Emalia Kira
Emalia Kira
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- … parvenir à un accord avant la Parade des Fantômes. Il est hors de question que les festivités soient gâchées par des perturbations politiques. N’oublions pas que l’ensemble des médias seront là, y compris des médias du Noyau.
- Est-ce seulement notre image auprès de Coruscant qui vous inquiète, Sénateur ? Ce qui se passe ici et maintenant a beaucoup plus d’importance qu’une simple réputation qui portera crédit à votre carrière.
- Cela n’a rien à voir ; comment comptez-vous demander l’aide de la République si nous sommes en position de faiblesse ?
- Revenons un peu en arrière, intervint Emalia en utilisant ses deux mains pour appuyer sa demande implicite d’une trêve entre les deux hommes. Quand aura lieu cette fête au juste ?
- Dans deux semaines. C’est très peu.
- Très peu, mais suffisant. Il le faudra, en tout cas.

Les trois interlocuteurs étaient rassemblés autour d’une large table ronde, elle-même entourée de fauteuils positionnés en rangée à quelques mètres de là comme s’il y avait eu besoin d’un auditoire à leur réunion comme s’il se fut agi d’un spectacle. Ce n’en était pas un, et la salle était d’ailleurs bien vide : à part Emalia, le Sénateur d’Entralla – un humain de quelques années de plus qu’elle vêtu d’un costume d’affaires qui détonnait avec le troisième interlocuteur – et le ministre de l’intérieur de la même planète, un homme petit et sec, assez âgé, dont la tenue consistait en une lourde toge brodée dans laquelle il disparaissait presque totalement ; à part eux donc, quelques assistants ou chargés de mission assistaient à leur échange ainsi que quelques personnels de sécurité, et un chevalier Jedi qui n’était pas inconnu à la souveraine ; Luke Kayan, le jeune homme aveugle qui l’avait accompagnée à quelques parsecs d’ici, lors de la bataille de Dubrillion. Si Emalia avait été étonnée de le revoir, elle n’en était pas moins satisfaite d’avoir à ses côtés un Jedi dont elle savait qu’il ne jouerait pas les critiques à son égard ; le chevalier Kayan était neutre dans ses propos comme dans son ton, ce qui l’avait bien arrangée jusqu’ici.
La pièce était claire, lumineuse malgré les nuages au dehors qui couvraient la ville de Nexus City. Au loin, on apercevait par les fenêtres du bâtiment moderne les fumées d’une zone industrielle qui avait causé beaucoup de soucis à la planète. Deux explosions majeures avaient eu lieu, entraînant la mort de plus de 600 personnes. Un accident industriel catastrophique, qui avait pris une ampleur inédite quand l’une des entreprises impliquées en avait accusé une autre d’avoir provoqué l’accident pour causer sa chute. La concurrente, qui avait l’habitude de fournir une grande sécurité à ses trajets hyperspatiaux – ils livraient dans toute la galaxie leurs matériaux – avait utilisé ses services de sécurité pour menacer les vaisseaux de l’entreprise victime juste à l’extérieur du système, hors des frontières républicaines. L’Armée Républicaine était intervenue dans les heures qui suivaient afin de neutraliser le conflit naissant, et avait sommé les dirigeants d’Entralla d’apaiser la situation avant qu’un conflit civil n’éclate à si peu de distance de la frontière impériale. Le Sénateur était censé rendre des comptes dans les heures qui venaient.

Que faisait donc là la Reine d’Ondéron ? Encore une fois, elle était là au mauvais endroit, au mauvais moment : elle était en visite sur Yaga Minor pour le compte – informel, bien entendu ! – de l’AO lorsqu’elle avait entendu les premières annonces liées à ce conflit. Elle s’était donc dit qu’elle était précisément au bon endroit, au bon moment. Toute problématique politique, économique, militaire, sociale ou même culturelle était devenu une opportunité pour la souveraine, qui désormais proposait le soutien de l’AO à quiconque se retrouvait en difficulté face à la République. Jusqu’ici, peu avaient mordu à l’hameçon, mais elle tenait là des candidats prometteurs.

- Deux semaines, c’est très court, mais si le conflit n’est pas désamorcé d’ici là, il sera médiatisé largement à cause des tensions engendrées par la confrontation des points de vue pendant les festivités, le Sénateur a raison sur ce point. Et la République ne laissera pas des hostilités être exposées si près d’une zone sensible avec l’Empire. Si vous n’avez pas désamorcé le conflit d’ici là, le gouvernement S’Orn s’en mêlera sans nul doute pour vous imposer des solutions. Et pas forcément celles que vous espérez.
- Exactement, ponctua le jeune sénateur.
- Que pourraient-ils donc nous imposer que nous devrions craindre ? Je ne vois pas le problème. La République donnera raison à l’entreprise K’skaki qui, même si elle peut être poursuivie en diffamation, n’a pas à subir de telles menaces.
- Ce n’est pas là que s’imposeront des mesures qui vous gêneront, monsieur le Ministre. Si la République s’en mêle, elle donnera certainement raison à K’skaki, mais elle investiguera dans le détail sur les autorisations dont bénéficient vos entreprises pour s’armer si lourdement.
- Nous faisons commerce de marchandises extrêmement précieuses !
- Je n’en doute pas. Mais si la République considère cet armement comme une source d’incertitude sur son territoire, elle vous imposera une réglementation qui poussera vos entreprises, non pas à se désarmer, mais à s’implanter ailleurs. Là où la loi républicaine ne s’appliquera pas. Dans votre cas, il ne suffira pas d’aller bien loin.

Le ministre se renfrogna dans sa toge, mais Emalia savait qu’elle avait fait mouche. L’argument de la perte économique majeure pesait toujours lourd dans la balance.

- Ce que je suis venue vous proposer, fit la souveraine, comptant bien profiter de ce moment d’hésitation, c’est d’essayer de faire en sorte que les vaisseaux républicains restent à bonne distance et qu’une flotte légère neutre soit envoyée pour extraire les représentants de K’skaki tout en assurant aux deux entreprises qu’une enquête aura lieu sur l’accident, et qu’aucune d’entre elles ne sera inquiétée par la suite pour l’escalade des hostilités qui a eu lieu. Sans l’intervention de la flotte républicaine, FPO ne pourra craindre une assignation en justice, c’est notre garantie pour qu’ils acceptent de cesser toute menace.

Le sénateur à ses côtés se tourna vers Emalia, sourcils froncés.

- Où sommes-nous censés trouver une flotte neutre ? Vous pensez certainement à une flotte planétaire, mais ce n’est pas comme si Muunilist allait s’engager dans ce genre de choses. Les muuns sont plutôt…
- Non ! Evidemment, les muuns vous factureraient la prestation de telle sorte que vous soyez endettés sur des décennies ! Absolument pas. Je pensais à Bogden. Bogden n’est qu’à trois jours, quatre maximum, de déplacement. Cela vous laisserait le temps de convaincre ces deux entreprises d’accepter la manœuvre. Cela laisse à tout le monde le temps de réfléchir.

Les deux hommes échangèrent un regard, mais ils n’avaient pas la complicité requise pour se mettre d’accord d’un simple coup d’œil. Fallait-il marcher dans la proposition de cette femme à la réputation d’avoir mené la galaxie à ses plus sinistres heures ? Emalia savait bien ce qu’ils mettaient dans la balance : le risque – elle était bien cette femme horrible que personne ne voulait fréquenter – d’une part mais de l’autre, sa compétence en matière de diplomatie et de commandement. Même ces détails techniques de la durée de déplacement d’une petite flotte, c’était le genre de savoir qu’ils ne possédaient pas. Elle n’avait pas conduit des batailles pour rien. Finalement, ils parurent vouloir tous deux donner du crédit à sa solution. Emalia poursuivit après qu’ils eussent acquiescé en silence.

- Bogden ne demandera rien d’autre en échange que des contrats favorables. Les minéraux que vous produisez sont exactement le genre de choses qu’ils recherchent, mais l’état de leurs finances fera que l’offre les intéressera. Je suis sûr que vous trouverez tous une entente pacifique qui impliquera que la flotte républicaine reste en dehors de tout cela. Qu’en pensez-vous, Chevalier Kayan ? Si nous sommes tous d’accord, il nous « suffira » d’indiquer au Commander Ular’lim, qui doit nous rejoindre d’un instant à l’autre, que nous avons trouvé une voie de sortie qui n’impliquera pas ses troupes.

Le militaire, avec qui elle avait déjà échangé dans des circonstances… très différentes, faisait partie de la flotte qui s’était rapproché du secteur Velcar suite au début de conflit. Ils étaient restés stationnés dans le système en attendant que soit désamorcée la situation politiquement, tout en restant à proximité au cas où on leur demanderait d’intervenir, mais Emalia savait d’expérience que si une solution était présentée toute prête, l’Etat-Major tout comme le commandant de la flotte localement seraient heureux de pouvoir reprendre leurs activités de surveillance en toute sérénité et de ne pas s’encombrer de conflits intestinaux locaux. Il ne restait plus qu’à convaincre Bogden… En faisant miroiter au parti qu’Entralla pouvait potentiellement rejoindre leurs rangs dans un avenir proche si l’opération réussissait, Bogden se rangerait sûrement à l’avis général de l’AO. Même si les négociations étaient presque terminées, il lui restait encore une carte à jouer pour que tout le plan fonctionne.

- Le Commander Ular’lim vient d’arriver, fit un droïde de protocole dans un basic un peu rigide.

Emalia acquiesça après avoir s’être assurée que tout le monde était d’accord, et ils se tournèrent tous pour accueillir le prélat de la Lune – cette vieille connaissance.

Zerath Ular'Iim
Zerath Ular'Iim
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Il ne faut que quelques minutes pour que deux soldats républicains pénètrent la pièce. Ils portent des armures noires complètes. Leurs casques sont peints de pourpre. Au dessus de leurs yeux, deux lignes noires perpendiculaires s’étirent jusqu’aux trois quarts du front, où trône un cercle blanc, lunaire. Ils portent sur leur épaule le symbole républicain. Ce sont les gardes d’élite du Commander Ular’Iim. Ils se placent chacun d’un côté de la porte. Derrière eux vient une lourde respiration vocalisée. L’immense figure de Zerath pénètre enfin la salle des négociations. Machine de mort parmi les vivants, son masque squelettique blanc observe sans expression les visages qui lui ont fait entamer interrompre des opérations autrement plus importantes. Son regard de saurien se pose sur Emalia pendant plusieurs secondes, avant de passer sur le sénateur et ses laquais. Il détaille plusieurs fois la salle; sa respiration se mue enfin en l’avalanche sonore qui caractérise ses paroles:

- Easaa’han i’athfiyr Shrupak e’abithatu’k*, Entralla. Qu’est-ce donc? Le républicain qui affronte le républicain? Que sont ces règlements de compte, dignes des plus bas Hutt? Hors de notre espace, à pleine portée impériale? La paix serait-elle à ce point ennuyeuse que vos sujets s’en trouvent besoin de faire leur propre guerre? Désirez vous si ardemment que votre ciel s’embrase par le conquérant impérial? Je suis malcontent, sénateur. Je vois à cette table que vous avez eu le bon goût d’inviter des esprits éclairés mais avez évincé les coupables du méfait. M’avez-vous fait poser pour m’entretenir d’un accord pour lequel vous avez conspiré sans la garantie que vos subordonnés auront l’intelligence - si éphémère fut-elle - d’en accepter les termes?

Les paupières du reptile s’étirent. Il est empli de la malice du crotale prêt à mordre, qu’il contient à peine. Si les mots pouvaient mettre à mort, beaucoup seraient déjà foudroyés.


- Contactez les, sénateur: ils viendront à cette table d’ici vingt minutes ou seront emprisonnés.

Zerath est agacé. De quel droit ces humains s’autorisent-ils des affrontements si frivoles? Se croient-ils permis à des escarmouches pour des ressources - des affrontements parjures et hérétiques? Et par quel artifice se pensent-ils autorisés, ces blasphémateurs, à contrarier les propres plans du kaleesh lui-même?

- Les emprisonner...? Commander, ils n’ont violé aucune loi...risque l’humain représentant de ce monde qui a l’audace de mettre à mal les desseins de l’Ular’Iim en invitant prématurément l’Empire là où il ne doit pas être.

- Non? Pourtant vos flottes sont astreintes au cocon de votre secteur; pour assurer la pérennité des vôtres aux abords de vos systèmes sans avoir à passer par les infrastructures de notre armée et des contraintes d’une garnison sur votre sol. Oseriez vous prétendre que cet espace où vous m’avez fait avancer pour tenir en laisse vos laquais stupides et belliqueux est part intégrante de notre République?

- Ils ont eu un...un accident de parcours; mais je puis vous assurer de la pleine capacité de ces entreprises à s’auto-gérer, Commander.

- Leur capacité à générer des problèmes ne m’a en effet pas échappé. Appelez les. S’ils ne viennent pas par eux mêmes, j’irai les chercher. Croyez bien sénateur que ce sera un voyage beaucoup moins plaisant.

L’homme respire rapidement. La température de son visage est caractéristique de l’agitation marquée; les joues et le front sont gorgées de sang neuf. Zerath le conçoit bien; les discussions avec Emalia Kira devaient certainement être plus douces. Guère plus aisées, mais Emalia s’est certainement montrée plus diplomate. Le Kaleesh, cependant, n’est pas venu pour faire de la diplomatie; il n’est pas un parent venu réprimander un enfant capricieux avec dureté mais bienveillance. Il est venu mettre au pli des pions qui scelleraient bien plus que leur propre perte par leur fierté puérile.

Le ministre de l’intérieur se lance au secours du sénateur:


- Nous pensions plutôt les faire venir par une flotte neutre de...de...

Zerath pose son regard de braise sur le ministre, qui déglutit, décontenancé par le paraître proprement monstrueux de l’alien.


- Bogden, sur suggestion de madame Kira.

Le Kaleesh adresse un regard à son ancienne supérieure avant de revenir sur le ministre.

- Craignez vous tant cette décision pour ne pas en assumer la responsabilité, ministre?

Cependant, l’idée a son mérite. Une flotte neutre permettrait aux entreprises de ne pas avoir l’impression d’être traînés à leurs procès respectifs. Cela entretiendrait leur coopérativité assez longtemps pour les amener à la table des négociations.

- Finement entendu, sénatrice. Bogden sur la voix Hydienne, les troupes non affiliées pourraient être mises au service de Entralla pour que tout soit réglé en moins de soixante douze heures. Cependant, sur tout cet intervalle de temps, il n’en tiendra qu’à notre armée de distraire l’Empire,en bougeant ailleurs sur notre territoire...

- Mais Commander, nous sommes en trêve avec...

Zerath lève une main impérieuse vers le sénateur, l’adjoignant au silence.

- Il est dans les façons de notre ennemi de feindre la paix pour mieux renouveler son assaut. Et sitôt notre présence hors de notre espace amenée à son attention, il en éveillera sa vigilance et son soupçon. Un soupçon qui pourrait le pousser une nouvelle fois à frapper, là où il sentira la faiblesse.

Son attention revient à Emalia.

- Trois jours n’est hélas pas un temps dont nous disposons; pas en ces heures, où le regard de notre ennemi se porte aux bordures de son territoire. La trêve ne l’a pas empêché de poursuivre son extension Hutt. Il ne faudrait même qu’une rumeur pour que sa convoitise se porte sur ce monde. Et nous ne pouvons guère tromper sa vigilance.

Il se tient toujours face à la porte, statue d’acier cauchemardesque, ode aux ravages de la guerre. De sa voix d'airain qui résonne comme le tonnerre, il dit une dernière fois, placide:

- Appelez vos commerciaux, sénateur.

*: "Puisse Shrupak pardonner votre frivolité", usuellement une prière miséricordieuse, elle est réservée à ceux qui ont pêché et cherchent le pardon divin.
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