui avait perdu son travail pour la sixième fois de l'année ou celui qui s'était immolé par le feu devant une épicerie, ces gens là marquaient bien plus Maxence que le plus grand Jedi ou Sith de la galaxie : eux n'avait aucune notion du monde qui les entourait. Les bourrasques de vent lui fit comprendre que, finalement, remettre son sweat-shit n'était pas si mal.

Autant dire qu'elle avait foutrement envie de fumer une clope. Ça faisait quoi ? Un jour ? Et pourtant, la blondinette en aurait bien eu besoin. Occuper son corps à faire autre chose que le geste machinal de la main se levant pour embraser le bout du bâton l'aidait, cependant, lors des moments de pause, avant de se coucher, seule dans ses pensées, le souvenir pas si lointain de la fumée dans ses poumons lui manquait.

-Quand j'ai eu dix-sept piges, j'me suis tirée, ici même... 'fin, pas exactement là, Nar Shadda j'veux dire. Ça pue, les gens sont cons, intolérants, violents, vulgaires, la bouffe y est souvent dégueulasse, l'état des motels est genre... soupir, je sais même pas combien d'capotes usagées j'ai retrouvé sous mes lits. Elle marqua un silence alors qu'un petit rictus pointait sur le côté de son visage. C'est un putain d'paradis quoi.

Pas à dire, elle en avait vécu des moments mémorables ici-bas. Elle avait eu trois planètes maison, Coruscant, Nar Shadda -qui est en fait un satellite- et Nar Kaaga, trois endroits où elle se sentait la femme qu'elle avait voulu être, celle qui faisait ce qu'elle voulait... c'était bien pour ça qu'elle se retrouvait à miser sa liberté dans les mains de Tanlo, pour s'assurer d'une chose, que le message qu'elle enverrait serait bien compris.

-Y' a deux ans, j'ai rencontré un Jedi, un type bizarre que j'ai aidé pour une mission dans l'trou du cul d'la galaxie. Figure-toi qu'j'ai démantelé un des réseaux de drogue Dejsadii et ils ont cherché à m'retrouver et m'buter. Elle hocha la tête, pensive. Sauf que, ici, je suis pas coincée avec les gens, les gens sont coincés avec moi. C'est comme ça qu'j'ai rejoins les Djiilo.

Un chasseur s'envolant au loin pour sortir de l'atmosphère attira son attention.

-Qu'est-ce qui t'as poussé à t'installer ici ? C'est ton maître qui t'as poussé à ça ? Il est devenu quoi ?

D'habitude, elle ne posait pas ce genre de question, parce qu'elle n'en avait jamais grand chose à foutre de la vie des autres, tout dépendait du contexte, en général, quand elle se faisait vraiment chier, elle était attentive, là, c'était plus pour s'accorder une pause et oublier cette viscérale envie de fumer.
Tanlo Jakobi
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Silencieux, ses cheveux grisonnants agités par le vent, il ne la regardait pas. Mais il était à l'écoute, voir même à l'affût. Maxence était jeune et avait déjà énormément vécu. Bien plus que lui à son âge. Il l'enviait d'être déjà si mature, tout en arrivant à garder un peu d'insouciance, ou plutôt d'inconscience.

Si elle ne se faisait pas tuer trop jeune, comme tant d'autres prometteurs mercenaires fauchés en pleine ascension, elle aura probablement un sacré paquet de belles histoires à raconter. Mais voilà que c'était de lui qu'elle voulait qu'il parle soudainement.

Il lui avait raconté quelques aventures, mais le pourquoi du comment ? Son maître ? C'était plus personnel... il renifla, avant de cracher un mollard dans le vide.

- Nan, mon maître voulait que j'reste sur tatoiine. Qu'on reste des rois ici, et que je continue de faire du fric en gagnant les tournois planétaires. On s'est séparés pour cause de différents.

Il posa sa main gauche sur son épaule droite, se massant.

- Il est de la vieille école. Les arts martiaux, pour se dépasser, devenir meilleur, mais il manquait d'ambition. Une planète lui suffisait. L'argent lui suffisait. Il regarda sa propre main, épaisse, puissante, acérée, assez pour briser les os et la pierre. Moi, je me disais, si je suis assez fort pour tuer, pourquoi ne pas aller plus loin ? Il n'était pas d'accord. Alors on a discuté, à notre manière. Mes arguments étaient plus percutants, et je suis parti. J'avais 17 ans.

Il n'en dit pas plus. En réalité, son maître était encore en vie, mais il n'avait plus de nouvelle de lui. Ils s'étaient quittés en mauvais terme. Mais pour Maxence, il aimait faire planer un peu de mystère. Quitte à passer pour un proto-sith tuant son maître.

- Je suis venu ici car j'ai la République au cul. J'ai tué deux jedi, dont une padawan. Leur influence est limitée ici. Et puis...

Il écarta les bras.

- Tant de monde ! De fous, de désespérés, de combattants, de ruelles et d'horreurs ! Je prospère ici. Tellement d'apprentis et d'adversaires potentiels !

Il poussa un rire franc, qui se perdit dans le vent nocturne, et ils rentrèrent.

------

Le lendemain arriva 3 heures plus tard.

Il entrait dans sa chambre, avec un tonitruant " MAXENCE ! " avant de sortir. Elle le suivait, et ils s'entraînaient.

Encore et encore.

Le premier jour avait été dur pour elle. Le deuxième fut pire et le troisième fut une torture. Elle n'était pas encore habituée au rythme. Elle s'évanouit lors du quatrième, deux fois, avant de se murer dans le silence lors de la cinquième journée, les yeux dans le vide. Depuis,

Il faisait lentement évoluer les exercices. Désormais, la pauvre était soumis à un entraînement partial spécifique pour les doigts, notamment l'index et le majeur.

- Les techniques Stava demandent de frapper des points précis du corps. Avec les doigts. Pour y arriver, il te faudra des doigts plus solides. Des doigts plus puissants et musclés, ca te servira aussi pour tirer avec tes joujous.

Il la faisait frapper des sacs et le mur juste avec ses doigts, avant de les tremper dans un liquide vert et odorant, et surtout brûlant. Elle avait hurlé, alors que sa peau se désagrégeait lentement pour se reformer. Elle avait des cloques, mais ca ne l'empêchait pas de lui ordonner de continuer, quitte à ce qu'elle saigne. Tanlo Jakobi arrivait toujours à frôler avec la fine limite séparant l'entraînement de la torture pur et dur, frôlant de justesse la blessure grave tout en restant dans le renforcement extrême.

Elle avait pris du poids. A toute vitesse. Au moins deux bon kilos de muscle. Il la regardait, s’exécuter, se battre, manger, comme un pantin, en pilotage automatique. Un parfait soldat bien obéissant.

Il lui avait rajoutée des poids. Des gantelets de 750 grammes à chaque poing et pied, et une armure corporelle et 5 kilos au torse.

Un autre sparring. Elle l'attaquait. Sans prévenir, il contre-attaque. Une rapide balayette. Elle l'esquiva de justesse, bondissant en arrière. Il la regarda avec dépit.

- C'est quoi cette merde ? C'est ça que je t'apprend ? Il lui fit signe de s'approcher. Après un court moment, elle vint.

- Je t'apprend pas à fuir. Je t'apprend à frapper. J'avais ma jambe exposée. Tu aurais pu la défoncer. Eviter mon coup et en même temps me déglinguer. Allez. Essaye une balayette. Je te montre.

- Allez, vas y ! Il mita la position de la jeune femme. Elle s'executa, une balayette, parfaite, rapide, précise, comme il lui avait apprise. Au moment où le pied de la jeune fille toucha sa jambe, cette dernière se déplia dans un puissant coup de pied dans le ventre de la jeune femme, la mettant à genoux.

- Comme ça. La meilleure défense, c'est l'attaque,
dit-il alors qu'elle grognait et se tenait le ventre. Pense aux Jedi. Quand ils parent un blaster avec leur sabre, ils se contentent pas de se défendre. Ils te le renvoient à la gueule. Relève toi et recommence. Attaque.

Elle s’exécuta. Trois coups de poings. Il évita le premier en frappant le poignet de la fille en plein mouvement, le second en le faisant s'écraser contre son coude, et le troisième en se décalant légèrement, la faisant chuter en plein mouvement.

Il s'éloigna, marchant vers un tableau, alors qu'elle se relevait péniblement.

- Question, Maxence ! Tu es aussi athlétique que moi et peut-être même plus rapide. Pourtant, j'ai toujours trois mouvements d'avance. Pourquoi ?

Il griffonna au tableau, écrivant six mots.

Timing > Vitesse
Précision > Force
Attaque = Défense

- Mets toi ca dans le crâne une bonne fois pour toute. Tu perd trop de temps dans des mouvements inutiles. Allez, prend un peu d'eau et repose toi. J'ai un cadeau pour toi.

Elle avait pris du poids. A toute vitesse. Au moins quatre bon kilos en à peine une semaine. Il la regardait, s’exécuter, se battre, manger, comme un pantin, en pilotage automatique. Un parfait soldat bien obéissant.

Elle était prête.

Il ouvrit une boîte, et en sorti un casque bien étrange. Une sorte de demi-casque, qui ne protégeait que la moitié inférieure du visage, et couvrait les oreilles. Un casque à verrouillage automatique, impossible à enlever par soi-même une fois enfilé.

- C'est pour toi. Enfile le. Il la mit en garde. Tu le gardera pour tout le reste de ton temps avec moi. Il croisait les bras d'un air satisfait, regardant la femme essayer de comprendre comment le truc fonctionnait.

- Tu risques d'entendre des trucs, et même voir des choses bizarres. Mais, laisse moi te rassurer...

Il fronça un sourcil et leva l'autre. Comme un adolescent crâneur.

- Tout sera réel.
Maxence Darkan
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Tanlo était la deuxième personne qu'elle rencontrait qui aimait Nar Shaddaa pour ce que la lune était réellement : le plus gros trou à rat de la galaxie. La première personne étant Maxence Darkan, elle-même, donc, c'était plutôt fou de se dire qu'elle pouvait, si les choses ne se passaient pas comme prévu, confronter son nouveau maître, lui péter la gueule -ou se faire péter la gueule, ce qui, à mon humble avis, risquerait de se passer- et revenir sur des bases seine et des décisions réfléchies. Mais avant même qu'elle ne puisse rire intérieurement à l'idée de, peut-être, trouver un moyen de péter la gueule de Tanlo sans arme, l'heure était au cours sommeil.

C'était comme avoir la tête qui tournait, le ventre serrait et cette sensation étrange qui vous prend à la gorge lorsqu'une inarrêtable envie de vomir transformer votre corps entier en une éponge, un linge d'un blanc bien trop parfait, en plus d'être humide. C'était comme l'instant précis où votre langue se soulève, submergé par un flot de bave, le moment même où les genoux flanche devant les toilettes. Exactement, ce moment là. En boucle. Encore. Et encore.

Le plus dur était premièrement de faire abstraction des comptes d'heure. Elle comprit assez rapidement qu'il ne fallait plus qu'elle compte son temps, mais qu'elle le subisse. Alors en général, elle revenait dans sa chambre, prenait une douche, s'endormait, se levait, repartait. Le monde s'était accéléré soudainement, se surprenant le troisième jour de se parler à elle-même, le quatrième de se voir en double dans l'unique miroir de sa chambre. Mais il ne s'agissait là que d'un faible début, principalement lié aux entraînements durs et difficiles, nan, pour l'instant tout allait bien, laissant rapidement couler la fatigue des micros repos s'installer lentement, mais sûrement dans son corps et surtout, son esprit.

Le tout restait de comprendre l'équilibre, son cerveau s'était éteins soudainement, lors d'une pause, elle n'avait pas dormi, la blondinette s'était simplement allongée en fixant le plafond avant de se lever quand on lui demandait de se lever pour retourner écraser ses doigts contre un mur si nécessaire. Comme de l'autodéfense, acceptant simplement de faire disparaître une partie d'elle-même pour garder ses force ailleurs, espérant rebooter la machine, une fois terminé. Quand Tanlo lui apprenait ne serait-ce qu'un changement de position d'un millimètre, elle s'en souvenait, des fois, quand il parlait, elle chuchotait : Maxence se parlait à elle-même pour se faire comprendre ce qu'on lui disait, mais elle parlait si faiblement, que rapprocher son oreille de sa bouche ne suffirait pas, les lèvres bougeaient légèrement.

Le temps n'avait plus d'importance, les choses semblaient toujours plus s'accélérer en gardant cette interminable version d'eux-mêmes : un Jour. Alors elle courait, sautait, frappait, répétant ce qu'il lui demandait de faire, acceptant les coups, continuait de frapper, encore, encore et encore. Jusqu'à la boite. L'apprentie attrapa le masque, le considérant sous toutes ses formes, le nez, la bouche, les oreilles, plaqué dans le silence le plus total.

-Alors tout sera réel. Si j'ai envie d'vomir, j'tape trois fois dans mes mains, tu sauras quoi faire.

Affirma-t-elle avant de le mettre sans aucune hésitation. Ça commençait à faire longtemps qu'elle ne lui avait pas parlé et c'était sûrement la dernière avant très longtemps. Une fois sur sa tête, elle comprit instantanément, elle s'entendait respirer, en levant le genou, la blondinette put même sentir son articulation légèrement craquer. Son corps résonnait désormais dans sa tête, foutant complètement en l'air son oreille interne. Tanlo lui laissa quelques instants pour qu'elle puisse comprendre dans son intégralité le système, un avant goût d'habitude avant de reprendre l'entraînement.

Maxence s'attela à frapper dans le vide, des coups qu'il lui avait appris, sous forme de kata, les poings durs, les jambes souples, flexibles, elle glissa sur le tatami, tombant lourdement sur le dos. Grognante, c'était ses mains que ses yeux admirèrent. Avec seulement son corps comme soutien acoustique, il allait être dur de maintenir un équilibre constant. Bondissant pour se redressait, entamant de nouveau mouvement, son regard se tourna vers son maître, leurs iris bleutées se croisèrent tandis qu'un froncement de sourcils accompagnait ses poings, se plaçant en garde. Elle comptait bien se foutre sur la gueule.

Le combat commença, elle lança la danse. Échange de coups, parades, bonds accompagnés d'un balayage circulaire du pied. Suivant les mots, pour se défendre, il fallait attaquer. Dans une conceptualisation pugiliste, il n'y avait aucune pause. Elle suivait le timing, pas suffisant. L'apprentie en était presque à entendre ses doigts se serrer dans sa paume, les craquements involontaires ; c'était bien plus que prendre un coup, c'était le comprendre, le sentir s’épandre dans tout son organisme. Son index et son majeur réussirent à frapper l'intersection du coude du colosse, elle avait réellement fait mouche avant de se prendre un side kick droit dans les côtes, s'écroulant au sol, ce n'était pas trop mal pour un début.

Un simple signe de tête et les voilà reparti dans l'entraînement. Ce casque ne la quitta pas une seconde, elle mangeait avec, ayant la chance de retirer la partie inférieure du tout pour pouvoir s'alimenter, dormant avec, se douchant avec, vivant avec, elle n'entendait plus rien d'autre que son corps, des fois, des brides de sons extérieurs lui rappelait qu'elle n'était pas seule au monde, son cœur dans ses tempes, sa respiration dans son buste, tout était fait pour qu'il n'y ait plus que son corps.

Les premiers jours, l'expérience fut intéressante, terrifiante, nouvelle. Mais par la suite, elle se surprenait à ne plus dormir, cherchant à le retirer par la force en vain, frappant les murs, ou retenant sa respiration pour arrêter de s'entendre. Ça et continuer de courir, de frapper, sur ses chemins de courses des rues de Nar Shaddaa, elle laissa une bonne dizaine d'hommes et de femmes inconscientes, fracasser à coup de poing, de doigt, de paume, de pied. Elle se surprenait à regarder Tanlo avec des yeux virant au rouge, prête à tenter l'impossible pour le forcer à lui retirer l'appareil. Autant dire, Maxence commençait à péter des câbles, moins obéissante, plus violente, maintenant une forme physique incroyable, gagnant toujours plus de poids ; elle ne savait pas combien de temps s'était écoulé depuis la pose du masque.

Tout ce qu'elle savait, c'était que le pendentif de Taha'san ne bougeait plus de son sac et que le miroir au-dessus de lavabo de sa minuscule salle de bain était brisé, ne lui laissant plus le choix que de se contorsionner dans tous les sens pour regarder les dernières blessures subies.
Tanlo Jakobi
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Les jours passaient.

Nar Shadaa continuait de vivre, inconsciente que dans un de ses quartiers, un fou tentait de donner naissance à un être aussi monstrueux que lui.

Au matin- ou était-ce la nuit ? - du 17 ème jour, personne n'était là pour chercher Maxence. La porte de sa cellule était grande ouverte.

Tanlo Jakobi lui tournait le dos. Assis en tailleur, il était immobile.

Il méditait. Inspiration. Expiration. Il était à l'écoute, de son corps et du monde. Ses yeux bleus s'ouvrirent lentement, alors qu'il la sentait approcher.

Elle était silencieuse. Ses pieds frôlaient à peine le sol. Effrayée à l'idée d'être repérée à cause des bruits de son corps, entraînée et battue pour qu'elle apprenne, petit à petit, à réduire les mouvements inutiles de son corps.

Un véritable chat. Mais pas suffisant.

Il sentit l'absence de pression sur le sol. Le mouvement d'air au dessus. Il leva son bras droit, bloquant le coup de pied sauté de la jeune femme, avant de la saisir par le talon, et de la projeter devant lui. Elle amortit sa chute, s'écartant d'une roulade, avant de se mettre en garde.

- Bonjour Maxence.


Elle resta silencieuse. Elle ne lui parlait plus, mais malgré le casque, pouvait bien l'entendre.

- Sais-tu pourquoi je te fait porter ce masque ?

Silence.

- Ce n'est pas pour te rendre folle, ou t'endurcir, ou quoi que ce soit. Je ne fait pas ce genre de chose gratuitement. Il soupira, secouant la tête, et se leva. Il se massa un peu le poignet. Elle frappait fort, et de si bon matin.

- Celui qui ne se maitrise pas lui-même ne maîtrisera rien. Mais celui qui se conquiert lui-même est le plus puissant des guerriers ! Si tu veux être forte et affronter un forceux sans te retrouver décapitée, tu dois te maîtriser toi-même.
dit-il en la pointant du doigt.

Il la vrillait du regard, et pour la première fois depuis qu'elle était là, il haussa le ton.

- TON CORPS ESSAIE DE TE PARLER ET TU NE L’ÉCOUTE MÊME PAS ! TU LE DROGUE, TU L'ABUSE, TU LE TORTURE, ET QUAND ENFIN TU PEUX L'ENTENDRE TU NE LUI PRÊTE MEME PAS ATTENTION !

Il semblait fulminer.

- ARRÊTE DE LUTTER. NE REFUSE PAS LE DIALOGUE. ECOUTE LE. ENTEND COMME TON SANG CIRCULE QUAND TU RESPIRE. SENT TES MUSCLES SE MOUVOIR QUAND TU BOUGE ! UTILISE TON PUTAIN DE CERVEAU ! LA SEULE CHOSE QUI COMPTE, LA SEULE CHOSE QUI EST VRAIE ET CONCRETE DANS CETTE GALAXIE, C'EST TON CORPS.

Il s’avança vers elle d'un air menaçant.

- Le Stava utilise les points vitaux du corps. Tu dois connaître le tiens pour l'utiliser.

Il était immobile.

- Les philosophes et penseurs passent leur temps à se branler sur la supériorité de la plume sur l'épée, de l'esprit sur le corps, des pouvoirs de l'âme, mais tout, c'est du bullshit ma grande. Tu le sais, au fond de toi. Eux, n'ont jamais pris un poing dans la gueule de leur vie.

Il leva lentement son bras, son index, épais, dont la peau était devenu une corne ridée, tendu paresseusement vers elle.

- L'esprit ne peut que penser. Seules les actions du corps peuvent donner des résultats. Alors écoute ton corps. C'est LUI le maître à bord.

Son doigt franchit l'espace vital de Maxence, et tel un félin acculé, elle attaqua. Comme il le lui avait appris, elle fit pivoter son talon, son genou, ses hanches, l'intégralité de son corps, pour un coup dévastateur... qui s'arrêta à un centimètre du menton de Tanlo.

Elle resta ainsi, pendant de longues secondes, figées, ou plutot paralysée, tremblante. Il vit son regard haineux devenir paniqué, alors qu'elle se rendant compte de ce qui se passe.

Tanlo avait enfoncé son gros doigt de pied en plein centre de son pied à elle. Du poing vital émanait une douleur supportable mais lancinante, alors que la moitié droite de son corps était figée.

Pour la première fois, il utilisait le Stava sur elle.

Il fronça les sourcils, l'air sombre.

- Tu peux penser aussi fort que tu veux, ça ne changera rien.

Il posa sa main entre les deux seins de la blonde.

Une impulsion imperceptible, et elle vola en arrière, les jambes molles, s'écrasant sur le sol à plusieurs mètres de là. Il savait que les cris de son corps, des muscles paralysés avant de reprendre leur forme normale, la perturbait plus que la douleur qu'aurait pu causer ses propres attaques.

- J'ai porté ce masque pendant CINQ ANS, Maxence. Je n'en ai plus besoin pour entendre mon corps en permanence ! Sa voix grondait comme lorsqu'il avait affronté les hommes en armure, et le blanc de ses yeux commençait à être injecté de sang.

Il n'avait pas couru, ni même trottiné, mais pourtant, il était déjà sur elle. Elle frappa, mais il capta son poing. Sa main énorme engloutit celle de la jeune femme, avant de presser un point de son avant bras. Les jambes de la blonde devinrent flageolantes, et elle se retrouva à genoux. Une autre pression, et sa tête de retrouva fixée vers le plafond.

Le monde devint flou, alors qu'elle quittait le sol et la gravité terrestre, pour se retrouver la tête encastrée dans le tatami, sans douleur ni impact, comme si il l'avait téléportée ici.

- Seul ton corps compte. Les autres, moi, le monde entier, c'est secondaire,
dit-il alors qu'il marchait en cercle autour d'elle. Il frappa du pied sur le sol.

- J'ATTAQUE !

Elle s'était relevée et mise en garde. L'attaque de Tanlo fut foudroyante. Elle évita la première et la seconde, mais pas la troisième, alors qu'il avait bloqué son esquive d'un mouvement de jambe habile.

Son bras droit s'anima, avec une douceur et une fluidité inhumaine. Il avait frappé avec la première phalange de son index, l’enfonçant quelque part dans la clavicule gauche, avec une douceur proche de la tendresse.

Le bras de Maxence devint soudainement tout mou, pendant dans le vide, muet à toute commande de la blonde.

Il pivota sur ses jambes. Son bras droit devint flou, alors que son poing serré tel un bloc de plastacier. Durement, il s’enfonça dans le torse de la jeune femme, qui se retrouva propulsée vers l'arrière. Elle fit plusieurs tonneaux, alors sur son armure de torse portait encore le trace du poing de Tanlo.

Cette attaque aurait définitivement mis à terre la Maxence d'il y a quinze jours. Mais, à la satisfaction perverse de maître, elle se releva, tremblante. Du sang coulait le long de son cou. Derrière son masque, ses lèvres devaient être poisseuse de sang, et elle gargouillait, crachant un liquide ne pouvant pas sortir.

Il sprinta vers elle au moment ou elle clignait des yeux, hagarde. Une autre technique, basique de Stava, qui donnait l'impression aux adversaires peu attentifs qu'on se téléportait.

- AH !

Ses deux bras claquèrent l'air, alors que ses pouces s’enfonçaient à l'arrière du crâne de la jeune femme.

Elle pleura, puis ses yeux tremblèrent. Et soudainement, ses globes oculaires se retournèrent vers le haut.

Il faisait noir.

Il reprit sa marche autour d'elle, de son apprentie, désormais privée de la vue, ses yeux paralysés au niveau musculaire. Elle semblait paniquer. Il frappa du pied juste à côté d'elle, la faisant bondir.

- Il tient qu'à toi de guérir de ta cécité, Max,
dit-il d'un air solennel.

- Arrête de regarder. Arrête de stresser. Écoute toi.

- C'est le moment de vérité Max. Renaît, ou sombre pour toujours !
Maxence Darkan
Maxence Darkan
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Elle ne voulait pas le tuer, simplement lui faire comprendre. Elle voulait lui briser un bras, l'étaler au sol et le regarder retirer le casque par lui-même. Sauf qu'il y avait un hic, il ne se laisserait pas faire. Et il ne se laissa pas faire. Alors qu'elle pensait réellement pouvoir lui tenir tête dans les premiers instants, elle comprit rapidement que le colosse, durant tout ce temps, n'avait montré qu'une infime partie de ses capacités. C'était désespéré, elle s'en rendait compte maintenant, il la faisait valdinguer, elle sentait ses entrailles vriller tandis que ses inspirations devenaient de plus en plus suffocantes avec le sang. Essayant de retenir les chocs, d'éviter ce qu'elle pouvait éviter, c'était peine perdue et finalement, elle s'en voulait, les larmes frappant le haut de ses joues avant de s'écraser sur le masque. Soudainement, plus rien, plus de vision, assourdie par l'appareil, immobilisée par les techniques de son maître, Maxence n'avait plus rien à quoi se raccrocher... à part son esprit.

Puis, elle se vit, de dos, de face, avant de reprendre sa vision. Elle n'était pas sur le tatami, Tanlo n'était pas là non plus, il faisait noir et, au loin, une silhouette apparut. La blondinette se l'était promise, elle ne rêverait plus jamais d'eux. Mais, alors qu'elle s'approchait, sa sale gueule de blond lui revînt en tête, lui et ses traits parfaits, lui et son incapacité à faire quoi que ce soit avec son misérable sabre : Lloyd. Sans réfléchir, elle lui bondit dessus, se battant de toutes ses forces, crispée de haine, la lame du Sith la transperça de part en part pour la laisser s'écrouler.

Elle ouvrit les yeux, elle était au même endroit, dans le noir, avec Lloyd. Alors recommença. Encore et encore. Les techniques de Tanlo n'y faisaient rien, elle mourrait à chaque fois, coupée en deux, décapitée, transpercée, mutilée. Alors que les minutes continuaient de s'écouler, laissant la blondinette au sol complètement amorphe, elle se redressa dans son rêve pour la énième fois, mais différemment, il était en face et elle lui tendit un bras qu'il attrapa. Se collant à lui, ils se lancèrent dans une valse, une paume posée sur son épaule, leur visage à quelques centimètres. Maxence détourna le regard sur sa main jointe à la sienne, elle sentait la chaleur de son partenaire, elle sentait aussi sa propre chaleur, ses pieds sur le sol noir, son bars, ses hanches, les mouvements de bassin et le sang qui pulsait dans ses veines. Quand ses iris se posèrent de nouveau sur le Hapien, il avait un couteau dans la gorge, son couteau. Il s'écroula sur le sol d'agonie et elle le regardait d'un air détaché.

Cette fois était la bonne, l'apprentie voyait le tissu du tatami. Bondissante soudainement, son tibia s'élança latéralement dans une violence inouïe pour frapper les défenses du colosse, elle se remit en garde, les poings levés, une garde qu'il lui avait apprise. Malheureusement, se fut de courte durée, les chocs, les coups, le Stava, son corps ne le supportait plus, tournant de l'œil, la blondinette s'écroula, inconsciente.

Elle n'avait jamais eu l'idée de se dire qu'elle abusait de son corps, cela relevait plus du profit des sensations expérimentées... pourtant, Tanlo avait raison, refuser d'écouter son propre organisme relevait d'une erreur fatale, il fallait qu'elle connaisse ses limites, qu'elle les appréhende, qu'une part de sa propre personne lui dise, lui crie haut et fort : « Stop ».

Dans sa chambre, allongée sur son lit de fortune, son maître avait dû l'y ramener. Plus de sang dans la bouche, juste un vague goût, mais il avait dû la nettoyer avec de remettre le masque, évidemment. La porte était ouverte, il n'avait pas fouillé dans ses affaires, simplement nettoyé la folle qu'il entraînait avant de la poser là. Un long soupir lui échappa, finalement, elle trouva la force de se lever, enfilant ses chaussures, Tanlo méditait encore. Il fallait courir, elle voulait courir, elle devait courir.

Empruntant le chemin de la sortie, Maxence sans aucune intention de lui parler, fit juste un signe de main conduisant le duo à l'extérieur, puis en pleine course effrénée. Au coin d'une ruelle, plusieurs hommes les attendaient, sûrement au courant que, ces derniers jours, des gugusses s'amusaient à péter des gueules à tour de bras, bien préparer à les calmer à l'aide de leur barre à mine et canif bon marché, ils leur barrèrent la route. L'Ouragan ne comptait pas s'en mêler. L'apprentie leur fondit dessus avec une rapidité exemplaire, pas celle de son maître, mais bien plus que la dernière fois, au milieu de quatre malabars de Nar Shaddaa, elle faisait danser glorieusement son corps pour étaler le sang de ses victimes sur ses phalanges. Après de longues minutes de combat à sens unique, elle tenait la tête d'un des hommes, il était agenouillé et ses yeux commençaient à s'humidifier. Elle n'avait qu'un mouvement sec de la part de ses bras pour terminer le travail, définitivement, à la place, elle lança un regard noir à Tanlo avant de simplement libérer sa proie pour la laisser s'enfuir.

-J'en ai rien à foutre des cinq ans qu't'as passé avec ton casque de merde, j'ai pas besoin d'prendre autant d'temps pour comprendre. J'ai suffisamment entendu mes chevilles craquer pour savoir le bruit qu'fera la nuque du premier fils de pute en désaccord avec moi.

Et Maxence entendrait parfaitement Lloyd lâcher son dernier souffle.
Tanlo Jakobi
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-J'en ai rien à foutre des cinq ans qu't'as passé avec ton casque de merde, j'ai pas besoin d'prendre autant d'temps pour comprendre. J'ai suffisamment entendu mes chevilles craquer pour savoir le bruit qu'fera la nuque du premier fils de pute en désaccord avec moi.

Il avait les bras croisés, la regardant de haut. Le vent nocturne faisait voleter les cheveux courts du maître et de son apprentie. Il poussa un ricanement, qui se transforma en un rire tonitruant.

- MUHAHAHA ! Bons choix de mots petite ! Faut avoir la gnaque !
s'exclama t-il, sans se soucier de l'air presque hostile et dangereux de la blonde.

Un sac en plastique vide, poussé par le vent, voleta paresseusement près de lui. Un de ses bra se déplia, forme floue dans le noir, percutant le sac en plastique. Ce dernier continua sa course, déchiré en deux, avant de s'écraser au sol.

- Laisse pas ton enthousiasme transformer courage en connerie ceci dit.
Dit-il en reniflant. Autour d'eux, des regards et des murmures. Il jeta un coup d’œil autour d'eux, une sorte de mélancolie dans le regard.

- Allez, rentrons à la maison.

Ils rentrèrent alors, marchant sans se soucier du regard et des paroles des autres.

Les jours suivants furent éprouvants pour l'apprentie.

Tanlo semblait satisfait de ses capacités de percussion, et commençait à aborder deux derniers sujets.

- Un Jedi, force ou pas, ca reste un mec comme toi et moi. Si tu détruit sa main ou son bras, il n'est pas autant redoutable qu'avant. Alors je vais t'apprendre à péter des bras, à un rythme industriel.

Bien sûr, elle savait déjà comment faire.

Mais il y a une différence entre savoir courir et savoir finir un marathon.

- Là, regarde. Sur cette position, l'autre ne peut rien faire.

Il était au dessus d'elle, sur son dos, tenant son bras vers le ciel. Il forcait un peu pour qu'elle sente la douleur, subtilement, juste afin qu'elle sente comment le tout fonctionnait.

Ils répétèrent encore, chaque jour, ces fameuses clés. Cette fois, Tanlo se battait avec sa vibrolame.

- Cadeau de ton amie Takeda. Je suis pas aussi bon qu'eux, mais je sais faire des gestes simples.

Fente, tranches, coups rasants, de loin ou de près, ils passèrent des heures et des heures à apprendre à Maxence à placer une clé de bras presque instantanée, peu importe la situation. Elle avait du mal au début, mais, alors que l'apprentissage touchait à sa fin, Tanlo Jakobi était satisfait. Malgré son caractère, la blonde écoutait attentivement ce qu'il lui demandait de faire.

- Ca reste un geste très risqué. Si tu a une ouverture immanquable, fonce. Mais encore une fois : te surestime pas. Une erreur et c'est ton bras qui part.

Les jours s'enchainèrent. Max n'avait plus aucun mal à faire l'entraînement quotidien de renforcement musculaire. Ses esquives étaient devenues minimalistes, esquivant les attaques de Tanlo d'un cheveux pour placer de foudroyantes contre-attaques. Le masque limitant sa respiration la forçait à faire le minimum d'effort pour un maximum d'efficacité. Sans compter qu'elle portait toujours les gantelets, les bottes et le plastron de protection qui l'alourdissait considérablement

- Tiens, regarde ca
dit-il quelques jours plus tard, montrant un mannequin, sur lequel il avait dessiné plusieurs ronds.

- C'est des points vitaux du corps humain. Les plus simples. Entraîne toi.
Il pointa l'index et le majeur de Maxence, qui les avaient soumis à un entraînement extrêmement dur. Ils étaient devenus plus gros et distinctement musclé, aux phalanges légèrement cornées.

- Ce ne sera qu'un aperçu, hélas. Je n'ai pas le temps de t'apprendre comment attaquer les points vitaux. Mais ca te fera une base. De savoir à peu près où ils sont, et comment les frapper.

L'entraînement continuait. Mais cette fois, avant de sonner la fin de la journée, Tanlo interpella Maxence.

Il claque des mains.

- Ton entraînement prend fin dans 3 jours. J'aurais une dernière épreuve pour toi. Alors repose toi bien. On va ralentir le rythme pour te réhabituer à une vie normale.
Maxence Darkan
Maxence Darkan
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Putain, c'était exactement ce qu'elle voulait, péter des bras à un rythme industriel, pour le coup, aucun doute sur le fait qu'elle s'était joyeusement prise au jeu. Alors certes, elle avait encore la haine contre l'Ouragan et souhaitait toujours lui enfoncer sa tête dans les chiottes, mais un jour, l'apprentie dépasserait le maître. Ne pas laisser son enthousiasme transformer courage en connerie, comme il le disait si bien.

Takedo lui avait donc offert une vibrolame... ce qui signifiait que le colosse était vraiment dans le genre à fricoter avec les impériaux. La question qui trottait dans la tête de Maxence, entre deux regards noirs portés directement sur lui, c'était de savoir s'il faisait ça part appréciation de leur politique, dogme ou peu importe comment on pourrait qualifier le tout, ou juste par défaut, ayant foutu ses chances en l'air avec la république et les Jedis. À vrai dire, elle se rendit compte que cette question n'avait pas grande importance en le voyant maîtriser son arme comme un idiot. Ah bah oui, pour sûr qu'il n'était pas très bon avec ce genre de choses ; Maxence avait déjà affronté des hommes armés de vibrolame et elle n'en était pas toujours sortie indemne, confer la cicatrice à sa hanche.

Malgré tout, elle se prit au jeu, sans sous-estimer ses coups, elle esquivait vraiment, le poids de son armure d’entraînement n'avait fait qu'un avec elle durant tout ce temps, pour autant la blondinette était parfaite dans ses mouvements, au millimètre près.

-J'peux apprendre à les attaquer par moi-même.

Elle lui avait chuchoté ces quelques mots d'une voix rauque sans quitter ses yeux du mannequin. Maxence restait une autodidacte dans l'âme, Tanlo lui avait offert énormément de bases, largement suffisantes pour mettre à terre un adversaire qui ne s'attendrait pas à de telle techniques. En lui donnant la maîtrise de son index et son majeur, la visualisation des points sensibles, elle n'avait plus qu'à faire la liaison entre les deux et expérimenter sur le terrain directement. L'apprentie s'en sentait capable, ainsi, elle passa une poignée de minutes à tourner autour du mannequin de combat pour observer et enregistrer les ronds. Il était complet, les articulations étaient fréquemment marquées, certains muscles et, pour les connaisseurs de l'anatomie humaine -ou proche humaine-, c'était les zones mortes : les endroits où il n'y avait pas de muscles.

De nouveau face à ce qu'on pourrait qualifier d'adversaire, elle frappa, simplement avec deux doigts, elle manquait encore un peu de précision sur les coups, mais elle était rapide. Maxence se déplaçait comme lors d'un vrai combat, si elle ne pouvait pas esquiver, elle jouait avec le timing. Creux de l'épaule, revers dans la nuque, coup à la base des côtes, tibia dans le creux de la hanche, retournée, coup de talon et trois pas rapides en arrière. Puis elle enchaîna avec d'autres postures, d'autres arrangements, passant derrière, jouant sur les flancs, la blondinette ne se voyait pas le paralyser, mais elle savait qu'elle pouvait faire salement mouche.

L'apprentie s'était entraînée pendant des heures, maintenant, il lui fallait plus de pratique, cependant, c'était la fin de la séance et elle partait machinalement vers sa chambre avant de dresser la tête.

-Quoi ? Ton but c'était pas d'me tuer avant la fin ? Ironisa-t-elle. J'crois avoir ma p'tite idée de c'que pourrait être la dernière épreuve, mais j'ai pas envie d'jouer aux devinettes, alors finissons-en... avec l'entraînement j'veux dire, commence pas à essayer d'me tuer.

Elle se contenta donc de reprendre son semi sommeil, désormais habituel avant de retourner à l'action. À ce niveau là, Maxence était déjà suffisamment bâtie, elle ressemblait à ce que Tanlo voulait, donc il ne trouvait pas l'intérêt de la forcer à ses exercices abusifs, à la place, elle continuait de s'entraîner avec le mannequin, du maintien musculaire et, évidemment du sparring. Elle ne gagnait pas, parce qu'elle n'était pas là pour ça, son maître continuait de la reprendre sur certains coups, la punissait avec des balayettes si nécessaire, la routine, simplement plus tranquille. Ils terminèrent la journée par de la course dans les rues et un bon repas, identique et brûlant.

L'avant dernier jour, la blondinette maintenait une forme d'excitation à savoir qu'elle partirait bientôt de cet enfer organisé, son contrat était bientôt terminé après tout, une seule chose lui revenait en tête : la tête du Hapien, sur une pique, qui plus est. Tout avait déjà été organisé, comment attraper un gros poisson en mer houleuse ? Avec un joli et délicieux appât, un tout petit peu plus loin, mais quelque chose qu'il connaît, quelque chose qu'il trouve délicieux.

Il n'avait pas menti, le rythme s'était grandement ralenti, plus de pauses, moins d'effort rongeant le mental, des cours plus libres, des mouvements plus personnels, moins d'ordre, c'était comme si, durant tout ce temps, Tanlo lui avait enfoncé un pieux dans l'échine, puis, petit à petit, il le retirait ; Maxence redevenait Maxence et elle se sentait foutrement forte. Pour la toute dernière séance avant le dernier jour, il lui offrit un de ses très agréables massages avant de la faire retourner dans sa cage.

Par automatisme, ses yeux s'ouvrirent par eux-mêmes, elle bondit sur ses jambes pour sortir au plus vite de sa chambre et trouver son maître qui l'attendait de pied ferme.

-Alors le croulant ? Elle étendit ses bras, comme pour le mettre au défi. T'as une dernière épreuve pour moi ? Et après ça tu m'retireras cette merde que j'ai sur la tête ?
Tanlo Jakobi
Tanlo Jakobi
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- T'a l'air en forme pour quelqu'un avec 230 heures de sommeil à rattraper ! dit-il avec entrain, alors qu'elle était sortie théatralement de sa cellule, sortant d'une roulade et étant en garde face à lui. Mais Tanlo n'était, visiblement, pas là pour se battre. Ni même pour l'entraîner.

Il s'était fait beau. L'homme, qu'elle n'avait vu ces derniers jours qu'en débardeur, jogging et gilet de sport était habillé d'un épais trench-coat coupe vent et d'un pantalon jean noir. Il tenait un grand sac de gym, qu'il balança mollement aux pieds de la blonde. Le sac s'écrasa dans un grand "spoff".

- Tes affaires, lavées et repassées. Je t'ai acheté 2/3 hauts également, tes anciens sont devenus trop petits.

Il pencha légèrement la tête sur le côté.

- C'est l'heure d'y aller, apprentie. Prépare toi, et on se casse. On en a pour une bonne heure de transport.

C'était étrange de la regarder ainsi. Lorsqu'elle était arrivée, il n'avait vu qu'une ruine, une jeune fille perdue et ivre, autant d'alcool que de vengeance, vulnérable et fragile. Là, il avait affaire à une femme. Sûre d'elle, non pas à cause d'une quelconque arrogance juvénile, mais d'une assurance réelle. Bien bâtie. Forte. Maîtresse d'elle même. Consciente de son corps. Du reste du monde. Il avait vu ses progrès. De celle incapable de placer un coup de poing, à celle arrivant, tant bien que mal, à entrer en harmonie avec ses sens et contrer les effets d'une technique Stava.

Elle avait subit ce qu'il lui avait préparé, et en avait redemandé sans cesse. Il l'avait vu hésiter, maudire ce qui lui arrivait, souhaiter et hésiter partir loin, très loin, revenir dans le confort illusoire d'un bon lit et de l'alcool. Mais elle était restée auprès de lui, sans faillir.

Il lui en était reconnaissant. Il s'était senti moins seul. Mine de rien, ce mois interminable, sans temporalité et flou, où ils avaient partagés souffrances, épreuves et repas, avait contribué à les rapprocher, même inconsciemment. Il savait que dans la système solaire Maxence, il n'était qu'une étoile filante, discrète et temporaire, qui n'attirera jamais autant l'attention que les planètes qu'étaient les membres de l'estafette.

Mais il était quand même content d'en faire parti.

Elle avait encore un long chemin à accomplir, avant de le rejoindre. Mais elle avait commencé à suivre le chemin qu'il avait emprunté il y a 35 ans de ça.

Il resta étrangement silencieux pendant le voyage. Il semblait vouloir garder la surprise à son apprentie. Il ne pipa mot dans la rue, ni dans le maglev. Il avançait, tout simplement, les gens s'écartant sur son passage, Maxence dans son sillage.

Dehors, il faisait nuit. L'avait-elle laissée dormir plus longtemps ? Ils arrivèrent devant un casino.

Les deux gardes de faction s'avancèrent vers eux. Ils reconnurent Tanlo. Ils reculèrent, presque instinctivement, et le laissèrent entrer.

Ils détonnaient, tous les deux, au milieu de la clientèle cosmopolite, riche et aisée. Une douzaine de gardes les escortèrent jusqu'à un ascenseur. Un majordome les y attendaient. L'homme avait un visage tout à fait commun, mais Maxence pouvait remarquer un œil au beurre noire, un corps musclé sous son uniforme, et surtout, une démarche similaire à celle de son maître.

- Celà fait longtemps, Grand Maître.
- Bonjour Goricha. En effet. Quelle est ton excuse ?
- Ma femme vient d'accoucher. Je ne peux plus venir. Je dois veiller sur le petit.
- Félicitations alors. Reviens quand tu peux. Tu manque aux autres.

Ils prirent l'ascenseur. Le majordome sortit un passe de sa poche, le faisant entrer en contact avec une borne. L’icône de l'étage descendit jusqu'à -5, comme indiqué par le bouton le plus bas du tableau de bord. Puis, après un CLANG, il continua de descendre.

-6
-7
-12
-30.

Il s'arrêta enfin.

- Bonne soirée dit le majordome, avant que l’ascenseur ne se referme. Ils s'engagèrent dans un couloir de béton froid et sans âme.
- Goricha, un de mes apprentis. J'en ai quelques centaines. Du moins, dans cette partie de la ville. Mes meilleurs éléments ont fondé d'autres dojos un peu partout.

Il regardait autour d'eux, essayant de se repérer.

- Mécanos. Gardes. Croupiers. Balayeurs. Cuisiniers. Hauts fonctionnaires. Gigolos. Taxis. Tout le monde vient chez moi. Ils ressortent plus fort. Et...

Un sourire carnassier.

- Plus dévoué.

Combien d'apprenti ? Combien de fidèles, avait-il amassé ici, prêts à cogner à sa demande ?

Pas assez.

Jamais assez.

Ils marchèrent pendant dix longues minutes dans un dédale de couloirs vides, avant de s'arrêter devant une porte épaisse, assez haute pour faire entrer un camion.

- Max, dit-il en lui faisant signe de s'approcher, ce qu'elle fit.

Il tenait doucement sa main. Avec lenteur, il enleva son premier gantelet. Un kilos en moins.

- Ton entraînement prend fin aujourd'hui. Demain, pour la première fois, tu sera plus faible qu'hier.

Il ne la regardait pas, concentré sur sa tâche de la délivrer des poids dont il l'avait affligée.

- Ce que tu va voir...est un aperçu. De ce que tu est. De ce que tu peux être. D'à quel point tu es forte. Il passa doucement derrière elle. Elle pouvait sentir ses mains épaisses sur ses épaules, sur son dos, alors qu'il enlevait son plastron de protection.

- Ce qui se passera derrière cette porte sera mémorable. Fais durer le moment. Profite de l'instant.

Le plastron tomba à terre. Le fracas résonna en écho dans les couloirs, à peine un murmure dans les oreilles de la blonde, encore cachée par son masque.

- Tu t'es battue quotidiennement contre Tanlo Jakobi avec sept kilos sur le dos. C'est pas rien.

Il vit son corps trembler alors qu'il touchait son masque. Elle anticipait déjà la libération.

- Attention, Maxence.

Clac.

- Pas de panique.

Le masque tomba.

Et le monde s'éveilla.

Le bruissement du vent, des centaines de mètres plus loin. Le bruit d'un rongeur, calfeutré on ne sait où, suivant une canalisation. Le bruit du tissu qui craque, à chaque mouvement de Tanlo. L'air, l'oxygène, si atrocement limité par le masque, semblait soudainement infini, si frais, si bon.

Éviter que la respiration ne s'emballe.

Il la regardait, souriant, la voyant lutter contre cet afflux de sensations, de bruits, de sons et d'odeurs si forts, sonnée par sa propre perception et ses sens plus aiguisés que jamais. Est-ce que tous ces... parasites avaient toujours été là ?

Leurs regards se croisèrent.

- Tu viens d'ouvrir les yeux pour la toute première fois.

Il se mit à sourire. L'âge semblait d'un coup le reprendre. Il était paternel.

- Tu a fait tout ce que je t'ai demandé, et même au-delà. Tu peux être fière de toi.

Il leva lentement son bras, avançant sa main vers elle.

- Je suis fier de toi.

Ses doigts épais se posèrent sur le crâne de Maxence, et il dégagea son front camouflé par ses cheveux blonds tombant. Il la recoiffa ainsi, pendant une poignée de seconde, le premier geste d'affection qu'il se permettait envers elle.

Il désigna la porte derrière elle.

- Derrière cette porte, se trouve quelqu'un que tu n'aurais jamais pu espérer vaincre il y a un mois. Il fit un clin d’œil.

- Beaucoup ont payé cher pour ce combat. Alors... ne le termine pas trop vite.
Maxence Darkan
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Ses pupilles se dilatèrent, non pas parce qu'elle venait de s'enfiler un gros raille de cocaïne ou même que la luminosité venait d'augmenter sans prévenir, mais bien parce que tous ses sens étaient en éveil. Elle entendait tout, absolument tout, les semelles de Tanlo se posant discrètement sur le sol, la petite mouche dans le coin de la salle, se tapant inlassablement sur une lampe, la ventilation dernier crie, admirer pour son silence et même ses muscles se détendre sans les poids attachés. Sa respiration se saccada alors qu'elle n'était plus comprimée par le masque, comprenant qu'elle devrait désormais reprendre des respirations normales et ça, pendant toute sa vie. Durant ce mois, elle avait tout perdu pour tout réapprendre.

D'abord, elle s'attela à reprendre une respiration et, alors que Tanlo la félicitait, son -désormais ancienne- apprentie se dégourdit les jambes, attrapant son épaule d'une main pour faire des moulinets de son autre bras. Au final, si son entraînement était si spécifique, presque trop travaillé, c'était uniquement parce qu'elle n'était pas la première à passer par là, en fait, ça ne devait pas être la première fois que le colosse posait sa main sur l'épaule d'une personne qu'il avait torturée pour lui dire qu'il était fier de lui ou d'elle. Pour autant, comme une partie de Stockholm en elle, ou un grand sentiment de satisfaction personnelle partager avec lui, mais un sourire lui échappa alors qu'il la recoiffait.

Son regard se tourna vers la porte et, machinalement, elle s'y dirigea. Un combat dans une arène, sûrement clandestine, elle le savait, Maxence avait perdu la boule pendant un moment, mais restait maligne comme pas deux quand il s'agissait de pousser les gens à leurs limites. Sa main alla pour actionner la commande de la porte, mais s'arrêta à mi-chemin, à la place, elle figea une nouvelle fois ses yeux dans ceux de Tanlo.

-Hé, Tan... commença-elle d'une voix douce, t'es qu'un sale con et j'irai pisser sur ta tombe le moment venu. Termina-t-elle d'une voix tout aussi douce. Mais merci.

La porte s'ouvrit, l'ancienne apprentie s'y engouffra, puis la porte se ferma. Une arène, pas d'étonnement, un parquet délavé et craquelé ayant subi de nombreux affrontements, quelques taches de sang résistantes aux lavages, c'était un cercle, plat et vide. Le grand mur circulaire empêchant les combattant de s'enfuir offrait une vue impressionnante et parfaite pour les très, très nombreux spectateurs venus admirer le spectacle. En face, une femme, son gabarit, un peu plus grande, un peu plus musclée, taches de rousseur, brune, cette sale petite enflure de Tanlo avait tout prévu.

Maxence passa sa langue sur ses dents avant de retirer le sweat shirt qu'elle portait pour le jeter dans le public : putain, ouais, carrément, se sentir observé, ça lui manquait presque d'avoir autant d'attention animale d'un coup.

-Nouvelle ? Évidemment, son adversaire arborait un air hautain. Jolis muscles, j'm'appelle Jasmine, c'est quoi l'tien, j'aime connaître mes victimes.

-Max, mais ferme ta gueule, tu veux ? J'préfére me souvenir d'mes adversaires quand ils chouinent.

Les deux femmes se mirent en garde, grognantes, des flammes dans les regards. Le public frappait les pieds sur le sol, faisant trembler la salle, grondant dans l'être des deux combattantes et, quand ils s'arrêtèrent, Jasmine se rua sur Maxence. Sur le coup, le corps de la blondinette ne réagit pas convenablement, trop légère, elle fut projetée au sol. Une main sur son visage, elle se faisait enchaîner les côtes. Le bas de son corps glissant et ses pieds se posèrent sur l'abdomen de son opposant pour la repousser avant de rouler en arrière et retomber sur ses jambes. Mauvais départ, elles s'approchèrent lentement cette fois.

La brune se crispa, flexible, elle élança son bras, un coup rapide, violent, maîtrise, mais lorsqu'elle était censée atteindre la blondinette, elle se trouvait déjà derrière elle. Surprise, Maxence pencha la tête légèrement sur le côté avant d'envoyer son talon dans l'articulation du genou de Jasmine pour la faire tomber dessus, enchaînant par un coup sec violent dans la nuque, s'écroulant au sol, elle monta au-dessus pour lui prendre et la tête la frapper contre le sol avant de se faire surprendre par une technique qu'elle connaissait : la putain de crevette, autant dire qu'elle s'était fait punir pas un coup de genou, suivi d'un à la gorge et un talon dans les côtes.

Round trois et, croyez le ou non, la blondinette venait de comprendre. Une garde moyenne, un poing proche du buste, l'index et le majeur de l'autre pointant la brune. Tout s'acceléra, elles s'enchaînèrent l'une est l'autre. Frappes au visage, troubler la vision, rattraper par un side kick, la meilleure défense : l'attaque. Il y eut une prise, suivi d'un coup de boule et la blondinette envoya ses deux doigts dans l'intersection du coude, offrant un électrochoc douloureux à l'autre. Elle bondit, sa détente était monstrueuse, élançant son pied dans le visage, retombant sur une jambe pour continuer par un coup de pied retourné.

-Aller, lève-toi. Elle lui fit un signe de tête. Jolis muscles.

Ouh, elle grognait en s'essuya le sang qui coulait de sa narine. Jasmine sauta sur Maxence, chaque poing envoyé n'avait de but que frapper l'air alors que la mercenaire dansait en les esquivant un à un, un millimètre de son visage, les balayages, toujours aucun succès, trop rapide. Puis, quand l'idée lui vînt de pimenter les choses, les points vitaux se calquèrent sur le corps de son adversaire, elle se lança. Saisit du poignet, entre le cubitus et le radius, pas de muscle, que du nerfs. Tape entre les muscles abdominaux. Touche à la base du cou. Passage furtif derrière, entre les omoplates, intérieur des cuisses, base du poignet, sous les côtes. La brune haletait, la blondinette, détendue, respirait parfaitement.

« Péter des bras à un rythme industriel. » Ouais, il était tant de gagner. Le bras de Jasmine lui frôla le visage, Maxence attrapa le poignet, frappa le côté de son genou pour lui faire perdre l'équilibre tandis que la paume de son autre main se posa sur l'articulation du coude pour l’accompagner dans le mouvement et la faire chuter. Quand elle s'écrasa au sol, son bras se brisa sur l'instant, un crac sanglant, suivi de hurlement, autant dire que cette chère Jasmine resta au sol en se tordant douleur.

La foule l'acclama, Maxence Darkan, victorieuse, leva les mains en l'air, sourire carnassier à l'appuie, elle s'approcha des gradins, vers un type qui fumait un clope en applaudissant.

-Toi ! Ta clope !

Il lui jeta sans hésiter et elle la fuma sans putain d'hésiter. Personne ne l'empêcherait de fumer, pas Tanlo, pas Fély, pas Karm, pas Lloyd, bordel de merde, cette clope était délicieuse. Dans la foule, elle remarqua Tanlo, grâce à lui, elle était devenue forte, une vraie combattante, ses iris le pointait directement et, soudainement, elle lui leva son doigt d'honneur, d'abord à lui, puis à tous les autres.

-Putain d'bordel de merde de pompe à cul d'bite à speeder, Max est d'retour et j'vais tout faire cramer !

Ce n'était qu'un début de son entraînement pour devenir une vraie maître du Stava, reprendre la clope, ce n'était pas tout abandonner, c'était se donner du courage. Maintenant, elle n'avait plus qu'une idée, du haut de son œil au beurre noir à venir, ses narines et sa bouche sanglante : Lloyd Hope.

[FIN]
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