Absalom Thorn
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Docteure Publius ?

Le nouveau terminal de l’astroport central de la capitale hapienne, flambant neuf, déployait ses arches élégantes loin au-dessus des passagers, et par les verrières on pouvait admirer les vaisseaux en approche ou ceux qui s’élançaient dans l’atmosphère.

M. Thorn regrette de ne pas pouvoir vous accueillir lui-même, il a été retenu par une longue visioconférence, mais il m’a envoyée pour vous conduire.

Evadné n’avait pas à en douter : Absalom avait lui-même envoyé un message à son amie pour la prévenir de son absence à sa descente du vaisseau. Elle pouvait donc suivre en toute confiance la jeune femme qui s’était présentée à elle et qui, d’ailleurs, lui présentait en guise de preuve un datapad frappé des identifiés cryptés de l’ancien Seigneur Sith.

Cette conductrice-là était bien différente de celle qu’Evadné avait vue lors de son premier voyage sur Hapès : c’est-à-dire qu’elle n’avait pas l’air capable de lui briser les os dans un mouvement d’humeur et qu’elle s’avérait plus loquace. Quand le speeder élégant s’éleva dans les rues de la ville, la Cadézienne eut d’ailleurs le droit de la part de sa chauffeuse à une synthèse de l’actualité du Consortium si condensée et si efficace qu’elle avait dû nécessairement être préparée à l’avance, sur les ordres d’Absalom.

Le soleil brillait sur Hapès. Le soleil brillait toujours sur Hapès. La capitale semblait s’être encore transformée depuis la dernière visite de la politicienne et de nouveaux bâtiments s’élevaient ici et là. Le consortium profitait des circonstances galactiques plus qu’un autre peut-être : d’un côté, la trêve entre la République et l’Empire lui permettaient d’échanger plus sûrement avec les deux plus gros partenaires commerciaux de la galaxie et de l’autre, la campagne de l’Empire contre l’Espace Hutt entravait le développement de ce concurrent.

Le véhicule ne tarda pas à s’engager dans les quartiers les plus huppées qui, comme souvent dans les très grandes villes, se caractérisaient plutôt par l’absence que par l’abondance : là, en effet, les bâtiments étaient moins nombreux et l’on jouissait du luxe véritable de toutes les mégapoles, qui était celui de l’espace. Le speeder s’engouffra dans une tour aux lignes épurées et bientôt il s’arrimait à un ascenseur, parti à toute vitesse en direction du sommet de l’immeuble.

Par ici, docteure.

Les deux femmes quittèrent le speeder, désormais garé en toute sécurité, pour suivre un couloir et la conductrice passa sa main devant le capteur d’une porte. Quelques secondes plus tard, celle-ci s’ouvrait sur un jeune homme, qui n’était pas Absalom.

Ah ! Bonjour.

Il devait avoir dans la vingtaine et il avait la beauté saisissante des Hapiens mais, contrairement à nombreux de ses congénères, ses cheveux étaient d’un noir profond et bouclé. Avec son physique de gymnaste et ses sourires lumineux, il troublait sans nul doute bien des esprits.

Evadné, je suppose ? Aryst, enchanté. Kela, tu veux entrer ?

La conductrice secoua la tête. Pénétrer dans l’appartement de son Maître était un privilège rare et elle n’aurait accepté d’invitations que celles qui auraient émané de Noctis lui-même. Aryst lui adressa l’un de ses fameux sourires avant de s’effacer pour laisser son invitée pénétrer dans les lieux. C’était un duplex spacieux et dont l’architecture dégagée offrait un point de vue irréprochable sur le vaste panorama des baies vitrées, qui permettait d’admirer la ville en contrebas.

Sur les meubles, de temps à autre, on trouvait des artefacts exposés, objets historiques venus du passé hapien ou, le plus souvent, de telle ou telle tradition de la Force. Pour l’essentiel, ils étaient dénués de pouvoirs : leur intérêt était avant tout historique, mais il témoignait des recherches encyclopédiques du maître des lieux. Aryst, qui évoluait au milieu de ce décor, était un trophée à sa manière et certainement le plus beau des spectacles que l’appartement avait à Noctis.

Désolé, reprit-il en conduisant Evadné au salon, je ne sais pas ce qu’il se raconte là, mais ça n’en finit pas. Il faut dire que, comme vous l’aurez sans doute déjà remarqué, mon homme n’est pas exactement des plus laconiques.

À ses manières et à sa façon de bouger, on pouvait être presque certain qu’Aryst n’appartenait pas à la bonne société hapienne. Sans doute il s’était un peu acculturé à son nouveau monde, celui qu’Absalom lui avait offert, mais des petits riens trahissaient ses origines populaires, et par exemple cette expression, « mon homme », qu’il avait utilisé avec le plus grand naturel, et même une pointe de fierté.

Je lui dis et je reviens vous offrir quelque chose à boire.
Inutile, fit une voix douce et chaleureuse, me voilà.

Absalom, fidèle à lui-même, était resplendissant au point d’en paraître quelque peu irréel. Il avait mené ces derniers mois une vie tranquille, essentiellement absorbée par l’étude et les affaires administratives sur Hapès, et il y avait dans tout cela comme un bonheur domestique dans lequel il se surprenait à s’épanouir. Peut-être, au fond, pourrait-il devenir un érudit discret, consultant à ses heures pour tel ou tel, et s’éloigner pour de bon des rocambolesques péripéties d’une existence de Seigneur.

Evadné, je vous prie de bien vouloir me pardonner de vous avoir fait faux bond à l’aéroport.

L’Hapien dépose une main sur l’épaule d’Aryst et un baiser sur la joue du jeune homme.

Et merci d’avoir accueilli notre invitée.

Aryst répondit d’un sourire avant de disparaître malgré tout en direction de la cuisine, tandis qu’Absalom s’asseyait dans un fauteuil, en face de son amie.

J’ai accepté de conseiller l’une des planètes du consortium pour la conduite d’une série de réformes agraires. Du point de vue économique, pas agronomique, évidemment, j’aurais dû mal à leur apprendre comment faire pousser les légumes. Et les réunions ont tendance à traîner un peu en longueur.

Il y eut un rire léger en direction de la cuisine et Absalom leva les yeux au ciel.

Oui, bon, d’accord, peut-être en partie un peu à cause de moi.
Un peu, lança la voix d’Aryst hors champ.
Un peu, confirma son compagnon.

Le regard qu’Absalom eut en direction de la cuisine n’était pas moins énamouré que celui qu’Aryst avait posé sur lui. Mais l’ancien Sith reporta tout de même son attention sur Evadné.

C’est très aimable à vous d’avoir accepté mon invitation, Evadné, et je suis, n’en doutez pas, absolument ravi de vous revoir. Pour tout dire, vous m’avez manqué.

L’invitation n’avait été qu’un prétexte. Ce jour-là, Absalom avait convié son amie à se joindre à lui pour l’inauguration de son nouveau projet, pour l’heure fort modeste : les Compagnons du Savoir. C’était une association qu’il fondait pour proposer des formations alternatives à la jeunesse hapienne. Sa principale préoccupation, mais pas la seule toutefois, était d’aider les Hapiens sensibles à la Force, qui ne bénéficiaient pas nécessairement des formations de l’Ordre Jedi et qu’il ne voulait pas voir finir entre les griffes des Siths.

Pour l’heure, il ne prévoyait qu’un programme-pilote, à l’échelle de la capitale, pour examiner la faisabilité de la chose et après, pourquoi pas, il s’étendrait à la planète, au Consortium. Au-delà, peut-être ? Absalom était un homme ambitieux et, s’il savait commencé modestement, ses idées étaient toujours vastes. La présence d’une politicienne républicaine à l’inauguration de cette modeste association disait d’ailleurs assez que son fondateur voyait au-delà des frontières du Consortium.

J’espère que nous aurons rapidement l’occasion de mettre en place des programmes d’échange avec des associations cadéziennes, vous savez combien je suis persuadé que les jeunes du Consortium ont besoin de se désenclaver. Nous avons entamé des négociations en ce sens, au niveau universitaire, avec Alderaan, que j’espère aussi voir aboutir.

Aryst fit son retour avec deux petits bols remplis d’un liquide fumant.

Un thé des sept saveurs. Spécialité hapienne. C’est très léger. Je vais y aller, Lomlom.

Le jeune homme rougit.

Euh… Absalom. Je veux dire.

Lomlom hocha la tête.

Je t’accompagne à la porte.

Près de la porte et loin des regards, les deux hommes échangèrent un baiser parfaitement indécent sur lequel nous jetons un voile pudique, et Absalom revint s’installer en face d’Evadné.

C’est Aryst, expliqua-t-il sobrement. Il est…

Comment dire ?

Parfait.

Voilà.

Mais vous, Evadné ? Comment vous portez-vous, depuis notre dernière rencontre ?

Ils avaient échangé des lettres, souvent, mais on ne pouvait pas tout se dire, quand on risquait de voir sa correspondance interceptée par les services de renseignement de la République ou du Consortium.
Evadné Publius
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-Mademoiselle Publius, vous faut-il quelque chose ?

Les pensées d’Evadné étaient tournées vers Ja’ar et Cadézia au moment où l’hôtesse avenante de la Stellaire Compagnie lui posa la question. La jeune médecin mit plusieurs secondes à s’affranchir de ses réflexions et sourit vers l’employée.

-Non, merci Clara. Dans combien de temps arriverons-nous ?
-D’après les dernières données d’astronavigation délivrées par le système, cinquante heures, onze minutes et treize secondes. Je reste à votre disposition.

Clara quitta la cabine privative d’une démarche élégante, répétée pendant des heures durant sa formation d’hôtesse spatiale. La Steco avait fait le pari du personnel naviguant vivant là où les concurrents appréciaient réduire les coûts via l’introduction excessive de droïdes. C’était un peu la marquende fabrique des Publius dont la fortune permettait ce genre de stratégie de luxe. La liaison Cadézia – Hapès avait légèrement été renforcée avec un contrat exclusif pour la Stellaire Compagnie au départ d’Ilus IV. En tant qu’héritière de l’entreprise, elle avait eu droit au meilleur traitement. Les rares passagers du vaisseau de transport civils étaient des scientifiques hapiens et cadéziens dont la collaboration fleurissait lentement malgré les disparités ethniques. Les cadezalowa étaient vus par leurs pairs comme des personnalités manquant d’élégance. Il fallut le temps pour Cadézia de comprendre qu’il était plus prospères d’envoyer des représentants de sexe féminins et il fallut autant de temps’pour en trouver en suffisance.

Eva diminua l’éclairage de ses quartiers et disparut dans la salle de bain pour une toilette méritée. Dix minutes plus tard, elle se glissait dans les draps soyeux de son lit et fixa le plafond sombre de ses grands yeux colorés. Elle repensait à Absalom, à leur dernière rencontre sur Ilus IV, à la fuite de Darius, aux tensions politiques, à ce trafic de composants militaires auxquels l’ACE se livrait. Elle tourna sur le côté et se concentra sur un point lumineux bipant paresseusement dans le cadran d’un terminal holographique. Cette invitation sur Hapès devenait une parenthèse fort appréciée.. Elle avait besoin de prendre du recul et de se ressourcer. Elle ferma les yeux lentement. Absalom saurait sans doute la conseiller.










-Merci, Madame Kela, Bonjour Monsieur Artys souffla-t-elle alors qu’elle était encore surprise de découvrir le visage saisissant d’un étranger qui n’était pas Noctis. Elle lui accorda un sourire poli, un peu impressionnée par son aisance. Elle se rapprocha doucement du panorama pour saisir la vue permise par les immenses baies vitrées. Ses yeux buvaient littéralement la lumière diffusée par le puissant soleil hapien. Dans son dos, la voix d’Artys résonna et elle fut prise d’un imperceptible soubresaut qui trahit son étonnement. Elle connaissait les orientations intimes de son hôte, mais jusque-là n’avait jamais imaginé qu’il puisse avoir de compagnon. Avant de cacher son expression étonnée, qu’elle ne trouvait pas polie, elle s’intéressa un temps à la décoration exotique du Duplex, à ses artéfacts, ses objets d’art. Ça y est, la curiosité avait pris le dessus sur la surprise et elle put refaire face à Artys avec sérénité pour le suivre dans la pièce suivanre.

Elle l’observa se mouvoir, s’exprimer encore et ne put s’empêcher de le comparer à Darius. Cette facilité de parole, les expressions familières qui l’employait, cette beauté si troublante qu’elle en semblait interdite. Elle esquissa un sourire gêné qui disparut à l’apparition de son ami hapien.

-Absalom, quelle joie de vous revoir. Ce n’est rien Madame Kela est…(Elle dévia pudiquement ses prunelles vers un mur proche pour éviter le spectacle des petites attentions de Thorn envers son petit ami.) d’une compagnie agréable et fort charmante.

Publius prit place à l’extrémité de la méridienne à laquelle faisait face le fauteuil où son hôte se conforta. Elle fit attention de ne pas froisser sa robe de haute facture, qui dévoilait la naissance de ses épaules. Son bleu pâle aspirait la luminosité ambiante. Un air amusa troubla sa figure de porcelaine lorsqu’il fut propos des réunions traînant en longueur. Progressivement, elle se détendit.

-C’est trop aimable. Je suis honorée que vous acceptiez que je trouble votre quotidien un petit temps.

Elle remercia Aryst d’une œillade reconnaissante et enveloppa le petit bol de ses paumes délicates, profitant de la chaleur irradiante. Elle le souleva et manqua de le renverser dès que « Lomlom » fut prononcé. Elle ne put s’empêcher de trouver leur relation particulièrement touchante, sans doute plus insouciante que celle qu’elle entretenait avec Ja’ar. Des surnoms affectueux, un quotidien stable, un foyer respirant la simplicité des petites choses routinières. Presque la définition du bonheur. Elle se remémora avoir eu ces instants-là d’amour et d’innocence sur Coruscant, avant l’ombre, avant que tout un tas de choses n’arrivent. Ces moments-là lui manquaient tant qu’elle sentait un gouffre permanent s’étendre dans son âme. Elle dut refouler ses larmes. Le métis lui manquait énormément. Elle reviendrait vite auprès de lui. Elle s’en persuadait à chaque mission diplomatique qu’elle passait loin de lui, sans savoir si le destin le lui permettrait. La voix d’Absalom fusa de nouveau, perçant ses pensées et elle salua le départ du brun avec politesse.

-Je suis heureuse pour vous. Vous formez un très beau couple, dit-elle avec une sincérité débordante.

Quant au reste, par où commencer ? Tant de choses étaient à rapporter. Ses lèvres rencontrèrent les saveurs légères du thé et elle mit de l’ordre dans ses souvenirs, ses appréhensions et ses espoirs.

-J’ai connu mes premiers tirs de blaster. J’en ai tiré et j’en ai reçu. Je…

Elle reposa le bol car ses mains s’étaient mise à trembler.

-Il n’y a rien de pire que d’être confrontée à ses propres faiblesses, sa propre impuissance, De ne pas pouvoir protéger ceux que l’on aime. A côté de ça, on peut se découvrir des forces dont on ne se doutait même pas. Ce fut le cas quand j’ai pratiqué ma première myectomie septale sur une petite fille, sans l’aide de mon professeur, en urgence. Elle va très bien aujourd’hui. Je suis actuellement sur Cadezia. Mon père s’inquiète et s’impatiente. Il aime peu ma nouvelle vie faite d’aventures, mon compagnon. J’essaie de percer le secret de Luka.

Elle avait décidé de baptiser l’étrange et inquiétant trafic « Le secret de Luka », car tout avait commencé avec ce jeune cadézien. Elle y avait déjà fait référence dans leur correspondance, par ce nom, afin d'éviter les Renseignements indiscrets.

-Mais je suis ravie d’être là aujourd’hui. Votre projet concernant la jeunesse est louable. Vous savez à quel point la vie des enfants et des adolescents me tient à cœur. Leur santé, leur épanouissement. Autant sur Cadezia qu’au cœur du Noyau ou au sein du Consortium. Cependant..

Un petit sourire complice fleurit sur ses lippes rosées.

-Vous connaissez ma sensibilité sur le sujet, sinon je n’aurais pas été mise dans la Confidence. Aussi, j’espère que Cadézia pourra vous aider en ce sens, et moi-même.







Absalom Thorn
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Un très beau couple ?

Absalom eut un sourire un peu mélancolique au compliment d’Évadné.

Les gens d’ici ne partageraient pas nécessairement votre point de vue, mais c’est gentil à vous.

Sur Hapès, l’homosexualité masculine n’avait pas bonne presse : elle ouvrait un espace dangereux pour une matriarchie aussi stricte, où des hommes pouvaient se satisfaire entre eux, sans chercher la compagnie des femmes. Il y avait là quelque chose comme une sédition en puissance. Quant aux autres hommes, ils voyaient cela comme un aveu de faiblesse, persuadés qu’en se privant de relations sexuelles avec les femmes, les homosexuels abdiquaient le seul pouvoir qu’il leur restait encore.

Je vous parlerais un jour d’Aryst. Son histoire est assez symptomatique de certains des aspects les plus… disons consternants de la société hapienne. Mais plus tard, c’est un vaste sujet. Dites moi tout.

Et Absalom accorda une attention entière à son invitée, qu’il fixait de son regard pénétrant et perspicace. Evadné était en train de devenir une femme. Il ne l’avait certes pas tout à fait connue dans son adolescence, mais la Cadézienne était à cet âge de la vie où quelques mois suffisent à former un tempérament et à transformer les perspectives sur le monde. C’était une période charnière, où l’instruction que l’on recevait permettait de donner du sens à ses expériences, mais où l’on ressentait toujours celle-ci avec la vivacité nerveuse de la jeunesse.

Votre père a une fille unique qui est son unique héritière : il s’adaptera bon gré mal gré à la vie que vous choisirez de mener. Du reste, un peu de rocambolesque n’a jamais fait de mal à une carrière politique, bien au contraire. Outre l’aspect formateur de la chose sur le plan personnel, c’est un inépuisable matériau pour les biographies officieusement officielle.

Dans les dictatures militaires, les putschistes poussaient ce principe à l’extrême, mais il était aussi applicable dans les démocraties.

Être exposée à la violence du monde est bien entendu une expérience terrible, dont je regrette que vous ayez eu à la faire, et soyez certaine que vous avez encore besoin d’assistance pour vous protéger, ou protéger ceux qui vous sont chers, ou bien encore trouver des coupables qui mériteraient de passer devant la justice, vous pouvez faire appel à moi. Je suis un diplomate, mais je ne suis pas qu’un diplomate.

Sur ce point, elle était bien forcée de le croire sur paroles, n’ayant jamais été elle-même témoin de ses ressources dans le feu de l’action.

Mais il est vrai que lorsque l’on se propose de réfléchir aux politiques publiques dans un monde de la Bordure, faire l’expérience directe de ces réalités si largement partagées donne une perspective utile. Trop de grands des mondes frontalières vivent à l’abri de la bonne société, sans jamais éprouver dans leur chair les inquiétudes qui sont quotidiennes pour une si large part de leurs administrés. Il y a une communauté de destin, entre les dirigeants et leurs peuples, qui se forge parfois dans la douleur. Malheureusement.

Une douce lumière bleutée vint éclairer le rebord de la table.

Ah, je crains que le retard que j’ai pris ne nous laisse guère le temps de discuter avant la conférence de presse et qu’il faut que nous nous mettions en route. Encore une fois, croyez-bien que j’en suis navré. Je ne vous demande que quelques secondes.

Et en effet, l’ancien Sith réapparut moins d’une minute plus tard dans une tenue entièrement différente : en bon maître du déguisement, il avait depuis longtemps développé cette aptitude — pas du tout spectaculaire mais fort utile au quotidien — de se changer à toute vitesse. Désormais vêtu d’une combinaison en une seule pièce, noire, avec un col en V et une ceinture en tissu d’un rouge sombre, qui aurait paru sans doute féminine en dehors du Consortium, mais qui correspondait à une certaine idée de l’élégance sur Hapès, où les principes de virilité vestimentaires ne pouvaient être les mêmes, il conduisit Evadné jusqu’au garage où les attendait Kela.

Le regard que la conductrice posa sur lui ne ressemblait en rien à celui d’une employée pour son employeur. Il était proche de la vénération mystique. Absalom ne parut pas s’en étonner. Quand Evadné et lui furent assis sur la banquette arrière et que le speeder eut rejoint le trafic, le Hapien expliqua :

Comme je vous l’ai rapidement expliqué dans mes lettres, les Compagnons du Savoir, l’association que je fonde, a pour principal objectif de désenclaver une partie de la jeunesse hapienne et d’en empêcher la radicalisation. Une partie est consacrée aux sensibles à la Force, qui sont souvent récupérés par les intégristes sith ou jedi, faute d’un véritable programme du Consortium pour gérer leurs particularités, mais l’association n’a pas vocation à se résumer à cela. C’est aussi un désenclavement culturel, d’où la nécessité de s’ouvrir sur des civilisations étrangères, par exemple Cadézia, ou bien un désenclavement social, en fournissant des formations professionnalisantes.

Et les intentions de Noctis étaient en grande partie pures et sincères, parce qu’il croyait fermement en la nécessité d’accompagner chacun dans la réalisation de son plein potentiel. La perspective de se constituer sa propre armée de fidèles sensibles à la Force était un à-côté il est vrai tout à fait séduisant.

Pour l’heure, je me contenterai d’agir au niveau de la capitale. Avec tout son goût pour le progrès technologique, le Consortium reste dans l’ensemble rétif à l’idée de l’innovation sociale et il faut que j’accoutume peu à peu la puissance publique à ce genre de choses. Mais je ne désespère pas de m’étendre petit à petit pour proposer des programmes plus ambitieux.

Le tout était de ne pas effaroucher celles qui trouvaient que les pauvres incultes n’étaient jamais plus sympathiques que lorsqu’ils restaient pauvres et incultes.

À mes yeux, vous pouvez incarner une double réalité, dans ce contexte. D’abord, la preuve qu’une identité hapienne, un héritage hapien, n’a pas nécessairement à se jouer dans le cadre contraint des scénarios de la culture du Consortium et que l’on peut être liée à Hapès et mener une vie plus ouverte sur le reste de la galaxie. Ensuite, de façon moins personnelle, en ouvrant la perspective de séjours de formation et de découverte sur Cadézia, peut-être, pourquoi pas, des échanges. La nature précise des programmes bilatéraux à mettre en place dépendra de la population que nous parvenons à toucher, mais enfin, pour l’heure, c’est le principe de leur existence qui compte.
Evadné Publius
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Un regard empreint d’admiration, de celui que portait les fanatiques sur une idole attractive et un silence déférent laissèrent une étrange impression à Evadné qui avait observé Kela. La toute blonde oubliait souvent la nature première de son « ami » hapien. Elle ne voyait en lui qu’une personnalité rassurante, un physique agréable, des paroles sages, jusqu’à s’aveugler sur ses anciennes allégeances. Trop souvent, elle occultait qu’il était un Sith, ou qu’il en fût un. Elle ne comprenait pas encore toutes les nuancés des côtés de la Force. A vrai dire, plus elle en découvrait sur cette dernière et plus l’énigme s’épaississait. Alors qu’elle s’installait dans le véhicule, elle se remémora l’échange qu’ils avaient eu sur Ilus IV en compagnie de Jung. La sensation écrasante de l’aura d’Absalom se rappela également à son souvenir et elle eut un frisson discret. Mieux valait ne pas y penser. Certaines choses méritaient d’être mises sous scellés, dans un coffre. En acier renforcé. Fermé à double-tour. Pourtant, elle ne pouvait ignorer ce que l’Obscurité faisait aux êtres sensibles à la Force. Elle ne pouvait fermer les yeux sur Ja’ar galvanisé par la corruption du Côté sombre. Elle ne pouvait pas. Mais il fallait penser au coffre dans son esprit, qui renfermait toutes ces contrariétés et ses peurs et qui la protégeait des réponses cruelles auxquelles elle ne souhaitait pas se confronter.

« -Une partie est consacrée aux Sensibles à la Force… »

Pense au coffre-fort dans ton esprit, Eva. Elle eut un sourire qui cacha mal son désenchantement. En soi, elle trouvait l’idée particulièrement bienvenue dans un contexte où la jeunesse senstivie faisait de facto face à un endoctrinement forcé de part et d’autre. Cependant, elle espérait que cette structure pensée par Absalom ne deviendrait pas un nouveau nid sectaire. Elle lui faisait confiance, évidemment. Elle en était à un stade de leur amitié où elle lui confierait sans hésiter ses biens les plus précieux, mais il y avait toujours un risque avec l’Enjeu que représentait la Force.

-Je ne suis pas sûre d’être d’une grande légitimité dans la réalité hapienne. Pour tout vous dire, je ne suis pas certaine que les gènes suffisent toujours dans ce genre de situation. Je trouve l’ambition des échanges fort louable et intéressante. Bon nombre de jeunes cadezalowas en sortiraient épanouis ou grandis. Ceux qui n’ont pas du la chance de naître dans les classes sociales intérieures, c’est-à-dire celles du noyau économique de Cadezia sont condamnés à être enrôlés dans des bandes crapuleuses ou dans les rangs des milices de l’ACE. Afin de contenir cette criminalité juvénile, le gouvernement cadézien a voté une loi il y trois ans. L’âge pour s’enrôler dans l’armée tombait à quinze ans, au lieu des dix neuf établis. Cela a permis de diriger la plupart des jeunes vers une carrière militaire dont ils ne comprennent même pas les enjeux et cela me révolte.

Une armée sous influence de l’ACE, des jeunes en manque d’éducation, marginalisés par les canevas sociaux de Cadezia, galvaudés par l’idée qu’ils se faisaient de la justice : un vrai cocktail d’instabilité pour le futur cadézien. Voilà pourquoi elle accompagnerait autant qu’elle le pourrait Absalom son projet pilote. Il avait une vision des choses assez pragmatique, mais qui sortait également des conventions établies. Cela plaisait à la jeune Publius qui n’émettait aucune réserve à ce que son nom soit associé à cette aventure.

Un vent de nostalgie souffla sur son âme, soudainement. Alors que le speeder approchait du lieu qui abriterait la conférence de presse. L’image de Luka s’imposa dans son esprit, éludant les paysages urbains qui défilaient lentement au fur et à mesure que Kela manœuvrait dans une circulation dense. Luka aurait pu bénéficier d’une telle institution plutôt que d’être sacrifiée pour une cause qui lui échappait totalement. Il aurait pu devenir autre chose que ce tas d’os et de chair écrasé par dix tonnes d’acier. Autre chose que mort. Elle voulait tellement empêcher que d’autres cadéziens connaissent ce funeste sort. Les motivations d’Evadné divergeaient totalement de celles de Noctis, et pourtant, telles des lignes constantes, elles finissaient par se croiser étrangement.

-Cadézia étant une planète placée sous bannière républicaine, les enfants sont testés à leur naissance. Je ne connais pas les pourcentages. Sans doute sont faibles, je ne me rappelle plus avoir vu de Jedis débarquer sur Cadézia pour emporter un enfant depuis quelques temps. J’ai milité auprès de mon père pour que cesse cette pratique qui bafouait les droits élémentaires des êtres conscients à disposer de leur libre-arbitre. Il ne m’a bien évidemment pas écouté.

Elle hésita, comme si elle s’apprêtait à dire une grosse bêtise. Et elle poursuivit en baissant légèrement le ton, alors qu’ils étaient seuls.

-Sur Coruscant, je connais un médecin qui fait de fausses prises de sang et de faux résultats. C’est à la demande des parents qui sont mis dans la confidence, en général chez les plus fortunés, et étrangement, peu dé parents demandent ces faux tests. Ils sont persuadés que ça n’arrivera jamais à leur enfant. Je pense qu’il serait possible, peut-être de faire la même chose sur Cadézia à long terme, pour renvoyer les cas positifs vers la partie qui leur est consacrée chez les Compagnons du Savoir.

L’arrêt final du véhicule la fit légèrement sursauter, comme si elle s’apprêtait à voir débarquer des soldats républicains pour la mettre au fer. Elle n’assumait pas complètement ses prises de positions. En fait, ils n’étaient que simplement arrivés à desitnation.




Absalom Thorn
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L’endoctrinement des enfants sensibles à la Force, dès la naissance, dans des couvents cloîtrés au monde, en tout cas pour les Initiés et les Novices, sans contact avec leur famille, est une situation incompréhensible dont la perpétuation au sein de la République, très franchement, m’a toujours dépassé. Vous connaissez ces mythes que l’on trouve dans bien des cultures où un village livre régulièrement ses enfants à un monstre pour apaiser sa colère ? Ça me fait à peu près le même effet.

La situation au sein de l’Empire n’était guère meilleure. Si les Sensibles à la Force y jouissaient de plus de libre-arbitre et d’un choix entre les centres de formation, l’enseignement que l’on y dispensait était, aux yeux de Noctis en tout cas, consternant de violence et d’étroitesse d’esprit.

Quelque chose me dit qu’une campagne politique au sein de la République, cela dit, pourrait y mettre un terme. C’est une coutume archaïque et l’opinion publique a tant été sensibilisé à la violence de la guerre que la perspective d’y envoyer ses enfants, en y envoyant des Padawans, devrait contrebalancer considérablement le prestige qui reste associé pour beaucoup de gens à une vie de Jedis. Nous sommes arrivés.

Le speeeder s’était engouffré dans une rampe qui l’amenait jusqu’au même parking où les airspeeders accédaient, eux, directement. Absalom préférait toujours voler au plus près du sol. Ils descendirent et, comme toujours, Kela resta près de son véhicule. Quelques secondes plus tard, Evadné et son guide avaient pénétré dans un turbolift qui desservait les cinquante étages de cette tour hapienne, laquelle s’élevait dans un quartier dominé par les cafés, les théâtres et les opéras, les maisons d’édition et les start-ups chargées de révolutionner l’Holonet.

Mais vous avez raison, la sensibilité à la Force est un épiphénomène et ce qui doit concentrer nos efforts, c’est bien la marginalité socio-économique. Sur Hapès comme en République d’ailleurs, on exalte les magnats des affaires et les capitaines d’industrie, mais en réalité, c’est toujours par le bas qu’une société s’enrichit et elle le fait quand les jeunes peuvent apprendre un métier. Pas enchaîner les emplois précaires, devenir la variable ajustable d’un marché du travail sans cesse plus flexible, puisque c’est pour cela qu’on invente des droïdes, mais un métier, quelque chose qu’on a dans les mains et la tête. Un véritable savoir-faire.

Les portes de l’ascenseur s’ouvrirent sur une vaste pièce circulaire à laquelle l’on accédait aussi depuis d’autres immeubles par des galeries tubulaires et transparentes. Dans ce quartier, les chemins suspendus qui reliaient les bâtiments formaient comme un rhizome immense où circulaient constamment des milliers de personnes.

Vous verrez que pour l’heure, nos locaux sont évidemment modestes, expliqua Absalom en se dirigeant vers l’une des arcades qui distribuaient les visiteurs dans les différentes parties de la tour et à côté desquelles de légères projections holographiques indiquaient les sociétés, les administrations ou les associations que l’on y trouverait.

Les gens qui visitaient l’endroit ne devaient pas être de grands amateurs de diplomatie ou de politique, parce qu’Absalom ne s’attira pour une fois aucun regard particulier. Un anonymat relatif qui au demeurant ne lui déplaisait pas. Dix minutes plus tard, ils étaient arrivés devant une grande porte transparente dont l’hologramme indiquait « Compagnons du Savoir ». De l’autre côté, une pièce assez vaste qui n’était sans rappeler une bibliothèque : des tables pour travailler, avec des consoles holonet, des fauteuils de toutes les formes, savamment dépareillés, des terminaux de lecture.

Sur un mur, on pouvait lire « Ateliers » et, au-delà de cette porte, on trouvait cinq ou six pièces dédiés aux travaux manuels. De l’autre côté, une salle de sport, trois salles de cours. Ce fut vers le fond que se dirigea Noctis néanmoins, là où se trouvaient les bureaux flambant neufs de l’administration, la salle de réunion et l’auditorium, consacré ce jour-là à la conférence de presse.

Quand Evadné et lui y pénétrèrent, elles étaient occupées déjà par une quarantaine de journalistes, venus pour l’essentiel parce qu’ils étaient intrigués du caractère inhabituellement modeste de cette initiative d’un grand d’Hapès, que son passif sith ne devait guère disposer aux programmes caritatifs. En compagnie de son ami, Absalom gagna le podium et tous les objectifs se braquèrent sur eux. Sur l’estrade se trouvait aussi trois jeunes gens, qui formaient pour l’heure l’équipe de l’association, de jeunes Hapiens splendides, comme tous leurs congénères, mais dont le look branché et décontracté tranchait avec ce qu’Evadné avait pu observer jusque là dans la haute société de la planète.

Mes chers amis, débuta Noctis quand le silence se fut fait, je vous remercie d’avoir accepté notre invitation. Si nous vous avons convié ici, c’est pour vous présenter cette initiative collective et nouvelle que nous avons baptisé les Compagnons du Savoir. C’est pour vous parler, surtout, de notre conviction profonde : que la société hapienne est riche de ressources encore insoupçonnées, riche en idées encore à germer pour que puissent s’épanouir son art et sa philosophie, son sens de l’innovation et sa curiosité scientifique.

Toujours flatter le patriotisme de l’assemblée.

Aujourd’hui, nombre de jeunes gens brillants, pour des raisons très diverses, peinent à trouver leur place dans l’éducation traditionnelle. Parce que leurs compétences et leurs attitudes, leurs intérêts et, il est vrai, leurs difficultés, les mettent en porte-à-faux d’institutions destinées à servir le plus grand nombre, mais parfois trop rigides et trop étroites pour celles et ceux qui se distinguent par quelque particularité. Sans chercher à nous substituer à ceux qui éduquent, et le font très bien, les jeunes personnes de notre ville, mais au contraire en accompagnant leur action de nos propres initiatives, nous avons décidé…

Il y eut un bruit sourd, et un frémissement général. Absalom s’interrompit, mais le calme était revenu et il reprit la parole.

… d’offrir un espace et des programmes à ces personnes, afin de les aider à s’épanouir et à trouver leur place dans notre société. La ville d’Hapès nous accorde sa confiance en contribuant à notre bud…

Cette fois-ci le bruit fut plus rapproché.

C’est une explosion, s’exclama un journaliste.
Absolument pas. La circulation, tout simplement.
Avec tous ces rebelles…
C’est sur l’Holonet, coupa quelqu’un, d’une voix presque au bord de la panique, un droïde de chantier est en train de s’attaquer aux étages inférieurs.

Cette fois-ci, tout le monde se sentit autorisé à pousser des cris en se ruant vers la sortie. Absalom se félicita d’avoir contracté une solide assurance. La seconde suivante, la tour commença à tanguer dangereusement. Il fit volte-face et tendit les mains vers le mur du fond. Une puissante déflagration d’énergie télékinétique fissura le mur et une seconde l’envoya voler en mille morceaux. C’était une seconde issue qui donnait sur les couloirs techniques de la tour et qui permettrait d’évacuer plus rapidement.

Absalom tendit la main à Evadné, en glissant de l’autre son comlink dans son oreille.

Kela ?
Je me suis dégagée, l’informa la pilote, sans s’embarrasser de politesse.
Rejoins-nous à notre étage, façade sud-sud est, cale toi sur le signal de mon comlink.
J’emprunte un airspeeder et j’arrive.

Mais déjà la tour commençait à se renverser, à mesure que les structures des étages inférieurs cédaient les unes après les autres.
Evadné Publius
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Evadné prit le soin d’admirer l’architecture des lieux et leur agitation banale. Le discours d’Absalom en fond lui permettait de mieux appréhender l’ambition qu’il souhaitait concrétiser. Elle se trouva presque en décalage quand elle rencontra les collaborateurs décontractés du Sith. Très élégante dans sa robe de haute-couture, elle avait l’impression d’avoir loupé une partie du dresscode de l’après-midi. Esquissant un sourire embarrassé vers les hapiens, elle talonna son hôte pour oublier cette légère gêne.


Elle se tint légèrement en retrait sur l’estrade et observa le parterre de journaliste aux visages fermés ou amusés par l’OVNI qu’était les Compagnons du Savoir dans l’industrie d’Hapès. La curiosité semblait les avoir réunis en ce jour et Publius ne put retenir un léger frisson à l’idée de les comparer à des vautours guettant la moindre opportunité de se repaître de chair morte. Quoiqu’elle en fît sans doute un peu trop, mais…elle n’avait jamais eu la presse en grande estime pour des raisons légitimes et d’autres moins légitimes. Les projecteurs braqués sur le podium la dérangèrent à peine. Sa concentration finit par tourner exclusivement autour du discours de Noctis, dont elle nota les subtilités.


La subtile secousse, qui précéda les autres, ne l’inquiéta pas davantage. Elle était sur Hapès, certes reconnue pour son instabilité politique, mais ils étaient loin du palais royal et ne traitait pas d’affaires exclusives à la famille régnante. Elle n’aurait jamais pensé qu’un attentat pourrait les cibler ici. Aussi, elle garda bonne figure et reprit le fil de la conférence avec sérieux.



Elle ne comprit pas très bien quand les choses commencèrent à déraper. Quand est-ce qu’ils passèrent du calme au chaos le plus complet. Mais son visage avait pâli, d’un coup, faisait ressortir le bleu de ses yeux troublés d’incompréhension. Face à elle, les journalistes se dispersaient comme un troupeau de banthas paniqués. Des cris perçaient sans couvrir le vacarme fracassant d’un bâtiment que l’on détruisait. Et ce bâtiment, pensa-t-elle – figée d’horreur, c’était le leur. Elle n’eût pas le temps de poursuivre dans l’évidence. Le sol lui parut tanguer soudainement et elle fit son possible pour ne pas perdre l’équilibre, se retenant à un pupitre proche. Elle se mit à chercher une issue lorsqu’Absalom en produisit une de manière…spectaculaire. Elle en resta coite, les lèvres entrouvertes de surprise avant de remarquer la main tendue. Elle y glissa la sienne et s’y agrippa fermement, parce que – tout de même, elle avait peur.


-J’emprunte un airspeeder et j’arrive.

A qui parlait-il ?

-Ce..ce n’est rien,
souffla-t-elle davantage pour elle-même ; les secours et les forces de sécurité doivent déjà être sur les lieux.

Une puissante secousse qui fit s’effondrer la moitié des murs lui répondit que non. Qu’il serait de toute façon trop tard. Un nuage de poussière pulvérisa la salle et elle en fut recouverte. Petits à petits, les cris s’étaient taris. Ceux qui avaient la chance de fuir, on ne les entendit plus. Ceux qui n’avaient pas atteint l’issue de secours à temps ne faisaient pas plus de bruit. Elle n’eût guère le temps de s’inquiéter de leur sort, déjà le vide souhaitait l’aspirer alors que le sol se dérobait sous ses pieds. Elle se sentit finalement tirée ou portée in extremis. Dans la confusion, son cerveau ne put faire l’appoint de la précision et de toute façon, le noir se fit dans son esprit. Tout s’était tu, les cris, le fracas des explosions, la folie ambiante.

Absalom Thorn
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Kela avait collé le speeder tout contre la tour dont les étages inférieurs cédaient les uns après les autres et qui menaçait à tout instant de s’effondrer sur l’immeuble voisin. Le droïde de chantier devenu fou continuait son impitoyable travail de sape. Sa silhouette effrayante, près de douze mètres de métal tout en mécanique, scintillait sous la clarté perpétuelle des soleils du Consortium. Noctis bondit dans le speeder, entraînant Evadné à sa suite.


L’appareil jaillit de sous la tour alors qu’elle se renversait.


Amène-moi près du droïde.
Euh… vous êtes sûr, maître ?


Dans l’holorétro du speeder la jeune femme croisa le regard du Seigneur, qui lui fit passer l’envie de tout contestation. D’autres droïdes titanesques, déviés des chantiers voisins, mais cette fois-ci par leurs propriétaires légitimes, avaient traversé les rues à grands pas pour soutenir in extremis la structure chancelante de l’immense centre commercial et l’empêcher d’éventrer les bâtiments voisins.

Alors que Kela, douée de réflexes de toute évidence surhumains, slalomait entre les véhicules des clients qui évacuaient dans le plus grand des désordres, d’autres speeders frappèrent des insignes officiels du Consortium se précipitaient vers le lieu du désastre pour évacuer tous les clients qui n’avaient pas pu s’enfuir. Il n’y avait guère qu’Absalom pour se diriger vers la cause du cataclysme.


Le droïde terroriste était désormais empêtré dans les amas colossaux de gravats et de métal tordu qui avaient constitué jadis les étages inférieurs.


Plus près.


C’était une occasion unique à ne pas laisser passer. Absalom n’avait rien d’un acrobate et dès que le robot géant se serait dégagé des débris et aurait regagné en mobilité, l’Hapien ne donnait pas cher de son plan déjà téméraire. Kela avait compris sa pensée et l’airspeeder vient se coller contre la machine. Absalom, son sabre à la main, enjamba la portière pour atterrir sur le crâne du robot. Le métal était brûlant à cause du soleil et le Jedi Noir glissa de quelques dizaines de centimètres avant de se rattraper de justesse à une excroissance acérée qui manqua de lui scier les bras.


L’homme fit abstraction de la douleur et se laissa aller jusqu’au cou du droïde de chantier, avant d’activer sa lame. Le faisceau rouge disparut presque aussitôt pour s’enfoncer profondément dans la nuque artificielle. Absalom passa son bras libre dans les câblages pour ne pas être rejeté à terre, tandis que l’engin ébrouait des tonnes de permabéton et entreprenait enfin de se redresser lentement.


Absalom espérait surtout le ralentir, le temps que les secours intervinssent. C’était dans la tête, songeait-il sans vraiment y connaître grand-chose, qu’il avait le plus de chance d’atteindre des systèmes vitaux. Plongé dans la Force, il se reposait sur une légère prescience pour anticiper les mouvements les plus brusques et maintenir son équilibre, alors qu’il sectionnait consciencieusement circuits et câblages.


Kela avait pris de la distance. Elle naviguait avec une adresse surprenante tout autour du robot, comme une mouche qui agacerait un mastodonte, mais l’appareil ne lui prêtait pas la moindre attention. Au bout d’une minute, Absalom avait suffisamment éventré la nuque de la machine pour pouvoir disparaître à l’intérieur. Des bruits de réacteur se firent entendre. Kela fit faire une brusque embardée à l’airspeeder afin de se coller contre une façade alors que deux chasseurs de l’armée de l’air hapienne remontaient à toute allure le boulevard.


Au lieu de les attaquer de l’un de ses quatre bras qui servaient ordinairement au terrassement des immeubles, la machine resta immobile, comme tétanisée. À l’intérieur de son crâne de métal, Absalom tranchait au petit bonheur la chance. Incapable de reconnaître les composants essentiels, il détruisait tout ce qui lui tombait sous le sabre, en se disant que la quantité finirait bien par compenser la précision et, en effet, il avait fini sans le savoir par anéantir le centre de télécommunications du droïde qui, ne recevant plus d’ordre désormais, demeurait immobile.


Une torpille jaillit de l’un des chasseurs pour frapper le robot de plein fouet. Il y eut une explosion dont les deux chasseurs continrent habilement le souffle en se rapprochant pour lui opposer leurs boucliers déflecteurs, afin d’en préserver la population. Et puis le droïde se mit à tanguer. Avant de s’effondrer lourdement dans le boulevard, au milieu d’un impressionnant nuage de poussière.


Kela, les yeux mi-clos, ne respirait plus. Après quelques secondes, elle souffla :


Il est vivant.


Elle en avait douté un instant.
C’était un blasphème.
Elle se le reprocha aussitôt, en espérant que Noctis ne l’apprendrait jamais.


Le speeder plongea en piquée pour rejoindre la carcasse encore fumante de la machine, en même temps que les deux chasseurs et des véhicules de la police se posaient. Au-dessus d’eux, les droïdes de chantier achevaient de déposer tant bien que mal la partie supérieure de la tour commerciale, sectionnée, dans l’avenue perpendiculaire. L’attaque avait probablement fait des morts, mais sans leur intervention salutaire, elle eût été plus terrible encore.


Vous, là ! Dégagez de là, s’exclama un policier en faisant à Kela et Evadné un signe que la première d’entre elles choisit d’ignorer royalement, en escaladant le robot, Dégagez de là ou je tire !

Cette fois-ci, la pilote se figea. Une colère froide se lisait dans son regard mais les instructions de Noctis, sur Hapès, étaient très claires : on évitait de faire des vagues.


En parlant de Noctis, voilà qu’une silhouette émergeait en toussant de la nuque du géant métallique. Tous les blasters se braquèrent donc sur un Hapien aux mains ensanglantées, aux vêtements déchirés et couvert d’huile de moteur.


Je me fais trop vieux pour ce genre de choses, maugréa Absalom d’une voix rauque.
Au premier geste brusque, on tire !
Ne vous inquiétez, j’ai trop de bleus pour me risquer à des gestes brusques. Evadné, vous ne voudriez pas expliquer à ces messieurs que je suis innocent dans toute cette histoire ?
Evadné Publius
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Les yeux d’Evadné étaient écarquillés si grand, que leur azur se déversaient sur la scène dantesque comme une mer furieuse. Soucée dans l’airspeeder que commandait Kela, elle alternait entre des phases d’inquiétude et d’horreur. Les décombrants fumantes, les hurlements stridents des arlames, des cris, des moteurs de speeders. Cette cacaphonie ne faisait que mettre en valeur le silence des mots. Combien étaient-ils sous ces décombres ? Elle n’osait pas la tentative du dénombrement morbide et pourtant, elle dont les connaissances anatomiques étaient complètes, imaginait déjà les os broyés, les articulations retournés, les crânes brisés et un sentiment d’impuissance écrasa son cœur. Mais l’intervention héroïque d’Absalom Thorn avait mis fin au dégoût et plus pâle que jamais, elle s’était pressée vers la vitre.

Elle avait souhaité le retenir, lui dire de ne pas tenter une action aussi dangereuse, qu’il fallait préserver un maximum de vies possibles dont celle de l’hapien. Mais en voyant le laser fendre les airs, elle comprit que toutes ces paroles auraient été vaines. Le rouge incandescent lui rappela que derrière cette blondeur, cette beauté irréelle, cette prévenance, dormait un ancien sith. Peut-être un sith tout court. En tout cas, un être prédisposé à la Force. Elle ne put que plaquer ses mains tremblantes contre la vitre jusqu’au moment où tout s’arrêta.

Les forces de l’ordre firent la rencontre d’une jeune fille à la fébrilité pathétique, qui n’obéit pas davantage que Kela. Ss réflexes de médecins venaient de prendre les commandes. Si Absalom était encore en vie, quelque part dans cette carcasse fumante, elle devait lui apporter les premiers soins. Elle fut dans le sillage de la pilote en quelques secondes.

-Attendez, il est blessé ! s’exclama Evadné d’une voix qu’elle aurait aimé plus autoritaire et ferme, mais qui ne fu qu’une supplique incertaine. Et…il a raison ! Il a combattu ce robot ! Je suis Evadné Publius je..

Ne pas penser aux os broyés, ni aux crânes brisés sous les décombres. Ni à la détresse des derniers instants de celles et ceux qui s’étaient retrouvés pris au piège de cet acier et de la folie d’un seul droïde.

-Je suis diplomate républicaine. Et médecin. Il y a encore des gens à secourir, j’en suis persuadée. Le docteur Thorn cherchait simplement à éviter plus de morts ! Il a combattu cette machine !
-Eh bien, vous nous direz tout ça au poste, s’imposa une femme à la carrure militaire et au regard d’un vert perçant. Visiblement, c’était elle qui commandait à cette unité de sécurité et elle avait décidé de ne pas hâter son jugement dans la précipitation des évènements. Conduisez-les sous bonne garde.
-Et ses soins ?!
-Nous vous autorisons à les lui prodiguer en route. Exécution !

Une partie des blasters se détourna vers Kela et Publius afin d’accentuer la pression.
Le trio fut escorté dans un landspeeder des autorités, assez spacieux pour les contenir confortablement tous trois. Sous les ordres aboyés, le brouaha général, la confusion, et alors que le véhicule s’ébranlait, la toute blonde s’adressa à leur sauveur.

-Je vais regarder, même si c’est superficiel.

Elle aurait aimé le sermonner, mais ce serait indigne d’elle. Il avait pris tant de risques, pour lui et pour les autres. Il avait sans doute évité d’autres corps fracassés. Elle ne pouvait que lui être reconnaissante. Et s’il se laissait faire, elle l’ausculta du mieux qu’elle put, malgré les légers cahots du trajet. Son minois aussi pâle qu’un linceul se fronçait de concentration et de sérieux alors qu’elle analysait les blessures. Des brûlures, heureusement superficielles, des hématomes, des garnitures. Peut-être une articulation luxée ou entorsée ? Elle n’aurait sû le dire, sans examen approfondi et le landspeeder venait de marquer un arrêt sec. Signe qu’ils étaient arrivés à destination.

Le poste militaire était sécurisé et il était difficilement concevable qu’un édifice aussi imposant et sombre puisse avoir fleuri au cœur de l’immense cité hapienne. Evadné leva ses yeux vers les tourelles défensives, les droïdes de combat, les soldats. Tout ce faste de puissance n’avait pas pu empêcher le pire de se produire à des kilomètres de là. Le chien d’un fusil blaster heurta son omoplate pour lui signifier d’avancer plus vite au lieu de rêvasser.

Et ils se retrouvèrent tous les trois dans la même salle, après avoir été guidés dans le les entrailles de la caserne. L’esprit d’Evadné flottait, comme elle avait l’impression que ces dernières minutes avaient été irréelles. Qu’en franchissant cette porte vers laquelle ils allaient, elle se retrouverait à nouveau dans la salle de conférence avec tous ces gens envie. Mais, les portes s’ouvrirent dans un bruit feutré sur ce qui s’apparentait à une cellule ou une salle d’interrogatoire, ou peut-être un bureau. Des murs blancs, flanqués d’holographies propagandistes hapiennes mettant en exergue des femmes supérieures. Tout était propre, ordonné et il n’y avait aucune fenêtre. On les « invita chaleureusement » à s’installer sur des sièges en plastacier, face à une table où trônait un terminal holographique.

La femme qui les avait convoqués ici apparut dans l’instant. Elle portait bien son uniforme militaire, galonné aux épaules. Ses cheveux sombres étaient tirés dans un chignon strict d’où n’échappait aucune mèche. L’ombre d’une ride assombrissait le coin de ses yeux, et Evadné devinait qu’elle entamait déjà un âge mûr bien que les artifices d’Hapès jetaient le flou. Un aide de camp, ou ce qui s’y assimilait, l’accompagnait, la posture aussi raide que soumise. Il s’installa devant le terminal holographique, prêt à officier tandis que la voix de la dame claquait dans l’air.

-Je suis l’officier Mandana Ravi. Nous allons d’abord vérifier vos identités.

Une ouverture de bal en bonne et dû forme. Mandana Ravi semblait être une procédurière dans l’âme.

-Evadné Publius, déclama sans émotion le soldat qui lisait le moniteur devant eux. Visa diplomatique républicain. Vingt-trois ans, interne en médecin sur Coruscant.
-Mh, mh. Et comment une républicaine avec autant de laissez-passer se retrouve-t-elle mêlée à un acte terroriste sur Hapès ?

Elle ne savait pas si la question lui était directement dédiée, mais piquée au cœur, elle se sentit le besoin de justifier :

-J’ai été invitée par le Docteur Absalom Thorn ici présent. Pour inaugurer un projet pédagogique. Nous ne sommes pas des terroristes. Au contraire, il a sauvé des innocents. Peuton avoir de quoi soigner ses blessures ?
-Absalom Thorn….Débuta l’aide, prêt à indiquer à sa supérieure les informations sur le hapien.

Absalom Thorn
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Je vous rassure, Evadné, expliqua Absalom en tendant à la jeune femme ses mains ensanglantées, tandis que le speeder policier les emportait loin de la scène du drame, que les terroristes locaux ont ordinairement des méthodes moins cinématographiques.


Il avait face à sa propre douleur le calme typique des Siths. C’était une nourriture pour le Côté Obscur et, loin de chercher à s’en détourner, l’Hapien concentrait son attention sur ses chairs ouvertes, meurtries, brûlées, sur toutes ces preuves que son corps était et fragile, et mortelle, et qu’il avait besoin de la Force, de tous les pouvoirs de la Force, pour en assurer la survie pendant de longues années.


Kela avait été embarquée dans un second speeder qui talonnait le leur alors qu’ils s’élevaient entre les gratte-ciels élégants de la capitale hapienne. Dans son esprit, la pilote entendit résonner la voix de son maître.


:: Pas de gestes inconsidérés. Attends mes ordres. ::
:: Vous allez bien, Seigneur ?::


Pas de réponse.


Avait-elle échoué à concentrer assez ses pensées pour les rendre sensibles au Sith ? Ou bien ne la jugeait-il tout simplement pas digne d’être rassurée ? Elle se repassait encore et encore le déroulé des événements, à la recherche de ce qu’elle aurait pu faire de plus, de mieux, pour trouver grâce aux yeux de son maître vénéré.


J’aurais été plus efficace si je n’avais été si incompétent en matière de robotique.


Absalom lui-même considérait que son intervention relevait de l’échec. Il avait conservé de ses années de Jedi l’habitude de porter un regard critique sur ses actions. L’orgueil démesuré des Siths lui avait toujours paru l’écueil le plus dangereux de sa nouvelle vie. Il voulait être lucide et examiner avec un soin maniaque ses échecs, pour approcher la fois suivante un peu plus près de l’excellence.


Mais ne vous inquiétez pas, conclut-il alors que le speeder abordait une passerelle du commissariat central, j’ai connu pire.


Quelques minutes plus tard, ils étaient soumis à l’inquisition de la commissaire.


Inutile, fit-elle sèchement quand son adjoint se proposa de décliner l’identité de l’Hapien, Je suis familière de la réputation de M. Thorn.


Si elle en était impressionnée, en tout cas, elle n’en montra rien. Que le suspect appartînt à une famille en vue ne la disposait pas non plus en sa faveur. Au contraire. Sur Hapès, c’était les grands qui tiraient les ficelles de la violence et de la terreur, pour s’en servir dans leurs machinations compliquées. La commissaire s’inquiétait moins d’hypothétiques rencontres dans les bars suspects des bas-fonds que de ce qui se murmurait dans la douceur feutrée des salons.


Commissaire, soyons sérieux quelques instants. Vous disposerez bientôt, si ce n’est pas déjà le cas, des enregistrements de sécurité, qui m’innocenteront. Vous le savez. Je le sais. Il n’y a guère que votre aide de camp qui l’ignore.
Avouez qu’il faut une coïncidence difficile à concevoir pour que de tous les endroits que le droïde choisisse d’attaquer, il faut que ce soit celui où se trouve notre Seigneur Sith local.
Si vous me demandez si j’étais la cible de l’attaque, très honnêtement, j’en doute. Les gens qui cherchent à m’éliminer sont adeptes de méthodes plus rapprochées, et par conséquent plus certaines.
Je n’exclus pas que vous cherchiez à mettre en scène votre propre héroïsme.
Dans ce cas, j’aurais eu le bon sens de m’assurer un public qui ne fût pas composé seulement de deux personnes déjà acquises à ma cause.
Parfois, c’est la comédie la plus maladroite qui est la plus convaincante.


(Les discussions entre notables hapiens étaient des exercices pour esprits tordus.)


Et qu’aurais-je eu à y gagner ? Je ne suis pas un aristocrate, et je ne suis pas une femme. Mes ambitions politiques sont nécessairement limitées. Mes parents sont au sommet de leurs professions respectives : ma famille n’a plus rien à gagner. Je puis vous assurer que ma situation me laisse parfaitement satisfait.


Les yeux de Ravi se plissèrent légèrement. Habituée à démêler l’inextricable écheveau des grands et des petits complots de la capitale, elle essayait de peser les vérités et les faux-semblants dans le discours du Jedi Noir.


Et vous fréquentez beaucoup de Républicaines ?
Evadné est l’une de mes amies la plus proche et la cheville ouvrière des échanges entre Cadézia et Hapès, dont nos deux mondes ont su profiter. Au demeurant…


Absalom retira nonchalamment une épine de métal encore coincée dans une plaie superficielle de son épaule, pour la poser sur le bureau de la commissaire.


… la réputation des Siths étant ce qu’elle est en République, il eût été particulièrement idiot de me lancer dans le terrorisme avec une témoin pareille. Maintenant, si nous pouvions nous parler franchement…


Il y eut un silence. Le Jedi Noir et la commissaire se regardèrent un moment sans rien dire, puis d’un seul mouvement, leur attention se reporta sur le policier affecté à la console holographique.


Laissez-nous.


L’homme eut une expression incertaine, rapidement balayée par sa supérieure. Il désactive la console et ses dispositifs d’enregistrement, avant de s’éclipser.


Bien. Je doute que vous me pensiez sincèrement responsable de ces attaques. Quand bien même auriez-vous la plus piètre opinion de ma moralité, vous ne sauriez croire que des méthodes aussi brutales eussent ma préférence. Je crois en revanche que vous avez été prise par surprise par les événements, qu’il vous paraît improbable qu’un droïde de chantier, en plein centre-ville, dans des circonstances ordinairement si contrôlées, n’ait été piraté sans la complicité de quelqu’un au sein des forces de l’ordre.


La police, comme toutes les parties de la société hapienne, avaient ses factions et ses luttes intestines.


Vous avez besoin d’un regard extérieur. De quelqu’un de suffisamment marginal pour ne pas avoir d’intérêt particulier dans l’affaire. Les mercenaires sont chers, de nos jours, et difficile à payer sans attirer l’attention des services financiers.


Un sourire léger se dessina sur les lèvres de la commissaire.


Et dois-je en comprendre que vous offrez votre aide fort charitablement, demanda-t-elle avec une pointe de sarcasme ?
J’avais beau de ne pas être la cible de cette attaque, moi et les miens en avaient été les victimes.
Vous souhaitez vous venger.
Simplement m’assurer que ça ne se reproduira plus.
Bien sûr…


Elle était à moitié convaincue.


Son regard se reporta sur Evadné.


Pour naviguer dans certains endroits de la société hapienne, vous aurez besoin d’une femme à vos côtés. Une femme qui puisse se fondre dans le paysage…
Evadné Publius
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L’interrogatoire et sa tournure l’avaient mise très mal à l’aise. Evadné s’était efforcé d’éviter le regard de Ravi, non pas par culpabilité, mais parce qu’elle avait peur d’attirer son dévolu et de ne pouvoir y répondre avec autant d’aplomb qu’Absalom. Alors elle se contentait d’écouter l’échange. Elle aurait souhaité intervenir afin d’appuyer les dires de son ami et de pouvoir lui apporter du soutien. Encore une fois, appréhendant de faire pire que mieux, elle s’abstint et serra discrètement ses poings contre ses cuisses, impuissante.

Et quand elle sentit la paire d’yeux claire de la commissaire se figer sur elle, Eva osa relever ses prunelles. Et la conclusion de Ravi lui tira une légère crainte.



L’air hapien les frappa avec indifférence au moment où ils furent délivrés du centre de sécurité, avec la promesse tacite de faire la lumière sur cette affaire. La jeune politicienne n’avait jamais eu l’intention de participer à des investigations, mais après un bref regard vers le profil du hapien, elle révisa ses ambitions. Si cela permettait à Absalom d’être innocenté définitivement concernant ce malheureux incident, elle pourrait faire l’effort. Ici, sur Hapès, loin de la République et de Cadézia, son père ne le saurait jamais. Il n’aurait pas supporté cette nouvelle « mise en danger ».

-Bien. Figurez-vous que…j’ai des contacts sur Hapès, également, souffla Publius avec un sourire conciliant. Qui pourront sans doute, nous donner des pistes. Si…vous le voulez bien, évidemment, je ne souhaite pas vous…commander ou vous forcer la main. J’espère juste me rendre utile pour un ami.

Elle avait prononcé le mot « ami » avec une sincérité candide. Kehla s’était absentée et avait usé de ses ressources pour leur trouver un nouveau moyen de transport. Dans l’attente et afin d’éviter un silence trop moribond, Evadné s’éclaircit la gorge.

-Vous savez, ce que vous avez fait était très courageux et juste. Vous avez mis votre vie en danger pour éviter que d’autres ne succombent à ce tragique acte déloyal et cruel. Je ne peux pas croire que vous êtes le boucher que l’on décrit dans les couloirs du Sénat. Vous avez ma confiance, vraiment. Et je vous remercie de nous avoir permis de nous en sortir vivants.

La main d’Evadné se déposa chaleureusement contre le bras d’Absalom pour lui prouver que sa gratitude était sincère. Elle détourna son attention sur le landspeeder noir qui s’arrêtait devant eux. Avec son professionnalisme à toute épreuve, l’employée du hapien descendit du véhicule et leur ouvrit la porte. Elle avait remis son masque d’assurance. Eva la remercia d’un regard et s’engouffra dans le speeder. Sitôt que la portière claqua derrière le blond, elle lui fit face et reprit sérieusement :

-Ma grand-mère travaille à l’Etat-Major hapien. Elle est…en quelque sorte un héro de guerre, comme sa mère avant elle et vous savez…cela peut remonter loin. Désormais, vu son âge, je pense qu’elle s’occupe de la paperasse mais elle peut avoir le bras long dans la sécurité intérieure. Enfin, je pense. Je le déduis.

Elle marqua une courte pause, parce qu’elle était de moins en moins à l’aise avec l’idée de rencontrer sa grand-mère. Elle secoua la tête pour chasser son appréhension.

-Je ne l’ai pas vue depuis la disparition de ma mère. L’ambiance risque d’être un peu froide et elle est hapienne, je suis navrée encore si…elle vous traite d’une façon qui pourra paraître un injuste mais les hommes n’ont pas droit à la parole chez elle.

Kehla avait mis en route le landspeeder, les réacteurs ronronnaient gravement et la voix de Publius couvrait le bruit.

-C’est pour cela que mon père la déteste. Nous essaierons de faire vite. Elle habite en périphérie de la ville, dans une zone sécurisée. Je vais vous donner l’adresse.









La demeure des T’Sarran était aussi vaste que celle des Thorn, à la différence que son périmètre était militarisé. Ils furent arrêtés à un poste de contrôle qui délimitait l’entrée du domaine. Au loin, les buildings et le ballet des speeders de la capitaine hapienne ressemblaient à une peinture figée. Ici, l’atmosphère était pesante et lugubre, malgré le soleil rayonnant. Un soldat se présenta à la porte arrière et Evadné baissa la vitre.

-Bonjour, salua-t-elle poliment, en hapien. Elle tentait d’avoir le plus d’assurance possible afin de prendre l’ascendance sur l’homme qui se présentait devant elle. Un homme habitué à obéir aux femmes.
-Madame, répliqua-t-il avec déférence. Cette zone est interdite aux visiteurs.
-Mais je ne suis pas un visiteur. Je suis Evadné Publius, la petite fille du commandant T’Sarran. Vous pourriez m’annoncer à elle.

Il parut hésiter et après réflexion, exigea une preuve d’identité. Evadné lui tendit son passeport holographique qu’il vérifia avec sévérité.

-Et qui vous accompagne ?
-Cela fait beaucoup de questions, sourit-elle.

Elle ne pouvait décemment pas annoncer Absalom Thorn, ce serait leur coller l’étiquette de fouineur sur le front. Le silence devenait pesant. Le soldat hapien s’impatientait et elle fit de son mieux pour élever la voix.

-C’est l’un de mes reproducteurs favoris. Je…lui donne cette chance de pouvoir me tenir compagnie. Pouvez-vous m’annoncer maintenant.

Il se pencha, jeta un coup d’œil vers le blond puis se redressa au garde à vous.

-Bien sûr, Madame. Cependant, Le commandant est absente. Mais je vais vous annoncer à son époux.
-Parfait. Nous attendons.

Elle releva la vitre et se détourna vivement vers Absalom, l’air désolée.

-Je suis navrée pour l’excuse, j’espère que vous ne le prenez pas mal. C’est ignoble de dire des choses comme ça. Mais je pense que c’est le mieux pour notre tranquillité. (Elle eut une petite moue) Pardonnez-moi.

Quelques minutes plus tard, les vérins du portail se déverrouillèrent et on fit signe à Kehla de poursuivre la route. Le speeder remonta une allée sobre au milieu d’un terrain stérile. Publius s’efforça de ne pas trop s’attarder sur le paysage sans intérêt. La vieille T’Sarran n’était pas portée sur le romantisme ou les plaisirs de la nature. Dans son parc sans fleurs, sans arbres, sans buissons, des vaisseaux légers et des chasseurs militaires étaient plantés, comme des plantes de mort. Ils rutilaient sous le soleil et faisaient la fierté de cette famille à l’héritage martial pesant. Enfin, la demeure se présenta, tout en longueur, avec des fenêtres étroites. Son architecture reprenait les codes austères et fonctionnels de la foreteresse. Deux soldats indiquèrent à Kehla où se stationner et ils se dépêchèrent ensuite d’ouvrir la portière.

-Madame. Le Capitaine Caliban vous attend.

Elle prit une grande inspiration et se dirigea vers l’entrée principale. Dans le hall qui succédait aux portes imposantes se tenait un homme âgé, à la tignasse blanches et aux rides timorées, mais son corps demeurait tendu par les muscles et l’exercice martial qu’il continuait de s’infliger pour garder la forme. Caliban avait soixante-cinq ans et en paraissait quinze de moins, grâce à la technologie hapienne et à son excellente qualité de vie, basée sur l’équilibre et le sport. Ses yeux bleutés accueillirent les arrivants avec tendresse pour l’une, curiosité pour l’autre. Il tendit les bras et Evadné alla s’y réfugier, trop heureuse de tomber sur son grand-père et non sur sa dragonne d’épouse. Elle pressa sa joue contre l’uniforme militaire.

-Evadné, c’est une surprise, constata-t-il en la détachant de lui pour l’admirer de la tête aux pieds. Toutes ces années et tu ressembles à ta mère.
-Grand-père, je suis heureuse de vous voir. Vous m’avez manqué.
-Ne dis rien au commandant T’Sarran, mais tu m’as manqué également. J’aurais aimé te voir plus souvent, mais comme tu le sais ce n’est pas moi qui décide ici. Je n’ai été que le reproducteur puis, l’époux.
-Ce n’est rien, je comprends.

Caliban avait toujours eu la fibre paternelle et familiale contrairement à son épouse. Il n’avait jamais manqué d’envoyer un message à chaque anniversaire d’Evadné. Après ces courtes retrouvailles, elle désigna Absalom d’un geste poli de la main.

-Je te présente…

Elle hésita, se contraignit à garder son sourire.

-Marius. C’est..un de mes hommes quand je viens sur Hapès, ce qui est très rare. Je…ne suis pas autant sur Hapès que je le voudrais.

La situation était très érange, elle n’avait pas revu Caliban depuis tant d’années et ils se parlaient comme s’ils s’étaient quittés hier alors qu’il y avait du temps à rattraper. Et ce temps continuait à lui filer entre les doigts.

-Je comprends. Une jeune femme aussi resplendissante et forte que toi,. Mais je pensais que…tu serais acquise définitivement à la culture cadézienne, loin des harems et des hapiens, fit-il avant de faire face à Thorn. Marius, c’est un plaisir. J’espère que vous aurez la chance de pouvoir accéder à davantage aux côtés d’Evadné, à l’avenir. Votre visage me dit quelque chose..
-Grand-mère est absente ? demanda soudainement Eva.
-Oui, pour quelques temps. Elle aurait été ravie de te voir. Que tu puisses nous parler de ta vie, de la République.
-Je ne suis pas venue pour ça, Grand-père, dit-elle très honnêtement et avec regret.

Elle n’était pas venue pour passer un moment en famille ou profiter de retrouvailles trop longtemps repoussées. Face au sérieux que dégageaient désormais ses deux hôtes, l’expression de Caliban se refroidit.

-Bien, nous parlerons donc au dîner. Il sera prêt d’ici une heure. Je te laisse te…refaamiliariser avec les lieux.


Et il les laissa, le regard un peu amer. Evadné se dirigea vers des sculptures de métal représentant ses aïeules. Elle s’arrêta devant celle de Da’Xia, sa grand-mère. Et attendit qu’Absalom soit proche d’elle pour lui confier dans un murmure.

-Par où devrons-nous commencer ? Mon grand-père pourrait nous ouvrir moins de portes, mais des portes quand même. Il travaille étroitement avec ma grand-mère. Quelle question devrais-je lui poser ?




Absalom Thorn
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Ah, mais commandez, commandez, je vous en prie, dit Absalom en s’installant dans leur nouveau speeder. Je ne suis pas plus enquêteur que vous et en la matière, je n’ai franchement guère l’avantage que de l’expérience, ce qui n’est parfois pas grand-chose dans des situations aussi exceptionnelles.


Car quoique certains guides édités en République voulussent bien en dire, la capitale hapienne n’était pas constamment dévastée par des robots tueurs.


(La plupart du temps, les séditieux s’en tenaient à quelques explosions bien placées.)


Courageux, peut-être. Juste, je ne sais pas. Je protège celles et ceux auxquels je tiens, voilà tout, et je tiens certainement beaucoup à vous, Evadné. L’idée que vous périssiez dans une attaque aussi absurde m’est insupportable. Mais je suppose que toutes ces morts inutiles me sont également insupportables, et que c’est une forme de justice. La violence des inimitiés hapiennes est si…


Il eut un vague geste de la main, faute de trouver le mot qu’il cherchait. Absalom n’avait pas beaucoup de tendresse pour sa propre culture et l’hostilité qu’il éprouvait pour son monde transparaissait souvent dans sa conversation. Hapès constituait un refuge commode, et notamment pour toutes ces raisons qui rendaient le Consortium déplaisant : les étrangers s’y fondaient malaisément dans la masse, de sorte qu’il y était plus protégé, les femmes tenaient le pouvoir, de sorte qu’on le soupçonnait moins, et le jour y était perpétuel, de sorte qu’il n’y souffrait d’aucune infirmité.


Mais ces raisons, d’ordre pratique, n’étaient pas précisément le terreau fertile pour un attachement plus personnel.


Quoi qu’il en soit, allons voir votre grand-mère. Mais un petit détour cela dit, avant toute chose, afin que je me rende plus présentable.


Sans qu’il eût donné la moindre instruction de vive voix, le speeder s’ébranla. Dix minutes plus tard, la jeune femme put reconnaître peut-être un paysage familier : c’était celui qu’ils avaient traversé, bien des mois plus tôt, quand Absalom lui avait montré l’ancien hôpital militaire désaffecté qu’il comptait acquérir. Et, en effet, ils ne tardèrent pas à disparaître dans le garage de l’installation, où le Seigneur avait installé son laboratoire secret.


Là où ils n’avaient croisé jadis que des droïdes régnait désormais une activité studieuse. La grande pièce principale était occupée par des scientifiques, des chimistes ou des biologistes à en croire leur équipement, qui dictaient à voix basse leurs observations dans leurs datapads, sans que les deux visiteurs ne pussent les entendre, depuis la galerie métallique qu’ils empruntaient, au sommet de la salle.


Ils disparurent bientôt de toute façon dans un couloir de permabéton et le Jedi Noir invita son amie à pénétrer dans un petit salon.


Je n’en ai que pour une vingtaine de minutes. Mais je ne doute pas que vous ayez bien des mails en souffrance pour vous occuper en mon absence. Je fais au plus vite.


Et il abandonna la Cadézienne, pour emprunter un turbolift. La capsule s’enfonça dans la structure, jusqu’à le conduire aux sous-sols où se poursuivaient les expérimentations plus médicales, sur des sujets vivants. Une scientifique se porta à sa rencontre dès son arrivée.


Maître, je ne m’attendais pas à votre visite et…
J’ai besoin de l’un de vos cobayes. Vivant.
Pour réaliser des tests, s’enquit la biologiste ?


En guise de réponse, Absalom montra ses mains ensanglantées.


Ah. Naturellement. Je vois. Suivez moi.


Quelques minutes plus tard, on introduisait le Sith dans une salle d’examen où un homme nu, anesthésié, était attaché à une table d’opération. On lui avait rasé le crâne et implanté des électrodes dans le cerveau.


Maître ? Puis-je me permettre de vous demander si le sujet sera… utilisable…, une fois que vous aurez terminé ?
Hmmm…


Les yeux mi-clos, Absalom plongea dans la Force, pour jauger l’énergie vitale de sa future victime.


Sans doute.
Bien, bien.
Vous pouvez disposez, docteur.


Et la scientifique, quoique frustrée dans sa curiosité morbide, s’éclipsa aussitôt. L’ancien Jedi tendit les mains au-dessus du corps inanimé et, petit à petit, il commença à se nourrir de sa puissance vitale, affaiblissant progressivement le malheureux, dont l’existence était de toute façon condamnée depuis que le laboratoire l’avait racheté à une prison hapienne peu regardante.


Les blessures aux mains du Sith se refermèrent, les bleus, les contusions se résorbaient et bientôt, toute douleur eut disparu. Le cobaye, déjà affaibli par les expérimentations des scientifiques, était désormais plongé dans un véritable coma, mais Absalom n’eut pas le moindre regard pour lui et quitta la salle d’opération pour rejoindre les anciennes douches de caserne, à l’étage supérieure.


Quand les vingt minutes furent écoulées, il revint trouver Evadné, propre, absolument indemne, et habillé d’un pantalon et d’une chemise plus passe-partout que de coutume, bien conscient qu’il aurait à s’effacer derrière la jeune femme. Alors ils se remirent en route, jusqu’à atteindre le domaine T’Sarran.


Absalom ne fit aucun effort pour réprimer son sourire.


Votre reproducteur favori ? Ma foi, c’est très flatteur.


On lui avait fait déjà quelques avances en ce sens, c’est-à-dire qu’on l’avait suggéré à sa mère. Des grandes familles de la bourgeoisie, soucieuses de nouer une alliance avec les Thorn ou, pour les plus hardies d’entre elles, d’enfanter en leur sein, peut-être, quelqu’un qui serait sensible à la Force. Absalom, qui n’avait aucune intention d’engendrer une descendance, se tenait éloigné de ces intrigues.


Rassurez-vous, j’adore jouer la compagnie et, au fond, je suis trop familier de la société hapienne pour en être véritablement choqué. J’attends avec impatience cela dit la conversation où vous serez forcée de vanter mes performances érotiques à d’autres Hapiennes.


Et il eut un rire insouciant, visiblement peu affecté par la condition à laquelle le réduisait la misandrie de ses congénères, sans doute parce que, dans une large mesure, il vivait beaucoup trop à la marge de sa propre société pour avoir à en souffrir.


Lors de la rencontre avec Caliban, Absalom interpréta son rôle aussi volontiers qu’il l’avait promis. Il y avait une sorte de beauté timide dans ses gestes et son attitude, comme si la présence d’Evadné lui était à la fois une bénédiction et une vague menace, et comme d’un homme qui sait qu’il doit rester dans l’ombre de sa maîtresse. Il lui adressait parfois des regards de respect où se lisait une pointe d’érotisme, mais à peine, comme s’il avait cherché à la cacher, et l’ensemble était si criant de vérité qu’on aurait juré avoir affaire à un reproducteur favori, chez qui une affection sincère avait développé des ambitions encore incertaines.


Commencez par interroger votre grand-père, abonda-t-il quand ils furent seuls. Tous les renseignements sont bons à prendre et il sera sans aucun doute plus disposé à vous parler que votre grand-mère qui, j’imagine, sera trop impliquée dans les intérêts de la politique hapienne pour pouvoir s’exprimer librement. Dans tous les cas, mieux veut sonder le terrain avant qu’elle ne revienne.


Parce qu’à en juger par le profil des sculptures qui s’alignaient là, Absalom ne pariait pas que la grand-mère fût très commode.


Questionnez-le frontalement sur l’attaque d’aujourd’hui. Expliquez-lui que vous craigniez que les intérêts républicains aient été pris pour cible. Évoquez l’incident de la corvette Septentrion. Un vaisseau marchand républicain, qui a été saboté dans un astroport à l’autre bout de la planète et a explosé en tentant de passer en hyperespace. Les autorités hapiennes continuent à faire passer cela pour un problème technique, mais personne n’est dupe.


Un droïde fit son apparition à l’angle du couloir et Absalom conserva le silence, le temps que le robot passe, avant de reprendre :


Votre grand-père devrait comprendre que la République s’inquiète de l’hostilité de certaines franges de la population hapienne, particulièrement maintenant que l’Empire et elle se livrent à une guerre d’influence sur les systèmes indépendants. Il est peu probable que l’attaque d’aujourd’hui y soit liée d’une quelconque manière, de sorte qu’il devrait être heureux de pouvoir vous rassurer, et par votre intermédiaire le Sénat, en vous disant ce qu’il en sait, ou tout du moins à vous aidant à en apprendre plus.


Rien de tel qu’un petit cours de manipulation psychologique accéléré de la part d’un Seigneur Sith en cavale pour pacifier ses relations avec sa famille.


S’il ne sait rien de précis sur la question, je dirais que nous cherchons à avoir accès à des spécialistes de cybersécurité, puisque le robot de chantier a été piraté, éventuellement à en savoir plus sur les promoteurs du quartier détruit, pour le cas où ce serait une affaire de gros sous, et enfin sur les menaces terroristes en général, qui n’auraient pas filtré dans les médias publics mais dont l’armée aurait connaissance. S’il sait quelque chose sur l’un ou l’autre de ces aspects, cela devrait déjà bien nous avancer.


Comme personne ne les regardait, Absalom plongea un regard protecteur dans celui d’Evadné.


Dites-vous que c’est un peu comme une commission d’enquête parlementaire. Vous êtes parfaitement capable de mener ce genre d’interrogatoires courtois et cela vous fera un entraînement si… Ma foi, si un jour vous devenez sénatrice. Plus important encore : vous ferez la démonstration de votre maturité et de votre compétence aux yeux de votre famille, qui se rendra compte que vous êtes devenue une jeune femme professionnelle et intelligente, ce qui ne devrait pas déplaire à votre grand-mère.


La haute société hapienne respectait la compétence, en tout cas chez les militaires, et Absalom avait toute confiance en sa protégée en la matière. Il se détourna pour examiner une nouvelle sculpture et, avec un sourire en coin, conclut d’un ton léger :


Et pour donner le change, n’hésitez pas à me pincer les fesses. Elles sont d’une irréprochable fermeté et je suis, après tout, votre reproducteur favori.


(Celle-là, Evadné risquait d’en entendre parler encore longtemps.)
Evadné Publius
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Les MJC, cet univers impitoyable

Elle avait cru que sur Hapès, aux côtés d’Absalom Thorn, ces messages n’auraient pas pu l’atteindre ou la trouver






L’humour d’Absalom eut le mérite de lui tirer un sourire amusé et dans une retenue pudique, liée à son éducation bourgeoise, elle retint son rire. Mais ses yeux pétillaient d’hilarité et malgré la légère teinte rose qu’avaient pris ses joues, elle ne s’embarrassait pas des propos scandaleux de son ami hapien.

- Vous êtes beaucoup trop indulgent avec moi, Absalom, admit-elle sur un ton gêné. Mais vos conseils sont les bienvenus et je ferai mon possible afin de les suivre. Renouer avec ma famille hapienne n’est pas une chose que mon père aurait souhaité. Enfin, qu’importe…Désormais nous sommes là et il faut bien savoir pourquoi, au nom de quoi et par qui tous ces pauvres innocents sont morts. Il n’y a rien de plus en ce monde que je souhaite : la vérité.

La vérité absolue sur toute chose, la transparence dans les cœurs et les esprits. Un idéal utopique et bien naïf qui correspondait parfaitement au caractère de la jeune métisse. Ce n’était pas tant une soif de justice que de savoir : savoir pourquoi. Elle espérait qu’en obtenant des réponses vraies, elle arriverait à réparer toute chose brisée. Sa vocation de médecin avait découlé de cette envie de savoir, de soigner : la science et les faits rapprochaient de la vérité. En évoluant au Sénat, principalement dans ses coulisses, loin des projecteurs de la Rotonde, loin des clichés holographiques de la presse, elle en avait appris des vérités. Moches, pour la plupart, difficiles à admettre, à comprendre. Et c’était peut-être le pire : qu’une vérité soit laide au point qu’on aurait préféré demeurer dans la fange du mensonge et de l’ignorance. Rechercher le vrai n’était donc pas un idéal chevaleresque, c’était un acte inconscient, un peu courageux, un peu fou.




Ils se dirigèrent ensuite vers un salon attenant au hall glorieux ; une pièce où les invités pouvaient patienter. Contrairement à la demeure des Publius ou celle des Thorn, le mobilier des T’Sarran était dans une ligne minimaliste et épurée. Une décoration d’intérieure luxueuse et étrangement spartiate. Par exemple, il n’y avait qu’un seul vase qui trônait sur une table basse en acier et en verre, mais ce vase aussi simple qu’il paraissait semblai coûter cher car chiné à haute valeur chez des antiquaires hapiens. C’étaient ainsi dans les lignées martiales : on aimait les trophées.

Aucun tableau, aucune fleur, aucune décoration extravagante : des murs blancs, des lampes sophistiquées et des fauteuils designés sans chichis , mais heureusement confortable. Evadné s’installa dans l’un d’eux, face à l’ancien impérial. Sa robe se froissa avec élégance au moment où elle la rabattit sous ses genoux. Un droïde protocolaire leur proposa un choix de rafraichissement minimal : de l’eau ou du vin correlien. Elle opta pour l’eau et détacha du corsage de sa tenue, son datapad sur lequel une diode s’affolait. Après un sourire d’excuse vers Thorn, elle se permit l’impolitesse de consulter sa messagerie.

Et il lui fallut un moment pour comprendre. Son cœur avait fait plusieurs bonds silencieux, comme trop à l’étroit dans sa cage thoracique. Sa vision se troubla une très courte seconde et ensuite, les morts apparurent de nouveau : clairs. Elle déposa doucement le datapad sur ses genoux et redressa sa figure vers le hapien. Ses prunelles vacillaient un peu :

- Votre père est un grand poète si je me souviens bien, articula-t-elle avec moins d’enthousiasme que d’habitude. Se pourrait-il que…vous ayez des connaissances en poésie ?

Comme si l’art de la poésie se transmettait génétiquement, mais elle était trop troublée pour avoir une réflexion cohérente. Elle se pencha et lui tendit le datapad où les vers d’un sonnet défilaient.



Mes yeux ont fouillé mille fois les holocartes
Comme un devoir du soir, j’y trouve Cadezia
Vous, venue de si loin pour signer quelque charte
Et la question qui hante mes nuits est : pourquoi ?

Au matin les nacelles reprennent leur place
La vôtre coincée entre Antar et Manaan
Et la mienne si loin, comme figée dans la glace
Et la question qui hante mes jours est : comment ?

Comment traverser le vide de la Rotonde,
Comment vous faire poser les yeux sur un monde
Aussi haï, aussi méprisé que le mien ?

Pourquoi ce sourire triste, et pourquoi le silence ?
Et ces lèvres mutiques, de quelle malchance
Pourrais-je peut-être en alléger le destin ?


- S’il vous plaît, lisez c’est…ce sont des poèmes qu’un anonyme m’envoie depuis quelques temps, je n’ai pas réussi à percer le mystère de son identité mais…c’est un peu embarrassant, d’être harcelée par des messages sans identité et..peut-être est-ce un style propre à une catégorie d’hommes lettrés ou..

Elle s’humecta doucement les lèvres et dévia sa figure vers l’une des grandes fenêtres en verre renforcé pour admirer les jardins austères de la demeure.

- Je dois être ridicule. Et je pense que cette personne se moque de moi ou cherche à me rendre encore plus ridicule. Je ne peux m’empêcher de penser qu’elle a peut-être des desseins inappropriés ou…dangereux.

Le droïde se présenta avec leurs boissons. Le verre d’eau d’Evadné rutilait sous les éclairages de la pièce. Elle s’en saisit et s’octroya une gorgée pour déglutir son trouble.

- Cette personne est au Sénat, visiblement. La plupart de ces…poèmes ont pour cadre la Rotonde. Avec tout le travail que j’ai en ce moment, je n’ai pas eu le temps de pousser mon enquête. Je sais que nous ne sommes pas là pour cette enquête aux considérations qui vous paraissent sûrement triviales, mais vous êtes le seul à qui je peux naturellement confier mes troubles.

Et quand ils ne parlaient pas un grand silence alourdissait l’atmosphère du salon. Pas de musique non plus chez les T’Sarran, car rien ne trouvait davantage grâce à leurs oreilles que la symphonie des tambours de guerre. Elle se remémorait que ses lointaines visites dans la passée, alors qu’elle n’était qu’une toute petite enfant, avaient marqué son jeune esprit : tout ce vide, tout ce silence. Ils contrastaient avec les souvenirs mélodieux et pleins de sa propre mère. Toutefois, elle refusait encore d’avouer que ces poèmes l’obsédaient un peu plus avec le temps. A chaque fois qu’il en surgissait un, le temps paraissait se suspendre au profit de l’énigme et elle se mettait convulsivement à chercher le moindre indice. Son petti bureau d’assistante au Sénat en faisait les frais : derrière un panneau, elle dissimulait savamment un écran interactif où elle avait noté ses théories, mis en avant certains indices et au-dessus de ce tableau, un carré de soie bleue était noué, tout comme un grand bouquet de fleurs d’Inisa séchait sur son office et perdait, jour après jour, des pétales, à l’image d’un compte à rebours. Elle ne confessa pas non plus avoir reçu d’autres types de messages, plus menaçants, moins romantiques et que la peur avait progressivement dévoré l’admiration pour ces jolis mots couchés en vers. Elle refusait de céder à une quelconque forme de paranoïa mais il lui semblait que le mal était fait et qu’il distillait en elle, goutte à goutte, une appréhension terrible.

Elle avait cru que sur Hapès, aux côtés d’Absalom Thorn, ces messages n’auraient pas pu l’atteindre ou la trouver. Et pourtant. Et si cela avait un lien avec l'attaque de l'immeuble, peut-être qu'on l'avait visée. Peut-être qu'elle se donnait simplement une importance qu'elle n'avait pas.






CSS par Gaelle



Absalom Thorn
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Hmmm…


Après cette analyse stylistique absolument pénétrante, Absalom rendit le datapad à son amie.


J’imagine que ce n’est hélas que trop courant, lorsque l’on est comme vous une personnalité publique, et une femme plus encore, de recevoir ce genre de correspondances. Il semblerait que vous en arriviez à ce point de la notoriété où il est préférable d’engager les services d’un secrétaire pour faire le tri dans les messages que l’on vous adresse.


Au fond, il le savait bien, il n’y avait même pas besoin d’être célèbre pour s’attirer ce genre d’attentions indésirables : il suffisait la plupart du temps d’être une femme pour susciter des passions prédatrices dont les vers, aussi bien tournés fussent-ils, ne suffisaient jamais à cacher tout à fait la nature toxique.


Je crains d’être un piètre interprète pour l’art. Je l’admire, mais je ne prétendrai pas en faire l’analyse. En revanche, mon père nous prêtera sans aucun doute main forte, en effet, et il ne sera que trop heureux d’aider quelqu’un comme vous.


Qu’est-ce que ce « quelqu’un comme vous » recouvrait exactement ?


Quant à trouver un monde haï et méprisé au sein du Sénat républicain, je crains que ce ne soit pas ce qui manque. Ondéron, peut-être ? Les actions de l’ancienne chancelière ont durablement entaché la réputation de la planète. Mais il y a tous les mondes que les gens jugent trop pollués, ou trop militaires, ou simplement un peu attardé. Ce serait peut-être plutôt un informaticien qu’il vous faudrait, non ? Pour tracer l’origine de ces messages ?


Il ne connaissait pas grand-chose à la question, mais il lui semblait que chaque télécommunication portait des marques qu’avec un peu d’habileté on pouvait défricher. Les vers en eux-mêmes lui paraissaient peut-être trop communs pour pouvoir faire sentir un style particulier à en être reconnaissable.


J’imagine que vous en avez reçus d’autres. Si cela vous convient, nous pouvons les communiquer à mon père et il se chargera d’en faire l’analyse.


Absalom avait une curieuse façon de parler de cet homme qui était son aîné comme il l’aurait fait d’un subordonné, alors même que Cala Thorn, sa mère, témoignait à son époux un respect que les femmes hapiennes n’avaient que rarement pour leur compagnon.


En tout cas, conclut-il non sans une certaine gravité, tout cela n’a rien de trivial et vous avez raison de m’en parler. Et raison de vous inquiéter. Tout cela me paraît dangereux, en effet, sans vouloir vous paraître alarmiste. Je vous suivrais volontiers sur Coruscant pour vous protéger mais, hélas, je ne suis pas tout à fait sûr d’être libre de mes mouvements. Mais vous devriez vous financer une équipe de protection.


Sans doute en avait-elle les moyens, grâce à la fortune familiale ?


Ces choses-là ne sont pas à prendre à la légère. Moi-même, quand j’étais encore en Empire, je suscitais parfois des attentions indésirables.


Pour ne pas dire des passions fanatiques, mais l’ancien Seigneur Sith faisait tout pour cultiver la fascination des autres, alliant les mystères de ses pouvoirs de sorcier à l’attrait de sa beauté.


Certains vont parfois à des extrémités tout à fait spectaculaires. Mieux vaut s’occuper du problème dès qu’il émerge, pour l’empêcher de dégénérer, et…


Mais ils furent interrompus par l’irruption d’un enseigne qui vint les informer que le dîner était servi. En une fraction de seconde, le Jedi Noir avait abandonné cet air d’assurance qui tenait presque de la majesté et qui était ordinairement le sien, pour retrouver l’humilité d’un reproducteur hapien et incarner à nouveau ce Marius aux traits angéliques, destinés à satisfaire les désirs de sa maîtresse.


Ensemble, ils se levèrent, pour être guidés vers une salle à manger dont la table, interminable, devait pouvoir recevoir parfois de nombreux convives, mais était dressée ce jour-là pour tous les trois seulement. Caliban ne s’assit que lorsque sa petite fille se fût installée, et Absalom veilla à le faire en dernier. Il y avait quelque chose de presque fantomatique dans une pièce si vaste, et en même temps si froide et si vide.


Dites-moi, Marius…


Alors que deux domestiques s’affairaient autour d’eux pour leur servir l’entrée, le regard pénétrant de Caliban s’était posé dans celui qu’il prenait pour un jeune homme, sur la foi de son visage.


… lorsque vous n’accompagnez ma petite-fille, avez-vous une fonction ?
Je suis rédacteur au ministère des affaires étrangères, monsieur, répondit avec douceur le diplomate, qui choisissait là avec prudence un univers familier, où il ne risquait pas d’être pris en défaut.
Avec une spécialité ?
Les affaires impériales.
Vraiment ? Vous avez déjà été en Empire ?
Pour accompagner des délégations, oui, parfois.
Et qu’en pensez-vous ?
De quel point de vue ?


Caliban haussa les épaules.


De manière générale.
Que c’est un système autoritaire qui souffre d’un défaut d’autorité, une monarchie sans monarque et sans trône, mais qui dispose pourtant de pouvoirs vastes et immédiats, de sorte qu’elle joint deux choses fort dangereuses : la puissance, d’un côté, et l’absence de contrôle, de l’autre.


C’était une opinion poliment hapienne, qui vantait en filigrane les bienfaits de l’autoritarisme de la reine-mère et dont Absalom jugeait, par conséquent, qu’elle était de nature à satisfaire le mari d’une militaire.


J’ai d’ailleurs alerté dans une note récente de la tentation pour les Siths de mener une campagne de déstabilisation au sein du Consortium, glissa-t-il d’un ton dégagé, pour certains d’entre eux, tout du moins, afin de tirer leur épingle du jeu politique impérial. Je crois que certains incidents récents que nous attribuons à des séditions internes pourraient avoir d’autres causes.
Vraiment ? Vous parlez d’attentats ?
En effet.


Et ainsi il avait ouvert un boulevard pour l’interrogatoire d’Evadné.
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