Darth Hope
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Nar Shaddaa. Elle n’y avait jamais mis les pieds parce que l’Espace Hutt ne l’avait jamais intéressé davantage que ça. Fut un temps, durant son adolescence, où elle avait envisagé ce monde comme une option de fuite. Mais cette époque était définitivement révolue et si Nar Shaddaa l’accueillait aujourd’hui, ce n’était pas pour une sombre histoire de fugue.



Jugger était un Sith doublement raté. Il avait été renvoyé de l’Académie de Korriban et avait rejoint les Lames Rouges qu’il avait fini par déserter, faute de discipline. Ancien compagnon d’armes de Shar sur Axxila, ils avaient conservé des contacts sporadiques en se rendant des services mutuels. Il l’informait sur de possibles combines contre les forces impériales et en échange, elle lui transmettait de quoi voyager dans l’Espace Sith sans être inquiété par son statut de déserteur. Il était l’un de ses seuls informateurs sur le terrain, alors elle le bichonnait dans l’espoir d’en tirer le meilleur profit. Une fois que le filon serait épuisé, elle le ferait sauter. Aussi, lorsque Jugger lui proposa un rendez-vous sur Nar Shaddaa, elle ne s’était pas méfiée outre mesure.

-J’ai fait un sacré long voyage depuis des coordonnées abstraites quelque part dans l’espace impérial, alors j’espère que tes informations valent le coup.

Les lumières stroboscopiques de la cantina miteuse où ils étaient réunis se désynchronisaient de la musique électronique qui heurtait les tympans. Autour du duo, attablé dans un coin, on buvait et on hurlait des insanités. Drapée d’un manteau sombre dont le large capuchon était rabattu sur sa tête, elle attirait davantage l’attention que l’inverse. Seules ses lèvres fardées de pourpres se devinaient à la lueur de la salle. Jugger, lui, traînait sa sale trogne d’humain balafré. Il avait trente ans, mais en paraissait dix de plus. Il était rongé par la violence et la drogue.

-T’en fais pas. C’est du lourd.

Mais elle le trouvait nerveux. Dana n’ignorait pas les coups d’œil méfiant qu’il portait ci et là ni sa jambe qu’il agitait sous la table avec impatience.

-Qu’est-ce que tu as à t’agiter comme ça ?
-Rien, rien.

Soudainement, elle se mit à douter. L’appréhension la gagna tout entière et elle s’ouvrit à la Force. Juste à temps pour éviter le coup qu’un rhodien souhaitait lui porter dans le dos. Elle quitta son siège et lui fit face avant de découvrir que les lumières s’étaient tues et que la musique s’était éteinte. Des dizaines de paires d’yeux la fixaient dont Jugger. Certains brandissaient déjà des blasters. La fête allait commencer et elle semblait être l’invitée d’honneur. Elle réussit à contenir les premières secondes d’un feu nourrir en érigeant un bouclier à l’aide de la Force. Profitant de l’effet de surprise, toujours au rendez-vous lorsqu’elle ouvrait le bal de cette manière, elle courut se mettre à couvert derrière le comptoir. Au moment où l’ombre du bar l’enveloppa, le verre des nombreuses bouteilles d’alcools explosa. Deux éclats laissèrent des traces vermeilles sur sa joue droite et elle jura à voix basse. Les mercenaires poursuivaient leurs tirs jusqu’à ce qu’elle soit couverte de débris et de liqueur.

-Ca sert à rien Shar ! hurla Jugger. Rends-toi ! Tout ce dont j’ai besoin, c’est de ta tête.

Ses doigts rampèrent contre la garde de sa pique-laser et elle prit quelques secondes pour digérer ce revers. L’ancien sith l’avait mené droit dans un traquenard. Ses cheveux trempés d’alcool collaient à son visage, se répandant sur son derme comme des traînées d’encre. Elle n’avait jamais senti son cœur battre aussi vite, pas depuis Gravlex Med.

Jug’ fit signe à l’un de ses acolytes qui s’empressa de contourner le bar dans l’espoir de mettre la main sur leur cible. Un gémissement surpris plus tard et le corps inerte du mercenaire, mutilé par un coup de sabre-laser, s’effondra au sol. La silhouette de Dana émergea sur le comptoir. Le rougeoiement de sa lame était aussi intense que la rage qui brûlait son regard. Elle avait abandonné son manteau.

-Tu veux ma tête. Alors viens la chercher.

Elle entendit le bruit des cellules d’énergie vides que l’on éjectait des armes. Bientôt, elle ferait face à de nouveaux tirs. Jugger savait qu’elle ne saurait tous les parer, il comptait sur le déséquilibre des forces pour l’emporter. Enfoiré, pensa-t-elle en le jaugeant avec haine, à dix contre un, ils sont pas gênés. Elle leva sa main libre et fit appel à la Force, lentement, ramifiant son esprit dans le moindre atome de la pièce jusqu’à saisir quatre des neuf blasters qui la menaçaient. Leurs propriétaires s’exclamèrent de surprise une fois dépossédés brutalement de leur arme.

-Ne reculez pas, ordonna le balafré. C’est une Sith, mais nous sommes plus nombreux.

Un tir de plasme fusa et elle sauta à terre. Le coup brûlant frôla la peau nue de son bras. Elle avait oublié la douleur qu’engendrait la moindre blessure sur un champ de bataille. Son visage se tordit dans une petite grimace d’inconfort.



Tanlo Jakobi
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Il n'y avait que deux types de personnes pour attaquer, volontairement, un sith. Les crétins complets, ou ceux se révélant très, très doués.

Malheureusement pour Dana Shar, celles et ceux qui lui faisaient face étaient de la seconde catégorie. Pris un par un, ils ne représentaient guère de danger pour elle. Mais ils savaient à quoi s'attendre d'une Sith, et étaient venus équipés en conséquence.

Ceux qui avaient perdus leur blaster en dégainèrent immédiatement un autre. Des rafales de tirs fusèrent, illuminant le bar lors de leur course, avant de s'éteindre contre les sièges, les murs, les miroirs.

Jugger fit un signe de la main, et des bruits de pas feutrés indiquèrent que les adversaires de la Sith se dispersaient lentement afin de couvrir le maximum d'angles de tir. Un torrent de feu croisé sur sa position la forca à sortir de son couvert.

Elle était rapide. Bien trop pour chacun d'entre eux. Mais ils étaient nombreux. La femme put voir que tous étaient trop éloignés d'elle, et dispersés, pour qu'elle puisse se charger de plusieurs d'entre eux rapidement. Elle bougeait à toute vitesse, n'étant qu'une ombre vaguement discernable, alors que des dizaines de blasters se retrouvèrent immobilisés, figés dans le temps, avant de reprendre leur course lorsqu'elle s'écartait hors de leur mortelle trajectoire.

Un cri de victoire retentit au moment où elle laissa échapper un cri de douleur, un tir chanceux touchant sa jambe. Bien, il n'y avait plus qu'à pilonner son couvert et...

Elle courait vers eux. Une dizaine de personnes poussèrent mentalement un "QUOI ?!" alors que le plus proche de la sith se retrouvait embroché. Ils ne s'attendaient pas à ce qu'elle porte l'offensive, malgré sa position. Ils retirèrent. De nombreux tirs s'écrasèrent dans le corps de leur ancien coéquipier, avant que deux grenades plasmas n'explosèrent dans les airs, la jeune femme parvenant à les faire exploser en plein air par la Force.

La bataille devenait frénétique et de plus en plus destructrice, la Sith faisant face à un barrage constant de tirs de toutes sortes et sur tous les angles. En moins d'une minute, le bar n'était plus que ruines, les tables, sièges, jukebox, machines de jeu détruits, éventrés, fumants. La poussière et les cendres emplissaient l'air. Elle se camoufla, non sans avoir tranché en deux un autre mercenaire en arrivant à exploiter un angle mort.

Ils activèrent leurs modules de visée. Ils la repérèrent. Lui tirèrent dessus. Elle renversa une table pour bloquer les projectiles, mais ce n'était plus des blasters. C'était des munitions explosives. Le corps de la Sith fut projetée en arrière dans une vive explosion, alors que des schrapnels s’enfonçaient dans sa peau pâle. Ses grognements n'eurent que des rires comme réponse.

- Allons Dana, soit raisonnable ! pressa Jugger. résister ne sert à rien, à par rendre le processus plus pénible pour nous ! Tu es cernée, blessée, toutes les issues de secours sont piégées ! Rends toi, et on fera ça en douceur, sans avoir besoin de te cramer des pieds à la tête ! Sa voix était puissante et claire, avec l'assurance du vainqueur. Il jeta un oeil confiant à ses hommes, qui rechargeaient leurs blasters et autres armes. Ils avaient quand même perdu 3 hommes...

- Personne viendra te sauver !

Au même moment, un bruit retentit dans le bar. Celui d'une porte qui s'ouvrait avec fracas. Tout le monde resta immobile, et à l'affût.

Ils pouvaient le sentir.

Le souffle du vent.

Une odeur d'ozone titilla les narines de quelques combattants présents, alors que le vent se faisait, petit à petit, de plus en plus fort. Il venait de l'extérieur du bar, passant sous la porte d'entrée, encore fermée. Un frisson remonta le long du dos de plusieurs d'entre eux. Ils pouvaient le sentir. Instinctivement. Comme on sent l'orage s'approcher. Même la Sith pouvait le sentir. Une perturbation dans la Force. Quelqu'un, pas comme elle, mais qui aurait pu être comme elle, se dirigeait vers eux, comme un requin appâté par l'odeur du sang, et elle pouvait sentir la Force en lui.

Quelque chose était en train d'arriver.

Quelqu'un était en train d'arriver. On pouvait l'entendre même. Ses pas étaient de plus en plus proches, et résonnaient dans le couloir d'entrée.

- Que...


Ils avaient des hommes à l'entrée extérieure, pour empêcher tout élément perturbateurs de venir les déranger. Qu'étaient-ils...

Les portes d'entrées s'ouvrirent à la volée, et au milieu d'elles, se tenaient Tanlo Jakobi.

L'homme était grand. Massif. Ses yeux bleus perçant brillaient comme les phares d'une motojet, entourés par un visage ridé et des cheveux gris. Un sourire malicieux déformait son visage. Mais tout le monde se fichait de son visage.

Ce sont plutôt les bras poisseux de sang qui attirèrent l'attention des mercenaires, qui tenaient tout de même la Sith en joue, derrière sa table. On entendait distinctement le "ploc" des gouttes carmines s'écrasant sur le sol.

Tanlo Jakobi embrassa la salle du regard, avant de cracher son chewing gum par terre. Tout le monde se regardait sans savoir quoi faire, encore incertains sur l'allégeance du nouvel arrivant. Cette embuscade allait-elle tourner en combat à trois ?

Les yeux de l'homme se posèrent sur la Sith, au loin, à l'abri. Elle était blessée. Ses vêtements étaient à moitiés déchirés, une de ses jambes était brûlée vive par un éclat de plasma. Un bras était amaigri, saignant, une partie de la chair manquant. La peau pâle, mutilée par le sang, les éraflures et les cendres. Il lui fit un clin d'oeil, avant de s'adresser aux mercenaires.

- C'est vous les cons qui ravagez mon établissement préféré ? Je vous don...

Jugger dégaina son blaster à la vitesse de l'éclair et tira sur le maître en plein milieu de son monologue, visant sa tête Ce dernier pencha son visage sur le côté, esquivant de justesse le tir. Son sourire devint... carnassier.

- Bien.

Il s'affaisa. Lentement. Comme quelqu'un perdant conscience. Ses jambes devenaient molles, ses bras tombèrent le long de son corps. Il se ratatinait, comme s'il devenait liquide.

Et soudainement.

Il se volatilisa dans l'air.

Un BAM résonna dans la bar alors qu'une explosion de poussière créée par l'impulsion d'une charge sembla créer une tornade là où se trouvait l'homme.

Dehors, les badauds qui revenaient près du bar entendirent, pour la première fois, les bruits de blaster être remplacés par des cris de terreur.
Darth Hope
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Bam.

Son dos percuta le mur crasseux près du comptoir et elle retomba au sol, les avant-bras mutilés par des schrapnels. Les plaies étaient superficielles, mais pas la douleur. Les cheveux à moitié rabattus sur son minois pâle, elle usa de sa jambe valide pour renverser la table devant elle et s’en improviser un couvert. Son souffle était bien trop court et la souffrance lancinante. Chaque expiration lui donnait l’impression de perdre une côte. Dana tenait toujours fermement sa pique-laser. Même dans la défaite, même dans la mort, elle ne l’aurait pas lâchée. Il fallait être honnête, elle était morte de peur à l’idée de mourir ici. Ses sens en alerte analysaient pour la énième fois le moindre détail de toute cette histoire. Il lui fallait trouver une échappatoire, car la victoire ne serait pas sienne aujourd’hui.

-La ferme, Jugger…souffla-t-elle après avoir inspecté la plaie sanglante qui écorchait la chair de sa cuisse dénudée. Tout le reste ne devait pas être plus beau à voir et elle préféra ne pas y penser.

La sortie. Trop loin. Elle était acculée dans un coin reculé de la cantina, encerclée par quelques mercenaires galvanisés. Elle craignait davantage Jugger que les autres. Elle atteindrait l’au-delà avant la porte à la moindre tentative. Elle grimaça et poussa un grognement de douleur quand elle se résigna à devoir combattre jusqu’au bout. Quelle bande de raclures.

Elle sentit l’ozone avant la présence dans la Force. Cette dernière résonna comme un tintement discret, comme une alerte aux tonalités subtiles. Ses yeux brillants de colère se plantèrent immédiatement sur l’entrée du bar qui s’ouvrit deux secondes plus tard, fracassée par l’arrivée de…


Le noir complet.


Lloyd ?

Elle cligna des yeux, tentant de se concentrer car sa vision – encombrée par la sueur et ses mèches de jais, faisait difficilement la mise au point. Il avait parlé. Elle n’avait rien compris. Il avait disparu. Elle pensa halluciner. Mais la Force ne mentait jamais. Le peu de lien qu’il lui restait avec elle résonna dans l’établissement.

Les murs tremblèrent et un tsunami de poussière la heurta de plein fouet. Elle toussa gravement, expulsant de ses poumons sangs et particules de débris. Sur sa peau ensanglantée, la poussière devint une pellicule crasseuse et collante. Elle pensa brièvement qu’elle ne devait plus rien avoir d’humaine. Le combat la transformait en monstre et seul perdurait l’éclat de ses prunelles précieuses.

Les cris de terreur mutilèrent les oreilles de Juggernaut. Il cherchait hâtivement sa cible, semblait l’apercevoir une seconde et la perdait celle d’après. Il finit par se recentrer sur l’essentiel. L’intervention de cet homme ne devait pas sauver Dana Shar. Il se dirigea d’un pas déterminé vers l’abri de la Sith, indifférent aux hurlements de ses acolytes qui s’effondraient l’un après l’autre. D’un geste enragé, il dégagea la table, mais Dana avait disparu.

-Sale petite chienne…

Il para la lame rougeoyante de la pique-laser avec son propre sabre-laser, reliquat de ses années de Sith. Il le maniait moins bien et sa connexion avec la Force s’était trop amoindrie depuis sa désertion ce qui donnait l'avantage à sa cible.

Shar puisa dans ses dernières ressources. L’adrénaline endormit ses muscles mis à vif et elle s’écria. Parce qu’il fallait se donner du courage, parce qu’elle n’était plus qu’un être brisé par la souffrance, parce que la Force semblait peser des tonnes sur ses faibles épaules. Elle se concentra, cria encore et Jugger fut projeté brutalement. Sonné à terre, tentant de reprendre son souffle, il ne vit pas la lame brûlante de la Sith traverser sa gorge. Il fut mort avant même de le savoir, le visage figé de stupeur.



Le silence avait repris ses droits. Ou elle s’était simplement évanouie, tâchant de trouver du repos dans une inconscience salvatrice. Juste quelques secondes, le temps de respirer un peu mieux, de…comprendre où elle avait mal. Partout.

Tanlo Jakobi
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Le nuage de poussière soulevé par l’impact du départ de Tanlo Jakobi se transforma en une rafale de vent alors qu’elle suivait la masse imposante mais invisible de l’homme. Jugger eut le bon instinct et fit une roulade sur le côté.

La table devant laquelle il se trouvait originellement se mit soudainement à s’effondrer sur son centre dans un bruit grinçant de métal brisé. L’espace d’un instant, Tanlo réapparu, en suspension dans l’air alors qu’il s’appuyait sur son pied pour se propulser en avant. Ignorant Jugger, il continua sa course et redisparu, sa silhouette se déchirant comme une télévision prise de parasites.

Ses hommes se mirent à crier. Ils étaient entraînés et formés. Ils réagirent rapidement et une rafale de tirs filèrent dans l’air là où se trouvait leur adversaire, sans le toucher.

5 secondes.

Comment viser quelqu’un qu’on ne voit pas ?

Le plus proche d’entre eux réfléchit posément. Il y avait une vingtaine de mètres entre lui et Jugger. Il faudrait donc trois bonnes secondes à l’ennemi pour…
Il était déjà sur lui.

8 secondes.

L’homme avait franchi la distance en un battement de cœur. Tanlo Jakobi sourit alors qu’il réapparaissait, pendant un bref instant. Sa main droite se saisit de la gorge de l’homme avant même que ce dernier ne puisse presser sur la détente de son arme.

Il n’empoignait pas son cou. Il empoignait sa trachée, écrasant sa pomme d’Adam. Ses doigts métalliques et sanglants s’enfoncèrent dans la peau, broyèrent les muscles sans la moindre difficulté.

Tanlo pivota sur ses jambes, et alors que son poing gauche s'enfoncait au centre du torse du mercenaire, il tira d’un coup sec.

Tanlo Jakobi arracha l’œsophage du mercenaire, faisant voler des morceaux de chair dans l’air. Le mercenaire vola en arrière sous la force du coup, le geyser de sang expulsé par ce qui était sa gorge baignant l’air d’un superbe nuage carmin.

10 secondes.

Avant même qu’il ne retombe sur le sol, Tanlo Jakobi avait déjà disparu, et reprit sa course. Les mercenaires sentirent leurs corps devenir froids, alors que leur instinct de survie leur hurlait de partir.

Un d'entre eux craqua. Abandonnant ses camarades, il déguerpit sans demander son reste, s'échappant par une des entrées de secours de la cantina. Les autres tirèrent de concert là où ils espéraient trouver le mercenaire, reculant dans le même temps. Tous leurs tirs sifflèrent dans l'air, faisant exploser tables, chaises et mur, créant de plus en plus de poussière.

Tanlo Jakobi apparaissait et disparaissait par intermittences. De toute évidence, il connaissait parfaitement les intervalles de son générateur de camouflage, n'apparaissant que lorsqu'il était à l'abri de tirs.

13 secondes.

Le deuxième mercenaire le plus proche se retrouva soudainement en l'air, sa jambe d’appuie se dérobant sous lui. Il compris que l'homme invisible lui avait fait une balayette. Il chuta lourdement, sentant leur adversaire l'ignorer pour se précipiter vers un des leurs, celui qui avait un fusil à pompes. Ce dernier compris qu'il était la cible, et se prépara à tirer.

Il poussa un glapissement alors qu’une main invisible se posa sur son arme et… la broya instantanément, comme s’il ne s’agissait que d'une copie faite de carton. Tanlo Jakobi réapparu devant lui, et son bras gauche devint flou. Il semblait tourner sur lui-même, et administra un dévastateur crochet du gauche pile au niveau du foie du mercenaire, le poing pulvérisant l'armure sans difficulté. Le mercenaire poussa un glapissement, avant de s'évanouir, les yeux révulsés, chutant lourdement, perdant instantanément conscience.

18 secondes.

Il courait entre les tables, les piliers, le comptoir, jouant sur les angles morts, et mettant à profit son invisibilité pour se jouer des tirs croisés qui ravageaient l'établissement. De toute évidence, il était habitué à lutter contre les tireurs. Un tir chanceux fit voler son chapeau, alors qu'un autre laissa une belle trace de brûlure sur son bras. Les survivants hurlaient des ordres et des imprécations. Une grenade l'envoya rouler contre une table, mais il se releva à une vitesse surhumaine, et redisparu. Il n'était pas aussi rapide que la Sith, mais son invisibilité le rendait absolument ingérable.

- VISEZ SES JAMBES hurla le deuxième mercenaire. Il avait compris, en regardant les jambes de leur adversaire. Des bottes antigrav. Leur adversaire utilisait ces dernières pour accélérer ses déplacements et changer brusquement d'orientation. Ils ne pouvaient anticiper ses mouvements.

Une autre explosion de poussière. Il avait sauté.

23 secondes.

- ATTENT....

Tanlo Jakobi réapparu, plus de deux mètres au dessus du sol, les deux jambes repliées sous lui, tel une boule de muscle. Un "vrouf" se fit entendre, alors que les mini propulseurs de ses bottes s'illuminaient. Ses deux jambes se déplièrent d'un coup et pulvérisèrent le crâne d'un de leur compère dans un dropkick mortel, brisant son cou. Il retomba sur le sol, et fonça à toute vitesse sur l'un des derniers mercenaires encore debout.

28 secondes.

Ce dernier, plus malin, plus dégourdi, plus costaud que les autres, parvint à anticiper le coup du maître, et para son coup. Ils restèrent figés, un bref instant, et il contre-attaque. Son coup ne trouva que l'air, mais il parvint à éviter un deuxième coup du maître. Leur escarmouche ne dura que quelques secondes avant qu'un foudroyant coup de pied ne lui brise la rotule. Il poussa un hurlement de douleur alors que sa jambe était pliée dans le mauvais sens. Il s'effondra à genoux, et se tut lorsque le nouvel arrivant enfonça son index et son majeur dans son oeil, jusqu'à la garde, le tuant instantanément. Il redevint invisible à mi-chemin de son geste.

38 secondes.

Ils n'étaient plus que deux. Ils se regardèrent l'un l'autre. Tous unis, préparés, ils auraient eu une chance. Non. Ils auraient gagnés. Mais l'homme au chapeau leur était sauté dessus, sans leur laisser le moindre instant pour se réorganiser, profitant du momentum et les tuant l'un après l'autre.

Le deuxième mercenaire regarda son compère, et ils fuyèrent, chacun dans une direction opposée. Il vit avec soulagement que le nouveau venu fonçait sur son camarade. Tanlo rattrapa le fuyard en deux jambes inhumaines, et le plaqua au sol. Il saisit le mercenaire par ses tentacules - il s'agissait d'un twilek-, tira sur ses dernières, lui arrachant un hurlement de douleur, et écrasa son visage contre le sol.

45 secondes.

Encore. Encore. Et encore. Le bruit du crâne écrasé contre le sol devint de plus en plus fort et ignoble, jusqu'à ce que le sol ne soit souillé par le sang et la cervelle.

Tanlo se releva, et regarda le deuxième mercenaire.

En voilà un qui vivrait pour aujourd'hui...

Tanlo Jakobi se redressa sur ses jambes, et ses yeux bleus percèrent ceux de la Sith.

Une minute.
Darth Hope
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Les yeux de Dana s’ouvrirent péniblement. Ils rencontrèrent ceux de l’inconnu et elle poussa un violent soupir, dépassée par la situation qui avait totalement échappé à son contrôle. Elle grimaça, partagée entre la douleur et la colère. Enfin son esprit consentit à se concentrer sur autre chose que sa misérable souffrance. Elle avisa le paysage de la cantina, les corps qui fleurissaient ci et là, les entrailles déversées, les crânes fracassés. Il y avait quelque chose de poétique et de cauchemardesque dans tout ça. Elle força sa main crispée à chercher son paquet de cigarra et son briquet, quelque part au fond d’une poche. Elle eut toutes les difficultés du monde à passer la cigarette entre ses lèvres fardées. Ceci fait, elle eut besoin de reprendre son souffle. Enclencher la flamme du briquet fut un exploit, embraser l’extrémité du bâtonnet de toxine en était un plus grand encore. Mais elle réussit grâce à des gestes pathétiques, engourdis de douleur.
Une inspiration qui lui fit un bien fou, remit ses idées en place.

-Ce connard de Jugger’. Il a cru qu’on pouvait baiser une Shar comme ça… commenta-t-elle, sans élégance, expirant un nuage de fumée.

Elle était toujours allongée et fixait désormais le plafond sale. Fumer lui faisait du bien. Il ne la guérissait pas, mais elle avait l’impression que le geste endormait ses blessures. Elle se mit à un réfléchir un instant entre deux geignements d’inconfort. Comment avait-elle pu se retrouver engagée dans un guet-apens sur Nar Shadaa ? Sa tenue était foutue. Juggernaut avait forcément eu une raison de s’en prendre à elle. Après toutes ces années de collaboration, il n’aurait jamais pris le risque de s’attaquer à la Sith qu’elle était, pas sans un commanditaire. Puissant et qui payait bien. Elle se mit à rire.

Et son rire aussi féminin qu’absurde se répandit dans l’air, balayant le silence morbide.

-Et je peux savoir qui t’es ? demanda-t-elle soudainement vers Tanlo, sans lui accorder un regard, trop occupée à savourer sa cigarra. Je suppose que des renforts vont pas tarder. Je devrais pas traîner.

Sa paume tâta le sol à proximité et agrippa le manche de sa pique-laser qu’elle rétracta d’un geste habile, mais douloureux. Sitôt fait, elle logea sa précieuse arme dans l’étui attaché à sa cuisse intacte. Une dernière, longue et profonde taffe, qui souleva sa poitrine, et elle jeta son mégot avant de se redresse mollement. Elle sentait et goûtait son propre sang. Elle attrapa le pied d’une chaise proche et elle s’en servit comme d’un appui pour assurer sa remise sur pied. Elle grogna de douleur. Il fallait éviter de solliciter sa jambe blessée.

-Sacré boulot. Du genre propre mais quand même bien dégueulasse. dit-elle en avisant de nouveau les victimes de l’inconnu. Mais ne compte pas sur moi pour me jeter dans tes bras et te couvrir de remerciement. Déjà parce que c'est pas le genre de la maison et ensuite parce que j'avais pas besoin d’aide, je gérais la situation. Ces gars étaient cons et déjà morts.

Elle chancela quelques pas et la souffrance fut assez convaincante pour l’obliger à se rasseoir sur un siège.

Tanlo Jakobi
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L'homme regarda la jeune femme se relever péniblement. Il ne l'aida pas. Premièrement, car elle ne l'avait pas demandé. Deuxièmement, car il savait que les siths étaient comme des animaux. Blessés, ils étaient dangereux et méfiants. Et se faire empaler sur sa pique laser ou se retrouver la gorge broyée en mille morceaux n'étaient pas une option pour lui.

Aussi, il la laissa faire. Il s'approcha lentement du comptoir, avec lenteur. L'adrénaline partie, il inspira et expira doucement, afin de récupérer. La fatigue le frappait tout d'un coup. Il s'en sortait sans casse, pour cette fois.

-Ce connard de Jugger’. Il a cru qu’on pouvait baiser une Shar comme ça…

Oh, une fumeuse, elle aussi ! Un point commun sans importance qui, sans qu'il l'explique, le rendait guilleret. D'une impulsion, il sauta derrière le comptoir à moitié détruit et ciblé d'impact de balles et de blasters. Il essuyait ce dernier, enlevant les débris qui tombaient sur le sol.

- Espérons qu'il retienne la leçon pour sa prochaine vie commenta t-il, philosophique, avant de se baisser derrière le comptoir.

-Et je peux savoir qui t’es ? demanda-t-elle sans lui accorder un regard, trop occupée à savourer sa cigarra. Je suppose que des renforts vont pas tarder. Je devrais pas traîner.

- Moi, c'est Tanlo Jakobi. Les gens m'appellent Tanlo, ou maître Jakobi. Je te laisse choisir. Il fouillait sous le comptoir, grognant. Il était grand et massif, et devait se pencher exagérément pour attraper ce qu'il cherchait. Il poussa un petit cri de victoire en extrayant une bouteille d'alcool épargnée par le carnage, et deux verres.

- Pas d'inquiétude pour les éventuels renforts dit-il avec un grand sourire. Mes disciples s'en chargent. Les deux zouaves qui se sont échappés sont probablement entre leurs mains.

-Sacré boulot. Du genre propre mais quand même bien dégueulasse. Mais ne compte pas sur moi pour me jeter dans tes bras et te couvrir de remerciement.


Il fronça un sourcil et en leva un autre, la regardant avec perplexité, avant de la regarder de bas en haut, et de souffler de nez avant de rire, secouant la tête. Il nettoyait les verres avec un chiffon, en enlevant la poussière avec plus ou moins de succès.

* En voilà une qui a une haute d'opinion de son apparence...*

Il déboucha la bouteille et en versa le contenu dans un verre, avant de verser de l'eau dans un second. Le liquide ambré et alcoolisé scintillait dans son contenant.

- Déjà parce que c'est pas le genre de la maison et ensuite parce que j'avais pas besoin d’aide, je gérais la situation. Ces gars étaient cons et déjà morts.

- Oui, j'ai bien vu que la situation était parfaitement sous contrôle dit-il avec une pointe d'ironie qu'il ne cachait pas. D'une main, il se saisit des deux verres, et fit le tour du comptoir. Il traina une table miraculeusement debout devant la jeune femme, puis une chaise, avant de s'asseoir dessus. Il déposa les deux verres, en poussant un lentement vers elle.

- Santé madame la Sith ! dit-il d'un air joyeux.

Il croisa les jambes, et alluma un cigare. Il était en pleine forme, contrairement à elle. Le contraste entre eux deux, et avec le reste de la taverne, quasiment détruite et puant le sang, créait un décalage aussi troublant qu'amusant -du moins à son goût-.

- Alors, petite, qu'est ce que c'est que toute cette histoire ? T'es qui ? Il te voulait quoi ? C'est un ancien petit copain frustré, c'est ca ? dit-il en la traitant plus comme une contrebandière que comme une sith, visiblement nullement impressionné. Allez, faisons connaissance.

Il but son verre, appréciant l'eau qui rafraichissait sa gorge sèche.

- J'ai rien de prévu ce soir, j'ai tout mon temps pour t'écouter. Son regard bleu brillant pétillait de malice. Mais madame préférerait peut-être un endroit moins ravagé ?
Darth Hope
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Elle fit l’effort considérable de se relever, après avoir tiré une dernière longue taffe salvatrice qui creusa ses joues comme si elle en perdait la vie. Les toxines avaient à peine endormie le stress de la douleur et elle réussit à tituber jusqu’au siège que l’étranger avait préparé. Elle avisa le verre qui lui était destinée, se pencha au-dessus de la table et s’en empara pour le boire cul-sec. La brûlure de l’alcool dans sa gorge fit s’évaporer temporaire la souffrance continue. Enfin, elle s’échoua sur la chaise, face à lui. Elle plissa ses yeux dorés dont le maquillage à moitié estompé racontait tout de ces dernières minutes hautes en couleur.

-T’es pas du genre à t’encombrer de la politesse avec un Sith, n’est-ce pas ?

Mais elle n’était pas en état de lui faire la leçon, ni de lui apprendre le respect. L’envie ne manquait pas. Cependant, tout aussi agaçant qu’il était, il ne se montrait pas hostile et avait décidé, malgré tout, d’aider Dana à s’en sortir. Elle ne l’avouerait pas, mais elle lui en devait une. Elle paierait donc sa dette en ne l’exécutant pas pour irrespect. Dana était comme ça, tellement magnanime. Sa grandeur d’âme la surprenait elle-même. Tant qu’elle se mit à ricaner en sortant une nouvelle cigarra qui fut immédiatement pincée par ses lèvres rebondies au rouge encore scintillant.

-Dana Shar, se présenta-t-elle sommairement en allumant sa cigarette à la hâte. Je me pose les mêmes questions. Et non pas un petit ami, j’ai meilleur goût que ça. Et puis, je préfère les blonds.

Impossible de savoir si Jugger était brun, roux, blond, bleu puisque son cadavre était chauve. Elle prit le temps d’inspecter Tanlo de ses iris mordorées. Il avait l’air d’avoir fait un paquet d’années, d’avoir roulé sa bosse. Assez pour ne pas être intimidé par une Sith. Bien qu’en territoire neutre, loin de l’Empire, il n’y avait pas de quoi être impressionnée par une Sith esseulée à qui on avait tenté d’ôter la vie aussi misérablement.

Un craquement sordide en provenance du plafond. Une poutre échoua non loin d’eux, dans leur indifférence la plus totale. Le local tombait sûrement en ruines. Les tirs de blaster, les coups échangés n’avaient épargné ni le mobilier, ni les piliers. Quel gâchis. L’endroit était charmant pourtant, assez cosy, ironisa-t-elle en silence. Avec deux doigts, elle repoussa son verre vide vers Tanlo. Le geste était limpide : elle souhaitait être resservie.

-Je n’ai pas pour habitude de suivre des inconnus, tu m’excuseras. Je me suis déjà fait avoir une fois aujourd’hui. Qui me dit que tes petits copains dehors ne vont pas remettre le couvert ?

Elle n’avait pas pour habitude d’être paranoïaque, mais un peu de méfiance ne faisait de tort à personne.

La fumée de sa cigarra s’évaporait paresseusement dans l’air qui les séparaient, se fondant avec la poussière ambiante. Une poussière dont les cheveux de Dana étaient tapissés et qui éclaircissait leur teinte habituellement ténébreuse. Elle passa un pouce pensif sur sa cicatrice blanche, celle qui barrait sa lèvre inférieure, sans quitter son interlocuteur du regard. Elle fut soudainement prise de lassitude et de fatigue. L’adrénaline avait quitté son corps. Il ne restait plus qu’un grand vide. Elle ne savait pas comment elle allait quitter cet endroit, si elle ne devrait pas combattre à nouveau. Son cœur battait la chamade et ses sens manquaient d’exploser de lucidité.

-J’ai pas pour habitude de faire du tourisme dans le coin, en fait, dit-elle comme si elle parlait de la pluie et du beau temps.

Elle s’empara du verre à nouveau plein de la même main qui tenait la cigarra, le leva brièvement vers le grisonnant et avala le tout rapidement. Ses idées se remettaient en place, mais pas assez vite à son goût.

-Et toi alors, si t’es pas avec Jugger’, t’es avec qui ? T’es seulement du coin ? De là où je viens, c’est plutôt moi qui pose les questions, vois-tu. Tanlo. Tes disciples ? T’es un genre de gourou ?


Il lui fallait bien gagner du temps pour réfléchir un peu.

Tanlo Jakobi
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-T’es pas du genre à t’encombrer de la politesse avec un Sith, n’est-ce pas ?

Il se mit à sourire. Tanlo Jakobi respectait la force, qu'elle soit physique ou politique. La femme en face de lui, à ce moment présent, n'avait ni l'un ni l'autre. Elle pouvait déjà s'estimer heureux de la manière il la traitait, et aussi, accessoirement, qu'il venait de lui sauver la vie.

- Enchanté mademoiselle Shar. Elle semblait jeune, et il évita donc le "madame". A moins que vous préfériez Darth quelquechose ? dit-il avec une curiosité non feinte.

Un petit instant de calme. Ni l'un ni l'autre n'étaient troublés par l'odeur du sang, de la chair brulée, de la poussière, et, globalement, de la mort et de la désolation autour d'eux. Ils y baignaient tous les deux.

-Je n’ai pas pour habitude de suivre des inconnus, tu m’excuseras. Je me suis déjà fait avoir une fois aujourd’hui. Qui me dit que tes petits copains dehors ne vont pas remettre le couvert ?

- Moi. Ils n'obéissent qu'à moi dit-il d'un air assuré. Il grimaçait un peu : la chaise n'était pas très confortable, et il changeait souvent de position, sans trouver celle qui lui convenait le mieux. Et puis, soyons honnête. Si je voulais finir leur travail dit-il en désignant les cadavres autour d'eux, je pourrais le faire ici et maintenant, tout seul. J'ai pas besoin de m'emmerder à vous attirer dans les bras de troupaille.

Il fallait être honnête. La pauvre était dans un état bien trop délabré pour contester cet état de fait. L'inverse aurait été vrai si leurs positions avait été échangé. Lui était arrivé par surprise, mais si tous ces gus étaient venus pour lui, et que Dana Shar était arrivée comme une fleur après, il se doutait bien qu'il ne saurait pas résister à la fureur de la sith.

-Et toi alors, si t’es pas avec Jugger’, t’es avec qui ? T’es seulement du coin ? De là où je viens, c’est plutôt moi qui pose les questions, vois-tu. Tanlo. Tes disciples ? T’es un genre de gourou ?

- Ouais, je suis du coin dit-il en se relevant. C'est un de mes établissements préférés aussi.Tristesse...

Un sourire carnassier déforma soudainement son visage.

- Un gourou ? Hum... ouais. Un gourou de la violence. J'apprends aux gens à se battre. A cogner. A se défendre et à tuer avec leurs mains, leurs pieds, leurs coudes, leurs dents. Ils me sont très dévoués. Ils savent ce que je sais faire, et ce que je leur ai appris à faire.

Il termina son verre, avant de se lever.

- Allez Shar ! Suivez-moi. Je n'habite pas loin, et j'ai une cuve de Bacta au dojo. On va vous retaper. C'est la maison qui offre.

Il n'avait aucune raison d'être aussi généreux. Mais il n'avait aussi rien de mieux à faire. Il s'assura qu'elle le suivait, bien qu'il sentait encore sa méfiance.

- C'est pas tous les jours que je croise une Sith qui ne me regarde qu'avec un demi-mépris, j'en profite.
Dit-il, comme pour répondre aux questions muette de l'esprit de la jeune femme.

- Pourquoi se faire un ennemi quand on peut avoir un ami, hm ?

Ils sortirent de l'établissement... pour y voir une cinquantaine de personnes à l'entrée. Tous se mirent instantanément en garde.

- C'est bon les gars, on se calme ! Madame est avec moi.

Dana Shar pouvait voir qu'aucun des hommes présents n'était un réel danger pour elle. Il y avait de tout. Des grands, des petits, des ouvriers, des types avec des têtes d'informaticien, des humains, des aliens, de tous les gabarits. Elle pouvait voir aussi, à leur pose, la définition des muscles sous leurs vêtements, et leur regard déterminé et sans peur, que tous s'y connaissaient en arts martiaux? A des degrés différents, mais néanmoins notable. Personne ici qui ne lui poserait la moindre difficulté. Mais clairement, tous ceux ici présents étaient de redoutables adversaires pour un individu lambda, et pouvaient sûrement régler des bastons de bar.

- Grand Maître ! Répondit un d'entre eux. On a trouvé deux soldats sortant de l'établissement. On en fait quoi ?
- Vous les avez mis où ?
- Dans la cave du dojo. Piotr et Korenak les surveillent. On leur a un peu cassé la gueule chef.
- Bien. Gardez les au frais alors. Je crois que mon invité aura beaucoup de choses à leur demander, pas vrai ?

Il regarda ses disciples.

- Félicitations pour votre réactivité ! Voyez voir ce qu'on peut récupérer sur les corps, et rentrez chez vous ! Laissez les "autorités" se charger de nettoyer les restes. Et n'oubliez pas ! Pour les cours du matin, je vous attend demain à 11h !

Ils se mirent tous au garde à vous, répondant d'une voix puissante et parfaitement synchronisée.

- OSU !

Comme un seul homme, ils se précipitèrent à l'intérieur de la cantina, laissant l'homme et la femme seuls. Il lui fit signe de le suivre, alors qu'il réajustait son chapeau.

- Allez, j'habite à côté.

Dans cette partie de Nar Shadaa, les rues étaient larges et vides. Ce quartier de la planète était un ancien quartier astroportuaire, réaménagé en quartier d'habitation. Les anciens signes de ses fonctions : larges rues, plates, bâtiments gigantesques transparaissait encore. Le sol de métal était plutôt sale, et des sacs plastiques volaient, poussés par le vent. L'odeur générale était assez infâme, mélange d'odeurs fortes industrielles et de misère.

C'était un coin pourri et mal famé.

Un sans abri, allongé sur un banc, poussa un grognement, alors que Tanlo Jakobi, d'un air presque conquérant, guidait la Sith à travers les rues, puis les boulevards, puis les allées, jusqu'à arriver à un large cul de sac.

- Et hop.

Il appuya sur un large bouton. Une petite partie du mur coulissa, révélant un code. L'homme tapa une suite de 23 chiffres, avant qu'une porte colossale ne s'ouvre, assez grande pour laisser passer un vaisseau tout entier.

- Soyez pas intimidée.
Elle semblait hésiter, mais elle le suivi. Ils se retrouvèrent sur une grande plateforme. Tanlo Jakobi appuya sur un autre bouton, et dans un grondement industriel, la plateforme descendit dans les profondeurs. Le bruit était assourdissant.

Les bras croisés dans le dos, Tanlo Jakobi tournait le dos à son invité. Malgré celà, il aurait été impossible pour elle de cacher la sensation qu'il l'observe sous toutes les coutures....

Après deux minutes de silence de la part de l'homme, le monte-charge s'immobilise devant une grande porte.

Autre suite de codes.

Autre porte qui s'ouvre.

Elle se retrouve à l'intérieur d'une baie de débarquement. Entièrement noire, jusqu'à ce que Tanlo allume la lumière. Une série de "CLANG" retentissants sont suivis de l'allumage de projecteurs accrochés au plafond.

L'endroit est immense. On peut presque y visualiser l'époque glorieuse de ce dernier, où speeders, vaisseaux et camions faisaient des allez-retours, déposaient des marchandises pour en reprendre d'autre et en repartir. D'immenses couloirs partant sur la droite et la gauche donnaient sur d'autres portes verrouillées.

Une époque glorieuse et abandonnée, dans l'ombre de laquelle vivait cet homme.

- Bienvenue chez moi.

Ils s'avancèrent. Malgré le poids de l'homme, ses pas ne résonnaient pas sur le sol. Il ne faisait quasiment aucun bruit.

L'ancienne baie de débarquement est meublée de nombreuses machines de musculation. Dana peut y voir des sacs de frappes, mais aussi des haltères, des plots déployés ici et là, des mannequins d'entraînement. Des rings, une bonne douzaine. Sur la droite, des tatamis. Les murs étaient pleins de casiers, de bancs et de chaises.

L'endroit puait la sueur, l'effort et le sang. Un seul coup d’œil permettait de voir qu'il était souvent fréquenté et utilisé.

Ce n'était pas une salle de sport. Ni une salle d'entraînement.

C'était un temple du combat. Une salle de concert dédiée à la violence.

- Faites pas attention au désordre dit-il en se dirigeant vers l'ancienne salle de contrôle, dont les vitres étaient teintées et qui permettait de voir d'un oeil le reste de la baie. Après avoir monté les escaliers, il en ouvrit la porte.

Un lit. Une table. Un réfrigérateur. Un bureau. Une petite cuisine.

C'était sa maison.

Si petite, si spartiate, sans rien de superflu. Parfaitement nettoyée. De toute évidence, l'homme accordait bien moins d'importance à son confort personnel et à son chez-soi intime qu'à l'énorme dojo en contrebas.

Seul le bruit d'une cuve de bacta troublait le silence. Il désigna cette dernière.

- C'est la mienne, mais j'en ai pas besoin. Je vous la laisse si vous voulez. Il désigna une armoire.

- J'ai des vêtements de rechange. Le jogging et le t-shirt, ca vous va ? J'ai pas de culotte par contre il ricana. Il faudra faire avec.

Sans vraiment lui laisser l'opportunité de répondre, il se dirigea vers la sortie.

- Je serais en bas le temps de votre repos. Faites comme chez vous.

Darth Hope
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Le produit dans lequel elle avait immergé une heure était aussi désagréable que le kolto synthétique. Lorsque ses blessures se furent refermées, elle se dépêcha de quitter la cuve, se débranchant à la hâte des tuyaux autres perfusions douloureuses. Dana plaqua ses cheveux en arrière et marcha, nue, dans l’ancien poste de contrôle aujourd’hui transformé en loft. Ses pieds nus laissaient des traces de liquide sur le revêtement du sol. Elle finit par échouer dans une douche, seule et tremblante, parce que le froid l’avait saisi. L’eau brûlante détendit ses muscles contractés par la douleur récente. Sous le jet salvateur, elle tentait d’imbriquer ses pensées pour former un puzzle à l’image cohérente. Elle devait trouver un moyen de quitter Narr Shadaa et de rejoindre les frontières de l’Empire. Ce guet-apens de Jugger’ venait de la mettre dans la merde la plus totale.

Plus tard, elle enfilait les vêtements mis à disposition, les dents serrées par un énervement passager. Elle se dépêcha de nouer le cordon du pantalon de sport, et d’y rentrer le T-shirt beaucoup trop large dont les coutures retombaient sur ses épaules frêles.

Enfin, elle se présenta dans la salle d’entraînement, Elle avait récupéré sa pique-laser et son étui pour les raccrocher à sa cuisse droite. Sa chevelure de jais était rejetée en arrière, marquant les traits pâles de sa figure vierge de son fard habituel. Ses yeux dorés sondèrent les lieux, leur disposition puis refixèrent la silhouette de Tanlo.

-Merci pour…vous appelez ça comment, du bacta ? On dirait du kolto synthétique, c’est l’horreur.

Elle se remémora le périple pour accéder au dojo et un soupir discret traversa ses lèvres pincées de contrariété. Elle connaissait mal les territoires Hutts et leurs cités. Si elle devait se tirer là, seule, elle ne donnerait pas cher de sa réussite. Surtout s’il était question d’utiliser son don inexistant pour l’orientation. Il fallait donc bien composer avec l’hospitalité du vieux bonhomme, qui semblait indifférent à son statut de Sith. Elle songea qu’elle n’avait finalement jamais rien connu d’autre que l’Empire et avait mal envisagé qu’en dehors, il puisse y avoir des peuplades civilisées.

-Sympa la baraque. Mais j’crois que y’a plus d’eau chaude. C’est donc là que vous « enseignez » à frapper.

La configuration des lieux lui rappela vaguement les salles d’entraînement au combat sur Axxilia. Elle entendait encore le bruit des os qui brisaient, les gémissements de douleur contenu, les râles de rages et d’efforts. Elle sentait, depuis ce passé rance, l’odeur des sueurs mêlées, des corps qui luttaient pour vaincre. Elle en avait fait partie. Mais ici, entre les murs de cet ancien hangar, le parfum de sang, de souffrance, de transpiration transcendait l’air d’une puanteur qui manqua de lui retourner les tripes.

-Vous travaillez pour l’armée ou un truc comme ça ?

Parce qu’elle concevait mal que l’on puisse apprendre à se battre par simple « plaisir » du combat. Si elle était devenue une guerrière, c’était par nécessité.

-Bon, de toute façon, je ne compte pas m’éterniser. J’ai un travail et je viens de loin. J’ai pas le temps pour du tourisme.

Dommage qu’il n’y avait plus de speeders, ni de vaisseaux dans cette bâtisse.

-Vous me donnerez vos coordonnées et j’vous paierai. Pour l’aide, pour le kolto synthé, la douche, tout ça.

Enfin, le Clergé Sith paierait. Elle n’était pas assez riche pour se permettre une telle grandeur d’âme.

Evidemment, une partie d’elle, fait du vieux réflexe et d’un peu de masochisme souhaitait, par simple curiosité, se mesurer à ce temple martial. Elle avait envie de croire, quelque part, qu’elle possédait encore la fougue des années passées, celle qui lui avaient permis d’encaisser tous les coups, mais aussi de les rendre.


Tanlo Jakobi
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Tanlo l'écoutait sans pour autant arrêter ses gestes. Il était en sueur, en short de sport et avec un justaucorps blanc, qui lui coulait au torse, trempé de sueur. Il ne semblait pas en être gêné.

Il répétait des katas. Ses mouvements étaient fluides, presque doux, contrastant avec sa silhouette brutale et épaisse. Inspirant et expirant avec lenteur, il se mouvait avec grâce, ses mouvements donnant l'impression qu'il était dans l'eau.

-Vous travaillez pour l’armée ou un truc comme ça ?

- Je travaille pour moi avant tout. J'aime me battre, et je partage ce plaisir aux autres. Il leva un pied et frappa un adversaire invisible, 6 fois, lentement, déclinant avec précision chaque geste. Pied, genou, parties intimes, plexus solaire, cou, tête. Puis il leva jambe, épaisse comme un tronc d'arbre, jusqu'à la verticale.

Il se laissa tomber dans un grand écart absolument parfait, et s'allongea sur une de ses jambes.

- Parfois, je bosse comme mercenaire pour l'Empire, la République, les Hutts, même des Siths. Tant qu'on aligne l'argent et que y a de l'action.

Il la regarda avec envie, l'oeil brillant. Elle ne commenta pas sa réponse. Dommage.

- Bon, de toute façon, je ne compte pas m’éterniser. J’ai un travail et je viens de loin. J’ai pas le temps pour du tourisme. Vous me donnerez vos coordonnées et j’vous paierai. Pour l’aide, pour le kolto synthé, la douche, tout ça.

Il se mit à rire. Un " bouhahaha ! " résonna, rebondissant entre les murs, avant de se perdre petit à petit, dans un écho sardonique.

D'un bond, il se retrouva debout, bras écartés.

- Sortir seule à dans ce coin de Nar Shadaa à cette heure-ci ? Même pour une Sith, ce n'est pas quelque chose que je recommanderais. Et puis, mes hommes gardent deux de vos agresseurs dans le coin. Ce serait dommage de partir sans leur poser deux-trois questions non ?

Bras croisés, il reprit la parole.

- J'ai 2-3 chambres dans un coin. Le lit est pourri, mais il est gratuit. La maison invite. Par contre, le lever est à 6h30. Il se mit à sourire d'un air carnassier. Vous serez parfaite pour une petite démo pour le cours du matin.

Il capta le regard interloqué de la Sith. Il se mit à rire.

- BUHAHAHA ! Vous êtes comme un livre ouvert ! Sa voix devint plus grave, sourde, grondante. J'sais reconnaître ceux qui ont soif de sang....

La sueur qui était auparavant présente sur son corps commençait à disparaître.

Il fumait.

De la buée émanait doucement de ses larges épaules, alors que ses brumes de chaleur déformaient l'environnement autour de lui, tandis que ses yeux bleus semblaient briller plus fort que jamais.

- Allez, vous en crevez d'envie...
Darth Hope
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Ok, elle crevait d’envie. Quoique le mot crevé était un peu exagéré. Ces dernières années, Dana avait vécu dans la violence et cette dernière l’avait imprégnée. Il fut un temps où communiquer avec ses poings lui semblait être le seul langage acceptable dans son existence. Depuis, elle avait intégré l’Inquisition Sith et son maître lui avait inculqué quelques notions de discipline et surtout de subtilité. Cette piste sordide que Jugger’ lui avait balancé pour l’attirer dans ce guet-apens, elle devrait en payer le prix devant ses responsables. Si en plus ils apprenaient qu’elle avait traîné après, pour se permettre de tester des activités ludiques sur Nar Shaddaa, ça n’arrangerait pas son cas. Elle extirpa son datapad de la poche de son pantalon ? Ses cheveux humides dégorgeaient sur ses épaules et attiraient les lumières rutilantes du dôjo. Elle fronça son petit nez, concentrée sur sa tâche.

- Vous devriez capter mon message. Mes coordonnées, pour le paiement. Celles de Sith qui ont soif de sang, sait-on jamais que vous souhaitiez leur lancer une petite invitation pour vous faire éclater les dents. Et je vous préviens, un Sith se lève quand il veut. Vous avez pas l’air d’en avoir croisé beaucoup dans votre vie hein ? Alors règle numéro une, qui pourra peut-être vous sauver la vie face à eux un jour, qui sait.

Elle haussa les épaules, malgré le sourire provocant sur son minois.

- La plupart des Siths sont lâches. L’honneur n’existe pas chez eux, ce n’est pas conceptuel mais optionnel. C’est pour quoi, je ne vais pas rester. J’ai rien à prouver aujourd’hui, j’me suis assez battue contre ces enfoirés là dehors et vraiment, ravie de vous avoir rencontré. Le coup de main, vous auriez pu vous le gardrz, mais apprécié aussi, ok ? On va dire que j’vous dois un service à l’avenir, donc gardez mes coordonnées au cas où. C’est toujours utile d’avoir une Sith qui vous doit une petite faveur hein ? J’me sens d’humeur magnanime, je crois ouais que mon âme devient trop grande pour mon corps là.

Sa moquerie résonnait dans sa voix féminine, mais n’était pas gage de méchanceté ou d’hostilité. C’était plutôt de l’autodérision. Elle rabattit une partie de sa chevelure mouillée en arrière, dans un mouvement à la fois sensuel et condescendant.

- Et j’ai des exigences de princesse et un lit miteux, même gratuit n’en fait pas partie. En plus, j’ai vu vos gars me reluquer, une honte.

Elle n’avait rien vu du tout, mais quand il s’agissait d’être une princesse odieuse, elle avait la palme d’or. Mentir ne la dérangeait pas et elle n’aurait même pas été étonnée qu’un de ces types ai laissé traîner son regard. Elle avait une haute opinion d’elle-même, finalement – sa jeunesse et sa beauté relative ne l’aidaient pas à prendre du recul.

- Alors évitez de leur donner mes coordonnées, ok. Ca reste strictement entre vous et moi. La Galaxie est vaste, mais nul doute que nos chemins se croiseront peut-être…un jour. Après tout, les hommes plus âgés ont toujours été mon genre, grimaça-t-elle avant de lui jeter un clin d’œil malicieux.

Elle vérifia que sa pique était bien en sa possession, rangea son datapad. Il était temps de quitter l’espace Hutt, avec quelques cicatrices en plus, quelques souvenirs désagréables. Elle en avait plein le corps et plein l’esprit, il suffisait juste de ménager un peu de place sur sa peau et dans sa mémoire.



[Fin]




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