La Main de la Force
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Orvax IV monde semi-désertique et industriel aux confins de la galaxie.


Orvax IV, monde neutre localisé dans les territoires neutres proches des frontières de la République a récemment fait appel aux Jedi afin de leur proposer un accord très simple bilatéral. Ce monde semi-industrialisé a été découvert et colonisé par un conglomérat de plusieurs de corporations d’exploitation minière il y a près de huit cent ans. Voyant rapidement les opportunités de se diversifier, la corporation créa plusieurs filiales pour exploiter ce système sous tous ses aspects : services, agriculture et industrie. Attirant de nombreux colons, le conglomérat dut rapidement établir un système politique et ses propres lois sur ce système, par la suite de manière naturelle les inégalités économiques et sociales se creusèrent rapidement entre travailleurs et exploitants. Les conditions de travail étaient pénibles et précaires, quoiqu’encadrées par des syndicats capables de servir de garde fous et d’intermédiaires pendant un certain temps seulement. Pourtant il y a soixante deux ans, une révolution violente des travailleurs parvint à prendre les forces de sécurité locales de court pour renverser le pouvoir en place. Le nouveau régime populaire collectiviste a par la suite, engagé de nombreuses réformes pour administrer Orvax IV, reprenant le contrôle des industries afin de poursuivre son développement économique après avoir procédé à une redistribution équitable des richesses entre insurgés. Ceux n’ayant pas pris part au soulèvement furent mis en bas de l’échelle.

Aujourd’hui, le Comité (nom donné au gouvernement local) et son Premier Secrétaire Balar Opalis II ont contacté l’Ordre Jedi afin de leur proposer un accord bilatéral avec Orvax IV. En effet cette planète produit une plante croisée génétiquement depuis plusieurs siècles aux propriétés intéressantes pour traiter les inflammations, mais également les brûlures graves une fois transformée en onguent. Cette plante appelée « Rornea Tradixie » pourrait constituer un bon approvisionnement alternatif intéressant et très peu coûteux aussi bien pour l’Ordre Jedi que de nombreux mondes isolés de la Bordure Extérieure en comparaison de médicaments produits en laboratoires. En échange le Comité du Collectif souhaiterait bénéficier du conseil des Jedi pour moderniser leur production énergétique pour la rendre moins polluante tout en bénéficiant de gains de productivité.

Une question restait quand même à répondre. Comment le Comité pouvait-il prétendre assurer la production et la croissance de son économie avec un temps de travail hebdomadaire de 12h et avec une population de seulement 40.000 citoyens ? La réponse était simple : l’esclavage. Suite à la prise de pouvoir de Balar Opalis 1er, le Comité s’est emparé de tous les biens et des richesses de la classe aristocrate dirigeant Orvax IV avant de réduire les rescapés en esclavage suite à un procès. Considérant leurs anciens dirigeants et élites comme responsables de leur situation passée, ils les ont privés de tous leurs droits et même du statut « d’habitant » de ce monde devenant des propriétés du gouvernement. Gérés comme du bétail, ces individus se reproduisent dans le cadre de « fermes à esclaves » de façon à générer une population totale de travailleurs serviles, brisés et domptés de multiples espèces. Leur nombre était estimé l’an dernier à environ 62 millions d’esclaves. Le Comité négociant parfois avec les Hutts, et d’autres réseaux esclavagistes afin de vendre certains de leurs esclaves pour en acheter d’autres dans l’optique d’assurer une certaine diversité génétique dans les arbres de suivi de reproduction afin d’optimiser celle-ci et manufacturer les meilleurs esclaves possibles. Cette information laissait à penser que les cristaux que pourraient fournir l’Ordre Jedi serviraient peut-être à plus que simplement alimenter les centrales énergétiques…

En soit Orvax IV n’assumait pas publiquement leur méthode de production forcée, la sécurité interne était très stricte et seuls les réseaux criminels connaissaient vraiment leur façon de manufacturer ce qu’ils exportaient. Ce genre de révélations pouvait éventuellement mener à une rupture de certains accords commerciaux avec d’autres mondes neutres entre autres… chose qui serait regrettable pour le Comité en place. Lorsque le vaisseau transportant Karm Torr et Glurba Lugliiamo se posa sur la plateforme d’atterrissage reliée à une tour par une passerelle. Le Comité était déjà présent, presque au complet et sous bonne escorte d’une vingtaine de membres de la Garde Rouge. Balar Opalis II était présent, attendant que les Jedi descendent le rejoindre pour les accueillir dans de bonnes conditions. C’était un humain qui était sur la fin de soixantaine mais encore assez en forme physiquement. Il tenait dans sa main droite un long bâton symbolisant son rang et une tenue ample de couleur rouge et blanche.

- Bienvenue sur Orvax IV chevaliers Jedi, je suis Balar Opalis III à la tête du Comité. C’est un plaisir de vous accueillir sur notre modeste planète. Vous avez fait bonne route ?

Avait-il prononcé d’un air assez obséquieux et très solennel.

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A noter que :
  • Le RP se terminera dans un mois, soit le 08/10/20 à 18h00.
    Vous avez un mois pour développer au maximum cette intrigue à la suite de ce message et parvenir à atteindre l'objectif imposé dans les conditions de victoire. A vous de vous intégrer au RP comme bon vous semble. Attention la cohérence et le réalisme sont de mises. Tout comme pour les Events, chaque joueur dispose de quatre jours pour répondre à ses partenaires de jeu. Au delà de ce délai, le prochain joueur peut répondre, sans demander l'accord du Staff. Si un joueur vient à ne pas répondre deux fois consécutives, il est disqualifié automatiquement.

  • Condition(s) de victoire :
    - S'intégrer au rp et à l'intrigue de la manière la plus fluide et cohérente possible en fonction de votre personnage, de son passé, ...
    - Réussir à négocier l'accord avec les autorités locales, ou trouver une solution alternative.

  • Ordre de passage :
    - Karm Torr
    - Glurba Lugliiamo


May the force be with you !
Karm Torr
Karm Torr
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Eeeeeeeuh…
Je m’attendais à une réaction plus enthousiaste.
Eeeeeuh…
C’est une mission diplomatique de première importance !
Hm.
Enfin, de première importance, c’est peut-être un peu…
Mais pourquoi moi ? Qu’est-ce que j’ai fait de mal ? Si c’est à cause de la plante qui a dévoré l’autre jour les sourcils de Maître Al-Jalib, promis, j’y étais pour rien.

La vieille Consulaire qui lui faisait face leva les mains dans un geste d’autant plus apaisant que des mains, elle en avait beaucoup.

C’est simplement que vos expériences vous offrent une perspective particulière sur la situation d’Orvax IV.
Ah, fit Karm d’un air aussi convaincu que si on lui proposait de lui arracher les doigts de pied pour corriger sa démarche.
D’une part, vous êtes issu vous-même d’une société collectiviste et horizontale, certes fondamentalement différente d’Orvax IV, mais vous serez plus à l’aise pour manier les conceptions politiques des locaux. D’autre part, vos contacts récents avec l’Espace Hutt, grâce à la mercenaire… comment s’appelle-t-elle déjà ? Patience Balkan ?
Maxence Darkan.
Voilà. Vous permet de mieux cerner le partenariat commercial entre la planète et l’Espace Hutt. Enfin, votre implication avec la Reine Kira dans la résolution de la crise autour des mineurs sur Iktotch vous servira de précédent pour ce qui est des revendications syndicales et de l’industrie extractive. Vous êtes familier des mondes coloniaux par l’ExploCorps, vous…
Bon, bon, d’accord, marmonna Karm. Je me rends.
Excellent, s’exclama la Consulaire en faisant mine de ne pas s’apercevoir de l’air sceptique de son interlocuteur ! Et nous inquiétez pas, on vous adjoint les services d’un Padawan soigneusement sélectionné pour vous épauler.

Quelques années plus tôt, le Gardien eût été proprement terrifié par une mission diplomatique. Mais le temps avait passé, il avait étroitement collaboré avec Luke et, en mûrissant, il se sentait petit à petit plus à même d’embrasser toute la diversité des activités d’un Jedi. À son âge, il eût été puéril de tenir à s’enfermer strictement dans un seul rôle : les nécessités de l’Ordre étaient trop nombreuses et trop diverses pour que les spécialisations fussent des cadres étanches.

Une semaine plus tard, après avoir un voyage qu’il avait consacré à se plonger dans la documentation, d’ailleurs assez elliptique, que les Archives Jedi avaient pu leur fournir à propos d’Orvax IV, Karm posait le pied sur la passerelle d’atterrissage, face à une délégation au grand complet. Circonstance pour lui presque singulière, le Chevalier avait revêtu pour l’occasion la tenue traditionnelle de son Ordre.

Monsieur le Premier Secrétaire…

(Karm fut d’ores et déjà très fier de lui. Pendant les — nombreuses — répétitions qu’il avait consacrées à cette prise de contact, il n’avait pas cessé de dire : « Monsieur le Premier Sectaire ».)

… c’est un honneur pour nous d’être reçus sur Orvax IV. Je suis le Chevalier Torr.

Lequel Chevalier s’inclina légèrement, avant de laisser le temps au Padawan de se présenter lui-même.

Le voyage fut fort agréable. Les géantes gazeuses de votre système offrent un spectacle d’une beauté singulière.
Elles ont longtemps fait l’objet d’un culte, avant que le progrès de la raison ne dissipe ces croyances superstitieuses qui…

Pendant une fraction de seconde, le Premier Secrétaire s’interrompit, en se rendant compte qu’il était en train de parler de superstition religieuse à deux moines.

… ont néanmoins nourri la culture orvaxienne, se rattrapa-t-il presque aussitôt, pendant de nombreux siècles.

Les deux Jedis et le Premier Secrétaire remontaient désormais la passerelle, suivi par le Comité et encadrés par les gardes. Ironiquement, cette réception avait des allures plus aristocratiques que prolétariennes.

J’ai cru comprendre que vous étiez vous-même, Chevalier, issu d’un monde neutre ?
En quelque sorte, oui, répondit Karm. La Flotte Ark-Ni est une nation indépendante, mais elle n’occupe pas de mondes. Des astéroïdes, parfois, mais de manière très temporaire.
Une nation indépendante et collectiviste ?
Entièrement communiste, oui.

Ce n’était pas strictement la même chose et Karm sentit le regard de Balar Opalis qui tentait de le percer à jour. La démographie ark-ni était si anecdotique et leur société si fermée qu’il était difficile de réunir des informations sur la Flotte. L’Orvaxien ignorait s’il y avait là véritablement de quoi bâtir un terrain d’entente avec le Jedi.

Cela dit, nous ne représentons que quelques dizaines milliers de personnes, et encore. Je serais très curieux d’observer comment tout cela se met en place à une échelle planétaire.
Naturellement, fit son interlocuteur, naturellement.

Balar Opalis était suffisamment rompu à la politique pour comprendre que ce qui intéressait véritablement le Jedi, ce n’était pas tant la collectivisation en elle-même que l’organisation du travail, c’est-à-dire l’esclavage.

Nous n’avons pas manqué de prévoir des visites que vous jugerez, je n’en doute pas, instructives, mais peut-être puis-je d’abord vous conduire à vos appartements dans la Maison du Peuple, pour que vous puissiez vous reposer de votre voyage, avant que nous n’ayons une première discussion pour déblayer les sujets à traiter ?
Avec plaisir.

Bientôt, ils s’élevaient dans un aérospeeder, partagé avec deux gardes et Balar Opalis, au milieu d’un convoi aérien qui prit la direction de la Maison du Peuple, le palais du Premier Secrétaire. La capitale d’Oxvar offrait le paysage typique des planètes en pleine modernisation industrielle : des chantiers de tours encore squelettiques s’élevaient de tous les côtés, tandis que des droïdes de terrassement, fonctionnels mais déjà anciens, ouvraient de larges voies dans un espace urbain que l’on entreprenait manifestement de reconfigurer pour répondre à des objectifs de rationalisation.

Leur hôte profita du voyage pour leur indiquer les différents bâtiments dignes de curiosité : ici, le Théâtre de la Révolution, là, le siège du PPO, le Parti Prolétarien d’Oxvar. Ce vaste immeuble semi-circulaire, c’était l’Université de la Réforme Rationaliste, et cette orbe gigantesque assise sur des bases triangulaires, l’Institut du Souvenir National, qui abritait le Tribunal de la Réconciliation, chargé de conduire une politique de lustration systématique, à laquele, malgré les décennies qui passaient, aucun des gouvernements successifs ne paraissait décider à donner un terme.

Enfin, ils arrivèrent en vue de la Maison du Peuple, palais à colonnades qui avait jadis accueilli le siège du Conglomérat, mais que la révolution avait épuré de tous ses symboles capitalistes et aristocrates, pour ne laisser qu’un édifice monumental, mais sobre et presque dépouillé, dont l’austérité devait inspirer confiance en l’incorruptible probité du gouvernement.
Glurba Lugliiamo
Glurba Lugliiamo
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Glurba coula un regard accablé sur sa bure jedi. Il se rappelait la mission accomplie avec Maître El'Dor sur Klatooine où ils avaient délivré le Padawan Nils Erths : lors il avait joué de ses talents de comédien et de menteur pour donner le change en revêtant une fausse identité, celle d'un Hutt de kajidic mineur désireux de négocier des esclaves. Il eut un petit sourire nostalgique en revoyant la frimousse bougonne et tellement craquante de son Nazzar de Maître qui s'était justement fait passer pour l'un de ses esclaves et dont Glurba avait bien profité, le couvrant de léchouilles au-delà du nécessaire en sachant très bien que la situation ne se reproduirait pas. Il était conscient que ce sentiment d'affection voire, d'une certaine manière, d'amour, n'était pas réciproque mais Glurba avait le cœur tendre et ne pouvait rien faire contre ce sentiment qui le prenait chaque fois qu'il croisait le regard de ce bel étalon, alors même que les préceptes jedis dissuadaient d'entretenir toute relation amoureuse... et en particulier avec son Maître.

Au-delà de ça, Glurba avait savouré le jeu de rôle auquel il s'était donné tout entier. Il n'avait pas honte de la bure jedi, loin de là, mais il restait un Hutt, avec ses valeurs, ses caprices et son histoire. L'histoire d'un enfant arraché à sa famille, exilé par un membre de son kajidic considéré comme un oncle ayant voulu le protéger et le sauver du chantage d'un Sith. L'histoire donc d'un Hutt n'ayant jamais connu, même adolescent, la vraie vie que tout membre de son espèce pouvait aspirer à mener. Il y avait donc cette cicatrice chez Glurba, ce besoin de se rapprocher de ses racines, de se faire passer pour un “vrai” Hutt, de goûter à cette vie dont il avait été privé à cause d'un Sith venu semer le trouble dans sa famille.

Alors... le regard perdu sur sa bure jedi, Glurba se rappelait cette mission sur Klatooine, se désolant de ne pas pouvoir prendre plaisir au même jeu de rôle ici sur Orvax IV. Il allait devoir agir en Jedi. Il était fier d'être un Jedi, de toute façon. D'être “le” Hutt Jedi. De montrer à tous que sa race était plus versatile que l'on ne l'imaginait, plus capable, plus honorable. Savoir se battre au sabre-laser, c'était une chance inouïe, c'était montrer aux yeux de la galaxie tout entière que oui, un Hutt pouvait se battre, oui, un Hutt pouvait manier une arme de corps-à-corps, oui, un Hutt n'avait besoin de personne pour se défendre. Oui, un Hutt pouvait réparer des véhicules, oui, un Hutt pouvait pirater des systèmes de sécurité. Et en même temps sa culture était une force pour l'Ordre Jedi, il en était certain. Cependant, à l'issue du Tournoi des Trois Cristaux, on ne lui avait pas annoncé ce qu'il avait espéré entendre : on l'estimait encore trop attaché à la culture hutt et à ses origines pour embrasser complètement les préceptes jedis et devenir un Chevalier fiable. Ses positions sur l'esclavagisme, notamment, qui n'étaient pas sues de tous car il évitait de les crier sur les toits, avaient de quoi révulser plus d'un Maître Jedi. Il avait désormais pour objectif d'avaler sa frustration et de démontrer au Conseil Jedi qu'il faisait passer l'Ordre au premier plan et que sa culture d'origine n'entravait pas son aptitude à accomplir des missions et à porter la voix de l'Ordre. On ne lui enlèverait pas sa liberté de penser, on ne le ferait probablement jamais changer d'opinion sur l'esclavagisme ou sur l'affection sensuelle, et le Conseil Jedi devait avoir la sagesse de comprendre que l'on ne pouvait formater un esprit à ce point et accepter cet état de fait, mais c'est par les actes que Glurba se montrerait digne du rang de Chevalier.

Et si le Conseil Jedi avait encore eu des doutes à l'issue du Tournoi des Trois Cristaux, peut-être que cette mission pouvait constituer son Épreuve ? Allait-il être capable de pointer du doigt des systèmes sociaux contraires aux lois de la République et aux valeurs de l'Ordre Jedi alors même qu'à titre personnel il les cautionnait ? Glurba était certain d'en être capable. Peut-être parce qu'il avait évolué, au contact de Maître El'Dor. Peut-être que, soyons fous de le dire, Glurba avait gagné un peu de sagesse, suffisamment pour faire la part des choses entre ses convictions personnelles et son devoir en tant que Jedi ? Sous l'instruction de Maître Sliviqas, un plafond semblait avoir été atteint. Glurba ne se voyait aucune perspective, se prélassant dans son rôle de Padawan en menant une vie facile, paresseuse, refusant de renoncer à sa morale personnelle. Maître Sliviqas s'en était bien rendu compte : le Quarren était intelligent et avait surtout une grande capacité d'auto-critique, il constatait son propre échec. Et puis, soudain, avec Alycius El'Dor comme nouveau Maître, Glurba s'était mis à envisager le rang de Chevalier, chose qu'il avait toujours repoussée à “plus tard”, ne voyant pas bien l'intérêt de quitter la facilité et le confort de sa petite vie de Padawan, il avait écouté les conseils et se sentait prêt à s'adapter un peu mieux aux préceptes de l'Ordre pour en être un digne représentant, prêt à endosser les responsabilités que le rang de Chevalier faisait peser. Une évolution étonnamment rapide pour un Hutt. Ou bien, peut-être que cette volonté avait dormi depuis longtemps dans l'esprit de Glurba, étouffée par la paresse, et que Maître El'Dor avait su trouver les mots et le caractère pour allumer l'étincelle. Glurba avait juste eu besoin d'un déclic.
Il y a encore un an, Glurba n'aurait fait aucun effort pour devenir Chevalier, aurait continué à promouvoir l'esclavage en portant la bure jedi, et aurait refusé de se confronter à cela sans jouer un rôle lui permettant de le cautionner au lieu de le condamner ouvertement. L'on pouvait se rappeler cette mission avec Wen Janto dans les bas-quartiers de Coruscant où, pour libérer un enfant esclave, Glurba s'était fait passer pour un acheteur intéressé : Glurba aurait-il été capable, ce jour-là, de réaliser cette mission en portant la bure jedi et en ne trahissant pas la loi républicaine sur le sujet ? Probablement pas. Le serait-il aujourd'hui ? C'est ce qu'il allait voir. C'était son test.

Le Comité attendait sur la plateforme de l'astroport et le Premier Secrétaire Balar Opalis II en personne accueillit Glurba et son binôme, le Chevalier Karm Torr, ce dernier représentant aux yeux de Glurba la preuve vivante que l'on pouvait être Chevalier Jedi par les actes tout en conservant intérieurement des valeurs contraires aux préceptes de l'Ordre. Karm Torr avait suffisamment été critiqué, parfois moqué, pour sa relation avec le Chevalier Luke Kayan, et plus généralement pour ses positions sur ses mœurs sexuelles, sur l'importance de la famille, sur le lien acceptable entre un Maître et son Apprenti, et même sur l'utilité d'un uniforme tel que la bure. Glurba se sentait proche de Karm Torr car ce dernier était perçu comme un marginal prônant l'amour et la nudité et portait des idées contraires aux lois du Temple ; Karm Torr était la preuve vivante qu'en dépit de cela, on pouvait être un Chevalier Jedi. Il était une source d'espoir et d'inspiration pour Glurba. Et puis, il était beau gosse... Hum...

GLURBA – Padawan Lugliiamo, je suis ravi de faire votre connaissance, Monsieur le Premier Secrétaire.

déclara Glurba en s'inclinant pompeusement, prédisposé à tous ces exercices de politesse mondains, alors que Balar Opalis II et Karm se furent présentés. La conversation commença naturellement sur des sujets superficiels comme la qualité du voyage des deux Jedis ou l'origine de Karm. Beaucoup de faux sourires, de gestes lents et d'intérêts feints, dans lesquels le Hutt aimait tremper et qui lui seyaient parfaitement. Tout le monde monta à bord d'un aérospeeder qui les emmena aux appartements réservés aux hôtes de marque que représentaient les deux Jedis. Les Humains et autres bipèdes durent se tasser un peu pour faire la place au Hutt. Et encore, Glurba était “mince” pour son espèce. Il ne pesait que trois cent cinquante kilos... Et encore, il était aussi très jeune, à peine pouvait-on le considérer adulte. On pouvait espérer le voir atteindre quatre cents, à quatre cent cinquante kilogrammes à l'âge mur... ce qui restait toujours au-dessous de la moyenne. Toutefois, ce qu'il avait de moins en poids, il le gagnait en viscosité de mucus. Et le problème, c'est que cet aérospeeder de luxe avait le sol recouvert d'une sorte de moquette que le Hutt dégueulassa naturellement bien malgré lui : s'il avait pu, il aurait évité d'avoir à ramper dessus, cela lui était en premier lieu inconfortable et son mucus ne cessait de s'y accrocher et de l'entraver.

Par les hublots l'on put voir la Maison du Peuple après une poignée de minutes. Un bâtiment plus sobre que cet aéronef comme si le pouvoir en place avait tenu à le faire paraître extérieurement comme dénué de tout luxe. Rien d'étonnant vu l'histoire récente de la planète sur ces dernières décennies. Pourtant, il y avait anguille sous roche, et Karm avait déjà essayé de la lever, prétendant être curieux de voir comment une organisation communiste avait pu s'établir à l'échelle d'une planète entière. Glurba comprit très bien l'allusion à l'esclavage, mais Balar Opalis II, en bon politicien, sut faire semblant de ne pas entendre le sous-texte et n'aborda évidemment pas le sujet. L'aérospeeder se posa et Glurba s'empressé, à sa lenteur, d'en quitter l'intérieur pour trouver avec soulagement le sol plus naturel des jardins de la Maison du Peuple.

BALAR OPALIS II – Nous avons parlé des Ark-Ni, mais vous me rendez tout autant curieux, Padawan Lugliiamo.

Le Premier Secrétaire avait bien révisé le nom de ses hôtes avant la rencontre, et avait su prononcer de tête le nom de Glurba sans accroc dans la voix.

BALAR OPALIS II – Avant de planifier votre venue, j'ignorais que l'Ordre Jedi comptait un Hutt en son sein.
GLURBA – C'est normal, Monsieur le Premier Secrétaire. Qui s'en serait douté ?

fit Glurba avec un petit rire de circonstance marquant un trait d'auto-dérision.

BALAR OPALIS II – Etes-vous un natif de la République ?
GLURBA – Eh bien non, voyez-vous. Je suis né sur Nal Hutta même. Les aléas de la vie m'ont fait me déporter sur la planète Nazzri alors que je n'étais qu'enfant, puis j'ai été adopté par les Jedis. Et aujourd'hui, l'Ordre Jedi est ma seule famille et ma seule allégeance.

Cette dernière phrase était plus adressée aux oreilles du Chevalier Torr, Glurba espérait qu'il l'enregistre puisque nul doute qu'un rapport lui serait demandé sur son comportement.

BALAR OPALIS II – Oh, je vois. Cela a dû être terrible...
GLURBA – Oui, sur le moment, bien sûr, mais quand je vois ce que je suis devenu, je me dis que je n'ai pas à me plaindre de ce que la Force m'a réservé.
BALAR OPALIS II – Certes. Sachez que j'ai un infini respect pour votre espèce, nous entretenons des rapports très cordiaux avec l'Espace Hutt, ce qui aide la croissance économique de notre planète.

Balar Opalis II avait-il prévu de parler si rapidement de ses rapports avec l'Espace Hutt ? Devançait-il les soupçons que les Jedis faisaient peser sur la réussite de son industrie ? Ou bien s'était-il emballé en rencontrant un Hutt Jedi, l'hybridation parfaite entre les deux partenaires commerciaux qu'il souhaitait privilégier ?
Quoi qu'il en soit, le sujet fut clos alors que le Premier Secrétaire entra dans le grand vestibule de la Maison du Peuple en menant ses hôtes à leurs appartements privés.

BALAR OPALIS II – Vous nous excuserez, vos appartements seront bien moins luxueux que ceux auxquels vous auriez droit sur d'autres planètes. Nous aurions les moyen mais ce serait indécent, nous pensons avant tout que nous sommes des habitants comme les autres, telle est notre philosophie, et nous ne voulons pas vivre tant au-dessus du niveau moyen. Suivez-moi, c'est par ici. Nous vous avons réservé un grand appartement comprenant deux chambres séparées et nous espérons que malgré l'absence de luxe, vous y trouverez votre confort.
Karm Torr
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Karm ignorait qu’il était censé surveiller Glurba. Du reste, ce n’était pas de la sorte qu’il concevait le rôle d’un pédagogue. On lui avait demandé d’évaluer An’ya, quand l’ancienne Sith avait rejoint le Temple, et il s’y était toujours refusé : discuter avec elle, construire quelque chose pour son avenir, sympathiser et s’entraîner, ça, d’accord. Mais il n’était pas là pour peser les pêchés des gens et si Glurba l’accompagnait, c’était parce qu’il avait son rôle à jouer.

D’ailleurs, le conseil avait vu juste : la présence du Padawan permit de briser la glace sur la question des Kajidics bien plus vite que ne l’auraient permis les interminables circonvolutions auxquelles ils se fussent sinon astreints. Karm se contenta de hocher la tête alors qu’on les conduisait à leurs appartements et, quelques minutes plus tard, Balar Opalis prenait congés en les laissant aux bons soins d’un droïde protocolaire, posté aux portes de l’appartement.


À l’intérieur, c’était un confort sobre qui l’emportait toutefois sur l’austérité des chambres au Temple d’Ondéron. Karm au demeurant ne prêta pas grande attention au mobilier. Après avoir récupéré son sac des mains du droïde protocolaire et laissé ce dernier dans le couloir, il en tira Fugueur, sa sonde, qui prit promptement la forme d’une sorte d’arachnide. L’appareil se promena à toute vitesse dans les appartements, tandis que Karm en observait les évolutions sur son datapad, et quand elle n’eut détecté aucune onde électromagnétique suspecte, le Chevalier se sentit raisonnablement confiant que les lieux n’avaient pas été placés sous écoute.


OK, bon, ben, ils ont pas l’air de vouloir perdre de temps, commenta-t-il en remballant son matériel, c’est plutôt une bonne chose. On navigue en eaux troubles, politiquement et économique, mais ça, c’était attendu, et c’est pas notre rôle de révolutionner Oxvar IV en un traité.


Karm était pourtant au fond de son coeur un révolutionnaire convaincu. Il croyait aux grands soirs, au soulèvement populaire, au communisme tout de suite et maintenant. Pas comme l’avait fait cette planète, pas à travers le pouvoir d’un parti et d’un appareil d’État qui, en s’installant, avait fini par se transformer en une seconde aristocratie. Dans l’esprit de l’Ark-Ni fleurissaient des théories anarchistes dont il avait plus ou moins conscience.


Mais il avait appris à faire dans la demi-mesure. Sa mission serait celle d’une succession de compromis.


De toute façon, ça me paraît idiot d’ignorer le bantha au milieu de la pièce. On va pas tourner autour du problème central des négociations pendant trois jours avant d’accepter de le reconnaître. On est là pour parler d’esclavage, ils savent qu’on est là pour parler d’esclavage, alors autant parler d’esclavage, sans ça, le traité aurait déjà été signé depuis longtemps.


Le Chevalier se laissa tomber avec une élégance très discutable dans un fauteuil. Après avoir collaboré pendant des années avec l’AgriCorps et l’ExploCorps, il avait les idées assez nettes sur les aspects techniques du dossier, c’est-à-dire sur les défis que rencontrait un monde colonial encore en plein développement. C’était la partie la plus proprement diplomatique de la chose qui le laissait encore indécis.


De ce que j’comprends, le Kajidic Djiilo pourrait être… une sorte de voie médiane, tu sais ? Ils ont aboli l’esclavage, au moins formellement. J’imagine qu’en pratique, ça dépend des mondes et des endroits, mais enfin, c’est une perspective pour Oxvar IV d’échanger avec une partie du Cartel Hutt déjà très compatible avec la République. Et ça peut servir surtout d’exemple sur la possibilité de la transition économique. On peut pas dire que les territoires de Djiilo soient tombés dans la crise après la décision de Jaliac en la matière.


Il faut dire que les Djiilo se payaient le luxe de ne pas subir une pression militaire considérable, ce qui n’était pas le cas de leurs congénères aux frontières de l’Empire. On fleurissait d’autant mieux qu’on n’était pas constamment soumis à la prédation des voisins.


Mais toi.


Le regard turquoise de l’Ark-Ni se posa sur le Padawan.


T’en penses quoi ? De la méthode, j’veux dire.


On aurait pu penser que la question relevait d’un test mais, fidèle à ses habitudes, Karm parlait au Padawan exactement comme il l’aurait fait avec un autre Chevalier et même la plupart des Maîtres : directement et d’égal à égal. Ni la jeunesse, ni la relative inexpérience, ni même, dans le cas présent, une certaine partialité, ne lui paraissaient de nature à empêcher absolument qu’on eût de bonnes idées.


Vas-y, j’suis curieux d’avoir ton analyse de la situation. Les rapports des Archives Jedis et les avis des Consulaires étaient super utiles, j’dis pas, et ça doit informer notre réflexion, mais c’est nous qui sommes aux premières loges et notre action doit naître du moment présent.


Conception typique de ceux qui, comme Karm, au sein de l’Ordre, accordaient la primauté à la Force Vivante, et à ce que l’on ressentait et comprenait dans l’ici et le maintenant.
Glurba Lugliiamo
Glurba Lugliiamo
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Un droïde protocolaire vint apporter les affaires des deux Jedi et fut congédié. Le Chevalier Torr sortit des siennes une sorte de petit drone sur pattes, vaguement comparable à une araignée. Glurba ricana tout seul dans son coin en imaginant que cela aurait pu être une figurine articulée de la Chevalière Kith'Araquia. Le drone parcourut les appartements réservés aux deux Jedis à toute vitesse, et Glurba sur très bien de quoi il s'agissait : l'engin scannait les murs et la déco afin de détecter la présence éventuelle de caméras ou de micros. Toutefois, le drone arachnide revint sans résultat. Les appartements étaient donc “sains” : les deux Jedis pouvaient y discuter l'esprit tranquille, ils n'étaient pas surveillés.

KARM – OK, bon, ben, ils ont pas l'air de vouloir perdre de temps, c'est plutôt une bonne chose.

Glurba acquiesca en déambulant dans les appartements, regrettant justement le manque de luxe, pendant que Karm remballait son matériel.

KARM – On navigue en eaux troubles, politiquement et économique, mais ça, c'était attendu, et c'est pas notre rôle de révolutionner Oxvar IV en un traité.
GLURBA – En effet, nous ne sommes pas là pour cela. Orvax IV est à ce jour un monde neutre et notre ingérence serait mal perçue.

Cela ne ressemblait pas à Glurba de se montrer résigné d'emblée au lieu de proposer une manière de parvenir à changer les choses en finesse. Mais si l'on se rappelait qu'Orvax IV suivait un modèle oligarchique se reposant sur l'esclavage, alors on comprenait aisément pourquoi Glurba ne faisait pas de zèle : cela lui rappelait l'aristocratie hutt, il considérait donc ce modèle viable et défendable. Toutefois, sur la question précise de l'esclavagisme, Glurba allait devoir se faire violence : pour l'Ordre Jedi, et pour sa propre condition à lui, le rang de Chevalier étant dans sa ligne de mire.

KARM – De toute façon, ça me paraît idiot d'ignorer le bantha au milieu de la pièce. On va pas tourner autour du problème central des négociations pendant trois jours avant d'accepter de le reconnaître. On est là pour parler d'esclavage, ils savent qu'on est là pour parler d'esclavage, alors autant parler d'esclavage, sans ça, le traité aurait déjà été signé depuis longtemps.

Le Chevalier Torr s'affala lourdement sur un fauteuil, comme si l'appréhension de ce sujet l'accablait déjà. Glurba rampa jusqu'à un canapé face à lui en arborant au contraire un sourire confiant. Il avait déjà sa petite idée pour permettre à l'Ordre Jedi de commander des plantes qui ne seraient pas cultivées par des esclaves.
L'Ark-Ni réfléchissait à voix haute. Il pensait notamment à encourager les dirigeants d'Orvax IV à privilégier les échanges avec les Djiilo plus qu'avec le reste du Cartel Hutt, puisque ceux-ci avaient officiellement aboli l'esclavage et avaient ainsi des méthodes commerciales compatibles avec la République, ce qui pouvait inspirer Orvax IV.

KARM – Et ça peut servir surtout d'exemple sur la possibilité de la transition économique. On peut pas dire que les territoires de Djiilo soient tombés dans la crise après la décision de Jaliac en la matière.
GLURBA – C'est sûr.

Le Hutt observa le canapé auquel Karm, affalé sur son fauteil, faisait face, et se vautra dessus, torse le premier en se roulant vite sur le dos malgré plusieurs minces filets de mucus reliant sa queue au sol. Ce canapé allait se souvenir longtemps du Hutt gluant et de son mucus à la viscosité singulièrement supérieure à la moyenne. Son sourire, dégoulinant de bave verdâtre et surmontée d'une légère coulée de morve s'échappant de ses larges et profondes narines, n'avait pas quitté son visage. Il fut invité à donner son avis et commença par aller dans le sens du Chevalier Jedi.

GLURBA – C'est une bonne réflexion de penser aux Djiilo. Quitte à ce qu'Orvax IV traite avec le Cartel Hutt, autant le faire avec ceux qui se montrent compatibles avec la République, d'autant que ça leur réussit, comme vous dites. Maintenant, faut-il encore qu'Orvax IV ait une bonne raison de changer ses habitudes et ses interlocuteurs. Et c'est là que nous allons nous amuser à négocier.

Ici, “amuser” était à prendre au sens le plus direct, sans ironie : pour Glurba, négocier était un jeu, et même plus que ça, un art. De part son charisme et sa capacité à mentir, à manipuler son interlocuteur, il avait déjà de solides bases. Et justement, avant d'entrer dans l'aspect technique de la négociation, il planifiait déjà une bonne phase de manipulation psychologique.

GLURBA – Quand on veut obtenir quelque chose, en vue de négocier, que ce soit un contrat ou une demande d'ami, il existe plusieurs techniques. Vous dites que le Comité sait très bien que l'on va parler d'esclavage et qu'il n'a pas envie de perdre de temps. C'est absolument parfait.

Même si le Chevalier Torr s'adressait à Glurba presque comme à un égal, ce dernier, malgré son âge brut, restait à sa place en gardant le respect de l'Ordre et du rang : il n'était toujours qu'un Padawan, certes pas vraiment comme les autres, mais il avait toujours le réflexe de vouvoyer les Chevaliers Jedis alors même que ceux-ci n'étaient pour certains même pas nés quand il était déjà Padawan.

GLURBA – La technique à laquelle je pense, s'appelle la “technique de l'amorçage”. C'est une technique de manipulation classique. Vous présentez une offre alléchante à votre interlocuteur, sans avoir l'air de lui cacher quoi que ce soit, de sorte à obtenir une première acceptation. Dans un second temps, vous annoncez certains inconvénients. Votre interlocuteur ayant déjà accepté une première fois, il lui sera difficile de revenir sur sa décision.

Glurba baignait dans son élément... et dans son mucus qui imprégnait déjà le pauvre canapé qui n'en demandait pas tant, n'ayant pas été conçu pour accueillir un Hutt, surtout aussi gluant que Glurba.

GLURBA – Dans notre cas, nous allons d'abord proposer une offre au Comité sans même parler des conditions de travail dans les culture. Si le Comité nous donne un premier accord, alors nous ajouterons en dernier lieu : « Ah, et bien sûr, comme vous le savez, l'esclavagisme est prohibé par nos lois, il va de soi que notre contrat stipule que les plantes ne devront pas être cultivées par des esclaves. ». Cela aura beaucoup plus de chances de fonctionner, que si nous parlons d'esclavage d'emblée.

Enfin le Hutt ajouta :

GLURBA – Que le Comité s'attende à devoir parler d'esclavage, est une excellente chose. Quand nous présenterons notre offre, il se doutera que cela sera un point à soulever, et ne sera donc pas surpris quand nous le ferons. Peut-être même que le Comité en parlera de lui-même, bien que cela m'étonnerait, mais sait-on jamais, je suis un Hutt et cela les a déjà poussés à parler de leurs relations commerciales avec le Cartel. Et si le sujet de l'esclavage pose problème, tout va bien puisque nous apportons la solution : se tourner vers les Djiilo. Orvax IV n'aura rien à y perdre, tout à y gagner, et s'ils comprennent cela, alors c'est dans la poche.

Glurba se montrait très confiant mais il savait aussi que rien n'était gagné d'avance, et il ne savait pas non plus à quel point le Comité d'Orvax IV avait déjà réfléchi à la chose.

GLURBA – Cependant, si le Comité s'attend à devoir parler d'esclavage, alors peut-être ont-ils déjà préparé leur argumentaire en amont. Nous ne savons pas encore en quoi il consistera et il faut nous tenir prêts à devoir traiter leurs objections. Cela va être notre travail, Maître, à vous et à moi, avant d'arriver à la table des négociations : nous devons anticiper leurs objections pour être prêts à y répondre. Il ne faut jamais arriver à une négociation les mains vides en n'ayant rien préparé, car le parti d'en face aura aussi sûrement des arguments. Anticipons donc ces arguments. Par exemple, ils pourraient nous dire que sans esclaves, ils ne sauraient être aussi productifs. Ou qu'ils n'ont pas encore les infrastructures légales pour accueillir suffisamment de travailleurs libres. Ou bien ils pourraient dégainer l'accusation d'ingérence en estimant que nous n'avons pas à critiquer les conditions de vie sur leur planète car les lois de la République ne s'appliquent pas à eux. Il y a une réponse à chacune de ces objections, mais il faut que nous l'ayons en tête.
Karm Torr
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Comme Glurba put s’en rendre compte ce jour-là, le Chevalier Karm Torr était aussi expressif qu’une poignée de porte frappée de paralysie faciale. Ce type-là était fait pour jouer au casino : pendant que le Hutt exposait son point de vue et la stratégie qu’il comptait employer, l’autre Jedi demeura parfaitement impossible, son regard pensif posé sur le Padawan. C’était à se demander s’il n’était pas en train d’avoir une absence.


Ouais, OK, je vois. Bon par contre, la manipulation, mentir tout ça, là, c’est totalement pas mon domaine. Mais c’est pas grave, j’te laisserai faire ça. Viens on va s’promener.


Dire que le Padawan avait fait tant d’efforts pour se hisser sur le canapé ! Karm en tout cas était déjà sous pieds.


J’suis d’accord pour le côté patient et méthodique, réfléchir aux arguments et tout ça, et c’est c’que j’ai fait dans le vaisseau. J’doute pas que tu sois aussi déjà pas mal calé sur le sujet.


Ni l’attitude de l’Ark-Ni, ni sa manière de s’exprimer n’inspiraient nécessairement une profonde confiance dans ses capacités intellectuelles à se hisser à la hauteur des enjeux du genre, mais Karm, tout populaire qu’il fût, était doué d’un esprit brillant et labyrinthique qui expliquait pour une bonne part qu’on lui eût confié une semblable mission.


J’y connais pas grand-chose en politique mais…, dit-il en ouvrant la porte. Salut.
Je suis CCC-P, droïde de protocole, pour vous servir.
Totalement.
Comment puis-je vous assister aujourd’hui, Chevalier Torr ?
Viens, on va se promener.


Silence.


C’t’à toi que je parle, CCC-P.
Souhaitez-vous visiter le Jardin de la Révolution ?
Trop cool. On te suit.


Karm avait prétendre qu’il ne donnait pas dans la manipulation, son comportement impulsif ou nonchalant cachait en réalité des desseins secrets.


Alors dis nous tout, CCC-P, tu viens d’où ?
J’ai été fabriqué et programmé par Excarp. Excarp, une robotique sociale pour tous vos besoins quotidiens.
Et ils sont basés où, Excarp ?
Excarp est une entreprise du conglomérat de communication bothan, dont le siège est installé sur Bothawui.
Du coup, t’as été acheté sur Bothawui ?
Avant d’être revendu plus tard au Comité de Oxvar IV.
Bien ce que je me disais.


L’explorateur éprouvait manifestement plus d’intérêt pour son nouvel ami mécanique que pour le palais lui-même, dont il avait ignoré la sobre décoration à la gloire des héros de la révolution. Pourtant, des holotableaux montraient les heures les plus fameuses de la révolte soixante ans plus tôt : on y découvrait des hommes et des femmes, mais des hommes surtout, qui brandissaient courageusement leurs outils contre les canons des soldats, portés par la foule et son assentiment populaire.


Quand ils se furent engagés dans le turbolift, où ils eurent à peine assez de place pour rentrer en même temps que Glurba, Karm indiqua d’un signe de la tête la plaque métallique vissée au panneau de contrôle qui indiquait la marque de l’appareil, semblable à celle des ascenseurs du Temple.


Comme les speeders, fit-il remarquer laconiquement.


Le turbolift les amena au rez-de-chaussée et, quelques minutes plus tard, ils s’engageaient dans les vastes allées d’herbes coupées à ras qui irradiaient depuis une fontaine centrale dans le Jardin de la Révolution, c’est-à-dire le parc qui entourait la Maison du Peuple. Ici, pas de massifs de fleurs et pas de roseraies : des arbustes, des haies et de l’herbe qui découpaient l’espace en vastes rectangles où s’élevaient des sculptures à l’image des grandes figures de la révolution, dont le nom était gravé dans le socle de pierre.


À cela, Karm consacra une attention studieuse, en interrogeant le droïde protocolaire sur la vie de leurs modèles. Il marquait d’ailleurs un intérêt tout particulier pour la date de leur mort.


Tiens, attends-nous près de ce magnifique spécimen, CCC-P, dit-il finalement, quand ils eurent passé un buste d’un Pantoran dont le visage était presque entièrement dissimulé par une barbe majestueuse.


Quelques mètres plus loin, les mains dans les poches, Karm glissa au Padawan :


Ouais, donc, j’suis pas politicien mais explorateur, et j’ai pas mal traîné du coup avec les spécialistes du développement et les économistes de l’innovation, dans le cadre de la colonisation de la Bordure Extérieure pour la relocalisation des réfugiés à cause de la guerre. Clairement pas ma grande passion mais j’en ai retenu deux ou trois choses.


C’était qu’on pouvait difficilement explorer des planètes pressenties pour accueillir des populations nouvelles sans savoir précisément quoi y considérer.


T’as remarqué, j’imagine. Le speeder est de marque impériale, c’est les mêmes fabricants que pas mal de chasseurs qu’on a vu pendant la guerre. ‘Fin, la division civile de l’entreprise, mais voilà. Le droïde est de fabrication bothane, l’ascenseur est républicain. On a une économie agricole et extractive, comme les disent nos rapports, mais niveau produits manufacturés, c’est la fête au déficit commercial, tout a l’air importé, spécialement de la haute technologie. Et puis y a ça…


D’un geste de la main, il embrassa le jardin et ses sculptures de pierre.


Le mec le plus récent à avoir été glorifié dans ce jardin d’apparat est mort y a déjà vingt ans. Le type qui dirige le comité a le nom de son prédécesseur. L’économie stagne, parce que la consommation globale augmente pas, vu que la majorité des travailleurs a quasi zéro pouvoir d’achat, à cause de l’esclavage, et la politique stagne, parce que le corps électoral est tellement restreint et réduit à l’état de clientèle politique que y a probablement aucune impulsion contradictoire.


Chez les Hutts, c’était évidemment très différent : d’abord, les Kajidic ne prétendaient pas être des administrations totales et modernes de la vie des gens, et ils ne fonctionnaient pas comme des gouvernements complexes et administratifs, et ensuite, les différentes parties du Cartel, en compétition les unes avec les autres, se poussaient, il est vrai de manière fort destructrices, à innover et à s’adapter.


Oxvar IV avait développé une relation symbiotique avec un Espace Hutt qui n’avait aucun intérêt à la voir évoluer.


’Fin bref, c’est du communisme sans les avantages politiques et de l’aliénation laborieuse sans les avantages de l’innovation. Tout ça pour dire que j’ai l’impression qu’ils prennent les choses par le mauvais bout. Ils veulent des cristaux pour faire tourner des centrales afin d’augmenter leur productivité énergétique, comme si le problème de leur appareil productif, c’était la performance énergétique plutôt que le fait qu’ils aient soixante millions de personnes qui sont pas des acteurs économiques et qu’ils essaient de vivre sur une économie de rente sans avoir les ressources naturelles qui le justifient.


La rente naturelle d’Oxvar IV, c’était l’esclavage, mais Karm était prêt à parier qu’au niveau macroéconomique, le système coûtait au moins autant à entretenir qu’il ne produisait de bénéfices.


Et donc, à mon avis, rationnellement, y a un moyen de les inviter à considérer des réformes structurelles. Troquer des cristaux contre des plantes, et voir ça comme un premier pas pour un nouvel échange : une libéralisation progressive de leur régime de servilité en échange d’investissements républicains, en fonds et en compétences, pour le développement d’un secteur de haute technologie. Leur volonté à s’engager dans un échange transformateur avec l’Ordre Jedi serait perçu comme un premier pas vers des échanges économiques en faveur de l’innovation. Technologique, mais aussi sociale et politique.


À défaut de la révolution, Karm était venu la tête pleine d’ambitieuses réformes.
Glurba Lugliiamo
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Glurba avait connu le Chevalier Torr plus souriant, en tout cas plus expressif. D'ordinaire il était justement apprécié des Padawans parce qu'il n'avait pas la même froideur de certains autres pédagogues jedis, rien à voir par exemple avec Maître El'Dor, Maître Marja ou Maître Brock ou Maître Deenia ; pourtant là il paraissait renfrogné. Peut-être était-ce parce qu'il ne se sentait pas dans son élément, comme il le dit lui-même, alors que Glurba lui parlait négociation, manipulation et mensonge.

Il voulut aller se promener, ce qui prit Glurba par surprise. Le Hutt avait été bien content de s'affaler sur ce canapé et aurait aimé y rester. Ses bras étaient écartés, son dos enfoncé contre le tissu, macérant dans son mucus, tandis qu'il n'y avait pas la place pour sa queue qui restée déroulée devant l'assise, traînant au sol. Seulement, l'Ark-Ni était déjà debout, prêt à quitter la chambre. Glurba soupira discrètement et se leva... ou essaya, en tout cas, mais ce ne fut pas aussi facile pour lui de se décoller – littérallement – du canapé. Le tissu n'était pas imperméable à son mucus, créant un effet d'adhésion, auquel le Hutt était malheureusement trop habitué et qui restait pénible à chaque fois ; ce qui énervait le plus Glurba, c'est que cela poussait souvent les gens à répéter que son mucus était un handicap. Non, il était parfait. Et puis, heh, il n'adhérait pas tant que ça... Enfin, il fallut que Glurba forçât un peu quand même pour se décoller du canapé... allez, encore un petit effort...

GLURBA – Nnngh...

La petitesse de ses bras ne lui permettait pas de pousser son gros corps de limace, et ses muscles abdominaux étaient un peu trop enrobés de graisse... et encore, beaucoup moins que la moyenne pour un Hutt. Et ça, ce n'était pas dans la tête de Glurba, c'était pour le coup un fait dont il pouvait sincèrement se vanter : pour un Hutt, il avait une carrure athlétique. Le mot “athlétique” semblait incompatible avec “Hutt” aux yeux de la plupart des races, mais après tout, tout est relatif, et Glurba était bel et bien un Hutt athlétique si l'on pouvait dire les choses ainsi. Et il lui fallait bien ça pour se débattre avec son mucus.

Enfin sorti du canapé, il souffla un coup et se rapprocha de Karm Torr alors en plein dialogue avec un droïde de protocole qui s'était trouvé devant la porte des appartements. Décision eut été prise d'aller visiter les Jardins de la Révolution, et le droïde répondait à des questions sur ses origines quand Glurba arriva à leur niveau. Glurba, à cet instant, ne voyait pas encore pourquoi Karm Torr posait ces questions, et il doutait que ce ne fût que par pure curiosité. Le trio quitta enfin l'intérieur du bâtiment et dut prendre un speeder, dans lequel il y eut à peine la place pour le Hutt. Glurba coula un petit regard vers Karm Torr, espérant que cette promiscuité charnelle, combinée à la personnalité sensuelle de l'Ark-Ni, donne à ce dernier l'envie de toucher un peu... pour un petit massage, pourquoi pas... Il savait très bien qu'il se faisait un rêve. Il n'y avait aucune chance que Karm Torr se mette soudain à le masser, là, comme ça. Mais c'était toujours bon de rêver. En voulant articuler sa queue pour se mettre plus à l'aise, Glurba effleura avec une négligence feinte les jambes du beau gosse Ark-Ni. Ne voulant pas paraître suspect, il dévia le regard, le posant au hasard sur un logo au niveau du tableau de bord. Il fronça les arcades en reconnaissant une marque de speeder impériale.

Ramper dans l'herbe fut comme toujours une sensation saine, apaisante et vivifiante. Le contact des sols artificiels et froids lui était habituel et en rien désagréable en soi – tant qu'il n'y avait pas de foutu tapis – mais retrouver un sol naturel procurait des sensations bienvenues, surtout s'il était humide. Glurba n'écouta pas vraiment les laïus du droïde protocolaire interrogé par Karm Torr au sujet des figures historiques de la planète dont certaines avaient leur silhouette sculptée dans ces jardins, seuls vrais éléments décoratifs – en-dehors de cela, pas de folie sur l'esthétique, pas de buissons fleuris, pas de scultpures végétales, pas d'enclos à bêtes, pas de fontaines... C'était d'un ennui... Pourquoi Karm Torr avait-il voulu se promener là ? Et l'entendre discuter histoire avec le matriculé CCC-P était d'un ennui profond. Finalement, Karm Torr demanda à CCC-P de s'éloigner un instant, et s'adressa enfin à Glurba, peut-être pour lui expliquer à quoi servait toute cette curiosité :

KARM – Ouais, donc, j’suis pas politicien mais explorateur, et j’ai pas mal traîné du coup avec les spécialistes du développement et les économistes de l’innovation, dans le cadre de la colonisation de la Bordure Extérieure pour la relocalisation des réfugiés à cause de la guerre. Clairement pas ma grande passion mais j’en ai retenu deux ou trois choses.

C'était toujours plus que Glurba, qui n'avait que de vagues notions en économie, rien de concret. Ce n'était pas son domaine. Toutefois, si Karm Torr avait des réflexions à faire pouvant aider à leur mission, Glurba était tout ouïe :

KARM – T’as remarqué, j’imagine. Le speeder est de marque impériale, c’est les mêmes fabricants que pas mal de chasseurs qu’on a vu pendant la guerre. ‘Fin, la division civile de l’entreprise, mais voilà.

Glurba acquiesca. Il l'avait remarqué, ça l'avait étonné sur le coup. Il attendait de voir où Karm Torr voulait en venir.

KARM – Le droïde est de fabrication bothane, l’ascenseur est républicain. On a une économie agricole et extractive, comme les disent nos rapports, mais niveau produits manufacturés, c’est la fête au déficit commercial, tout a l’air importé, spécialement de la haute technologie. Et puis y a ça…
GLURBA – Mmmh...
KARM – Le mec le plus récent à avoir été glorifié dans ce jardin d’apparat est mort y a déjà vingt ans. Le type qui dirige le comité a le nom de son prédécesseur. L’économie stagne, parce que la consommation globale augmente pas, vu que la majorité des travailleurs a quasi zéro pouvoir d’achat, à cause de l’esclavage, et la politique stagne, parce que le corps électoral est tellement restreint et réduit à l’état de clientèle politique que y a probablement aucune impulsion contradictoire. ’Fin bref, c’est du communisme sans les avantages politiques et de l’aliénation laborieuse sans les avantages de l’innovation. Tout ça pour dire que j’ai l’impression qu’ils prennent les choses par le mauvais bout. Ils veulent des cristaux pour faire tourner des centrales afin d’augmenter leur productivité énergétique, comme si le problème de leur appareil productif, c’était la performance énergétique plutôt que le fait qu’ils aient soixante millions de personnes qui sont pas des acteurs économiques et qu’ils essaient de vivre sur une économie de rente sans avoir les ressources naturelles qui le justifient.

Voilà pourquoi toutes ces questions de Karm. Glurba n'aurait pas été capable d'analyser la situation économique du pays, voire de la planète, de cette façon-là, mais maintenant que Karm Torr le disait, ça tombait sous le sens. Les dirigeants d'Orvax IV s'y étaient pris n'importe comment. Ils étaient en relation avec l'Espace Hutt qui leur permettait d'entretenir des fermes à esclaves aux effectifs astronomiques, mais ils n'avaient pas bien pris modèle sur les Kajidics. Ils n'avaient rien compris au fonctionnement d'une société esclavagiste. Normalement, un système esclavagiste tel que pratiqué par certains partis du Cartel Hutt était tout à fait viable et, aux yeux de Glurba, défendable. Cela fonctionnait, ce n'était pas discutable, et les seuls arguments des opposants à ce système étaient d'ordre idéologique. Seulement, le système mis en place sur Orvax IV, lui, n'était pas viable, le gouvernement et sa population allaient droit dans le mur. A y réfléchir, il y avait peut-être aussi un intérêt de l'Espace Hutt à maintenir Orvax IV dans cette situation de dépendance. Les Hutts étaient intelligents, après tout ; les gens ne les voyaient que comme de grosses limaces sans défense, mais il y avait une bonne raison pour que cette espèce se soit imposée comme l'espèce dominante de tout une partie de la galaxie. Ils étaient les rois pour obtenir la servilité d'autrui. Ils avaient pris le dessus sur Orvax IV, peut-être même que leurs plans incluaient une annexion prochaine. Maintenir Orvax IV dans cet état de fragilité et de dépendance aurait en tout cas été une excellente façon de préparer le terrain. Les Hutts étaient patients, aussi – une qualité dont Glurba avait hérité de sa race.

KARM – Et donc, à mon avis, rationnellement, y a un moyen de les inviter à considérer des réformes structurelles. Troquer des cristaux contre des plantes, et voir ça comme un premier pas pour un nouvel échange : une libéralisation progressive de leur régime de servilité en échange d’investissements républicains, en fonds et en compétences, pour le développement d’un secteur de haute technologie. Leur volonté à s’engager dans un échange transformateur avec l’Ordre Jedi serait perçu comme un premier pas vers des échanges économiques en faveur de l’innovation. Technologique, mais aussi sociale et politique.

Glurba avait eu son approche du problème. Karm avait eu la sienne. Et elle semblait tout aussi pertinente. Karm avait bel et bien posé toutes ces questions à CCC-P dans un vrai intérêt : celui d'analyser la situation politico-économique de la planète afin de trouver des arguments de poids au moment de la négociation. Intelligent. Le visage de Glurba dessina un large sourire. Le Hutt était fier de son binome. Karm Torr n'avait pourtant rien à prouver, il était déjà Chevalier, tandis que Glurba était le Padawan, ici, visant à devenir Chevalier.

GLURBA – C'est très bien vu, ça, Maître. Grâce à vous, nous avons des arguments supplémentaires pour pousser le Comité dirigeant à se tourner vers les pratiques de la République, tout en continuant à commercer avec les Hutts, simplement pas les mêmes et pas de la même façon. Nous avons, je pense, toutes les clés en main pour faire comprendre à Orvax IV qu'ils ont tout intérêt à suivre nos conditions.

Glurba se sentait de plus en plus confiant dans la réussite de cette mission qu'il prenait au sérieux.

GLURBA – Nous appliquerons mes techniques de négociation, et si le Comité a des objections, alors vos réflexions sauront nous donner des arguments pertinents. Je trouve que nous sommes bien complémentaires, vous et moi. C'est un bonheur d'effectuer cette mission avec quelqu'un comme vous, Maître Torr.
Karm Torr
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J’sais pas si bonheur, c’est tout-à-fait le terme ap…
Chevalier Torr ! Chevalier Torr ! Ah, enfin je vous trouve. Tenez moi ça, Béru.


Une femme de haute stature, entièrement nue, mais dont tout le corps était couvert d’un épais tapis de mousse végétale, avait remonté avec une rapidité surprenante les allées du Jardin de la Révolution pour se porter à la rencontre des deux Jedis. Après avoir confié son datapad à un humain dans la vingtaine qui lui servait manifestement d’assistant, elle tendit la main à Karm, pour la serrer avec un enthousiasme certain. Avant de faire de même, mais un peu plus délicatement, avec Glurba.


Sh’aani Sh’urss, enchantée. Enchantée. Oui, oui, enchantée.
Chevalier To…
Ah, mais je sais qui vous êtes, vous pensez bien, on ne parle que de ça sur Oxvar IV.
Ah bon, s’étonna le Jedi ?
Oui, bon, peut-être pas. À vrai dire, la majorité de la population ignore probablement votre présence. Mais au sein du Comité, vous pensez bien. Mais je suis bête ! N’est-ce pas, Béru ?
Certainement pas, très grande camarade, répondit le jeune homme plein de bon sens.
Mais si ! Je suis bête. Je suis la sous-commissaire à la planification agricole. Et voici mon assistant, Rö Béru.
Si vous me permettez une question personnelle…
Hmm hmm… ?
J’ignorais qu’il y eut une communauté M’shinni sur Oxvar IV.


D’un revers de main, la sous-commissaire chassa machinalement un papillon venu se poser dans la mousse qui lui recouvrait le crâne. Contrairement à nombre de M’shinni, elle n’arborait pas de motifs dans sa couverture végétale et ne portait pas de bijoux. Une absence de signe distinctif que Karm supposa conforme avec l’idéologie oxvarienne.


Une communauté, c’est beaucoup dire, mais nous avons pris racine il y a une quarantaine d’années. Vous connaissez notre intérêt, j’imagine, pour les mondes agricoles. Oxvar IV possède une flore tout-à-fait incroyable. Mais suis-je bête !


Pour quelqu’un qui se prétendait bête, elle avait un regard d’une profondeur singulièrement pénétrante.


Vous le savez fort bien, puisque c’est la raison pour laquelle vous êtes venus. Et donc, je passais justement par pur hasard dans le Jardin de la Révolution…


Mais bien sûr.


… et je vous y trouve ! N’est-ce pas un signe de la nature ? Ou de la Force, si vous préférez.
Certainement, répondit poliment le Jedi.
Hé bien j’en profite pour vous assurer de tout le soutien, pendant ces négociations, du Courant Réformiste.
Le Courant Réformiste ?
Ah, pardon ! Suis-je bête ! J’oublie parfois que notre système politique reste relativement, hm… méconnu… à l’extérieur. Mais donc, les forces vives du pays, n’est-ce pas, je parle d’administration, vous me comprenez, bien sûr ? Les forces vives sont organisées au sein du Parti Oxvarien de la Révolution, le POR, et les différentes sensibilités sont représentées par des courants. Le Comité est composé de représentants des courants, à proportion de leur présence au sein du POR.
Et l’admission au sein du parti se fait sur… ?
Recommandation.


En somme, une démocratie interne, mais soigneusement restreinte à des participants sélectionnés par le pouvoir. Rien de surprenant : si le Parti espérait pouvoir poursuivre la dissimulation de son système productif, il lui était nécessaire de choisir soigneusement les personnes susceptibles de le représenter à l’extérieur.


Et le Courant Réformiste cherche à réformer quoi ?
Oh…


Sh’urss haussa les épaules, ce qui ne manqua pas de dégager un nuage de pollen. Le pauvre Rö Béru dut en éternuer plusieurs fois.


Un peu tout, répondit-elle évasivement, un peu tout. Le principe d’un mouvement révolutionnaire n’est-il pas précisément de soumettre le statut quo à un examen critique pour aller de l’avant ? Hm ? N’est-ce pas ? Vous me comprenez, oui ?


Elle lui adressa un regard entendu, que Karm vit bien, mais sans l’entendre tout à fait.


Naturellement, rien d’aussi radical que le FLO.
Le FLO est une partie du POR ?
Oh non !


Rö Béru eut un rire nerveux.


Le Front de Libération Oxvarien est une organisation parami… terroriste, oui, voilà, vous me comprenez, n’est-ce pas ? Une organisation terroriste qui cherche à obtenir l’amélioration des conditions de vie de nos ouvriers. Mais rassurez-vous, vous ne risque rien. Tout est sous contrôle. Tout. Est. Sous. Contrôle.


Karm en déduisit que rien n’était sous contrôle. En tout cas, Sh’urss avait utilisé le terme officiel d’Oxvar IV pour sa classe laborieuse : des ouvriers, pas des esclaves. Aucun dirigeant du Comité n’avait jamais reconnu publiquement, sauf auprès des Hutts, la réalité de son système économique, et sans les précieuses informations des Sentinelles sous couverture dans l’Espace Hutt, les Jedis auraient pu s’y laisser abuser eux aussi.


Les adversaires du POR-CR, pardon, du Parti Oxvarien Révolutionnaire-Courant Réformateur, n’est-ce pas, bon, nous nous comprenons, très bien très bien, les adversaires du POR-CR nous accuse évidemment d’être la façade politique du FLO, mais nous poursuivons des buts semblables par des moyens beaucoup plus pacifiques, comme notre nom l’indique. Une transition en douceur. EN. DOU. CEUR.


Ainsi donc, tel était son but en venant leur parler avant le début des négociations : le POR-CR avait un message à faire passer sur ce qu’il souhaitait que les Jedis exigent des négociations, au-delà du seul échange commercial. Le regard de Karm croisa celui de Glurba et, d’un air aussi dégagé que possible, l’Ark-Ni demanda :


Et vous êtes nombreux, du chlore-plein air…
POR-CR, corrigea machinalement la M’shinn.
Pardon, POR-CR, au sein du Comité ?
Quinze. Treize sous-commissaires, dont moi-même, le Commissaire à la Jeunesse et à la Culture, Flip Pou-Tou, ainsi que le Commissaire à la Science, Hessef Hiyo . Sur une vingtaine de commissaires et une soixantaine de sous-commissaires. Ah, mais je vois que le Premier Secrétaire approche, je ne voudrais pas vous importuner plus longtemps.


Elle ne voulait surtout pas donner l’impression d’acquérir les Jedis à sa cause. Balar Opalis posait déjà sur elle, de loin, un regard méfiant : les rapports entre le Premier Secrétaire et le POR-CR n’étaient manifestement pas des plus cordiaux.


Chevalier, Padawan, quel plaisir de vous revoir, fit Balar Opalis quand il les eut rejoint, je vois que vous avez déjà fait connaissance avec l’une de nos plus… énergiques… sous-commissaires.


Karm s’abstint prudemment de faire le moindre commentaire.


Nous pouvons peut-être à présent regagner la Maison du Peuple, reprit Opalis après avoir adressé un regard glacial à la sous-commissaire, qui ne parut pas s’en formaliser le moins du monde, pour jeter les bases de notre accord… ?
Avec plaisir.


D’une pichenette, Sh’urss chassa une chenille qui courait sur son avant-bras et vint atterrir sur la robe de Balar Opalis II.


Désolée, s’exclama-t-elle d’un ton léger !
Glurba Lugliiamo
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Alors que Karm Torr s'apprêtait à modérer l'enthousiasme de Glurba, il fut interrompu par l'irruption d'une certaine Sh'aani Sh'urss, une femme de race totalement inconnue pour Glurba : une humanoïde semi-végétale, elle possédait une peau animale mais recouverte en grande partie de mousse, son visage ne possédait ni nez ni museau et elle était dépourvue de vêtements. Malgré des traits féminins, aucune organe intime n'était visible chez elle. Elle avait comme tic de langage de se dire bête comme si les mots sortaient plus vite de sa bouche que ses pensées, ce qui l'amenait souvent à critiquer ce qu'elle disait ; autre tic de langage, s'assurer que son interlocuteur « entendait » bien ce qu'elle disait. Autant Glurba n'avait encore jamais vu pareille race dans la galaxie, autant Karm Torr semblait savoir à quoi il avait affaire, puisqu'il parla de communauté m'shinni.

Sh'aani Sh'urss serra poliment la main du Chevalier Torr puis celle du Hutt, avec un peu plus de précaution pour ce dernier – cette race ne se différenciait donc pas des autres pour ce qui était de leur considération des Hutts et de leurs sécrétions cutanées. Autant Glurba pouvait, au mieux, attirer des mouches, autant cette étrange créature attira un papillon bien que cela ne semblât pas être pour lui plaire, à en juger par le revers de main machinal qu'elle assena à l'insecte.

Dans le fond de la conversation, il fallut retenir que Sh'aani Sh'urss était la sous-commissaire à la planification agricole, et membre – sans doute éminent – du Courant Réformiste, l'un des multiples courants du Parti Oxvarien de la Révolution qui regroupait, selon ses mots, les « forces vives » de leur administration politique. Le Courant Réformiste soutenait l'idée d'un commerce avec les Jedis, avec ce que cela impliquait – Glurba assumait d'emblée que Sh'aani Sh'urss n'était pas naïve. La M'shinn évoqua également l'existence du Front de Libération Oxvarien qu'elle décrivit comme une organisation terrorriste – après avoir hésité avec l'épithète “paramilitaire” bien plus neutre – qui cherchait à obtenir l'amélioration des conditions de vie des « ouvriers ». Glurba devina : ils voulaient abolit l'esclavage, et militaient par le biais d'actions fortes, voire violentes. Et à la façon dont Sh'aani Sh'urss insista pour dire que tout était sous contrôle, il fallait deviner que ça ne l'était pas du tout.
Et il fallait aussi comprendre, donc, que le Courant Réformiste ne l'était pas tant que ça... puisqu'ils parlaient d' « ouvriers », non d'esclaves, et étaient hostiles au parti s'opposant à l'état actuel des choses. Pourtant, à écouter la sous-commissaire, le POR-CR et le FLO poursuivaient le même but, avec seulement une différence dans la méthode : pacifique pour le premier, violente pour le second.
En somme, Sh'aani Sh'urss sortait un beau bla-bla de politicien. Glurba n'était pas formé à la politique, mais maîtrisait les techniques de politicards, pusqu'il y avait des points communs avec les techniques de manipulation courante.

Et comme si tout ce bla-bla inopiné ne suffisait pas, le Premier Secrétaire fit lui aussi son apparition, comme par hasard, dans les jardins.

BALAR OPALIS II – Chevalier, Padawan, quel plaisir de vous revoir. Je vois que vous avez déjà fait connaissance avec l’une de nos plus… énergiques… sous-commissaires.
GLURBA – En effet. A n'en point douter, l'une des... « forces vives » de la planète !

osa plaisamment Glurba puisque Karm Torr s'abstenait de réagir.

BALAR OPALIS II – Nous pouvons peut-être à présent regagner la Maison du Peuple, pour jeter les bases de notre accord ?
KARM – Avec plaisir.

Sh'aani Sh'urss, désormais écartée de la conversation, n'ajouta qu'un mot pour s'excuser d'avoir jeté une pauvre chenille sur la robe du Premier Secrétaire. Qu'elle s'excuse plutôt d'avoir libéré du pollen venu se mêler au mucus de Glurba ! Le Hutt avait maintenant du pollen collé à la peau, et personne n'avait envie de le voir éternuer, ça, c'était sûr.

GLURBA – Avant que Madame Sh'urss ne vienne à notre rencontre, le Chevalier Torr et moi-même étions en pleine conversation, j'aimerais pouvoir la conclure.

expliqua poliment le Padawan Hutt.

GLURBA – Nous vous laissons partir devant et nous vous rejoignons ? Vous avancez plus vite que moi de toute façon.

Karm Torr connaissait suffisamment bien Glurba pour savoir que le Hutt avait horreur que l'on prenne en défaut un trait physique de sa race, à commencer par son mucus, ou sa vitesse de locomotion. Il était si rare de voir Glurba ironiser sur sa propre lenteur, et quand il le faisait, c'est toujours parce que ça l'arrangeait bien. Mais personne d'autre que lui n'avait à ses yeux le droit de prétendre qu'un Hutt était lent à se déplacer.

Balar Opalis II fixa Glurba pendant une poignée de secondes avant d'acquiescer poliment, mais cette latence voulait bien dire quelque chose : il n'avait pas envie de laisser les deux Jedis se concerter. Cependant, il n'avait pas trouvé de prétexte pour les en empêcher en respectant la bienséance. Peut-être aussi avait-il trop peur de froisser ses interlocuteurs. Glurba continua de ramper, à sa vitesse, en laissant les politicards d'Orvax IV prendre les devants. Il jeta aussi un regard à CCC-P qui était resté au loin, n'étant plus utile.

GLURBA – Il n'est pas étonnant que vous n'ayez trouvé aucun mouchard dans nos appartements. Balar Opalis II a trop peur de créer un incident diplomatique, il veut ce contrat et fait tout pour ne pas risquer de nous froisser, mais il a d'autres mouchards. C'est lui (dit-il en faisant un signe du regard vers CCC-P), c'est elle (un signe du regard vers Sh'aani Sh'urss)... Balar Opalis II nous a laissés prendre possessions de nos appartements, et déjà il nous retrouve « comme par hasard » ici aux Jardins de la Révolution ? Comment pouvait-il savoir que nous étions là ? Parce qu'il a eu le signalement de CCC-P. Rappelez-vous comment CCC-P était planté devant notre porte quand vous l'avez ouverte. Il n'était pas question que nous puissions fouiner un peu en-dehors de nos appartements.

CCC-P n'était pas juste un droïde de protocole, mais un mouchard déguisé. Un garde-fou.

GLURBA – Et elle, que pensez-vous d'elle, cette sous-commissaire à la planification agricole ? En tout cas, elle nous a donné du grain à moudre. Soi-disant veut-elle régler les problèmes partagés avec le Front de Libération Oxvarien de manière pacifiste et diplomatique. Nous allons lui mettre sur la table un moyen de le faire, en quittant le système esclavagiste sans dommage pour leur planète. Elle ne pourra pas refuser sans paraître malhonnête. Pourtant, je doute qu'elle en ait réellement la motivation... Sinon, elle n'aurait pas parlé d' « ouvriers », elle aurait déjà reconnu l'esclavage. Elle ne sert que de bouclier politique à Balar Opalis II, et elle lui permet de diaboliser le Front de Libération Oxvarien. Ainsi, rien ne changera si nous n'intervenons pas.

Glurba ne sentait aucune volonté politique chez cette femme de race inconnue.

GLURBA – Pardon Maître Torr, je vous demande votre avis et j'étale déjà le mien... N'allez pas croire que je cherche à vous influencer !

conclut-il avec un sourire sincère. Ca, oui, c'était de la vraie auto-dérision. Même s'il aimait à se croire un as du mensonge et de la manipulation, Glurba offrait tout de même beaucoup de moments de sincérité.
Karm Torr
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D’un haussement d’épaules, Karm accepta la perspective d’être espionné comme une fatalité. Les sommets diplomatiques n’étaient pas son théâtre habituel, mais il avait toujours supposé que chacun épiait les autres. C’était déjà une petite victoire de ne pas être constamment enregistrés dans leurs appartements et le Jedi avait décidé de s’en satisfaire.


Ben de toute façon, j’imagine que si elle est sous-commissaire, elle fait pas partie de la branche la plus radicale de son, euh… courant, non ? J’veux dire, le Comité est probablement le fruit d’un consensus entre les différentes composantes du Parti, je m’attends pas nécessairement à y retrouver les éléments les plus imaginatifs ou engagés de la population.


Cette population, il l’eût volontiers rencontrée, mais il fallait probablement avoir des espoirs réalistes.


Mais en tout cas, ça nous donne le cadre des négociations assez nettement. C’est ce qu’anticipaient les rapports des Archives, d’ailleurs : hors de question d’évoquer de manière directe l’esclavage. En tout cas pas de but en blanc. Mais t’as raison sur Opalis et le contrat.


Les Jedis commencèrent à cheminer vers la Maison du Peuple, lentement.


Reste à savoir pourquoi. Peut-être qu’il veut juste diversifier ses partenaires commerciaux, pas trop dépendre de l’Espace Hutt, ce genre de choses. Faut dire que la campagne militaire de l’Empire doit refroidir pas mal des gens du secteur à l’idée de s’engager dans une relation à deux avec un système qui pourrait d’un coup faire l’objet d’une invasion. Mais peut-être aussi que… Ben t’sais, un contrat avec l’Ordre Jedi, c’est une bonne excuse pour réformer pas mal de choses. Au lieu de changer les principes généraux, on parle du concret et on transforme sa société par pragmatisme, plutôt que par idéalisme. J’sais pas. Faut probablement tâter le terrain.


Et tâter le terrain, c’était précisément l’intention de Balar Opalis, comme ils purent en juger en parvenant à la Maison du Peuple. Loin des grandes tables propres aux réunions diplomatiques, avec leurs petits chevalets pleins de noms et leurs longs discours d’introduction, le Premier Secrétaire les reçut dans un salon confortable mais sobrement décoré. Des fauteuils étaient réunis autour d’une table qui proposait de modestes rafraîchissements, et une plateforme avec une rampe avait été aménagée pour Glurba, importée, à n’en pas douter, de l’Espace Hutt.


Balar Opalis était accompagné d’une femme d’une soixantaine d’années, une humaine probablement, à qui les cheveux coupés courts donnaient une apparence martiale. D’ailleurs, sa manière de se tenir trahissait une existence militaire. Quand ils furent tous installés, le Premier Secrétaire débuta :


Pardonnez-moi de vous recevoir dans un cadre aussi informel, mais pour être honnête, Oxvar IV n’est pas habituée aux grands sommets diplomatiques. Nous sommes modestement éloignés des enjeux internationaux qui font la vie de la Galaxie. Et puis nous voulions évoquer avec vous la situation d’Oxvar IV, afin de nous engager demain peut-être dans des rencontres plus codifiées.


Karm approuva d’un léger hochement de tête.


Voici Prav Dä, la Secrétaire Adjointe, qui m’assiste dans l’encadrement des commissaires du Comité et la gestion des affaires planétaires. J’imagine que la Sous-Commissaire Sh’urss vous a déjà entretenus des réalités politiques.
Succinctement.
Donc vous comprenez que l’existence d’un parti unique n’empêche pas une certaine diversité de points de vue au sein du Comité. Et vous n’ignorez pas que les questions économiques et la nature de nos relations avec l’Espace Hutt sont les raisons de cette diversité.
Et votre propre sensibilité en la matière ?


Balar Opalis se laissa aller contre le dossier de son fauteuil, les mains croisées devant son visage.


Disons que je ne suis pas insensible à une certaine… ironie dans notre situation. Nos parents ou nos grands-parents ont lutté, parfois à en perdre la vie, pour renverser une aristocratie de l’argent et, dans une certaine mesure, nous l’avons remplacé par une aristocratie du Parti. Je prends, après tout, la direction du Parti après mon père.
Nous n’avons pas accumulé de richesses, intervint Dä, mais par la mécanique presque inévitable de la spécialisation, certains d’entre nous ont acquis un capital culturel et politique qui se transmet entre générations. C’est un état de fait qui conduit à une relative…


La militaire chercha du regard dans celui du Premier Secrétaire le terme approprié.


… sclérose, disons, enchaîna ce dernier, dans le débat politique. Un relatif manque d’inventivité dans la nature des solutions proposées.
Donc j’imagine que vous êtes proches du Courant Réformateur ?
Pas, hm… Exactement.


La Secrétaire Adjointe eut un petit rire amer, tandis que son binôme poursuivait.


Le principal objectif du Courant Réformateur est de perpétuer le système actuel, de tous les points de vue, en identifiant les arrangements minimes nécessaires à sa reconduite. La Secrétaire Dä et moi-même appartenons au Courant Conservateur. Notre perspective est plutôt… Hé bien de conserver la flamme de la révolution des premières heures et de poursuivre dans un projet de société radical. C’est un courant statistiquement minoritaire au sein du Parti, mais qui jouit d’un prestige historique et culturel important, à cause de la participation de presque tous les grands vétérans de la révolution encore en vie.
Mais nous sommes minoritaires. Au sein du Comité. Celui-ci est dominé par le Courant Radical.
Les Radicaux posent pour principe l’excellence du système actuel et la nécessité de le maintenir à l’identique, voire de renforcer ses traits les plus saillants. Leur discours est plutôt bien reçu au sein du Parti, parce qu’ils donnent de la visibilité aux nouveaux entrants : avec eux, ils savent que demain sera comme hier, ils peuvent construire leur stratégie de carrière et rendre l’avenir prévisible.


Karm se frotta la tempe de l’index et du majeur.


Donc, euh… le Courant Réformateur est en réalité conservateur, le Courant Conservateur est révolutionnaire et le Courant Radical est le moins radical de tous.
Présenté comme ça, il est vrai que nos noms peuvent porter à confusion.
Un peu.


Mais n’était-ce pas le propre des partis politiques que de porter des noms à l’opposée de leurs valeurs réelles ?


Et donc ? Ça veut dire quoi, pour vous, entretenir la flamme de la révolution ?
Viser une égalité plus parfaite.
Une appropriation des moyens de production par les travailleurs.
Parfaire, en somme, le projet syndical tel qu’il s’est formulé à l’époque.
La nationalisation de l’appareil productif était censée être une mesure transitoire pour permettre aux travailleurs de s’organiser en comités d’autogestion. Mais c’est une transition qui commence à durer.
Glurba Lugliiamo
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La question surtout que se posait Karm Torr, ne réagissant pratiquement pas au fait d'être surveillé comme s'il s'y était attendu, c'est : pourquoi Balar Opalis II tenait-il à ce contrat avec l'Ordre Jedi en sachant ce que cela impliquait alors qu'il faisait beaucoup d'efforts pour ne surtout pas parler d'esclavage et qu'il semblait, au vu des dispositifs de surveillance, se méfier des deux Jedis ? C'est vrai que cela pouvait sembler contradictoire. Les cristaux que pouvaient marchander les Jedis avaient certes de la valeur, mais si Balar Opalis II avait l'habitude de traiter avec les Hutts les moins scrupuleux, il devait pouvoir trouver d'autres moyens de s'en procurer. Souhaitait-il polir son image ? Amorcer un changement de pratiques en douceur ? Varier ses partenaires commerciaux pour éviter une ultra-dépendance aux Hutts ? Tout était possible, et les deux Jedis en sauraient plus au fil des discussions.

L'heure était justement venue. Glurba se mit à sourire en arrivant à la Maison du Peuple, excité à l'idée de ce qui les attendait. Il fut dans un premier temps surpris, avant de vite trouver cela finalement cohérent avec ce qu'il avait pu observer depuis son arrivée sur la planète, d'être reçu non pas dans une véritable salle de réunion, mais dans un salon confortable et informel, sobrement décoré mais loin de la froideur rigide de ce à quoi il aurait pu s'attendre. Fallait-il y voir encore une fois une marque d'humilité de la part d'un gouvernement communiste qui tenait à effacer les traces d'une aristocratie bureaucrate prenant des décisions dans une tour d'ivoire luxueuse et éloignée des préoccupations du peuple ?

Le Hutt fut heureux de trouver une plateforme spécialement disposée pour lui, ainsi il n'aurait pas à souiller un canapé comme il avait pu le faire dans ses appartements, ni à se tenir bêtement debout à même le sol alors que tous ses interlocuteurs seraient confortablement assis. Il utilisa la rampe pour se hisser lentement sur la plateforme et prit appui sur un petit rembourrage, de faible qualité mais qui avait le mérite de lui donner un peu la sensation d'avoir son canapé à lui. Ainsi, il fut mis dans de bonnes dispositions pour démarrer les discussions.

Balar Opalis II présenta l'Humaine qui se tenait à ses côtés : il s'agissait de la Première Secrétaire-Adjointe, Prav Dä. Il commença par aborder la situation politique d'Orvax IV et fut interrogé par Karm Torr sur sa propre sensibilité. Glurba en découvrit un peu plus sur leur interlocuteur, et cela allait à l'encontre de ce qu'il s'était pour l'instant imaginé : Balar Opalis II était bien conscient de la non-viabilité du système politico-économique de la planète, et du fait qu'ils avaient remplacé une aristocratie par une autre aristocratie, différente dans son fondement mais tout aussi néfaste finalement, puisqu'elle empêchait de vrais débats politiques et de l'inventivité dans les solutions.

Glurba écoutait avec un certain détachement. C'était un beau discours et l'on pouvait avoir envie de le croire. Toutefois, Balar Opalis II était peut-être un souverain bien plus strict qu'il ne le faisait paraître mais suffisamment intelligent pour avoir préparé ce beau laïus bien à l'avance afin de brosser les Jedis dans le sens du poil en passant pour un réformateur. Après tout, qui pouvait refuser l'héritage d'un parti et du pouvoir qui allait avec ? De quoi Balar Opalis II se plaignait-il, au juste ? De ne pas avoir assez de contradicteurs ?

Il disait son parti minoritaire, pourtant c'est bien lui qui se trouvait à la tête de la planète. Peut-être toutefois était-il sincère. Peut-être avait-il vraiment la conviction qu'il fallait maintenir allumée la flamme de la révolution qui avait fait chuter la précédente aristocratie, ceci afin de permettre aux travailleurs de disposer d'eux-mêmes : autrement dit, de mettre fin à l'esclavage. C'est ainsi en tout cas qu'il présenta les idées de son parti, le Courant Conservateur – “conservateur” faisant ici référence à l'élan révolutionnaire qu'il fallait préserver dans la durée, ce qui faisait qu'au final, comme le remarqua ironiquement Karm Torr, les principaux partis portaient un nom contraire à celui qu'on leur aurait intuitivement donné.

Par instinct, Glurba n'aimait pas les courants révolutionnaires. Il était un Hutt et avait quelque part hérité de la mentalité à trouver confortable une position avantageuse et à ne pas aimer le changement. Les Hutts étaient si bien installés dans tout l'Espace qui portait leur nom, qu'ils feraient tout pour mater une révolution. Glurba aimait l'ordre établi surtout quand il était au sommet. Cependant, cela entrait souvent en contraction avec les préceptes jedis ; et en l'occurence, ici, pour le bien de sa mission, il allait devoir soutenir des idées révolutionnaires. Il ne le montra pas, ou essaya de le cacher, mais son sourire baveux se crispa un peu alors que le dilemme moral, pourtant anticipé, s'imposait maintenant dans son esprit.

D'un autre côté, il voulait aussi être reconnu comme un Hutt respectable, et redorer l'image de sa race. Etre un Hutt Jedi, c'est avoir entre les mains toutes les cartes pour montrer à la galaxie qu'un Hutt n'était pas forcément une crapule mais pouvait aussi agir pour le bien du plus grand nombre. C'est ce que voulait Glurba : être ce Hutt-là. Il ne pouvait renoncer à tous ses idéaux propres ; mais ce qu'il pouvait faire, c'est les mettre un peu de côté parfois, pour un bien plus grand. Cela demandait de l'effort, mais il était prêt à y consentir. C'est à cette condition seulement qu'il pourrait devenir Chevalier Jedi, il en était conscient. Sa race pouvait avoir une autre image, grâce à lui.
Il était unique dans le pouvoir qu'il avait.
Il avait tant de fierté à tirer d'une réussite...

GLURBA – L'Ordre Jedi, que le Chevalier Torr et moi-même représentons, se montre ouvert et intéressé précisément parce votre parti porte ces idées et essaie de les rendre crédibles au sein du Comité d'Orvax IV.

Cette phrase n'avait rien d'anodin : Glurba, dès sa première intervention, posait déjà les bases d'une ascendance dans le débat. C'est l'Ordre Jedi – donc lui et Karm Torr – qui avait le pouvoir d'accepter ou de décliner la proposition commerciale. Ainsi, l'Ordre Jedi n'aurait pas à plier aux exigences d'Orvax IV, mais l'inverse : puisqu'Orvax IV avait émis cette proposition, l'Ordre Jedi l'accepterait sous conditions. Ces conditions étaient implicites : Glurba ne voulait pas brusquer ses interlocuteurs en les rappelant de but-en-blanc d'emblée. Comme il l'avait expliqué à Karm Torr, il escomptait appliquer la technique de l'amorçage.

BALAR OPALIS II – Nous en sommes ravis, et nous nous tournons vers vous précisément parce que nous savons qu'un partenaire commercial tel que l'Ordre Jedi serait bénéfique pour notre planète et pour nos idées.

Parfait. Balar Opalis II n'avait pas vu le piège et se montrait trop poli. Glurba et Karm Torr avaient déjà pu se faire la réflexion qu'il semblait tenir à ce contrat avec l'Ordre Jedi. De fait, il avait déjà laissé la porte ouverte pour que l'Ordre Jedi prenne l'ascendant dans les négociations, et c'est précisément ce que Glurba venait de faire.

GLURBA – Quelles seraient les capacités de production en rornea tradixie destinée à l'Ordre Jedi ?

Après avoir parlé politique, ils pouvaient parler chiffres.

BALAR OPALIS II – Selon les rapports qui m'ont été transmis, portant sur les produits médicaux que vous pourriez remplacer par notre solution, nous pouvons vous assurer dans un premier temps une production suffisante pour que la rornea tradixie devienne un traitement de base pour les affections les plus légères, ce qui représenterait une proportion modérée de vos besoin. Il faut aussi prendre en compte que nous avons de nombreux acheteurs intéressés par cette solution et que nous devons être raisonnables dans nos prévisions afin de pouvoir tenir nos quotas avec chacun de nos partenaires commerciaux.

Balar Opalis II n'était peut-être pas le négociateur le plus intraitable, toutefois il n'était pas dépourvu de toute notion en matière de techniques de manipulation. Il cherchait à susciter le désir des Jedis en évoquant l'existence d'autres clients tout autant intéressés, créant ainsi une concurrence entre eux : « si l'autre a droit à un produit économique et écologique, alors je le veux aussi ». Glurba tint donc à garder son ascendant :

GLURBA – C'est évident, et vous comprendrez également que compte tenu de la préciosité des cristaux que l'Ordre Jedi consentirait à vous fournir pour accéder à vos besoins, nous ne saurions nous satisfaire d'un quota inapproprié. Nous ne sommes pas responsables des contrats que vous signez avec vos autres clients, cela ne nous concerne pas. Notre échange doit être équitable.
BALAR OPALIS II – Bien sûr, c'est pour cela que je vous dis que, dans un premier temps, notre approvisionnement comblerait une proportion modérée, pas faible, mais modérée, de vos besoins. Dans un deuxième temps, grâce au gain de productivité auquel les cristaux que nous vous achèterons auront contribué, nous serons en mesure de vous fournir plus de produit, si bien que notre plante pourrait devenir un composant de base pour la plupart de vos traitements.

Glurba échangea un regard avec Karm Torr. Il ne fallait pas s'enliser dans une bagarre maintenant, il était l'heure d'émettre une proposition alléchante pour obtenir le premier “oui” de Balar Opalis II.

GLURBA – A ces conditions l'Ordre Jedi vous fournirait une alimentation durable d'un cristal par cycle. Je ne vous noierai pas avec des considérations techniques, vous disposez de tous les documents pour évaluer que cela représente déjà une capacité énergétique substancielle. Enfin l'Ordre Jedi s'engagerait à vous fournir un support méthodique pour moderniser vos productions, dans le sens des idées de votre parti.

À savoir : l'abolition de l'esclavage pour un travail libre et consenti. Rester implicite en flattant l'interlocuteur.

GLURBA – Votre Comité bénéficierait ainsi de nos meilleurs conseils et de notre expertise en matière environnementale, dont le Chevalier Torr est lui-même un porte-drapeau. La qualité de votre planète et de votre agriculture serait préservée. Ainsi, grâce à cet accord, vous obtiendriez un gain sensible de productivité, une gestion plus moderne de vos chaînes de production, une limitation de la pollution plus efficace, et la preuve que les idées de votre parti gagnent à être suivies et appliquées.

Il suffisait d'obtenir un premier “oui”, une adhésion complète de Balar Opalis II et de son adjointe, pour ensuite aborder la question de l'esclavage, quitte à jouer aussi sur la cohérence de leur parole. Le terrain avait été très bien préparé.
Karm Torr
Karm Torr
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Je vois.

Balar Opalis avait probablement répété mille et une fois dans son esprit cette conversation. Les négociations ressemblaient à des chorégraphies tirées d’un patrimoine commun : chacun avait sa part, chacun savait quoi danser, et ce n’était que dans de subtiles variations, ou des inventions radicales, qui se trouvaient les marges nécessaires à de véritables consensus.

Le Comité est bien entendu intéressé par toute perspective d’innovation et nous sommes bien conscients que la recherche de gains de productivité ne saurait s’entendre uniquement comme la quête d’un meilleur rendement énergétique. Au demeurant… Les cristaux sont une matière première qu’il s’agit ensuite d’exploiter avec des centrales appropriées. C’est un sujet dont nous n’avons pas encore parlé.

En d’autres termes : il espérait un transfert technologique tout autant qu’un transfert de minerai.

Ce que le Camarade Secrétaire veut dire, intervint la Secrétaire Adjointe, c’est que les autres membres du Comité s’interrogeront probablement sur les moyens que l’Ordre serait susceptible de déployer pour mettre en œuvre le genre de transition que vous évoquez. Ces dix dernières années, nous avons discuté de nombreux plans de modernisation, mais la méthode reste difficile à trouver.
Oxvar IV, comme vous le savez, est une planète pour une grande partie désertique : nous sommes contraints par des limites naturelles que beaucoup de nos camarades perçoivent comme indépassables. La course au progrès doit être pondérée par un principe de réalité.

Scronch.
Karm engloutit prestement la moitié de gâteau sec qu’il venait de croquer précisément au seul moment où personne ne parlait.

Vous savez, débuta-t-il, j’ai exploré des dizaines de planètes ces dernières années et contribué à l’installation de nombreuses colonies. Je peux vous assurer que tout environnement est susceptible d’être développé de manière harmonieuse. L’Ordre peut être pour vous un point d’entrée pour toutes les compétences que la République abrite en la matière. On serait ravis de servir d’intermédiaires entre vous et le reste des agronomes, des ingénieurs et des économistes républicains.
Je crois qu’Oxvar IV apprécierait malgré tout de conserver une certaine neutralité.

En d’autres termes, la proposition de Karm avait été interprétée comme une invitation à rejoindre la République. L’Ark-Ni eut cet air interrogatif d’une sincérité pure rarement de mise dans les sommets diplomatiques qui suffit à désamorcer le malentendu. Balar Opalis se fit donc fort d’expliciter l’objection de sa collègue :

Le désir d’Oxvar IV… En tout cas du Comité, et du Parti, n’est pas de rejoindre la République. L’un des points sur lequel s’accordent tous les courants est que les relations entre les superstructures de la Galaxie, de la République à l’Empire en passant par les Hutts, les Hapiens et les Bothans, ne sont pas durablement pacifiées, la neutralité, pour un petit monde comme le nôtre, est la solution la plus sûre.

Incidemment, c’était la meilleure manière de conserver des relations saines avec les Hutts.

Ah oui non d’accord je voulais… je ne voulais pas dire qu’il fallait signer votre entrée dans le Sénat. Simplement… Enfin, je parle concrètement, si vous voulez bien, ce sera plus facile.

Balar Opalis inclina la tête en signe d’assentiment.

L’Ordre Jedi dispose de Corps Auxiliaires qui sont dans une large mesure dédiés à des missions de ce genre. L’ExploCorps peut vous accompagner dans la gestion de votre environnement, l’AgriCorps dans le déploiement de solutions agronomiques nouvelles et l’EduCorps dans la conception de programmes de formation pour vos… travailleurs. Mais nous-mêmes, dans ces Corps, on opère rarement seuls, on a des consultants, des prestataires, des associés, enfin vous voyez, on profite de l’expertise républicaine, et parfois indépendante, pour être les mieux à même de remplir nos missions. En quelque sorte, c’est hm… Deux pour le prix d’un. Mais ça ne vous embarquera pas dans des relations institutionnelles avec la République.

Le Premier Secrétaire sonda sa collègue du regard. Dans tout le cas, ce programme impliquerait nécessairement de faire pénétrer des étrangers dans les usines et les champs. Alors, il serait impossible d’entretenir plus longtemps l’illusion autour de l’esclavage. C’était précisément ce que Prav Dä et lui recherchaient depuis longtemps, mais le reste du Comité, il l’anticipait sans peine, serait bien plus difficile à prévoir.

Certains de nos commissaires seraient probablement plus à l’aise avec une version minimaliste de notre échange. Les cristaux contre les plantes, vous comprenez ?
Mais vous nous auriez pas invités jusqu’ici si vous ne pensiez pas qu’on pouvait vous faire une proposition de nature à lever leurs objections.

Il y eut un long silence, puis Balar Opalis se pencha légèrement en avant et baissa d’un ton.

À quel point êtes-vous familiers de la structure de notre main-d’oeuvre ?
L’Ordre Jedi est bien informé ?
Bien informé ?
Très bien informé, insista Karm.

Une nouvelle fois, les deux Oxvariens échangèrent un regard.

Donc vous comprenez de quoi il est question, ici ?

Le Jedi hocha la tête.

Je vois.

Et Balar Opalis réintégra le dossier de son fauteuil, plongé dans de profondes réflexions. Prav Dä, après quelques secondes, ayant constaté qu’il ne reprenait pas la parole, enchaîna :

Les questions sécuritaires. Les questions sécuritaires sont probablement une manière de lever leurs objections. Je ne parle pas des menaces externes, mais des problèmes internes.
Vous voulez dire le Front de Libération Oxvarien…
Je vois que la sous-commissaire Sh’urss a été disserte…
Le Courant Réformateur se sert du FLO pour entretenir son aura politique. Vous voyez la logique : vous avez peur des terroristes, nous sommes une solution alternative. Le FLO leur sert de faire valoir.
Vous voulez dire que ce sont eux que le soutiennent ?
Nullement, intervint Dä, autant que nous en sachions, le FLO est une initiative… Authentique et spontanée, si je puis dire. Mais elle est récupérée politiquement par les courants du Parti, faute de véritable porte-parole. C’est une menace quasi impossible à endiguer. Et la Révolution est trop récente pour que qui que ce soit puisse prétendre ignorer la conclusion naturelle d’une telle révolte.

C’était en quelque sorte l’arroseur arrosé.

L’Ordre Jedi n’a pas vocation à mater les rébellions.
Ce n’est pas ce que je suggère, répliqua Dä, un peu vexée qu’on l’ait cru capable d’un raisonnement aussi sommaire. Je voulais plutôt dire que la nécessité des réformes est d’autant plus sensible que le danger d’une révolte des travailleurs est pressant, et je ne doute pas qu’avec votre expérience, vous seriez en mesure de faire valoir ce danger aux autres membres du Comité en vous fondant sur des exemples de votre connaissance…
Disons que nos camarades gagneraient à entendre pour une fois sur tout cela une perspective extérieure.
Glurba Lugliiamo
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Les négociations n'allaient pas être aussi courtes que Glurba avait commencé à se l'imaginer : le Premier Secrétaire Balar Opalis II avait une autre requête qu'il souhaitait inclure dans les négociations. Il souligna que sa planète possédait une grande part désertique qui posaient des limites naturelles à l'expansion de leur industrie agraire. L'acquisition de cristaux permettrait ainsi d'augmenter les capacités de production malgré ces limites naturelles ; seulement, pour cela, il faudrait adapter leurs centrales, et ils n'avaient pas les connaissances nécessaires pour le faire. L'Ordre Jedi allait donc devoir apporter les moyens, c'est-à-dire la technologie. Cela semblait aller de soi mais Glurba, en fieffé négociateur pris dans son jeu, projetait déjà d'en tirer un bénéfice pour l'Ordre Jedi.

Les questions de l'adaptation de l'industrie au milieu naturel relevait directement des compétences du Chevalier Torr, et Glurba se tut un bon moment pour le laisser traiter ce sujet. Il y eut quelques incompréhensions parfois, que ce fût Prav Dä qui crut que Karm Torr planifiait une conversion d'Orvax IV à la République, ou ensuite Karm Torr qui insinua que Prav Dä avait pour espoir que l'Ordre Jedi aide à mater le Front de Libération Orvaxien. Heureusement, aucun de ces quiproquos ne mena à un incident pouvant nuire aux négociations. Glurba se sentit toutefois obligé d'intervenir brièvement pour aider à les dissiper. Au moment du quiproquo sur la conversion d'Orvax IV à la République, il rassura le Premier Secrétaire et son Adjointe :

GLURBA – Utiliser des cristaux jedis ne fera pas de vous des Jedis, utiliser des speeders de marque impériale n'a pas fait de vous des Impériaux, alors faire appel aux compétences de la République ne visera pas à faire de vous des Républicains.

De plus, Glurba se rappelait que Karm Torr et lui avaient toujours une carte dans leur main : inciter le Comité à se tourner vers les Djiilos plutôt que vers d'autres familles du Cartel Hutt, ce qui présenterait des avantages pour tout le monde.
Enfin, plus tard, après le quiproquo sur la velléités de mater le Front de Libération Orvaxien, Glurba reprit la parole :

GLURBA – L'approche risque de ne pas être très subtile. Vos opposants politiques auront l'impression que vous aurez fait venir des Jedis juste pour les convaincre que vous avez raison. Cela nous décrédibiliserait auprès d'eux et ruinerait les chances qu'un échange commercial entre Orvax IV et l'Ordre Jedi soit vu d'un bon œil par tout le Comité ou même une majorité – après tout, vous le dites vous-mêmes, vous appartenez à un courant minoritaire. Si vos opposants voient que vous vous êtes tournés vers nous pour argumenter en faveur des révolutionnaires, je pense que cela n'amènera que de la crispation.

Surtout, Glurba prêchait pour l'Ordre Jedi : il ne voulait pas que son image soit d'emblée écornée auprès des partis majoritaires du Comité Orvaxien.

GLURBA – J'ai une idée alternative, plus subtile. Vous allez prendre vos opposants à leur propre jeu. Si je résume bien, le Courant Réformateur récupère le caractère violent des manifestations du FLO pour appuyer un discours sécuritaire. Madame Sh'urss les a qualifiés de « terrorristes ». Nous avons donc là un parti sécuritaire qui se sert du FLO pour instaurer la peur afin d'imposer ses idées, comme le font tous les aprtis sécuritaires. Expliquez-leur que la présence républicaine servira de support pour endiguer les forces vives du FLO. Allez dans leur sens, parlez de la sécurité de la planète, n'hésitez pas à dire qu'ils ont raison sur ce point et que nous allons aider à régler le problème. Ce ne sera pas un mensonge, car c'est ce que nous ferons, mais pas de la manière qu'ils imagineront. Quand ils réaliseront que nous calmerons les ardeurs du FLO en leur donnant exactement ce qu'ils veulent, et ce que vous voulez vous-mêmes au Courant Conservateur, ils seront piégés.

C'était sournois, digne d'un Hutt, et Glurba était fier de son idée. Surtout, cela permettait de protéger l'image de l'Ordre Jedi puisque seul le Courant Conservateur de Balar Opalis II pourrait être mis dos au mur ; sauf que pour rassurer ces derniers, Glurba leur conseillait de ne pas mentir, seulement de détourner subtilement la vérité, ainsi ils se sentiraient intouchables.

GLURBA – Evidemment, n'ayez ce discours sécuritaires qu'avec vos opposants au sein du Comité. Madame Sh'urss a assuré le soutien du Courant Réformateur à l'Ordre Jedi, alors croyez-moi, ce sera un jeu d'enfant si vous faites bien ce que je dis. En revanche n'allez surtout pas dire à la population que nous sommes là pour faire la police. Je ne vais pas vous expliquer comment faire de la politique, de toute façon. Vous allez devoir vous montrer conciliant avec tout le monde, et cela fonctionnera. Même vos opposants politiques n'auront aucun mal à comprendre que vous cherchiez à brosser la population dans le sens du poil, sauf que vous défendrez notre présence, et eux la défendront également ; ils vous attaqueront peut-être sur la forme, afin de rester audibles, mais pas sur le fond, puisque vous les aurez facilement convaincus.
Karm Torr
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Il y eut un long silence, puis Balar Opalis déclara brusquement :


Bien, je crois que nous avons assez défriché le sujet pour ce soir.


C’était une conclusion soudaine à l’entrevue, dont Karm craignait qu’elle ne fût de mauvais augure. La stratégie exposée par Glurba n’aurait-il pas dû appeler un commentaire de la part du Premier Secrétaire ? Mais l’Oxvarien se relevait déjà, ainsi que son adjointe, et les deux Jedis n’eurent d’autres choix que d’en faire de même. Le Gardien avait beau tenter d’interpréter les expressions de leurs interlocuteurs, ceux-ci demeuraient de marbre.


CCC-P vous reconduira à vos appartements, dit simplement le chef d’État une fois qu’ils furent à la porte du salon. Je vous remercie de cette entrevue, qui nous a assurément aidés à mieux cerner votre point de vue.
Et nous restons à votre disposition de la soirée, si jamais vous souhaitez encore échanger.
Cela ne devrait pas être nécessaire.


Karm s’inclina respectueusement et les deux Républicains durent emboîter le pas au droïde de protocole, qui les conduisit à travers les couloirs et les turbolifts de la Maison du Peuple, jusqu’aux appartements qu’on leur avait dévolus. En chemin, la présence du robot disposait au silence, et ce ne fut que lorsque les portes automatiques se furent refermés sur eux que l’Ark-Ni jugea opportun de prendre la parole.


C’est assez tortueux, leur histoire. Et on ne sait même pas dans quelle mesure ces courants et ce parti reflètent la diversité des opinions dans la population.


Les données fournies par les Archives Jedis avaient été au fond assez lacunaires : en dehors des grandes lignes de l’organisation politique et économique de la planète, les deux visiteurs ne savaient pas grand-chose. Et surveillés comme ils l’étaient, Karm se voyait mal s’aventurer dans les rues de la ville. Même s’ils parvenaient par miracle à échapper à la vigilance de leurs hôtes, il suffirait d’être surpris au milieu de la population pour être taxés d’espions et faire capoter les négociations.


Sans parler que leur Front de Libération, on sait pas s’ils posent une bombe une fois tous les trois ans ou si c’est une guérilla en règle. M’enfin, j’imagine que ça fait partie du charme des négociations. La méditation et la nuit nous porteront conseils.


Et sur ces bonnes paroles, Karm s’éclipsa dans sa chambre, dont la porte se referma derrière lui. Il lui fallut deux longues heures de méditation pour se libérer l’esprit des questions encombrantes que la rencontre avec Balar Opalis et Prav Dä avait fait naître, mais il put enfin trouver le sommeil, ce soir-là, sur une planète dont il regrettait encore d’ignorer à peu près tout.


Le lendemain matin, les Jedis se trouvèrent attablés pour un petit déjeuner de travail avec les commissaires du Comité au grand complet. Les sous-commissaires n’avaient pas été conviés, ce qui dénotait une hiérarchie stricte au sein du haut personnel politique. Autour de la table, en plus du Premier Secrétaire et de son adjointe, c’était donc six commissaires, chacun d’une espèce différente, ce qui ne manqua pas de frapper Karm.


Le Jedi commençait à soupçonner qu’une partie de l’équilibre politique d’Oxvar IV reposait peut-être moins sur les savants jeux de pouvoirs entre les courants que sur une représentation équitable au sein du Parti des différentes espèces. Et il était à vrai dire même prêt à parier que ces espèces-là étaient bien différentes de celles qui composaient le main-d’oeuvre servile. Quoi de mieux pour éteindre les scrupules de la population que de jouer sur son racisme inconscient ?




Il y eut de longs discours protocolaires, des assurances mutuelles d’amitié et de respect. On vanta longuement les mérites de l’Ordre Jedi et jamais planète, à en croire les commissaires, n’avait été plus disposée à une collaboration qu’Oxvar IV. Il était notable que la plupart des commissaires paraissaient entourés de la même aura d’autorité que Balar Opalis, comme s’ils tiraient leur pouvoir d’une autre source que de la volonté de leur dirigeant. Le titre de Premier Secrétaire en paraissait presque honorifique.


S’agissant des cristaux, débuta enfin Hessef Hiyo, le commissaire à la science évoqué la veille par Sh’urss comme l’un des membres du Courant Réformateur, sera-t-il possible d’en tester l’efficacité ?
Naturellement.
Et de prévoir une partie des livraisons à réserver à des fins de recherche scientifique ?
Je croyais que votre intérêt était énergétique.
Mais pour bien maîtriser une énergie, intervint Ko-Min Tern, l’Anx qui servait de Commissaire à la Défense et à la Sécurité, vous nous accorderez qu’il est nécessaire de l’étudier ?


Le regard perçant de l’Ark-Ni se posa sur ce nouvel interlocuteur. La question ne pouvait pas être innocente de la part d’une femme chargée de la conduite des armées.


Sans doute. Et vous imaginez que les applications de ces études soient de quelle nature ?
Civiles, répondit spontanément Hiyo.
Par exemple, précisa Ko-Min Tern.


Le regard que les deux Commissaires s’échangèrent ne prêtaient pas à ambiguïté : l’insistance de l’Anx déplaisait manifestement à son collègue, et Karm commençait à comprendre que le Comité était agité par les multiples dissensions qui opposaient ses membres. S’il était à l’image du Parti, alors la vie politique d’Oxvar IV devait être tumultueuse, malgré la sélection soigneuse de celles et ceux à qui l’on accordait le droit d’y prendre part.
Glurba Lugliiamo
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Seul dans sa chambre, sur le point de s'endormir, Glurba réfléchissait au changement assez brutal d'attitude de Balar Opalis II, ayant mis fin à la discussion pré-négociations, et forcé le Hutt à quitter la plateforme confortable qui avait été mise à sa disposition. La première hypothèse qui lui vint, est que le Premier Secrétaire d'Orvax IV leur cachait quelque chose. Comment s'empêchait d'imaginer qu'il avait quelque chose derrière la tête ? Ou alors, deuxième hypothèse, la proposition des Jedis ne lui convenaient pas et il prévoyait déjà de la refuser à la table des négociations. Hypothèse assez peu probable, parce qu'il semblait bien à Glurba que la proposition avait de quoi sonner comme intéressante pour le Comité d'Orvax IV et notamment pour le Courant Conservateur ; Balar Opalis II appelait lui-même de ses vœux un échange commercial avec l'Ordre Jedi, et la proposition alléchante de Glurba allait dans son sens. Dernière hypothèse : Balar Opalis II avait tout misé sur l'idée que les Jedis portent ses arguments auprès des autres courants du Comité. Glurba avait répondu en tournant les choses à l'avantage du Premier Secrétaire, mais dans les faits, les choses étaient de toutes façons arrêtées : les Jedis ne feraient pas ingérence dans le débat politique d'Orvax IV, ce n'était ni dans leurs compétences, ni dans leurs attributions. Glurba était peut-être doué dans les techniques de rhétorique et de manipulation, il ne se mêlait pas de politique ; il ne le faisait déjà pas sur Coruscant – encore qu'il avait eu l'opportunité d'y être formé par la Sénatrice Lana Anthana – il ne risquait pas de le faire sur un monde neutre. Si Balar Opalis II avait tout misé là-dessus, il était compréhensible qu'il voulût mettre fin à la discussion sous le coup de la frustration.

Le lendemain, la table des négocitations fut complétée dès l'occasion du petit-déjeuner. Karm Torr et Glurba purent faire connaissance avec six commissaires, dont on pouvait se demander si c'était un hasard qu'il fussent chacun d'une race différente. En ajoutant Balar Opalis II l'Humain, Karm Torr l'Ark-Ni et Glurba le Hutt, cela faisait tout de même neuf races différentes autour d'une même table. Quand on y pensait, dans une galaxie si vaste qui comprenait un nombre grandiose d'espèces sentientes, c'était assez ironique de s'étonner de voir juste une dizaine d'entre elles réunies autour d'une même table – hormis à la Rotonde évidemment.

Quand enfin le sujet des cristaux fut abordé après moult mondanités, il sembla que la conversation se trouvait sur une pente glissante. Une femelle Anx du nom de Ko-Min Tern, Commissaire à la Défense et à la Sécurité, semblait notamment intéressée par la perspective de pouvoir étudier les cristaux jedis à d'autres fins que purement civiles. Même Hessef Hiyo, un M'shinni Commissaire à la Science, dont Sh'aani Sh'urss avait fait mention, espérait réserver une partie des livraisons à des fins scientifiques.

Karm Torr, qui prenait la parole pour les Jedis jusque là, ne balaya pas nettement la possibilité. Toutefois, il était clair qu'il y avait anguille sous roche. Le M'shinni pouvait mentir, et l'Anx savait encore moins bien cacher son jeu.

GLURBA – « Par exemple » ? A quoi d'autre pensez-vous ?

Autant rentrer dans le tas pour faire tomber le tabou. Ko-Min Tern échangea alors un nouveau regard avec Hessef Hiyo qui la fusillait. L'Anx, déconfite, chercha alors du soutiens chez les autres Commissaires mais n'en trouva aucun.

KO-MIN – Oubliez, je parle plus vite que je ne pense...

Peu convaincant. Le malaise était palpable et Glurba mit les points sur les “I” :

GLURBA – Si le Chevalier Torr est présent ici à mes côtés, c'est pour parler de techniques agricoles et industrielles, afin que dans les termes du contrat que nous pourrions signer entre l'Ordre Jedi et Orvax IV, vous puissiez bénéficier, en plus de l'apport énergétique apporté par les cristaux et le gain substantiel de productivité qui en découlerait, de tous nos conseils en matière de modernisation équitable de votre système social et de votre infrastructure.
NAOY – Tout à fait.

ponctua Naoy Mavona, un Dubravan occupant le poste de Commissaire aux Métiers de la Terre et à la Préservation Naturelle. En des termes plus coruscanti, au gouvernement républicain il aurait été Ministre de l'Agriculture et de l'Ecologie. Ces deux domaines étaient ainsi réunis dans le gouvernement orvaxien qui devait certainement voir une logique à lier l'un à l'autre, compte tenu de la nature de leur monde.

NAOY – De toute façon, nous ne faisons pas appel à l'Ordre Jedi pour acheter une technologie qui servirait à la fabrication d'armes ou de systèmes de défense. Nous ne voulons pas que l'Ordre Jedi vienne faire la police sur notre monde, ni qu'il équipe notre police.

Il se jouait vraiment quelque chose : même si Naoy Mavona s'adressait à Glurba et au Chevalier Torr, aucun doute que le fond de ses propos était avant tout adressé à la Commissaire à la Défense et à la Sécurité.
Pour Glurba, cette intervention du Dubravan était du pain béni. C'est exactement ce qu'il avait souhaité formulé, et alors qu'il avait cherché une tournure de phrase pleine de tact pour ne pas heurter les intentions de l'Anx, c'est un membre même du Comité qui le faisait à sa place.

GLURBA – C'est parfait puisque nous n'en avons nullement l'intention. Notre proposition est de toute manière déjà suffisamment riche. Nous vous permettons, comme je le disais, un gain substantiel de productivité, et nous vous fournissons en plus notre expertise en matière environnementale, afin d'adapter votre industrie à votre environnement, et d'augmenter votre productivité sans engendrer de pollution excédentaire.
NAOY – Cela me paraît très bien.
HESSEF – Oui... oui... Mmmh... Toutefois, l'exploitation de ces cristaux va-t-elle être possible avec notre technologie actuelle ?

Ah, voilà qui faisait écho aux interrogation de Balar Opalis II la veille. Le Premier Secrétaire avait déjà soulevé ce problème.

GLURBA – Je vais laisser le Chevalier Torr traiter ce sujet, cela relève plus de son expertise que de la mienne. Il va de soi que nous pouvons ajouter cela à notre proposition, sous contrepartie.

Glurba chercha l'acquiescement, même non verbal, de ses interlocuteurs. Il obtint au moins celui de Hessef Hiyo, de Ko-Min Tern, de Naoy Mavona et d'un autre Commissaire, un Balosar, n'ayant pas encore pris la parole. Le Hutt se satisfit de voir que quatre voix favorables représentait déjà une majorité, et si Karm Torr se vendait bien, il y aurait moyen de faire accepter cet élément de négociation aux trois autres.
L'entourloupe venait que les Jedis s'étaient très bien doutés que la technologie des Orvaxiens allaient avoir besoin d'une rénovation afin d'être compatible avec les cristaux, mais Glurba, en bon arnaqueur, essayait d'en tirer un profit supplémentaire pour l'Ordre Jedi. Après tout, il paraissait logique que cela revienne plus cher d'importer les cristaux avec la technologie nécessaire pour les exploiter, que sans. L'argument paraissait imparable.
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Si je peux me permettre une démonstration ?


Balar Opalis fit un geste de la main pour y inviter le Jedi, qui sortit l’un de ses shoto. Quand le sabre fut allumé et qu’il jeta son éclat d’émeraude par-dessus la table des négociations, avec son vrombissement caractéristique, il y eut un murmure dans la salle et les assistants cantonnés à raser les murs pendant les négociations, en attendant d’être appelés par un commissaire, ne purent résister à l’envie de voir le phénomène de plus près.


C’était sans doute la première fois depuis longtemps que quelqu’un allumait un sabre laser sur Oxvar IV. Avec une certaine naïveté, Karm ne se rendait pas compte lui-même de ce que son geste pouvait avoir du retors et de la manière dont la démonstration spectaculaire, en appelant aux rêveries les plus spontanées de ses interlocuteurs, balayait les calculs compliqués et parfois cyniques pour ramener tout à chacun à son émerveillement d’enfants devant les holofilms pleins de courageux Jedis qui sauvaient la Galaxie.


Lui n’avait recherché que la démonstration concrète, l’illustration immédiate des principes qu’il allait décrire, en homme convaincu que l’intellect devait se reposer sur les sens et que l’abstraction, sans perception, n’était jamais vertueuse.


Comme vous le savez sans doute, c’est un cristal qui permet au sabre de générer son énergie. Mais tout le pommeau du sabre abrite un système complexe destiné à stabiliser la lame, dans sa forme et son intensité, et vous constatez à l’action des muscles de ma main que malgré ce système, le sabre est tout de même animé d’un puissant mouvement…


Le mot en basic lui manqua un instant.


… giratoire, se reprit-il enfin, que je compense en le tenant. Ce dont nous parlons ici…


Le Gardien désactiva sa lame, ce qui ne manqua pas d’éveiller une certaine frustration chez le public, qui eût volontiers assisté à une passe d’armes.


… c’est de phénomènes similaires mais à grande échelle. Pour le dire autrement, extraire l’énergie des cristaux n’est pas vraiment le problème, c’est la contenir et la manier de sorte à la rendre utile qui constitue un enjeu. Sans être un spécialiste de vos centrales, j’imagine que vous aurez besoin d’un transfert productif.
C’est dangereux, demanda Balar Opalis ?
Comme toute centrale énergétique. Notez cela dit que vous êtes préservés des risques de radiation et de la problématique du retraitement des déchets.
Mais si par exemple une explosion intervenait dans la centrale…, insista le Premier Secrétaire.


Karm le fixa un instant et comprit en bon soldat où l’homme voulait en venir : il ne pensait pas à une défaillance technologique, mais à une attaque terroriste.


Il sera nécessaire de prendre des mesures de sécurité adéquates, renchérit Ko-Min Term, qui y voyait son intérêt.
Mais pour en revenir au transfert technologique… ?


L’Anx eut un regard glacial pour Naoy. Balar Opalis II se gardait bien d’intervenir pour arrondir les angles avec ses commissaires : leurs querelles intestines lui donnaient au contraire les coudées franches et empêchaient qu’un courant du Parti unique ne prît trop d’importance. C’était un jeu d’équilibriste et il comptait bien s’appuyer sur les Jedis.


Concrètement, vous aurez besoin de développer des stabilisateurs et un personnel qualifié pour assurer l’opération de la centrale. Et vraisemblablement, étant donné le type d’énergie produite, d’une rénovation progressive des industries.
Une rénovation des industries, intervint Hippolyte Bureau, l’un des commissaires les plus portés à conserver un silence prudent ?
Parce que c’est une nouvelle forme d’énergie, expliqua le commissaire à la science, et que donc, dans un premier temps, il nous faudra la convertir dans une autre forme d’énergie plus traditionnelle, utilisable par les industriels. D’où déperdition. Petit à petit, en rénovant l’équipement des usines, nous pourrons l’utiliser directement.


L’avantage de ces débats techniques, c’était qu’ils conduisaient à considérer le principe même de l’échange comme acquis, un présupposé dont il s’agissait désormais de définir l’application concrète.


L’Ordre est prêt à organiser la formation de vos ingénieurs et de vos savants, afin qu’ils puissent encadrer des travailleurs qualifiés. Et de vous accompagner dans la mise en place des premières centrales.
Et en échange ?
Je crois que l’AgriCorps serait intéressé de pouvoir… contribuer activement au développement agricole dans les secteurs botaniques qui nous intéressent. Éventuellement fonder des fermes expérimentales, ce genre de choses.
C’est une perspective intéressante, fit le commissaire aux métiers de la terre, qui voyait plutôt d’un bon œil l’idée d’avoir des experts agronomes à portée de main, et nous cherchons nous-mêmes à repousser les limites de l’agriculture désertique.
Mais cela impliquerait une présence permanente de Jedis sur Oxvar IV ?


La commissaire à la défense considérait les choses sous un angle très différent : des Jedis sur la planète, ce n’était pas seulement des scientifiques, mais aussi des habitants, des gens qui se mêlaient à la population, qui diffusaient leurs idées. Et elle était par ailleurs assez intelligente pour comprendre que la formation de travailleurs qualifiés pour les centrales était à peu près incompatible avec le système esclavagiste oxvarien en tant que tel.

Au début, bien sûr, rien ne changerait, mais les industries auraient besoin à leur tour d’ouvriers éduqués, et après les industries lourdes, les services aux particuliers, et l’architecture domestique, et petit à petit, c’était toute l’économie qui était modernisée, mais transformée, en transformant du même coup sa main d’oeuvre.


Oh, sans doute, nous ne parlons que de quelques dizaines… ?
Tout au plus, assura Karm. Des chercheurs. Des herboristes. C’est pour que nous apprenions de vous, en même temps que vous apprendriez de nous.
Un partenariat concret, en somme, qui pourrait déboucher à de plus vastes collaborations futures, s’enthousiasma le commissaire à la science, qui pour sa part en oubliait de songer aux implications politiques de cette belle communion des savoirs.
Voilà, confirma Karm.


Balar Opalis, qui, mieux que quiconque autour de la table, voyait s’engrener les inexorables rouages de l’histoire, réprima un sourire.
Glurba Lugliiamo
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Balar Opalis II, Humain, Premier Secrétaire du Comité Orvaxien et membre éminent du Courant Conservateur.
Hessef Hiyo, M'shinni, Commissaire à la Science et membre éminent du Courant Réformiste.
Ko-Min Tern, femelle Anx, Commissaire à la Défense et à la Sécurité.
Naoy Mavona, mâle Dubravan, Commissaire aux Métiers de la Terre et à la Préservation Naturelle et membre éminent du Courant Radical.
Voilà pour les quatre personnes ayant jusque là pris la parole à la table des négociations, et pendant que Karm Torr fit une démonstration de la problématique des cristaux avec son sabre-laser, Glurba fouilla dans son datapad pour se rappeler l'identité des deux autres.
Hippolyte Bureau, homme Balosar, Commissaire à la Santé et au Bien-Être et membre du Courant Radical.
Flip Pou-Tou, mâle Drall, Commissaire à l'Innovation, à la Jeunesse, à la Culture et aux Idées et membre du Courant Réformiste.

Karm Torr réussit avec son argumentaire à instaurer l'idée de la nécessité de former les ingénieurs sur place afin de permettre l'encadrement des travailleurs qualifiés en vue de la mise à niveau des centrales, et surtout à obtenir en échange d'envoyer des chercheurs et des herboristes qui, officiellement, seraient là pour « contribuer activement au développement agricole dans certains secteurs botaniques ». Comme tout fut bien amené, il obtint au moins l'emballement de Hessef Hiyo qui ne voyait que du positif en ce partenariat concret, qui pourrait déboucher à de plus vastes collaborations futures. Seule Ko-Min Tern fit entendre une voix dissonante, voyant d'un mauvais œil le débarquement de personnel jedi sur la planète. Il fut important pour Karm Torr d'affirmer que leur nombre serait très limité.

GLURBA – Comme je vous le disais, nos intentions ne sont ni de faire la police à votre place, ni de préparer une quelconque... annexion de votre planète. Nous parlons simplement d'un accord bilatéral.
KO-MIN – Oui, je suis d'accord sur le principe d'une contrepartie pour les efforts que vous emploierez à nous aider à convertir nos centrales et à former notre main-d'œuvre, mais enfin... ces gens, là, vont devoir s'installer vivre sur notre planète, ils ne connaissent pas notre mode de vie, se heurteront à notre neutralité... Cela va vite ressembler à de la propagande. Enfin, Commissaire Pou-Tou, vous êtes la mieux placée pour voir de quoi je parle !

Le Drall n'avait jusque là pas pipé un seul mot, et son regard passa de Ko-Min Tern à Karm, puis à Glurba. Il semblait plongé en pleine réflexion indécise. Et Glurba ne voulait pas lui laisser le temps de cette réflexion, d'autant qu'il avait senti chez l'Anx une certaine fragilité sociale et même politique. La situation du courant qu'elle représentait était, de ce que Karm et Glurba avait pu sentir jusque là, assez décriée : un parti sécuritaire qui était accusé par le Courant Réformiste de ne pas avoir réglé le problème du Front de Libération Orvaxien – alors même que ce Courant Réformiste n'avait pas de réel intérêt à ce qu'il soit réglé, sachant que lui-même se servait du FLO comme d'un faire-valoir. Sans pour autant vouloir trop se prendre la tête avec ces considérations purement politiciennes de bas étage qui avaient de quoi faire des nœuds au cerveau, Glurba décida d'attaquer l'Anx maintenant, afin de la mettre en porte-à-faux devant les autres Commissaires, permettant de fédérer autour de l'idée de Karm Torr sans laisser le temps à Flip Pou-Tou de réfléchir :

GLURBA – Je comprends, vous avez peur. Vous avez déjà suffisamment d'ennuis avec le FLO, vous ne souhaitez pas que la présence de Jedis, même non formés à la Force, ne fasse que rajouter des tensions au sein de la population. C'est compréhensible. Si vous le préférez, nous retirons donc cette partie de notre accord : nous vous livrons les cristaux sans vous donner les moyens de les exploiter. Vous aurez une matière brute qu'il vous faudra des années voire des dizaines d'années pour réussir à en tirer un bénéfice, tandis que nous, à l'Ordre Jedi, nous aurons obtenu un bénéfice immédiat de notre accord et des plantes que vous nous fournirez. L'Ordre Jedi n'a pas pour habitude de manipuler ses interlocuteurs au point de leur faire des marchés aussi inéquitables. Maintenant, si c'est ce que vous préférez, si c'est ce que tout le Comité souhaite, alors soit, qui peut le plus peut le moins, et l'Ordre Jedi se contentera du service minimum.

Glurba vit déjà plusieurs têtes hocher négativement. Les propos de Ko-Min Tern se retournaient contre elle, et cette dernière sentit le piège se refermer et voulut tout de suite s'en échapper :

KO-MIN – Non, non, évidemment ce n'est pas ce que je dis ! Je voulais simplement...
HESSEF – Oubliez, la coupa le M'shinni avec un grand sourire cachant habilement l'inimitié politique qui l'opposait à Ko-Min Tern, comme ma collègue l'a elle-même reconnu tout à l'heure, elle a tendance à parler plus vite qu'elle ne pense.

Ouille, ça, c'était violent, comme pique... Mais le M'shinni avait un tel sourire innocent sur le visage, que cela parut finalement moins violent que ça ne l'était réellement.

GLURBA – Donc, nous restons sur une adhésion à cette partie de l'accord ?

Le tour de passe-passe réussit, puisque désormais, c'est cinq têtes de Commissaires qui approuvèrent l'idée que des membres de l'ExploCorps, de l'AgriCorps et de l'EduCorps vinssent s'installer vivre sur Orvax IV à des buts purement savants et techniques.

La “technique de l'amorçage” que Glurba avait planifié d'appliquer prenait désormais forme concrète : Karm Torr et lui avaient su émettre une proposition suffisamment alléchante au Comité d'Orvax IV pour obtenir une majorité de 5 voix pour sur 6, et il ne leur resterait plus, une fois l'accord sur le point d'être signé, à rappeler qu'il était évident que la main-d'œuvre ne saurait rester à l'état d'esclavage. Alors il serait psychologiquement trop rude de faire marche arrière et de reprendre les négociations depuis le début. Et au pire, il resterait aux deux Jedis l'argument des Djiilo.
Le Hutt savourait le moment, confortablement enfoncé sur la plateforme qui avait été mise à sa disposition.
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Et donc…
… c’était fini ?


Karm fit de son mieux pour cacher son indécision. C’était la toute première fois qu’il assistait à une négociation autrement que comme garde du corps. Glurba venait de manoeuvrer la dernière opposante au traité et le Comité avait donner son assentiment. Sans doute fallait-il désormais régler les détails concrets, mais c’était un travail de longue haleine, qui exigeait l’implication des logisticiens et des ingénieurs.


Alors quoi ?
Fort heureusement, Balar Opalis interpréta son silence comme un signe de respect : le Premier Secrétaire se leva et, les deux mains posées sur la table, majestueux et solennel, il déclara :


Camarades, l’accord qui a pris forme ce matin semblera peut-être modeste en comparaison de la grande politique galactique, mais il est une preuve supplémentaire que la Révolution a su faire advenir une nation unie dan sa diversité et capable d’échanger avec les partenaires les plus divers. Le progrès est un bouleversement permanent, mais c’est dans ce bouleversement que s’exprime le génie oxvarien.


« L’histoire est inéluctable, car elle est la conséquence matérielle des choses », disait la grande révolutionnaire qui, un matin de…



Et il parla.
Parla.
Parla encore.


Au bout de quinze minutes, Karm était persuadé qu’il parviendrait à la conclusion.


Car lorsque le prolétaire empoigne la scie laser, sa main ne se referme-t-elle pas sur l’instrument d’une destinée toujours collective ? N’y a-t-il pas, dans le geste de l’ouvrier qui façonne le permabéton, quelque chose du geste du paysan qui remue la terre ? Faut-il…


Après une demi-heure, l’Ark-Ni commença à ressentir une douleur vive dans la fesse gauche. Autour de lui, tout le monde avait l’air de trouver cela normal : les commissaires écoutaient avec une attention religieuse.


C’est que le peuple, je vous le dis en vérité camarades, est semblable à un speeder dont on a cent fois changé toutes les pièces, et pourtant c’est le même speeder, c’est que le peuple, camarades je le vois avec la conscience la plus claire, c’est…


Une heure.
Karm s’était perdu dans une métaphore sur les routes hyperspatiales et l’aliénation des travailleurs.


Deux heures.
Le Gardien avait caché ses mains sous la table pour se retenir de pianoter nerveusement des ongles.


En conclusion, camarades…

Les yeux du Jedi brillèrent d’un espoir fou et, en effet, vingt minutes plus tard, Balar Opalis, second du nom, avait fini de parler et récoltait les applaudissements nourris des commissaires. Puis Flip Pou-Tou se leva à son tour et Karm se sentit tout près de sombrer dans le Côté Obscur, terrorisé à la perspective que le commissaire ne se lance à son tour dans un discours-fleuve, mais celui-ci se contenta d’incliner la tête pour saluer les Jedis et de prendre congés.


Les autres l’imitèrent, tour à tour, dans ce qui devait être un ordre protocolaire, et les deux Jedis furent bientôt seuls avec le Premier Secrétaire et la Secrétaire Adjointe, qui arborait un sourire satisfait.


Il nous reste, j’imagine, à jeter les bases pratiques de l’arrangement.
J’aurais cru que ça intéresserait vos camarades.


L’humain eut un rire un peu désabusé.


Ils savent très bien ce que ça implique.
Je suis… je ne suis pas sûr de vous suivre.
Le camarade Opalis veut dire que chacun a bien compris vos allusions à la main-d’oeuvre qualifiée et l’incompatibilité qui existe entre ce nouveau modèle technologique et les pratiques… d’organisation du travail oxvarien. Chaque commissaire voit un avantage certain à cet afflux technologique, même la commissaire à la défense, quand elle se rendra compte que les usines d’armement seront plus productives, mais aucun d’entre eux ne veut endosser la responsabilité des transformations concrètes qu’il implique.
Mais c’est le rôle d’un premier secrétaire que de porter le poids des aspects les plus impopulaires, tandis que les commissaires récoltent chacun dans leurs domaines les lauriers de la victoire.


Aussi peu au fait qu’il fût des subtilités de la politique, Karm était prêt à parier que Balar Opalis brossait un tableau plus sombre qu’il ne l’était en réalité de sa situation personnelle. Sans doute le premier secrétaire saurait-il se présenter comme l’architecte d’une révolution énergétique, surtout si elle le conduisait à asseoir sa popularité sur toute une nouvelle classe de citoyens que formeraient à terme les esclaves affranchis.


Et donc, ces transformations… ? Naturellement, vous comprenez que les Jedis sont attachés à l’émancipation personnelle et collective, et qu’ils portent cet attachement auprès de leurs partenaires.
Naturellement. Et vous comprenez, n’est-ce pas, que parfois l’émancipation exige du temps, et que pour la rendre acceptable, il faut qu’elle soit progressive et bien réfléchie ?


Karm ne le comprenait pas, mais il sut se résigner à un imperceptible hochement de tête.


Je crois que les choses se feront d’elles-mêmes. Par capillarité. L’éducation de quelques-uns entraîne le besoin d’éduquer tout le monde, parce que les nouveaux savoirs s’entraînent les uns les autres. Les industries en se modernisant créeront des besoins nouveaux, les services se transformeront, et le secteur éducatif, et l’ensemble de la société. Nous comptons bien nouer d’autres accords similaires pour poursuivre sur ce chemin vertueux.
Mais il est nécessaire de ménager les sensibilités à l’intérieur du Parti et plus largement de la population. Une transformation dictée par les lois de l’économie sera mieux acceptée, ou plutôt acceptée comme une fatalité, qu’une réforme dictée par une volonté idéologique.
Du reste, il nous faut aussi ménager nos partenaires commerciaux traditionnels. Nous avons des relations étroites avec l’Empire Hutt, qu’il ne s’agit pas de chambouler…


C’était le moment de proposer leur solution en la matière, incarnée par un kajidic pro-républicain, et Karm évidemment incita Glurba du regard à se lancer sur le sujet.
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Glurba Lugliiamo
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Il y eut un important silence, puis les négociations touchèrent à leur fin, ce que l'on put deviner au long discours de Balar Opalis II. Oui, long. Très long. Vraiment très long. Carrément très, très, très long. Plus de deux heures. Un truc de dingue. Pour quelqu'un de patient comme le Hutt, c'était certes très ennuyeux mais supportable. Il put de toute façon passer le temps en s'amusant à essayer de décortiquer dans sa tête le discours à mesure que celui-ci était prononcé, à se dire s'il aurait tourné les phrases de la même manière et à analyser les intentions cachées. Les autres Commissaires présents n'eurent pas l'air surpris, à croire qu'il était de coutume sur Orvax IV de conclure une session de négociations par un discours interminable – Balar Opalis II avait de toute façon forcément réfléchi à l'avance à ce discours, il n'était pas en train de faire une improvisation de plus de deux heures. Celui qui eut beaucoup plus de mal que toutes les autres personnes présentes à supporter ce soliloque indigeste, c'est Karm Torr. Glurba eut plusieurs fois le sourire en voyant, amusé, la tronche assommée du Chevalier Jedi, le regard dans le vide, parfois les paupières mi-closes, à l'article de la somnolence.

Balar Opalis II reçut alors les applaudissements des cinq autres Commissaires, et ne connaissant pas bien le protocole en vigueur et ne voulant pas prendre le risque de paraître impoli, Glurba se joignit à eux. Enfin, Flip Pou-Tou, le Drall Commissaire à l'Innovation, à la Jeunesse, à la Culture et aux Idées – ils avaient vraiment le sens de la formule sur Orvax IV, entre ça et les noms de partis sémantiquement opposés à la façon dont on pourrait intuitivement les décrire – se leva religieusement puis quitta la pièce ; après lui, ce fut un autre Commissaire, puis un autre, et ainsi de suite, les cinq Commissaires eurent quitté la salle un par un. Il ne restait plus que Balar Opalis II, Prav Dä, Karm Torr et Glurba.

Glurba se demandait à quel moment ils allaient pouvoir poarler de l'esclavage, il avait l'impression de s'être un peu fait couper l'herbe sous le pied maintenant que les Commissaires étaient partis sans lui laisser le temps d'aborder le sujet. Cela mettait-il en branle son plan ?
Nullement, puisque Balar Opalis II et Prav Dä abordèrent d'eux-mêmes le sujet. Glurba avait déjà pu sentir qu'ils étaient tous deux, et plus généralement le Courant Conservateur qu'ils représentaient, favorables à un changement de la situation, c'est-à-dire à l'abolition de l'esclavage des travailleurs orvaxiens. Cela se confirma, ils étaient prêts à endosser la responsabilité de ce changement conséquent et impopulaire, contrairement à tous les autres Commissaires. Glurba trouvait le départ de ces derniers vraiment étonnant : s'ils étaient en désaccord sur le sujet, pourquoi ne pas rester pour argumenter ? Et s'ils estimaient au contraire qu'il pouvait y avoir du bon à en tirer, pourquoi ne pas rester pour pouvoir s'en vanter et s'attribuer quelques lauriers ? Les absents ont toujours tort, dit-on parfois. Glurba jugea une forme de lâcheté de la part des cinq Commissaires ayant déserté la place. Tant pis pour eux, la dernière phase des négociations, et pas des moindres, allait se dérouler sans qu'ils ne pussent y mettre leur grain de sel. Cela faisait bien les affaires des deux Jedis qui se retrouvaient avec seulement deux interlocuteurs déjà convertis à l'idée d'abolir l'esclavage. Glurba qui s'était préparé à toute une technique de manipulation pour obtenir le dernier mot, réalisa que les choses allaient être finalement plus simples que prévu.

Intéressé, le Hutt voulut se redresser un peu sur sa plateforme, mais sentit sa peau être tirée de part en part par les liens formés par son mucus. Argh... Rien qu'avec l'interminable discours de Balar Opalis II, il venait de passer plus de deux heures sans bouger, à macérer dans son mucus sur cette plateforme spéciale. Le problème pour Glurba était que lorsque son mucus n'était pas stimulé par friction, il devenait vite très collant – phénomène accentué par d'autres facteurs comme le stress, la déshydratation notamment suite à un effort physique ou un combat, l'adrénaline ou encore la chaleur. Voilà pourquoi, même si ce genre de plateformes étaient très confortables pour le Hutt, il ne devait pas y rester vautré trop longtemps.

GLURBA – Nngh, pardonnez-moi... Un instant...

La pauvre Limace se débattit un peu pour se sortir de la plateforme ; une fois décollée et à même le sol, elle prit une grande inspiration, afficha un sourire comme si de rien n'était et s'empara d'une bouteille d'eau neuve mise à disposition sur la table afin de s'hydrater.
Balar Opalis II et son adjointe estimaient qu'il faudrait du temps pour que la mesure finisse par être globalement acceptée par les instances politiques. Glurba avait envie de leur rétorquer que pour un parti désireux de raviver la flamme de la révolution, il se reposait un peu trop sur l'avis des politicien plutôt que sur le peuple, sur cette masse dominante d'esclaves qui n'attendait qu'à changer de condition ; il se retint toutefois, ne voulant pas brusquer ses interlocuteurs alors qu'un consensus était sur le point d'être trouvé. Ca aurait été bête de gâcher cette opportunité de trouver un accord sur ce point plus facilement que prévu. Il ne voulut donc pas aller chercher un conflit inutile. Par ailleurs, Prav Dä dicta quelque chose de vrai : une transformation dans le temps était plus facilement acceptée qu'une résolution brusque et idéologique. C'est justement une autre technique de manipulation : lorsque vous voulez obtenir quelque chose, vous pouvez le repousser sur la durée, car ce sera plus facile pour votre interlocuteur de l'accepter s'il se dit que cela n'interviendra que plus tard car il aura l'impression que les circonstances pourront changer entre temps, et l'espoir naïf que la promesse ne soit plus nécessaire au moment de son échéance. Glurba sentit donc pertinent d'abonder en ce sens plutôt que de chercher la contradiction.

GLURBA – Soyez rassurés, tout peut se faire en douceur. Vous avez raison, les choses seront mieux acceptées sur la durée. En combien de temps pensez-vous que l'émancipation des travailleurs puisse être progressivement entérinée ?

Là encore, pour ne pas brusquer ses interlocuteurs, Glurba joua sur les mots en parlant d' “émancipation des travailleurs” plutôt que d' “abolition de l'esclavage”. Cela donnait un sens positif à sa phrase, même si le résultat concret était exactement le même.

PRAV – Mmmh, difficile à estimer, comme ça...
BALAR OPALIS II – Il faudra bien une dizaine ou une quinzaine d'années, je pense... Vous, savez, les mœurs sont bien ancrées...
GLURBA – De toute façon, la mise à niveau de vos centrales et la montée en compétence de vos ingénieurs prendra aussi plusieurs années, il serait donc injuste d'imaginer ce chamboulement avant même que vous puissiez tirer des bénéfices. Toutefois, tout cela prendra moins de temps que ce que vous annoncez. Si la situation des travailleurs évolue au rythme de vos centrales, nous pouvons comptez sur vous pour que l'émancipation soit généralisée en sept ans.

Balar Opalis II et Prav Dä tiquèrent un peu, ils n'avaient pas vu cela aussi rapide. Glurba ne voulut pas les laisser contre-argumenter et les prit par les sentiments :

GLURBA – Vous êtes respectables dans vos prises de position en faveur du peuple. Vous souhaitez cette émancipation, vous-mêmes, et votre parti a tout à y gagner également. Il est donc inutile de trop repousser les choses. Les centrales seront prêtes en moins de temps que cela, alors sept ans, oui, cela paraît tout à fait raisonnable. Et cela vous permettra de vous affirmer un peu plus comme des dirigeants d'action et pas seulement de parole.

Le Premier Secrétaire et son adjointe échangèrent un regard, cherchant la confiance l'un dans les yeux de l'autre. Glurba changea de sujet comme si celui-ci était déjà clos et qu'il avait obtenu le consensus :

GLURBA – Quant à vos relations avec l'Espace Hutt, soyez rassurés de ce côté-là également. Vous n'êtes pas sans savoir qu'il existe de multiples courants au sein du Cartel, plusieurs grandes familles qui ne partagent pas la même vision du monde. Ainsi vous avez la possibilité de continuer à collaborer avec l'Espace Hutt, à bénéficier de tout ce qu'il a de positif à vous offrir pour votre monde, tout en restant cohérent avec les termes de notre accord.
BALAR OPALIS II – Une partie de nos travailleurs étaient à la base des ressortissants de l'Espace Hutt. Et le travail que nous proposons à cette population fait partie des termes de certains accords que nous avons.

Autrement dit : Orvax IV achetait des esclaves aux Hutts, or si l'esclavage venait à être aboli, cela mettrait à mal leurs relations. C'est ce que Karm Torr et Glurba avaient anticipé.

GLURBA – Vous savez, les Hutts achètent et vendent beaucoup de choses. Des accords, vous pouvez en avoir de toutes sortes et à des conditions bien différentes en fonction des clans auxquels vous vous adressez. Prenez un kajidic majeur comme le Kajidic Djiilo. Il s'agit d'un partenaire privilégié de la République. Les Djiilo se montrent respectueux des valeurs de la République. En retour la République bénéficie d'accords qui restent cohérents avec leurs lois, notamment en matière d'autonomie des travailleurs. Imaginez les possibilités qui s'offriraient à vous et les bénéfices pour Orvax IV si vous vous adressiez à ce genre d'interlocuteurs.
PRAV – Vous voulez dire que même les Hutts peuvent nous accompagner dans cette transition ?
GLURBA – C'est un fait avéré.

Glurba sentit qu'il captait l'intérêt de Balar Opalis II et de Prav Dä, qui n'avaient pas pensé à élargir leur réseau au sein de l'Espace Hutt, sans doute enfermés dans les lieux communs au sujet des Hutts, selon lesquels ils étaient tous des esclavagistes magouilleurs et mafieux. Bon, les préjugés se fondaient toujours sur une vérité à la base, mais il fallait se méfier des généralisations.

GLURBA – Après tout, regardez-moi : je suis un Hutt !
BALAR OPALIS II – Vous êtes un Jedi.
GLURBA – Et vous semblez penser que c'est antinomique. Je suis la preuve vivante que non. Je suis né sur Nal Hutta. Je suis un pur fruit de l'Espace Hutt. Et pourtant j'ai embrassé pleinement la cause des Jedis. D'autres Hutts s'accordent avec la République, et pas des moindres. Le Kajidic Djiilo compte parmi les plus importants et les plus respectés du Cartel. Si vous pouvez trouver un Hutt qui se bat avec un sabre-laser, croyez-moi vous trouverez des Hutts qui seront ravis de vous accompagner dans la grandeur de votre planète et de contribuer à l'élévation de vos travailleurs et de vos habitants.

Cette auto-dérision donna un sens à ses arguments, et cela sembla percuter dans l'esprit de Balar Opalis II et de Prav Dä... qui avaient déjà oublié de protester contre le délai de sept ans pour abolir l'esclavage.
Il restait à fixer un suivi de l'évolution de la condition des travailleurs, afin de s'assurer qu'au bout de sept ans, il ne resterait en effet plus aucun esclave participant à la culture de la rornea tradixie. Mais cela, Glurba s'en lavait les mains. Il faisait déjà un effort considérable pour inciter des dirigeants de planète à abolir l'esclavage, alors qu'il était personnellement favorable à cette pratique. Seulement, il était évident que l'Ordre Jedi serait à l'initiative de plusieurs visites-surprises sur Orvax IV.
Karm Torr
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Nous allons étudier cette éventualité, finit par consentir Balar Opalis. Pour être tout à fait honnête, je ne vous cache pas qu’indépendamment de ces questions, nos relations avec l’Espace Hutt font l’objet ces derniers mois d’un examen… d’ordre géopolitique.
Les menées impériales sur certains de leurs secteurs jettent des doutes sur la stabilité de nos partenaires commerciaux.
Des menées dont le kajidic Djiilo est relativement préservé.
C’est juste, c’est juste, fit le Premier Secrétaire.

Il se releva à son tour, mais sans prendre congés : c’était le signe qu’ils entraient dans une discussion plus informelle. Karm se demandait s’il n’aurait pas dû fixer un protocole plus précis de l’émancipation, mais il jugea qu’il était plus sage de laisser la tâche d’examiner tous les détails de l’accord à des Consulaires expérimentés, qui sauraient mieux que lui concevoir un processus réaliste et raisonnable.

En compagnie des deux secrétaires, ils commencèrent à longer le couloir.

Cela dit, si j’en juge par vos speeders, vous avez des rapports commerciaux avec l’Empire.
Je ne doute pas que vous désapprouviez.

Balar Opalis l’avait dit sans animosité : c’était une vérité immédiate et évidente pour tout le monde, qu’il ne jugeait pas nécessaire de contourner. Karm haussa les épaules.

Je crois que dans l’absolu, c’est préférable que les gens s’échangent des speeders que des coups de canons, pas v… n’est-ce pas ? Et un processus de paix entre la République et l’Empire passera nécessairement pas l’ouverture de relations commerciales. Ce que je voulais dire, simplement, c’est que vous auriez pu voir d’un œil favorable l’arrivée de l’Empire dans l’Espace Hutt. Un gage d’une stabilité future.
La diversification est notre première préoccupation en matière de politique internationale, répondit la Secrétaire Adjointe, dont c’était manifestement le sujet de prédilection. Comme beaucoup de mondes indépendants et qui souhaitent le demeurer, nous préférons une multiplicité d’acteurs que les hégémonies en train de se constituer.
Je vois.

Ils avaient gagné les jardins de la Maison du Peuple. C’était la fin de l’après-midi et le soleil rouge d’Oxvar IV était encore haut dans le ciel. De leur point d’observation, ils pouvaient contempler l’architecture mêlée typique des cités révolutionnaires : là, c’était les anciens palais des princes marchands du siècle passé, dont l’architecture classique s’inspirait des planètes coloniales de la République, et ici, les immeubles modernes, bruts dans leur conception, qui semblaient découper le ciel.

Je crois que nombre d’entre nous ont la nostalgie du projet révolutionnaire, fit Balar Opalis, les mains croisées dans le dos, en contemplant la capitale. La révolution en elle-même fut évidemment terrible, comme c’est toujours le cas. Et il y a sans doute une distinction à faire entre les objectifs poursuivis et les méthodes. On peut être radical sans être brutal. C’est tout du moins ce que j’aime à croire.
Vous savez qui dirige le Front de Libération Oxvarien ?
Dirigé est peut-être un bien grand mot. Nos informations sont évidemment parcellaires, mais il semble que le FLO soit plutôt une congrégation d’initiatives de petits groupuscules, dont la coordination est assez inégale. Il y a des grandes figures qui émergent et puis qui disparaissent. Ce qui ne manque pas de compliquer les éventuelles négociations.
Donc il y a des négociations ?
Il y a toujours des négociations.

La réponse était lapidaire et Karm préféra ne pas pousser le sujet plus avant, mais il gardait l’espoir qu’une fois les Oxvariens habitués à la présence de Jedis sur leur planète, ils finissent par faire appel à l’Ordre pour servir d’intermédiaires entre le FLO et le Parti. Le travail s’annonçait compliqué, et il ne savait pas si l’évaluation de Glurba, à sept ans, était optimiste ou non, mais il lui semblait, peut-être avec naïveté, que leurs interlocuteurs leur avaient laissé des portes seulement entrouvertes, certes, mais entrouvertes tout de même.

Mon cabinet va rédiger une déclaration dans ses grandes lignes, pour que nous puissions la signer demain, et nos administrations se mettront en rapport pour élaborer un cadre juridique plus détaillé dans les semaines qui viennent.

Le Gardien approuva d’un hochement de tête.

Seriez-vous assez aimable pour vous joindre à mon épouse et moi-même ce soir pour un dîner informel dans notre résidence ?
Naturellement.
Je vous avoue éprouver une curiosité certaine pour votre… culture.
Jedi ?
Ark-Ni.

Rien de surprenant sans doute : vu de l’extérieur, la société communiste ark-ni pouvait représenter l’aboutissement du mouvement révolutionnaire oxvarien.

Bien. Je vais faire le nécessaire avec les camarades du cabinet. Messieurs.
Votre Excellence.

Le Premier Secrétaire s’inclina légèrement, avant de tourner les talons et de disparaître dans la Maison du Peuple.

J’aurais pour ma part une question plus… Personnelle.
Je vous en prie.
Croyez-vous qu’il soit possible d’être reçue en délégation sur un bâtiment de la marine républicaine ? Les occasions sont peu nombreuses ici de se rendre compte de la réalité des armées des grandes puissances et j’éprouve pour ces questions l’intérêt le plus vif.
Je suis sûr que ça peut être arrangé.
Excellent, excellent.

Karm se demanda si Prav Dä ne se sentait pas enfermée dans les réalités purement planétaires d’Oxvar IV. Pour une femme brillante, un monde pouvait finir par faire l’effet d’une prison dorée, quand le destin de la Galaxie se jouait ailleurs. À son tour, elle salua les deux Jedis, puis s’éclipsa.

Sans dire un mot, l’explorateur se retourna pour considérer à nouveau la cité, en se demandant si quelques herbes contre quelques cristaux pourraient vraiment un jour libérer tant d’esclaves.
La Main de la Force
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Une mission diplomatique rondement menée pour Karm Torr et Glurba Lugliiamo !

La rencontre avec les émissaires de l’Ordre Jedi a pu permettre un début de prise de conscience pour amorcer une transition dans le système économique et social d’Orvaax IV. Tout reste encore à faire cependant et les changements prendront plusieurs décennies pour voir le jour sur ce monde.
En attendant, les échanges commerciaux pourront s’établir entre les deux entités concernant l’herbe médicinale connue sous le nom de « Rornea Tradixie » contre des cristaux.


____________________________

Félicitations pour la réussite de cette mission qui permet à l’Ordre Jedi d’avoir davantage de relations commerciales avec des systèmes neutres.

Les récompenses :

Karm Torr, Glurba Lugliiamo, votre mission pour l’Ordre Jedi vous permet d'augmenter votre notoriété auprès de l’Ordre Jedi de 10 points chacun.

Vous avez la possibilité de clôturer le rp après ce message si vous le désirez !

[Récompense de Faction confirmée]

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