Après un passage auprès de plusieurs médecins et droïdes spécialisés, Dana Shar, Malaco Signavar et Suhm Zurim avaient été bien soignées toutes les trois. Bien entendu, certains gestes ou mouvements pouvaient paraître un peu douloureux car seul le temps permettrait de guérir de leurs blessures respectives, mais au moins pouvaient-elles se mouvoir seules et sans danger ou séquelle. Il en avait été de même pour Scilen qui avait été pris en charge rapidement une fois à bord du sanguinaire. Jezaïl Wilpott, après avoir été récompensée par les autorités impériales avait décidé de voler vers de nouvelles aventures, chose à laquelle le Conseil Noir ne vit pas d’inconvénient compte tenu de la sensibilité éventuelle des informations abordées dans le débriefing. Car oui, le Conseil noir avait demandé aux quatre Sith ayant participé à la bataille de Khar Delba, ou plutôt deux opérations spéciales sensibles, de se rendre sur Dromund Kaas pour y être interrogés et débriefés.

C’était un certain honneur pour l’ensemble de ces Sith, car il était très rare que d’autres Sith que des Seigneurs hauts-placés puissent être convoqués par le Conseil Noir. A situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles en quelques sortes. Le jeune Scilen semblait quelques peu soucieux et visiblement encore affecté de la perte de son maître sur Khar Delba, même s’il ne semblait pas éprouver d’animosité particulière à l’encontre de Suhm Zurim et de Lloyd Hope. Le bras en bandoulière suite à sa blessure à l’épaule où un projectile de fusil verpine l’a transpercé, il s’approcha rapidement du groupe, esquissant un sourire courtois à l’adresse de ceux-ci mais plus pour Dana.

- J’espère que vous êtes en forme, visiblement le Conseil Noir souhaite aborder ce qu’il s’est déroulé sur Khar Delba…

Le jeune apprenti avait noué une forme de respect envers Dana Shar qui avait été présente et donné de sa personne pour la réussite de la mission. Il lui était, en quelques sortes, très reconnaissant de sa fidélité et de sa loyauté au cours de cette opération dans les souterrains du temple de Moh Trekkar. Il salua les autres avec humilité en inclinant la tête. Le jeune zabrak ajouta d’un air anxieux.

- D’après ce qu’on a bien voulu me rapporter, Moh Trekkar serait vivant et entre leurs mains. J’ignore ce qu’ils vont lui faire, même si je présume qu’ils vont sans doute le torturer afin d’obtenir des renseignements avant de le faire disparaître…

C’était une évidence même. Le zabrak avait visé juste en s’exprimant mais au fond de lui, il en voulait surtout à son mentor de ne pas avoir fuit directement quand l’occasion avait été offerte par les loyalistes. Certes, les reliques qu’il possédait ne devaient pas tomber entre les mains des renégats, mais son avidité à ne rien céder l’avait conduit vers une mort certaine. Son sacrifice ne serait peut-être pas si inutile que cela si jamais les trésors du Grand Prêtre pouvaient révéler leurs secrets anciens et interdits. Scilen reprit la parole d’une voix un peu plus ferme et tremblante de rage qu’il contenait.

- Khar Delba est tombée et je sais que mon prédécesseur, Darth Curen, n’est pas étranger à la chute de ce système stellaire... Il m’a toujours regardé avec un mépris assez ouvert, car il savait que je finirai par le surpasser. Savoir qu’il est mort me soulage… j’espère qu’il a souffert avant de rendre son dernier souffle. Ce serait que justice…

Le côté obscur s’agitait autour du jeune apprenti Sith. Cette douleur provoquée par la mort de son mentor qu’il n’a su empêchée le poursuivrait à vie, pourtant ce serait cette même perte qui constituerait et alimenterait le feu de sa haine. Déjà, Malaco Signavar et Dana Shar pouvaient sentir en lui cette haine qui s’était développée, devenant chez lui une nouvelle énergie qu’il alimenterait pour progresser et obtenir sa vengeance. L’ambition de Scilen était claire : une fois sa formation achevée, il aspirait à devenir le nouveau Grand Prêtre de Khar Delba. Il reprit d’un ton plus sombre et agacé.

- La chute de cette planète est temporaire. Si nous triomphons, nous écraserons ces traitres jusqu’au dernier et nous reprendrons ce que nous avons perdu. Ce jour là, ce sera un immense honneur de servir à vos côtés pour reprendre ce qu’on nous a injustement volé.
- Mesdames, monsieur. Le Conseil Noir est prêt à vous recevoir. Veuillez me suivre je vous prie.

Déclara un droïde de protocole chargé de guider les cinq Sith jusqu’aux portes de la chambre du Conseil Noir. Scilen se tut et laissa les autres Sith mener la marche pour rester aux côtés de Malaco. Après quelques minutes de marche et plusieurs check-points passés avec brio, tous pouvaient constater que les mesures de sécurité de la Citadelle Impériale avaient été intensifiées depuis la tentative de putsch menée par les renégats. Les patrouilles de soldats du Clergé et de quelques membres de l’Inquisition ou de l’armée régulière avaient été affectées à améliorer la sûreté des lieux, assistés de plusieurs droïdes de sécurité ES-72 lourdement armés et modifiés. Quiconque se risquerait à attaquer le Conseil Noir serait abattu avant même de représenter une menace sérieuse pour ceux qui, tenaient les rennes de l’Empire de manière assez solidaire, ce qui était surprenant. Ils arrivèrent devant de très grandes et larges portes blindées qui s’ouvrirent pour les laisser passer. Le droïde s’écarta poliment, sachant qu’il était interdit pour lui d’aller plus loin. Il se contenta de montrer la direction à suivre en déclarant très simplement d’une voix obséquieuse.

- Je vous en prie, le Conseil Noir vous attend.

L’endroit baignait dans le Côté Obscur de la Force. C’était quelque chose à la fois d’enivrant et aussi de particulièrement angoissant pour les jeunes Sith qui eurent l’impression de plonger dans les ténèbres de la nuit. Darth Bekhaar, le Cardinal Noir trônait au fond de la salle, face à la grande porte signe qu’il présidait le Conseil Noir entier en l’absence d’Ysanne Ha’mi. A sa droite comme à sa gauche se trouvaient quatre sièges. A sa droite, alignés se trouvaient le chagrien et Gardien des Mystères Darth Odium, l’image holographique en apparence instable représentant quelqu’un en armure, Darth Malevolus l’Ombre de l’Empire puis Darth Senjak la Voix de l’Empire. Sur la gauche de Darth Bekhaar se trouvaient un twi’lek que Lloyd connaissait bien puisqu’il s’agissait de son maître, le Castellan Noir Darth Laduim. A gauche du mentor du jeune hapien, se trouvait un humain, Darth Varnak le Maître des Forges puis un siège vide, celui de Darth Indöles qui n’avait, pour l’heure, pas encore été remplacé. Les quatre Sith pouvaient sentir une atmosphère sinistre, froide et lugubre en la présence de sept seigneurs Sith si puissants dans la Force que leur présence – à l’exception de celle de Darth Malevolus bien évidemment- était capable de les écraser aussi bien physiquement que mentalement. L’assemblée les observa en silence du haut de leurs trônes leur donnant une position favorable de domination sur ceux qui étaient humblement conviés à faire leur rapport oral de leurs missions sur Khar Delba. Darth Bekhaar les observa s’agenouiller devant eux en signe de respect. Puis sa voix s’éleva, résonnant doucement contre les parois de la grande chambre du conseil Noir.

- Shar, Hope, Zurim, Signavar, Scilen… Relevez-vous.

Il marqua une pause qui parut interminable même si elle ne dura que deux secondes.

- Khar Delba est tombée aux mains des renégats. Et il apparait que le Grand Prêtre est désormais entre les griffes de l’infâme Darth Magamoth.

Son regard inquisiteur se posa sur Suhm Zurim ainsi que sur Lloyd Hope. Un long silence s’ensuivit alors qu’il porta son attention sur Dana Shar ainsi que Malaco et Scilen. L’image de Darth Malevolus changea brutalement pour prendre l’apparence d’un Hutt tandis que Darth Laduim caressait un de ses lekkus d’un air pensif. Le Cardinal Noir reprit la parole d’une voix plutôt sèche.

- Bien que cette opération d’exfiltration fut un échec, nous avons cependant pu mettre en sécurité les reliques du Grand Prêtre et procédé à une enquête pour dénicher au sein de la citadelle quelques traitres ayant facilité la tentative de putsch contre Ysanne Ha’mi.

Et nul doute que certains avaient du rapidement parler sous la torture… en attendant, Darth Bekhaar dirigeait l’Empire Sith, pas en qualité d’Empereur, mais de Cardinal, usant de sa position de numéro 2 pour assurer le leadership. Il devenait clair qu’une fois cette révolte matée, le Cardinal serait en excellente position pour revendiquer le trône. Ce dernier inspira un grand coup avant de joindre ses mains au niveau de sa taille, assis sur son siège il indiqua de manière un peu plus précise la nature de la venue des meilleurs éléments loyalistes de la bataille de Khar Delba.

- Maintenant j’aimerai que vous me décriviez de manière orale ce qu’il s’est déroulé sur Khar Delba. Notamment pour vous Signavar, je sais que vous ne faisiez pas partie de nos équipes d’assaut ce qui indique que vous avez retourné votre veste en pleine mission. Bien que la trahison soit punie de mort, le fait est que vous avez fait le bon choix en vous rappelant ou se trouvait votre loyauté. Et cette clairvoyance vous sauve la vie naturellement. Je m’interroge sur un point cependant, pourquoi ce revirement de situation ?

Darth Varnak semblait impatient d’entendre ce récit, tout comme Darth Odium. Laduim et Malevolus avaient l’air intéressés également mais plus secrets dans leurs intentions.

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Pas d'ordre de post spécifiquement établi, postez à la suite des autres normalement.

Quelques heures plus tôt… (Suite de [Seuls les administrateurs ont le droit de voir ce lien])

… Dromund Kaas apparaissait, sphère énorme et sombre, à travers la baie de pilotage du Sans-Visage. Le petit vaisseau attendait sagement le créneau d’atterrissage qui lui serait attribué, à l’astroport de Kaas City. Dans l’intervalle, un ballet de navettes, appareils de toutes tailles et de toutes sortes, se jouaient à la surface de l’atmosphère, frénétique comme une fourmilière en pleine activité.

Le briquet était tombé entre les mains de Lloyd qui l’avait rattrapé de justesse contre sa poitrine. Le hapien ne quitta pas son siège, se contenta de lever un regard vers l’Inquisitrice, qui se penchait depuis le fauteuil du pilote, une cigarra entre ses lèvres pincées.

- Tu peux m’allumer ? demanda-t-elle.

Il ne dit rien et se contenta de tendre le briquet en l’activant du bout du pouce. Il y eut un clic et il regarda Dana inspirer. Le bout de la cigarra rougeoya, la lueur de la braise se refléta dans les pupilles dorées. Elle portait un pull gris, dont émanait leur odeur à tous les deux. Mélangée.
Il y eut un moment de silence, pendant lequel le hapien regardait les volutes de fumée s’échapper des lèvres de la Sith.

- Il vaudrait peut-être mieux que nous y allions séparément, soupira-t-il.

Personne ne doit savoir. Qu’allait-il faire de la caisse dans la soute ? Il aviserait plus tard, le Conseil Noir ne pouvait attendre davantage.
Le hapien détourna un instant le regard, pour faire face à l’horizon courbe qui se dessinait élégamment sous leurs yeux. Mais bientôt il la regarda de nouveau, avec un sourire en coin.

- Et t’avises pas de m’allumer devant eux, fit-il sur un ton ironique, puis il se redressa pour quitter son siège.

En se levant, il glissa ses doigts dans le cou de l’Inquisitrice, avant de s’incliner vers elle. Sa joue effleura la sienne quand il se pencha pour déposer un baiser à la naissance de sa nuque.

- Sinon je ne réponds plus de rien, chuchota-t-il tandis que son souffle s’échouait dans la chevelure de jais. Conseil Noir ou pas, je te dévore.

Il s’en alla subitement, la laissant seule dans le cockpit.

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-------

-------Echec.

Le hapien avait senti la chaleur de l’irritation envahir ses entrailles au mot qu’avait utilisé Darth Bekhaar. Lloyd était d’accord avec cette analyse, bien sûr, mais faire partie de l’équipe qui avait commis cet échec l’avait fait serrer les poings tandis qu’il regardait droit devant lui, ignorant les yeux perçants de Darth Laduim qui pesaient sur lui. Dans ce regard, il n’y avait ni clémence ni pardon. Le Castellan Noir ne fonctionnait pas ainsi. Mais Lloyd savait que leurs petites affaires ne se règleraient pas ici, au vu et au su du reste du Conseil où se trouvaient sans nul doute des rivaux de Darth Laduim. Non, le Twi’lek attendrait un moment plus propice. Un moment seul à seul.
Alors, le hapien paierait son échec.

Pendant que les jeunes Suhm et Malaco s’expliquaient, le hapien repensait à ce que la Twi’lek était venue lui dire. Il n’avait pas eu le temps de répondre à ses excuses. Il s’était contente de froncer les sourcils, incertain. Des excuses ? Il n’était pas habitué à en entendre, et certainement pas de la part de jeunes Sith. Il s’était contenté de la regarder retourner à ses occupations avant qu’ils entrassent tous dans l’antre de leurs aînés.
Maintenant qu’il l’écoutait parler, cependant, il se rendait bien compte que Zurim avait décidé de jouer la carte de la reddition jusqu’au bout. Après sa déclaration, il y eut un silence, et le hapien baissa les yeux avec un soupir, avant de s’avancer à son tour. Il savait que chacun se devait de s’expliquer. Après tout, il était le plus expérimenté dans cette équipe, et pas celui qui leur avait rapporté la victoire. Son pas le conduisit à faire face au Conseil, près de Suhm comme ils avaient été l’équipe Krayt quelques jours plus tôt. Il prit une inspiration avant de s’exprimer, soutenant le regard des Seigneurs Sith.

- L’apprentie Zurim et moi avons failli. Ensemble, précisa-t-il. Le Castellan m’avait confié la responsabilité de cette mission et l’échec est dû à de multiples facteurs. Outre notre manque de coordination, Moh Trekkar a joué avec le feu : il avait la possibilité de se défendre ; le chemin lui était ouvert pour qu’il puisse fuir avec nous, mais il a refusé. Il souhaitait voir qui l’emporterait. Il n’a compris que trop tard que le camp adverse n’allait pas l’épargner. Il a payé son audace par sa propre capture. Peut-être même de sa vie, à l’heure où nous parlons.

Il y eut un nouveau silence. Darth Laduim passa sur son menton une main soucieuse, sans quitter Lloyd des yeux, qui consentit enfin à échanger avec lui un regard honnête. Le Castellan se pencha en avant. Sa peau carmine tranchait avec son accoutrement noir, et lorsqu’il se leva, sa haute taille le fit surplomber les quatre Sith qui se présentaient au Conseil Noir. Le Twi’lek se mit à marcher, passant derrière Suhm en posant sur elle un regard maniéré, puis derrière Lloyd, dont le souffle s’était un peu accéléré. Le hapien réprima un frisson, ses yeux s’écarquillant sensiblement.

Il n’allait pas oser. Pas devant tout le monde. Pas devant…

Mais non, il le sentit s’éloigner de lui, déjà. Le Castellan marcha jusqu’à Dana Shar, qui ne s’était pas encore exprimée. Le Twi’lek lui réserva le même regard condescendant qu’à Suhm, passant devant elle en avisant brièvement la cicatrice qu’elle avait à la lèvre. Il la contempla un moment en silence, avant de revenir vers Lloyd.

- Je suis déçu, déclara-t-il d’une voix amère. L’alliance de nos armées et du Clergé devrait nous rendre invincibles. Je ne veux plus entendre… d’excuses.

Il avait prononcé ce dernier mot avec sévérité, à l’adresse directe du hapien, qui ne pipa mot. Lloyd savait bien ce qui gênait son maître : que la faiblesse soit venue des armées elles-mêmes. Celles qu’il commandait. Le nombre de ses alliés, et donc sa puissance au Conseil Noir, s’amenuisait avec cette nouvelle configuration.
Darth Laduim posa sur l’épaule de Lloyd une main qui paraissait confiante, mais les ongles du Sith s’enfoncèrent dans l’uniforme du hapien jusqu’à instiller une douleur désagréable. Lloyd s’efforça de rester impassible tandis que le Castellan s’adressait à ses confrères.

- Les dissidents qui se trouvent dans les rangs de nos armées reviendront dans notre camp ou ils mourront, trancha-t-il de façon abrupte. Hope y veillera personnellement, pour racheter cet échec, n’est-ce pas ?

Le hapien déglutit.

- Oui, maître, souffla-t-il d’une voix sans émotion.
- Bien.

Il lâcha l’épaule de Lloyd, qui respira un peu mieux.

- Je veux seulement m’assurer que le Clergé sera en mesure de collaborer efficacement dans cette stratégie, ponctua Darth Laduim en retournant vers son siège.

Dana avait soutenu le regard du Castellan Noir quand il lui avait fait face.
Et si elle avait été impressionnée ou terrorisée par son aura, elle n’en laissa rien paraître. Son visage n’avait été qu’un masque de cire contrit qui couvrait la haine et ce feu de colère qui grondait en elle. Un moment, elle eut peur qu’il sente sur le pull qu’elle portait, l’odeur de son apprenti. Elle tâcha de ne pas trop y songer, de peur qu’il ne puisse lire dans son esprit comme les puissants siths le pouvaient. Dana se concentra et détourna ses pupilles dorées vers Bekhaar qui trônait à l’image de l’empereur qu’il avait toujours été.

Elle les avait tous écoutés. Malaco, Suhm, Lloyd. Rien de bien reluisant. Rien qui ne justifie une éventuelle satisfaction des membres du Conseil Noir. Et elle se sentit complètement submerger par la colère, parce qu’elle refusait de partager l’échec, là où elle avait sacrifié sa chair pour réussir. Elle refusait que Laduim porte sur elle ce regard condescendant alors qu’il était l’unique responsable de cet échec monumental quand on savait que de nombreux généraux avaient trahi son autorité ; dont le général Takeda, dont le général Magamoth. Dès que le Castellan regagna son siège et qu’elle fut le centre de l’attention restante, elle hésita. Qu’y avait-il à dire ?




Ses talons hauts claquèrent contre le dallage sombre au moment où elle sortit des rangs pour s’exprimer. De son passage à Khar Delba ne demeuraient plus que des cernes violacés et une coupure propre et nette à la gorge. Et ses pas résonnèrent encore quand elle s’affranchit de l’immobilité pour se diriger vers Malaco, tout en rendant son rapport aux supérieurs concernés.

-Les renégats ont eu les moyens de payer un mercenaire visiblement redoutable. Il avait un équipement que la Force ne pouvait contrer. Et je pense que si vous aviez envoyé un homme à ma place, le trésor serait actuellement entre les mains des traîtres. Mais nous avions des apprentis dévoués de notre côté, n’est-ce pas ? De véritables Siths.

Un sourire pâle franchit le masque figé pour s’étendre à Malaco et Scilen qui côte à côté, représentaient les apprentis dévoués qu’elle évoquait. Elle n’avait pas oublié la témérité de la togruta qui lui avait permis d’échapper aux griffes de Joseph. Et ce sourire et ce compliment étaient les seuls signes de reconnaissance qu’elle transmettrait à Signavar et au zabrak. Elle se détourna ensuite vers le Cardinal Noir.

-J’ai dû harceler ce mercenaire afin de protéger le convoi pour qu’il puisse progresser. Plusieurs fois ce « Mando » a voulu s’en prendre aux esclaves qui transportaient les reliques. Et quand mes limites ont été atteintes, l’apprentie Signavar ainsi que notre contractuelle, Jezaïl se sont chargées de lui. La priorité a été ensuite, pour moi, d’aider l’apprenti à Scilen à mener le trésor jusqu’à la navette. En résumé, nous devons notre victoire à une espèce de…travail d’équipe, une union qui a fait hélas défaut à d’autres. (Et elle se retourna vers Suhm Zurin pour la darder d’un regard assassin.) S’ils avaient eu cette qualité, peut-être que…Moh Trekkar serait parmi nous. Et Si l’apprentie Signavar a retourné sa veste du bon côté, d’autres en revanche….

Et ses yeux glissèrent lentement vers Darth Laduim. Elle prit le ton le plus déférent possible qui contrasta avec son propos à suivre :

-Ont cru bon de quitter l’alliance invincible. C'est pourquoi nous avons tous été surpris quand le général Magamoth nous a donné un ultimatum, menaçant toutes nos opérations. Un général autrefois si renommé dans nos rangs. Mais jamais nous ne nous serions laissé abuser par cet enfoiré de traître. J’étais prête à mourir en le confrontant plutôt que de lui remettre le trésor. Nous étions tous prêts à mourir.

A cette affirmation sincère, elle dirigea brièvement son regard vers Lloyd.

-Et nous serions prêts à mourir pour l’Empire, et pour vos Seigneureries.

Elle ménagea un silence et ses pas la menèrent devant l’hologramme de Darth Malevolus qui avait encore changé d’apparence. Elle baissa la tête en signe de respect.

-Et nous remercions le Seigneur Malevolus pour avoir permis notre exfiltration. J’aurais aimé être sur le croiseur de Magamoth, juste pour voir sa tête au moment où il découvrait qu’il était trop tard. Il a remporté le Seigneur Trekkar, mais il a aussi subi une humiliation qui va lui coller au cul jusqu’à la fin de sa pauvre vie de merde, qui sera très courte puisque nous remporterons la victoire bientôt.

L’Inquisitrice recula ensuite dans les rangs, se plaçant entre Scilen et Suhm. Elle n’attendait pas spécialement de félicitations, ou de lauriers. Il n’y aurait qu’un fou pour clamer que l’opération lancée par les Loyalistes avait été un franc-succès. Ils avaient gagné le trésor, mais à un prix beaucoup trop élevé : la perte de Trekkar, la perte de Khar Delba et dans son sillage, de nombreuses autres planètes. Toutefois, il fallait être aveugle pour ne pas voir qu’ils avaient limité fortement les dégâts. Sans le trésor, la victoire renégate aurait été totale.

Et cela, personne dans cette pièce ne l’aurait souhaité.

Darth Bekhaar demeura silencieux de longues secondes après les différents échanges ayant eu lieu. Malaco Signavar détailla sa propre situation et fit son rapport en faisant mention de ses motivations à avoir, pour un temps du moins, collaboré avec les renégats pour assurer sa survie avant de profiter de la première opportunité offerte pour retourner sa veste. Habile, mais ce type de déloyauté pouvait se reproduire si elle était à nouveau contrainte sous peine de mort à collaborer avec les renégats. Le Cardinal n’avait aucunement confiance en elle, mais sa trahison de la cause renégate fit qu’il lui accorda au minimum le bénéfice du doute, l’empêchant de facto de la mettre aux fers avant de l’exécuter. Si jamais Malaco Signavar décidait à nouveau de retourner sa veste en fonction du sens du vent, alors Darth Bekhaar enverrait un ou deux inquisiteurs s’assurer qu’elle regrette cette erreur.

- Certains de nos rapports indiquent effectivement que certains renégats participent à cette insurrection de manière contrainte. Les propos de l’apprentie Signavar ne sont pas incohérents avec les observations faites par certains de nos agents.

Souligna Darth Malevolus dont l’apparence était désormais celle d’une femme en uniforme impérial.

- Vous avez fait le bon choix apprentie car il vous permet aujourd’hui de vivre librement. Tâchez cependant à continuer de vous rappeler de vos serments à l’avenir et à faire preuve de lucidité dans les décisions que vous prenez.

Fit simplement le sinistre dirigeant du Clergé Sith sur un ton un peu froid qui était à la fois un conseil à prendre en compte, mais également une menace voilée. Un écart pouvait être toléré, deux certainement pas. Le Cardinal Noir écouta ensuite les propos de Suhm Zurim dont il avait récemment entendu parler pour avoir été affectée aux Sith sous la coupe du Grand Inquisiteur Darth Khorog. Elle reconnut ses torts et fut prête à mettre sa vie dans la balance pour racheter l’échec de sa mission, faisant porter l’entière responsabilité de la disparition du Grand Prêtre sur ses épaules. Le Cardinal plissa les yeux en l’écoutant parler : il comprit alors pourquoi le draethos l’avait choisie. Sa dévotion envers la cause de l’Empire la poussait à mettre sa tête dans le billot pour ses péchés, une preuve de fidélité qui se faisait bien rare en ces temps troublés. Puis vint le tour de Lloyd Hope qui s’avança pour préciser qu’il était tout aussi responsable que Suhm Zurim dans cette histoire, rappelant que le Castellan lui avait confié le leadership sur cette mission.

Il expliqua un manque de coordination ainsi que le tempérament têtu de Trekkar pour justifier son échec. C’est alors que la réaction de Darth Laduim fit hausser un sourcil au Cardinal Noir. Son intervention avait causé une attention particulière de la part des autres membres du Conseil Noir tandis qu’il fit part de sa déception envers Hope devant l’ensemble des Seigneurs Sith présents dans cette chambre sacrée. Ils restèrent silencieux, bien que Darth Varnak réprima un soupir devant le numéro du twi’lek. Et tandis qu’il s’exprima en interpelant indirectement Bekhaar, ce dernier se détendit alors sur son siège et lui répondit en priorité.

- Soyez assuré seigneur Laduim que le clergé collaborera de manière active à cette stratégie. Hope sera à la hauteur de la tâche que vous lui avez confiée sinon vous ne placeriez pas autant de confiance en lui. Il va notre intérêt mais aussi du vôtre.

Les yeux mordorés du Cardinal se posèrent sur le jeune Lloyd Hope avant de filer en direction du twi’lek. Darth Laduim et Darth Bekhaar échangèrent un regard lourd de sous-entendus. Darth Laduim était en position fragilisée, et le Cardinal Noir, dans l’hypothèse où le Castellan deviendrait un poids pour le Conseil plus qu’un atout, n’hésiterait aucunement à favoriser l’ascension d’un nouveau Castellan plus fiable et ne souffrant pas d’une réputation en berne après un coup d’Etat. Pour l’heure, c’était bien Darth Bekhaar qui dirigeait l’Empire dans l’attente d’un nouveau dirigeant. Si Lloyd Hope échouait à nouveau, cela ne viendrait que décrédibiliser davantage le Castellan Noir après son petit jeu de parade. En soit le Cardinal ne lui en tenait pas rigueur, c’était une réaction normale de sa part. Mais s’il souhaitait jouer avec le feu, et perdait pied avec les réalités imposées par un contexte de guerre civile par égo, alors neutraliser le twi’lek deviendrait un impératif pour l’homme fort de l’Empire Sith. Darth Bekhaar reposa son attention sur l’autre twi’lek présente, Suhm Zurim pour reprendre.

- Votre dévotion n’est pas à prouver Zurim. Cependant il n’appartiendra qu’à vous de laver la honte de cet échec. Je remets votre sort entre les mains du seigneur Darth Khorog qui sera plus à même d’estimer si vous saurez faire preuve de la détermination et de la compétence nécessaire pour vous racheter et faire oublier cette défaite.

Il marqua une courte pause durant laquelle il s’enfonça dans son siège, sûr de son autorité et de son pouvoir avant de reprendre la parole concernant la perte du Grand Prêtre qui agaçait le Cardinal Noir. Bekhaar était proche de Trekkar, et même s’il pouvait lui porter de l’estime, il l’avait trouvé particulièrement malavisé de ne pas avoir quitté Khar Delba beaucoup plus tôt.

- Trekkar était un homme compétent mais particulièrement borné que j’avais déjà sommé à deux reprises de se replier sur Dromund Kaas. Je vous ai envoyé là bas pour justement le ramener ici. Son obstination et son arrogance sont responsables de sa perte en très grande partie, mais fort heureusement son trésor n’est pas tombé entre les mains de Darth Ramken.

Vint le tour de Dana Shar de s’exprimer. Il semblait évident que l’humaine semblait éprouver une certaine once de rancune à l’égard de Suhm Zurim ce qui éveilla l’attention malsaine de Darth Bekhaar qui se demanda combien de temps cela prendrait pour que l’une des deux ne finisse par attaquer l’autre, et surtout laquelle survivrait à ce duel s’il devait avoir lieu. Mais l’heure était plutôt à du concret plutôt qu’à observer un spectacle indigne de l’intérêt d’un Seigneur Sith. Shar n’avait pas froid aux yeux et ses allusions étaient assez claires même si elle semblait y mettre les formes en soulignant l’importante participation de l’Ombre de l’Empire ainsi que les participations de Scilen et de Malaco Signavar. Le zabrak fit un rapport sobre et sans se perdre dans des considérations non pertinentes, il énonça simplement les faits. Il était de toute évidence très impressionné et intimidé d’être en face du Conseil Noir et semblait en même temps se considérer indigne d’un tel honneur compte tenu de son inexpérience et de son rang d’apprenti. Trekkar lui avait inculqué les vertus de l’humilité, le zabrak savait ou était sa place dans l’Empire Sith et pour cela, il avait été un bon tuteur.
Darth Malevolus fit un léger signe de tête devant le compliment de Dana Shar et son image holographique prit l’apparence d’un chagrien qui esquissa un très léger et énigmatique sourire sur le coin de ses lèvres. Ce fut lui qui prit la parole pour introduire davantage le fameux Joseph Vankrayn qui, même s’il avait été tenu en échec, avait su être une menace sérieuse pour les agents du Conseil Noir envoyés sur Khar Delba extraire les artefacts de la salle du trésor.

- Vankrayn est un chasseur de primes redoutable ayant déjà rempli des contrats pour le compte de l’Empire. Ses compétences en font sans doute l’un des plus efficaces et professionnel de la galaxie à l’heure actuelle. Mais gardez bien en tête qu’il n’est qu’une arme, un mercenaire. Il n’a aucune loyauté à l’égard des renégats si ce n’est celle de l’argent promis. Bien qu’il soit une menace, il est très loin de représenter une cible prioritaire pour nous, et vos dires ne viennent que confirmer sa réputation : peut-être ferait-il un contractuel de choix si nous sommes suffisamment compétitifs en termes de récompense…

Darth Bekhaar leva un doigt en direction de l’Ombre et répondit d’un air pensif.

- C’est une opportunité à ne pas écarter si d’aventure, nous aurions besoin de ses services sous réserve de prendre les précautions suffisantes…

Mais il reposa son attention sur la jeune Dana Shar et ajouta d’une voix sinistre tombant comme un couperet bien aiguisé sur les frêles nuques de ces jeunes Sith.

- Cependant ne sous-estimez nullement Darth Magamoth. Aucun d’entre vous n’aurait eu la moindre chance de survie face à lui, et même si vous êtes parvenu à filer entre ses griffes grâce à la participation des agents de Darth Malevolus, ce revers qu’il a pu subir pourrait rapidement être oublié. Il a pris le Grand Prêtre et Khar Delba avec ses troupes ce qui le rend très menaçant pour l’Empire Sith d’un point de vue stratégique. La désertion de l’impératrice n’a fait que compliquer la tâche et entamé le moral de nos troupes.

Séparément, aucun des Sith présents devant le Conseil Noir n’aurait eu la moindre chance de survie face à Darth Magamoth. Ensemble, peut-être qu’en laissant à certains de se sacrifier, les autres auraient eu une chance de prendre la fuite avant de subir le courroux du général Sith. Mais l’altruisme n’était pas une vertu Sith… Darth Laduim reprit la parole d’une voix froide.

- Korriban et Dromund Kaas sont directement menacées par ses flottes à présent. J’ai déjà donné l’ordre à nos meilleurs éléments de se rassembler et de se tenir prêts à défendre ces deux systèmes vitaux pour l’Empire. Si pour le moment ils bénéficient de l’initiative et de la surprise, cet avantage ne durera pas dans le temps, et en dépit de nombreuses défections dans nos rangs, nous contrôlons encore suffisamment de systèmes et de ressources pour leur compliquer la tâche et conserver l’avantage en termes d’effectifs et de moyens. Plus ce conflit durera, plus il sera en notre faveur. Dans le même temps nous réfléchissons déjà des moyens de riposter de manière efficace là ou notre ennemi est le plus faible. Nous ignorons encore comment la République se positionnera face à cela. Nous savons qu’ils sont assez décontenancés et encore hésitants à agir ou ne pas agir. Mais plus la situation durera, plus il serait tentant pour le chancelier S’orn de rompre le traité de paix pour tenter de nous anéantir et s’assurer un second mandat. Nous ne devons pas non plus exclure le risque que les dissidents aillent lancer des offensives sur des mondes républicains pour les forcer à agir en ce sens. Une offensive sur deux fronts sera intenable pour nos forces…

Darth Varnak resté silencieux jusque là fit craquer ses doigts entre ses jointures. Il avait l’air indéchiffrable, sans doute obnubilé par des calculs et estimations budgétaires et logistiques, aussi ce fut quelques peu surprenant de l’entendre s’exprimer d’une voix très calme presque sereine qui indiquait qu’il était très sûr de lui.

- Je me suis chargé de mettre en place les contremesures planétaires pour que Dromund Kaas soit prête avec les forces de Darth Laduim à subir un assaut total. Nous tiendrions en état de siège pour de longues années avec un rationnement efficace, cependant la coupure des chaines d’approvisionnement viendrait à fragmenter notre pouvoir et diviser l’Empire entre poches loyalistes. Je reste confiant en nos chances de victoires.

Pour le Maître des Forges, seule la logistique et la finance pouvaient déterminer le vainqueur et le perdant d’un conflit. Pour l’heure, Darth Varnak restait serein dans les capacités industrielles du Conseil Noir, et l’installation de ces fameuses contremesures constitueraient à ses yeux, une surprise à laquelle ne s’attendraient pas les renégats s’ils venaient à attaquer Dromund Kaas. Korriban n’avait aucune valeur dans l’esprit fait de rouages et de statistiques du Maître des Forges. Darth Odium s’exprima ensuite d’une voix grave et monocorde…

- La victoire vous avez arrachée est peut-être temporaire : si les renégats gagnent cette guerre alors ces artefacts tomberont entre les mains de Darth Ramken. Korriban est aussi exposée à une attaque de grande envergure, mais s’ils veulent retrouver ces trésors rapidement ils ne feront pas de bombardement orbital pour ne pas les enfouir mais des bombardements classiques. La bataille au sol sera acharnée pour les renégats en cas d’attaque car nous n’hésiterons pas à avoir recours aux acolytes et apprentis si jamais la situation devient intenable au Temple. Même si les troupes de Darth Laduim pourront opposer une défense sur laquelle ils pourraient se briser.

Le hapien était resté stoïque, mais ses mâchoires et ses poings s’étaient serrés tandis qu’il s’efforçait de regarder droit devant lui. Il ne put néanmoins empêcher un bref instant ses yeux de se poser, circonspects, sur l’Inquisitrice. Mais l’instant suivant il était redevenu stoïque et silencieux, les mains nouées dans le dos comme tout militaire. Il conserva ce masque les longues minutes que durèrent les échanges du Conseil Noir, qu’aucun des convoqués n’osait interrompre.

Puis il y eut un silence, des échanges de regard. Le hapien supposa qu’on était sur le point de les congédier. Il prit rapidement une inspiration pour prendre la parole avant qu’il ne fût trop tard.

- Si je peux me permettre, intervint-il d'une voix maîtrisée. Je ne peux parler que de ce que je connais, mais le moral des troupes risque de vite s’affaiblir si nous jouons le temps en pensant que celui-ci sera en notre faveur. Les hommes qui emplissent nos bâtiments n’espéraient pas sortir des affrontements contre la République pour se battre contre leurs anciens camarades ou des troupes venant de leurs propres mondes d’origine.

Certes, dans l’Empire, les soldats exécutaient les ordres. C’était même ce qui faisait la force de leur armée : une discipline à toute épreuve. Pour autant, Lloyd avait appris dans les rangs de la Marine tout l’intérêt de disposer de troupes motivées, ayant la sensation de se battre pour les bonnes causes. Pendant la guerre contre la République, les arguments ne manquaient pas : on défendait l’Empire, cet Etat puissant que le reste de la galaxie s’amusait sans cesse à blâmer, cet Etat dont on était fier. Mais maintenant ? On retournait se battre contre son monde natal, et il ne serait plus possible de remettre sur la République la faute de milliers de civils fauchés dans les batailles.

- Si un écrasement rapide des renégats n’est pas au programme, il sera judicieux de prévoir de quoi redonner du sens à l’engagement de tous ces soldats qui manœuvrent nos croiseurs.

La question resterait : qu’est-ce qui pouvait donner du sens ? Les motiver à se battre contre une menace interne, mais dans l’espoir de quoi ? Si les Sith paraissaient se tirer constamment dans les pattes, la masse énorme de non-sensibles à la Force qui constituaient leurs forces vives auraient tôt fait de perdre confiance en leurs supérieurs hiérarchiques, qu’étaient précisément les Sith. Sans compter le risque de perdre la confiance, non de la chair à canon, mais des élites de l’armée.

Lloyd eut une brève pensée pour l’Amiral Antarxarxès. Son séjour à bord de l’Egide avait été trop court pour qu’il pût apprendre suffisamment à son goût, mais il avait eu envie de revoir le commandant de ce navire. Penser que ce genre d’individus put être découragé à travailler avec les Sith à cause de leur inconstance plongeait le hapien dans une consternation profonde. Mais qu’y pouvait-il, à part jouer au chien du Castellan, dans l’espoir de faire entendre une voix qui venait du terrain et donc, de si loin de ces Seigneurs qui trônaient dans leurs sièges où la stratégie n’avait plus le même sens, le même impact sur des camarades, des voisins de chambrée, des partenaires de vol ?

Dana ne s’attendait pas à des vivas de joie dans le Conseil Noir, mais elle ne s’était pas attendu à voir des membres aussi prudents, qui ne prenaient pas la mesure que l’expression victoire en demi-teinte comportait tout de même le mot victoire. Elle observa Scilen dont les yeux bas et déférents ne cachaient pas les traces des récents combats comme le prouvait son bras immobilisé. Une victoire temporaire, c’était tout de même une victoire. Shar était peut-être trop pétrie d’orgueil ou d’autosuffisance, mais elle refusait de songer une seconde à la défaite. Songer à la défaite, ce n’était pas de la tactique pour elle, ni de la prudence : c’était simplement ne pas concentrer toutes ses volontés sur la victoire.

La voix familière de Lloyd la sortit de sa morosité soudaine. Et elle leva les yeux au ciel dès qu’il termina son intervention durant laquelle elle avait poussé des soupirs silencieux d’agacement. Elle avait bien tenté de lui faire de gros yeux pour qu’il se taise plus tôt, mais cela n’avait servi à rien. Alors dès que le silence retomba, elle fit un pas en avant pour sortir des rangs et exprimer son désir de s’exprimer, de répondre à ce qu’elle venait d’entendre.

- Et comment croyez-vous que le moral des troupes est dans le camp de Ramken, Capitaine Hope (Elle avait insisté sur le grade et le nom, ainsi que sur un vouvoiement dont le ton acerbe couvrait le sarcasme à peine cinglant.) Nous sommes des Siths. Les soldats obéiront au plus fort. Ils iront là où le plus fort leur dira d’aller. Parce que nous avons quelque chose qu’ils n’ont pas.

Elle leva sa main, dont les doigts ressortaient timidement de la manche trop grande du pull gris qu’elle portait et serra le poing. Hope reçut un coup sec et douloureux à la gorge au travers de la Force dont elle usa sans ciller pour lui faire la démonstration. Il était un officier Sith, lui-même devait savoir que la Force, l’intimidation, suffirait à pallier le manque de mental. La terreur et la douleur faisaient des miracles, c’était aussi l’une des voies qu’on leur avait enseignées.


- Le Clergé Sith se fera un plaisir d’aider à remonter le moral des troupes, dans l’optique de l’alliance invincible. (Et elle darda ses prunelles dorées sur Laduim) L’Inquisition Sith et la propagande de la Pureté sont deux vecteurs, l’un de coercition quand le second – sensé suscité l’engouement échoue. Et je présume, Capitaine Hope, que notre estimé Castellan Noir sait parfaitement qu’il est contre-productif d’envoyer des soldats combattre sur leur propre monde natal et que l’Etat-Major s’est assuré de sonder les effectifs pour dispacther ces derniers là où l’affectif sera le moins susceptible de jouer. J’suis pas stratège, mais ça me semble évident ? L’Inquisition Sith n’acceptera aucune désertion dans les rangs impériaux et chaque Inquisiteur sera prêt à répandre la terreur et faire des exemples de ceux qui auraient l’audace de penser rejoindre les rangs de Ramken.

Dana dévoilait cette part d’ombre qu’enracinait un profond fanatisme. Comme toute Inquisiteur, elle avait voué sa foi à la religion Sith, à l’Empire, avait mis son bras armé au service de ce dernier pour que perdurent les Sith. Elle n’avait pas envie d’entendre que le moral des troupes prenait un coup, que des simples soldats ou des généraux se détourneraient volontairement du Conseil Noir dont les membres éminents représentaient ce qu’il y avait de plus fort dans l’Empire, bien qu’elle doute de cela concernant Darth Laduim.

- Alors Capitaine Hope, peut-être feriez-vous mieux de rejoindre une frégate et de participer activement aux combats. De prévoir peut-être un numéro de poledance entre temps pour remonter le moral des troupes (l’ironie de cette suggestion était évidente.) Les soldats seront en outre ravis, de voir que votre monde natal, Hapès, ne sera jamais concerné.

En gros, elle lui expliquait qu’il était l’hôpital qui se foutait de la charité.

- C'est pas le cas de certains d’entre nous.

La référence à Ch’Hodos était claire.

- Et si je dois montrer l’exemple et aller sur Ch’Hodos combattre les miens et brandir la tête de ma propre génitrice devant toutes les holocameras de l’Empire, je le ferai volontiers.

Très claire.

Par réflexe, Lloyd avait porté sa main à sa gorge. Il se défendit en silence, serrant les dents tandis qu’il récupérait peu à peu sa respiration, repoussant l’assaut invisible de Dana, avant de lui jeter un regard assassin : à quoi tu joues, bordel ? Ses prunelles émeraudes la fixèrent longuement tandis qu’elle débitait son point de vue.
Quand elle cessa enfin son assaut, plutôt que de rétorquer par la Force, il serra les poings dans ses gants de cuir pour se maîtriser. Il n’était pas question d’en venir aux mains devant le Conseil Noir.

- Jus-te-ment, rétorqua-t-il avec une lenteur glaciale. Les troupes de Ramken pensent peut-être renverser le poids d’un leadership qui ne leur convient pas, elles n’ont pas le sentiment de trahison qu’ont peut-être les nôtres en ce moment-même. C’est un avantage qu’ils ont sur nous et fermer les yeux sur nos faiblesses nous a déjà causé bien des déconvenues ces derniers mois.

Pendant quelques secondes chargées d’un silence électrique, ils s’affrontèrent du regard. Le hapien étrécit les yeux. Il n’aurait pas, contrairement à elle, la fourberie de l’attaquer par une Force invisible. Il avait mieux.

- Je ne pensais pas aux spectacles de bas étage dont vous avez le secret, Madame l’Inquisitrice, persiffla-t-il avant de se tourner de nouveau vers le Conseil Noir, évitant soigneusement le regard de son maître, auprès de qui il ne voulait rien trahir de ses antécédents avec Dana Shar. Je pensais à un positionnement clair de la part du Conseil Noir.

Sa voix avait repris un ton plus neutre, comme si l’incident était clos et qu’il convenait maintenant de discuter de faits pratiques.

- Il faut communiquer à la fois auprès des nôtres, pour leur faire comprendre que ces renégats ne sont qu’une mauvaise herbe qui ne survivra guère longtemps ; et à la fois auprès des troupes renégates, de façon discrète et infiltrée, pour ramener dans notre giron tous ceux qui ont été enrôlés de force. Pourquoi pas commencer des actions de sabotage en recrutant via les Renseignements, par exemple.

Bien sûr, ce genre de décisions ne relevait pas de son pouvoir. Après tout, il n’était que le chien du Castellan. Mais il n’était pas idiot, et le Conseil devait entendre ce que peut-être ils ne pouvaient voir, éloignés du terrain comme ils l’étaient. Et à l’instant présent, ce n’était pas tant la stratégie de l’Empire qui le tracassait qu’autre chose. Il règlerait ça plus tard. Ça ferait partie de la liste des choses dont il devait discuter avec Dana de toute façon : il tenait contre elle une longue liste d’imprudences qu’il comptait bien lui mettre sous le nez, un jour ou l’autre.

Lloyd avait repris contenance, et la colère brûlante peu à peu laissait place de nouveau à une contrariété hautaine.

- Et pour votre information Madame l'Inquisitrice, je ne représente pas Hapès, mais la Marine Impériale. Mes origines sont oubliées au profit de mon service à l’Empire. Ce n'est pas le genre de choses que vous auriez dû voir dans mon dossier ?

Sa question n'appelait aucune réponse. En terminant sa phrase, le hapien jeta un autre long regard noir à l’Inquisitrice. Au fond des deux émeraudes glacées, il y avait une étincelle de provocation, ou d’avertissement. Comme si ses yeux avaient pu parler.

Conseil Noir ou pas, je te dévore.

La réponse de Malaco fut accueillie avec sobriété de la part de Darth Bekhaar et avec une grande sobriété de la part des autres Conseillers Noirs. La prise de parole de Lloyd Hope concernant le moral des troupes ainsi que ses suggestions attirèrent l’attention du Conseil Noir qui l’écouta attentivement mais n’eut pas le temps de réagir car Dana Shar fut la première à répondre avec sarcasme. Darth Bekhaar hésitant à interrompre le duo s’exprimer fit un signe discret à Darth Laduim de laisser faire pour le moment. Elle répondit clairement que le moral des troupes n’était pas vraiment à prendre en compte dans cette situation, que la seule foi du Clergé et la coercition seraient des facteurs suffisants pour maintenir le camp loyaliste uni face à l’adversité. Lloyd Hope reprit la parole avec froideur à l’attaque de la jeune femme, soulignant plusieurs points dont certains étaient pertinents. Mais le Conseil Noir avait une vision plus globale et plus assurée du problème auquel les loyalistes faisaient face, et ils disposaient de renseignements que le groupe hétéroclite assemblé devant eux n’avaient pas. Darth Laduim trépignait d’intervenir pour faire cesser ces enfantillages, le regard posé successivement sur Hope, Shar puis Bekhaar, ce dernier abaissa la tête lorsqu’il en eu assez.

- Il suffit tous les deux !

Gronda d’une voix sonore le twi’lek, marquant un terme définitif au débat lancé devant le Conseil Noir. L’ensemble de ses membres s’étaient crispés et tendus devant ce qui devant de se produire sous leurs yeux. Seul l’hologramme de Darth Malevolus était silencieux et semblait demeurer imperturbable en observant cette scène, le fait qu’il ne soit pas présent dans la salle rendait la perception de ses expressions difficilement déchiffrable. Quoiqu’il en soit, l’ambiance était devenue lourde et pesante, ou plutôt presque oppressante dans la salle. Le jeune Scilen avait fermé les yeux et semblait frissonner. Darth Bekhaar reprit la parole d’une voix sèche afin d’apporter quelques éléments de réponse.

- J’ai déjà communiqué personnellement à nos loyaux sujets pour leur exposer la situation. Effectivement nos troupes ne s’attendaient aucunement à devoir tuer leurs anciens camarades, et pourtant nous sommes dans ce type de situation. Leur devoir devra primer sur leurs amitiés. Nous écraserons les renégats bientôt, nous avons déjà une liste de mondes clefs à récupérer.

Darth Laduim exaspéré de l’attitude de son apprenti ajouta plusieurs précisions pour entre autres corriger et apporter un peu plus de clarté au jeune guerrier Sith pour ne pas perdre la face devant les autres conseillers noirs, ce qui ne manqua pas de faire plaisir à Darth Belhaar et Darth Odium.

- Notre positionnement est très clair Hope, et nous n’avons à aucun moment demandé votre opinion ou avis sur la gestion de ce conflit. Nous avons déjà pris des mesures et établi une stratégie pour remplir plusieurs objectifs : le premier étant de faire un état des lieux précis de la menace que nous aurons à affronter, le second est de mobiliser nos ressources, le troisième de protéger le cœur névralgique de l’Empire, le quatrième d’endiguer et freiner leur progression et le cinquième d’organiser une riposte contre eux.

Darth Laduim poursuivit en regardant l’ensemble du groupe d’une voix un peu plus neutre.

- Ne pensez pas que vous êtes les seuls à avoir joué votre coup dans cette guerre sur Khar Delba Hope. Les services secrets ont monté une opération destinée à mettre un coup d’arrêt à un organe de renseignement ayant fait défection et joué un rôle très important dans la campagne qu’à menée Ramken contre nous.

Ce fut au tour de l’Ombre de l’Empire dont l’apparence prit celle d’un sullustéen et à la voix artificielle qui vint raconter brièvement l’opération « Décompression » sur le site O-17 qui avait été menée presque de manière simultanée à celle de Khar Delba et s’était achevée quelques heures avant que les deux équipes loyalistes soient déployées sur cette planète. Sa voix était assez calme sans animosité.

- Sans les informations obtenues par ces traitres, son avancée finira par ralentir sur le plan du renseignement ce qui nous confère un avantage à exploiter. Nous avons d’ailleurs eu accès à de nombreuses données cruciales qui nous permettront d’exploiter les systèmes instables conquis par Darth Ramken pour monter des opérations clandestines pour les remettre dans le droit chemin.

Et Le Cardinal Noir enchaina directement pour apporter quelques détails sur les mouvements important de troupes ayant eu lieu en leur absence sur Khar Delba au plus prêt de l’action.

- J’ai déjà rappelé nos troupes de Columex pour disposer d’effectifs supplémentaires et reposées en renfort de nos flottes et armées. Nous allons préparer une reconquête à l’extérieur de la Caldeira Stygienne et pour se faire nous sommes sur le point d’envoyer une équipe effectuer un travail de sabotage dans l’ouest de notre territoire afin de fragmenter, fragiliser, isoler les possessions renégates dans ce système. Il en sera de même très probablement sur Ch’hodos afin que la résistance locale ait de quoi combattre de manière efficace.

Non seulement ils s’étaient faits rabrouer comme de petits enfants se chamaillant, mais en plus, donc, le Conseil Noir avait balayé les suggestions du hapien d’un revers de main, le réduisant au silence. Il ne savait si c’était à cause de sa confrontation avec Shar ou de l’insécurité que Darth Laduim ressentait en ce moment, toujours était-il qu’il faisait taire son bras droit avec mépris, et le capitaine se mura donc dans un silence lugubre.

La pièce était toujours plongée dans une lumière tamisée, qui projetait derrière les fauteuils des maîtres de longues ombres qui s’agitaient quand leurs gestes animés en dépassaient les contours, donnant un tableau curieux et inquiétant à la fois.

Bien ; le Conseil Noir le faisait donc se présenter ici pour ne pas entendre ce qu’il avait à dire ; qu’il en fut ainsi. Malgré la sensation désagréable, presque humiliante surtout devant une certaine Inquisitrice, Lloyd était habitué à n’être guère considéré. Ce qui l’inquiétait davantage, c’était la capacité de l’actuel Conseil Noir à voir la réalité en face : tout le pouvoir impérial était contesté, et pas seulement l’Impératrice en fuite, et par un mouvement de fond dans l’Empire qui s’était tramé à leur insu à tous. Mais ce Conseil semblait considérer que la menace était mineure, que bientôt tout ceci serait oublié. Mais qu’y pouvait-il, s’ils ne pouvaient entendre ce que leurs officiers les plus dévoués avaient à dire ?

Le hapien avait baissé les yeux, morne, indifférent aux discussions qui allaient bon train. Les deux apprenties essayaient de contribuer, intelligemment. Leurs idées n’étaient pas dénuées de sens, mais si le Conseil décidait de les considérer autant que lui, elles risquaient d’être déçues. Et dans le cas contraire, il en serait probablement offensé, et conclurait que Darth Laduim voyait en lui une menace trop importante. Mais si proche de sa nouvelle affectation, il ne pouvait tout simplement rien dire.

Pendant la discussion, les yeux du capitaine finirent par dériver, couler de côté, jusqu’aux talons de l’Inquisitrice, puis remontèrent le long de ses jambes, constatèrent le pull gris qui lui appartenait et dans lequel elle osait tranquillement le défier devant le Conseil Noir. Finalement il rencontra son regard, et l’émeraude affronta l’étendue dorée un moment, avant que le coin de ses lèvres, d’un côté, ne se soulève en un demi-sourire de défi. Il releva l'une de ses mains pour la passer lentement dans son col, de façon à le défaire légèrement comme s'il avait eu chaud, tout en la reluquant un bref instant de la tête jusqu'aux talons, avant de faire le mouvement inverse de ses prunelles possessives.

Pendant ce temps, la discussion s’était doucement tarie. Le hapien détacha ses yeux de ceux de l’Inquisitrice avant de prendre le risque de se faire remarquer, mais non sans une promesse silencieuse ; celle de la revanche.

- Seigneurs, votre Excellence, ajouta-t-il pour s’adresser plus précisément à son maître. Sauf votre respect, et si je ne vous suis plus d’aucune utilité dans cette assemblée, je demande à prendre congé. Vous m’avez convoqué dans votre bureau dans une demi-heure, mon Maître, et je serai au rendez-vous, mais je dois m’assurer de traiter une urgence avant cela.

Il attendit, le regard fixe, qu’on lui posât les dernières questions, ou bien qu’il pût prendre congé. Comme quelques mots étaient échangés, il en profita pour regarder de nouveau l’Inquisitrice.

Une urgence à dévorer, disaient ses yeux brillants de provocation.

Ne pensez pas être les seuls à avoir joué votre coup. Dana aurait ri. Elle s’était même apprêtée à le faire et cela avait été difficile de combattre sa propre hilarité qui lui avait longtemps chatouillé la gorge. Plus cette réunion avançait et plus elle se demandait comment Lloyd Hope pouvait accorder sa loyauté à un ramassis de Seigneurs bons à poser leurs séants sur des sièges pour oser dire qu’eux, qui revenaient du véritable front, n’avaient été qu’un sacrifice inconséquent. Elle avait l’habitude de faire le sale boulot, mais même Darth Runà ne se montrait pas aussi avare quand il fallait reconnaître les succès des uns et des autres. Alors, elle s’était contentée de chasser le rire et de lever les yeux vers la voûte du haut-plafond pour en sonder ironiquement les profondeurs vertigineuses.


Les interventions de Suhm Zurin et Malaco Signavar l’avaient complètement laissé indifférente. Ils s’étaient retrouvés à tourner en rond et en tant qu’apprentie, elle ne se serait jamais permise d’évoquer des sujets sur lesquels on ne l’avait pas sollicité. La discipline et l’obéissance se perdaient donc dans l’Ordre Sith, ce qui avait irrémédiablement mené à un conflit civil. Elle n’avait pas souvenir avoir été autorisée à s’exprimer aussi librement devant des Siths de rang supérieur. C’était ce qui arrivait dans une société où la loi du plus Fort primait, les faibles n’avaient pas droit au chapitre. Elle composait avec cette constante depuis des années, au point de s’être habituée à ce genre d’humiliations. Si les coups avaient tanné sa peau jusqu’à lui constituer une armure de tolérance à la douleur, les humiliations avaient poncé son esprit : assez pour qu’elle n’en soit plus gênée.

Elle s’intéressait à l’hologramme aux images variables de Darth Malevolus quand elle avait senti un regard pesé sur elle. Et elle avait remarqué la provocation du hapien, malgré toute la discrétion dont il voulait faire preuve. Elle attrapait sa gestuelle, ses prunelles d’un vert irradiant et expérimentait divers sentiments contradictoires : de la gêne, de l’indignation, du désir. N’avait-il rien de mieux à faire ? On ne pouvait décemment pas le blâmer de ne pas oser regarder son maître dans les yeux.

- Avec tout le respect que je dois à Vos Excellences, mon rapport étant fait, je formule la même requête de disposer que le Capitaine Hope. Je pense que les stratégies ont déjà été définies par vos Seigneuries et nous y serons loyales

Elle marqua une pause pour rejeter une partie de sa chevelure dans son dos. Ses cheveux de jais dansèrent dans l’air, captant le reflet des lumières timorées de la salle.

- Mon Maître m’attend au Temple et contrairement au Capitaine Hope...(Elle glissa un regard en coin, vers le concerné) j’ai le sens des priorités et je sais où est ma place.

Entre les crocs du chien, semblaient sous-entendre ses iris à l’éclat provocateur, mais elle s’était dépêchée de reporter son attention sur les silhouettes de leurs Eminences, comme un soldat regagnait le rang. Elle avait le sens du devoir accompli : son rapport était fait, elle revenait victorieuse de Khar Delba et elle avait connu la douce morsure du Verpine. Une douleur qu’elle n’était pas prête d’oublier.