Zerath Ular'Iim
Zerath Ular'Iim
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Murkhana-City – 10h30 heure locale.

Cité capitale touristique de la belle Murkhana, monde tempéré agréable, prisé des visiteurs en mal de lieux paradisiaques ô combien appréciés, aux prix les plus exorbitants, aux forfaits les plus exotiques.

Un brassage formidable se livre chaque jour depuis les orbites ; là, les navires les plus luxueux de richissimes magnats se mettent en orbite, attendent les navettes d’hôtels particuliers chargées de débarquer les fortunés clients à la surface de la planète, puis demeurent ainsi plusieurs jours avant de reprendre leur croisière vers Alderaan ou d’autres mondes prestigieux. Et si l’orbite est peuplée d’une armada de navires de plaisance aux airs de pièces d’orfèvrerie, que dire de Murkhana-city elle-même ? Pareille à une Coruscant qui ne se serait parée que de ses plus riches citoyens, l’astroport central est une promenade agréable au milieu de plantes, de bains, un palais miniature de délices et de sol marbré, de marches larges et de droïdes serviteurs attentionnés qui roulent en toute hâte pour combler leurs maîtres de leurs rafraîchissements ou les soulager de leurs lourdes valises.

Quatre individus avancent au milieu de la foule. Les fraîchement arrivés s’adonnent aux mesures de sécurité standard dans les astroports de luxe : on contrôle qu’aucune arme n’est introduite, que le massiff de madame est bien vacciné. Ah il l’est, mais a-t-il reçu un traitement anti-parasitaire pour ne rien introduire dans le précieux écosystème de Murkhana ? Veuillez nous suivre, il faudra le laisser deux mois en surveillance avant de lui autoriser l’entrée. C’est la procédure madame, non on ne peut pas en changer. Non madame, aucun mal ne lui sera fait, signez ici je vous prie.

Un des membres de notre quatuor est bientôt aux portes de contrôle, gros scanners coûteux et luxueux qu’on ne voit que dans les astroports richissimes ou dans les bastions militaires surarmés. Un humanoïde au front surmonté d’une large corne torsadée, dépourvu de cheveux et à la peau olive – un Koorivar - accueille notre arrivant du regard avec un sourire.

« - Quelque chose à déclarer ? »

L’interpellé jette un œil à ses camarades dans son dos puis se tourne vers le visage souriant face à lui. Un flash lumineux ; le sourire se mue en incompréhension. Un liquide pourpre coule entre les yeux du Koorivar alors que les murmures tranquilles des paisibles voyageurs se muent en cris. Il glisse le long de sa chaise, sa cervelle et tous ses souvenirs répandus sur le mur dans son dos. La sécurité se rue. Échanges de tirs, l’air se sature d’une odeur âcre de brûlé alors que de nouveaux cadavres tombent au sol, le thorax explosé, les poumons ravagés, le crâne arraché par les affreuses armes de guerre.

Presque immédiatement en orbite, de nouveaux navires s’extirpent hors de l’espace. Eux sont armés jusqu’aux dents et prêts à éventrer le premier vaisseau qui aurait la bonne idée de quitter le système. En à peine quelques heures, la ville est investie. L’astroport de plaisance devient astroport d’horreur. Les touristes deviennent otages.


***

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Haute orbite de Coruscant -  Deux jours plus tard


« - Comprenez-vous les enjeux de la mission, Commander Ular’Iim ? »

Le cyborg lève les yeux du dossier qu’il étudie depuis deux longues minutes à présent pour s’arrêter sur sa supérieure et l’une des représentantes de l’Etat-Major en dehors du Kaleesh lui-même. Dans le dos de la femme, une ample baie vitrée donne sur l’espace. On y distingue les myriades de navires qui se mettent en branle, rentrant de mission, partant aux confins les plus éloignés du territoire républicain, dans les profondeurs galactiques noires où même le basic n’est parfois pas encore arrivé. L’Espace Sauvage, redouté et inconnu, dont Zerath lui-même provient. Il penche la tête sur le côté, plisse ses yeux de crotale qui se posent sur la peau fragile de son interlocutrice humaine.

« - Si vous ne vous étiez emparée du dossier, je l’aurais moi-même suggéré, amirale Volsyr. Notre meilleure alternative en ces temps de quiétude éphémère : c’est à la défense que l’on se rend invincible. Et en la matière, d’invincibilité nous avons besoin en ce lieu incertain, en bordure de notre monde si prisé et pourtant si fragile ; si habiles nos négociateurs, l’on ne saurait se reposer que d’un palais aux fondations sûres. »

La femme, patiente, hoche de la tête sans relever le lyrisme de son subordonné, avant de se lever et se tourner vers la baie vitrée, vers ses troupes.

« - Si vous n’avez pas de questions, vous partirez dès ce soir. Un groupe de combat de cent quarante quatre vaisseaux, chasseurs compris, est mis sous vos ordres. »

Le silence s’abat sur la salle, troublé seulement par le ronronnement continu des moteurs et le murmure grave incessant de la ventilation. Zerath, revenant sur le dossier, observe les annexes livrées avec. Topologie de la ville, message de détresse et heure d’émission, observations effectuées par les sondes depuis les systèmes voisins...

« - Il semble fécond d’interroger nos services de renseignements. Des identités d’intérêt pourraient se cacher à la surface. »

L’amirale Volsyr fixe ses yeux noirs sur l’Ular’Iim et dévisage son masque de mort, comme tentant de discerner l’expression qui se dissimule en dessous.

« - Pour être prêt s’ils utilisent des otages ? Commander, votre objectif est de prendre la cité en minimisant les pertes civiles, mais une négociation ne sera probablement pas fructueuse...Bien que, je suppose, ce ne soit pas dérangeant d’avoir plus d’informations pour vous. Je vais demander ça à nos services du Renseignement. Vous partirez avec votre groupe de combat dès que l’on vous transmettra ces informations, est-ce entendu ? »

L’Ular’Iim sent une piste fructueuse qui s’ouvre à lui. Tandis que la bonne amirale revient à son bureau et se prépare à distribuer les nouveaux ordres à ses subordonnés, le prêtre lève sa main droite, palpe l’air comme pour saisir une invisible opportunité. Il n’a en vérité peut-être pas même besoin des clients présents pour lancer sa rumeur, mais pourquoi se priver de si merveilleux avantage entre ses griffes ?

« - Il me faudra les meilleurs médecins de terrain à notre disposition. Deux escouades complètes, pour être exact, et tout le matériel qui doit les accompagner. Une transformation doit s’opérer sur Murkhana, mais elle ne peut se faire en notre présence ; pour ceci il faudra retarder notre départ d’un jour. Donnez moi alors ces hommes et Murkhana-city tombera assurément sans en donner le siège. »

La femme hausse un sourcil circonspect, elle bombe sa poitrine alors que sa voix trahit une indignation grandissante.

« - Deux escouades… ? Commander, votre objectif n’est pas d’envoyer vos hommes à la boucherie ! »

« - Ce n’est pas mon intention, et j’ai dans l’idée que nos médecins ne seront pas pour les nôtres. »

« - Redoutez-vous donc tant de cruauté à l’égard des otages ? Soit. Nous mettrons sous vos ordres deux escouades médicales puisque vous y tenez. Vous êtes sûr de vouloir retarder le départ ? Cela donnera le temps à l’ennemi de s’installer et vous mettra en difficulté. »

Zerath fait quelques pas sur le côté, pareil à un monstrueux oiseau de proie. Oh il sait à présent qu’il n’aura pas à jouer le rôle de bourreau pour cette nouvelle danse. Sa voix s’élève comme le grelot d’un serpent à sonnettes.

« - Absolument certain, amirale. »


***

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Haute orbite de Coruscant – Vingt sept heures plus tard – Pont de l’Eclipse – 5h20 heure de bord


Début de matinée. Les navettes d’embarquement vont et viennent entre les orbites basses de Coruscant et le hangar principal de l’imposant classe Valor, pareilles à des abeilles butinant une grosse fleur. Les véhicules sont chargés, les techniciens embarquent, bientôt les soldats sont à bord, en rangs ordonnés et serrés. Levé trois heures plus tôt, le prélat sort d’une longue méditation. Apprêté après une communion avec lui-même qui l’a rapproché de ses dieux, il observe en silence le bon embarquement de ses hommes. Les troupes se mettent en ordres, les légions prennent forme, les officiers se placent à l’avant, tous ôtent leur casque. L’embarquement est achevé. Dans le hangar au sol reluisant de chrome, les hommes forment des carrés disciplinés. Gris et oranges ici, les couleurs de l’armure typique républicaine, gris et blanc ici, les corps médicaux.

Zerath, toujours immobile, se tient perché sur son sceptre, écrasé en une forme bossue sous son manteau pourpre qui cascade de ses épaules jusqu’au sol – traîne même sur le parterre lustré. Les hommes sous le commandement du dragon. Ces hommes sont voués à être sous ses ordres pour plus longtemps qu’une simple opération ; leur nombre pourra croître ou diminuer, mais ils le suivront dans toutes ses campagnes. Il faudra gagner leur confiance – aveugle, s’il souhaite mener ses desseins à leur terme.

Des pas viennent à son côté. Une humaine s’avance à son côté. Peau rouge, cheveux en chignon, elle revêt l’uniforme de la marine. Avoisinant le mètre soixante dix, elle est pourtant plus petite que le gigantesque cyborg d’au moins deux têtes.

« - Contre-maître, si vous le voulez bien... » roule la grave voix artificielle du monstre machine.

Elle hoche de la tête, puis tonne fort, à s’en faire trembler les épaules tandis que son dos se rigidifie bien droit :

« - Garde à vous ! »

Le tambour des rangs qui se raidissent simultanément, d’un mouvement coordonné face à l’ordre de leur supérieure. Alors, le cyborg s’avance vers les hommes, du pas d’un lent vieillard. Les griffes artificielles qui lui servent de pieds grincent contre le sol d’acier. La contre-maître Mai’sa prend sa suite, ses bottes couinent. Zerath s’approche jusqu’à un mètre de distance du premier rang, face à l’officier de cette rangée. Celui-ci met sa main droite à la tempe, salut militaire républicain classique. Ses hommes l’imitent dans un ordre impeccable. L’Ular’Iim observe ses subordonnés avec attention. Ses yeux ne lui permettent pas de saisir toutes les couleurs mais plutôt de voir au proche infrarouge et à l’infrarouge. Le reste apparaît en nuances violacées et bleues. Pas un uniforme de travers, pas une arme qui ne dépasse, malgré des différences parfois flagrantes de gabarit – car tous les soldats ne sont pas de la même espèce. Un rang impeccable, pour une discipline impeccable. Il passe sur tous les visages, un par un - comme pour les mémoriser – avant de revenir à leur meneur, cet officier, un humain au crâne rasé et à la barbe fournie.

« - Votre service nous sera précieux, lieutenant Sting. » dit le titan cybernétique avant de se détourner vers l’unité suivante.

Le manège se poursuit ainsi, inspection minutieuse après inspection minutieuse. Zerath entend bien imprimer dans sa mémoire chaque visage de ce hangar. Ils ne sont peut-être pas Kaleesh, ils ne sont peut-être pas des siens, mais tous ces soldats et soldates demeurent sous ses ordres. Les préceptes de l’art guerrier, raffinés des millénaires durant en une religion sans traces écrites sont d’une clarté limpide : le commandement ne s’entend que par l’équité et l’amour de ceux qui sont soumis au bon général, ainsi que l’amour de toutes les vies en général. Que jamais ne soit versé inutilement le sang. Visage après visage, escouade après escouade, les pas du Kaleesh l’amènent finalement devant un humanoïde à la peau colorée, couverte de tatouages rectangulaires qui s’épanouissent depuis ses arcanes sourcilières sous ses yeux ainsi qu’à son menton. Voici Zerath face à ses si prisées unités médicales.

Les yeux du dragon dévisagent l’humain, ainsi que ses subordonnés pendant de longues minutes.

« - Votre rôle sera vital à cette opération, sergent Atraïde. J’ai toute confiance en votre bienveillance à l’égard de ce qui vit ; car votre pitié sera le fondement de notre effort. »

Enfin, il revient vers le centre du hangar et entame d’un ton si fort que sa voix résonne dans tout l’espace, couvre par ses roulements lourds les sons de la ventilation, tait par ses lames de fond grondantes les grésillements des boucliers énergétiques. L’heure de la litanie d’acier est venue, la prière à la guerre par son prêtre le plus dévoué et sauvage :

« - Mes soldats, le monde où nous nous portons est l’émeraude Murkhana, à la frontière de notre espace, hors de l’Espace Hutt. Les rumeurs d’une attaque pirate nous sont parvenues... » Il lève sa main libre, paume vers le haut, droit au-dessus de lui alors que ses mots se délient lentement les uns après les autres au rythme d’une invisible pulsation que lui seul semble entendre. « - De l’Empire il n’est pas question. Des Sith, nulle mention, aujourd’hui nous œuvrons contre le crime dans sa forme la plus pure ; pour libérer un monde fait otage par le sang et les armes. Murkhana est caractérisée par sa capitale, macro-cité titanesque où s’épandent visiteurs en tout genres, mais de ceux des plus fortunés en majorité. Le reste de la planète est un monde en majorité sauvage, qui ne vit que par l’extérieur venu l’observer au prix fort.
La capitale est aussi notre première cible – mais il n’est pas question d’en donner le siège. Lieutenant Sting, vos deux escadrilles seront nécessaires pour assurer la sécurité de l’orbite si nous venions à rencontrer des difficultés. L’orbite investie, vous assoirez la surveillance du sol avec une couverture satellite en haute orbite. Quant à vous autres, vous descendrez directement aux abords de Murkhana-city. Nous investirons d’abord les destinations touristiques les plus proches, afin d’encercler la ville mais surtout d’empêcher la retraite de nos preneurs d’otages.

La première priorité est de confirmer le destin des visiteurs et des habitants ; pour cette raison avons-nous besoin d’investir l’orbite au plus vite. Nos décisions prochaines naîtront de l’état de fait. Ne prenez donc pas ces premières recommandations pour votre assignation définitive. Le voyage hyperspatial prendra dix-sept heures standard. Officiers, je vous attends sur le pont principal si vous avez des questions. À présent rompez. 
»

Zerath se détourne et quitte le hangar. Les équipes s’animent, la fourmilière prend vie, les matelots débutent la rotation de l’Eclipse vers la trajectoire hyperspatiale qui mènera toute cette armée à bon port, droit sur les pirates et leurs otages. L’Ular’Iim se demande, combien ont pu cerner le paradoxe manifeste de cette opération telle qu’elle est ? Cela est sans importance. Les dieux sont avec lui, et les transformations qui ont débuté sur Murkhana porteront leurs fruits, qu’il cueillera sans hésiter de sa griffe de fer.
Tonamdri Gonxarpil
Tonamdri Gonxarpil
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DRIG – Vivement qu'on soit là-bas ! Juste dommage qu'il n'y ait pas d'Impériaux, j'en aurais bien dégommé...
KAN – Ferme-la, Drig, s'te plaît...

Le Farghul aidait le Trandoshan à porter une caisse de matériel sur le pont de l'Eclipse, après que le Commander Ular'Iim eut sonné le “rompez”. Ils avaient fait connaissance la veille, en jouant au pazzak, et Kan était un très bon joueur, pas loin du niveau de Drig, ce qui rendait les parties très intéressantes. Drig avait souvent du mal à trouver des joueurs de pazzak de son niveau. Au fil des parties, Drig s'était pris de sympathie pour Kan, même si la réciprocité était plus mitigée. Ils avaient fini par rester ensemble pour les tâches matérielles, d'autant qu'ils étaient assignés à la même unité pour la mission.

DRIG – J'ai adoré quand le Commander Ular'Iim m'a fixé droit dans les yeux ! C'était génial. T'as vu, je me tenais bien droit et tout !

Kan soupira en roulant les yeux vers le ciel. D'un ton dépité, il cassa le délire de son coéquipier :

KAN – C'était une revue de troupes !... Il a fait ça avec tout le monde.
DRIG – Ouais mais c'était chouette ! Je suis sûr qu'il a retenu mon visage.
KAN – Mais oui, c'est ça... Bon, arrête de parler, il reste du boulot, concentre-toi au lieu de te fatiguer pour rien !
DRIG – Arrête, c'est plus essoufflé que moi ! Moi ça va, d'un bras je porte ces caisses si je veux ! Alors que toi t'es déjà fatigué.
KAN – C'est toi qui me fatigues.

Drig ne se tut que pendant quelques secondes. Dans le hangar de l'Eclipse, il ne put s'empêcher de rouvrir la bouche sur un autre sujet :

DRIG – Par contre y'a un truc que j'ai pas compris. On doit assiéger la ville ou pas ? Parce que le Commander a dit que non, mais bon, on va se déployer au sol tout autour de la ville, on va bloquer la retraite des ennemis... enfin ça ressemble pas mal à un siège !
KAN – Sérieux, tu veux pas la fermer, Drig ? Tu feras ce que l'officier te dira de faire et c'est tout, on te demande pas de réfléchir au plan. Alors tu discuteras pendant notre prochaine partie de pazzak si tu veux, mais là, tu soûles.
DRIG – Toi aussi tu soûles ! T'as pas à me dire de me taire.

Kan posa la caisse de matériel, bien content d'en avoir fini avec celle-ci, et soupira en s'époussetant les mains.

KAN – Quel âge tu as, sérieux...

Un contre-maître leur signala qu'au lieu de parler, il restait une caisse à embarquer, et les pressa de s'y coller. Kan croyait qu'il allait être débarassé de Drig, mais non, il allait devoir se taper la dernière caisse avec lui. Et puis Drig avait raison sur une chose au moins : il commençait à fatiguer, il n'avait pas la force du Trandoshan et était assez peu endurant de surcroît. Kan était un jeune réserviste, pas beaucoup plus âgé que Tonamdri. Cette mission allait être sa première en-dehors du territoire de la République, et il était quelque peu stressé. Il avait apprécié de jouer avec Drig pour décompresser, mais maintenant, le Trandoshan commençait à lui taper sur le système.

Quelques efforts plus tard, Drig et Kan déposèrent la dernière caisse dans la salle de stockage du vaisseau. Drig s'étira, offrit un sourire satisfait à Kan, et lui tapota amicalement l'épaule ; malgré les mots tendus qu'ils venaient d'échanger, Kan hocha la tête, appréciant malgré tout le bon esprit de camaraderie du Trandoshan. Ce dernier le sentait stressé et lui faisait comprendre qu'il serait de toute façon là avec lui pour lui faire passer cette première mission extérieure avec succès. Drig commença à s'éloigner, mais Kan l'interpella :

KAN – Hey, mec !

Drig s'arrêta et tourna la tête vers lui.

KAN – Même si t'as vraiment tendance à me soûler... Merci.
DRIG – C'est normal mec, t'inquiète !

Drig se posta seul au bord du pont de l'Eclipse, projetant son regard autour de lui pour voir s'il pouvait trouver un dernier truc à faire pour se rendre utile. Il lui tardait d'être sur le terrain, blaster en main, et de libérer Murkhana-City. Ses yeux se posèrent un instant sur le Sergent Atraïde, un médecin à qui le Commander Ular'Iim avait adressé quelques mots personnellement pendant la revue de troupes. Peut-être avait-il besoin d'aide ?
Il croisa aussi un instant le regard du Commander Ular'Iim lui-même. Drig prit un air plein d'assurance. Le départ était imminent, et il était prêt.
Balian Atraïde
Balian Atraïde
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J’avais été convoqué la veille au soir dans le bureau du Médecin-chef. Je m’étais attendu, compte tenu de l’heure, à un énième remplacement de dernière minute d’un collègue pour le lendemain matin. Alors imaginez ma surprise quand on m’a tendu un ordre de mission pour Murkhana ! La Force soit louée, mes prières avaient été entendues ! Ni une ni deux, je m’étais précipité pour prendre mon paquetage prêt depuis que j’avais eu le précieux « apte » lors de ma visite médicale. Depuis le temps que j’attendais ce moment, c’était arrivé. J’étais de nouveau dans les rangs, arborant ma tenue du corps médical, prêt pour la revue des troupes avant notre départ.

J’avais passé la nuit avec mon datapad en main à enregistrer le matériel nécessaire pour l’embarquement afin d’être le moins pris au dépourvu une fois arrivé. J’avais exigé des caisses supplémentaires de morphine, l’expérience m’avait déjà montré que nous n’en n’avions jamais assez…et c’était bien utile, ne serait-ce que pour abréger les souffrances de ceux pour qui je ne pouvais plus rien faire d’autre que de les laisser aller dans les bras de la Force…et ne faire plus qu’un avec elle. Je n’oubliais pas les instruments, les outils pour les chirurgies, etc…il y avait tant de choses à penser ! Je n’avais pas ressenti tout ceci depuis bien longtemps ! Et allez savoir pourquoi…mais cette excitation m’avait presque manquée…moi qui détestais la guerre, je me retrouvais pourtant impatient de me rendre sur les lieux, non pas pour tuer, mais pour sauver des vies ! En sauver le plus possible…

Et maintenant je me retrouvais avec une unité médicale, au garde-à-vous, prêt pour la revue des troupes et le speech du Commander. L’impressionnant cyborg circulait parmi les rangs, chaque section a droit à son regard acéré, à l’affut du moindre écart...quel qu’il soit. Il s’était arrêté devant moi, m’indiquant que mon aide serait précieuse…

*Ouai… ben en même temps faut pas avoir fait d’études supérieures pour se rendre compte que mon rôle sera « vital » (magnifique jeu de mot cela dit) hein… l’aime bien s’écouter parler celui-là…ça va être long…fait chier…*

Je me retins d’être désobligeant, et me contentais de le saluer selon les usages.

J’avais déjà vu le fameux Zerath Ular’lim, mais jamais d’aussi prêt, au moins je pouvais toujours « l’admirer » si je pouvais m’exprimer ainsi, car mon intérêt pour le Commander était d’un tout autre bord…Si les autres pouvaient être impressionnés par son parler sibyllin, ses capacités de commandement, sa stature impressionnante, ou tout simplement le fait qu’il était un kaleesh, pour moi il était tout autre…Un cas médical particulièrement intéressant…un être de chair greffé dans un exosquelette le maintenant en vie. J’aurai tant de questions à lui poser…étudier ses capacités, sa survie au sein de cette armure gigantesque…Mais le moment était plutôt mal choisi n’est-il pas ?

J’écoutais avec attention le déroulement de la suite des évènements, nous n’intervenions pas suite à une attaque impériale, cela nous changerait. Néanmoins la menace n’en n’était pas moins réelle et non négligeable. Une fois que le « rompez » fut lancé, sous entendant que les unités se retrouvaient à la disposition de leur chef. Je me tournais donc vers le corps médical dont j’était responsable, et leur ordonna de reprendre la gestion du matériel dont nous allions avoir besoin. Me réarmant de mon datapad, j’allais de caisse en caisse, vérifiant son contenant, son étiquetage et son chargement pour une meilleure gérance une fois sur place et « stimulant » mes gars :

- Celles-ci c’est bon ! Embarquez-la ! On s’active les gars ! On n’a pas toute la journée ! J’étais un véritable électron libre, j’étais partout à la fois, plein d’énergie et d’entrain à l’idée de repartir…Attendez ! Je n’ai pas vérifié celle-là ! Ettt vous là-bas ! Cette cuve de Bacta devrait déjà être chargé ! Dépêchez-vous ! Bon sang, magnez-vous ! Je ne veux pas qu’on passe pour des branleurs dès le premier jour ! Merde à la fin !

J’avais toujours été râleur et surtout de mauvaise humeur quand les choses ne se déroulaient pas comme prévu…Soudain j’entendis un son qui me fit grimacer…un bruit de chute de caisse…je me précipitais en pestant :

- HEY ! Doucement avec ça ! C’est de la morphine ! Si ça tourne au vinaigre pour vos fesses, vous serez content que j’ai un stock, suffisant pour vous en administrer !

J’ouvris le container pour vérifier le bon état des fioles qui sommeillaient à l’intérieur…pas de casse…Ouff ! Pour se justifier, le jeune soldat responsable de cette maladresse m’indiqua alors :

- Excusez-moi sergent…mais…je n’ai guère dormi, et …elle est tellement lourde cette caisse…elle m’a échappée…

Je continuais de ronchonner non sans prêter une certaine attention aux immenses valises ui s’étaient installées sous ses yeux…le malheureux était épuisé…Je regardais partout autour de moi, cherchant une âme généreuse – ou malheureuse – pour nous prêter main forte…Soudain, mon regard se posa sur un grand trandoshan oisif et qui semblait au sommet de sa forme – avec une incroyable mutation cutanée qu’il me tardait d’étudier – …voilà qui était parfait, aussitôt je hélais l’animal :

- Hé !!! Vous !! Le trandoshan ! Oui vous avec l’hyperpigmentation des écailles ! On a besoin de bras !

Je lui désignais la fameuse caisse, en empoignant un côté, attendant qu’il vienne me prêter main forte. Les soldats pouvaient s’imaginer que, pris de pitié je soulageais mes subordonnés en mettant la main à la pâte moi aussi…en réalité je ne voulais tout simplement pas qu’il arrive malheur à ce précieux chargement. J’étais pressé de terminer, et me rendre sur le pont principal pour obtenir plus de renseignements auprès du moulin à parole qui nous servait de commander…nan parce que ses palabres là c’était bien joli…mais il était resté vague le zigoto…En attendant j’avais un spécimen tout à fait intéressant à étudier…un « trando » présentant des écailles noires…voila qui sortait de l’ordinaire chez cette espèce. On disait que ce n’était pas très poli de fixer quelqu’un avec autant d’insistance, mais je m’en fichais royalement…mon œil médical « scannant » littéralement le lézard sur deux pattes qui me prêtait assistance.
Zerath Ular'Iim
Zerath Ular'Iim
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« - Commander ? »

Zerath se tourne sur le pont de commandement. Ses yeux tombent sur un officier chauve mais barbu, qui s’avance sur le pont, le long de la fine ligne surélevée qui sépare la porte principale – quelques trente mètres plus loin – de la plateforme où le Kaleesh se tient, au côté de la zeltronne Maï’sa.

« - Lieutenant Sting. » identifie en guise de salutation la monstrueuse machine avant de se tourner à nouveau à l’étude des nouvelles données que lui transmettent les renseignements républicains. Derrière lui, le son de pas bottés sur le pont lustré lui indique que l’officier se rapproche. Ses pas sont hésitants, il n’est pas sûr de lui. Le vieux prélat se plonge dans l’étude des nouvelles informations, pensif. Une nouvelle présence a été détectée en orbite de Murkhana il y a de cela dix minutes, des navires pirates supposés renforts des troupes précédentes. Il semble que les deux fassent partis de cartels criminels, que les renseignements estiment être sous les ordres des Hutt. Cependant, il semble s’agir de deux cartels différents, dont la réunion...

« - Commander Ular’Iim...Permission de parler ? »

L’Ular’Iim relève les yeux. Il faudra bien une quinzaine d’heures pour se rendre en orbite de Murkhana. Il murmure en premier lieu à la contremaître d’équipage :

« - Contremaître Maï’sa, pouvons-nous être loin de cette orbite familière d’ici une demi heure ? »

Elle bombe la poitrine.

« - Mon Commander, nous pouvons être partis d’ici vingt minutes ! »

« - Remarquable. Mettez la machinerie en marche. »

Alors que la femme s’écarte et commence à distribuer ses ordres d’une voix forte à l’attention des matelots dans les fosses autour du pont, Zerath se tourne et fait enfin face au lieutenant. Colossal et drapé d’améthyste liquide, dans son dos l’horizon cosmique des étoiles livides, la machine consciente sur son sceptre agite sa griffe rigide et d’un regard interroge son subordonné qui lambine.

« - Je...J’ai entendu votre exploit sur Arda mon Commander et... »

Première approche pour une faveur, le miel de la flatterie et la douceur du compliment pour attendrir de l’énorme cyborg le tympan et le tenter de tendre une plus attentive oreille.

« -...Je sais que vous choisissez sans doute avec le plus grand soin vos hommes...Mais mon commandant...Je crois que c’est l’obéissance des soldats qui fait ou défait une opération... »

Une évidence aux jeunes pousses sortant de l’académie des officiers, pourtant lui n’est plus vert et moins encore le prélat, qui toujours ne bouge pas, ses yeux aussi figés que s’il avait été frappé de trépas.

« - J’ai suivi le procès de madame Kira. Et je dois vous avouer que… (il baisse le ton tout en s’approchant, comme pour se confier à son supérieur) Mon Commander, je crains que le sergent Atraïde ait une réputation pour l’insubordination. »

Voici enfin la raison de toute cette approche ; après la flatterie, après les arguments de logique, voici l’accouchement de la logique – la dénonciation qui se faisait attendre. Dans un murmure qui roule comme le ronflement de vagues profondes :

« - Cela semble être le cas, sans le moindre doute. Il serait sage de garder œil à ses façons, mais soyez assuré qu’il ne compromettra guère cette opération. »

« - Voulez-vous que je… ? »

Un hochement positif du Kaleesh achève la phrase du lieutenant, qui s’enfle soulagé du poids de ses appréhensions. Il s’en va sur le pont, droit de retour vers les hangars, lancé à présent vers des tâches de sa propre invention. Mais de ceci, l’Ular’Iim n’entend guère le libérer. Il songe le manque de coopération du sergent Atraïde comme une menace pour l’opération ; à présent le voici parti, alarmé par ses propres sirènes du besoin de surveiller l’homme – de fait son subordonné pour le recadrer. Une intention louable, mais négligeant d’un aspect pourtant crucial : Zerath n’a pas choisi ses hommes à la légère. L’obéissance zélée est certainement la qualité du soldat qui voue confiance à son supérieur. À terme est-ce ce lien que le Kaleesh entend développer avec ces humains, à défaut des siens. Cette obéissance est conditionnée par la doctrine, enseignée en académie militaire, mais elle ne saurait être entretenue sous des incompétents qui ne se concernent guère du sort de leurs hommes.

Cependant, le bon lieutenant n’a pas conçu que c’était précisément sur ce caractère indocile du sergent que Zerath mise ; et qu’il les porte dans une situation où lui-même n’aura guère à donner d’ordres précis pour mener à la victoire qu’il désire. Balian Atraïde ne désobéira pas au dessein de l’Ular’Iim, car la situation sera façonnée telle que la désobéissance ne sera pas même envisageable.

Voici, la façon véritable dont se fait obéir le meneur Kaleesh ; la qualité d’obéissance comme celle de courage ne naissent que de la situation. Et il appartient au commandant seul de faire naître l’occurrence où il désire pousser ses hommes. Blâmer la couardise des siens au milieu de la défaite n’est qu’avouer sa propre incompétence, car ç’aura purement été d’accorder l’occasion propice à la naissance d’un autre sentiment que l’intrépidité.

Cependant, Sting ne l’a pas réalisé. Il serait sage, songe le Commander, de ne pas les mettre sur une ligne commune aussi longtemps qu’ils n’ont pas besoin d’oeuvrer sur la même scène. Il se tourne vers un opérateur dans la fosse, habileté aux communications.


« - Répondez aux services du renseignement. Dites leur que le Commander Ular’Iim espère un bel opéra. »

On s’exécute. Sur l’Eclipse, l’agitation approche son paroxysme. Le départ de Coruscant est proche.


« - Commander, nous sommes bientôt parés au départ. Voulez-vous que nous allions en bordure du système ? »

Zerath observe les images transmises de la flotte de Murkhana. Deux flottes de navires pirates…


« - Portez nous aux abords de sa lune. Sa protection nous sera favorable face aux débris. »

« - Débris, mon Commander ? »

« - Un présage des dieux, contremaître. Pouvez-vous effectuer le saut ? »

La zeltronne fronce les sourcils un quart de seconde puis affecte une mine neutre et un garde-à-vous.

« - Oui mon Commander ! »

L’Ular’Iim porte son regard au dehors, vers l’espace noir. N’est-ce pas justice que lui, prélat de la Lune, tire protection de son symbole pour assurer son triomphe ?
Tonamdri Gonxarpil
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Le Sergent Atraïde était affairé. Il passait plus de temps à hurler sur ses subordonnés qu'autre chose. Eux, n'avaient pas encore fini de déplacer des caisses de matériel. Du matériel médical : morphines, seringues, outils de chirurgie, bacta... Drig fut étonné que tout ne fût pas déjà prêt de leur côté. En même temps, à gueuler tout le temps comme un goret en rut comme ça, le Sergent Atraïde devait juste stresser ses hommes au maximum et ça n'aidait pas à les faire aller vite. Drig avait horreur qu'on lui parle comme ça. Cela faisait partie des choses qu'il avait le moins supportées durant son année de classe militaire. Lobuumga ne lui avait jamais parlé comme à un chien, et avait pourtant toujours été fier de lui. Drig lui avait même sauvé la vie. Il savait donc qu'il pouvait devenir un excellent soldat sans se faire en permanence rabaisser par ses supérieurs voire traiter comme de la bouse.

Le Commander Ular'Iim, flanqué de la contremaître d'équipage, une Zeltronne, devait superviser les derniers préparatifs. De sa position, Drig ne le voyait plus, mais le départ se faisait de plus en plus proche, c'était certain. C'était l'effervescence tout autour du vaisseau pour que tout soit prêt dans les prochaines minutes. Le décollage pouvait être annoncé incessamment.
Enfin, Kan, quant à lui, devait avoir rejoint d'autres soldats de l'unité, soulagé de ne plus avoir à entendre les gamineries de Drig.

BALIAN – Hé ! Vous ! Le Trandoshan !

Drig n'était pas le seul Trandoshan détaché pour cette mission parmi les soldats, mais la désignation de sa race limitait tout de même grandement la liste des personnes à qui cette voix pouvait s'adresser. Et des Trandoshans qui attendaient sur le pont de pouvoir se rendre utile dans les derniers préparatifs, pour le coup, il n'y en avait pas deux. Drig tourna la tête vers l'origine de la voix : le Sergent Batraïde.

BALIAN – Oui vous avec l’hyperpigmentation des écailles ! On a besoin de bras !

Drig afficha un petit sourire idiot à la mention de « l'hyperpigmentation » de ses écailles : Lobuumga lui avait un jour confié que ce signe distinctif avait participer à le faire craquer pour lui et à faire de lui son favori. Drig portait donc cette différence avec une certaine fierté. Ca pouvait être pénible quand cette différence était source de moqueries, mais Drig gardait en tête que ça avait fait de lui un être spécial pour Lobuumga, quelque chose qui l'avait rendu plus beau que d'autres Trandoshans aux yeux de son amant.

Alors que Drig accourut sans se faire prier vers la caisse que le Mirialan commençait à attraper par un côté, une voix autoritaire tonna que le départ était prévu pour dans vingt minutes, ordre du Commander Ular'Iim. Il n'y avait donc pas de temps à perdre. Drig empoigna une hanse métallique à l'opposé du côté porté par le Sergent Atraïde. Il remarqua que le regard de ce dernier était littéralement rivé sur lui, le détaillant de la tête aux pieds. Drig n'en prit pas ombrage même si ça pouvait finir par devenir un peu gênant. Roulant les muscles de son épaule et de son coude, il souleva avec force son côté de la caisse. Elle était lourde, mais le Trandoshan fut largement à l'épreuve de cette caisse... bien plus que le Mirialan.

DRIG – Ca va, Sergent, vous tenez ?

Drig dut faire attention à se déplacer au même rythme que lui. Il était lui-même pataud, marchait et courait moins vite que tout le monde, mais la lourdeur de cette caisse était à son avantage, et c'est bien le Mirialan qui fut exceptionnellement plus lent que lui. Tout en déplaçant la caisse, Drig profita du moment pour satisfaire sa curiosité :

DRIG – Sergent, vous connaissez bien le Commander ?

Cette question faisait allusion aux mots privés échangés entre les deux hommes pendant la revue de troupes. C'était la première fois que Drig se trouvait sous les ordres du Commander Ular'Iim, ou du moins détaché pour une mission sous sa supervision. En revanche, le Sergent Atraïde semblait déjà connaître l'espèce de semi-droïde bizarre. Mais en soi, Drig s'en moquait un peu, ça ne le concernait pas. Cette question était juste là pour en amener une autre qui le concernait bien plus :

DRIG – Il est comment ?

Voilà une question impertinente de la part d'un soldat au sujet d'un haut-gradé, mais Drig n'avait pas de tabous. Le Commander Ular'Iim lui faisait forte impression, notamment à cause de son physique si particulier qu'il ne laissait pas facilement deviner sa race d'origine – on pouvait toujours se dire qu'il n'était pas né ainsi fait de métal.

En tout cas, les minutes filaient vers le moment imminent du départ. Drig n'allait peut-être même pas avoir le temps de se rapprocher de Kan dans le vaisseau, maintenant qu'il était affairé avec le Sergent Atraïde juste avant le décollage.
Balian Atraïde
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Départ prévu dans vingt minutes…sans déconner ! Il fallait vraiment se grouiller ! J’avais interpellé le lézard d’une façon assez peu cavalière, mais il était tout de même venu m’aider…un bon point pour lui ! Était-ce l’urgence de la situation ? La fraternité militaire ? Ou mon grade ? Baah…l’important était qu’il avait obéit point barre.

- Ca va, Sergent, vous tenez ?

Je grimaçais, c’était tellement lourd, si bien que je dû m’y prendre à deux mains pour soulever la caisse à une hauteur suffisante pour avancer. Cela ne m’empêcha pas de maugréer :

- Ca va…ne vous inquiétez pas pour moi…

Petit pas par petit pas, nous avancions lentement mais surement…J’eus tout le loisir de l’analyser alors que nous portions cette satanée caisse qui pesait une tonne. Un jeune transdoshan, vif, colossale, à qui je n’irais pas chercher des noises sans raisons par peur de finir assommé ! Je notais ses mains composées de trois doigts, aux griffes acérées…ses narines moins apparentes que de coutume chez un spécimen de cette espèce…l’éclat rougeoyant dans ses yeux…les petites cornes sur son crâne…Mais surtout…le noir de ses écailles. Lors de mes cours en xéno-anthropologie j’avais déjà entendu parler des nuances particulières que pouvaient prendre la peau des reptiles, tels que les trandoshan…mais jamais à ce point-là ! Ces informations mises bout à bout je songeais que mon « sauveur » devait avoir la vingtaine…Dans l’ensemble un jeune et robuste soldat.

Sa question concernant le Commandeur Ular’Iim me fit hausser un sourcil…j’avais l’air de connaître cette boite de conserve ? Sans doute ce jeune soldat l’avait cru quand le Commander m’avait adressé quelques mots en privé…La poisse…ils allaient tous s’imaginer qu’on était potes ! Ce qui était loin d’être le cas…Non pas que j’avais un quelconque grief contre le Kaleesh, mais il avait le don de m’agacer au plus haut niveau avec ses belles paroles, ses phrases sans fins et dont le sens pouvait être interprétés de milles façons !

Comment était le Commander Ular’Iim ? Je répondis spontanément à cette dernière question avec une certaine véhémence :

- Casse-bonbons ! Voilà ce qu’il est ! Puis je tempérais tout de même mon propos en développant, c’est un kaleesh, lui et moi n’avons pas la même perception de la mort et de la guerre, toutefois…il respecte ma vision des choses sur ces points-là. Je ne le connais pas vraiment, disons que nos routes se sont croisées…Il est apprécié de ses hommes, même si dès qu’il ouvre la bouche il est incapable de dire les choses simplement…Il n’en demeure pas moins un bon leader…

Ce n’était pas parce Zerath Ular’Iim m’irritait que je ne devais pas reconnaître ses compétences militaires. Il avait mené rondement la prise d’Arda…et ça avait dû être un sacré merdier !

Nous poursuivions notre progression…notre but n’étais plus très loin…j’arcais mes muscles pour poursuivre mon effort, non sans grimacer et jurer comme un beau diable lorsque ma jambe (de chairs et d’os bien sûr sinon ce n’était clairement pas dôle) vint cogner fortement contre une des arrêtes de ladite caisse…Heureusement nous atteignîmes l’espace dédié au matériel médical…Et nous pûmes poser notre fardeau…

Les deux mains sur le dessus du container de morphine, je tâchais de reprendre ma respiration…je soufflais comme un vieux bantha qui aurait piqué un sprint…

Le soldat que j’avais soulagé de la caisse revint vers nous pour m’annoncer :

- Sergent ! Nous avons terminé le chargement !

Je levais le pouce de ma main droite, signifiant que c’était parfait, et répondis avec une voix plus calme et avenante :

- Impeccable soldat, allez vous reposer, vous ne me serez d’aucune utilité dans cet état de fatigue une fois arrivés. Passez le message aux autres membres de l’équipe médicale. Nous devrons être opérationnels dans les plus brefs délais, des vies seront en jeu.

Le soldat me salua et s’éclipsa rapidement. Je me tournais vers le trandoshan et lui tendis la main pour le remercier, me présentant par la même occasion :

- Merci pour votre aide, je suis le Docteur Balian Atraïde. Veuillez excuser ma rudesse tout-à-l ’heure. De même si je vous ai mis mal à l’aise en vous dévisageant de la sorte…mais…c’est la première fois que je croise un membre de votre espèce avec une telle pigmentation des écailles…C’est une mutation très rare !

Malgré la chaleur de ma voix, je ne souriais pas pour autant. Je n’avais jamais été avenant sauf avec mes patients…ce n’était pas maintenant que cela allait commencer. Qui plus est, j’avais encore en tête l’incident du procès de Madame Kira…je n’avais toujours pas avalé la pilule qui m’avait fait sortir de mes gongs ce jour-là. Si jamais je croise à nouveau ce padawan il pourrait être en sang avec les tripes à l’air je…je…ben je le soignerai…parce que j’étais ainsi…incapable de laisser quelqu’un dans une détresse physique ou psychologique.

Je m’étais mis doucement en route vers le pont principal…je voulais voir le Commander Ular’Iim afin d’avoir plus de renseignements sur ce qu’il attendait de l’unité médicale. J’indiquais à mon nouveau camarade :

- Si vous souhaitez en savoir plus que le Commander, venez donc avec moi…

J’avais eu un petit sourire…et un signe de tête pour indiquer la direction que j’allais emprunter. Serait-il assez osé pour me suivre et se retrouver face à l’imposant cyborg à nouveau ? Je ne m’étais pas arrêté pour autant, laissant libre le trandoshan, et me présentais docilement sur le pont principal, attendant que le Commander donne son aval pour l’approcher.

Zerath Ular'Iim
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Les matelots se hâtent, les officiers les dirigent à gauche et à droite sans tact. Le pont est en ébullition, les calculs s’achèvent, le navire est prêt pour sauter vers sa destination. Tout est fin prêt. Les services du renseignement ont fait leur office, le navire est prêt à partir sous un augure propice. Le vent soufflera en leur sens, ceci Zerath le pense, car les pirates en orbite de Murkhana sont déjà à leur insu au rythme de sa danse. Sur le bordage reluisant, se tient le cyborg songeant. Hors de son manteau aubergine, parfois noir, bleu ou rouge selon la lumière taquine, son visage immobile, son masque pâle comme la lune sur un lac prune. Le colossal bossu considère les actions menées d’à sa supérieure l’insu. Il a de l’État Major la fonction, mais si elle apprend l’intrigue sera-t-elle déçue ? Le regard des humains est sans conséquence pour celui de la violence prêtre ; la fierté cependant pourrait sonner la fin de ses moyens, retombée néfaste qui n’augurerait rien de bien.

Qu’à cela ne tienne. Cette intrigue, si cruciale à sa pacifique intervention, puise raison dans sa victoire. Seul le parjure mène au front les étapes accomplissant ses ambitions les plus notoires. Zerath, loin du jugement de ses pairs du domaine militaire se heurte désormais à un soucis de taille, un défi de son ère. Entre ses doigts une tablette électronique, résumé charmant de chaque profil sous son commandement. On vient de lui donner l’objet, à sa propre demande, afin qu’il puisse mémoriser les visages qu’il doit diriger.

« - Ce bouton pour allumer, ici c’est pour éteindre. Là hum...C’est pour accéder aux fichiers, ici vous désactivez l’holocorrection et pour rebrancher la pile à combustion c’est juste ici... »

Le bon Commander décroche rapidement et manque de sombrer dans la torpeur. Une seconde ses sens s’égarent.

« - Et c’est tout pour allumer, vous avez compris ? »

N’ayant guère vraiment suivi, le cyborg pour seule démonstration enchaîne une combinaison qu’il lui semble avoir saisie. Mais son esprit, qui revient tout juste des limbes du rêve, n’a avec son corps cybernétique conclu aucune trêve. Son bras est figé sur l’écran à présent, hésitant sur l’action à effectuer dans un premier temps. La contre-maître l’observe silencieusement : quel choix effectuera donc le commandant ?

Devant Zerath, la tablette affiche un fond uni de bleu. Une barre rectangulaire occupe tout le côté gauche. Dans le coin haut droit, une petite batterie stylisée, à trois barres. L’une des barres clignote régulièrement. Juste à côté, la tablette indique l’heure. 5H58. Dans deux minutes le navire aura quitté Coruscant. Zerath arrivera-t-il à se décider d’ici là ? Il faut faire vite. Il se concentre. Plusieurs petits dessins, sur le fond uni bleu. Une forme géométrique rectangulaire ici...Là, il y a deux petits triangles superposés l’un sur l’autre. Le Kaleesh cherche un indice pour le mettre sur la piste. Dans la barre rectangulaire gauche, plusieurs petites représentations stylisées. L’une d’elle est deux flèches courbées qui forment un cercle. Une rotation...Oui, cela pourrait bien être ce qu’il cherche. Il avance sa griffe. La contre-maître déglutit. Il recule sa griffe. La sueur perle sur le front de sa subordonnée. Le petit rectangle, les triangles, les flèches...Les triangles évoquent des grades. Cela doit être un résumé de terminologie du milieu militaire, peut-être. Le rectangle...Un des coins manque, un peu à la façon d’une pochette...Non, c’est un blindage. Cela doit être un blindage, la représentation du vaisseau. Cliquer dessus donnerait probablement des informations sur l’Eclipse et ses systèmes. Des informations bonnes pour les ingénieurs. Les flèches...Les flèches sont tout ce qu’il reste. Zerath avance à nouveau ses doigts griffus et presse délicatement le bouton. Immédiatement la tablette s’éteint, puis affiche un message unique :

Mise à jour du système : 1 sur 789… Veuillez ne pas éteindre l’appareil ni le mettre hors tension…


« - Commander... » commence la contre-maître. Le Kaleesh observe l’appareil, penaud. Une chance que son masque dissimule ses traits. L’humaine lui fait un signe du menton, en direction de son dos. Il observe, vers l’entrée du pont de commandement. Là, patiemment campés sur leurs jambes, attendent en silence deux soldats. L’un est le sergent Atraïde, humanoïde de petite taille en impeccable uniforme. Le second est un grand reptilien, d’une espèce que peut-être les dieux auraient jugée cousine de Zerath. Le Commander suprême de l’opération confie la tablette maudite aux bons soins de sa collègue, trop heureux de pouvoir s’en défaire avec une excuse valide !

Les pupilles safranes sur fond de chair du cyborg tombent sur ses deux subordonnés alors qu’il songe à la raison de leur présence. Ils ne sont sans doute pas ici pour lui annoncer une complication dans le chargement, pas à une minute du départ, pas si tranquilles. Non, songe-t-il en détaillant la chaleur que leur corps émet sous son regard thermique, non ils sont trop calmes pour ça. Ils transpirent, oui, mais pas de peur ou de stress...Un effort, conclut-il. Logique, il ne faut pas être un génie pour deviner dans quelles conditions le duo aurait pu avoir à effectuer un exercice physique. Quant à la raison de leur présence...Le Trandoshan est plus en retrait que l’humain dans le duo. C’est donc que l’humain est l’initiateur du dialogue et celui avec les principales demandes.

La réflexion, qui n’a duré qu’un millième de secondes, s’interrompt. Zerath lève sa main libre et délie ses griffes en guise de salutation, à présent convaincu d’avoir une explication à la présence d’au moins l’un des deux protagonistes. Sa lourde voix trahit une certaine satisfaction.


« - Ah, sergent Atraïde ! Venu en quête d’éclaircissements, je présume ? Parlez-donc, dites-moi quel doute vous assaille pour me gracier de votre présence plutôt que de clamer votre nécessaire repos. »

Son regard, marqué d’intérêt, détaille l’humain comme un prédateur sa proie.
Tonamdri Gonxarpil
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BALIAN – Casse-bonbons ! Voilà ce qu'il est !

Ouh là ! Drig ne s'était pas attendu à une réponse aussi franche et sèche ! Sans véritablement être capable de prendre du recul sur sa question pour juger lui-même qu'elle était impertinente, il n'aurait pas été surpris que le Sergent Balian le remette à sa place avec plus ou moins de courtoisie. Il était habitué à déclencher ce genre de réactions, après tout. Mais là, loin de là, le Sergent Balian semblait se prendre au jeu de déballer tout ce qu'il pensait du Commander Ular'Iim. Drig se mit à sourire et écouta avec grande curiosité :

BALIAN – C'est un Kaleesh, lui et moi n'avons pas la même perception de la mort et de la guerre, toutefois... il respecte ma vision des choses sur ces points-là. Je ne le connais pas vraiment, disons que nos routes se sont croisées... Il est apprécié de ses hommes, même si dès qu'il ouvre la bouche il est incapable de dire les choses simplement... Il n'en demeure pas moins un bon leader...

Drig avait cru remarquer que le langage d'Ular'Iim était ampoulé au superflu. Peut-être que son corps mécanique avait une influence sur son esprit et le poussait à s'exprimer de façon tout sauf naturelle. Drig ne connaissait pas bien les Kaleeshs et ignorait quelle était cette perception de la mort et de la guerre qu'Atraïde ne partageait pas. Malgré tout, il était intéressant de savoir qu'Ular'Iim était globalement apprécié et ne devait donc pas être un chieur de premier choix comme il semblait y en avoir beaucoup parmi les haut-gradés de l'armée.

Balian grimaçait comme un pauvre diable, il n'en pouvait plus de soulever cette lourde caisse. Si Drig avait eu des bras démesurés, il aurait bien porté cette caisse à lui tout seul. A défaut, il pouvait la faire traîner au sol si vraiment le Mirialan n'en pouvait plus. Mais finalement, il arrivèrent à l'emplacement destiné à cette caisse, et c'est alors qu'Atraïde se cogna le genou contre l'arête de la caisse. Drig grimaça en devinant la douleur pour l'humanoïde à peau verte. Ils purent lâcher la caisse, et Atraïde s'appuya dessus pour reprendre son souffle. Il transpirait et soufflait comme un bœuf.

Un soldat vint rapporter au Sergent Atraïde que le chargement était terminé. Le supérieur leva un pouce désinvolte pour manifester sa satisfaction sans pouvoir immédiatement parler, et quand il eut fini de reprendre son souffle, il envoya le soldat se reposer et inviter son unité à faire de même. Enfin, Atraïde se redressa, et se tourna face à Drig qui lui serra la main à son invitation.

BALIAN – Merci pour votre aide, je suis le Docteur Balian Atraïde. Veuillez excuser ma rudesse tout à l'heure. De même si je vous ai mis mal à l'aise en vous dévisageant de la sorte... mais... c'est la première fois que je croise un membre de votre espèce avec une telle pigmentation des écailles... C'est une mutation très rare !

Drig n'était pas vexé du tout, et à la dernière phrase, afficha même un sourire fier, car cette rareté avait fait de lui le favori de Lobuumga – ou avait au moins contribué à ce que le Hutt eût un coup-de-cœur pour lui.

DRIG – Les gens me regardent souvent bizarrement à cause de ma couleur de peau, mais cette différence a plus été une bonne chose dans ma vie qu'une mauvaise !

Drig souriait toujours comme un gamin content d'une flatterie, contrairement à Atraïde qui n'étirait pas la bouche malgré son ton chaleureux.

BALIAN – Si vous souhaitez en savoir plus que le Commander, venez donc avec moi...
DRIG – Carrément !

Drig emboîta le pas au Mirialan. Il se rappelait le regard que le curieux cybord avait planté sur sa personne pendant la revue de troupes et la fierté qu'il avait ressentie à se tenir au garde-à-vous devant lui ; il était maintenant excité à l'idée de le rencontrer dans une contexte plus privé. En quelques instants, ils furent tous deux sur le pont de commandement. Le Commander Ular'Iim était là, dévêtu de la cape qu'il avait portée pendant la revue de troupes, une Zeltronne à côté de lui, l'observant utiliser une tablette.

Ou du moins... essayer de l'utiliser. Ular'Iim avait l'air tout penaud, ne sachant pas sur quel bouton appuyer. Il était si concentré à sa tâche, à deviner comment il devait se servir de l'appareil, qu'il ne s'était même pas encore rendu compte de la présence du Mirialan et du Trandoshan sur le pont. Cette scène était surréaliste. Comment un être fait d'électronique et de métal pouvait-il ne pas savoir se servir d'une tablette ? Dans la tête de Drig, la question était pertinente mais pouvait même être généralisée : qui, à part les pauvres, ne savait aujourd'hui pas se servir d'une tablette ? C'était comme ne pas savoir se servir d'un comlink. A part les pouilleux gisant dans les bas-fonds des villes et n'ayant aucun avenir, ou les égarés vivant sur des planètes sauvages et reculées, tout le monde avait un comlink, non ? Drig avait vécu dans le luxe, alors sa vision du monde était biaisée. Mais enfin, Ular'Iim était un membre de l'Etat-major, non ? Et il ne savait pas se servir d'une tablette ?!

Il fallait un petit signalement de la Zeltronne pour qu'enfin le cyborg décrochât de sa tablette et se tournât vers eux. Drig exécuta un salut militaire propre et spontané, mais son œil vif n'était pas rivé au loin comme pendant la revue de troupes, mais détaillait le curieux cybord de la tête aux pieds. Sa tête était dissimulée sous un masque occulte. Son corps était voûté comme s'il portait un poids trop lourd sur les épaules. Ses bras étaient couverts de bandages, ses mains étaient aussi griffues que les siennes mais pourvues de doigts plus nombreux et plus effilés, et ses jambes se terminaient par ce qui pouvait être désigné de serres métalliques, que Drig devinait préhensiles. Au moins le Trandoshan n'était pas le seul ici à ne pas porter les bottes règlementaires d'un bon uniforme, une exception raciale acceptée – on voyait mal un Humain soldat pieds nus, mais un Trandoshan, c'était normal, et Ular'Iim pouvait difficilement faire autrement vu ses serres.

ZERATH – Ah, sergent Atraïde ! Venu en quête d’éclaircissements, je présume ? Parlez donc, dites-moi quel doute vous assaille pour me gracier de votre présence plutôt que de clamer votre nécessaire repos.

Whow, il était sérieux de parler comme ça ?! C'était encore pire que ce que Drig avait d'abord pensé. Toutefois, il laissa Atraïde répondre, restant positionné légèrement en retrait, non seulement pour montrer la différence de grade entre eux deux, mais aussi que cette entrevue était à l'initiative du Sergent.
Balian Atraïde
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Ce Trandoshan avait répondu à ma poignée de main…manifestement il n’était pas pressé de me donner son nom car il embraya de suite sur sa mutation…Bah…pas mon soucis…je continuerais à l’appeler « Hyperpigmentation » et puis voilà.

J’avais esquissé un petit sourire quand le jeune trandoshan manifesta, d’une manière plutôt enthousiaste, son envie de me suivre voir el commander. Apprendre que mon nouveau compagnon avait su bien profiter de sa mutation était plaisant à entendre. Néanmoins, mon amour pour la xéno-anthropologie pris le dessus et je songeais je ferai bien un petit prélèvement un de ces quatre pour mieux étudier les caractéristiques de cette mutation.
 
Je marchais d’un pas alerte, mon datapad à la main, réfléchissant à comment j’allais aborder la rencontre avec le Commander Ular’Iim sans que cela vire au cauchemar pour moi. Nous traversâmes quelques coursives, un élévateur…et nous atteignîmes la passerelle de commandement où se trouvait le cyborg manifestement en…difficultés. Une situation qui en aurait amusé plus d’un…mais pas moi. Je n’étais pas non plus un grand manipulateur des technologies. Mon datapad était simplifié, et j’allais toujours sur les mêmes logiciels…ce n’était surement pas moi qui allais me moquer du Commander pour son ignorance face à l’obstacle technologique.
 
Il ne mit pas longtemps pour se débarrasser de son « instrument de malheur » quand la zeltronne nous désigna d’un coup de menton…Nous étions son salut mon compagnon à écaille et moi-même sans aucun doute. Et en parlant de salut, mon comparse s’était figé comme un bâton, exécutant le plus parfait et spontané salut militaire qu’il m’avait été donné de voir. Celui là était bien formaté hiérarchie…je soupirais, et effectuais un salut propre mais rapide…voila comme ça tout le monde sera content…et on ne me prendra pas la tête sur la question. D’autant plus que je savais pertinemment que mes frasques lors du procès d’Emalia Kira n’avaient pas été digérées par tout le monde. Néanmoins j’étais là…et pour cause il n’y avait clairement pas assez de toubib dans l’armée. Je reconnaissais que ce n’était pas une raison pour en rajouter et fragiliser davantage ma position. J’avais assez fait l’andouille comme cela…en même temps si l’autre crétin de padawan ne m’avait pas pris pour un boma on n’en serait pas là ! Quelle poisse…j’avais assez d’ennuis comme ça avec mon passé…
 
La voix artificielle de Zerath me sortit de mes réflexions…Manifestement me voir planté devant lui ne le surprenait pas.
 
- Commander, je voulais quelques précisions sur ce que vous attendiez de l’unité médicale. Mais aussi vérifier que nous étions sur la même longueur d’ondes…J’imagine que vous vous êtes renseigné sur moi et ma méthode de travail.
 
Je soupirais…bien souvent je perdais du temps en raison des prises de bec avec d’autres militaires qui refusaient de suivre mes directives. Quand je demande une évacuation immédiate ce n’est pas dans 3 heures que je la veux.
 
- Je comprends que l’unité médicale n’est pas la seule spécialisation, cependant, je n’aurai pas le temps de me prendre la tête pour des imbécillités de procédures à la con…vous me suivez ? C’est pourquoi je voulais savoir si vous avez plus de détails sur ce qui nous attend. Vous avez parlé d’otages…J’ai besoin de tous les renseignements que vous avez pour faire une première estimation du type de blessures face auxquelles nous seront confrontés.
 
Je pianotais sur mon datapad pour mettre sous les yeux de mon supérieur le protocole traditionnel de prise en charge des blessés : déploiement de l’unité médicale avec mise en place de la structure principale (souvent on investit un bâtiment qui n’a pas subi trop de dégât) qui servira pour les chirurgies lourdes (Chez un blessé de guerre, une bonne chirurgie primaire est la clé de la guérison)  et le stockage des médicaments et du matériel médical. Habituellement un médecin prend en charge le triage des blessés. Cette pratique est devenue une règle universelle de prise en charge ordonnée des blessés de guerre en nombre. Trier, c'est classer les blessés en fonction de leurs caractéristiques médicales et sanitaires, selon un à trois types de critères :
- diagnostique : la gravité des blessures,
- pronostique : la survie prévisible,
- logistique : l'évaluation de leur charge de soins et les possibilités d'évacuation.
Et enfin la prise en charge physique des patients selon la catégorie dans laquelle ils avaient été classé par le médecin lors du tri.
 
Je repris :
 
- Je préconise également la mise en place d’une cellule psychologique pour prendre en charge immédiatement les patients qui présenteront un choc émotionnel susceptible de générer un futur stress post-traumatique.
 
Bien souvent lorsque des civils étaient largement impliqué il ne fallait pas perdre de vu qu’ils avaient besoin de soin, mais aussi qu’on les écoute… la cellule psychologique servait de début de témoignages et offraient de précieux renseignements sur les origines de la catastrophe. Elle était donc non-négligeable.
 
Je réalisais soudainement la présence du Trandoshan derrière moi…j’eus un petit geste de déclic…me rappelant que je l’avais incité à me suivre…
 
-  Ha oui c’est vrai, voici heu…C’est quoi votre nom mon gars ? Je ne crois pas l’avoir entendu tout à l’heure…
Zerath Ular'Iim
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Délicieuse situation ; que réserve donc le futur ? Quelle scène promettent les dieux ? Quel dessein nourrissez-vous à notre égard ? Ce sont les interrogations du médecin envers le Kaleesh, qui patiente jusqu’à la fin de son discours. Le silence laisse le flot libre aux pensées du parleur, il ne faut pas interrompre, à moins de vouloir troubler le courant de son esprit et faire barrage à son argumentaire. Zerath n’en a pas l’intention. Drapé d’un mutisme aussi épais que son manteau, il tente de discerner les remous et tourbillons qui forment la pensée du bon docteur. Les interrogations explicites trahissent parfois d’autres curiosités que l’esprit ne consent pas à avouer. Il est du devoir du prêtre Kaleesh de saisir le désir de ses hommes comme de ses adversaires ; pour sauver les premiers et perdre les seconds, fédérer les esprits et marcher sur les coeurs comme sur un plancher. Alors que Balian se tourne vers le grand reptilien qui l’accompagne pour lui demander son nom, Zerath songe à ce que les mots n’osent avouer directement. Que réclame réellement son subordonné ? La vérité. Mais c’est la seule chose que le prélat de la Lune et de la nuit ne peut lui accorder. Il ne peut encore dévoiler ce qui s’est mis en branle dans sa totalité, il ne peut transmettre l’entièreté de ce qu’il soupçonne et espère. Le temps n’est pas approprié. L’heure n’est pas encore venue. Dans le dos de l’Ular’Iim, l’espace noir éclate. Les étoiles s’étirent en stries blanches, puis tout vire au bleu alors que le navire entre en hyperespace. Des motifs surréalistes s’impriment sur le vaisseau, jouent sur la carlingue et les visages, ondulant comme les bleutés caustiques océaniques.

« - Vous vous interrogez sur l’inhabituel effectif du personnel médical pour cette opération, débute Zerath. Votre présence dans cette équipe n’est pas un hasard anonyme, je vous l’ai déjà signifié. »

Si le subordonné ne suit pas les ordres, la faute repose en l’officier qui ne sait se faire obéir. Ceci est la première vérité fondamentale de la hiérarchie Kaleesh.


« - Les otages sont civils, de riches dilettantes venus pacifiquement sur ce monde. Ils n’ont ainsi opposé à leurs ravisseurs qu’une timide résistance. Les pirates ne sont pas venus en quête de violence mais de richesses, je gage. Et si la ville est tombée sans profusion de sang, c’est aussi par son extrême vulnérabilité. Voudrions-nous la prendre d’assaut par nos propres façons, docteur, que ce serait l’affaire d’une après-midi pour l’éventrer du sud au nord en ne laissant pas un bâtiment debout. Si fragiles ses constructions et frêle sa défense, elle forme pourtant désormais une poche plus menaçante pour nous. Car les pirates savent, eux, combattre dans le milieu urbain.
Vous aurez à guérir la terreur des otages. Pour mes ennemis, vous aurez à pratiquer votre meilleure chirurgie. Il est possible que certains malheureux innocents servent de protection physique à leur ravisseurs ; les premiers comme les seconds réclameront vos soins les plus acharnés. 
»

Son ton se fait plus sombre. Ses yeux luisent, comme de malice à peine dissimulée.

«- Dans cette hypothèse, vous aurez fort à faire mon bon sergent...Si vous entendez sauver chaque âme sur cette planète. Mais ne vous troublez point, poursuit-il sous les inflexions infernales et lentes d’un démon rampé hors de l’Abysse, ma présence n’est pas un hasard non plus. Nous apportons la quiétude à Murkhana, point la guerre. Si délicate cette situation, il n’est pas notre intérêt de faire basculer le monde vers un charnier décérébré. De préserver la sérénité de ses frivoles visiteurs, voici une tâche plus appropriée. »

Le docteur est intelligent. Il percevra le dessein de son commandant.


« - Les relevés actuels n’indiquent pas de dégâts notoires sur les bâtiments. Murkhana est otage mais n’a pas été assiégée. Mais notre position au sol est adjointe à l’évolution exacte du terrain au moment de notre arrivée. Les pirates tiennent toujours l’orbite et plusieurs navires civiles mais cela peut cesser. Nos dispositifs seront suffisants pour perturber leurs communications et les empêcher d’alerter le sol, mais ça n’est guère gage de l’immobilisme de nos ennemis. Cinq sites sont favorables à un débarquement et l’établissement d’une base défendable et assez vaste pour que les blessés puissent y être rapatriés. Les pirates tiennent l’astroport central, mais cela peut évoluer. Les otages sont tenus là, mais cela peut se modifier. Nous avons neuf heures dans cet espace contraint, fait-il d’un geste de main dans son dos, droit vers les vagues hyperspatiales. C’est un délai bien suffisant pour que tout change. »

Le titanesque être de fer achève son discours d’un silence, prêt à entendre les objections, certaines, qui pourraient s’élever à l’écoute superficielle de son cantique. Zerath apprécie après tout à laisser ses interlocuteurs réfléchir à leurs propres conclusions.
Tonamdri Gonxarpil
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BALIAN – Commander, je voulais quelques précisions sur ce que vous attendiez de l'unité médicale. Mais aussi vérifier que nous étions sur la même longueur d'ondes... J'imagine que vous vous êtes renseigné sur moi et ma méthode de travail.

Le Docteur Balian Atraïde posait des questions qui le concernait, mais dont Drig se moquait complètement. Qu'est-ce qu'il pouvait en avoir à faire de savoir ce que le Commandant Ular'Iim attendait de l'unité médicale ! Quant aux méthodes de travail de Balian, Drig fut toutefois assez curieux de savoir ce que le Mirialan entendait par là. Il ne donna aucune précision, comptant sur le fait qu'Ular'Iim soit déjà bien informé.

Balian eut un parler direct, que d'aucuns auraient trouvé vulgaire surtout employé vis-à-vis d'un supérieur hiérarchique, mais qui convenait très bien à Drig. Ainsi, le Docteur semblait abhorrer les « procédures à la con », ça lui faisait un point commun avec le jeune Trandoshan. Il voulait connaître tout de suite les détails sur la situation des otages et le type de blessures auquel il fallait essentiellement s'attendre. Il montra au Commandant quelque chose sur son datapad, et bien que Drig fût certain qu'il n'y avait là rien du tout d'intéressant pour lui, il ne put s'empêcher de se pencher un peu pour essayer de jeter un œil indiscret.

De ce que Drig comprit, il s'agissait de parler technique de prise en charge d'otages, mise en place de cellule psychologique... Bref, des trucs pour les médecins. Drig ne se sentait pas directement concerné. Pas “directement”, car évidemment, s'il tombait sur un civil blessé, il chercherait à le mettre à l'abri et à lui permettre de recevoir les soins appropriés ; mais le côté technique de la chose ne le concernait pas.

Soudain le Docteur Balian Atraïde sembla réaliser que Drig était un peu laissé en plan, et décida de le présenter :

BALIAN – Ah oui c'est vrai, voici euh...C'est quoi votre nom mon gars ? Je ne crois pas l'avoir entendu tout à l'heure...

Normal, Drig avait répondu à certaines réflexions du Docteur sans avoir la présence d'esprit de se présenter en retour quand ce dernier l'avait fait.

DRIG – Tonamdri Gonxarpil !

annonça-t-il d'un ton franc et fier, avec un petit sourire niais. Le Commandant prit la parole pour répondre à Balian avec de longues phrases un peu soporifiques. Il reconnut que la présence du Docteur Atraïde en personne n'était pas un hasard, malgré les méthodes de travail sous-entendues par ce dernier. Quand il parla des otages, Drig prêta une oreille tout de même assez attentive. Il n'était pas médecin mais la situation globale le concernait tout autant, et s'il était là, c'est parce qu'il avait lui aussi des questions, après tout.

ZERATH – Les otages sont civils, de riches dilettantes venus pacifiquement sur ce monde. Ils n'ont ainsi opposé à leurs ravisseurs qu'une timide résistance. Les pirates ne sont pas venus en quête de violence mais de richesses, je gage. Et si la ville est tombée sans profusion de sang, c'est aussi par son extrême vulnérabilité. Voudrions-nous la prendre d'assaut par nos propres façons, Docteur, que ce serait l'affaire d'une après-midi pour l'éventrer du sud au nord en ne laissant pas un bâtiment debout.

Alors pourquoi est-ce que ce n'était pas la tactique prévue ? Dans la profusion de mot du Commandant métallique, Drig eut du mal à tirer les raisons. Frapper la ville par un assaut franc des troupes au sol pour séparer les otages et éliminer les ennemis, serait apparemment facile. A la place du Commandant, c'est donc ce que Drig ferait. Pourquoi se compliquer la tâche ?

ZERATH – Les pirates tiennent toujours l'orbite et plusieurs navires civiles mais cela peut cesser. Nos dispositifs seront suffisants pour perturber leurs communications et les empêcher d'alerter le sol, mais ça n'est guère gage de l'immobilisme de nos ennemis. Cinq sites sont favorables à un débarquement et l'établissement d'une base défendable et assez vaste pour que les blessés puissent y être rapatriés. Les pirates tiennent l'astroport central, mais cela peut évoluer.

Il y avait neuf heures de trajet avant d'arriver sur place, et la situation pouvait donc encore tout à fait évoluer. Neuf heures pendant lesquelles Drig allait trépigner d'impatience dans ce vaisseau qui venait de passer en hyperespace juste avant que le Commandant n'eût commencé à répondre. Il fallait espérer que plusieurs soldats aimaient jouer pazaak, ça ferait passer le temps.

DRIG – Il y a un truc que je ne comprends pas.

La prise de parole de Drig put paraître soudaine, d'autant qu'elle ne fut pas précédée d'une demande d'autorisation à parler, une formalité dont Drig avait tendance à s'affranchir, et après tout, Atraïde semblait lui-même faire peu cas des formalités. Drig fit quelques pas vers ses deux interlocuteurs, promenant un regard curieux sur le cyborg Kaleesh de la tête aux pieds.

DRIG – Tout à l'heure, Commandant, vous avez dit que l'opération n'était pas un siège. Mais au final, on va se déployer autour de la ville et empêcher la retraite des ennemis. Et là vous dites en plus qu'on ne va pas prendre la ville d'assaut. Bah ça ressemble quand même beaucoup à un siège au final ! Du coup je ne comprends pas trop... On devra opérer comment ?

Drig ne voulait pas juste rester sur des positions autour de la ville et avancer à pas de Hutt. Il voulait foncer dans le tas et éliminer tous les ennemis présents !

DRIG – D'ailleurs, si on pourrait prendre la ville entière en une seule après-midi, pourquoi on ne le fait pas ? Je ne comprends pas l'intérêt. Il suffirait de rentrer dans le lard des ennemis, on protège les otages et on élimine toute opposition ! Ca me paraît plus simple.
Balian Atraïde
Balian Atraïde
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Sitôt l’immense cyborg s’était-il mit à parler que je regrettais déjà d’avoir posé mes questions…C’était pas possible…Ce type n’était pas fichu d’aligner trois mots sans en faire toute une histoire…Un vocabulaire des plus soutenu, des mots dans un ordre peu commun…Je passais plus de temps à tenter de remettre le tout dans le bon sens pour que cerveau pragmatique comprenne vaguement où cette satanée machine voulait en venir…

« Vous aurez à guérir la terreur des otages. » … ok donc cellule psychologique…

« Pour mes ennemis, vous aurez à pratiquer votre meilleure chirurgie »… ouai…chirurgie ca je comprends…

« Il est possible que certains malheureux innocents servent de protection physique à leurs ravisseurs ; les premiers comme les seconds réclameront vos soins les plus acharnés. » … mwouai… en gros on soigne tout le monde. Voila qui m’arrangeais. Il n’était pas question pour moi, de laisser quelqu’un sans soin, qu’il soit ami ou ennemi. Finalement le Kaleesh montait dans mon estime…Je grommelais :

- Très bien…nous sommes donc sur la même longueur d’onde…enfin…sur le plan médical.

Oui parce que pour le reste franchement j’avais à peine écouté. J’avais compris que le Commander voulait rester prudent sans partir tête baissée sur un terrain que l’armée ne maîtrisait pas, notamment pour ne pas subir de pertes inutiles. Mais je n’étais pas un tacticien... Chacun son travail au sein de l’armée et je laissais la conduite stratégique de la suite des évènements à des spécialistes en la matière. Je n’étais de toute façon pas féru de violence gratuite, et j’avais eu bien du mal à me faire à l’idée que parfois il était nécessaire d’ôter la vie d’une personne pour en sauver une autre. Des questionnements éthiques qui avaient le don de me perturber. J’étais là pour sauver des vies, et non pour en ôter. D’ailleurs je ne portais pas d’armes sur moi…aucun blaster à ma ceinture, rien d’autre que le nécessaire pour accomplir ma mission de médecin militaire. Cet équipement était déjà bien assez lourd à trimballer lorsque je devais me rendre sur le front pour effectuer les premiers soins, sans que je m’alourdisse d’une arme en plus.

- Très bien, je vais pouvoir m’organiser et ainsi mettre en place des équipes avec une mission précise à chacune. Nous n’en serrons que plus efficaces. Le but est d’apporter une réponse médicale adaptée à chaque blessé qu’on nous amènera…qu’il soit civil, militaire, allié ou ennemi.

Mon nouvel compagnon de voyage semblait, quant à lui, enclin à en découdre. Ses réflexions sur la marche à suivre pour libérer Murkhana trahissaient son empressement et la fougue de son jeune âge. Rien qu’à la manière dont il nous avait fait l’honneur de nous gratifier de son nom, je ne pus m’empêcher faire remarquer d’un ton un peu abrupte (mon sergent-instructeur et ami déteignait désespérément sur moi…) :

- Quel nom mes aïeux…t’as pas plus court gamin ?

Sa façon de traiter directement avec le Commander me fit sourire, il n’avait pas froid aux yeux le gosse…et en un sens il me plaisait bien. Il avait un franc parler et s’asseyait totalement sur les protocoles sans pour autant manquer de respect. Pour preuve son superbe salut lorsque nous nous étions présentés au cyborg.

Je pointais du pouce la jeune Trandoshan avec un petit sourire :

- Un jeune soldat plein de fougue et prêt à sauver l’opprimé. Voila une bonne mentalité. Mais parfois la précipitation est l’ennemie du bien.

Je tournais la tête vers le Kaleesh attendant sa réponse espérant qu’il sera un poil plus explicite que jusque-là…techniquement je m’en contrefichais de sa stratégie, mais le point soulevé par le gamin était légitime.

*En des termes clairs et intelligibles…par pitié…* songeais-je…implorant la Force au plus profond de moi d’accéder à ma requête…

Zerath Ular'Iim
Zerath Ular'Iim
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Ah, le questionnement crucial : si la situation est si évidente, pourquoi ne pas la régler si aisément ? Pourquoi ne pas vaincre les adversaires et sauver la veuve et l’orphelin ? Une question légitime, l’interrogation suprême que toujours le stratège ne doit pas négliger. L’expérience est un préjudice qui parfois occulte les solutions les plus simples : l’expert, aveuglé par ses années de complication, échoue à percevoir ce que l’esprit jeune et frais conçoit immédiatement comme approche la plus pure. Mais ici la situation n’est pas si triviale, loin s’en faut.

« - Il faut agir avec hâte mais sans précipitation en effet, sermonne le Kaleesh envers le jeune soldat. Et surtout il ne faut pas perdre de vue quel est notre objectif. Ici n’est pas désiré de vaincre les pirates et de conquérir la ville ; ce n’est pas un territoire que nous désirons assujettir et occuper. Notre aspiration est à la libération de ces otages, ceci est notre première priorité dont découlent toutes les autres ; aussi, vaincre nos adversaires n’est qu’une éventualité parmi d’autres afin de concrétiser notre idée. Il ne nous faudrait pas une heure pour faire tomber la capitale, mais il ne faudrait pas plus de quelques secondes à notre ennemi pour abattre tous les otages. Quant bien même alors parviendrions-nous à traquer et éliminer chaque pirate, nous serions – fatalement – vaincus, avant même d’avoir entamé le combat contre nos opposants.
Ne vous méprenez pas, jeune Gonxarpil. L’objectif de tout stratège est de vaincre son adversaire. Mais ce n’est pas à l’affrontement direct que toutes les batailles se jouent. La valeur sans discernement ne vaut pas mieux que l’aveugle furie.
 »

Une leçon que Zerath a appris de son plus jeune âge. Ses frères et sœurs guerriers, plus forts et valeureux que lui, ont péri dans l’avant-garde par cette furie irréfléchie du combattant hâtif qui laisse à sa tête monter le sang.

« - Les paroles comme les actions trop rapides sont souvent regrettés longuement après avoir été entrepris. Mais en matière de bataille, le regret de l’erreur est la mort. »

La machine ouvre et clôt sa main gauche à répétitions, comme déliant ses griffes couvertes de bandages blancs d’un engourdissement impossible par leur nature même.

« - Nous sommes en désavantage. Ceci est la réalité de la prise d’otages ; si nous désirons obtenir quelque chose, la piste la plus propice n’est pas à la violence mais à la négociation. Cet état de fait, vous ne devez jamais oublier. Notre potentiel d’action est limité par l’aisance avec laquelle les otages peuvent être supprimés. Mais négocier n’est guère envisageable dans toutes les situations. Argent ? Conflit idéologique ? Sectaire ? Religieux ? Massacre décérébré pour passer un message ? Toutes les causes n’entendent pas raison. Si parfois c’est le désespoir qui guide les actes de nos ennemis, parfois s’agit-il du fanatisme le plus pur. »

Il lève son index squelettique, pointé vers le reptile, accusateur. Ses pupilles d’or sont glacées d’une ombre désabusée.

« - Entendez-vous sauver tous les otages par votre valeur ? Ne vous laissez pas bercer par des illusions de grandeur. La force ne peut sauver que ce qui est à portée de votre main. La compréhension de vos ennemis vous permettra de sauver des mondes entiers. »

L’incompréhension est ce qui a mené à tant de pertes. Zerath lui-même en est coupable ; d’avoir mal interprété la volonté impériale a mené au sac de Dubrillion. D’avoir sous-estimé la soif de sang des meurtriers de Charros IV, tant d’années plus tôt, l’a muté en l’être de métal qu’il est aujourd’hui et a bien failli lui coûter la vie. Deux digressions envers les dieux, deux erreurs qui auraient bien pu marquer la fin de sa mission divine. Cependant, la pitié de ses créateurs lui permet encore d’arpenter cette terre. La pénitence pour ses manquements est à jamais inscrite dans sa chair.

« - Vous aurez votre gloire, jeune Gonxarpil : vous serez en réalité le bouclier de notre bon docteur et l’accompagnerez dans ses moindres faits et gestes. Vos poings forts trouveront leur usage à la consolidation de la paix que j’entends amener sur ce monde, et au service des nobles aspirations que vous nourrissez – identiques aux vôtres, sergent Atraïde. »

Une assignation loin du combat, loin de la gloire guerrière. Mais c’est un enseignement crucial pour ce jeune soldat. L’on ne demeure pas sous les ordres de Zerath pour satisfaire ses pulsions ; parfois les tâches ingrates sont-elles les plus importantes. Il est certain que la bataille est aux yeux du novice chose formidablement attirante, intrigante, mystérieuse, mais l’expert apprend à dispenser sa force là où elle est requise plutôt que là où il désire. Ceci est la réalité de la guerre. Ceci est la réalité de l’honneur.

Du petit groupe s’approche à enjambées lentes la fine zeltronne en uniforme impeccable. Elle effectue un garde-à-vous irréprochable, l’Ular’Iim d’un mouvement de main lui accorde la parole.

« - Les stabilisateurs hyperspatiaux ont atteint leur régime nominal, Commander. Les champs de stase sont stables. Nous atteindrons Murkhana dans seize heures et vingt-sept minutes. »

« - Merveilleux, tonne de sa voix difforme le vieux prêtre. L’heure est venue. Je dois communier avec les dieux. Sergent, prenez soin de vous familiariser avec l’entièreté de votre équipe, notamment les nouveaux venus (son regard se porte sur Drig) avant que nous ne quittions l’hyperespace. »

Zerath bat alors en retraite vers ses propres quartiers. Le moment est arrivé. En traversant les longs couloirs d’acier, il considère les deux subordonnés. Deux profils qui se moquent de la hiérarchie et des façons...Est-ce réellement sagesse que de les mettre ensemble, où ils pourront nourrir leurs tendances mutuelles ? N’est-il pas plus juste que de placer le jeune Gonxarpil sous la tutelle d’un plus respectueux de l’ordre établi ?

Le Kaleesh s’arrête lorsque ses jambes l’amènent devant un appartement décoré de teintures rougeoyantes, liserées d’or élimé et rongées par le temps. Plusieurs tiges d’encens sont agencées dans la pièce, et sur le mur trône le grand crâne allongé d’une bête sauvage à la mâchoire hérissée de dents acérées. Tandis que la porte se ferme derrière lui, le vieux prélat allume avec soin les encens, un par un. Il s’avance au centre de la pièce, où trône un tapis central – lui aussi rongé par le temps, cerclé de bougies, qu’il embrase une par une. Il se met enfin genoux à terre, sceptre reposant au creux de ses deux mains tournées vers le ciel, comme une offrande levée aux cieux. Les volutes de vapeur se délient et forment des rouleaux argentés dans la pièce. Le cyborg inspire profondément, puis s’abandonne à son esprit de chair, qui sombre d’une profonde méditation.
Tonamdri Gonxarpil
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Balian Atraïde, en tout cas, semblait avoir assimilé la mission qui serait la sienne sur le terrain. Ce qu'il aurait plus de mal à assimiler, en revanche, serait apparemment le nom du jeune Trandoshan fougueux. Il lui demanda s'il n'avait pas plus court, et Tonamdri répondit avec un petit sourire amusé :

DRIG – On m'appelle souvent Drig, Sergent !

Le médecin Mirialan se tourna enfin vers le Commandant et pointa le Trandoshan du pouce en constatant avec un peu de fierté sa bonne mentalité. Dommage qu'il enchaîna avec un petit sermon sur la précipitation « ennemie du bien ». C'était un blabla superflu et Tonamdri pourrait déjà avoir une meilleure opinion du médecin sans ce petit côté moralisateur qu'il avait toujours détesté chez n'importe qui. Ce fut d'autant plus irritant que ce petit sermon ne manqua pas d'être repris par le Commandant lui-même, et Tonamdri laissa échapper un soupir effronté.

Heureusement le Commandant avait plus intéressant à dire, même si cette fois encore, il ne put s'empêcher de le faire avec des phrases trop longues. Qu'il était barbant ce cyborg... Ne pouvait-il pas aller droit au but au lieu de le forcer à piocher les éléments essentiels de ses palabres ?

Tonamdri retint en substance qu'un assaut tel qu'il le suggérait laisserait malgré tout le temps aux ennemis de tuer les otages. Ular'Iim voulait négocier afin de sauver tout le monde, mais ne savait pas si cela serait possible dans le contexte présent. Tonamdri nota aussi que contrairement à Atraïde, Ular'Iim avait retenu son nom du premier coup et ne l'écorchait pas en le prononçant. Peut-être que son cerveau aussi était à moitié cybernétique. Tonamdri savait qu'il avait un ensemble “prénom + nom de famille” compliqué à retenir à la première écoute et, pour certaines personnes, même difficile à prononcer. Ca faisait plaisir quand d'autres personnes ne le faisaient pas répéter. Alors bon, ça venait d'un mâle à moitié machine... Mais en se perdant au milieu de l'une des innombrables phrases superflues du Commandant, Tonamdri fixait avec curiosité le corps du cyborg et se demandait à quel point la machine pouvait prendre le pas sur l'organique, notamment en le voyant agiter nerveusement les doigts alors que ceux-ci, tel un squelette de métal, ne devaient lui faire ressentir ni engourdissement ni douleur. Le jeune soldat secoua imperceptiblement la tête comme s'il se réveilla en sursaut, lorsqu'il entendit à nouveau son nom.

ZERATH – Vous aurez votre gloire, jeune Gonxarpil : vous serez en réalité le bouclier de notre bon docteur et l'accompagnerez dans ses moindres faits et gestes. Vos poings forts trouveront leur usage à la consolidation de la paix que j'entends amener sur ce monde, et au service des nobles aspirations que vous nourrissez – identiques aux vôtres, sergent Atraïde.

Tonamdri était là pour appliquer les ordres, non pas réfléchir à la pertinence d'une tactique, ce dont il était de toute façon bien incapable. Ces dernières phrases du Commandeur le plaçaient comme garde du corps d'Atraïde. C'est un peu le hasard, ou en tout cas un concours de circonstance, qui semblait avoir réuni le médecin Mirialan et le soldat Trandoshan ; Tonamdri avait pensé au départ que sa mission serait de nature différente et qu'il se battrait plus aux côtés de Kan notamment.

Le Commandant prit congé de ses deux interlocuteurs en suggérant à Atraïde de se familiariser avec son équipe et notamment avec les « nouveaux venus » – par là, il fallait entendre le nom de Tonamdri indirectement. Ainsi, non seulement Tonamdri allait être affilié à la protection personnelle d'Atraïde pendant l'opération, mais en plus, ils allaient passer le temps à faire connaissance d'ici à la fin du trajet. Pourquoi pas !

Tonamdri suivit donc simplement Atraïde dans les couloirs, ne sachant pas où il allait l'emmener. Plusieurs minutes plus tard, les voilà entrant dans une salle que Tonamdri ne prit pas tout de suite la peine d'analyser, devinant juste que c'était là qu'Atraïde voulaient qu'ils fassent connaissance. Il repéra une chaise et se dirigea directement vers celle-ci.

DRIG – Pfiou, il est cool mais un peu assommant, le Commandant !

lâcha-t-il juste avant de s'affaler sur la chaise sans se demander s'il pouvait prendre cette place. Le Trandoshan étendit ses jambes et posa ses gros pieds écailleux sur le bureau à côté duquel il se trouvait. Il joignit les mains derrière la tête et invita le médecin à passer un bon moment :

DRIG – Vous jouez au pazaak, Sergent ?
Balian Atraïde
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La Force soit louée, mes prières ont été entendues…Il a parlé beaucoup, mais au moins cela demeurait compréhensible. Le pauvre Trandoshan avait posé une question qui ne nécessitait pas un tel étalage de données, mais au moins cela avait le mérite d’être plus que complet. Maintenant que j’avais les informations qui m’étaient utiles, nul besoin d’écouter, du moins sans autant d’attention. J’étais déjà loin…parti dans ma gestion sur les nécessités à mettre en place, les équipes à organiser etc. pour notre arrivée sur les lieux.

Le souci c’était qu’il y avait bien des moments où j’écoutais malgré moi le flot de paroles moralisatrices du cyborg. Dans le fond il n’avait pas tort…c’était même une évidence, il avait raison. Il était inutile de foncer tête baissée au risque de perdre des vies inutilement et de causer des dommages collatéraux qui pourraient avoir de sévères répercussions pour Murkhana. Néanmoins il était bien inutile d’assommer ses interlocuteurs à grands renforts de palabre bordel ! Ce que ce Kaleesh recomposé pouvait être agaçant.

« - Vous aurez votre gloire, jeune Gonxarpil : vous serez en réalité le bouclier de notre bon docteur et l’accompagnerez dans ses moindres faits et gestes. »

Plait-il ?

J’allais me retrouver avec un garde du corps ? Hé puis quoi encore ! Je n’avais pas besoin d’une armoire à glace hyper repérable limite avec une cible sur lui ! Je me débrouillais bien tout seul pour me faire canarder sans en rajouter ! Et en prime le coup du « vous l’accompagnerez dans ses moindres faits et gestes » cela sonnait plutôt « vous observerez ses moindres faits et gestes » …Me voilà sous surveillance même si c’était de manière déguisée…Bordel ! En même temps j’aurai dû le sentir venir…depuis mon débordement public lors du procès Kira. J’avais exprimé à haute voix et devant une assemblée de politiciens et autres hautes fonctions de la République des faits que l’on cherchait à évincer. Alors forcément cela n’avait pas dû plaire à tout le monde. J’avais pris parti pour les oubliés de la guerre…Je m’étais attendu à une sanction qui n’étais pas encore tombée, et finalement on m’envoyait en mission…C’était trop beau pour être vrai…J’avais maintenant une baby-sitter…génial…

Je soupirais, haussant les yeux au ciel…Je n’avais rien contre Drig (j’avais retenu cette fois…plus court…moins compliqué…j’avais d’autres choses en tête sans avoir à retenir les noms extravagants de ceux qui bossaient avec moi…zut alors). D’autant plus qu’il avait l’air d’être le parfait petit soldat, qui allait obéir bien scrupuleusement à ce qu’on lui demandait de faire…Quelle poisse…Le Kaleesh avait plus d’un tour dans son sac. S’il voulait me contrôler il n’allait pas être déçu ! Je suis seul maître à bord en matière de médecine. Le reste ce n’était pas mon problème. Chacun son boulot et tout ira pour le mieux. Je ne remettais pas en cause ses stratégies, alors qu’il ne vienne pas m’emmerder sur le plan médical.

« - L’heure est venue. Je dois communier avec les dieux. »

Splendide, je commençais à en avoir marre d’être là. Je saluais le Commander et allais tourner les talons quand :

« - Sergent, prenez soin de vous familiariser avec l’entièreté de votre équipe, notamment les nouveaux venus (son regard se porte sur Drig) avant que nous ne quittions l’hyperespace. »

Sans déconner ! Est-ce que je te dis comment prier avec tes Dieux moi ? Non ! Alors viens pas me dire ce que j’ai à faire, espèce de boite de conserve ambulante !

Nouveau soupire…J’imaginais déjà la scène si je venais à faire l’inverse de ce qu’il venait de me demander si poliment « et gneugneu cohésion militaire…et gneugneu esprit de groupe…et blabla…faire des efforts mon bon sergent et gnagnagna... » Passer un peu de temps avec le jeune trandoshan pouvait d’onc m’éviter une mort par un flot de propos moralisateur du Commander dans un futur proche…Je tournais la tête vers Drig, puis vers le Kaleesh et marmonnais :

- C’est noté…

Je fis un signe de tête au jeune trandoshan de me suivre tandis que je m’enfuyais à grandes enjambées de ce lieu… Puisqu’on allait devoir profiter du temps du voyage pour faire connaissance, direction la salle de repos de l’aire médicale…Ce n’était pas le grand luxe, mais c’était assez spacieux, et surtout, il y avait du café ! Ils ne pouvaient pas s’en vanter sur tous les ponts. Après quelques minutes de marches et trois élévateurs plus tard, nous atteignîmes la salle de repos en question. Aussi immaculée qu’un bloc opératoire, heureusement bien plus chauffée. Il y avait des tables pour une restauration rapide. Des petits coins plus chaleureux étaient aménagés avec des fauteuils et des tables basses, comme des petits salons. Un écran diffusait les dernières holonews.

Il y avait un petit groupe de l’équipe médical…A notre entrée, ils nous saluèrent et reprirent leur conversation. Drig pris place dans un fauteuil…ou plutôt s’avachit littéralement dedans en soufflant :

« Pfiou, il est cool mais un peu assommant, le Commandant ! »

Je pris place en face de lui et avec un sourire narquois je répliquais :

- je te l’avais dit…un bons leader, mais Casse-bonbons

Un droïde de protocole argenté s’approcha de nous et demandé d’une voix métallique mais étonnamment douce :

- Bonsoir, je suis TC-14, souhaitez-vous boire ou manger quelque-chose ?

Je commandais un café long, noir, sans sucre, et attendit que Drig prenne sa commande. Je me disais que finalement c’était une bonne occasion d’en savoir plus sur ce trandoshan à l’incroyable mutation qui lui offrait cette splendide couleur noire au niveau de ses écailles. Mais avant que j’entame la conversation, sa question me pris de court…le pazaac ? J’avais une tête à savoir jouer au pazaac !? Je serrai quelque peu les dents, puis finalement je détendis…Je devais faire un effort…être un peu plus sociable, après tout ce gamin avait l’air sympathique…

J’eus un petit sourire gêné et expliquais :

- Je suis désolé, je n’ai jamais pris le temps de jouer à ce genre de jeux…Peut-être pourriez-vous m’apprendre, nous avons tout le temps devant nous.



Zerath Ular'Iim
Zerath Ular'Iim
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Au milieu des encens, le cantique s’accomplit. Par des gestes répétés des décennies durant, les yeux parfois clos, parfois ouverts, le reptilien invoque à ses rites les plus profonds. Son masque fièrement orné, le buste relevé – loin de son usuelle posture avachie, le monstre bossu virevolte dans la salle. Une exotique mélodie fait vibrer les vapeurs hallucinatoires de la pièce. Zerath, dans un bal où il est le seul danseur, tourne sur ses jambes, croise sur les syncopes, repart au contrepoint ! Dans sa main droite, enchaînée par un anneau, une lanterne fumante d’où s’échappent des gorgées de brume en filins de cuivre et d’argent qui font des tourbillons dans l’air, perturbés par les passages vifs et harmonieux du cyborg. Pareille à une planète capricieuse autour d’un astre, la lanterne gravite autour de Zerath du bout de sa corde, longue d’un mètre. Les ellipses de l’objet succèdent à des trajectoires irrégulières, quand le mystique laisse l’objet brusquement choir sans inertie, traçant des motifs complexes de fumée tout autour de lui, qu’il perturbe par ses propres mouvements et de son manteau virevoltant.

Silence. Il repart ! La mélodie glisse en balanciers ternaires. Triolet double, le Kaleesh fait un tour complet sur lui, puis un autre, il change de sens soudain, glisse sur sa droite. Son rythme est impeccable, ses gestes infaillibles. Porté par les basses du maaki, curieux clavier synthétique vieux pourtant de plusieurs siècles, il fait à chaque temps fort un pas nouveau. Ses bras suivent les envolées plus lyriques du glhib, pareil au violon âcre. Mais il y a un instrument de plus dans cette pièce : les variations de température dans les vapeurs. Ce n’est pas hasardeuse lanterne : ses filaments vibrent d’une intensité qui varie avec la tension sur sa corde. La danse traditionnelle Kaleesh est pour le haut prêtre un rituel sacré mais surtout d’une grande complexité. La danse s’effectue sur la mélodie des instruments, mais le porteur de lanterne guide également par les pulsations lumineuses qu’émet la lanterne dans un domaine invisible à l’oeil humain.

Et avec la musique, naturellement, avec la danse, évidemment, est également un chant ; Zerath, pleinement absorbé dans son activité, chante pleinement, de tout le talent que le monde a bien voulu lui accorder en matière de voix, dans sa langue natale. Il ne réfléchit plus. Son esprit est complètement absorbé par son activité, happé par la musique. Son imagination comble la moitié qui manque à sa danse, qu’il compense par sa pratique et par son engouement sans borne pour ses propres rites : sa partenaire. Au milieu des volutes hallucinogènes expiées par la lanterne, il lui semblerait presque apercevoir les yeux brûlants de sa chère Cin. La danse rituelle de Blego’or est pratiquée en couple. Les deux partenaires, au cours de celle-ci, s’échangent la lanterne qui jamais ne cesse de se mouvoir. C’est un ballet complexe, dangereux aussi, car la lanterne brûlante est pareille à une masse d’arme : la moindre erreur peut causer de terribles blessures. C’est une danse de confiance, qui scelle la valeur mutuelle du couple dansant. Nouveau tour sur lui-même. Zerath recule son pied gauche, la lanterne tranche l’air là où se trouvait sa jambe quelques secondes auparavant. Il inspire profondément dans l’air embrumé. L’air est peuplé de chaleurs formidables, bleues, oranges, vertes, rouges. Au milieu de ces raies colorées et des dégradés surnaturels, lui prélat danse, les pigments thermiques avec lui dans la sarabande. Il fait passer la lanterne dans son dos, elle revient vers sa tempe droite par inertie, repart dans le sens inverse. Les instruments s’envolent d’un boléro déchaîné et mordant sur leurs mesures finales. La cadence accélère, s’endiable, Zerath est pris dans une rotation démoniaque, les derniers temps se peuplent d’appogiatures qu’il exécute avec une virtuosité à en faire pâlir les plus vigoureux de son espèce.

Fin de la danse. Salut cérémonial à ses pairs invisibles. Zerath, enfin, est prêt à se livrer à sa méditation. Mais auparavant il lui faut se défaire de son armure, il lui faut se laver de ses impuretés. L’esprit sain ne peut résider que dans un corps sain. Le prêtre ne doit pas négliger au peu d’être qu’il lui reste.



***

Code:
Hangar-B04 de l’Eclipse – 21h40, heure de bord

Toutes les troupes sont à nouveau réunies face à leur Commander. Les rangs ordonnés et droits font face à la machine, officiers en avant des régiments. La division du lieutenant Sting, la chasse aérospatiale et atmosphérique, se revêt de tenues épaisses, oranges et noires dans un matériau élastique et large. Ils portent des bottes épaisses, des gants rugueux. Chacun a sous son aisselle droite un casque intégral à visière, un gros tuyaux pend au côté du casque : c’est un outil de respiration artificielle, dans les milieux sans oxygène. Pareils casques peuvent être aperçus entre les mains de tous les soldats devant le Kaleesh – qui seul n’épouse pas cette convention d’uniforme, comme s’il n’avait aucun besoin d’oxygène. À sa droite, Mai’sa attend les bras croisés dans le dos. Juste devant eux se trouve un gros cylindre de fer doté de quatre pattes articulées, couché au sol. La face supérieure du cylindre, parallèle au sol, est blanc lait.


« - Mes soldats, dans une heure et quarante minutes nous sortirons enfin de cette languissante gangue d’espace contracté. Or des ténèbres, droit sur notre objectif. Nous émergerons en orbite basse de Sentios, lune naturelle de Murkhana ; qu’ainsi la masse de notre navire soit dissimulée par celle - des millions de fois supérieure – du satellite. Pourtant, il est possible que la lune et son orbite soient elles-mêmes une base avancée de nos adversaires. Contre-maître. »

La femme s’exécute. La face supérieure du cylindre se colore de bleu et projette en l’air une carte tri-dimensionnelle. On y distingue en représentation simplifiée une grande sphère, que des lettres grises identifient comme Murkana. Une deuxième sphère, plus petite, est dénommée Sentios. Zerath lève son index famélique vers Sentios.


« - Dans l’hypothèse que les pirates n’ont pas pris la fuite, ils peuvent se trouver sur Sentios. La surface de la lune est déserte et stérile. Cela n’est pas probable, à moins que Sentios ait servi de base d’opération pour débuter leur assaut. Cependant les données dont nous disposons indiquent que ce n’était manifestement pas le cas.
Si ils se trouvent bien sur la lune ou son orbite, nous les intercepterons d’une frappe éclair. Lieutenant Sting, vous serez le premier à agir pour contenir toute chasse qu’ils pourraient tenter de déployer. Si l’orbite entre sous notre contrôle de cette façon, Sergent Atraïde, votre unité sera déployée directement au sol de Murkhana. Sergente O’nell, vous appuierez l’avancée du sergent Atraïde avec vos hommes. Vos tâches seront la sauvegarde de tout civil, militaire, être qui vive qui serait tombé entre les mains de notre adversaire. Atraïde, vous veillerez aux bons soins sur le terrain. O’nell, vous veillerez à la protection de nos hommes aussi bien que des civils.

Le déploiement initial sera sur l’un des sites jugés de moindre danger. Cinq sont éligibles à cet égard avec les données que nous possédons actuellement, mais elles datent d’une journée révolue. Lieutenante Harynn, je veux que vos ingénieurs se penchent dès notre sortie d’hyperespace sur la récolte et le traitement de toutes les données pour établir le site le plus propice à un débarquement, sur le critère de la sûreté et la discrétion pour nos troupes tout en minimisant la distance à Murkhana-city.
 
»

Le doigt de Zerath s’éloigne de la lune et va vers la planète, reste à flotter sur son orbite.

« - Il se peut également qu’ils ne soient guère sur Sentios, mais se soient concentrés sur l’orbite du monde. Si leur désir est de piller les richesses de la planète et de ses habitants, ils auront alors pris tout le soin du monde à acheminer les marchandises vers l’orbite, pour y effectuer leur retraite. Pour mener un coup si audacieux qu’ils frapperaient un monde entier, ils espéreraient alors un prix à la hauteur de leur effort. Pareil prix ne peut-être acquis en quelques heures.
Quoi qu’il en soit, Sentios libre, nous serons libres de nous positionner. L’équipe du lieutenant Harynn aura pour charge de déceler les navires pirates et de déterminer la présence ou l’absence d’otage à leur bord. Le lieutenant Sting sécurisera l’orbite. Sergents O’nell et Atraïde, vos ordres sont identiques au cas précédent, mais si des otages sont présents en orbite votre déploiement au sol sera préempté : d’abord interviendrez-vous sur les bâtiments neutralisés au préalable si besoin par les forces du lieutenant Sting pour y secourir ceux qui auraient besoin d’aide. Pour cette raison êtes vous tous sans exception équipés de ces...Combinaisons spatiales. Elles vous assureront une respiration même dans l’espace sidéral, si vous devez y intervenir. 
»

Enfin, la main entière du cyborg s’ouvre. Murkhana vient reposer au creux de sa paume, prête à être subtilisée. La lumière bleue s’échoue par reflets sur les arêtes de son masque pâle, les crêtes azur viennent se briser sur la roche os, ondulent autour des deux grands yeux vipère du commandant qui poursuit de son ton en surface monocorde, mais perturbé par des ondulations enjouées et des remous artificiels qui perturbent son timbre en des échos profonds.


« - S’ils venaient à se trouver sur Murkhana même, alors ils auront eu une raison de rester. Nous leur donnerons toutes les raisons de partir. Dans ce cas de figure, la lieutenante Harynn et son équipe établiront normalement la situation. Nous bougerons en accord. Selon toute vraisemblance le lieutenant Sting sécurisera l’entrée atmosphérique pour les sergents O’nell et Atraïde, puis fournira un soutien aéroporté. »

Sa main disparaît, happée sous la cascade pourpre qu’est son ample manteau. Quel cas se présentera aux troupes ? Voici une question qui n’est pas évidente à déterminer. La sagesse observe cependant que ces trois cas ne sont pas parfaitement opposés. Car rien ne stipule aucunement que les pirates aient à demeurer une unité unie. Puisqu’ils ont pris l’orbite, il se peut que certains y demeurent encore, tandis que leurs camarades se sont hâtés au sol. C’est là la plus naturelle observation qu’un esprit sain pourrait faire. Zerath, cependant, attend. Les informations qu’il vient de livrer sont en cours de transfert, grâce au diligent travail de sa subordonnée Mai’sa. Chaque soldat reçoit dans les secondes qui suivent un résumé des trois situations potentielles et de ses prérogatives dans chaque cas.


« - Prenez connaissance une nouvelle fois des faits que je viens de vous exposer, déclame le commandant. »

Puis il patiente, quatre minutes et vingt-sept secondes, afin que chacun lise une nouvelle fois son affectation. Les hommes de Sting n’ont pas à connaître les détails des tâches attendues de ceux de O’nell. L’information est condensée au strict nécessaire et exposée en motifs clairs – le Commander lui-même qui n’a manifestement pas transcris ces résumés.


« - Toute autre situation et combinaison est à évaluer au cas par cas et sera vraisemblablement une combinaison de ces trois cas de base. Étudiez-les bien. Lieutenante Harynn, informez nos hommes sur le fonctionnement de leurs scaphandres. »

Tous ne sont pas familiers avec pareil équipement. Les pilotes de la chasse spatiale fréquentent souvent ces tenues, mais ce n’est pas le cas du corps médical. Certains sont des soldats fraîchement sortis d’une académie qui ne leur aura peut-être pas donné toutes les bases matérielles nécessaires.
La lieutenante Harynn s’avance hors du rang, vers Zerath. C’est une petite humaine. Son uniforme serré épouse les bourrelets de son corps rondelet. Elle porte au-dessus de sa queue de cheval auburn une paire de lunettes isolantes, retenues par une monture élastique, pareilles à celles des électroniciens Coruscanti. Elle porte des gants épais et des bottes argentées aux bords anguleux. Sa ceinture est peuplée par des outils divers : un datapad accroché ici, un communicateur longue-portée là, un fer de soudure portatif ici...Il est clair que la lieutenante a fait ses classes dans le technique. Après un garde-à-vous au cyborg qui fait presque deux fois sa taille, la petite femme entame un demi tour vers les troupes puis plonge dans l’eau.


« - Les casques et combinaisons dont vous êtes équipés sont des tenues de survie en milieu non respirable (TSMNR). Leur fonction principale est de vous permettre de respirer en milieu hostile. Les casques sont conçus selon plusieurs modèles, basés principalement sur votre espèce et votre taille. L’équipement a été personnalisé en avance de l’opération, donc tout le monde devrait avoir un masque à sa taille, sauf si vous avez menti au droïde infirmière. Le casque se met sur la tête et est doté d’un diaphragme hydraulique pour se solidariser à votre tête hermétiquement. Après cinq secondes, la pression est garantie dans le casque pour le réglage que vous spécifiez, qui va de 0.2 atmosphères standard à 15.8 atmosphères. L’autonomie nominale en oxygène pour un humain normal est de ... »


***


L’Eclipse apparaît hors de la noirceur. En une fraction de secondes, son image s’extirpe d’une vitesse infiniment grande, s’étire puis prend volume et cohérence. Sa vitesse se stabilise, les compensateurs inertiels grondent pour stabiliser les fluctuations énergétiques titanesques. Les synchroniseurs temporels s’accordent sur l’heure standard, la quasi métastase imposée au navire s’interrompt et le voile hyperspatial se rompt pour céder place au monde tangible. La promenade silencieuse de l’hyperespace laisse place au grondement assourdissant des moteurs supraluminiques. Chacun est à son poste, déjà on s’active. Zerath, sur la baie de commandement, observe droit dans l’espace nu. Ils ont jailli en orbite de Sentios. L’espace est vide. La lune est une perle aveuglante. L’astre de Murkhana est pour ainsi dire dans le dos de l’Eclipse. Amusante ironie.


« - Situation de Sentios et de son orbite, lieutenante. » Commande le cyborg à l’intention de sa subordonnée, qui s’échine devant lui, dans les fosses où les communications et senseurs surpuissants du classe Valor opèrent.

« - Aucun signe d’activité. On est en tête à tête avec la lune. »

Les ordinateurs de bord émettent plusieurs signaux curieux. Un opérateur appelle la lieutenante, lui chuchote une information. Elle regarde à l’écran puis se tourne vers son supérieur.

« - Mon Commander, nous recevons plusieurs messages de détresses en provenance de la haute orbite de Murkhana ! Quatre sources distinctes émettent. Selon nos radars...Des sources de vie y sont présentes ! »

« - Nombre de navires actifs dans le secteur ? »

La femme se tourne vers un de ses subordonnés, qui lui fait un signe numérique de ses doigts. Elle se tourne une nouvelle fois vers le prélat.


« - Quatre. »

Curieux, songe le vieux prélat. Ce n’est pas exactement ce qu’il attendait. Il y avait au bas mot une vingtaine de navires civils avant leur saut. Il n’en resterait que quatre ? Tous les autres auraient-ils été dérobés si rapidement ? C’est difficilement pensable.

« - Ouvrez les hangars. Faites avancer l’Eclipse jusqu’au pôle nord de Sentios pour nous accorder une vision de Murkhana. »

Le vaisseau glisse au-dessus de la lune silencieuse, grimpe lentement ce mont immaculé et sphérique. Au-delà de la courbure irrégulière de Sentios, une grande sphère bleue et verte apparaît bientôt. Les radars ne détectent aucune menace. L’Ular’Iim convient à s’avancer plus encore. On ne détecte toujours rien. On avance plus proche de la source. Alors la raison devient évidente. Elle est visible pour tous désormais, depuis le pont comme les hangars ouverts sur l’espace- encore pressurisés par les boucliers qui gardent les portes.

Des débris d’acier se mêlent à des châssis déformés. Du plastoacier fracassé mène un balais silencieux avec tôles, vis, écrous, liquide de post-combustion. Les carcasses de chasseurs stellaires personnels flottent, muets, et au milieu, dans l’espace noir, pétrifiés dans une mort glacial, des dizaines de corps. Certains sont carbonisés, d’autres ne sont qu’un amas de chair méconnaissables. On distingue ce qui devait autrefois être des croiseurs luxueux ; à présent des cadavres squelettiques immobiles. Les fières coques luisantes, éventrées dans l’obscurité aphone et asphyxiante, les ponts qui brillaient de vie, éteints et exsangues. Cette orbite est une tombe spatiale.

Tous les officiers, dans un moment suspendu, observent le spectacle devant leurs yeux, assis. Le vieux prêtre – debout - s’avance vers la vitre. Son ombre s’étire derrière lui. Il soupçonnait bien qu’il y aurait une destruction. Il supputait bien qu’il y aurait des pertes. Mais le combat qui s’est déroulé ici n’a vraisemblablement trouvé nulle victoire. Les combattants et les combattus, éparpillés aux vents astraux sans discernement. Devant ce spectacle, baigné dans la lumière des étoiles et de la lune – son symbole, Zerath ne peut que s’interroger. Ô dieux, ce monde est-il si fragile et faible ? Si chétif pour s’effondrer devant le dessein de votre serviteur ? Ô dieux, où sont passés les guerriers justes, les guerriers qui conquièrent la mort elle-même ? Quelle valeur à ces cadavres vaincus et sans nom, privés de leur futur et de leurs rêves ? Mais c'est pourtant là tout l'art de la guerre; sans même combattre, l'Ular'Iim n'est-il pas victorieux?

Non, songe-t-il. Si les appels à l'aide ne sont pas émis par des victimes mais par des assassins entendant tendre un piège, il reste une possibilité à sa défaite. Il serait folie que de s'exclamer trop vite grand gagnant. On ne tue jamais trop que deux fois un Mumuu dit l'expression.

Il se tourne vers les siens, puis marche à grandes enjambées et fait signe pour qu’on le mette en communication avec ses soldats.


« - Sergent Atraïde, quatre des navires comportent des signes de vie. Vous êtes déployé vous et vos hommes pour secourir ces dernières. Sergente O’nell, la moitié de vos unités de débarquement serviront à évacuer les formes de vie. Vous escorterez le sergent Atraïde. Le risque étant inconnu, vous progresserez tous les deux avec la plus grande prudence. Il peut s’agir d’une embuscade ; pourtant la possibilité que des vies innocentes nous oblige à agir. Avancez avec la plus grande prudence. Je veillerai personnellement sur vous.

Lieutenant Sting, déploiement immédiat en espace. Sécurisez l’orbite. Vous escorterez le sergent Atraïde jusqu’aux navires puis vous étendrez sur le périmètre. Quant à vous, lieutenante Harynn...
 »

L’Ular’Iim poursuit la distribution de ses ordres, officier après officier. La cérémonie débute enfin. Les âmes hérétiques par leur faiblesse, impies par leur incapacité à combattre trouveront enfin leur rédemption, de la main du héraut des dieux.
Tonamdri Gonxarpil
Tonamdri Gonxarpil
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BALIAN – Je te l’avais dit…un bon leader, mais casse-bonbons...

Bon leader, ça, Drig n'avait pas assez de matière pour le juger ; mais le Docteur Atraïde était d'accord sur son côté assommant, en tout cas. Un sourire en coin, el Trandoshan tourna la tête vers le droïde de protocole qui se proposa de servir à boire ou à manger. Le Docteur Atraïde les avait fait se poser en fait dans une salle de repos, et Drig réalisa seulement à cet instant qu'ils n'étaient pas seuls, puisqu'un petit groupe de médecins prenaient également du repos dans la salle, sur des canapés dans le fond. Drig leur fit un petit salut de la main et recueillit des hochements de tête timides ; en vérité, les médecins en question étaient surtout estomaqués par la désinvolture du Trandoshan, qui avait posé les pieds sur le bureau aligné à un évier servant à faire un peu de vaisselle.

BALIAN – Je suis désolé, je n’ai jamais pris le temps de jouer à ce genre de jeux… Peut-être pourriez-vous m’apprendre, nous avons tout le temps devant nous.
DRIG – Carrément !

Son air enjoué ne fit aucun doute.

DRIG – Y'a un jeu de pazaak au moins dans le coin ?

***

Maintenant, c'était du sérieux. Comptant parmi l'unité soumise au commandement du Sergent Atraïde, Drig allait investir l'un des quatre vaisseaux ayant donné signe de vie. Fini la détente, les bonnes heures passées à essayer d'apprendre le pazaak au sous-officier médecin Mirialan durant l'après-midi. Si aucun signe d'activité n'avait été détecté sur la lune Sentios, l'Eclipse avait en revanche capté des signaux de détresse provenant de l'orbite haute de la planète Murkhana. Quatre vaisseaux différents au total émettaient un tel signal, mais il était difficile de deviner s'il s'agissait réellement d'un appel au secours de survivants, ou bien d'un piège tendu par les assaillants. Il allait donc falloir rester vigilant. L'escouade du Sergent Atraïde était composée de plusieurs médecins mais aussi de quelques soldats pour les escorter, parmi lesquels Drig. En renfort, l'unité de la Sergente O'nell servira d'appui pour couvrir les médecins, et c'est dans cette unité qu'avait été affecté Kan, à la déception de Drig qui avait espéré mener bataille dans la même unité que lui.

La mission des unités des Sergents Atraïde et O'nell étaient la sauvegarde de toute vie sentiente non ennemie. En gros, pour Drig, il fallait sauver les gentils et éliminer les méchants. Du grand classique, mais qui avait nécessité un briefing à rallonge de la part du Commandant Ular'Iim. Pour le coup, ce n'était pas propre au Kaleesh semi-cybernétique : Drig ne comprenait jamais pourquoi les briefings prenaient toujours autant de temps alors que les objectifs revenaient toujours à peu près au même. Sauver les otages et éliminer toute menace ennemie. Whoa, quelle situation inédite ! Heureusement qu'il y avait eu ce briefing interminable pour expliquer à Drig qu'il ne fallait pas tuer les otages et sauver les assaillants !

Les casques de respiration spatiale furent utiles pour atteindre le premier des quatre navires actifs au milieu du champ de mort. Drig et deux autres soldats aux ordres du Sergent Atraïde formèrent une ligne devant les médecins, arme pointée vers l'avant, et avancèrent à l'unisson dans le premier couloir du navire encore éclairé par les néons longeant le haut des murs. Le système électrique était encore tout à fait fonctionnel. Drig et les deux autres soldats se tournaient à chaque porte, à chaque couloir perpendiculaire, à chaque armoire, afin de petit à petit sécuriser la zone et permettre la progression des médecins derrière eux. L'on entendait simplement le bruit sourd des moteurs et du système électrique. Puis l'on commença à observer quelques petites taches rouges au sol, comme si une personne en train de saigner s'était déplacée d'une salle à une autre. Enfin, Drig leva la main pour faire signe aux médecins de s'arrêter quand il repéra une porte qui ne parvenait pas à se refermer. Quelque chose la bloquait, et Drig identifia rapidement quoi : une jambe. Drig, sans un mot, n'utilisant que sa main à trois doigts pour employer un langage de signes militaires, demanda aux deux soldats de surveiller les alentours pendant qu'il allait observer de plus près la situation dans la salle d'où dépassait cette jambe au sol.

Drig s'approcha lentement, essayant de ne pas faire cliqueter ses griffes au sol à chaque pas. La porte s'ouvrit derechef quand il passa devant le capteur, et découvrit le corps sans vie d'un Humain d'une trentaine d'années en tenue de cuisinier. Cette salle, comme le reste du navire, était toujours éclairée, et il s'agissait en effet d'une cuisine. A l'intérieur se trouvaient trois corps inertes dont celui de l'Humain bloquant la porte, les deux autres étant ceux d'un autre Humain et d'un Twi'lek.

Drig enjamba le corps qui présentait, à première vue, des lacération sur toute la poitrine, le ventre et le haut des cuisses, comme si un animal furieux l'avait griffé frénétiquement. Le jeune soldat Trandoshan ne put éviter de poser ses pieds nus dans une flaque de sang en s'approchant du corps de l'autre Humain : celui-ci avait pratiquement été éventré, et son sang s'était répandu en quantité. Il y avait tant de placards et d'endroits possibles où se cacher dans cette cuisine que Drig dut prendre le temps, seul, de sécuriser la pièce. Mais il se rendit compte que le Twi'lek, également en sang, respirait toujours, contrairement aux deux Humains. L'odeur âpre du fluide vital se mêlait à celle des rations qui avaient eu le temps de refroidir après une cuisson ayant duré trop longtemps. La cuisine disposait certainement d'un système de sécurité qui avait coupé les appareils de cuisson pour éviter un incendie. Drig revint à la porte, enjamba le corps et fit signe au Sergent Atraïde de venir.

DRIG – Une personne en vie ici, la salle est sécurisée, venez !

Le rôle du médecin, au-delà d'essayer de sauver la vie du cuisinier Twi'lek, allait être de déterminer ce qui avait pu causer de telles blessures mortelles, car de toute évidence ce n'étaient pas les assaillants. Le Twi'lek serait-il en état de parler ?
Balian Atraïde
Balian Atraïde
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Drig ne semblait pas encombré par les bonnes manières…posant ses grosses pattes sur la table la plus proche. Personnellement j’étais bien trop préoccupé parla mission pour pallier au manque de bienséance de Drig. C’était un trandoshan…fallait remettre dans le contexte hein…

Si on avait un jeu de pazaak…sans nul doute. Je m’étais levé, et dirigé vers une armoire où je savais trouver divers divertissements pour les hommes. Il y avait des holo-films, des holo-livres, bien des choses…c’était assez bordélique d’ailleurs…je finis par dégoter ledit jeu et revins vers Drig en même temps que le droïde ramenait notre commande.

- Voila qui fera l’affaire gamin. Allez, montres-moi comment on joue à ce truc.

Quelle situation saugrenue…moi apprendre le pazaak…décidément je me ramollissais.

**
J’avais quelque peu souffert durant la partie de pazaak…et je n’avais pas été fâché lorsqu’on nous indiqua que l’heure était venue. On nous équipa de combinaison assimilée à des tenues de survies en milieu non respirable…Voila qui n’augurait rien de bon. Mais le pire restait à venir lorsque l’immense cyborg soporifique fit son apparition…le bien nommé Zerath Ular’Iim. Seigneur…finalement le pazaak avec ce trandoshan me parut tellement plus sympathique…et égayant.

« - Mes soldats, dans une heure et quarante minutes nous sortirons enfin de cette languissante gangue d’espace contracté. »

Ouai…pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué et assomer son auditoire en paroles…il aimait s’entendre parler celui-là…

« Atraïde, vous veillerez aux bons soins sur le terrain. O’nell, vous veillerez à la protection de nos hommes aussi bien que des civils. »

Ha ! Enfin le vif du sujet…hum…jusque là tout allait bien, c’était des consignes simples. On progressait Commander…c’éeeeeest bieeen. Un coup d’œil à la sergent O’nell avec un petit signe de tête pour saluer le sous-officier en charge de protéger mon groupe.

« Sergents O’nell et Atraïde, vos ordres sont identiques au cas précédent, mais si des otages sont présents en orbite votre déploiement au sol sera préempté »

Bon restait à savoir quelle sera la situation. S’en suivi un « cours » sur l’utilisation de nos scaphandres par la lieutenante Harynn. Cette bonne femme était un véritable robot quand elle déblatérait ses instructions, consignes et spécificités de la tenue que l’on portait. Je soupirais…si la Force pouvait avoir pitié de moi en cet instant…que je sois foudroyé sur place…En plus on pouvait à peine bouger avec cette…saloperie de tenue…

Finalement le moment tant attendu vint…Nous sortîmes d’hyperespace et le spectacle qui s’offrit à nos yeux fut renversant…Tant de carcasses de vaisseaux, de corps flottants, à jamais figés dans la mort…Des messages de détresse étaient capté...Déploiement immédiat de mon groupe flanqué de celui de la sergente O’nell. C’était parti, je reprenais mes fonctions de médecin et chirurgien de combat. Je devrais être stressé, nerveux, en réalité, j’avais hâte ! Hâte de faire mon travail, d’appliquer ce pour quoi j’avais été formé, et de retrouver l’adrénaline du terrain. Mais surtout…hâte d’en sauver le plus possible.

Drig semblait tout aussi impatient que moi, mais je mis cela sur le compte de la jeunesse et la volonté d’en découdre avec l’ennemi. La prudence était de mise dans ce « débarquement », nous ignorons tout de la situation, et si des hommes étaient bien en détresse ou s’il s’agissait d’un piège. Voilà pourquoi, une fois sur place nous avancions selon un schéma de progression bien défini en fonction de l’environnement. On avait tenté de me faire prendre un blaster, ce que j’avais refusé au départ. J’étais déjà assez chargé comme cela avec l’équipement médical, tout comme les autres membres du corps médical. Mais compte tenu de la situation je m’étais laissé convaincre.

Nous avancions doucement mais surement à travers les coursives du vaisseau souffrant. Les lumières blafardes des néons nous éclairaient et facilitaient notre progression. Cela dit nous étions sur nos gardes. Soudain Drig me désigna le sol…je fronçais les sourcils, du sang. Par traces…Cela ne laissait rien présager de bon. Un bruit de porte se fit entendre, telle une plainte mécanique. On aurait dit qu’un court-circuit l’empêchait de se fermer, l’obligeant à se rouvrir sans cesse. En nous rapprochant, nous comprîmes ce qui gênait la fermeture de ladite porte : la présence d’une jambe en travers.

Immédiatement le Trandoshan nous fit un geste pour nous expliquer qu’il partait explorer la pièce. La tension était à son comble. Finalement il revint et me fit signe de le rejoindre, annonçant la présence d’un survivant. A cette mention mon sang ne fit qu’un tour et je me précipitais. J’enjambais le corps sans vie qui entravait la fermeture de la porte. Je repérais un autre cadavre. Drig me désignait le corps d’un Twi-Lek. Le fait que nous soyons dans une cuisine ne m’atteignais même pas. Je rangeais mon blaster dans son étui, posais mon sac et examinais le blessé.

- Vous m’entendez ? Fis-je d’une voix douce…Je suis médecin…m’entendez-vous? Je suis là pour vous aider...

Essayer d’établir un contact avec le blessé était primordiale alors que je cherchais la cause de son état. Il perdait beaucoup de sang, j’avisais ses vêtements en lambeau, je terminais de les déchirer pour révéler l’étendu des dégâts sur son corps meurtris. Ce que je vis me laissait pantois. Ces bplaies ne ressemblaient en rien à celles auxquelles je m’attendais. Le pauvre bougre avait été lardé de coups de griffes. Je jetais un coup d’œil aux autres corps…un autre avait été littéralement éventré, déversant à notre vue son appareil digestif et ses intestins. Je fis part de mes inquiétudes à un de mes infirmiers :

- Le patient est en état de choc…Poly- traumatismes. Hémorragie à cause d’une blessure pénétrante thoracique, et abdominale avec éviscération. Il faut contrôler l’hémorragie, sérum physiologique, il faut nettoyer ce sang et voir si des organes internes sont touchés.

La prise en charge d’un patient souffrant de ce genre de plaie était toujours délicate, si des organes avaient été touchés cela pouvait avoir de graves conséquences. Il me fallait exercer les points de pression pour stopper l’hémorragie. Mes gestes étaient rapides, je ne tremblais pas, j’étais désormais dans mon élément, avec le sentiment de servir à quelque chose. Finalement je parvins à obtenir un visuel sur les blessures.

- Bon…la cage thoracique est perforée, mais aucune lésion pénétrante…Voyons…la zone abdominale…Hé merde…traumatisme rénal… Grade 4: lacération > 1 cm impliquant le système pyélocaliciel et lésions du pédicule vasculaire rénal avec hémorragie …Il faut faire quelque chose…Monsieur ? Vous m’entendez ?

Je tendis la main pour que l’infirmier me donne la pince réclamée non sans continuer à solliciter le patient.

- Monsieur ? Je suis médecin…je suis désolé…vous avez une forte hémorragie, je ne peux pas vous opérer ici…Néanmoins je dois exécuter un acte qui va vous faire très mal…je m’adressais à l’infirmier : préparez-moi des agrafes.

Mon homologue me regarda en écarquillant les yeux…

- Quoi ? De toute façon son rein est foutu ! Mais je ne vais pas lui faire une ablation ici hein ! Donnez-moi ce que je vous ai demandé avant qu’il ne se vide de son sang. Il était à la limite de l’avulsion.

Je clampais avant de passer à la suture des vaisseaux rénaux…condamnant définitivement le rein lacéré. Je saisis une seringue d’adrénaline pour l’injecter non loin de la plaine abdominale afin de réaliser l'hémostase de plaies très hémorragiques. Je réfléchissais à toute vitesse…compte tenu du fait que j’ignorais à quand remontait les plaies, et que celle à l’abdomen pouvait contenir des déchets organiques avec risque de contamination très significatif, je pris la décision de ne pas refermer la plaie par des agrafes ou une suture invasive. Je réclamais à mon infirmer des bandes adhésives. Elles seront parfaites pour tout remettre en place dans l’abdomen et maintenant les plaies fermes en attendant une intervention chirurgicale plus adaptée.

Manipuler le blessé eut pour conséquence de le faire terriblement souffrir. Ce qui lui extirpait des gémissements et des plaintes lancinantes. Je continuais de le solliciter…et…il ouvrit les yeux…

- Monsieur ? Nous sommes des soldats de la République…Que s’est-il passé ?

Je n’eus pour toute réponse que des borborygmes…il fallait qu’il se reprenne…Je levais les yeux vers Drig désignant les autres corps :

- Ces lésions ne sont pas communes…On dirait qu’ils ont été tranchés. Cela dit les bordes des plaies ne sont pas tout à fait nets comme le ferait une lame. Mais vu la gravité et la profondeur, je dirais qu’elles ont été faites avec une force incroyable…Comme si…ils avaient été…griffés…Je ne suis pas zoologiste, mais je dirais que c’est assez gros…



Zerath Ular'Iim
Zerath Ular'Iim
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[Mes excuses pour les gros délais, j'ai plus de la tortue que du dragon dans mes veines Embarassed ]

Il est une faille critique à ce que la technique peut accoucher et produire; paradoxale et curieuse est cette dernière. Bien que l’on soit apte à voyager à travers des courbures de l’espace et du temps pour dépasser la célérité de la lumière elle-même, aucun technicien n’est capable de relayer avec exactitude les informations d’un théâtre d’opération à son commandant. L’on peut concevoir des bras bioniques qui reproduisent à l’identique le désir du patient qui l’utilise, mais personne n’a jamais réussi curieusement à établir un lien parfait - ou ne serait-ce même que d’une décente qualité entre le capitaine et ses hommes. Être sur place, c’est perdre l’image globale mais être loin, c’est n’avoir qu’une idée imparfaite se basant sur le rapport des hommes plutôt que sur une mesure plus objective.

Capricieuse affaire que la technologie - imparfaite à n’en guère douter. Le cyborg, sur son pont, ne voit rien des troubles où sont placés ses serviteurs. Il ne peut guère que se baser sur les paroles de ces derniers, écouter attentivement, soupçonner et déduire, à la façon dont il l’aurait fait sur Kalee. À défaut de voir par les yeux de ses soldats, il peut au moins traquer leur position - une maigre consolation, mais il faut bien débuter quelque part. C’est au moins un progrès qu’il faut reconnaître face aux guerres qu’il menait sur son lointain monde sauvage et indompté.

Lentement mais sûrement, les puissants radars de l’Eclipse, grâce aux efforts de la lieutenante Harynn, dévoilent à la fois la surface, mais également une donnée plus précieuse. Les lignes bleutées holographiques forment, peu à peu, la structure d’une épave - celle où évoluent le docteur Atraïde et le jeune Gonxarpil. C’est un tracé de lignes uniquement; l’armature est représentée par un squelette géométrique qui donne l’illusion du volume. Les couloirs déjà visités se précisent, mais certaines zones demeurent obscures. Le périmètre de l’équipe, en particulier, est d’une résolution regrettablement basse; l’on n’y distingue pas même couloirs ou salles. Difficile de guider quoi que ce soit à partir de si maigres données.

Cependant, les radars parviennent au moins à détecter quelque chose, à défaut de préciser l’architecture exacte du navire déchu: les empreintes thermiques sont représentées avec précision. Ce sont des formes de vie potentielles. En d’autres termes, des otages ou des pirates rescapés. Pareilles traces sont habituellement difficiles à détecter. Lorsqu’un vaisseau fonctionne, ses boucliers thermiques brouillent naturellement les informations, car la température de ces protections est bien plus élevée qu’un corps vivant. Mais l’épave dérive dans l’espace glacé depuis plusieurs heures: pas même ses réacteurs n’émettent la moindre chaleur!

Zerath ne peut que soupçonner la situation. Il voit bien que l’équipe a avancée jusqu’à une source - faible - de chaleur. Par les paroles du docteur, c’est un blessé. Ses prunelles acérées se dirigent lentement vers Harynn. Elle œuvre avec ses hommes face aux ordinateurs, coordonne leurs efforts pour que les informations acquises soient analysées rapidement, détermine le protocole le plus approprié, réclame des améliorations de résolution quand cela est nécessaire ou des baisses d’échantillonnage quand cela est anecdotique.

Toutes les sources thermiques ne sont pas égales. Cela n’est guère surprenant, songe Zerath. Tous n’ont pas été doté de la même flamme par les dieux. Lui, dont les yeux peuvent percevoir le feu intérieur de l’âme, connaît cette vérité du monde; le malade se consume plus vite que le bien-portant, et tous ceux qui arpentent le monde ne le font pas d’une identique brillance. Le cuirassé réclame des fournaises infernales qui sont excessives pour le modeste speeder: la vie est en ce point similaire, car le Mumuu est brûlant et le rat de sable froid en comparaison. Et dans le cimetière spatial où le docteur et son équipe œuvrent pour sauver du naufrage de rares âmes encore vivaces, il est une source qui brûle, plus intense que les autres. Perdue dans ce désert dépourvu d’architecture, là où les radars ne peuvent déterminer la présence ou l’absence de murs, solitaire dans une mer de gris, elle se déplace, parfois de gauche, parfois de droite.


- Docteur Atraïde, entame le capitaine d’acier, nous vous faisons parvenir les émissions thermiques proches de votre position. Nous restreignons celles-ci au vaisseau où vous vous trouvez.

Il marque une pause, effectue un geste de son index en direction de ses techniciens. Ils s’emploient immédiatement à accomplir son ordre implicite: le docteur doit avoir ses données. Le Kaleesh, lui, observe l’incomplet croquis du navire. Il a certains couloirs, mais pas tous. Il aurait songé que les radars seraient la cause de ce dessin inachevé: que seuls les accès les plus en périphérie - proches de l’espace - seraient visibles et que le cœur du vaisseau serait invisible. Mais ce n’est pas le cas. Sa vision est aveugle à certains réseaux capillaires du navire, et de grandes artères sont rendues apparentes pourtant.

Les deux iris du cyborg observent la carcasse, artificiellement représentée, puis se portent vers l’espace noir; sur la nappe noire parsemée d’innombrables diamants, le navire gigantesque se détache, tombé dans la clarté de l’étoile qui gracie ce système de vie. Sa coque ternie, froissée par des assauts répétés, est criblée de balafres. Le métal s’est déformé vers l’extérieur - comme ayant laissé s’échapper quelque monstruosité ou force trop grande pour si petit pore. Zerath jette un regard à l’hologramme de nouveau. Oui, il comprend à présent. 


- Ce doivent-être les blindages qui empêchent les radars de fonctionner correctement...marmonne-t-il pour lui-même.

Les zones les plus précisément déterminées coïncident avec les meurtrissures du vaisseau; cela n’est pas pure coïncidence, cela ne peut l’être.

- Lieutenante Harynn, au rapport, réclame-t-il.

La femme quitte la fosse où elle œuvrait depuis déjà de longues minutes après avoir distribué une volée de consignes à ses équipes. Elle effectue un - fugace - garde-à-vous devant son supérieur monstrueux, puis entame.

- Les premières images de la surface et de Murkhana-city sont en cours d’analyse. Pas d’signe d’activité hostile - mais les émissions d’la ville sont très en-dessous des taux habituels.

- Le peuple est otage, et les geôliers se gardent d’agir; mais cette orbite est peut-être augure de ce qui se trame au sol. Des signes de chaleurs marquées?

- Aucune mon commander.

- Pas de froid notoire non plus?

- Négatif mon commander.

Il est donc impossible qu’un arsenal anti-orbital soit déployé depuis la cité.

- Cherchez des signes d’activité sur l’astroport central. Oh, et une dernière chose. (Sa main griffue désigne les restes de vaisseau où le bon docteur s’est engagé.) Si ce navire devait être détruit, où faudrait-il frapper pour sceller sa perte?

L’humaine en uniforme observe sans comprendre le grand monstre drapé dans son étoffe de nuit. Elle bat des cils, perplexe comme le maître d’école qui entend l’ineptie inconcevable de son élève le plus brillant. Son interlocuteur ne cille pas, inflexible comme le fer qui compose son visage d’acier.

- Mon commander je n’comprends pas c’que vous voulez dire...

- Pour annihiler cette carcasse une fois pour toutes, où serait-il préférable d’orienter notre artillerie? Quel point de ce pitoyable château de cartes est à viser pour que le reste s’effondre dans la minute?

Elle le dévisage à nouveau. On se retourne vers le Kaleesh sur le pont. Certains officiers ne bronchent pas; ils l’ont servi à travers Arda, leur confiance entière va à la machine, encore toute auréolée de sa victoire.

- L’intégrité structurelle est déjà compromise. On peut l’bombarder, mais à moins de l’envoyer en atmosphère...

Zerath hoche de la tête, satisfait.

- Merci lieutenante de vos précieuses lumières. (Ses doigts se portent sur la carte. Il désigne de sa griffe plusieurs zones, choisies avec soin. Des points rouges y apparaissent.) Sergents Atraïde et O’nell, nous vous transmettons de nouveaux objectifs. Ce sont des zones de la coque qu’il serait préférable de détruire, afin de nous offrir une meilleure lecture des couloirs et de votre environnement. Lieutenant Sting, vous vous occuperez de la destruction de la coque à ces lieux désignés.
Sergents, veillez à vous tenir loin des objectifs tant que leur destruction n’est pas confirmée.
Les points de frappe évitent les sources thermiques; les secousses résultantes lanceront peut-être une panique avec laquelle il vous faudra composer. L’heure tourne, le sol n’est pas plus enthousiasmant que l’orbite.


Puisque les blindages bloquent les radars et empêchent d’établir une cartographie précise, il n’y a donc qu’à les détruire; cette solution est préférable à une avancée à l’aveugle. Il est bien plus facile de surcroît de coordonner les hommes de cette façon. Le manque de perturbations à Murkhana-city n’est pas de bonne augure pour la population. Chaque minute passée en orbite pourrait signifier la fin de dizaines de vies.

La voix du capitaine Sting grésille.


- En vecteur d’approche du premier objectif quadrant Alpha-3-4 Commander. Portée de tir atteinte, angle dégagé. À votre signal.

- Tirez.

Une pluie de tirs s’abat sur la coque, infortunée portion qui a eu le malheur d’être indemne et d’avoir survécu aux premiers assauts d’un ennemi désormais disparu. Immédiatement, les couloirs adjacents à la meurtrissure générée se précisent, s’affinent, dévoilent des embranchements jusque là demeurés invisibles. Mais ce n’a pas été la seule conséquence de l’action.

- Sergents, indique placidement le cyborg, source de chaleur massive en approche de votre position. O’nell, ménagez un couvert et préparez un tir de suppression. Atraïde, évacuation des patients dans dix minutes.
Tonamdri Gonxarpil
Tonamdri Gonxarpil
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Le Sergent Atraïde s'accroupit devant le blessé et essaya d'établir le contact, d'obtenir son attention et de le maintenir conscient. Parallèlement, il se lança dans un charabia médical qui n'intéressait nullement Drig. Il échangea avec ses assistants, et Drig se moquait de voir ça. Il fit quelques pas dans la cuisine, et sortit même de la pièce pour surveiller un instant le couloir. Il s'agissait de ne pas se faire prendre par surprise si d'un coup des assaillant surgissaient dans la cuisine alors que tout le monde avait son attention centrée sur le blessé. De toute façon, les autres soldats de l'unité d'Atraïde, au moins aussi bien formés que Drig sinon mieux, étaient d'eux-mêmes restés vigilants. Deux d'entre eux avaient pris l'initiative de boucler l'entrée de la cuisine en se positionnant de part et d'autre de la porte, surveillant continuellement le couloir. Drig se sentit inutile et revint dans la cuisine auprès du Sergent. Ce dernier finit par s'adresser à lui, puisqu'il était le soldat le plus proche :

BALIAN – Ces lésions ne sont pas communes... On dirait qu'ils ont été tranchés. Cela dit les bords des plaies ne sont pas tout à fait nets comme le ferait une lame. Mais vu la gravité et la profondeur, je dirais qu'elles ont été faites avec une force incroyable... Comme si... ils avaient été... griffés... Je ne suis pas zoologiste, mais je dirais que c'est assez gros...

Machinalement et peut-être un peu bêtement, Drig écarta les doigts et observa ses propres griffes, l'air pensif. Il n'envisageait pas encore la possibilité d'un animal. De toute façon, ça ne pouvait pas être un animal ni même une meute qui avait causé le naufrage simultané de quatre vaisseaux ; ça, tout le monde pouvait en convenir. Il y avait forcément eu une attaque par des personnes. C'était un fait. Et à cet instant, Drig n'envisageait rien d'autre que ça. Le scénario se dessinait très simplement dans son esprit sans soupçonner une complication faisant conséquence à un tel assaut.

DRIG – Il y a peut-être un Trandoshan ou d'autres races griffues parmi les assaillants.

Une étude très précise des plaies avanceraient que la profondeur et le diamètre des griffures sur les corps des cuisiniers ne correspondaient pas avec les griffes d'un Trandoshan, mais il existait d'autres espèces sentientes pourvues de griffes et il fallait avoir une connaissance pointue du sujet pour faire une estimation. En revanche, ce qui pouvait sauter aux yeux, c'est que les griffures sur les corps présents allaient par sillons de quatre. L'animal ou la personne ayant griffé ces cuisiniers avait quatre griffes ; le problème concernant les Trandoshans par exemple, c'est qu'ils n'ont pas tous le même nombre de doigts. Drig ne possédait que trois doigts à chaque main, pour sa part. Et encore, il restait aussi la possibilité, techniquement, de griffer avec le pied, même si ça restait difficile d'imaginer quelqu'un se battant exclusivement avec les griffes de ses pieds.

Mais surtout, ce qui aurait dû mettre Drig sur la piste d'un animal plutôt que d'imaginer une personne griffue, c'est qu'il n'y avait aucune blessure au blaster, sur aucun des trois corps présents. Et aucune marque de tir de blaster sur les meubles ou sur les murs de la pièce. Quel assaillant aurait refusé d'utiliser une arme à énergie et aurait préféré massacrer des gens uniquement à coups de griffes ?

Les Sergents Atraïde et O'nell reçurent un commandement de la part de Ular'Iim : il fallait se tenir éloigné de certains points du vaisseau car ils allaient être frappés afin de dégager le blindage et ainsi de faciliter la cartographie radar. La cuisine était déjà, en soi, éloignée de ces points. L'équipe d'Atraïde attendit donc en se préparant à des secousses.
Secousses qui vinrent, à répétition. Les ustensiles de cuisine glissèrent, les portes de certains placards s'ouvrirent. Drig s'accroupit en se tenant d'un bras à un meuble, et attendit que ça passe. Le vaisseau avait beau être à la dérive, les équipes d'intervention des Sergents Atraïde et O'nell avaient déjà pu observer que le système d'éclairage était toujours fonctionnel mais aussi et surtout les systèmes de gravité artificielle et de pressurisation, sans quoi tout le monde aurait été obligé de garder les casques respiratoires sur la tête... et le Twi'lek secouru par Atraïde n'aurait pas pu survivre. Il apparut qu'en sus, les stabilisateurs du vaisseau étaient eux aussi toujours en état : les secousses se firent ressentir mais le vaisseau ne partit pas en roue libre, et les stabilisateurs surent les amortir, évitant ainsi aux équipes d'intervention d'être projetées dans tous les sens avec le risque pour tout le monde de se blesser.

Enfin il y eut un signalement d'une source de chaleur massive en approche. Ah ! Enfin un ennemi qui approchait ! Sauf qu'il appartint aux soldats de la Sergente O'nell de l'accueillir avec des tirs de suppression. Drig échangea un regard avec Kan, jaloux de son camarade qui allait être dans le feu de l'affrontement alors que, lui, allait simplement devoir assurer l'escorte de l'équipe médicale évacuant le blessé. Drig se tourna vers le Sergent Atraïde :

DRIG – Je vous aide à soulever le blessé ?
Balian Atraïde
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Pris dans le « feu » de l’action j’étais totalement dans ma bulle de soignant et je ne prenais même pas garde à ce qu’il se passait autour de moi. J’avais un blessé à prendre en charge, le reste je m’en foutais royalement…

- Docteur Atraïde, entame le capitaine d’acier, nous vous faisons parvenir les émissions thermiques proches de votre position. Nous restreignons celles-ci au vaisseau où vous vous trouvez.

Bordel…jamais moyen d’être tranquille quand j’officiais…J’émis un vague grognement doublé d’un geste de la main signifiant à un de mes subordonnés – et peu importait lequel – de s’occuper de vérifier qu’on avait bien reçu les données thermiques. Je limitais mes actions médicales, je n’avais ni le temps, ni les bonnes conditions, et encore moins le matériel nécessaire pour opérer correctement le Twi-Lek éventré. La question était plus de faire en sorte que son état ne s’aggrave pas en le stabilisant. J’avais fait part à Drig de mes conclusions sur ce qui avait pu causer ce genre de blessures. Pour moi c’était griffu et gros.

Il fut normal pour Drig de comparer la « chose » responsable de carnage à sa propre race. Les trandoshans pouvaient avoir des caractéristiques légèrement différentes d’un individu à l’autre. D’ailleurs il formula précisément la chose en supposant la présence d’un trandoshan ou d’une autre espèce armée de griffes. J’haussais les épaules :

- Quoi que ce soit, je préférerai ne pas croiser sa route. Il ne vaut mieux pas moisir ici…

Mais un nouvel ordre du Commander Casserole leur parvinrent de nouveau.

- Sergents Atraïde et O’nell, nous vous transmettons de nouveaux objectifs.

Merveilleux…

- Ce sont des zones de la coque qu’il serait préférable de détruire, afin de nous offrir une meilleure lecture des couloirs et de votre environnement. […] Sergents, veillez à vous tenir loin des objectifs tant que leur destruction n’est pas confirmée.

- Sans blague…il a un sacré humour notre cher Commander. Grommelais-je devant l’évidence même de la recommandation de Zerath. Puis je me redressais pour clamer à la cantonade : Accrochez-vous les gars, ça va secouer !

Secouer…c’était bien cela le problème. Les tirs se firent parfaitement sentir, et le vaisseau déjà à l’agonie gémissait sous l’acharnement du Commander Ular’Iim. Tout autour de nous s’était mis à trembler, des ustensiles tombèrent dans un fracas épouvantable. Je vis Drig se tenir pour supporter au mieux les chocs à répétition. Moi, debout, je dus me retenir à la première chose que je trouvai – à savoir un plan de travail – pour éviter de tomber. Je crus avoir gardé un semblant d’équilibre quand un autre heurt se fit sentir…puis un autre…et encore un autre…Bordel cela ne cessera donc jamais ?! Ce n’était pas que cela m’inquiétait, mais je commençais à ressentir des tréfonds de mon estomac un mal qui se réveillait…Et être à ce point balloter quand on souffrait d’aviophobie ce n’était pas la meilleure des choses. Surtout dans l’espace. Même avec ces conneries de combinaisons, pas confortables, qui grattaient et définitivement pas glamour.

J’eus un haut-le-cœur que je parvins toutefois à contrôler. Enfin cela avait cessé. Heureusement que les stabilisateurs du vaisseau avaient amortis le tout sans quoi nous aurions valsé lamentablement et risqués de se blesser. Le calme revenu, je reportais mon attention sur le blessé. Mon infirmier s’était héroïquement accroché à lui pour le maintenir et l’empêcher de partir dans tous les sens sous la pluie de tir du cornichon en conserve qui nous servait de Commander. D’ailleurs quand on parlait de l’énergumène. Sa voix métallique, traînante, et à peine flippante vint égratigner mes oreilles:

- Sergents, source de chaleur massive en approche de votre position. O’nell, ménagez un couvert et préparez un tir de suppression. Atraïde, évacuation des patients dans dix minutes.

Formidable…on avait de la compagnie maintenant ! La où les jeunes recrues – Drig y compris – voyaient de l’action, moi je sentais surtout arriver, avec cette « source de chaleur massive », des ennuis massifs - pour reprendre l’expression du Commander. Alors que les hommes d’O’Nell prirent position, prêts à recevoir notre invité-surprise, je rangeais le matériel médical que j’avais utilisé pour soigner le Twi-Lek et retirais mes gants pour les balancer au sol. Le jeune Trandoshan se proposa de m’aider à porter le blesser.

- C’est pas de refus !

J’eus un hochement de tête en m’accroupissant pour prendre un coté du blessé, laissant à Drig le soin de prendre l’autre côté. Je me demandais bien à quoi nous allions avoir affaire…cette source thermique était-elle la créature responsable du massacre devant lequel nous nous trouvions.
Zerath Ular'Iim
Zerath Ular'Iim
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Un couloir, vide. Le plafond devait autrefois être éclairé par des ampoules luxueuses. Sur les murs, des tableaux encastrés et cerclés d’élégant acier laissent imaginer la lumière chaleureuse qui devait gracier le corridor et le reste du bâtiment de plaisance. Ah, que ce couloir devait être agréable à arpenter, baigné de rayons dorés. Que son sol carrelé devait être apaisant pour le moral, les chics lustres charmants, les élégants escaliers envoûtants.

Désormais l’obscurité prend la place du jour, le luxe est enseveli sous le désordre. On devine les décors qui se découpent dans la lumière blême des puissantes torches militaires. Les reliefs projettent de noires ombres qui rampent - nettes - le long des murs, s’étendent jusque dans les ténèbres au delà des cercles lumineux pâles. Dans le noir, des formes bougent en silence. On pointe les armes droit sur le mouvement. Comme des astres jaillis de la sombre marée nocturne, les figures se dévoilent une à une; une grosse caisse rectangulaire, qui flotte dans une lente rotation au-dessus du sol ici. Son contenu - fruits en tous genres, rondelets, ovales, bombés, de la pastèque au raisin - s’échappe lentement, en apesanteur là où l’énergie du vaisseau a cessé d’agir. Le silence n’est brisé que par un bruit régulier; régulièrement on distingue le son d’une traction sur les lointains murs. Peut-être est-ce l’œuvre du lieutenant Sting? Des bouts du blindage qui, s’arrachant, font ce bruit? Aucune oreille n’a entendu pareil bruit, nul n’est à même de lever ce mystère. Il n’y a plus de lumière, plus de gravité. Seuls l’oxygène et la chaleur encore présents distinguent ce couloir de l’espace sidéral.


Et une bien maigre cloison d’acier, songe Judith O’nell. Mais il n’y a pas le temps de s’en inquiéter. Elle a des ordres, il faut les appliquer. Elle avance en silence avec ses hommes dans ce couloir, ayant abandonné bien trois salles en arrière le docteur Atraïde. Dix de ses hommes encadrent le bon docteur et ses infirmiers. Cinq autres sécurisent la retraite arrière pour s’assurer que personne ne tende de piège sur le retour. Cinq, enfin, sont avec Judith. Ils progressent à pas lents - quasiment accroupis, tapis dans l’obscurité. L’opération n’est pas encore achevée. D’après les données du commander, trois autres sources de chaleur sont toujours piégées dans la carcasse du vaisseau de plaisance. Il est certain que les docteurs ne voudront pas abandonner de potentiels patients. Ce qui signifie qu’il faut leur assurer une route convenable; pourtant quelque chose a bien blessé la victime que Atraïde et son équipe portent, et aucun blaster ne fait ce genre de lésion. Extraction dans huit minutes.

À gauche de Judith, un mètre devant, un de ses hommes se tient immobile. C’est le sous-caporal Mered Fayes, un technicien de génie et un homme de sang froid. Il tient entre ses mains un épais boîtier. Son écran vert, tout en quadrillages, détecte à courte portée les sources de chaleur. Il lève sa main droite, symbolise un “Un” et pointe droit devant lui. Judith lève son poing fermé. Tout le groupe se fige. Les armes se dirigent vers le fond du couloir, dix mètres plus loin, qui fait un angle.

L’acier racle, grince, le mur du fond se déchire alors que dix grands serpents jaillissent du bout du couloir. Ce ne sont pas des serpents - ce sont des tentacules! Au bout de ces bras sinueux, des doigts - griffes noires en réalité - s’accrochent aux murs comme une araignée à sa toile. Frissonnants et luisants - comme humides, tapissés de poils épais, ils ondulent dans l’entièreté du couloir, nappe cauchemardesque et - horreur ! - chitineuse. Voici l’origine du son: l’affreuse traction de la masse infâme, du corps encore invisible qui se hisse sur les murs. Certains tentacules palpent les murs, d’autres s’accrochent aux objets, tous avancent comme une marée de vipères, noires et pourtant luisantes à la lumière, avalent le couloir en une vague noirâtre effroyable.

Judith fait appel à ses dernières réserves de militaire et à tout ce que des années de service ont pu lui inculquer de sang froid, luttant contre tous ses instincts qui lui intiment de fuir à toute jambe! L’échine glacée par la terreur, elle hurle à ses hommes l’instruction la plus claire qui soit:


- Tirez!

On ne se fait pas prier. Un déluge lumineux s’abat sur l’abomination. Un gargouillement grave répond aux tirs. Les appendices centraux, immenses pattes segmentées pareils à d’affreux mille pattes ondulants se recroquevillent, comme le font les pattes d’un arthropode qu’on aurait blessé. Ceux périphériques fouettent l’air furieusement, l’un d’eux s’égare au sol, rebondit contre la caisse qui est projetée à pleine vitesse. Judith referme les bras devant elle, mais encaisse la lourde caisse en pleine poitrine. Un crac résonne. Ses jambes quittent le sol, son souffle est coupé alors que lui vient une brusque sensation de nausée.

Elle entend dans son comlink la voix de Fayes, qui résonne.

- Homme à terre! Homme à terre! O’nell est touchée!

Judith ne comprend plus parfaitement ce qui se passe. Ses yeux ne peuvent voir que le plafond au-dessus d’elle alors que son inertie continue à la porter le long du couloir où la gravité ne s’applique pas. Son esprit ne parvient pas à former d’idée cohérente. Elle est comme spectatrice lointaine d’une scène dont elle est pourtant aussi actrice. Et ce goût de fer dans sa bouche...Ce vertige...Elle n’est...Pas sûre de...

- JUDITH!!

Elle bat des cils. Elle est soudain au sol, couchée dans les bras de Fayes qui l’observe mort d’inquiétude. C’est un homme dans la trentaine qui est au naturel très calme. Bien qu’il sourit souvent, il est rarement contrarié et ses traits n’ont marqué guère que des rides de sourire; pourtant son visage est creusé par l’angoisse alors qu’il observe sa supérieure. Autour d’eux, le reste de l’équipe bouge: on sécurise le périmètre. L’un des soldats fait de grands gestes en direction de derrière Judith.

Quoi? Mais pourtant elle flottait à l’instant...?


- Où est le monstre?demande-t-elle avec un calme qui l’étonne elle-même.

- On l’a fait fuir. T’as perdu connaissance...Bordel tu nous as fait si peur!! Atraïde arrive, t’inquiète pas.

Il lève les yeux au delà de Judith.

- Docteur! DOCTEUR! Ici!
Tonamdri Gonxarpil
Tonamdri Gonxarpil
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BALIAN – C'est pas de refus !

Drig se porta à un bras du blessé tandis que le Sergent Atraïde se tenait prêt à l'autre, et ensemble, ils soulevèrent le Twi'lek qui, peut-être inconsciemment vu l'état dans lequel il se trouvait, tentait de les aider en s'appuyant au sol sur ses jambes. Au moins, Atraïde et Drig n'avaient pas à soulever un poids mort. Pour le Trandoshan, ce fut presque une formalité. Cela ne se fit pas sans efforts mais ses capacités physiques étaient très largement supérieures à celles du médecin Mirialan. Ils synchronisèrent leurs pas pour porter le blessé jusqu'à l'entrée du vaisseau où étaient déjà déployés quelques soldats et médecins prêts à l'extraction du blessé.
Il ne restait que huit minutes pour évacuer tous les blessés. Le Twi'lek en était un, les deux autres personnes trouvées dans la cuisine étaient mortes mais il restait des sources de vie dans le vaisseau.

Un bruit monstrueux réssonna soudain dans le couloir, parvenant jusqu'au Sergent Atraïde et à Drig. Et “monstrueux” était bien le mot. Distrait, ayant peur de manquer l'action, Drig tourna la tête un instant pour essayer de voir, mais les soldats formaient de son point de vue une barrière cachant leur cible. L'ordre fut donné de tirer, les soldats se déplaçaient par petits pas, essayant de se protéger d'une grosse menace. Une grosse bestiole les attaquaient et Drig n'arrivait pas à bien voir de quoi il s'agissait, et il fut rappelé à sa tâche de toute façon : il fallait continuer à porter le Twi'lek sur encore plusieurs mètres.

N'ayant pas envie de tout louper, Drig pressa le pas, essayant de vite se débarrasser de ce fardeau. Dès que l'extraction du blessé fut possible, Drig le lâcha comme un gros sac, et s'empressa de revenir en arrière pour se rapprocher du combat, mais arriva justement au moment où les tirs s'éteignaient. Et mince ! Il ferma un poing et tapa du pied sur le sol, frustré, contrarié. Il n'avait pas vu ce qui avait frappé si violemment la Sergente O'nell au point de l'envoyer voltiger sur plusieurs mètres. Fayes venait déjà de hurler au Docteur de rappliquer. Drig contourna O'nell et Fayes et vint interroger Kan :

DRIG – J'ai loupé quoi ?

Kan était trop perplexe pour relever encore une fois la marque d'immaturité de Drig. Les yeux dans le vide, le Farghul balbutia :

KAN – Je sais pas... Je sais pas ce que c'était...
DRIG – Mais ça ressemblait à quoi ? Vous l'avez zigouillé ?
KAN – Non, ça a eu le temps de reculer dans le couloir...

Là où tout le monde râlerait de ne pas être débarrassé de ce danger, Drig fut presque soulagé de se dire qu'il avait encore une chance de pouvoir tirer par lui-même dessus.

DRIG – Et alors, ça ressemblait à quoi ? C'est ça qui a blessé le Twi'lek ?
KAN – Je sais pas... Peut-être...

Kan redressa les oreilles et releva le regard, et s'adressa à tous ses compagnons d'armes :

KAN – Quoi que soit ce monstre, ça ne ressemble à rien de connu. Je serais pas étonné qu'on trouve dans ce vaisseau une sorte de laboratoire où des scientifiques auraient créé des monstres.
DRIG – Des monstres ?
KAN – Rien dans la nature ne possède d'aussi longs tentacules avec des griffes au bout et de la cuirasse dessus.

Des tentacules cuirassés et griffus ? En effet, ça semblait complètement fantaisiste. Mais tout le monde semblait bien avoir vu ça, ce n'était pas une affabulation de Kan. Des gens auraient donc été attaqués par un monstre qu'ils avaient eux-mêmes créé ?
Et quel rapport avec l'assaut des pirates et la prise d'otages à Murkhana City ?
Balian Atraïde
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Le Trandoshan prit notre patient d’un côté, moi de l’autre. Nous soulevâmes le Twi-Lek, l’obligeant à se mettre sur ses pieds. Il était au bord de l'inconscience, mais il fallait faire vite. Un peu d’aide de sa part ne serait pas de trop. Aussi, avec douceur je lui soufflais :

- Courage…on va vous évacuer. Restez avec moi…

Drig m’était d’un grand secours, sans quoi j’aurai eu toutes les peines du monde à trainer notre « fardeau ». Et comme je n’avais aucune envie de « croiser » la bestiole qui avait pu causer de telles plaies, j’accélérai le pas, me callant sur la marche du Trandoshan. Il y avait sans doute d’autres personnes à secourir ? Nous n’avions pas fouillé la totalité du vaisseau après tout ? Cela dit la présence d’un monstre potentiel compromettait sérieusement la chose. Mais mon serment de médecin m’interdisait d’abandonner la moindre parcelle de vie, du moins pas avant d’avoir tout tenter pour la sauver.

Nous progressions dans un couloir dont l’atmosphère lugubre me faisait presque froid dans le dos. O’nell ouvrait la marche avec ses hommes avec une certaine avance pour nous dégager un passage. Un petit groupe fermait la marche pour couvrir notre retraite, et au milieu, il y avait…nous. Les jeux d’ombres et de lumières projetés sur les murs de la coque du vaisseau étaient une porte ouverte à l’imaginaire que le danger de la situation avait tendance à déformer en de sombres cauchemars. Les grincements et les bruits du vaisseau à l’agonie n’arrangeaient rien, et accentuaient l’ambiance stressante.

Soudain…je me figeai…un danger approchait…je le sentais, comme…une intuition. Un raffut de tous les diables nous parvint. Quelque chose approchait…quelque chose de gros. Et O’nell avait engagé les hostilités si j’en croyais les rafales crachées par les armes. Au milieu des détonations, j’entendais des borborygmes ineptes et des hurlements à réveiller un mort. Puis ce fut le silence… Et en son sein un cri s’éleva…Une clameur que je redoutais tant, et pourtant j’y étais habitué pour l’avoir tant de fois entendue sur les champs de batailles :

“- Homme à terre ! Homme à terre ! O’nell est touchée !”

Le sergent O’nell était blessée ! A peine débarrassés de notre patient twi-lek, confié à de bons soins, que je vis mon Trandoshan foncer tête baissée en direction du grabuge. Attrapant mon équipement je lui emboitais le pas. Il était surprenant de voir comme on pouvait courir vite lorsque la vie d’autrui était menacée, et que votre rôle était de préserver cette vie…précieuse…et délicate. Un autre appel plus pressant se porta à mes oreilles alors que, venant de bifurquer, le groupe d’O’nell apparu dans mon champ de vision. C’était le sous-caporal Mered Fayes qui m’appelait :

“- Docteur ! DOCTEUR ! Ici !”

Drig était déjà sur place, visiblement contrarié d’avoir manqué « la fête » à en juger par son coup de pied rageur au sol. Mais je n’y pris pas garde et me précipitais vers Judith O’nell, je m’agenouillais et entrepris de comprendre ce qui avait pu se passer. Au moins elle avait les yeux ouverts et elle semblait comprendre ce qui se passait autour d’elle.

- Que s’est-il passé, demandai-je au sous-caporal, tout en débutant un examen initial rapide de l’état d’O’nell.

Je devais évaluer la gravité de son état, mes gestes étaient rapides et précis, de l’hémodynamique, en passant par l’état de ses fonctions respiratoires, sans oublier l’aspect neurologique. J’essayais de déterminer la présence de traumatismes visibles, de fractures, d’hémorragie.

- Judith…avez-vous mal à un endroit bien précis ? Etes-vous en mesure de bouger vos bras ou vos jambes ?

Je cherchais une stratégie dans l'optique du maintien des fonctions vitales du sergent, et d’apporter une meilleure réponse médicale.

La conversation entre Drig et l'autre soldat me laissait perplexe. Je relevais la tête et signalais d'une voix autoritaire:

- Reprenez-vous soldat. Peu importe ce que c'est. Et on se fout pas mal de savoir si c'est naturel ou le fruit d'une expérience génétique. Ce que je veux ce sont des détails tangibles et exploitables. Vos tirs l'ont-il blessée? Si cette chose est vivante, elle peut aussi mourir. Pour l'heure il faut conditionner le sergent O'nell et l'évacuer! Et poursuivre la mission!

Zerath Ular'Iim
Zerath Ular'Iim
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Judith se sent curieuse; elle observe Balian, qui vient d’arriver à son côté puis se remet debout sans difficultés apparentes.

- Je...Je vais bien - je crois. Juste la tête qui tourne et...(elle montre le haut gauche de son abdomen) mal ici. La bête a fait irruption subitement et a frappé une caisse, qui m’a heurtée en plein ventre. L’armure a encaissé...Probablement une côte cassée...

Elle contrôle les minuteurs qu’elle a réglés.

- Il ne nous reste que six minutes avant évacuation. En avançant avec les blessés, le point d’extraction serait atteint en trois minutes...Il reste trois sources à contrôler...Enfin, deux, si on compte un des sources comme étant le monstre...

La femme montre à Balian la carte reconstituée que l’Eclipse envoie régulièrement à ses hommes. L’image est une représentation bi-dimensionnelle vue de haut des couloirs où ils se trouvent, en lignes bleues et grises.


- Ce point vert, indique-t-elle de son doigt, c’est nous. Son doigt se porte ensuite sur deux autres points, rouges ceux là, plus éloignés. Ceux-là, ce sont les sources de chaleur à secourir. Le problème c’est comment les atteindre en un temps aussi restreint...

Ils n’ont pas beaucoup de temps. Une poignée de minutes à peine, c’est dire! Judith avise. Ils ont le nombre, il faut l’utiliser.


- Docteur, la moitié de mes hommes va aider les vôtres à ramener les blessés qu’on a déjà au point d’extraction. Les deux autres moitiés - vous et moi compris, on va secourir ceux qui sont encore coincés.

La voix du Commander tonne, profonde et grave, dans les communications.

- Le sillage de notre invité intempestif a entraîné des ouvertures dans les murs. La bête s’est réfugiée dans une pièce étroite - pour lécher ses plaies nul doute. Sa position est marquée par un point violet sur votre carte. En cas de mouvement nous vous en informerons. Voici des itinéraires, au plus court, suggérés pour atteindre au plus vite les blessés restants.

Sur la carte apparaissent les informations supplémentaires, dont une ligne en pointillés, menant de la position des militaires droit vers leurs cibles. Elle adresse un regard au docteur, puis au reste de son équipe. D’un geste silencieux, ses hommes se dispersent, on s’élance dans les couloirs. Judith n’a pas dit toute la vérité au bon docteur. Elle connaît la douleur d’une côte cassée et sait pertinemment qu’elle souffre d’un mal autre. Elle sait cependant que, peu importe ce que c’est, elle peut encore marcher et parler: cela pourra bien attendre quelques minutes de plus, une fois de retour à l’Eclipse.

On traverse au pas de course les couloirs. Pas le temps pour des pauses, pas le temps pour le trot: il faut agir au plus vite, chaque minute pourrait faire la différence entre le succès ou l’échec. L’équipe traverse de longs couloirs, qui se succèdent à des murs démolis par le passage de l’abomination. On traverse des appartements inoccupés au sol couvert de précieuse moquette, des corridors aux néons violets de boîte de nuit. On y trouve des corps, mais glacés par la mort; Judith est si confiante envers les données du Commander qu’elle n’offre qu’un regard compatissant à chaque cadavre qu’elle croise. Elle n’est pas là pour offrir une sépulture aux morts - tels sont les ordres de l’Ular’Iim.
Un regard attentif, pourtant, peut trahir aux yeux d’un initié un détail troublant; ce genre de petit affect qui échappe à ceux qui ont vécu dans la République ou dans l’Empire et qu’ils jugeraient banal, une petite marque curieuse, une tradition anecdotique tout au plus. Les cadavres qui portent des armes sont également tous flanqués - que ce soit à la cheville, au poignet, au visage - de tatouages; ces typiques tatouages, qu’affectionnent ceux des cartels Hutts...

L’équipe arrive - enfin - face à une porte, partiellement sortie de son axe et à demi fermée. De l’autre côté, compte tenu de sa proximité, la première cible. On reprend son souffle; la course n’a pas été longue, mais elle a été intense, et chacun sait qu’il faudra en faire une certainement plus longue pour la route du retour. Il est certain que le Commander a fixé son délais précis pour récupérer ses troupes avant de procéder à la prochaine étape de son plan, quel qu’il soit. Judith ne sait pas s’il est du genre laxiste, mais elle n’a pas envie de le découvrir maintenant, on s’en tiendra à ses ordres et c’est tout. Elle pointe son index sur Fayes, puis vers la porte.
Le sous-caporal technicien s’avance en silence, pendant que les autres encadrent la position. On surveille avec une attention toute particulière la bête, qui n’a toujours pas bougé de son repaire isolé, mais l’on couvre aussi le technicien: on ne sait pas ce qui pourrait se cacher derrière la porte après tout.

Lui sort de son gros sac à dos militaire une torche à plasma portative. Une flamme bleue, parfaitement ronde s’en échappe. Il applique son outil à la porte, l’acier commence à crépiter d’étincelles, qui viennent rebondir sur les murs. Judith sait que cette opération, cependant, peut prendre un certain temps. Elle se tourne vers Drig et Balian et entame dans un chuchotement - craignant d’attirer la bête par trop de bruit:


- Si on veut être dans les temps, faut se séparer encore. J’vous donne cinq hommes, docteur. L’autre cible est pas loin. Vous vous sentez d’y aller?

Elle pointe de l’index cinq de ses subordonnés successivement, qui abandonnent leur position pour aller flanquer Balian. Quatre minutes avant extraction.
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