Karm Torr
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Dans l’un des terminaux du spatioport de Corsin, des voyageurs de tous les horizons se bousculaient. Débarqué là par un ferry régulier en provenance de Coruscant, Karm attendait le départ du cargo agricole qui lui permettrait de gagner Dantooine. Ces deux heures de correspondance, il les occupait, plongé dans une profonde concentration, à déplacer de petits objets dans la vitrine des magasins, aussi loin que possible, par l’effort de sa pensée. Toutes les circonstances étaient les bonnes pour s’exercer.

Ne pensez pas à la Force comme une puissance s’exerçant sur l’objet, fit soudain une voix douce tout près de lui, mais pensez à l’objet comme une fonction de la Force.

Il ne l’avait pas senti arriver, mais désormais qu’il était assis près de lui, sa présence obsédante l’envahissait tout entier. Karm sentit un frisson glacer courir le long de son échine et il n’eut pas besoin de détacher son regard de magasin de souvenirs de l’autre côté du hall pour savoir à qui il avait affaire.

Nous sommes en plein espace républicain, murmura-t-il, une main désormais glissée dans son blouson, pour se refermer sur son sabre laser.
C’est ce que j’ai cru comprendre, répondit l’étranger d’une voix tranquille. Alors comme ça, vous êtes devenu Maître Jedi ?
Vous êtes bien informé.
Toutes mes félicitations.

Sur ces bonnes paroles, le sculptural Hapien se releva.

C’est tout ? Vous avez traversé tous ces secteurs pour venir me féliciter ?

Noctis se retourna pour lui adresser un sourire à se damner.

Oh, Karm, je ne suis pas venu sur Corsin pour vous voir. C’est la Force qui nous y rassemblés. Une fois de plus.
Pour que je vous arrête, suggéra le Jedi ?
Ma foi…

Cette perspective n’avait pas l’air de bouleverser son interlocuteur.

D’une part, je doute que vous trouviez des raisons juridiques de le faire et d’autre part, vous pourriez en venir à regretter les, hm…

D’un regard ostensible, il embrassa le terminal surpeuplé tout autour d’eux.

… dégâts collatéraux qu’un affrontement occasionnerait.

C’était une menace dont Karm comprit très vite qu’elle n’était pas infondée.

Ah, Karm, j’ai failli oublier. Si jamais un jour vous vouliez retrouver Tavaï, venez me voir sur Hapès. Je vous indiquerai la bonne direction.

Et Absalom Thorn disparut dans la foule.

Dix heures plus tard, l’Abondance se posait sur l’un des spatioports ruraux de Dantooine, non loin de l’Enclave Jedi, pour y charger ses soutes des céréales que la planète produisait en abondance. Pendant tout le trajet, son passager supplémentaire avait tourné et retourné dans son esprit l’étrange rencontre de Corsin. Il se promit, une fois de retour au Temple, d’en parler aux Ombres Jedis, qui pourraient probablement l’aider à décrypter les intentions labyrinthiques du Seigneur Sith.

Maître Karm…

Devant lui, pour la première fois depuis longtemps, Nata était tout intimidée. Les travaux de l’Enclave avaient bien avancé et, désormais qu’on commençait à s’y installer, l’Auxiliaire de l’ExploCorps, qui secondait de plus en plus souvent l’Ark-Ni, y passait le plus clair de son temps.

Oh la, doucement, prévint aussitôt le Jedi. C’était Karm la dernière fois qu’on s’est vus, c’est toujours Karm maintenant.
Il n’empêche. Ça fait bizarre.
À qui le dis-tu, murmura l’explorateur alors qu’elle le conduisait au speeder garé non loin de la piste d’atterrissage.
Je suis fière de vous.
Nata…
De toi.
C’est gentil.

Karm lâcha son sac de voyage sur la banquette arrière avant de grimper sur le siège passager.

Je n’ai pas partagé la nouvelle ici, je me suis dit que vous voudriez peut-être le faire vous-même, expliqua l’Auxiliaire alors que l’appareil s’élevait pour commencer à survoler les champs interminables qui couvraient une bonne partie de la planète. En particulier au Chevalier Kayan.
Ça va, il a pas trop fait de bêtises en mon absence ?
Je ne suis pas sûre que ce soit lui qui fasse des bêtises en l’absence de l’autre.
Genre.

Après le paysage artificiel de Coruscant, le Gardien était heureux de retrouver la végétation de Dantooine, quoiqu’elle fût plus domestiquée et monotone que les jungles dont il avait l’habitude.

Comment ça avance ?
Assez bien. Le premier bâtiment est opérationnel. Sur les autres, il y a encore beaucoup de travaux à faire, mais ça suit son cours. L’équipe de l’AgriCorps est arrivée il y a deux semaines et discutent avec les fermiers des environs pour mettre en place les champs partagés.
On dirait que ça te branche tout ça.
La gestion du chantier est…

Nata réprima un sourire.

Pleine de défis.
On en reparlera.
J’ai commis une erreur ?
Du tout. Relax.

Bientôt, le premier bâtiment, [fidèle au dessein originel], se détacha au milieu des arbres et le speeder ne tarda à venir se ranger au pied de la structure. Après avoir convenu de la revoir plus tard, Karm quitta Nata pour arpenter les couloirs flambants neufs de l’Enclave. Dire que l’année passée encore, elle n’avait été qu’un projet presque irréaliste, et que quelques mois plus tôt, il marchait avec Thann et Loé dans les ruines éprouvées des anciennes installations.

Désormais, c’était de jeunes Jedis bel et bien vivants qui le saluaient dans les couloirs, des membres des Corps Auxiliaires pour la plupart, encore peu nombreux, mais unis dans l’exaltation commue que leur inspirait la restauration de ce symbole de leur Ordre. Karm n’eut pas besoin de demander son chemin pour retrouver Luke : l’aura de son compagnie ne lui manquait jamais et elle était la plus sûre des étoiles du berger.

Salut beau gosse.

(Fort heureusement, Luke était seul dans son bureau.)
(Et la porte venait de se refermer derrière Karm.)

J’ai héroïquement traversé la moitié de la Galaxie pour te retrouver.

Le héros en question laissa tomber son sac près de l’entrée, pour s’approcher du fauteuil de bureau occupé par le Consulaire. Et qu’il décida d’occuper à son tour, à savoir en s’installant à califourchon sur les cuisses de son compagnon face à lui, les mains nouées autour de la nuque du Chevalier.

Tout cela était fort peu protocolaire !

Karm posa son front contre celui de Luke.

Tu m’as manqué, chuchota-t-il. Tu peux poser tes mains sur mes fesses, si tu veux.

Bien obligeant de sa part.

Alors ?

Ses lèvres frôlèrent celles de Luke.

Comment ça se passe ici ? Tout le monde respecte bien les plans de Thann ?

Sa Padawane était probablement quelque part sur le chantier à surveiller les travaux.

Pas envie qu’elle me tue parce que les gens auraient placé les murs porteurs au mauvais endroit…
Luke Kayan
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- Plus bombées les colonnes. C'était inscrit sur le schéma !
- Mais non, ce sont les premiers plans, cette circonférence aurait affaibli la base.
- Oui mais ils ont besoin de plus d'espace, et ...
- Ça leur servira vraiment, tout cet espace quand le plafond leur tombera dessus tiens !

Le chantier était en effervescence depuis plusieurs semaines déjà. Il y avait toujours un architecte pour en contredire un autre, même si les briques étaient déjà posées et chacun y allait de son commentaire. Un professionnel de la construction laissa sous-entendre que suivre les plans d'une gamine sans yeux était d'une stupidité incroyable mais en général Thann était respectée. Sa réputation la précédait et elle était soutenue par les Auxiliaires ainsi que Luke. Les Jedis d'ailleurs apaisaient les querelles, adoucissant le stress des travailleurs les plus zélés, conscients qu'ils participaient à l'écriture de l'Histoire, ou du moins la restauration de cette dernière. Malgré quelques épisodes épicés et des accidents où l'on retenait son souffle; C'était une ambiance tout de même chaleureuse qui entourait les travaux que chacun effectuait avec passion.

Luke avait été dépêché à l'Enclave il y avait de cela une semaine : une affaire de permis ralentissant quelque peu la construction. À force de négociations, le Hapien était parvenu à rétablir l'avancement du chantier, puis il était resté. Chaque jour était épuisant mais intéressant, il partageait sa vie entre le bureau pour rédiger des accords, ordonner des rapports, demander des permissions ou vérifier la mise à jour des normes de sécurité ou sanitaires propres à l'accueil de mineurs.

Le blond était en train d'écrire la déclaration d'occupation de territoire à titre gracieux et les droits de propriété qui allaient avec (notamment pour empêcher des civils de pénétrer la zone et de se faire griller à coups de sabre-laser) quand la Force le stoppa. Quelques millièmes de secondes avant d'en saisir la raison, le Jedi avait senti quelque chose, un pressentiment familier. Karm Torr était là... Et aucune tour ne s'était encore effondrée ? Bizarre. Luke eut à peine le temps de se congratuler pour sa très modeste blague quand la porte s'ouvrit et qu'une de discrètes salutations s'en échappèrent. Le Hapien rougit aussitôt, songeant que son ami était plutôt imprudent de hurler ça, mais aussi que c'était étrangement ... Valorisant. De toutes manières, l'Ark-Ni lui avait trop manqué pour qu'il s'épanche en reproches qui auraient sonnés faux.

- Ouf, bonjour ! J'étais en train de réd... Tant pis.

Luke abandonna son clavier, prisonnier de Karm qui avait envahit ses genoux tel un chat réclamant des câlins sur les fesses (c'était un matou particulièrement filou). Il donna une petite tape sur la cuisse de son ami

- En voilà des façons de se tenir. C'est moi ou à chaque mission loin de moi, tes manières se détériorent un peu plus ? Tu sais, ce n'est pas comme ça que tu vas réussir à te faire nommer maître !

Le taquina Luke avant de rejoindre les lèvres qui frôlaient les siennes comme une invitation. Malgré une certaine envie, il laissa le postérieur de son amoureux tranquille, la pudeur sans doute. Par contre, il ne repoussa pas Karm, loin de là puisqu'il entoura les hanches de l'explorateur de ses propres mains. Taquin, il continua sur sa lancée.

- Alors Monsieur le Héros, que s'est-il passé pendant la traversée épique de la Galaxie ? Avez-vous été attaqué par un équipage pirate de Dralls ? Hum... Pas assez original pour vous, je dirais donc un équipage pirate de Dralls désireux de devenir les justiciers reconnus de ce monde ?


Mouais, toujours pas assez rocambolesque vu les extraordinaires rebondissements qui arrivaient toujours à leur duo. À savoir d'ailleurs ce qui arriverait au chantier maintenant que Karm et Luke étaient réunis. Des plantes génétiquement modifiées pour grandir en quelques secondes allaient sûrement pousser sous les fondations de l'Enclave et détruire le sol.

- Thann sait se faire respecter, ne t'inquiète pas. Elle veille admirablement bien à ce que chaque brique soit correctement encastrée, et moi, je m'occupe des papiers, tu sais, ce truc que tu adores et que... Vu le bruit, tu as fait voler partout en débarquant ici comme une tornade, je me trompe ?

Le Hapien abordait une mine un peu défaite, une queue de cheval passablement échevelée et de légères cernes. Par chance, il continuait de se doucher et de faire laver ses vêtements malgré sa nouvelle vie de "geek administratif" et surtout, l'équipe voyait enfin le bout du tunnel concernant les passe-droit et la mise en règle. Tout devrait se faire en temps et en heure pour accueillir l'Ordre dans sa nouvelle maison : de la cantine dernier cri question sécurité et propreté aux couloirs et aux ascenseurs adaptées aux différentes morphologies et handicaps des individus. Tout le monde travaillait d'un seul élan motivé, mais bien sûr, faire jaillir un bâtiment destiné à être habité par des centaines de personnes en si peu de temps était une oeuvre colossale. La fatigue se lisait sur tous les visages, certains présents depuis des mois encore plus que d'autres. Les résultats, ceci dit étaient là. Le réfectoire par exemple était opérationnel et une partie du personnel pouvait dormir dans les dortoirs. On faisait des tours entre les tentes encore éparpillées deci-delà et les chambres.

- Je te ferais bien la visite guidée mais je me perds encore sur le chantier. Et puis, j'ai bien trop hâte d'entendre tes aventures ! Tu as fait beaucoup de choses ces temps-ci du peu que j'ai pu grapiller comme informations. Comment va Loé ?


Luke avait cru entendre qu'il était passé Chevalier mais des informations se perdaient ou se déformaient entre Ondéron et Dantooine, ici c'était un autre monde, un nouveau monde.
Karm Torr
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Dis donc, fit-il mine de s’offusquer, je sens un soupçon de moquerie et un rien d’irrévérence dans vos propos, jeune homme.

Karm tapota le torse de Luke d’un index accusateur, avant de nouer ses mains sur la nuque du Chevalier.

J’ai vu le chantier en passant, confirma-t-il, ça avance bien, c’est cool. La présence de la Force est toujours… particulière, ici, mais les choses s’apaiseront petit à petit.

L’ancienne Enclave de Dantooine avait été rudement éprouvée par les bombardements et les conclaves secrets, par les visites des pillards et la prédation des Siths. Elle était devenue un symbole de renoncement pour l’Ordre et une blessure ouverte dans la Force : c’était l’une des multiples raisons qui avaient poussé Karm à la choisir, parmi d’autres lieux, pour ouvrir ce refuge expérimental.

J’vais profiter de ma présence ici pour renouer avec les fermiers du coin, et commencer à mettre en œuvre les champs partagés avec les gens de l’ExploCorps qui sont là.

Ce devait être l’une des spécificités de l’Enclave de Dantooine que de mêler étroitement la vie des civils et des Jedis, pour transformer petit à petit l’image de l’Ordre et la conscience que ses membres avaient d’eux-mêmes.

Mais pour l’heure…

Mes aventures ?

Le Jedi défit la queue de cheval de son compagnon, pour pouvoir passer la main dans ses longs cheveux blonds.

J’ai eu une semaine un peu mouvementée, figure toi.

Quelle surprise !

Donc, j’étais sur Coruscant parce que Loé passait ses épreuves de Chevalerie. Pendant qu’il faisait ça, un vase antique a été volé dans le Temple et j’ai demandé à Maxence, qui était dans le coin, de m’aider à le retrouver en faisant jouer ses contacts. Il s’est trouvé que c’est son père, qu’elle croyait mort, qui avait volé le truc, pour… La provoquer, je pense, et essayer de l’embrouiller sur ses rapports avec l’Ordre Jedi. Quelque chose dans ce goût-là.

Karm était décidément incapable de passer sept jours quelque part sans se retrouver embarqué dans des histoires compliquées.

Autant te dire que ça a pas super marché pour lui, parce qu’à la fin, Maxence a rencontré les Sentinelles du Temple pour faire un deal avec elle. T’sais, genre un contrat d’association privilégié. Renseignements sur les kajidics, interventions ponctuelles, en échange de la protection de l’Ordre et de tarifs préférentiels. Bref, elle en deviendrait presque une femme respectable.

(Presque.)

Après ça, j’ai retrouvé Loé, qu’avait réussi ses épreuves de Chevalier, sans surprise. Ça fait évidemment hyper bizarre, mais je suis fier et tout. On est restés sur place en attendant son adoubement. Dans l’intervalle, Maxence et moi on s’est retrouvés mêlés à une histoire de piratage informatique, j’te passe les détails, mais on s’en est sortis. Ah ouais, j’oubliais, aussi !

L’Ark-Ni prit l’une des mains de Luke et la glissa sous son propre tee-shirt, pour que son compagnon puisse sentir la peau chaude de son ventre et, sur ses abdominaux, la cicatrice qui rappelait le coup de sabre de Tavaï, par lequel Karm avait failli laisser la vie.

J’en ai profité pour faire une visite médicale avec les guérisseurs de Coruscant, qui m’assurent que je suis enfin pleinement rétabli et que je peux reprendre des entraînements intensifs. C’est, hm… Bon, faut avouer que je me ménageais pas trop trop avant non plus, mais là je vais pouvoir utiliser un peu moins la Force pour compenser et recommencer le renforcement musculaire et tout ça.

Il n’y avait probablement qu’un Gardien aguerri, habitué à examiner des programmes d’entraînement dans les moindres détails, pour saisir la différence entre le régime du Jedi ces derniers mois et ce qu’il préparait désormais. Mais aux yeux de Karm, cette différence était immense et il éprouvait une satisfaction manifeste à reprendre ses habitudes en la matière.

Et donc, hm… J’en viens à la partie vraiment atypique des derniers jours…

Parce que jusqu’à présent, tout cela n’était que routine et vie quotidienne.

J’ai accompagné Loé sur Ondéron pour se faire adouber. On était dans la Chambre du Conseil. Y a pas eu de cérémonie à proprement parler, parce que c’est pas son truc, ni le mien. Donc il est devenu Chevalier, il serait représentant de l’Ordre sur une planète pendant deux ou trois mois et ensuite, on verra. Et euh…

Karm se sentait soudain tout embarrassé. Il n’avait pas envie d’adopter une décontraction de façade qui aurait passé pour de la fausse modestie, ni de prendre un ton solennel qui était contraire à ses principes. Pendant plusieurs secondes, le jeune Maître conserva un silence pensif, comme si pour la première fois, près de Luke, il prenait pleinement la mesure de sa nouvelle situation, des responsabilités inédites qu’elle impliquait, mais de la liberté qu’elle lui offrait aussi et de l’aval au moins tacite qu’on avait donné à toutes ses excentricités.

Le Conseil, avec effet immédiat, m’a nommé Maître Jedi, finit-il par dire simplement.

Lui, qui avait été un petit Ark-Ni parmi tant d’autres, né dans un peuple nomade oublié de tous aux marges de la Galaxie, lui que des Sentinelles avaient retenu après la trahison de sa Maître, lui que nombre de Jedis orthodoxes considéraient encore comme de la mauvaise graine, il était devenu un Maître.

Je suppose, poursuivit-il avec une pointe de nervosité, parce que pour une fois dans sa vie il éprouvait le besoin de meubler le silence, qu’il y aura plus de détails sur mes fonctions… enfin, je suppose que c’est surtout à moi maintenant de décider quelles fonctions je veux endosser, en fait, mais tu sais… mon rôle dans l’ExploCorps va sans doute changer, mais c’était aussi le principe de cette Enclave. Enfin voilà quoi c’est comme ça hein dis donc drôle d’histoire du coup…
Luke Kayan
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- Bonne idée, la cantine a du mal à s'approvisionner, il y a des retards de livraison et des histoires de taxes.

Certains agriculteurs n'appréciaient guère les Jedis qui profitaient de prix réduits en tant qu'institution d'intérêt public de la République. C'était à contrecœurs qu'ils livraient (difficilement d'ailleurs) l'Enclave. Autant trouver des locaux motivés qui en profiteraient aussi. Luke avait confiance en Karm pour cette partie-là. Dans bien des situations, il était plus diplomate que le Hapien, sachant s'adapter avec un naturel désarmant à la façon de faire des gens. Cela aurait pu être vexant pour le Consulaire qui avait suivi de longues années d'études en psychologie et négociations, mais il était en réalité juste admiratif de son ami passe-partout (malgré sa chevelure argentée et ses yeux fluorescents, certes.). Un passe-partout qui baladait désormais ses mains dans sa crinière. Des picotements agréables au niveau des racines et derrière la nuque surprirent agréablement Luke qui rendit à Karm son intention en caressant doucement son ventre. Il ferma les yeux pour écouter ses aventures, souriant parfois, s'étonnant aussi comme d'habitude quand l'Explorateur devait raconter quelque chose. Ce qui était extraordinaire pour un civil était plutôt normal chez un Jedi mais son aîné était encore au-dessus de tout ça. Il lui arrivait toujours de rocambolesques coïncidences, encore plus avec Mazence, sa complice depuis plusieurs missions d'après ce qu'avait saisi Luke. Le Gardien en parlait maintenant avec naturel, l'intégrant à bon nombre de ses histoires, signes sans doute qu'ils étaient devenus amis. Le Hapien avait été un peu suspicieux au début, surtout aux vues des origines de la jeune femme mais désormais il la considérait comme quelqu'un de confiance. Elle protégeait sans doute l'homme de ses propres folies et rien que pour cela, le Hapien lui en était reconnaissant... Si seulement il savait combien Maxence, au contraire, pimentait dangereusement ses affaires.

- Son... Père ? Décidément je commence à penser que cette Galaxie est petite, trop petite.

Et c'était plutôt vrai, parce qu'entre Noctis qui les trouvaient facilement pour les enlever encore plus facilement, Tavaï se dressant devant eux et maintenant, le père complexe de Maxence... Il ne restait plus qu'à tomber sur la mère de Luke au carrefour de l'astroport de Coruscant. Que le géniteur de l'ex-mercenaire ait volé en revanche, ça étonnait moins le Hapien. Il fallait une enfance perturbée pour finir dans les rues. Luke, victime de préjugés ? Pas du tout, c'était ses cours de profilage !

- Je trouve ça bien qu'elle ait fait un accord. Je pense qu'on peut lui faire confiance, elle l'a prouvé.


Luke restait un peu sur la réserve quant à la blonde amie de Karm. Il n'éprouvait aucune jalousie, pas la moindre inquiétude envers leur amitié, la louant au contraire. De même, il pensait le Conseil très conscient du danger et donc apte à décider qui serait respectueux d'un accord ou pas. En revanche, il éprouvait plus de difficultés sur son caractère, elle semblait un peu... Exubérante, mais comme Karm ne lui exigeait pas de la rencontrer, le Hapien s'en contentait parfaitement. Il aimait bien entendre leurs aventures sans prendre le risque de se retrouver en plein milieu du tourbillon de ce duo électrisant.

- D'accord pour l'entraînement, mais tu sais que je le trouve déjà intense, alors quand on parle d'augmenter, le pourcentage doit rester relatif. Je suis persuadé que les médecins te l'ont dit, ça aussi, et que tu aurais comme oublié de me le préciser.

Ah ce petit malin accroché à sa nuque, le Consulaire commençait à le connaître, si bien qu'il savait que le réguler au-delà des mots sur le terrain d'entraînement serait impossible. Ne restait plus qu'à compter sur la leçon Tavaï et "limites du corps" apprise ou alors, sur la sagesse d'un Chevalier souhaitant rester dans les bonnes grâces pour devenir Maîre.

- Quoi ?

Luke allait lancer un "je savais que Loé réussirait" amical, presque tendre pour ce jeune adulte ayant perdu son mentor à un moment critique. Au lieu de ça, il eut un sursaut qui le fit reculer tant et si bien que la chaise bascula en arrière. Luke tomba, heureusement sans trop de mal sur le dos. L'acte, chez lui habituellement si pondéré, démontrait son étonnement. Que Karm soit nommé maître, Luke s'y attendait plus ou moins, mais si vite, et sans que lui ne le sache ?

- Je.... Je n'ai pas pu venir, je ne savais pas, désolé...

Parvint-il à articuler après s'être redressé sur ses coudes, encore sous le choc. Il s'était promis d'être là le jour de la nomination de Karm, pour "remplacer" Tavaï, sa mentor indigne. Raté. Immédiatement Luke s'en était voulu, mais il chassa l'idée de sa tête, réalisant pleinement ce que les mots de son ami impliquait.

Non seulement son objectif était atteint mais c'était aussi la preuve indiscutable que le Conseil, l'Ordre avait confiance en Karm. Sachant que Luke l'avait connu lors d'un naufrage puis l'avait observé se faire emmener par des inquisiteurs à peine rentrés, c'était une incroyable victoire. Et puis, il y avait aussi une autre, plus discrète mais indubitable... L'acceptation, l'accord tacite pour eux. Les autres membres du Conseil n'étaient peut-être pas au courant (c'est ça, Luke, berce-toi d'illusions) mais Saï savait. En nominant Karm, il ne rejetait pas leur relation. Bien sûr, le propre adoubement de Loé avait aidé mais en repassant le règlement dans sa tête, le Hapien se souvint que le passage au rang supérieur pour le maître n'était pas acquis automatiquement. Le Conseil pouvait honorer l'ancien apprenti tout en laissant au mentor le temps de mûrir. C'était donc bien les mérites de Karm que l'on reconnaissait (de cette partie, le blond n'en doutait pas), malgré ses divergences (voilà ce qui l'avait chagriné, inquiété dans cette quête).

- Je suis tellement fier de toi, Karm. Tu le mérites vraiment, bravo !

Encore ébloui, ému, le Hapien s'était levé et à tâtons, chercha les bras de son ami sur qui il ignorait les conséquences de la chute. Luke voulait se serrer contre lui, lover sa tête contre le cou du nouveau promu, et resté collé là à diffuser une onde de chaleur plus lumineuse que jamais. Une larme se glissa même au coin de son oeil bleu. Ça n'était pas digne de la fameuse retenue des Jedis, encore moins de celle qu'on prêtait à Luke Kayan mais cette nomination impliquait tant de choses pour l'enfant des Étoiles.

Issu d'une culture si différente, devant lutter contre un apprentissage hors-norme, frisant le côté obscur et reniant les normes, Karm avait malgré son talent, une chance relative d'être élu. Le Hapien avait oscillé entre y croire, parce qu'il savait son ami pleinement capable d'y arriver et y renoncer à cause de "l'exemple" qu'il risquait d'offrir. Il pensait notamment être le talon d'Achille de l'Explorateur, sa faiblesse qui retournerait contre lui toute tentative de promotion. Et pourtant... Karm qui avait peur de s'exprimer, d'enseigner se retrouvait maintenant Maître. Il était, en plus, à la tête de ce grand projet d'enclave. Incroyable retournement, douce moquerie face au destin.

- Quelques soient les changements, tu sais que je te soutiendrai, je suis si heureux pour toi. Si tu savais comme je suis fier. Ils ont eu raison de te faire confiance, tu apportais déjà tant mais tu vas pouvoir encore faire plus, avec davantage de moyens.

Répéta-t-il en acceptant finalement, avec grand mal certes, de se décoller de Karm. Il se moquait des conséquences, de moins voir le Chevalier, euh nouveau maître, dans l'immédiat en tout cas. L'inquiétude viendrait après. Pour l'instant, le Jedi savourait juste la réussite de son ami, son succès franc, mérité, sa revanche sur une vie difficile, parsemé d'embûches. Profiter de maintenant, de la présence de Karm et de ses choix à venir dans lesquels il s'épanouirait. Luke avait confiance, pleinement confiance en l'avenir de cet homme qui avait prouvé savoir briller même dans la plus profonde des nuits.

Pour clore ses paroles, le jeune homme embrassa avec tendresse son aîné. Il ne savait pas, à ce propos, ce qui adviendrait de leur relation, il imaginait qu'elle continuerait mais ignorait à quel point elle serait chamboulée. Tant pis, ils avaient survécu à presque tout, à cet heureux événement ce serait d'autant plus "facile".

- Il faut aussi que j'écrive à Loé pour le féliciter !

Le pauvre avait été éclipsé par son cher (ancien) maître un moment, cependant Luke se promit de ne pas l'oublier. Il avait vécu peu d'aventures avec le Consulaire mais s'y était attaché, assez en tout cas pour être heureux et fier aussi. Et Thann dans tout ça au fait ? était-elle au courant ? Le Chevalier ne posa pas la question, se contentant de visser son regard dans celui de l'Ark-Ni, si justement qu'il semblait vraiment le fixer d'un regard appuyé. Un peu mutin, presque enfantin, ce regard suppliait "raconte-moi tout" en vrac à un Karm libre de s'exprimer sur ses impressions, ses pensées, tout ce qui lui passait par la tête.

Il avait réussi, Karm avait donc finalement réussi. Quel bonheur, quel honneur c'était de servir son cher Ordre aux côtés de cet Homme avec lequel il était si profondément lié par la Force et les principes. Ensemble, ils allaient pouvoir continuer à aider autrui et chercher à apporter un peu de paix dans ce monde blessé. C'était tout à quoi que le jeune Jedi aspirait.
Karm Torr
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Honnêtement, fit Karm en se relevant, tu serais pas tombé si tu t’étais accroché à mes fesses.


Logique.


Pour sa part, il s’était réceptionné dans une roulade d’habitué des tatamis. D’une main, il aida Luke à se relever pour l’accueillir dans ses bras. Sentir ce corps un peu frêle tout contre le sien, et le souffle de son compagnon dans son cou, et sa voix au creux de ses oreilles, tout cela lui avait terriblement manqué. Ses mains se glissèrent sous le haut de Luke, pour sentir la chaleur de sa peau, dans son dos, au creux de ses reins.


Personne ne savait, murmura-t-il d’un ton rassurant pour balayer les excuses de son ami. Saï a bien conscience que les cérémonies, c’est pas forcément trop mon truc, alors il a fait ça simplement. Thann était dans les parages, elle a déboulé comme un tir de blaster, mais tu pouvais pas te téléporter depuis l’autre bout de la Galaxie.


Lui n’attachait aucune importance à ce genre de symboliques : ce qui comptait, c’était le soutien répété et infaillible du Consulaire, et cette étreinte qu’ils partageaient. Leur baiser valait toutes les cérémonies pompeuses face au reste de l’Ordre. Son étreinte se resserra autour de Luke. Il connaissait les moindres détails de son corps désormais. Il l’éprouvait par le sien et par la Force.


Je t’aime, souffla-t-il tout doucement, avant que son homme ne se détache de lui.


L’Ark-Ni redressa la chaise, pour s’y asseoir, tout en attirant Luke sur ses genoux.


(Il n’allait tout de même pas le laisser s’enfuir comme ça !)


Honnêtement… ça fait un peu bizarre.


Comme lui était un Gardien bien conscient des règles de sécurité, il posa ses mains sur les fesses du Jedi, sans aucun doute pour l’empêcher de tomber. C’était après tout désormais son rôle de Maître que de préserver les Chevaliers des blessures.


Je veux dire, j’sais que je m’étais fixé ça comme objectif, mais j’y pensais à… Genre quand j’aurais eu quarante ans, ou quelque chose comme ça. Et puis au fond, je sais pas si j’y croyais moi-même. Mais peut-être que c’est pas si mal d’être nommé Maître quand on se sent encore incertain, parce que ça évite d’avoir des délires de grandeur. On est plus vigilant sur l’autorité qu’on a sur les autres quand elle nous met un peu mal à l’aise. J’imagine.


Pourtant, Karm n’ignorait pas que son autorité était désormais considérable : les Maîtres jouissaient d’un véritable respect au sein de l’Ordre, auprès des Padawans et des Chevaliers, et si leur ascendance sur eux n’était pas absolue, leurs décisions avaient tendance à primer. Il avait recherché ce statut précisément pour pouvoir jouir de ce pouvoir et réformer son institution, mais la perspective de l’exercer continuait à lui paraître étrange.


’Fin bref. La chose en elle-même s’est faite sans protocole, j’pense que Saï me connaît assez pour ça. Y avait quelque chose de solennel cela dit, dans la sobriété, tu sais ? Y a pas besoin de grands discours et de longues démonstrations, quand chacun a bien conscience de l’importance du moment.


Mais assez tourné autour du pot.


Ceci étant dit, ça a eu, hm… Une conséquence immédiate. Je fais une escale avant d’arriver ici, pour une correspondance entre deux vaisseaux. J’étais tranquille à l’astroport en train d’exercer ma télékinésie, c’t’une question d’efficacité sur le champ de bataille, j’ai besoin de gagner en précision et en puissance et… Euh, ouais, non, je m’égare. Donc, j’étais à l’astroport, et qui je vois débarquer comme une fleur ?


Une fleur très belle, et très vénéneuse.


Darth Noctis.


Le type que tout le monde a envie de voir s’approcher de son petit ami.


Qui manifestement ne se baladait pas là par hasard, mais qui me cherchait pour me féliciter de ma nomination, apprise la Force sait comment, et m’inviter sur Hapès pour qu’il m’aide à retrouver Tavaï. Je suis parti sans demander mon reste, évidemment, parce que… Ben y avait pas tellement de justification pour l’arrêter, si tant est que j’en sois capable. Mais c’était suspect de chez suspect.


Certes, depuis le Sommet sur la Paix, le Seigneur Sith ne faisait guère parler de lui et, à l’époque même, il avait fait preuve d’intentions plutôt louables, malgré son opposition farouche à l’Ordre Jedi. De ce que Karm avait compris des derniers rapports généraux des Sentinelles chargées de suivre l’actualité impériale, l’Hapien s’était installé sur sa planète d’origine, dont il soutenait ponctuellement l’activité diplomatique, sans trop faire de vague.


Mais il n’avait pas oublié la mystérieuse assistance du garçon des rues quand Tavaï s’était manifestée sur Coruscant et l’aide que Noctis lui avait indirectement apportée. Il n’avait pas oublié non plus leur premier enlèvement par le Sith, qui avait été sans doute le kidnapping le plus courtois de la Galaxie.


J’ai du mal à saisir… C’est quoi ? Une manœuvre pour me décrédibiliser aux yeux de l’Ordre ? Une manière de me pousser à arrêter Tavaï pour qu’elle cesse de faire campagne pour l’Empire ? Une tentative vraiment pas très opiniâtre de me faire basculer du Côté Obscur ?


Pas une seule seconde Karm n’envisageait que le terrible Jedi Noir pût simplement être en train de le draguer.


(Quel petit naïf.)
Luke Kayan
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- Je comprends, j'aime aussi la sobriété.

Fit Luke en se redressant, aidé par son ami. L'émotion continuait de filtrer à travers son corps légèrement tremblant et la Force, mais plus comme une onde douce, stable qui voyageait autour d'eux. La prise de conscience voguait paresseusement jusqu'à l'esprit du Hapien et du nouveau maître qui parlait de la cérémonie quasi inexistante à laquelle il avait eu le droit. Cette dernière ressemblait en fait à celle de Luke, sans manière et sans qu'il ne soit au courant avant d'ailleurs. Réconforté et félicitant Thann silencieusement pour son arrivée en fanfare. Même s'il approuvait l'application des protocoles en général, le blond n'aimait pas ceux à rallonge qui risquaient de le mettre en valeur. Il préférait largement la légèreté d'une nomination modeste, plus adéquate à leurs principes. Le goût de l'Ark-Ni pour la simplicité était une des choses pour lesquelles Luke l'aimait. Un de leur point commun parmi les multiples différences qui les caractérisaient. Deux esprits aux réactions et pensées parfois si contraires convergeant vers des idéaux et un but semblables. Malgré leurs personnalités, leurs passés presque opposés, ils étaient réunis ici aujourd'hui et c'était en un sens, logique.

- Maître Don est ainsi. Je ne sais pas comment il peut diriger à si grande échelle mais être attentionné pour chacun des membres de l'Ordre.

Constata Luke avec une affection évidente dans la voix. Le respect et l'admiration qui se partageaient cœur du jeune homme en ce qui concernait son vieux mentor durent faire faire place à un autre sentiment : la reconnaissance. Le Hapien était persuadé que Saï avait été le premier à tendre la main à Karm dans sa jeunesse, mais aussi à croire en eux malgré leur relation. Pour autant, il les considérait toujours assez pour prendre le temps de connaître l'Ark-Ni et lui préparer une cérémonie en corrélation avec ses goûts. Bien sûr, l'Explorateur avait mérité sa nomination, travaillant plus dur que jamais, risquant sa raison, jusqu'à sa vie pour l'obtenir, mais tout le monde n'était pas capable d'accepter qu'un esprit différent soit aussi digne que le sien plus traditionnel. Y compris parmi les Jedis, même Luke l'avait compris, la tolérance quoique plus généreuse dans sa communauté (car ils étaient éduqués à ça) restait une denrée rare.

- Au fait, j'y pense, tu ne m'as pas raconté la réaction de Thann pendant, et surtout après ! Je suis sûre qu'elle passe son temps à te charrier maintenant... Si tu l'as passé sous-silence c'est que ça doit être embarrassant, je veux tout savoir.

Luke ne connaissait pas aussi bien la Miraluka qu'il aurait pu, trop timide et gênée d'apprendre qu'elle était au courant pour eux. Néanmoins, il était -paradoxalement pour un aveugle- assez observateur et il avait appris à anticiper certaines de ses réactions. C'était une padawan à part, à qui formait avec Karm, un duo tout aussi à part.

- Je suppose que ça implique beaucoup de changements
- commença Luke plus sérieux avant d'enchaîner sur un ton curieusement léger.- Comme ne plus avoir à courir derrière un superviseur pour mes dossiers. Il n'est bizarrement jamais disponible. Si je ne le connaissais pas, je dirais qu'il fuit mes rapports.- petit haussement d'épaules après une réflexion de quelques secondes.- Mais qu'importe, j'en ai un nouveau, bien plus accessible sous la main.

Derrière cette boutade, le jeune Jedi était pleinement conscient que littéralement, tout allait changer. Cependant, il demeurait confiant. Quand Karm était loin, il lui manquait terriblement mais Luke savait se contrôler, et surtout, il se consolait en sachant tout le bien que répandait l'Ark-Ni autour de sa personne. Tous deux étaient conscients que leur vie appartenait à l'Ordre, par extension donc, à leurs idéaux. Cet accord tacite entre eux avait certainement participé à ce que le Conseil décide de nommer le trentenaire, rien ne devait les faire regretter, à commencer à d'éventuelles inquiétudes. Pleinement décidé à soutenir son aîné, le blond se laissa installer sur des cuisses plutôt confortables car quoique pas bien grosses, agréablement musclées. Deux mains sur ses fesses le firent joliment sourire, léger clin d'oeil touchant au début de leur relation. Certaines choses ne changeraient pas.

Les mains glissées sous le haut du blond purent vérifier que malgré son aspect frêle, le corps qui leur tenait chaud possédait bien des muscles travaillés. Tous, d'un coup d'un seul se raidirent violemment quand le nom Noctis fut prononcé. Le Hapien se serait presque attendu à Tavaï ou, pourquoi pas, Ekkt dont la tête avait pourtant dû être récupéré sous un véhicule, mais Noctis ? Comment avait-il su, et pourquoi ? Bien que demeurant sur les genoux de son ami, Luke s'était reculé, une main sur chaque épaule de son compagnon, les bras tendus. Il semblait l'observer sous toutes ses coutures pour s'assurer que non, ce dernier n'était pas prêt à tomber en lambeaux après une attaque sinistre du monstre. Leur "ennemi" avait beau être plutôt sage ces derniers temps, le jeune Jedi n'avait aucune confiance, pire, il vouait à son esprit si particulier, une intelligence hors norme toxique. Leur invitation sur leur île l'avait marqué et le Chevalier avait conçu du mystérieux Sith, une certaine peur psychologique.

- Il est si... Imprévisible - Imprévisiblement "bon", ce qui dans le langage traditionnel, et certes, pavé de quelques clichés concernant les vilains : rien de bon. Luke était dérouté par ce méchant qui sortait des normes, dont il était impossible de lire les véritables intentions.

- Te décrédibiliser ? Je ne pense pas, il l'aurait fait avant... Et atteindre Tavaï, pareil, il a tellement d'autres moyens de la neutraliser. Mais te faire basculer du côté obscur... Il avait essayé de te convaincre avec ses discours, tu me l'avais dit. Des discours légèrement divergents de la pensée des Jedis, pour ne pas t'affoler tout en te séduisant. Pourquoi spécifiquement toi ? Je pense que tu as de grandes qualités, au combat, en exploration, en stratégie mais... Quand même... Le défi peut-être ?

Aussi innocent que son compagnon en la matière, Luke ne se doutait pas que les désirs de Noctis soient si "superficiels". Il savait que ce dernier avait eu une attitude très charmeuse lors de leur étrange séjour, surtout envers Karm, mais ça, c'était dans la nature du Sith. Il avait voulu perturber, provoquer, gêner et pourquoi pas conclure pour le simple plaisir... Mais de là courir après un Jedi, littéralement traverser monts et vaux pour le draguer.

- Je pense que tu devrais en parler au Conseil. Leur expliquer, son attitude depuis notre rencontre avec lui, ses mots, son étrange pacifisme. Tu n'as rien fait de mal, jamais cédé, ça ne risque pas de te décrédibiliser à leurs yeux, par contre avec leurs connaissances sur l'ancien Jedi et enfant qu'il fut ainsi que leur finesse d'analyse, ils pourraient apporter des hypothèses que nous n'avons pas envisagé ?

Évidemment, la solution de Luke était toujours celle d'un docile Chevalier Consulaire : se référer à l'autorité, mais aujourd'hui particulièrement, il ne se sentait pas d'affronter le trop beau monstre seul avec Karm qui en était la cible. Ce dernier l'avait justement reconnu : il ne pouvait pas l'arrêter. Légalement Noctis n'avait rien fait, mais surtout, il était plus puissant qu'eux voir que d'autres maîtres Jedis.

Le corps de Luke tremblait légèrement tandis qu'il tâchait de conserver une attitude digne. Il n'avait pas peur que Karm cède, sa confiance était aveugle, mais il craignait vraiment que le Sith s'aperçoive que sa proie était incorruptible et que ça l'ennuie. Karm serait alors la véritable cible d'un psychopathe en puissance.

- Il ne faut pas aller sur Hapès. Les étrangers, les hommes, les Jedis et les non-hapiens sont détestés. Tu réunis toutes les conditions pour un lynchage en règle , et moi, une en bonus suite au scandale du jugement de ma mère... Pire, je suis interdit de séjour après l'explosion du laboratoire.

Il frissonna. Aller sur le terrain d'un hapien qui devait avoir de sacrées relations pour s'y sentir bien en tant que mâle ? Tout ça pour hypothétiquement retrouver une ancienne Jedi aussi forcenée que douée qui avait failli assassiner Karm ? Curieusement, Luke pensait que Noctis ne mentait pas, il ne l'avait jamais fait. l'Amarane se trouvait vraiment sur da planète natale mais ce n'étaitpas une raison pour lui faire confiance.

Et si Noctis espérait réveiller la colère de Karm en l'aidant à traquer Tavaï ? En déclenchant sa soif de vengeance par exemple. Finalement ce devait être ça. Noctis voulait faire sombrer l'Ark-Ni.

Luke avait conscience d'avoir l'air effraye voir un peu lâche mais Hapès lui rappelait beaucoup trop de choses, dont Noctis étrangement très interessés par eux.
Karm Torr
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Il est peut-être tout simplement intéressé par l’ExploCorps. De ce que j’ai compris de son dossier, déjà quand il était un Jedi, il se prenait de passion pour les artefacts et les textes anciens, quand ils avaient du rapport avec la Force, ou la religion, ou des pratiques magiques. Je crois que certaines Sentinelles le soupçonnent d’avoir rejoint l’Empire Sith d’abord pour pouvoir étendre ses collections en la matière. Les dernières trouvailles de l’Ordre doivent lui inspirer de la curiosité.

Une curiosité dont Karm ne doutait pas qu’elle fût malsaine.

Moi, j’m’occupe pas tellement d’archéologie, mais il me voit peut-être comme un point d’entrée parmi d’autres. Mais j’vais en parler au Conseil de la Première Connaissance, qui saura sans doute prendre les mesures qui s’imposent.

Depuis qu’il était installé sur Hapès, Noctis vivait de facto au coeur du territoire républicain, quoique dans des secteurs autonomes, et avec la trêve entre la République et l’Empire, l’ancien Sith avait regagné une liberté de mouvements que le jeune Maître jugeait préoccupante.

Mais en tout cas, c’est sûr que je pensais pas mettre les pieds là-bas. Y a d’autres moyens de retrouver Tavaï. C’est d’ailleurs… Hé bien un sujet sur lequel je compte me pencher. Pas seul, bien entendu, ce serait probablement suicidaire. Mais au-delà de mon intérêt personnel dans tout ça, l’Ordre peut pas s’autoriser à laisser courir une terroriste qu’il a lui-même formée. Niveau image de marque, c’est quand même pas top.

Dans sa nouvelle carrière, Tavaï avait principalement connu l’échec. Ses coups d’éclat n’avaient guère fait de remous et l’influence qu’elle avait cherché à acquérir en dehors de l’Ordre, pour peser sur les cours des événements galactiques, s’était révélée à peu près inexistante. Elle avait été une maître d’armes brillante, sans aucun doute, mais il y avait tout un monde entre les champs de bataille et les révolutions réussies.

Bref. Ce sont des problèmes pour un autre moment. Et p’têt pour des personnes plus qualifiées. Mais, j’ai pas mal à faire avec l’ExploCorps et puis l’Enclave. Viens, on va se promener.

« Se promener », ça consistait apparemment à faire courir ses mains sur les flancs du Hapien en l’embrassant avec un brin d’indécence, mais quelques minutes plus tard, Karm parvint à se retenir miraculeusement de commencer sa visite de l’Enclave de Dantooine par le lit le plus proche et, à la place, laissa son ami se relever, pour gagner en sa compagnie les couloirs d’un bâtiment encore en train de recevoir ses finitions.

La Force avait toujours ces nuances si particulières, en un lieu qui avait tant connu la violence et le désespoir. De l’Enclave détruite par les bombardements, des morts et des affrontements de l’Exilée, on percevait encore les échos lointains. C’était une blessure et cette blessure, la nouvelle Enclave avait la mission de la refermer. Karm croyait fermement en la promesse d’une vie nouvelle que, le jour de son exploration des ruines en compagnie de Thann et de Loé, ils avaient trouvée cachée dans la végétation luxuriante qui avait secrètement envahie l’ancienne salle du Conseil.

Quand on aura pu installer une petite représentation de l’ExploCorps ici, reprit le Jedi après un long moment de silence, les mains dans les poches, à déambuler dans les couloirs, j’pense qu’il faudra reprendre l’exploration des cavernes de cristaux. C’est là que j’étais v’nu avec Wen pour trouver ceux de mes shotos et le filon est toujours important. Ça me paraît judicieux de diversifier les sources.

Karm craignait toujours que le secret qui entourait Ilum, la principale source où se fournissait l’Ordre en la matière, ne fût percé par l’Empire Sith. Après tout, certains Jedis qui avaient été corrompus par le Côté Obscur connaissaient l’existence de cette planète, à défaut d’être capables de l’atteindre par leurs propres moyens. Dantooine offrait une excellente alternative.

T’as réfléchi à comment tu aborderais les choses de ton côté, à l’avenir ?

Karm bifurqua pour regagner l’air libre et, une fois dans cet espace qui devait encore prendre la forme d’un parc à l’avenir, il se dirigea vers les installations agricoles, appelées à devenir une part essentielle de la nouvelle Enclave.

J’veux dire, on arrive au bout des formalités d’installation. La machine administrative va suivre son cours et t’as ta propre voie à tracer dans toutes ces histoires. Tu t’es laissé pas mal de temps pour faire le point, depuis que t’as arrêté d’enseigner et tout ça, mais j’imagine que désormais, tu commences à te faire une idée sur ce que tu aimerais faire.

L’Ark-Ni savait que son ami avait vécu un éloignement progressif de ses missions originelles de Consulaire, et que la politique comme la diplomatie à grande échelle lui inspiraient des réserves de plus en plus importantes.

Parce que… ‘Fin je suppose que tu te rends compte que c’est possible pour toi de mener une vie relativement sédentaire ici. Entretenir les bons rapports avec la population, s’assurer d’un développement harmonieux de l’ensemble, pourquoi pas endosser une partie des responsabilités médicales.

Tous les Jedis ne menaient pas une vie aventureuse aux quatre coins de la Galaxie, loin de là : certains restaient de nombreuses années sur la même planète, pour y représenter leur Ordre et assister les locaux.

Mais peut-être que t’as envie de te rembarquer pour des voyages… ?
Luke Kayan
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- Il pourrait essayer d'accéder à l'Enclave oui. Après ce qui c'est passé, il y a peut-être des reliques cachées, des zones potentiellement prometteuses inexplorées ou... C'est le nouvel ordre qui l'intéresse. Le pire dans tout ça, c'est qu'il ait été mis au courant de ta nomination. La nouvelle ne s'est même pas répandue dans le temple, Thann l'a su à la dernière seconde et je l'apprends maintenant.

Le regard de Luke, inutile mais bien vivant et expressif s'assombrit. Il se rappela d'une hypothèse d'Ekkt qu'il avait alors cru simplement paranoïaque : et si ça venait de l'intérieur ? Et si quelqu'un avait averti Noctis ? Le pourquoi de l'intérêt du Hapien restait très perturbant mais le comment il avait été mis au courant davantage, tout à coup, leur Temple, leur Foyer semblait moins sûr, violé par les indiscrétions d'un étrange Sith.

- Je comprends pour Tavaï. Je veux dire, son raisonnement t'échappe parfois alors j'imagine les autres. Tu es encore celui qui sait le mieux la décrypter. Tu sais bien que je chercherai avec toi.

Lui aussi se sentait impliqué, après tout, il avait côtoyé l'Amarane folle, en vrai pendant leur combat et par procuration via son ami. Le jeune homme se souvint momentanément de son aura terrifiante au sein de l'esprit de l'Ark-Ni, quand il avait voyagé dans son esprit. Presque écrasé par cette terroriste dont l'obscurité avait échappé au Conseil. C'était une des plus grosses erreurs que ce groupe de Sages avait pu commettre, une des seules dont Luke reconnaissait son Ordre coupable et pour laquelle il avait du mal à lui pardonner. Au sein de leur communauté si pure, qu'un enfant ait pu être maltraité de la sorte paraissait improbable, et pourtant. Par chance, l'Explorateur était fort, plus encore qu'à cette époque où le Hapien avait visité son esprit au bord de la déraison, de la Grande Fin. Il savait faire la part des choses et demanderait de l'aide. Il comptait bien, pour sa part, l'aider à cerner puis coincer Tavaï avec les renseignements obtenus sur elle -certes, maigres, mais Luke commençait à avoir une certaine expérience en profilage.-

Le jeune Jedi s'était décrispé. Il avait craint que Karm ne veuille tout arranger seul , pour ne pas mêler autrui à ses problèmes ou mettre en danger qui que ce soit. Si cette manière de songer était en soi chevaleresque, elle n'en restait pas moins malsaine, dangereuse si abusive et l'Ark-Ni n'en avait pas été loin. C'était vraiment parce qu'Ekkt et lui avaient cherché à le retrouver qu'il les avaient finalement inclus dans la chasse à l'Amarane. Ainsi donc, le Hapien avait toujours un peu peur que son ami ne réagisse excessivement ou justement, avec beaucoup trop de laxisme envers un danger pourtant évident. Il était comme ça, Karm, parfois suicidaire au lieu de se contenter d'être courageux.

Les mains baladeuses du concerné sortirent le jeune homme de ses réflexions. Il acheva de se décontracter en se disant que tous deux avaient déjà bravé des tempêtes seuls. Avec le secours du Conseil, en bonne et due forme, sans Hapès, sans Ombre type Ekkt -que la Force ait son âme, mais jusqu'au bout, Luke l'avait très peu apprécié.-. Tout n'irait pas bien mais ils tiendraient le coup. Avec un peu de chance, Noctis commettrait un impair et pourrait être arrêté. Bon, Luke rêvait un peu trop sur le coup mais se débarrasser d'une psychopathe sur deux serait déjà rassurant.

Avec un soupir, le jeune homme se leva, il sentait les battements de son coeur peine à ralentir et une certaine tiédeur aux endroits caressés par Karm. Un dernier baiser et les voilà partis déambuler dans l'Enclave. Luke avait été frappé par la sensation étrange qui émanait des lieux. Son lien avec la Force avait mal accueilli l'ambiance obscure qui s'échappait des anciennes plaies de Dantooine. Le premier jour, il l'avait passé enfermé dans son bureau, au bord de la nausée, incapable de manger. Maintenant, bien qu'il préfère l'atmosphère d'Ondéron, les sorties étaient pleinement vivables. Un voile lumineux et doux se diffusait en continu autour de lui. C'était, pensait-il, l'aura de Jedis enthousiastes, purs, qui finiraient par se déposer comme un pansement sur l'Histoire douloureuse de la planète. Le temps, la Force feraient leur office au rythme des méditations, du travail en communauté et des souvenirs heureux qui se construisaient déjà tandis que les murs s'élevaient. Ce projet, Luke avait eu un peu de mal à y croire au début, et surtout, il avait pensé que ce n'était pas une priorité vu la place dont ils disposaient à Ondéron ou encore la construction du Tempe sur Coruscant... Cependant, il avait assez vite changé d'avis ou du moins l'avait nuancé. Aujourd'hui le jeune homme était juste content d'assister à la renaissance lente, la remontée parfois irrégulière, douloureuse mais belle de ce monde que les Jedis avaient dû abandonner. Sous l'égide de Karm et d'autres Maîtres, cet endroit pouvait devenir un merveilleux refuge.

- Tu as raison, Ilum est lointaine et dangereuse, il me semble avoir su, via un rapport qu'un [Seuls les administrateurs ont le droit de voir ce lien] avaient trouvé la station en charpie, le personnel tué. - Les derniers rapports n'étaient pas clairs, mais ses coordonnées ne sont plus si bien gardées semble-t-il.

S'inquiéta le Chevalier, prenant pleine conscience du nouveau danger. Certains duos allaient, seuls, chercher leur sabre-laser, mais l'Ordre se faisait aussi livrer du Kyber depuis là-bas. Si cette voie devenait impraticable ou s'il fallait sacrifier du personnel pour ça, hors de question de continuer de la sorte.

- J'aimerais faire partie d'une des explorations. Enfin, pas des toutes premières, disons lorsque le chemin sera dégagé.

-Continua-t-il, enthousiaste à l'idée de replonger dans cette ambiance si spéciale qu'offrait une de ces cavernes à cristaux. Néanmoins conscient de son handicap, Luke ne voulait pas imposer sa lenteur et sa "lourdeur" sur les chemins très escarpés, remplis de gravats à une équipe. Il rejoindrait sans doute les chercheurs qui suivraient les pas des premiers éclaireurs si on lui laissait l'occasion. Mine de rien, le timide Consulaire appréciant son bureau savait aujourd'hui apprécier les voyages. À défaut de voir les paysages, il interrogeait les autochtones, entendait leurs histoires, se faisait raconter l'ambiance qui régnait sur le monde et l'expérimentait d'ailleurs à sa manière. Relativement "craintif" et prudent car c'était son tempérament de base, le blond avait cependant appris à aimer voyager, quitter son confort -même s'il n'était pas de ceux à se sentir à l'aise dans le luxe, bien au contraire.-

- Hum... Je... Je pense que les Jedis déjà présents sur les lieux, venus depuis le commencement on déjà établi de bons liens, surtout les responsables des Corps. Vraiment, je ne servirai pas à grand chose ici. Mais tu sais bien que je continuerai à travailler avec toi le plus possible. En fait j'imagine une dynamique assez peu différente de maintenant bien qu'un rythme moindre vu que tes obligations vont changer. Mais je serai là pour te soutenir, tu le sais.

S'il était vrai qu'une grande communauté comme la leur réclamait toujours de vaillantes petites mains, pour rédiger des papiers aussi bien que pour guérir (et enseigner, entraîner ou gérer le quotidien d'ailleurs), Luke pressentait, sans trop se l'expliquer qu'il avait besoin d'autre chose. Sans devenir le plus grand voyageur de cette décennie, le jeune homme appréciait ses allers-retours (oui même sur Coruscant), varier un peu. Dans une Enclave surtout destinée à l'enseignement, il avait aussi peur de ne pas réellement trouver sa place. Ainsi donc, sans y avoir trop réfléchi, contrairement à ce qu'indiquait Karm, Luke avait trouvé sa réponse naturelle. Il se réprimanda de ne pas avoir pris davantage de temps pour réfléchir mais se tourner vers lui-même, penser à sa petite personne n'était pas dans ses habitudes. Il avait continué à faire des missions, croisant parfois Karm ou le laissant aller, s'inquiétant bien sûr mais aussi fier de ce que son ami accomplissait au-delà des frontières.

- Je pense que le lien que j'ai avec l'Université sur Coruscant et la police me manqueraient... Ce n'était pas prévu, je veux dire, toute cette partie criminologique mais après tout, j'apprends tellement à leurs côtés. - Et puis il avait certains contacts qui le sortaient un peu de son isolement, souvent volontaire. Un réseau comme le sien, peu étendu mais très solide, il fallait beaucoup de temps à un timide comme lui pour le construire. Au fond, le Jedi y tenait et puis Dantooine portait toujours cette plaie béante qui irritait ses sens malgré le pansement apposé.-

- Maître Don veut que j'aille sur Coruscant avec lui pour rencontrer Grendo S'Orn. Ce n'est pas spécifiquement ce que j'aime mais je sais le faire... Et ouis force est de reconnaître que si futile soit ce statut officieux, je reste le Padawan de Maître Don... Certains qui ont été proches de lui ou pensent mériter la déférence du chef du Conseil veulent faire passer un message à travers moi, et aucun autre.

C'était arrivé assez peu mais suffisamment pour être mentionné. Luke n'était pas meilleur à leurs yeux sinon le lien le plus direct avec Saï pour que leur complainte arrive à coup sûr jusque lui. Le Hapien avait aussi appris à modérer ses envies. Il était Jedi. Ne plus devoir enseigner était déjà un luxe, il n'allait pas non plus faire un complet caprice sur son travail d'origine. Tout comme Karm accepterait les inconvénients et charges de son nouveau rôle, il en était persuadé.

Et toi, tes nouvelles responsabilités ne risquent-elles pas de te condamner ici ? Enfin, condamner n'est pas le mot mais je sais que tu aimes tellement explorer, voyager...

Si lui éprouvait le besoin de "voir" du paysage, son aîné beaucoup plus habitué à ce style de vie ne risquait-il pas de s'embourber dans les responsabilités parfois administratives de son nouveau statut ?

- Tu veux peut-être voir le réfectoire ? C'est un des chemins que je connais le mieux, avec l'infirmerie presque finie d'ailleurs.
Karm Torr
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Grendo S’orn ? C’est qui ?

Karm jeta un coup d’oeil de farfadet malicieux à son petit ami, avant de s’abandonner à un rire léger.

J’plaisante. Lui, je sais qui c’est.

À la différence du reste du gouvernement, dont il n’avait strictement pas la moindre idée. D’ailleurs, au-delà de connaître le nom du Chancelier Suprême, il n’en savait pas grand-chose de plus. Les orientations de S’orn ? Aucune idée. Son parti d’origine ? Pas plus. L’explorateur s’astreignait à suivre à peu près l’actualité des lois relatives à la préservation des environnements naturels, aux entreprises de colonisation et à la détermination des routes hyperspatiales, grâce aux rapports résumés qu’en faisaient les Consulaires de l’ExploCorps, et c’était déjà beaucoup pour lui.

J’imagine bien que c’est pas hyper enthousiasmant, mais que les gens te considèrent comme quelqu’un qui peut parler au Chancelier, ça t’ouvrira aussi pas mal de portes. Pense à ça comme… J’sais pas, acheter un marteau sonique. C’est une question d’acquérir un outil pour faire ce que tu as envie de faire.

Ces derniers mois, il s’était retrouvé lui-même, un peu par hasard, dans des missions de nature diplomatique, et il avait été bien obligé de s’acculturer à ce monde étrange. Jamais il n’aurait l’âme d’un politicien, ni même d’un négociateur, mais il était bien conscient que ses responsabilités de Maître impliquaient désormais des raisonnements de ce genre.

Puis c’est bien que tu puisses faire des missions avec Saï. Vous avez un lien fort qui doit pouvoir garder de son sens dans l’action sur le terrain, même l’action euh… ben pas très mouvementée, quoi. Et j’dis pas ça parce que Loé va me manquer et que je songe à trouver un moyen d’arrêter la croissance de Thann.

C’était une plaisanterie, bien sûr, mais que le Kuati fût devenu Chevalier l’invitait nécessairement à songer au jour où Thann lui emboîterait le pas, dans quelques années à peine. Malgré tout, ce serait une séparation, et Karm craignait l’impression de solitude qu’il l’accompagnerait peut-être.

Enfin…, soupira-t-il pour chasser ces considérations peu réjouissantes. J’veux bien voir l’infirmerie, oui.

Son installation s’était rapidement révélée nécessaire. Pour une bonne part, les travaux de reconstruction de l’Enclave associaient étroitement les jeunes gens encore sous la tutelle de l’ExploCorps et les erreurs, fréquentes, impliquaient des blessures qui ne l’étaient pas moins. Superficielles, elles exigeaient malgré tout des soins rapides et attentifs.

Mais Karm avait mis un point d’honneur à ce que les futurs habitants de l’Enclave puissent participer à sa réfection : c’était un lieu qu’ils devaient s’approprier et marquer de leur présence, à travers la Force, pour que la reconstruction naisse de leur volonté, comme la destruction s’était abattue de celle des Siths. Hors de question que la Nouvelle Enclave fût le fruit du travail mécanique et impersonnel des droïdes de chantier, auxquels leurs concepteurs ne prenaient pas même le soin de conférer une véritable intelligence artificielle.

Et quant à moi… T’sais, j’compte pas nécessairement diriger cette Enclave. D’abord, parce qu’elle est pensée pour être plus… Participative, disons. Ensuite parce que y a des gens plus habitués au sein de l’EducCorps et de l’AgriCorps pour la gestion des installations durables. C’est pas la vocation d’un explorateur dans la force de l’âge… ‘fin, force, on se comprend, hein… mais c’est pas sa vocation que de se fixer à un endroit.

Depuis combien d’années d’ailleurs Karm n’avait-il pas passé plus d’un mois d’affilé sur la même planète ?

En revanche, j’aimerais bien que Nata se base ici. Et même…

D’un regard circulaire, il s’assura que l’Auxiliaire qui l’accompagnait désormais dans nombre de ses missions de formation et d’exploration impliquant plus de trois ou quatre personnes ne fût pas dans les parages.

Même, j’aimerais la nommer… Responsable des opérations. ‘Fin, j’ai pas le titre exact, mais tu sais quoi, en charge du bon fonctionnement de l’Enclave. Elle est hyper jeune, c’est sûr, mais la logistique et l’administration, c’est vraiment, vraiment son rayon et j’crois qu’elle apprécierait d’avoir… Plus de visibilité sur son mode de vie.

Nata n’avait jamais été une grande aventurière, et c’était l’une des raisons pour lesquelles elle n’avait pas passé les épreuves de Chevalerie. Son arrivée au sein de l’ExpoCorps avait été en partie le fruit du hasard et Karm était soucieux de lui trouver une place où elle pourrait s’épanouir.

Bref, tout ça, c’est encore en construction. Mais moi, ma place, elle est plutôt sur le terrain, puis on va pas se mentir, c’est pas par mes talents de chef que je vais briller. J’ai des idées et des principes, des faits d’arme aussi, mais être un leader, ça implique aussi des choses plus… quotidiennes, qui sont pas… ou pas encore… dans mon tempérament.

À trente ans, Karm n’était qu’un tout jeune Maître Jedi et il en avait parfaitement conscience.

Chaque chose en son temps. Puis l’Espace Sauvage va pas s’explorer tout seul !

Les deux Jedis finirent par pénétrer dans une infirmerie où une jeune femme, une civile des fermes avoisinantes qui venait prêter main forte au développement des champs, avait abandonné sa tête entre les deux mains palmées d’un Guérisseur Jedi. Après quelques minutes de silence, le Consulaire baissa les bras et la paysanne releva la tête.

C’est magique, s’exclama-t-elle !
C’est une façon de voir les choses, je suppose, répondit le Guérisseur d’une voix gutturale et d’un ton tranquille. Mais rentrez tout de même vous reposer. Les migraines persistantes méritent d’être traitées avec soin.
Merci m’sieur… euh… Chevalier ?
Zluburg, répond tranquillement le Jedi en balayant les titres qu’on voulait lui donner d’un geste de ses tentacules buccaux.
Merci Zluburg !

Et la jeune fermière bondit de la table d’examen, pour quitter l’infirmerie. Zluburg se tourna vers ses deux visiteurs.

Maître Karm, s’exclama-t-il !
Les nouvelles circulent vite.
Plus ou moins. Le communiqué du Conseil sur les dernières épreuves de Chevalerie et ta… votre…
J’pense qu’on va continuer à se tutoyer, Zlu, hein.
Ta nomination, alors, est arrivé… Il y a dix minutes, juste avant que la demoiselle ne vienne.
Ah ben du coup, j’imagine que y a certains orthodoxes qui doivent être en train de développer des ulcères d’estomac, ça va donner du travail au MedCorps.
Tu as toujours su nous tenir occupés, remarqua le Guérisseur en se lissant les tentacules. Tu viens m’aider à convaincre le Chevalier Kayan de rejoindre le corps médical jedi à plein temps ?
J’ai aucune influence sur lui, il n’en fait qu’à sa tête, turbulent comme il est.

(On est bien en train de parler de Luke.)

Zluburg fit entendre un son de siphon qui se vide. C’était un rire. Probablement.

J’viens surtout te convaincre de rester ici un moment.
Ça ne sera pas difficile. Après des années de médecine militaire, je ne suis pas fâché de retrouver un environnement plus… Calme.
Mais qui a ses propres blessures.
Tu parles de la Force, fit le Guérisseur d’un air grave.

Karm eut un léger hochement de tête.

En effet, en effet. Mais parfois, soigner les petits maux est un grand remède.
Luke Kayan
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Une onde de soulagement traversa l'échine frissonnante de Luke. Au moins lui. Karm savait qui était Grendo S'Orn. Un sourire taquin aux lèvres, le Chevalier considéra son ami.

- Mais c'est qu'il ferait des progrès ! Je ne devrai peut-être bientôt plus t'expliquer comment fonctionne le Sénat en introduction. À chaque fois. Tiens, test : si je te dis Sly Keto ?

Bien entendu, le Hapien plaisantait, surtout lui doté d'une patience infinie. Il pourrait passer son temps à réexpliquer des concepts politiques à L'Ark-Ni, d'autant plus qu'il lui était très reconnaissant de ses propres apprentissages. En matière d'enseignement, Karm était aussi gentil que lui, en plus... Pédagogique. Sous ses airs orthodoxes, le trentenaire avait un don particulier pour aborder les choses avec les enfants et les adolescents que Luke ne possédait pas. Dans son cas, il fallait que ce soit l'élève qui fasse un pas vers lui, creuse et cherche à comprendre sous les questions maladroites, les explications trop lourdes et les tonnes de devoirs. Sa dernière expérience en la matière dans l'infirmerie du Temple d'Ondéron faisait encore honte au Consulaire d'ailleurs. Il avait fait pleurer un adolescent malade en lui demandant de réfléchir à ce que lui apportait son handicap. Si la théorie était une bonne idée, la manière de l'exposer l'avait été beaucoup moins.

Fort -ou faible- de cette expérience, Luke trouvait donc les pas de son ami au sein de cette Enclave bien plus légitimes. Ceci dit, à la déception qu'il ressentit au nom des élèves, fut associée une certaine forme de soulagement égoïste lorsque ce dernier avoua ne pas penser diriger l'endroit. Le nouveau maître avait beau démontrer de solides capacités pour faire marcher l'Enclave, Luke peinait à imaginer leur mode de vie complètement changer (bien qu'il l'aurait encouragé et soutenu).

- Bien sûr, de toutes manières, nous ne sommes pas là pour faire ce qui nous plaît mais ce qu'il faut pour arriver à un but qui... -Un petit haussement d'épaules introduit la conclusion de Luke.- Nous plaît.

Dit comme ça, la phrase était tendancieuse mais venant de son ami, Karm comprendrait certainement qu'il n'y avait aucun sous-entendu, aucune fin qui justifie les moyens. Seulement l'idée de se résigner à politiser pour rendre justice, protéger les autres et maintenir leur Ordre : leur but à tous les deux, leur véritable finalité pour laquelle chacun sacrifierait sa vie. Aucun d'eux n'avait été éduqué à s'écouter, à faire uniquement ce qui leur plaisait. Le Temple lavait inconsciemment les plaisirs individuels, diluait certains pans de la personnalité de leurs adhérents et s'il existait encore une différence entre les divers Jedis, parce que non, ce n'était pas une secte, tous avaient en tête (normalement) que la communauté primait. C'était sur ce point précis, entre autres, que les détracteurs de l'Ordre attaquaient, accusant les Jedis de priver les enfants de leurs émotions, de leurs envies pour les caser là où bon leur semblait tant l'épanouissement personnel était vain. Caricature qui ne se basait sur rien estimait Luke qui considérait avoir choisi de sacrifier son bon vouloir. Lavage de cerveau efficace ? Certains hurleraient un grand "oui", sans nul doute tant l'exemple du Chevalier docile leur paraissait criant. Dans un autre style, d'ailleurs, Karm aussi serait le modèle type de l'homme confiné à son rôle. Emprisonné dans sa "religion" au point d'obéir à des règles auxquelles il ne croyait pas ou d'exécuter des missions non souhaitées pour le bien-être d'un hydre qui s'étendait désormais de Coruscant à Dantooine.

Luke en tout cas se moquait bien de ces critiques. Il croyait son sacrifice plutôt modeste pour une si grande cause et juste. Faire ce qui "n'était pas très réjouissant", c'était faire preuve de maturité et de bon sens, pour le bien de la communauté. En cela il était complètement d'accord avec son ami. D'ailleurs, une partie de leur amour se fondait sur leur loyauté envers des principes semblables. Malgré leurs différences, tous deux vivaient pour le bien d'autrui et de leur cher Ordre, au no de la Force Lumineuse.

- Je m'en doute. - Un faible sourire illustra une compassion anticipée. Lui aussi redoutait, malgré principes de détachement ancrés dans sa tête, le jour où Saï partirait en retraite puis définitivement. Heureusement, l'avenir de la Miraluka et de Karm était plus prometteur sauf si une mission décidait d'inverser l'ordre des choses.- Mais je suis sûr que d'une façon ou d'une autre, ils resteront proches de toi. Comme tu l'as dit, mon lien avec Maître Don se maintient malgré ses hautes occupations ou le fait que je voyage plus. Thann et Loé auront toujours un moyen de collaborer. Après tout ni l'un ni l'autre ne sommes le Padawan de l'autre et... On s'arrange bien pour travailler ensemble assez souvent.- Plus que souvent même. Dans des temps plus anciens, l'Ordre aurait séparé ce duo tendancieux. Aujourd'hui, dès que l'occasion se présentait on les laissait voir on encourageait leur binôme. De la même manière les anciens mentors et leurs élèves collaboraient régulièrement.- Tu sais, j'ai eu très peur en devenant chevalier. Je pensais que notre manière de fonctionner avec Maître Don changerait et, effectivement, cela s'est produit mais ce n'était pas pire qu'avant, ni mieux. Juste différent. L'équilibre s'est rétabli naturellement. Je suis certain que ce sera pareil avec Thann.

Certes, Luke voyait moins son maître et ce dernier avait déjà confié se sentir parfois seul sans apprenti à qui enseigner, mais ils étaient restés finalement proches. Sans compter que vu sa jeunesse et son appétence pour l'éducation des jeunes (cette phrase aussi était tendancieuse), Karm trouverait un autre Padawan.

- Tu as raison, je connais peu Nata, mais de ce que j'entrevois dans les rapports et le fonctionnement de l'Enclave, son nom apparaît uniquement en bien. Elle a d'excellentes connexions partout et semble mature. Sans parler du quota d'heures de travail inépuisable qu'elle fournie.

Karm avait ce don de lire les gens en les "sentant", Luke lui était plus pragmatique, sans doute parce qu'il s'en approchait moins. Il avait néanmoins et paradoxalement l'oeil partout. L'évolution de la jeune femme ne lui avait donc pas échappé.

- Propose-le lui en temps voulu, elle aimerait surtout que ça vienne de toi car elle t'apprécie. Ça se voit dans ses rapports.

Fit le jeune homme tout sourire en ignorant que l'attrait de Nata pour Karm n'était pas seulement épique. Il était trop innocent et trop confiance pour ça. Ses mots lorsqu'elle se référait aux idées de Karm concernant l'Enclave le faisaient simplement sourire, le rendant fier. Il aimait que les autres voient en l'Ark-Ni ce potentiel que ce dernier avait modestement ignoré si longtemps.

***

L'infirmerie était plutôt calme quant ils y entrèrent, puisque seule une paysanne en ressortait. D'habitude, l'endroit fourmillait d'activité. Les employés n'étaient pas du genre à se plaindre mais vouloir mélanger tout ce beau monde sur un si gros projet impliquait une certaine quantité d'accidents. Zluburg et Luke se côtoyaient parfois lors des heures de folie (coïncidant avec les jours où l'on faisait surtout de la maçonnerie sur le chantier).

- Bonjour Chevalier Zluburg.- Le médecin soupira, il avait abandonné l'idée que Luke cesse d'utiliser son rang. Il avait décidé de lui répondre en lui donnant des "Chevalier Kayan" en retour pour l'agacer, mais le concerné ne semblait pas réagir, donc il avait abandonné. Certains avaient sans doute besoin de plus de distance que d'autres. Plus par timidité et respect qu'autre chose, le Hapien n'était toujours pas passé au tutoiement. Il faut dire que 7 ou 8 h passées à arranger des bobos 3 fois assaisonnées de quelques graves accidents par semaine, c'était trop peu pour se connaître quand on s'appelait Luke Kayan. Au moins, régnait entre eux une entente chaleureuse, à peine gâchée par cette courtoisie un peu exagérée.- J'ai eu un bon professeur aussi. Pour le côté "je-m'en-fiche". Plus sérieusement, vous savez qu'hélas, il manque du monde à l'extérieur alors que vous gérez parfaitement ici. Voilà pourquoi ce serait aussi malhonnête de ma part de rester... Sans compter les techniques que vos guérisseurs maîtrisent et que moi non.

Évidemment, travailler dans le MedCorps à plein temps conférait aux guérisseurs des capacités que Luke caressait à peine et encore, grâce à un travail acharné. Son manque de "spécialisation" ceci dit, couplé à ses problèmes de vue ne le rendraient jamais complètement efficace en médecine. Il s'occupait surtout de la guérison mystique, or il fallait être complémentaire et savoir aussi observer pour gérer scientifiquement une maladie. La contrepartie de maîtriser un peu de tout était là : n'avoir réellement de place fixe nulle part. Pour l'instant, heureusement, le blond s'en contentait. Un sourire éclaira les lèvres du Hapien qui laissa ensuite les deux hommes converser. Son habitude à s'effacer lorsque d'autres parlaient, autant par goût que timidité cette fois.

- Maître Zorn dit que le temps, les entraînements quotidiens et la méditation collective ou personnelle pourrait combler naturellement la blessure.

Observa-t-il néanmoins à la fin, l'air un peu suspicieux. Il n'était pas sûr que ça se règlerait seul surtout en pensant à Dxun. Karm et lui avait parlé de maîtres réunis pour exclusivement travailler à panser les plaies de la nature. Bien qu'ici le niveau d'obscurité était moindre, c'est peut-être ce qu'il faudrait.

- Croyez-vous qu'en unissant leurs auras, des Consulaires expérimentés pourraient aider à la refermer plus vite ?

Ou plutôt tout court, mais Luke n'osait émettre une objection face aux paroles d'un Maître, surtout que lui, désemparé face à cette plaie n'avait pas la réponse complète.
Karm Torr
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Ma foi, répondit Zluburg quand Luke déclina son invitation à rejoindre l’équipe médicale à plein temps, je comprends votre intérêt pour le terrain, Luke. Peut-être y retournerai-je moi-même, dans quelques mois ou dans quelques années.
Ça a rien d’une obligation, intervint Karm, qui savait combien le Guérisseur avait été éprouvé par la guerre.

Il avait rencontré Zluburg sur les champs de bataille de la République. Chacun se battait contre ses propres ennemis : lui contre les Siths, le Guérisseur contre les blessures et l’ombre de la mort. Zluburg avait dix ans de plus que lui et il avait vu tout autant de combat. Karm estimait qu’il était parfaitement fondé à aspirer désormais à une existence plus tranquille.

Je sais, je sais, dit le Consulaire avec un signe de sa main palmée. Chaque chose en son temps. Un petit tour dans le jardin des simples ?
Volontiers.

Zluburg referma les armoires à médicaments avant de les guider par une porte-fenêtre qui donnait directement sur l’extérieur. De là, les champs de Dantooine s’étendaient à perte de vue. Difficile de dire où finissaient les terrains de l’Enclave et où commençaient ceux des fermiers. Le secret espoir de Karm était que sa distinction disparût après quelques années.

Bientôt, les trois Jedis marchaient à pas tranquilles dans les allées d’un jardin qu’on n’avait pas encore achevé d’aménager mais où déjà poussaient des herbes médicinales ramenées des quatre coins de la Galaxie. Karm reconnut dans un carré celle d’Oxvar IV, dont il avait négocié lui-même l’approvisionnement, en compagnie du Padawan Glurba.

Pour ma part, je dois bien reconnaître que je ne suis pas vraiment un expert de ce genre de choses, avoua le Guérisseur quand Luke suggéra d’associer des Consulaires pour résorber la présence du Côté Obscur. Mais j’imagine que Karm a une idée sur la question.
J’suis plutôt partisan de… Laisser les choses se faire petit à petit. La présence du Côté Lumineux infusera progressivement dans les murs, dans le sol, dans le passé de Dantooine. J’trouve que l’Enclave a connu déjà trop de moments extraordinaires et que parfois, il faut des thérapies de la normalité.
Et en parlant de thérapie… ?

Le Guérisseur interrogea son ami du regard.

Paraît que j’peux reprendre l’entraînement intensif.
Que tu avais bien sûr scrupuleusement laissé de côté, fit l’autre non sans une pointe d’ironie.
Moque toi mais oui, plus ou moins.
Plus ou moins…. Ah ! Voilà !

Zluburg s’arrêta devant un buisson de ronces, dont les épines nombreuses hérissaient la plante d’inquiétante façon.

Un précieux relaxant, dont nous nous servons pour apaiser les esprits troublés.
L’ancienne salle du Conseil est envahie par la végétation.
Exactement.

C’était une conversation allusive, mais claire pour un Jedi : la vie avait depuis longtemps repris ses droits dans l’Enclave de Dantooine et, comme elle, le Côté Lumineux de la Force restaurerait un équilibre, quoique les apparences puissent être parfois inquiétantes.

Karm considéra longuement le besoin, qui aurait paru tant à sa place dans le château maudit des méchants de conte de fée et qui pourtant distillait sa présence apaisante, avant de murmurer :

Le MedCorps aura un rôle important à jouer dans cette Enclave. Au-delà, je veux dire, de l’infirmerie.

Une nouvelle fois, le rire de vidange de Zluburg se fit entendre.

J’en déduis que ce n’est pas une simple visite de courtoisie.
Certaines des personnes pour qui cette Enclave est bâtie… C’est des gens qui ont besoin de comprendre la Force dans ce qu’elle a de plus doux. De s’initier à la Restauration. Même quand ils viennent de loin. On a besoin de quelqu’un… Qui ait connu la violence des batailles, et qui soit un expert de son domaine.

Zluburg tourna un regard pensif vers les étendues agricoles qui entouraient le Temple.

Je n’ai jamais enseigné à personne.
L’enseignement, c’est bon pour l’âme, parfois.
Veux-tu que j’enseigne aux autres à soigner ou que l’enseignement me soigne moi-même ?
Fromage ou dessert, pourquoi choisir ?

Le Guérisseur sortit un brumisateur pour humidifier sa peau, avant de hocher la tête.

Et puis tu sais, ici, l’idée, c’est que les élèves apprennent aux profs autant que les profs aux élèves.
Je crois… Je crois que ça ne me déplaira pas, finit par concéder le Consulaire.
T’as encore le temps pour y réfléchir, de toute façon.

Les trois Jedis reprirent leur marche. Karm ne perdait pas espoir que Luke aussi renoue un jour avec la pédagogie. C’était à ses yeux une activité précieuse, presque essentielle dans le cheminement d’un Jedi, mais il ne comptait pas brusquer son compagnon. Le Hapien était encore très jeune et il avait le temps de trouver son chemin dans le domaine.

Et poursuis-tu toi-même ta propre étude ? De la restauration par la Force.
Ouais. À petits pas, mais je continue. C’est très… Salvateur.
Littéralement.
Luke m’aide, il est évidemment plus avancé en la matière. J’crois que je me débrouille déjà pas mal sur les autres, mais c’est dans l’application à mon propre corps que ça coince un peu.
Hmmm…

Il y eut un silence un peu embarrassé.

Vas-y, je t’écoute.
Je ne voudrais pas… Sembler indélicat.

Zluburg eut un regard vers Luke. Karm hésita avant d’avouer :

Tu peux dire devant Luke tout ce que tu voudrais m’dire à moi.
Bien, bien… Hé bien, parfois, employer la Force sur son propre corps, pour se guérir, est plus difficile pour des raisons… Non point de technique, ou de puissance, mais disons de psychologie. Il faut accepter son corps, avec ce qu’il contient de souvenir et de souffrance, pour accepter de la guérir. Il faut accepter de ne pas se tenir coupable des maux qui l’affligent, pour consentir à ne plus en souffrir.
Luke Kayan
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L'odeur particulière des plantes médicinales n'était pas encore très prenante, beaucoup étaient encore en pleine croissance sous le soleil paisible de Dantooine, insensible aux drames de la Force et ceux qui la vénéraient ou la faisaient ployer. Après avoir manifesté la vague idée de lui-même retrouver le terrain -que Luke voyait plus comme une phrase conventionnelle de courtoisie qu'une réalité.- Zluburg avait entrepris de continuer sur un thème épineux. Le jeune homme délaissa le chant d'un oiseau pour prêter une oreille attentive à ce qui se disait. Si son propre caractère le poussait à préférer une méthode naturelle, il doutait parfois que cela suffise. Dantooine finirait-elle par basculer et finir par Dxun, chassant toute lumière de ses terres ? Difficile à imaginer au milieu du jardin des simples, magnifique d'espoir. Pour autant, si Luke se concentrait sur la plaie béante de la planète, la vérité lui sautait à la gorge. L'air frais devenait difficilement respirable, une sorte d'angoisse commençait à l'envahir et ses derniers sens, ceux qui fonctionnaient, se retrouvaient brouillés. Il avait essayé de pousser l'expérience plus loin lors de méditation afin d'atteindre le Cœur de la Force, d'écouter son message. Y avait-il en son sein, un appel au secours auquel il fallait répondre ou la simple indication de laisser les choses suivre leur cours ? Malheureusement, aussi ironique cela soit-il, le Hapien était trop sensible à la Force. Les blessures de cette dernière déchiraient les muscles du Jedi, contaminant ses veines du même poison qui courrait les siennes. Malgré lui, le Consulaire stoppait ses tentatives, s'excusant auprès de sa grande amie de ne pouvoir l'aider.

Luke rendit son attention aux deux hommes -celui terrestre et l'autre aquatique- qui discutaient de l'état de Karm. Il eut un léger sourire lorsque ce dernier se mit en tête de convaincre le Guérisseur d'enseigner. Si Luke n'avait pas été Luke, il aurait sans doute ajouté une petite blague invitant Zluburg à ne pas tomber dans le piège. Au lieu de ça, il s'enfonça légèrement dans l'allée des plantes, disparaissant mine de rien derrière le Maître. C'était une habitude plutôt singulière pour un aveugle, mais le Hapien avait toujours été du genre silencieux (sauf si on le lançait sur un sujet philosophique qui le passionnait ou, presque pire, les lois.). Il aimait l'ombre et avait tendance à se cacher derrière des auras beaucoup plus brillantes, souvent malgré elles d'ailleurs, comme Karm dont le charisme lui avait finalement valu cette nomination au rang de maître. Plus son ami prenait du galon et de l'importance, plus le Hapien avait cette facilité de s'effacer. Quand on parlait d'enseignement, ceci dit, ce n'était jamais suffisant, il aurait plutôt aimé complètement disparaître, en laissant les jardins l'engloutir par exemple. Le sujet, par chance, se clos sans incident pour en aborder un autre, finalement encore plus sensible.

Parce qu'il n'était pas assez familier avec Zluburg, le blond se garda bien de modérer les propos de son ami d'un contradictoire "je vérifierais auprès des membres du Medcorps ce qu'ils entendent vraiment par entraînement intensif si j'étais vous", mais n'en pensa pas moins. Bien que son aîné ait eu l'occasion de mûrir à ce sujet après une expérience traumatisante, son assagissement restait relatif. Ses heures de maniement au sabre, d'exercices de Force, sans parler de ses missions étaient déjà ce qu'on pouvait appeler un entraînement trop intensif. Sur ce point toutefois, impossible de vraiment réguler le trentenaire, Luke faisait donc de son mieux, discrètement, lorsqu'il en avait l'occasion.

Néanmoins plus ouvert, l'Ark-Ni acceptait au moins de parler de certains sujets plus personnels, avec un guérisseur face à lui, c'était nouveau. Zluburg profitant de l'occasion ne se fit pas prier, malgré une gêne évidente, il débita quelques mots que Luke approuva aussitôt silencieusement. Comme plus personne ne s'exprimait et qu'implicitement en le laissant écouter, Karm avait accepté qu'il parle, le Consulaire finit par confirmer. Sa voix douce s'élevait à peine, copiant involontairement le ton si bas de l'Ark-Ni, cependant plus par gêne qu'autre chose. Il n'avait jamais parlé bien fort, mais la discrétion qu'exigeait ce sujet avait radouci et fait baisser son ton.

- Faire cesser la punition constante est une sorte de deuil à faire. Se pardonner est parfois plus difficile de pardonner à autrui. Tout comme reconnaître ses blessures est plus compliqué que d'observer celles d'un tiers et de les soigner selon un protocole connu pour fonctionner.


En apprenant à pardonner aux autres, les Jedis apprenaient ironiquement à se fustiger davantage, accablé des erreurs d'autrui. Sous leurs airs sages, beaucoup étaient tourmentés, dont Karm. Luke avait déjà remarqué cette tendance qu'il avait à prendre la douleur comme un avertissement ou pire, telle un châtiment mérité.

- Prendre le temps de se demander pourquoi on ne parvient pas à totalement guérir, mais surtout accepter et reconnaître le fait qu'on ne l'est pas totalement.

Lança Luke sans citer personne, parce que ce serait indélicat de directement impliquer Karm. Ses paroles n'étaient en rien des reproches, au contraire, elles portaient l'intention de soigner, d'aider à démêler certaines émotions difficiles à remarquer soi-même. En réalité, au moment où il s'exprimait, le Hapien se rendit compte que lui aussi était concerné. Il ne savait pas encore identifier la ou les source(s) de ses propres plaies, celles qu'il ne voyait pas ou pire, refusait de soigner, mais sans nul doute, il devait aussi s'approprier les mots sages de Zluburg. Ce dernier avait-il trouvé, d'ailleurs, le secret de la guérison totale à travers la Force ? Avait-il eu également une culpabilité à porter, une infection qu'il avait dû apprendre à faire disparaître.

La Force lui souffla une partie de la réponse lorsque le médecin laisse filtrer une émotion. Une sorte de tristesse mêlée à de la résignation. C'était trop doux pour être amer, un genre de souvenir, une cicatrice encore présente quoique bien refermée. Aujourd'hui, il avait accepté son corps, sa personnalité, ses capacités et sans doute, ses propres limites. Impossible de sauver tout le monde, inutile de se punir pour ça.

Cadeau inestimable d'un collègue ayant appris à rester pudique à un autre, Zluburg transmis à Karm l'image d'une Dévonarienne morte entre ses mains dans d'affreuses souffrances. Il avait ce jour-là commis beaucoup d'erreurs à suivre, encore jeune et oui, un peu ambitieux. D'abord, il n'avait pas su reconnaître la maladie à temps, puis il s'était acharnée à la ressusciter. La femme n'avait eu qu'un sursis douloureux de quelques heures, le temps de contaminer un proche qu'il avait finalement laissé passer pour lui faire ses adieux, alors déjà plein de remords.

- Ce n'est pas tant à Dantooine d'accepter ses plaies, mais aux Jedis de le faire, peut-être ne devraient-ils pas chercher à la soigner en laissant le moins de marques pour qu'elle ressemble à l'ancienne. Il serait temps de débuter le processus de guérison en sachant pertinemment qu'il y aura de grandes cicatrices à la fin.


Mais le guérisseur parlait-il vraiment de Dantooine ou plutôt d'un certain Explorateur ?
Karm Torr
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Donc en gros, vous êtes en train de suggérer tous les deux qu’il me faudrait une bonne psychanalyse ?


Les tentacules de Zluburg s’agitèrent nerveusement et il s’empressa de préciser :


Loin de moi l’idée de préconiser à un Maître…
Non mais relax, j’pense que vous avez probablement raison, hein.


L’Ark-Ni consentit à esquisser l’un de ses rares sourires, pour que son expression fût plus facile à déchiffrer.


Je me suis toujours plus ou moins reproché la trahison de Tavaï, j’crois que c’est pas tellement un mystère, et reproché de pas avoir su l’arrêter quand on s’est retrouvé sur Coruscant. Et d’avoir échoué à devenir le maître dont Soruan avait besoin.


Karm, lui, n’avait pas l’habitude des deux Consulaires de passer par d’infinis détours pour exprimer le fond de sa pensée et il préférait aborder le sujet frontalement.


Mais Loé est devenu Chevalier et Thann est en bonne voie, alors j’crois que je peux raisonnablement considérer que je m’en sors pas si mal que ça de ce point de vue. Quant à Tavaï… La Force veuille que sa cavale s’arrête un jour, et je ferai mon possible pour cela.


Le Jedi jeta un regard à son compagnon avant de préciser :


Raisonnablement.
En un sens, de ce point de vue, intervint Zluburg en s’asseyant sur un banc de pierre entouré par la végétation, nous avons été relativement chanceux.
Chanceux ?


Le Guérisseur sortit une nouvelle fois son humidificateur, puis poursuivit :


Je garde des souvenirs très vifs d’elle sur les champs de bataille. Et force est de constater que pour une guerrière de son niveau, son impact ces dernières années a été… Très marginal. Si elle avait rejoint les Siths, je n’ose imaginer à quelle adversaire nous aurions été confrontés.
C’t’une manière assez optimiste de voir les choses.
Mais c’est aussi la preuve que la puissance d’une grande Jedi vient en bonne partie de son appartenance à l’Ordre et que livrée à elle-même, elle reste redoutable, mais son influence en devient presque négligeable.
Elle qui a dirigé des troupes républicaines doit se sentir en effet dépossédée d’une bonne partie de son pouvoir…


Les bras croisés, Karm considéra une plante carnivore qui se refermait soudain sur un insecte. Depuis longtemps, il était obnubilé par les prouesses personnelles de l’Amarane : ses talents au sabre, sa maîtrise du combat. Comment ne l’eût-il pas été ? Ces traits précisément distinguaient Ho’lgan de tout autre. Mais peut-être était-ce prendre le problème par le mauvais bout. Peut-être aurait-il dû se concentrer sur ce que l’ancienne Jedi avait perdu plutôt que conserver, sur ce qu’elle chercherait à compenser, plutôt que cultiver.


Bref… Pour en revenir au sujet, je crois que si je peine à me guérir à travers la Force, c’est parce que je considère que ma souffrance physique rattrape mon… insensibilité psychologique.
Ah, oui…, fit le Guérisseur d’un ton pensif, en arrêtant son regard sur Luke.


Ce qu’on murmurait dans les couloirs du Temple était probablement vrai, songea-t-il. Pour s’exprimer aussi librement devant l’Hapien, son ami devait entretenir avec le jeune Consulaire une relation d’une grande intimité. Zluburg ne l’approuvait pas. Il ne la réprouvait pas non plus. La guerre lui avait fait perdre beaucoup de ses certitudes sur le chapitre de la rectitude morale, et il lui semblait que quand la douceur et la tendresse s’invitaient entre deux êtres, il eût été contre-nature de la condamner.


Je constate que sur certains aspects, tu n’as pas changé, et que tu crains toujours que ta capacité à supporter le spectacle de la violence et des drames te rende en quelque sorte complice de ceux-ci.
Comment pourrais-je passer pour quelqu’un capable de compassion, si je suis insensible ?
Le sable que la vague ne submerge jamais n’en est pas moins à la plage.
Je suppose…


Zluburg se releva.


J’ai reçu une livraison de matériel médical, je dois encore faire un inventaire. Mais… La base de la restauration par la Force, Maître, est que la santé d’un patient peut ressembler à la maladie d’un autre et les infirmités d’une espèce sont des forces pour d’autres. On ne juge pas celui qui souffre sur une règle universelle, mais sur les particularités de son être, et tu te soigneras quand tu accepteras de te considérer aussi exceptionnel que n’importe qui.
Tsss, ces Jedis et leurs paradoxes…

Le Guérisseur fit résonner une dernière fois son bruit de vidange, avant de laisser ses deux visiteurs près du banc, pour remonter l’allée et regagner l’Enclave en reconstruction.


J’le connais depuis très longtemps, expliqua l’Ark-Ni quand leur interlocuteur eut disparu. C’est lui qui m’a appris les bases de la guérison de Force, quand j’étais encore ado. Pendant longtemps, j’me suis senti bloqué dans ça. Indigne, j’imagine, d’être celui qui à la fois sabre et guérit. Y a un paradoxe pour un Jedi de tenir dans une main un sabre et dans l’autre la restauration.


Mais c’était un paradoxe qu’il était prêt désormais à accepter et à explorer.


Bref, tout ça pour dire que je compte sur ton aide pour contribuer à mon apprentissage en la matière. Comme tu n’en doutes pas, je suis un élève d’une docilité exemplaire, et hyper facile à vivre.
Luke Kayan
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Voir son ami raisonner de la sorte surprenait Luke, doté de la vue- et départi de sang-froid, gravé par son éducation.- il aurait dévisagé le Gardien tout le temps de son discours. Modeste, le Hapien savait que Karm excellait en ce sens, parfois trop mais aussi lucide sur ses problèmes, l'écart entre le avant/après était plus saisissant que ces changements spectaculaires promis par les produits de beauté. Zluburg parti, Luke écouta son compagnon se confier sur leur lien. Un léger sourire se dessina sur ses lèvres, qui est-ce que le -pas- si discret Explorateur ne connaissait pas au sein de cet Ordre ? Des guérisseurs en passant par les Ombres, sans oublier les Guérisseurs voire un vieux maître amateur de cuisine, l'Ark-Ni avait de multiples connaissances. Pire qu'un Consulaire pensa affectueusement le jeune Jedi en établissant sa propre liste de contacts, beaucoup plus courte quoique composée de gens influents, utiles, des spécialistes avec qui le blond avait collaboré. De l'aspect professionnel, une amitié découlait parfois, mais là encore, c'était plutôt rare. S'il était une source fiable, un collègue estimé, Luke n'était pas un véritable ami, sa froideur apparente et sa distance n'aidaient certainement pas, au même titre que sa préférence pour les petits comités. Le Hapien vivait heureux, entouré de Karm, Saï et quelques rares proches. Il n'en restait pas moins fasciné par l'impact que laissait son aîné sur les autres. Zluburg avait de l'affection pour lui, inutile d'avoir un diplôme en décryptage de bruits de vidange pour le sentir. Exactement pareil pour ses amis de l'ExploCorps ou encore cette fameuse Maxence, mercenaire inapprivoisable sauf par Monsieur Karm Torr. Ce nouveau contraste entre eux amusait et surtout rassurait le Consulaire. Il aimait savoir son compagnon entouré, valorisé après sa dure enfance auprès de Tavaï.

- Je peux t'aider, mais je suis loin d'être un véritable spécialiste contrairement à au Chevalier Zluburg
-Ce dernier avait refusé de lui donner son nom de famille en espérant que Luke finisse par utiliser son patronyme. Raté, le Jedi avait rétorqué au piège en utilisant son prénom derrière son titre. Il faisait vraiment tout pour ne pas trop se rapprocher d'autrui. Sans doute le fait inconscient de rencontres marquantes et traumatisantes par le passé. Il préférait éviter de renouveler le schéma ou simplement contrôler, privilégier ses liens les plus solides.- Tu aurais plus de résultats. À moins que tu n'oses pas lui demander car tu sais qu'il refuserait un élève aussi docile et à l'écoute que toi.

D'un air faussement accusateur, Luke plissa les paupières, le regard en coin. Il avait plus de facilités à se souvenir des expressions faciales subtiles ou simplement de les utiliser avec Karm, sachant exactement où ce dernier se situait, au cm près s'il daignait être immobile. Leur lien était si puissant, ancré dans la Force que le jeune Jedi mesurait avec exactitude l'endroit où l'aura de son ami brillait, quel en était le centre mais aussi les divergences au moindre éclat. Une fatigue minime, une inquiétude, des douleurs que d'autres ne détecteraient pas, et c'était pareil pour l'Ark-Ni. Au fond, c'était peut-être pour ça que Karm voulait apprendre à ses côtés. Se confier oralement à l'Amphibien était une chose, le laisser lire son corps, son âme en était une autre. Luke poussa un léger soupir de résignation. S'il était content d'explorer une nouvelle page avec son compagnon, d'aborder une autre aventure, ça n'en restait pas moins de l'enseignement et il avait toujours peur, sans doute était-ce ridicule, de décevoir son Maître de chéri.

- Avertis-moi quand tu auras crée une vingt-cinquième heure dans la journée pour caser ça dans ton emploi du temps
- S'amusa le Hapien qui avait finalement opté pour prendre l'idée de Karm du bon côté. En lui apprenait l'art de la restauration, il pourrait vérifier ses avancées de près, s'assurer que ce soit bien fait aussi. Voilà qui limiterait peut-être les dommages sur le pauvre corps constamment maltraité de l'Ark-Ni.- Ça va être l'heure de manger.

Indiqua soudain le Chevalier, surtout hâtif de faire visiter la cantine à son ami. C'était aussi enfantin qu'inconscient mais Luke éprouvait une petite fierté personnelle à celui qui guidait l'explorateur. Pour une fois, il était devant avec la carte géographique des lieux incrustée dans le cerveau. Certes, entre l'infirmerie, les jardins et le réfectoire, ses connaissances demeuraient vacillantes, la faute à avoir somme toute, peu visité le chantier mais au moins, il connaissait parfaitement ces chemins. Plus par superstition que besoin, le jeune homme toucha le dos du banc pour commencer à compter mentalement les pas et montrer la voie, avec un pas assez sûr et rapide en plus. C'était dans ces moments anodins qu'on remarquait combien Luke devait faire des efforts pour être au niveau des autres. En comparaison avec ceux qui plaisantaient en avouant s'être perdus avant de retourner sur leurs pas, le jeune homme risquait de passer une heure à tourner sans rien obtenir. Il était donc beaucoup plus soigneux, attentif à des étourderies qui pourraient lui coûter son précieux temps- et sa raison quelque part.-

***

La cantine était aussi grande que lumineuse. Moderne quoique simple, son état de construction était suffisamment avancé pour faire oublier les bâches qui trônaient encore deci-delà. Pour des raisons évidentes, elle était un des bâtiments prioritaires avec l'infirmerie. Luke avait eu envie d'y mener l'Ark-Ni car il savait que ce dernier apprécierait le spectacle qui s'offrait devant ses yeux luisants. Ce pour quoi il s'était tant battu. Malgré des conversations encore hachées, une séparation encore nette par habitude -les Jedis d'un côté, les travailleurs de l'autre- certains civils et membres de l'AgriCorps mangeaient ensemble. Si la majorité était divisée, aucune animosité ne régnait, au pire une impression générale de gêne mêlée à de la curiosité émanait de ceux qui n'avaient pas encore osé faire le pas. Les autres, plus avancés tâtonnaient à l'aveugle sur des terrains communs à l'aide de discussions banales. Luke faisait partie de ceux qui demeuraient encore à l'écart, déjà parce qu'il venait très peu ici, mais aussi et surtout à cause de sa timidité naturelle qui prenait le pas sur ses anciennes infiltrations. Ces dernières ne résultaient que de rôles justement. Le vrai Luke lui, était comme de nombreux Jedis d'ici, pas forcément réfractaire à la présence de civils mais incapable de tenir une discussion. Que leur dire ? Ils ne se comprenaient souvent pas, vivant dans des mondes trop différents avec des idéaux, des préoccupations radicalement opposées. Les plus jeunes (ou modernes ?) ou adoptés par l'Ordre sur le tard retrouvaient avec plaisir des monceaux de leur ancienne vie grâce aux travailleurs. Le Hapien n'était pas encore tout à fait persuadé que ce soit une bonne idée que les Padawans ressassent des histoires sur leur famille mais il avait décidé d'être optimiste et laissait faire. Au fond, comme tous les autres, éduqué pour la tolérance, il éprouvait, au-delà de son scepticisme naturel, une certaine forme de curiosité bienveillante à l'idée de ce nouveau système crée par Karm et Thann.

- Qu'en penses-tu ?

Demanda le Chevalier planté à l'entrée sous le regard un peu étonné de certains de l'ExploCorps. Il était rare de voir ce travailleur acharné ici. Luke prenait bien souvent ses repas dans sa chambre, avec pour compagnie, sa montagne de documents qui, pour une fois, avaient tendance à lui résister. S'il arrivait à faire descendre la pile, c'était beaucoup trop lentement à son goût. La construction d'une nouvelle Enclave, il faut le dire, demandait énormément de travail de tous les bords... Et sous leur yeux, se déroulait justement un combat semblable et différent à la fois de celui du Hapien avec ses papiers : bâtir de nouvelles bases entre deux Galaxies jusque là scindées.
Karm Torr
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C’était le brouhaha dans la cantine. Les droïdes de service semblaient les seuls à demeurer indifférents à l’étrange expérience sociale qui se déroulait là. L’époque était entre les semis et la récolte, alors on n’avait pas eu de difficultés à recruter les jeunes des fermes aux alentours pour aider à l’aménagement extérieur de l’Enclave. D’autres, sous la direction des spécialistes en génie civil de l’AgriCorps, apprenait en quelque sorte un nouveau métier dans la construction des bâtiments.


C’est cool, fit sobrement Karm après une longue contemplation, mais Luke n’avait sans doute pas besoin qu’il s’étende pour comprendre la satisfaction qui l’emplissait.


Petit à petit, des regards s’étaient tournés vers eux, d’abord parce qu’ils étaient les deux seuls idiots à rester planter là sans passer par la file des plateaux, et ensuite parce que la nouvelle de la nomination du nouveau Maître, dont tout le monde savait plus ou moins qu’il représenterait une forme d’autorité au sein de l’Enclave, s’était propagée parmi eux à la vitesse d’un tir de blaster.


Karm sentit un peu plus clairement l’ampleur de son nouveau rôle. Il s’était préparé à ces responsabilités, il l’avait longtemps envisagées et même désirées, elles avaient constitué son objectif et sa motivation, bien au-delà de la récompense symbolique que constituait son nouveau rang, mais désormais, devenues concrètes, elles se paraient d’une aura intimidante.


Viens, on va tester la gastronomie locale.


Le Jedi embarqua son compagnon à sa suite, se saisit d’un plateau et le déposa sur les rails métalliques.


Déclinez votre régime alimentaire, lui demanda deux mètres plus loin un droïde dont les cinq bras s’activaient tout autour de lui.
Vegan.
Plat vegan, répliqua la machine en remplissant à toute vitesse le plateau de l’Ark-Ni. Composition : non spécifiée. Contre-indication : non spécifiée. Ne convient pas : non renseigné.
Ah, pardon ! Pardon ! Pousse toi, Cuisinotron.


Un Muun sortit de la réserve technique s’intercala entre les deux droïdes de service.


Maître Torr ! Toutes mes excuses, Maître Torr.
Euh… Salut.
Ah, oui, pardonnez-moi. Je suis Olan Pamil, j’assure la conception et la programmation des droïdes. J’ai été engagé par Nata.


Karm hocha la tête.


Cuisinotron et Cookinator, enchaîna le Muun en tapotant les deux droïdes qui l’encadraient, sont parfaitement fonctionnels. Simplement, leurs interactions sociales sont encore… Enfin il y a quelques, hm… Ajustements à faire.
Je vois.
Mais la nourriture est comestible.
Comestible ?
Délicieuse.
Hmm…
Parole d’honneur.


Et la parole d’un Muun n’était pas une mince chose. Le Maître Jedi hocha une nouvelle fois la tête.


Bon ben bonne chance, alors.
Merci, Votre Sérénité.
Karm, ça suffira.
Bien entendu, Votre Grâce.

Sa Grâce partit s’asseoir à une table avec le plus choupinou de tous les Hapiens.


Ils sont cools les droïdes.


Certes, on pouvait se demander si Karm avait jamais rencontré un droïde qu’il n’ait pas trouvé « cool ».


Olan aussi. Ah, voilà.


Le jeune Maître fit un signe de la main à Nata, qui avait fait son apparition dans la cantine. Quelques minutes plus tard, l’Auxiliaire s’asseyait avec eux.


J’ai rencontré Olan Pamil.
Ah, excellent, se réjouit la jeune femme ! Il est extrêmement compétent, mais un peu émotif. Je crois que c’est la raison pour laquelle il s’est un peu éloigné de sa société. Les Muuns ne voient pas ce genre de tempéraments d’un très bon œil. Tu as pu visiter ?


Karm opina du chef.


Je crois que les gens ce soir apprécieraient un petit discours.
De qui ?
Hé bien, de toi.


Le Jedi faillit s’étouffer avec sa soupe de courge. Après une longue quinte de toux et un verre d’eau pousser entre ses mains par l’Auxiliaire qui ne faisait même pas l’effort de réprimer un sourire amusé, le Gardien souffla :


Non mais ça va pas bien la tête oui…
Ils veulent se sentir emmenés par la personne à l’origine du projet, expliqua Nata sans se démonter, se sentir appartenir à une même communauté et avoir en quelque sorte la bénédiction d’un Maître Jedi. C’est très important, symboliquement, et ça leur prouvera qu’ils ne sont pas une expérience périphérique, mais qu’ils sont bien au coeur des préoccupations de l’Ordre.
Non mais moi je fais pas de discours, hein…, insista Karm, qui était à deux doigts d’espérer une attaque des Siths pour avoir une bonne excuse de se défiler.
Il y a une première fois à tout.
Y a une première fois à se faire remplir les narines de piments de Ryloth, c’est pas pour ça que je compte me précipiter.
C’est non négociable.
Hé, je croyais que c’était moi le Maître, ici…
Bien sûr, bien sûr, fit l’Auxiliaire en tapotant l’avant-bras de son supérieur d’un air compatissant. Alors, la nourriture ? Elle est comment ?
Empoisonnée, avec un peu de chance, marmonna le Jedi.
Luke Kayan
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- De magnifiques machines avec un goût exquis, en effet, votre Grâce.

Avait répondu le jeune homme qui, malgré un entraînement quotidien dans le domaine, parvenait plus que difficilement à bloquer ses sentiments. Présentement un fou rire aux dépends de Karm. Son aîné possédait un don particulier pour assister voire créer des scènes caricaturales. En même temps Cuisinotron et Cookinator n'annonçaient aucun autre dénouement possible avec des pseudonymes pareils. Force était cependant de reconnaître que leur ingénieur avait réussi un tour de magie que l'armée envierait à l'Enclave : une nourriture saine (plus que la leur peut-être), avec des ingrédients simples mais délicieuse. Jolie démonstration prouvant qu'austérité ne rimait pas avec privation contrairement à ce que certaines mauvaises langues disaient, imaginant des enfants soldats qui grandissaient dans d'abominables conditions.

- Les discours ? Ça fait partie du contrat quand on décide de mener la reconstruction d'une Enclave... Hum... Et qu'on a voulu devenu maître.

D'ailleurs Karm ferait bien de s'habituer à cette nouvelle tâche qui lui incombait, elle risquait de doubler avec ses multiples rôles. Monsieur avait voulu -et réussi- jouer un rôle majeur dans l'Ordre, il devait désormais en payer les gratifiantes conséquences. Tout le monde attendait sa parole comme on se délectait d'avance du nectar d'ambroisie. Il était un modèle pour de nombreux jeunes et moins jeunes qui avaient un jour rêvé d'unir le monde civil et celui reculé des "moines" Jedis.

- Allons, ce ne devrait pas être si difficile, votre Sérénité.- Railla gentiment le Hapien, autant pour dédramatiser la situation que pour profiter de la situation. Il ne s'amusait pas comme ça tous les jours, n'ayant ni le temps, ni le caractère pour, mais avec Karm qu'il connaissait parfaitement et ce dernier qui le lui rendait à la moindre occasion, c'était une occasion rêvée. Un peu plus sérieux, il attendit que Nata ait fini de soutenir son aîné, non sans en profiter un peu aussi pour se moquer.- Les gens savent comment tu es, comment tu t'exprimes et t'apprécient pour ça. Outre les grandes améliorations que j'ai pu noter, ils veulent simplement que tu restes toi. Donc pas besoin de grandiloquence... Parle comme si tu t'adressais à une classe de maniement au sabre et dis-toi que tu as juste un peu... Beaucoup plus d'élèves que d'habitude.

Le ton de Luke oscillait entre l'encouragement et la "consolation". Il était quand même un peu désolé que son ami doive faire quelque chose qu'il détestait mais au moins, Karm en était capable. Avec le temps, le Hapien avait appris à doser son apprentissage, il donnait du vocabulaire, inculquait la notion de clarté dans le développement du discours tout en veillant à ne pas le changer entièrement. Il avait remarqué que le trentenaire avait un charisme qui lui était propre, qui plaisait aux gens plus qu'il ne choquait. En tout cas, son public comportant bien peu de politiciens coincés du Sénat, L'Ark-Ni avait tout intérêt à garder la spontanéité et la fraîcheur qui le caractérisaient.

Timide dans les relations personnelles mais habitué, en revanche, aux conférences, le jeune Jedi décida d'aider son ami. Il fallait bien débloquer la situation au lieu de retarder le moment, il se leva donc et réclama le silence d'une voix toujours douce mais suffisamment forte, dosée à la perfection pour être entendue.

- S'il vous plaît. Pardonnez-moi d'interrompre repas et conversations, mais c'est pour une bonne raison. Vous l'avez remarqué, le Chevalier Torr, instigateur principal de ce projet est arrivé aujourd'hui. Il a pu voir le fruit vos efforts pour la construction de l'Enclave, laquelle s'articule autour d'une collaboration étroite que j'ai moi-même pu admirer. Mais je lui laisse le loin de développer davantage ses impressions à cet égard. Bien sûr, il n'a pas encore tout vu, mais ce sera, de toutes manières, autrement plus détaillé que ce que j'ai pu apercevoir.


Quelques rires, assez nombreux quand même, secouèrent la salle. Malgré lui, Luke était devenu un des référents de l'Enclave, un genre de second de Karm et sans doute un peu de Thann, aussi réputée comme étant une des meneuses du projet. Ou alors, c'était le simple fait qu'il soit un des rares Consulaires et le seul administrateur réel qui le mettaient en avant. Peu importe. Désormais happés par l'introduction sobre quoique légèrement teintée d'humour, la foule hétéroclite de Padawans, Chevaliers, Guérisseurs et civils attendait avec impatience que celui qui les avaient réuni là s'exprime. Ils avaient hâte de savoir ce que pouvait bien penser cet homme de leurs efforts réunis, visibles à travers la construction de la bâtisse qui s'élevait mais aussi des premières vraies collaborations.

Luke se rassit et tourna la tête vers Karm, l'invitant implicitement à se lever. Au moins n'aurait-il pas à se casser la voix ou l'esprit pour essayer d'interpeler les gens. Bon, certes, en échange de protéger son fameux ton si bas, le jeune homme devait faire face à des centaines de paire d'yeux qui le sondaient avec profondeur. Nata les détourna quelques secondes en se levant pour demander quelque chose au créateur de Cookinator et Cuisinatron. Un "ah ouiii" résonna dans la salle, avant qu'un micro n'apparaisse. Nata revint à la table et le tendit à l'Ark-Ni avec enthousiasme, presque adoration. Elle avait tout prévu, vraiment tout prévu.
Karm Torr
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Trahison !


Trahison au sein de l’Enclave Jedi.


Pour une fois, le visage de Karm fut expressif : le jeune Maître ouvrit des yeux ronds quand son compagnon prit la parole pour ameuter l’assemblée autour de lui. C’était un coup de vibrolame dans le dos, une balayette en pleine course, des guili-guili inopinés au saut du lit.


Toi, murmura le Gardien, tu me revaudras ça.


Son sinistre projet de vengeance prenait d’ailleurs déjà forme dans son esprit.


Luke.
Maxence.
Dans une même mission.


Ça lui apprendrait à le jeter dans l’arène avant qu’il n’ait eu le temps de se préparer psychologiquement !


Quelques secondes plus tard, le Jedi n’en était pas moins obligé de fixer à sa gorge une pastille amplifiante procurée par Nata, de quitter ses chaussures et de grimper sur une chaise. Avant de constater que ça ne suffisait pas à le faire dépasser toutes les têtes de la foule, et donc de grimper sur la table.


Oui, donc… Euh…


L’Ark-Ni eut un regard de détresse pour son compagnon et son assistance.


Salut.


Bon début.


Bon ben vous savez que les discours, c’est pas trop mon truc, hein. J’ai été lâchement jeté en pâture aux rancors que vous êtes, une fourberie dont je saurai me venger…


Il y eut quelques rires dans l’assistance, surtout de la part de celles et ceux qui ne se faisaient aucune illusion sur la véritable nature de la relation qui unissait Karm et Luke, et qui par conséquent doutaient que la vengeance en question fût terrible.


Mais bref. Vous m’connaissez plus ou moins bien. Certains d’entre vous, je les ai… Enrôlés eux-mêmes, en quelque sorte, et d’autres ont été envoyés là par le conseil. Pour certains, vous êtes des Jedis, pour d’autres, vous avez été engagés par Nata. Alors donc voilà, mon nom c’est Karm, j’suis un Maître Jedi…


Des applaudissements l’interrompit et le jeune Maître fit un geste de la main.


Ouais, je sais, c’est grave la classe. Et donc, je suis pas exactement… Disons que quand les gens pensent Jedis, c’est pas vraiment moi qui leur vient spontanément comme image mentale. J’ai des idées bizarres. Et j’imagine que j’me comporte de manière un peu, euh… Bizarre.
Juste un peu, lança Nata, et ceux qui connaissaient Karm le mieux s’esclaffèrent.
Mais voilà, le truc, c’est que je suis pas ici pour vous imposer mes idées. Et qu’on construit pas ça pour satisfaire mes lubies personnelles, ou même celles des personnes qui ont conçu ce projet avec moi. On construit l’Enclave pour trouver un chemin ensemble. Une manière de se parler les uns aux autres. De bosser les uns avec les autres. De vivre en bonne intelligence. Une manière de faire une société.


Nata opina du chef.


Si vous êtes comme moi, vous avez dû entendre des tonnes de fois, sur l’holonet et tout ça, des discours hyper bien écrits sur le vivre-ensemble, ou sur la symbiose entre l’Ordre Jedi et la République, ou sur le corps politique, sur la communauté de destins entre les planètes et tout ça. Et peut-être que comme moi, ça vous a paru des chouettes idées sur le papier, et qu’au bout du compte, dans la vie de tous les jours, soit c’est nulle part, soit c’est évanescent. Hé, Luke.


Le Gardien se retourna vers son ami.


T’as vu ça ? Évanescent. J’suis quasi un Consulaire.
Karm, chancelier, lança un plaisantin depuis le fond de la salle !
Ah ben merci pour les cauchemars en perspective ! Ouais, donc, je disais : ces discours-là, qu’ils soient hypocrites ou sincères, ils empêchent pas des tas de gens de se sentir paumés de nos jours. D’avoir du mal à y croire. Alors du coup, moi je propose de commencer ici. À notre échelle. De pas faire des discours, mais de bavarder. De pas faire de grands projets, mais de cultiver les champs. De pas voter des lois, mais de prendre des décisions ensemble.


Petit à petit, l’Ark-Ni s’animait et il parlait avec une passion qu’on lui voyait rarement.


Et donc j’ai pas de solutions miracles. Pour sûr, j’ai mes idées à moi, parfois grandioses, d’autres fois toutes bêtes, mais je dis pas que c’est les meilleures, et je pense que c’est à nous tous de décider ce qui est le mieux pour nous. Et j’pense qu’on a tous assez de bouteilles ici, même les plus jeunes, pour se rendre compte que c’est pas des belles paroles, parce que décider des trucs ensembles, ben ça peut être long et compliqué. Et même un peu douloureux. Mais au bout du compte, on arrive à quelque chose qui nous appartient à tous.


Karm ne savait pas trop s’il était en train de dire des banalités ou de tenir des propos intéressants. Peut-être les deux n’étaient-ils pas toujours si différents.


Ici, on est tous debout sur des blessures anciennes et profondes. Sur une Enclave qui a échoué à protéger le monde où elle s’est tenue et sur un monde qui a peut-être échoué à la préserver, en laissant les pillards venir. C’était bien avant qu’on soit tous nés, et même si personne d’entre nous est responsable, on sent tous ces blessures sous nos pieds. Les bâtiments sont fracturés comme les âmes, et ces fractures résonnent dans la galaxie. Nous tous, ensemble, soyons les médecins de nous-mêmes, ayons de la patience pour notre patient, et réparons ce que nous tenons aujourd’hui entre nos mains, pour réparer peut-être plus tard ce qui nous échappe encore.


Le Jedi eut un sourire timide avant de décrocher le micro de sa gorge et de sauter au bas de la table avec souplesse, pour le restituer à Nata. Un silence pensif était tombé sur l’assemblée, et puis le groupe se dispersa, tandis que les conversations reprenaient dans des murmures.
Luke Kayan
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- Pourquoi tant de violence ? - S'exclama Nata d'un air théâtral.- On fait ça pour t'aider nous !

Sa prise de position pour défendre le pauvre Luke victime d'une chute du côté obscur de Karm ne l'empêcha pas de rire. Sans doute était-elle un peu soulagée de savoir que la "colère" de son ami et supérieur déferlerait sur le blondinet plus que sur elle. Comme beaucoup d'autres, elle savait ce qu'impliquerait la vengeance de l'explorateur car les deux hommes étaient très proches. Luke fut à peu près le seul, son optimisme quant à ses secrets gardés l'en préserve, à ne pas saisir.

Surtout préoccupé à l'idée que son "forçage" n'ait servi qu'à traumatiser le Gardien au lieu de l'inviter à s'exprimer au fil du discours, le jeune homme écoutait attentivement. Il prenait soin de garder la tête tournée vers le Chevalier Turquoise, sachant combien les voyants valorisaient le contact visuel. D'ailleurs, sa propre culture en était emprunte et il aimait penser que Karm avait le regard rivé sur lui lorsqu'ils partageaient un moment intense, positif ou négatif.

En tout cas, la foule suivait et le Consulaire commença à se détendre. Il rendit un sourire amusé à son compagnon. Si ce dernier parvenait à blaguer, c'était bon signe. Un "Karm Chancelier" résonna en réponse aux prouesses de vocabulaire du concerné. Le Hapien fut heureux que les spectateurs appuient sa théorie. Ici on attendait le nouveau Maître pour ses idées singulières, sa spontanéité et non ses connaissances réthoriques. Ceci dit, encore une fois, le discours de l'Ark-Ni était plutôt bon, entraînant l'optimisme, la volonté de chacun. Autrement dit, il atteignait le but fixé par l'art de la diplomatie sans passer par les moyens habituels. C'était vraiment la proximité de Karm, sa disponibilité qui le rapprochait de son audience, d'ailleurs le petit malin en jouait, dénigrant gentiment les longs discours. Les gens aimaient ça, valorisant que quelqu'un comprenne leur travail simple mais difficile dans les champs. Luke savait que toutes ses jolies formations à propos de l'éloquence n'auraient servis à rien, il pouvait se féliciter d'avoir seulement dit l'introduction. Essayer de préserver Karm n'aurait servi à rien au mieux, porté préjudice au pire. Finalement, même dans ce domaine, il finirait bien par ce débrouiller seul, le nouveau Maître Jedi. Il sursauta légèrement en entendant le bruit mat que produisit son ami en descendant de la table. Avait-il osé ? Apparemment oui. Luke poussa un petit soupir, lassitude feinte, réel amusement. Jusqu'au bout, l'Explorateur avait dévié les règles des grands discours. Les ingrédients pour vraiment toucher les gens. Jusqu'au fond de l'âme. Sincérité, simplicité et un peu de provocation. Voilà qui décrivait parfaitement le nouveau maître Jedi. Luke avait l'impression de vivre cette journée comme un rêve. Le retour de Karm, sa nomination par le Conseil et donc leur approbation sans oublier la reconnaissance des talents de son ami. Et maintenant, ce discours passionné qui délivrerait Karm de ses craintes quant à ses capacités à s'exprimer en public.

Si timide puisse-t-il être, le Hapien était heureux entouré de tous ces gens motivés par un même but. L'Ordre faisait confiance à Karm, et à lui par extension. Ils allaient pouvoir continuer à faire ce qui les poussaient à se battre, au sabre-laser, sur les bancs d'un tribunal ou le nez dans un dossier. Les étoiles étaient alignées, comment désirer autre chose ? Certes, l'ombre de Noctis, doublée de celle de Tavaï mais aujourd'hui, Luke, également motivé par le discours et l'ambiance avait envie de croire au futur loin de ses habituelles réserves ou craintes.

- J'aime beaucoup que tu aies dis la vérité. Sans dramatiser mais sans promettre non plus.

S'ils avaient été seuls, Luke aurait posé sa main sur celle de son aîné pour lui démontrer sa fierté. Karm était l'ennemi par excellence des politiciens qui cachaient de grands événements tragiques comme les difficultés à venir ou en profitait. Un Sénateur malin et douteux aurait empiré les faits pour achever d'embourber la plèbe dans la terreur et qu'elle se raccroche à lui. Karm ferait un bon dirigeant pour l'Enclave, le blond en était persuadé. Pouvoir réunir sous une même bannière deux mondes si différents n'était pas donné à tout le monde, c'était de la diplomatie de haut vol, et surtout chacun avait saisi les mots de son ami. Ce dernier n'avait pas trop parlé de la Force ou insisté sur des métaphores que les Insensibles auraient pu ne pas comprendre ou dont ils se seraient sentis exclus.

- Bravo, tu vois c'était pas si compliqué. Ah ces maîtres Jedi, ce n'est plus que c'était. Aucune endurance.

S'amusa Nata avec cependant, une étincelle d'admiration dans le regard. Happé par le discours de cet homme qu'elle appréciait tant, elle avait hâte de continuer à avancer sur le projet. Luke faillit indiquer discrètement à Karm un "c'est peut-être le moment, non ?" pour signifier que Nata était prête à recevoir son nouveau titre de responsable mais il s'abstint. Avoir précipité le discours était une chose, dévoiler en avant ce que son ami avait pensé en était une autre, surtout qu'il n'était pas certain de l'état du projet. En tout cas, lui ça lui conviendrait parce que Nata était vraiment une femme exceptionnelle, dévouée à sa cause. Tout n'était pas rose sur le chantier, évidemment. Surtout du côté des Jedis dont certains souffraient plus des blessures de Dantooine. Il y avait des disputes au quotidien, des batailles administratives, juridiques, de vilains intérêts de gouvernements qui venaient fourrer leur nez dans le projet, mais ce n'était pas ça qui arrêterait la grande équipe.

- Tu as très bien parlé. Aussi bien les Sensibles que les autres se sont sentis concernés et ont compris.

Acheva Luke avec une pointe de tendresse incapable à cacher dans sa voix. Au sein de la Force évidemment, il lui envoyait la véritable ampleur de sa fierté. Dire que tous deux s'étaient rapprochés grâce à des "cours" d'éloquence. La boucle était bouclée aujourd'hui. Hormis quelques mots de vocabulaire complexes, des fonctionnements de systèmes judiciaires ou politiques fastidieux mais utiles, Luke estimait ne plus avoir à apprendre quoique ce soit à son compagnon. Sans doute était-ce l'heure de passer à l'art de la restauration.

Nata toussota exprès pour démêler en avance une situation possiblement un peu gênante (sans doute pour Luke, surtout.). Le fil des discussions repris, plutôt calme. Après l'effet de la "passion", ils retrouvaient leur routine, gardant pour eux, la flamme allumée par Karm. Si les Jedis étaient du genre à vite contrôler leurs émotions, les civils qui travaillaient la terre également. Tous partageaient des principes semblables dont l'honnêteté et une certaine austérité (même si l'Enclave ne donnait pas cette impression, plutôt majestueuse dans ce genre.), c'était sans doute la clé de leur bonne entente. Le dessert se passa sans encombre, chacun parlait librement sur un ton plutôt joyeux, loin de toute préoccupation. Bien que silencieux, Luke écoutait avec patience et même plaisir. Il était assez solitaire, surtout très timide mais pas associal pour qui le connaissait bien. À sa manière, le jeune homme aimait les gens, il ne savait juste pas très bien interagir avec hors travail. Karm servait de lien entre les autres et lui.

- Nata expliquez à Karm ce que vous projettez de faire une fois l'infirmerie et la cantine totalement achevées voulez-vous. Sauf si tu as des questions.

Suggéra le blond lorsqu'il se sentit obligé de parler, muet depuis un certain temps. Ceci dit, n'étant pas forcément au courant non plus, il avait hâte d'en savoir plus également.
Karm Torr
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Oui, tout à fait. On va dans la salle de l’hologramme.


Karm hocha la tête et, tous les trois, ils quittèrent le réfectoire déjà à peu près vide. Chacun avait repris ses activités, aux côtés des droïdes de chantier qui, eux, infatigables et imperturbables, poursuivaient leur mission en toute circonstance. Les trois Jedis quittèrent le bâtiment construit en dur pour rejoindre la vaste cour qui n’était pour l’heure guère qu’un champ de boue.


Là, ils pénétrèrent dans l’un de blocs de plastacier qui abritaient encore une bonne partie des fonctions névralgiques du chantier. Celui-là était une vaste salle de réunion ou de réflexion, dont le centre était occupé par un gros holoprojecteur, que Nata activa avant d’y insérer son datapad. Quelques secondes plus tard, une image tridimensionnelle de l’enclave apparut, où se distinguaient les sections déjà construites et encore à ériger.


On est en train de finaliser les entrepôts et les hangars. Pour les vaisseaux spatiaux, pour les machines agricoles, pour les récoltes, ce genre de choses. Avec les ateliers attenants. C’est le plus compliqué, à cause de la nécessité de respecter des normes de sécurité, pour le stockage des produits. Les fluides mécaniques, les engrais, ce genre de choses. Mais une fois qu’on aura ça, l’AgriCorps pourra commencer l’activité à proprement parler. C’était bien la priorité ?
Yep, fit fort éloquemment le nouveau Maître.
Et dans la foulée on finit tout le gros œuvre. Comme ça, ça nous permet de rendre les droïdes de chantier les plus volumineux. Alors que si on fait bloc par bloc, du début à la finition, on se retrouve à les louer sur une période plus longue et c’est beaucoup plus coûteux. J’ai rationalisé la charge budgétaire de l’utilisation du matériel, en extrapolant à partir de…
J’te fais confiance.
Tu es sûr que tu ne veux pas voir mes tableurs, demanda la jeune femme avec un sourire en coin ?
J’ai toujours été un peu hermétique à l’art abstrait.


Nata eut un rire léger.


Et donc, on fera les finitions après, pour l’ensemble. Globalement, on est dans le temps, mais je dirais que pour les premières activités pédagogiques façon classe, il faudra encore attendre quelques mois. Pour les travaux pratiques, en revanche, ce n’est guère qu’une question de semaines.
Excellent.


Karm fit tourner lentement la projection, pour l’examiner sous tous les angles.


Et la communauté locale ?
À part ceux qui sont impliqués dans le projet, tu veux dire ?
Hmm.
Écoute, pour l’instant, tout le monde est plutôt content. L’astroport a dû quadrupler ses recettes fiscales avec l’augmentation de la taxe d’atterrissage, à cause de l’import des matériaux et des droïdes de chantier. Mais il y a clairement une attente de leur part en termes d’activité de police.
On se doutait qu’ils voudraient qu’on joue les flics.
Voilà. Pour le dire autrement.


C’était la symbiose entre l’Enclave et Dantooine, ancienne formule : les locaux toléraient la présence des Jedis sur leurs terres, avec tout ce qu’elle impliquait d’événements étranges, tandis qu’en contrepartie, ces derniers contribuaient à la sécurité des lieux. Karm avait naturellement une opinion sensiblement différente sur la question.


Si ça devient pressant, on accélérera le plan de binôme Sentinelle-local, pour la formation aux techniques d’enquête et ce genre de choses. Mais j’aimerais quand même que tout le monde nous identifie bien comme autre chose que les mecs au sabre laser, cette fois-ci, pour pas qu’on retombe dans les vieilles routines.


L’Ark-Ni désactiva l’hologramme. Il avait bien conscience que sa réputation était une arme à double tranchant auprès de la communauté locale. Ses états de service comme soldat dans les guerres républicaines lui donnaient indubitablement du prestige, mais ils créaient aussi chez les gens du coin des attentes qui n’avaient pas grand-chose à voir avec la nature réelle de leur projet.


On s’reparle ce soir, un peu avant dîner ? J’imagine que là, t’as plein de choses à faire.
Entendu, fit la jeune fille. Je vous laisse…


Elle eut un geste de la main, que Luke ne vit heureusement pas, et qui suggérait plus ou moins qu’elle s’attendait à ce que les deux hommes profitent de son départ pour se tripoter dans la salle de réunion. Karm leva les yeux au ciel et l’Auxiliaire s’éclipsa, avec un sourire en coin.


Bien, bien, bien.


L’Ark-Ni se laissa tomber sur une chaise pliante.


J’vais probablement m’installer ici de façon à peu près permanente. ‘Fin, comme d’hab, je vais vadrouiller, mais disons que ce sera ma base. Saï m’a plus ou moins confirmé ça, en me nommant Maître. Mais dans les premiers temps, je serai quand même pas mal sur les autres sites jedis, pour expliquer le projet, trouver des bonnes volontés, ce genre de choses. Si jamais tu veux m’accompagner dans cette tournée promotionnelle, si j’ose dire, c’est pas de refus.


Karm hésita, avant de préciser :


C’est pas un ordre, hein. Jamais je te donnerais des ordres.


Même s’il était devenu techniquement son supérieur hiérarchique.


De toute façon, t’es totalement têtu, ça servirait à rien…
Luke Kayan
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Luke approuva de la tête. Les résultats étaient optimistes malgré quelques évidents soucis. Géographiques, légaux ou techniques, chaque jour ils dardaient leurs rayons brûlants sur le chantier mais en général, l'ambiance, l'organisation et l'enthousiasme étaient suffisants pour les enrayer. Nata n'était pas trop optimiste dans son rapport, autant dire que cela faisait du bien. Partis pour un énorme projet aux allures d'impossible, les deux Jedis se retrouvaient finalement au cœur d'une mission plus simple que prévue. C'était peut-être ça la recette : se méfier de ce qui paraissait atteignable et accepter l'insurmontable. L'idée fit légèrement sourire Luke tandis qu'il écoutait, peu sensible aux reflets bleutés que projetait l'hologramme dans la pièce et parfois sur leur visage.

Le Consulaire poussa un léger soupir, lui aussi très au courant de cette réputation de "guerriers ambulants" que les membres de l'Ordre traînaient derrière eux. À la moindre injustice, on leur réclamait de brandir leur lame au clair, de régler rapidement le problème. Avec le temps, Luke avait réussi à faire comprendre aux paysans qu'il avait le rôle d'un diplomate voire d'un guérisseur et son savoir-faire en la matière lui avait donné un certain passe-droit. Difficile en revanche pour ces gens de comprendre que même les gardiens cherchaient la voie pacifique d'abord. Karm et sa réputation ne feraient qu'enflammer davantage les esprits qui rêvaient de grandes batailles en leur nom, de raccourcis pratiques et d'une protection sans faille. Ce combat sans arme serait long, et l'Ordre devrait veiller à vite "éduquer" ses voisins à les voir comme ils étaient vraiment pour ne pas chuter dans les vieilles coutumes.

- Pour eux, nous faisons parti du "système judiciaire". Impossible de comprendre directement que nos manières d'agir sont différentes. Ils s'étonneraient moins de nous voir mettre une amende à un speeder mal garés que d'essayer de négocier. La loi est lentement appliquée chez eux, le système met du temps à arriver jusque chez eux. Il est donc plutôt compréhensible qu'ils soient impatients et souhaitent qu'on applique -enfin- des punitions plus expéditives pour qui le méritent. J'imagine que nous pourrions tenter d'organiser quelques conférences éducatives ou des visites dans les alentours pour bien expliquer notre rôle ?


Ou alors, ce ne serait ni assez ludique, ni assez simple pour atteindre un public, certes intelligent mais surtout pragmatique, habitué aux agissements plus qu'aux paroles. Mais Luke avait encore besoin d'être guidé à ce niveau. Son sens de la diplomatie avait jusque là plutôt servi dans les hautes sphères ou encore, depuis quelques années pour des prises d'otages. Le milieu de la campagne, il maîtrisait beaucoup moins, ce n'était pas son style, un peu comme le public trop jeune. Par politesse, Nata confirma qu'il y avait de l'idée avant de partir, laissant les deux Jedis seuls.

- Au revoir.


Lança le Hapien au moment opportun en inclinant un peu la tête. Il ne savait pas, et heureusement, que Nata était loin de lui rendre un pareil salut solennel, singeant au contraire des retrouvailles passionnées. Si Force avait eu ses raisons de rendre le jeune homme aveugle, elles étaient peut être bonnes et moins mystérieuses que prévu finalement.

L'idée que Karm place son "QG" plaisait au blond. C'était comme s'assurer de pouvoir retrouver un peu plus son compagnon à un endroit précis, sur une planète qui captait au moins les réseaux holonet. Il ne s'attendait pas à de régulières visites ou pire, des vacances, mais l'idée lui plaisait. C'était rassurant de situer un peu son cher voyageur insaisissable et puis, l'Enclave serait entre des bonnes mains entre lui et Nata.

- Moi têtu ? C'est la meilleure ! -S'outragea le Hapien en s'approchant sournoisement de la chaise pliante. Ceci dit, il se demandait pourquoi son compagnon prenait autant de précautions avec lui. Le Consulaire aurait-il, à son propre insu, développé une réputation de petit fonctionnaire teigneux ? À trop traîner dans son bureau, qui sait.- En tout cas, je serai ravi de t'accompagner. Il faut bien que je surveille tes mots. Ça fait un beau discours et ça y est, ça se croit maître de l'éloquence.

Ayant fini par trouver son compagnon -et la position dans laquelle il était installé- Luke se rapprocha. Il posa ses mains sur ses épaules.

- Je plaisante, je sais que tu es tout à fait apte, tout comme Maître Don et le Conseil. Tu as vraiment bien géré au réfectoire, ça ira pour le reste... Mais oui soit- en sûr, je t'accompagnerai.


Le jeune homme exerça une légère pression sur les épaules de l'Ark-Ni avant de doucement s'éloigner pour poser ses mains sur la table qui entourait le grand holo-projecteur. Il se retourna, également un peu hésitant. Faire part de ses émotions quand on était Jedi, c'était difficile, quand on était Luke Kayan, ça l'était doublement.

- Je suis content, cela nous fera une nouvelle aventure. - Il douta un peu plus avant d'ajouter.- Tu sais... Tu ne dois pas avoir peur de me donner des ordres si besoin. Tu es maître, tu as prouvé être digne de ce rang. À travers toi, c'est le Conseil qui s'exprime. Si ces ordres sont justes, et je suis certain qu'ils le sont, je suis apte à les recevoir, je dois les écouter car je suis exactement comme tout autre membre de cette communauté. En ce sens, un Chevalier lambda.

Luke ne voulait pas que son ami se sente forcé de lui faire des faveurs. Leur amour ne devait pas entacher le fonctionnement de l'Ordre. Tous deux détestaient trop la corruption pour s'y mettre malgré le risque d'un changement dans leur dynamique, peut-être y aurait-il de légères tensions mais le Hapien restait optimiste. Il savait où était sa place en tant que compagnon et celle qu'il avait comme Jedi.

Le blond sourit faiblement, il était si heureux que les rêves de l'Ark-Ni s'accomplissent. Heureux et certes, un peu inquiet de tout ce que cela modifierait, mais oui, il avait confiance. Pour une fois, le Hapien serait optimiste pour le futur, et seul l'enthousiasme devait l'emporter. Définitivement, ça se passerait bien. Son sourire s'agrandit. À travers une fenêtre récemment posée, translucide, un rayon de soleil s'était invitée, dardant ses rayons sur le nouveau maître, tandis qu'un autre plus léger, sublimait la silhouette fine du jeune Chevalier, debout, les mains sur la table.
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