Karm Torr
Karm Torr
Messages : 3593
Eclats Kyber : 0
Je pense que ça ne souffre pas d’ambiguïté.
En effet.

Le médecin légiste de l’une des morgues de Coruscant repoussa le tiroir mortuaire, puis referma la main de cryogénie. Aucun doute permis : les deux mains du mercenaire avaient été sectionnées nettes par un sabre laser.

Vous avez eu raison d’avertir le Chevalier Kayan, fit Karm, qui une fois de plus constatait toute l’utilité des contacts cultivés par son compagnon au sein de la police du monde-capitale. Et son journal est formel.

L’infortuné Arkanien avait été retrouvé dérivant dans son vaisseau dérivant dans l’espace, dans le secteur de Sevarcos, au-delà des frontières républicaines, par des importateurs d’épices de Sullust, qui avaient jugé préférable de le ramener vers des terres plus civilisées. Après avoir consulté le journal de bord du vaisseau, qui présentait la victime comme un certain Wayko Bey Solak, mercenaire de son état, lancé aux trousses de la terroriste connue sous le nom de Tavaï, les autorités de Sullust s’étaient empressées d’envoyer le corps et la base de données du vaisseau sur Coruscant.

En rejoignant son ami dans le commissariat, Karm confirma :

C’est bien ça.

Les deux Jedis prirent la direction de la sortie.

Elle commet de plus en plus d’erreurs, on dirait, murmura l’Ark-Ni, qui tombait ainsi pour la deuxième fois en quelques semaines à peine sur une opération de son ancienne Maître, jusque là réputée par sa discrétion, il doit se passer quelque chose au sein de son organisation qui la conduit à des décisions précipitées.

En soi, d’ailleurs, ce n’était pas surprenant : Tavaï se battait depuis des années désormais, sans rencontrer de succès notable, et bien loin d’avoir convaincu la République de consacrer tous ses efforts à la complète annihilation de l’Empire, elle avait dû être témoin d’une trêve. Ces échecs ne devaient certes pas aider à mobiliser les troupes.

Deux heures plus tard, un vaisseau de l’Ordre Jedi décollait de Coruscant et sautait dans l’hyperespace, en direction de Sevarcos. Après avoir enclenché l’autopilote, Karm rejoignit Luke dans la petite pièce centrale, qui concentrait toute l’activité de leur transport.

Donc, dit-il en se laissant tomber sur la banquette à côté du Consulaire, avant d’attraper le datapad. Secteur de Sevarcos, un seul objet habité, la planète du même nom. Aride et montagneuse, fréquentes tempêtes de sables, mais riches en épices. Hors de la République, contrôlée par des clans dirigés par des seigneurs de guerre. Se méfier des locaux, surtout s’ils sont drogués au carsunum.

Le rapport des Sentinelles de l’Ordre ainsi résumé, le jeune Maître reposa le datapad avant de tourner le regard vers son cher et tendre.

Tu diras pas que je t’emmène pas dans des endroits paradisiaques, hein ?

La seconde suivante, l’Ark-Ni était à cheval sur les genoux de son ami.

J’ai une idée pour nous occuper pendant ce long, long voyage…

Une idée qui, apparemment, n’impliquait pas les vêtements de Luke.

Vingt heures, trois sauts dans l’hyperespace et quelques entraînements d’un genre un peu particulier plus tard, les Jedis et leur vaisseau émergeaient d’entre les étoiles au-dessus de Sevarcos II. Cette fois-ci, Luke n’avait eu d’autre choix que d’imiter son compagnon et de troquer sa tunique traditionnelle de Jedis pour une tenue plus passe-partout, dans un secteur loin des terres républicaines où l’Ordre ne jouissait d’aucun droit particulier. Ils n’étaient peut-être pas précisément indésirables, sur ce monde dévasté par les tempêtes, mais personne ne les avait invité non plus, et mieux valait se faire discrets.

Bientôt, ils descendaient sur le monde brun et ambré de Sevarcos, dans son hémisphère le plus montagneux, où le journal de bord indiquait que le mercenaire avait eu l’intention d’atterrir lui-même. Là, ils choisirent l’un des quatre spatioports de la planète, autour duquel s’était développée une sorte de ville faite de construction hétéroclite, dont l’architecture chaotique s’étendait sur tout un plateau rocheux, et même, de façon troglodyte, à l’intérieur des flancs d’un profond canyon.

C’était là d’ailleurs que se trouvaient l’essentiel des habitants de la bourgade : enfoncées dans le massif, entre les deux murailles de roches qui se faisaient face en un étroit défilé, parce que la montagne s’opposait au vent et que l’on jouissait dans ce titanesque abri naturel d’un calme relatif. À la surface du plateau, on trouvait principalement le spatioport et des entrepôts sans fenêtre.

Le vaisseau des Jedis se posa et ils s’acquittèrent des droits d’atterrissage, avant de gagner un turbolift qui descendait à l’intérieur de la montagne, afin de rejoindre le réseau de galeries constituant la ville véritable. Quoique Sevarcos fût un monde désolé, les visiteurs n’y étaient pas si rares, car c’était là que se trouvaient des épices précieuses, légales ou non, et la vie de la planète était faite d’un ballet continuel de marchands.

Trouvons d’abord un hôtel, suggéra Karm, nos recherches pourraient prendre plusieurs jours.

Les portes de l’ascenseur s’ouvrirent et les deux hommes débouchèrent dans des galeries et des grottes naturelles qu’on avait élargies et régularisées avec des lasers de mine. Là se trouvaient les magasins, les appartements et les troquets de la ville, dont les noms étaient inscrits en peinture électrisée et fluorescentes à même la pierre. La population était majoritairement humaine, mais assez bigarrée pour que Karm pût compter près d’une dizaine d’espèces en quelques secondes.

Par ici, souffla-t-il, en entraînant son compagnon vers un établissement baptisé « Motel de l’Astroport », assurément un gage d’originalité.

À l’intérieur, une jeune femme de seize ou dix-sept ans mâchait bruyamment un chewing-gum à la réception.

Bienvenue au Motel de l’Astroport, fit-elle machinalement, sans une once de conviction.
C’est pour une chambre.
Sans blague.
Koya, fit une voix de femme plus âgée, de l’autre côté de la tenture derrière la réception, sois correcte avec les clients !

Koya roula superbement des yeux.

Donc, on disait, deux chambres…
Non, une seule.
On a plus qu’une chambre avec un lit double, pour deux, désolée.
Ouais non mais c’est bien ce que je veux dire.

Cette fois-ci, la jeune fille était intéressée.

Noooon…
On peut avoir la clé, du coup ?
Genre vous êtes… ensemble ensemble ?
Ouais. La clé ?
Sexy.
C’t’aussi mon avis.
Vous v’nez faire quoi dans ce trou à rats ?
Koya !
Des sports nautiques.
Luke Kayan
Luke Kayan
Messages : 3119
Eclats Kyber : 0
[HJ : Désolée c'est vraiment très moyen, mais ce n'est pas la grande forme, loin de là ces temps-ci. Du coup je demande aussi pardon à mes autres partenaires, je vais essayer de retrouver l'inspiration I love you ]

Pris dans le tourbillon d'inquiétude et d'urgence, Luke avait laissé ses questions au Temple, pour l'instant en tout cas, il aborderait le sujet "Maxence" à l'heure voulue, surtout qu'heureusement, les choses s'étaient petit à petit améliorées. La jeune mercenaire et lui avaient frôlé le pire (l'arrêt d'une mission) mais avec des efforts parfois surhumains pour deux caractères si opposés, ils avaient survécu. Le blond espérait toutefois discuter avec Karm à ce propos, lui demander pourquoi son ami l'avait jeté dans "la gueule" de son amie quitte à risquer un accident diplomatique. Au moins aurait-il pu le briefer, l'avertir sur que dire ou non. Il trouverait le moment, après tout ça n'avait guère d'importance comparé au plaisir de retrouver le jeune maître.

- On peut aussi imaginer que les choses ne se passent pas comme prévu. Même une maniaque comme elle craque si les résultats manquent ou que les échecs s'accumulent, surtout que Tavaï avait une certaine réputation au sein de l'Ordre. Elle n'est malgré tout pas habituée à l'ignorance ou à ce que ses plans stagnent. La colère, l'impatience pourraient altérer sa stratégie... Ou elle le fait exprès. Te laisser des pistes ? Pas trop évidentes pour ne pas éveiller ta méfiance, mais suffisamment pour que tu ne perdes pas son sillage.

Un monde où légal et illégal se mêlaient, loin de l'Empire ou de la République, c'était le lieu rêvé pour régler ses comptes, surtout venant d'une mégalomane comme la femme. Ce n'était bien sûr qu'un amas d'hypothèses, mais Luke se basait sur ses connaissances en profilage pour essayer d'affiner les recherches et d'anticiper les actions de la dangereuse combattante. Intérieurement, il craignait que la deuxième proposition soit la bonne, un piège pour attirer Karm. Sans oublier ce fichu Noctis aussi... Ce garçon sur Coruscant, lié au Sith, apparu comme par hasard pour les aider lors de leur rencontre avec Tavaï. Serait-il "ami" avec l'Amarane ou justement, opposé à ce qu'elle s'occupe de l'Ark-Ni, rivalisant littéralement pour s'en charger lui-même.

- Une destination de vacances rêvée, en effet, tu ne me déçois jamais.

Ponctua le jeune homme en acceptant de sortir de ses réflexions pour répondre à son ami avec un petit sourire malicieux. Il faisait référence à cette fameuse planète hostile où une plante avait trouvé l'idée de le transformer en symbiote acceptable.

***

La planète rendait Luke perplexe. La ville sentait la terre froide, la roche et le cambouis. Pour un être à l'odorat plus sensible que la moyenne, s'en était étourdissant. Sa manière de percevoir cet extraordinaire complexe, mélange parfait entre la nature et l'urbanisme rendait l'aventure encore plus exotique. Guidé par l'Ark-Ni, le jeune homme se concentra sur les nouvelles sensations : creusé entre deux montagnes, le sol vibrait davantage, s'égosillant en échos prisonniers qui se répercutaient partout. Malgré son inhospitalité, la planète accueillait beaucoup de monde, et du monde varié à en juger par les diverses bribes de conversation dans différentes langues. Le Hapien reconnut vaguement du Twi''Lek sans comprendre, ainsi que du Balosar, grâce à Elisha, une apprentie de cette race qui l'assistait dans ses recherches ces temps-ci. Un motel dont Luke retiendrait surtout le bruit de néons clignotants les accueillit avec un sens de la discrétion douteux.

Malgré lui, le jeune homme leva un sourcil, comment ça sexy ? Il cacha la soudaine rougeur qui s'étendait sur ses joues en se baissant pour fouiller son sac, oui, exactement comme s'il essayait de voir le contenu qui s'y trouvait. Côtoyer Maxence l'avait assez déniaisé semblait-il pour qu'il finisse par saisir les sous-entendus de l'indolente secrétaire. Au lieu de se concentrer sur le questionnement persistant, innocent de "pourquoi", le Chevalier venait surtout de se rappeler de leurs retrouvailles il y a peu. Effectivement... Sexy n'était peut-être pas le terme mais, si en fait.

- Ben quoi ? J'suis tolérante face à la diversité et ouverte. Je m'intéresse au client en plus !

Luke supputa que la patronne devait être de la famille de Koya, ou qu'elle devait une sacrée faveur à des amis pour garder l'insolente.

- Nous venons faire des recherches.

- Conclut très sérieusement le jeune homme qui n'était jusque là pas intervenu. Il avait appris que ses remarques souvent terre à terre et ennuyeuses mettaient fin à une conversation. Si cela avait pu le gêner, aujourd'hui ça l'arrangerait bien. La réceptionniste hésita longuement, étirant ses doigts entre deux claquements de chwin-gum. La stratégie du blond semblait fonctionner, elle essayait bien de lire une blague dans son attitude mais ce dernier, résolument fermé ne semblait transcrire qu'une vérité transpirant l'ennui. Personne n'osait demander le fameux "sur quoi?" à des chercheurs. Déçue, Koya contempla le plus amusants des deux clients, lui lançant un regard poignant de détresse. Cet endroit n'avait donc vraiment rien à lui apporter, pas même un petit moment de fantasme sympa ? Non ? Vivement qu'elle se tire de ce trou. Dans un raclement de chaise exagéré, la concernée alla chercher les fameuses clés qu'elle tint à remettre à Karm uniquement. Luke paya avec une carte de crédits disposant de modestes fonds qui suffiraient néanmoins à les nourrir et loger pendant le séjour.

L'épreuve passée, les Jedis reçurent leur récompense : une chambre assez propre sans être mirobolante. Sobre, terne, avec une lumière artificielle trop riche censée compenser l'endroit sombre où le motel était niché. Luke déposa ses affaires sur le lit, à son habitude il explora les alentours afin de repérer les espaces clés comme la salle de bains ainsi que le bureau. On remarquait aisément que les propriétaires essayaient de donner un air chic à leur hôtel sans y parvenir. Rideaux pesants ourlés de poussière, holopad de la dernière guerre. Il y avait l'envie sans les moyens.

Son tour terminé, le Hapien se laissa tomber sur l'une des deux chaises plus incontournables et lourdes que design. Le regard épargné de la merveilleuse vue sur les tapisseries d'un rouge violent prolongé d'un bleu turbulent, Luke sortit son datapad. Comme souvent, il avait un écouteur dans l'oreille, et l'autre pendant négligemment pour également prêter attention à son interlocuteur.
On pouvait noter une certaine nervosité dans sa voix, davantage liée aux risques qui pesaient sur Karm que sa rencontre enflammée avec Maxence évidemment. La fiche du mercenaire devant les yeux de son ami, le jeune Jedi avait commencé à pianoter, cherchant grâce à ses accès, d'autres indépendants lancés sur les traces de Tavaï, des officiels et des moins recommandables.

- Elle a beaucoup d'ennemis, mais pour l'instant du moins, elle les tient tous à distance. Je me demande si cette longue liste de chasseurs de primes, très facilement accessible est réelle.

S'interrogea le jeune homme avant de sembler retrouver ses esprits.

- Euh... Désolé. Je... Je ne la sens pas du tout cette affaire, une piste beaucoup trop simple pour une ancienne Jedi si furtive. J'ai du mal, ça m'inquiète.


Avoua le blond qui démontrait enfin un air sincèrement et ouvertement préoccupé. Il avait, comme la majorité de Jedis, appris à contrôler ses émotions, y compris celles faciales, mais dans l'intimité et suite à leurs nombreuses discussions suivies de promesses, Luke se confiait davantage à Karm. Aujourd'hui en tout cas, il espérait se tromper mais ça sentait le piège, même pour un aveugle comme lui, ça se voyait.
Karm Torr
Karm Torr
Messages : 3593
Eclats Kyber : 0
J’sais pas trop.


Karm profitait de l’intimité de la chambre pour accomplir quelques étirements salvateurs, après un long voyage enfermé dans le vaisseau.


À mon avis, t’as raison. Sur ce que tu disais quand on était sur Coruscant, le fait qu’elle a pas l’habitude se trouver dans cette situation et qu’elle fait preuve d’impulsivité. Et de la même façon, ben Tavaï est une maître d’armes, de base, pas une Ombre. Brouiller les pistes, dissimuler sa présence, c’est pas son fonds de commerce. Elle dirige une orga paramilitaire plutôt qu’une petite mafia, je sais pas si c’est si surprenant que ça qu’elle laisse des traces de son passage.


Ces derniers mois, le Gardien avait appris à désacraliser son ancienne Maître, pour remettre en perspective l’idée quasi mythique qu’il s’en était longtemps fait avec les éléments bien réels dont il disposait. Et depuis qu’il était devenu Maître lui-même, depuis qu’il comparait ses aptitudes avec ceux de Tavaï à son âge, il posait sur le parcours de l’Amarane un regard qu’il espérait plus clairvoyant et plus mesuré.


Mais j’pense aussi que ce corps s’est pas retrouvé sur Coruscant par hasard et que quelqu’un essaie d’envoyer un message à l’Ordre Jedi ou à d’autres chasseurs de prime. Que ce soit Tavaï elle-même, pour nous attirer dans un guet-apens, ou un adversaire à elle, pour lâcher de nouveaux chiens à ses trousses. Mais bon, la meilleure manière de déjouer un piège, est-ce que c’est pas d’y tomber finalement ?


Fort de cette logique à toute épreuve, l’Ark-Ni acheva de se contorsionner avec une souplesse qui n’aurait pas manqué de nourrir l’imagination de Koya, avant de se pencher sur le fauteuil occupé par son petit ami, pour déposer un baiser sur son front.


Allez viens, beau gosse, c’est l’heure d’aller traîner dans les bars louches pour parler à des gens peu recommandables.


Le rêve de toute une vie.


Karm releva délicatement le menton de Luke pour déposer un baiser sur ses lèvres, avant d’ouvrir la voie et de quitter la chambre. Quelques étages plus bas, il s’accouda à la réception.


Et, Koya.


La jeune fille leva les yeux de son datapad.


Mon mec et moi, on cherche un bar où rencontrer des gens qui connaissent du monde.
J’vais vous décevoir, mais des clubs gays, c’est pas exactement à tous les coins de rue par ici.
Ma surprise est totale.
Après, si vous cherchez des camarades de jeu, je connais un Bothan plutôt ouvert qui…
Non mais en vrai, c’est plutôt des infos, quoi.


La demoiselle plissa les yeux d’un air soupçonneux.


Vous êtes vraiment venus faire des recherches, hein ?
Ouais. Désolé de te décevoir.
De quelle nature ?
Pas scientifique.
Alors essayez le Droïde Rouillé, niveau 33, derrière la cascade de sable. Mais louez peut-être un droïde de sécurité avant. C’est pas hyper bien famé.
Merci du conseil.


Et elle put les regarder s’éloigner, en regrettant amèrement qu’ils ne se donnent pas la main. Dehors, les deux Jedis durent demander leur chemin à deux reprises pour localiser le Droïde Rouillé. Des ascenseurs encastrés dans la roche de la falaise permettaient de passer d’un niveau à l’autre et ils finirent par apercevoir la fameuse cascade de sable.


Sur des dizaines de mètres, c’était un torrent de fines particules qui tombaient du sommet du canyon, poussées par les vents continuels de la planète, et se perdent tout en bas, dans le gouffre creusé entre les deux roches. La cascade produisait un son assourdissant, mais le spectacle était grandiose. Karm prit quelques secondes pour le décrire à son compagnon, avant de longer la falaise pour attendre la taverne que Koya leur avait indiqué.


Le Droïde Rouillé était un bistrot crasseux comme on en faisait tant au-delà de la Bordure. Ici, tout le monde avait quelque chose à se reprocher et tout le monde le reprochait à son voisin. Les amitiés et les inimitiés variaient au gré des parties de pazaak ou des petites magouilles profitables qui se profilaient à l’horizon désolé de Sevarcos. On servait les seigneurs des épices sans les avoir jamais vus, aux ordres de sous-lieutenants, tout en bas de la chaîne alimentaire qui régissait l’existence sur cette planète.


L’arrivée des deux nouveaux venus fut accueillie par une série de regards méfiants, mais pas étonnés. De pauvres hères qui échouaient là après une existence aventureuse aux confins de la République ou de l’Espace Hutt, il y en avait beaucoup. Souvent, ils ne duraient que quelques semaines, avant de repartir dans l’espoir de trouver ailleurs un monde plus hospitalier, et parfois, ils restaient jusqu’à finir par s’incruster dans la planète, comme le reste d’entre eux.


Karm s’installa sur un tabouret au bar derrière lequel officiait, justement, un Droïde Rouillé.


Une grenadine, fit le Jedi, tel un véritable baroudeur de l’espace.


L’indifférence du robot était complète.


Hé ! Oh ?
Laisse tomber, bonhomme, intervint l’homme à côté de lui, un humain barbu d’une cinquantaine d’années, aux traits tirés par la fatigue. Il parle que le binaire et le huttese.


Ce fut donc dans cette dernière langue que le Jedi répéta sa commande. Le droïde lui versa aussitôt un petit verre d’eau-de-vie.


Puis je vois qu’il travaille dans la précision, aussi.
Ici, on boit c’qu’il y a à boire, sans trop se poser de questions. Ça vaut mieux. Si tu vois ce que je veux dire.
Je vois, oui.


Karm poussa lentement son verre en direction de son nouvel ami.


Dis moi, camarade, mon pote et moi, on a potentiellement du boulot à confier à des gens.
Je me disais bien que vous aviez l’air trop propre pour les gens qui traînent ici d’habitude. Surtout lui, là.


D’un geste de la tête, il désigna le Hapien.


On dirait un mannequin de magazine.
N’est-ce pas, fit Karm avec une pointe de fierté ? Bref. Quoi qu’il en soit. Du boulot, donc.
Quel genre de boulot ?
Un peu musclé. Genre pour des chasseurs de prime. Des mercenaires. Protection, sécurité, des trucs comme ça.


Ou l’exact inverse.


Adresse toi au Lannik de la table du fond, là. C’est lui qui gère ce genre de trucs. Mais méfie toi, les freelances du coin, c’est pas des mecs commodes.
Ma foi, on va essayer d’y survivre, hein…
Luke Kayan
Luke Kayan
Messages : 3119
Eclats Kyber : 0
Hh: désolée pour la qualité. Peu de temps et tapé sur un mini clavier plus téléphone. Si quelque chose ne va pas, Dis-moi.

Au fur et à mesure que Karm et Koya discutaient, les joues de Luke s'empourpaient avec une certaine délicatesse paradoxale aux sentiments du concerné. La honte dominait; omniprésente. Comment parlaient-ils de la sorte, affirmant ce que tout le monde savait déjà ici (Luke en était persuadé) ? Lui se sentait suffoquer à la seule évocation de leur relation. "Mon mec et moi", "un bar gay"... Et avoir cotoyé Maxence lui fit réaliser ce que signifiait "un Bothan qui aimait s'amuser. Le blond se dit que des fois, il aimerait être aussi naturel que ses interlocuteurs. Sauf rôle extrêmement préparé ou effort considérable au nom de son amour, Luke semblait incapable de sortir de son registre habituel. Bien qu'il ne vive pas mal sa condition, le Hapien se faisait parfois la réflexion qu'il aimerait avoir ce contact facile, lequel leur ouvrit certainement le tuyau du Droïde rouillé.

Passé la cascade assourdissante qui paraissait toutefois magnifique, le couple entra dans le bar. Encore une fois, l'Ark-Ni se fondit dans la foule en trouvant le client plus apte à parler. Lorsqu'il était seul ou chef de mission, Luke se débrouillait bien pour maquiller sa vraie nature, et ce malgré son physique qui le desservait dans ce milieu. Avec le maître, il trouvait un autre rôle, assez ironique d'ailleurs : Observateur.

La voix de l'homme qui parlait de "mannequin" devint à son tour un genre de cascade sourde. Le Jedi sillonna les tables, les chaises, laissant la Force virevolter plus librement au-delà des barrières physiques après avoir vérifié que personne ici ne partageait leur Sensibilité.

Tandis que le buveur dirigeait un regard fatigué vers le Lannick pour le montrer à Karm, le Hapien le repéra à son tour. Son assurance, les auras qui gravitaient autour et la tension permanente, observatrice qui émanaient du petit être nerveux indiquaient son importance. Le jeune Jedi nota combien la crainte entourait cet homme. Tout ou presque dans ce bar convergeait vers lui. Oreille déployées, d'autant plus efficaces grâce au concours de la Force, Luke entendit quelques mots d'une sonorité inhabituellement basse. On renseignait sûrement le Lannick sur leur présence.

* Il se méfie de nous*

Luke ne pouvait le voir, mais de petite taille, Foruk dit le Grand, savait pertinemment devoir ne pas sous-estimer les Différents. Ces deux étrangers au physique atypique avaient dû se battre plus que tout autre pour arriver là. Il se méfiait donc et pour montrer sa suprématie dès le début, envoya un twi''lek chercher les Jedis. Foruk savait, entendait tout avant tous. Le visage bariolé de cicatrices, le guerrier contemplait le blond qui s'était soudain levé pour le rejoindre. Ses grandes oreilles s'agitèrent une seconde, il pencha la tête, juste un peu trop pour que cela semble naturel. Sans doute parce qu'une de ses orbites était vide.

Le vieux à côté de Karm s'empressa de raconter l'histoire du Lannik. Ce dernier répétait à qui voulait l'entendre qu'il avait conquis ce monde au nom de sa race. Investi d'une mission d'honneur, il avait imposé le nom de son clan à cette cantina minable, mais il en était le roi et un roi surveillait de près son royaume.

Il suivit de son unique oeil, le Hapien qui s'était levé et avançait en laissant imperceptiblement une main traîner sur les tables. Leurs deux regards abîmés ne se quittèrent plus. Luke s'assit en face nonchalamment. Il émanait de sa personne une sûreté tranquille dont on ne saurait le caractériser habituellement.

- Nous vous cherchions.
- Vraiment ?
- Vraiment. Je ne connais pas votre nom, mon ami peut-être depuis quelques secondes, mais nous sommes d'accord. C'est probablement vous qu'il nous faut. J'espère aue nous ne nous trompons pas.

Le lannik dressa les oreilles. Ces deux garçons au physique trop tendre pour trainer dans le coin étaient magicien. Ils n'avaient pas l'air de jedis. Peut-être des Siths ? Ou alors de ces Sensibles bénis par la Force qui s'élevaient seuls. L'homme offrit son orbite vide au blond qui ne frémit pas devant l'horrible cicatrice de chaire qui l'avait remplie.

En s'introduisant de la sorte, luke espérait se rendre assez crédible pour que le Lannik ne se joue pas d'eux ou ne déclenche pas une bagarre contre les intrus. Utiliser leur maîtrise de la Force pour en imposer sans avoir l'air de faire partie des autorités. Attiser l'intérêt de Foruk pour gagner du temps et lui donner envie de les utiliser. Plus il se rapprochait des deux Jedis; plus vite ces derniers auraient des informations.

- Et nous payons bien; très bien.

Le charme Hapien agissait passivement tandis que Luke croisait ses jambes. Il ne séduisait pas le malfrat évidemment, mais sa beauté couplée à son attitude alimentait son charisme. Karm introduit comme un genre de roi, lui aussi, fut interpellé via la Force. Le jeune homme avait trouvé utile de rentrer en contact avec le Lannik ainsi. Il avait senti l'atmosphère, observé à sa manière la curiosité qui entourait leur arrivée puis avait décidé de la mettre à leur service.

Rajoutant à la scène des plus étranges, luke appela son ami via la Force. Il n'avait pas dit un mot et signe curieux que les habitués notèrent, le prolixe Foruk non plus. Une fois n'est pas coutume, Luke avait décidé de s'imposer. De les imposer.
Karm Torr
Karm Torr
Messages : 3593
Eclats Kyber : 0
Venez avec moi.

À peine Karm avait-il rejoint la table où Luke l’avait appelé que le Lannik s’était relevé pour les entraîner à sa suite dans un salon plus discret, loin des regards inquisiteurs des autres clients de la cantina. Ce n’était pas le grand luxe, mais c’était son petit territoire personnel à lui et, en s’installant sur la banquette plastifiée qui longeait tout un mur, Foruk donnait l’impression d’avoir rejoint un véritable trône.

Vous cherchez la Croisée ?
Croisée… ?
L’Amarane. Poil brun. Sabre violet. Pas spécialement portée à la rigolade.

C’était bien Tavaï qu’on leur décrivait et Karm remercia le flegme légendaire des Ark-Ni qui lui permit de conserver une expression égale. Le Lannik les scrutait avec attention particulière, mais elle n’était pas précisément hostile.

P’têtre bien, répondit simplement le Maître. Vous la fréquentez ?
On a des connaissances communes. Vous êtes des amis à elle ?

C’était une sorte de partie de poker : ni Foruk ni les Jedis n’avaient envie d’avouer en premiers les sentiments que Tavaï leur inspirait, de peur de rencontrer chez leur interlocuteur une volonté contraire. Chacun se calculait mais, après un moment de réflexion, Karm décida qu’il n’y avait aucun moyen de déterminer l’allégeance de leur informateur et que, dans ces circonstances, c’était un pile face.

Alors il opta pour ce qui lui paraissait toujours le plus simple : dire la vérité.

Pas spécialement, non.

Il sentit la présence de Foruk se détendre à travers la Force.

On va peut-être trouver à s’arranger, alors.

D’un geste de la main, le borgne les invita à s’asseoir et les deux Jedis s’installèrent sur les chaises métalliques de l’autre côté de la table. L’homme croisa ses longs doigts, sans les quitter du regard, alors que le Gardien demandait :

Elle vous cause des ennuis ?
Oui et non. Elle reste dans son coin, et on en reviendra sur le sujet. Mais elle cherche constamment à recruter des gens et certains mercenaires un peu paumés, ou des gars du pays, se laissent avoir par ses discours de guerre sacrée, de chemin glorieux ou que sais-je encore. J’aime pas ça. J’aime pas ça du tout.
Mauvais pour les affaires ?
D’une part, reconnut le Lannik. Ça réduit le vivier de mercenaires et j’aime pouvoir proposer aux Seigneurs des épices un large choix de compétences. Voyez ça comme… Ma fierté professionnelle. Et d’autres parts, j’aime pas les illuminés. Vous voyez, ça ?

De l’index, il désigna son orbite vide et affreusement cicatrisée.

Coup de sabre laser. Jedi Noir. Avant la refondation de l’Empire. Le genre de types à torturer pour son bon plaisir, robe obscure et rire sardonique. Le cliché total. Ça m’a coûté un œil et j’en ai réchappé de justesse. La Croisée a beau être l’exacte opposée, de mon point de vue, c’est le revers de la même médaille. La majorité des gens essaient de s’en sortir dans la galaxie, et ils ont pas besoin que des moines agités du ciboulot viennent les embarquer dans leurs guerres.

Foruk profita de son index pour se curer l’une des oreilles, avant d’envoyer d’une pichenette la cire qu’il en avait extraite se balader à l’autre bout de la pièce.

J’ai rien contre les Jedis et j’ai rien contre les Siths en particulier. Les mecs qui font vivre leur nation, très bien, admettons. Qu’ils aient leurs idées un peu étranges et des pouvoirs bizarres, pourquoi pas. Ce sont les extrémistes qui me préoccupent. J’ai pas envie que la Croisée finisse par fonder une secte sur la planète où j’ai atterri.
Et qu’est-ce qu’elle fait, précisément, ici ?

Le Lannik haussa les épaules.

Pas grand-chose. C’est-à-dire qu’elle recrute, elle entraîne des gens, elle trempe un peu dans le trafic d’épices, façon protection des convois, mais seulement les cargaisons légales en République, j’imagine pour se financer. Elle pourrait faire ça sur n’importe quelle autre planète, mais j’imagine que c’est les liaisons régulières avec la République qui l’intéressent ici.
Du coup, elle a une sorte de camp ?
Une seconde.

Foruk n’était pas homme à livrer ses informations à si bon compte.

Qu’est-ce que vous comptez faire, concrètement ?
Trouver la Croisée. L’arrêter. Et la reconduire sur le territoire républicain, pour qu’elle y soit jugée pour ses crimes.
J’imagine pas qu’elle se laissera faire.
Nous non plus.
Et vous êtes de taille à faire tout ça ?

Karm se contenta de hocher la tête. Pendant un bon moment, le Lannik conserva le silence, en les détaillant l’un et l’autre tour à tour. Voilà plus de vingt ans qu’il recrutait et affectait des mercenaires, sur cette planète ou sur d’autres, et il se flattait de savoir faire preuve d’une certaine perspicacité, même face aux profils les plus atypiques.

Je veux conserver le camp, finit-il par exiger.
C’est-à-dire ?
Les installations, le matériel, tout ce qu’il contient.
Hmm…

Le Jedi eut sa propre hésitation, avant de suggérer :

À l’exclusion des données. On conserve le contenu des datapads, les comlinks, les consoles. Tout ce qui peut servir au procès.

Foruk hocha lentement la tête et les deux hommes se serrèrent la main pour conclure leur accord.

Le camp est à quatre cents kilomètres d’ici, dans le désert, relativement protégé des vents par un contrefort rocheux. Vous aurez besoin d’y aller en vaisseau, ou alors avec un speeder, ça vous prendra deux jours, à cause des pauses obligées par les tempêtes. Doit y avoir une vingtaine de personnes là-bas, plutôt très bien armées, mais pas nécessairement… Disons qu’on est loin de la garnison militaire bien coordonnée, si vous voyez ce que je veux dire. C’est de bric et de broc.
Et la Croisée est là-bas ?
Peut-être bien. Paraît-il qu’elle voyage souvent. Je peux rien garantir, mais les gens là-bas sauront sans doute vous en dire plus. Si vous voulez, je peux vous proposer des hommes pour vous accompagner. Si vous avez les moyens de payer, bien entendu…

Perd pas le nord, le Lannik.
Luke Kayan
Luke Kayan
Messages : 3119
Eclats Kyber : 0
Hj : rédigé de mémoire et sur téléphone. J'ai fait de mon mieux !

Le protocole aurait commandé aux deux Jedis d'être plus prudents, de faire attention aux possibles pièges. Avec Karm, c'était fluide, presque. Le murmure qui émanait de ses lèvres, son attitude générale laissaient penser que c'était un grand timide, pourtant son aîné savait juger les gens. Ses méthodes d'approche avaient beau parfois sembler hasardeuses ou plutôt, simplement civiles (spontanées et semblant parfois maladroites), loin de celles professionnelles de psychologues formées, il n'en était rien.

Luke pariait que malgré le facteur risque inévitable, son ami avait percé à jour la personnalité de Foruk, prudent mais séduit par un marché conclu en un temps record. Le Hapien les laissa discuter de l'accord, assez confiant. Le mercenaire voulait garder le matériel et se débarrasser de Tavaï, tout allait en son sens. Pas de danger donc de se faire doubler sauf peut-être les données si Foruk se mettait en tête de les récupérer pour les défendre mais c'est bien pour cette raison que les Jedis feraient des copies le plus rapidement possibles. De surcroît, le blond restait optimiste. Le Lannik tenait plus à son monopole relatif qu'au reste, il semblait suffisamment intelligent pour se projeter et oublier les crédits éventuellement perdus.

Luke avait juste senti un léger problème : Foruk s'était raidi lorsque l'Ark-Ni avait évoqué l'idée d'arrêter la Croisée. Qui étaient ces deux hommes ? Des Jedis, des Siths ? Un commando de l'armée Républicainre ? Non, cette institution primitive jugeait encore trop ses futures recrues au physique et n'auraient jamais admis ces deux-là. Peut-être d'autres chasseurs de prime.

- Les coordonnées et le vaisseau nous suffisent. Un bon speeder que nous pouvons vous louer. - Ajouta le Chevalier pour maintenir un lien quoique ténu avec Foruk et faire passer la pillule. Non, le duo ne désirait pas payer un homme de main qui serait d'ailleurs au mieux une gêne, au pire un espion.

- Et comment saurons-nous que vous vous êtes vraiment occupé de la Croisée, que vous n'êtes pas mort ou... Que c'est un piêge pour m'inviter dans un camps soit-disant vidé ?

- Hormis des images qui pourraient aussi être trafiquées et le fait de ne plus voir la Croisée dans le coin; pas grand chose. Mais ce n'est pas comme si vous aviez quelque chose à perdre en nous faisant confiance. Au pire, nous échouons, elle nous tu, ou nous nous rallions à elle un peu plus tôt car si vous ne nous indiquez pas sa position, elle viendra à nous vu qu'elle aime recruter. Et au mieux, vous recevez la localisation du camps disponible pour récupérer le matériel en vous défaisant de votre concurrente. Aucun de vos hommes en jeu et un peu d'argent pour le vaisseau en question.

Tout ça paraissait trop beau mais en même temps sincère. Foruk s'abstint de demander ce qu'avaient les deux "héros" avaient à gagner. De fait, il ne doutait pas que ceux-ci auraient un prix. Personne ne faisait ça gratuitement, seulement leur payeur devait se trouver dans la République bien au chaud. Le Lannik s'inquiétait plus d'une éventuelle fuite sur son véritable avis concernant la Croisée mais ce n'était pas non plus comme s'il tenait à passer pour son allié. Elle lui piquait de la main-d'oeuvre et devait donc se douter qu'il ne pensait pas du bien de sa fourrure brune. Décidément, cette affaire semblait être prometteuse.

L'homme reluqua les énergumènes, pas vraiment sûr qu'ils survivraient à l'Amarane malgré certaines capacités évidentes. Après, encore une fois ce n'était pas son affaire.

- Si vous êtes partant, voici un comlink à une seule fréquence, tout est crypté. Transmettez-nous ce que vous devez nous transmettre, si vous vous décidez.

Quelques heures plus tard, ils affrontaient Sevarcos. L'aridité avait déjà légèrement craquelé les lèvres de Luke qui passa inconsciemment sa langue dessus dans l'espoir vain de les hydrater. Un vieux speeder aux allures de tank les attendaient. Une carrosserie bosselée mais solide, remontée sur les côtes pour protéger du sable. Comble du luxe, les passagers pouvaient rabattre un dôme au-dessus de leur tête. Il était possible d'y dormir en s'allongeant à demi sur son siège, jambes fléchies, et plusieurs compartiments avaient été généreusement garnis de rations, d'une trousse de secours et Luke n'en doutait pas, d'un ou plusieurs mouchards.

- Soit Foruk veut vraiment que l'on réussisse, soit ses parents lui ont inculqué un sens de l'accueil impeccable. Ou... Il veut soigner son image de marque envers la clientèle.

S'amusa le Hapien après avoir inspecté l'appareil. Après une nuit à l'hôtel, les deux hommes se préparaient au périple. Malgré lui, le jeune Jedi avait peu dormi. Tachant de ne pas réveiller son compagnon, il avait lutté contre son imagination une bonne partie de la nuit. Était-il vraiment heureux de savoir que Tavaï était bien là ? Comment se passerait le combat ? Car il paraissait évident qu'il y en ait un.

Le blond trifouilla le foulard qui lui entourait le cou et passait par dessus ses cheveux, lui donnant de loin l'aspect d'un touareg. Ses chevilles et bras bandés visaient à éviter autant que possible que sable ou rayons de soleil pénètrent sa chaire. À cause de leur clareté, il plissaient un peu ses yeux légèrement larmoyants. Par chance le manque de visibilité ne semblait pas déranger le concerné.

- Tu es prêt pour les vacances ?

Taquina-t-il une dernière fois en réprimant le frisson qui parcourait son écrire, comme s'il avait froid, sous cet autre de plomb. Autour de lui une atmosphère chaleureuse naissait de rien. Sa manière de soutenir l'Ark-ni malgré ses propres angoisses : lui offrir du calme, autant de confiance et d'amour possible.
Karm Torr
Karm Torr
Messages : 3593
Eclats Kyber : 0
Toujours prêt, répondit l’Ark-Ni d’un ton égal, après avoir vérifié les voyants du speeder. J’ai la passion des tempêtes de sable.


Et puis l’appareil s’ébranla pour s’élancer dans le désert. Le paysage qui s’offrait à eux était désolé, sur des centaines, peut-être des milliers de kilomètres : des plateaux rocheux, des canyons et du sable, fouettés par des vents violents, qui paraissaient ne jamais s’apaiser. Pour une bonne part, ils naviguaient au radar, tant la visibilité était médiocre, et leur véhicule était constamment secoué par les assauts des bourrasques.


Entre eux, ils étaient plongés dans le silence, mais cela n’avait rien d’inhabituel. Karm n’était pas un grand causeur et deux Jedis aussi proches qu’eux n’avaient pas besoin de se parler pour se comprendre. Au bout de cinq heures de route, l’écran principal du tableau de bord se mit à clignoter et, après avoir jeté un coup d’oeil aux relevés, l’explorateur déclara :


Tempête en approche. Faut se trouver un abri.


Il étudia la carte topographique sauvegardée dans la mémoire de l’appareil et dévia de leur chemin pour prendre la direction d’un contrefort rocheux à une dizaine de kilomètres de distance. Déjà, à l’horizon derrière eux, des montagnes de sable tourbillonnantes s’étaient accumulées et elles déferlaient sur les grandes étendues désertes comme une avalanche meurtrière. Karm accéléra, malgré les gémissements plaintifs de la machine.


Bientôt, ils s’engouffraient dans une grotte et l’Ark-Ni coupa le moteur. Là, ils seraient en sécurité.


J’vais faire un petit tour dehors, j’te laisse garder le speeder.


Le jeune Maître déposa un baiser sur la tempe de son compagnon, avant de repousser le dôme protecteur pour bondir hors du cockpit et mener sa petite investigation. Sa lampe torche balayait les parois de la caverne, mais il eut tôt fait de découvrir que leur abri était en réalité fort étroit et qu’il n’en partait aucune galerie. Pas de mystère ici, juste une petite cavité dans la falaise que la tempête attaquait de biais.


Tu devrais en profiter pour faire une sieste, dit-il en revenant près du speeder. T’as pas l’air d’avoir beaucoup dormi.


Pour sa part, il avait médité avant le sommeil et, trouvant dans la Force toute la sérénité nécessaire, s’était reposé cette nuit-là sans la moindre peine. Cet affrontement avec Tavaï, il s’y préparait consciencieusement depuis des mois déjà désormais, et ce qu’il redoutait le plus peut-être, c’était que son ancienne maître ne fût pas présente et que la quête dût se poursuivre. Encore.


L’Ark-Ni grimpa à nouveau à l’intérieur du speeder, repoussa le bandeau de l’Hapien et lui caressa les cheveux, pour l’aider à s’endormir. Trois heures plus tard, la tempête s’était calmée et l’appareil reprenait sa course. Au bout d’un moment, Karm murmura :


Une ferme d’épices.


L’air était plus clair dans cette région et, en effet, on pouvait apercevoir d’immenses bâtiments à demi-cylindriques, caractéristiques des exploitations d’épices. Des éoliennes de duracier renforcées tiraient partie des vents continuels de la planète pour alimenter en énergie les serres où se cultivaient les épices et, plus loin, on pouvait voir les installations cubiques qui servaient au raffinement.


Une nouvelle fois, le Jedi jugea préférable de dévier un peu de leur route, pour ne pas donner l’impression aux propriétaires qu’ils s’intéressaient de trop près à leur opération. Les Seigneurs des Épices de Sevarcos ne passaient pas pour des gens commodes et le Gardien n’avait aucune envie de se mêler ce jour-là à leurs histoires. Mieux valait se prémunir de toute complication, quitte à perdre un peu de temps.


La nuit ne tarda pas à tomber. Le speeder s’engagea dans un énième canyon et, là, l’Ark-Ni le pilota aussi délicatement que possible dans une galerie souterraine afin de l’abriter. Une nouvelle fois, il quitta le cockpit pour mener son exploration. Cette fois-ci, le tunnel débouchait sur un vaste réseau qui se déployait à l’intérieur du plateau minéral dans toutes les directions et, à en juger par les échos qui y résonnaient constamment, il devait y avoir quelque part des courants d’eau souterrain.


C’est pas l’envie qui me manque d’explorer tout ça, déclara-t-il en rejoignant son compagnon, mais ce sera pour une autre fois.


Peut-être était-il possible d’atteindre par là les réserves d’eau du manteau rocheux, dans lesquelles les fermes d’épices devaient puiser abondamment, mais l’explorateur n’était pas là pour vérifier ce genre de théories. Alors à la place, il s’assit en tailleur à même le sol à côté de Luke et pressa un paquet de ration de survie autochauffante. Peu ragoûtant mais nourrissant, et c’était bien l’essentiel.


Si Tavaï est là, dit-il après un moment, mon plan c’est que tu la contraignes par la Force, pendant que je la combats. Que tu coupes son lien à la Force avec un mur de lumière. Elle se repose beaucoup sur ça pour compenser sa taille. Et ensuite, que tu l’éblouisses, pendant que je l’attaque. Évidemment, l’essentiel, ce sera de commencer par l’isoler, pour que tu puisses te concentrer sans avoir à te défendre contre d’autres assaillants.


Karm ouvrit l’emballage de son repas.


Ça te convient ? Sur le principe ? Qu’on exploite chacun à fond nos principaux talents ?


Parce que l’attaquer tous les deux au sabre, la fois précédente, n’avait été pas un franc succès.
Luke Kayan
Luke Kayan
Messages : 3119
Eclats Kyber : 0
La main dans ses cheveux décrispa un à un les muscles du concerné qui consentit à fermer les yeux. Ses paupières rendues brûlantes par leur course folle mais surtout le manque de sommeil acceptèrent enfin de cacher les prunelles disparates de Luke, inutiles mais néanmoins douloureuses car asséchées. Cette rencontre, il fallait bien qu'elle arrive, c'était nécessaire, aussi bien pour l'Ordre que pour Karm lui-même, pourtant Luke ne pouvait se résoudre à espérer totalement retrouver la Croisée. Il n'avait de cesse de ressentir le vide soudain qu'avait crée la fin d'Ekkt, Ombre douée qui avait cédé malgré lui devant la lame de l'ancienne maître de l'Ark-Ni. En inquiétude sous-jacente, comme si ça ne suffisait pas, il y avait aussi Noctis que le Hapien supposait être allié à l'Amarane ou du moins lié à elle. Comment son ami parvenait-il à cumuler les intrigues autour de lui de la sorte ? Il était pourtant si calme, prompt à s'adapter, se fondre parmi les autres, ni belligérant ni excessif orateur. C'était, certes, un maître très jeune, talentueux qui plus est, mais de là à devenir la cible de deux maniaques. L'idée, à la grande surprise de Luke, le fit sourire. Ça devenait presque caricatural, comme un mauvais roman policier, mais quoiqu'il en soit, le jeune homme se promit de ne pas abandonner son compagnon, quelques soient les conséquences, même s'il devait renoncer à obéir pour le sortir d'un mauvais pas. La mission avant tout avait-il dit à Maxence en sachant désormais et depuis quelques années déjà, que ce n'était pas complètement vrai.

Les deux Jedis reprirent leur course épuisante sous le regard brûlant d'un désert paré, comme si ça ne suffisait pas, de hautes montagnes. Une ferme à épices nichée dans ce paysage hostile tenait miraculeusement debout. Pour Karm, explorateur chevronné, Sevarcos contenait des mystères biologiques intrigants, Luke faillit lui proposer instinctivement d'aller dans les souterrains gorgés d'eau mais il savait que reculer l'inévitable duel n'était en rien sage. Ce serait même déraisonnable, on ne calmait pas une infection avec des intermédiaires si on avait le remède.

* Je doute pouvoir, c'est une ancienne Maître, plus âgée, expérimentée*

- Oui. Elle est déjà puissante, alors autant jouer de nos avantages.

Luke découpa ses inquiétudes en petits morceaux à leur tour réduits en confettis, le Maître turquoise [hj afro ] n'avait pas besoin de ça. Si sa stratégie ne lui avait pas semblé adéquate, le Hapien l'aurait repris, cherchant une alternative mais aujourd'hui, c'était vraiment la meilleure solution. Tenir autant que possible afin de bloquer Tavaï en espérant que le jeune maître puisse la vaincre au sabre, une fois qu'elle serait privée de ses dons. Dans ce cas précis, Luke devait compter sur son instinct davantage que son raisonnement, ses dons naturels plus que son expérience et cela l'effrayait. Il n'avait jamais eu pour habitude de prendre en compte ce fameux taux de Midichloriens, estimant devoir travailler autant qu'autrui pour obtenir des résultats. Aujourd'hui, pour confronter le mur de lumière à Tavaï, il devrait cesser de filtrer, contrôler ses dons et les laisser parler en toute liberté. Bien qu'il n'y ait aucune obscurité dans son aura, le Chevalier n'en craignait pas moins l'impact, comme lorsque plus jeune, il finissait par s'évanouir ou s'endormir d'épuisement à cause de son corps, bien trop faible réceptacle pour autant de pouvoir. Ne pas réussir à accomplir sa mission et laisser l'Ark-Ni face à une adversaire avec toutes ses capacités au sein de la Force, sabre à la main le terrifiait. Sans parler des possibilités d'être dépassé par ses pouvoirs et tomber, simplement. Mais il était un Jedi. Un Jedi qui devait arrêter une criminelle, donc il accompagnerait son amant et supérieur hiérarchique le plus dignement possible.

- Je t'aime Tam.

À son tour d'embrasser son compagnon puis d'engloutir sa ration qu'il ne refusa pas malgré une envie évidente de ne pas la prendre. L'estomac particulièrement noué par ce qui les attendaient, le jeune homme était rendu muet, du moins en apparence. Au sein de la Force, c'était une présence aussi sereine que possible, douce et tendre qui nourrissait le Maître pour vérifier que tout allait bien, lui offrir quelques forces mais aussi le soutenir autant que possible. L'empreinte, légère pour conserver elle aussi son énergie, se voulait rassurante, réconfortante et confiante.

- Elle voudra te combattre seule à seule, effectivement mais il y a des chances qu'elle essaye de me mettre hors de nuire car je n'ai pas à interrompre vos retrouvailles.- C'était bien contre un intervenant extérieure, risquant de gâcher le moment que l'Amarane pourrait déchaîner ses alliés, sans doute pour conserver le mysticisme de cette fameuse rencontre avec son ex-apprentie, boucler la boucle dans les règles de l'art... Mais aussi parce que peut-être elle craignait le duo, voire l'Ark-Ni seul. Elle avait bien dû voir que ce dernier s'était amélioré jusqu'à remettre en cause son pied d'estale. Luke était persuadé que pendant le combat ou après (bien qu'il ignore comment), Tavaï avait noté les changements chez son ancien Padawan, une chose qui devait à la fois l'intriguer, la fasciner et l'énerver.

Les deux Chevaliers reprirent la route. Sans voir, le Chevalier sentait que le but approchait tandis qu'un minuscule point découpait le désert : le campement duquel il faudrait isoler Tavaï.

- Appelle-la

Suggéra Luke, sachant la femme arrogante et surtout exclusive. Son ancien apprenti lui appartenait, elle ne laisserait personne le combattre, comme sur Coruscant où elle aurait pu exiger du soutien de ses hommes sans se résoudre à le faire. Il faudrait ensuite fuir, en apparence du moins, jusqu'à l'éloigner suffisamment d'ici pour rendre tout secours impossible car il pensait aussi que l'Amarane ne voudrait pas en finir aujourd'hui sinon se préparer pour un prochain affrontement si besoin. En mauvaise posture, il la pensait capable d'assez d'humilité pour appeler au secours, juste pour ne pas totalement en finir, et puis elle pensait sa cause si importante, mourir la condamnerait. Trop d'enjeux dépendaient de sa personne, dont son projet encore en construction.

- Prêt pour une couse-poursuite. On peut les emmener près des souterrains si besoin.

Suggéra le Chevalier. La cuvette était friable à certains endroits, ils pourraient ainsi piéger certains hommes et espérer perdre des vaisseaux dans les méandres de roches. Sans avoir exploré les lieux, Karm était assez connaisseur pour anticiper des phénomènes naturels qui pourraient leur servir, du moins espérait-il.

Une vague de Force s'étendit librement sur les plaines, lancée comme un cheval au galop. Elle mourut au pied de la structure lointaine. Luke frissonna.

- Elle est là.

Et il rassembla doucement la Force autour de sa personne, prêt pour plus tard, à dresser ce mur de lumière et dérober son souffle à l'ancienne Jedi, faisant office d'Ysalamari géant.
Karm Torr
Karm Torr
Messages : 3593
Eclats Kyber : 0
Comment était votre voyage, Maître ?

L’avale-sable venait de pénétrer dans le camp et l’Amarane en était sortie, à peu près d’aussi mauvaise humeur que lorsqu’elle avait quitté Svarcos II, trois mois plus tôt. Pendant un an, son opération s’était effritée de tous les côtés de la Bordure : son coup d’éclat sur Coruscant avait redoublé la vigilance des forces républicaines et elle ne s’introduisait plus désormais sur le territoire de la République qu’au prix d’efforts incroyables, et surtout coûteux.

Et puis il y avait eu le reste. L’intervention de son ancien apprenti sur Abhean l’avait empêchée d’acquérir le vaisseau qu’on lui avait promis en l’échange des actions de ses troupes et, désormais, elle était obligée de se concentrer sur cette base en plein désert et de multiplier les petits compromis avec les seigneurs des épices, ces êtres qu’elle méprisait pourtant profondément, comme les vermines qu’ils étaient.

Dites à Kee que je suis de retour, répondit-elle sèchement, avant de disparaître dans le bâtiment principal du camp, un préfabriqué hors d’âge qui résistait tant bien que mal aux ravages du vent.

Quelques minutes plus tard, alors qu’elle achevait de brosser sa fourrure pour se débarrasser du sable, un Moogan d’une trentaine d’années se présenta dans la pièce unique qui lui servait tout à la fois de chambre à coucher et de bureau, et posa un genou à terre.

Maître, dit-il d’une voix humble, je suis heureux de vous revoir.
Relevez-vous, dit-il de l’air abrupt qui lui était coutumier. Mon expédition sur Rishi n’a pas été couronnée de succès, Keel.
Que s’est-il passé ?
Je n’y étais pas seule.

Et l’Amarane releva la manche gauche de sa bure de Jedi, pour révéler une patte dépourvue de fourrure et dont la chair avait été noircie, comme brûlée au charbon.

Qu’est-ce que…, s’exclama le Moogan avec incrédulité !
Le résultat d’une rencontre malencontreuse avec ce monstre d’Absalom. Si j’avais su à l’époque où il n’était encore qu’un enfant dans les couloirs du Temple ce qu’il allait devenir…

Mais elle laissa échapper un soupir, découragée. Face au Seigneur renégat, elle n’avait pu que fuir, alors qu’il resserrait sur elle l’étreinte corruptrice du Côté Obscur, pour la vider de son énergie vitale. Plus rapide que lui, elle était parvenue à s’échapper, mais son bras était presque mort désormais.

Il va falloir que je trouve un chirurgien. Et une bonne prothèse.

Elle envisageait cette amputation avec une froideur méthodique, comme si elle n’en était pas la première concernée.

Laissez-moi aller sur Hapès pour vous venger, maître !
Tu ignores encore bien des choses sur la Force, mon Padawan et…

Mais ils furent interrompus par un astromech rouillé qui déboula dans la pièce avec une série de bips nerveux. L’Amarane fit un geste vers la console du bureau et le droïde s’y brancha, afin de se rendre plus intelligible. Apparemment, une transmission leur arrivait depuis le désert.

Probablement un seigneur des épices, conclut le Moogan. Je vais m’en occuper, maître.
Non, non, fit Tavaï en rajustant soigneusement sa bure. Il n’est pas mauvais qu’ils sachent que je suis revenue. Ça calmerait certaines ardeurs. D7-28, active la transmission.

Après un bip approbateur, le droïde enclencha l’holoprojecteur intégré à la console. Et le buste qui était apparu n’avait rien d’un seigneur des épices.

Bonjour, maître Tavaï.

Le coeur de l’ancienne Jedi manqua un battement, mais elle reprit rapidement le contrôle de mes émotions.

Bonjour, mon jeune Padawan.
Maître, à vrai dire, désormais.

Il était devenu Maître.
Sans elle.
Peut-être même malgré elle.

Félicitations, déclara-t-elle d’une voix plus affectée qu’elle ne l’aurait voulu. Je suppose que ta présence sur Sevarcos II ne relève pas du hasard.
Non, maître, reconnut l’Ark-Ni, dont Keel fixait la projection avec une intensité toute particulière, tant il avait entendu parler de cet ancien apprenti sur lequel sa maîtresse ne tarissait pas d’éloges. J’aimerais que vous acceptiez de me raccompagner jusque sur Coruscant, pour vous rendre aux autorités de la République.
Et que l’on fasse passer nos sacrifices pour des crimes ?
Ce sont les juges, répondit le Gardien d’une voix douce, qui devront décider ce qui est quoi. Mais peut-être qu’on pourrait se parler de vive voix ?
Je suis prête à t’accueillir au sein de notre camp.
Je préférerais vous rencontrer à l’extérieur.
L’extérieur, sur cette planète, tu l’auras remarqué, est hostile, Oni.
Pardonnez-moi de penser, Maître, que votre camp le serait aussi pour moi.

Il y eut un long silence, troublé seulement par les grésillements de la communication.

Et puis l’Amarane demanda :

Où ?
Il y a un canyon rocheux protégé des vents à une quarantaine de kilomètres de votre camp. C’est un bon endroit pour discuter.
Soit. Attends moi là-bas.

Et elle fit signe au droïde de couper la transmission.

Maître ! C’est probablement un piège.
Peut-être. Mais je ne compte pas y aller seule. Rassemble dix hommes. Nous partons à l’instant. Mais quoi qu’il arrive, ne t’attaque pas à lui.

Le Moogan baissa la tête.

Tu ne serais pas de taille.

Dans le réseau des grottes souterraines où les deux Jedis s’étaient rapatriés, après avoir confirmé la position du camp, Karm observa pensivement :

Elle a beaucoup vieilli, ces derniers mois.

C’était curieux, car Maître Tavaï n’était pas si âgée que cela. Qu’avait-il bien pu se passer pour elle pour que ses ans paraissent s’être écoulés si vite ?

Je vais tenter une dernière fois de négocier, conclut-il en se retournant vers Luke. C’est la Voie du Jedi, et si elle, elle l’a oubliée, moi, j’y tiens encore. Mais je suggère que tu dissimules dans les galeries pendant notre rencontre. Pour l’heure, elle n’a pas l’air de se douter de ta présence, et nous pourrions tirer profit de cet effet de surprise.

Il prit la main du Chevalier pour y déposer un chaste baiser.

Tu avais raison à propos de ces cavernes. Les galeries sont exiguës. Pour une spécialiste de l’Ataru comme elle, ce n’est pas un terrain très propice, et si elle vient accompagnée, ils pourront pas faire bloc, de sorte que leur avantage numérique sera moins sensible qu’en d’autres lieux.

Il espérait simplement que tout cela suffirait.
Luke Kayan
Luke Kayan
Messages : 3119
Eclats Kyber : 0
Luke hocha fébrilement la tête, il était d'accord. C'était d'ailleurs ce qui le poussait toujours plus dans les bras de cet homme. Outre leur entorse aux traditions, tous deux partageaient la même croyance ferme aux principes fondamentaux de l'Ordre, dont la négociation en vue d'une rédemption. Ceci dit, les années passant, le Hapien avait perdu en naïveté, son entrée dans le monde de la police et plus précisément du profilage laissaient peu d'espoir. Tavaï était beaucoup trop engoncée dans l'obscurité, pire de ses convictions pour changer.

Après un dialogue surréaliste au cours duquel l'Amarane osa féliciter son ex-Padawan pour sa promotion, les Jedis s'enfoncèrent dans les galeries. Le blond espérait, en plus de bloquer d'éventuels alliés de l'Amarane, faire jouer de leurs avantages : une connaissance incontestable des terrains de ce genre pour l'explorateur, et pour lui la maîtrise du monde de la nuit. Karm aida son compagnon à bien se cacher, s'assurant que le moindre pan de sa tenue assez ample disparaisse derrière un mur de roche légèrement humide. Ironiquement "trop puissant" dans la Force, le Hapien peinait à camoufler son aura, là où ceux de son âge disparaissaient sans problème. Il choisit donc de fondre ce qui risquait de transparaître au sein de l'empreinte de Karm, comme une éclipse parfaite. Sa présence réduite s'occultait derrière celle, déployée de son ami.

- Le côté Obscur dévore les tissus, déchire les veines et déforme les visages. - Suggéra le Jedi, tandis qu'il s'affairait à préparer le fameux effet de surprise en réduisant son existence à un souffle discret, inaudible. Sans être réellement sûr des raisons qui faisaient vieillir l'Amarane, le Chevalier se surpris à apprécier le coup du sort. Ce n'était pas dans ses habitudes de désirer le malheur d'autrui, ni même d'un ennemi, mais tout ce qui pouvait affaiblir cette psychopathe était bienvenue. Abîmée ou pas, la Croisée se défendrait au-delà du raisonnable, le Consulaire le pressentait.- Une maladie sinon ? Dans tous les cas, demande-lui et propose-lui des soins. ça devrait la destabiliser.

D'après l'étude de son profil, l'ancienne Maître aimait se sentir en contrôle. Sa tendance à l'obsession pour ses projets, elle pouvait s'être oubliée au point de ne pas vouloir remarquer son affaiblissement possible. Dans le pire des cas, elle était tellement dérangée qu'elle ne s'en était même pas aperçue. La décontenancer, démontrer que ses problèmes étaient visibles briserait un peu de son assurance ou l'enragerait au point de l'aveugler, du moins le Chevalier l'espérait. L'avis de Karm était de tout évidence primordial pour l'ex-mentor, le Chevalier espérait donc que jouer dessus en démontrant combien elle lui semblait ridicule, ses projets vains, fous la feraient douter.

En attendant il se préparait de son mieux, très lentement, parce que cacher son empreinte tout en amassant la Force afin de construire le mur de lumière relevait presque de la contradiction. Il devait à chaque fois réajuster la puissance de son aura pour continuer de se cacher derrière celle de Karm. Trop occupé, paradoxalement aveuglé par un "trop plein" de lumière, le Consulaire ne pouvait désormais plus sonder les alentours. Il ne savait pas qui ou quoi s'approchait d'eux. Jusqu'à ce que l'Ark-Ni perce son brouillard médidatif d'une onde particulière, ce dernier était seul.

Un pan de sa tunique s'imbibait doucement d'eau sans que le Hapien n'en ait conscience. Il n'avait que le temps d'envoyer une onde douce et chaleureuse en guise d'au revoir à son aîné. Plongé au coeur même de la Force pure, le Consulaire ne gardait qu'un léger lien avec la réalité, suffisant tout juste pour cacher sa présence et répondre à l'impulsion de Karm. Son corps frémissait, engourdi par une chaleur mystique, vivante, il perdit toute notion d'angoisse. Le combat à venir, les réactions du nouveau maître et de l'ancienne, déchue, les anticipations... Luke avait disparu, du moins ses raisonnements habituels. Seul le présent existait. Le présent et la Force qui grandissait, pure et lumineuse. Les bases d'un mur s'érigèrent, immatériels et invisibles mais puissants, patients. Ils étaient prêts à jaillir pour entourer l'ennemie, l'empêcher de bouger tandis qu'un rayon de Force lumineuse s'introduirait en Elle pour "violer" son esprit, dérober le courant qui galopait en elle et lui permettait de semer le mal. Ce que s'apprêtait à faire Luke tenait presque de l'irréalisable. Couper quelqu'un de la Force, même temporairement demandait beaucoup d'énergie mais aussi de l'instinct, car il n'existait pas de mode d'emploi pour allier ces techniques, alors face à une femme si douée... Mais Luke tiendrait, au moins une ou deux minutes afin de permettre à l'ex-Padawan de tenir. S'il avait encore été conscient, le Consulaire aurait cherché à se rassurer par la raison en se répétant qu'effectivement, sans son Ataru, vieillie, influencée par la présence de Karm, les statistiques de victoire de la Croisée avaient largement diminuée depuis la dernière fois. Mais maintenant, il n'était plus qu'une présence dans la Force, un enfant qui avait retrouvé le ventre de sa Créatrice. Une seule pulsion pouvait l'en sortir, l'empreinte spécifique du seul à avoir le lien suffisant avec lui pour intervenir dans cette séance de méditation particulière.

C'était maintenant que tout devait se résoudre, en bien comme en mal.

***

Tavaï arrêta ses hommes d'un geste de sa patte valide, très semblable aux signaux qu'usaient les militaires. Ce groupe fidèle, elle l'avait entraîné elle-même après les avoir endoctriné. Mercenaire de petit acabit, sans réel but, ils se battaient désormais avec ferveur sous le même étendard au nom d'idéaux auxquels ils croyaient fermement. Tous voulaient satisfaire la Croisée, peu importait son apparente vieillesse que finalement, aucun d'entre eux n'avait souhaité remarquer.

Les yeux luisants dans l'ombre, la canidé s'approcha lentement, elle savait son ancien Padawan prudent, et puis il n'était pas venu seul la dernière fois; très au courant de la puissance redoutable de son ancienne maître. Un genre de fierté mêlée à de la colère s'embrouillaient en elle. Le fait que le Conseil ait daigné le nommer maître rendrait plus difficile toute corruption. Il devait; pauvre aveugle, se croire vraiment intégré par cette bande de froussards et donc renoncerait difficilement à l'Ordre. D'un autre côté, avoir réussi en sachant que les jedis faisaient -quoiqu'ils en disent- payer les erreurs d'un mentor à son innocent Padawan, cela tenait du miracle, prouvant des capacités au-delà de la moyenne. Brave Oni. Un peu trop brave hélas, si seulement il pouvait l'écouter.
Karm Torr
Karm Torr
Messages : 3593
Eclats Kyber : 0
Bonjour, Maître.
Bonjour, Oni.


L’Amarane avait pénétré dans la grotte à pas lents et prudents, tandis que ses hommes se déployaient à l’embouchure des souterrains, derrière lui, pour lui laisser une intimité respectueuse. Chacun à sa manière rêvait de pouvoir mettre la main sur le fameux premier Padawan, le seul qu’elle ait entraîné de bout en bout, et dont elle ne cessait de leur parler.


Tu es seul ?
Vous ne l’êtes pas.
Je ne te veux aucun mal.
La dernière fois, vous avez failli me tuer.
Mais tu es vivant, c’est donc que je ne l’ai pas voulu.
Votre compassion m’honore.


L’ancienne Jedi plissa les paupières pour tenter de déchiffrer les ombres tout autour d’eux mais, en effet, son ancien apprenti paraissait seul. Elle aurait voulu sonder la Force aux alentours pour s’en assurer, mais elle craignait que le jeune Maître ne mît à profit le moindre moment de distraction pour l’attaquer. Karm s’était toujours battu avec des méthodes peu conventionnelles pour un Jedi, et elle avait souvent réprimandé ses errements loin de la stricte adhérence aux traditions de l’Ordre, mais elle eût été idiot d’en méconnaître l’efficacité.


Maître, revenez avec moi au sein de la République. Vous auriez un procès retentissant. L’occasion de tenir votre discours sous le feu des projecteurs. Ce serait infiniment plus efficace que ce que vous faites aujourd’hui. Vous êtes… noyée dans la masse des événements, des dizaines de conflits, d’attentats, de guerre, de crimes, et personne ne vous écoute.
Et crois-tu que les médias républicains m’écouteraient ? Crois-tu qu’ils me serviraient vraiment de porte-voix ?


L’Ark-Ni haussa les épaules.


Y a plein de politiciens qui partagent vos idées, à défaut de partager vos méthodes, au sein du Sénat même, ça m’étonnerait beaucoup que ce soit pas le cas.


De sa main valide, l’Amarane lissa l’une de ses moustaches et elle regretta aussitôt son geste, parce qu’elle vit le regard de son ancien apprenti se poser sur son autre patte. Elle l’avait trop bien entraîné pour que Karm ne sût pas lire dans les attitudes de son corps où se trouvaient ses points faibles. Et au fond, il avait peut-être raison. Diminuée, son opération presque réduite à néant, incapable de tenir tête à un Seigneur Sith isolé, traquée par tout le monde, après l’échec d’Abhean, que pouvait-elle encore espérer accomplir ?


Je ne suis pas la seule protagoniste de cette histoire, avança-t-elle prudemment.
Les autres sont moins reconnaissables que vous, et se feront moins facilement traquer.
Tu proposes donc que je me rende pour qu’ils puissent s’enfuir ? Tu voudrais laisser partir des gens que tu tiens pour des criminels ?
J’ai des ambitions proportionnées à mes moyens et ce qui compte, pour moi, c’est que vous soyez en sécurité et que la confiance dans la justice soit rétablie.
Et est-ce que tu as, toi, confiance en la justice républicaine ?


Une nouvelle fois, le Gardien haussa les épaules.


Mon avis importe peu. Mais je fais ce qui me semble le mieux pour vous, pour l’Ordre et pour la République. Actuellement, personne n’a ce qu’il veut. Vous menez une vie épuisante, qui va finir par vous briser, sans avoir atteint aucun de vos objectifs. L’Ordre, que vous voulez renforcer par vos actions, est constamment affaibli par votre cavale. Et la République, que vous voulez rendre déterminée, se méfie de ses Jedis et vous ignorent.


Il se détacha du speeder pour faire un pas vers elle.


Maître, vous voulez que la République vous écoute ? Il n’y a pas de meilleur moyen que celui-là. Vous voulez que l’Ordre Jedi soit fort ? Il n’y a pas de meilleure méthode pour le renforcer. Vous voulez exposer le danger représenté par les Siths ? L’Empire est divisé, beaucoup de gens se posent des questions, toute l’attention sera tournée vers vous et ce que vous avez à dire.
Et crois-tu, toi, que nous devions reprendre la guerre ?
La question n’est pas là.
Je sais que tu désapprouves mes méthodes. Mettons cela de côté. Est-ce que Maître Karm pense que la République devrait signer une trêve avec l’Empire ?
Oui.
Vraiment ?


Tavaï parut sincèrement surprise.


Les civils et les armées régulières sont emportées dans un conflit qui nous concerne nous et l’Ordre Sith. Je pense que nos diplomatiques et nos politiciens devraient s’employer à détacher petit à petit l’Ordre Sith de l’Empire. Et que la guerre devrait se poursuivre, entre l’Ordre Jedi et l’Ordre Sith. Une guerre personnelle, pas galactique.
Situation si hypothétique qu’elle relève de l’utopie, jugea Tavaï.
Vous êtes blessée, maître, déclara brusquement le Jedi.


L’Amarane ajusta machinalement sa bure.


Une rencontre malheureuse avec un Seigneur Sith, expliqua-t-il sobrement.
Darth Noctis ?
Comment sais-tu cela ?
Il ne cesse de m’aider contre vous.


L’ancienne Jedi parut tout à fait incrédule.


Mais enfin… Dans quel but ?


Karm fit un signe d’ignorance.


Encore une question à laquelle vous aurez du mal à répondre depuis ici.
Tu es devenu bien manipulateur, mon apprenti.
Pas vraiment, non, répliqua celui-ci. Je fais que vous décrire la situation objectivement. Je vous connais. Je suis sûr que si vous raisonnez froidement, vous arriverez aux mêmes conclusions que moi. Quand une tactique échoue, c’est vous qui me l’avez appris, il faut savoir s’adapter aux circonstances, même avec des changements radicaux.


Il y eut un long silence. Pour une bonne part, les observations de l’Ark-Ni rejoignaient celles de son ancienne Maître. Les perspectives s’étaient tant assombries ces derniers mois qu’elle peinait à voir une issue. Mourir au combat ? Comme une vulgaire criminelle, sans le moindre écho, dans l’indifférence générale ? Un procès préservait sa vie, mais cela, elle s’en préoccupait peu : un procès était médiatique. C’était ce qui comptait.


Les minutes passèrent, alors que Tavaï tournait et retournait la situation dans son esprit.


Très bien, fit-elle finalement, d’un ton posé.
Très bien… ?
Je te suis jusqu’à Coruscant. Si mes hommes peuvent quitter cette planète librement.


Karm eut un hochement de tête, avant de tendre la main.


Votre sabre, s’il vous plaît, maître.


L’Amarane eut une dernière hésitation, puis elle détacha l’arme à sa ceinture. Le sabre s’éleva de sa paume, flotta à travers les airs et se posa dans celle de son ancien disciple, qui l’attacha à sa ceinture.


Mes hommes…?


Le jeune Maître fit un geste de la main et la femme activa son comlink.


Repliez-vous à la base, démantelez le camp et dispersez-vous.
Mais…, fit la voix de Klee à l’autre bout du fil.
C’est un ordre, dit placidement Tavaï, qui, une fois sa résolution prise, entendait qu’elle fût respectée.
Vous vous rendez ?


La voix était incrédule.


Je vais poursuivre le combat dans une autre arène. Continuez votre entraînement. Un jour la République aura besoin de soldats vraiment déterminés, et je veux qu’elle sache vers qui se tourner.


Le comlink grésilla un moment sans réponse et puis Klee déclara d’une voix atone :


Bien, Maître. Que la Force soit avec vous.
Et avec vous.


La communication fut coupée et les deux Maîtres se regardèrent en silence pendant un moment, avant que Tavaï ne déclare :


Ça y est. Ils sont partis.


En effet, Karm le sentait aussi à travers la Force.


Luke, lança-t-il. C’est bon, on rentre.
Luke Kayan
Luke Kayan
Messages : 3119
Eclats Kyber : 0
Sorti de sa transe par une impulsion surprenamment douce impliquant une conclusion inattendue à la rencontre. Les yeux rendus luisants par l'absorption exponentielle de Force, Luke se redressa peu à peu, presque vacillant, encore étourdi par sa transe. Il retrouva sa pleine conscience et avec elle, sa prudence caractéristique. Considérant l'Amarane en face de lui, avec une intensité suffisante pour laisser penser qu'il la dévisageait, le Hapien s'approcha. L'ancienne Maître le toisait avec un certain dédain. Ce blondinet aux airs de petit Jedi parfait, digne d'une image de propagande "on recrute" avait sûrement participé à éloigner Oni d'elle. Éprouvait-elle de la jalousie à l'idée que son ex-Padawan entretenait un lien extrêmement fort avec lui, un lien qui aurait dû lui être réservé ? Luke ne le saurait jamais, car il avait poliment arrêté son exploration aux frontières de son cerveau, réflexe de Jedi respectueux de leurs codes d'intimité mentale ou jeune Chevalier trop intimidé par cette présence noircie, lourde de sens et de symboles. Concentré sur la Force, le jeune homme salua l'Amarane d'un ton aussi neutre que possible, voix basse puis ignorance apparente d'une créature dont il aurait pourtant aimé sonder les tréfonds de l'âme pour essayer de comprendre... Savoir comment et pourquoi des membres de son cher Ordre finissaient par le trahir, semant sur leur passage des dégâts irréparables. Tavaï était la témoin des erreurs du Conseil. Personne ne l'avait vu tourmenter Karm sous prétexte de l'éduquer. Elle aurait pu gâcher une vie, la pousser vers l'obscurité si ce n'était vers sa fin. Chance inestimable couplée au courage d'un gamin martyrisé, le triste héritage de l'Amarane n'avait pas été transmis. L'Ark-Ni était un maître honorable, reconnu comme étant, ironie du sort, l'un des grands talents de l'époque. Nommé très jeune au plus haut rang, il représentait une promesse, la preuve que des sombres débuts ne guidaient pas obligatoirement vers un futur de perdition.

La leçon se complétait aujourd'hui, au grand plaisir de Luke. Il fallait l'avouer, bien que la femme continue de l'intimider, le Hapien était ravi de constater le déclin de sa personne, de ses projets. Reconnaître que son Ordre avait failli en ce qui concernait Karm était une vérité douloureuse, légèrement amoindrie par les échecs de l'Amarane. Cette dernière pouvait bien s'accrocher à ses illusions, ses croyances agressives, elle ne faisait que s'enfoncer toujours plus, preuve en était sa présence étrangement affaiblie, même au sein de la Force. Sa puissance avait beau demeurer, latente, palpitante, effrayante, on sentait l'ancienne Figure de l'Ordre épuisée par ses combats, ses ratés successifs.

Le Chevalier se plaça à côté d'elle, réfrénant son plaisir, son soulagement de la constater -presque- sous contrôle. Encore plongé dans sa transe, prêt au duel, le jeune homme n'avait rien entendu de l'échange entre Karm et son ex-Mentor, mais il avait dû faire preuve d'une sacrée force de persuasion. Encore inquiet quant à un coup retors de l'Amarane, Luke consultait fréquemment la Force afin de vérifier qu'elle ne prépare pas une tentative pour se défaire de leur emprise. Comme il avait raté le dialogue entre les deux protagonistes de l'histoire, le Chevalier était en droit de se méfier. Il ignorait par exemple que l'ancienne Jedi avait cédé en pensant que c'était à son avantage.

Une onde de Force chaleureuse voyagea de son esprit à celui de Karm. Lié à ce dernier malgré tout, L'Amarane parvint à en capter l'essence, du moins en partie. Elle fronça un sourcil, frémit du museau sans rien laisser paraître d'autres d'une éventuelle jalousie ou de regrets. Il était certain qu'elle aurait apprécié que les choses se déroulent autrement, sachant qu'Oni avait été son apprenti le plus prometteur, son œuvre. Difficile aujourd'hui de commencer à se dire qu'il avait réussi malgré elle et pas grâce à son influence. Aurait-elle changé quoique ce soit si elle avait eu l'occasion de retourner dans le passé ? Rien n'était moins sûr, mais c'était en tout cas les questions qui traversaient l'esprit du jeune Jedi. Ce dernier avait beau essayer de se centrer sur l'extraction de Tavaï, des centaines d'interrogations jaillissaient de son esprit, des demandes qu'il aurait aimé lui formuler, voire des critiques à lui asséner.

Ce sentiment n'étant pas Jedi, Luke prenait soin d'assassiner dans l'oeuf toute envie de formuler des reproches, ou même de lui prouver combien elle s'était trompée, enfonçant la vérité dans le crâne de la Croisée... Mais c'était plus difficile qu'il ne l'aurait cru. Qu'on fasse du mal à sa propre personne rendait plus simple la notion de pardon enseignée depuis sa prime jeunesse. C'était en revanche contraignant de l'appliquer lorsqu'une personne aimée était en jeu, qu'il savait que Karm avait encore des problèmes, quoiqu'enfouis, à cause de cette folle. Sans doute était-ce une des raisons pour lesquelles l'Ordre renâclait tant à laisser leurs membres aimer. La vengeance au nom d'un être adoré était un moteur extrêmement puissant.

Pour l'instant, le Hapien était surtout soulagé de la tournure des événements bien que sa joie se laisserait pleinement ressentir qu'une fois l'Amarane enfermée en attendant son jugement. Il ne doutait pas que l'extrémiste serait condamnée vu ses crimes et il espérait que son discours fanatiques ne créerait aucun engouement. Ça, ça restait à voir car force était de reconnaître que Tavaï avait tout de même réussi à convaincre certaines âmes, menées dans sa chute, comme d'habitude avec elle.

Gêné par la présence de la femme, il calqua son rythme sur celui de l'Ark-Ni à défaut de mieux. Il aurait aimé organiser le rapatriement avec davantage de précautions, un meilleur vaisseau par exemple et l'intervention la plus rapide possible de la part de la République. Tout lui semblait précipité, anormal. Il faut dire qu'il ne s'était vraiment pas attendu à avoir tort sur ce profil qui aurait dû se débattre, demander le déploiement des talents combinés de Karm et des siens. Un peu gêné d'avoir rassemblé autant d'énergie sans avoir pu la libérer, le Jedi frissonna, encore imbibé de toute cette puissance. Il attendait la catastrophe.

- Je vais prévenir.

Suggéra Luke, mal à l'aise de laisser son ami avec son ancienne maître, tout en restant conscient qu'il fallait faire tourner la machine. Accéder aux droits d'atterrissage, prévenir qu'une prisonnière dangereuse serait livrée, préparer les papiers, l'accueil. Il s'éloigna pour utiliser un réseau concret, crypté qui traversait aisément les frontières planétaires. Si le message ne passait pas maintenant, il serait envoyé automatiquement quand ce serait possible. Le jeune homme hésita, puis par déférence envers Karm et aussi par pure logique, ne prévint personne de la présence du camps associé à Tavaï. Ils auraient pu lancer une enquête, chercher à coincer les "soldats" de la femme, seulement hors de la République, ça aurait été fastidieux, coûteux. Ces hommes n'avaient peut-être encore rien fait d'ailleurs, sinon suivre l'entraînement de l'Amarane. Enfin, il imaginait que Karm avait pu négocier la reddition de son ancienne mentor en incluant la promesse de laisser ses hommes tranquilles. Le Hapien se contenta donc de prévoir tout ce qui fallait pour leur retour sur la République, dont l'envoi d'un vaisseau avec pilote capable de contenir une cellule pour Sensible. Le temps de rentrer, ils trouveraient la navette disponible, même si avant cela, restait l'épreuve de passer une nuit dans le désert, avec Tavaï.

***
Le speeder étant tout juste assez grand pour placer une personne au centre, c'est un peu serrés, alourdis et plus lents que le convoi "exceptionnel" démarra. Le manque évident de précautions était partiellement acceptable vu que l'Amarane s'était rendue volontairement, sans quoi ils auraient dû s'établir en plein désert pour attendre une équipe, ce qui était pratiquement irréalisable. Comme quoi même Luke devait reconnaître que cette fois, le protocole s'adaptait mal à la réalité du terrain.

La fameuse heure arrivée, le jeune homme passa des menottes spéciales autour des poignets fins de l'ancienne Jedi. Il lui proposa d'au moins apaiser d'éventuelles douleurs concernant celui handicapé (plus par obligation qu'envie. Une Tavaï réduite restait relativement rassurante.) mais essuya un refus. Il vérifiait scrupuleusement les attaches et autres paramètres de sécurité de l'Amarane quand cette dernière lui décocha enfin un mot.

- Comment as-tu pu l'approcher ? T'en faire... Un proche ?
- Je suis désolée Madame, ce n'est pas de votre ressort. N'oubliez pas, vous avez le droit de garder le silence, tout ce que vous pourrez dire peut-être retenu contre vous.

Le Jedi était poli mais distant, froid. Il répondait avec attention, choisissant des mots protocolaires que le code lui autorisaient. Elle frémit du museau puis, lorsque son ancien Padawan s'approcha, le considéra avec mépris. Elle pointa du menton Luke qui s'affairait à préparer le repas.

- C'était par esprit de contradiction ? Lui ? Il est tout ce que ce Conseil Frileux prône. La marionnette parfaite. Alors tu l'as choisi pour leur montrer patte blanche ? Pour te faire bien voir ? Remarque tu me diras, non. Vu comme ils considèrent les relations d'attachement, il t'auras plutôt freiné dans ton ascension. Pourquoi avoir tout mis en danger pour lui ?

La Croisée s'unissait à des gens qui lui apportaient, pas ceux qui la ralentissaient. Elle ne comprenait vraiment pas l'attitude d'Oni. Son départ l'avait-il tant retourné qu'il s'était attaché à ce blondinet ? À moins qu'une envie sourde de corrompre l'apparente perfection ne l'ait attiré ? Karm aussi travaillait dans ce cas, à convaincre autrui de rejoindre sa cause. Pas si intégré que ça dans l'Ordre le petit Ark-Ni finalement.
Karm Torr
Karm Torr
Messages : 3593
Eclats Kyber : 0
Karm considéra Luke, puis son ancienne maître, et esquissa l’un de ses rares sourires pour répondre tout simplement :

Je suis amoureux.
Je t’ai enseigné pourtant à bien des reprises de te défier de tes instincts sensuels, répondit calmement l’Amarane. Ils ont toujours été puissants chez toi, je l’ai senti dès le début de ton adolescence, et ils sont contraires aux stricts préceptes de l’Ordre Jedi.
Et ce que vous faites vous-même n’est-il pas contraire aux stricts préceptes de l’Ordre Jedi ?
Je combats le Côté Obscur, pendant que notre Ordre continue de servir une République qui signe des trêves avec l’Empire. Nous sommes envoyés sur les champs de bataille pour satisfaire de petits calculs de politiciens, nous mourons, nous sommes capturés, et les frontières restent les frontières, pour que quelqu’un puisse se targuer d’avoir signé une paix.
Vous avez commencé votre croisade avant que la trêve ne soit signée.
Et la signature de cette trêve ne prouve-t-elle pas que j’avais raison ?

L’Amarane savait pertinemment que son apprenti ne s’était jamais départi d’une méfiance de principe pour la République, cette entité immense et incompréhensible, étrangère aux premières années de son enfance et à tous les principes élémentaires que l’éducation des siens avait durablement implantés en lui. Il y avait des Jedis qui oubliaient tout des premières années de leur vie et d’autres qui, comme Karm, restaient constamment attachés à leur culture, se la réappropriaient dans leur jeunesse et s’identifiaient à elle. Or, la culture de l’Ark-Ni n’était pas une culture républicaine.

Elle jugea que le silence de son ancien Padawan était une marque involontaire de son approbation, mais depuis longtemps, elle interprétait mal les réserves de l’Ark-Ni. Son regard revint sur l’Hapien qui s’affairait avec les rations de survie.

J’aurais cru que tes instincts t’auraient porté vers quelqu’un avec plus de tempérament.
Quand la rivière est silencieuse, elle n’en creuse pas moins la roche.
Tu te fais des illusions, si tu crois que tu peux te contenter de lui.

L’Amarane posa un regard inquisiteur sur son apprenti.

Mais peut-être que tu ne t’en contentes pas… ?
Bien sûr que non. Je cours la galaxie pour me faire prendre dans chaque port.

Et sur cette déclaration proférée sur le ton le plus sérieux, le Jedi rejoignit son ami.

Elle est d’excellente humeur, murmura-t-il. Mais je ne crois pas que nous devions nous attendre à un coup en traître de sa part. Ce n’est pas exactement sa marque de fabrique et puis elle attend beaucoup de la couverture médiatique de son futur procès. En attendant… Ben, essayons de ne pas trop nous laisser affecter par sa conversation.

Tavaï avait trahi les préceptes de l’Ordre Jedi, mais elle n’était pas une traître. Bien des fois, elle avait exigé du Conseil des mesures plus radicales, et bien des fois, elle avait prévenu que d’autres prendraient les décisions que les prudents ne sauraient prendre. L’Amarane avait toujours dit ce qu’elle faisait et fait ce qu’elle disait, et la surprise que ses actions pouvaient susciter ne naissait que de ce que les autres refusaient de prendre la pleine mesure de son radicalisme.

Bientôt, ils furent tous les trois assis devant leur repas.

Et donc tu es un Maître, désormais, déclara Tavaï de but en blanc après un long silence [/color]?[/color]
Yep.
Toujours explorateur ?
Toujours.
Heureux ?

Karm releva les yeux vers la maîtresse d’armes. Elle lui paraissait parfois si déconnectée de la réalité de leur relation qu’il se demandait si elle plaisantait ou non.

Très, se contenta-t-il de répondre.
Bon.

L’Amarane acheva sa portion.

C’est tout ce qui compte, pour moi, tu le sais bien.

C’était un propos d’une rare violence, pour qui avait subi sa maltraitance pendant toute son adolescence, mais l’Ark-Ni jugea préférable de conserver le silence. Luke put sentir les sentiments qui s’agitaient sourdement au fond de lui, le tumulte de tout un passé encore mal digéré, mais le Gardien demeura impossible et le repas fut fini.

Tavaï s’enroula dans son manteau couleur de sable et sombra aussitôt dans un profond sommeil.

La vache, c’était rapide, fit son ancien apprenti, un peu surpris.

Il s’accroupit prudemment près d’elle et posa avec délicatesse la main sur sa petite épaule.

Elle est presque évanouie, en fait. J’sais pas c’que Noctis lui a fait, mais ça l’a sacrément affectée.

La vie de l’Amarane ne paraissait pas être en danger pour l’instant, cependant, et puisqu’elle avait refusé des soins, Karm jugea préférable de laisser l’affaire en l’état. Au demeurant, cette faiblesse l’arrangeait.

Il prit le premier tour de garde. Luke le second. Tavaï ne bougea pas de toute la nuit et son souffle était parfois si faible que les deux Jedis purent se demander à bon droit si elle n’était pas en train de rendre l’âme. Au petit matin, la maîtresse d’armes se releva avec une certaine difficulté. En croisant le regard de son ancien Padawan, elle déclara :

Que cela t’apprenne à ne jamais sous-estimer les Seigneurs Siths…
Ouais, pour être honnête, y avait pas de danger que je le fasse. En plus, celui-là est spécialement chelou.
Je l’ai connu. Quand il n’était que Padawan, au Temple.
Et il était comment ?
Brillant. Et enjoué. Mais indéchiffrable.
Et depuis ?
C’est la première fois que nos chemins se recroisaient.

Donc, l’hypothèse de Karm se confirmait : l’implication de Noctis dans la traque de Tavaï, il la devait à l’intérêt du Seigneur Sith pour lui, non pour la maîtresse d’armes. Ce n’était guère rassurant, mais c’était un point à élucider plus tard et, pour l’heure, il fit redémarrer le speeder.

Bientôt, ils filaient dans les étendues désertiques balayées par les vents. L’Amarane s’était plongée dans une profonde méditation, probablement pour tenter de recouvrer un peu de ses forces. Tout autour d’eux, il n’y avait que le sable et les bourrasques, partout, à perte de vue, et ce ne fut qu’au crépuscule de ce jour-là qu’ils arrivèrent en vue de la ville creusée dans la falaise.

Karm rangea le speeder dans l’un des garages souterrains et se tourna vers son compagnon.

J’te laisse régler nos comptes avec Foruk, pendant que je prépare le vaisseau ? Mieux vaut ne pas s’éterniser ici.
Un départ aussi rapide que possible serait préférable, confirma Tavaï en sortant enfin de sa transe. Je ne suis pas certaine que Keel, mon nouvel apprenti, accepte entièrement ma décision et je craindrais qu’il ne tente d’intervenir. Pour son propre bien, je préconise que nous ne nous attardions pas.

Les talents de Keel étaient encore balbutiants et il n’était certes pas de taille à affronter des Jedis : Tavaï préférait le préserver d’une rencontre malheureuse, une délicatesse qu’elle n’avait jamais eue pour son premier Padawan.
Luke Kayan
Luke Kayan
Messages : 3119
Eclats Kyber : 0
Luke aussi avait retenu une onde agressive quand Tavaï avait évoqué, le plus naturellement du monde, vouloir le meilleur pour son ex-apprenti. C'était une insulte aux traumatismes vécus par ce dernier, et par extension d'ailleurs, à ceux du Hapien. La maltraitance n'était en aucun cas acceptable, encore moins de la part d'une Jedi éduquée à des méthodes d'éducation, voire de vie, bienveillantes. S'il y avait bien une chose que Luke reprochait sans scrupule à son Ordre adoré, ça avait été de ne rien remarquer chez l'Ark-Ni, certes très absent et doué pour cacher ses souffrances. Que de grands professionnels comme eux, liés à la Force ne notent pas le problème, ni chez Karm, ni chez l'Amarane l'avaient déjà poussé à se poser la question "les Maîtres avaient-ils sciemment laissé la folle faire ?". Luke effaçait bien sûr de suite ces songeries hérétiques, il n'empêche que ces dernières avaient plusieurs fois frôlé son esprit, tâchant de séduire ses pensées.

La meilleure façon de punir Tavaï et de respecter son ami étant de demeurer digne, Luke avait toutefois retenu ses reproches silencieux. Il s'était contenté de voyager mentalement jusqu'à l'esprit de son compagnon pour l'entourer d'un soutien chaleureux. La fierté l'avait envahi au même titre que l'inquiétude en constatant que celui-ci se contrôlait parfaitement face à son ancienne mentor. Que risquait-il en accumulant ses émotions ? Pourquoi devait-il subir cette épreuve ? Le Hapien avait surveillé de son mieux les faits et gestes de l'Amarane, à demi convaincu que cette dernière ne tenterait pas un coup fourré. S'échapper peut-être pas, mais blesser celui qui l'avait "trahi", Luke la soupçonnait à toute heure. Karm avait beau être fort, il ne voulait pas le laisser seul se confronter à la Croisée. Aussi malgré la peur presque divine que lui inspirait l'être à fourrure (dont il idéalisait les capacités contrairement à son aîné), le blond se tenait prêt à agir, voir brandir son sabre si nécessaire, avec très peu de chances de gagner.

Bien qu'il en ait envie, le jeune homme évitait aussi d'écouter les fréquentes conversations entre l'Amarane et le Maître. Il se doutait que ces deux-là avaient besoin de parler. Il n'y avait pas de haine entre eux, ni de l'indifférence. Cette relation aimantée tantôt dans un sens tantôt dans l'autre les attiraient ou les repoussaient l'un l'autre.

- Tu crois qu'on pourrait la soigner ?



Et qu'on devrait s'était retenu de demander le jeune Jedi, encore sous le choc de la conversation pendant leur frugal repas. Ses valeurs le forçaient à essayer de sauver toutes les âmes, ou du moins, les corps, la question ne se posait pas. Un frisson parcourant son échine à l'évocation de Noctis, Luke s'était discrètement enfoncé dans le brouillard lumineux et réconfortant de la Force guérisseuse pour tenter de saisir le mystère entourant la "maladie" de l'Amarane. Rien. Il avait, pendant son tour de garde, réfléchit aux implications de son erreur. Le Sith n'était pas l'allié de l'ancienne mentor de Karm, pourtant il était aussi obsédé par ce dernier. Son amant aurait donc deux Némésis ? Lesquelles se battaient entre elles ? Le Chevalier s'imagina approcher Tavaï pour lui demander d'attirer l'ennemi dans leurs filets, histoire de protéger son ex-apprenti envers qui elle avait encore des "sentiments", il monta des scénarios, des plans, mais comme ça impliquait de faire confiance à l'Amarane, il oubliait rapidement.

De temps à autre, son esprit se glissait aux limites de celui de l'Ancienne Maître. Parfois parce qu'il glissait parfois dans les limbes de l'inexistence avant de se rappeler de ressurgir, qu'il fallait continuer à vivre, et parfois, par pure envie de fouiller. Il aurait aimé profiter de sa faiblesse pour sonder son âme, chercher à comprendre le pourquoi de sa duplicité, des maltraitances infligées à son ex-Padawan, mais il se retenait. Ce ne serait pas Jedi, il ne voulait pas être corrompu par elle, ou des idées la concernant. Alors Luke avait simplement veillé, s'apprêtant à rattraper un esprit aux portes de la Fin sans en avoir finalement besoin. Noctis. Il allait falloir éclaircir ce mystère qui ne disparaîtrait pas seul.

***

Luke posa le verre d'eau un peu trop fort sur le comptoir. Foruk eut un sourire, son unique oeil était rempli d'une joie presque enfantine qui détonnait sur sa silhouette de mini baroudeur. Il n'aurait pas vraiment parié sur ces deux zigotos. Pendant des jours l'homme avait maugrée contre la perte de ses capacités d'observation. Perdre un speeder en pariant sur des étrangers pour arrêter le fléau du coin, n'importe quoi... Et puis voilà que le blondinet débarquait, assoiffé, les lèvres craquelés mais intacts et avec des preuves de leur prise. Vidéos, une petit mèche de poils roux et son vaisseau en bon état. Incroyable.

Le Jedi acheva sa boisson, serra la main de son contact qui venait de noter avidement les coordonnées d'un camps qui lui appartiendrait bientôt, s'il défaisait les hommes qui le composaient encore dont un Sensible à la Force avait-il été prévenu. Le blond avait demandé à ce que ces personnes soient épargnées si possible, mouais, de vrais samaritains ces étrangers. Une vague idée fusa dans l'esprit de Foruk : seraient-ce des Jedis ? Pour avoir un compte avec la Croisée, l'avoir combattu -car il ne doutait pas qu'il y ait eu duel- et donner trop de valeur à la vie de vauriens. Ça ne l'étonnerait pas plus que ça finalement. Bah. Un haussement d'épaules plus loin, l'homme partait forger d'autres alliances, faire du troc et assoir sa réputation, le coeur léger.

- Vous partez déjà ?
- Oui, ne vous inquiétez pas, nous avons bien lu les normes de l'hôtel, et nous ne réclamerons pas la nuit payée en avance pour avoir averti trop tardivement.
- Quelles normes ? Personne les lit.
- Moi si. Hum, bref, je dois juste monter reprendre mes affaires.


Koya grommela en entendant sa patronne lui dire qu'elle aimerait ne pas avoir à lui rappeler que c'était son boulot d'aider un client, surtout aussi généreux qui laissait la chambre libre sans exiger de remboursement.

- En fait, c'était ça ? Vous étiez juste venus vous encanailler une nuit.- Clin d'oeil et moue semi-séductrice, Koya s'amusait comme une folle. Fallait bien trouver de quoi dans son morne recoin.- Il voulait juste vous préserver, votre copain, là, mais ni affaires à régler ni recherches, ou alors c'était un jeu de rôle. Ohh j'ai participé à un jeu de rôle entre gays sexy.

Luke hésita franchement à la corriger, puis il finit par soupirer. Karm serait fier de lui. Certes une partie était un mensonge mais, il ne chercha pas à cacher quoique ce soit. Ce serait presque triste de casser les rêves d'une jeune fille un peu perverse.

- C'est ça oui. Vous avez deviné. Bonne soirée


Il s'éloigna sous le regard avide de Koya. Décidément, il y avait plusieurs Galaxies au sein même de cette Galaxie. L'astroport lui parut extrêmement loin, il avait peur de se perdre et d'égarer encore quelques minutes loin de plus de Karm, laissé seul avec la folle. Heureusement il arriva sans ambages au lieu de rendez-vous après avoir repris leurs affaires. Ils pouvaient décoller désormais, la navette était prévue à l'heure lui signala-t-on à travers son comlink, pourraient-ils vraiment partir sans problèmes ? Notamment le fameux nouvel apprenti de l'Amarane.

* Tout va bien ?*

L'onde précéda le jeune homme qui marchait d'un pas un peu raide en louvoyant entre les passants. C'était sans doute ridicule mais face à l'Amarane, il refusait d'utiliser sa canne, de faire quoique ce soit qui risque de le faire paraître trop faible ou de faire honte à Karm. Il ne cherchait pas l'approbation d'une femme qui avait perdu tout droit à réclamer un regard sur la vie de son ami, mais il ne voulait pas non plus que la perfide en profite. C'est donc pragmatique, direct que le jeune homme prenait sa partie de la mission en main. Étrangement, avoir cette dégénérée à leurs côtés lui donnait une assurance "peu commune" car il avait conscience de devoir se forcer un peu pour assumer le maximum, soulager Karm de toute chose qui ne soit pas émotionnellement impossible à ressentir. Ce dernier avait déjà trop à faire face à un cauchemar du passé.

- La navette nous retrouve bientôt, Coruscant est au courant pour notre arrivée avec elle. Le matricule est enregistré, les papiers transmis et nous n'aurons pas de soucis avec l'atterrissage, la prison a aussi tout préparé. Ils nous ont juste demandé si on souhaitait l'accompagner jusque sa cellule ou confier cela à des agents.
Karm Torr
Karm Torr
Messages : 3593
Eclats Kyber : 0
Tu sembles avoir une grande confiance en lui, commenta l’Amarane quand Luke se fut éloigné pour régler leurs affaires en ville, tandis qu’ils prenaient tous les deux le chemin de l’astroport.


L’Ark-Ni ne répondit rien, mais l’ancienne Maître ne s’en formalisa pas : elle était depuis longtemps habitué au laconisme de son Padawan.


Je croyais que tes penchants t’entraînaient vers des mâles qui correspondent plus aux standards de virilité humains.
Parce que vous en savez quelque chose, vous, des standards de virilité humain ?
J’ai l’Holonet, comme tout le monde.
Étrangement, j’ai du ma à vous imaginer passer vos soirées devant Holoflix devant des films de super-héros musculeux et suants.
Certes.


Il y eut un silence puis l’Amarane insista :


Il n’empêche que j’aurais pensé que tu aimerais plutôt les mâles virils.
J’aime les mâles virils, j’aime les mâles pas virils, j’aime les femelles féminines et pas féminines, réplique l’Ark-Ni avec une pointe d’agacement.


Ses propos lui parurent aussitôt regrettables.


Les plaisirs de la chair sont contraires à la Voie du Jedi.
Pas selon moi.
Mais selon lui, si.


Tavaï avait toujours été fine psychologue et elle n’avait pas eu besoin d’observer longuement Luke et Karm pour deviner qu’en bien des manières, un gouffre les séparait. Son apprenti, elle l’avait rapidement deviné à l’adolescence, était un être sensuel et charnel, dont elle avait tenté de tempérer les ardeurs en le réformant par la violence des combats — et de son entraînement. Ce Consulaire fragile, en revanche, lui paraissait une créature essentiellement d’intellect, l’un de ces esprits abstraits, et presque désincarnés, qui peuplaient les couloirs des temples.


Une nouvelle fois, le Maître s’abstint de répondre. Ils venaient de pénétrer dans le complexe exigu et sommaire qui servait d’astroport, succession de hangars de surface et de conduits d’évacuation, reliés les uns aux autres par des galeries creusées dans la roche, étroites et mal entretenues.


Bip bip bip !


Un astromech ne tarda pas à foncer vers eux.


Qu’est-ce que c’est que cette chose, demanda l’Amarane avec une pointe de mépris dans la voix ?
Blip. Mon astromech.
Un Jedi ne possède rien que son sabre et sa bure.


Karm leva les yeux au ciel, comme un adolescent agacé.


Ben moi je possède Blip.
Bip… ?
Pardon : je m’associe à Blip.
Bip bip…, fit le petit robot à la susceptibilité froissée.


Tavaï considéra longuement son ancien apprenti.


Tu t’es beaucoup éloigné des préceptes de l’Ordre.
Non, fit celui-ci d’un ton tranquille. Au contraire, j’m’en suis beaucoup rapproché. Ils ont cessé d’être pour moi des règles abstraites et lointaines, figées et mortifères, pour devenir des principes vivants, et donc adaptés aux circonstances, qu’il fait interpréter et habiter. Je me les suis appropriés.
Tu parles comme un hérésiarque.


L’Ark-Ni esquissa un sourire amusé.


Disons que je préfère me voir comme un réformateur.


Le silence s’installa à nouveau entre eux et ils attendirent le retour de Luke, qui s’était occupé des formalités de décollage. Ensemble, ils prirent le chemin du silo où les attendait leur vaisseau. Blip était déjà monté à bord et le Hapien s’apprêtait à lui emboîter le pas quand une voix résonna derrière eux.


Je ne vous laisserai pas l’emporter.
Sérieusement, soupira le Jedi ?


Karm se retourna.


C’est du mauvais holofilm, là, lança-t-il à Keel, le nouvel apprenti de l’Amarane, qui se tenait devant le sas, un sabre laser d’un sombre orangé à la main. Personne dans la vraie vie interrompt les choses au pied d’un vaisseau, juste avant le décollage.
Vous avez remarqué, murmura Tavaï à Luke ? Comment Karm fait usage du Dun Möch ? Une technique du Côté Obscur, malheureusement…
Je ne vous laisserai pas l’emporter, insista le Moogan.
Luke.


Le jeune Maître décrocha un sabre de sa ceinture.


Emporte-là à l’intérieur. Dis à Blip de commencer la séquence de décollage.
Ne le tue pas.
Pour quelqu’un qui prétend se soucier de lui, vous ne faites guère d’efforts pour le dissuader.
C’est une expérience formatrice pour lui, argua l’Amarane, dont les méthodes pédagogiques n’avaient manifestement rien perdu de leur violence.


La lumière bleutée du sabre de l’Ark-Ni se mit à éclairer à son tour les parois de permabéton du silo.


Je vais…


Mais en une seconde, par un bond prodigieux, le Gardien avait déjà fondu sur le Moogan, pour l’ensevelir sous une avalanche de coups. L’apprenti de Tavaï, désarçonné par cette attaque violente si peu attendue de la part d’un Jedi, en fut réduit à parer cette furie avec des gestes désordonnés. Il était évident que son propre entraînement au sabre était encore rudimentaire, pas même au niveau des Padawans les plus aguerris de l’Ordre.


Soudain, Karm le repoussa d’un coup de pied de l’autre côté du sas avant d’en presser le bouton. Les lourdes portes de duracier se refermèrent entre eux et le Jedi désactiva son sabre. De l’autre côté de la porte, il voyait le Moogan vociférer par le hublot, sans pouvoir l’entendre. L’Ark-Ni mit un point d’honneur à graver tous ses traits dans sa mémoire, pour pouvoir le décrire fidèlement aux Ombres Jedi, avant de se détourner des portes.


Keel commençait à essayer de les découper avec son sabre. Karm disparut dans le vaisseau et la rampe de décollage se rétracta. Sous les yeux du Moogan impuissant, l’appareil décolla en emportant la Croisée.


Tu as changé la manière dont tu te bats, remarqua l’Amarane, quand son ancien Padawan intégra le cockpit pour s’installer sur le siège du pilote.
Ouais, j’ai plus vingt ans.
Je perçois beaucoup de violence.
Non, vous voyez beaucoup de violence, et c’est très différent.


L’appareil quittait l’atmosphère.


J’ai découvert depuis un moment que votre vision du combat était… étriquée. Et je trace mon propre chemin.
Un chemin qui te mènera vers le Côté Obscur.
Vous opérez à partir de généralités, sans saisir l’individualité des choses. Moi, je m’intéresse à ce qui est particulier, plutôt que de tordre le réel pour le faire rentrer dans des catégories.

C’était la première fois que son apprenti lui répondait franchement, et en opposant une philosophie différente à ses enseignements. Tavaï se sentit soudain plus affaiblie encore. Vieille. La Galaxie avait continué de tourner, le temps de passer, et elle, elle était restée prisonnière, elle le sentait confusément, d’une idée d’elle-même et du monde.


Je vais me reposer, dit-elle.


Karm eut un simple hochement de tête et il la laissa partir. Quand elle eut quitté le cockpit, il murmura :


Blip, bloque les accès aux sections sensibles, hyperdrive, armements et compagnie. On n’ouvre que sur autorisation explicite de Luke ou moi.
Bip bip, confirma l’astromech.


Peu de temps après, ils sautaient dans l’hyperespace. Alors Karm put se tourner vers son compagnon.


J’préfère qu’on l’accompagne jusqu’à sa cellule, si ça te va. C’est un peu… Puéril, j’imagine, je veux avoir la satisfaction d’avoir fait les choses jusqu’au bout, tu sais. Quant à la soigner… Je doute de savoir m’y prendre, mais si tu veux essayer, pourquoi pas. Les blessures du Côté Obscur, c’est pas trop ma spécialité. Et quelque chose me dit que quand Noctis s’y met, il n’y va pas toujours de main morte…
Luke Kayan
Luke Kayan
Messages : 3119
Eclats Kyber : 0
- Vraiment très mauvais. Je confirme, même pour moi c'est du déjà-vu.

Soupira Luke dans l'encadrure de la porte. Lui qui n'avait que très rarement suivi des films s'était lassé du scénario dernière minute. Malheureusement le dénommé Keel était bien là et peu lui importait, semble-t-il, sa réputation de réalisateur. Le Hapien poussa Tavaï dans le vaisseau, un peu plus brusquement que prévu, pas du tout à l'aise de demeurer avec une maîtresse d'armes, affaiblie ou non. Il lui avait passé les menottes, faible assurance mais qui avait au moins le mérite de correspondre au protocole.

- Quoi ? Oh non, moi je n'ai rien remarqué.

Avait répondu le Jedi d'un ton plus léger qu'il ne l'eût cru. Cette femme avait tant fait de mal à son compagnon qu'il parvenait à la considérer avec dédain. De fait, son mépris flirtait avec les concepts enseignés ainsi que la peur qu'elle lui inspirait. Il soupira un coup, dégageant son agacement. La Croisée pensait-elle vraiment froisser la confiance que le Hapien avait envers Karm ? Autant il s'inquiétait que leur relation les conduise à être mal vu du Conseil, autant il avait pleinement confiance envers le Maître et ses techniques. Si peu communes soient ces dernières, l'Ordre était au courant, il appuyait ces méthodes, le sachant capable de se contrôler. Karm était un convaincu de la lumière qui ne voudrait jamais terminer comme son ancienne mentor.

Un bruit caractéristique de porte indiqua que cette dernière était débloquée, n'attendant qu'un ordre via bouton pour se refermer. Le vaisseau vrombit, sur le point de décoller. Luke maintenait l'Amarane dos au mur, un genou entre ses jambes et sa propre main posée sur les menottes dans le dos, toujours assez direct mais en prenant garde à être moins "agressif". La Croisée ne payait pas de mine, vacillant à chaque geste ou presque du Chevalier. Elle semblait si diminuée. Il prenait garde à ignorer une quelconque parole de la Perfide, concentré sur le moindre remous de Force qui avertirait d'une tentative. Comme Karm l'avait prédit depuis le début du voyage, elle ne tenta rien, continuant de "discuter" avec son ex-apprenti en demandant d'épargner Keel. C'était surréaliste. Luke faillit répondre que son ami était un Jedi, il ne tuerait pas impunément et que s'il y avait tout de même un incident, la seule coupable serait celle qui avait entraîné ce pauvre innocent sur ce chemin. Il préféra se taire et demeurer centré sur ses tâches.

À son grand soulagement, Karm se défit de son agresseur et sauta dans le vaisseau. Le Hapien appuya le bouton sans réelle hésitation car il avait appris à connaître l'emplacement des manettes les plus importantes dans les modèles les plus communs. Il lâcha alors Tavaï, encore méfiant mais pas agressif. La porte se referma, Luke poussa un énorme soupir, prenant conscience de combien il avait retenu sa respiration durant cette affaire. Il restait encore à appréhender Noctis, finalement le pire des deux Némesis de son ami, mais au moins une criminelle était sous les verrous- ou presque.- Le Hapien sentait un point de côté naître, signe définitif qu'il avait oublié de respirer normalement. Encore une fois, le Jedi avait failli perdre son compagnon. La conscience d'avoir frôlé la catastrophe couplée à la fierté de voir Karm si équilibré lui fit oublier prudence et principes. Il s'approcha du siège du pilote pour s'assoir sans manières sur les genoux de ce dernier et l'embrasser langoureusement. On sentait toute la chape d'inquiétude retomber de ses épaules. Le souffle court, le jeune homme redressa la tête, restant toutefois assis là. Que Tavaï sente leur rapprochement ou revienne, peu lui importait sur le coup. Le blond n'en revenait toujours pas. Cette réussite, c'était la preuve qu'ils auraient peut-être un jour une vie normale. Certes, une vie de Jedi, parsemée de missions dangereuses, mais plus de mégalomane en vue.

- Je suis vraiment très fier de ta manière de gérer la situation. Je comprends ton besoin d'aller jusqu'au bout, d'ailleurs je dois t'avouer que l'idée de suivre le protocole me rassure aussi. Je ne pense pas pouvoir la soigner seul, loin de là, mais éventuellement mener quelques analyses pour entrevoir comment Noctis s'y est pris.

Le Boucher répondait bien à sa triste réputation. Malgré ses faux airs aimables, il avait attaqué l'organisme de son ennemi, l'empoisonnant petit à petit. Luke espérait que tous ceux qui pouvaient se laisser séduire par son extraordinaire charisme (dont Karm, il le savait inconsciemment en se remémorant leur séjour étrange.) comprendraient le véritable visage de ce cinglé. Ses idées avaient beau ressembler à des propositions, ses prises d'otages à une invitation, il n'en demeurait pas moins un Sith.

- Comment vas-tu ?

Demanda le blond plus sérieux, les sourcils légèrement froncés. Il passa une main dans les cheveux argentés de son aîné, cherchant à lui montrer qu'il était toujours là pour lui, mais aussi pour s'assurer de sa présence. Qu'ils rentrent intacts, Tavaï emprisonnée paraissait toujours incroyable. Luke se sentait soudain rempli d'une assurance peu commune. S'il estimait ne pas avoir fait grand chose, le Chevalier était rempli d'espoir pour un avenir plus simple pour Karm. L'Amarane cesserait peut-être de le tourmenter, et lui aussi par la même occasion. La boucle était bouclée, l'Ark-Ni allait pouvoir livrer la femme à la justice, faisant taire les dernières personnes doutant de son intégrité.

Luke passa ses mains sur les épaules de Kar pour lui caresser gentiment les avant-bras. Il se sentait si libre et tout à coup légitime. Leur duo fonctionnait, personne n'avait sombré malgré l'Amour dangereux et la Croisée n'était pas parvenue à les séparer, ni mentalement ni physiquement. La mission n'avait pas fini en drame, apparemment en tout cas. Ce constat était bizarrement très libérateur et ce n'était vraiment pas souvent que le Hapien avait l'occasion de se sentir aussi soulagé, fort, simplement heureux. Il se sentit soudain stupide de craindre ainsi le regard des autres. Quelle importance au final vu ce qu'ils venaient d'accomplir ?

Le jeune homme laissa s'échapper une onde de Force douce et tendre. Il était bien entendu inquiet du contre-choc que pourrait provoquer les retrouvailles avec Tavaï chez son compagnon, certes flegmatique mais loin d'être insensible. Il se promit de le soutenir autant que possible. Dire qu'il avait failli perdre son amour. Il ne pourrait vraiment pas vivre sans. C'était à la fois fascinant, merveilleux et préoccupant de se sentir si dépendant du bien-être de quelqu'un, mais tant pis, aujourd'hui le blond voulait juste s'inquiéter de Karm, de rien d'autre.

Inconsciemment, le jeune homme avait aussi probablement noté le détachement de l'Ark-Ni envers son ancienne mentor qui l'avait déçu, sa capacité à lui répondre. Il ne voulait jamais ressentir ça, le regard désapprobateur de son compagnon qui pour une raison ou une autre, choisirait de ne plus le considérer. Une joie égoïste le parcourut sans que le Jedi ne l'identifie. L'Amarane avait perdu toute chance de faire partie des proches du mystérieux Explorateur tandis que lui en était plus proche que n'importe qui.
Karm Torr
Karm Torr
Messages : 3593
Eclats Kyber : 0
Luke…


Le prénom avait été murmuré tout contre les lèvres du Consulaire, alors que les mains de son compagnon s’étaient posées sur ses fesses, pour le retenir contre lui, sur lui, et comme souvent dans la voix de Karm, il avait pris des nuances à la fois tendres et érotiques. Plus le temps passait, plus les dispositions sensuelles de l’Ark-Ni se développaient, constamment nourries par le chemin mystique qu’il suivait dans l’étude de la Force Vivante, et dans son approche physique, presque brûlante, de la Voie du Jedi.


… je t’aime.


Ses mains remontèrent pour se glisser sous la tunique du jeune homme et se poser au creux de ses reins, parce qu’il voulait sentir la peau chaude de son ami sous ses doigts et contre ses paumes.


Ça va, l’assura-t-il. Je pense qu’y a deux ou trois ans encore, j’aurais été frustré que ça se termine pas en combat. Je m’étais fait de tout ça une idée… Ben comme un scénario d’holofilm, en fait, justement. Le héros retrouve son ancienne mentor basculée du mauvais côté, ils s’affrontent de façon spectaculaire, le gentil gagne à la fin et voilà. La vie est parfois… Plus banale.


Dans la vie, l’ancienne mentor, privée des ressources de son Ordre et de la République, était devenue l’une de ces illuminées paramilitaires comme la Galaxie en comptait tant, ombre parmi toutes celles qui hantaient la Bordure, et pâle reflet de ce qu’elle avait été jadis. Tavaï restait une Jedi d’exception, mais sa déchéance était une leçon de vie : tous les talents du monde n’étaient pas un rempart contre le dévoiement et l’Ordre, en tant qu’organisation, faisait beaucoup du pouvoir de ceux qui le peuplaient.


Ces derniers mois, j’ai accepté le fait qu’arrêter Tavaï serait pas l’alpha et l’omega de ma vie, ce serait pas le grand moment qui me définirait. Et du coup, que j’avais pas besoin que ce soit dramatique, ou spectaculaire, ou hyper symbolique. Parce que j’ai déjà gagné mon grand combat contre elle. En tombant amoureux de toi, malgré tout ce qu’elle m’a dit, en ayant des amis, en servant mon Ordre, en devenant Maître. C’est ça qui compte.


Il déposa à nouveau un tendre baiser sur les lèvres de son compagnon.


Heureusement que t’es là. Viens. On va jeter un œil à ses blessures.


Il commença néanmoins par chuchoter à son oreille :


Et sur le chemin du retour vers Dantooine, quand on sera à nouveau que tous les deux dans notre vaisseau, je te remercierai de façon beaucoup plus… concrète.


Voilà qu’il se sentait tout conquérant !


Pour l’heure, cela dit, ils avaient de la compagnie. Les deux Jedis rejoignirent Tavaï dans la pièce centrale. L’Amarane était assise en tailleur à même le sol métallique, les yeux fermés, mais ils purent sans peine deviner qu’elle n’était pas parvenue à se plonger au sein de la Force pour méditer.


Vous êtes très affaiblie, remarqua Karm d’une voix douce.


La célèbre sabreuse rouvrit les yeux.


En effet, répondit-elle avec une sorte de résignation philosophique. Je n’étais pas préparée à une rencontre semblable si loin de l’Empire Sith et ces dernières années, faute d’être sur le front de la guerre, je n’ai pas eu à beaucoup affronter le Côté Obscur.
On va essayer de vous soigner.


La femme se releva avec une souplesse qui laissait entrevoir néanmoins un peu de son ancienne grâce et Karm la fit asseoir sur la table unique du vaisseau, qui servirait pour l’occasion à l’examen. L’ancienne Jedi tendit sa patte valide, pour que Luke puisse prélever un peu de son sang.


Pour la première fois, le Gardien soupçonna son ancienne mentor de se livrer à eux moins pour pouvoir exposer sa cause aux holocaméras de la Galaxie que pour avoir accès aux guérisseurs de l’Ordre Jedi, les seuls capables, peut-être, de combattre l’influence corruptrice du Côté Obscur que Noctis avait instillé en elle.


Tu te bats comme un Sith, remarqua-t-elle.


Elle n’avait donc pas décidé de devenir plus agréable.


Ou alors les Siths se battent comme moi.
Ce n’est pas un sujet de plaisanterie.
Vous avez une vision très essentialiste de la Force et… des choses en général. Les techniques de sabre sont des outils. Ce qui compte, c’est les fins que l’on poursuit et la manière de les utiliser. Un déchaînement de violence, c’est aussi un combat plus court, moins imprévisible et potentiellement moins mortel. La preuve, c’est que votre apprenti a pas eu une seconde pour réagir et qu’il est désormais sain et sauf.
Et le Dun Möch ?
’Scusez moi de préférer gagner l’avantage en déstabilisant, plutôt qu’en amputant d’un bras.


Il était assuré. Le Conseil avait reconnu ses talents. Il se savait bien des faiblesses, mais il était un maître d’armes, autant qu’elle, peut-être même plus qu’elle désormais, et il connaissait son sujet sur le bout des doigts. Il ne se laisserait plus intimider par l’expérience de l’Amarane.


J’vous suggère d’employer ce temps pour des exercices plus introspectifs, ça pourrait mieux vous profiter que de chercher à critiquer le choix des autres.
Le Padawan critique l’attitude de celle qui l’a formé ?
Je suis un Maître Jedi, dit calmement l’Ark-Ni, et vous ne l’êtes pas. Peut-être la sagesse entre nous n’est-elle pas répartie comme vous le pensez.


Et sur ces mots, il s’éloigna d’elle.


Les analyses ne donnèrent rien de très probants, mais les soins prodigués par le Consulaire eurent au moins le mérite d’apaiser les douleurs manifestes de leur passagère. Après sa dernière conversation avec son ancien apprenti, celle-ci n’avait cependant plus dit un mot. Il s’était émancipé d’elle et elle sentait s’éteindre l’espoir qu’il lui reviendrait, perdu au sein d’un Ordre mal fait pour l’accueillir, et en mal de ses conseils.


Trois heures plus tard, leur vaisseau sortait de l’hyperespace sur le territoire républicain, non loin de la navette carcérale à qui Luke avait donné rendez-vous. Karm manoeuvra l’appareil et la jonction entre les deux navires fut promptement opérée, afin de permettre le transfert des prisonniers.


Capitaine.
Maître, fit la Twi’Lek qui commandait le Protecteur, avant d’adresser aussi un signe de tête au Chevalier.
On aimerait resté dans le même bâtiment que la prisonnière.
Écoutez, ce n’est pas de refus. Ce n’est pas tous les jours qu’on transporte… Enfin, vous voyez.


Le Jedi hocha la tête. La nervosité de l’équipage était bien compréhensible.


Vous pouvez dépêcher l’un de vos pilotes pour manoeuvrer notre vaisseau jusqu’à Coruscant ? Il aura notre astromech pour l’assister.
Naturellement.


La capitaine activa son comlink pour distribuer ses ordres.


Souhaitez-vous m’accompagner sur le pont ?
À vrai dire, nous avons surtout besoin d’un peu de repos. Vous avez fait toute notre confiance.


Elle les salua avec une rigidité un peu militaire et un droïde protocolaire les conduisit à une cabine avec deux couchettes.


Alors, fit Karm en commençant à se déshabiller, pressé de quitter ses vêtements pleins de sable qui commençaient à lui donner de l’urticaire ? Tu pensais que Noctis a croisé Tavaï tout à fait par hasard ou il la recherchait activement ? J’ai du mal à voir son intérêt dans toute cette histoire. Il ne vit même plus au sein de l’Empire, que lui importe la croisade de toute façon sans grand effet d’une Jedi renégate ?
Luke Kayan
Luke Kayan
Messages : 3119
Eclats Kyber : 0
Les muscles encore raides de Luke achevèrent de se détendre. L'auto-analyse de Karm le rassurait quant à son état. Il en était même étonné sachant que lui-même s'était senti comme "frustré" de la fin ou plutôt inquiet comme si l'histoire ne saurait être aussi facilement bouclée. Le maître avait parcouru beaucoup de chemin depuis qu'ils s'étaient timidement embrassés, juste après l'interrogatoire de l'Ark-Ni concernant ses liens avec son ancienne mentor. Aujourd'hui, certain de ses valeurs, il n'hésitait plus à répondre à l'Amarane et il se satisfaisait du présent. Le passé ne semblait plus lui importer, au point d'être simplement heureux quoique sans plus de la capture de Tavaï. Même Luke trouvait davantage de symbolique à leur coup que le principal concerné. Tant mieux quelque part, Karm avait fait la paix avec ses traumatismes, vainquant son ex-maître sur le long terme, au fil des choix qui l'avaient mené à ce qu'il était devenu aujourd'hui.

- La vie que tu t'es construite malgré elle est le témoin de son échec.

Conclut doucement le jeune homme après leur baiser. Il en avait vu des affaires où des parents maltraitants se révélaient être d'anciens enfants battus. Chez Karm, la violence n'avait fait que "glisser", laissant ses marques sans que lui-même n'éprouve le besoin de l'infliger à autrui, bien au contraire. Son comportement exemplaire avec ses deux Padawans le démontrait de toutes manières. Tavaï n'avait pas réussi à influencer l'explorateur, en apparence flegmatique mais réellement heureux de vivre. Il était social, s'ouvrait aux autres, aimait, était serviable, tout le contraire de ce qui aurait dû se produire s'il avait suivi la ligne tracée par la folle.

Luke apprécia les remerciements chaleureux de son ami, content de "servir" à quelque chose. C'était une notion très importante pour lui, elle avait jalonné sa vie d'ailleurs. Être utile, que sa présence fasse un peu la différence. C'était sa seule ambition et elle était merveilleusement comblée grâce à sa vie de Jedi. Sans doute aurait-il été malheureux en simple civil justement dépendant d'autrui et des aides de l'État, enfin, s'il avait pu en être conscient. Ainsi, le jeune homme était aux nues en sachant avoir pu apporter son soutien à Karm durant ces étapes difficiles. Il ne négligea pas non plus la promesse de remerciements plus concrets à venir, non sans un rougissement en bonne et dû forme accompagné d'un coup de coude entendu et malicieux. Pas de véritable effroi ou paralysie aujourd'hui, juste une charmante gêne et du désir bien mal caché. Lui n'en démordait pas, l'arrestation de l'Amarane représentait un pilier dans la vie de son compagnon et donc de la sienne. Une inquiétude en moins, restait la pire.

Parfaitement impartial lors de l'échange entre la Croisée et son ex-Apprenti, Luke se concentra pour ne pas répondre à la prisonnière de se mêler de ses affaires ou lui demander "comment elle osait". Au lieu de ça il préféra demeurer professionnel et s'atteler à l'apaiser. Ses dons ralentissaient à peine le mal qui rongeait la femme tant il était obscur, vicieux, l'Amarane semblait condamnée à une agonie lente. Bien qu'il ne l'apprécie pas du tout, le Jedi ne saurait se satisfaire de cette conclusion, aussi se promit-il de vite transférer ses impressions et les premières notes aux guérisseurs ainsi qu'aux ombres. Les collègues d'Ekkt trouveraient peut-être quelque chose.

Les résultats sanguins de Tavaï ne donnèrent rien de spécial, y compris après trois heures d'études grâce au véritable petit laboratoire portable, efficace à défaut d'être dernier cri. Pas la moindre piste. Luke se demandait encore si le "poison" n'attaquait pas directement les organes ou le système nerveux lorsque le Protecteur fut abordé.

- Je ne m'explique pas pourquoi... Mais j'ai vraiment l'impression que tu es le centre de leur "dispute", le raison de leur rencontre. Le statut de Tavaï n'a pas grand chose à voir avec l'intérêt de Noctis, ni même le sien. Je crois qu'il fait une fixette malsaine sur toi. Rappelle-toi ses dispositions à ton égard lorsqu'il nous a capturé... Ou encore quand il t'a abordé le jour de ta nomination. Que ce soit l'idée de te corrompre, de te séduire... Je n'y comprends pas grand chose, mais en résumé, tu serais comme le caprice que cet homme narcissique ne peut obtenir.

Luke avait très longtemps buté sur le profilage de cet homme, il n'était d'ailleurs pas certain de ce qu'il avançait, mais cette rencontre "inopinée" juste après que Karm soit nommé maître avant même que son petit ami ne soit au courant laissait penser l'hypothèse plausible.

- Ils se seraient battus pour te gagner à leur cause...

Le Hapien passa pensivement une main dans ses cheveux, faisant s'écouler quelques grains de sable qui s'y étaient logés. Il avait hâte de se doucher mais ça ce n'était pas prévu avant quelques heures encore. Ramener Tavaï, rentrer sur Coruscant puis faire leur rapport de toute urgence laissait présager une fin de journée encore mouvementée.

- Et pourquoi laisser ton ancienne maître en vie ? Il avait clairement le dessus.

Le Hapien pensa que son homologue avait voulu "envoyer un message" mais ça faisait trop de coïncidences opportunes pour la vraie vie. C'était vraiment romanesque. Appuyé contre une couchette, le blond finit par s'y assoir, pensif. Il ne savait pas comment avancer avec ce Noctis, un cas extraordinaire qui ne cessait d'échapper aux clichés.

- En tout cas, ce n'est pas par pitié car de ce que j'ai pu entrevoir, notre ami le Boucher l'a condamné à une longue souffrance terrible qui la mènera probablement à la mort. Je ne sais pas comment son "sort", pardon pour le terme hérétique mais je n'en trouve pas d'autre, fonctionne, mais il s'attaque apparemment à son lien avec la Force, en plus de son organisme. Elle pourrait le perdre avant de s'éteindre. Tout ce que j'avance n'est qu'une vague hypothèse mais... La fin, elle par contre semble vraiment inéluctable.

Luke se releva pour se changer à son tour. Le sable acheva de s'écrouler par terre une pluie de petites billes irrégulières. Il sortit un flacon de shampoing sec pour s'en appliquer, pareil pour le savon histoire de faire une très rapide toilette avant de passer sa tunique et sa toge de Jedi. Il en proposa aussi à Karm, l'idée étant de soulager leur peau irritée plus que de soigner leur apparence évidemment.

- Je veux bien que tu m'aides, pour les nœuds s'il te plaît.

Indiqua doucement Luke en tendant son peigne. Il accompagna son geste d'une caresse sur le visage, encore songeur quant à Noctis. Son enthousiasme avait été légèrement douché par la mention du Sith mais c'était surtout par souci de professionnalisme que le jeune Jedi se montrait calme. Il voulait mener leur mission jusqu'au bout en emmenant l'Amarane à sa prison. Ensuite se promit-il, ils s'octroieraient une pause, bien que l'ombre du trop charismatique Hapien planait de manière de plus en plus inquiétante et spécifique sur Karm.

Appréciant néanmoins ce moment à deux, le Chevalier se détendit, se permettant un soupir, les yeux clos.

- J'imagine vraiment Noctis comme un enfant capricieux qui souhaite l'inatteignable. S'il te voit comme incorruptible malgré ce que tu as vécu, il pourrait tout faire pour t'avoir ? C'est réellement dingue mais il a le profil d'un mégalomane, et comme Tavaï est connue pour t'avoir donné une éducation disons... Très loin d'être conventionnelle, ta résistance face à l'obscurité aurait pu l'attirer. Il a l'air tellement au courant de tout ce qui te concerne, c'est fou.
Karm Torr
Karm Torr
Messages : 3593
Eclats Kyber : 0
Son compagnon venait de se déshabiller pour se glisser dans la cabine de douche et Karm fut soudainement bien moins concentré sur les anciens Seigneurs Sith, les hérétiques jedis et les mystères du Côté Obscur.


Hmmm hmmm, fit-il d’un ton très inspiré, alors que son regard s’égarait beaucoup trop bas pour être honnête.


Quelques minutes plus tard, Luke lui cédait la place et l’Ark-Ni se déshabilla pour aller s’astiquer énergiquement mais, contre toute attente, avec bien de la vertu. Débarrassé des sables de Sevarcos, il émergea encore un peu humide du bloc sanitaire et, au contraire du Consulaire, ne parut nullement pressé de se rhabiller.

Ce fut donc entièrement nu qu’il s’empara du peigne de Luke et se glissa derrière son petit ami, pour entreprendre de le peigner avec une tendre délicatesse.


J’avoue que je suis pas hyper doué pour la psychologie et celle de Noctis me paraît un peu trop torturée pour que je m’y essaie, mais définitivement, la coïncidence est un peu grosse. Mais je pense que tu as raison sur le côté… ‘Fin, le fait qu’il pense que j’ai des prédispositions, quoi. Ce serait assez logique, d’ailleurs, et comme il a une réputation de corrupteur de Jedis, y a peut-être un enjeu, disons, religieux, pour lui.


De temps en temps, il se rapprochait de Luke pour déposer un baiser dans son cou.


Mais oui, les Ombres ont l’air de dire, ‘fin dans leur rapport quoi, qu’il fonctionne beaucoup par lubies et que c’est l’un des principaux freins à sa carrière. Quant à ne pas tuer Tavaï… J’pense tout simplement que c’était bien son intention mais qu’elle a réussi à s’enfuir à temps. Mais j’en reparlerai aux Sentinelles, quand on sera sur Coruscant. J’imagine qu’un Seigneur Sith exilé qui fait guère parler de lui, c’est pas trop dans leurs priorités, mais sait-on jamais, quelqu’un décidera peut-être de regarder ça de plus près.


Pour l’heure, les cheveux du Hapien étaient démêlés et Karm rangea le peigne, avant d’embrasser la taille du jeune homme, pour l’adosser contre son torse.


Reposons-nous. Il y a des esprits qu’il vaut mieux ne pas chercher à démêler.


Il le laissa se retourner dans ses bras, avant de déposer un chaste baiser sur ses lèvres, et les deux Jedis gagnèrent leurs couchettes respectives. D’une méditation au sein de la Force, où ses pensées petit à petit s’apaisèrent, l’Ark-Ni passa dans le sommeil et, pour la première fois depuis deux jours, il put profiter d’un véritable lit.


Mais quelques heures plus tard…


Maître Torr ! Maître Torr !


La lumière de la cabine se ralluma brusquement et la seconde suivante, le Gardien bondissait hors de sa couchette et l’un de ses sabres lasers volait dans sa main.


Eeeeuh…


L’enseigne qu’on avait dépêchée pour le chercher eut un moment d’égarement face à la nudité du Jedi.


On nous attaque ?
Hein ? Quoi ?


La jeune militaire releva brusquement les yeux, toute rougissante.


Euh, non, Maître. Mais la prisonnière est très affaiblie et elle est tombée dans le coma.
Où sommes-nous ?
Nous sortons de l’hyperespace d’un ins…


Il y eut une secousse dans tout le vaisseau et l’enseigne en conclut donc :


Nous sommes arrivés à Coruscant.
Des Guérisseurs de l’Ordre nous attendent à l’atterrissage, ils se chargeront d’elles dans le convoi jusqu’à la prison de haute sécurité, mais nous vous suivons.
Vous, hm…
Oui ?
Vous ne souhaitez pas vous habiller ?
Ah. Si. Je suppose.


Sans doute par sens du devoir militaire, la jeune femme mit un point d’honneur à observer l’Ark-Ni, côté fesses notamment, pendant qu’il enfilait ses vêtements. Ils purent enfin tous les trois quitter la cabane et rejoindre l’infirmerie, alors que le Protecteur entamait sa laborieuse descente vers l’un des astroports militaires de Coruscant, exercice toujours compliqué par la densité du trafic aérien.


Quand ils furent parvenus au chevet de l’ancienne Maître, ils purent constater qu’en effet, son état avait empiré.


La patiente n’est pas dans une condition critique, expliqua de sa voix mécanique un droïde médical. Elle a empiré mais s’est stabilisée depuis le début de son coma.
On dirait pas que ce soit une transe curative, en tout cas, observa Karm, qui par ailleurs savait son ancienne Maître peu versée dans le domaine de la Restauration.
Atterrissage dans cinq minutes, fit la voix du capitaine dans le comlink centralisé du vaisseau.
Préparez-la à être transférée dès que nous touchons le tarmac, dit le Maître au droïde médical.


L’Amarane fut enfermée dans un caisson protecteur monté sur une plateforme anti-grav et, bientôt, les deux Jedis descendaient avec elle la rampe d’atterrissage qui conduisait aux pistes de la base militaire. Là les attendaient trois guérisseurs en bure, dont Maître Espérance Nouvelle, une vénérable Rishii spécialisée dans les maux mystiques, avait pris la tête.


Elle s’inclina gracieusement devant ses deux homologues.


Maître Karm, dit-elle d’une voix chantante, aux accents qu’on aurait cru humains, Chevalier Luke.


Et puis, sans s’embarrasser d’autre préambule, elle s’approcha du caisson anti-grav. Aussitôt, les deux Jedis purent ressentir sa puissante aura dans la Force, comme une pulsation lumineuse et rassurante, d’une bienveillance sans limite.


Il n’y a pas d’urgence absolue, finit-elle par diagnostiquer, en rouvrant lentement les yeux. Mais son état est grave, assurément, elle a été rongée par le domaine de la corruption. Darth Noctis, vous dites ?


Karm hocha la tête.


Je suis familière de ses… talents…


Le Gardien ne put s’empêcher de ressentir une pointe de curiosité.


Emmenons-là à l’infirmerie de la prison.


En préparant l’arrivée de la prisonnière, Maître Espérance Nouvelle n’avait pas lésiné sur les moyens. Ce n’était pas moins de sept Sentinelles de l’Ordre qui attendaient près d’un gros speeder carcéral, que les Jedis investirent tous ensemble. L’appareil s’éleva, escorté par deux speeders militaires, pour prendre la direction de la prison.


Vous le connaissez ?
Qui donc ?
Noctis.
Absalom était l’un de mes élèves, jadis. Un guérisseur prodigieux, avant que le Côté Obscur ne l’emporte. Je crains de lui avoir appris une partie de ce qu’il sait à ce sujet, dans le dessein de le former à lutter contre les puissances qu’il a fini par embrasser.


Les plumes de la Guérisseuse frémirent.


Mais ceux qui se sont perdus se retrouvent parfois.
Luke Kayan
Luke Kayan
Messages : 3119
Eclats Kyber : 0
- En parler aux Sentinelles, mais aussi aux Ombres me semble être une bonne idée. Si elles sont au courant, elles pourraient nous aider à compléter le puzzle, et si elles ne l'étaient pas, cela les préviendrait.

Se voir confirmer officieusement qu'il était sur la bonne voie n'enchantait guère Luke. Les Ombres étaient réputées pour cerner les personnalités les plus torturées après des années d'expérience sur le terrain. Ce que le jeune homme espérait être une erreur d'interprétation de sa part se révélait plutôt vrai, cependant, il ne savourait pas sa perspicacité. Au contraire, son inquiétude quelque peu évaporée par l'arrestation de Tavaï repointait son museau. Luke poussa un soupir, mêlant tristesse et résignation. Il ferma les yeux, se concentra pour faire fi de ses nouveaux sentiments trop négatifs avant de rouvrir les paupières. Comme une évidence, le Jedi sentit que son ami était bien là, à ses côtés, tellement proche qu'il aurait cru pouvoir l'observer de ses propres yeux avec un effort. Se focaliser sur le présent, ne pas se laisser envahir par les doutes, se contenter d'un aujourd'hui radieux que la Force avait daigné leur offrir. Ça allait mieux. Cette autre crise, le duo la gérerait en temps voulu, pour l'instant, il fallait clore la première puis profiter.

- En référer aux aînés dans les moindres détails ne peut qu'être bénéfique dans tous les cas.- Décida le jeune Chevalier, rassuré rien qu'à l'idée. Ils n'étaient pas seuls et le Conseil, déjà généreux, serait d'autant plus enclin à leur prêter attention suite à la prise qu'ils avaient fait. Si certains pairs doutaient encore de la capacité de Karm à résister à de sombres pulsions, ils l'auraient grâce à la nouvelle d'une Tavaï appréhendée sans heurts. Quant à Noctis, il avait fait parti des leurs avant de les trahir, les maîtres connaissaient son profil. Avec tout ce que l'Ark-Ni leur révélerait, ils rouvriraient certainement un dossier. Il devait bien y avoir un moyen de prouver que ce Sith outrepassait les lois... Ou le pousser à le faire ? Luke se morigéna, agir de la sorte n'était pas Jedi. Il ne pouvait pas chercher à faire emprisonner un homme parce que ce dernier le perturbait. Il faudrait ouvrir une enquête basée sur des réalités, mais il y en avait certainement, dont leur enlèvement par le susnommé, bien qu'aucun mal ne leur avait été fait à Karm et à lui.

- Merci. Tu as de vrais talents de coiffeur.

Souligna le Chevalier avec malice en repoussant sa crinière blonde, désormais domptée, derrière ses épaules. Suite au baiser chaste de Karm, Luke lui en rendit un, plus appuyé, en guise de remerciements. Il passa ensuite ses bras autour des hanches de son aîné, se colla contre lui, appréciant sa douce chaleur, les battements de son coeur avant de le quitter. s'était exécuté à regrets d'ailleurs, car après cette aventure qui aurait pu très mal tournée, il valorisait d'autant plus leur proximité, mais il fallait rester raisonnable.

Les yeux inutilement entrouverts dans la pénombre, le Chevalier écouta la discussion entre l'enseigne et Karm. Lui-même n'eut qu'à se lever pour partir. Par prudence, vu les circonstances, Luke avait décidé de dormir au-dessus des couvertures, déjà habillé avec une nouvelle tunique au lieu de revêtir son pyjama. Il était plus lent que les autres, surtout dans une couchette exigüe pour se changer. S'attendant à une alerte concernant Tavaï, Luke avait tenu à pouvoir rapidement répondre. Quoiqu'il en soit, sa crainte de complications s'était révélée juste, mais pas comme il s'y attendait. Après que l'Enseigne en ait pris plein les mirettes et s'en fut, toujours gênée, un souvenir probablement impérissable en tête, le Consulaire se leva. Il attacha ses cheveux avec un élastique puis avisa son ami -qui venait encore de révéler involontairement son anatomie à une pauvre innocente qui raconterait encore cette anecdote une fois Vétérane.-

- Visiblement Le Maître en Slip a encore crée des émois.

S'amusa le Chevalier qui n'avait certes, pas vraiment la tête à rire mais qui voulait dédramatiser un peu. Le déroulement des événements devenait chaotique. Karm risquait de perdre l'Amarane, mais en était-ce vraiment une pour lui ? Accepterait-il de la voir partir sans jugement, sans explications ? Luke n'en savait rien mais une fois de plus, il se promit d'être à ses côtés.

Il salua Espérance Nouvelle avec beaucoup de respect. La Rishi était connue dans son domaine, une grande Jedi qui en appelait à la Force avec une douceur et une harmonie incroyable. Elle avait formé seulement quelques Padawans, triés sur le volet dont ... Oui... Noctis. Tant de coïncidences, ça en devenait gênant.

Silencieux, le souffle court, Luke observa de son mieux les actes de la Maître. S'il pouvait encore s'améliorer au niveau de la médecine, le Chevalier savait qu'il ne pourrait sans doute jamais vraiment pénétrer le Monde du Mystique. Il fallait être spécialisé pour cela, y dédier sa vie et lui s'était trop éparpillé. Cela dit, la purification de l'obscur l'avait toujours fasciné et il adorait apprendre. Lui-même si sensible au côté Lumineux et à sa Némésis se sentait extrêmement bien, comme guéri également par les soins de la Rishii. C'était, grossière comparaison certes mais ça y ressemblait, comme un shoot de drogue. La pulsation de Force parcourut son être entier, annulant les derniers restes de fatigue ou de doutes. Il serait resté là, à profiter des "miettes" de cette aura infinie, cristalline, sans un seul éclat de corruption. Ses propres Midichloriens avalèrent la lumière avec gourmandise, se glissant sous le jet pur comme on le fait sous une douche qui libère de toute saleté, même infime.

Avec quelques difficultés, le jeune homme renoua avec la conversation. Il ne s'était pas aperçu que son aura s'était uni avec celui de la Rishii, en un écho de soutien presque "amoureux". Sans avoir pu faire quoique ce soit pour l'Amarane, il avait tout de même tenté de porter l'écho de la guérisseuse, captant ses sensations, dont une certaine inquiétude mélangée à de la peine, bien qu'elle le cache admirablement. Luke approuva de la tête, il avait pu toucher la corruption fétide, sentir les os rongés, les vaisseaux empoisonnés. Son expérience cependant n'allait guère plus loin qu'un apaisement éphémère pour des cas aussi graves.

- Nous pensons qu'elle s'est enfuie avant la fin - Fit le Hapien en reprenant la théorie de son aîné qu'il avait finalement adopté. Il était probable que le Boucher, en effet, aie vraiment voulu en finir avec l'Amarane puisque ses messages, il s'en chargeait lui-même, preuve en était, sa présence auprès de Karm, après sa nomination.- Pensez-vous qu'il ait eu le temps de... Pardonnez l'expression de profane, terminer son travail ?

Autrement dit, d'effectivement condamner l'Amarane à une mort certaine, car s'il n'y avait pas d'urgence absolue selon les propos de la guérisseuse, Luke voyait tout de même des signes de nécrose. Elle avait déjà stagné sur Servacos, faisant fi du mal qui l'attaquait mais maintenant, ce dernier semblait s'accélérer.

- Je suppose que défaire ce qui a été fait serait très compliqué, il y a des signes de vieillissement avancé, mais pourra-t-on au moins stopper les dégâts avant qu'ils ne deviennent irréparables ?

Car le mystique avait ce point commun avec la médecine en ce sens. Même si on trouvait la cause exacte, il n'y avait pas forcément de remède. Un genre de maladie incurable. Le Jedi se demanda pourquoi Noctis s'était "embêté" à lui jeter un "sort" de corruption. Ceux-ci n'étaient quand même pas censés tuer rapidement, même s'ils étaient complètement achevés.
Karm Torr
Karm Torr
Messages : 3593
Eclats Kyber : 0
Maître Espérance Nouvelle considérait d’un air pensif le corps inanimé de cette sabreuse d’exception qu’elle avait côtoyée jadis dans les couloirs de leurs Temples et qui désormais, réduite à presque rien, gisait là comme une ennemie de leur Ordre. La trahison de Tavaï lui paraissait presque plus tragique que celle des anciens Jedis passés dans les rangs des Siths, parce qu’elle ne pouvait décemment l’attribuer aux inévitables tentations de la Force. C’était une affaire politique, un concours de circonstances malheureux, et Tavaï aurait pu être, en une autre époque, l’honneur des Jedis.


Voilà bien longtemps que je n’ai pas vu Absalom, expliqua-t-elle de sa voix douce et chantante, quand Luke la questionna sur les aptitudes de l’ancien Seigneur Sith, et j’ignore de quoi il est capable. J’ignore, également, si Hol’gan vous a dit la vérité.


Karm haussa un sourcil. Jamais il n’avait mis en doute les propos de son ancienne Maître, lorsque celle-ci avait affirmé avoir été agressé par Noctis, mais il n’était certes pas impossible qu’elle ait voulu jouer à son tour avec son esprit.


Je crois que l’intention était certainement de la tuer et qu’elle serait morte plus rapidement si elle n’avait réussi à se soustraire à l’influence obscure qu’on a étendue sur elle. Il m’est difficile de dire, en revanche…


Son regard se porta sur l’Ark-Ni, alors qu’elle retenait des propos fatidiques, par respect pour l’ancien Padawan de sa patiente du jour.


… si elle va survivre, conclut celui-ci.


La Rishi inclina la tête en signe d’assentiment.


Le reste du voyage se déroula en silence, jusqu’à ce que leur speeder ne disparaisse dans les entrailles d’un immense bâtiment cubique, inesthétique mais solide, qui servait de base militaire au coeur même du monde capital. Quand ils débarquèrent, la Rishi, ses guérisseurs et des autres Jedis prirent la direction de l’infirmerie, en compagnie d’un colonel de l’armée républicaine, qui était venu à leur rencontre.


Maître, commença-t-il.


Il fallut un instant à Karm pour se rendre compte que c’était à lui que l’on s’adressait, comme au chef de la troupe. Le Gardien avait encore du mal à prendre la pleine mesure de son nouveau rang.


Colonel, répond-t-il enfin. Navré de venir ainsi vous envahir.
C’est un honneur, Maître. Nous avons triplé la garde à l’infirmerie. Nos techniciens et nos droïdes ont vérifié l’intégralité de notre système de surveillance, depuis que vous nous avez dit que vous viendriez. Tout est en ordre.
Excellent.
Croyez-vous qu’on doive s’attendre à des incursions hostiles ?


L’Ark-Ni examina en silence la question avant de répondre.


Je ne pense pas. La vigilance est toujours la bienvenue, mais manifestement, les opérations de Maître Tavaï ont eu du mal à se développer au-delà de la Bordure et son organisation est considérablement affaiblie. Prenons nos précautions, mais des affrontements sont peu probables. Par ailleurs, son état est critique.


Le colonel, Karm et Luke s’arrêtèrent aux portes de l’infirmerie, pour laisser les guérisseurs faire leur travail.


Je reste à votre disposition, Maître, fit l’officier avec une rigidité toute militaire, mais aussi ce sens du respect subordonné que l’on ne trouvait guère que dans l’armée et au sein de l’Ordre.


Puis il se tourna vers Luke, lui fit un signe de tête sans se rendre compte qu’il avait affaire à un aveugle, dit Chevalier et s’éclipsa.


Karm considéra un moment le corps de Tavaï que des droïdes médicaux branchaient désormais à toute sorte d’appareils, avant qu’elle ne soit à nouveau entourée par leurs confrères, sous la férule d’Espérance Nouvelle.


Puis il dit :


Viens. Inutile de nous attarder ici, nous gênerions plus qu’autre chose. Maître Espérance Nouvelle nous avertira s’il y a du changement.

Sa mission était accomplie. Celle de ces derniers jours, mais aussi celle des années écoulées. Tavaï était en prison, hors d’état de nuire, peut-être morte bientôt. Ils l’avaient capturée sans avoir à l’affronter, en jouant de chance plus que de diplomatie sans doute, mais ce n’était tout de même pas un médiocre exploit.


Le Jedi resta perdu dans ses pensées tandis qu’ils remontaient les couloirs garnis de soldats qui montaient la garde, pour quitter la base et se diriger vers le prochain arrêt de transport en commun, laissant derrière eux le speeder qui servirait au retour des guérisseurs.


La foule qui envahissait perpétuellement les rues de Coruscant ne se prêtait guère à la discussion et ils durent attendre d’être de retour au Temple, installés dans une salle de méditation, pour s’entretenir. Assis en tailleur, Karm faisait tourner machinalement le sabre de son ancienne Maître entre ses doigts.


Je crois que je vais en récupérer les cristaux, expliqua-t-il. Pour forger le mien, enfin le nouveau.

Grâce à l’une de ses missions avec Maxence, il s’était attiré les faveurs d’un équipementier militaire d’Abhean dont les ingénieurs travaillent désormais à concevoir un sabre particulier, sur ces spécifications. Il aurait besoin d’y doubler le nombre de cristaux, parce que l’arme devait pouvoir produire une lame à chaque extrémité, et il avait songé d’abord à un nouveau voyage sur Ilum, mais il lui semblait désormais que la Force lui amenait un autre symbole.


Afin de mes souvenirs du danger des armes et des chemins que l’on peut emprunter, à trop se préoccuper du combat.


Et ainsi, tandis qu’une Maître d’Armes était en train de s’éteindre, un autre reprenait le flambeau qu’elle avait depuis longtemps abandonné.
Revenir en haut
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
skin made by
© jawn