Kaldor Mantell
Kaldor Mantell
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Espace Républicain
5ème Flotte Républicaine d'Assaut
Vaisseau [***]


« On est sûr de ça ?
- Paraît que ça vient d'un gars du SIS, 100% vrai...
- Arrête...
- Si, c'est ce qui se dit en tout cas.
- Et on sait qui va devoir s'en charger ?
- Ben nous, on frappe les cartels qui viennent un peu trop près depuis plus longtemps que les autres flottes et régiments quand même.
- Ouais, mais c'est nous... nous quoi. Pas les autres.
- Allons mes amis, rappelez-vous que nous ne sommes jamais seul, la République est avec nous !
- M'ouais, c'est un peu gros quand même...
- Paraît qu'on aura des renforts, du genre costaud... »


L'ordre du silence fut donné, et aussitôt appliqué. La sergent Sylvia Nad regarda son escouade, alignée en rang devant elle.

« Écoutez, je sais ce qu'on dit, mais va falloir attendre que tout le monde soit présent pour que le briefing commence. »

Moran leva la main et prit la parole sur un signe de tête de la Zeltronne.

« Où est le caporal Mantell ?
- Dehors, il attend le vaisseaux des renforts. »


Pour les gens qui ne suivent pas, « dehors » lorsqu'on est dans un vaisseau spatial signifie tout simplement « dans l'espace ». Et quand on doit attendre, le cul sur un caillou flottant que les renforts, il faut bien entendu de la patience, mais également sa combinaison.

C'est donc intégralement équipé, et comme dit, assis sur un astéroïde assez stable, que Kaldor se trouvait donc, il avait pour ordre d'attendre que la navette alliée sorte de l'hyper-espace pour la guider à travers le champs d'astéroïdes et rejoindre le vaisseau où se tiendrait le rassemblement. Le mantellien jubilait : une mission de ce genre n'est pas donnée tous les jours, ou alors ce sont les autres qui en profitent, revenant en entier, ou pas, avec en prime des trophées de guerre arrachés à l'ennemi, comme des armes, des logos, des armures ou des morceaux de droïdes.

Mais cette fois-ci, c'est au tour de l'escouade Raptor de briller ! Cette fois, pas question de simplement repousser un équipage de pirates, pas question de s'en prendre à une misérable planque de contrebandiers non plus. Cette fois-ci, il avait compris que l'offensive serait de mise. Ses mains tremblaient légèrement d'appréhension, tout comme ses talons qui tapotaient contre le rocher spatial. Son souffle resta calme, après tout il ne devait pas gaspiller son oxygène, ça serait complètement idiot et pas du tout héroïque de mourir bêtement asphyxié parce qu'il attendant une navette en caillou-stop.

Son Comm-link bipa, il porta deux doigts à sa tempe pour répondre à l'appel entrant.

« Raptor 10 pour Raptor 11. La navette va sortir de l'hyper-espace, tenez-vous prêt à l'accueillir, terminé.
- Raptor 11 pour Raptor 10. Bien reçu, je les guiderais à nous, terminé. »


Mantelle se redressa puis attendit comme indiqué que la navette en question arrive près de la balise hyper-espace. En même temps, quand le point de rendez-vous est vers un champ d'astéroïdes, mieux vaut rejoindre la balise histoire d'éviter les problèmes.

Le vaisseau arriva, Kaldor le vit sortir sur sa droite, en hauteur. Il activa son jet-pack et plana tranquillement jusqu'à la vitre du poste de pilotage, s'assurant que les deux pilotes le voient avant d'aligner son signal Comm-link au leur.

« Raptor 11 pour navette, bienvenue au rendez-vous, suivez le guide.
-Reçu Raptor 11, on vous suit. »


Le Jet-trooper se retourna, passa son réacteur à la vitesse supérieure et guida les renforts jusqu'au vaisseau, une frégate de classe Justice. Le temps que la navette fasse sa manœuvre, le mantellien rejoignit son escouade qui attendait dans la baie d'amarrage.

Pas le temps de se changer, tout juste put-il se mettre au garde à vous, comme les autres (à l'exception qu'ils étaient en uniforme et pas lui), que la porte de la navette s'ouvrit pour laisser sortir les occupants.
Korgan Kessel
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Trente secondes. Par réflexe, mes mains jouent avec les sangles, check que le harnais est correctement serré. A chaque mouvement, il claque et crisse contre le plastron de mon armure de combat. Je quitte des yeux le cadran holographique où les secondes s’égrènent, indifférentes à tout cette putain de merde galactique qui nous entoure. Ultime échange de regard avec Jett’, l’énorme Besalisk aux commandes. Hochement de tête. Il est paré.

Je pivote. Le siège tourne, pour faire face au reste de l’escouade sagement harnaché dans l’habitacle. La navette est spartiate. Aucune fioriture. C’est tout juste s’ils ont collé une isolation thermique entre nous et le blindage.

« On sort dans dix secondes. Tenez-vous prêts… »

Seuls les cliquetis métalliques des types qui enfilent leurs casques étanches me répondent. Silence de mort. Concentration. On n'est plus dans l'espace républicain. A vrai dire, on est en sécurité nulle part, sauf peut-être dans ce foutu tunnel hyperpatial… Et encore. Une erreur de calcul ou un connard d’Interdictor et on en reparle… Bref. On sait jamais sur quoi on peut tomber. Faut être toujours prêt à tout. On pourrait tout aussi bien se retrouver dans le sillage d’une barge pleine de putes en manque de bites que sous le feu nourri d’un bâtiment ennemi. Et ces putains de navettes furtives sont clairement pas conçues pour encaisser les coups. Signature électronique minimum rime avec blindage minimaliste. Rapide ouais. Léger ouais. Résistant bordel non. Alors, au moindre pépin, si la coque devrait rompre… Et bah on se retrouverait tous soufflés dans l’espace comme des putains de sac à merde balancés dans un compacteur d’ordure.

Je secoue la tête. Ferme les yeux, enfile mon casque à mon tour, histoire de chasser ces pensées noires. Faut dire, j’suis à cran en ce moment. Un sale gout toujours au fond de la gorge. J’ai encore un peu de mal à m’habituer à la sensation de la prothèse oculaire dans mon orbite gauche. Les verrous magnétiques au niveau de la nuque claquent. Sifflement. La combinaison aspire l’air extérieur, ajuste la pression et s’isole définitivement du reste de la galaxie. Définitivement jusqu’à ce que je l’ouvre que je crève. L’affichage tactique s’enclenche. Les silhouettes des Typhons se parrent d’un mince halo bleu amical, surligné de leur numéro. Typhon-2, Typhon-3…

Soudain la croque vibre. C’est presque imperceptible tant les compensateurs inertiels réagissent avec une célérité inhumaine. Mon siège pivote de lui-même, automatiquement, se verrouille face au cockpit alors que le caléidoscopique hypnotique du corridor hyperspatial part en couilles. Les lumières vrillent. Le spectre multicolore vire au noir et blanc. Des trainées claires se matérialisent sur un fond de plus en plus sombre. En quelques secondes le panorama se fige. Immuable depuis la nuit des temps galactiques. Ces centaines de millions de milliards d’étoiles plus ou moins proches. Plutôt moins que plus. Cette myriade de points lumineux est bouffée par endroit par des masses sombres. Des silhouettes irrégulières plongées dans le noir quasi absolu du vide séparant les systèmes.

Un champ d’astéroïdes.

« Déviation inférieur à 0,007%. »

Derrière sa visière peinte aux couleurs d’une gueule de sarlacc, Jett’ pourrait foutre les boules à bien des bleus impériaux. Elle est complètement opaque, impossible de lire son regard. Je hoche la tête.

« Balance le signal, qu’on en finisse. Cette boite de conserve commence à me taper sur le système. »

Ses énormes doigts pianotent avec une agilité insoupçonnable sur le tableau de bord. Un faible signe, courte portée, à peine audible sur les senseurs d’un vaisseau de ligne… Mais juste assez pour signaler notre présence aux potes planqués derrière l’un de ces gros astéroïdes. L’éclairage dans la cabine passe au rouge. Systèmes au minimum. On attend.


****

Six mois plus tôt,
Passerelle du patrouilleur Soleil ardent


Un signal retentit. Strident. La passerelle passe en alerte maximum. Le capitaine, assis sur le siège de commandement face aux affichages tactiques tridimensionnels, balance ses ordres sans même daigner lancer un regard à ses hommes.

« Nature de l’alerte »

« Un objet non identifié. »
« Il vient de sortir de l’hyperespace. Cadran 27.25.03. Vecteur d’approche rapide. »
« Levez le bouclier. Armez les lasers. Les chasseurs prêts à… »
« Les senseurs ne détectent qu’une seule forme de vie à bord. »

« Une seule ? Attendez ! Stand-by ! Je repère, stand-by… Identifiez-moi ça ! »
« J’ai une correspondance de signature. Navette impériale de classe pénitentiaire… »
« Une navette pénitentiaire ? Seule ? A la bordure Républicaines ?! »


Les questions du capitaine fusent comme des tirs de blaster. Nulle ne sait y répondre. Et il n’y a rien de pire que le doute pour semer la confusion... Et la confusion n’est autre que le prélude à la prise d'une mauvaise décision. Le capitaine le sait. Il doit réagir, donner un ordre…

« Ouvrez un canal de communication. »
« Capitaine ?! »
« Nous ne sommes plus en temps de guerre enseigne. Ce vaisseau n’est pas une menace à lui seule. »

Il n’est pas du genre à se justifier usuellement. Mais la situation l’exige. Ses pensées se précisent à mesure qu’il met des mots dessus. L’équipage comprend. Tirer sans sommation sur un vaisseau impérial ne représentant pas une menace directe n’est pas une bonne idée. Personne ne souhaite porter la responsabilité d’une reprise des hostilités alors que la paix est déjà si fragile entre les deux super puissances galactique…

« Canal ouvert, capitaine. »
« Ici le capitaine du patrouilleur Soleil Ardent… Vous êtes en territoire Républicain. Identifiez-vous immédiatement. Dans le cas contraire nous serons contraints d’ouvrir le feu et de vous détruire. »


Plusieurs secondes s’écoulent. Seul le grésillement des interférences causée par la naine blanche à seulement une poignée d’unités astronomiques de leur position lui répond. Son visage se durcit : sourcils froncés, moue sévère.

« Je ne le répèterait qu’une seule et unique fois… Ici le… »

Soudain un son à peine audible surgit des haut-parleurs de la passerelle. Inintelligible. Une voix humaine, comme un chuchotement étouffé par le vide glacial qui sépare les interlocuteurs. Avec une célérité héritée d’un entrainement rigoureux, le lieutenant en charge des communications externe ajuste les canaux de fréquence, précise le spectre, modifie les filtres atténuant le bruit galactique.

« … matricule 172737… matricule 172737… matri… »
« Qu’est-ce que… »

Pour la première fois depuis le contact, il se tourne vers ses hommes. Son regard se braque sur l’un de ses officiers.

« C’est un matricule Républicain ! Cherchez dans la base de données ! Je veux une réponse, vite ! »

C’est peut-être un piège… Mais il n'a pas le choix.

« Déployez le faisceau tracteur. Ne levez les boucliers qu’au dernier moment pour le faire entrer dans le hangar. Je veux trente hommes en arme. L’escadre de chasseurs en escorde rapprochée. Continuez de scanner. Au moindre signe d’activité suspect, désintégrez ce vaisseau… Alors ce matricule ?! »
« Républicain oui… Mais le dossier est classé ultra défense… Impossible de… »
« Fait chier ! Envoyez une requête prioritaire au commandement. Il nous faut des infos… J’ai un mauvaise présentiment… »


Quelques minutes plus tard, le capitaine déboule au pas de course dans un hangar saturé de soldats prêt à en découdre avec un hypothétique ennemi. Le rayon tracteur a déposé la navette impériale au centre. De l’extérieur, rien n’indique un danger imminent. Trois ingénieurs de bord lourdement protégés découpent méticuleusement la porte latérale qui donne sur le cockpit.

« C’est confirmé ? Une seule forme de vie ? »
« Affirmatif. Les signes vitaux sont de plus en plus faibles… Regardez… »
« Bordel, faites immédiatement venir l’équipe médicale… »


Enfin la porte tombe au sol. Gong sonore. Deux hommes se précipitent à bord, rapidement suivi par deux autres. Les premiers ressortent quelques instants plus part et hurlent :

« Y’a un type en vie ! Dans un sale état putain ! C’est pas beau à voir ! »

L’équipe médicale ne se fait pas prier. Elle entre et extrait le type. Le capitaine s’approche, l’observe, incapable de retenir une mine de dégout. Il a été salement amoché. Torturé même. Des traces de lacérations déforment son torse et son dos. Un bras coupé, probablement une vieille blessure… Mais le support de prothèse enfiché dans l’os du bras a été sauvagement découpée à grand coup de tenailles. L’autre main n’a plus rien d’humaine. Les doigts déformés par les multiples fractures, ongles arrachés. Nez brisé, mâchoire de travers, dents elles aussi arrachées pour la plupart. Mais le pire… C’est cette orbite vite. L’œil a été retiré, et la plaie cautérisée à plusieurs reprises pour raviver la douleur… Très certainement à l’aide d’une bâton électrique plongé directement dans la cavité vide… Il respire encore, c’est presque un miracle. Ces foutu Epicanthix sont increvables…

« Monsieur, on a trouvé sept autres cadavres à bord. Des impériaux. Ils ont tous été tués à mains nues… »
« Bordel, mais qui est ce type… »


Des bruits de course lui font tourner la tête. L’un de ses subalternes approche.

« On a eu des informations complémentaires capitaine… Trois fois rien mais… »
« Crachez le morceau bordel ! »
« Forces Spéciales. Escouade Typhon monsieur. Tout ce qu’ils ont bien voulu nous dire c’est qu’il a été porté disparu y’a plus d’un mois… Et qu’il était présumé mort… »
« Oui, et si on ne le fourre pas immédiatement dans une cuve de bacta, il le sera effectivement ! Aller ! Tout le monde se bouge ! »
« Et pour la navette ? »
« On la garde à bord… Je paye ma tournée si les services secrets ne nous tombent pas dessus pour la réquisitionner et récupérer les boites noires à notre prochaine escale… »


Et le capitaine n’avait effectivement pas eu à payer sa tournée, deux jours plus tard.


****

« Là ! Y’a un truc qui bouge ! »

Je sors de mes pensées. Il s’est écoulé quelques secondes ou bien de longues minutes ? Difficile à dire. Malgré mon retour en service actif, j’ai encore quelques séquelles. Comme d’hab, ces foutu intello m’ont retapé de la tête au pied. Sauf pour l’œil. Prothèse occulaire. Parait qu’il existe des trucs high tech… Mais j’en ai ma claque du High tech. J’ai opté pour la simplicité et la fiabilité. Bref. Moi je vois quedal. Même avec l’affichage tête haute… Mais Mad’, le sniper, a toujours eu une vue perçante. Il voit toujours tout avant tout le monde. Matt’, se ramène à son tour dans le cockpit. Bordel, j’ai pas donné l’autorisation de se détacher ! Ils en font qu’à leur tête, comme toujours…

« Il a raison ! Là ! C’est quoi ? C’est petit… »
« C’est quoi ? Un vaisseau ? Un oiseau ? »
« Un oiseau dans l’espace ? T’es sérieux ? »
« Bah quoi. Tu connais toutes les saloperies qui peuple cette foutue galaxie… Les Mynock par exemple... »
« Mais ça n'a rien à voir avec un ois... »
« Vos gueules. C’est notre guide. »


J’ai les yeux rivés sur lui. Un type en armure spatiale. Sous le casque je grimace. Déjà que je déteste ces foutues boites de conserves… Alors imaginez ce que je pense de ça. Les mecs qui kiffent se jeter la tête la première dans le vide spatial ont des cases en moins, c’est net. Zéro instinct de survie. Le moindre petit trou, et hop, ils passent au travers la cloison façon vieux films de SF. Très peu pour moi. Perso je préfère la boue, les ronces, et le bruit des corps qui tombent fauchés par les décharges de lasers.

« Notre guide ? Ah ouais. Ok. Je vois. Pas con. Sur que même si un enfoiré espionnait le système, il aurait du mal à repérer sa signature entre les astéroïdes… Mais se balader presque à poil entre ces foutus caillouis, avec tous les débris et les… »
« Ouais, c’est bon on a compris. Ce mec est barge, et tu le kiff déjà. »
« En tout bien tout honneur bien sûr. »
« Si tu le dis… »


Je soupire. Matt’ continue de faire l’étalage de ses connaissances techniques concernant ce type d’armure. Moi tout ce que je vois, c’est l’affichage tactique qui se met à jour. La silhouette passe elle aussi en vert copain. Raptor-11. Ces gars sont pas des débutants. Ça sent la grosse opération. La très grosse même.

« J’espère juste qu’ils ne vont pas nous coller, à nous aussi, ces foutus combinaisons de combat spatial… »
« Parle pour toi, boss ! Moi je signe direct ! »


Quand je parlais de cases en moins…

« Bref. Jett’. Tu lui colles au train. Plus vite on est arrivé… Plus vite on est arrivé quoi. »
« Ok… Reçu Raptor-11, on vous suit. »


Vivement qu’on arrive. J’ai envie de pisser.

****

Quelques minutes plus tard, hangar de la frégate de classe Justice,

Claquement des trains d’atterrissage sur le tarmac d’acier. Les amortisseurs couinent. Le hurlement des répulseurs s’arrête net. Les cloisons extérieures grincent sourdement, réchauffées par la température ambiance bien au-dessus du zéro absolu. Les Typhons se sont rassemblés au cul de la navette. Moi, en tête. Casque en main, je balance ma grosse paluche sur le bouton coup-de-poing qui n’a jamais aussi bien porté son nom. Sifflement des vérins hydrauliques. La passerelle de poupe s’ouvre. La vive lumière du hangar me force à plisser les yeux. Nous étions restés, par prudence, en mode furtif. Aussitôt l’air fade mille fois recyclé me rentre dans les narines. Il est frais. Quelques odeurs d’huile de moteur le parfument. Après avoir été enfermé des heures durant dans cette boite de conserve, il est appréciable. Quelque part, on troque une petite boite pour une plus grande… Mais elle est presque assez grande pour oublier qu’elle en est une… Si vous voyez ce que je veux dire…

L’extrémité de la rampe claque sur le sol. Je la descends, pose pied sur le bâtiment, fusil s’assaut en bandoulière, barda balancé sur l’épaule. Rien de très spécial. Le paquetage de base. Vêtements de rechanges, quelques chargeurs, des rations de combat, quelques grenades… Et les affaires personnelles indispensables à la bonne réussite de toute opération : comme mon vieux slip porte-bonheur. Ouais. Lorsque l’on met constamment sa vie en danger, que la différence entre la survie et la mort se joue à peu de détails, à quelques fractions de secondes, on devient vite superstitieux. Dans la limite du raisonnable… Sinon adieu la concentration sur le terrain. Bref. On n’a pris aucun matos spécial, on ignore tout de la mission. Ils nous fourniront ce dont on aura besoin…

Non loin, l’escouade Raptor nous attend. Au grand complet ? Si c’est pas le cas s’en est pas loin. Je repère direct notre guide. Il n’a pas eu le temps de retirer cette combinaison qui lui donne l’apparence d’un géant comparé à ses camarades. Deux fois plus haut, trois fois plus large. Sans parler du réacteur dorsal à l’arrière… A se demander comment le type fait pour ne pas tomber sur le dos comme une putain de tortue terrestre.

Je les salue. Rapidement imité par mes hommes. On a une réputation de chieurs qui n’écoutent pas toujours les ordres… Mais on sait se tenir en société hein. Enfin. En société militaire. Dans le civil c’est autre chose. C’est trop compliqué. J’ai jamais rien compris aux civils. Ils mériteraient pour la plupart de recevoir une bonne paire de claques pour les remettre dans le droit chemin… Mais la dernière fois que j’ai tenté, j’ai pris un blâme. Un de plus, héhé. J’ai arrêté de les compter.

« Escouade Typhon au rapport. Alors c’est quoi le plan ? C'est bientôt les fêtes de fin d'année : on va sonner à quelques portes pour distribuer des pains maisons encore chauds ? »

Les mots s’échappent de ma gorge et avec eux la tension nerveuse accumulée par l’attente dans la navette s’évapore. Bordel. J’suis grave en forme. Prothèse lance-flamme parée, armes nettoyées. L’excitation et l’adrénaline commencent tout doucement à couler dans mes veines, charriant ce feu qui me réchauffe les muscles. Vivement qu’on passe à l’action. Mais avant ça…

« Pouvez juste m’indiquer les chiottes les plus proches ? La pause technique s’impose… Faut que je vidange le hammerhead, si vous voyez ce que je veux dire… »

Dans mon dos, Matt’ ricane. Tandis que Mad lève les yeux au ciel. Jett’ est en retrait, et Mac, comme à son habite est aussi discret d’un fantôme. On en oublierait presque sa présence. Seule Jez’ manque à l’appel. Elle est toujours en convalescence depuis la dernière mission… Et puis, les missions dans l’espace, c’est vraiment, mais vraiment pas son truc. La plante ne supporte pas le manque de lumière naturelle.

Ouais. Franchement. Pour une fois j’ai un bon pressentiment. J’me dis que cette opé commence plutôt pas mal.
Kaldor Mantell
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La navette venait de se poser dans le hangars, l'arrière pointé vers l'escouade Raptor qui les attendait, fixes et droit comme des piquets.

Sylvia Nad, la sergente Zeltronne, regarda avec son escouade la rampe d'accès s'abaisser puis se claquer au sol. Les occupants débarquèrent : cinq militaires, dont trois humains (ou proche-humains) et deux aliens. Elle prit le temps de tous les regarder, dissimulant un petit sourire : c'est qu'il y avait du beau gosse dans le lot !

Leur chef, que la Zeltronne identifia rapidement comme étant un Épicanthix, salua les Raptors, aussitôt imité par ses propre hommes. Gardant son éternel sourire sur le visage, Sylvia répondit au salut, également imitée par sa propre escouade.

« Escouade Typhon au rapport. Alors c’est quoi le plan ? C'est bientôt les fêtes de fin d'année : on va sonner à quelques portes pour distribuer des pains maisons encore chauds ? »

Quelques rires, surtout venant de Denvor, alias Raptor 6, le médecin a l'humour facile. Il réfléchissait déjà à quoi répondre que le géant reprit la parole.

« Pouvez juste m’indiquer les chiottes les plus proches ? La pause technique s’impose… Faut que je vidange le hammerhead, si vous voyez ce que je veux dire… »

Les Typhons eurent chacun leur réaction : ricanement, yeux levés au ciel (du moins, le plafond du hangars)... Les Raptor réagirent de la même manière, à l'exception de la sergente qui le regardait toujours droit dans les yeux, obligée de lever la tête.

Elle zyeuta le gaillard en face d'elle, prenant le temps de le détailler rapidement, en particulier la fameuse zone où se trouverait ce fameux Hammerhead, avant de répliquer d'un ton franc et léger, son éternel petit sourire aux lèvres :

« Hé bien, votre réputation vous précède, Caporal-chef Kessel. Oui j'ai lu votre dossier, c'est un honneur pour nous d'avoir les Typhons dans cette opération. »

Elle prit le temps de passer devant chacun des membres renforts, leur adressant un grand sourire, les saluant, leur serrant même la main :

« Caporal Laguille, Mad' c'est bien ça ? Vos talent de tireur seront appréciables, je suis sûre que vous vous entendrez bien avec Raptor 4, n'est-ce pas Brosur ? »

Fit-elle en se tournant vers le noble tireur d'élite, ce dernier acquiesça. Nad poursuivit :

« Caporal Matthew, Matt' n'est-ce pas ? Jolis muscles, technicien militaire si je me trompe pas, je pense que vous vous entendrez bien avec nos propres spécialistes en la matière. »

À ces mots, les Raptor 8 et 9, Moran et Aela, respectivement l'experte en explosifs et la mécanicienne, lui firent un petit signe de tête. La Zeltronne fit ensuite face au Besalisk, le deuxième plus grand de l'escouade, si grand qu'elle devait lever la tête pour le voir dans les yeux.

« Gladax Jet'star, Jett'. Vos talents de pilotage et de piratage nous seront utiles, quelque chose me dit que le Caporal-chef Drann et la Caporale Nova et vous avez des astuces à échanger. »

Lorsqu'elle les mentionna, le cyborg et la Zabrak ricanèrent. Rien de moqueur, bien entendu. Puis Sylvia se trouva ensuite devant le cathar.

« Et qu'avons-nous là ? Mac, pisteur et expert en survie en milieux sauvage, si je ne m'abuse ? Nous avons également notre propre traqueur, qui... Où est-il d'ailleurs ? »

Elle s'était retournée à nouveau vers son escouade, cherchant l'autre cathar des yeux, mais ce dernier était tout aussi discret que Mac, aussi il ne prit la parole qu'une fois le silence tombé pour indiquer sa présence.

« Présent...
Ah ! Oui donc, comme vous le voyez, il est assez timide, mais c'est un chic type. »

Au compliment de sa supérieure, Sikak Nashu, compère du Typhon, se contenta de remuer légèrement les oreilles. La rouge roula des yeux, il était vraiment muet quand il s'y mettait celui-là...
Puis, elle revint devant Kessel, mains dans le dos, son inspection se terminant par l'Épicanthix, toujours souriante.

« Et pour finir, Korgan Kessel, c'est curieux que vous n'ayez pas de diminutif, je m'attendais à ce qu'on vous surnomme Korg' ou Kess'... Ça vous irait bien, mais bref ! Je crois comprendre que si l'objectif nécessite une véritable intervention musclée, vous seriez l'homme de la situation, et ça tombe bien, on n'a jamais assez de bras pour ce genre d'opération. Quel dommage que la Jedi... Jesaëlle c'est ça ? Ne soit pas là, un médecin en plus nous serait utile, n'est-ce pas Doc' ? »

Lança-t-elle en se tournant encore une fois vers les Raptor, ce à quoi le médecin Denvor répondit :

« J'ai cru comprendre que c'était une belle plante, huhuhu »

Son jeux de mot sur l'espèce de la Jedi absente fit rouler les yeux de certains. Denvor était connu pour son humour léger et facile, une habitude prise pour ne pas sombrer dans la dépression. Ne dit-on pas que le rire est la meilleure des médecines ?

« … Enfin bref, ravie que vous nous ayez rejoins. Le Caporal Mantell vous mènera à vos quartiers pour que vous puissiez déposer vos paquetages, on vous attend dans la salle de briefing pour dans... dix minutes. J'ai cru comprendre qu'il y a un Hammerhead à vidanger... Au fait Kessel, visez droit, et rapprochez-vous, certains vaisseaux sont plus petits qu'on ne le pense. »


La phrase fut accueilli par des exclamations de la part des Raptors, le genre MLG « Popopoooooooo !! Bienvenue chez les Raptor, appliquez de l'eau sur la brûlure ! Rip in pepperoni !», et autres joyeusetés.

Finalement, la rouge se détourna des Typhons, faisant signe à son escouade de la suivre, laissant Kaldor seul face aux six autres.

Ce dernier avait retiré son casque, pouffant encore de la pique lancée par Sylvia, avant de guider les Typhons vers les quartiers qui leur seraient attribués le temps de leur affectation.

Ils traversèrent un long couloir, éclairé par les néons au plafond, une petite fenêtre d'observation sur la droite donnant une vue sur les étoiles. Le Mantellien se tourna vers ses camarades :

« Vous inquiétez pas, la sergent Nad est une officière sérieuse, c'est juste pour détendre un peu l'atmosphère, vous savez comment sont les Zeltrons avec les émotions, tout ça... Et puis, vous lui avez tendu la perche caporal-chef Kessel, et c'est le genre à bien les saisir et à s'en servir, si vous voyez ce que je veux dire... »

Dit-il d'un ton taquin en remuant son poing fermé de haut en bas. Durant le trajet, au détour des couloirs, ils croisèrent quelques autres membres de la 52ème, ou bien un membre d'équipage du vaisseau, ou encore un droïde, chacun vacant à ses occupations, mais ne manquant pas de se saluer entre eux. Kaldor reprit, s'adressant à nouveau à Kessel.

« En tout cas, elle vous a de suite à la bonne, continuez comme ça et je sens qu'elle vous sautera dessus après la mission, et je peux vous affirmer personnellement que ses hangars gèrent bien les Hammerheads. » ria-t-il en continuant de marcher, le dos tourné vers l'avant. Il connaissait bien le vaisseau, aussi il parvint à les mener à destination sans problèmes.

Les quartiers des escouades se trouvaient au bout d'un croisement, il leur indiqua leurs chambres.

« À gauche c'est nous, vous aurez les chambres à droite, chacun la sienne, même si elles ne sont pas attitrées, vu que les autres escouades sont ailleurs en ce moment, et comme ils prennent toujours leurs affaires, vous ne risquez pas de trouver une culotte ou un béret sous l'oreiller. Les toilettes sont au bout du couloir, je vous retrouve ici après m'être changé. »

Leur adressant un signe de tête avec un sourire amical sous sa cagoule, Kaldor se dirigea vers sa propre chambre pour se changer.

La pièce en question était similaire à toutes les autres chambres du vaisseau : ni trop grande, ni trop petite, un lit, une armoire pour les affaires, un bureau qui fait également poste de travail, avec un ordinateur branché dessus, et pour couronner le tout, une fenêtre qui donnait également sur le vide intersidéral. Kaldor gardait toujours ses affaires parfaitement pliées et rangées, son lit était constamment fait au carré, le bureau nettoyé et la chambre en elle-même était très propre. Une habitude qui lui était rentrée dans le crâne très rapidement durant ses classes. On y trouvait cependant deux ou trois posters play-boy sur un des murs, représentant bien évidemment de jolies femmes, humaines, proche-humaines et quelques aliens, très peu vêtues et dans des positions suggestives pour certaines. Un support holographique, posé sur le bureau, affichait un holo-calendrier qui faisait également horloge et réveil.

Lorsque Kaldor ressortit de sa chambre, moins de trois minutes plus tard, il était vêtu de son uniforme républicain rouge et or impeccablement repassé, son béret rangé dans une poche de cuisse de son pantalon. Il attendit que les Typhons se rassemblent pour les mener d'un pas rapide vers la salle de briefing.
Korgan Kessel
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Raide comme une bite un soir de baise, je mate la sergent droit dans les yeux. Cerveau en ébullition, sens en éveil. Je ferme ma gueule et analyse. Ouais. J’analyse. Si j’ai balancé toutes ces conneries, c’est pas juste pour le fun. Un bon soldat, c’est pas simplement un type qui sait tuer, qui a été formé pour en prendre plein la tronche. Non. Un bon soldat, c’est avant tout un gars capable de prendre les bonnes décisions en quelques fractions de secondes… Et de vivre avec les conséquences jusqu’à la fin de ses jours, même si ça implique des morts sur la conscience ou des membres en moins.
 
Bref. J’analyse, je teste l’ambiance générale, l’état des esprit de ceux qui me font face. Les Raptors je les connais pas. Encore moins leur chef d’escouade. Je veux savoir à qui j’ai à faire : des coincés du cul à cheval sur la discipline, ou bien une équipe de barges comme la mienne ouverts aux improvisations de dernière minute… En tout cas, tout ce que je peux dire pour le moment, c’est qu’ils ne prennent pas la mouche. Les mines se décrispent. Ces gars et des femmes sont assez pro pour afficher une bonne humeur à l’aube d’une mission importante… Et assez open d’esprit pour se marrer des mes conneries. Bon feeling. Je sens direct que le courant passe bien. C’est bon signe. Même si on est pas là pour se fendre la poire, la bonne ambiance est un prérequis nécessaire à la cohésion de groupe. Une cohésion qui peut faire la différence sur le terrain lorsque l’enfer s’abat sur votre gueule… Y’a rien de pire qu’un connard à l’égo surdimensionné qui met quelques secondes de trop pour écouter vos remarques et réagir en conséquence.
 
Mais voilà. Faut pas se fier aux apparences. L’uniforme ne fait pas le soldat. C’est ce que m’a appris l’expérience. Sur le terrain, les gens ne sont jamais les mêmes. J’inspire un coup. Visage fermé, gueule serrée. Je laisse la Zeltronne terminer les présentations. On peut dire qu’elle a fait son taff. Elle a check nos dossiers. Elle sait qui nous sommes. Ce qui signifie que notre coopération a été prévue en haut lieu bien avant. En soit c’est positif, y’a de la préparation…. Même si les grosses têtes du commandement n’ont pas jugé bon de nous le dire. Ouais. On arrive avec la bite et le couteau, sans rien s’avoir de la mission. On sait même pas dans quel cadran galactique stationne cette foutue frégate. Opération discrète. Gros moyens. Peu probable qu’on aille titiller de l’impérial vu le contexte… Mais toutes ces procédures indiquent clairement qu’on va agir derrière les lignes territoriales Républicaines. Une grosse opération. Frapper fort et dégager vite. Avant que les vagues ne puissent éclabousser les types qui se pavanent dans les hautes sphères politiques. Un grand classique j’ai envie de dire.
 
Elle referme la gueule après avoir donné ses dernières instructions. La seconde suivante je beugle un :
 
« Chef oui chef ! »
 
Tout ce qu’il y a de plus réglementaire… Je ne relève pas l’ultime pique. Concernant mon hammerhead. En toute honnêteté, j’ai passé l’âge de me formaliser sur la taille de ma bite. Mais la remarque est bien placée. Y’a du répondant. Ça sent le gradé proche de ses troupes, qui a su gagner leur respect par ses actes, et peut se permettre de lâcher de telles énormités pour amuser la galerie sans rien perdre de son autorité. Bon feeling confirmé. Les Raptors se tirent, les gueules décontractées par l’atmosphère générale. Je fais volte-face, mate mes gars un par un. Ils sont aussi l’air détendu. Matt me mate, les yeux brillants, l’air de dire : « putain ce qu’elle vient de te mettre ». Bref. Je leur fais un signe de la tête. On connait tous la procédure. Jett’ lâche l’énorme cantine blindée contenant nos armes sur le tarmac. Claquement sonore qui se répercute en dizaines d’échos. Déjà deux soldats de rang se rapprochent pour emporter le tout à l’armurerie. Nous, pendant ce temps, on emboite le pas à Mantell. Un connard qui porte le nom d’une planète. J’en connais un autre haha.
 
Rapidos, on se retrouve à arpenter un large couloir. Rien de bien folichon. Tous les vaisseaux républicains sont aménagés suivant les mêmes règles. Sobriété, efficacité. Y’a pas un câble qui dépasse d’une cloison. Je distingue la silhouette d’un petit droïde de nettoyage qui disparait à l’angle d’une intersection. Chaque fois qu’on croise un être en uniforme le scénario se répète : échange de regard, salut militaire vite fait bien fait. Pas de temps à perdre, mais le respect et la discipline sont la base. Même mes gars s’y plient, alors qu’ils ont la réputation d’être intenables… Le caporal qui nous guide entame la conversation. Je l’écoute en fronçant des sourcils. A mon tour de lancer des piques :
 
« Un peu de respect Caporal ! »
 
Réponse sèche. Je braque mon regard dans le sien. J’ouvre la bouche pour enfoncer le clou, mais je me fais devancer par un Mat’ survolté :
 
« Clair ! Insinuer que les hangars de sa supérieure peuvent faire manœuvrer un hammerhead sans risquer de rayer les cloisons, c’est une grave insubordination ! »
 
Mad’ explose de rire, et reprends, du tac-o-tac, en foutant un coup de coude à Mat’ :
 
« C’est ta manière détournée de dire qu’il faut en stationner un deuxième ? Le tient peut-être ? »
 
Malgré moi, j’peux pas m’empêcher de lâcher un sourire amusé. Merde, quelle bande de guignol. Parait qu’on a les hommes qu’on mérite. Bordel, j’ai dû massacrer une armée de bébé Cathar dans une autre vie pour mériter ça. Je lève les yeux au ciel, lève une main pour leur intimer l’ordre de ne pas en rajouter une.
 
« De toute façon, comme on dit chez moi : c’est pas la taille du hammerhead qui fait la puissance du jet de pisse. Moi tout ce que je veux, c’est me vider la vessie et partir au combat. Pour le reste, je passe. »
 
J’suis pas du genre à prendre la mouche. Faut savoir garder la tête froide quand on est dans les Forces Spéciales. Mais j’ai jamais été un grand communiquant. Ni un mec sympa en vrai. C’est comme ça. Et ce genre de sujet me met très mal à l’aise. Déconner ok. Mais là, la pente est bien trop savonneuse à mon gout.
 
Du coin de l’œil, je distingue Jett’ qui fait de grands signes à Mantell. Il se passe la tranche de la main devant la gorge, pour lui signifier un truc du genre « stop, sujet sensible. » Mais je l’ignore royalement. J’suis pas d'humeur à causer de partie de jambes en l’air. Mauvais plan entre militaires. Encore plus avec une gradée. Surtout que… Ouais, tout le monde connait la réputation des Zeltrons, y’a pas besoin de se faire des films, on en a tous vu quelque uns… Enfin, on arrive aux box. Le caporal nous fait le speech. Individuels. Grande classe. Privilège des Forces Spéciales. On nous chouchoute un peu avant de nous envoyer la tête la première dans la merde. Rien d’exceptionnel, mais tout le confort nécessaire est là. Je file mes ultimes consignes avant de passer le pas de la première porte.
 
« Trois minutes, pas plus. On pose les affaires, on garde les armures. On avisera après le breifing. Evitons de se faire remarquer en arrivant en retard. Quand on aura plus d’info on avisera. »
 
Je rentre. La porte se referme automatiquement derrière moi. Un lit rudimentaire, une commode sans personnalité. Un bureau, un miroir au mur. Un autre meuble avec cadenas à code pour les affaires plus personnelles. On a beau être sur un bâtiment militaire, y’a toujours des connards qui fouillent et volent leurs camarades. Mieux vaut ne rien laisser trainer. C’est comme ça. Faut pas se faire de film. L’armée c’est un condensé de la société civile, avec des règles plus strictes et un mode de vie bien différent… Mais on retrouve les mêmes : y’a des types bien, y’a des connards, y’a des gens honnêtes comme y’a des enflures. C’est comme ça.
 
Bref, les secondes sont comptées. Je balance mon sac sur le lit, tire la zipette et commence à ranger mes affaires personnelles en réajustant les plis. Quelques slips, des chaussettes, deux pantalons jogging, plusieurs marcels blancs comme des culs de pute des bas-fonds de Coruscant… Du genre à prendre un coup de soleil sur la croupe juste en croisant le chemin d’un néon. Et mon uniforme rouge et or. Je marque une pause, l’observe, pensif. J’ai pas souvent l’occasion de le porter pour être honnête. Je passe généralement de l’armure de combat aux blocs médicaux, pour repasser assez vite en armure de combat. Au niveau du cœur, il porte une broderie tissée de fils d’or. L’un des plus hautes distinctions militaires. Pour le sauvetage de Félucia, remise des mains même de la Chancelière Kira. Y’a assez de place sur la poitrine pour y accrocher les autres décorations que j’ai reçu. Mais je déteste ça : me pavaner avec des machins bling bling alors que j’estime seulement faire mon taff. Du coup j’en porte aucune.
 
Rapidement, tout est rangé dans la commode. Je place le casque et les gants lourds de l’armure dans l’autre meuble, et m’assure qu’il est bien verrouillé. Je me fige l’espace d’une longue seconde devant mon reflet dans le miroir au-dessus du bureau. L’implant oculaire est juste bluffant. A part les tissus cicatriciels encore rose vif autour de l’orbite, il est impossible de distinguer le vrai œil du faux. Même moi, je ne ressens rien, comme s’il avait toujours été là. La médecine fait des miracles hein… Et elle ne manque pas de blessés de guerre pour faire des bonds redoutables dans tout ce qui touches aux technologies de reconstructions bioniques.
 
Je soupire. Plus les années passent, moins y’a de chair sur ma carcasse. Un avant-bras, la moitié de ma gueule, une couille, mon colon… Et maintenant l’œil. A quel stade passe-t-on officiellement du statut d’Epicanthix à celui de Cyborg ? Je l’ignore, et je m’en branle. Je quitte mon reflet des yeux, et me précipite hors de la chambre.
 
Mantell est déjà là. Je suis le second. Je l’observe, il m’observe. Raptor-11 hein. Son uniforme ajusté laisse deviner un corps entretenu. C’est un beau bébé, aussi grand que moi. Mais pas aussi massif. Un beau spécimen, taillé pour l’action… Et dont les traits me font dire qu’il est proche de la trentaine. C’est pas un bleu. Je lui décoche un sourire en coin, amical. J’ai peut-être été un peu sec avec lui. Il a l’air d’être un bon gars.
 
« Alors ? Ca fait longtemps que t’es chez les Raptor ? T'as été largué sur quels théatres d'opérations ? »
 
A peine j’ouvre la gueule, que les cloisons vibrent sourdement. C’est presque inaudible, mais caractéristique. La frégate accélère. Les autres Typhons sortent en trombe de leur chambre. Tout comme moi, ils ont laissé tomber le casque et les gants, mais ont conservé le reste de l’armure. Faut dire, c’est pas le genre de truc qu’on s’amuse à retirer en trente secondes pour la poser sur un coin de lit. Chacun des éléments vaut une petite fortune… On passera à l’armurerie plus tard pour les retirer et les stocker convenablement… Enfin, si on nous en laisse le temps.
 
« On bouge boss ! »
« Ouais, j’ai cru remarquer. »
 
Je me tourne vers Mantell
 
« Bon, c’est le moment de me montrer où sont les chiottes, parce que mon instinct me dit que tout va vite s’enchaîner, non ? »
Kaldor Mantell
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Nad venait de faire son speech et de délivrer ses instructions, puis elle et les autres Raptor partirent directement en salle de briefing. Jett', le Besalisk, laissa une lourde cantine, contenant le matériel des Typhons, sur le sol du hangard, aussitôt récupérée par deux soldats.

Kaldor mena donc les invités le long des couloirs, et comme indiqué précédemment, leur parla sur un ton mi-taquin, mi-complice des habitudes de la Zeltronne.

« Un peu de respect Caporal ! »
 
Oh... Kaldor aurait-il été trop familier ? L'Épicanthix braqua son regard sur le Mantellien, qui le soutint sans ciller, sans chercher à fuir ou à le provoquer d'avantage. Kessel s'apprêtait à parler d'avantage, mais il fut devancé par Mat', si Kaldor avait suivit, c'était le technicien :
 
« Clair ! Insinuer que les hangars de sa supérieure peuvent faire manœuvrer un hammerhead sans risquer de rayer les cloisons, c’est une grave insubordination ! »
 
Le troisième, Mad', le sniper, éclata de rire :
 
« C’est ta manière détournée de dire qu’il faut en stationner un deuxième ? Le tient peut-être ? »

Finalement, Kessel lâcha un sourire, en même temps que Mantell qui ricana également à la remarque, il avait même envie de renchérir lorsqu'il vit le signe de Jett qui voulait dire que la blague devait s'arrêter. C'était peut-être mieux ainsi, après tout ils venaient tout juste de se rencontrer, et ce n'était pas pour boire un verre, mais bel et bien pour une mission, rien de plus.

Finalement, ils arrivèrent aux chambres, et le caporal leur fit le petit speech. Maintenant que Kaldor était changé, il fut rapidement rejoint par Kessel.

Les deux hommes se regardèrent à nouveau, prenant le temps de se détailler. Maintenant qu'il le voyait de plus prêt, le Mantellien remarqua qu'il était aussi grand que l'Épicanthix, mais que ce dernier était plus massif, une véritable armoire à glace ! Nul doute qu'il était aussi bien du genre à encaisser qu'à frapper fort, très fort même, là où Kaldor était plus du genre à éviter les frappes et riposter à distance le plus longtemps possible.

Les autres Typhons ressortirent de leurs chambres, et la navette commençait à accélérer, le mouvement trahi par la vibration sourde des cloisons. Il ne fallait pas s'éterniser. Kessel redemanda les toilettes, ce à quoi Kaldor répondit en lui montrant la porte au fond du couloir. Durant les quelques minutes où le colosse était partit se soulager, le Jet-trooper attendait, parfaitement immobile, pour ensuite guider à nouveaux les Typhons dans les couloirs du vaisseau.

Comme pour le premier trajet, ils recroisèrent d'autres soldats et membres d'équipages, et comme pour le premier trajet, les saluts furent échangés dans le plus strict respect du protocole militaire. Et, tout comme le premier trajet, Kaldor se retourna vers Kessel sans s'arrêter de marcher, de dernier lui avait bien demandé où le Mantellien fut largué :

« Ça fait dix ans que je sers au sein de l'escouade, et la 52ème Compagnie, donc là où nous nous trouvons, existe depuis quinze ans maintenant. On est là pour surveiller les frontières avec les territoires Hutts, et je peux vous dire que le dégommage de pirates est notre spécialité. Pour la deuxième question... J'ai été, enfin les autres aussi, sur Dubrillon en 567 suite au discours de la vieille Kira... Nous étions parmi les premières vagues, il fallait faire taire les DCA Impériales sur lesquelles on était directement largués... C'était ma première fois à la guerre, pour d'autres, ce fut la dernière également... Pis après c'était Dathomir, puis Columex... Six ans de guerre... Putain j'ai parfois l'impression que ça s'est fait hier... »

Sa voix, tout comme son avancée, s'était ralentie... Il y avait des nuits où il n'arrivait pas à dormir, et lorsqu'il y parvenait, les cauchemars arrivaient, son esprit lui des souvenirs du passé : le ciel nuageux de la planète, les explosions de DCA, les navettes qui éclataient en plein vol, avec ou sans passagers, ses camarades qui chutaient pour ne s'arrêter qu'au sol, il se souvenait parfois d'avoir entendus leurs derniers cris, leurs derniers pleurs, les noms de leurs proches dans les radios... Et il finissait toujours par se réveiller en sursaut, trempé de sueur... et Nad le prenait dans ses bras, le rassurant qu'il était en sécurité et que tout allait mieux.

C'était l'une des raisons pour lesquelles il préférait l'espace : pas de bruits, pas de cris, juste le silence et le calme absolu...

Le caporal s'ébroua comme un animal avant de se donner une claque :

« Bref, j'ai mes marques quoi ! Bon, j'ai aussi eu des médailles, mais honnêtement je les gardes pour l'uniforme d’apparat, il paraît que ça fait son effet dans les soirées, surtout auprès des filles, haha... Bon je rigole, mais le toubib nous a dit que l'humour peut apaiser les séquelles... »

Reprit-il d'une voix hésitante, il souffla un bon coup avant de reprendre ses esprits : se lamenter ne servirait à rien, surtout en présence d'autres baroudeurs qui en avaient sûrement connus des pires. Non, il ne demanda pas aux Typhons où ils furent largués à leur tour, quand la question émanait d'un subalterne, cela pouvait très mal passer selon le type d'individus. Au pire il leur demandera après la mission...

« On n'est plus très loin, juste au bout du couloir... »

Et effectivement, ils étaient enfin arrivés à ladite salle de briefing, là où les autres Raptor attendaient. Le caporal-chef Drann, cyborg répondant à la désignation Raptor 2, leur fit signe depuis l'entrée de la pièce lorsqu'il les vit.

La salle de briefing où ils étaient était très grande, il y avait de quoi accueillir les deux escouades réunies qu'il y aurait encore de la place. Une fois que les militaires furent à l'intérieur, la porte se ferma, puis tous entourèrent le projecteur holographique qui pointait vers le mur du fond.

La sergent Zeltron se trouvait dos à ce mur, la télécommande du dispositif dans une main et un petit datapad dans l'autre. Lorsque le briefing put commencer, elle prit la parole, son ton rieur laissant la place à une voix plus sérieuse :

«Bien, vous vous doutez qu'on ne réunis pas deux escouades pour qu'on aille boire un verre, ou alors nos chefs ont une drôle de vision de la cohérence inter-armée...  »

Petits ricanements dans la salle tandis qu'un sourire fit une rapide apparition avant qu'elle n'appuie sur la télécommande. L'appareil diffusa alors sur le mur blanc l'image holographique d'une station.

La station diffusée en image:

« Ceci messieurs-dames, est la station Dipexer, elle fait l'objet d'une surveillance via nos services secrets depuis un moment déjà. Elle sert de plate-forme de transfert et de ravitaillement pour l'une des trop nombreuses branches de l'Échange dans leurs trafic en tout genre. Si la station n'est pas encore vaporisée, c'est tout simplement car la République était trop occupée dans la guerre, puis à surveiller les Impériaux avant la signature du traité récent... Ce qui a permit à ces fumiers de foutre un sacré bordel dans nos mondes les plus éloignés, y compris dans l'espace neutre. »

Elle appuya sur un bouton, et l'image de la station fut rétrécie et placée dans le coin supérieur gauche tandis qu'une partie de la carte galactique était à présent affichée.

« Comme vous le voyez, ils se sont installés en plein territoire neutre, en périphérie de la Route Commerciale de Triellus, ou comme les gens l'appelle : L'autoroute des Hutts. L'Échange a dernièrement décidé, toujours d'après nos gars du Renseignement, de passer à la vitesse supérieure dans leur trafic de drogue avec l'Empire. Ils auraient réussis à développer un nouveau type de dopant, dont nous ignorons malheureusement les effets. Nous avons juste eu le nom de code Sable Rouge. »

Courte pause, l'image de la station reprit de l'ampleur.

« D'après les rapports, on peut être sûr que l'Échange prévoit de profiter du bordel qui se passe chez les Impériaux pour faire la promotion de son nouveau médoc. Une grosse livraison serait prévue, quant à savoir si c'est pour les forces rebelles ou loyalistes, nous n'en savons rien... Et en toute honnêteté, on s'en branle ! »

Un autre bouton fut appuyé, et le plan d'attaque apparut sur l'hologramme.

« Nous attaquerons sur trois fronts en même temps, afin de ne leur laisser aucune chance de s'enfuir. Notre frégate, la Sentinelle, s'occupera du quai n°1, nos deux escouades prendront chacune une navette, l'escouade Typhon abordera le quai n°2, les Raptors prendront le n°3. Nos chasseurs feront diversion pour que les tourelles de défenses nous ignore, mais ça va quand même secouer sévère. Nos objectifs sont les suivants : récupérer un gros échantillon du dopant, la République pourra l'analyser, puis détruire la cargaison restante.

Il nous faudra capturer ces connards de l'Échange pour en savoir plus sur leurs opérations, mais vu qu'ils ne se laisseront pas faire, on va privilégier les chefs et les ordinateurs, du moins si ils ne les détruisent pas. Même chose pour les Impériaux : plus nous en savons sur cette rébellion en cours, mieux nous sauront réagir si ils franchissent nos frontières. Malheureusement, nous ne savons pas combien d'ennemis seront à bord, mais attendez-vous à ce que nous soyons en infériorité numérique une fois à l'intérieur. Quant aux chef... Attendez-vous à tout, même à un ou plusieurs Sith si il le faut... »


À peine venait-elle de dire ça que les autres, surtout les Raptors, eurent un hoquet de stupeur :

(Aera, Raptor 9) « Un ou plusieurs Sith...
(Denvor, Raptor 6)- Ça s'annonce mal...
(Drek, Raptor 7)- Ça va saigner ouais !
- Silence ! »

Fit la sergent, obtenant le résultat escompté, mais ça n'empêcha pas certains, y compris Kaldor, de déglutir d'appréhension. La Zeltronne soupira, fermant brièvement les yeux.

« Écoutez, je sais que nous ne sommes pas habitués à affronter un Sith, ça serait même la première fois, mais il y a aussi la possibilité qu'il n'y en ait pas. Quoiqu'il en soit, nos objectifs restent les mêmes, mais je refuse de vous envoyer au casse-pipe, vous le savez bien. Je ne vous le cache pas, cette opération est sûrement l'une des plus grandes depuis l’existence même de la 52ème, mise à part la guerre. Rappelez-vous que nous ne cherchons pas la gloire, mais en réussissant, nous porterons un coup dur aussi bien à l'Échange qu'à l'Empire ! On ne vas quand même pas laisser passer une occasion pareil, c'est le genre à ne pas se reproduire ! Et si il y a des siths à bord, alors lis verront pourquoi les Forces Spéciales Républicaines méritent leur titre ! Qu'en dites-vous ? Vous êtes près à débuter vos collections de trophées de guerre ?! »

Les soldats, surtout les Raptors, se levèrent en poussant des acclamations plus que motivées. La sergent était satisfaite de son effet : son discours, avec une pincée de phéromones diffusée pendant tout le briefing pour les rendre plus réceptifs, avait fait mouche. Elle retrouva le sourire :

« Parfait ! Voilà ce que je veux voir ! Et quand ça sera fini, on se fera plaisir avec quelques jours de perm' ! C'est vous qui choisirez l'endroit. »

Nouvelles acclamations, il faut dire que ça faisait longtemps que l'escouade ne s'était pas reposé. Quant aux trophées de guerre, le code militaire était très claire : seules les parties anatomiques et les substances illicites sont interdites, le reste (principalement des armes, des armures, des drapeaux et autres symboles) était autorisé, certains pouvaient même rapporter une belle prime !

« Bien ! La frégate va passer en hyper-espace dans deux heures, on a une demi-journée de trajet qui nous attends. Avant qu'on aille manger, vous avez des question ? »
Korgan Kessel
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Je tique. Laisse échapper une grimace. Fugitive. La « vieille Kira » hein ? Intérieurement je soupire. Extérieurement je reste impassible, silencieux. C’est ni le lieu ni l’endroit pour débattre du sujet. Force est de constater que les armées sont clivées, divisées concernant Kira, la légitimité de sa guerre surprise. Y’a ceux qui, comme moi, auraient préféré aller au bout. Au fond. Ouais, on aurait morflé, je n’en serais peut-être même pas revenu. Mais à quoi bon tous ces morts si c’est pour stopper les hostilité du jour au lendemain ? Bonne décision ou non, cet arrêt brutal a rendu les sacrifices de mes frères d’armes complètement inutiles. Quel gâchis…

Mais d’un autre coté je pige aussi. Ouais, j’suis pas aussi con que j’en ai l’air. Enfin, quand j’le veux. Les premiers assauts ont été une boucherie. L’Empire, en face, c’est pas une bande de pirates ou de mercenaires. Dubrillion, Gravelex Med, Columex… On y a laissé du monde. Des bons soldats. Alors, ouais, je pige ceux qui regrettent. La guerre c’est jamais joli à voir quoi qu’il arrive. Mais c’est aussi trop facile de faire la morale après coup. Moi aussi j’ai commis des erreurs sur le terrain. Des erreurs qui ont pu couter des vies. Avec le recul je pourrais me dire que j’aurais pu faire autrement. Mais je m’y refuse. Y penser, c’est comme se broyer de l’intérieur à grand coup de pelles mentales. Ce qui est fait est fait. Ce qui compte c’est d’être convaincu d’avoir pris la décision qui s’imposait sur le moment, dans le feu de l’action, avec seulement les éléments à sa disposition.

Les Raptors ont beau être une escouade d’élite, ils ont jamais été destinés aux assauts planétaires. Alors, ouais, j’peux piger qu’ils aient mal vécu les affrontements, bien loin de leur habituelles chasses aux pirates aux frontières dans les zones grises. Malgré tout, je reste sur mes positions. Kira a eu raison. Cet empire est un prédateur à notre porte. Un jour ou l’autre, on baissera la garde et il nous bouffera le bras comme il l’a fait sur Artorias, sans sommation. Bordel de merde. C’est comme aller chez le dentiste. Tu sais que tu vas en chier, que tu vas y laisser des dents… Mais c’est pour aller mieux ensuite. Sans ensuite, la douleur n’a plus aucun sens. Et si tu ne fais rien, l’infection te rongera de l’intérieur.

Je secoue la tête. Notre petit groupe a croisé plusieurs soldats que je n’ai pas salué, enfoncé jusqu’au fion dans mes pensées noires. Mais je rattrape le train en route, je recolle aux wagons. Je fais, sarcastique :

« L’important c’est de faire son taff. Et de bien le faire. Les médailles ce n’est rien de plus que des babioles… Des babioles que nous filent les politicards et les gradés pour dormir tranquille en ayant la sensation de nous avoir dédommagé pour les horreurs subies. La seule récompense qui vaille le coup, c’est de voir tous ces connards de civils continuer leur vie comme si les conflits n’existaient pas. Ça, ça veut dire qu’on fait bien le job. »

Pour un type qui me connait pas, comme Mantell, je dois paraitre extrêmement froid et terre à terre. Limite chieur rabat-joie qui pète l’ambiance quand il ouvre la gueule. C’est surement le cas. Surtout en ce moment. J’ai pas envie de rire… Et le fait d’être dans une boite de conserve dérivant dans le vide spatial n’aide pas à me détendre. Je déteste l’espace.

Bref. J’imagine que Mantell aurait des tonnes de trucs profond ou non à répondre à mes états d’âme, mais, déjà, on passe le pas de la salle de briefing. Là aussi, rien de fantaisiste. Pièce rectangulaire, aux dimensions optimisées pour faire tenir une trentaine de soldat dans une frégate à l’espace limité, précieux. Un holoprojecteur joue déjà aux ombres chinoises avec le mur du fond. Sifflements. La porte se referme derrière nous. Cliquetis des verrous magnétiques. Nous sommes isolés du reste de la galaxie le temps de recevoir les détails de la mission. Des informations hautement secrètes.

J’observe, en silence. Attentif. Il m’arrive de faire le mariole lors de certains briefings. Mais pas aujourd’hui, pas ici. C’est bien ce que je pensais. Zone grise sous influence Hutt entre les frontières Républicaines et Impériales. Secteur hautement explosif. Un faux pas, une erreur, et les retombées diplomatiques pourraient être monstrueuses. S’ils ont demandé le renfort d’une seconde escouade c’est certainement pour que la mission soit la plus éclair possible. On rentre, on fait le taff, on saute. Il ne restera que des cadavres congelés dans le vide spatial comme témoins.

Mais très vite, les instructions virent au vinaigre. Fronts multiples. Flou artistique sur les effectifs, et la présence probable d’un Sith. Foutus Sith. Si on tombe sur un balaise, il va nous rayer de la carte avant même d’avoir pu lui loger une bastos entre les deux yeux. Bref. Je ferme ma gueule, mais j’ai juste à tourner la tête pour croiser le regard des Typhons pour piger qu’ils en pensent pas moins… Mais au moment du jeu des questions, je décide finalement de la ramener.

« Ouais, moi j’ai une question m’dame. Enfin. Une question et une remarque d’ordre générale. Le remarque… »

Je me lève, exhibe la prothèse qui remplace mon avant-bras gauche, tranché net à quelques centimètres seulement du coude.

« Ça c’est le souvenir de ma première rencontre avec un Sith. Ces gars, faut pas les prendre à la légère. Surtout pas. Sinon espérez même pas revenir… Face à face, si nous tombons sur un guerrier entrainé, nous ne tiendrons pas longtemps. Ces gars sont rapides, agiles, ils renvoient les tirs avec leurs sabres, vous re-balance d’un geste vos grenades à la gueule. »

J’inspire un coup.

« J’en arrive à la question. Ok. J’ai pigé le plan. On se pose, on sécurise les hangars, on cloue au sol leurs appareils. Ils sont coincés, ils doivent se replier. Ça va vite virer à la guerre de tranchée dans les corridors. Ces gars ont certainement prévu un plan en cas de pépin. Je peux mettre ma main à couper qu’ils ont prévu des positions de tirs, qu’on devra avancer à découvert, qu’on se fera canarder en permanence. J’espère que vous avez un stock de bouclier anti-émeute… Mais bref. C’était pas ma question. Ce que je veux souligner c’est que ça va être long, fastidieux, mortel, et quand on verra le bout du tunnel, ils auront probablement détruit les stocks et les ordinateurs. Ils savent pourquoi on vient, et ils font faire le nécessaire pour gagner du temps. »

Lieu et contexte différent. Mais j’avais déjà donné quelques années auparavant. Une mission casse gueule ou j’avais rencontré un certain Lloyd Hope. Je me demande ce qu’il devient le gars d’ailleurs… On avait dû se serrer les coudes pour sortir de la station qui tombait en morceaux.

« Ouais, on aura l’effet de surprise pour nous. Mais ça tiendra pas longtemps. Donc ma question : on fait quoi si on n’arrive pas à prendre le dessus rapidement ? Moi j’pense, c’est que mon avis…. Qu’il faut fourrer une surprise dans la surprise… Du genre… Ils vont vite comprendre pourquoi on vient : les médocs, les infos… Alors faut être là ou ils ne nous attendront pas forcément. Je m’explique. Imaginez : un petit groupe mobile qui, au lieu de foncer vers les objectifs courus d’avance, se glisse jusqu’aux parties techniques dans les entrailles de la station. Là, on arrache tout. On coupe la gravité, on met les systèmes de survie en échec. Les gars en face vont rien comprendre. Avec nos semelles magnétiques on aura l’avantage… Et sans chauffage ou recyclage d’air, les types n’auront juste pas les couilles de crever de froid, asphyxié. Ils se rendront d’eux même… »

Dit comme ça, le plan B sonne comme le plan parfait. Mais il est loin de l’être. Inconnues sur les zones techniques, sur la configuration de la station. Mauvais bidouillage et on pourrait la disloquer avec nous encore à bord… Et si jamais on se faisait prendre en tenaille, on n’aurait plus que les réserves d’oxygènes de nos armures de combat pour tenir. Risqué, ambitieux : voilà les missions que j’aime ! Haha. Bordel, voilà que je retrouve un peu de bonne humeur…

« Ah, et oui… Un dernier truc. Après je ferme ma gueule. On arrive, on part en mission. On a pas vraiment eu le temps de se régler avec vos méthodes. Pour éviter les couac, j’voudrais intégrer un Raptor dans l’escouade Typhon le temps de la mission. C’est mieux pour la com’ et les manœuvres combinées. Chacun a ses habitudes pour donner les ordres. Vous voyez ce que je veux dire… »

L’expérience m’a appris que d’un corps d’armée à l’autre, d’une escouade à l’autre, on ne parle pas forcément le même langage, surtout dans le feu de l’action.

Je braque mon regard sur Mantell.

« Raptor-11 m’irait très bien. »



****

Une heure et demi plus tard, Armurerie.

« Caporal-chef ? Vous devriez y aller, le mess va bientôt fermer. »

Je lève les yeux, lance un regard assassin à l’officier en charge de l'ntendance. Le type, assis derrière son bureau, baisse immédiatement les yeux pour se replonger dans le check des stocks de munitions. Il attend que je décampe pour faire de même. Dire que l’espace de quelques secondes j’avais fini par me croire seul… Je me redresse, ferme les yeux, le cul toujours posé sur le banc en face de mon casier d’armes.

Mon estomac grogne, m’engueule comme une merde comme pour faire écho à la remarque du vieux bedonnant. Le dernier repas avant la mission… Peut-être même le dernier repas de ma vie. Je me concentre sur cette idée. Elle me laisse l’esquisse d’un sourire sur mon visage taillé au burin. Si je devais compter le nombre de fois ou j’ai pris mon dernier repais… Haha. Je suis pire qu’une mauvaise herbe. On a beau me couper un bras ou m’arracher une burne, je reviens toujours.

Alors que mes pensées dérivent, mes mains agiles, entrainées, terminent de démonter mon fusil blaster. Chacun ses rituels. On a tous notre petit truc pour garder la tête froide et se mettre à l’aise. Moi, avant chaque mission, je démonte, j’astique, remonte et teste mon arme. C’est plus qu’un outil de travail, c’est mon billet de retour. Le moindre problème technique, et c’est la fin. Ce fusil, je le connais par cœur. Même si l’arme est semblable à bien d’autres, il a été parfaitement adapté à ma morphologie, à ma manière de combattre, pour devenir l’extension de mon bras. Crosse en carbonite, double chargeur, visée laser, lance grenade sous le canon. Légère, précise, mortelle.

A cette heure, plus personne ne traine dans l’armurerie. Les techniciens sont partis manger. Et la relève n’arrivera pas avant une demi-heure. Autour de moi, les loupiotes rouges des casiers d’armes verrouillés ne donnent un avant-gout des fêtes de fin d’année. Seul le mien est ouvert, béant, n’attendant qu’une seule chose : que j’y range mon fusil pour se refermer. Plus loin, sur un portique, mon armure de combat trône fièrement. Elle clignote comme un sapin de noël, reliée au mur du fond par une batteries de câbles souples anonymes. Elle se met à jour, se recharge, intègre les données tactiques embarquées pour la mission. Demain elle aura été intégralement révisée, parée pour le combat elle aussi.

En attendant, je me balade en pantalon de treillis couleur camouflage vert-marron, marcel blanc, mes plaques d’identités logées entre mes pecs. L’air frais de la ventilation fait pointer mes tétons au travers du tissu tâché de sueur sous les aisselles. Paye ton cliché. Mais j’ai tout sauf envie d’être engoncé dans un uniforme. J’ai besoin de sentir l’air sur mes biceps… Et si c’était permis, je me serais probablement foutu la bite à l’air histoire de profiter à fond du calme avant la tempête.

Soudain je grimace, lâche un juron. Des aiguilles me vrillent l’intérieur de l’orbite gauche. Putain de merde. Saloperie de prothèse. Par réflexe je porte la main au visage pour me frotter l’œil… Mais mes doigts nus cognent sur la paroi dure et froide de la prothèse oculaire. Avec trois doigts, je parviens sans difficulté à la déloger de son orbite. Une petite sphère translucide, dont l’arrière est relié à l’intérieur de mon crâne par un minuscule câble. Je le débranche. Il pendouille sur ma joue, tandis que j’observe les reflets de la lumière jaune pisse des néons sur la prothèse sphérique. Elle est nickel. RAS. Les douleurs, c’est dans ma tête. Enfoirés d’impériaux. Ils payeront un jour ou l’autre.

Un mouvement me fait vivement tourner la tête. Le câble de la prothèse me fouette l’arête du nez. Une silhouette. Un visage. Il me faut qu’une fraction de seconde pour y mettre un nom, malgré cette orbite vite qui perturbe ma vision. Mantell. Hasard du calendrier, ou bien me cherche-t-il ? Je l’ignore. Je réponds direct, sèchement :

« On ne peut plus s’astique le globe oculaire tranquille ?! »

Je pouffe aussitôt. Sourire carnassier, révélant une rangée de dents parfaites plusieurs fois reconstituées par les orthodontistes militaires. Ouais, j’ai retrouvé un semblant de sens de l’humour. J’avais dû le laisser dans le canon de mon arme, héhé.

« Alors, Mantell, on traine dans le vaisseau pour le plaisir, ou bien on me cherche ? »

Je me rends compte que mon attitude est quelque peu distante, froide, depuis ma rencontre avec le caporal. J’ai rien contre lui. Non. C’est moi. J’ai jamais été doué avec les relations humaines. Mon truc c’est la baston, pas le blabla… Mais vu le contexte, mieux vaut briser la glace. Même si c’est pas ce en quoi j’excelle :

« Je termine de remonter mon arme… Et je suis tout à vous… Un plan en tête ? Perso : non je n’ai pas encore mangé… Et oui, un peu d’exercice ça ne serait pas de refus. Entre le trajet et les heures passées confiné dans l’armure, j’ai bien besoin de me dégourdir un peu les membres… Si vous voyez ce que je veux dire… »

Je lui lâche un clin d’œil complice. Bordel, Korgan, t’en fait pas un peu trop là ? Non ? Si ? Putain, j’espère qu’il va pas croire que c’est une proposition indécente, parce que dit comme ça… Merde quoi. Quand je dis que les relations humaines c’est pas mon truc.
Kaldor Mantell
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« L’important c’est de faire son taff. Et de bien le faire. Les médailles ce n’est rien de plus que des babioles… Des babioles que nous filent les politicards et les gradés pour dormir tranquille en ayant la sensation de nous avoir dédommagé pour les horreurs subies. La seule récompense qui vaille le coup, c’est de voir tous ces connards de civils continuer leur vie comme si les conflits n’existaient pas. Ça, ça veut dire qu’on fait bien le job. »

Hé bien, voilà des paroles dignes d'un vétéran, le genre « J'ai tout vu, tout fais, je fais juste mon job. » En un sens, le caporal-chef Kessel pourrait être un héro, techniquement il en était un, du moins pour Kaldor. Que voulez-vous, il lui arrivait encore, malgré toutes les horreurs de la guerre, d'avoir encore en lui une partie infantile : il se souvenait encore des histoires de grands héros que lui racontait monsieur Pujol, le directeur de l'orphelinat. Des soldats, des Jedis, qui se retrouvaient le plus souvent à un contre mille et qui parvenait toujours à s'en sortir, et lorsque les « connards de civils » les remerciaient, les héros répondaient toujours « Je n'ai fais que mon devoir. »

Peu avant que le groupe n'atteigne la salle de briefing, le Mantellien regarda brièvement son compère, se demandant ce qu'il avait contre ces civils qu'il détestait, mais qu'il protégeait également. Il devrait lui demander plus tard.


********


Le briefing s'était presque terminé que Kessel s'était levé, attirant ainsi le regard de tous ceux présents dans la salle. Aïe, voilà qui n'augure généralement rien de bon, surtout lorsqu'on exhibe sa prothèse de bras en racontant son obtention... Sa remarque sur la puissance des Sith fit planer le doute : et si il y en aurait vraiment un ? Ou plusieurs ? Et de quels niveaux ?

Les Raptors s'étaient rassis, écoutant attentivement le chef des Typhons alors qu'il en arrivait à sa question, ou ses suggestions plutôt :

« J’en arrive à la question. Ok. J’ai pigé le plan. On se pose, on sécurise les hangars, on cloue au sol leurs appareils. Ils sont coincés, ils doivent se replier. Ça va vite virer à la guerre de tranchée dans les corridors. Ces gars ont certainement prévu un plan en cas de pépin. Je peux mettre ma main à couper qu’ils ont prévu des positions de tirs, qu’on devra avancer à découvert, qu’on se fera canarder en permanence. J’espère que vous avez un stock de bouclier anti-émeute… Mais bref. C’était pas ma question. Ce que je veux souligner c’est que ça va être long, fastidieux, mortel, et quand on verra le bout du tunnel, ils auront probablement détruit les stocks et les ordinateurs. Ils savent pourquoi on vient, et ils vont faire le nécessaire pour gagner du temps. »

Cela fit tiquer le Caporal-chef Drann, alias Raptor 2. Le cyborg, expert en piratage et informatique, avait déjà téléchargé l'image de la station dans sa mémoire, et calculait déjà un plan de secours en devinant ce qui allait suivre :

« Ouais, on aura l’effet de surprise pour nous. Mais ça tiendra pas longtemps. Donc ma question : on fait quoi si on n’arrive pas à prendre le dessus rapidement ? Moi j’pense, c’est que mon avis…. Qu’il faut fourrer une surprise dans la surprise… Du genre… Ils vont vite comprendre pourquoi on vient : les médocs, les infos… Alors faut être là ou ils ne nous attendront pas forcément. Je m’explique. Imaginez : un petit groupe mobile qui, au lieu de foncer vers les objectifs courus d’avance, se glisse jusqu’aux parties techniques dans les entrailles de la station. Là, on arrache tout. On coupe la gravité, on met les systèmes de survie en échec. Les gars en face vont rien comprendre. Avec nos semelles magnétiques on aura l’avantage… Et sans chauffage ou recyclage d’air, les types n’auront juste pas les couilles de crever de froid, asphyxié. Ils se rendront d’eux même… »

La Zeltronne regarda le cyborg du coin de l'œil, ce dernier se contenta d'hocher la tête d'un air entendu. Ce plan pourrait fonctionner...

« Ce genre de station pré-fabriquée dispose généralement du degré basique en matière d'anti-piratage, mais le risque d'amélioration de leur part n'est pas à écarter, c'est même une certitude. Néanmoins je devrais arriver à pirater leur système depuis un terminal basique pour télécharger les données de l'Échange. Quant aux Impériaux, le mieux serait de viser la boite noire de leur navette, ou le plus possible si ils en ont plusieurs. La remarque est juste, se sera une course contre la montre... »

Il se tut alors que ses implants se mettaient en œuvre, laissant s'échapper quelques bips et cliquetis depuis la machinerie implantée en lui. Drann avait déjà des implants avant même de rejoindre l'armée, certains diraient même qu'il aurait grandi avec. Personne ne sait à quel point il est cybernétique, et lui-même préfère ne rien dire à ce sujet, de ce fait des paris étaient actuellement en cours au sein de l'escouade, même si aujourd'hui on parie plus pour l'amusement que pour vraiment le savoir.

« J'ai conçu un plan sommaire en me basant sur cette station. Je peut en trouver un facilement lorsque je serai connecté à un terminal... Je vous tiendrais informé après un passage dans les banques de données. »

Nad acquiesça, elle s'arrangera pour lui donner l'autorisation nécessaire, car les archives de la 52ème contiennent des informations sur tous leurs mouvements officiels, et elles étaient très bien gardées.

Mais il semblerait que Kessel avait encore quelque chose à dire :

« Ah, et oui… Un dernier truc. Après je ferme ma gueule. On arrive, on part en mission. On a pas vraiment eu le temps de se régler avec vos méthodes. Pour éviter les couac, j’voudrais intégrer un Raptor dans l’escouade Typhon le temps de la mission. C’est mieux pour la com’ et les manœuvres combinées. Chacun a ses habitudes pour donner les ordres. Vous voyez ce que je veux dire… »

« Et je suppose qu'il y a déjà un candidat en tête ? » Fit Nad.

« Raptor-11 m’irait très bien. »

Clignement des yeux de la part de l'intéressé... Euh quoi ?


*****


« Tu devrais aller manger. 

- Sans façons, je n'ai pas faim. »

Nad et Mantell se trouvaient dans un des couloirs du vaisseau, le Mantellien regardait à travers le hublot depuis presque une heure déjà, tandis que la rouge croisait les bras, soulevant sa poitrine à travers son uniforme.
Il avait toujours été comme ça : son estomac se nouait avant chaque mission, et il se refusait de manger une simple bouchée de pain. Même si l'opération « Anti-dopage », nom qui fut donné par les officiers supérieurs, ne commencerait que demain, il ne pouvait s'empêcher d'être ailleurs et n'avait pas faim.

Denvor, le médecin, lui avait pourtant plusieurs fois dit de se nourrir afin d'éviter une hypoglycémie, ou des maux de ventre, ou quoiqu'il puisse arriver lorsqu'on refuse de se nourrir en cas de stress.

« Et puis, je préfère m'en mettre plein la panse pendant les perms.
- Et tu ne pense pas que ça pourrait... »

Le caporal décroisa les mains de derrière son dos pour lever la main gauche, se tournant vers sa supérieure.

« Holà ! Ne nous portez pas la poisse ! »

Elle roule des yeux.

« Si tu arrêtais de broyer du noir aussi, je le sens comme dans une parfumerie... Allez, les autres mangent déjà et ils commencent à s'entendre. Une bonne omelette aux pomme de terre, voilà ce qu'il te faut.
-C'est vrai, mais comme dis, sans façon sergent. »

La Zeltronne soupira lourdement avant d'abdiquer, elle savait que Kaldor pouvait être assez têtu quand il s'y mettait. Quelle escouade ils faisaient !

« Tant pis, ça en fera plus pour les autres... Ah au fait, Kessel est absent lui aussi, tu n'as qu'à le retrouver, ses gars disent qu'il est à l'armurerie. Puisque t'as pas faim, vous n'avez qu'à aller dans la salle d'entraînement, c'est ton binôme pour cette mission après tout, alors essayez au moins de ne pas vous marcher sur les pieds.
- Reçu sergent. »

Kaldor releva la tête avant de la saluer, puis il effectua un demi-tour droite parfait avant de se diriger vers l'armurerie. De son côté, Sylvia le regarda marcher jusqu'à ce qu'il tourne au bout du couloir, elle avait laissée traîner son regard sur lui en lâchant un énième soupir.

La Zeltronne n'était pas idiote, elle savait pertinemment qu'avoir des relations avec ses subordonnées était plus qu'interdit, surtout en service. Toute la galaxie sait que son espèce jouit des plaisirs de la vie à chaque instant possible, et Nad n'y échappait pas, malgré ce qu'elle avait vécue il y a des années sur Nar Shadda... Non, il ne fallait pas y penser... Si elle se laissait sombrer dans la mélancolie, ses émotions iraient se transmettre aux autres, et c'était un bon moyen de faire capoter toute l'opération.

Heureusement qu'elle et son escouade profitaient pleinement de chaque permissions et vacances possibles. Le simple fait de les voir sourire suffisait à lui chauffer le cœur, chacun d'entre eux avait vu son lot d'horreurs pendant la guerre, elle y comprit. Alors, si user de ses charmes et donner des rendez-vous (pas forcément galants, une simple sortie entre amis était suffisante,) donnait aux Raptor des raisons, bien que très simples, pour rentrer tous ensemble au bercail, elle s'y emploiera le temps qu'il faudra pour eux de se trouver leurs propres raisons.

Finalement, elle tourna à droite et rejoignit les autres au repas. Connaissant Kaldor, il trouvera de quoi becqueter dans un distributeur, ou piochera dans sa ration, comme d'habitude avant chaque mission...


*****


Le caporal, après avoir prit le temps de regarder les étoiles à chaque occasion, prétextant une minuscule inspection lorsqu'un soldat le croisait, venait enfin d'arriver à l'armurerie. Il ne fut pas la peine de noter ici que notre Jet-trooper avait bien prit le temps, regardant à travers chaque hublot lorsque l'occasion se présentait. C'était comme ça, depuis qu'il avait quitté Ord Mantell, il ne pouvait s'empêcher de regarder dans l'espace, c'était comme lorsqu'un enfant regarde sa série préférée sur l'holo-télé, avec son bol de céréales au chocolat et ses biscuits un Natunda matin.

Le portique glissa en sifflant, et le caporal salua l'officier d'intendance, qui lui rendit son salut en étouffant un grognement. Bordel de merde, les p'tits jeunes s'étaient passés le mot pour l'empêcher d'aller manger ?

« On ne peut plus s’astiquer le globe oculaire tranquille ?! »

Kaldor se retourna alors vers la source de la réplique... originale si on peut dire. Et c'est là qu'il vit Kessel, pouffant de rire et dévoilant ses dents parfaitement blanches... Et un orbite vide d'où pendouillait un petit câble, sans aucun doute servant à connecter la prothèse oculaire qu'il tenait entre ses doigts. Le Mantellien ne put s'empêcher de fixer cette blessure en clignant ses propres yeux, qui au moins étaient entièrement organiques et 100% d'origines naturelles. Il effaça rapidement son air quelque peu surpris avant de répliquer :

«Normalement on s'astique autre chose, et ça se fait seul.

Alors, Mantell, on traine dans le vaisseau pour le plaisir, ou bien on me cherche ?

« Les deux. La sergent Nad affirme votre demande pour la mission, et donc je vous cherchais pour vous le dire.

« Je termine de remonter mon arme… Et je suis tout à vous… Un plan en tête ? Perso : non je n’ai pas encore mangé… Et oui, un peu d’exercice ça ne serait pas de refus. Entre le trajet et les heures passées confiné dans l’armure, j’ai bien besoin de me dégourdir un peu les membres… Si vous voyez ce que je veux dire… »

La dernière réplique fit ricaner le caporal, n'y décelant pas de proposition indécente mais plutôt un appel à l'entraînement. Il savait, via Drek, que les Épicanthix ont une culture guerrière à l'instart des antiques et légendaires Mandaloriens... Et qu'ils étaient très endurant... Enfin, Sonja l'était... Et câline, au point de menacer de lui broyer les os...

« La salle d'entraînement n°3 est disponible, c'est celle qui reste toujours ouverte de toutes façons... Quant à votre arme... Oh mais je connais pas ce modèle, il est nouveau ? »

Mais à peine venait-il de poser la question qu'il fut interromput :

« Ah non hein ! Z'allez pas commencer à comparer vos fusils maintenant ! Kessel, vous finissez rapidos de monter ça et vous filez tous les deux ! Je ferme et ça sera pas rouvert avant la relève ! »

Kaldor s'apprêtait à répliquer en fronçant les sourcils lorsqu'il vit la mine sombre de l'armurier, puis l'heure affichée sur l'horloge posée sur l'un des murs. Il préféra obtempérer, la fonction primant le plus souvent sur le grade. Mantelle attendit donc que Kessel termine de remonter son arme, observant cette dernière avec grande attention, remarquant que les composants furent adaptés pour la morphologie du colosse.

Une fois ceci fait, les deux hommes se dirigèrent vers ladite salle d'entraînement, et comme l'avait dit Kaldor, elle était toujours ouverte, les lumières allumées, les outils bien rangés et entretenus.

Kaldor retira sa veste rouge et or de son uniforme, posa son béret avec, puis il retira son t-shirt gris, dévoilant qu'il avait lui aussi des cicatrices. Certes elles n'étaient pas aussi nombreuses ni profondes que celles de Kessel, mais elle n'étaient pas discrètes : on pouvait deviner ça et là des tirs de blaster, quelques coupures, mais celles dont il tirait une petite fierté se trouvaient sur son dos : des rangées fines et parallèles, des griffures. Ces fameuses « griffures d'amour », lorsque votre conjointe enfonce ses ongles sous votre peau pendant l'acte charnel, et celles de Kaldor n'avaient pas les mêmes mains d'origines, si vous voyez où le narrateur veut en venir... Quoi, vous allez me traiter de beauf c'est ça ? Allez vous faire mettre ! C'est mon champion, z'êtes juste jaloux, nah!

Mais il y avait également autre chose qui valait le coup d'œil : le tatouage sur son épaule droite, représentant une tête de Raptorien, le symbole de l'escouade qui en tirait le même nom. Inutile de dire qu'il en était extrêmement fier, en même temps il est avec eux depuis dix ans maintenant, alors il fallait bien marquer le coup lorsqu'il les avait rejoins !

Kaldor se retourna ensuite vers Kessel, et contrairement à ce dernier, il ne portait pas ses plaques militaires autour du coup, en fait il ne les avait pas sur lui car les siennes se trouvaient bien en sécurité dans un coffre, avec celles de son escouade.

« Bon, je suis pas une foudre de guerre, mais j'aimerais bien faire comme vous faites, si vous m'autorisez, Caporal-chef. »

Son entraînement, bien que correspondant aux critères militaires, consistait surtout en des exercices d'acrobaties et d'endurances, là où Kessel était visiblement expert dans le close-combat.
Korgan Kessel
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Je lève la tête, sourcil interrogateur. J’ignore volontairement les remontrances qui viennent du gros lard rabat joie. Ma face se pare d’un sourire en coin amusé. Ouais. Parfois j’oublie que tout le monde n’a pas accès à ce type d'armes. Ce que je tiens entre les mains est un vrai petit bijou de technologie, dont le prix me défriserait les poils du cul si j’en avais la connaissance. Seuls quelques vétérans des Forces Spéciales sont autorisé à utiliser ces modèles… Même si dans les grandes lignes ça reste un fusil d’assaut comme les autres. Je fais simplement :

« Modèle lourd DC-03FS »

En moins de quinze secondes, après avoir remis ma prothèse oculaire en place, je termine de remonter la crosse, replace le lance-grenade sous le canon, et re-ajoute la visée laser. Je presse sur la détente. Elle disparait dans son logement sans le moindre frottement. Un cliquetis à peine audible retentit. Ce son est à mes oreilles comme une note dans celles des musiciens de haut-vol. Il est exactement tel qu’il doit être, l’arme est fin prête au combat. Je lève le fusil pour l’exhiber et précise :

« Modèle Forces Spéciales. Crosse raccourcie, en fibre de carbonite ultralégères. Lance-grenades anti-personnelles. C’est pas des grosses charges, mais quand t’as trois ou quatre types en face dans un couloir, je peux t’assurer que ça fait le job. »

Alors que je parle, je presse sur un bouton proche de la base de la détente. Un compartiment s’ouvre, révélant l’emplacement vide prévu pour les chargeurs de gaz haut-pression. La base des munitions consommées par la plupart des armes blaster.

« Double capacité. Lors des opérations en profondeur derrière les lignes ennemies, l’autonomie est plus qu’appréciable. »

Je presse sur un autre bouton, de l’autre côté de la culasse, proche du viseur. Aussitôt, un point lumineux rouge apparait entre les yeux de l’officier d’intendance qui ne remarque rien.

« Visée laser. Y’a tout un tas d’électronique embarquée qui permet d’adapter la puissance des lasers à l’environnement : humidité, chaleur, vent et j’en passe. Précision et dégâts maximum quelque soient les circonstances. Que demander de mieux hein ? Héhé. »

Mais bref. L’autre s’impatiente vraiment… Et moi aussi en vérité. Faut que je bouge. L’inaction c’est pas mon truc. Maintenant que j’ai terminé de check mon arme, il faut que je passe à autre chose. Je passe donc sous silence les quelques petites options supplémentaires mais somme toutes assez standards. Comme la molette qui permet de moduler la puissance des lasers jusqu’au tir paralysant non-léthal. Je me relève, torsion de la tête, ma nuque craque. Puis je range délicatement mon fusil dans le casier. Je le referme. Il se verrouille. La loupiotte passe au rouge. Impossible de le ré-ouvrir avant l’assaut prévu demain, sauf autorisation express de la hiérarchie à bord. On a beau être sur un bâtiment militaire, personne ne se balade avec ses armes dans les couloirs. Faut pas déconner.

J’inspire un grand coup et emboite le pas de Mantell. Raptor-11. La salle d’entrainement n’est pas bien loin. Une poignée de minutes seulement à pied. Autour de nous la lumière est tamisée. L’éclairage à bord reste synchronisé sur les rythmes jour/nuit de l’heure standard Républicaine. Celle de Coruscant en vrai. C’est bien, ça permet de garder un semblant de routine… Mais paye ton jet-lag dès que tu débarques sur des mondes dont les cycles n’ont rien à voir avec le monde capital… Et plus les années passent, plus les changements d’heures me tirent sur la couenne. Mais cette fois, on ne devrait pas être emmerdé : c’est l’avantage de prendre d’assaut une station spatiale. Y’a ni jour ni nuit là-bas non plus. Seulement le vide spatial. Froid et mortel. Je frissonne.

Je laisse Mantell se mettre à l’aise, curieux de piger ce qu’il a en tête. La salle n’est pas très vaste, prévu pour des entrainements en petits groupes. Mais elle est fonctionnelle et bien rangées. Derrière les portes vitrées des armoires, je devine du matériel : poids, ceintures de forces, brassards lestés. Des cordes à sauter, des gants de boxe, ainsi que des reproductions de diverses armes blanches en plastacier. Au fond, de l’autre coté des tapis de sol façon tatamis de l’espace, deux mannequins d’entrainement accompagnent une rangée de sacs de frappes solidement fixés au plafond métallique.

Bref, une salle d’entrainement quoi. On va pas en faire des tonnes de lignes de description. Mantell se met à l'aise, laisse carrément tomber le haut. Il cherche a exhiber sa musculature ? Ou bien ses blessures de guerre ? Je l’ignore, et à vrai dire je n’y fait pas vraiment attention. Il se place en position de garde.

« Une petite séance de corps à corps ? »

Pourquoi pas. Mais à la veille d’une grosse opération, mieux vaut y aller mollo… Un mauvais coup, et on est bon pour finir à l’infirmerie au lieu de faire leur fête à ces connards de trafiquants avec les copains.

Je m’avance, me place à une longueur de bras devant lui, en garde également. Poings serrés ramassés sous le nez. Coudes contre mes cotes. Pied droit légèrement en avant, afin de placer mon épaule entre l’adversaire du jour et mon cœur. On apprend vite à protéger les zones sensibles. Cœur, menton, foie, burnes. Même si à l’entrainement, en général, on évite les coups sous la ceinture… Mais une fois sur le terrain, les règles volent en éclat. Quand la survie est en jeu, il faut être efficace, et ne pas s’encombrer de toutes ces saloperies d’idées de combats à la loyal. Y’a rien de loyal dans une bataille. Le premier qui tire ou qui frappe reste en vie. L’autre ira nourrir les insectes.

J’observe Mantell. Il n’a pas pris le temps de s’équiper de gants de boxe ou de protections. Il veut faire ça à la dure ? Ok. Je fais de même, même si je sais que prothèse d’avant-bras peut s’avérer dangereuse. Un mauvais coup, et je peux lui broyer une cote, ou lui déchausser quelques dents. Je plonge mon regard dans le sien. Je peux y lire la détermination de ceux qui ont échappé à la mort à de multiples reprises. Il ne cille pas.

« Vas-y, frappe. »

Je baisse volontairement ma garde pour l’inviter à engager le combat. J’ai envie de le tester, de le laisser venir…

Il ne se fait pas prier. Clairement, c’est pas le genre de type à tortiller du cul pour chier droit. Rapide, efficace. Son premier coup me prend presque par surprise. Je l’esquive de justesse, d’un pas sur le coté, tout en logeant, par réflexe, ma tête entre les épaules, jusqu’aux oreilles. Direct, direct, crochet. Les coups s’enchainent. Je tourne autour de lui, sautillant d’une jambe à l’autre comme on me l’a toujours appris. La tonicité dans les jambes est fondamental. Chaque muscle doit être bandé prêt à effectuer un mouvement vif. Si le premier coup tombe dans le vide, les suivants s’écrasent sur ma garde. Mon épaule et mon avant-bras de chair et sang accusent le coup. La douleur libère des décharges d’adrénaline qui me filent une putain d’énergie. Derrière mes poings je souris comme un gosse devant une montage de bonbecs. Moi masochiste ? Nan. Juste que je kiff l’action et les échanges virils.

Enfin je passe à l’attaque. Je l’ai assez jaugé. Lui aussi j’imagine. Je doute qu’il ait tout donné. Je riposte avec célérité. Un grand classique. Alors qu’il tente de me mettre un nouveau direct, j’esquive de coté. Je lève l’avant-bras droit pour empêcher de bras de revenir en arrière, et lui fourre un crochet du gauche dans le foie. Ma prothèse d’acier s’enfonce dans ses chairs… Et je ne lui laisse pas le temps de se reprendre. Mon poing droit s’ouvre, lui choppe le poignet … Et d’un mouvement de bassin après avoir passé mon épaule sous son aisselle, je le fais basculer par-dessus moi. Il s’écrase sur les tatamis.

Je recule, baisse ma garde, m’étire les bras tout en sautillant, le marcel trempé de sueur. Bordel, je suis bien là.

« J’sais pas ce que tu cherches exactement, Mantell. Mais sache que je ne suis pas un expert du close combat hein. J’ai appris quelques trucs avec le temps. Mais c’est surtout de la débrouille. Sur le terrain, je ne fais pas de chichi. Je frappe là où ça fait le plus mal, je ne gaspille ni mon temps ni mon énergie. »

Je crache au sol pour me débarrasser de quelques remontées de morves qui me grattent le fond de la gorge.

« Mon truc à moi, c’est plutôt les gros flingues et les trucs qui explosent… Quand je file de baignes, c'est que tout le reste a foiré. Mais franchement, ça fait du bien. Merci. Aller, on reprend. »

Je me remets en garde, recule un peu, fait exprès de garder mes distances comme pour jouer au chat et à la souris. Il frappe fort, ses techniques sont classiques mais efficaces. Ça sent le type qui n’a pas suivi de formations depuis ses classes, qui s’est entretenu sur le tas. Ou alors, je me foire complètement. C’est peut-être lui qui me teste. Bref, je reste à distance, tourne, baisse volontairement ma garde avant de la remonter pour jouer avec ses nerfs. Après avoir testé ses coups, je teste son mental. Haha. Ouais. J’aime bien tester les gens, savoir qui j’ai en face de moi, savoir avec qui je vais partir en mission. C’est important. Dans quelques heures, j’aurais sa vie entre mes mains toute autant qu’il aura la mienne entre les siennes.

Sur son flanc, sa peau a viré au rouge. Il gardera un bleu quelques jours. Rah, j’y ai peut-être été un peu fort… Mais avec la prothèse, j’ai un peu de mal contrôler ma force. En tout cas, plutôt que de le refroidir, j’ai la sensation que mon coup l’a motivé.

Je fais un nouveau pas de coté… Mais cette fois, je me foire. Je prends son direct en pleine gueule. Par réflexe, je tourne la tête pour tenter de dévier un maximum l’énergie du coup. Bordel de merde. Je titube, recule. J'ai un brasier dans la gueule. Je peux sentir mon pouls battre sur mes gencives. Qui fait le malin tombe dans le ravin hein. L’espace d’une fraction de seconde, j’ai laissé une faille dans ma défense, et maintenant ses coups pleuvent de plus belle…

Alors je change de stratégie. Je me jette sur lui, l’étreint comme le ferait une pute après un gros chèque. Nos torses se frappent. Tétons contre tétons. Je serre, de toutes mes forces, tandis que mes jambes tentent de lui crocheter les siennes…
Kaldor Mantell
Kaldor Mantell
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Kaldor écouta Kessel expliquer les différentes caractéristiques de son arme avec autant de concentration qu'un enfant devant son holo-série du samedi matin. Il faut dire qu'il n'avait jamais vu un modèle comme celui-là, bourré d'électroniques et de modules directement inclus dans l'arme. Et oui, il était un peu jaloux, en même temps qui n'a pas rêvé d'avoir un tel bijoux entre les mains, je vous le demande ?

Si ils avaient le temps, le Mantellien aurait bien ouvert son casier pour montrer son propre fusil, le F-556 « Spectre », un fusil bien polyvalent, mais dont l'entretien n'est pas à donner à n'importe qui. Et comme l'avait déjà souligné l'officier d'intendance, l'armurerie allait fermer. Une fois que le caporal-chef des Typhons eût rangé son arme et fermé son casier, les deux compères se dirigèrent vers la salle d'entraînement, au soulagement de l'officier d'intendance qui allait enfin pouvoir manger.

Durant le trajet, les lumières du vaisseau s'étaient tamisées, un moyen de garder un rythme jour/nuit basé sur celui de Coruscant. C'est bien pratique pour éviter les perturbations du cycle du sommeil, mais le décalage est commun lorsqu'on débarque sur une autre planète, chacune ayant son propre cycle.

Je ne prendrai pas la peine de vous refaire une description détaillée de ladite salle, ça ne ferait que rajouter des mots pour rien, un peu comme cette phrase et celles d'au-dessus d'ailleurs.

Bref, les deux hommes s'étaient mis en position, poings levés, jambe en arrière et tête légèrement rentrée dans les épaules. Le caporal se doutait bien qu'ils devraient éviter de se casser quelque chose, surtout la veille d'une opération, ça serait ballot après tout.

Les deux militaires se regardèrent dans les yeux, chacun y voyant une détermination acquise après plusieurs frôlements avec la mort, aucun des deux ne cilla. Kessel l'invita à frapper, ce qu'il fit aussitôt.

L'échange de coups débuta alors, Kaldor enchaînant les directs et les crochets, parvenant même à toucher son adversaire du premier coup. Kessel esquiva ensuite en lui tournant autour, sautillant d'une jambe à l'autre. Chacun des deux se jaugeaient, tandis que les trois coups suivant du Mantellien furent esquivés puis encaissés par Kessel.

Le brun vit qu'il souriait, alors il sourit en retour. Ces deux là avaient quelques points communs, et l'action y faisait partit. Le coup de poing métallique que Kaldor reçut dans le foie le fît bien sûr grimacer, mais il avait eût bien pire dans le passé. Kessel enchaîna en le soulevant par dessus son épaule et l'envoya plaquer contre les tapis, Kaldor se retrouvant le souffle coupé sur le dos.

L'Épicanthix recula, s'étirant les bras tout en sautillant sur place, transpirant comme son compère.

« J’sais pas ce que tu cherches exactement, Mantell. Mais sache que je ne suis pas un expert du close combat hein. J’ai appris quelques trucs avec le temps. Mais c’est surtout de la débrouille. Sur le terrain, je ne fais pas de chichi. Je frappe là où ça fait le plus mal, je ne gaspille ni mon temps ni mon énergie. Mon truc à moi, c’est plutôt les gros flingues et les trucs qui explosent… Quand je file de baignes, c'est que tout le reste a foiré. Mais franchement, ça fait du bien. Merci. Aller, on reprend. »

Le Jet-trooper sourit à pleine dent, il se releva d'un bond après avoir replié ses jambes, ce qui lui donna l'élan nécessaire pour revenir à la verticale.

« Mon niveau n'est pas haut non plus, je m'entretiens comme je peux depuis mes classes. Sur le tas comme on dit. »

Et la séance reprit, cette fois-ci Kessel préféra garder ses distances, faisant exprès de baisser sa garde pour obliger Kaldor à attaquer, mais ce dernier n'était pas un débutant, il savait qu'il s'agissait de pièges tendus pour le tester. Au sein de l'escouade, c'étaient la sergent Nad et la spécialiste Drek qui s'occupaient du corps à corps. La Zeltronne frappait vite et fort là où ça faisait mal, tandis que l'Épicanthix donnait tout dans la force brute, un peu comme Kessel d'ailleurs, avec la technique du « câlin-broyeur » en prime...

Le flanc du Jet-trooper avait viré au rouge suite au coup de poing de Kessel avec sa prothèse, mais rien de grave, un simple bleu pour quelques jours, en soit il s'en sortirait bien. Ce qui n'empêcha pas un direct de Kaldor d'atteindre le visage du colosse, occasionnant une faille dans sa défense qui fut aussitôt exploitée par d'autres coups !

Mais Kessel n'avait pas dit son dernier mot, il décida de contre-attaquer en le saisissant entre ses bras musclés et virils, leurs torses et tétons se plaquant l'un contre l'autre dans une étreinte qui se serrait de plus en plus. Kaldor grogna en serrant les dents. Si il ne faisait rien, ses os allaient prendre cher, et il avait déjà assez reçu des câlins-broyeurs de Sonja, que se soit durant l'entraînement ou dans d'autres occasions que je ne citerais pas, pour avoir développé une parade.

Inspirant à pleins poumons, Kaldor replia ses bras et jambes, enlevant du coup son côté d'appui qui commençait à déséquilibrer les deux hommes. Comme il s'y attendait, Kessel se pencha en arrière pour ne pas tomber en avant, ce que notre Mantellien mit à profit en passant ses avant-bras entre les deux, avant de s'en servir comme appuis pour se dégager de l'étreinte, faisant la même chose avec ses jambes.

Au terme d'un effort, qu'il fallait noter de considérable, Kaldor parvint à suffisamment se dégager des bras du caporal-chef pour poser son pied sur l'abdomen de ce dernier et sauta en arrière, mettant un bon mètre entre les deux. Mantell se réceptionna sur les deux jambes, reprenant rapidement son souffle et se remettant en position de garde.

« No homo hein, mais je préfère quand c'est une femme qui me fait ça. »

Dit-il en ricanant. Quand Sonja lui faisait ça, il avait au moins la petite consolation d'avoir la tête enfouie au milieux de la poitrine de la grande femme...

Il fallait revenir au moment présent cependant. Kaldor respira un bon coup, se pencha en avant, crispa ses muscles et s'élança d'un pas rapide droit vers Kessel qui armait déjà son poing, prêt à l'accueillir. Mais Kaldor fit soudainement un pas de côté, se penchant pour esquiver le poing de l'Épicanthix qui lui frôla les cheveux. Profitant de son mouvement, Kaldor frappa lui aussi le foie de son adversaire, usant de sa propre main comme point d'ancrage afin de se placer derrière Kessel !

Il croisa alors ses bras sur l'abdomen de ce dernier, se pencha en pliant les jambes avant de se redresser d'un coup sec tout en se penchant vers l'arrière à son tour dans une tentative de suplex !

Le problème, c'était que Kessel était lourd, plus lourd que Kaldor même, et il parvint à facilement se dégager à son tour en crochetant les jambes du Raptor qui chuta lourdement sur le dos, entraînant le caporal-chef sur lui qui le compressa une fois au sol. Encore une fois, les deux hommes gigotèrent pour se dégager chacun de l'autre, avant de se séparer, une nouvelle fois en position de garde.

Kaldor toussa, reprenant son souffle sans quitter son compère des yeux. Ils étaient tous les deux couverts de sueur, des bleus n'allaient pas tarder à faire leurs apparitions un peu partout sur le haut de leurs corps, aucun des deux n'avaient mangé... Et pourtant ils avaient tous les deux le sourire, un bon sourire carnassier comme ceux qu'on affiche lorsqu'on croise un adversaire à son niveau. Il en ricana presque. C'est vrai que ça fait du bien de se dégourdir les membres, surtout la veille d'une attaque, ça change de ses habitudes qui consistaient à regarder les étoiles jusqu'à pas d'heure.

Il faut dire que normalement, à la veille de chaque opération, on donne du repos aux soldats après les vérifications habituelles. Et pourtant, ils étaient là, dans une salle d'entraînement à s'échanger des beignes.

Yep, les Forces Spéciales ont vraiment des gars fêlés du ciboulot dans leurs rangs.

Ils se regardèrent à nouveau droit dans les yeux, et chacun repartit au contact de l'autre.



***Plusieurs minutes plus tard***



Ils étaient là, allongés sur les tatamis de la salle d'entraînement, reprenant difficilement leur souffle après les coups qu'ils s'étaient échangés sans s'arrêter. Kaldor toussa, se redressant lentement, une main sur la tête pour calmer le sang qui lui battait dans les tempes. Il dégoulinait de sueur, une bonne chose qu'il ait retiré son t-shirt, lui qui détestait avoir un haut trempé... Le Mantellien replia les jambes, respira un bon coup avant de se tourner vers son camarade.

« Hé ben, si ça c'est le niveau débutant, je veux pas croiser l'expert. »

Fit-il en ricanant. Les deux hommes se levèrent et firent des étirements, histoire d'éviter les crampes le lendemain, c'est que ça serait con d'avoir mal tout seul pendant la fusillade ! Ce n'est qu'une fois les étirements fais que Kaldor remarqua que la porte était grande ouverte...

Et qu'ils avaient attirés du monde, du monde plutôt féminin en fait.

« Ça y est ? Vous avez finis de faire connaissance ? Vous savez qu'il y a des moyens plus simple hein ? »

La sergent Nad, bras croisés sous sa poitrine et adossée contre l'un des battant de la porte, les regardaient en traînant le regard sur leurs muscles, son éternel sourire aux lèvres, elle se passerait presque la langue sur les dents en les voyant comme ça.

Mais elle n'était pas seule : Sonja Drek, la géante au cœur d'or de 2m20, également Épicanthix, était présente, obligée de se pencher pour ne pas se cogner la tête contre le haut des portes.

Les deux femmes les avaient rejoints dans la salle, sur une intuition de la sergente qui fut renforcée par Sonja qui les avais vus alors qu'elle avait finis de manger. L'amazone et la Zeltronne eurent donc le loisir de les voir se taper dessus, une manière comme une autres pour elles de se rincer l'œil.

Nad soupira avant de se redresser :

« J'espère que vous n'avez rien de cassé. Filez vous laver, si vous avez la dalle y'a les distributeurs, et après, au dodo ! »

Kaldor acquieça, la sergent leur tourna le dos, offrant une vue sur son postérieur moulé par son uniforme durant le temps qu'elle mit pour repartir le long du couloir. Sonja, dans un élan de bonté, leur tandis chacun une petite serviette, avant de leur faire un clin d'œil :

« La prochaine fois, vous devriez mettre de l'huile, ça fait briller les muscles, hihihi~ »

Puis elle partit à son tour, sûrement pour raconter ça aux autres filles, allez savoir ce que se disent les femmes entre elles...

« Les femmes... » Fit Kaldor alors qu'il s'essuyait avant de se rhabiller.

« Bon, les douches sont au même niveau que les chambres, à l'opposé. Je suppose que les douches communes ne vous dérangent pas ? »

Ça, et le fait qu'elles étaient mixtes, histoire de montrer que les hommes et les femmes, humains comme aliens, étaient logés à la même enseigne. Mais il y avait peu de chances de croiser une des femmes du vaisseau à cette heure-ci, même si ça restait probable... Ou pas ?
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