Telos IV, monde sous domination impériale à tendance loyaliste se trouvait non loin des systèmes Listehol et Ventooine ayant suite à la prise de Khar Delba été conquise par les renégats. Cette situation agaçait fortement Darth Oracci qui n’avait rien vu venir quant à ce coup d’éclat de la part de Darth Ramken. Mandatée sur cette mission par cet ignoble Darth Malevolus responsable de bien des malheurs et du coup de frein dans l’ascension au pouvoir de l’umbarane dans la hiérarchie impériale, ce dernier l’avait longuement flattée comme étant une de ses meilleures agentes pour la mission qu’il lui confiait : prendre contact avec un informateur sur place qui avait des informations importantes sur les renégats et d’éventuelles ramifications d’un réseau de sympathisants à la cause de l’Empereur autoproclamé sur Telos IV qui prépareraient un coup d’état. Bien entendu, Telos IV était sous couvre feu et la loi martiale avait été instaurée pour que les troupes du Moff Ceraneces soient en mesure de riposter à toute attaque extérieure et intérieure signée par les renégats, mais les informations de ce Veilleur mettaient en évidence des failles éventuelles dans le dispositif de défense.

- Notre contact sera Veilleur VN-4785 désignation « Miragen ». D’après Darth Malevolus, il dispose de renseignements sur un réseau de rebelles sympathisants de Darth Ramken.

Fit Darth Oracci face à Idès son ancienne apprentie et He’thu Lhoss la plus récente de ses disciples. Le trio de Sith était présent dans le transporteur KT-400 de la Dame Sith. T8-M4 et 2V-66 ses droïdes étaient également à bord pour assurer le bon fonctionnement de l’appareil et la réussite de cette mission. L’umbarane restait cependant particulièrement tendue et passablement agacée d’être appelée ainsi pour une mission qui aurait pu être confiée à quelqu’un d’autre. Elle avait un mauvais pressentiment, surtout quand une inspection de la station Kilo-11 de Kohlma avait lieu de manière simultanée par les services secrets. Les évènements s’accéléraient sans que la Dame Sith puisse disposer d’un quelconque levier pour freiner ceux-ci et obtenir un minimum de contrôle de la situation. Penchée sur la table holographique qui émettait sa lumière bleue sur le visage pâle aux traits tirés de Darth Oracci, elle soupira tandis que ses doigts se refermèrent sur le sommet de la table.

- La mission est particulièrement… simple.

Remplissant ses poumons d’air, elle reprit d’une voix un peu plus apaisée.

- Nous devrons faire profil bas et le rejoindre dans un bar branché d’un hôtel de la capitale Thani appelé « Le Nakatomi Plaza » rejoindre notre contact qui nous conduira ensuite là ou il a dissimulé les données. Il craint l’intervention et la présence de groupes renégats sur place pour nous empêcher de mettre la main sur ces informations. En résumé ce n’est pas tant la mission qui est particulièrement risquée, encore que… mais plus le degré de classification des données en sa possession. Une fois les données récupérées, on repart avec le vaisseau…

Montrant trois masques-cagoules plutôt réalistes avec deux modèles humains et un twi’lek, elle fit le tour de la table pour les donner à Idès puis à He’thu tout en donnant davantage de détails.

- Il ne sait pas à nous ressemblons et nous non plus. Nous devrons juste nous présenter au bar, commander deux « Zeltronians » et un « Bespin Sparkle » avec les chiffres 07 et 09 dans la même phrase. Notre contact se montrera alors et nous rejoindra à table pour nous mener à l’endroit ou il a dissimulé l’information que nous récupèrerons… Nous arrivons dans exactement deux heures et trente minutes… profitez de ce temps pour vous préparer…

Darth Oracci semblait quelques peu exténuée et préoccupée par la situation. Et tandis qu’elle laissait Idès quitter la salle de briefing, si He’thu souhaitait échanger quelques mots avec elle en privé c’était encore le meilleur moment pour ça. Ou alors elle pouvait se retirer dans sa minuscule couchette pour se préparer à la mission, ou se rendre dans la soute à moitié vide pour s’entrainer avec Idès qui avait l’habitude de profiter des voyages entre chaque mission pour perfectionner son art et en savoir plus.

He’Thu Lhoss • yellowgreen
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Premier Semestre de l’Année 21.576 • Dans une navette en direction de Telos IV

Depuis combien de temps n’avais-je plus profité de sa présence ? Je l’ignore. Du moins, ne l’ignorè-je pas, je préfère ne pas y penser. Un sentiment étrange d’être délaissée. D’avoir à faire seule. Du moins pas tout à fait. Idès, souvent, est là. Si elle n’est guère de celle que les arcanes secrètes mettent en appétit, du moins avons-nous souvent l’occasion de croiser le fer – désormais presque en égal. Sous son patronage, j’ai su déployer la violence grâcieuse de mon corps. Elle a su guider mes coups, parfaire mes gardes. Mais elle n’était que le revers de ma médaille. Sitôt passé le voile de la République, alors Alysha, je vais en solitaire. Est-ce la guerre qui la retient ainsi loin de moi ? Je l’ignore. Il n’y a guère que mes rencontres avec Tohryn ou mes escapades hapiennes pour rompre la morosité d’un quotidien qui se délite en étude fastidieuse.

La nouvelle de cette affaire, de fait, m’a surprise dans une forme de torpeur, enfin, j’étais sollicitée. Aussitôt, j’effectuais la tâche avec tout le sérieux que l’on attendait de moi. Telos IV. J’en consultais l’histoire et les récits. Monde perdu lors des Guerres contre les Mando’ade, les Ithoriens et leur patience, ainsi que des investissements prodigieux de la République, avaient réalisé le miracle d’une renaissance. Les projets balafres de la guerre, après des centaines d’années, étaient oubliées. Du moins pouvait-on le juger ainsi, depuis l’espace, en constatant de la verdoyance de ce monde. Je suis impressionnée. Je n’ai pas le dégoût naturel du vivant que beaucoup de Sith ont, stupidement. La morne désolation de Korriban, l’âpreté du climat de Dromund Kaas, le grisâtre coruscanti… Non. Le sauvage de la nature, des plages de sable fin, la grouille des êtres et des choses. Je suis de celle que le soleil n’effraie pas, que l’idéal d’une tour haute, noire, entourée de nuages et d’éclairs laisse de marbre.

L’ancienne station, en orbite, autrefois pièce maîtresse du projet de revitalisation de la planète, est aujourd’hui devenu le principal lieu d’échange commercial de ce monde redevenu agricole. Passé sous contrôle impériale, elle continue d’être le grenier à blé des secteurs alentours, son obédience n’ayant rien changé à sa fonction. La guerre civile, cependant, semble bien décidée à rebattre ces cartes. Les renégats menacent cette pièce stratégique de la défense des intérêts du Conseil Noir. La loi martiale est en vigueur, les populations misent sous pression. Ainsi, nous sommes envoyées inciser la tumeur, avant que le cancer ne se généralise.

L’exposé est simple, aussi simple que l’est la tâche qui semble nous attendre. Le déploiement de nos forces semblent totalement disproportionné compte-tenu de la vacuité de la situation. Quelque chose ne semble pas parfaitement logique dans tout cela, même pour moi qui ignore tout des faits qui ont lieu, simultanément, sur Kholma. Alors qu’Elle met un terme à son propos, Idès s’éloigne, je connais ses habitudes et son petit sourire est une invitation, à n’en pas douter, mais je dois d’abord m’enquérir de Son état. Je ne La connais que trop. Je ne l’ai que trop observé. Parfois même à travers ses propres yeux. Sa ceinture, son arme. Autant de souvenirs. Je m’approche, m’incline, et romps le silence, d’âme à âme.

« Ma Dame ? Je… Puis-je vous faire savoir mon souci ? Vous semblez… Fatiguée, tendue. Est-ce l’étrangeté de tout ceci ? La guerre ? Je m’inquiète pour vous, d’autant plus que je crains que ma présence ne vous soit devenue pénible, ou encombrante, tant je n’ai su, depuis longtemps, trouver auprès de vous mon utilité. »

Son état de fatigue avancé n’avait pas échappé aux regards affutés de ses deux disciples, mais si Idès avait préféré laisser Darth Oracci seule pour se préparer, He’thu Lhoss s’était approchée d’elle pour s’incliner devant elle avant de prendre mentalement la parole pour l’aborder. Tandis que la jeune kiffar s’exprimait, l’umbarane l’invita d’un geste gracieux à se remettre debout face à elle et la Dame Sith apporta plusieurs réponses à sa jeune apprentie d’une voix douce mais teinté d’anxiété.

- Ta présence ne m’est pas devenue pénible sois-en rassurée… Mes multiples rôles finissent par me rattraper et exiger leur coût… mais ce qui m’inquiète le plus reste encore la mission à venir… Quelque chose cloche… Darth Ganys m’a informé qu’après notre départ vers Telos IV, la station Kilo-11 de Kohlma allait recevoir la visite de membres des services secrets chargés d’une inspection du site…

A dire vrai, l’umbarane avait jusqu’à présent toujours eu un certain contrôle sur les évènements et n’était plus habituée à subir ce genre de choses, ayant toujours l’opportunité ou le plan parfait pour retourner une situation à son avantage. Cette attitude l’avait rendue peut-être trop sûre d’elle surtout sans avoir connu de revers sérieux en cinq ans, si bien que désormais, Darth Oracci craignait de voir ses efforts et ses projets être réduits à néant. Cette peur la dévorait de l’intérieur tout en alimentant le foyer de sa frustration et de sa colère comme autant de bûches lancées dans une cheminée.

- Nos recherches en lien avec notre ami lorrdien sont inconnues des services secrets. Oui j’ai détourné une partie de leurs ressources afin de faire avancer mes propres projets et je crains aujourd’hui que Darth Malevolus s’aperçoive de ça. Il n’a aucune raison de se douter de quoique ce soit, mais je trouve ce timing assez dérangeant. Même si le contexte d’une guerre civile impose à l’Ombre de l’Empire de faire le ménage dans ses rangs, je trouve cette coïncidence trop grosse pour être le fruit du hasard. Sois vigilante et plus que jamais sur tes gardes…

Fit-elle sur le ton d’un aveu, sentant qu’elle pouvait avoir confiance en sa disciple sur ce coup. A moins qu’il ne s’agisse justement d’une mise à l’épreuve ? Elle restait énigmatique sur cette question et préféra embrayer sur son opinion concernant cette guerre civile opposant les forces de Darth Ramken à celles du Conseil Noir. Elle exposa la situation selon son point de vue, analysant ce conflit avec un œil avisé, du moins c’était ce que la Dame Sith pensait. Et en soit, cette observation était également un conseil, une leçon habilement dissimulée pour He’thu qui saurait lire entre les lignes tandis que la souveraine d’Umbara faisait quelques pas en direction de la table holographique.

- La guerre civile fait rage dans l’Empire et même si je ne peux décemment pas appuyer le règne d’Ysanne qui s’est montrée en reine paresseuse et outil du Conseil Noir, je ne suis pas certaine que Darth Ramken constitue le meilleur de ce que l’Empire a pu produire. Même s’il ferait toujours un dirigeant plus crédible que notre fuyarde… En soit c’était inévitable que cette situation finisse par se produire ma chère apprentie. La nature à horreur du vide, et dès l’instant ou un pouvoir parait trop distant, trop absent, trop faible il est naturel qu’un opportun en vienne à tenter sa chance et défie l’ordre établi. Je crains juste que cette tentative de putsch ne s’enlise et affaiblisse trop l’Empire…

Darth Oracci soupira et fit volteface pour se rapprocher de la jeune femme, posant sur elle un air grave et sérieux dans ce qu’elle allait révéler. Sa voix devint un peu plus ferme et assurée.

- Soyons bien clair : bien que de part mon affiliation aux renseignements impériaux, ma position actuelle et les données en possession de Darth Malevolus me concernant me contraignent à rester dans le camp qui détient le pouvoir pour le moment, à savoir les loyalistes… Nous devrons faire preuve d’agilité et de souplesse pour pouvoir retourner notre veste si jamais le vent venait à tourner. Nous avons la preuve que l’Empire n’est pas fiable et plus fragile qu’il n’y parait. Nous devons nous doter de notre indépendance, garder les coudées franches et si possible obtenir un certain contrôle sur l’Empire afin qu’il soit au creux de notre main.

Trahir l’Empire ? S’il fallait en arriver là pour assurer sa survie et ses ambitions, Darth Oracci n’hésiterait pas une seule seconde. La Dame Sith avait suffisamment fréquenté cet Empire pour voir ses failles et ses faiblesses. Sa rigidité, son inflexibilité quant aux vieilles doctrines le rendait contreproductif et inefficace. Un temps elle avait cru être capable de revendiquer le trône, mais la coup d’état de Darth Ramken lui avait ouvert les yeux. Un léger tremblement parcourut la Dame Sith. Mais un simple doute, une pointe de doute s'était insinué dans son esprit. Avec dégoût elle avait d'abord attendu que son propre pouvoir dissipe celui-ci, mais ce ne fut pas le cas.

Prendre le pouvoir de Dromund Kaas n’était pas le plus difficile : le plus délicat était encore de survivre, de se battre chaque jour contre ses opposants qu’ils soient dans les rangs de ses serviteurs ou des rivaux jalousant son pouvoir. Combien s'élèveraient pour contester son règne ? Darth Oracci se savait puissante, capable de terrasser ses ennemis avant qu'ils n'arrivent jusqu'à elle... et s'ils parvenaient jusqu'à la trouver, elle était encore capable de les anéantir. Malgré tout, un sentiment d'horreur lui avait envahi l'esprit, cette galaxie était peuplée d'individus plus coriaces et tenaces que tous ceux qu'elle avait pu vaincre... Et elle devrait les affronter. Tous les affronter. Seule.

Seule car ses adversaires finiraient à terme par éliminer ses plus fidèles associés, serviteurs et apprentis. Cette résistance acharnée que le Conseil Noir opposait à Darth Ramken serait sans doute le même type d'obstination à laquelle elle devrait faire face au sein de l'Empire si elle venait à gagner le trône. Encore et encore... Darth Malevolus avait été que le premier d'entre eux au cours de son existence, à la tête d'une longue litanie d'autres noms qui viendraient défier son autorité rien qu'au sein de l'Empire. Alors qu'adviendrait-il si les Jedi allaient se mêler ses affaires après ça ? Aussi une conclusion s'était imposée à elle, elle l'avait formulée à voix basse, dans un murmure...

« Je ne pourrai pas tous les vaincre seule...»

Dans pareille condition, impossible d’aller de l’avant tant le présent se rappelle continuellement à vous. Sly Keto devait continuer son œuvre, rassembler des serviteurs fidèles et loyaux autour d’elle, saper l’Empire de l’intérieur et resserrer son étreinte autour de la sphère politique de la République. Son organisation devait être faite dans le secret, dans la clandestinité comme une secte vivant dans l’ombre mais s’étendant comme un lierre autour des épais troncs d’arbre. La vérité avait été sous ses yeux depuis plusieurs années : « nul ne s’oppose à celui qui demeure introuvable ». Ce dicton umbaran l’avait en quelques sortes accompagné, dicté son existence comme un crédo, et ce n’était que maintenant qu’elle comprenait qu’il était la clef de voute essentielle à son triomphe. Elle reprit la parole pour expliciter un peu plus ce qu'elle venait de dire comme pour matérialiser davantage son propos dans le monde réel.

- Nous devons briser nos chaînes. Nous devons incarner, toi, Ganys, Idès et moi l’Ordre Sith. Quitte à ce que nous entrions dans une forme de clandestinité pour survivre. Nous ne devons pas être un feu consumant la République, mais un poison, un parasite destiné à transformer celle-ci pour que nous puissions gouverner sans que le quidam, les idéalistes, les Sith ou les Jedi ne suspectent notre véritable nature. Plus le temps avance, plus je réalise que notre pouvoir se doit d’être secret. Si l'Empire vient à s'effondrer, nous devrons avancer de manière insidieuse…

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Une troisième voie ? Ni la violence de Ramkem, ni la morbidité du Conseil Noir. Une troisième voie. Disparaître dans l’ombre, devenir les Ombres, des spectres dans les couloirs du Sénat, des spectres aux côtés des gens de pouvoir, manipulant les idées, biaisant les esprits. Est-ce pour cela qu’elle m’a ainsi introduite auprès du Chancelier ? Devenue la Main de la Chancellerie aussi bien que la Main ma Dame. Quelle toile est-elle parvenue à tisser ? Y parviendrons-nous seulement ? Le fil de l’épée semble si fin, et sa lame si affutée. Nous ne saurions en glisser sans qu’elle ne nous blesse, cruellement. Je La crois pourtant. Je crois en Son rêve. J’ai foi en Son intelligence et en Ses enseignements. Je m’incline, devant Elle, et sans un mot, je me retire.

Je me sais attendue. Je retrouve Idès dans la soute et, aussitôt, les échanges de coups débutent. Je trouve un réconfort dans sa brutalité. Dans la violence de ses coups, une honnêteté, une confiance. Elle ne complaît pas. Elle ne ménage pas. Elle n’attendrit pas. Elle frappe. Toujours pour tuer. Il n’y a que dans la violence qu’elle se forge et martelée par sa colère, je ne lui cède pas d’un pouce. Les étincelles dansent. Les lames fulminent. D’aucun trouverait nos premiers jeux curieux, mais c’est ainsi que commencent bien souvent nos chants.

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Nous avons toutes les trois un mauvais pressentiment. Nous nous trouvons dans un restaurant, le lieu de contact établi par le mystérieux commanditaire de ma Dame. Tous les signes, à l’entrée, ont été transmis et les retours codés également. Pourtant, toutes, nous sentons une tension qui ne devrait pas être, laquelle ne provient pas des clients environnants et notre contact, qui pourtant aurait déjà dû passer la porte du lieu, n’est toujours pas arrivé. D’aucun penserait que s’inquiéter de quatre minutes qui ont filé relève de la paranoïa. D’aucun ne se trouve pas au cœur d’une toile si vaste, si finement tissée, de complots et de duperie visant à faire tomber la tête d’un des Conseillers Noirs lui-même. Une voix, soudain, résonne dans tout l’endroit, faisant taire la musique tranquille. « Darth Oracci, vous auriez dû comprendre, enfin, quelle était votre place. L’Empire se passera désormais de vos services. Bonne continuation. »

Je n’ai pas attendu la fin du discours sépulcrale pour saisir le poignet de ma Dame et l’entraîner, aussi vite que la Force me le permet, à couvert du bar qui longe un mur du restaurant. Je n’arrive pas à saisir d’où vient l’explosion, sous notre table, peut-être ? Je suis balayée, Elle aussi. La chaleur, le noir.

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« Les ordres sont clairs, nous ne quittons pas les lieux tant que nous n’avons pas retrouver le corps sans vie de l’Umbaran. » Ma tête… Des sifflements… Tambour contre mes tempes. Du mal à respirer, du poids sur mon dos. Mes doigts. Mes doigts ? Je parviens à les remuer, à peine, et sens, Sa main ? Froide. Aussitôt, une inquiétude. Je m’efforce de déployer mon esprit dans la Force et… Je la trouve. Si faible. L’étincelle de Sa présence. Sans bouger, je tends mon esprit, davantage. A tâtons. Idès. Elle est là, aussi. J’ai le sentiment qu’à ce moment, elle est plus alerte que moi. – Capitaine, ici, nous avons un… – Feu, feu ! Celle-ci n’est pas... Oui… Bien plus alerte, et déjà, elle a commencé son funeste œuvre pour notre survie. Pour sa survie. Pour Sa survie. Les traîtres… Je ne vais certainement pas la laisser seule savourer ce festin. Puisqu’ils n’ont pas su achever la Bête, celle-ci les dévorera.

Ma haine, ma colère, la passion enflamme mes sens, mon pouvoir. Mon corps se fortifie, je parviens à bouger, lentement, à me défaire des débris qui couvraient jusqu’alors mes membres. La douleur, partout, dans mes muscles, mes os. J’y puisse une rage plus grande encore. « Seconde cible repérée, feu à volonté. » Oui, le feu, guidé par ma volonté. Mes lames éclairent la pièce fumeuse de poussière et de suie. La lumière glauque vient épouser le rouge de son halo. Nous avons, l’une et l’autre, plus que notre part.

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Les avons-nous semés ? Sommes-nous parvenues à tous les tuer ? Mon épaule. La douleur la maintient ballante. Je sens l’odeur de la peau et du tissu brûlé. Affaiblie, prise par surprise, ces taons sont parvenus à pénétrer mes défenses, un instant, et à piquer. Rien qu’une fois. Une cuisante fois. Une fois douloureuse. Arrivées sur la plate-forme, un temps plus tôt, nous avions assistées, impuissantes, à la destruction de notre navette. Le piège se referme, inexorablement. Les forces de Télos IV, pourtant, s’activent et ce troisième joueur, surgit sur un échiquier que nous ne comprenons qu’à peine, Idès et moi, joue davantage pour nous que contre nous. Les forces spéciales envoyées par notre adversaire ne peuvent plus aussi librement évoluée dans la ville. Leur principal atout fut la surprise et déjà, cette carte avait cessé de faire effet.

Nous avons repéré un cargo, en contre-bas, loin en-deçà des débris de notre vaisseau. Fantômes en fuite, nous avons furetés de proche en proche, jusqu’à lui. Son propriétaire semble signer les derniers formulaires l’autorisant à quitter les lieux auprès d’un droïde arborant la couleur des services portuaires locaux. Nous n’avons pas le temps de jouer dans la finesse, sa présence est-elle un signe du destin ? Je préfère y voir un hasard que je force. Son esprit ne résiste guère à mon intrusion, et, bientôt, nous quittons à ses côtés ce lieu maudit.

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« Pourquoi pars-tu ? Elle a besoin de nous, sur Umbara, elle est trop blessée pour… :: N’a besoin que de toi. Idès, ne joue ni l’innocente, ni l’outrée, ni la naïve. Depuis combien de temps ? Combien de temps ai-je attendu un geste de sa part ? Quelque chose ? J’ai été un outil, dans sa main, elle m’a trouvé une utilité, un temps, puis elle m’a négligemment reposée sur une étagère et depuis… – Elle est le Maître, tu es l’Apprentie, comment peux-tu juger de… :: J’ai eu d’autres maîtres, mon cou a connu bien d’autres brides. Je suis lasse, Idès, et profondément déçue. Et… Et je sens qu’on a besoin de moi, ailleurs. Au fond de moi, je dois aller voir. Je dois aller voir sur Kholma si… – Es-tu sérieusement en train d’envisager de trahir notre Seigneur pour courir au secours d’un simple larbin qui ne dispose même pas de notre pouvoir ?! Je la fixe, longuement, après avoir interrompu mes gestes. Elle fulmine, je sens sa colère, vibrante, mais aussi. Une peine ? Oh… Douce guerrière… :: – Idès… Est-ce Elle que je trahis ? ou toi ? :: Son expression se fige. Elle oscille. Sur un fil. Je n’ai qu’à pousser. :: Lors que tu seras aussi lasse que moi d’attendre qu’elle te flatte la nuque, mon amie, tu sauras où me trouver, je te le promets. Je n’ai pris qu’un peu d’avance, sur ce chemin, rien qu’un peu, et tu pourras toujours m’y voir au loin et me rattraper, l’heure venue. :: Le trait frappe. Ai-je frappé juste ? J’ai le sentiment que le temps est suspendu. Soudain, elle bondit en avant et me saisit. Ses lèvres viennent sauvagement rencontrer les miennes, tandis qu’elle me plaque de toute sa force contre la carlingue du vaisseau que je m’apprêtais à prendre. Elle déverse en moi sa passion, et aussi violemment qu’il s’est déclaré, l’orage se dissipe, l’amazone se retourne et s’éclipse. Je laisse s’échapper mon souffle coupé. Je suis heureuse d’avoir emporté cette passe d’armes, j’ignore si j’aurais pu faire de même le sabre à la main. Pour domestiquer un loup, il y existe d’autre voie que le châtiment.

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Kholma. Je regarde l’écran. Le voyage est long. Si long. Qu’ai-je laissé derrière moi ? Instinctivement, de mon vêtement, je sors le poignard. Saurais-je en prélever une infime partie de la garde afin de la transformer en perle ? Mon épaule, la douleur revient. J’ouvre le nécessaire médical que j’ai subtilisée en quittant le vaisseau de mon ancienne seigneure. Des injections de Kolto. Bien… Elles aideront mon corps. J’en garderai, pourtant car, sur Kholma, j’ignore ce que je trouverai. J’ignore même, à vrai dire, s’il y a encore quelqu’un à y trouver.

Fin
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