Invité
Anonymous
Ferme les yeux

Courir, toujours courir, ne jamais s’arrêter.  

Laisse-toi couler

La lampe à sa taille, son éclat faiblissant comme un compte-à-rebours.

Laisse-toi geler

Le tunnel est étroit, pourtant sa lumière n'en atteint pas les bords, les ténèbres dévorent tout.

C'est calme ici-bas

Il ne peut se fier qu'au bruit de ses pas, qui lui semblent de plus en plus sourd, et à sa mémoire, pour retrouver la sortie.

C'est la paix ici-bas

Il ne peut pas s’arrêter, ils sont juste derrière lui, s'il s'arrête ils l'auront, pitié, faite qu'ils soient juste derrière lui.

N'aie pas peur

L'autre était un idiot, il s'est précipité sur le speeder, il est entré dans la zone d'ombre, sans remarquer que le faisceau de sa lampe ne passait pas au travers, il n'en est pas ressorti.

Ce n'est pas la mort que nous offrons

Les commandes ne marchent pas de toute façon, à moins que ce ne soit ses doigts, il n'aurait pas du essayer d'y toucher, tout est froid maintenant.

C'est la liberté

Il y était arrivé, dehors, seulement pour voir le soleil disparaître à l'horizon, son ombre s'allonger jusqu'à l'entrée du tunnel, la lumière à sa hanche mourir.

La Vérité

Tout était noir.

Ferme les yeux

*****

Carida. Monde des colonies, aux paysages variés et à la gravité écrasante. Il était aussi important de noter qu'il s'agissait aussi du monde natal de Maître Hildegarne Marja. C'était une mission des plus étrange qui avait conduit H'phedia en ce lieu, étrange, car les détails la concernant étaient aussi confus que lacunaires. De ce qu'elle en avait compris, au pied de la plus large des chaînes de montagnes de la planète un tunnel aurait été exhumer, ou creuser, ce n'était pas clair, et des événements étranges s'y seraient produits, des gens y aurait disparu, d'autres seraient devenus fous, ou peut-être les deux. Plus étrange encore, la grande confusion des autorités Caridiennes à ce sujet, évoquant tantôt des chasseurs de trésors parti en quête d'une cité mythique, tantôt une simple opération minière. Soit Carida n'avait elle-même aucune idée de ce qu'il se passait, soit au contraire elle le savait très bien et tentait d'étouffer l'affaire. Dans l'un comme dans l'autre, cela avait fait suffisamment de remous pour nécessiter une intervention Jedi pour tirer tout cela au clair.

La jeune araignée était de la partie de par son affinité avec les milieux naturels, mais elle n'était pas la seule sur le coup. Les caridiens étaient du genre obtus, et par obtus, il fallait comprendre complètement buté, ils refusaient toute implication des Jedis, prétextant que l'Ordre n'avait aucune autorité concernant un « simple incident intérieur ». L'Ordre n'était pas d'accord, les caridiens n'étaient pas d'accord avec le fait qu'il ne soit pas d'accord, cela pouvait continuer pendant encore longtemps. H'phedia, quant à elle, savait que si on la laissait interagir avec cette planète, elle rejoindrait les Siths avant la fin de la journée, c'était pour cette raison qu'on lui avait assigné un partenaire, et par n'importe lequel : Luke Kayan, ancien disciple de Maître Sai Don, Consulaire, Hapien, Aveugle et négociateur, tout cela de haute-volée. Avec lui à ses côtés nul doute que convaincre les autorités de Carida de mener leur enquête en paix serait un jeu d'enfant, du moins elle l'espérait.

À peine leur corvette légère de classe Défenseur était-elle sorti de l'Hyperespace et avait-elle entamée sa phase d'approche que les premières difficultés se présentèrent, on leur refusait tout simplement le droit d’atterrir. Cela commençait bien. La jeune araignée se tourna alors vers son partenaire.

« Maître Kayan... Il semblerait que ce soit à vous de jouer... »
Luke Kayan
Luke Kayan
Messages : 3119
Eclats Kyber : 0
Le si léger Luke, celui dont on s'était parfois préoccupé pour son poids-plume se sentait lourd. Écrasé, malaxé par la Gravité de ce monde fermé. Carida voulait souffrir seule, mais hormis pleurer ses disparus, elle ne semblait pas apte à faire avancer l'enquête. Le Conseil avait donc décidé d'intervenir sur le monde natal de la sévère Hildegarde Marja, leur équipe sur le terrain se composait d'H'Phedia Kith'Araquia et de Luke. Le jeune Consulaire devait quant à lui, s'occuper de la partie diplomatique, laquelle s'annonçait aussi abrupte que ce que la planète vide, pauvre en végétation promettait d'offrir à l'araignée.

Concernant sa partenaire, le Hapien n'avait aucun apriori. C'était une Jedi loyale, réputée pour de jolies réussites ainsi que son physique si peu ordinaire. Ses 8 yeux -fonctionnels!- seraient d'une aide précieuse, sans oublier son jugement que l'on disait avisé. En résumé, il était plutôt content de l'avoir à ses côtés même si sa timidité presque aussi légendaire que son ancien Mentor gâchait les chances de réellement se connaìtre. Le voyage avait été d'ailleurs silencieux, studieux. Le Hapien avait cherché, sans réel succès, à en savoir plus sur les moeurs des habitants de Carida et ce, afin de les aborder dans les meilleures conditions possibles. Il n'y en avait pas. Du moins, ces coutumes n'étaient pas révélées aux étrangers. En même temps, on ne l'aurait pas appelé si la diplomatie ne causait aucun souci grave.

Le problème d'atterrissage les mit directement dans l'ambiance. Luke choisit d'utiliser une tactique légèrement plus dure que celle prévue avec les membres du gouvernement. Il infligea à l'employé entêté une série de lois qui liait les colonies et la République, obligeant les premières à accepter des membres de l'Ordre, à défaut de l'armée, sur leur territoire. Le jeune homme céda aussi de son côté, accédant à laisser le vaisseau dans un hangar, scellé, à demander une preuve express de leur envoi pour les négociations et à renoncer à toute forme de violence. Ils venaient pour enquêter, pas arrêter et le contrat ne se brisait qu'en cas d'attaque directe sur leur personne. Fatiguée par ces grands articles qu'il ne connaissait pas ou simplement n'avait pas envie d'aborder, le gérant finit par les laisser passer. Luke, en chemin, souffla un bon coup. Ils allaient devoir vraiment se battre à tous les étages si au plus bas niveau, déjà, on leur avait mis des bâtons dans les roues.

D'ailleurs, il en fut ainsi tout le long de leur traversée- ou plutôt épopée- jusqu'au Commissariat. Le Hapien, selon son interlocuteur, modulait son discours, entre menaces voilées, avertissements sur la possibilité d'autres crimes, ou la simple douceur, il devait faire preuve de toute son habilité pour convaincre. Lorsqu'il y parvenait, ce n'était souvent qu'à moitié. Les Caridiens voulaient conserver leur morts honteuses pour eux. Le Commissaire, un Caridien rond et petit mais très nerveux vociféra d'un ton beaucoup trop sûr pour être certains qu'ils croulaient sous les indices, Bientôt, les Malendrins seraient arrêtés.

- Ils attaquent tout type de profils.- Confia le Jedi à H'Phedia, aussi bien pour lui faire partager ses connaissances, certes incomplètes, en profilage que pour s'aider personnellement en réfléchissant à haute voix.- C'est déjà rare en soi, mais lorsque c'est le cas, c'est désordonné, spontané. Une occasion. Mais là, les victimes sont choisies. Les meurtriers sont à l'affût, ils connaissent la routine de leurs proies et les attendent. Encore une chose, les tueurs en série agissent seuls, au pire avec un complice, mais pas plusieurs... Et c'est une certitude, plusieurs empreintes différentes ont été relevée. Des empreintes qui ne ressemblent en rien à celles de proches-humains.

Luke se rappela aussi que les crimes ne pouvaient pas être raciaux puisque les inconnus avaient enlevé une touriste Twi''Lek aux immenses yeux verts pomme. Ils nageaient en pleine folie.

- Je ne vois pas leur point commun, mais il doit y en avoir un. Tout comme le motif. Ce n'est pas l'argent, puisqu' Anja Raft était pauvre... Ni des pulsions sexuelles, on n'a aucune trace de viol sur la scène.

Le pire dans tout cela était que l'équipe ne disposait d'aucun corps. Les Caridiens qui avaient fini par céder leur dossier à contrecoeurs ne mentaient pas, Luke en était persuadé. Sans cadavre pas de crime officiel, d'où le fait que les autorités locales aient tant de moyens de pression sur eux. Des disparitions d'adultes responsables, aptes à choisir de tout quitter, proches et travail, ce n'était pas une affaire si grave.

Dans le petit bureau exigue, le commissaire pianotait impatiemment sur son bureau. Il avait cédé aux Chevaliers le droit de lire le dossier mais pas de l'emmener ni d'en faire des photos. Luke devait se faire lire les documents en instantané par une secrétaire à la voix revêche pour s'assurer qu'il n'enregistrait rien. Il essayait de s'imprégner des maigres indices et nombreuses incohérences afin de s'en rappeler plus tard. Au loisir, le jeune homme faisait répéter sa lectrice qui ne cachait pas sa lassitude en soupirant lourdement. Rarement, Luke avait travaillé sur un cas aussi particulier, du côté criminel comme policier.

- Selon les rapports, leur manière de disparaître après une apparition éclair ainsi que les endroits où leurs victimes sont attaqués suggère qu'ils se seraient réfugiés dans la nature qu'ils connaissent très bien.


Les présumés disparus avaient en effet un point commun, celui de se rendre assez souvent dans des régions isolées de la planète. Des plaines à la terre meuble, presque mortes, des recoins de montagne, des carrières. Pour le travail ou le plaisir de respirer l'air frais quoiqu'abrupte de la planète. Ils fréquentaient tous ces lieux si peu approchés par la majorité des habitants.

Une carte fut glissée entre les pattes de l'araignée par la secrétaire plus agacée qu'effrayée. C'était à l'exploratrice de jouer maintenant.
Invité
Anonymous
Alors qu'ils pénétraient laborieusement au travers des différentes couches de la bureaucratie caridienne, H'phedia ne regretta pas un seul instant la présence de son binôme, implacable dans sa connaissance des lois, redoutables dans sa manière de moduler son discours en fonction de son interlocuteur, inflexible même quand il faisait pourtant des concessions, si seulement elle pouvait n'avoir ne serait que la moitié de son talent.

Tout ceci les menèrent jusqu'au commissaire en charge de l'affaire, après quelques réticences supplémentaires ils purent enfin examiner le dossier, les dossiers. Bien qu'aveugle, le consulaire fit sa part d'investigation, s'aidant d'une secrétaire excédée pour cela, ce qui rappela à l'Araquia d'éviter des remarques qui pourraient le vexer, du genre « Regarder », « vous voyez ? » ou encore « Ça crève les yeux ». Quant à l'affaire en elle-même, les affaires, H'phedia comprenait pourquoi les autorités de Carida étaient aussi gênées. Des personnes disparaissaient sans laisser de trace, toujours après s'être aventurés dans des endroits isolés, à part quelques vagues empreintes, aucun indice sur les coupables. Ils n'avaient aucune piste, aucune garantie que cela n'allait pas continuer, et maintenant les jedis étaient là, un coup porté à la fierté des caridiens qui y voyait là un aveux de leur incompétence.

Il était vrai que ce n'était pas là un cas facile, son maître lui avait parlé plusieurs fois de la théorie du crime parfait, et que le meilleur moyen de le commettre était de s'assurer qu'on ne retrouve pas de corps. Car sans corps pas de crime, pas de crime, pas d'enquête, pas d'enquête, pas d'indice, de suspect ou de coupable. Cependant, malgré tout ça, la jeune araignée voyait pourtant un motif émerger de tout ça, quelque chose de bien différent de l’œuvre d'un tueur en série, hypothèse évoquée, mais aussi rejetée, par Luke Kayan, et qui avait aussi dû être celle des autorités locales. Une hypothèse de ceux qui ne raisonnaient que dans la logique de la civilisation, mais H'phedia voyait toute autre chose, elle voyait un territoire, des proies et des chasseurs, le jeu de la prédation.

« Nous savons peu de choses... » Dit-elle. « Pourtant c'est déjà beaucoup... A défaut d'un point commun entre les victimes... Nous avons celui de la géographie... Des endroits déserts... Isolés... Loin des villes et de la civilisation... C'est un territoire... Il y a des empreintes... Ce qui prouve qu'il y avait quelque chose de présent... quelque chose capable de neutraliser et d'emporter un être de la taille d'un humanoïde... Ma théorie la plus plausible est que nous ayons affaire à des prédateurs... Les victimes ont pénétrés sur leur territoire... Elles ont été chassées... Au sens le plus premier du terme... Il y a pas de reste sur place... Soit les victimes ont été dévorées d'une traite... Soit elles ont été emportées dans une tanière ou équivalent... »

Elle avait d'autres théories plus fantaisistes en tête, comme le fait que ces zones puissent être le repaire de groupuscules illégaux, et les disparus auraient pu voir quelque chose qu'ils n'auraient pas dû, mais ça ne collait pas, de par la disparité des lieux et le fait que ce genre de disparition massive tend à attirer l'attention plutôt que l'inverse, aussi les garda-t-elle pour elle.

« Nous n'apprendrons rien de plus avec juste ces rapports... En l'absence de corps il nous faudra aller sur le terrain... »

Elle regarda alors la carte que la secrétaire lui avait donnée.

« Nous commencerons par le site de la dernière disparition en date... Les traces devraient y être les plus fraîches... Si nous ne trouvons rien de concluant nous examinerons les autres... Il va me falloir une liste de la faune et la flore de Carida... Tout ce qui serait en mesure de s'en prendre à un humanoïde... Et un véhicule... »

A l'annonce de ces requêtes supplémentaires le commissaire parut au bord de la rupture d'anévrisme, quant à la secrétaire, elle s'effondra sur son bureau, la tête enfouie dans ses mains.

*****

La gravité sur Carida était plus importante que sur la plupart des autres planètes, le corps d'H'phedia le ressentait lourdement, ce dernier était en effet plus léger qu'on aurait pu le croire, son espèce ayant évolué pour se déplacer fluidement d'arbre en arbre. Avec la Force elle pouvait compenser, mais cela aurait un impact sur ses capacités, même limité.

Elle et le chevalier Kayan se trouvaient sur un speeder « gracieusement prêté » par les autorités Caridiennes, un assez large pour qu'elle puisse monter dedans, un qu'elle devait piloter elle-même, le consulaire étant aveugle. C'était un étrange spectacle à contempler que celui de ce speeder de fret à toit ouvert, avec son araignée posée là où on mettait les marchandises, son consulaire aveugle sur le siège passager et ce câble reliant les commandes de l'appareil à un dispositif tenu par l'arachnide. Cocasse dirait même certains, mais inévitable. C'était dans ce genre de situation que son interfaceur était utile, cet objet, invention de Maître Ak'zek, était une sorte de datapad-télécommande multifonction spécialement adapté à sa morphologie. Quand elle se retrouvait face à une machine que ses pattes ne lui permettaient pas de manipuler directement, ce qui arrivait quasi tout le temps, et que la Force ne lui était d'aucun recours, les histoires de padawans tentant de conduire un speeder « sans les mains » finissant généralement très mal, elle n'avait qu'à connecter son interfaceur dessus.

Il n'y avait cependant personne pour s'étonner de ce curieux spectacle, la campagne carridienne qu'ils avaient traversé jusque-là étant largement déserte, autant car cette planète avait résisté aux sirènes de l'urbanisation planétaire totale, que par la peur provoquée par toutes ces disparitions qui avaient confiné les habitants dans les villes.

Le trajet dura un certain temps, leur véhicule n'étant pas conçu pour la vitesse, si bien que quand ils arrivèrent à leur destination, le soleil avait déjà commencé sa descente. Ils se trouvaient dans les contreforts de la plus haute chaîne de montagne de Carida, là où les disparitions les plus récentes avait eu lieu. Selon les rapports, il s'agissait de sorte de chasseurs de trésors en herbe, quelque chose comme ça, le terme exact était en caridien, qui étaient partis en quête d'une mystérieuse cité qui serait enfouie sous ces montagnes. Il semblerait que, quelque soit ce qu'ils ont trouvé, ça les avait trouvés avant.

H'phedia arrêta le speeder un peu avant qu'ils ne soient vraiment arrivés sur le site, ce afin d'éviter de déranger d'éventuels indices.

« Nous sommes arrivés Maître Kayan... Attention... le sol est rocailleux... »

Et c'était peu dire, le paysage n'était que rocailles instables montant en une pente sans cesse plus raide. Malgré la stabilité conférée par ses six pattes, elle-même du prendre garde à ne pas glisser plusieurs fois. Le dénuement de l'endroit avait quelque chose d’oppressant, aucune plante, aucun animal, seulement la pierre et la présence écrasante des montagnes face à elle. Une sensation qui se prolongeait dans la Force qui lui semblait étrangement silencieuse, pas absente, seulement... muette... ou inaudible...

Sa montée connue une fin abrupte quand la pente s'aplanit soudainement, laissant la place à un vaste espace au centre duquel trônait un speeder, l'incongruité de la présence d'un tel objet de modernité en plein milieu de ce paysage désolé et sauvage ne faisait que renforcer le malaise qui en émanait.

« Maître Kayan... Le terrain s'aplanit... Il y a un speeder droit devant nous... À première vue... Il ne semble y avoir nulle trace de ses occupants... »

Alors qu'elle s'approchait, la jeune araignée porta son regard sur ce qu'il y avait au-delà du véhicule, sur la montagne elle-même. Sa masse et sa dureté contrastait avec le gravier sur lequel elle marchait, pourtant, là aussi quelque chose ne collait pas. Il en manquait un morceau, comme si quelque béhémoth de légende avait mordu dedans à pleines dents. Et l'espace vide qui en résultait semblait étrangement plus sombre que le reste, et ce, malgré le soleil encore présent.

Lentement une hypothèse prenait forme dans l'esprit d'H'phedia :

« Il semble y avoir eu une sorte de glissement de terrain... Le flanc de cette montagne semble s'être affaissé... Cela doit être récent... Nos disparus ont dû venir ici peu après... Ils devaient penser que quelque chose avait été exhumé... Leur cité de légende sans doute... À moins... Qu'ils ne l'ont provoqué eux-mêmes... Dans l'espoir d'exhumer quelque chose... C'est possible je pense... Avec quelques explosifs bien placé... Dans tous les cas... ils sont arrivés là... mais ensuite ? »

Oui, mais ensuite ? Elle reporta son attention sur le speeder, lui aussi avait quelque chose qui n'allait pas. Sa peinture était largement écaillée, et le métal en dessous avait commencé à rouiller. Voilà qui était étrange, cela ne faisait pas si longtemps que ce speeder était là. Peut-être était-ce un très vieux modèle ?

Non, ça ne collait pas, elle avait regardé à l'intérieur, à la recherche d'indices sur les disparus. Elle n'avait rien trouvé, si ce n'est de l'usure, partout, les sièges, les commandes, tout semblait bien ancien qu'il ne devrait l'être. Ce n'est qu'à présent qu'elle remarqua que le répulseur ne fonctionnait même pas, le véhicule gisait là, inerte, telle l'épave qu'il était. Et cela était tout sauf normal.

Les disparus n'auraient jamais pu arriver jusqu'ici avec un speeder dans cet état, et il s'est écoulé bien trop peu de temps pour qu'il puisse être réduit à cet état. Un événement avait dû se produire, un phénomène qui avait accéléré drastiquement le déclin de ce speeder. Mais quoi exactement ? Aucun des phénomènes météorologiques de la planète n'aurait pu provoquer cela aussi rapidement, et aucune des espèces endémiques, de la liste qu'elle avait du moins, non plus. Ne restait que le sabotage volontaire, par le biais d'agents chimiques au vu de la corrosion. Si c'était véritablement le cas, alors il s'agissait de l’œuvre d'une intelligence, une désireuse d'effacer tout indice qu'aurait pu contenir le véhicule. Mais quels indices ? Quelque chose ne collait pas.

« Maître Kayan... Il y a quelque chose de très anormal avec ce speeder... Ce n'est plus qu'une épave complètement corrodée... Cependant... S'il s'agit vraiment de celui utilisé par les disparus... Il ne s'est pas écoulé suffisamment de temps pour qu'une telle dégradation puisse arriver naturellement... C'est un acte volontaire... Même si je ne sais pas pourquoi exactement... De même que comment... Je pense que des agents chimiques corrosifs ont pu être utilisés... Mais... Il y a autre chose...

« … La Force... Depuis que nous sommes arrivés ici... Elle est froide... Distante... L'avez-vous sentie vous aussi ?... Cette sensation est plus forte près du speeder... »


Seulement près du speeder ? Elle n'en était plus si sûre à présent. Une fois encore son regard fut attiré vers le creux béant dans la montagne, cet endroit qui demeurait, malgré le soleil descendant, plus sombre que tous les autres. Qu'elle pouvait être l'origine d'un tel phénomène ? Les angles particuliers du relief ? Une roche d'origine volcanique à la teinte plus sombre que le reste ?

Au point focal de ces ténèbres, quelque chose semblait se dessiner, un contraste, un relief... Un passage. Dans cette roche obscure il y avait une ouverture, une brèche verticale si haute qu'elle se perdait dans les replis géologiques, et suffisamment large pour que même la massive arachnide puisse s'y faufiler. En aucune façon la main d'une intelligence aurait pu creuser une telle chose, pourtant, elle ne saurait la considérer comme l’œuvre de la seule nature, tant elle lui semblait empreinte d'une malignité toute volontaire, tant elle lui semblait être une plaie béante dans la trame du monde elle-même.

« Là où la montagne s'est affaissée... Il y a... un passage dans la roche... L'entrée d'une grotte ou d'un réseau de cavernes... Je pense... La perturbation dans la Force... Elle semble en émaner... Je sens... »

Le soleil descendant était passé dans leur dos, les ombres des deux Jedi, étirés par sa lumière oblique comme seules des ombres en étaient capables, pointaient la faille dans la montagne. Le spectacle de sa propre silhouette s'élançant avec avidité vers les ténèbres troubla grandement la jeune araignée.

L'obscurité au sein de l'ouverture était pire que toutes les autres, ce n'était pas qu'une simple ombre portée, mais bien un vide insondable, un néant à la fois intangible et palpable, uniforme et grouillant. H'phedia pouvait presque l'entendre, ce son si distant qu'elle ne savait pas si elle l'entendait avec son corps ou son esprit, cette interminable inspiration. Malgré que ses pattes étaient fermement ancrées dans le sol, malgré le fait que son corps ne bougeait pas d'un centimètre, elle se sentait irrésistiblement attirée, perdant un peu plus de terrain à chaque seconde. Tous ses poils dressés, des souvenirs lointains se mirent à lui revenir, des souvenirs de profondeurs, de tunnels et de ténèbres. C'est à cet instant qu'elle sut, elle était appelée.

« …Je sens le Côté Obscur... »
Revenir en haut
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
skin made by
© jawn