Horakk Antarxarxès
Horakk Antarxarxès
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• Quand le Verrou devient la Clef •





-- Ord Radama --


Ils arrivaient.

Dans le silence absolu du vide intersidéral, des milliers de vaisseaux se matérialisèrent depuis l’Hyperespace, noircissant soudain l’éclat des étoiles les plus proches. Le spectacle fascinant d’une telle arrivée en masse s’était fait rare, dans le secteur, depuis les dernières opérations. Bien sûr, une telle place forte n'était jamais laissée sans défense, et le système stellaire d'Ord Radama comptait l'un des trafics spatiaux les plus dense de tout l'Empire. Mais rien de similaire ne s'était produit depuis des années : une flotte entière revenait du front, à l’unisson, comme un immense cortège funèbre. Quand les vaisseaux de transport et le gros de la flotte furent stationnés en orbite, le vaisseau amiral et ses suivants mirent le cap sur la surface de la planète, amorçant une manœuvre bien plus délicate qu'il n'y paraissait.

Dans un vrombissement qui caressait les infrabasses, les oiseaux de fer entraient un à un dans l’atmosphère, couvrant de leurs silhouettes effilées des surfaces considérables. Là où ils volaient, c’était la nuit en plein jour pour plusieurs minutes.


Du haut de son balcon, la jeune Delia Tollias pouvait voir le ciel noircir à vue d’œil. Jamais la jeune impériale n’avait assisté à un tel spectacle : des vaisseaux comme s’il en pleuvait. Des dizaines, des centaines, des milliers de carcasses rutilantes toutes plus impressionnantes les unes que les autres. Elle avait beau savoir qu’ils étaient une forteresse impériale, ici, voir une telle démonstration attisait en elle des sentiments contradictoires. Pourquoi autant de raffut ? Que faisaient autant de vaisseaux sur Ord Radama, alors que la paix n’était pas encore signée ? Elle n’eut guère le temps de s’interroger davantage, quand une boule de nerfs la bouscula en sautillant partout :

" La cinquième ! C’est la cinquième ! s’exclama son cadet avec une excitation toute juvénile, je reconnais le symbole ! Viens Delia, bouge-toi !

-La cinquième quoi, Erwin ? Qu’est-ce que tu fais… Reste ici !

-La cinquième flotte ! couina l’enfant avec une joie redoublée, papa à dit qu’ils viendraient bientôt pour des trucs suuuper importants ! Allez, viens ! Il faut voir ça !

-Mais on voit très bien depuis le balcon, Erw… ERWIN ! "

Le petit garçon avait filé comme une flèche, sa sœur sur les talons. Elle fit de son mieux, mais ne parvint que trop tard à la porte de l’immeuble, laissant l’enfant disparaître dans la rue. Furieuse, elle reprit son souffle une seconde trop tard, ouvrit la porte à la volée, et se figea sur le seuil.
Delia leva la tête et resta bouche bée. La chose qui lui faisait face avait des dimensions au-delà du réel : elle semblait presque recouvrir toute la ville de son aile noire. Un Harrower : elle n’en avait jamais vu que sur les posters d’Erwin et des fiches de son père. La réalité dépassait largement son imagination d’adolescente. Comment un tel objet pouvait se maintenir en l’air ? Par quelle magie ?

Une longue minute s’écoula durant laquelle elle oublia totalement le petit frère, occupée à regarder. Juste regarder, contempler, et reprendre contenance :

" Erwin… ? "

Sur l’immense plaine bétonnée qui fait office de tarmac, les troupes de la marine impériale avaient entamé leur immense défilé, au son des hymnes militaires qui emplissaient à présent le ciel de leur écho sinistre. Si l'arrivée des vaisseaux avaient sidéré Delia, l'avancée cadencée des millions de silhouettes noires que vomissaient leurs entrailles la fascina encore plus. Pas à pas, elle gagna la rambarde la plus proche, laissant son regard errer encore à l’horizon, tandis que les troupes envahissaient le sol.


-- Livien Magnus -- Capitale --


" Pourquoi nous convoque-t-on, au juste ? Ne peut-on pas même profiter de quelques heures de bon temps après ces mois passés en l’air ? Vraiment… Aucun savoir-vivre. "

La voix de Dremilcol résonnait dans le couloir vide, précédent le son de leurs pas. Ils n’avaient pas atterri depuis une heure qu’un message prioritaire leur était parvenu : une personnalité Sith était attendue sur le sol d’Ord Radama dans la journée. L'état major avait donc précipité leur planning, forçant tous les officiers qui avaient espéré se disperser en ville pour quelques heures de distraction à converger en urgence vers le Quartier Général, au cœur de Livien Magnus et de ses fortifications inextricables.

Trop peu d’informations avaient été échangées pour qu'Horakk se fasse une idée correct de l’urgence dont il était question. Cependant, la raison de leur présence sur cette planète majeure n’était pas secret : l’état major avait replié plusieurs de ses flottes suite aux cessez-le-feu ordonné bilatéralement par l’Impératrice et le Sénat Galactique. Après une bonne semaine passés suspendus au beau milieu de l’espace, en attente d’un revirement de situation quelconque depuis les hautes instances, les hommes de la troisième force de combat de la cinquième flotte Sith avaient finalement reçu l’ordre de se retirer, laissant un contingent de la flotte expéditionnaire tenir leur position. Une nouvelle qui n’avait guère étonné le nouvel amiral, compte tenu des pertes encaissées sur la dernière année : leur flotte nécessitait rapidement d’être remise en état s’ils ne souhaitaient pas perdre leur prochaine bataille pour des causes bêtement matérielles…

" N’ayez crainte commandant, le rassura Horakk, amusé, si c’est du repos qu’il vous faut, nous en aurons : si la paix est bel et bien déclarée, nous pourrons rentrer planter des navets dans nos champs respectifs ! Et le temps que ces messieurs-dames de la diplomatie s’entendent tous, nous les aurons récoltés trois fois de suite !

-J’espère bien que c’est vous qui vous plantez, amiral ! ricana Drillian en réajustant son col d’un geste furieux, sinon m’est d’avis qu’on va pas rigoler longtemps ! Vous savez ce que devient un soldat qui n’a plus de boulot ?! Un ivrogne en surpoids ! "

En ligne, impressionnant par leur mine patibulaire, les trois officiers traversèrent l’immense couloir qui les menait droit vers le quartier général de l’armée impériale. Leur arrivée n'avait en aucun cas put passer inaperçue, alors que la quasi totalité de leurs soldats et sous-officiers avaient littéralement déferlé comme une vague, certes disciplinée, mais d'une taille monumentale. Tant dis qu'ils progressaient à vive allure, Antarxarxès ressassait mentalement le peu d'informations qu'ils avaient concernant leurs prochains objectifs. L'annonce de la paix avait créé une confusion préjudiciable dans les rangs de la marine : ils n'attendaient désormais plus qu'une seule chose. Que le trône cesse d'hésiter, et qu'ils puissent établir une feuille de route claire. Horakk espérait de tout coeur que leur convocation allait en ce sens... mais rien ne pouvait le lui confirmer de manière certaine.

Ord Radama était un monde industrialisé majeur de cette partie de l’Espace Sith, aujourd’hui, une véritable place forte du nouvel Empire. Il y régnait une effervescence similaire à celle de Dromund Kaas, au détail près qu’ici, les militaires étaient bien plus nombreux et les Sith, minoritaires. L'ambiance était totalement différente de celle d'un monde civil. L'immense cité qui couvrait à elle-seule presque un pays entier en terme de superficie, ne vivait désormais que pour et grâce au rouleau compresseur qu'était l'armée impériale. Les rares civils qui demeuraient encore ici étaient la plupart du temps des familles des soldats en garnison, ou bien des notables impériaux.

Ils avaient parcouru à pied l’interminable chemin depuis les portes de la forteresse, saluant tous les soldats et officiels qui avaient croisé leur route. Dans cette gigantesque fourmilière, on trouvait tous les corps d’armée, des troupiers de l’armée terrestre aux bureaucrates de la logistique. Quiconque ne venait pas ici muni d’un plan à jour était sûr de se perdre. Et il ne fallait pas compter sur l’amabilité d’une quelconque secrétaire pour se sortir d’un tel labyrinthe…

Heureusement pour Antarxarxès, le commandant Drillian avait jadis parcouru les lieux plusieurs années durant, et elle n’eut aucun mal à les mener à bon port dans les temps impartis.

Horakk était partagé. Ces derniers mois n’avaient pas été facile, et revoir nombre de visages parmi les officiers de la marine le réjouissait, d’une certaine façon. Mais il savait aussi qu’un tel regroupement risquait de les mettre face à une réalité dont ils étaient globalement préservés, depuis leurs ponts de commandement : combien d’entre eux ne serait plus là aujourd’hui ?

Combien de visage ne recroiserait-il jamais ? Horakk en connaissait déjà un, et il eut tout le mal du monde à chasser le souvenir de Decker en entrant dans l’immense hall qui tenait lieu de point de rendez-vous. La salle était à l’image du reste de la cité : immense, toute de permabéton et de transparacier, les murs bruts ornés de longues bannières aux couleurs de l’Empire. Dissimulés un peu partout, on pouvait deviner la batterie de systèmes de sécurité qui veillaient en silence à leur tranquillité.

Des dizaines d’uniformes tenaient déjà la place, discutant avec entrain. Antarxarxès chercha du regard les visages qu’il connaissait. On le dévisagea de même, parfois avec une surprise visible, voire, et c’était là son lot, un dégoût à peine dissimulé. Dans un coin, penché sur une table, Horakk reconnut soudain les traits de l’amiral Stevens. De plusieurs décénnies son aîné, l’humain semblait plongé dans la lecture d’un rapport quelconque. Lorsqu’il leva le nez de son datapad, les trois officiers n’étaient plus qu’à trois pas de lui. Stevens ne mit qu’une vague seconde à reconnaître ses collègues de la Ve.

" Amiral Stevens : c’est une joie de vous revoir en si bonne forme, le salua Horakk avec un enthousiasme sincère,

-Le plaisir est partagé, répondit l’homme brun avec un sourire, bonne route ? Commandants, salua-t-il avec un sourire contenu,

-Ma foi, plutôt.

-Belle performance, cet atterrissage ! Aucun immeuble décapité, pas une antenne de déplacée. Cela faisait un bon moment que je n’avais plus eu l’occasion de contempler d’en bas telle manœuvre ! Vous n’étiez encore jamais venu ici ?

-Pas encore, non. Mais le commandant Drillian ci-présente connaît la forteresse comme sa poche.

-Si vous faites abstraction des bourbiers que sont les bidonvilles des devlikk aux pieds des murailles, c’est une planète comme l’armée ne pouvait qu’en rêver ! Il y a tout ce qu’il faut, ici. Sans compter que nous sommes ici sur un centre névralgique : on ne fait pas mieux pour se tenir informé ! Vous y serez à l’aise : personnellement, je viens régulièrement ici, presque à chacune de mes permissions.

-Je suppose que nous pourrons compter sur vous pour nous servir de guide ? demanda Horakk avec une pointe de provocation,

-Ahah ! Une fois tout ce remue-ménage terminé, je vous montre quelques endroits sympathiques, c’est entendu ! "

Il se saisit du datapad et fit défiler plusieurs document, qu'il fit mine de montrer à ses interlocuteurs en continuant sur un ton moins enjoué :

" Mais avant de songer nous distraire, il va falloir tout d'abord négocier cette réunion... J'ai demandé au commandant Fierz de me donner les rapports d'activité complet des corps Lame rouge à bord, mais il a eu toute les peines du monde à les obtenir. Apparemment, impossible pour lui de se faire écouter de l'une de ces Sith recalés qui arpentent maintenant nos croiseurs... Si ce n'est pas malheureux, pour un officier de sa qualité. Quelle époque !

-Nous avons les rapports qui nous ont été demandé. J'espérais d'ailleurs pouvoir m'entretenir à ce sujet avec l'intendant Borstof : il y a eu une mise à jour dans l'une des procédures et les archives de l'un de nos Terminus ne correspond plus à leurs protocoles... Des tractations informatiques auxquelles je n'entends rien, mais qui ont retardé le travail de mes sous-officiers de plusieurs heures. Je dois lui en parler...

-Je ne l'ai pas croisé. Il n'a sans doute pas été convoqué, pas cette fois."

Alors qu'il écoutait son homologue d'une oreille, Horakk constatait que de nouvelles figures, vraissemblablement des première et seconde flotte, venaient grossir les rangs déjà conséquents des invités. Fallait-il que les sujets abordés soient en réalité d'une importance majeure pour mobiliser ainsi autant de militaires gradés sur une telle planète.

"Mais dites-moi : je ne m'attendais pas à ce qu'autant de monde se retouve à cette heure dans cette même salle. Lorsque nous avons reçu l'ordre de nous replier ici, il était question d'un simple état des lieux. Dois-je comprendre que nos projets ont changé ? J'imagine qu'en deux jours standard, organiser tout ceci n'a pas dû être simple, mais l'information nous manque. "

Stevens dansa d’un pied sur l’autre en se massant le poignet :

" Pour tout vous dire, je crois que notre réunion s’avèrera bien plus importante qu’elle ne devait déjà l’être, amiral : on nous indique qu’un émissaire du Conseil Noir viendra porter la parole du Maître des Forges d’ici demain. Les pourparlers de l'AGPU n'avancent peut-être pas vite, mais le Conseil Noir n'a pas l'air de vouloir attendre ses conclusions pour agir... Ce ne seront peut-être que des annonces, mais j'ai le pressentiment que quelque chose se prépare... et je ne saurais dire si c'est une bonne chose.

-Un émissaire ? répéta Horakk, le regard brilla d’étonnement,

-Oh, c’est trop d’honneur, râla Drillian dans son col, ça lui aurait fait trop mal à l’entrejambe de venir en personne, celui-là…

-Commandant.

-Désolée, je pense tout haut. "

L’œil orange du rapace accrocha celui, furibard, de la proche-humaine. Stevens se racla la gorge ostensiblement, avant de reprendre sans relever :

" Ce qui va compliquer les choses. En effet, je suppose que vous saviez d'ores et déjà qu'une personnalité très en vue de notre Empire doit se rendre ici même ces jours prochains ?

-Nous savons cela, mais guère plus : pourquoi tant de mystère autour de cette visite ? Y a-t-il quelque information sensible ?

-Pas que je sache. Néanmoins, il est question ici de décisions stratégiques pour notre avenir : cela ne me surprendrait guère que les Sith aient pris leurs précautions... Mais l'identité de notre visiteur n'est pas un secret. "

L'homme consulta de nouveau son datapad d'un oeil distrait, comme s'il tentait de se souvenir plus que de lire quoi que ce soit :

" Il s'agit de Darth Khorog, le Grand Inquisiteur, et désormais seigneur de Korriban. Autant vous dire que toute la ville va être sur son trente-et-un.

-Pff, soupira Drillian, rien que le titre annonce la couleur… Encore un derche de trois parsecs de large qui va mépriser tout ce qui bouge…

-Je ne vous conseille pas de dire cela devant lui, Pyre… Vous savez, les Sith et les compliments…

-Vos conseils sont vraiment éclairés, commandant Dremilcol ! Vraiment ! Mais gardez-les pour vous, je n’en ai pas l’usage. Je sais me tenir, aussi curieux que cela puisse vous paraître ! "

Amdusias haussa les épaules, visiblement plus amusé qu’ennuyé par la saillie de Drillian. L'amiral Stevens eut un vague sourire coupable, avant de se racler la gorge pour passer sans attendre à la suite :

" Darth Varnak quitte rarement Dromund Kaas. S'il souhaitait s'entretenir avec l'armée, je pense que c'est bien nous qui aurions fait le voyage, et non l'inverse... Enfin, j'imagine que nous allons rapidement être fixé sur tout ceci.

-Le plus tôt sera le mieux, conclut Horakk dont le regard aiguisé avait discrètement détaillé les autres occupant de la salle, chaque jour passé dans l'indécision est un calvaire,

-Et un temps précieux perdu, oui. Si nous nous démobilisons, nous courrons à la catastrophe. Cela reste entre nous, mais : la décision de l'Impératrice ne passe pas dans les rangs. Il nous revient régulièrement des commentaires de nos soldats des plus désobligeants. J'ai beau savoir que la vie de soldat du rang prête à la grossièreté, je pense malgré tout qu'il convient de rester à l'écoute... On ne part pas en guerre avec une armée divisée !

-C'est un fait... La défaite d'Arda a peut-être pesé dans la balance. Quoi qu'il en soit, cette paix pourrait nous être profitable, si nous savons l'utiliser à notre avantage... Je ne veux pas croire que les meilleurs esprits de Dromund Kaas n'y aient pas déjà réfléchi. Il nous faut maintenant agir.

-Vous savez comment sont les Sith, Antarxarxès... Un jour oui, le lendemain non...Et vous êtes prié de suivre derrière ! Je ne suis pas dans les petits papiers de l'Impératrice, mais du peu que je connais du processus de décision chez nos seigneurs, j'aime autant vous dire que vous avez intérêt à savoir négocier les volte-face. "

Soudain, un hologramme aparut sur le communicateur de la porte blindée, et les conversations s'interropirent brusquement. D'un simple échange de regards, les officiers confirmèrent qu'ils avaient tous compris que l'heure arrivait.



-- Livien Magnus -- Capitale -- Cantina "Scarlet Sword"


Trois bonnes heures plus tard, Horakk se retrouvait temporairement seul dans un coin du salon privé de la cantina la plus en vue de Livien Magnus, sur les hauteurs. A moitié allongé, il utilisait son holoterminal pour contacter le pont de l’Égide. Son second, qui était resté pour assurer la surveillance des opérations de maintenance sur leur appareil, l’accueillit avec sa bonhommie habituelle. Revoir les babines de Virdis était comme lire une pancarte « Home Sweet Home » sur le pas d’une porte. Même si le cathar n’était sans doute pas le meilleur officier de la galaxie, Antarxarxès ne l’aurait remplacé pour rien au monde. Sans doute cet attachement était-il de trop, mais les deux hommes s’étaient trop souvent soutenus sur le fil du rasoir pour qu’il puisse en être autrement.

" Tout est en ordre, commandant Granath ?

-Ci-fait, amiral. L’Égide est en train de retrouver une seconde jeunesse ! Ils sont même en train de nous laver le sol pour le prix ! Mes compliments au chef de cette base, ahah !

-J’en déduis que rien n’est à signaler, donc.

-Non amiral, rien à signaler. Mmh. Sauf peut-être un incident mineur lors de la revue des troupes tout à l’heure, oui… Un gamin. Apparemment il s’est fait écraser par un walker qui l’a pas calculé… Allez savoir ce qu’il fabriquait là ! La garde fait pas son boulot, je vous dis. "

Le rishii marqua une pause, le regard dans le vague : un enfant écrasé par un engin. Ce genre d’incident était hélas trop courant, dans les défilés et autres débarquement en masse. Les badauds et les curieux étaient souvent mal gérés par les autorités en place, et les accidents survenaient parfois. Triste, mais banal. Horakk imaginait sans peine qu’il y aurait des larmes, mais il était bien trop tard pour épiloguer.

" Soit. Essayez au moins de retrouver la famille de ce malheureux, ne vous contentez pas de noter l’incident dans un coin pour vous débarrasser de la corvée…

-Je me doutais bien que vous diriez ça : j’ai confié ça au capitaine Kleyton, amiral. Il m’en devait une depuis longtemps, alors il va se charger de l’affaire d’ici deux jours. Sinon, du nouveau de votre côté ?

-Il semblerait bien, oui. J’ai appris qu’au-delà des raisons officielles qui nous avaient été communiquées, le Clergé et le Maître des Forges dépêchent du personnel ici dans les jours qui viennent. Il est question d’une concertation de grande ampleur avec l’État-major. Le sujet n’a pas filtré. Pas encore. "

La cathar eut un sifflement admiratif ironique.

" Des Sith, et pas des petits… Vous ne m’en voudrez pas si je reste à bord ? rigola Virdis, vous savez mieux gérer les relations avec ces zouaves que moi !

-Vous auriez l’air bien fin si je vous donnais l’ordre de débarquer sur-le-champ. " glissa Horakk avec une voix dangereuse.

Une seconde, le commandant eut une hésitation : plaisantait-il ? Antarxarxès, les bras croisés, le fixait droit dans les yeux. Granath grimaça :

" Vous allez vraiment le faire, en fait. Ce n’était même pas une blague…

-Je ne veux pas que le commandant Drillian nous attire des ennuis, reprit Horakk le plus sérieusement du monde, elle m’affirme qu’elle peut contenir sa frustration, mais je préfère ne pas jouer avec le feu. Son comportement depuis notre arrivée me préoccupe : si elle s’avise seulement de faire un seul commentaire déplacé, elle sera mise à pied. Ou pire, avec les Sith dans les parages. Perdre l’un de mes meilleurs officiers pour si peu, c’est hors de question ! Je préfère lui donner du grain à moudre pour passer ses nerfs, plutôt que de risquer encore de longues explications inutiles et fastidieuses pour quelques remarques acerbes.

-Alors… je vais vraiment devoir venir.

-Je ne vous demanderais pas de faire un discours, commandant. Laissez la barre et rejoignez-moi au premier étage de l’Épée Écarlate. Si vous ne savez pas où c’est : demandez au premier troufion que vous croisez.

-Je vois ! Un « haut lieu culturel » d’Ord Radama, digne de figurer sur toutes les brochures ?

-Vous avez tout compris ! Exécution, commandant. "

Horakk coupa la communication, et s’étala davantage sur l’immense banquette en cuir rouge qui trônait dans le coin de la salle. Les jours suivants promettaient d’être longs et studieux : autant profiter de la poignée d’heures qu’ils avaient pour eux pour se vider la tête.


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Darth Khorog
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– Livien Magnus – Esplanade Impériale


Dans la capitale de Ord Radama, l’activité et la profusion de soldat avait quelque chose de très intimidant. C’était quelque chose d’exceptionnel de voir autant d’uniformes, autant de compagnie marcher au pas dans toutes les rues, sur toute les places de la ville. Les vaisseaux spatiaux de la Ve flotte étaient pour certains clairement visible dans le ciel nocturne. L’on pourrait facilement se demander pourquoi une telle présence militaire s’était imposer à cette planète ? Pour beaucoup de citoyens qui vivaient sur ce monde, ce n’était plus un spectacle depuis de nombreuses années maintenant. Jadis, Ord Radama n’était qu’un astre parmi d’autre. Une planète industrialisée mais sans réelle place dans la finance intergalactique. Mais depuis que l’Empire Sith est réapparu … la puissance et surtout l’importance de ce monde est devenue primordial. La présence de l’armée et des flottes était quasiment omniprésente. Il n’y avait en fait que les soldats eux même qui trouvaient cela impressionnant et, bien souvent, galvanisant. Comment ne pas trembler devant la puissance de l’Empire en observant ce ballet exécuté à la perfection ?

Nombreux des soldats présents ici étaient des natifs des mondes tels que Axxila, Nez Peron ou encore Botajef. Pour eux, les planètes industrialisés ou riches ce n’était pas spectaculaire. Mais pour d’autre, eux voyait réellement la beauté de Ord Radama. Cette planète qui gardait l’unique entrée vers le secteur Esstran et le cœur politique de l’Espace Sith tout entier. Ord Radama et ses industries, ses manufactures géantes et sa foisonnante population. Il n’est pas étonnant alors de voir les soldats en position laisser traîner leurs attentions ailleurs. Après tout, qu’est-ce qui pourrait bien leur arriver ? Avec toute cette présence militaire.

- Tu crois qu’on peut s’installer sur Ord Radama ?

Le soldat qui avait parlé était le chef de son unité. Posté sur un pont, ils observaient les convois de soldats qui marchaient au pas ou se déplacé dans de transporteurs de troupes.

- Pourquoi ? Tu ne te plais pas sur Axxila ? Demanda un mitrailleur.

Le chef soupira :

- Baah, c’est lassant oui, il y a beaucoup de chose à faire sur Axxila mais Ord Radama … j’ai cru comprendre que beaucoup de chose va changer ici ! Les grands chefs vont se mettre d’accord. Ce serait pour ça qu’on se réunit ici maintenant.

Un autre soldat à côté du chef ricana :

- Ahah ! Moi je préfère ma petite ferme sur Nez Peron. Pourquoi se casser le cul à renifler des hydrocarbures sur sa terrasse quand tu peux respirer un air pur.

Le chef allait répliquer par une boutade quand le mitrailleur le bouscula de son coude.

- Chef regardez ! C’est l’Inquisition !

En effet, devant eux marchait au pas trois cents soldats en armure noire des troupes d’élites Inquisitoriale. Ces soldats surentraînés n’étaient pas comme les autres corps d’armées, ils n’obéissaient qu’à l’Inquisition et nullement aux autres hiérarchies de l’Empire.

- Non mais regardez-moi ces engins ! S’écria le mitrailleur. Un PX6-400 ! Mais ça vaut la peau du cul ce truc-là ! Moi je me suis endetté sur 10 ans pour acquérir mon PX3 et eux ils ont ces engins !

Un soldat pointa lui aussi le convoi avec un air dépité.

- Et puis tu as vu un peu ces armures ?! C’est pas ce que portent les types des commandos d’élites des forces spéciales ?

Le chef, se redressa et fit d’un ton sec.

- Silence ! Et concentrez-vous ! Vous voulez qu’on se fasse reprendre par un de leurs officiers ?

La menace porta ses fruits. Les soldats se remirent à leur poste, droit comme des i. Les officiers de l’Inquisition n’avaient pas pour réputation d’être tendre. Mais un landspeeder impérial passa et coupa la route de tous le convoi inquisitorial, son passager était un cyborg, autant dire un robot, escorté par deux inquisiteurs. Le petit groupe de soldats qui observait ce spectacle reconnu immédiatement le passager. Le mitrailleur chuchota :

- L’Amiral Kardrak ! C’est l’Amiral Kardrak !

- Où ça ?! Où ça ?!

- Là ! Dans le véhicule ! Putain j’ai vu l’Amiral Kardrak !

Un soldat questionna le mitrailleur :

- Quoi, qui c’est celui-là ? Il ne fait pas partie de la Ve lui, si ?

Le chef de la compagnie fit les gros yeux, mais au lieu de réprimander son équipe, il se retourna pour expliquer.

- Tais-toi crétin ! C’est une légende au sein de l’Inquisition. Ce type était un officier de la Marine Républicaine avant. Mais les ordres de son État-Major ont condamné son vaisseau et tous ses hommes. On dit même qu’il a perdu son frère.

Le mitrailleur continua :

- On dit même que peu de temps après, il est reparti vivre sur sa planète natale, Dubrillon avec le reste de sa famille …

- Oh merde … fit le soldat qui venait de comprendre.


- Ouais, ça tu l’as dit, merde. Le type il a vu toute sa famille crever à cause d’un bombardement de la République. Résultat des courses, il a été récupéré par des Prêtres Sith. Tu connais les prêtres, ils l’ont remis sur pieds après l’avoir complètement endoctriné.

- Vu ce que la République lui a fait ça ne doit pas être bien compliqué.

- Ah oui ça c’est vrai je m'en rappelle ! Ensuite il a été augmenté. Il a vécu tellement de truc, le seul organe d’origine chez lui c’est son cerveau il parait ... le reste c’est que de la ferraille. Ce type c’est une tuerie, une fois il a été pris dans l’explosion d’une bombe à proton … et il a survécu ! Ne me dis pas comment mais on raconte qu’il a survécu !

Le mitrailleur répliqua :

- Ouais c’est ça, arrête de dire de la merde, par contre il a fait des trucs de dingue oui c’est vrai. Le mec avec une frégate il a repoussé toute une flotte de pirate ! Il n’avait que la moitié d’un équipage et la moitié de son carburant. Mais il a abordé le vaisseau amiral ennemi avant de faire exploser le siens. Il a aussi été capturé et torturé par la République. Mais il a réussi à s’échappé après avoir tué ses geôliers. Aujourd’hui c’est un haut gradé chez les Inquisiteurs.

Le brouhaha des discussions était couvert par le pas des soldats et les moteurs des speeders qui filaient à vive allure. Au-dessus d’eux, dans les hautes spires de la capitale planétaire, les officiers se préparaient.


– Livien Magnus – Palais de l’Etat-Major


Dans les couloirs et les salles obscures du quartier de l’État-Major de Ord Radama. Immense bâtiment fortifié, c’était la plus haute et imposante structure de la capitale, dominant de toute sa hauteur et de tout son duracier renforcé la cité en contrebas. La multitude de vaisseaux présent en altitude cachait les étoiles et plongeait les rares salles disposant de fenêtre dans les ténèbres. Dans l’une de ces salles, des hommes discutaient ensemble.

Le Colonel Syrdek discutait aimablement avec Darth Bolrak et deux officiers de la Ve Flotte.

- Ainsi, vous comprendrez qu’il nous est impossible de laisser l’est de l’Empire sans plus de protection. La dernière action de la République nous à prouvé que nos systèmes de défenses ne sont pas des plus efficaces.

L’un des officiers, un homme d’âge mur avec le grade de Commandant, répondit d’un air moqueur.

- C’est vrai que vous vous êtes brillamment illustré sur Arda, Colonel. Heureusement que vous étiez là. Sinon notre retraite aurait été coupé.

La femme, une humaine assez jeune avec un grade de Capitaine.

- Allons mon commandant, inutile de bousculer notre ami. Les « officiers » de l’Inquisition ne sont pas habitués à … se battre sur des champs de batailles.

Le duo ricana de bon cœur avant de se reprendre face à la réaction du Sith.

- Non effectivement, grogna Darth Bolrak. Nos officiers ont plutôt habitué à détruire vos vaisseaux et à détruire vos carrières.

Ces paroles furent l’effet d’une douche froide. Le Colonel Syrdek reprit la parole.

- Allons, c’est vrai que nous avons été surpris et j’ai fais ce que j’ai pu pour sauver la situation. Les attaques surprises, vous savez ce que c’est. Une erreur et on est mort. Heureusement je suis toujours en vie, et mon maître, le seigneur Khorog aussi.

- Darth Khorog ? C’est lui que l’on attend ici non ? Comment est-il ?

Le Colonel n’eu pas le temps de répondre. Derrière eux une porte métallique s’ouvrit et une voix mécanique, glaciale et aussi tranchante qu’une lame de rasoir retentit dans toute la salle.

- Le seigneur Khorog est tel qu’il doit être. Votre curiosité n’a pas lieu d’être Commandant, restez à votre place.

Le quatuor se retourna vers la voix qu’ils avaient déjà reconnu et se mit au garde à vous. Même le Sith ne broncha pas. Il inclina la tête respectueusement vers l’amiral Kardrak.

- Amiral, je suis heureux de vous rencontrer. J’ai beaucoup entendu parler de vous.

L’amiral ne semblait pas humain. En fait on ignorait qu’elle était son espèce. Tout son corps n’était que pièce métallique et plaques articulés. L’amiral Howard Kardrak de l’Inquisition était un cyborg à 95%. Selon la légende, seuls restaient son cerveau et quelques tissus supplémentaire. Tout le reste n’était qu’une merveille de technologie Sith. L’amiral ignora le Sith, qui ne s’en formalisa pas, et se retourna vers le Colonel Syrdek.

- Le Grand Prêtre est en approche. Il arrive avec les représentants du Maître des Forges et Gnaeus Farysian. Veuillez cessez de rêvasser et accomplir votre devoir, Colonel.

Les deux officiers de la Ve eurent un sursaut d’étonnement supplémentaire, si tant est que ça soit possible.

- Oui amiral, je vais accueillir le seigneur Khorog sur le champ.

Le zabrak joignit le geste à la parole et disparu dans un claquement de talon. Il ne resta plus que Darth Bolrak et les deux officiers silencieux devant la mine impassible de l’amiral. Ce dernier fini par hocher la tête et repartir dans le couloir, ses pieds métalliques claquant dans un bruit de tempête.

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L'Amiral Kardrak



– Livien Magnus – Toit de l’État-Major


La navette impériale semblait prise comme dans de la colle. Au milieu de ces géants de métal, la pauvre envergure de l’engin faisait pâle figure. Cependant, les individus qu’elle transportaient n’était moins important que les Harrower qui sillonnaient le ciel étoilé. Les ténèbres grandissantes approchèrent du toit de l’État-Major. La navette se posa tout doucement, très lentement. Dans un claquement et le bruit des moteurs qui refroidissent, la passerelle s’abaissa et laissa entrevoir cinq personnes.

Le Colonel Syrdek et quatre soldats les attendait. L’homme qui vint en premier était grand, le faciès singulier. Le seigneur Khorog salua de la tête le Colonel. Tous deux se connaissaient bien, Syrdek servait le draethos et commandait ses hommes depuis le début de sa carrière.
En suivant venait un homme, imposant, habillé de l’armure classique des Lames Rouges. C’était Gnaeus Farysian, un chef de clan Lame Rouge. Le visage balafré et les cheveux rasés, il suivait de près le Grand Inquisiteur.
Se tenant loin du Lame rouge, il y avait Darth Iordis et Darth Quelar. Deux seigneurs Sith et les représentants de Darth Varnak. Ils ne ressemblaient pas à des Sith mais plus à des scientifiques tous droits sortis d’un holofilm, avec leurs blouses blanches et les gants en latex. Seuls leurs sabres aux ceintures indiquaient leurs réelles natures.
Enfin, fermant la marche, Darth Urgrud, Maître Inquisiteur et disciple de Darth Khorog.

- Messieurs, je vous pris de bien vouloir me suivre. L’amiral Antarxarxès vous attends, ainsi que l’amiral Kardrak. Il est arrivé à l’instant. On n’attend plus que vous.

- Bien Colonel, menez-moi à eux. J’ai hâte de rencontrer ce Horakk.

- Vous ne serez pas déçu. Il est tel qu’on nous l’a décrit.

Darth Iordis ricana.

- Un oiseau … amiral.

Darth Urgud répliqua :

- C’est un oiseau qui a survécu à plus de batailles que vous, « Gratte-Papier ». Alors tenez votre langue.

Le Sith voulu répondre mais un geste du draethos le fit se taire.

- Je ne veux pas que nous donnions le mauvais exemple aux soldats. Messieurs, tenez vous et cessez de vous battre. Sinon je vous torture moi-même dès que nous en aurons terminé ici. J’espère que c’est clair. Colonel Syrdek, où en sont les préparatifs, les Inquisiteurs demandés sont tous là ? Les soldats aussi ?

Le zabrak opina du chef.

- Oui Maître, ils sont en position, prêt à vous extraire en cas de problème. Les Inquisiteurs vous protégeront et nous avons une navette qui sera prête à partir pour vous extrader en cas d’urgence.

C’était parfait, Darth Khorog était connu pour sa paranoïa, il n’aima pas aller quelque part sans un plan de secours. Ces temps-ci avec les nouvelles affaires qui l’accaparait, cette tension et cette menace semblait constante. Les ennemis étaient partout et nul n’était digne de confiance.
Le seigneur Sith fit signe et le groupe s’avança. Ils dévalèrent les escaliers puis prirent l’ascenseur qui descendit jusqu’à la salle de réception. Là, tous les officiers les attendaient. Ceux de la Ve Flotte ainsi que ceux que de l’Inquisition que Darth Khorog avait appelé. Oh, il n’en avait pas convoqué beaucoup, il ne pouvait pas se le permettre. Ses officiers ici se comptaient sur les doigts d’une main, mais c’était tous des vétérans et des tueurs. Il n’avait aucun doute sur leur aptitude à tenir en laisse les discussions de tous les hérétiques éventuellement présents sur les lieux.

Après tout, l’Inquisition ne dort jamais.
Horakk Antarxarxès
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-- Livien Magnus -- Capitale -- Cantina "Scarlet Sword" --


Le cathar avait mis une bonne heure à rallier le point de rendez-vous donné par Antarxarxès. Il n'avait guère mis les pieds qu'une seule fois sur Ord Radama, et le loisir ne lui avait alors pas été laissé de visiter à sa guise. Remonter l'immensité de la ville fortifiée n'avait pas été une mince affaire. Heureusement pour lui, le Scarlet Sword avait une telle renommée que trouver des informateurs avisés ne lui avait pas pris longtemps !

Le bâtiment en lui-même était à la hauteur de sa réputation : immense, l'immeuble dépassait des toits environnant, laissant aux derniers étages une vue imprenable sur les hauteurs de Livien Magnus et ses couchers de soleil sanglants. Le quartier grouillait de marins pressés de dépenser leur solde en futilités, et de soldats en faction déjà las de devoir taper sur d'autres militaires pour permettre à leur ville de conserver visage humain après de telles soirées de débauches. Pour certains, une seule nuit avec une flotte à quai, c'était déjà bien trop.

Ses galons de commandant sur la poitrine, Virdis Granath n'eut aucun mal à se frayer un chemin dans l'établissement, tentant en vain d'éviter les sollicitations des personnalités qu'il connaissait. Sous-officiers et marins de son propre vaisseaux, ou ceux qu'ils fréquentaient de près ou de loin... Avinés ou encore sobres, les impériaux se lâchaient déjà avec une désinhibition que cinq années de guerre avaient contribué à préparer. A l'intérieur de la cantina, on trouvait tout ce dont un militaire impérial pouvait rêver, à condition d'être prêt à se délester substantiellement de gains âprement gagnés. Dans le brouhaha mélangé des conversations, des musiques d'orchestres et des chants avinés, le commandant de l’Égide parvint à grimper les étages jusqu'à l'un des nombreux salons privés que son supérieur était parvenu il ne savait comment à préserver des intrusions d'ivrognes.

" Vous en avez mis, du temps. "

Horakk était à moitié allongé sur sa banquette, un verre dans la main gauche, l'autre laissée flottante sur le dossier. Granath haussa un sourcil dubitatif en voyant l'amiral si décontracté :

" J'ai raté quelque chose ?

-Pas encore, non. "

Il eut un instant suspendu entre eux, où le cathar resta debout au milieu du salon, le regard perdu, la posture hésitante. Le rishii finit par tourner la tête, surpris par l'inaction de son second :

" Par-sang-bleu, Virdis ! Ne restez pas planté là comme une balise radio sans code d'accès ! Mettez-vous à l'aise !

-Hm ? Oh. Oui... On attend quelqu'un ? Ou c'est juste histoire de me "briefer" sur la suite de ce petit tour sur Radama ?

-Non, je n'ai invité personne pour l'heure. Sauf si vous désirez de la compagnie - je n'y vois pas d'inconvénient - nous passerons ce petit moment de détente entre vieux rats de navire ! Je dois absolument vous mettre au courant de ce qui s'est dit aujourd'hui si vous souhaitez avoir l'air d'autre chose qu'une sardine hors de l'eau demain.

-Ouf... Merveilleux, mon amiral... Fallait pas vous donner autant d'peine ! grogna le félin en se laissant choir à son tour sur la banquette,

-Les choses sont déjà suffisamment difficiles sans qu'il ne soit nécessaire de les rendre rudes, non ?

-C'est pas faux. "

Antarxarxès fit signe au droïde protocolaire qui attendait sous l'arche d'entrée et leur commanda deux boissons. Suite à quoi, les deux aliens eurent tôt fait de rentrer dans le vif du sujet. Conscient que l'endroit n'était peut-être pas le plus discret, Horakk avait pris soin de se positionner face à l'entrée du salon, parlant à voix suffisamment basse pour que sa voix ne porte pas au-delà de leur carré privé. Granath, éloigné de ce détail et concentré sur son alcool qu'il trouvait fort bon, tentait de suivre les longues explications de l'avien.

" Darth Khorog... Ah, oui. Je crois savoir à quoi il ressemble, fit-il, l'air concentré, un grand alien gris en armure ? Il s'affichait pas mal aux holoinfos ces derniers temps... Pour une fois qu'on ne nous colle pas un spéciste sur le dos... Enfin, vous e direz, ça veut rien dire, c'est peut-être un suprémacisme de chez lui...!

-Vous avez sans doute raison. Sauf que ce n'est pas l'apparence d'un Sith qui m'inquiète, mais plutôt les raisons de son déplacement.

-Pourquoi on devrait s'inquiéter ? Ils veulent peut-être juste visiter ! Et ça tombe bien, vu qu'on vient de faire le ménage !

-Je n'arriverais pas à avoir une conversation sérieuse avec vous ce soir, Virdis... Très bien ! Laissons tomber le sujet pour l'instant : je ne me sens guère d'humeur studieuse non plus ! "

A présent bien plus enjoué, Granath commanda une nouvelle boisson. Puis encore une autre. Et il ne fut bientôt plus question de l'avenir de la marine impériale, mais uniquement des théières cosmiques et des légendaires miches écarlates de Darth Ynnitach, jusqu'à une heure avancée de la nuit.



-- Livien Magnus -- Capitale -- Forteresse centrale --


Que pensez-vous des Sith, amiral ?

Des Sith ? En voilà une sale question, le bleu ! Ce que je pense des Sith ? Et qu'est-ce que ça peut bien changer, ce que j'en pense ?

Je ne sais pas... Adonay m'en a longtemps parlé. J'ai posé la question à beaucoup de monde. Mais pas à vous.

Ta curiosité te mettra dans le pétrin un jour, Antartruc. Je te le dis...! Mais bon. Ce que je pense des Sith... Ce que je pense des Sith ! Je pense que la plupart sont de mauvais militaires. De très bons guerriers, et de très mauvais soldats. Chacun son métier : on peut pas passer sa vie à étudier les mystères d'une Force mystique et être doué à manœuvrer des bâtiments ou à charger des batteries de canon. On peut savoir gagner des batailles en taillant dans les lignes adverses à coup de sabre et perdre des guerres parce qu'on ne comprend pas comment fonctionne un soutien logistique.

Pourtant, ce sont bien les Sith qui dirigent l'armée.

Et qui délèguent cette tâche à leurs serviteurs les plus zélés dès qu'ils estiment avoir mieux à faire, oui.

Est-ce un mal ?

Tu me demande mon avis, non ? Je te le donne, plumeau. Y a rien d'autre à dire ! Pour moi, bien sûr que non, ce n'est pas un mal ! Je te l'ai dit : chacun son métier. Les hommes-orchestres ne sont excellents en rien, juste médiocres en tout. Les Sith sont bons pour terrifier tout le monde, y compris leurs propres lignes, mais pas nécessairement pour galvaniser les foules.

J'aurais pourtant cru que la Force leur procurait une prescience capable de leur conférer une sagesse qui nous fait défaut. Ne peut-elle pas leur permettre de voir l'avenir ? On le dit, pourtant ! Comment ne pas considérer un individu aussi supérieur comme un dieu, même au sens purement du terme ?

C'est ce que j'apprécie chez toi, Antarmachin. T'es aussi idéaliste et naïf que ton triste paternel... Mais, juste une chose. Si les Sith sont des dieux, alors souviens-toi toujours que les dieux ont besoin de fidèles qui les adorent et les vénèrent. Sans quoi ils ne sont pas des dieux. Juste des rageux.



Decker. Il pouvait encore entendre sa voix, comme si l'homme s'était tenu à ses côtés. Il pouvait presque entendre ses pas en rythme avec les siens. Et s'il tournait la tête ? Là, entre lui et le mur, y verrait-il le visage balafré et borgne ? Une cigarra au bec et un cache-œil lui barrant la tête ? Oui. Il le voyait.

Pourtant, Horakk n'avait jamais senti la Force. Mais parfois, certains phénomènes de l'esprit en devenait troublants.

Alors qu'il circulait de nouveau dans les longs couloirs sombres de la forteresse, l'amiral repensait à ses précédentes discussions. De toutes, celles avec son homologue Stevens lui revint le plus aisément. Le rishii était partagé, et sa courte nuit ne lui avait pas permis d'avancer davantage dans sa réflexion personnelle. Allaient-ils réellement ressortir avantagés de cette réunion avec les seigneurs Sith ? Ou allaient-ils en pâtir ? Malgré les multiples raisons que le militaire avait pu trouver , il demeurait que la présence conjointe du Clergé et des émissaires du Maître des Forges ne pouvaient qu'annoncer des changements radicaux... ou, tout du moins, de grande ampleur. La réunion avec les têtes pensantes d'Ord Radama et l’État major de la marine n'avait pas éclairci la question.

Elle l'avait même, sur certains aspects, épaissie : la prise de position de l'Impératrice Ha'Mi pour une paix avec la République avait marqué un tournant trop brusque et imprévisible pour une élite militaire préparée à une campagne longue mais active. Leurs discussions techniques et stratégiques avaient ainsi été gangrénée par des dérives politiques des uns et des autres, si bien que le jour suivant, ils n'étaient guère avancés... Seulement, désormais, les grands invités tant attendus pointaient le bout de leurs nez, et la donne risquait de rapidement changer.

A ses côtés, Dremilcol était demeuré silencieux depuis leur arrivée. Horakk n'avait pas cherché à connaître l'origine de ce mutisme, trop habitué aux revirements d'humeur souvent illogiques d'un esprit aussi torturé que celui du vieil homme. Néanmoins, ses propres pensées l'avaient rapidement amené à la conclusion que ses accrochages de la veille avec Drillian n'y étaient pas étrangers. Le rishii savait à quel point la proche-humaine au teint mât pouvait s'avérer d'une violence verbale crue et cruelle quant elle se sentait dénigrée. Et si Dremilcol n'avait jamais manifesté un intérêt démesuré pour sa collègue, il n'en restait pas moins que sa fierté avait dû être salement écornée à plusieurs reprises.

D'un autre côté, Horakk pouvait cette fois compter sur l'une des personnes qu'il appréciait le plus après son père et sa cousine : Virdis Granath. Un alien, tout comme lui, s'il n'avait eu une fourrure en lieu et place de plumes, avec lequel il avait rapidement accroché en termes idéologiques et tactiques.

" J'ai comme l'impression de ne pas me sentir chez moi. Pas vous ?

-Ce n'est pas une impression, commandant : les forces armées de l'Inquisition appartiennent au Clergé, pas à l'armée.

-Alors qu'est-ce qu'on fait ici ? Ils n'ont visiblement pas besoin de nous, non ?

-C'est une convocation, Virdis. Pas une invitation : souvenez-vous de notre conversation d'hier soir. Nous en avons parlé pendant près d'une heure entière !

-Ah. Ok. Ce serait plus simple sans le t'ssolok qui a suivi juste après, amiral... "

Le cathar se gratta machinalement la tête, alors que son regard d'un bleu glacé parcourait les silhouettes de leurs futurs interlocuteurs. Même s'il avait passé trois bonnes heures à se dégriser avec l'aide plus ou moins aimable d'un infirmier, Granath n'était pas nécessairement dans sa meilleure forme. Horakk ne s'en voulait pas le moins du monde, même s'il avait été, lui aussi, dans un état navrant le soir précédent. Le fait était que, conscient de sa relative fragilité face aux substance ingérée, l'alien à plumes avait appris depuis longtemps à modérer sa consommation rapidement, avant de ne plus être en état.

" Si j'en crois l'amiral Stevens et ses propres sources, il se peut que nous soyons directement impactés par les décisions qui vont être prises aujourd'hui - et qui ont peut-être déjà été prise bien avant. Il est évident que les Sith ne tiennent pas à attendre les conclusions des tentatives diplomatiques hasardeuses de l'AGPU pour mener des améliorations à notre appareil de guerre. Et nous n'allons pas nous en plaindre... "

Son commandant faisait un effort visible pour se tenir droit et ne pas montrer de signe de fatigue, mais il ne parvenait pas à tromper Antarxarxès, trop habitué à le fréquenter, désormais. Granath était épuisé. Tant par sa précédente journée que par la soirée qui avait suivi. Horakk en venait presque à remettre en question le fait d'avoir échangé sa place avec celle du commandant Drillian.

Soudain, un individu inattendu fit son apparition, détournant momentanément toutes les attentions de leur précédent objet de discussion. Un cyborg - à un tel degré qu'Horakk crut d'abord à un droïde - immense et intimidant de par sa seule présence, marcha jusqu'au centre de la pièce, ses semelles métalliques marquant son pas mieux que n'importe quelle botte. Après un temps de perplexité devant cette vision étrange, Antarxarxès additionna deux plus deux. l'individu bionique fut salué des plus militairement par l'assemblée venue là, son identité n'étant un secret pour personne.

L'amiral Kardrak était de ces figures que la propagande Sith aimait à mettre en avant. Un martyr républicain ayant vu la lumière, après que le Clergé l'ait récupéré et formé dans ses rangs. L'avis du rishii était neutre : n'ayant jamais partagé la moindre discussion avec l'individu, le meneur de l’Égide ne souhaitait pas laisser ses impressions le guider. Cependant, le simple fait qu'une telle personnalité ait pu un jour croire en un régime aussi bancal et veule que la République Galactique venait gâcher son tableau mental. Kardrak avait-il pour lui sa seule envie de vengeance ? Pour un existentialiste comme Horakk Antarxarxès, c'était une motivation fort légère sur le long terme. Il aurait de loin préféré connaître l'homme qui avait précédé le cyborg - et voir, symboliquement, ce qu'il avait dans le ventre.

" Non, sans doute pas. " conclut discrètement Virdis sans lâcher le cyborg des yeux.

Il régnait à présent une tension nouvelle dans la pièce. Comme si l'armée et l'inquisition, pourtant unie sous une même bannière, s'étaient regardées, jaugées, jugées, incertaines du degré de confiance mutuelle qu'elles pouvaient s'accorder. Pour Horakk, qui n'avait plus croisé la route du Clergé depuis plus de deux ans, le changement d'atmosphère fut frappant. La présence de Sith de haut rang n'arrangeait rien : certains militaires étaient nerveux. Trop d'entre eux avaient un jour frôlé la mort pour avoir déplu aux maîtres incontestés. Horakk étaient aussi de ceux-là - mais ses expériences au front en tant qu'alien mal vu, et ses longues conversations avec Adonay sur la question, lui donnaient, peut-être, un autre point de vue.

Kardrak garda le silence, se contentant de prendre place parmi eux, tel un fantôme sans une once de chair. Il semblait attendre : les hommes présents dans la pièce ne paraissait pas constituer un intérêt suffisant par rapport à ce qui allait sans doute se présenter par la porte. Suivant machinalement le regard de l'individu cybernétique, Horakk ne discerna rien de plus dans le couloir obscur éclairé de rouge.

Les conversations avaient décrues, l'échange muet entre les deux groupes ayant peu à peu remplacer les cordiaux échanges entre marins. Planté sur ses talons, Horakk dévisageait les inquisitoriaux sans s'en cacher : il n'en connaissait que quelques uns, de loin. L'Inquisition ayant sa propre flotte, elle réquisitionnait de plus en plus rarement les leurs, se contentant de débarquer parfois à l'improviste pour telle ou telle mission, secrète ou non.

S'il n'était pas, et de loin, l'officier avec le plus grand réseau de contact de la marine, il avait au moins pour lui d'avoir su négocier une relative neutralité dans les affaires des uns et des autres, peu pressé d'être propulsé dans les méandres glauques des luttes de pouvoir du sommet de la pyramide. Sommet dont l'angle obtus rendait les manœuvres d'autant plus périlleuses.

Pour autant, il avait été mis en garde : sa récente nomination allait sans doute changer radicalement la donne. Son nouveau titre d'amiral le mettait plus en avant qu'il ne l'avait jamais été, et son appartenance à une espèce alien totalement inconnue et marginale ne faisait qu'accroître les inimitiés d'une grande partie du corps décisionnaire impérial à son égard. L'autre partie, celle qui avait appuyé son grade, n'en attendait pas moins un retour sur investissement. Dans un cas comme dans l'autre, Horakk avait à présent la désagréable impression d'entrer dans une arène close, dont il ne connaissait ni les dimensions, ni la finalité. La route avait été des plus limpides pour lui, jusque ici : servir l'Empire au travers de son idéal militariste, profiter des campagnes pour éprouver sa propre capacité à commander et à manœuvrer sa flotte avait été le tout de son quotidien, sans arrière pensée, presque sans malice. Un trait génétique, aurait dit certains, et peut-être n'auraient-ils pas eu tort. Seulement, loin d'être naïf à l'âge qui était maintenant le sien, Antarxarxès appréhendait de quitter cette voie droite et sûre pour une pente raide et instable. Le pouvoir pour lui-même ne l'avait jamais intéressé... Pas consciemment. Alors, pourquoi prendre le risque de tout perdre à cause de quelques egos froissés, après avoir tant enduré et tant gagné ?

Ses pérégrinations mentales furent de nouveau interrompues lorsqu'un alien, tranchant dans cette assemblée majoritairement humaine, vint leur ordonner de former les rangs. Le colonel Syrdek, comme l'eurent rapidement reconnu la plupart des officiers présents, semblait nerveux.

" Le seigneur Khorog arrive, avertit le zabrak d'une voix sévère, nous attendons de vous la plus grande discipline et la plus grande déférence envers notre seigneur et maître ! Aucun écart ne sera admis ! Aucun propos impie ne saurait être toléré ! "

Les officiers opinèrent du chef en silence, et d'un seul et unique mouvement, formèrent trois rangées dont on aurait pu contrôler la rectitude au télémètre laser. Antarxarxès, Granath et Dremilcol avaient pris place au second rang, la tête triangulaire du rishii dépassant à peine des épaules massives de l'homme devant lui. Kardrak, lui, se trouvait en toute logique au premier, et personne n'avait trouvé intéressant de se poster à hauteur de ses bras mécaniques.

Le cortège des arrivant ne mit guère plus d'une poignée de minutes à apparaître. A l'instant où les premières têtes émergèrent de l'ombre, la totalité de la salle se mit au garde à vous avec une synchronicité rodée par une longue habitude.

Derrière eux, un grand alien à la peau grise, d'une race inconnue d'Horakk. Il avait beau avoir croisé l'hologramme de ce personnage étrange à plusieurs reprises, c'était bel et bien la première fois qu'il le croisait en chair et en os. Le Grand Inquisiteur était plutôt du genre impressionnant, avec sa carrure de bretteur revêtu d'une armure Sith. A ses côtés, un humain au faciès rude et marqué se décala sur sa droite, raide comme la justice, dardant sur eux un regard plein d'un froid soupçon. Une Lame Rouge, reconnut soudain le rishii.

Les deux silhouettes suivantes, en revanche, lui étaient parfaitement inconnues. Il crut d'abord à du personnel de l'Inquisition, avant de réaliser qu'il s'agissait bel bien de Sith.

Le temps sembla brusquement ralentir, se mettre sur pause, alors que le groupe face à eux prenait place, prêt à s'exprimer. Et, dans un coin de sa tête, Antarxarxès reconnut le ton familier et ricanant d'un mort qui semblait ne plus le quitter :

Alors, le bleu ? Ils ont pas une sacrée belle gueule, les "dieux de l'Empire" ? Même moi j'avais pas cette tête là après trois cuites d'affilée ! Ahahaha ! Mais bon, tu me diras : c'est pas le grand manitou qui ira te reprocher de pas ressembler à un humain, au moins, non ? C'est plutôt positif. T'as toute tes chances au prochain concours de mascotte, avec ces gagnants-là !

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Darth Khorog
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Le draethos marchait dans le couloir, ses bottes claquaient sur le sol métallique. Le groupe progressait vers la salle de réception, mais une silhouette leur barra le passage. L’Amiral Kardrak les attendait.

- Mon seigneur, fit l’Amiral en s’inclinant. C’est un honneur de vous revoir aujourd’hui.

Darth Khorog souri de bon cœur, avec sa bouche carnassière.

- Amiral ! Allons tout l’honneur est pour moi. J’apprécie de vous voir ici, vous avez déjà tant de travail dans notre Empire, sans parler du travail supplémentaire que je vous impose dans l’espace Kossakii.

L’Amiral pencha la tête sur le côté, c’était sa façon à lui de sourire.

- Oui maître, nous avons beaucoup de travail. Mais je crois comprendre ou vous souhaitez en venir avec les officiers de la Ve flotte. C’est habile de votre part, si je puis me permettre.

Le Sith fit un signe vers Syrdek.

- C’est le Colonel ici présent qui a eu l’idée. Je dois dire que j’apprécie le fait de leur parler, avec un peu de chance on arrivera à quelque chose de productif. Comment se sont déroulés vos dernières campagnes ?

L’Amiral se redressa, comme pour afficher un air grave. Il était grand, vraiment très grand, même pour le seigneur Sith qui faisait pourtant deux mètres de haut. L’Amiral, dont la race d’origine était inconnue, semblait manifester une aura de peur intense qui paralysait les faibles d’esprits. Darth Khorog avait tout entendu à propos du cyborg. Il avait appris que la technologie qui l’avait “réparé” était très avant-gardiste, supervisé par le Maître des Forges en personne.

- Le territoire Kossakii est vaste et difficile à maintenir. Néanmoins ses habitants ont du potentiel. Le premier Centre de Recalibration Cognitive est en service et tourne à plein régime. De nouvelles recrues en sortes chaque mois par milliers. Les gangsters des hutts et les junkee demandent plus d’efforts, gavés de drogues et autres substances avilissantes, ils nécessitent plus de temps. Je pense qu’à ce rythme, nous aurons nos soldats d’ici peu de temps, moins que nous avions prévus.

Le Sith écoutait avec satisfaction. En effet, les Centres de Recalibration Cognitives étaient une nouveauté mise en place par le Cardinal Noir et les prêtres du Rituel. Il s’agissait de briser le mental des individus, sans faire usage d’arts Sith, pour réécrire leurs personnalités, pour laver leurs cerveaux, les endoctriner. Ces soldats n’oubliaient pas leurs vies passées mais s’en détournait volontairement. Une merveille de manipulation psychologique.

- Vos hommes se sont dépassés, Amiral. J’en suis très satisfait. Néanmoins, n’hésitez pas à renforcer le processus si c’est trop rapide. Je préfère attendre plus longtemps pour avoir de vrais soldats dévots, plutôt que des traîtres en latences.

L’Amiral se mit au garde à vous.

- Oui mon seigneur ! Une dernière chose, me permettez-vous un conseil Maître ?

Le Sith acquiesça brièvement.

- Les hommes qui se trouvent dans cette pièce, les officiers, ils sont incertains. Ils ont peurs et doutent beaucoup des Sith. Ils ont eu affaire à trop d'incompétents et leur loyauté en pâtit. Si je puis me permettre, vous pourriez faire usage d’un ton militaire et non pas intimidant. Soyez le Seigneur de Korriban et non le Grand Inquisiteur. Le premier est un chef Sith alors que le second est l’homme qui peut détruire leurs vies.

Le draethos réfléchit longuement à ces paroles. Ce n’était pas faux, le Sith pourrait faire fausse route en agissant comme un tyran. Ce dont ces soldats avaient besoin, c’était peut-être d’un Sith qui ne les tuent pas dès la première parole de travers.

- Vous suggérez que je passe outre leurs éventuelles paroles ou pensées hérétiques ?

Le cyborg secoua la tête.

- Non seigneur Khorog, je parle de faire usage de tempérance. Agir ouvertement détruirait la confiance des officiers. Ce sont des officiers de la Marine, si vous leur promettez gloire et fortune ils seront plus motivés que face à une menace de mort en cas d’échec. Je parle en connaissance de cause, j’ai testé les deux techniques.

- Vous n’avez pas tort. La Foi n’est pas assez précieuse pour attiser la loyauté de ces gens-là.

Darth Khorog accordait du crédit aux paroles de l’Amiral Kardrak. Lorsqu’il avait été nommé Haut Inquisiteur, il y a bien longtemps, et qu’il avait entamé cette opération de purge au sein de l’Inquisition, pendant quatre longues années, l’Amiral était devenu une aide précieuse. Grâce à lui il avait pu agir jusqu’au cœur de l’institution qu’il dirigeait aujourd’hui. Le Cyborg lui était toujours aussi pieux et efficace qu’à l’époque.
Le Sith remercia d’un hochement de tête, l’Amiral Kardrak, puis reprit sa route. L’amiral lui reprit sa route à grands pas vers la salle où les officiers attendaient.

* * *

Le Sith était devant tous ses officiers. Effectivement, il avait devant ses yeux la Peur, l’Incertitude et même parfois le Mépris. Les pensées des soldats étaient chaotiques, certains n’aimaient pas le Grand Inquisiteur, le traitant intérieurement de tout et n’importe quoi. D’autres pensaient différemment et lui donnait une chance. Le Sith savait d’office que des traîtres et hérétiques se cachaient ici, néanmoins il fit confiance aux conseils de l’Amiral de l’Inquisition. Le Sith s’avança, il observa ses suivants qui s’installaient devant lui. Il remercia le Colonel Syrdek lorsque ce dernier le présenta. Le draethos prit ensuite la parole. Il vit du coin de l’œil l’Amiral Antarxarxès, il ne fit aucun geste. Il était prévu qu’ils discutent un peu plus tard.

- Officiers et soldats de l’Empire des Sith. Je suis reconnaissant pour votre présence ici. Il est de coutume dans ce genre d’occasion, de dire quelques mots.

Le seigneur Sith soutenait tous ses regards tournés vers lui. S’attardant machinalement sur celles et ceux qui avaient des pensées impures.

- Je sais qu’ici vous vous inquiétez, la paix avec la République, les Sith incompétents qui parfois vous donnent des ordres et les inacceptables trahisons de vos frères et sœurs d’armes qui entrainent la mort d’innombrables bons soldats dans leurs fuites. Vous êtes les officiers d’une flotte très importante, la Ve flotte protège un ensemble de secteurs primordiaux. Axxila est la plus notable des planètes autour de laquelle vous êtes en faction.

Le seigneur Khorog savait pertinemment que son statut de Grand Inquisiteur était très inquiétant, mais il essaya de faire bonne mesure en suivant les conseils de l’Amiral Kardrak.

- Je vais aller droit au but avec vous. Vous n’êtes pas sans savoir que je suis le seigneur de Korriban et du territoire que nous avons récupérés en toute justice aux Hutts. Ce territoire Kossakii est conquis grâce à des soldats comme vous, et tous ont reçu des terres sur ces mondes facilement acquis. Quant à Korriban, j’œuvre pour protéger ce monde … et j’en viens au principal sujet.

Le Sith fit un geste vers les plus hauts gradés de la flotte qui le regardaient en silence.

- Ord Radama est le seul accès large et sûr à travers la Nébuleuse. C’est par cette route que tous les vaisseaux quittent le secteur Esstran et c’est par ici que jadis l’Impératrice Têta est passé avec son armée pour pulvériser l’Empire de nos ancêtres. Aujourd’hui, quand on regarde cette planète, on voit un monde industrialisé, bien protégé et doté d’un chantier naval conséquent. Mais est-ce suffisent ? A vous messieurs je vous le demande, pensez-vous que ces installations suffisent à protéger le cœur politique et administratif de notre Empire ?

Le draethos jeta un œil aux Sith qui les accompagnaient.

- Non, et si vous réfléchissez une minute vous comprendrez pourquoi j’ai apporté avec moi des représentants du Maître des Forges. Nous allons fortifier Ord Radama et je sais que vous êtes les mieux placés pour apporter votre expertise. Vous êtes tous des soldats expérimentés et vétérans. La guerre c’est votre métier et vous avez défendu avec brio les lourds assauts de la République et des pirates contre les secteurs que vous défendez.

Darth Khorog tapa du point sur le pupitre derrière lequel il se tenait, l’échos résonna dans toute la salle.

- Je sais que certains d’entre vous ont souffert de mes confrères et consœurs Sith, ils ont donné des ordres stupides et ont tués des éléments essentiels de nos armées. C’est proprement inacceptable. C’est aussi pour cela que je fais appel à vous, et non pas aux conseillés Sith du Castellan Noir, avec tout le respect que nous lui devons bien sûr.

Le Grand Inquisiteur porta la main au cœur, comme pour illustrer son propos.

- J’ai prévu de vous récompenser. Ord Radama est une cité qui va changer et j’ai de nombreuses terres à distribuer. Il se pourrait que certains d’entre vous se retrouve avec des domaines ici, sur Korriban et dans le territoire Kossakii pour celles et ceux d’entre vous qui sont courageux, ou courageuses.

Le draethos leva la main vers un des seigneurs Sith, qui s’avança et prit la place du Grand Inquisiteur.

- Bonjour ! Je suis le seigneur Quelar, Superviseur des systèmes défensifs planétaires. En gros c’est moi qui vais protéger Ord Radama. Le seigneur Khorog dit vrais, vous aller participer et vos expériences seront les bienvenus. Si vous avez en tête des soldats intelligents capable de nous aider aussi vous pouvez les faires communiquer aux représentants de l’Inquisition ici présent. Ce sont eux qui vont superviser cette opération sur Ord Radama, tout comme sur Korriban actuellement.

Le Sith leva la tête vers les hauts gradés de la flotte.

- Messieurs, si vous avez des questions ….
Horakk Antarxarxès
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-- Ord Radama -- Livien Magnus -- Forteresse centrale --


Une grande constante au sein de la société impériale était à n'en pas douter : la discipline. Enseignée dès le plus jeune âge, dans toutes les castes de la société, du plus rustre des esclaves au plus grand seigneur, elle avait ses failles, ses petits manques, ses variantes, mais lorsque venait le temps d'en user, aucune autre société galactique n'aurait pu faire montre d'une telle homogénéité.

Ainsi, au moment même où les Sith faisait leur apparition, il régnait dans les rangs un silence absolu, une raideur et un sérieux à toute épreuve. Personne, même Virdis et ses penchants de bout-en-train, n'aurait eu seulement l'idée de sourire ou de regarder ses pieds.


Le grand alien en armure s'avança d'un pas mesuré, son visage singulier à la mâchoire proéminente compliquant grandement la lecture de ses expressions pour la majorité humaine présente. Même le rishii ne parvint pas à décrypter le fugace regard que le Sith passa sur lui. Tous les Sith avaient leur part de mystère, et certains diraient sans doute que cela faisait tout leur charme...

" Officiers et soldats de l’Empire des Sith. Je suis reconnaissant pour votre présence ici. Il est de coutume dans ce genre d’occasion, de dire quelques mots. "

La voix du Grand Inquisiteur surprit Horakk. Elle était désagréable, crissante, et l'on imaginait sans peine un tel timbre de voix hanter des cauchemars traumatisants. Il ne s'y était pas attendu. Les oreilles aux reflets dorés de l'avien frémirent discrètement sur son crâne, son ouïe fine très sensible aux intonations et aux notes aiguës qui parsemaient les syllabes.

" Je sais qu’ici vous vous inquiétez, la paix avec la République, les Sith incompétents qui parfois vous donnent des ordres et les inacceptables trahisons de vos frères et sœurs d’armes qui entrainent la mort d’innombrables bons soldats dans leurs fuites. Vous êtes les officiers d’une flotte très importante, la Ve flotte protège un ensemble de secteurs primordiaux. Axxila est la plus notable des planètes autour de laquelle vous êtes en faction. "

La franchise du Sith balaya la petite assemblée comme un léger vent : l'étonnement, puis l'interrogation, se firent lentement une place dans les regards braqués droit sur le centre d'attention du moment. La flatterie discrète n'avait pas échappé à Antarxarxès : qui aurait-il été pour nier l'importance de sa propre flotte ? Il n'était pourtant pas genre à se penser au-dessus du lot, malgré une ambition savamment glissée sous le tapis la plupart du temps.

Les egos de certains militaires valaient bien ceux des Sith, parfois. Si ce n'était pire, car s'ajoutait à cela la frustration de savoir qu'en tant que délaissés de la Force, ils ne pourraient jamais exercer leurs pulsions dominatrices comme ils l'entendaient. On assistait alors à une surenchère de démonstration de force à chaque opportunité laissée à la portée des officiers désireux de se faire remarquer. Horakk savait qu'il n'avait hélas pas été exempt de ce genre de démonstration en son temps, lorsque la guerre lui avait donné l'opportunité tant attendue de déployer ses talents et de prouver que, tout alien qu'il était, il valait bien un être humain au même poste. Mais l'âge et l'expérience commençaient très doucement à lui faire comprendre que, parfois, ce type d'acte n'était pas nécessaire... voire même dicté par de mauvaises raisons, instables et dangereuses.

" Je vais aller droit au but avec vous. "

Les oreilles plumeuses pivotèrent légèrement vers l'avant, trahissant l'intérêt de leur propriétaire pour la formule employée. C'était bien là le seul témoin de l'activité mentale de l'amiral, statufié sur ses deux pieds, à l'instar de tous les officiers présents.

" Vous n’êtes pas sans savoir que je suis le seigneur de Korriban et du territoire que nous avons récupérés en toute justice aux Hutts. Ce territoire Kossakii est conquis grâce à des soldats comme vous, et tous ont reçu des terres sur ces mondes facilement acquis. Quant à Korriban, j’œuvre pour protéger ce monde … et j’en viens au principal sujet. "

Il y avait une pincée de suspens, quelque chose destiner à éveiller leur intérêt, à capter pleinement toute leur attention. Cela fonctionnait : du sentiment que le groupe renvoyait, la forme inhabituelle employée à dessein par le Seigneur Khorog marquait les esprits présents. Pour Horakk, qui croisait le chemin du Sith pour la première fois malgré sa longue carrière, il était impossible de savoir si le meneur de l'Inquisition en était à son premier coup d'essai, ou s'il était coutumier du fait.

" Ord Radama est le seul accès large et sûr à travers la Nébuleuse. C’est par cette route que tous les vaisseaux quittent le secteur Esstran et c’est par ici que jadis l’Impératrice Têta est passé avec son armée pour pulvériser l’Empire de nos ancêtres. Aujourd’hui, quand on regarde cette planète, on voit un monde industrialisé, bien protégé et doté d’un chantier naval conséquent. Mais est-ce suffisent ? A vous messieurs je vous le demande, pensez-vous que ces installations suffisent à protéger le cœur politique et administratif de notre Empire ? "

Le silence resta suspendu une seconde... Granath dévia son regard sur sa droite, vers Antarxarxès. Est-ce une vraie question ? En réalité, elle était purement rhétorique : le Sith y répondit de lui-même dans la foulée.

" Non. "

L'Histoire de l'ancien empire, Horakk s'en souvenait. L'académie la leur avait enseignée de la plus rude des manières : au par cœur. Le souvenir brûlant de l'exil des survivants de l'ancien Empire sur Dromund Kaas n'avait jamais quitté sa population, ni celle de nombreux mondes ravagés jadis par la guerre. Darth Ynnitach avait chevauché cette vague de haine enracinée pour précipiter leur vengeance. Et si l'on faisait toujours de nombreuses critiques, sur tous les sujets, à propos de la manière dont elle et ses suivants s'y étaient pris, il demeurait qu'une chose ne pouvait leur être ôtée. Celle d'avoir sorti les mondes de la Caldéria et de l'Espace Sith de l'oubli dans lequel la République les avait jeté durant des millénaires, les condamnant à une lente et sordide agonie, coupés de tout échange commercial viable, de toute perspective autre que la régression ou l'agression.

Privés de ressources capitales et destinés à ramper dans l'ombre pour les obtenir, des dizaines de systèmes avaient souffert, avaient manqué de tout, avaient connu des régimes instables et incapables de les sortir du marasme provoqué par la guerre. Des siècles et des siècles de misère avaient pris fin avec l'avènement de l'Empire et d'un pouvoir central à même de briser ce cercle vicieux. Les conquêtes du Nouvel Empire avait redonné de l'oxygène à toutes les planètes placées sous sa protection. Les pillages et les annexions avaient permis de recommencer à parler de développement et de croissance, des termes oubliés de tous depuis des temps immémoriaux pour les générations actuelles. Une véritable renaissance.

Cependant, et Antarxarxès le savait... Ce n'était pas suffisant. Le monstre avait grossi trop vite, et ils en venaient à devoir gérer de nouveaux manques. Leurs besoins dépassaient leur capacité actuelle. L'Empire ne pourrait donc pas se satisfaire de ses frontière actuelle. S'en serait-il de toute façon satisfait ? C'était là toute la question, et nul doute qu'à celle-ci, la galaxie toute entière aurait répondu, d'une seule voix : Non.

" ...et si vous réfléchissez une minute vous comprendrez pourquoi j’ai apporté avec moi des représentants du Maître des Forges. Nous allons fortifier Ord Radama et je sais que vous êtes les mieux placés pour apporter votre expertise. Vous êtes tous des soldats expérimentés et vétérans. La guerre c’est votre métier et vous avez défendu avec brio les lourds assauts de la République et des pirates contre les secteurs que vous défendez. "

Doucement, un schéma commença à prendre forme dans l'esprit du rishii. Les raisons de leur convocation s'éclaircissait quelque peu. Mais il paraissait clair que le Grand Inquisiteur était sur ses gardes. Son regard balayait les rangs, s'y arrêtait, repartait, au fur et à mesure de son discours, comme s'il cherchait quelque chose. Ses propos restaient très généraux. Etait-ce un test ? Autre chose ? Antarxarxès n'aurait su le dire. L'aura qui flottait autour du Sith, bien qu'elle ne fut pas clairement discernable par les non-sensitifs qu'ils étaient, pesaient suffisamment contre leurs propres énergies vitales pour qu'ils en ressentent indirectement l'effet. Elle leur permettait de garder en eux l'idée que l'individu qui leur faisait face, toute parole mise à part, demeurait indéniablement un manipulateur de la Force des plus chevronnés.

" Je sais que certains d’entre vous ont souffert de mes confrères et consœurs Sith, ils ont donné des ordres stupides et ont tués des éléments essentiels de nos armées. C’est proprement inacceptable. C’est aussi pour cela que je fais appel à vous, et non pas aux conseillés Sith du Castellan Noir, avec tout le respect que nous lui devons bien sûr. "

Une discrète tension naquit dans l'air. Bien trop disciplinés pour penser à laisser glisser des messes basses, Horakk sentait pourtant les corps se raidir autour de lui. Lui-même avait gagné un vague centimètre en se redressant. Le sujet était sensible, au sein des corps d'armée. Gérer les relations entre les détenteurs de la Force... et les autres, était une problématique que ses grades successifs lui avaient fait entrevoir avec une acuité toujours plus grande et toujours plus crue. Rares étaient les Sith à considérer leurs existences autrement que sur un plan purement utilitaire et comptable. Des numéros, facilement remplacés. Pouvait-on penser autrement, s'était interroger le jeune officier qu'il était autrefois, lorsque d'un geste de la main et d'un regard, l'on pouvait déchaîner contre autrui des lois de la nature totalement incompréhensible de par leur insalissable nature ? N'aurait-il pas, à la même place, agit de la même façon ? Pensé de la même manière ? Sans doute pas. Aujourd'hui, Horakk était bien placé pour savoir que la vie vous donnait trop peu d'occasion de pouvoir écraser les autres sans avoir un jour à subir un revers de même nature, comme un rappel constant aux fondamentaux de l'Univers : action, réaction.

" J’ai prévu de vous récompenser. Ord Radama est une cité qui va changer et j’ai de nombreuses terres à distribuer. Il se pourrait que certains d’entre vous se retrouve avec des domaines ici, sur Korriban et dans le territoire Kossakii pour celles et ceux d’entre vous qui sont courageux, ou courageuses. "

Pour un Sith, sans doute, une terre sur la planète la plus mystiquement liée à leur ordre était-il un honneur au-delà du concevable. Horakk eut brusquement une vision d'une tombe aménagée avec papier peint et rideaux, dont l'entrée colossale était balayée par les tempêtes de sable rouge, écrasée de soleil, assaillie par des meutes de créatures terribles et affamées. L'idée fuit aussi vite qu'elle lui fut venue. Mais l'impression resta tenace : qui pouvait envier la vie dans un tel endroit ? Le serennien qu'il était en frissonnait d'appréhension. Existait-il vraiment des individus appréciant de telles condition de vie ? Vraiment ?

Les Sith étaient bel et bien des être à part. C'était un fait !
Mais peut-être était-ce la manière concrète d'un prêtre Sith d'intéresser la partie, qui, d'un point de vue extérieur, pouvait paraître bien périlleuse sans attrait véritable pour les petits soldats besogneux qu'ils étaient...

Face à eux, le témoin passa des mains du Grand Inquisiteur à celles de l'un des deux Sith silencieux jusqu'ici, revêtu d'une étrange blouse, semblables à toutes celles qu'Horakk avaient toujours vu portées par les manipulateurs d'éprouvettes et substances dangereuses diverses. Un scientifique ? Un Sith ? Ou peut-être, les deux à la fois, conclut-il dans le silence de son esprit, alors que l'homme se présentait à son tour. L'amiral ne se souvenait guère de l'avoir croisé, ni sur Dromund Kaas, ni ailleurs : il faisait partie de ces ombres qui naviguaient dans les marais glauques du pouvoir en fuyant la lumière.

L'exposé d'un tel individu promettait d'être des plus intéressants.

" Bonjour ! Je suis le seigneur Quelar, Superviseur des systèmes défensifs planétaires. En gros c’est moi qui vais protéger Ord Radama. Le seigneur Khorog dit vrais, vous aller participer et vos expériences seront les bienvenus. Si vous avez en tête des soldats intelligents capable de nous aider aussi vous pouvez les faire communiquer aux représentants de l’Inquisition ici présent. Ce sont eux qui vont superviser cette opération sur Ord Radama, tout comme sur Korriban actuellement. "

La voix sinueuse n'avait pas l'inhumanité de celle de Darth Khorog, mais elle n'en demeurait pas moins pleine d'une invisible menace.

Les oreilles mobiles du rishii exprimèrent son intérêt soudain pour une telle proposition. Un discours d'autant plus rare que cette fois, les plus hautes instances de l'Empire semblaient personnellement se pencher vers les fondements de son propre pouvoir.

" Messieurs, si vous avez des questions …. "

La phrase resta un temps en suspend dans un silence perplexe. La petite assemblée échangea brièvement quelques regards en biais. Par où commencer ? Que dire ? Et encore : ne valait-il mieux pas garder pour soi une quelconque question ? On ne perdait pas de vieux réflexes si facilement. Pourtant, devant la passivité attentive des Sith, quelques personnalités bravaches semblèrent s'enhardir, consciente de l'opportunité qui leur était offerte de briller, même l'espace d'un court instant.

" Commandant Yloval, Excellence ! Permission de parler librement ? "

L'un après l'autre, trois des officiers du premier rang énoncèrent leur question le plus clairement qu'ils purent. Après un temps de réflexion qui paraissait bien court à Horakk, le Sith en blouse blanche décidait de la pertinence de la question. Et à l'étonnement de certains, les réponses affirmatives furent d'une écrasante unanimité. Galvanisés par leur succès, les hommes rentraient docilement dans le rang, attendant pour autant avec une certaine habitude que l'un d'entre eux fasse le fameux pas de trop.

" Qu'en sera-t-il des secteurs limitrophes à l'Esstran, sur Sertar et Nembus ? Seront-ils également concernés par ce renforcement ? De quelles nouvelles ressources pourront-ils disposer pour se faire ? "

Antarxarxès, de son acuité auditive animale, perçut ci où là quelques trémolos, quelques vibrations réverbérées par les cages thoraciques des humains qui, stressés, nerveux, en étaient musculairement noués. Coincés temporairement entre le dos de son prédécesseur et le souffle court de son suivant, le rishii gardait le silence, occupé à capter les réponses des Sith et à en analyser le contenu.

" Un agrandissement des plateformes de maintenance des quais ouest peut-il être envisagé, excellence ? Ils sont les plus anciens, et nos techniciens nous ont rapporté des difficultés pour y amarrer nos derniers modèles de Vigilance. "

Beaucoup d'officiers tablaient sur un renforcement drastique des infrastructures militaires du secteur ainsi que des voies d'accès secondaires, qui, privées d'un intérêt immédiat alors que le gros de leurs forces s'étaient massées sur les différents fronts.

Tout comme eux, Antarxarxès avait pensé, en regardant les cartes, que ce fameux verrou - qui avait jadis été le théâtre d'un drame qui n'avait débouché sur rien de moins que l'annihilation du Premier Empire - n'avait jusqu'ici bénéficié que d'un renforcement bien trop léger. Pour un astrogateur qu'il était, il était évident que verrouiller l'accès hyperspatial à cet endroit était vital pour préserver le cœur de l'Empire et ses mondes historiques. La configuration stellaire de leur antre avait cet avantage, il était temps d'en profiter pleinement.

Faire de ce secteur un obstacle infranchissable empêcherait quiconque de réitérer l'exploit de la flotte d'Impératrice Têta, obligeant l'adversaire à contourner la seule voie hyperspatiale menant au cœur de la Calderia Stygienne... Ou bien à subir des pertes considérables en voulant forcer le passage. Dans les deux cas, cela devait passer par la mise en place d'infrastructures conséquentes, et par la révision des différentes voies d'approvisionnement en ressources clefs. Fort de nouvelles ressources de par une superficie ayant augmenté d'une manière exponentielle durant la dernière décennie, l'armada Sith devait à présent renforcer chacun de ses appuis et s'encrer fermement sur ses frontières actuelles.

Il s'avança à son tour du pas règlementaire. Son regard ne pouvait guère capter au-delà des épaules des officiers du premier rang, mais la tête du grand alien gris dépassait largement.

" Amiral Antarxarxès, excellence. Demande permission de parler librement. "

Il attendit, à l'image de ses prédécesseurs, le mot du Sith qui signalait qu'il pouvait effectivement s'exprimer. Même si lors d'une telle discussion, le refus de cette permission aurait pu paraître en contradiction avec leur venue, tenter seulement de déroger à cette règle immuable pouvait causer une mort prématurée et douloureuse.

" Compte tenu des grandes évolutions de nos besoins en terme de logistique et de modularité de nos flottes depuis que le front s'est étendu, Ord Radama et le secteur Esstran nous apparaissent comme capitaux pour servir de pivot entre le front et l'arrière. Est-il prévu d'incorporer aux améliorations de nouveaux plans de restructuration allant en ce sens, excellence ? "

Autrement dit, bien au delà du renfort matériel, les Sith étaient-ils prêts à revoir leurs structures de gestion et à implémenter de nouvelles méthodes pour celles-ci ? Lui-même avait quelques idées à soumettre, même si, faute de s'être douté qu'un tel parloir allait leur être offert, il ne les avait guère mise en forme. Il s'était douté de l'impétuosité de la question en enregistrant le regard en biais de Granath. Il osait s'avancer.

Horakk savait d'expérience que la remise en cause d'un système en place n'était pas nécessairement au goût de ses propres collègues. Ni à celui de nombreux Sith, dont l'orgueil flamboyant aurait suffi à emplir la pièce. Mais, si l'Ordre Sith souhaitait réellement s'enquérir des idées nouvelles qui avaient pu germer durant ces années de guerre, sans nul doute étaient-ils au bon endroit. Cette convocation sous le couvert du secret défense pouvait s'avérer bien plus prolifique et étonnante qu'Antarxarxès ne l'avait escompté en pénétrant dans la forteresse.

Tout comme il pouvait s'agir d'un piège, visant à épurer leurs rangs des dissidents et autres fortes têtes qui, de tous temps, constituaient toujours un risque pour la chaîne hiérarchique. Bien que sa réputation et son code moral encombrant ne l'ait jamais fait cataloguer comme tel, les rumeurs qui courraient sur l'implacabilité des membres de l'Inquisition ne pouvait que le pousser à la plus judicieuse des prudences.

Mais l'occasion devait être saisies. Horakk revoyait encore les nombreux rapports qui lui avaient été rendus par les dizaines d'équipages de la flotte concernant les historiques de divers problèmes logistiques d'une machine de guerre qui avait grandi trop vite. Leur temps était précieux, et l'amiral comptait mettre chaque journée à profit pour combler méticuleusement toutes les failles qui avaient été causes de tant de déboires passés. L'avenir ne pourrait pas les prendre en défaut - leur devoir en tant qu'élite militaire se jouait ici.

Visiblement satisfait de la réactivité de leurs officiers, les Sith terminèrent de noter les différentes questions, puis se retournèrent avec une attention accrue vers le Grand Inquisiteur, dont l'action seule pouvait clore ou ouvrir une telle séance.

[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]


Darth Khorog
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Le Sith pouvait sentir l’état d’esprit des officiers changer. Ils étaient suspicieux, quelques fois circonspect, mais les colères s’étaient transformées en curiosités. La tactique de l’Amiral Kardrak portaient ses fruits. Se présenter comme un dirigeant était plus approprié qu’en tant que Grand Inquisiteur. Une trop grande autorité pouvait parfois faire peur. Le Sith pouvait voir que beaucoup l’observait, y compris Horakk Antarxarxès. Il l’observa quelques secondes. Le physique était appréciable, son visage très étonnant avec un air de prédateur que Khorog trouva tout à fait charmant. C’était un bel officier.
Une première question tomba, le Scientifique Sith écouta gravement et répondit à son tour.

- Bonjour Commandant Yloval, oui vous pouvez parler librement.

- Est-ce qu’il est question d’un remaniement des officiers en poste dans notre flotte ?

La question semblait importante et le Sith répondit avec sévérité.

- Je ne suis pas ici pour me mêler de la hiérarchie de la Marine, si ce sujet devait être abordé, ce serait à l’initiative de vos supérieurs hiérarchiques ici présents.

Le Sith attendit une autre question qui ne se fit pas attendre.

- Le renforcement de Ord Radama et de Korriban relève d’une stratégie spécifique. Leurs importances capitales justifient cette opération qui relève de l'initiative du Grand Inquisiteur. Le Maître des Forges consent à débourser des fonds pour cela, en partie. Le Seigneur Khorog s'est chargé d’une autre partie du financement sur ses fonds propres et de certains investisseurs de confiances. Le renforcement des autres secteurs sont également prévus, mais l’urgence est moindre.

- Excellence, est-ce que … est-ce qu’il est possible de choisir sa planète ? Quand vous parler de s’installer … ahem, quand vous parliez de recevoir des terres.

Le Sith souri brièvement et hocha la tête comme s’il venait de comprendre une bonne blague.

- Korriban est l’un des cinq mondes sacrés Sith, on ne s’y installe pas comme ça, c’était à titre d’exemple. Le Seigneur Khorog dispose d’autres planètes, dans le secteur Kossakii, qui est bien plus propice à votre succès. Voyez Raxus Secundus par exemple. C’est la capitale de cette province spatiale et elle est riche de gisement et dispose de ressources naturelles très appréciables. L’installation d’officiers impériaux est plus que bienvenu pour donner de nouvelles couleurs à la population locale.

Un autre officier se présenta et posa sa propre question. Mais ce fut l’Amiral Kardrak qui s’avança pour lui répondre de sa voir métallique et dépourvu de douceur.

- Il est question de rénover entièrement les structures du chantier Spatial et les quais d’amarrages. Il a été constaté de trop nombreux disfonctionnements sur des éléments vitaux. Les plateformes seront donc concernées par cette opération afin d’améliorer la sécurité et la performance des équipes qui y travaillent.

Un autre homme s’avança et demanda d’une voix hésitante :

- Ces installations seront elle sous le commandement et la supervision de notre flotte ou bien de la 1ère Flotte défensive ?

La encore c’est l’Amiral Kardrak qui se prononça :

- C’est le Collège de la Purification qui est en charge pour l’instant de cette opération et donc du Commandement des forces défensives de Ord Radama. Si cela devait changer un communiqué vous sera transmis.

Quelques murmures se firent dans la salle. L’Inquisition avait la réputation d’être intraitable avec les protocoles de sécurité. La moindre imperfection dans les usages militaires étaient durement sanctionnés. Depuis que Darth Khorog était devenu Grand Inquisiteur, et même avant ça lorsqu’il était Haut Inquisiteur, la purge et le remaniement sévère qu’il avait effectué au sein des effectifs de l’Inquisition avait rendu cette dernière particulièrement pointilleuse sur le comportement et le devoir. L’Amiral Kardrak était la parfaite incarnation de ce changeant d’attitude de l’Inquisition. Encore plus intraitable qu’avant mais aussi beaucoup plus efficace.

D’autres questions fusèrent, mais finalement, pour le plus grand plaisir du Sith, l’Amiral Horakk se leva et demanda la permission de parler. Darth Khorog et l’Amiral Kardrak hochèrent la tête en même temps. Le Sith écouta gravement puis répondit.

- L’Empire à subit de lourds revers pendant la guerre et nos secrets militaires ont pu être éventés à de nombreuses reprises malgré le travail de l’Ombre de l’Empire. Ord Radama est une expérience, une tentative pour créer un nouveau schéma de défense et d’attaque. Je suis moi-même un élément de cette expérience. Les dispositifs matériels et humains seront étudiés et éventuellement remaniés. Codes, cryptages ou technologies, nous étudieront tout cela avec les individus appropriés et en toute confidentialité.

Le draethos fit une pause avant de rajouter :

- Je ne suis pas dépositaire de l'autorité du Castellan Noir, soyez en bien conscient. J'ai l'autorisation de faire des changements mais sur une zone restreinte pour l'instant. Il s'agit de fortifier, de restaurer et d'améliorer les systèmes offensifs et défensifs de Ord Radama et du passage vers Korriban. Alors bien entendu nous allons voir pour tout ce qui attrait au matériel, à l'armement, la nourriture des soldats, la réorganisation des infrastructures militaires et logistiques. J'ai bien l'intention de voir tout ça avec vous. Mais rien ne sera fait sans l'accord du Castellan Noir si l'un de ces éléments venait à aller à l'encontre de la politique du Conseil Noir. Après tout, nous sommes ici entre sujets loyaux de notre Impératrice. Nous allons améliorer la défense de l‘Empire mais nous commençons petit. Les Sith n’étant pas toujours les plus qualifiés, nous allons étudier avec vous les différentes pistes qui s’offrent à nous. Si le commandement des Seigneurs Sith est parfois … discutable, les rangs des soldats offrent également leurs lots d’irrégularités inacceptables. Tout comme les dispositifs matériels et les armes qui vieillissent. Nous allons revoir cela en profondeur. Si le blasphème n’est pas toléré, le changement lui au contraire n’en est pas un, et ce quel qu’il puisse être. Nous devons évoluer si nous voulons survivre et permettre à l’Empire de s’étendre. Si cette opération est un succès, vous serez tous récompensés à la hauteur de votre mérite.

Les officiers chuchotèrent entre eux, discrètement. Darth Khorog sentait de l’excitation dans l’esprit des hommes et des femmes qui l’observait d’un air différent maintenant. La peur se mêlait à un sentiment d’espérance. Le seigneur Khorog permettait à ces officiers de faire entendre leurs voix leur garantissait une possibilité de se faire entendre sans craindre d’être accusé de blasphème.

- Quant à vous Amiral Antarxarxès, je ne doute pas que vous ayez aussi des idées précises en tête. Je suis impatient de vous entendre, vous ainsi que vos pairs bien entendu.

Il fit une courte pause puis reprit :

- Veuillez pardonnez mon air abrupte. Je n'ai pas l'habitude, d'ordinaire c'est moi qui pose les question.

L'assistance se mit à rire, comprenant qu'il s'agissait là d'une plaisanterie.

Horakk Antarxarxès
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Le face à face n'avait duré qu'une poignée de minutes, mais ici, beaucoup auraient été en peine d'estimer ce temps de façon exacte. Les secondes s'égrenaient avec une lenteur douloureuse, alors que les regards, les attitudes, les mots, les pensées inexprimées formaient un miasme impalpable autour d'eux, d'où il devenait impossible de s'extraire. C'était un huis-clos qui ne seyait guère à l'amour d'Antarxarxès pour l'espace sans limite. Il n'avait jamais été claustrophobe. Néanmoins, l'atmosphère étrange et presque louche de cet échange entre les Sith et les officiers lui donnait une furieuse envie de s'aérer.

Horakk, par-dessus l'épaule massive devant lui, captait à intervalle régulier les différents visages des invités d'honneur. C'était un ballet lent et métronome, rythmé par les allers et venus machinaux de leurs interlocuteurs, tandis que la session de question-réponse touchait à sa fin.

Fidèles à eux-mêmes, les Sith n'avait pas été prolixe en indices. Ils s'étaient contentés de laisser les plus curieux, ou les plus bravaches, s'avancer sur le contenu supposé de cette réunion au sommet. Avec, malgré l'habituelle retenue des militaires face aux Sith, un certain succès.

" Si cette opération est un succès, vous serez tous récompensés à la hauteur de votre mérite. "

Et le seigneur Sith n'eut pas à exposer le corolaire à cette déclaration : tous ici le connaissaient. Pour l'Empire, il n'y avait pas d'échec. Seulement la mort.

Le silence qui suivit fut tout aussi signifiant qu’un long discours. Il fut bref, pourtant. Mais depuis sa position, ses épaules frôlant celles de ses voisins, l’amiral sentit plus qu’il ne vit les regards des officiers s’aiguiser par la compréhension de cette évocation tacite.

" Quant à vous Amiral Antarxarxès, je ne doute pas que vous ayez aussi des idées précises en tête. Je suis impatient de vous entendre, vous ainsi que vos pairs bien entendu. "

Le rishii redressa imperceptiblement la tête à la mention de son nom. Autour de lui, les regards avaient glissé vers sa silhouette trapue. Certes, il était difficile de l'ignorer, dans ces rangs presque entièrement composé d'humains glabres au teint pâle. Ses seules plumes pouvaient le faire reconnaître à des parsecs à la ronde. A ses côtés, Granath et son pelage d'un ocre moucheté de gris contrastait tout autant avec la masse. A peine un zabrak à la face ambrée venait-il rendre à l’Empire son visage bigarré actuel : le vieux fond farouchement humano-suprématiste de Dromund Kaas refaisait surface. C’était cette vieille idéologie, éclusée mais tenace, selon laquelle les humains de Kaas, héritiers des rescapés des ancestrales lignées Sith décimées lors de la dernière grande guerre, valaient plus que tout autre espèce que la nature eut produite. Issues des années d'exil de l'Ordre Sith sur Kaas, l'armée et la marine avaient fatalement commencé leur vie dans le berceau de ces idéologies-là. Elles en portaient encore aujourd'hui les stigmates. Rien d'étonnant donc à ce que dans ces rangs d'officiers supérieurs, on ne trouvât qu'une écrasante majorité de faciès humains.

Mais en dehors de cette stricte discrimination d’apparence, la pièce rapportée de la vieille et poussiéreuse lignée des Antarxarxès n’était guère une personnalité en vogue. Du moins, pas plus qu'aucune des têtes ci-présentes, dont les noms figuraient parmi ceux des vétérans de la plupart des batailles qui avaient jalonné la dernière décennie.

Il n'était plus un inconnu depuis plusieurs années, maintenant : son ascension dans la marine impériale, assez unique pour un alien aussi exotique, n'était pas passée inaperçue. Mais, peu porté sur la médiatisation de sa personne, Antarxarxès n'avait que rarement fait parler de lui en dehors du cadre strict de la marine. Bien que tous aient été en droit d'attendre que le Grand Inquisiteur en personne ait pris le temps de se renseigner sur les corps d'armée et leurs dirigeants, l'amiral ne s'attendait pas à faire partie du haut de la pile. Sur l’instant, figé de surprise, il ne sut trop que faire de l'attention qu'il venait d'attirer sur lui. Se féliciter d’être connu ? S’en méfier ? Y rester indifférent ?

" Veuillez pardonnez mon air abrupt. Je n'ai pas l'habitude, d'ordinaire c'est moi qui pose les question. "

Après un temps d'incrédulité, quelques rires fusèrent depuis les rangs des officiers. Le ton du Sith, étonnant dans sa légèreté, avait fait chuter la tension ambiante de quelques degrés. Mais personne ne s’aventura au-delà de la note de rire. On devenait plus impatient sur la teneur de l’ordre du jour à chaque nouvelle parole : fortifier, de restaurer et d'améliorer les systèmes offensifs et défensifs de Ord Radama et du passage vers Korriban.

Doucement, une prise de conscience enthousiaste succéda aux longues minutes de tension qui avaient précédé. De sourdes rumeurs se mirent à parcourir l'assemblée, à peine couvertes par la voix des Sith.

Antarxarxès était soudain impatient, perplexe aussi, devant le genre de moyens que les Sith souhaitaient déployer pour parvenir à de telles fins. Pour qu'il y eut à leur chevet de secrets émissaires du Conseil Noir, les portes paroles de deux des plus influents ministères Sith, il eut réellement fallu que l'enjeu soit de taille. Allait-on leur annoncer le déblocage de moyens encore inégalés ? Quelques ressources gardées secrètes ? Rien de tout cela ?

" Vous semblez rêveur amiral, lui souffla discrètement Granath, inquiet, vous avez une idée derrière la tête ou je me fais un holofilm ?

-Je ne saurais encore répondre à cette question, commandant. Mais il est vrai que nous allons avoir un surplus de travail considérable. Espérons que le jeu en vaille la chandelle... "


Dremicol passa une main pensive sur son collier de barbe, alors qu'il captait quelques-uns de leurs murmures. Fidèle à lui-même, il ne sut s'empêcher d'y greffa son commentaire sceptique.

" Nous sommes bien d'accord que cela nous demanderait... un effort supplémentaire, alors que l'économie de guerre a déjà tourné à plein toutes ces années...

-Sans doute. Mais attendons d'avoir toutes les données pour juger de la situation. "


Oui, la guerre leur avait coûté. Et bien qu'elle leur eut rapporté, l'effort demandé aux mondes Sith ne leur laissait guère de marge de manœuvre.

Il allait falloir jouer chaque carte avec force sagesse. Faute de quoi, leur tentative s'avèrerait vite un gouffre financier et logistique, une erreur qui ne pardonnerait pas. Mais le défi avait de quoi galvaniser les esprits les plus affûtés...

Horakk redressa le regard vers l'estrade.



Dis-moi, le bleu. A quel moment tu as commencé à croire que les Sith voulaient autre chose que plus de pouvoir pour leur propre trogne ? J'commence à penser que t'aurais pas dû t'attarder autant dans cette fichue cantina !

Je pense au contraire que les Sith d'aujourd'hui ne sont plus les Sith d'hier... Nous ne sommes plus au temps d'Ynnitach. La stagnation du front, les tentatives inutiles de diplomatie républicaine, le revers d'Arda... tout ceci a précipité la prise de décision du Conseil Noir. Tout ceci nous mène à cette réunion sur Ord Radama.

Je n'aime pas ton optimisme, tu sais. Je te préférais plus méfiant ! Tu finiras par prendre une sale confiance mal placée, comme mon vieux mentor en son temps... On a pas besoin de ça, dans la marine. On préfère des vivants trop timorés aux bravaches bien morts - ils sont plus utiles !

Au moins, je serais mort en faisant avancer les choses, amiral.

C'est ça, oui ! C'est beau, de rêver ! Ahah !




Imperceptiblement, Horakk sourit aux mots inaudible de son fantôme intérieur. Sur l'estrade, le monde s'agitait à nouveau.

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Darth Khorog
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Le Sith sentait bien la perplexité qui régnait dans l’assistance. Les officiers devant lui guettaient sans doute la moindre occasion de pouvoir prendre l’ascendant sur leurs pairs, dans une concurrence toute aussi implacable que celle qui opposaient les Sith. En un sens c’était normal, voire bénéfique. Cependant, il ne fallait pas que cela soit dommageable à terme. L’immense majorité des humains ici présents étaient issues des familles de Sith. Quelque chose que Khorog respectait énormément. Mais il était conscient aussi de la valeur des aliens. Il ne souhaitait pas faire obstacle au génie d’une minorité pour le plaisir d’une majorité.
Darth Khorog n’avait pas réellement prévu de plan génial. En fait il n’avait que des idées générales et assez vagues, il comptait sur le génie militaire des officiers présents pour apporter le gros des idées à traiter.

- Comme je l’ai dit à l’instant, nous allons rendre Ord Radama imprenable. C’est la porte d’entrée du secteur Esstran. Monde clef, elle restera sous la supervision de l’Inquisition, afin d’éviter les conflits incessants entre seigneurs Sith pour son contrôle. Si je n’ai pas autorité pour vous commander en temps normal comme le ferais vos supérieurs hiérarchiques au sein de l’armée, je n’en reste pas moins le Grand Prêtre de la Purification. Et tant que j’aborde le sujet j’en profite pour vous dire qu’il vous est possible d’intégrer nos rangs, si vous vous sentez apte à combattre des criminels, des dissidents ou des hérétiques, fussent-ils seigneur Sith ou Maître Jedi.

Darth Khorog cessa de discuter un moment puis leva la main vers le général Sith Darth Bolrak, qui s’avança. C’était un humain, typique des anciennes familles de Sith datant, soi-disant, de l’Ancien Empire. Charismatique et autoritaire, il était un commandant au sein de la flotte impériale. Son génie stratégique était connu et il avait accepté de bon cœur à la participation de ce sommet. De sa voix puissante il commença à parler.

- Merci seigneur Khorog pour ces paroles pleines de sagesses. En ce qui me concerne, je vais parler avec vous des détails. Nous n’allons pas apporter ici toutes les idées, pour vous les présenter et vous les faire accepter de gré ou de force. Le Grand Inquisiteur et nous autres, sommes conscient de vos expériences et de votre capacité à pouvoir faire changer les choses. Aussi, nous sommes ouverts à la discussion.

Il fit un geste de la main, et une holoprojection de la planète, énorme, apparu dans la salle. Illuminant les visages d’une douce lueur bleuté.

- Ord Radama est un monde densément peuplé, doté d’une industrie très correcte et une place stratégique sur le point commercial. Elle recèle des ressources naturelles très importante en ce qui concerne les métaux et du carburant également pour nos vaisseaux, même si elle n’égale pas Sleheyron, elle pourrait devenir un bien plus beau bijou si nous nous en occupions correctement.

La planète bougea pour afficher le cadran nord de la sphère.

- Cette planète est actuellement protégée par une série de batterie de défenses orbitale classique. Elle peut se défendre face à une flotte mais pas seule. Elle a besoin d’aide pour tenir le coup face à une invasion. Elle a aussi un bouclier déflecteur qui protège la citadelle dans laquelle nous nous trouvons. Enfin sa capacité à transmettre des messages cryptés sous blocus reste limité au vu des installations en place. En bref elle dispose d’un mode défensif « classique » et c’est bien ça le problème ! Il nous faut impérativement renforcer ses dispositifs.

Le Général replaça la planète dans le bon sens, puis il dézooma un peu pour afficher le secteur spatial.

- De plus, nous avons ici la passe de Radama, celle qui traverse la Caldeira Stygienne pour atteindre le Secteur Esstran. La planète de notre honoré seigneur Khorog, Korriban, est à l’autre bout. Protéger cette passe est également, je pense, une nécessité absolue au cas ou Ord Radama venait à tomber.

Darth Bolrak fit une courte pause, puis dit d’un ton léger en regardant les sbires du Maître des Forges :

- Je ne vais pas vous mentir, mais ce projet va coûter horriblement cher. Or, je pense qu’il vaut mieux payer cher pour une bonne défense, que de devoir assumer la responsabilité de cette déficience sur les seuls officiers que vous êtes et les sacrifices de vos soldats, en même temps que de vos carrières, pour garder la passe intacte.

Le Général continua à discuter des coûts exorbitant que cela pourrait exiger puis dirigea son discours vers les retombés positives pour les officiers qui sauraient trouver les meilleures idées pour rendre tout cela plus abordable.

- Pour parler en terme clair, ce que mois je propose, c’est que nous fassions peau neuve en replaçant toute la batterie de défense de la planète. Installer des canons orbitaux hautes et basses altitudes. Aménager de nouvelles infrastructures militaires pour épargner les zones d’industries et d’habitation. La construction d’une nouvelle Citadelle Militaire qui servirait de QG avancé pour l’État-Major. L’apport d’une station spatiale de défense et la construction d’une base de défense sur l’une des lunes de la planète. Il faut construire un nouveau centre d’apport énergétique pour individualiser les ressources militaires du reste des ressources civiles et enfin un nouveau centre de communication, capable de percer un brouillage de transmission.

Alors qu’il disait tout cela, il affichait sur l’holoprojection, toutes les installations.

- Pour la passe, des stations de défenses à des endroits clefs pourraient être la solution. Avec des puits de gravités suffisamment puissant pour l’une d’entre elles, que nous pourrions utiliser pour ralentir les progressions ennemies.

Il fini en ouvrant les bras devant l’assistance :

- Comme je vous l’ai dit, vous êtes libre de donner vos idées. Nous sommes ici pour en discuter. Bien entendu vous êtes tenu au secret. Si des rumeurs s’échappe, vous serez traqués par les serviteurs du seigneur Khorog pour vous faire comprendre votre erreur. Mais vous connaissez la musique. Bref, vous avez des questions ? Ou mieux encore, des idées ?
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