Thann Sîdh
Thann Sîdh
Messages : 661
Eclats Kyber : 0
21.575, 2nd semestre • Ondéron, Salle des Archives.

#Seïid Qiik

Des heures ? Non… Des jours de visionnage, de lecture assidue du dossier, de croisement des informations précédentes, de vérification des dépositions de témoins, de constats des lacunes. Deux enquêtes, déjà. Deux enquêtes avaient été diligentées pour tenter de retrouver la trace d’un Chevalier Jedi. Pourquoi Thann s’était-elle trouvée à tenter de reprendre le flambeau, à son tour ? Quelle idée… Quelle prétention ! Mais elle lui devait cela. Kolin. C’était son maître qu’elle cherchait.

« Par la Force, Lyrae, où vous êtes-vous perdu ? Il a besoin de vous… »

L’holo’ s’interrompit, se dissipa. Il s’agissait de son dix-septième visionnage de l’interrogatoire du Chevalier Jesaëlle Vertigen. Elle n’avait rien laissé transparaître, rien voulu dire. Elle se sentait le devoir de protéger son confrère et avait choisi de se murer dans le silence tant que celui-ci ne serait pas de retour pour assurer lui-même sa défense. Ce n’était pas la peine d’insister. D’autant moins que Thann n’était pas une experte de l’enquête, loin de là, et avait été bien incapable de tirer des réactions du visage de sa consœur la moindre information. Ce fut plus fort qu’elle, elle bâilla à s’en décrocher la mâchoire et à s’en faire chavirer la luette.

« Bouteboute, s’il te plaît, enregistre qu’il n’y a rien à tirer du Chevalier Vertigen. Elle ne parlera pas, ne laisse rien filtrer et ce n’est pas dans nos habitudes de violenter les nôtres. »

La petite sphère eut tout juste le temps de répondre par l’affirmative que soudain, ils n’étaient plus seuls, une main s’était posée sur son épaule. Là, véritablement, Thann sentit que quelque chose n’allait pas. D’ordinaire, jamais elle ne serait laissée surprendre, surtout par une présence aussi familière. Son sursaut ne lui échappa pas.

« Cinq messages, Thann. Cinq messages sans réponse. Tu m’as dit, il y a sept heures déjà, que tu venais te coucher. Le jour s’est déjà levé. Alors maintenant, soit tu m’obéis et tu viens dormir, soit je t’assomme moi-même avec ce datapad que tu aimes tant, et je te couche. Nous en sommes là. Tu te couches ou je te couche, mais il va falloir prendre une décision. La Miraluka laissa sa tête retombée contre main de son amie. Son soupire valait tous les pardons du monde, mais elle souffla tout de même son mea culpa : – Je suis désolée… J’ai perdu le fil du temps et… Non. Je suis juste désolée, je n’ai pas d’excuse, j’aurais dû arrêter depuis des heures. Elle se leva, un léger vertige la saisit, comme pour mieux lui asséner cette leçon. – Tu t’impliques beaucoup trop émotionnellement dans cette affaire, et tu le sais. Résultat ? Regarde, tu n’es plus bonne à rien et tu n’as pas avancé d’un iota. Dans deux jours, vous devez partir avec le Chevalier Kayan et tu as l’air d’une loque. Dans trois semaines, on fête tes dix-huit ans, on a l’impression que t’en as déjà soixante. – Hey, doucement, hein… Le fait d’avoir raison ne te donne pas le droit d’être méchante. – Mais le fait de me faire m’inquiéter inutilement me donne le droit à toutes les vengeances. » Cette réalité lui échappait parfois. Oui, Thann, la petite padawane la plus chou du Temple avait cessé d’être une enfant, pratiquement cessé d’être même une adolescente. Elle devait une adulte. Une petite adulte, pleine de naïveté encore, certainement, et d’étourderie. Mais une adulte. Elle n’en prenait conscience que par à-coups, comme en pointillés, se sentant parfois terriblement différente, parfois retombant dans des traits plus familiers. Lorsqu’elle se concentrait sur son corps, la chose était indéniable. Elle n’était plus la fillette en retard de croissance que son mentor avait rencontrée il y avait presque trois ans de cela. Elle le dépassait même d’un centimètre bien affirmé à présent. Elle n’irait pas plus loin, mais à son crédit, elle avait au moins remporté cette manche.

Epuisée, elle ne se rendit pas bien compte qu’elles étaient enfin arrivées dans leur chambre. Il faut dire que Seïid avait dû la tirer par la manche pour l’entraîner dans la bonne direction, instinctivement, Thann s’était dirigée vers leur ancienne chambrette de toujours. Plus âgées, avec plus de responsabilités au sein de leur Ordre, moins de cours et davantage de rôle sur le terrain, elles avaient transhumé naturellement vers des chambres différentes, un peu plus spacieuses. D’un coup, elle se trouva déshabillée, bordée, dépositaire d’un baiser tendre et puis, plus rien.


Le jour J. Le début de l’enquête. Le Chevalier Kayan n’allait pas tarder et Thann était fin prête, après des heures de sommeils perdues enfin rattrapées – de force il fallait l’avouer. Visière sur le regard, prête pour une mission de longue haleine toute pratique, son sabre soigneusement dissimulé sous ses vêtements au creux de ses reins, elle se sentait prête à montrer la Sentinelle qu’elle se sentait être devenue. Elle perçut l’aura de Luke bien avant qu’il fut à porter de voix. Ils s’étaient souvent fréquentés, elle n’avait pas de mal à le distinguer même dans la foule de ses pairs. Sitôt qu’il fut suffisamment près, elle s’inclina légèrement et avec un sourire le salua : « Chevalier Kayan. Il eut à peine le temps répondre que déjà elle enchaînait. Notre transport nous attends pour partir sur Nar ‘Shaddaa. C’est là qu’on perd la trace du Chevalier O’Sil. Les enregistrements nous indiquent clairement que le but était bien Lorrd, mais pour nous assurer de son arrivée là-bas, il faudra d’abord comprendre pourquoi lui et la Chevalière Vertigen se seront annoncées comme au départ de la lune. Si nous parvenons à savoir où ils ont atterri là-bas, nous pourrions y reprendre le fil de l’enquête. Je vous suis. » conclut-elle avec confiance, décidée à mener les choses en Jedi de qualité.
Luke Kayan
Luke Kayan
Messages : 3119
Eclats Kyber : 0
Si Luke avait su que Thann serait sa coéquipière, sans doute aurait-il renoncé à cette mission. Par lâcheté évidemment, suite à leur historique intimement lié à Karm, car professionnellement il n'avait rien à reprocher à la demoiselle. De fait, son évolution était prometteuse et le Hapien se félicitait souvent qu'elle fut la Padawan de son ami. Elle était de ces élèves brillants qui redorent la confiance d'un mentor et lui apportent en expérience. Loyale sans être trop docile, Thann avait un cerveau vif réclamant des réponses qui sortaient des sentiers battus. De quoi faire grandir Karm tout en lui apportant une certaine fierté. N'importe quel maître aurait rêvé d'une apprentie aussi appliquée. Mais trêves de compliments, c'était désormais à lui de faire face à la talentueuse Miraluka. Au-delà de l'idée angoissante de se retrouver avec quelqu'un qui savait, le jeune homme stressait aussi un peu de ne pas être à la hauteur. Il avait déjà déçu des proches de son aîné, ce serait un comble de ne pas être assez bien pour son apprentie. Surtout qu'après s'être un peu éparpillé dans divers domaines dont celui de la guérison, le Chevalier avait perdu en stratégie.

De base, c'était le nom de Lyrae qui avait attiré les yeux, ou plutôt les oreilles de Luke. Il se rappelait parfaitement du jeune homme arrivant en trombe pour parler au Conseil. Désarçonné par ses dernières aventures, ce dernier avait confié au blond les conséquences malheureuses d'une erreur assez monumentale, il est vrai. Mal à l'aise, le Hapien lui avait conseillé de dire la vérité à sa compagne, Luuna, connue pour ses 4 membres bioniques aussi bien que pour avoir enfanté. Elle était une des instigatrices involontaires d'un assouplissement des règles de l'Ordre avec Ellana Caldin, siégeant au Conseil qui avait également accouché. Luke connaissait relativement peu Lyrae -à l'instar de la majorité des membres de l'Ordre d'ailleurs, à cause de sa timidité naturelle et de la distance qu'il mettait entre les autres et lui.- mais son histoire l'avait suffisamment marqué pour qu'il demande à faire cette mission. En général on ne le choisissait pas pour garder un secret -non pas qu'il fut une pipelette, Luke était digne de confiance et ça se savait.- parce qu'il manquait singulièrement de compassion, croyait-on en tout cas. Lyrae, sans doute un peu par désespoir, s'en était pourtant remis à sa personne puis avait filé en le remerciant. Alors bien sûr, le blond se sentait aussi reconnaissant envers la présumé victime que coupable de sa disparition. Et si tout ça avait un rapport avec Luuna ? En appliquant les conseils du Hapien, le Chevalier aurait-il déchaîné sa colère ? Déchiré le couple avant de fuir, détruit. Tout ça ne faisait pas très Jedi mais l'amour était dangereux, même s'il était moins radical concernant ses convictions, tout à fait au courant des bienfaits de ce sentiment, Luke continuait de s'en méfier.

Puis le Hapien chassa ces éventualités, il se rendit compte que ses pensées étaient contaminées par l'émotion première, la culpabilité et ses propres doutes concernant les relations amoureuses. Ça ne pouvait pas être ça ou du moins, c'était une hypothèse beaucoup trop bancale pour faire office de trame principale.

Il respira, ferma les yeux, se concentra sur le vide pour laisser la Force entrer en son sein. Ses idées s'éclaircirent, une conversation réapparut dans son esprit. Celle que Thann et lui avaient eu à propos de Kolin, l'élève de Lyrae pointant aux abonnés absents. C'était ce qui dirigeait le Hapien sur des pistes encore moins réjouissantes mais bien plus réalistes que la fugue d'un compagnon honteux.

Peu à peu, le jeune homme privilégia cette piste. Il avait conscience, vivant une relation fusionnelle avec son propre maître et témoin de celle que Thann entretenait avec Karm que ce n'était pas un lien anodin. Il était probable que Lyrae n'ait pas renoncé à son apprenti enlevé par les Siths. Était-il parti en aveugle ou avait-il suivi des appels que Kolin aurait réussi à faire passer via la Force comme lui-même avec Saï quand les Siths l'avaient enlevé ?

Luke s'octroya une légère pause pour s'étirer. Il avait veillé plusieurs soirs afin de croiser les informations. Après l'habituel tour des hôpitaux, d'enregistrement aux astroports et même de signalements grâce à ses contacts dans la police, le jeune homme avait été conforté dans son idée première. Il faudrait fouiller plus loin pour avoir une chance de remettre la main sur le duo. Plus de 48 h étaient passées, faisant chuter le pourcentage de réussites, même si le fait qu'il s'agisse de Jedis réduisait un brin l'hémorragie des statistiques. Étaient-ils partis sur une mission qui durerait plus que prévu ? Mais dans ce cas, ils auraient dû, selon le protocole, prévenir l'Ordre. Qu'ils ne trouvent aucun moyen de le faire suggérait une mauvaise posture ou... La mort.

- Bonjour. Comment allez-vous ?


Demanda Luke en retour, tout en inclinant légèrement la tête en guise de salut. Bien qu'il ne se soit pas départi de son habituel vouvoiement, ce dernier était nuancé d'une lueur plus chaleureuse, signe d'une certaine amitié venant de sa part. Ses réflexions des derniers jours l'avaient suivi jusqu'ici, près de la Miraluka, calmant un peu de son angoisse personnelle.

- Merci.

Tout était préparé donc, un détail que le Hapien apprécia car il était un fervent défenseur de l'anticipation et de la précision. Tandis que tous deux se dirigeaient vers le Carnac, une légère différence entre deux se notait déjà. Luke se déplaçait un peu moins aisément, surtout au niveau du hangar, nid à pièges pour lui. Bien qu'il se débrouille suffisamment pour se battre ou parcourir des chemins escarpés que des civils dans sa condition ne pourraient rêver fouler, il était sans doute légèrement moins précis que la jeune fille héritant d'une cécité génétique, mais équipée pour y pallier. Un point qui les différenciait nettement et se verrait probablement au fil de la mission : la notion de nature et de handicap. S'il avait eu le temps de s'y intéresser davantage -autrement dit, que deux vies n'étaient pas en danger- Luke aurait beaucoup aimé faire des comparatifs. Évoluer dans le domaine inattendu de la médecine et fréquenter Balian n'avaient fait qu'alimenter sa curiosité scientifique, sans compter qu'il n'éprouvait absolument aucune gêne à évoquer son handicap. C'était une partie de lui-même intégrée, acceptée contrairement à d'autres. Dommage que la Miraluka et lui n'aient jamais eu l'occasion de vraiment se poser. Que ce soit Karm, les soucis de l'une suite à la guerre puis la timidité du Hapien, ils avaient toujours été interrompus. La mission d'aujourd'hui, sans nul doute, ne leur permettrait guère de se rapprocher davantage, alors que tous deux éprouvaient visiblement une certaine tendresse pour l'autre. Luke appréciait en tout cas Thann, la jugeant brillante, prometteuse et surtout intègre.

- Je n'ai trouvé aucune référence de Mission officielle concernant Nar Shaddaa ou Lorrd. Soit c'est une autre affaire qui les a menés de manière inattendue là-bas ou... Une raison personnelle.

Luke eut soudain une réminiscence parmi toutes les dates qui dansaient dans sa tête, tandis qu'il se souvenait en parallèle qu'une des raisons de son angoisse était l'implication de Thann dans l'affaire. Kolin était son ami, comment réagirait-elle lors de la mission au fil de leurs découvertes (ou du manque de découvertes justement) ? Luke ne voudrait pas, encore une fois, subir les foudres d'un proche de son ami sans pouvoir rien faire. Oui, sa dernière mission avec Maxence l'avait ébranlé, brisant encore un peu plus sa confiance. Il faut dire qu'admettre de se faire appeler Tocard durant des heures sans broncher avait de quoi abîmer un égo déjà faible.

- Le Padawan Valkizath a disparu en premier. Comme vous le savez, le Conseil a mené l'enquête sans succès - Car Luke s'était renseigné suite à sa discussion avec Thann, perturbé à l'idée que rien n'ait été fait. En réalité, c'était le cas bien que même à son goût, les recherches avaient été trop légères. -Quoiqu'il en soit, comme c'est l'élève dont on a perdu la piste en premier, il a peut-être a entraîné son maître dans son sillage, même longtemps après. Voilà qui nous donne un espoir concernant Kolin. Si Lyrae s'est décidé de partir sur le tard, c'est qu'il a peut-être eu un signal de son Padawan à ce moment.

Il continua :

- Cela nous fait deux pistes à explorer : celle que vous venez de donner, intégrant donc le Chevalier Vertigen en plus et celle du Padawan Valkizath.

Car il ne fallait pas oublier Jezabelle, membre du MedCorps dans l'affaire. Aucun rapport ne parlait de rapprochement entre les deux Chevaliers, après tout, contrairement à ce que pensaient certaines, l'Ordre n'était pas une dictature et ne surveillait chacun des gestes de ses membres.

Les deux Jedis grimpèrent sans encombre dans la navette, sans tarder un bruit de moteur les prévint du décollage immédiat. Le Hapien alluma son datapad et mis une oreillette pour étudier le dossier Vertigen tout en restant disponible pour Thann.

- Comment allez-vous, je veux dire, après cette expérience la nuit où... Où Karm a été blessé.

Finit-il par demander, maladroit mais volontaire. Allait-il encore déchaîner des réponses frustrantes ? Après le passage de l'ouragan Maxence, le blond avait toujours l'impression que ça allait lui "tomber dessus" et que stopper les conversations personnelles était encore le mieux. Cependant, son désir réel de savoir comment allait la Padawan, accompagnée d'une courtoisie élémentaire et d'une amitié sincère l'avaient poussé à poser la question. Ils étaient tous trois -Thann, Karm et lui- trop proches pour qu'il ne se sente pas investi du devoir de la protéger un peu, ou du moins de s'intéresser à son bien-être.

- Bien sûr, vous n'êtes pas forcée de répondre.

Ajouta-t-il in-extremis, craignant que la respectueuse adolescente de force dans l'optique d'obéir à un aîné.
Thann Sîdh
Thann Sîdh
Messages : 661
Eclats Kyber : 0
Thann Sîdh, cornsilk
Le pilote, white

Luke eut immédiatement toute son attention. Sans que cela ne la surprît le moins du monde, il avait longuement étudié lui-même le dossier. Elle n’avait jamais douté de son sérieux, et la relation qu’il entretenait avec son maître, loin de le décrédibiliser, lui donnait au contraire plus de gages de professionnalisme encore. Thann ne pouvait imaginer son maître se lier à quelqu’un de frivole et sur qui on ne pouvait compter. Lorsqu’il s’arrêta, après son exposé des faits, elle partagea ses propres constats : « Je crois que la piste du Chevalier Vertigen est une impasse. D’autres ont tenté de la raisonner avant nous, de l’amener à partager avec nous ce qu’elle savait. Elle n’a jamais cédé. J’ai analysé longuement les enregistrements. Elle se ferme totalement. J’ignore les raisons de son silence, mais clairement, nous n’avons pas les moyens qui nous permettrait de faire tomber le rempart qu’elle a érigé. Pourtant, de ce que j’ai pu trouver dans l’historique des deux chevaliers, ils n’ont guère eu l’occasion de se lier d’amitié avant… Cette fâcheuse affaire. Mais il faut croire que le Chevalier Lyrae aura su trouver les mots pour sceller ceux de notre consœur. Dans le cas de Kolin, oui, je pense en effet qu’il est ce qui a motivé ce départ. Pourtant, sur Columnex, Kolin m’a affirmé qu’il avait été abandonné par son Maître. Je ne pense pas qu’il me mentait. Je l’ai cru. Je le crois encore aujourd’hui. Sûrement Lyrae est-il parti sur la piste de son Padawan, ce qui est sûr, c’est qu’il n’est jamais parvenu à lui. J’ignore où se trouve Kolin aujourd’hui, certainement au cœur de l’Empire. Je doute que retrouver Lyrae nous amène à trouver Kolin. Mais, peut-être a-t-on tout de même un espoir ? »

Le sas de la navette se referma sur ses paroles. Oui, elle caressait ce secret espoir de retrouver son ami. Comment ne le pouvait-elle pas ? Mais il était ici un élément du décor, non l’objet de leur quête. Alors qu’ils décollaient, son aîné se plongea dans l’étude du dossier. La jeune femme pensait l’imiter et ne s’attendait pas à sa question. Elle sourit. Cela faisait effectivement longtemps qu’il s’était vu pour la dernière fois… et quelle dernière fois. « Je vais bien. Je vais mieux. Nous avons réussi à vivre avec ce lien, mais la présence de Loé m’aura aussi appris à le considérer différemment. Il est parfois difficile de trouver un équilibre. Je l’aime. Comme un père, j’imagine, pas à votre façon, bien sûr. Mais un père, ça se partage avec toute la fratrie, j’imagine ? Le Tournoi des Cristaux a eu le mérite de mettre le doigt sur un sacré souci, dans ma petite tête, et je tente depuis d’y remédier, et de mûrir. Et vous, Chevalier Kayan ? Nous n’avons pratiquement pas eu l’occasion d’échanger, ces derniers mois, et mais j’imagine que vous n’avez pas eu plus que moi l’occasion de souffler. »

Un crépitement indiqua que la liaison venait de s’ouvrir entre le pilote et ses passagers. « Chevaliers, nous venons de recevoir les autorisations de quitter l’atmosphère de la planète et de nous insérer dans le trafic. Nous devrions avoir quitté les lieux et sauter en hyperespace d’ici moins d’une heure. Ensuite, le voyage jusqu’à Nar’Shadaa nous prendra pas loin d’une journée, et nous y arriverons de nuit d’après mes instruments. Si vous le désirez, les couchette sont à votre disposition, si jamais vous éprouviez le besoin de dormir. Pour la nourriture, la boisson, tout, n’hésitez pas à demander à Sug4r, il se fera une joie de vous servir. » Comme pour souligner les propos, un petit droïde cantine arriva clopin clopant dans la pièce principal en sifflant tous les menus qu’ils contenaient. Des rations déshydrater, nécessairement. Soit, Thann s’en accommoderait, comme du reste, elle se doutait que cette partie du voyage serait probablement, de toute façon, la plus confortable. Pour répondre à leur hôte, elle appuya sur l’interphone le plus proche. « Merci beaucoup, Exuperhie, permission de venir te tenir compagnie bientôt ? – Aucun souci, Thann. Tu me raconteras comment vous avez progressé sur Dantooïne. La dernière fois que je suis passé, c’est encore un joyeux foutoir. – L’ambiance n’a guère changé, mais du foutoir surgit désormais les débuts d’une enclave digne de ce nom ! Je te donne les détails après. Terminé. »

Un sourire encore accroché au visage, elle revint vers le Chevalier. Elle aimait bien, le vieux Zabrak qui les conduisait ce jour-là. Elle l’avait rencontré sur Dantooïne, il était de ceux qui faisait les allers-retours entre Ondéron et la nouvelle enclave. Il avait des milliers d’heure de vol à son actif. Ancien novice n'ayant jamais passé les épreuves, il avait déployé ses talents autrement et ne semblait pas moins en déborder que les Jedis qu’il fréquentait tous les jours. Elle s’assit au côté de l’Hapien et, voulant lui laisser le même choix que celui qu’il lui avait courtoisement laissé, elle attendit qu’il reprenne la conversation s’il le souhaitait.
Luke Kayan
Luke Kayan
Messages : 3119
Eclats Kyber : 0
- D'accord. Délaissons la piste du Chevalier Vertigen pour l'instant, d'autant plus que nous avons suffisamment d'éléments et de pistes à suivre.

Concéda le Jedi tout en chassant une réflexion importune. Les Jedis avaient beau se défendre de tout attachement, ils faisaient parfois preuve d'une loyauté qui laissait le droit au doute. Comment Lyrae et Jesaëlle avaient-ils pu se rapprocher de la sorte ? Leur amitié ou ce qu'il s'était passé poussait quand même la membre du Medcorps à entraver une enquête. Était-ce touchant, inquiétant ? Le blond fut sorti de ses songeries naissantes par Thann qui se confiait un peu. S'il en fut d'abord surpris, il se rappela in-extremis avoir invité l'adolescente à ce comportement en lui demandant comment elle allait. Étrangement, le fait qu'elle ne cingle pas un "ça va" le soulagea. Luke était en réalité un peu embarrassé, surtout vu la nature du lien que la Miraluka étendait aux oreilles de tous (façon de parler, elle n'avait pas hurlé) mais il était heureux que Thann lui réponde avec tant de profondeur. Quand les gens le faisaient, cela signifiait bien qu'il n'y avait aucune tension, pas même caché entre eux, n'est-ce pas ? Débuter une mission sans avoir peur que son interlocuteur n'explose était un vrai bonheur, souvent ignoré de ceux qui travaillaient avec des Jedis capables de se contrôler. Même s'il avait fini par s'entendre avec Max, le Hapien n'avait pas oublié le mal-être qui les avaient tous deux accompagnés, sans oublier les efforts parfois loin d'être naturels pour éviter de se faire écharper. Si la Miraluka demeurait calme, voire proche de lui après qu'ils eurent entamé le fameux sujet "Kolin", le Consulaire pouvait avoir une chance de ne pas gérer une situation de crise émotionnelle. Et oui, finalement, s'entendre si bien avec une proche de Karm le touchait.

- Le temps a pu faire son œuvre et le Chevalier O'Sil regretter de ne pas avoir insisté pour le sauver. Il aurait pu repartir chercher Kolin, en effet.


Le jeune homme alluma son datapad et dicta quelques hypothèses ainsi que des notes de progression, dont l'idée de Thann, qu'il cita d'ailleurs, de ne pas trop se concentrer sur Jesaëlle. Il inscrivit aussi la sensation d'un Kolin abandonné par son maître, une habitude prise lors de ses profilages. Ironiquement, le côté psychologique que Luke avait parfois tellement de mal à maîtriser personnellement pouvait tout changer en mission. Avec son expérience auprès de la police de Coruscant, il avait appris à jouer de ces nuances, voir leur degré d'importance pour prédire autant que possible des causes mais aussi des conséquences. Un Padawan qui se sentait abandonné avait de quoi vraiment céder au côté sombre, sans difficulté. De fait, il l'avait peut-être cherché afin de se trouver un nouveau but ou par esprit de contradiction, pour se détacher rapidement du traître. Voilà qui modifiait éventuellement les perspectives sur la captivité de Kolin. Et celle de Lyrae.

- Ma question est difficile et d'apparence cruelle, mais je sais que vous connaissez les protocoles, je dois la faire. - Écrits à partir de cas réels, ces fameux procédés cherchaient à anticiper les actions d'une personne prise en otage ou sciemment en fuite. Ils incluaient les diverses réactions possibles de gens disparus volontairement, au profil colérique ou au contraire froid.- Est-ce que Kolin vous paraissait suffisamment déçu, en colère, brisé pour mener son ancien maître dans un piège ? - Bien sûr, l'intention pouvait être guidée par une rage passagère, laquelle aurait déformée un caractère habituellement doux mais Thann et Luke cherchaient des faits, des faits qui pourraient réunir le Padawan et le Chevalier dans une même cellule, ce qui permettrait peut-être de les retrouver ensemble.

Toujours sérieux, le Hapien avait tenu à interroger la jeune femme sur ce qu'elle savait en premier, exactement comme il aimait noter la moindre de leur progression, y compris les fausses pistes. Ce n'était pas une nouveauté, Luke était réputé pour ses rapports particulièrement complets, parfois fastidieux (?) et exacts. Le comble pour un aveugle qui ne pouvait pas observer directement son environnement, mais il y avait pallié par une bonne ouïe, une excellente intuition mais surtout une organisation millimétrée. Le professionnel ayant avancé, le Chevalier s'octroya une pause "personnelle" notamment pour répondre à la Miraluka.

- Je comprends. J'ai aussi entretenu et je pense encore aujourd'hui, une relation étroite avec Maître Don qui va au-delà de la simple considération pour nos rangs. M'en détacher, cesser de le considérer comme l'unique pilier de ma vie fut un long processus après en avoir été si proche tous les jours pour une formation intense qui unit forcément. Cette affection ne vous quittera jamais et... Et je crois que c'est une bonne chose - Il avait hésité, conscient d'aller un peu au-delà des règles, mais ne serait-il pas hypocrite de prétendre le contraire ?- Mais elle peut être contrôlée pour ne pas déborder sur tout ce qu'implique notre voie, notre Promesse. Gérer son flux, la laisser s'exprimer aux bons moments et sans exaltation abusive. - Si l'affection était finalement acceptée dans le monde de Luke, la jalousie en était bannie. Il fallait apprendre à faire confiance à l'être aimé pour le laisser sen aller et revenir le moment venu. C'est ainsi que le jeune homme avait appris à aimer Karm lorsqu'il était là, tout en vaquant de manière indépendante à ses affaires lorsque ce dernier était absent.- La présence de Loé fut bénéfique pour tout le monde, je pense. Pour vous et Karm, afin de prendre juste la distance qu'il faut sans non plus chercher à dénaturer votre lien. De même, j'ai beaucoup appris à ses côtés. - Luke jugeait toujours qu'il apprenait auprès de ceux qu'il côtoyait. En bien comme en mal, il s'instruisait auprès des autres, même si la première approche était toujours compliquée pour lui. - [color=#ffff00]Reconnaître avoir un problème, c'est mûrir d'un coup, parfois brutalement, mais c'est en effet le premier pas, le plus important. L'essentiel. Je suis persuadé que vous arriverez petit à petit à vous trouver et atteindre la sérénité, même si cela prendra du temps. Je cherche encore la mienne.

Un léger sourire accompagna les paroles du Chevalier. Avec sa vue, difficile de fouiller partout afin de la trouver. L'idée l'avait amusé sur le coup, mais il préféra ne pas partager, la discussion était trop sérieuse. Contrairement à Karm, Luke incluait les blagues dans l'apprentissage des interactions sociales. Il faisait attention à quand, comment et où, tout un langage implicite qui unifiait ou désunifiait les gens. L'explorateur était bien plus naturel alors que via le contrôle des codes, des mots, le Consulaire essayait d'apprendre doucement à communiquer. En même temps lui n'avait que ça pour s'exprimer, aucun geste ni regard pour le secourir.

- Beaucoup de missions entrecoupées de passionnantes formations, je dois l'admettre. Mais dites-moi- en plus sur vos expériences, ce fameux tournoi par exemple. Pourquoi et comment y avez-vous participé ? Qu'est-ce que ça a concrètement changé à votre perception de la vie ?

Loé et le tournoi semblaient avoir appris à la Miraluka que l'exclusivité n'était pas gage de garantie dans une relation, salvateur pour une jeune Jedi amenée à voir son maître (surtout lui, si social malgré les apparences) amené à faire de nombreuses rencontres. Très chaleureux avec tous, Karm avait de quoi, parfois ambigu, inquiéter ses proches mais le Hapien avait une confiance aveugle en lui. Il savait pertinemment que les apparences trompaient, Karm savait compartimentait ses relations en se réservant pour ses proches. Le Consulaire eut la vague réflexion qu'en tant que Jedis, ils ne devraient pas se poser ce type de questions, ni chercher à être si regardé, aimé par quelqu'un, mais inutile de se voiler la face plus longtemps. Les élèves étaient motivés à l'idée de rendre fiers leurs aînés, exactement comme lui avec le Conseil, afin d'être accepté, intégré, quant aux duos Maîtres- Padawans, ceux qui fonctionnaient le mieux incluaient une relation profonde entre eux.

Le jeune homme appréciait beaucoup entendre les histoires des autres, il apprenait ainsi par procuration bien que lui-même soit assez discret sur les siennes. Il ne les trouvait pas assez passionnantes là où ce fameux tournoi l'avait intrigué dès le début. Le Jedi y avait participé de loin, sauf une fois où Maître Don l'avait sollicité pour divulguer un message trompeur. D'après ce qu'il avait su, les Padawans ne s'étaient pas laissé avoir. Le Consulaire s'étonna, se trouvant sincèrement curieux d'en connaître plus sur ce tournoi alors que sur le coup, il l'avait un peu éludé, trop occupé par ses dossiers. Mais avec Thann devant lui, les réflexions émanant de cette épreuve, cela valait la peine d'en savoir plus.

Un droïde se présenta à eux, leur proposant des boissons et de quoi dormir. Luke demanda une ration simple pour plus tard, conscient que pendant une mission, cela pouvait être salvateur. Il s'attacha à ne pas écouter la conversation de la jeune femme avec le pilote, sans pouvoir s'empêcher de sourire inconsciemment. Thann suivait les pas de son maître, elle créait des liens partout et savait se faire apprécier. Lui-même connaissait Exuperhie mais ils entretenaient une relation respectueuse, plutôt distante, faite de courtoisie sincère mais prudente. Encore une fois, c'était probablement la faute du Hapien.

Le bruit typique du tissu froissé indiqua à Luke que la jeune femme venait probablement de s'installer à ses côtés. Il se sentit légèrement mal à l'aise, ne se voyant pas lui donner l'autorisation de partir comme à une gamine, mais pressentant qu'elle restait par politesse.

- Je ne savais pas que vous vous étiez lié d'amitié avec Exuperhie, c'est vrai qu'il est gentil. Si vous allez le voir, profitez-en pour lui demander où nous sommes exactement s'il vous plaît

Indiqua le négociateur le plus subtil de cette Galaxie. S'il appréciait Thann, le chevalier ne voulait pas la retenir. Ça lui faisait plaisir de la voir si épanouie, un peu comme Karm d'ailleurs, surtout après leur discussion presque houleuse, difficile et sombre. Voir un Jedi se sentir bien dans sa communauté apportait toujours du bonheur au Hapien. Sans doute admirait-il inconsciemment leur capacité à tisser de vrais liens spontané.
Thann Sîdh
Thann Sîdh
Messages : 661
Eclats Kyber : 0
Thann Sîdh, cornsilk
Exuperhie, le pilote, white

La piste du Chevalier Vertigen fut écartée, un poids se leva dans la poitrine de l’aspirante Sentinelle. Thann n’était pas du tout à l’aise avec l’idée de traiter sa consoeur comme un élément hostile qu’il lui eût fallu presser pour en obtenir davantage. Qu’importe la nature de la relation qu’elle avait entretenue avec Lyrae, elle jugeait que le trahir briserait son code moral. Qui était-elle pour obliger l’une de ses homologues du Temple à se violenter ainsi ? Lyrae avait disparu, de son propre chef – les enregistrements l’avaient clairement montré – il n’y avait eu ni violence, ni destruction, ni forces obscures dans cette échappée. Si l’impératif vital était bel et bien engagé pour le Chevalier disparu, il n’en demeurait pas moins que cela résultait de sa seule initiative et qu’il était parvenue à faire accepter son choix à sa complice.

Le Chevalier Kayan énuméra ses hypothèses et les éléments qu’il avait compilé dans son dossier. La fameuse question fut posée. Thann ne la redoutait pas, elle devait être posée et s’imposait d’autant plus que cela faisait maintenant deux ans que Kolin était aux mains de la Sith. Avait-il changé à ce point ? Elle respira profondément et exhuma ses souvenirs de Columnex. Ces souvenirs restaient puissamment ancrés en elle, mais le travail du temps ne cessait jamais et elle était en paix à présent avec eux. Ses entretiens avec son mentor, avec Luke, avec Maître Don aussi. Elle sentait de nouveau, elle entendait de nouveau. Sa mémoire avait commencé à faire son travail de reconstruction, à biaiser le souvenir, mais il était des choses dont elle se souvenait encore nettement : suffisamment pour être sûre que son propre esprit ne la trompait pas sur ce point. Cela lui pesait terriblement de l’admettre mais… si elle espérait le revoir un jour et le ramener à son côté, il lui fallait être la plus objective possible, la plus honnête avec ses propres idées.

« Je connais très bien Kolin. Lorsque j’étais plus jeune, j’ai été durant longtemps sa tutrice, alors qu’il n’était que novice. Il a eu du mal à s’adapter à la vie du Temple, lui qui venait d’une famille. Il les aimait profondément. Il est dur. Non pas par nature, je crois, mais il l’est par nécessité. Sur Columnex, il m’a montré toute sa colère, tout son ressenti. Il était persuadé d’avoir été abandonné. Mais, dans cette colère, il y avait surtout de la peine. Pour lui, nous l’avons trahi. Derrière les larmes, derrière les cris, il y avait une étincelle. Faible. Si faible. Des mois plus tard, j’ignore si les atrocités n’auront pas fini par l’enfouir si profondément qu’il aura été capable de piéger son ancien mentor. A dire vrai, je penserai même comme probable qu’il aurait pu participer à sa capture – moins par véritable volonté de lui nuire que d’obtenir des réponses, et de finir avec des regrets qui alimenteraient aussi bien sa colère que la peine.

Il était aussi suffisamment confus pour ne pas parvenir à franchir ce dernier pas. Je l’ai senti. Il n’a pas su m’attaquer. Il n’a pas osé sombre jusque-là. C’est une chose que de se montrer indifférent aux sorts des inconnus, c’en était encore une autre, sur Columnex, de devoir tuer son propre passé et les êtres qui lui ont été chers. De fait… Oui. Il peut avoir participé, je pense, à la capture de son maître, mais cette capture serait survenue suite à Columnex et non avant. Je n’ai plus de nouvelles de lui depuis, mais je suis certaine qu’il ignorait que le Chevalier O’Syl était parti à sa recherche, à l’époque. »


Thann écouta ensuite attentivement les réflexions du Chevalier sur le lien qu’elle entretenait avec Karm. Elle ignorait s’ils s’étaient bien compris. Il faut dire qu’elle-même n’était pas tout à fait certaine de s’être bien compris sur le sujet. La distance qu’elle prenait n’était pas une distance émotionnelle. Il gardait la même place dans son cœur, la même importance. Non, ce détachement était davantage dans les jugements supposés qu’elle pensait être porter sur eux. Soit. La critique glissait à présent plus facilement sur elle. Les rigoristes pouvaient rigorer, elle se savait être une bonne Padawane, une bonne personne, sûrement une bonne Chevalière, bientôt.

« A vrai dire, ce n’est pas moi qui en ait eu l’idée. C’est Lauren Aresu, une de mes consoeurs, nous avons le même âge. Elle voulait s’y inscrire, m’a proposé de le faire avec elle pour la rassurer, et voilà. Je n’y ai pas vraiment plus réfléchi que ça. Cela me semblait… une drôle d’aventure ! Et je ne pouvais que me lancer dedans. Dire que cela a changé ma perception de la vie… C’est certainement trop dire. J’en ai tiré des sagesses, il est vrai. Je ne suis pas bien sûre desquelles. Mais… C’était une expérience étrange et elle m’aura fait mûrir, j’imagine. » Elle rit. Elle n’était pas sûre de vouloir en parler tant que cela. Les fantômes avaient été si étranges, la scène avait été si étrange… Et ce discours de Maître Don ? Qu’en penser ? …

« Nous nous connaissons bien, avec Exuperhie ! Il est certainement le pilote qui aura le plus fait d’aller-retour entre le Temple et l’Enclave. Nous avons déjeuner un nombre de fois ensemble… Je ne les compte même plus, en parlant travail. C’est quelqu’un de très honnête, très drôle. Et il a un vrai talent pour la musique, vous saviez qu’il joue du saxophone électrique ? Une merveille… Peut-être qu’une fois le pilote automatique enclenché, il voudra bien jouer… M’enfin, là, cela ne fait même pas vingt minutes que nous avons décollés, nous devons toujours juste avoir atteint les strates supérieures de l’atmosphère. Nous sauterons bientôt en hyperespace. Et puis… Nous allons passer une nuit ici. Si sur le papier, Nar’Shaddaa et Ondéron ne sont pas si loin, elles ne partagent aucune voie clairement établie et nous aurons régulièrement le besoin de sortir de l’hyperespace pour recalculer notre trajectoire… Enfin. Cela nous laissera certainement le temps de réfléchir à toute cette situation. » Et c’est ce qu’ils firent, tranquillement. Comme espéré, de la musique vient égayer une partie de la soirée. Thann profita d’un sommeil presque paisible.


« L’emplacement est loué pour plusieurs jours, vous aurez tout le temps qu’il faut pour enquêter. Si vous ne dormez pas à l’hôtel, vous pensez à me faire savoir que tout va bien, hein ? Je relaierais régulièrement de vos nouvelles vers Ondéron, alors si vous me faites m’inquiétez, Padawan Sîdh, je vous promets que ça va chauffer. – Ne vous inquiétez pas, je suis sûre que le Chevalier Kayan saura nous sortir de toutes les situations. » Les deux se sourirent puis se séparèrent. Luke était déjà un peu plus loin. Thann le rattrapa sans trop de mal, il ne pressait pas le pas et se laissa aisément rejoindre. C’était la première fois qu’elle mettait les pieds sur la lune à la sinistre réputation et… l’odeur la frappait avant tout le reste. Elle n’était pas surprise par l’absence de vivant, l’absence de végétation – du moins en apparence. Non, le plus choquant, là, tout de suite, aux alentours de la plate-forme, c’était l’odeur…

« Alors, Chevalier, par où commençons-nous ? Nous savons avec quel vaisseau les Chevaliers O’Syl et Vertigen ont rejoint la Lune… Où pensez-vous que nous puissions retrouver la trace de leur atterrissage si longtemps après ? »
Luke Kayan
Luke Kayan
Messages : 3119
Eclats Kyber : 0
- Il est encore jeune et avait besoin de terminer sa formation. Aurait-il pu rejoindre Korriban ?

L'idée semblait à la fois simple et terrifiante. D'un côté, ils sauraient où trouver le jeune garçon au lieu de divaguer de planète en planète, mais de l'autre, qui aurait envie de fouiller la sordide planète à la recherche de cette fameuse Antre Sith ? Même l'Ombre jedi la plus délurée émettrait des avertissements quant à cette folle tentative. Après son enlèvement de plusieurs semaines là-bass, luke savait très bien de quoi il en retournait et dans quelle ambiance baignait Kolin. Et encore, même cette hypothèse les laissaient dans le flou. L'adolescent pouvait avoir sombré seul dans son coin ou suivi un mentor indépendant. Les Siths n'appréciaient pas les renégats de l'Ordre, parfois encore moins considérés que leurs ennemis ancestraux qui avaient au moins le mérite de s'en tenir à leurs idéaux, mais en ces temps complexes, c'était aussi un luxe. Un élève presque formé, familier des habitudes de l'Ordre, potentiellement informé... L'ancien Padawan était passée de victime à complice involontaire au moins. Cela le préservait, le gardant probablement en vie, par contre Lyrae courrait un danger encore plus important que celui imaginé.

- J'imagine, à vrai dire je suppose qu'à votre âge, je ne me serais pas non plus inscrit volontairement, mais votre intuition pour la soutenir fut la bonne, je suis certain que cela vous a beaucoup apporté.

La conversation s'éteignit assez rapidement, laissant Luke un peu surpris, décontenancé par la coupure. Il aurait souhaité plus philosopher, parler de ce fameux tournoi. C'était tellement plus simple que de discuter des passions d'autrui, d'inclure encore quelqu'un dans son cercle.

- À vrai dire, j'ignorais son nom... Et lui le mien.- Confessa le jeune Jedi en souriant faiblement.- Bien sûr, c'est une excellente idée, si cela ne l'embête pas, j'aimerais bien écouter un morceau.

Le Hapien faillit ajouter qu'il pourrait ainsi narguer Karm en lui disant avoir trouvé meilleur musicien que lui, mais face à Thann, après que le sujet du maître de l'une et de l'amant de l'autre, il n'osa pas formuler la plaisanterie. Tandis que l'apprentie plongeait dans un sommeil réparateur, Luke garda -inutilement certes- les yeux ouverts. Il pensa à Kolin, la douleur de l'abandon, la sensation de trahison. Sur Korriban, lui savait que son maître l'aimait, il craignait même que ce dernier le recherche parce que le Temple serait alors victime d'un terrible piège. Mais l'adolescent, considéré comme mal dans sa peau, victime d'une histoire compliquée et d'un lourd passé familial s'était retrouvé isolé dans la nuit la plus totale. En la matière, le Hapien sachant ce que c'était ne pouvait que compatir au malheur de ce garçon. Il bloqua rapidement toute velléité contre le Chevalier O'Sil, juger n'était pas de son accabit, mais impossible d'ignorer les questionnements qui surgissaient : comment se déroulait leur formation jusque là ? Kolin avait-il espéré puis perdu toute croyance ou s'était-il pensé perdu dès le début ?

La voix du chevalier inquiet lui revint en mémoire, Luke sentit la compassion revenir à son égard. C'était en partie pour ça que le blond ne voulait plus d'élève. Vivre ce genre de perte, de remise en question perpétuelle. Sans doute était-il lâche, mais lui-même ne s'imaginait pas faire face à de tels dilemmes : respecter les consignes de son cher Ordre, aller chercher l'élève en perdition ? Thann ne le savait peut-être pas, mais l'amoureux des règles qu'était Luke en avait déjà brisé pour sauver Karm et inversement... Mais un enfant ! Pourquoi un enfant comme Kolin avait-il subi cette horreur ? Était-ce une erreur de former des Padawans si jeunes et pire, de les envoyer sur le terrain trop tôt ? La Miraluka elle-même, à peine majeure devait déjà faire face à de violents traumatismes. L'Ordre Jedi était pourtant si éthique. Le Hapien se sentait perdu, désappointé. Tant de malheur découlait du duo formé par Lyrae et Kolin déchiré. On pensait souvent au maître et à l'élève qui vivaient une relation magique lorsqu'on évoquait la formation Jedi, mais il y avait un revers, y être confronté était toujours difficile.

***

Luke s'y était préparé, il avait remué sa mémoire pour déterrer l'odeur de vase, s'en imprégner et s'en souvenir. Ainsi avait-il espérer, le choc serait moindre. Raté. De multiples efforts lui permirent de juste froncer un sourcil, lui donnant un air interrogateur alors qu'il étouffait presque en réalité. La saleté pénétrait sa gorge, lacérant ses amidales à coups de poussières vicieuses qui s'y immisçaient, accompagnées des effluves empoisonnées de la planète.

Nar Shaddaa oblige, les deux Jedis devaient être discrets. Le plus âgé portait un simple jean, une chemise comme des centaines d'aventuriers ici en portaient sans doute, juste un peu plus propre. Une lourde écharpe enlaçait son cou, engageant menton et lèvres. Serrés en une queue sévères ses cheveux blonds étaient réunis sous la capuche d'une toge brune de voyageur. Un genre de pancho fade aux couleurs passées, usé par le temps et les trajectoires hasardeuses. Tous deux avaient au besoin, une fausse identité couplée à la véritable. Il faudrait juste savoir à qui montrer la première et la seconde. Impossible donc de débarquer sur la planète pour réclamer des archives utiles, il faudrait fouiller sans avoir l'air.

- Aux archives de l'Astroport local. Ils ont quitté Ondéron avec un chasseur de l'Ordre, on sait donc quel jour ils sont partis très exactement. Nous avons les données du chasseur et sa trajectoire devrait nous mener à la zone d'alunissage. Mais il s'était aussi intéressant de savoir pourquoi Nar Shaddaa, quelle piste suivait le Chevalier 0'Sil? Arrêt obligatoire pour des réparations ou des indices ? C'est peut-être finalement lui qui pourrait nous guider sur sa propre piste.

Luke envoya un message sur le datapad de la jeune femme : un schéma qui contenait les données de la boîte noire de l'appareil, enregistrées naturellement dans les ordinateurs centraux de l'Ordre. La courbe s'arrêtait sur Nar Shaddaa et depuis, plus rien. Soit les occupants avaient tout fait pour rendre l'engin intraçable, soient ils étaient partis avec un autre, soit... l'appareil abandonné avait déjà été taillé en pièces pour être revendu mais ça c'était une autre histoire

- À partir de là nous pourrions remonter leurs traces. Malheureusement, il va falloir trouver la bonne personne à interroger et dans un petit coin tranquille parce que je doute que des enquêteurs soient bienvenus ici, quelque soit leur nature. J'ai les coordonnées du comlink du chevalier O'Syl, ses conversations n'ont pas pu être décryptées, je doute que ce soit le cas vu le code de protection, pareil pour ses messages, mais nous pouvons remonter le signal s'il est resté allumé suffisamment longtemps. Pareil s'il a utilisé une carte de crédit, mais ici, ça m'étonnerait vraiment...

D'ailleurs il fallait se poser la question de savoir s'il existait des banques, ou que ces dernières aient pu tenir un seul mois sans être braquées, alors des distributeurs automatiques, des lecteurs de cartes, cela paraissait surréaliste. Luke se demanda si frapper aux portes des "autorités" du quartier (qui était en fait plus un groupe de criminels que les Hutts avaient plus ou moins déclarés comme responsables de sécurité) leur apporterait quoique ce soit, sinon d'être fichés comme des autorités étrangères, or ici, ici il n'y avait pas de ripoux puisque la norme était de naviguer en pleine illégalité. Rien n'était structuré, aucun état reconnu donc aucun droit public. Les "milices privées" de quartier n'appréciaient pas que des inconnus fouillent dans leurs archives, leurs demandent des comptes et finalement, cherchent à faire la loi ici. Même en présentant Lyrae comme un criminel ils ne pourraient pas les impressionner. Un de plus, un de moins sur Nar Shadaa... Autant dire que ceux qui recevaient directement leur salaire et devaient leur vie aux Hutts préférait largement montrer aux contrebandiers qu'ils étaient avec eux et pas contre. Les Cartels savaient payer ou menacer à escient pour rassasier les assoiffés de justice.

- Seul souci, nous n'aurons pas accès aux fichiers de ce type facilement, impossible de faire valoir notre droit de regard sur ces archives, les conséquences pourraient être dangeureuses.- Si quelque chose était organisé sur cette lune bordélique, c'était bien les ragots, les rumeurs. Très tôt, les étrangers seraient catégorisés.- Il nous faudra donc les prendre. Autre problème, trouver où sont stockées ces informations car il n'y a pas de police publique, ce sont plutôt des milices rattachées aux Cartels qui font office d'autorités. Soit on les convainc que nous aider pourrait nuire à un Hutt ennemi, soit...Il nous reste la possibilité d'engager un hacker.

L'idée d'obtenir ces informations officielles de manière illicite déplaisait fortement à Luke, voilà qui entâcherait bien son rapport... Mais puisqu'ici, le légal était illégal...

- Il est plutôt courant ici, de chercher à remonter la trace de quelqu'un qui nous doit quelque chose, Mais suivons d'abord ces coordonnées voulez-vous ?


Indiqua le jeune homme avec une inflexion dans la voix qui laissait sous-entendre que Thann pouvait bien sûr apporter ses idées, contredire ou appuyer à volonté.
Thann Sîdh
Thann Sîdh
Messages : 661
Eclats Kyber : 0
Thann Sîdh, cornsilk
Luke Kayan, #ffff00

Alors qu’elle venait d’atteindre son confrère, Thann remarqua l’étrangeté du monde qui l’entourait. La sensation ne lui était pas inconnue, à dire vrai, chaque fois qu’elle quittait la terre, elle se trouvait dans cette drôle de situation : comme suspendue au milieu de l’immensité du vide. Elle se souvenait encore de l’angoisse que cela avait représentée pour elle, au début. Elle n’était qu’une novice lorsque son premier voyage l’avait ainsi arraché au sol et, malgré les rudiments de l’entraînement jedi, malgré les conseils et les avertissements qu’on lui avait prodigués, l’expérience avait alors été pour le moins terrifiante. Elle se souvenait nettement s’être roulée en boule dans un coin de la pièce en serrant contre elle la main de Seïid. Cela n’avait pas été son moment le plus glorieux. Heureusement, l’expérience traumatisante avait été adoucie par la compassion de ses condisciples qui l’avaient entourée de toute leur lumière et de toute leur bienveillance. Comment pouvait-elle décrire cela ? C’était comme si, soudainement, on avait sauvagement taillé dans une grande partie de son champ de perception. Qu’il n’existait plus rien, au-delà de la paroi du vaisseau. De ce que son amie lui avait dit alors, finalement, ce n’était peut-être pas si loin du noir profond qu’un voyant pouvait voir mais… eux avaient toujours la possibilité de se tourner vers les étoiles, la planète, les astres. De longues années de pratique lui avaient été nécessaires pour parvenir à ce résultat, à sa façon. Se concentrer sur les échos dans la Force, même les plus ténus. Cela avait été d’autant plus long qu’elle était la seule Miraluka de sa génération, la seule parmi les Chevaliers du Temple bientôt. Ceux de ses gens avaient toujours été rares et discrets, d’autant plus depuis leur presque extinction lors du massacre perpétré par le Triumvirat, apprendre tout cela seule avait été un chemin de croix ; lequel eût pu être solitaire, mais elle avait été là. A chaque instant. Le souvenir, un peu douleur, se teintait de cette joie profonde et alors que ses pensées se perdaient en mémoire, l’amour explosait dans sa poitrine en feu de joie.

Elle souriait, certainement un peu niaisement, tandis que dans son esprit se formait sa lumière, son sourire, son parfum. Nar’Shadaa s’était faite plus lointaine, son lugubre moins oppressant. Quelque part, son phare l’attendait, et cela lui donnait le courage de traverser la nuit la plus absolue. Peut-être un jour quelqu’un lui apprendrait à percevoir la Lune autrement ? Un mentor, étrangère comme elle à la lumière, qui saurait lui faire entendre le cœur battant de la Lune ? Peut-être… Ce ne semblait pas être d’actualité. Elle écouta avec attention les propositions de son ainé, toujours avec son sourire de jeune première à l’oraison du bal, toutes ces histoires de cartels ne semblaient pas pouvoir attaquer son optimisme nouveau. De toute façon, son expertise était celle de la faune et de la flore, des terrains arides ou hostiles, ici, plongée dans la ville, elle ne savait trop quoi faire.

« Les coordonnées, le terminal de transit, bien. J’imagine que de toute façon les dockers ne seront pas non plus les derniers à vouloir arrondir leurs fins de mois, nous pourrions négocier l’information ou du moins l’accès à celle-ci ? Pensez-vous que les registres soient suffisamment bien tenus pour que nous puissions retrouver cette aiguille dans notre immense botte de foin ? »

Ils s’engagèrent dans la direction qui semblait la plus appropriée pour trouver le taxi le plus proche, ils embarquèrent, un instant ou deux, elle crut que leur heure était venue – l’engin comme le pilote se faisaient vieux – ils arrivèrent enfin au lieu visé. Sur place, ils demandèrent le responsable. On leur répondit que c’était la responsable, qu’elle s’appelait Grauss Beartha et qu’elle était d’humeur à cracher des obus sur tout ce qui bougeait. « Eh beh… Ce doit être une femme charmante… » Et elle ne savait pas combien la réalité était loin. Ils la rencontrèrent dans son bureau, à savoir une tour sordide dont chaque mur était couvert par un ensemble d’écran et de diodes, chacun gérant une partie du trafic, et au milieu de la danse, qui distribuait des taquets à ses ingénieurs, une gigantesque Duro qui, il fallait bien le dire, avait effectivement l’air d’humeur à raser une bonne partie de ce quartier. Foudroyée par son regard, la Sentinelle laissa le soin à son homologue d’engager la conversation, se contentant d’un sourire et d’un « bonjour » étranglé.
Luke Kayan
Luke Kayan
Messages : 3119
Eclats Kyber : 0
Les lieux se teintèrent d'une joie presque indécente, imbibant les murs poisseux de ruelles allant de franchement louches à un peu moins dégoûtante sans jamais atteindre l'objectif de correct. L'odeur de nourriture mal emballée mêlée à celles d'épices exposés au même titre qu'une marchandise légale donnait envie de tout sauf de sourire. Luke était d'autant plus étonné de l'attitude qu'il percevait chez la Miraluka sans pouvoir s'empêcher de ressentir un certain soulagement. Après une vague inquiétude concernant la santé mentale de Thann ou de sa véritable compréhension des enjeux, il détermina que la jeune fille compensait l'atmosphère horrible par des pensées positives. Le Hapien avait recours à des méthodes plus traditionnelles pour cela : faire le vide en lui, ne ressentir que la Force, s'y baigner et se gorger de cette neutralité professionnelle, en un mot faire abstraction de ce qui était agréable ou non. Juste demeurer concentré, plongé dans la puissance mystique qui unissait êtres, choses et objectifs.

Le Chevalier se garda d'intervenir, confiant envers l'éducation que la jeune fille recevait de son maître. Thann était comme lui, peu conforme mais efficace, preuve en était la réputation qu'elle s'était taillée parmi ses pairs après plusieurs exploits. Inconsciemment, Luke admirait voire enviait un peu cette capacité à fonctionner en sortant des chemins battus. Lui peinait dès que le protocole, son fil d'Ariane fidèle s'effilochait ou se retrouvait, pire, coupé. Se mouvoir seul à la recherche du bout rompu lui coûtait beaucoup d'efforts, il aurait aimé acquérir cette autonomie qui caractérisait Karm ou Thann. Du moins, plus naturellement car force était de constater que le Hapien avait démontré savoir sortir de sa zone de confort, interpréter des règles ou adoucir les angles mais c'était loin d'être normal pour lui, et surtout épuisant mentalement. Penser différemment pour réussir, cette maxime, il la maîtrisait lors de combats où son physique et son handicap le condamnaient presque toujours à l'infériorité, mais en-dehors, c'était bien plus complexe.

- Le trouver, non mais obtenir certaines pistes.

Commenta vaguement le Jedi à sa coéquipière, peu optimiste quant à l'apport réel de données certainement pas mis à jour. Sans gouvernement officiel, le fonctionnement relatif de la planète était difficilement concevable. Si objectif tentait-il d'être par rapport à la politique, Luke avait quand même été influencé par le système Républicain au sein duquel il avait grandi. Inutile de le confesser à Thann, mais le Chevalier se sentait inévitablement un peu égaré dans ce chaos. Sans véritable référence publique, contrôle de la justice et unification des informations, des ordres et systèmes, comment Nar Shaddaa tenait-elle encore debout ? En ces lieux, les protocoles habituels sur lesquels le blond s'appuyaient étaient bancaux.

Grauss Beartha, illustratrice parfaite du cliché des êtres sordides qui peuplait Nar Shaddaa considéra les nouveaux avec suspicion. Sa patte arrière qui faisait office de mains grossière vint gratter son menton effilé. Elle se demanda instantanément quoi faire de ce qui était, de toute évidence, des étrangers qui ne faisait pas que passer. L'hostilité suintait de son corps, infectant son langage corporel de tics et la Force d'une obscurité relative mais pâteuse. Luke tenta une approche, sommaire dont il savait les probabilités de réussites faibles, au moins il saurait quel degré de défiance les attendait et il établirait le premier contact.

- Bonjour, nous voudrions des informations concernant un vaisseau qui serait passé par chez vous, s'il vous plaît.

Comme prévu, la courtoisie de l'inconnue ne fit pas fléchir Grauss.

- Vous m'avez pris pour qui ? Le point info des autorités. Vous vous prenez pour qui d'ailleurs ? Des policiers ou un truc du genre ? C'est mal vu ici et on risque rapidement d'abîmer vos jolis minois. Dégagez avant que ce soit moi qui vous arrange la tronche. Avec un peu de chance, vous tiendrez quelques minutes de plus.

Directe, sans concession et affichant clairement, sans complexe sa corruption, la Duro retint un éclat de rire face aux deux blagues de forme vaguement humaine. Elle fixa davantage la Miraluka, malgré elle intriguée et surtout méfiante. Elle en avait vu passer des poils, des écailles et des peaux. Les "sans yeux" essayaient parfois d'user de la Force sur elle, ils en était quasiment tous pourvus d'ailleurs. Les Miralukas : une race complexe et avantagée dont la femme se méfiait. L'autre devait être un humain ou un proche-humain, peut-être un Hapien avec son visage de tombeur même si ça l'étonnerait. Ces extrémistes ne traînaient pas avec la vermine des autres planètes, surtout pas les mâles soumis. Derrière ses airs particulièrement revêches, Grauss possédait un sens inouï de l'observation et une grande culture de la société construire expérience après expérience. Elle sut derechef que ces deux-là n'appartenaient probablement pas à un corps commun des autorités. Les Républicains choisissaient leurs soldats en fonction du physique, et les bureaucrates restaient sur Coruscant bien à l'abri, tout ce dont avait l'air le suicidaire qui lui avait servi du bonjour. Par deux, ils pouvaient être des paumés dont la vie venait de chavirer (maison, boulot ou personne chère égarée) ou des Jedis. L'idée lui traversa rapidement l'esprit : Un chevalier et son apprentie. Beartha possédait une telle intuition qu'on pourrait lui prêter des dons.

Luke essaya de discuter encore un peu avec elle, devinant quant à lui que faire plier son esprit via la Force tenait de l'impossible. La Duro possédait un mental d'acier à toute épreuve. Après quelques échanges qui rafraîchirent encore l'ambiance, le Chevalier avait calibré son profil, suffisamment pour se décider sur la manière d'agir. Lui aussi possédait une certaine capacité à l'analyse psychologique (au travail en tout cas) et derrière ses approches furtives en apparence maladroites se cachait une intention de réduire le champs de possibles des réactions de Beartha. Il cherchait le chemin pour atteindre son objectif.

- Formulons autrement : nous voudrions retrouver quelqu'un, ou quelque chose et vos dossiers pourraient nous aider. Donnant- donnant. L'heure de la pause café doit approcher.

Suggéra-t-il en portant délicatement sa main à sa poche. Blasée, loin d'être craintive, la Duro courtisée, menacée était détachée de tout, jusqu'à sa propre vie. Elle ne craignait aucun des représentants de gangs, tous les même, des gueulards au goût vestimentaire douteux, quelque soit le cartel. Elle n'avait pas non plus l'espoir ou l'envie particulière de s'en sortir. Sa situation lui convenait par défaut. Au moins on fichait la paix à sa famille, par contre Grauss serait sensible un petit extra contre une petite entorse pas trop risquée. Le Hapien savait que fouiller sur un temps réduit serait plus risqué mais il ne sentait pas la fonctionnaire prête à s'impliquer. Sa proposition lui laissait l'option d'hurler aux intrus et cela la rassurait suffisamment pour se laisser tenter. Son boulot tranquille (relativement), sa routine, la Duro ne tenait qu'à ça.

- 15 minutes.

Grommela Grauss qui les fit patienter quelques interminables et silencieuses minutes jusqu'à l'heure prévue de son fameux tord-boyaux. Si elle descendait de son poste 60 secondes avant, le personnel se serait méfié tant ses journées étaient bien huilées. Luke posa dans sa patte puissante, une liasse billets. Thann et lui n'avaient d'autre choix que prêter leur confiance à Beartha concernant les fameuses 15 minutes de répit mais le Jedi était optimiste. Qu'elle laisse voir que deux étrangers avaient pu s'immiscer dans le bureau n'avait aucun avantage. Elle ne le ferait que s'ils n'accomplissaient pas leur part du boulot. Que personne ne voit rien, que la routine demeure fluide, aussi ennuyeuse et prévisible que d'habitude, si l'on excluait sa poche de semblant d'uniforme sale particulièrement gonflée, ce serait parfait.

Le Hapien brancha une clé à l'appareil centrale, un dinosaure qui ronflait de mécontentement à l'idée d'effectuer des recherches. En plus d'enregistrer comme n'importe laquelle de ses soeurs informatiques, la clé installait rapidement un synthétiseur vocale simplifiée. Grâce à un écouteur, le Chevalier se laissa guider sur l'écran jusqu'à atteindre des listes à peine tenues, parfois corrompues. Beartha s'était déjà laissée tenter par des pots-de-vin visiblement. Les données devraient être considérées avec prudence mais elles pouvaient servir d'indicateur au moins et si Lyrae avait soudoyé quelqu'un pour les effacer, cela signifiait au moins son intention de ne pas être suivi. La collaboration du Hapien avec le département de la police dédié à l'infiltration lui avait appris une maxime très vraie "L'absence d'information est une information en soi". Il y avait toujours des conclusions à interpréter quelques soient les résultats ou le manque de résultats.

Bien sûr, la reconnaissance du vaisseau ne fonctionna pas, rien ne matchait avec la silhouette de ce la navette du Temple, ça aurait été trop simple, idem pour le matricule. Le Hapien fit scanner une photo de Lyrae et de Jezaëlle au cas où pour voir si les caméras de surveillance pouvaient trouver des correspondances. Pendant que la machine cherchait laborieusement, il entra en navigation privée sur une plateforme dédiée à la police de Coruscant. Identifiants entrés, le Jedi entra les chiffres correspondant au compte bancaire du Chevalier O'Sil ainsi que les numéros typiques d'un compte temporaire ouvert par l'Ordre pour les missions. On confiait les codes aux représentants de la loi sous couverture afin de couvrir leurs besoins. Sait-on jamais, peut-être que le Chevalier avait utilisé un de ses accès. Idem pour la fréquence de son comlink afin de repérer les bornes où celui-ci était passés, des techniques purement policières dont le Jedi doutait du fonctionnement, mais bon il fallait bien tenter, sans doute n'auraient-ils pas accès à un ordinateur avant longtemps.

L'appareil émit un bip faiblard, signalant que la caméra avait trouvé une correspondance de 75 % avec la photo. Une silhouette de dos mais dont la tête était légèrement tournée (laissant entrevoir un bout de sa narine, des lèvres ainsi que la couleur des yeux) apparut. Longueur de cheveux, type de mâchoire correspondaient à un homme en partance vers le quai numéro neuf. Il se dirigeait vers une plateforme avec trois appareils, restait à savoir dans lequel le probable Lyrae était monté.

Luke ouvrit l'onglet avec le compte alloué au Chevalier (un compte personnel dont il avait eu connaissance grâce à son profil de citoyen Républicain inscrit dans les registres sur le fameux site de la police. Lyrae avait dû l'ouvrir en prévision de ses recherches, signe imperceptible qu'il avait en tout cas prémédité tout ça et sûrement voulu rester discret. (hj : accord de Lyrae pour le compte)) S'ils pouvaient aussi avoir accès à certaines de ses dépenses, les deux Jedis auraient une chance de savoir ce qu'il cherchait. Une grosse somme retirée d'un coup pouvait signifier un pot-de-vin ou une urgence, tandis que de menues dépenses indiqueraient un passage rapide sur la planète devenant un simple tremplin pour "ailleurs". C'était peu mais au moins ils sauraient si fouiller Nar Shaddaa valait la peine ou s'il fallait se concentrer sur sa prochaine destination.
Thann Sîdh
Thann Sîdh
Messages : 661
Eclats Kyber : 0
Thann Sîdh, cornsilk
Luke Kayan, #ffff00

Son maître l’avait formé à bien des choses : communiquer avec les prédateurs, s’en sortir dans une nature hostile, parvenir à se faufiler au-delà des lignes ennemies, manier le sabre-laser… Pourtant, Thann réalisa soudainement un angle mort de sa formation absolument abyssal : elle n’avait absolument aucune idée de comment aborder des négociations comme celles qu’ils s’apprêtaient à mener. En réalité, aussi incroyable que cela puisse paraître, soit elle était tombée sur des individus ostensiblement hostiles, au point qu’ils n’avaient à aucun moment envisagé la possibilité d’une conversation, soit elle avait, au contraire, rencontrée des gens formidables tout à fait ouverts à la discussion et à l’idée de coopérer. Face au monolithe qui gérait le trafic aérien, elle se retrouva sans voix ce qui fut, fort heureusement, pas le cas du Chevalier Kayan.

La première surprise passée, elle observa attentivement la maestra de son aîné dans la négociation ainsi que les liquidités changer de mains. Elle laissa à plus tard ses réflexions sur la moralité de corrompre un interlocuteur par l’usage d’une pression financière plutôt que par l’usage de la Force et préféra se concentrer pour l’heure sur la finalité : ils allaient pouvoir consulter les fameux catalogues de données. Espérons que c’était-là de l’argent bien investi. Pas une minute de plus, certainement pas une minute de moins, c’était à espérer. Elle attendit poliment dans un coin, sans un bruit, se concentrant sur le monde qui l’environnait, projetant sa conscience ici et là, allant chercher la vie partout où elle était parvenu à se cacher, à reconquérir des interstices de vides, à progresser dans les failles du morne et du néant avec une volonté tenace de ne jamais laisser le rien l’emporter sur le quelque chose.

Enfin la Duro quitta son bureau, feignit de ne pas y laisser qui que ce fût, et le Chevalier Kayan ne laissa pas une seconde des quinze minutes promises s’écouler en considérations superfétatoires. A le voir s’activer sur le terminal ronronnant, elle réalisa également qu’elle connaissait bien mieux les limites du matériel que contenait cet engin que les recours logiciels à celui-ci. Tellement de choses encore à apprendre si elle voulait pouvoir se réjouir d’être une Sentinelle accomplie. Elle se plaça en sorte de pouvoir consulter l’écran sans mal, grâce à sa visière, et étudia avec minutie les différentes actions entreprises par le Chevalier. Autant de choses dont elle pourrait se faire un bagage pour l’avenir. Elle constata notamment son recours aux données et logiciels de la Police Coruscanti – il était évident qu’une longue carrière auprès des différentes administrations de la République semblait lui avoir ouvert certaines portes, débrider certains canaux d’informations.

Elle constata en même temps que son confrère les mouvements importants de liquidité. Quelles étaient les raisons probables pour qu’un Chevalier Jedi vide ainsi ses comptes pour transformer ses fonds virtuels en monnaie sonnante et trébuchante. Puisque le Chevalier Kayan était capable, via le numérique, d’obtenir ces informations, il était évident que le but était certainement de mettre un terme à la production de ce type d’informations. C’était d’ailleurs une des grandes raisons qui avaient, dans la galaxie, maintenu l’usage d’une forme physique de l’argent. Tout le monde savait, qu’à un moment ou un autre, certaines de leurs transactions ne devaient pas apparaître dans un fichier. Personne ne l’avait formulé ainsi, pas un seul politique n’avait osé défendre ce parti mais… C’était un consensus. Certaines choses devaient rester secrètes et resteraient payantes. Elle osa enfin parler, poussée par les réflexions qui s’enchaîner : « Il est évident que le Chevalier a fait en sorte de disposer à la fois des ressources et d’une certaine discrétion dans l’usage de celle-ci. Il n’aurait pas vidé ses comptes autrement. En outre, il est évident qu’il se devait de le faire avant d’entrer en territoire impérial. Il n’aurait jamais pu accéder à ses comptes, une fois la frontière passée, sans alerter toutes les autorités locales. Avec des Dataries Républicaines physiques, peut-être espère-t-il, en territoire impérial, pouvoir les échanger discrètement ? Là où toute forme d’action informatisée lui aurait immédiatement tracé une cible dans le dos ? … Peut-être suis-je totalement en train de fabuler ceci dit, après avoir regardé trop d’holofilms. »

Thann n’était pas à l’aise. Elle en venait, d’ailleurs, à se demander si ce n’était pas uniquement son lien avec le Padawan du Chevalier O’sil qui l’avait fait apparaître dans la liste potentielle des enquêteurs. En tous les cas, la fin des quinze minutes fut aussi rapidement échue que prévu. La chef revint tout juste alors que les deux Jedis disparaissaient – presque ni vus, ni connus si ce n’est d’une troupe d’ingénieurs en trafic aériens qui bientôt les auraient oubliés. Une fois de nouveau sur les quais, la conversation reprit : il leur fallait une destination. « Ce fameux quai numéro 9 semble être notre meilleure option… Peut-être les gestionnaires y sont-ils plus agréables que cette… dame. » Elle n’était pas sûre du terme, mais c’était le plus neutre qu’elle avait pu trouver sans devenir désobligeante envers leur hôte d’un instant.

Le chemin ne fut pas bien long pour atteindre ledit quai mais une fois parvenus sur celui-ci, la Padawane décida qu’un peu d’initiative ne pourrait pas lui nuire. Que le Chevalier Kayan parvînt à entamer les négociations ou non, elle serait parfaitement inutile dans celle-ci, autant tenter de faire valoir ses talents autrement. Elle proposa à celui-ci de l’abandonner quelques instants pour fureter, il acquiesça sans peine en l’invita toutefois à la prudence, elle lui promit de l’observer et s’éloigna. Au milieu des vaisseaux, des câbles, du cambouis, là, elle retrouvait des choses qu’elle connaissait un peu, bien qu’elle s’y connût bien plus en petit électronique et en bidouillage sur des droïdes que sur des mécaniques d’une telle ampleur. C’était d’ailleurs la veine qu’elle suivait, finalement. Si les gens en charge des docks ne prêtaient pas attention au trafic, peut-être les petites mains qui entretenaient tout cela étaient-elles plus attentives ?
Luke Kayan
Luke Kayan
Messages : 3119
Eclats Kyber : 0
Le pas raidi à l'approche du quai, Luke concentra la Force quelques secondes sur le sol afin de tenter de percevoir les obstacles. Il en évita un mais buta sur le second, se rattrapant de justesse grâce à ses réflexes. Un endroit légèrement dégagé le fit soupirer et il s'y cantonna pour répondre à l'adolescente, qui elle, évoluait sans problème parmi les vaisseaux. C'était dans ses situations que les limites du Hapien s'illustraient, de toute évidence, il n'était pas à l'aise sur ces docks où les bruits émanant de toutes parts l'assourdissaient, sans parler du sol jonché d'obstacles.

- Nar Shaddaa n'étant pas connu pour sa rigueur administrative, il a particulièrement bien choisi l'endroit où effectuer ses retraits, malgré des risques de vols. En territoire Républicain, on lui aurait demandé plus de comptes, voire signalé ou refusé de tels retraits. Je pense que son intention était de disparaître des radars de la République et même... Du Temple car il n'a prévenu personne. Je me demande pourquoi. L'Ordre l'aurait normalement aidé dans ses recherches.

Certes, le Conseil avait d'abord dû refuser que Lyrae parte sur les traces de son Padawan et donc tenté de freiner le Chevalier. Pour autant, le jeune homme savait qu'une fois la bêtise lancée, devant les faits, l'Ordre aurait aidé O'Sil. N'ayant pas le choix, ils n'auraient pas juste abandonné deux des leurs, réservant leur blâme pour le retour.

- J'espère qu'il n'a pas versé dans l'illégalité à un point de non-retour.

Murmura le concerné qui s'interrogeait encore sur le pourcentage de désespoir du Chevalier. Aurait-il déjà négocié avec les Siths avant de se rendre en territoire impérial ? Si c'était le cas, pourquoi avoir entraîné la Zélonnienne ? Et surtout était-il encore en vie ? Car Luke était persuadé que les ennemis héréditaires des Jedis n'avaient pas maintenu leurs promesses, ils auraient attendu de pied ferme Lyrae pour le capturer, peut-être avec l'aide plus ou moins volontaire de son ancien Padawan. Avait-il subi des pressions ? Du chantage ? Des échantillons prouvant que son apprenti était en danger ? Ce serait plausible sachant que le Chevalier avait décidé tardivement de renier les ordres de ses supérieurs pour se lancer dans une quête soudaine qui avait étonné tout le monde.

- Sa crainte de compter sur le Temple me préoccupe vraiment.

Souffla Luke assombri à l'idée de vivre une prise d'otages logique. Celle où des civils effrayés décidaient de passer outre la police pour donner au criminel ce qu'il demandait en espérant que tout finisse bien. En général ça se terminait mal. On leur exigeait de nouvelles choses avant d'achever la pauvre victime lorsque l'affaire s'était trop ébruitée. Le Hapien se demanda aussi si on lui avait demandé, tant qu'à faire, son argent mais il retira rapidement cette idée de sa tête. Les Siths avaient en général les moyens, sauf si c'était un individu en particulier qui avait décidé de s'en prendre à Kolin. Dans ce cas, ce pourrait être une vengeance personnelle. Malheureusement, ce n'était pas ici que les enquêteurs obtiendraient la réponse. Pour ça il faudrait attendre d'être dans le vaisseau ou une salle fermée. Maintenant, il fallait profiter du terrain.

- Auriez-vous vu un humain de taille moyenne, oui les cheveux blancs ?

D'une voix monocorde Luke donnait la description de Lyrae (parce qu'il l'avait appris par coeur et qu'il était incapable de répondre aux précisions que lui donnaient ceux qui acceptaient de parler pour confirmer l'identité d'une personne qu'ils auraient vus), se faisant passer pour un frère préoccupé. Si la majorité des dockers se montra insensible, trop habitué à la misère les entourant pour aider une famille séparée, une madone se laissa amadouer. Elle expliqua avoir vu le jeune homme traîner d'un air préoccupé sur le quai, l'arpenter plusieurs fois, sans doute à la recherche d'un vaisseau mais guère plus. Nombre de jeunes essayaient de quitter Nar Shaddaa par tous les moyens, certains en bonne forme physique offrant leurs services le temps d'un voyage afin d'être déposé ailleurs. Partout, mais surtout ne pas revenir ici. L'étranger qu'elle avait remarqué parce que personne ou presque ne venait délibérément sur cette planète s'il n'avait pas une trogne de pirate semblait inquiet. Il avait aussi demandé des informations, pour se rendre sur une planète. Comment disait-il déjà ? Elle ne s'en souvenait plus. Désolée, mais ce n'était pas en territoire Républicain. Ça la madone en était persuadée car ça l'avait frappé. La République était la terre de l'Espoir pour les jeunes qui n'avaient pas pour but de devenir de grands criminels. Le "blondinet" s'était démarqué ici, elle l'avait suivi du regard, inquiète que ce garçon ressemblant à son fils ait des ennuis, mais impossible d'en savoir plus.

Luke continua de errer sur le quai. Il parcourait quelques mètres, attendant que des vaisseaux débarquent pour interroger les capitaines. Quelqu'un avait-il embarqué le jeune homme ? Avait-il pris une navette indépendante ? La majeure partie du temps, on ignorait le prétendu frère cherchant son binôme car il n'y avait pas de monnaie en jeu. Le Hapien refusait effectivement de recourir au soudoiement. On aurait été capable de lui dire des bêtises juste pour empocher la monnaie ou l'embrouiller par pur plaisir.

- Il pourrait avoir des ennuis et la personne qui l'aurait emmené aussi.


Insista le jeune homme auprès d'un capitaine mal élevé qui grommelait en se faisant poursuivre "difficilement" par le concerné. Son attitude changea toutefois en entendant des "ennuis". Il eut l'air content.

- Faut dire aussi, à prendre n'importe qui sans éthique.- Pas sûr que le Rodien soit davantage éthique, m'enfin, il y avait une piste.- À mon avis ton frère, il est mort. Elle a dû l'entraîner dans des aventures pas nettes, s'il était venu avec moi y'aurait pas eu de danger... Mais forcément, un vaisseau plus gros, avec d'la gueule, ça fait mousser les touristes. Runia, c'est elle qui m'a encore piqué un client... T'en sauras plus à la cantina peut-être mais moi j't'ai rien dit. Fait-lui sa pub si tu retrouves le cadavre de ton frère. Histoire que y'est pas d'autres victime de cette conductrice du dimanche. Nan mais une femme au volant. On aura tout vu. Ouais ouais j'en suis sûr, un gamin aux cheveux blancs, c'est bien avec lui qu'elle a embarqué. Y'en a pas beaucoup de gosses comme lui, ni comme la rousse qui l'accompagnait tu me diras.

Par pure jalousie et espérant que le gosse trouve bien le corps de son frangin, l'homme avait craché le nom de sa concurrente. Luke frissonna intérieurement en constatant la mentalité affreuse qui régnait ici. Sans état, sans loi, Nar Shaddaa était une vaste poubelle sordide amassant la misère de jeunes désespérés de quitter les lieux pour préserver un semblant de vertus et les sans âmes. Entre deux, le Capitaine, harassé, désabusé détestait tout le monde, y compris les concurrents avec plus de mérite que lui.

Non sans difficulté, Luke traversa les quelques mètres qui le séparaient de son point de départ pour retrouver la Padawan de Karm. Il comptait sur elle pour le retrouver vu ses facilités à marcher dans ce bouisbouis.

- Je n'en ai pas appris beaucoup plus, sinon que ce serait une certaine Runia qui aurait pu emmener Lyrae O'Sil. On aurait éventuellement une chance de la retrouver dans la cantina du Beau Gamorréen.

Soupira le Chevalier, passablement découragé. Un nom associé au fait de savoir que Lyrae avait apparemment emprunté une navette personnelle était déjà bien mais Luke était fatigué de patauger dans ce quai bruyant qui annulait son repérage à l'ouïe, fine que la moyenne. Il était au contraire étourdi de sons étrangers, souvent lourds et surprenants. La cantina elle, ne serait sans doute pas mieux. Non mais franchement, dans quoi était encore allé se fourrer ce Chevalier ?
Thann Sîdh
Thann Sîdh
Messages : 661
Eclats Kyber : 0
Thann Sîdh, cornsilk
Luke Kayan, #ffff00
Un petit cochon mécanicien Ugnaught, forestgreen

L’aspirante Chevalière écoutait son aîné avec attention. Ses craintes, ses idées. Tout était si hypothétique. Ils ne devaient pas se mentir, l’un comme l’autre : ils n’avaient que peu de chance de remonter une piste si froide et, surtout, que de peu de chance de retrouver leur confrère disparu et son trop jeune Padawane. Elle n’était pas en paix avec la disparition de Kolin. Ou du moins, elle n’était pas en paix à la façon dont les plus rigoristes du Temple aurait voulu qu’elle le soit. Thann était en paix à la façon dont Karm lui avait appris à l’être : elle avait appris à accepter qu’elle souffrait de cette situation et que cette souffrance n’était qu’un aiguillon, comme un autre, pour la maintenir alerte dans l’accomplissement de son devoir. Pourquoi se mentir ? Pourquoi jouer de mascarade ? Elle avait très tôt été proche de l’adolescent, ils s’étaient profondément liés d’amitié, sa disparition était une injustice criante. Le souvenir de leur retrouvaille était encore vivace dans son esprit. Ils n’avaient rien du mauvais rêve.

« Je pense… Je… Elle n’était pas à l’aise à cet instant et peinait à trouver les mots justes pour clarifier son intuition. Je n’étais que son amie, et pourtant, je n’ai pas cessé de me reprocher un seul instant de l’avoir abandonné sur Columnex. Vous-mêmes avez pu constater du triste état dans lequel j’étais à mon retour de là-bas. Les semaines qui ont suivies ont été terribles. Imaginez si j’avais été la responsable de Kolin au moment de sa capture ? Elle marqua une pause. Elle compatissait profondément avec celui qu’elle poursuivait. Il s’est retrouvé pris si longtemps dans l’inaction, la culpabilité. Je crois qu’il n’a tout simplement pas voulu partager ce tort qu’il s’attribuait, ni la responsabilité qu’il pensait être totalement la sienne. La perte de son Padawan était de son fait, et il était le seul à pouvoir réparer cela. J’imagine… »

Elle considéra un instant à petit bolide robotique qui fila entre ses jambes, certainement soucieux de délivrer au plus vite un repas à l’autre bout de l’astroport, ou peut-être simplement une clef hydraulique égaré. Malgré ses tristes considérations, elle gardait le cœur vaillant. Accepter la peine, oui. La laisser définir son être tout entier ? Non. Pas de lumière suffisamment pure qu’aucun éclat d’ombre ne s’y trouvât. Aucune ombre si absolument épaisse qu’aucune étincelle n’y vécût.

« Pour ce qui est de passer les limites de la légalité… Il les aura franchies sans aucune hésitation. Cependant, celles de la morale ? Nous devons rester confiants dans son appréciation de Jedi, malgré tout. Il ne s’est pas méfié du Temple, il aura simplement considéré qu’il était le seul fautif et que d’autres, au Temple, n’avaient pas à payer le prix fort de ses méfaits. J’imagine que cette seule marque d’abnégation doit définitivement nous rassurer, non ? » En réalité, elle n’était sûre de rien. Comment l’être ? Elle n’avait jamais fréquenté le Chevalier O’Syl que de loin, à l’occasion de ses passages dans les hangars, et surtout, elle n’était pas l’inspectrice-profiler chevronnée qu’on aurait attendu pour une telle mission. Sa volonté devait palier l’inexpérience. Sur ces notes à l’optimisme doux-amer, ils se séparèrent, espérant par-là couvrir plus vite davantage de terrain.

« MAIS TU VAS BIEN VOULOIR T’ENFOCER ESPECE DE GROS ENC… » La sueur perlait sur le front de l’étrange petit bonhomme qui s’échignait à vouloir faire rentrer un genre d’énorme rotule dans un orifice qui, visiblement, refusait absolument de l’accueillir – même si cela avait été sa fonction première. Trois bonnes minutes déjà, que Thann espérait voir l’homme-porcinet venir à bout de son combat pour lui parler mais aucun des deux partis ne semblaient vouloir cesser de s’entêter. Elle finit par tapoter sur l’épaule du bonhomme qui sursauta, furibard. QU’EST-CE QUE… ?! » Il fallait agir vite. Mue par un sentiment d’urgence, l’adolescente concentra la Force afin d’écarter un peu les autobloquants du moyeu, et parvint rapidement à enfiler, sous les yeux médusés, la fameuse rotule sur lesquelles les mâchoires se refermèrent presque aussitôt. L’ensemble avait retrouvé son harmonie rationnelle. Elle sourit, ne sachant pas bien si le petit homme s’apprêtait à lui faire sauter la tête comme un bouchon de champagne à coup de clef hydraulique deux fois plus grande que lui ou s’il était sur le point de l’étreindre à lui faire sauter les côtes flottantes… Finalement, il s’essuya le front d’un revers de manche et soupira profondément…

« Okay, bon, merci. J’imagine que c’était pas gratuit ? Qu’est-ce qu’tu veux ? Et qu’ce soit clair, j’veux pas savoir qui t’es, c’que t’es, c’que tu fais. Tu m’dis, c’que tu veux, j’réponds poliment, on passe à la suite, j’ai du boulot. Les charmes des voyages à l’étranger, sûrement ? – Euh… Je cherche un monsieur qui ressemble à ça, si jamais vous l’aviez vu se promener dans le coin. » Elle tendit le datapad, il y jeta un œil rapide, et secoua la tête… – Jamais vu c’type… Autre chose ? Elle hésita un instant, sa curiosité la titillait beaucoup. – Est-ce que… vous pourriez me dire s’il vous plaît à quelle espèce vous appartenez, monsieur ? Je n’ai jamais rencontré quelqu’un comme vous. Son nez s’agita violemment, visiblement surpris, il alla d’avant en arrière, dans un grognement roucoulant tout ce qu’il y a de plus étrange et comme il constatait qu’on ne se payait pas sa tête, sans être tout de même piqué au vif dans sa fierté et dans sa patience, il rétorqua : – Je suis un Ugnaught, ma grande et qui plus est, un Ugnaught qui a autre chose à foutre que de tailler la bavette pendant que cette épave continue de s’écrouler. Donc, c’était gentil mais, j’te retiens pas. » Ce qu’il ne fit effectivement pas en s’éloignant d’elle, non sans lâcher quelques commentaires bien sentis sur le nombrilisme typiquement humains et cette façon absolument agaçante qu’ils avaient de ne jamais connaître les autres espèces.

La Miraluka se résigna et s’écarta. Malgré ses diverses tentatives pour aborder quelques autres mécaniciens, elle fut obligée de faire le constat de son échec, mais aussi du manque de courtoisie évident de certains et de leurs perversités. C’était quoi cette façon de parler de son apparence ? … Elle remarqua le Chevalier Kayan qui faisait le pied de grue et finit par le rejoindre, un peu dépitée. Il l’informa de ses propres découvertes, elle s’en réjouit, et avec un petit rire, concéda de dévoiler les siennes : « Pour ma part, j’ai appris ce qu’était un Ugnaught et aussi quatre nouvelles façons de désigner les rapports sexuels, dont un inter-espèce. J’’ignorais que le galactique était si riche en termes de vocabulaire, de ce point de vue. » La mise à distance par le rire. Oui, il faut dire que le mentor Karm avait beaucoup décomplexée sa jeune padawane en osant aborder tous les sujets avec elle.
Luke Kayan
Luke Kayan
Messages : 3119
Eclats Kyber : 0
- C'est vrai. Vrai et totalement logique.

Avait concédé Luke, regrettant déjà d'avoir émis l'horrible hypothèse d'une perte de loyauté de Lyrae. En y songeant, lui aussi aurait tout fait pour réparer ce type "d'erreur". Tous les maîtres auraient pu s'associer pour le rassurer, lui promettre leur aide, il aurait senti le besoin de payer sa dette sans engager la vie de qui que ce soit. Karm avait cherché à arrêter Tavaï seul, même en connaissant les risques élevés pour simplement épargner l'Ordre. Quant à la culpabilité que pouvait ressentir un maître qui perdait son apprenti, le Hapien pouvait l'imaginer. Son bref moment passé avec Eckthor avait suffi à le faire angoissé dès qu'un danger se présentait. Jamais le jeune homme ne se serait pardonné sa capture, une blessure voire la mort... Et le Seigneur Noir des Siths n'avait-il pas convaincu Saï Don de tomber dans son piège en kidnappant son Padawan ? Le vieil homme si sage savait certainement qu'il ne retrouverait pas Luke sans en payer le prix, pourtant, il n'avait guère hésité. On avait beau prôner le détachement au sein de l'Ordre, tout était finalement fait pour que l'Amour grandisse, cultivé par cette relation exceptionnelle entre un Maître et son Padawan. Ironiquement, les duos qui n'avaient pas ce lien échouaient, comme cela avait été le cas pour Eckthor et Luke. Comme prétendre, dès lors, qu'un Chevalier rongé par le remord de n'avoir aucune nouvelle de son élève reste au Temple, à l'abri ? Un peu dérouté par ce constat encore difficile à avaler (il fallait admettre l'illogisme dont était indirectement coupable son cher Ordre), le blond avait baissé la tête afin de poursuivre sa route. Au moins n'avait-il eu aucun mal à reconnaître à Thann la justesse de ses propos. Tout n'était que supposition, mais c'était le profilage le plus précis et logique qu'ils puissent faire et le Consulaire était du genre à vite céder si l'autre avait raison. Nulle fierté mal placée pour ce genre de situation. Quelque part, ça le rassurait tout en l'attristant davantage. Le Hapien se dit qu'il aurait aimé pressentir cette catastrophe ou que Lyrae lui parle comme lorsqu'il l'avait fait pour l'adoption sauvage d'un enfant alors qu'il avait bu et trompé Luuna. Il se demanda vaguement si le jeune homme aux cheveux blancs et lui auraient pu devenir suffisamment amis pour qu'il lui confie son plan et que Luke l'aide en convainquant le Conseil de le soutenir... Ou comme l'avait sans doute fait Jesaëlle, en le couvrant discrètement. Humainement, le Chevalier commençait à saisir la fidélité de la Zélonnienne, la fuite de Lyrae ou la colère de Kolin.

Un autre soupir de résignation totale plus tard, il s'était séparé de la Miraluka pour chercher des indices. Le coeur un peu lourd, se sentant un peu coupable, le jeune homme avait laissé ses sentiments s'effilocher au cours de son enquête. Dans le dédale des vaisseaux amarrés ou sur le départ, il avait essayé de trouver des réponses, bien souvent sans succès, certes, jusqu'à ce petit indice Le beau Gamorréen.


- J'ai obtenu un nom de cantina, je suppose que nos recherches doivent continuer là-bas.


Ajouta le jeune homme, soulagé d'avoir, un peu en avance, reconnu l'aura de son équipière s'approcher de son bout de quai. Hormis une réponse des plus étranges, la Padawane n'avait rien appris d'utile, ce n'était guère étonnant vu la disposition des locaux à aider des touristes comme eux.

- Mais qu'est-ce que vous avez demandé pour obtenir ce genre de réponse ? En fait je ne préfère pas savoir.

Le rouge aux joues, Luke esquissa un léger et fragile sourire pour la circonstance. Évidemment Thann était la Padawane de son maître. Au moins il avait fait des progrès, à une époque il aurait repris la jeune fille pour avoir écouté les trois autres manières de... Mais aujourd'hui il parvenait à prendre ça comme ce que c'était : tout simplement une blague. Que Thann ait vraiment reçu cet "apprentissage" ou pas, le Hapien parvenait à essayer de participer, certes maladroitement, avec une certaine raideur et quelques difficultés à partager l'humour mais il tentait. Après tout, il avait quand même esquissé un sourire.

- Bon, et alors, qu'est-ce donc un Ugnaught ?

Ajouta le concerné en faisant un léger trait humoristique. Certes, ce n'était pas digne du grand Karm Torr, mais dans ce domaine c'était encore un débutant, soulignons son essai, maladroit mais sincère. Quelque part faire équipe avec cette Miraluka bien disposée à son égard, plutôt de bonne humeur malgré la situation avec une aura un peu semblable à celle de Karm le rassurait. Même les Chevaliers se sentaient parfois dépassés, la seule différence était leur devoir de ne rien laisser paraître, ce que Luke s'attachait à faire. C'est donc d'un pas sûr qu'il emboîta la marche à la jeune fille dont les yeux inexistants restaient plus utiles que les siens. La partie géographique, il la lui laissait bien volontiers.

Ce fut une fois dans le bar, la capuche de sa tenue civile rabattue que le jeune homme aborda quelques tables dans le bar. Son charisme de diplomate ne devait pas vraiment fonctionner (au contraire, il attirait plutôt la méfiance) puisqu'il se fit remballer plusieurs fois. Que ce soient des amis de Runia qui se méfiaient de l'étranger, des concurrents qui refusaient de lui donner l'occasion d'un voyage ou simplement des êtres allergiques aux réponses. (comme si donner une information pouvait tuer. Ce qui, ici, devait être le cas assez souvent.). Il commençait à sérieusement douter que retrouver la femme suffirait. Lui demander directement le même voyage que "l'homme aux cheveux blancs" fermerait toute porte, y compris avec des crédits en main. La pseudo-sécurité valait bien plus que quelques liasses précédant juste toutes sortes d'ennuis. Luke hésitait donc sur le plan à adopter... Éveiller l'intérêt de la pilote, jouer de sa cupidité potentielle ou s'ouvrir ? Les deux étaient risqués sur Nar Shaddaa. Enfin, le jeune homme eut de la chance et tomba sur un rabatteur, un Rodien chargé de recruter des gens pour des voyages en échange d'une commission. Bien sûr il devait avoir des instructions pour ne pas embarquer n'importe qui, il fallait donc le convaincre d'accepter la transaction.

- C'est pour un long voyage, alors nous avons besoin d'une conductrice de confiance. Comprenez que nous ayons besoin de la rencontrer et de voir le vaisseau avant. Qui nous dit qu'elle est vraiment fiable votre Runia ?

Luke avait décidé de piquer la fierté du Rodien. Il espérait que ce dernier soit plus occupé à défendre l'honneur de son employeuse qu'à leur poser des questions. Avisant Thann d'une légère onde de la Force, il la laissa soutenir son entreprise. C'était eux les clients en or à ne pas rater, à embarquer à tout prix et ils devaient le montrer pour que l'autre cesse de réfléchir. Selon les prémisses d'une rapide étude de l'homme et du fonctionnement des lieux, le Jedi avait imaginé une population assez "loyale". Dans cet environnement hostile, il valait mieux se serrer les coudes, contre les Hutts, la misère, des concurrents, l'argent ponctuel ne justifierait pas une trahison. C'est pourquoi il n'avait même pas tenté de soudoyer le Rodien qui devait tenir à son travail régulier. Être connu comme un cupide traître ici, c'était s'assurer la mort à petit feu. Le Consulaire avait donc décidé de le considérer comme un employé extrêmement zélé qui protégeait sa source de crédits, d'où son idée de lui démontrer combien il pourrait rendre heureuse Runia ou, qui sait, l'intermédiaire de l'intermédiaire qui menait à elle.
Thann Sîdh
Thann Sîdh
Messages : 661
Eclats Kyber : 0
Thann Sîdh, cornsilk
Luke Kayan, #ffff00
Le Rodien, #E6F8E0
Runya Hen'Du, firebrick

La Padawane devina la gêne de son ainé au léger trémolo qui s’était glissé dans sa voix. Si elle avait subi le traitement anti-rouge-aux-joues de son mentor suffisamment tôt pour que celui-ci soit efficace, elle s’imagina la chaleur qui devait arborait ses joues, sans pouvoir toutefois être jamais sûre de cela. Drôle de souci que celui de devoir se passer toujours de couleurs...

« C’est bien ça que je trouve le plus indélicat de leur part… Je ne leur avais rien demandé moi. J’imagine que je vais devoir m’habituer à ce sexisme ordinaire en grandissant ? Maître Karm m’en a parlé, déjà. Depuis que je n’ai plus l’air d’une enfant, il m’a préparé à cette fatalité… Je n’imaginais pas le découvrir ainsi. Enfin.

Un Ugnaught est un être sentient que je dirais porciphorme, bien que je doute que ce soit le mot approprié. J’ignore s’ils sont tous d’aussi petite taille que l’individu que j’ai rencontré, mais j’oserais cette comparaison bien qu’elle ne soit qu’approximative : on dirait un peu des Gamorréens miniatures… Avec tout mon respect pour les Gamorréens et les Ugnaughts bien sûr. Vous n’en aviez jamais vus ? »


Que la galaxie pouvait être vaste et riche pour qu’un Chevalier aussi notoire que le Chevalier Kayan pût encore en ignorer toutes les espèces pensantes. Cela ouvrait l’horizon avec une telle intensité… L’aspirante Jedi en eut presque le vertige. Cependant, l’importance de leur mission sur sa curiosité prima et bientôt ils se retrouvèrent à gagner le bar dont l’adresse leur avait été indiquée – au moins au Chevalier Kayan.

Une fois à l’intérieur de ce bouge assez miteux, même selon les critères assez tolérants de Thann, elle dut se rendre à deux nouvelles évidences : la première, la musique était évidente bien trop fort pour des êtres censés. Quelle idée de vouloir se retourner le cerveau à coups d’ondes soniques comme ça ! Ne pensaient-ils pas à leurs tympans ? La seconde évidence : elle était aussi à l’aise dans ce milieu que dans les abysses de Mon Calamari. Elle avait passé ces deux dernières années à courir les mondes sauvages ou les scènes de batailles : elle n’avait aucune idée de comment s’y prendre une fois au milieu de cette foule. Une sagesse profonde la guida : elle se contenta de suivre gentiment l’Hapien et de se taire – espérant par-là ne pas nuire faute de pouvoir aider.

Jusqu’à là, sa stratégie paya relativement bien. Elle observait, beaucoup, laissait aller et venir sa conscience dans l’endroit. Beaucoup de regards se posaient sur eux, beaucoup se détournaient presque immédiatement : « Encore des pécores venus d’on n’sait où ! », se disaient-ils sûrement avant de picoler de plus belle et de les chasser de leurs pensées. Quelques revers plus tard, ils étaient attablés avec un Rodien a l’air un peu méfiant et si foncièrement goguenard que le mot devait avoir été inventé pour lui, à la naissance. Surprise, elle sentit l’impulsion de Luke, à laquelle elle ne sut trop comment répondre sinon… Oui, le mensonge dans la vérité, du moins la vérité mais pas tout à fait, bon :

« J’ai été séparée de gens qui me sont chers, très chers. Je veux les retrouver mais… La guerre, la frontière, j’ignore comment. On m’a dit que je trouverais, qu’on trouverait ici quelqu’un pour voler au-devant du danger et nous réunir. Il me manque. S’il vous plaît… Je suis désespérée. »

Et c’était assez vrai. Elle termina en bredouillant, comme elle avait commencé, espérant que son triste numéro de menteuse et son air encore trop juvénile suffirait à mettre sa piètre prestation sur le coup de l’émotion d’une vieille adolescente. Elle ne parvint pas à saisir les expressions du Rodian, du moins ne sentait-elle pas d’hostilité émanant de lui. Il leva sa main, porta son attention ailleurs un instant, visiblement, on lui murmurait quelque chose à l’oreille. Une oreillette, sûrement. Il bredouilla quelque chose, visiblement en réponse à ce qui venait de lui être dit et retourna toute son attention vers ses interlocuteurs directs :

« Bon… La patronne croit pas un mot de ce que vous pouvez raconter, par contre, les yeux qui sont braqués sur vous ont remarqué les petits jouets que vous promeniez. Elle n’aime pas particulièrement les Jedis mais tout ce qui peut faire chier l’Empire, ça la fait rire. Alors, mettons que vous n’avez pas essayé de me prendre pour un con, et allons la voir, vous voulez ? »

Sur ce, d’un signe de la main, il invita les deux Jedis à le suivre vers ce qui semblait être un petit salon privé, derrière plusieurs portes, dans un coin bien moins bruyant de l’édifice. Là, dans un salon creusé dans le sol, dans un canapé crème en feutre piqueté de traces de brûlures, sous une épaisse couche de fumée, trônait une intrépide Twi’lek rouge aux tatouages rien moins que rassurant.

« Bon, vous avez cinq minutes pour me dire la vérité et voir si le Capitaine Red peut quelque chose pour vous. Au-delà de ça, si j’ai pas confiance, vous dégagez et on s’revoit plus jamais, compris les Jedis ? Et pas de manipulation à la con, j’vous connais, j’en ai déjà géré des comme vous, j’peux très bien m’fâcher. »

Une femme charmante, à n’en pas douter. Elle écrasa une cigarette pour mieux s’en rallumer une dans la foulée et alimenta le nuage d’un grand souffle cendré. Thann ne savait, à ce moment, si elle venait de tomber amoureuse de cette pirate de l’espace totalement bravache ou si c’était un début de cancer qui se manifestait déjà.
Luke Kayan
Luke Kayan
Messages : 3119
Eclats Kyber : 0
- Ce sont surtout des rustres... Avec avouons-le probablement un certain complexe d'infériorité. Peu importe leur milieu ou leur éducation. Ce type de traitement est toujours intolérable- Objecta Luke en grognant à moitié, pris au dépourvu et dégoûtée par l'attitude décrite. Les gens n'avaient aucune délicatesse décidément. On ne racontait pas ça à une jeune fille ou un jeune homme, en y repensant, ni à un plus vieux d'ailleurs. Ah l'égo enrobé de testostérone de certains hommes ( car c'était surtout eux les sexistes) et leurs complexes. Même Luke en arrivait à se dire que le dicton populaire attaquant la taille de leur engin n'était pas vrai. Ce comportement épuisant était responsable de beaucoup trop de guerres.- En effet, le sexisme existe -avait consenti le Chevalier, qui, en d'autres temps aurait simplement éludé la question. C'était malheureusement un sujet davantage récurrent en cette époque moderne et il y avait été confronté en travaillant avec la police.- selon les planètes, les milieux, il est dirigé contre les femmes ou les hommes, sachant que le premier cas est plus commun. S'y résoudre n'est pas une fatalité, répliquer est tout à fait légitime bien qu'il faille choisir les interlocuteurs et le moment où le faire.

Acheva tristement le jeune homme. Il avait, pour sa part, appris à ne pas répondre à certaines remarques concernant son physique involontairement androgyne ou son handicap. Il savait ce que ses proches pensaient de sa personne, alors tant pis pour les autres. Étrangement, toutefois, le Jedi peinait à supporter qu'autrui subisse de tels outrages, d'où le fait que selon la personne en face, il aurait probablement répondu pour défendre Thann. Son côté Jedi sans doute, et son allergie à toute forme d'injustice. Le sexisme était un concept qu'on avait dû lui expliquer de nombreuses fois, à l'époque il n'en comprenait même pas l'existence. Dès Padawans, le gamin avait tantôt perdu, tantôt gagné contre des filles en duel. Il avait travaillé avec ou s'était opposé à ces dernières, exactement comme il l'avait fait avec des hommes. Ses plus cuisantes défaites, par ailleurs, étaient contre des personnes du sexe opposé. Comment en venait-on donc à cette conclusion humiliante ? Cela échapperait toujours au blond, chagriné que Thann ait dû supporter cette remarque sexuelle "amusante" à cause de ce sexisme au lieu d'une maladresse "drôle"... Mais bon, comme l'avait saisi la Padawane en ne rétorquant pas, il y avait des moments et des endroits pour livrer bataille. Face à certains rustres mal éduqués, surtout en pleine mission, autant passer au-dessus et le fait que ces derniers puissent les mener à leur objectif était une raison de plus pour les ignorer. Conclusion : il fallait s'y faire, voire en jouer comme c'était arrivé à Luke. Paraître affaibli, stupide, réunir les clichés du pauvre aveugle démuni afin de surprendre son adversaire. Inutile de se le cacher, c'était pratique mais également jouissif.

- J'en ai rencontré quelques-uns, des Gamorréens je veux dire. Je saisis l'idée, merci.

Conclut affablement le Chevalier, toujours d'avis d'en apprendre de quiconque voulait bien lui enseigner quelque chose. Luke évita en revanche de préciser que ses salutations avec cette espèce s'était toujours mal passée et que, bien sûr, du coup, il s'en méfiait légèrement. Passer du sexisme au racisme n'était pas l'objectif de la mission. Une mission mise à mal parce que le Rodian ne semblait pas du tout les croire. Il y avait des jours comme ça où le pieux mensonge ne fonctionnait pas. Luke était pourtant, par la force des choses, un bon acteur, habilement secondé en plus par Thann. Manque de chance, la "patronne" n'avait pas piqué. C'était Twi''lek au caractère d'entrée si fort que le Hapien songea que personne ne devait l'embêter à cause de son sexe. Le blond sentit aussitôt le ton autoritaire de sa voix, lequel ne souffrait ni patience, ni naïveté aucune ? Il réfléchit encore quelques secondes : était-ce un test, du bluff ? Non, le Capitaine Red semblait les avoir réellement percé à jour. Luke changea de tactique en adoptant définitivement la vérité. Unique habileté de sa part, il ne se pria guère pour mettre en avant le fait que l'Empire était le coupable et qu'elle, la Capitaine, pouvait l'embêter sérieusement. Tant pis pour l'éventuel amalgame entre les Siths et l'Empire. Les généralités pouvaient les servir. Quant à utiliser la manipulation mentale, le Chevalier avait d'ores et déjà abandonné l'idée. Il n'approuvait pas ces méthodes dont certaines Ombres abusaient, sans compter que Runya était tout, sauf un esprit faible. Pas d'utilisation de la Force donc, et pas de mensonges... Juste des mots bien choisis.

- Un de nos étudiants a été enlevé et se trouve dans l'Empire. Nous ne savons pas exactement où quoique nous soupçonnions Korriban. Il y a quelques temps, le maître de cet apprenti est parti à sa recherche avec une proche, elle aussi appartenant à l'Ordre. Cette dernière est revenu mais pas l'homme. Nous cherchons à les sauver. - Le Consulaire se permit ensuite de broder un peu. Red voulait casser les pieds de l'Empire ? Il fallait lui montrer qu'elle pouvait être l'instigatrice d'une attaque judiciaire fulgurante concernant certains de ses membres.- En outre, enlèvement et séquestration de mineur, ça ira chercher très loin, si nous avons les preuves et quoi de mieux qu'un flagrant délit ? Puisque nous comptons remonter la piste afin de secourir cet enfant et son maître. Celui-ci aurait, selon notre enquête, voyagé sur votre vaisseau. Nous voudrions savoir où vous les avez déposé afin de continuer à remonter la piste.

Le Jedi sortit de sa toge une photo qui le laissait, bien évidemment, complètement indifférent... Mais la femme, elle, devrait bien se rappeler d'un homme aux cheveux blancs accompagné de la jolie Zélonienne rousse.

- De fait... Thann, ci-présente n'a pas menti... L'adolescent enlevé, Kolin, est bien un de ses proches amis, et son maître un homme que je connais et que j'apprécie.

Acheva Luke en plongeant ses yeux à peu près où se trouvaient, ceux ardents de la femme. Il prenait un risque en ne se cachant plus, mais il espérait que la pure vérité fasse flancher la Capitaine... Tout comme l'ajout discret de sentiments, réels qui plus est. Kolin dont il avait dévoilé le nom pour le rendre plus identifiable (et donc, touchant) était un proche de Thann. Quant à Lyrae, Luke le connaissait moins, mais ça ne l'empêchait pas de bien l'aimer. Tous deux avaient eu l'occasion de discuter, notamment d'un sujet assez difficile pendant lequel son aîné lui avait fait des confidences. Le Hapien s'inquiétait pour eux, il avait à coeur de les retrouver et si possible, nul doute qu'il traînerait le(s) coupable(s) en justice. Cet ultime point était plus compliqué, surtout que Kolin était lui aussi coupable de certains faits, mais ça, la Twi''Lek n'avait pas besoin de le savoir. Elle avait de quoi casser les pieds à l'Empire, à elle de choisir.

- Nous pouvons payer le trajet pour que vous nous déposiez là où vous les avez laissé.

Insista le Jedi en laissant miroiter le gain d'un autre voyage. Il ne mentait pas, en montant dans son vaisseau, ils seraient au plus près de la piste. D'autres questions, déjà, surgissaient dans l'esprit de Luke : de quoi Lyrae et Jesaëlle avaient-ils parlé dans la carlingue ? Mais ce n'était pas pour tout de suite. Après tout, il restait une minuscule (mal)chance pour que la femme ne sache pas reconnaître ce duo ou cherche à mentir. Ni Thann, ni lui ne la connaissaient.

Volontairement, le Chevalier avait brièvement expliqué la situation afin de ne pas noyer la Capitaine sous des tonnes d'émotionnel ou avoir l'air de lui faire perdre du temps. Il comptait aussi sur Thann pour le relayer. Elle était plus spontanée que lui, plus proche des gens comme son maître. Si son attitude naturelle parlait davantage au coeur rugueux de la Twi''Lek, ils avaient davantage l'espoir de l'attendrir.
Thann Sîdh
Thann Sîdh
Messages : 661
Eclats Kyber : 0
Thann Sîdh, cornsilk
Luke Kayan, #ffff00
Runya Hen’du, firebrick

L’épaisse fumée qui embaumait la pièce lui brûlait le nez comme la gorge et Thann ne trouva un peu de réconfort qu’une fois assise, un bon mètre en-deçà du niveau des nuages. Quelle idée de s’infliger pareil traitement ! Pareille dépendance... De même que le sexisme, il y avait bien des choses qui dépassaient encore l’aspirante Jedi. Cette passion des vivants pour les entraves et la servitude en faisaient partie. Bien sûr, elle entendait qu’on pût tomber dans les cercles terribles des paradis artificiels. La fuite de la réalité, le bonheur simulé faute d’accéder à un épanouissement réel… Mais la cigarette ? Cela semblait d’une banalité et d’une tristesse terrible. A la fois, trop peu de paradis et trop de chaînes volontairement posées aux poignets de la pensée. Le Chevalier Kayan ne montra pas le moindre signe de jugement lorsqu’il entama ce qui ressemblait, peu ou prou, à des pourparlers. Il exposa la vérité, rien que la vérité et à la fois, sans trop de détail. Il affirma l’honnêteté première de la Padawane et en appela à l’esprit d’entreprise de la Twi’lek, pour ne pas dire à sa cupidité. Elle laissa longuement planer la tension, aspirant, soufflant, alimentant les nuages. Elle finit par tapoter ses cendres, lesquelles churent mollement dans un réceptacle déjà bien trop rempli, et répondit :

« Okay, admettons que j’ai effectivement déposé un blond, une rousse et un genre de gros chien bien brise-reins comme il faut quelque part, après que ceux-ci se soient sévèrement engueulés – ce qui n’était pas du tout prévu dans ma paie – et qu’ils aient manqué de transformer une opération clandestine en boucherie-charcuterie dans MON bébé. Pourquoi est-ce que je devrais vous donner des détails ? Ils avaient l’air d’être totalement pas désireux d’être suivis. J’vois pas pourquoi je risquerai d’chopper mauvaise réputation, du genre qui sait pas t’nir sa langue, pour deux zozos qui se pointent sans qu’ils soient attendus ? »

Luke restait silencieux. Laissait-il une ouverture à la Padawane ? Elle était la plus proche des disparus. Au moins de l’un d’entre eux. Peut-être jugeait-il qu’il valait mieux miser sur la carte de la sensiblerie que sur celle de la vénalité, finalement ? Ou peut-être la Padawane réfléchissait-elle bien trop vite et le temps ne s’écoulait pas si vite qu’elle ne le percevait. En tous les cas, elle crut son moment de parler venu, et osa : « Vous êtes Capitaine, et de la façon dont vos gens semblent vous suivre, j’oserais dire que vous êtes une bonne Capitaine. Dès lors, même s’il vous le demande, abandonneriez-vous l’un de vos hommes à un sort funeste ? Alors même que vous vous savez capable de le sauver ? » Encore cette lenteur. La capitaine avait, à n’en pas douter, l’art de la mise en scène. Elle savait pertinemment qu’elle avait toutes les cartes de son côté, qu’aucun moyen de pression ne pouvait être exercé à son encontre. Savourait-elle cette domination ? Ou bien jugeait-elle sérieusement de ses deux interlocuteurs. Cette tension était terrible mais Thann, depuis tout ce temps, avait appris, au moins un peu, à juguler sa parole. Son Maître, comme son condisciple Padawan, Loé, lui avaient appris la valeur du silence et l’importance de laisser le temps à l’autre de penser. « Tu parles bien, petite. M’enfin, tu flattes beaucoup mais finalement t’en as vu combien d’mes pezouilles ? Un, deux ? M’enfin, ouais. J’les protège les p’tits. C’est l’contrat. Comment j’peux attendre d’eux qu’ils sautent à pieds joint dans la merde pour venir me chercher si j’suis pas la première à m’salir les bottes pour aller les récupérer ? Là n’est pas la question. Non. Ce qui m’emmerde, c’est qu’y avait un genre de close de confidentialité, entre-nous. Et ça, ça me fait chier de la rompre. Comment j’fais pour garder ma crédibilité ? Hein ? – Nous ne sommes pas ici pour vous extirper ces informations ni de force ni en jouant sur votre cupidité prétendue. Nous sommes ici parce que nous craignons pour la vie des nôtres. Nous sommes ici parce que j’ai rencontré Kolin, au cœur des combats, que j’ai vu les larmes sur ses joues, j’ai entendu sa voix se briser, j’ai senti son cœur se briser sous la tension. Nos maîtres ne sont pas simplement des tuteurs, ils sont souvent des mères et des pères. Maître O’Sil, emporté par sa propre culpabilité, a cru qu’il était de son devoir seul de réparer les torts d’une guerre tout entière. S’il vous plaît… Qui serait suffisamment stupide pour vous tenir rigueur d’un secours ? Il est évident, Capitaine, que rien n’a été comme il l’avait prévu. Si les événements avaient pris la tournure souhaitée, depuis tout ce temps, ne seraient-ils pas déjà de retour ? » L’émotion vibrait dans la voix de la Miraluka. Il n’y avait aucun doute qu’elle n’abordait aucunement cette mission sous le prisme de la quiétude et de la raison pure. On lui avait appris à écouter son cœur, à exploiter cet incroyable moteur et, à cet instant, elle en tirait tous les chevaux-vapeurs qu’elle pouvait. Si sa détresse ne pouvait convaincre la Twi’lek, rien ne le pourrait, elle en était intimement persuadée.

Nouvel instant de flottement terrible. De son mieux, Thann tenta d’apaiser son cœur emballé. La sentence tomba finalement : « Tss… Vous avez vraiment l’art de faire chier l’galaxie comme personne, vous autres… Mais vous risquez d’être déçus, j’ai pas grand-chose à révéler. J’ai accepté de transporter deux Jedis, l’un s’appelait effectivement O’Sil, sa pote, aux yeux verts, une Zélosian, carrément canon, s’appelait Jesaëlle. Un caractère de merde celle-là. Du genre qui vous enflamme le sang. M’enfin, vous devez pas voir de quoi je parle. Et y a eu l’autre con… Un peu dans votre genre, à vouloir fourrer sa truffe là où on lui avait pas demander de sentir. Un nom à la con… Attendez… Euh… Soleil ? étoile ? Non. Raahh… Si. Lune. Oui. C’est ça : Lune. Les trois se sont sévèrement engueulés. Du genre bien bien vénère. Pendant et après que la Zélosianne colle des trucs dans l’cerveau d’O’Sil. Un genre de dispositif… J’sais pas si c’était du traçage ou pour enregistrer j’sais pas quoi. ‘Fin bref. J’ai calmé le jeu et après ça, j’ai déposé les deux-là, Lune et Jesatruc sur Ciutric. Y a qu’avec le blond que j’ai passé la frontière. J’l’ai largué en pleine campagne de Lorrd et j’me suis tiré presque aussi sec. J’pouvais pas me permettre de trainer. J’ai d’ailleurs eu du mal à repasser la frontière sans me faire griller la cervelle, les Sith étaient sur les dents à c’moment-là ; quoi qu’j’vois pas quand ils sont pas sur les dents ces cinglés-là… Voilà… Lorrd, Jesaëlle, Lune, un truc dans la tête du blond. J’peux rien vous dire de plus. J’vous dirais bien que j’ai les coordonnées exactes, mais j’mentirai : j’nettoie très régulièrement les ordinateurs de navigation pour éviter, justement, qu’on puisse me tracer, si jamais le Sitha’ri était saisi – me regardez pas comme ça, j’trouvais ça drôle d’appeler mon bébé comme ça. Enfin, si vous n’avez pas d’autres questions, et en fait même si vous en avez, j’ai autre chose à foutre, alors on va s’taper la bise et se laisser là, hein ? » Le ton ne laissait pas trop la place à la contradiction et à vrai dire, elle semblait avoir effectivement délivré toutes les informations dont elle semblait disposer. « Je sais que c’est peu de chose, mais… Vous avez toute ma gratitude, Capitaine. Elle la regarda en rigolant, déjà debout pour les inviter à partir. – Effectivement, c’est pas avec ça qu’j’vais remplir les réservoirs du vaisseau. M’enfin, pour ce que ça vaut, j’imagine que ça coûte pas cher de les donner, comme de les recevoir. ».
Luke Kayan
Luke Kayan
Messages : 3119
Eclats Kyber : 0
Luke ne put s'empêcher -passif de professeur ?- malgré l'urgence, d'apprécier les progrès de Thann. La jeune femme avait posé des silences là où il le fallait, choisissant quelles vérités appuyer ou éluder. Elle avait été habile, distillant la sensibilité quand il le fallait sans chuter dans une sensiblerie agaçante qui aurait pu se faire refermer le personnage qui leur faisait face. Plutôt amusée, quoique toujours un brin menaçante, la Twi''Lek semblait osciller, changeant de caractère, en leur faveur bien heureusement. Elle flancha d'ailleurs, révélant des informations.

Le Hapien nota de suite Llorrd en rouge dans son crâne. Ainsi, Lyrae avait bien embarqué dans ce vaisseau, délicieusement nommé le Sitha'ri. Bien que Red puisse leur mentir, il eut envie de la croire, d'autant plus qu'elle leur rapportait un surprenant détail : la présence d'un autre Jedi nommé Lune. Le blond ne le connaissait pas, mais il se promit de demander une audience au Temple afin de l'interroger, si le concerné le souhaitait évidemment car en tant que témoin potentiel, il avait le droit de refuser. Le nom de Jesaëlle, lui, ne faisait que confirmer la sincérité apparente de la Capitaine -et la précipitation de Jedis qui n'avaient pas occulté leur identité.- Quelle étrangeté, ils avaient souhaité rester discrets mais ne s'étaient pas préservés, et pourquoi avoir embarquer ensemble, pour se disputer et finalement atterrir sur différentes planètes ? Les uns avant la frontière et l'autre, malheureusement, après. Voilà qui expliquait en partie la disparition du Chevalier O'Sil des radars. Plus de carte de crédit active, pas de présentation de carte d'identité à des guichets, bref, aucune trace du Jedi qui, visiblement avait au moins réussi une partie de la mission qu'il s'était donné : rejoindre son Padawan égaré.

Comme Red les enjoignaient à partir, le blond décida de ne pas insister. Il n'eut pas besoin de le suggérer à Thann, la Miraluka possédait déjà l'instinct des bons enquêteurs: savoir quand abandonner. Après des remerciements un peu plus sobres et moins "solennels" que l'apprenti, tous deux s'éloignère. Le Chevalier toussa légèrement, évacuant les dernières traces de fumée inhalée. L'air soucieux, il n'en félicita pas moins l'apprentie.

- Grâce à vous nous avons obtenu des informations, faire parler cette femme n'était pas gagné, félicitations.

S'il ne s'étendit pas davantage, c'était parce que la situation ne s'y prêtait guère. Désormais qu'ils avaient la quasi certitude que Lyrae avait passé les frontières, les deux jeunes gens ne disposaient plus des moyens- dont les autorisations nécessaires- pour enquêter plus loin. Secrètement, le Chevalier avait espérer qu'O'Sil s'arrête encore à une étape, notamment pour affiner son plan ou suivre la trace de son élève avant d'aller dans les territoires ennemis, mais ce n'était pas le cas. Par souci de zèle, ils travaillèrent encore, questionnant les locaux quelques jours en changeant les techniques. Luke n'ayant plus affaire à des gens aussi clairvoyants que Runia, il opta souvent pour un mensonge salutaire : les Jedis n'étaient pas les bienvenus ici, chaque fuite sur leur identité mettait en péril leur vie. Ainsi, il cherchait son frère, inconscient, qui s'en était allé chercher fortune en dépit du risque. Des informations beaucoup trop sommaires pour être intéressantes trouvèrent néanmoins leur place dans son rapport. Ici on avait aperçu la chevelure claire de l'étranger près d'un marché, ou là, peut-être avait-il séjourné dans cet hôtel. L'aveu étant flou et surtout déniché suite à un échange monétaire, le Consulaire indiqua scrupuleusement le peu de fiabilité de l'indice.

Comme les rumeurs enflaient à propos de la présence des étrangers "poseurs de questions"., Thann et Luke durent renoncer à demeurer plus sur Nar Shaddaa, de plus ils n'avaient rien appris d'utile. Le retour en navette fut assez lourd. Luke était plongé dans un genre d'inquiétude pensive, majoritairement bloquée par une longue éducation parsemée d'autocontrôles mais néanmoins présente. Il avait tapé une partie du rapport mais sous forme de liste, laissant à Thann -avec son accord- le soin de le faire afin de lui enseigner comment s'y prendre. Il repasserait dessus après avec sa patience et finalement, oui quoiqu'en disent les mauvaises langues sa bienveillance habituelle. De toutes manières, le chapitre n'était pas clos.

Sitôt rentrés, le jeune homme demanda à voir Lune. Le Jedi accepta de lui parler, par chance, n'ayant rien à occulter spécifiquement. Lui n'était lié à aucune promesse et surtout, plutôt inquiet. Il évoqua la même histoire que Red : Jesaëlle et lui avaient atterri sur Ciutric, tandis que Lyrae continuait sa route. D'abord caché pour des raisons personnelles qu'il refusa d'évoquer, le Chevalier Shistavanéen (Luke compris seulement à la lecture de son dossier pourquoi Runya avait parlé de Gros chien et de truffe) expliqua s'être interposé. Aller chercher Kolin était trop dangereux sans le secours d'aînés, et surtout, le viol de territoires de l'Empire risquait de déclencher au mieux, une guerre froide. Les tensions de l'époque avec des Siths "sur les dents" n'avaient pas aidé, mais de ce qu'en savait Lune, O'Sil était décidé à poursuivre sa route, et la Capitaine à lui faire passer la frontière. Non, il ne savait pas ce que Jesaëlle faisait dans ce vaisseau avec eux, Lyrae avait protégé son implication, elle s'était tue, fin de l'histoire. Le seul apport du témoignage de Lune était la confirmation que Runya n'avait pas menti.

À l'intention de Thann, le Consulaire émit ses annotations, soigneusement ordonnées pour lui faire gagner du temps. Le message était ponctué d'un discret et inhabituel mais non moins attentionné "courage" : travailler froidement, objectivement sur la disparition d'un ami, quelle dure épreuve pour une Padawan. Un apprentissage cruel mais nécessaire.

Dans ses hypothèses, le blond avait formulé ce qui se révélait comme une vérité probablement implacable : O'Sil devait être en territoire Sith, et s'il n'était pas revenu ou n'avait laissé aucune nouvelle, il devait être en difficultés. Sans doute était-il aux mains de l'ennemi, surtout si Kolin avait participé à le piéger. Quant à savoir sa localisation exacte, c'était impossible, il faudrait envoyer des Ombres sur Llorrd pour poursuivre l'enquête et voir si le jeune homme avait quitté la planète. Luke songeait que oui, ce monde à la frontière de l'Empire n'était sûrement qu'une étape et le Chevalier s'était sûrement engoncé davantage sur les territoires ennemis. Sa probable capture lui fit penser à un autre disparu : Virgile-Auguste. Les enlevés revenaient-ils un jour près de leurs proches ? Une méditation dédiée aux deux victimes (Lyrae et Kolin) plus tard, Luke se mit à chercher Luuna, l'air de rien, davantage pour la soutenir probablement que d'obtenir un réel témoignage de sa part.
Thann Sîdh
Thann Sîdh
Messages : 661
Eclats Kyber : 0
Thann Sîdh, cornsilk
Luke Kayan, #ffff00

La conversation avait été conclue, sans appel, et effectivement, la Capitaine sembla avoir bien d’autres choses à faire car elle fut rapidement entourée de toute une troupe, équipée comme pour partir à la conquête de la galaxie entière, avant de disparaître dans l’un des nombreux méandres de ce qui apparut, finalement, pour être son antre. Lui avait-elle adressé un regard avant de s’évanouir ? Thann le crut et ne sut qu’en penser. Sortis, le Chevalier lui adressa des compliments qu’elle reçut avec un sourire un peu pâle. Certes, elle avait obtenu des informations… Certes… Mais quelles informations ? C’était terminé. Elle le savait. Si ces informations étaient fiables, et rien n’indiquaient qu’elles ne l’étaient pas, alors c’était terminé. Pourraient-ils levés une armée pour percer sauvagement les flancs de l’Empire au point de miraculeusement retrouver son ami ainsi que son Maître pour les ramener à la lumière ? Non.

Les jours suivants furent marqués, chez la jeune femme, par un air maussade teinté de tristesse. Ils déployèrent tous le génie dont ils étaient capables mais rien ne vint apporter d’espoir. Les rares qui purent encore leur parler du Maître O’sil étaient en réalité bien plus intéressé par la possibilité de quelques crédits que par un quelconque attachement à la vérité. Bientôt, la Nature lui manqua. Son Maître. Seïid. Et une nouvelle fois, Kolin hanta sa pensée. Elle parvint à se convaincre que la meilleure façon de l’aider rester de montrer combien elle avait mûri, combien elle était devenue capable d’agir, de vivre en Jedi accompli et d’aider au mieux son prochain, devenir une prolongation de la Force et de la Lumière. Jamais elle ne s’était sentie aussi déterminée à devenir une Sentinelle. Jamais elle n’avait autant senti, aussi, les limites terribles du pouvoir d’un Jedi. Elle ne sauverait certainement pas la Galaxie…

Le trajet du retour se fit relativement en silence. Thann consulta les notes que lui furent proposé par le Chevalier Kayan et ne manqua pas de les croiser avec ses propres observations, soucieuses de voir les détails qui lui auraient échappés, une autre façon de « voir » les situations qu’ils avaient vécues. Afin de lui permettre de démontrer ses compétences, le Chevalier l’invita à remplir elle-même le rapport préliminaire à leur mission, auquel il adjoindrait lui-même, plus tard, les fruits de son entretien avec Lune, leur confrère subitement apparu dans l’équation. Outre les formalités administratives et introductives attendues, le Conseil pourrait consulter, quelques jours après leur retour, un rapport à la fois exhaustif mais aussi singulièrement court, puisque sa complétude n’était due qu’au manque de matière à intégrer à celui-ci.

« Après avoir échangé avec son homme, nous sommes conduits jusqu’à son capitaine. Celle-ci s’est présentée à nous sous le titre de Capitaine Red, alias utilisé par la Lethan autrement appelé Runya Hen’du. D’abord ouvertement hostile, dérangée par l’idée de trahir ce qu’on pourrait qualifier d’un secret professionnel, nos échanges ont permis d’amener le capitaine a plus de coopération. Nous pensons sincèrement que cette dernière nous a délivré l’ensemble des informations à sa disposition et ce – c’est à noter – gratuitement et sans aucune forme de marchandage. De ses dires, il apparaît que les Chevalier O’sil, Vertigen et Lune (dont vous trouverez l’entretien en annexe au présent rapport) ont effectivement rencontré la capitaine à une date suivant de peur le jour de leur disparition – les dates et les heures concordent et donnent du crédit aux affirmations du capitaine Hen’du. Suite à une transaction financière dont le montant ne nous a pas été communiqué, le groupe a obtenu de la Twi’lek qu’elle leur fasse traverser la frontière de l’Empire Sith entre Ciutric et Llord. Seul le Chevalier O’Sil a gagné effectivement le territoire impérial, nos deux confrères restant en arrière, sur le territoire neutre, et rentrant au Temple par leurs propres moyens. »

Le reste du rapport décrivait les quelques jours infructueux et amenait la conclusion évidente de toute cette malheureuse affaire : rien ne pouvait plus être fait par deux Chevaliers mandatés simplement pour enquêter pour venir en aide à leurs confrères perdus au-delà des frontières.

Les jours qui suivirent la remise de ce rapport aux sages, Seïid ne fut pas d’un moindre secours pour apaiser l’amertume de la Padawane qui, malgré ses certitudes qu’elle agissait du mieux qu’elle le pouvait, peinait toujours à accepter la terrible fatalité de l’impossible.
Revenir en haut
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
skin made by
© jawn