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Trois ans !
C'était le temps qu'il m'avait fallu pour réussi à me sortir de ce trou dans lequel Anado nous avait fourrés. Son ivrognerie avait été la cause d'une erreur de cap dramatique lors d'un saut en hyperespace, dans une zone hautement encombrée d'astéroïdes et de particules à champs gravitationnels. Naturellement nous nous étions écrasés.
J'avais bien failli mourir mais il m'avait maintenue en vie assez longtemps pour que je puisse à nouveau tenir debout et que je me remette à travailler lentement, jusqu'à la guérison. Je ne m'expliquais pas d'ailleurs comment j'avais pu me remettre aussi bien. Était-ce un contrecoup des soins prodigués par Joclad qui avaient amélioré ma cicatrisation ? Était-ce un effet collatéral du à cette planète, à notre alimentation ? Impossible de savoir.
Finalement, ma relation avec Anado s'améliora. J'aurais du le haïr pour ces trois années, et je l'avais fait longtemps, mais même ce sentiment là s'essouffla dans la solitude. Comment totalement détester une personne qui vous soigne et vous nourrit ? De mauvais gré, j'avais fini par le considérer comme un ami. 
A partir de l'épave, j'avais lentement réussi à assembler un tas de boue capable de quitter la planète et de faire un saut. L'appeler navette aurait été une insulte au dictionnaire tant les fixations tenaient par miracle et vu le nombre de pièces réparées avec des morceaux de bois ou à partir de pièces métalliques martelées pour en faire un ensemble vaguement cohérent. L'ordinateur de bord avait explosé mais je savais être capable de le remplacer grâce à ma connexion neurale. Le tout était pitoyable mais c'était mon seul espoir de retourner à la civilisation.
L'épave était trop petite pour supporter deux personnes. Je laissais Anado sur place en lui promettant de lui envoyer du secours si je survivais, le serrait fort contre moi et je décollais.
A 0.5 fois la vitesse de la lumière, le saut pris une éternité et je m'attendis à mourir un bon million de fois mais, par miracle, je restais en vie. 
A la dérive quelque part du côté de Fresia, vers la route commerciale de Metellos du noyau intérieur, les moteurs en panne sèche, je lançais à appel à l'aide désespéré.
"Ici Alys Vel Aath, je suis actuellement en perdition. Je suis seule, en vie, mais je ne sais pas encore pour combien de temps. Je peux tenir quelques jours encore, mon épave est encore étanche malgré son apparence. J'ai besoin d'aide."
Je mis le message en boucle, émettant sur toutes les fréquences possibles.
Quelle misère ...
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Mon doigt se dirige à nouveau vers le bouton d'enregistrement du signal de détresse. Je tremble. L'abattement, la fatigue rendent tout difficile. Le micro de ma combinaison spatiale crachote et ma voix déchire le silence, éraillée d'épuisement.

"Ici Alys Vel Aath ... 7ème jour d'errance...
Je suis toujours en vie malgré les apparences. Ceci n'est pas un vieux message, ce n'est pas un canular...
Ce vaisseau contient bien la vie. Je suis en perdition et j'ai besoin d'aide...
Sauvez-moi ... par pitié...
Si c'est une question d'argent, ... vous serez récompensés... venez à mon secours... "


Mon esprit erre... je continue d'enregistrer mais je ne parle plus que pour moi, un peu exaltée désormais, ou un peu folle peut-être.

"J'ai voyagé ... toute ma vie...
J'ai vu tellement de choses magnifiques dans cette galaxie ...
Plus loin que n'importe qui ... Kalee ... Dantooine ... Dathomir ... Bonadan ... Felucia ... Keesel ... Tanaab .. Nar Shadaar ... Balmorra ... Coruscant ... et tant d'autres...
Même si je meurs... ce sera sans regret ...
Parfois les choses tournent mal, c'est comme ça...
Je partirai avec mes rêves...
...
...
...
Alys, terminé."


C'est déjà un miracle que je sois arrivée jusque là, je le sais bien.

La navette dans laquelle je suis actuellement était transportée dans le vaisseau qui s'est écrasé en sortie d'hyper espace. Elle a été traînée sur des kilomètres avant de s'immobiliser contre un roc. Sa carlingue était éventrée, cabossée. Je l'ai réparée avec tout ce que j'ai pu trouver de pièces encore exploitables sur un vaisseau autrement quasiment désintégré.

Je me trouve dans le cockpit, la seule pièce encore étanche. Tous les systèmes électroniques sont éteints ou presque. Il y a des fils emmêlés de partout, des restes de nourriture, des bouteilles vides... même plus de lumière afin de conserver l'énergie pour les systèmes de survie. L'étanchéité est assurée avec de la mousse de réparation d'urgence. Difficile de faire plus misérable et pourtant c'est la pièce la mieux préservée de la navette. Le sas derrière moi est scellé. Ma combinaison me protège du froid spatial. Je n'ai même pas de quoi me chauffer.

Juste derrière la porte se trouve un couloir. La passerelle est tordue, le toit à moitié éventré. Sur le côté une pièce avec couchette et de l'autre une salle de bain. Rien n'est en état non plus. Il y a des pièces métalliques et des vêtements qui volent en apesanteur un peu partout. La salle de bain a fuit et de l'eau s'est accumulé en nappes qui courent au plafond. Un alarme silencieuse est enclenchée qui baigne le lieu d'une lumière rouge irréelle et inquiétante.

Le couloir donne sur la cale qui a été intégralement désossée afin d'alléger la structure au maximum. D'épaisses traverses en bois consolident l'ensemble. Du bois ... quelle misère ... Plusieurs ont cédées et des débris volent un peu partout. La salle arrière est celle des machines. Le moteur tourne au ralenti, il est quasiment à l'arrêt, mais même ainsi il pousse des cris d'agonie qui donnent envie de l'achever d'un tir de Blaster pour qu'il arrête de souffrir autant. Des fuites de carburant ont provoqué un incendie lors du saut mais fort heureusement, il n'y avait rien à brûler hormis le métal lui même. Les pièces ont fusionnées entre elles. Il n'y a plus rien de récupérable dans tout le vaisseau, même pas de système de navigation, même pas d'ordinateur de bord.

Il ne me reste qu'à attendre et prier.
Alysha Myy’Lano
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« Ma Reine, nous avons reçu un signal de détresse, faible mais répété. Demandons permission de détourner de notre route pour porter secours.

– Bien sûr, capitaine. Elle tourne Son regard vers moi, du haut de Son trône, Son front altier et serein, Sa pupille – impériale. « Alysha, je vous prie, chargez-vous de l’équipe de secours, le capitaine Provoo vous accompagne. »

Je m’incline profondément, ainsi que le veut la coutume, et m’esquive pour quitter mes habits de suivante et gagner ceux de l’agent. Je sors tout juste de mes quartiers, le Capitaine Provoo est déjà là. Un Umbaran pur souche, délicieusement pâle, des cheveux d’ébène – j’en suis heureuse je n’ai guère de goût pour les adeptes du crâne rasé –, une iris lunaire, un laconisme charmant. Il me salue, je lui rends, sans un mot nous prenons la direction des hangars.

C’est à peine perceptible, une légère onde au diaphragme, nous venons de sortir de l’hyperespace. Les portes du hangar, s’ouvrent l’escouade nous salue. Six hommes, deux pilotes, un artilleur, deux commandos. Huit en tout. Nous leur rendons leur salue, le Capitaine Provoo s’occupe du brief.

« Nous avons reçu un appel de détresse provenant d’une navette dont nos scans ont révélés qu’elle est effectivement en piètre état. Le secteur est trop vide pour songer à un guet-apens mais il s’agit de rester vigilant. Nous n’avons détecté qu’une seule forme de vie, dans le cockpit, le reste de l’appareil semble inhabité et est très certainement dépressurisé. On va droit au cockpit, on exfiltre la pilote, regagne la navette et le vaisseau-mère. Des questions ? »

Aucune. L’opération n’est pas bien complexe, l’occasion d’une sortie pour nos braves, surtout. Quelques minutes plus tard, la navette quitte le sol métallique du hangar, gagne le vide sidéral, nous voilà à danser au milieu des étoiles. Plus la cible s’approche, plus il devient évident que nous sommes loin du canular. A dire vrai, c’est un véritable miracle que l’ensemble tienne encore et que le pilote ait pu générer le moindre appel de détresse. Avec une précaution infinie, le pilote se solidarise de la structure branlante, on craint un instant que le tout ne se désintègre, tout tient encore.

Nous passons dans le sas. Le vide se fait. La porte s’ouvre. Me voilà libre de flotter, en pleine liberté. Je profite un instant du vide qui existe entre les deux structures pour m’enivrer de la vue. L’expérience est encore trop fraîche pour être autre chose que nouvelle pour moi. Je n’ai pas cette esprit à la fois efficient et blasé des soldats. Progressivement la noirceur étoilée du ciel se mue en éclat d’étincelles. Si ce n’est ces résidus électriques, l’endroit semble immobile et mort. Tyy et Karack, les deux commandos, planent jusqu’aux moteurs, s’assurent de l’absence de tout danger. Le Capitaine et moi pénétrons dans le cockpit. Le peu d’atmosphère qu’il avait conservé s’échappe, à peine un souffle. Le pilote, une femme, est inconsciente mais la buée qui se forme sur son casque me rassure sur son état. Nous la désanglons, je m’occupe de la ceinturer et de l’emporter. L’apesanteur à ceci de pratique qu’elle devient une plume entre mes doigts.

Le chemin inverse se fait facilement. D’un geste, je commande à mes hommes de vérifier les autres pièces – un cadavre aurait pu s’y trouver, des affaires personnelles ? – Rien. Un dernier œil à la laque étoilée et nous voilà de nouveau dans le sas. Le Capitaine et moi, au fur et à mesure que la pressurisation se fait, devons soutenir le poids de notre princesse et de son scaphandre. La navette est suffisamment grande pour être doté d’une petite infirmerie, c’est là que nous l’emmenons. Immédiatement, nous la débarrassons de sa combinaison, l’équipons pour mesurer ses constantes, lui posons un masque à oxygène – quelques heures encore et elle mourrait asphyxiée d’après Tyy.

Les pilotes désactivent les crampons magnétiques, l’appareil de notre hôte ne supporte pas cette violence et termine de retourner à un état d’amas sans ordre. Les moteurs vibrent doucement, nous propulsent tranquillement vers le hangar que nous avons quitté à peine vingt minutes plus tôt. Après quelques grandes inspirations, la belle rouvre les yeux. Nous ne sommes plus que deux dans l’infirmerie, et un repas. Nos outils nous ont indiqué son état de déshydratation et de famine. Si elle ne parvient pas à se nourrir d’elle-même, il nous faudra lui poser des cathéters. Après avoir battu des paupières, elle semble prendre conscience du monde autour d’elle. Aussitôt, j’agite mes mains à l’adresse du Capitaine qui répète :

« Calmez-vous, madame, tout va bien. Nous sommes une navette Umbarane, vous êtes dans l’espace républicain et nous vous avons porté secours. Pour l’instant, tout ce qui nous importe est votre état de santé : comment vous sentez-vous ? Vous sentez-vous capable de manger par vous-mêmes ? »

Pour mettre notre hôte en confiance, j'ai ôté le masque qui m'avait protégé du vide, laissé retomber ma capuche dans mon dos et libéré la natte châtain de mes cheveux. Je lui souris doucement, un simple arc de mes lèvres, et repose mes mains sur mes jambes croisées en attendant sa réponse ; mes yeux d'un bleu profond bien plus accueillants que la pâleur crue du regard du Capitaine.
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Je suis à la dérive dans un océan de brumes.

Mon esprit enregistre les bribes d'un film dont je suis la spectatrice. Je rêve d'étendues verdoyantes, de planètes de diamant, de citées mondes, du feu stellaire d'une étoile géante qui me brûle la rétine et la noie d'une lumière aveuglante.

La nuit vient.
Avec elle, le crépuscule de mes pensées.

J'ouvre les yeux péniblement. Un mur blanc m'assaille et il me faut un moment pour réussir à discerner autre chose que des formes floues. Finalement c'est un ange que je découvre. Une femme à la beauté irréelle m'observe de ses yeux bleus dans lesquels se lisent une tristesse qui irradie pour la sublimer un peu plus encore. Un instant j'ai envie de m'excuser. Pourquoi lui ais-je fait de la peine ? La question force mon esprit à se remettre en route. C'est pourtant évident Alys, ta vie est loin d'avoir été exemplaire. J'ai honte de moi devant ce regard. L'ange me parle, mais aucun son ne sort de sa bouche.

« Calmez-vous, madame, tout va bien. Nous sommes une navette Umbarane, vous êtes dans l’espace républicain et nous vous avons porté secours. Pour l’instant, tout ce qui nous importe est votre état de santé : comment vous sentez-vous ? Vous sentez-vous capable de manger par vous-mêmes ? »

Depuis quand les anges ont-ils des voix de baryton ? Je tourne le visage pour découvrir une nouvelle silhouette, plus haute et martiale, qui me toise. L'homme traduit de celle qui veille sur moi. Je comprends finalement l'évidence : les anges ont besoin de traducteurs. Ils ne s'expriment pas directement auprès des trépassés, ou en tout cas pas auprès de ceux à la vie aussi chaotique que la mienne. C'est assez logique quand on y pense : seuls les plus méritants ont le droit d'entendre les accords célestes de leur voix. Mon antichambre de la mort est donc une navette. Une infirmerie. Je n'aurais pas voulu qu'il en soit autrement. Peut-être que même dans l'après-vie je continuerai de voyager finalement ?

Enfin mon cerveau fait le point et repasse à rebours la phrase prononcée.

« Calmez-vous, madame, tout va bien. Nous sommes une navette Umbarane, vous êtes dans l’espace républicain et nous vous avons porté secours. Pour l’instant, tout ce qui nous importe est votre état de santé : comment vous sentez-vous ? Vous sentez-vous capable de manger par vous-mêmes ? »

J'en reste muette de saisissement.
Allongée sur la couchette où s'étoile ma longue chevelure blanche, je me tourne péniblement vers mes deux sauveurs. Un détail me frappe : en plus d'être belle mon ange est élégant. Son visage est orné d'une natte magnifique, raffinement supplémentaire qui touche mon sens esthétique d'arkanienne.

"Je suis dans ... un état de déshydratation avancé.... Céphalée forte ... mais supportable"
Je ferme les yeux, mes tempes battent lourdement et leur fracas brise mes pensées.

"Atrophie musculaire partielle entraînant ... des difficultés respiratoires. Exposition ... longue ... six semaines... en gravité zéro. Carence multiples... je ... peux essayer de manger... je crois. "

Je réponds sans y réfléchir en évoquant ce qui pour moi est l'évidence, mais tout le monde n'a pas de formation médicale, ni mon expérience de l'espace.

Je plonge mes yeux gris dans ceux de celle qui semblent être une humaine.

"Je vous ...remercie... mon vaisseau ... s'est écrasé... loin" Chaque parole est difficile. Je me désigne. "Alys ... ... et toi ?", dis-je en la désignant, oublieuse de l'Umbaran.

Mes paupières se closent quelques secondes non sans distinguer quelques gestes effectués à mon attention. Puis la voix de l'homme reprend. Il me faut un moment pour comprendre : la langue des signes! Je mesure à quel point je suis affaiblie à la lenteur de mes capacités d'analyse. Je réalise enfin que j'ai été sauvée et que je ne suis plus à la dérive dans l'espace. La violence de l'émotion me chavire et je plaque une main sur mon visage. Des larmes se mettent à perler. Je tremble fortement, incapable de retenir mon calme et de contrôler mes muscles. Je suis en vie, dans la République. J'ai réussi... j'ai REUSSI ! J'AI REUSSI !

Aussi pitoyable que je puisse être en ce moment avec ma chemise recousue en toile de parachute, avec mon air famélique et ma crise de nerfs, ils ne peuvent pas réaliser l'exploit incroyable que représente ma survie. Les années dans un monde inconnu, à vivre de chasse et de pèche, à abattre des arbres, tresser des cordes, rebâtir une navette complète de mes mains, à en réparer chaque système vital pour réussir ce que des civilisations ont mis des millénaires à réussir : un vol spatial en hyperespace. Certes j'avais un vaisseau comme point de départ mais peuvent-ils seulement imaginer ce que cela représente d'efforts, de prodige d'acharnement et de compétences techniques ?

Je maîtrise finalement ma crise.
"P...ardon...j'ai ... très faim oui ... soif aussi. Merci ..."

Je me laisse aller et ma tête chute contre l'oreiller, contemplant vaguement mes deux sauveurs. Un repas... et une douche ! Oh oui, une douche ! Dès que je pourrai marcher ou ramper même, c'est ce que je veux faire!
Alysha Myy’Lano
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Je n’ai aucun doute sur les sentiments que je fais naître dans le cœur de notre rescapée. Je souris et rosie légèrement alors qu’elle me dévisage, au sortir de son évanouissement, comme à l’orée d’un rêve. Un instant de flottement, puis je reprends un visage moins affecté et l’écoute nous faire son propre diagnostic. Son caractère, sa personne font déjà saillie et cette façon de rationnaliser son état avec minutie est certainement pour elle un moyen de reprendre pied dans le réel qui lui a échappé. Une scientifique brillante ?

Et finalement, la prise de conscience. Le mur du savoir cède fasse à la vague émotionnelle que représente un flirt si passionné avec la mort. La vie s’engouffre dans la brèche et je saisis immédiatement sa main qui tremble violemment et pose une l’autre sur son épaule pour l’apaiser. Nous fonctionnons ainsi avec le Capitaine, depuis quelques temps. Je suis l’affect, il incarne le martial. Elle accepte mon contact et je sens l’angoisse existentielle la quitter. Son corps se rappelle à elle, par la voix la plus prosaïque, enfin. Puisque j’ai besoin de communiquer à nouveau, je quitte son contact mais lui souris, plus chaleureusement cette fois.

« Je vous refuse ce pardon. Vous venez de croiser la mort, et il s’en est fallu de peu qu’elle ne vous embrasse. Il n’y a pas d’excuses à présenter, il faut être bien insensible ou blaser pour ne pas en être affecté. Vu votre état, je n’ose imaginer quelles ont été vos peines. Nous allons prendre soin de vous, d’abord, et nous verrons ensuite à engager les protocoles républicains, d’accord ? L’administration peut attendre. »

Je me rapproche de nouveau d’elle tout en attirant à moi le plateau repas que nous avions préparés au bout d’un bras mécanique fixé au plafond, puis soudain, comme si l’idée venait seulement de surgir, j’ajoute :

« Oh, et à propos, je suis Alysha et voici le Capitaine Provoo. »

Alors que je lui fais comprendre en silence que je la nourrirai comme une enfant, d’un geste je propose au Capitaine de me ramener mon datapad avant de nous laisser seuls. Le premier lien noué, je souhaite à présent le tisser de nombreux fils d’or et d’argent.

Je commence par l’aider à boire à l’aide d’une paille, lui présentant le récipient et l’objet qu’elle saisit maladroitement du bout des lèvres. Les premières gorgées sont pénibles, ce n’est pas une surprise. Je la laisse assimiler, tousser un peu, j’attends qu’elle m’invite à lui tendre de nouveau le précieux liquide. Les gorgées suivantes sont moins douloureuses et, si son corps avait d’abord oublié le contact de l’eau, il semble soudainement se souvenir de sa nécessité ; disparait ainsi la presque totalité du tout.

L’exercice suivant se montre tout aussi délicat. Si le liquide se fraie un chemin relativement évident, le solide lui, pourtant préparé en purée, se révèle bien moins habile. Il lui faut du temps pour assimiler une partie pourtant bien réduite de son assiette mais je sais, au regard de son visage creusé par la faim, que c’est déjà bien plus que ce qu’elle a avalé durant la dernière semaine. Alors que d’un signe de main et du regard elle me demande une pause, que je lui concède naturellement, je saisis mon datapad et pianote. Celui-ci synthétise, bien qu’assez horriblement :

« Comment vous sentez-vous, à présent ? Nous n’allons pas tarder à rejoindre le hangar de notre frégate. Vous serez alors transféré dans notre infirmerie générale. Souhaitez-vous que je vous y suive ? Sentez-vous libre de me le demander, j’ai déjà pris mes dispositions pour me libérer de mes autres tâches et je sais combien il est rassurant d’avoir un visage familier autour de soi lorsque l’on vient de revenir de si loin. »

Alors que j’ai reposé la tablette et qu’elle parle pour moi, ma main déjà s’est posée sur la sienne et la caresse doucement ; un moindre réconfort lorsque l’on revient d’une aventure infernale.
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« Je vous refuse ce pardon. Vous venez de croiser la mort, et il s’en est fallu de peu qu’elle ne vous embrasse. Il n’y a pas d’excuses à présenter, il faut être bien insensible ou blaser pour ne pas en être affecté. Vu votre état, je n’ose imaginer quelles ont été vos peines. Nous allons prendre soin de vous, d’abord, et nous verrons ensuite à engager les protocoles républicains, d’accord ? L’administration peut attendre. »

Il y a de la poésie dans sa façon de parler. Pas de vers ou de rythmique  mais un choix de mots qui ronronne à mon oreille arkanienne.
Les présentations attirent mon attention vers la figure martiale qui se tient à côté d'elle.
"Capitaine", je salue poliment sans réussir à identifier son origine. Ces traits me sont connus mais mon esprit refuse de faire le point.
"Alysha", je lui souris. L'homme repart et nous nous retrouvons rapidement seule, ce qui fait stupidement battre mon coeur un peu plus vite.
Attentionnée comme une mère, elle commence à me nourrir, sans réaliser que ces gestes ont une signification très particulière pour moi.


************** Il y a longtemps sur Arnakia ... **************
Les bourrasques violentes de la tempête de neige s'écrasent contre le plastacier de la fenêtre de ma chambre. Je suis alitée et un homme au visage sévère et à la stature sèche est assis sur les draps.
"Aller Alys, ouvre la bouche.
Je n'en veux plus", dis-je, boudeuse.
Patiemment, mon père repose la cuillère et laisse peser son regard sur moi. Il sait que je céderai sous peu, autant pas amour que pour ne pas le contrarier. Je baisse les yeux.
"Juste un peu alors."
"Juste un peu." et la cuillère revient jusqu'à mes lèvres. Le peu devient encore une cuillère, et une autre, jusqu'à ce que l'assiette soit finie.

****************************

Depuis quand n'ais-je pas ainsi été nourrie, avec une telle patience ? Jusqu'à mes 13 ans mon père veillait sur sa fille constamment malade et faible . Moi, avec mon corps de grenouille et mes tresses mêlées de rubans, lui qui cessait ses activités corporatistes et ses intrigues nobiliaires pour s'occuper d'un sujet insignifiant : mon alimentation. Ce souvenir est tellement emprunt de nostalgie et de souvenirs qu'il en est douloureux.

La main d'Alysha monte à ma bouche et reproduit un geste venu de la fibre même de mon passé, un de ces évènements qui a donné naissance à celle que je suise. Je me laisse faire avec la passivité d'une enfant, sans arriver à me sentir ridicule. Un ange veille sur moi et ma vie suspend son vol. Il n'existe rien d'autre que ces secondes où elle me regarde, me nourrit, me protège. Pour la première fois depuis mes 17 ans je me sens en sécurité, apaisée. Sa main sur ma peau, sa chaleur, son corps qui se dessine sous ses habits. Je n'ai jamais été autant troublée. Je rationalise : c'est la faiblesse de mon état dû à une faible glycémie cumulé au retour de l'alimentation qui provoque une montée de dopamine qui me rend aussi sensible à ses attentions. Mais mes sens ne l'entendent pas ainsi. Je suis incapable de parler, trop émue, et, le temps que dure cet échange, je me sens enfant, maternellement séduite par cette inconnue.

« Comment vous sentez-vous, à présent ? Nous n’allons pas tarder à rejoindre le hangar de notre frégate. Vous serez alors transférée dans notre infirmerie générale. Souhaitez-vous que je vous y suive ? Sentez-vous libre de me le demander, j’ai déjà pris mes dispositions pour me libérer de mes autres tâches et je sais combien il est rassurant d’avoir un visage familier autour de soi lorsque l’on vient de revenir de si loin. »

L'horrible voix synthétique me ramène brutalement à la réalité et je regarde la tablette criminelle : est-elle consciente de l'affront qu'elle vient de commettre en bafouant ce moment avec ses échos mécaniques?! Ma main se tend vers l'objet coupable et Alysha me laisse le saisir. Je lui réponds tandis que je pianote. Déjà plus assurée, ma voix reste éraillée et l'épuisement perceptible.

"Je commence à me sentir mieux... Merci de vos attentions." Je réponds avec autant de douceur que possible, loin de ma morgue piquante habituelle.
"Je ne pense pas qu'un bilan médical soit nécessaire. J'ai surtout besoin de repos. Par contre, il serait plus prudent d'effectuer une prise de sang et un bilan virologique large car j'ai passé trois ans sur une planète non cartographiée."

Je lui adresse un sourire désolé.

"Pour la sécurité de votre vaisseau il faut mieux que nous soyons placées en quarantaine vous et moi, vu le temps que vous avez passé en ma compagnie. Je ne pense pas que vous risquiez quoi que ce soit ou que je sois contagieuse mais ce serait plus prudent."

J'éprouve du remord de lui faire subir cela, tout comme un secret et coupable plaisir à avoir un prétexte pour la garder près de moi quelques temps.

Mes doigts courent sur l'écran tactile, d'abord lentement puis de plus en plus vite. Ego 12.34, c'est la version de l'application de synthétisation vocale qu'elle utilise. Une version d'une qualité que je juge lamentable, probablement accessible gratuitement à n'importe qui, mais je refuse de lui laisser une voix aussi mutilée. Mes réflexes me reviennent... j'accède rapidement au réseau et identifie les passerelles qui me ramènent vers les forums de développeurs que j'utilisais des années auparavant. N'importe quel techie ayant bricolé un droïd ou travaillé un minimum sur les interfaces hommes-machines sait où trouver des voix de synthèse. Entre gens du milieu nous partageons les données et les logiciels et il ne me faut pas longtemps pour trouver la version constructeur d'ExxoVoiceSnth17.83.12 de bien meilleure qualité. Je la télécharge, l'installe et lui sélectionne une voix agréablement féminine, sans sensualité excessive, paisible et douce, une voix que j'imagine coïncider avec sa personnalité. Je lui rends la tablette en ayant lancé la nouvelle interface.

"J'étais en route vers les contrées profondes du noyau intérieur lorsque j'ai eu un accident... j'ai bien cru ne jamais m'en sortir."

Il me faut du temps entre chaque phrase pour trouver la force de prononcer la suivante.

"Puis-je savoir à qui je dois mon sauvetage et vers quel navire nous nous dirigeons ?"

Ma question est loin d'être anodine : je suis poursuivie pour des crimes divers sous différentes identités dans une quinzaine de mondes et j'ai probablement toujours un contrat sur ma tête. De sa réponse dépendra mon attitude à venir même si je sais déjà que je ferai tout ce que je peux pour que mes sauveurs n'aient pas à regretter leur générosité.
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L’objet n’est d’aucun danger, je la laisse s’en emparer et l’écoute. Elle tapote allégrement dessus tout en me rassurant sur son état de santé. Je l’entends, mais elle n’y échappera pas, les protocoles à suivre sont clairs et elle ne peut se permettre de s’y soustraire – sûrement elle ne l’ignore pas. A la mention de la quarantaine, je ne peux réprimer un sourire. Je ne suis pas ignorante des mesures qui vont suivre notre arrivée dans le hangar – je note qu’elle non plus. Alors qu’elle me tend l’appareil, je ne regarde guère les changements jusqu’à l’entendre, mon sourire se mue alors en véritable surprise à l’écoute de ma nouvelle voix puis en nouveau rire silencieux, je ne peux cependant qu’attendre la fin de mes propres paroles avant de poursuivre :

« Je n’ignore pas que nous allons passer du temps ensemble, je ne voulais cependant pas vous faire sentir la moindre pression. Nous serons effectivement en quarantaine mais les premières analyses n’ont indiqué aucune des bactéries et des virus dangereux les plus courants. Sauf si vous êtes porteuse d’un germe nouveau, notre bulle devrait rapidement être levée. »

Le texte s’est tout juste achevé que le suivant s’élance déjà :

« Mais quelle voix ! Est-ce ainsi que vous me voyez ? C’est délicieux… Vraiment, je suis heureuse de vous avoir cueillie ainsi ! »

Je lui offre, en retour, le plus beau sourire dont je suis capable, mes yeux y ajoutent une franchise brillante, et il me faut quelques instants pour réaliser que je n’ai pas répondu à toutes ses questions.

« Oh… J’ai oublié de vous répondre, pardonnez-moi, vous êtes sous la juridiction de la monarchie d’Umbara et sous l’autorité de notre Reine, Sly Keto. »

Lors, je suis aux aguets. Je scrute son visage, sans en avoir l’air, le moindre frémissement dans la Force. Si j’ai éloigné le Capitaine, c’est pour n’être qu’avec elle, belle comme les neiges éternelles, mais aussi inconnue. En tant de guerre comme en tant de paix, il est des vigilances dont on ne peut se défaire : d’autant qu’Elle est ma Reine et mon Seigneur.

Immédiatement, son attitude change, son visage se ferme, son corps tout entier se tend, comme aux aguets. La Force me renvoie les mêmes échos que sa figure. Je sais la réputation qui précède ma planète d’adoption, si bien que je ne suis pas surprise de sa réaction, mais celle-ci me semble tout de même trop prononcée pour un simple visiteur regrettant de ne pas avoir été recueilli par Zeltros. Elle me salue dans la langue des miens ; elle confirme son intelligence et son savoir. Je lui rends son salut par la gestuelle qui convient mais aussitôt, je lui saisis de nouveau la main.

« S’il vous plaît, je sais la terrible réputation des miens, et je sais aussi les préjugés et les inquiétudes. Nous sommes des gens fermés, par nature, et cet égocentrisme laisse la place à beaucoup de fantasmes et de peur. Laissez-moi vous prouver que notre hospitalité est bien au-dessus de cette vilaine réputation que la galaxie nous fait. S’il vous plaît. »

Mon œil est celui, plaintif, de bel animal qui craint de perdre l’affection de son prochain. Chez tout autre, une telle expression aurait semblé excessive, presque grotesque, mais chez moi, qui n’a que le geste pour se faire comprendre, elle gagne une puissante délicatesse qu’elle n’aurait pu prendre chez les autres. Il me faut retrouver sa confiance, sa sympathie, son regard. Faute de pouvoir mettre mon peuple en avant, c’est ma personne que je lui donne.
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J'observe les sentiments se succéder sur son beau visage. Comme une toile mouvante, ses sourires et l'éclat de ses yeux ne cessent de créer une harmonie qui me trouble, une fascination que je pense naturelle chez les Arkaniens ayant un minimum de bonne éducation car née d'un sens aigu de l'esthétisme et de la perfection. Cette distraction bien venue m'éloigne des souffrances corporelles que je ressens : crampes, maux de ventre et de tête passent en arrière plan.

« La planète sur laquelle mon vaisseau s'est écrasé n'a probablement jamais été cartographiée. Je doute qu'elle ait subi les scans standards des procédures galactiques d'analyses bactériennes et virologues mais je prends régulièrement des traitements médicaux à spectre large de Type A, voir AA» Je précise pour le cas fort probable ou elle l'ignorerait. « Ils sont administrés en cas de contacts fréquents avec des planètes à risques. Je n'ai pas ressenti non plus de symptômes inquiétants sur place.»

C'est une bonne nouvelle. Je regretterais de représenter un danger quelconque pour ce navire.»

Je souris à mon tour à son interrogation sur sa nouvelle voix.

« Je ne suis pas mésatisfaite de ce choix mais cela reste un modèle standard préexistant. Avec un peu plus de temps et les outils adéquats j'aurais fait mieux. Il y a une -mélancolie, mais je préfère éviter le terme afin de ne pas la froisser - expression dans votre visage qui appellerait une mélodie encore différente ... mais je suis heureuse que la voix vous plaise.»

Déjà elle me répond sur l'origine de mes sauveurs.

Les umbarians ne sont pas très connus dans la galaxie et même moi je n'en ai que peu entendu parler. Ce n'est que lors de mon voyage dans la zone d’expansion que leur réputation m'était parvenue : celle d'un peuple fermé, cloisonné dans un système de castes complexe, aux luttes internes farouches, qu'il valait mieux éviter de fréquenter. Les marchands et travailleurs avec qui j'avais conversé m'avaient conté quelques anecdotes sur leurs agissements : histoires de trahisons, de meurtres et de déchéances infligées avec un mélange de détachement et de sadisme. Par prudence, j'avais décidé d'éviter de passer par leur planète. Ce que je sais d'eux se résume à des légendes, une brochure diplomatique récupérée sur le site de leur ambassade et quelques conseils de savoir vivre que je mets à profit pour rattraper ma première attitude de surprise et de défiance.

Aussitôt Alysha sent mon trouble et s'élance, me saisit la main. Sa supplique est d'une telle intensité que j'en détourne le regard, bien trop troublée par ces yeux implorants. Je suis bien consciente que je devrais rester sur mes gardes mais elle apporte à mes craintes la douceur du nid protecteur pour l'oisillon.

D'abord hésitante à lui laisser mes doigts, je m'y résous cependant, préférant subir l’émoi de son contact à lui infliger une rebuffade injustifiée.

« Je suis honorée d'avoir été recueillie par un tel équipage.»

J'espère surtout que les procédures à mon égard ne seront pas trop poussées. Un bilan sanguin passe encore mais un scan biologique complet pourrait me poser de sérieux problèmes, sans parler d'une étude approfondie sur mon passé qui créerait à coups sur une alerte dans leur base de données. Entre ma tête mise à prix par mon père, mes origines nobles, mon mariage avec un jedi, les innombrables problèmes que j'avais pu rencontrer avec des organisations plus ou moins légales sous diverses identités et le tatouage de pirate sur mon épaule j'avais tout ce qu'il fallait pour m'attirer des problèmes. Mais qui irait faire une enquête approfondie sur une naufragée aussi misérable que moi? Personne, à part peut-être le service de sécurité paranoïaque d'une reine comploteuse ? Heureusement, la plus part des informations à mon égard sont difficiles d'accès ou limitées à des secteurs distants de la galaxie. Il faudra certainement un bon moment avant que les requêtes envoyées ne retournent des informations utiles et précises. Espérons surtout que je serai loin si cela doit arriver.

Déjà je sens notre navette infléchir son vol et se poser, sans doute sommes nous arrivés. Je tente de me redresser et de poser le pied au sol mais mon corps me rappelle à ma dimension de malade. Je suis saisie d'un vertige violent et je me serais effondrée si je n'avais pas été assise et maintenue. Je m'affaisse sur le lit à moitié pliée sur ma sauveuse. Je peine à reprendre mon souffle et des étoiles noires éclatent un peu partout dans mon champ de vision ce qui me fait perdre totalement l'équilibre.

Je me rallonge ... ou je suis rallongée je ne sais même pas. Toute force m'a quitté. Je suis encore consciente mais ce n'est qu'après quelques secondes que je réussis à nouveau à interpréter mon environnement. Je regarde Alysha sans réussir à trouver les mots pour exprimer ma détresse et c'est moi qui lui rend un regard suppliant cette fois ci.
Alysha Myy’Lano
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Je la laisse déposer sur mon visage le masque qu’elle souhaite que je porte. Je suis pour elle ce qu’elle veut que je sois. A peine je lui suggère la direction à prendre. Elle a besoin d’une main douce et altruiste, je suis celle-ci. Ses doigts, dociles, acceptent de rester entre les miens.

« Je suis honorée d’avoir été recueillie par un tel équipage.

– Et cet équipage est honoré d’avoir pu vous porter secours. J’ai le sentiment que, si nous n’étions arrivés à temps, la galaxie aurait perdu beaucoup avec vous. »

Je lui souris toujours. Les vibrations qui se répandent à travers l’appareil nous indiquent son approche. Un léger picotement étrange au creux du ventre me fait savoir que nous avons ralenti puis, une sacade finale, nous avons gagné le sol du hangar. Alors, ignorante de son état de faiblesse, ma belle rescapée tente de se retrouver une certaine autonomie. Je ne l’en empêche pas, ainsi nous serons toutes deux sûres de son état. Je dois la secourir pourtant. L’alite de nouveau tandis que ses pupilles et sa pâleur me font savoir sa perdition. Elle me regarde, un crève-cœur.

« Chaque chose en son temps, Alys. Vous ne pouvez aller trop vite. Votre corps a subi un véritable traumatisme et certainement, les glucides n’ont pas encore eu le temps de faire leur chemin. Acceptez, pour l’instant, d’être l’objet de mes soins, d’accord ? Vous me montrerez toute l’élégance de votre démarche plus tard. »

Encore, je l’enveloppe de mon sourire et je donne à mon regard tout l’attendrissement qu’il peut. Le capitaine toque à la porte et me demande une entrevue. Je n’ai pas besoin d’expliquer à ma princesse secourue, elle comprend, et d’un regard, elle me fait savoir qu’elle saura restée seule un temps, me laissant le loisir de vaquer rapidement à mes obligations. Je sors, je ne ferme pas la porte mis me place dans l’embrasure en sorte qu’elle puisse voir mon profil mais non mes mains avec un semblant de naturel qui ne peut l’inquiéter.

« Faites savoir à la Reine qu’il n’y a aucun danger pour sa sécurité. Il est tout à fait improbable qu’un rival ait pu tendre un piège si complexe. Notre rescapée était véritablement aux portes de la mort, il aurait fallu anticiper notre changement de cap de ce matin, anticiper le déplacement de sa navette détruite en conséquence, anticiper de se laisser mourir de faim suffisamment longtemps. Ne confondons pas la vigilance et la paranoïa stupide. Nous suivrons les protocoles républicains standards de quarantaine, mais il y a peu de risque qu’un agent pathogène ne nous nuise, c’est une voyageuse aguerrie et elle m’assure se médicamenter régulièrement pour prévenir les formes les plus courantes de maladies. Je l’accompagnerai à l’infirmerie et resterai avec elle tout le temps que prendra son rétablissement, déléguez en conséquence mes autres tâches, voulez-vous ? »

Le Capitaine s’incline et s’éloigne. Je regagne l’infirmerie, souris de nouveau, reste debout cette fois à côté de ma protégée. Quelques parts, le sas s’ouvre, les pas des infirmiers, en combinaison isolante, résonne tandis que le bourdonnement de la civière anti-grav harmonise leurs pas. Je ne quitte pas son chevet, lui saisis la main sitôt que je peux, par mesure de sécurité et parce que je communique son presque évanouissement, il lui est immédiatement appliquée une poche de glucide et d’eau. La pose des cathéters ne semble pas la déranger un instant.

Nous sortons ensemble de la navette, nous traversons le vaisseau accompagnées de sphères flottantes : un champ de confinement mobile à la technologie très avancée qui me dépasse tout à fait. Rien des protocoles républicains n’est oublié et bientôt, la belle gagne un lit de l’infirmerie royale. La Reine ne lui a pas octroyé le simple espace du soldat, elle a exigé qu’elle soit traitée dans le quartier de l’infirmerie réservé aux officiers supérieurs.

Alors qu’un médecin, et non un droïde, nous fait savoir que son état est stable et que les analyses de sang n’ont rien détecter d’anormal si ce ne sont de multiples carences – ce qui ne surprend personne –, je lui souris encore et ne lui dissimule pas ma joie, serrant toujours sa main dans la mienne. Il s’éloigne. Nous sommes pratiquement seules si ce n’est le droïde infirmier qui plane de-ci de-là.

« Alors, comment vous sentez-vous à présent ? Avez-vous les idées plus claires ? »
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Je flotte dans une semi-inconscience, incapable de comprendre et d'interpréter ce que je vois autrement que sous la forme de flashs qui restent imprimés dans mon esprit.

Alysha qui converse avec quelqu'un dans l'embrasure de la porte de l'infirmerie. Le cathéter qui m'est posé et la sensation de la chaire pénétrée par l'aiguille. Le débarcadère traversé sur la civière. La table d'examen. Ses yeux enfin, inquiets, et son visage penché sur moi. Elle se préoccupe de mon sort, mon Ange. J'opine doucement, vais pour lui répondre mais sombre dans le sommeil avant d'avoir pu articuler un son.

Le droid médical se tourne vers ma protectrice "Elle est entrée dans un cycle de sommeil profond dû à l'épuisement et l'état de choc. Nous allons maintenir cet état pendant une douzaine d'heures ce qui facilitera la récupération de son organisme. Si vous le voulez bien nous allons procéder à un examen médical approfondi sur vous afin ce qui nous permettra de lever la quarantaine. Nous pourrons vous prévenir lorsque nous la placerons en phase de réveil, si son état vous intéresse."

Le sommeil artificiel m’entraîne au travers des heures. Je peux enfin me libérer de ce stress qui me rongeait depuis trois ans. J'ai réussi à survivre! Et cette conscience m'apporte autant de réconfort que les soins qui me sont prodigués.

Je me réveille avec la sensation de violentes piqûres de guêpes dans le cerveau. La douleur me fait grimacer mais c'est une vieille amie que j'accueille sans étonnement et le simple fait de respirer l'estompe déjà. Je me sens mieux, plus en possession de mes moyens et, si mon corps reste faible, mon esprit est déjà plus alerte. J'identifie mille détails qui m'avaient échappés en arrivant. La technologie employée est à la pointe, le niveau de confort trop élevé pour une infirmerie de garnison. J'identifie deux autres couchettes en plus de la mienne, vides. Je dois être dans des quartiers diplomatiques ce qui est à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle : je suis traitée comme une invitée qui à de la valeur et l'on fait toujours attention à ce qui a de la valeur. Je préfère l'anonymat dans une situation que je maîtrise aussi peu mais, à tout prendre, je ne suis pas mécontente d'un peu de confort. Je me redresse sur la couchette, sans subir les vertiges de la dernière fois. Le droid médical vient immédiatement à ma rencontre et m'interroge sur mon état de santé. J'ignore sa question pour lui répondre "Quel est mon bilan médical ?" Un peu surpris, il me répond ainsi qu'aux questions plus spécifiques que je lui pose sur ma chimie organique. Ses réponses me conviennent aussi je décide unilatéralement de retirer les capteurs et injecteurs posés sur moi ce qui pousse le droid à protester vigoureusement. Proteste tant que tu veux, je sais que je vais bien.

"Cela ira, ne t'en fais pas."

Avec plus de précautions je pose les pieds à terre et reste assise un moment pour faciliter ma récupération. Même si à force de courir partout dans la galaxie je me suis épaissie un peu, je reste une fine arkanienne sous alimentée. Je me sens bien maigrichonne aujourd'hui. L'idée me fait sourire : pas besoin de régime avant un moment, je vais pouvoir taper dans les glaces et le sucré sans remord.

Déjà le sas de l'infirmerie s'ouvre et je vois la belle Alysha entrer. Je lui souris, plus alerte désormais.

"Je me sens bien mieux, merci, et très heureuse d'être à bord." Je me redresse, vacille mais cette fois ci résiste et me retrouve debout, accompagnée dans le mouvement par le balancier de ma chevelure blanche. Depuis quand m'arrivent-ils juste au dessous des fesses? C'est vrai que je ne les ai pas coupés depuis trois ans et qu'ils étaient déjà très longs avant notre accident.

Mes yeux gris viennent chercher les siens et, légèrement joueuse et amusée, je commente "Et voilà l'artiste debout". Néanmoins, dès qu'elle s'approche je m'appuie sur son épaule, moins assurée que je ne veux l'admettre.

"Je suis désolée de vous demander cela Alysha mais je tuerais pour une douche et des vêtements propres. Je n'en peux plus de me sentir misérable naufragée. A minima une douche sonique."

Elle accède à ma demande et me conduit dans une pièce à part de l'infirmerie dédiée à la toilette. Après l'avoir assurée que je peux tenir debout, je m'enferme sans tirer le verrou et prend un long moment pour refaire de moi une humaine digne de ce nom. Des années de labeur et de souffrance disparaissent avec l'eau qui ruisselle sur mon corps. Il y a une autre raison moins avouable à ma demande : impossible de me tenir devant mon ange et de soutenir la comparaison. Sa beauté me renvoie à mes défaillances et, à minima, je refuse de me tenir comme une souillon devant elle. Quelqu'un toque à la porte qui s'entrouvre pour laisser passer une tenue propre. Un uniforme civil féminin dépourvu de galons ou marques distinctives. J'en apprécie la coupe cintrée, plutôt adaptée à mes formes. Je dois certainement cette attention à Alysha tout en m'amusant du fait qu'en cette seconde je suis prête à attribuer tous les bienfaits de l'univers à cette demoiselle. Cette absence d'objectivité est tellement éloignée de ce que je suis d'habitude que j'en ris intérieurement tandis que je m'habille.

Je sors enfin de la douche, les cheveux humides, l'esprit pétillant.

"J'ignorais qu'Umbara avait un système monarchique", dis-je en prenant une mèche blanche pour la sécher dans une serviette. "Sur Arkania nous avons une méritocratie corporatiste. De ce qu'il m'a semblé nos systèmes gouvernementaux sont moins éloignés que ce qu'il pourrait sembler au premier abord. Mais vous n'êtes pas Umbariane vous même, n'est-ce pas ? La population locale s'est adaptée pour une vie en sous sol ce qui lui vaut une peau extrêmement pâle, à l'instar de celle des Arkaniens. Etes-vous liée à votre Reine par un principe de contrat d'emploi ou par d'autres liens d'engagements ?"
Et voilà, je suis repartie. J'ai toujours été trop communicative et l’exaltation de ma survie piétine allègrement la raison qui voudrait que je reste sagement à récupérer.

"Le soldat ... Capitaine... dont j'ai oublié le nom en est un n'est ce pas ? D'ailleurs, savez-vous quelle sera la première halte que nous ferons et dans combien de temps ? Oh, auriez-vous accès aussi à un communicateur sur réseau public, j'ai trois ans de retard sur le monde ?"

Ralenti Alys, ralenti ! Je me mords la langue et lui laisse enfin le temps de revenir vers moi. Le payerai sans doute plus tard le prix de mon excitation passagère mais, pour le moment, je bouillonne.
Alysha Myy’Lano
Alysha Myy’Lano
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Le sommeil absolu des drogues. J’acquiesce pour faire comprendre à l’effroyable machine que j’ai entendu son analyse. Son apparence, entre l’humain et la conserve, m’horripile au plus haut point. Je chasse ce sentiment, il appartient à une autre vie. Je suis Alysha. Je pose mes yeux une dernière fois sur la belle endormie. Une mèche de ses longs cheveux blancs lui barre le visage. Je la chasse, délicatement, la renvoie hors de son front d’argent. J’hésite un instant. Quel mal ? Elle n’a conscience de rien. Je dépose un baiser sur son front et disparais. Personne ne m’aura vu faire.

Après de longues minutes de désinfection et de tests, je réintègre les vêtements en même temps que la fonction de suivante. Je n’oublie pas de faire parvenir un message de remerciement pour le Capitaine. « Comme toujours, vous aurez été d’une expertise absolue ». Sa compagnie ne m’est pas désagréable. Je me dis parfois que le hasard est sympathique lorsqu’il place la maîtrise de ma langue si singulière entre les mains d’un jeune homme si désirable et si compétent.

Des ordres me parviennent. Je dois rejoindre ma Reine, laquelle se m’attend dans ses appartements. Elle aura, aujourd’hui, souhaité dîner en petit comité. Il ne me faut guère que quelques minutes pour parcourir les longs corridors. Je connais désormais les lieux comme s’ils avaient été ceux de ma naissance. La porte s’ouvre à mon approche. Les odeurs exquises me parviennent. Dans la salle à manger privée de la Reine, deux domestiques s’affairent à amener les plats fumants, deux suivantes me regardent entrer – Meli Ssandre et Luce Yfer. Je sais les sentiments qu’elles nourrissent à mon égard. Si leurs yeux m’avaient menti, la Force, elle, ne m’aurait laissé aucun doute. Je m’incline devant ma Reine, d’abord, puis sur son geste me relève et salue l’homme présent à ses côtés ainsi que la dame – son épouse ? Ce sont-là des visages que j’ignore mais leurs apparats aristocrates me persuadent de leur haute lignée – si leur présence n’avait suffi. Mes mains demeurent immobiles. Il appartient à ma Dame de parler la première et de m’autoriser à répondre.

« Alysha, je te félicite pour cette opération de récupération. Est-ce que notre invitée va bien ? J'aimerais faire sa connaissance.

Je remarque la surprise des hôtes et le mépris des suivantes lorsque mes mains s’agitent. Elles n’ont guère de goût pour mon infirmité. Ma réussite leur est d’autant plus coûteuse qu’elle se fait malgré les handicaps.

– Merci, ma Dame, je n’ai fait que mon devoir et encore ai-je été assisté. Le Capitaine Provoo a encore démontré son talent.

Notre invitée a été plongée dans un sommeil artificiel le temps que son état s’améliore. Nos échanges m’ont révélé une grande intelligence, une grande expérience des voyages ainsi que, j’oserai le dire, un génie technique certain. Selon toute apparence, elle est Arkanienne et s’est échoué dans un système inconnu il y a presque trois ans de cela. C’est un miracle que nous l’ayons trouvée à temps. Je suis convaincue qu’elle ne représente aucun danger pour votre sécurité, elle est d’ailleurs presque tout à fait ignorante de la culture de notre monde.

Je me suis engagée à rester à ses côtés, nous avons, je le crois, noué un lien de confiance. Elle ne sera pas en capacité d’assumer un entretien avant de nombreuses heures, voulez-vous que je revienne vers vous sitôt qu’elle sera prête ?
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– Tout à fait Alysha. De surcroit compilez moi aussi les données sur le système dans lequel elle s'est échouée je vous prie. Avec les informations que vous avez actuellement en votre possession naturellement.

– Elle ne m’en a touché que quelques mots, et vague qui plus est. Mis à part ses coordonnées, que j’ignore, je doute qu’elle puisse nous informer beaucoup : elle n’a pas disposé des outils d’analyse nécessaire pour juger des richesses de ce monde. Je ferai cependant de mon mieux pour satisfaire à votre curiosité. Alors que je m’incline. Ma Dame. »

Je disparais. Je n’ai pas besoin de me retourner pour sentir le mépris sur mon dos. Il glisse sur ma peau comme l’eau de pluie. Leur dégoût me fait grandir, je deviens le centre de leurs jalousies, de leurs passions. Haïssez-moi, ainsi j’existe et vous éclipse.

Durant plus de dix heures, ma belle dort à point. Soudain, mon comlink sonne. Je me rends aussitôt à son chevet, me présente de nouveau à elle cette fois dans la tenue des Suivantes. J’ai libéré mes cheveux de leur natte serrée, optant à présent pour l’élégance plutôt que la praticité.

Elle ne manque pas d’humour, cela réhausse son charme. Si sa fragilité est encore évidente, son caractère n’a pas que de peine à la tenir debout. Quoi de surprenant quand on sait comment elle a survécu ?

« Si c’est tout ce que vous désirez, alors vous l’aurez, Alys. Je vous en prie, je vais vous conduire à une salle de bain. »

Alors qu’elle s’appuie sur mon épaule, je glisse ma main au creux de son dos et la soutiens dans sa marche. Ses cheveux jouent sur le dos de ma main. J’attends patiemment et lui fait porter des vêtements absolument neutres mais tout à fait présentables, de ceux que les réserves de nos armées comptent. Lorsqu’elle ressort, elle paraît transfigurée, altière. J’ai le réel sentiment d’avoir sauver une princesse, après tout. L’eau semble l’avoir revigorer davantage encore que sa cure de sommeil.

« Je suis une Pupille de la Reine et l’une de ses Suivantes. Elle m’a recueillie lorsque mes parents nous ont quitté, a pris soin que mon éducation se termine au mieux et, pour la remercier, je suis entrée à son service. Je fais partie de sa suite, d’où ma tenue. Comment me trouvez-vous, ainsi vêtue et coiffée ? »

Je tourne sur moi-même, pour qu’elle puisse m’admirer.

« Le noir est couleur modeste et effacée mais un visage tel que le votre devrait être mis en valeur avec des couleurs plus chatoyantes telles que le bleu ou même le rouge. Vous avez tu sens de l'esthétisme certain cependant. Peut-être pourrions-nous nous tutoyer, à présent ? »

Je pianote rapidement.

« Dans l’intimité de nos conversations, si tu le souhaites, mais ne sois pas choqué qu’en public je ne me le permette pas. L’étiquette est importante dans toute cour royale. Note cependant que je ne suis pas en noir mais en anthracite, un gris très foncé. Je ne peux porter de couleur, par respect pour la Reine, c’est à elle d’attirer l’œil, non à moi, c’est elle qui représente Umbara. Mais je te remercie pour tes compliments. Même en simple uniforme, tu es tout à fait belle aussi. »

Alors que le pad génère les mots, je lui souris au fur et à mesure de leur arrivée. J’écoute sa question et de nouveau pondère ma réponse par la nécessité de l’écrire avant qu’elle puisse être entendue.

«Il est vrai, le Capitaine Provoo est Umbaran et je ne le suis pas, pas plus que mes parents ne l'étaient. Si nous sommes pas de cette espèce, du moins sommes-nous profondément de ce monde. Pour le reste de tes interrogations, la Reine Keto m’a demandé de t'amener à ses côtés, pour un thé, sitôt que tu te sentiras suffisamment en forme pour une conversation avec elle. Je ne doute pas qu’elle souhaite elle-même t'enquérir de ces détails. T’en sens-tu capable dès à présent ? »
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J'acquièsce à sa réponse et je suis un peu surprise qu'elle me demande mon avis sur sa tenue car, après tout, nous ne nous connaissons pas et il s'agit d'une décision relevant de la sphère intime. Comment pourrais-je bien la conseiller sans connaitre les us et coutumes de chez elle. A moins qu'elle ne cherche mon assentiment de voyageuse cosmopolite ? Je lui réponds et elle invoque la nécessité de modestie face à sa dirigeante ce que je comprends et regrette tout à la fois. Son compliment me prend au dépourvu par contre et mes joues grisent légèrement sous l'attention. Heureusement un autre sujet accapare mon attention : une rencontre avec la Reine, déjà ?! Pourquoi donc s'intéresserait-elle à moi ? Ou plutôt, quelle raison parmi toutes a-t-elle de s'intéresser à moi ?

Mon sourire égayé disparaît un instant. On ne rencontre pas une Reine comme l'on rencontre n'importe qui, surtout la dirigeante d'un peuple craint tel que les Umbarians. Il y a cependant une chose que m'a appris mon expérience des voyages intergalactiques : les réputations sont largement surfaites en général. Le manque généralisé de connaissance des peuples et de leurs manières est la source universelle des quiproquos et des défiances. Bien souvent ce rejet naît d'un sentiment d'infériorité, qu'il soit intellectuel ou physique. J'aurais des raisons d'être effrayée sur un navire gamorréen, où la dominance s’assiérait sur des rapports de force physique, mais au milieu de comploteurs, qu'ais-je à craindre ? Après tout, je suis littéralement née au milieu de conspirateurs machiavéliques ! Mon père lui même m'a manipulée jusqu'à mes 15 ans et le moindre aristocrate arkanien est un prédateur ne visant que son propre intérêt. Quelque part rencontrer la Reine risque d'être un peu comme un retour à la maison.

Cette idée a même quelque chose d'exaltant : sur cette planète perdue mon esprit s'est assoupi sans stimulation intellectuelle permanente. Anado a beau être grandement remonté dans mon estime, il n'avait objectivement pas la capacité de me stimuler intellectuellement. Je ressens un frisson d'excitation : celui du défi, celui de l'esprit confronté à un problème à sa hauteur.

"Tu es certaine que je peux paraître devant elle habillée ainsi ? Il y a souvent des protocoles à respecter et je ne voudrais pas lui manquer de respect."

Elle rassure mes craintes en mettant en avant que mon statut de naufragée me vaudra tolérance. Bien. Il ne sera pas dit cependant que je me présenterai comme une va-nus-pieds même si c'est effectivement presque le cas.

"Le temps de me sécher les cheveux et de me coiffer, si tu veux bien. Je tiens à être un minimum présentable devant ta maîtresse."

Je sèche mes cheveux avec plus d'énergie mais l'effort à tôt fait de me couper le souffle. Je dois m'économiser. Je m'assieds, continue d'éponger l'eau avec la serviette et me lance dans un tressage moins fin que celui d'Alysha car je ne souhaite pas me faire désirer trop longuement.

"Pourrais-tu juste m'aider en posant ta main ici, s'il te plait ?" Dis-je en indiquant le noeud qui regroupe mes cheveux un peu au dessus de la nuque. "Et si tu pouvais finir la tresse en mèche épaisses ensuite ?" *dis-je en guidant ses gestes pour lui indiquer ce que j'attends d'elle.

Mon Ange à la gentillesse de m'assister et je profite à nouveau de cette sensation troublante d'être l'enfant dont l'on s'occupait sur Arkania. La nostalgie m'étreint fortement ce qui me couple la parole le temps du coiffage. Je redeviens la jeune fille sage de mon passé.

Prête enfin, je me redresse et ajuste devant un miroir le tombé de ma tenue. J'en teste la coupe, les mouvements adéquats et règle ma gestuelle sur ses plis afin que même vêtue grossièrement je puisse rester aussi impeccable que possible. Réflexe purement aristocratique sans doute mais directement lié à mon éducation. Même vêtue dans un sac de jute je chercherai toujours à le rendre le plus élégant possible. Je vérifie mes cheveux, approuve le rendu de cette natte lourde et revient vers ma sauveuse.

"Je te suis."

J'aimerais être plus digne que cela mais après quelques pas dans ce vaisseau je suis amenée à prendre le bras d'Alysha, plus faible que je ne le souhaiterais. A nouveau son contact me perturbe et je me retrouve entourée d'une bulle intime et irréelle à marcher à ses côtés. Notre pas lent me laisse le temps d'observer tout autour de moi et de jauger le caractère de son équipage.

Ce qui me surprend avant tout c'est l'absence de vibrations dans la carlingue. Le ronronnement familier des moteurs est absent tout comme les habituelles fluctuations de courant dans les systèmes électriques. J'ai beau me concentrer pour les ressentir, les fluctuations des champs gravitationnels sont minimes également. Le niveau technologique est élevé, l'équipage clairement bien entraîné et les droides sont de haute technicité. Nous sommes sur un navire de classe militaire et très vraisemblablement un vaisseau furtif de qui plus est. Il est tout a fait possible que je sois dans un convoi diplomatique secret ce qui expliquerait une sacrée dose de paranoïa tout comme la rencontre de la Reine : tromper l'ennui avec une conversation imprévue tout en s'assurant qu'elle ne représente pas une menace et l'écraser sans pitié en cas de besoin. Ma ligne de conduite est claire : être une inoffensive mais intéressante invitée.

Notre avancée est suivie de regards inquisiteurs et je sens presque ces rouages familiers se mettre en branle dans leurs esprits : celui du nouveau paramètre à prendre en compte dans leurs réflexions. Si ces gens ressemblent bien aux nobles Arkaniens alors chaque information est une source de pouvoir et l'inconnu un piège potentiel. Même si je suis à mon désavantage du fait de tout ce que j'ignore je ne peux m'empêcher d'apprécier le moment.

Et puis nous franchissons un dernier sas et les gardes présents ne sont plus les même. Armurés de blanc et d'or, la silhouette haute et altière, lance à la main même au repos : j'arrive au coeur du navire. Je prends sur moi de me redresser et de lâcher le bras de ma protectrice : Arkanienne je suis et je franchirai la porte qui mène à la dirigeante de ce peuple seule, sans assistance. Fierté déplacée certes, que je payerai d'une souffrance que j'anticipe en prenant une minute pour rassembler mes forces mais fierté née de l'éducation d'un peuple supérieur à tous ceux de la galaxie. Je regarde Alysha et lui adresse un léger signe de tête : je suis prête, après tout, ce n'est pas comme si je rencontrais un seigneur Sith !
Invité
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Les annonces d’He’Thu concernant une voyageuse arkanienne perdue dans un système non répertorié avaient suffisamment attiré l’attention de Darth Oracci pour qu’elle détourne son vol spatial pour mener une mission de sauvetage. Expliquer ce changement de cap à ses deux invités avait été une chose simple à expliquer et aucun des deux passagers VIP n’avait osé faire part de leur mécontentement. Ni l’un ni l’autre n’avaient eu envie d’aller à l’encontre de la volonté de leur reine. Aussi ils terminèrent leur repas continuant d’échanger des compliments, conseils, paroles, anecdotes stratégies de carrière et ambitions personnelles. Des informations qui étaient précieuses pour Sly Keto. Cependant après l’annonce du sauvetage réussi de cette rescapée, cette dernière avait occupé l’esprit de l’umbarane pendant un long moment, la mention d’un système encore inconnu avait attiré son attention, et s’il n’était pas répertorié, cela signifiait sans doute qu’il n’était pas non plus habité ou revendiqué par une entité politique. Il y avait là un coup à jouer sans doute… Mais la présence d’une rescapée l’intriguait, aussi elle prit la décision de rencontrer celle-ci.

Musique d'ambiance

Derrière son bureau personnel dans ses quartiers, Sly Keto attendait patiemment son invitée surprise. Bien entendu, il y avait deux gardes royaux à l’extérieur, fiers et immobiles dans leurs armures blanches et or, tenant entre leurs mains expertes leur redoutable Lance Crown qui était en soit un chef d’œuvre d’ingénierie d’armement, mais aussi d’esthétisme. Deux autres se trouvaient à l’intérieur, formant ainsi une sorte de sas contrôlant qui entrait et qui sortait. A ses côtés se trouvaient deux autres suivantes qui s’affairaient à préparer le thé dont l’odeur évoquait un mélange épicé de cannelle, gingembre et de pomme et se répandait dans la pièce comme un parfum agréable. Sly Keto observait une étoile à travers une baie-vitrée ou ce qui y ressemblait car il s’agissait d’un mur écran retransmettant l’image de l’étoile du système dans lequel se trouvait la frégate de classe Némésis.

Observer cette étoile rendait quelques peu Darth Oracci mélancolique, mais était propice à stimuler sa réflexion. Lorsqu’elle entendit les gardes signaler la présence d’Alysha, Sly Keto fut tirée de ses pensées et prit la parole afin de faire entrer la jeune femme tandis qu’elle se dirigeait vers le coin « salon de thé » de ses quartiers privés.

- Je t’en prie, tu peux entrer Alysha.

L’umbarane se leva de son siège et regarda l’invitée : une arkanienne qui semblait bien vêtue, et préparée pour la rencontrer. Sly Keto invita la jeune rescapée à s’asseoir sur l’un des confortables fauteuils se trouvant le plus proche d’elle. Séparées par une table basse, la souveraine prit la parole en redressant légèrement la tête, mais sa voix se faisait claire et solennelle.

- Salutations fille d’Arkania. Je suis Sly Keto, souveraine d’Umbara, grande prêtresse du Culte des Cinq et Vice-Chancelière de la République Galactique.

Une fois l’arkanienne assise, la Vice-Chancelière fit de même avec élégance et noblesse, laissant l’étoile derrière elle auréoler sa silhouette de manière assez surréaliste, presque divine. Sly Keto savait se montrer théâtrale lorsqu’elle jouait son rôle de façon préparée. Elle s’empara d’une cigarette qu’elle grilla pour savourer son repas. Sa voix s’éleva à nouveau, agréable sereine et sûre d’elle.

- Ma pupille, Alysha m’a raconté que vous êtes une technicienne d’expérience et une aventurière en soit. Vous êtes restée trois ans coincée sur une planète non habitée puis un mois dans votre propre vaisseau rafistolé avec trois fois rien. C’est un miracle que peu d’individus auraient été capables d’accomplir. La chance à sans doute joué dans cette rencontre avec notre frégate qui a pu vous sauver la vie, mais je reste convaincue que sans votre talent et votre soif de survivre, vous n’auriez pas tenu jusque là.

Les suivantes apportèrent le service de thé royal ainsi que la théière qui était chaude et prête, laissant l’infusion titiller les narines de son invitée, promettant à son corps qu’elle serait réchauffée après une ou deux gorgées de cette boisson traditionnelle. Déjà l’une des suivantes fit couler le thé dans la tasse de sa souveraine. L’umbarane croisa les jambes, apposa son avant-bras le long de l’accoudoir puis reprit la parole, se rappelant soudainement d’avoir probablement oublié d’abord un détail important.

- Cependant je viens de réaliser que je ne sais pas comment vous nommer. Comment vous appelez-vous ? Vous désirez boire un thé ?

La boisson n’était pas empoisonnée, la Reine commençait à estimer que la miraculée ne semblait pas représenter une menace pour son intégrité. Et de surcroit elle contrôlait complètement la situation sous tous les aspects possibles et imaginables. De quoi avoir confiance et être plutôt serein quand on occupait des fonctions aussi convoitées que les siennes, que ce soit sur Coruscant ou Korriban.
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L'harmonie de cette scène est apaisante. Même si nous sommes certainement encore loin de tout, même si je suis une pierre lancée en aveugle aux mains d'inconnus, ce confort, cette façon à la fois impérieuse, hautaine et conviviale de m'accueillir est un baume pour mon coeur de rescapée. La Reine est exactement comme je l'espérais : belle, élancée, le teint pâle proche de celui des arkaniens, son port est magnifique tout comme la scène qu'elle m'offre, royale, auréolée de la gloire d'un astre. Beaucoup seraient intimidés par une telle rencontre, ou exprimeraient un empressement excessif mais j'ai vu tellement de fois mon Père se comporter exactement ainsi que cette scène est plus apaisante qu'impressionnante. J'en goûte les silences tout comme le jeu parfait de la personne de pouvoir en face de moi. Je parle à une Reine et ne l'oublie pas. Je m'installe sur son invite, sans me méprendre sur le fait que chaque parole doit être interprété comme un ordre et m'effondre un peu plus fort que je ne l'aurais voulu sur le siège. Mes jambes sont faibles et même si je souhaite me montrer présentable je sais que l'épreuve sera pénible.

Avec les deux gardes à l'entrée, je en dénombre encore deux dans la pièce, trop loin pour qu'ils puissent réagir dans l'instant si j'étais une assassin suicide. Soit la reine possède des mesures défensives cachées, soit je suis identifiée comme ne présentant aucun danger et comme aucun arkanien ne prendrait une décision aussi stupide de croire qu'une inconnue ne présente aucun danger, je suppose que je suis étroitement surveillée par d'autres moyens. Je m'intéresse un bref instant aux autres personnes dans la pièce et ne voit rien susceptible de représenter une menace pour moi. Sans doute des moyens technologiques ou un adepte de la force. Je trace mentalement une ligne nette, un espace de non intrusion absolu défini par la longueur d'un bras armé : à aucun moment je ne dois franchir cet espace si je souhaite que tout le monde passe un bon moment.

La reine se présente et je ne peux m'empêcher d'être surprise et fortement soulagée par les titres qu'elle se donne : les chances pour que la vice chancelière de la République Galactique me veuille du mal sont quasiment nulles !


La reine se présente et j'attends qu'elle me donne la parole. Assise légèrement en arrière afin de me soutenir avec le dossier de la chaise, les mains posées soit sur mes genoux, soit sur la table, bien en évidence, je l'écoute avec un mélange d'admiration de l'esthétisme de la scène et de concentration polie puis réponds lorsqu'elle me donne la parole.


"Je suis Alys, de la famille Vel Aath, Arkanienne en effet." Je prend un instant pour humer ce thé et ses arômes emportent immédiatement mon assentiment. "Volontiers, merci."

J'en reviens rapidement à mon idée première de me montrer un invitée polie et intéressante, si possible amusante. "J'aime à me présenter, sans trop de sérieux, comme une touriste professionnelle, même si en effet ce sont plutôt mes compétences techniques qui me permettent de vivre..." je laisse ma phrase en suspens et interroge son altesse du regard. Un infime assentiment m'invite à continuer " ... beaucoup consacrent leur vie à travailler et voyagent lorsqu'ils le peuvent, j'ai fait de ma passion mon vrai métier. Je voyage de mondes en mondes depuis une dizaine d'années en acceptant des contrats de maintenance sur les vaisseaux qui se rendent dans les systèmes qui m'intéressent et parfois, il m'arrive de prendre quelques contrats un peu plus difficiles afin de financer cette vie, c'est ce qui a occasionné mon périple."

Je marque un temps d'arrêt que je mets à profit pour m'enivrer des senteurs plaisante d'un thé que je laisse refroidir. Je distingue toujours l'attention polie de la Reine et en conclus que je ne l'ai pas encore lassée. Je poursuis en digressant quelques peu afin de surprendre son esprit et de tester les sujets de conversation qui lui plairaient le plus.

"Je profite de cette occasion pour vous remercier ainsi que la République pour votre sauvetage. Je vous félicite d'ailleurs pour votre accès à la Vice-Chancellerie, une telle ascension est digne de tous les éloges surtout quand on pense que vous n'étiez même pas au Sénat il y a trois ans. Mais une telle prouesse est peut-être naturelle pour une Umbarienne."

Je souffle sur le thé et reprends mon histoire, dans l'espoir d'égayer son trajet.

"Je devais diriger les aspects techniques d'un voyage hyperlumnique dans les zones les plus profondes du noyau mais j'étais malheureusement accompagnée d'un pilote qui buvait beaucoup trop. De ce que nous avons reconstitué par la suite, il s'est endormi au moment le plus inopportun et a été incapable de réagir pour éviter une collision qui a manqué de pulvériser notre vaisseau. Par miracle, nous avons réussi à atterrir malgré tout." Astronavigateurs et techniciens savent ce que mon récit implique : un saut dans le noyau est hautement périlleux du fait de la très haute densité de matière et de la quasi impossibilité d'anticiper les mouvements et collisions stellaires permanentes. "Il m'aura fallu trois ans pour me remettre d'une fracture ouverte, d'un début de septicémie, de côtes et d'un bras brisé, ainsi que pour réparer assez de notre navette pour tenter de retrouver la civilisation."

C'est un récit un peu fou que je lui offre mais c'est pourtant la vérité. Parler autant me coupe le souffle. Je récupère le temps de quelques battements de coeur et poursuis. "J'ai eu l'occasion de voyager à proximité d'Umbara mais sans jamais m'arrêter au coeur de la Nébuleuse Fantôme. La forêt infinie de Kashyyyk, le monde corporatiste de Randon, Deysum III et son écosystème dévasté... je pourrais vous montrer quelques prises de vue si cela vous intéressait." Je regarde autour de moi, sans geste brusque. "... mais il me faudrait un accès au réseau et à un support de projection pour vous montrer."

Sans insister je change à nouveau de sujet, sans heurt ni précipitation irritante "Ne m'en veuillez pas si je commets un impair en votre présence, par la force des choses j'ignore tout de l'évolution politique de la Galaxie ou de la façon la plus appropriée de vous témoigner ma politesse, hors des usages de base Umbariens. Vous pouvez m'appelez Alys si vous le souhaitez, votre Altesse."

Je l'interroge du regard et lui rend la parole, espérant qu'entre aventure, récit de survie, prouesse technique, flatterie non dénuée de sincérité, politique et exotisme il y aura un sujet qui la captivera plus que d'autres. Je porte la tasse à mes lèvres et l'écoutant et ma main tremble légèrement sous le poids de ce peu d'eau.
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- Rassurez-vous Alys, je peux tolérer quelques écarts de protocole du fait de nos différences et de votre situation actuelle ainsi que de ma culture assez méconnue du grand public. Je n'ai moi-même pas été élevée comme une noble ou une princesse, je le suis devenu par la force des choses.

Les gardes royaux d’Umbara étaient certes équipés de lances, mais en réalité la lame faisait plus office de baïonnette pour intimider ou infliger des coups d’estoc ou de tranche au corps à corps. La Lance Crown était un long fusil blaster semi-automatique avec une cadence de tir lente mais une précision redoutable. De surcroit cette arme compensait également sa faible cadence de tir par une puissance de feu suffisamment importante pour tuer un wookie enragé en une ou deux décharges et de l’envoyer voltiger sur un petit mètre. Bien entendu, la maîtrise parfaite de cette arme exceptionnelle était une condition sine qua non pour prétendre rejoindre ce corps de protection rapprochée d’élite qui avait su s’illustrer pour sa dévotion sans faille. Aucun garde ne se rendait, préférant mourir plutôt que de se couvrir de déshonneur en trahissant son serment. Au cours de la terrible Guerre des Ombres ayant secoué Umbara, la garde royale a perdu 78% de ses effectifs totaux pour couvrir la fuite de la Reine Palema Lormeon lorsque les troupes dissidentes de Jan Fanron pénétrèrent dans le palais de la Nuit pour tenter de la tuer. Aucun des gardes ne fit défection, et tous se battirent jusqu’au dernier homme. 3588 gardes donnèrent leur vie pour tenir la position et faire barrage aux ennemis de la souveraine. Les 1012 gardes escortèrent la reine dans sa fuite du palais, et purent par la suite, former une nouvelle génération de gardes royaux. Leur sacrifice donna lieu à des chansons militaires ainsi qu’à la construction d’un mémorial regroupant tous les noms de ces hommes et femmes ayant donné leur vie. Tous furent d’ailleurs décorés de la Médaille de Bravoure à titre posthume, et inhumés sous le mémorial même pour les corps ayant été retrouvés. Ce jour là, la Garde Royale Umbarane s'était couverte d’honneur, si bien que l’histoire de leur sacrifice était encore enseignée aujourd’hui.

Sly écouta très attentivement l’ensemble des éléments de réponse que lui fournissait l’arkanienne lui faisant face. Assise elle sirota silencieusement son thé encore fumant, laissant les volutes de fumée réveiller son odorat délicat. Son esprit aiguisé comme un Vootkar décortiquait les informations qu’Alys, recoupait ses paroles avec son expérience pour reconstituer son périple mentalement et mieux cerner la psychologie mais aussi les compétences de la femme assise en face d’elle. La rescapée avait roulé sa bosse dans les quatre coins de la galaxie visiblement, une chose assez rare que peu de personnes faisaient par plaisir, faute de moyens. Mais Alys avait su vendre ses services pour son exploration.

- Comme vous le dites Alys, les voyages constituent une expérience toujours bonne à prendre et forgent le caractère. Je suis admirative de votre parcours, et je ne pense pas avoir vu autant de systèmes à titre personnel.

Sly Keto avait aussi visité beaucoup de mondes pour le compte de ses missions, mais elle n’en n’avait jamais fais le calcul mental. Cela ne l’intéressait guère en fait, et elle ne souhaitait pas se lancer dans une compétition avec la jeune femme qui se tenait devant elle, encore fébrile –ses yeux l’avaient remarqué dès qu’elle accepta le fauteuil proposé-, elle n’était pas là pour ça. La Reine nota cependant qu’Alys devait sans doute effectuer une veille informatisée de personnalités phares en matière d’hommes et de femmes influents dans la sphère politique et économique. Elle mit le doigt sur le fait que sa carrière avait décollé de façon assez stupéfiante de part sa rapidité.

- Détrompez vous, il ne suffit pas d’être umbaran pour accomplir ce genre d’exploit. Il suffit de savoir s’y prendre, comprendre les enjeux politiques, savoir négocier et de connaître les bonnes personnes. La providence a été généreuse avec moi, dans d’autres circonstances ma carrière politique et mon engagement du côté de la République n’aurait pas pris cette ampleur. Mais je ne m’attendais pas à devenir Vice-Chancelière aussi rapidement en ouvrant légèrement Umbara sur le reste de la galaxie. D’ailleurs je ne le désirai pas en soit, mais quand on vous désigne pour cette tâche, quand on estime que vous êtes capable d’incarner cette fonction, on ne peut pas se dédire. On ne recule pas lorsque vient l’heure d’accomplir son devoir. Et puis vous savez, le plus important c’est de durer dans cette fonction. Beaucoup ne font que passer comme des étoiles filantes : illuminant le ciel de l’espace quelques jours au mieux avant de disparaitre et de tomber dans l’oubli collectif…

La Vice-Chancelière en avait conscience, certains s’interrogeraient sans doute sur sa fulgurante ascension politique, mais elle n’était pas inquiète. Elle pouvait justifier tout ceci sans le moindre problème, et il fallait admettre que si elle n’avait pas eu de contacts avec Grendo S’orn, l’actuel chancelier, sans doute que son parcours politique aurait été beaucoup plus long et difficile à tracer dans ce monde impitoyable ou il fallait jouer l’équilibriste en permanence entre la morale et l’efficacité, entre la discrétion et la surexposition médiatique, manigancer pour avancer tout en étant exempt de tout soupçon pour se poser en modèle de vertu permanente afin de ne pas être disqualifié de la course au pouvoir… Un petit jeu d’équilibriste qui constituait un défi stimulant pour l’araignée politique qu’était Sly Keto, et qui jusqu’à présent, ne s’était jamais pris les pieds dans sa toile.
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Je note brièvement le choix de sujets qui l'intéressent. Sans surprise, elle ramène la conversation à elle et à la politique. Père n'aurait pas fait autrement car, après tout, face à une personne insignifiante, autant parler de soi. Je l'écoute évoquer son parcours en m'amusant intérieurement de ce jeu pratiqué par tous les requins de pouvoir qui consiste à mettre sur le compte du hasard le grand nombre de cadavres enterrés pour atteindre une situation de prestige. En Arkania, même l'innocence est un complot, je ne me sens pas dépaysée.

Poliment, je réponds.
"C'est bien naturel, les voyages sont certainement plus une contrainte dus à vos fonctions tandis qu'ils sont chez moi la fonction qui justifie toutes les autres contraintes."

Elle m'expose brièvement son ascension. Sa manière de formuler est celle d'une personne lettrée, qui maîtrise ses propos. La façon qu'à tout le monde de se comporter dans la pièce témoigne de son importance : ce n'est pas une innocente ingénue mais bien une politicienne aguerrie et respectée, probablement retorse et rouée... ce qui sont de vraies qualités à mes yeux.

"Je suis très curieuse des mœurs d'Umbara, pour une voyageuse telle que moi, ne quasiment rien connaitre d'une culture est ... un scandale..."

Je souris mais une partie de moi est sincère. Certes, je ne peux pas connaitre tout l'univers, mais tout de même ! Etre prise aussi au dépourvu sur une peuplade ne m'est pas arrivé depuis bien longtemps.

"... et quand à la situation de la galaxie, j'en ignore tout depuis trois ans. A cette époque l'Empire menaçait encore Dromund Kaas et la guerre était sur le point de tout embraser. Depuis ... je fais des huttes avec des chevilles en bois."

J'échange un peu sur le ton de l'humour, toujours pour la distraire.

"Comment avez-vous réussi une telle ascension ? Je dois dire que je suis aussi très admirative." Ce qui est parfaitement vrai.

Ce thé est revigorant. Sa chaleur sans doute et le fait que je puisse rester immobile à converser pourtant mes tempes se mettent à battre de façon sourde. Déjà ? Je m'affaisse légèrement puis me redresse. Je lui dois cette conversation : mon corps faiblard prendra son tribu après.
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- C’est vrai, mais j’essaie aussi à ma façon de concilier plaisir et contrainte côté voyages et autres représentations diplomatiques. Alderaan ou Ossus sont des exemples de mondes éden magnifiques sur lesquels, passer une retraite ne me déplairait pas le moins du monde.

Rétorqua la Reine Keto en portant à nouveau sa tasse de thé jusqu’à ses lèvres. L’idée de pouvoir revoir le jeune Virgile-Auguste l’enchantait car cela faisait plusieurs mois qu’elle ne l’avait pas revu pour refermer son emprise mentale sur le souverain humain. Sly profita du parfum de sa boisson chaude pour inhaler et soigner son nez qui s’était un peu encombré à force de voyager. Elle répondit sur l’ignorance d’Alys concernant les umbarans et leur culture d’une voix détendue voire amusée.

- Ce n’est pas scandaleux de ne pas connaître les mœurs de mon peuple. Aucun umbaran n’en prendra offense rassurez-vous. Mon peuple est isolationniste par nature, peu aventureux et très secret quant à ce qu’il est sur le plan biologique ou culturel. Si vous connaissiez leur culture ou tout de leur fonctionnement, c’est là que se trouverait le scandale pour eux justement !

Les umbarans étaient tout sauf un peuple cosmopolite. Les seuls non-umbarans au sein du système étaient bien souvent soit des droïdes, soit des prisonniers en trop faible nombre pour représenter 0.01% dans les statistiques de recensement officiel. Sly Keto observa son interlocutrice commencer à s’affaisser dans le fauteuil avant de se redresser soudainement. La vision ultraviolet des umbarans permit à la souveraine de bien confirmer ce qu’elle voyait : Alys semblait lutter pour ne pas perdre connaissance. Il y avait clairement un afflux sanguin jusqu’à son cerveau et les extrémités de son corps restaient quelques peu froides… Jusqu’où son corps pourrait-il tenir avant de flancher et la renvoyer dans un lit de l’infirmerie ? En levant la main, elle interpella l’une de ses suivantes et lui susurra quelques mots en umbarese à son oreille, demandant à ce qu’une équipe médicale se tienne prête à intervenir à son ordre. Mais en attendant, elle resterait dans une pièce voisine afin de ne pas perturber la rescapée. Puis toujours détendue, la Vice-Chancelière reprit sur les voyages de la jeune Alys pour aborder un autre sujet de façon beaucoup plus lente et subtile. Sa voix était toujours douce.

- Vous disiez que votre passe temps huttes avec des chevilles en bois ? Un passe temps bien particulier mais qui a le mérite d’être stimulant et constructif si mon avis sur cette question vous semble pertinent. Beaucoup de choses ont changé ces trois dernières années en effet. Quant à mon ascension, disons que j’ai eu beaucoup de chance, d’habileté et que j’ai su m’entourer des bonnes personnes tout comme j’ai su saisir les opportunités se présentant à moi. Mais assez parlé de moi. Vous avez raté beaucoup de choses en votre absence, et je crois que vous mourrez d'envie d'en savoir plus sur l'état de la galaxie actuellement. Si vous le souhaitez nous pourrons évoquer ceci un peu plus tard.

Il y aurait l’occasion de revenir sur cette question plus tard, autre chose intéressait plus particulièrement la souveraine du peuple de la nuit éternelle. Sly termina sa tasse de thé et déposa celle-ci avant qu’on ne la resserve à nouveau presque immédiatement sans qu’elle eut besoin de donner un ordre ou de faire un geste pour indiquer son désir à ses suivantes. Elle se racla la gorge légèrement, toussant quelques peu avant d’entrer sur le cœur du sujet qu’elle voulait aborder. Sa voix était claire, bien rythmée, féminine. Une mélodie agréable et apaisante aux oreilles de qui l’entendaient, un peu lente mais ordonnée, l’empreinte de sa voix atteignait directement le cerveau pour séduire son interlocuteur et naturellement le mettre en confiance…

- Mais vous évoquiez le fait que vous deviez effectuer un trajet dans les zones profondes du Noyau… C’est une entreprise des plus périlleuses, j’ignore si votre pilote a survécu mais qu’est-ce que vous a motivée de tenter cette expérience que d’aucuns qualifieraient de suicidaire ? L’appât du gain ? Le goût de l’aventure ?

L’umbarane s’était documentée sur les arkaniens, beaucoup de documents les dépeignaient comme étant des êtres très intelligents mais aussi arrogants et orgueilleux en plus d’être susceptibles. Se considérant comme le pinacle de l’évolution galactique, ils étaient sûrs d’eux en plus d’être réputés pour leur expertise scientifique d’une part, mais aussi pour leur réputation d’explorateurs. En un sens ils partageaient de nombreuses caractéristiques avec les umbarans, à l’exception que ces derniers n’avaient pas pour réputation d’arpenter l’espace en quête d’aventure. En effet ils préféraient rester sur leur système que ce soit par choix, par narcissisme de penser que rien dans cette galaxie n’était suffisamment digne d’intérêt pour eux, ou encore parce que leur position dans le système de caste leur interdisait d’emprunter un vaisseau spatial… Dire qu’aucun umbaran n’avait été aventurier était un peu fort, après tout ils l’avaient été par le passé en découvrant leur système, mais depuis qu’ils rencontrèrent la République, cette vocation semblait être dénuée d’intérêt.

A quoi bon monter des programmes d’exploration spatiale lorsque l’on pouvait laisser les autres espèces dépenser du temps, des ressources et de l’argent tout en prenant les risques liés à ces entreprises pour finalement obtenir ces informations cartographiques par le biais de l'espionnage ou de la diplomatie ? N'importe quel comptable neimoidien ou muun vous le dirait: une opération d'espionnage est plus rentable que d'exploration spatiale. Ce point de vue se défendait, mais Sly était une femme curieuse qui savait prendre des risques pour obtenir ce qu'elle voulait.
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Le savoir est le pouvoir.
Malgré ma fatigue je ne peux m'empêcher de constater qu'elle me maintient dans une douce ignorance puisqu'elle évite les questions liées à son peuple et à la situation politique actuelle qu'elle repousse à plus tard. Cela n'a pas une importance capitale. Peut-être souhaite-t-elle juste m'épargner une conversation trop lourde, ce en quoi je ne peux que lui être reconnaissante. Une question saugrenue me passe par la tête : est-elle même vraiment Vice-Chancelière ? Je souris légèrement pour répondre un peu à son jeu des non-réponses, un peu à sa politesse.

Et puis cette conversation est apaisante. Je me détends en suivant cette voix chaude, sans totalement écouter ses paroles, plus sensible à son rythme qu'au sens de ses propos. Mais je ne dois pas me laisser aller sous peine de m'assoupir devant elle. Je bois une gorgée de thé et m'ébouillante légèrement les lèvres, volontairement, afin de stimuler mes sens.

Si ce voyage pique sa curiosité, pourquoi ne pas y répondre ? J'aimerais qu'elle apprécie ce moment qu'elle m'offre en sa compagnie et il n'y a nul secret en cela. Alys, ma petite Alys, rappelle toi comment on converse convenablement, s'il te plait ...

Je ferme les yeux, me remémore comme tout cela à commencé et commence le récit.

" Cela faisait plusieurs semaines que j’arpentais Koros Major, la planète principale du système heptaplanaire de Koros, en parcourant les rues cosmopolites de Cinnagar, magnifique par sa diversité culturelle tout comme biologique. Pendant de Coruscant, par sa richesse, elle est pourtant moins urbanisée que sa jumelle et il est possible de passer de conurbations denses à de magnifiques forêts constellées de lacs et lagons. Mais, après deux mois sur place, j'étais en recherche d'un nouveau contrat qui me permettrait soit de reprendre mes voyages, soit de financer les suivants. C'est alors que je fus contactée par un homme à l'allure stricte et austère, qui se présenta sous le nom de Drayon. Un nom d'emprunt sans doute, comme tant de fois dans le milieu du mercenariat et des petits contrats. Il me proposa, ainsi qu'à un autre Arkanien présent ce jour là, Arnado Darnassien, ancien pilote émérite de Pod, un contrat important pour nous rendre sur une planète isolée. La très forte densité des objets cosmiques en perpétuels mouvements rendait ce voyage extrèmement périlleux, les flux gravitationnels menaçant sans cesse de distordre les couloirs d'astrogation et de provoquer une sortie d'urgence d'hyperespace au beau milieu d'une collision aux dimensions planétaires. 

Pourtant notre employeur était motivé au point de nous proposer la somme rondelette de 25.000 crédits afin de nous pousser à accepter.

C'est ainsi que nous nous mimes en route pour Byss. Quelles raisons pouvait-il avoir de souhaiter trouver cette planète isolée perdue au fin fond du noyeau, je ne l'ai jamais sue quisque nous nous sommes trouvés séparés par l'accident ? Toujours est-il que l'on n'entreprend pas un tel voyage sans excellente raison et notre employeur n'avait pris ni matériel d'exploration, ni d'exploitation. Il était sans doute à la recherche de quelque chose de bien précis sur place. Cherchait-il une personne ou bien souhaitait-il visiter les ruines qui se trouvaient sur place ?

Byss, s'il s'agit bien d'elle car je ne pouvais plus en avoir de certitude une fois écrasés, est une planète magnifique, rendue extrèmement riche par les marées perpétuelles causées par ses cinq lunes. Verdoyante et foisonnante, elle bénéficie en plus d'une athmosphère respirable de type I et d'un climat tempéré agréable, même si ses journées longues de 31 heures s'avèrent vite fatiguantes.

Arrivée dans les pires conditions possibles, nous réussimes cependant, avec le pilote survivant, à établir un campement et à survivre jusqu'à nous créer l'opportunité de m'envoyer chercher du secour."


Ma voix s'enroue et je coupe mon récit de quelques gorgées de thé. J'ai bien assez monologué, si le sujet ne l'intéresse pas, elle se sera lassée : autant lui laisser l'opportunité de changer de sujet.
Invité
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- Koros Major, vous voulez dire Impératrice Têta…

Corrigea Sly Keto qui était plus habituée à utiliser ce nom que celui employé par la jeune voyageuse faisant face à elle. Ayant écouté son récit, elle laissa un léger silence flotter dans l’air tandis qu’elle sirotait sa boisson d’un air tranquille mais un minimum concentré sur ce qu’on lui disait.

- Je vois, votre employeur vous a donc caché ses véritables motivations… Avez-vous une idée de ce qu’il recherchait sur Byss ?

Pour Darth Oracci, ce monde neutre était très peu peuplé, mais avait été mis sous le feu des projecteurs il y a sept ans lorsque Darth Ynnitach s’est vue imposée de se rendre sur Byss pour se soumettre à un rituel consistant à se soumettre aux esprits des anciens Seigneurs Sith. Ceux-ci devaient déterminer si oui ou non, Darth Ynnitach était suffisamment digne de diriger l’Empire. Le cardinal noir de l’époque Darth Jurgal avait sans doute manigancé ceci pour essayer d’évincer l’ancienne impératrice en espérant que les Jedi profiteraient de l’occasion de la savoir si proche pour lui mettre la main dessus, et avec la capture de Darth Ynnitach, en profiter pour prendre sa place…

Pourtant Byss ne renfermait aucun tombeau Sith de connu… contrairement à Prakith un monde voisin sur lequel il paraîtrait que Darth Andeddu a pris la fuite depuis Korriban pour s’y enterrer avec ses secrets. Mais la Dame Sith estimait que les têtes pensantes impériales n’étaient plus à une erreur près... Les coordonnées de Prakith avaient été perdues avec le temps, mais elle se trouvait à proximité de Byss selon les anciennes sources. Mais voyager dans le Noyau Galactique était plus que compliqué compte tenu de la quantité de trous noirs présents et autres anomalies gravitationnelles présentes dans cette région de la galaxie. Si bien que peu de personnes estimaient que rechercher ce monde revêtait un quelconque intérêt. La Sith soupira, cet Empire était si incapable qu’elle se demandait si y mettre un terme tant la bêtise de ses dirigeants de l’époque (et de certains actuels) n’aurait pas été la meilleure chose à faire tant il semblait prendre très à cœur le fait de mettre toutes les chances de remporter cette guerre hors de sa portée de façon volontaire… Sly Keto déposa sa tasse et se leva pour se diriger vers son terminal privé sur lequel elle pianota tout en prenant la parole.

- Ainsi il y a bien quelqu’un à récupérer sur ce système. Avez-vous les coordonnées du système et de ce campement pour que nous puissions lui prêter assistance ?

Tandis qu’elle parlait, un hologramme se projeta et afficha le noyau galactique, les systèmes répertoriés ainsi que les anomalies qui avaient été également inscrites sur la carte en possession des umbarans. Intérieurement, Sly Keto espérait bien mettre la main sur un système discret, riche en ressources et très peu occupé pour pouvoir s’en emparer. La Guilde Marchande Umbarane apprécierait d’avoir toute latitude pour exploiter les ressources de ce système encore peu connu. Les opportunités économiques aideraient Umbara à devenir une puissance commerciale et industrielle incontournable le long de la route de Trellen ainsi que dans les systèmes s’y trouvant à proximité. Et avec les opportunités économiques viennent de facto les occasions de tisser et d’étendre un réseau diplomatique qui ne se verrait que renforcé par la position de l’umbarane au sein de la République Galactique. Revendiquer ce système comme sien serait une aubaine pour ses projets politiques et personnels au sein de la République, et permettrait d’y construire un repaire pour s’y dissimuler si les choses venaient à mal tourner.

Plus elle avançait, plus l’Empire qu’elle servait avec crainte lorsqu’elle était plus jeune lui semblait rétrécir, comme un géant de pierre devenant lentement un nain en céramique qu’un simple coup de pied suffirait à briser en mille morceaux. Cet Empire Sith et ses séides du Côté Obscur ne l’effrayaient plus, pire encore ils n’avaient plus grand-chose à offrir à Darth Oracci qui estimait avoir déjà beaucoup donné à ce régime qui était devenu un colosse aux pieds d’argile. Ces esprits étriqués dans leurs anciennes pratiques, s’encombrant de rituels inutiles devaient disparaître pour que les Sith puissent évoluer et se montrer triomphants. L’Empire perdait en utilité à ses yeux, et le servir sans pouvoir le réformer devenait de plus en plus une bêtise en soit. Mais ses ressources et certains de ses éléments pouvaient encore être intéressants à utiliser… Quoiqu’il en soit, l’Empire et ses innombrables systèmes ne constituaient plus une promesse pouvant apaiser la faim et la soif de pouvoir de Darth Oracci.

Sly pianota et étudia les planètes en silence, chassant ces pensées de son esprit pour se concentrer sur l’objet de ses recherches. Puis elle y vint, la carte galactique disparut pour afficher les informations que la base de données contenait concernant Byss. La carte et les données étaient peu nombreuses, et il ne fallait qu’un seul coup d’œil pour faire le tour des renseignements concernant ce monde.

- D’après les renseignements encyclopédiques, votre description de la planète sur laquelle vous avez échoué semble correspondre à ce que l’on sait de Byss, surtout sur l’aspect climatique, paysages et cycles de journées de 31 heures. Si vous le voulez bien, nous pourrions vérifier ceci ensemble… En un sens, vous avez touché au but, sans pouvoir prévenir votre employeur ni vous échapper de l’objet de votre quête…

Alys avait probablement atteint son objectif, la négligence du pilote avait cependant été la source de son échec à rapporter cette information à son employeur qui avait probablement abandonné son plan, ou alors lancé à la recherche de nouveaux équipage suffisamment fou pour tenter l’expérience.
Invité
Anonymous
L'idée de retourner sur place ne m'enchante guère mais celle d'abandonner Anado encore moins. Je lui dois d'être encore en vie. Sans lui, jamais je n'aurais réussi à récupérer de mes blessures, à me nourrir ou même à décoller de cette planète et la peur viscérale que je ressens, celle de me retrouver à nouveau en perdition au milieu de l'immensité galactique sans espoir de sauvetage, ne doit pas me faire oublier mon engagement à revenir. Et puis je sais que si je commence à avoir peur de voyager, ma vie est finie. Il ne me restera plus qu'à rentrer chez moi, à me jeter aux pieds de mon père et à abandonner tout ce qui fait mon existence. Le feu de la passion éteint, je dépérirai lentement dans un poste sans intérêt en ville en radotant sur mes exploits passés, consciente de ne plus être que l’ombre de moi même.

Après en avoir longuement discuté, nous avions décidé que je partirai seule. Lui était capable de chasser et de survivre, ce qui n'était pas mon cas et une personne consommait moins de nourriture que deux. Ainsi je doublais le temps qui me séparait de la mort par inanition et donc celui pour être retrouvée. Son espoir résidait en ma réussite car sinon il était condamné à une vie d'isolement, seule âme pensante sur une planète éloignée de tout.

"Je n'en suis pas surprise. Les chances pour que nous arrivions sur une planète de Type I étaient infinitésimales. Nous avons donc bien réussi tous nos sauts pour manquer de peu la sortie d'hyper-espace." C'est un constat doux amer, celui d'avoir raison mais de donner tort à quelqu'un que j'ai appris à apprécier. Et puis, était-il vraiment responsable ? Nous savions dès le départ que la mission était périlleuse et qu'un problème à l'atterrissage était une possibilité non négligeable.

"Je vais vous transmettre les coordonnées mais soyez prudente, il faut des déflecteurs classe III pour faire le trajet sans trop de risques, sinon vous risquez de finir en perdition tel que je l'ai étée."


"Excusez moi d'insister mais pensez vous que je pourrais avoir accès à une console ? Cela fait trois ans que l'on me pense certainement morte et j'aimerais rassurer mes proches."

Un refus ne me surprendrait pas si ma supposition que nous sommes sur un bâtiment militaire est juste, mais ma demande n'est pas non plus déraisonnable.
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La Reine d’Umbara écouta la réponse de la jeune Alys. Le constat quelques peu amer qu’elle fit en dépit du fait qu’elle avait réussi à atteindre son objectif laissa Sly légèrement indifférente. Elle coupa son terminal privé, faisant disparaître l’image holographique qu’il affichait pour s’approcher de sa jeune invitée. Elle l’écouta, d’un air quelques peu pensive, l’arkanienne comptait bien communiquer les coordonnées et invita les umbarans à une certaine prudence dans leur navigation : les anomalies gravitationnelles, et la proximité avec le centre galactique (composé à priori en partie d’un super trou-noir massif) rendrait la navigation délicate à gérer. Sly Keto s’en doutait bien mais savait que ses pilotes n’étaient pas des débutants et parviendraient à manœuvrer sans trop de difficultés. Le Super androïde tacticien Umbaran Tactus devrait également fournir des calculs suffisamment précis pour tracer plusieurs trajectoires à suivre pendant les bonds hyperspatiaux. La souveraine reprit la parole lentement, quelques peu perdue dans ses pensées tandis que ses mots flottaient dans l’air.

- En effet, je vais prévenir mes officiers de se préparer à naviguer vers les coordonnées indiquées. Nos écrans déflecteurs devraient faire l’affaire… ils me le signaleront si ce n’est pas le cas. Nous allons également embarquer votre épave dans nos hangars avant de nous mettre en route, je ne sais pas si nous pourrons réparer les dégâts cela dit.

Mentalement il était évident que Sly cherchait à estimer d’après les informations en sa possession si la réparation était possible ou une perte de temps complète. Elle ajouta ensuite d’une voix plus préoccupée et douce comme celle d’une mère se souciant du sort de son enfant tandis que sa main droite prit celle de l’Arkanienne comme pour appuyer son propos.

- Pour ne rien vous cacher, je préfèrerai savoir que vous vous reposiez. Ce par quoi vous êtes passé a éprouvé votre corps, je m’en voudrais de voir votre situation médicale s’aggraver… Votre compagnon serait des plus attristés de vous savoir morte après avoir survécu à tout ceci.

Mais elle savait trouver des compromis. Elle reviendrait tôt ou tard avec cette idée. Et puis il fallait quand même se montrer un minimum coopératif avec son invitée surprise. Après tout sans doute qu’à sa place, Sly se montrerait aussi exigeante afin de se remettre dans le bain. L’impression de vivre couper du reste de la galaxie pouvait très vite se montrer assez désagréable à appréhender, mais encore pire à envisager comme une certaine réalité. C’est ainsi que l’idée lui vint en tête rapidement : indéniablement ce serait le mieux pour les deux parties en présence et elle ajouta en se redressant.

- Je peux vous donner accès à un datapad. Je pense qu’Alysha ici présente se chargera de rester auprès de vous au cas où vous viendriez à ne pas vous sentir bien et pour prévenir rapidement l’infirmerie de bord.

Sly Keto savait qu’Alysha ici présente saurait se montrer à la fois gardienne de l’arkanienne retrouvée, mais également une personne digne de confiance afin de surveiller ce qu’elle ferait avec. Elle escomptait qu’Alys n’allait certainement rien tenter pouvant condamner la vie de son compagnon, et encore moins tenter de fuir le vaisseau dans ce secteur. Mais l’umbarane était prudente et pour l’instant elle ne faisait pas encore suffisamment confiance à la techie pour lui confier ce genre de chose. Esquissant un sourire avenant, elle désigna la théière du doigt et ajouta simplement.

- Si vous souhaitez un second thé, n’hésitez pas.
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Les moyens d'une Reine sont sans commune mesure avec ceux d'une petite mercenaire, je ne doute pas qu'elle réussira dans son entreprise.

"Vous perdriez votre temps avec cette navette", dis-je en secouant la tête d'un air dépité. "Il y a quelques pièces qui vaudraient encore le coup pour un récupérateur de junkyard mais rien que je ne voudrais mettre dans mon propre vaisseau. Je vous remercie mais je préfère considérer cette épave comme totalement perdue." J'ai un sourire doux amer. "Je m'en voudrais même d'encombrer votre pont d'une telle poubelle."

Je suis surprise du contact de sa main. Les Arkaniens ne sont pas très tactiles et j'ai hérité de ce trait, il faut dire que nous ne sommes pas un peuple qui donne envie à prendre dans ses bras contrairement aux Twi'leks ou aux Ewoks. Comment réagir à cela ? Un peu désarçonnée, je serre sa main avec douceur, mes doigts fins s'enroulant autour des siens.

"Vous avez raison. C'est surtout que beaucoup de personnes me pensent morte aujourd'hui et je dois vite rattraper cela." Je m'en veux surtout pour la princesse Milésya, elle comptait tant sur moi. Mais cet impondérable ci était plus fort que tous mes engagements."

J'opine à ses propos sur ma santé. Je ne sais si c'est un moyen d'éviter que je ne traîne dans les coursives ou une inquiétude réelle pour mon état mais les deux me conviennent. Je suis épuisée et je n'ai aucune envie de me montrer envahissante. Je réponds affablement, anticipant sur une source d'inquiétude potentielle.

"Je suivrai en tout point les recommandations d'Alysha. A vrai dire je pensais même qu'elle me reconduirait à l'infirmerie et, à moins que vous ne souhaitiez à nouveau ma présence, je caressais l'espoir de m'enfermer dans une cabine, m'effondrer sur une couchette et ne plus en sortir avant notre arrivée sur Byss ou à notre débarquement." J'affiche un demi sourire fatigué et refuse poliment la seconde tasse de thé ce qui incite la Reine à mettre fin à l'entretien. Malgré mon appréhension de départ, je dirais que cette première rencontre s'est bien passée malgré la terrible réputation de ce peuple. J'en ressens une légère frustration : je déteste me sentir ainsi dans l'inconnu, comme une novice tout juste sorti de son emballage.

Aller! Il est temps d'y aller. Mes objectifs dans l'ordre : aller où me conduira Alysha, me jeter sur la première surface molle prête à m'accueillir, envoyer quelques messages et dormir ! Ohhh oui, dormir !

Une pensée chafouine traverse mon esprit alors que je traîne les pieds : alors Anado, ne suis-je pas la meilleure ? J'imagine déjà ta tête lorsque tu me verras revenir avec ni plus ni moins qu'une Reine à mes côtés. Le point est pour moi cette fois ci ... si tout se passe bien, ce qui n'est pas encore gagné...
Alysha Myy’Lano
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Sitôt que je suis entrée, je me suis effacée au profit d’une plus importante que moi et me suis perdu dans les limbes discrètes du retrait. Alys s’est rapidement assise sur l’un des sofas du salon de thé, je me suis glissée en toute discrétion juste derrière elle. J’ai remarqué les signes de la fatigue, elle donne tout ce qu’elle a pour faire bonne impression mais si jamais ses forces devaient céder, elle n’aurait pas le temps de réaliser sa chute que déjà je l’aurais saisie.

La conversation est tranquille, les deux dames se jaugent. Tout dans l’attitude de l’Arkanienne trahit une éducation de haute volée : sa posture, sa voix, son étiquette. Elle témoigne de sa noble lignée comme de son génie. Pourtant, les pièces du mignon puzzle de sa vie refusent de s’imbriquer entre mes doigts. Comment peut-elle avoir bénéficié de cette éducation d’excellence, d’un tel savoir de l’étiquette et se retrouver à courir le CDD dans la maintenance dans tous les astroports de la galaxie ? S’est-elle fâchée avec sa famille ? Est-elle à compter parmi les déclassés ? Ces malheureux dont toute la bleutée du sang n’aura pas su les préserver de l’infâmie des rangs sociaux inférieurs ?

La mention de mon nom me tire de mes rêveries et j’incline imperceptiblement la tête pour Lui faire savoir que j’ai entendu mon rôle. Cependant, à la mention de l’épave, je me permets un geste rapide pour appuyer les propos d’Alys. Au-delà de ce geste, une pensée s’envole :

« Nous ne ferions que perdre du temps à ramasser les débris de son transport. Ce fut un miracle qu’il tînt si longtemps. »

Puis, alors qu’Alys mène l’entretien à son terme, je pianote rapidement sur mon datapad et me permet un commentaire un peu rieur.

« Ne vous inquiétez pas, Alys, je vous borderai moi-même et interdirai à quiconque de vous importunez sous peine de s’attirer mes foudres les plus vives. »

Ma Dame se tourne vers moi, un air de surprise et interrogateur sur le visage, elle n’a pas reconnu ma ‘voix’. Je m’empresse d’ajouter.

« Un cadeau de notre invitée. Il s’avère que mon ancien logiciel de synthèse vocal ne l’avait guère convaincu. Cela vous plaît ? »

Quelques échanges d’amabilité plus tard, et nous sommes de nouveau dans le couloir. Une rosée pénible se forme sur son front, signe qu’elle arrive au bout de son endurance. Aussitôt, mon bras vient la soutenir ce qui nous prive du plaisir de pouvoir communiquer mais me comble du contentement de son étreinte. Bientôt, nous sommes de nouveau à l’infirmerie et me voilà qui l’aide à enfiler une tenue plus adéquate au repos avant de tenir mes engagements et de la border moi-même. Elle a paru gêné, un instant, lorsque j’ai congédié le droïde qui s’est spontanément proposé de l’aider, spoliant sa fonction, je m’en excuse à présent que j’ai les mains libres.

« Excuse-moi cette audace. Ayant senti ta faiblesse, je n’aurais pas eu confiance en une simple machine pour te venir en aide si ton corps te trahissait. Comment te sens-tu ? Veux-tu que nous échangions encore avant de dormir ? Peut-être préfèreras-tu contacter ces gens dont tu t’inquiètes ? Dis-moi, je te suis tout entière dévouée à présent. »

Un sourire chaleureux ne quitte pas mes lèvres tandis que nous écoutons toutes deux l’appareil débiter mes paroles, mes yeux ne lâchent pas les siens et spontanément, je chasse les mèches rebelles qui s’égarent sur son front et glisse mes doigts dans ses cheveux.
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Je quitte la Reine avec un secret soulagement dû à l'épuisement. Mes épaules s'affaissent et, dès que nous avons parcouru quelques pas, je sens une nausée embourber mon ventre et remonter tout le long de la poitrine. Mon pas tangue imperceptiblement et lorsqu'Alysha me tend le bras je m'y appuie avec plus de lourdeur qu'à l'aller.

A nouveau, elle déploie à mon égard les attentions d'une mère ou d'une amante : elle chasse le droid qui venait m'assister et me déshabille. Ses gestes sont attentionnés et ce n'est pas tant la pudeur qui me fait rougir que la honte que j'ai de me montrer aussi maigrichonne. J'ai toujours été mince, de par ma physiologie d'arkanienne d'une part mais également par les années de maladie, mais aujourd'hui ce sont les privations qui font ressortir mes cotes et les os de mon bassin que je tente vaguement de dissimuler de mes mains. Je revêt une tenue ample et confortable, sans doute issue des affaires personnelles d'une personne qui me les aura prêtés pour l'occasion, peut-être même une tenue de mon ange, avant de m'aliter. A-t-elle vu ce tatouage sur mon bras signe de mon appartenance à la piraterie ? Sans doute que oui, mais sans être en mesure de l'identifier.

Entourée d'un tel cocon de douceur, j'ai le plus grand mal a aller contre la volonté de ma protectrice et même lorsqu'elle se permet de replacer une mèche de mes cheveux et d'y laisser sa main je ne trouve les mots pour la chasser.

Sa présence me trouble. Infiniment. Son regard dans le mien, sa façon si intime de faire éclater ma bulle et de s'y introduire. Je tourne mon visage vers le sien, mes lèvres s'entrouvrent et je ne peux me retenir de me pencher vers elle.

ALYS !
Mais qu'est ce que tu fiches ?!

Je me laisse retomber dans le lit, bien trop troublée par cette situation.

"Je ... oui ... un datapad, s'il te plait. J'aimerais beaucoup envoyer des messages à plusieurs personnes, leur signifier que je suis en vie." et j'ajoute sans y réfléchir, regrettant déjà mes paroles : "J'apprécierais que tu restes, oui. Merci."

Mais cet émoi m'est salutaire. Mes réflexes de proie traquée depuis des années reviennent subitement et m'alarment soudain. Je suis probablement sous l'influence de phéromones ou d'une emprise psychique légère destinées à me placer dans un état de confort ou, tout simplement, à me garder docile et alitée dans un vaisseau militaire qui n'a pas besoin de voir une civile curieuse s'y promener. L'idée a suffisamment de force pour m'extraire de la léthargie hypnotique dans laquelle je m'enfonçais et me pousse à un état de vigilance légère. Je n'ai jamais été attirée plus que cela par les femmes, pourquoi cette fois fait elle exception ? Une petite voix me dit cependant que ce ne serait pas la première fois non plus.

Le datapad en main, je consulte brièvement les nouvelles galactiques. L'ascension au pouvoir du Neimoidien au dents longues, la crise d'Aargau, la trêve avec les Siths, leurs attaques sur l'espace Hutt... rien de bien surprenant puis je m'attelle à la tâche de prévenir mes proches. Selon toute logique mes conversations seront surveillées et je ne peux donc pas reprendre contact avec n'importe qui. A vitesse hyperlumnique, il faudra entre quelques heures et plusieurs jours pour que mes mots parviennent à leurs destinataires mais j'aurai déjà sans doute les premières réponses à mon réveil. Tous les messages tournent sur le thème suivant : "Je vais bien, j'ai été secourue par miracle par la Vice Chancelière après m'être échouée sur une planète désertique pendant 3 ans, préviens tout le monde que je suis en vie." Chacune de ces personnes touche un cercle d'amis proches. Un peu par jeu, un peu parce que c'est un moyen de mettre à l'épreuve l’honnêteté de mes sauveurs, et surtout parce que cela fait 3 ans que cette pensée me ronge, j'envoie également un message sur une boite postale qui a toute les apparences de la neutralité mais qui est en réalité surveillée par la sécurité d'Onderon. L'introduis ici une variante à mon propos "Je ne t'ai pas oubliée. Je suis désolée".

Mes doigts cessent leur ballet virevoltant sur le clavier et je repose enfin l'appareil sur le drap. Mon ange est toujours là, à veiller sur moi, patiente. Je bascule sur le flanc afin de lui faire face, la tête reposée sur l'oreiller et les cheveux semés derrière moi. Le sommeil me prendra surement dans cette position mais c'est parfait ainsi. Je saisis sa main et lui souris "Merci."

"Je n'ai plus l'habitude d'un tel traitement. C'est un peu perturbant pour moi", dis-je en riant un peu.

"Je me demandais si tu possédais quelques pouvoirs psychiques ou si tu avais des implants phéromonaux." Ou peut-être est-ce sa beauté irréelle qui me trouble ?

"Qui es-tu ? Je veux dire au delà de ta fonction ici." Je lâche sa main afin de la laisser taper au clavier et la pose sur sa cuisse. "De même pour ta Reine, je m'interroge un peu sur le type de personne qu'elle peut être."

Sous influence ou pas, je me sens bien et même si je sais que je dois rester vigilante sur mes propos, je n'ai pas envie de résister au sentiment de confort qui me pousse à me laisser aller dans ce lit.

Qu'ils me gardent sous surveillance, je ne dormirai que mieux.

"On voyage des années et il se trouve toujours une rencontre pour vous surprendre ou un incident qui remet tout en question. Qu'il n'y a rien de certain sur demain est la conviction la plus profonde que j'ai pu acquérir sur l'univers, juste après sa beauté.", dis-je en la regardant en souriant.

Je ferme les yeux et me laisse bercer par le son de sa voix synthétique.

"Je vais certainement m'endormir à un moment ... ne te sens pas obligée de rester, je sonnerai pour prévenir que je suis réveillée." Je n'ai pas envie d'être une charge pour elle surtout.

Mais comment une personne aussi charmante a-t-elle pu être engagée sur un vaisseau tel que celui ci ? Tout simplement parce qu'elle fait partie de l'élite, conclu enfin mon cerveau.

Une journée pour déduire une évidence parce que ses yeux étaient trop profonds pour que tu fasses surface. Bravo Alys, bravo.
Alysha Myy’Lano
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Un temps, je sens bien que je la trouble. Elle s’est redressée, m’a regardé fixement, a suspendu son geste dans sa course et s’est de nouveau laisser aller contre ses oreillers. Sûrement, lorsque l’on passe si près de la mort, a-t-on comme un retour de vitalité traumatique qui nous pousse à vouloir s’assurer de notre propre survivance, à se réinjecter de l’émotion 500 mg directement dans l’aorte et être par-là tout à fait sûr d’avoir bien éviter la dame en blanc. Je suis presque déçue, elle m’a rendu curieuse du goût de ses lèvres. Plus tard, peut-être ?

Elle me fait part de ses désirs, j’y consens de bonne volonté.

« Vos désirs sont des ordres, Princesse. »

Je souris. J’ordonne rapidement à un droïde de passage de se procurer l’appareil demandé : il sera bien plus évident si je reste libre de disposer du mien. La requête est vite exaucée, je lui tends l’appareil et m’installe à son côté, dans un large fauteuil que j’ai fait venir et consulte mon propre appareil tandis qu’elle s’occupe de se rappeler aux bons souvenirs des siens.

Je ne cherche même pas à jeter un œil à ses messages. A vrai dire, j’ignore tout à fait si ses messages sont suivis. Si cela devait être, d’ailleurs, je trouverais la chose confinant à l’absurde : si elle représentait une menace, elle serait le plus grand génie machiavélique de la galaxie pour avoir réussi un tel plan et surtout, elle ne serait pas suffisamment bête pour se trahir par messages interposés.

Lorsqu’elle a fini, elle délaisse son appareil, se tourne de nouveau vers moi, attrape ma main pour attirer mon attention, me souris – ravissant – et me remercie. Elle se pose, sans surprise, de nombreuses questions, il n’y a guère de danger à lui répondre.

« Il est inutile de me remercier, il est normal que nous nous portions au secours d’un voyageur en détresse et disons que… J’ai juste l’habitude de trop bien faire mon travail. Mais à travers moi, c’est la libéralité de la Reine qui s’exprime. Mais rassure-toi, je n’exerce aucun contrôle sur toi et le compliment me va droit au cœur. Je ne suis pas humaine, mais je ne suis pas non plus une zeltronne très bien maquillée ! Je ris un peu, Comme je te l’ai déjà dit, je ne suis pas umbarane non plus. En réalité, je suis une Kiffar mais je n’ai pas été élevé par mes parents biologiques ; j’ai été adoptée très jeune par des Umbarans d’une caste inférieure qui m’ont élevée comme leur fille.

C’est grâce à eux que j’ai pu gravir les échelons via l’université jusqu’à me retrouver aux côtés de la Reine comme Suivante. Depuis, je la sers partout où elle va et cette tâche monopolise beaucoup de mon temps si bien que je n’ai pas grand-chose à te raconter d’exaltant. J’imagine que nous allons passer quelques jours ensemble, tu devineras mon caractère à force de l’endurer. »


Elle laisse un temps au silence pour s’épanouir et reprends :

« On voyage des années et il se trouve toujours une rencontre pour vous surprendre ou un incident qui remet tout en question. Qu'il n'y a rien de certain sur demain est la conviction la plus profonde que j'ai pu acquérir sur l'univers, juste après sa beauté.

– Et je n’ai pas de mal à adhérer à ce principe. »

Elle ferme les yeux, elle est à bout de force. Alors qu’elle me propose de partir, au contraire, je souhaite rester. Elle l’ignore, mais cela fait bien longtemps que je n’ai moi-même pas profiter de la chaleur d’un autre être vivant.

« Fais-moi plutôt de la place. J’ai déjà rudement bien travailler aujourd’hui, même s’il n’est pas l’heure pour moi d’aller me coucher, je peux bien me permettre une sieste à tes côtés. Et puis... Personne ne devrait avoir à dormir seule sa première nuit lorsqu'elle revient d'entre les morts. »

Je lui souris, elle se décale, je m’allonge, lui offre mon bras, elle se love comme une enfant contre moi et s’endort rapidement tandis que je joue avec ses cheveux. Moi-même, je ferme les yeux et sombre pour un temps dans le néant, profitant du plaisir délicat de serrer contre moi, peu de temps, un être qu’on se prendrait à aimer mille ans.

Lorsqu’elle se réveillerait, je ne serais plus là, l’ayant délicatement bordée, ne lui laissant que le souvenir de mon parfum ; à moins qu’il fût encore réellement là ?
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