Karm Torr
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M’sieur ! Euh. Chevalier. Euh. Karm. Euh…
Karm, ça ira, dit Karm qui, justement, s’appelait Karm.

La Padawane parut mi-terrifiée, mi-soulagée, à la perspective de parler avec tant de familiarité avec un Chevalier Jedi. Mais Karm était différent. Plus accessible. À cet égard, il ressemblait un peu à ces vieux Maîtres débonnaires qui, passés les quatre-vingt ans, avaient un rapport plus décontracté au protocole et laissaient les jeunes générations prendre quelques libertés, dans les salles de classe.

Mais comment on sait ? Je veux dire, comment on sait que l’autre, il va faire ce qu’il va faire et qu’on risque pas de le charcuter avec notre sabre ?

Un murmure ému se répandit dans la salle de classe, alors que chacun y allait de sa petite histoire légendaire sur tel Jedi qui avait malencontreusement amputé tel autre, lors d’un combat contre des ennemis sans cesse plus effrayants.

Hey, les jeunes, c’est pas un feu de camp, on se concentre, lança Karm d’un ton qui tenait plus de l’observation amusée que de la réprimande.

Petit à petit, il commençait à se sentir à l’aise, dans ces exercices pédagogiques. Depuis quelques mois, il donnait de plus en plus de cours, quand il était présent au Temple d’Ondéron. Sur l’exploration, de temps en temps, mais principalement sur le combat au sabre, qui restait sa première spécialité. Ce jour-là, il avait expliqué aux Padawans de quatorze et quinze ans quelques aspects du combat à deux.

Pour la plupart, c’était quelque chose qu’ils avaient déjà exploré sur le terrain, en compagnie de leur Maître, la guerre fournissant hélas trop d’occasions de ce genre, mais il y en avait quand même un bon nombre qui marchaient dans les pas de Consulaires et pour qui ces situations étaient plus rares. Dans tous les cas, mieux valait étudier ces questions à fond.

Ben déjà, un premier élément de réponse, c’est le cours que vous êtes en train de recevoir. Les Formes sont théorisées, les mouvements aussi. Vous faites des katas. Et les katas que vous faites, les Formes que vous apprenez, les entraînements que vous suivez, tous les autres Jedis les suivent. Dans une large mesure, vous parlez la même langue, tu vois ? Vous savez comment les gestes s’enchaînent. Comme si vous aviez appris à danser ensemble.
Mais ça nous rend prévisible, du coup, non, intervint un autre Padawan, non sans lever poliment le tentacule ?
Ouais, dans un certaine mesure. Le combat au sabre, à cet égard, c’est un peu comme les échecs. Y a une série de coups permis restreinte, puis une série de coups habituels encore plus restreintes. Des situations récurrents, par conséquent. Des parties typiques et célèbres qu’on peut étudier. Mais in fine, chaque partie est différente.

Bien sûr, il y avait l’approche de la surprise, et c’était précisément son style de combat à lui, mais c’était là un domaine encore trop avancé pour des Jedis de leur âge. Si Karm était convaincu de l’efficacité de sa méthode au sabre, il avait bien conscience qu’elle ne lui était accessible que parce qu’il avait suivi un entraînement très long et particulièrement intensif. Elle ne convenait pas à tout le monde. C’était ce qu’il avait pu mieux comprendre en enseignant.

Ensuite, plus vous êtes avec quelqu’un, plus vous le sentez intuitivement à travers la Force. Au bout d’un moment, ce qui passe dans votre esprit, c’est pas seulement vos pensées et vos décisions, mais aussi les pensées et les décisions de l’autre.
Comme de la télépathie ?
Disons plutôt comme des intuitions. Une sorte de symbiose.

Le terme était peut-être un peu fort pour la plupart des relations.

Bon, les terreurs, c’est la fin du cours, on se retrouve la semaine prochaine. Regardez bien les holoséquences que je vous ai passées, OK ?

Dans un brouhaha confus de « Merci Karm », les Padawans se dispersèrent alors que le jeune homme désactivait l’holoprojecteur et fourrait ses propres affaires dans son sac. Le thème de la leçon du jour résonnait avec ce qu’il s’apprêtait à faire, avec Luke. Ils s’entraînaient depuis plus d’une semaine. Sabres à la main, assis dans les salles de méditation, en silence dans l’une de leur chambre, ils prêtaient une attention redoublée à la présence de l’autre, à ses mouvements, à ses inflexions dans la Force.

C’était une intimité grisante.
Karm avait l’impression de sentir Luke constamment contre sa peau.
Depuis qu’il avait rencontré l’Hapien, ses sentiments et son désir n’avaient cessé de grandir, jour après jour, mais depuis une semaine, il avait l’impression que tout était encore beaucoup plus fort.

Il traversa à grandes enjambées le couloir, saluant quelques confrères et consœurs d’un signe de tête au passage. Bientôt, la porte de sa chambre s’ouvrait automatiquement devant lui et il découvrit que Luke était déjà là.

Salut, murmura-t-il, presque timidement.

Il laissa son sac glisser de son épaule au sol, se débarrassa de ses chaussures et puis s’approcha de son ami. Une main à sa taille, l’autre sur sa joue, l’Ark-Ni déposa un baiser sur ses lèvres. Ils avaient choisi la chambre de Karm pour leur expérience. Elle était chargée de souvenirs, plus ou moins chastes, mais tous intimes, qui devaient faciliter leur expérience. Et puis elle était à l’abri des regards.

C’était cool, dit-il, après leur baiser. Ils étaient intéressés, puis j’ai vraiment l’impression que je suis beaucoup plus clair et tout. Ça a pris le temps, mais j’y arrive.

Gardant Luke contre lui, Karm passa sa main devant l’interrupteur de la fenêtre, pour que la vitre s’éclaircisse et laisse rentrer le soleil d’Ondéron. C’était une chaleur agréable et confortable. Et puis sa main vint se placer comme l’autre à la taille de Luke.

Du coup, euh… on essaie ? ‘Fin… Si tu veux toujours… C’est ton esprit, t’as le droit de… ‘Fin, tu sais, quoi. On est pas obligés. Je comprendrais si finalement, t’étais plus trop partant.
Luke Kayan
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[HJ: post fait de mémoire sur word, je n'avais pas le net. Si quelque chose ne colle pas ou ne te plais pas, dit-le moi. I love you ]

- Dans ce cas, une référence à l’article B139, 3ème paragraphe devrait momentanément vous permettre de contourner la difficulté. En vertu des droits qui vous sont conférés, de part la citation de cet article, vous aurez au moins le droit à une révision de dossiers dits non-sensibles que l’individu ou l’établissement devra vous remettre. Ne sous-estimez pas la valeur de simples documents. Ils sont ceux que l’on protège le moins, ceux que l’on remplit le plus généreusement avec des données, basiques mais non moins intéressantes, et puis ça constitue toujours une piste de départ. Souvent, on ne peut espérer guère mieux.
Pourquoi s’en cacher, dû à ses grandes capacités intellectuelles aussi bien qu’à ses pauvres dons pédagogiques, Luke s’était « spécialisé » dans le tutorat. Il avait sous son aile, l’élite des Padawans Consulaires, pas au sens propre du terme ceci dit. Perclus de difficultés et lacunes amassées au fil des ans, ces élèves arrivés tardivement dans l’Ordre ou repentis après une adolescence chaotique étaient des travailleurs forcenés. Mari’Ska,Togruta fine au visage poupin- si l’on omettait ses dents pointues- avait été la terreur personnifiée des enseignants. Impolie, bruyante, tricheuse, jusqu’au jour où elle avait eu une révélation. Lors d’une conférence jugée ennuyeuse, la jeune femme s’était surprise à relever sa tête lourdement avachie sur son poignet, lui-même relié à un coude nonchalamment appuyé sur sa table. Elle avait avalé son chewing-gum, sciée par la prestance de ce vieux politicien retraité. Les yeux pétillants, il avait continué son exposition. Le récit de sa vie n’était pas de tout repos, conté par lui, elle semblait même épique, le duel de fonctionnaires devenait un passionnant combat de guerriers où les mots devenaient de fines lames. Elle avait trouvé sa voie, la plus inattendue : celle de Consulaire. Depuis, la Togruta était une des plus acharnées élèves de Luke, elle essayait -parfois sans succès- d’améliorer son langage des rues, empiré par des années de mauvaise conduite volontaire. Le jeune Jedi devait se forcer à éviter de sourire à certaines de ses expressions. Avant elles lui auraient tiré un soupir dédaigneux ou un agacement contrôlé, aujourd’hui, elles lui rappelaient Karm.

Aux côtés de Mari’Ska, Rúben, un adolescent humain à la carrure démesurée suait sur son cas pratique. Il se débattait pour contrer les arguments du fonctionnaire de police entêté qui ralentissait son enquête. Issu d’un monde frontalier de la République il avait été tardivement repéré, sans compter ses parents qui avaient longtemps refusé qu’il soit admis au sein de l’Ordre. À force de supplications, le blond était parvenu à les convaincre, mais il avait beaucoup de retard à combler. Ayant enfin découvert sa voie, il ne souhaitait plus perdre un instant. Sur le fond, c’était des élèves difficiles parce qu’ils accumulaient énormément de problèmes, surtout Mari’Ska qui peinait dans des matières basiques. Sur la forme néanmoins, au grand bonheur de Luke, ils représentaient le rêve de tout enseignant. Le défi des connaissances n’effrayant guère le jeune Jedi, il passait du temps à préparer de longs documents, riches en information, en détails et astuces que ses étudiants s’empressaient de boire. Résultat, ils arrivaient petit à petit à atteindre le niveau de leurs camarades, parvenant parfois même à les battre, avançant des idées plus originales, osées, jouant avec un livre de lois presque appris par cœur. Avec le blond, c’était une condition -presque-obligatoire pour entrer dans ses séances de tutorat : être prêt à avaler le code pénal entier, comme lui l’avait fait, ne jouissant pas toujours d’une version en braille à portée de doigts.
- Résolvez votre cas pour le prochain cours, n’hésitez pas à vous aider des archives afin de trouver des cas semblables, mais s’il vous plaît, évitez Holonet. Nous versons dans des subtilités bien trop profondes pour espérer trouver quoique ce soit d’intéressant et de juste sur la toile.
Le Chevalier avait beau reconnaître les qualités d’Holonet, il rechignait à valoriser ses pages. Un peu antique sur les bords -de part son propre caractère sans doute réhaussée par son éducation avec un vieil homme.- le jeune Jedi préférait les archives, certes fastidieuses, mais soigneusement rédigés par des maîtres en la matière.
Il rangea ses affaires dans un cartable en cuir ironiquement très semblable à celui des professeurs universitaires avant de se diriger vers les dortoirs, non sans un léger soupir. Le blond avait parfois l’impression de se perdre. Il s’éparpillait trop entre les classes basiques -qu’un professeur débordé lui avait supplié de ne pas abandonner au profit de ses recherches.- ces tutorats heureusement peu nombreux, l’apprentissage d’Eckthor et ses propres travaux d’investigation. S’il esquissait de petits pas dans tous ces domaines, y compris celui des duels, le jeune homme ne notait aucune amélioration significative dans l’un d’eux. Valait-il mieux maîtriser un peu de tout ou verser dans un seul secteur parfaitement apprivoisé ? Malgré lui, les paroles de Ses’Kai Mora résonnaient encore dans son esprit. Chacun sa place. Quelle était la sienne ?
Heureusement, il allait retrouver Karm. Ses doigts se tendirent un peu sur la lanière de son sac qui pouvait aussi être porté en bandoulière. Leur rendez-vous était particulier, et si décidé soit-il, le jeune Consulaire appréhendait ce moment. Il força le pas pour se donner du courage et ne pas avoir trop le temps de réfléchir aux conséquences de l’acte qu’ils s’apprêtaient à commettre.
Tout premier qu’il fut à rentrer dans la chambre de Karm, leur abri, ce dernier ne tarda pas beaucoup, ainsi, la pression n’eut pas trop le temps de monter. Son ami l’embrassa, enserrant sa taille, il répondit, momentanément soulagé par ce contact doux. Le Gardien l’aimait trop pour l’abandonner, même après avoir visité son esprit. Le seul problème était que Luke avait si soigneusement barricadé son cerveau, involontairement soutenu par son handicap qui avait empiré la chose, que lui-même ne savait pas vraiment ce qu’ils y trouveraient. De la colère ? Ce n’était pas son genre, mais qui savait au fond de l’âme blessée d’un enfant littéralement torturé ? Et s’il montrait trop de sentiments vis-à-vis d’un passé pas si noir que ça comparé à celui de Karm ? Est-ce que cela faisait de lui une personne lâche, tourné vers ses propres souffrances et aimant se vautrer dans ses peines ?

- Bonjour. C'est très bien. Je te félicite ! Je savais que tu finirais par y arriver.. Avec son style bien particulier, Karm parvenait à toucher un public de plus en plus garni.

- Tout'' comme je savais que mes observations ne pouvaient pas être uniquement subjectives. Tu t'expliques de mieux en mieux et on ne s'ennuie pas pendant tes cours. Même lui avait réussi à perdre un peu de son appréhension face au sabre. Une excellente référence quant aux capacités de son aîné.

Le Chevalier était fier de son ami, de sa timidité qui reculait toujours plus et de ses succès. Un sourire décontracté anima ses lèvres, évoquant tout le plaisir qu'il éprouvait devant la réussite de Karm. Il redevient un peu plus sérieux puis s'afadit légèrement lorsque le thème principal réapparut.

- Non. C’était prévu et je suis toujours décidé. commença-t-il de la voix trop ferme d’une personne qui veut absolument se convaincre du bien fondé de son action.- Je suis prêt Soudain le ton avait baissé, devenant un filet peu assuré quoique vaillant. Malgré son air inquiet, ses épaules qui tremblaient légèrement et sa lanière de cuir toujours lacérée par des doigts rougis par l’effort, il avait peu de fois été aussi décidé de quelque chose.
***
Le début du « rituel » fut facile. Enlacer leurs esprits, s’accrocher à cette présence aimer, y enlacer son aura tel un lierre étrangement respectueux qui se refusait à étouffer l’arbre originel. S’y couler et s’y fondre. L’exercice qu’ils avaient si souvent- aussi bien volontairement qu’inconsciemment- pratiqué se déroulait avec une fluidité déconcertante. À leur union spirituelle se mêlait des effluves, des souvenirs de leurs moments passés en ce lieu. Doux fantômes dérangés dans leur sommeil par la Force que les Jedis faisaient danser, à tel point que dans un zeste de lucidité Luke se demanda si personne ne s’apercevrait de leur manège au-delà des murs. Car sans égaler la puissance des plus légendaires, ils atteignaient un haut niveau de concentration de pouvoirs, renforcés par cette union si fusionnelle que leur aura semblait donner naissance à une troisième, unique. Comme s’il n’y avait qu’un Jedi dans la pièce, un seul pratiquant un bien étrange rituel, intime. Mais dans un Temple où chacun voyait au-delà du corps de ses interlocuteurs, l’intimité existait-elle réellement ?
La pensée le dépassa, se dilua puis mourut, trop triviale pour ce qu’ils étaient en train de faire. Luke ouvrit la porte de son esprit, laquelle donnait sur une étrange image. Oui une image, un peu défigurée, aux couleurs déplacées et aux teintes déphasées, certes. Si l’adulte avait oublié les couleurs et que son cerveau avait aussi commencé le processus, le second gardait tout de même encore de vieux fragments, ceux que l’enfant avaient vu et qui s’étendaient désormais devant Karm. Un gamin de 6 ans mal en point, le regard triste mais vivant le contemplait avec curiosité. N’ayant jamais eu de visuel du jeune homme, le petit Luke observait une silhouette aux proportions exactes mais sans teinte, le Chevalier était devenu une ombre noire aux contours définis avec justesse parce que l’adulte les connaissaient. Sans avoir l’air effrayé par l’ombre, le gosse se dirigea justement vers elle, rassurée de sa présence. Il sourit avec timidité, fronçant les sourcils comme s’il voulait vraiment découvrir les couleurs de ce visage, la forme de son nez et la teinte de ces cheveux qui lui paraissaient bien doux. En revanche, il recula lorsqu’une femme ouvrit la porte de la cuisine. Atterré, il resta statique, face à elle, sans chercher à se défendre. Fataliste quant à la râclée qui l’attendait.

C’est vrai que cette nuit, il avait encore fait pipi au lit. À 6 ans. Un vrai attardé.

- Résits'pas. Plus facile. Moins mal

Confia le gamin à Karm. Il parlait mal, s'exprimait difficilement, paradoxal lorsqu'on connaissait l'adulte et ses tournures de phrases soignées. Sa crinière blonde était propre par miracle, mais emmêlée, il portait de très vieux habits, parce que sa mère jugeait que tant qu'il se montrerait têtu, attardé volontaire, il ne méritait pas d'être vêtu comme une personne. Maigre à faire peur et le visage souillé de griffures ou de marques rouges, l'enfant attendait sa punition. Karm pouvait sentir en lui monter une sensation dévorante à laquelle le petit semblait presque indifférent: la faim. Sans doute craignait-il plus de mal demander à manger à sa mère que cette sensation. Au moins, il avait le contrôle lorsqu'il ne lui quémandait rien, lui refusant ce "droit" de se déchaîner sur ses fautes d'intonations ou de grammaire. [/justify]
Karm Torr
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Fidèle à sa technique, Karm s’était d’abord concentré sur le corps de Luke. Son visage. Sa respiration. Il l’avait observé et écouté, avant de fermer petit à petit les yeux, pour se laisser gagner par les sensations que ce corps-là éveillait en lui, par sa présence dans la Force. Ce n’était pas fondamentalement différent, en un sens, de la manière dont les guérisseurs jedis se concentraient sur la présence physique du patient, pour mieux en sentir les mécaniques invisibles.


Très vite, ses perceptions s’étaient faites plus précises. Il avait senti l’air passer entre les lèvres de Luke, dans ses poumons, l’oxygène dans son sang, le sang dans le cerveau, dans tous les organes du corps. La chaleur sur sa peau. Les battements du cœur. Ses pensées investissaient le corps de Luke, comme lorsqu’ils faisaient l’amour. Et puis Karm commença à vivre au rythme de l’Hapien. Sa présence se fondait dans celle de son amant.


De seconde en seconde, la transe se faisait plus profonde. Il remontait des réflexes de Luke aux décisions qui bougeaient son corps, de ses décisions à ses intuitions, de ses intuitions à ses pensées et de ses pensées à ses souvenirs. C’était un exercice méditatif particulièrement ardu, qu’il aurait été incapable de réaliser, quelques années plus tôt, et qu’il n’aurait pu probablement reproduire avec qui que ce soit d’autre, mais sa connaissance de la Force s’était approfondie au fil des ans, et celle qu’il avait de Luke Kayan était intime au dernier degré.


Enfin — mais après combien de temps ? — il sentit l’esprit de Luke s’ouvrir pour de bon, se laisser envahir et remplir par sa présence à lui et s’offrir, avec une timidité mêlée d’impatience. Un frisson d’excitation parcourut l’échine de Karm quand il se sentit pénétrer dans l’âme de Luke. Ils étaient liés — ils étaient liés pour toujours, par la plus grande marque de confiance qu’on le puisse donner.


Les souvenirs de Luke apparaissaient. Bien sûr, ce n’était pas exactement ses souvenirs, mais plutôt la forme qu’ils donnaient à ses angoisses et à ses peurs. C’était le réservoir de métaphores toutes disponibles, ancrées dans le pensée, que l’inconscient de son ami offrait à son visiteur, pour lui dire un peu des vérités qu’il renfermait. Karm s’accroupit en face du gamin.


Son aspect, hélas, ne le surprenait guère. Luke ne s’était jamais beaucoup étendu sur son passé, mais il en avait assez dit pour que Karm s’en soit fait une idée. Pas grand-chose de joyeux à y trouver, l’Ark-Ni le savait avant de s’engager dans cet exercice difficile. Il s’y était préparé. La présence de la mère était une ombre menaçante dont le jeune homme comprenait sans peine qu’elle hantait Luke bien au-delà de ses seuls souvenirs.


C’est vrai, murmura Karm, alors que la distance entre eux et la portée d’entrée, où se tenait la mère, se distendait démesurément. Mais désormais, c’est différent. Désormais, je suis là.


Petit à petit, la silhouette sans contenu du Chevalier Jedi se précisait, à mesure que Karm nourrissait les impressions de Luke de ses propres sensations. Lui, il savait à quoi il ressemblait. Face à l’enfant, les cheveux se dessinaient petit à petit, argentés et batailleurs, et puis les traits du visage, fins et délicats, les yeux turquoises où la lumière se réfléchissait, le sourire tranquille, la tenue, avec le t-shirt qui dessinait les muscles, le pantalon à poches, les pieds nus.


C’était la première fois que Luke voyait Karm. La seule fois, peut-être, où il le ferait jamais, et Karm avait longtemps médité, durant la semaine écoulée, sur l’opportunité de cette démonstration. Et si Luke le trouvait déplaisant ? Ou, pire, tout simplement étranger ? Mais il en était arrivé à la conclusion qu’il s’ancrerait ainsi dans les souvenirs les plus profonds de son ami, ceux qui avaient encore leurs couleurs, et que là, à la racine du mal, il leur conférerait un peu de la force de leur présent.


Tu as plus de force à l’intérieur de toi que ceux qui sont violents en auront jamais. Et ensemble, on a plus de force que ceux qui sont violents ne peuvent l’imaginer.


Karm tendit la main pour prendre celle du petit Luke, avant de se redresser et se tourner vers la porte. Il leva sa main libre et laissa la Force s’exprimer. Leur union recomposa librement un autre décor et une autre scène, effilochant les souvenirs du passé lointain, rendus caduques par sa détermination, pour tisser un nouveau spectacle. À côté de lui, Luke grandissait. Adulte. Presque. Peut-être encore un peu adolescent. La main toujours dans la sienne.


C’était une chambre. Quelque part. Sur Coruscant ? Et en face d’eux, un jeune homme. Karm plissa les yeux, en tentant de deviner ce dont il était question. Et puis il murmura :


… Jason ?
Luke Kayan
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L'ombre perdit de sa consistance, vexée mais impuissante face à sa propre perte d'influence. Luke ne la regardait plus, fasciné par la coloration des traits de Karm. Il était tombé assis, offrant la scène parodique d'une de ces photos de gamins adorables de magazine, les jambes écartées, les bras tendus posés entre elles et le visage légèrement incliné sur le côté. Parodique parce que son aspect général imbibait son adorable mimique d'une touche glauque vu son état. Pourtant capable de passer outre, il observait avec attention la transformation de son ami, tandis qu'un improbable sourire se logeait sur ses lèvres. Il s'était relevé -quoiqu'avec difficultés- pour rejoindre l'homme presque entièrement dessiné. D'un doigt, Luke pointa les yeux turquoises.

- Fluorescent!- S'exclama-t-il, le regard rond d'avoir prononcé un mot jamais appris auparavant. Il l'avait sans doute pioché dans le subconscient de l'adulte qui avait entendu Karm le lui dire.- - Hahaha, pas discret c'est vrai. Mais joli!- Sa voix rendue rauque par manque d'utilisation s'était légèrement éclaircie, il esquissa un sourire tout heureux avant de continuer de brosser l'étrange portrait. À son attitude, encore particulièrement vivante à cette époque, souvent interloquée mais toujours joyeuse, on comprenait qu'il prenait du plaisir à cette découverte, bizarre mais plaisante. Des cheveux argentés? Y avait-il beaucoup de gens qui en possédaient? N'étant guère sorti pendant sa prime jeunesse, Luke ne disposait pas de cette information, Il se rappelait vaguement que la mère de sa propre mère avait de rares boucles grises, mais la femme avait vite été écartée de sa vie. Le docteur aussi les portaient argentés, mais sans l'éclat ni l'épaisseur de la crinière de l'Ark-Ni. C'était beaucoup plus joli sur son ami.- - Tes vêtements, trop p'tits.

- S'amusa le gosse en passant un doigt sur l'échancrure du tee-shirt. Impossible de deviner si la remarque émanait d'un innocent bambin ou du Luke adulte dont certaines sensations et souvenirs transperçaient la scène. Si le Jedi n'avait pas été présent, son ancien "lui" ne se serait certainement pas approché de la sorte de l'Ark-Ni. Il aurait plutôt fui se terrer dans un coin. Quoiqu'il en soit, il ne semblait rien reprocher à son camarade, sinon le taquiner. Et apprécier. En partie parce que Karm avait réellement des traits agréables, doux, harmonieux, qui inspiraient confiance, mais aussi parce qu'ils représentaient de très nombreux souvenirs agréables dans l'esprit de l'adulte. S'il conservait un mimimum le sens des couleurs au sortir de leur expérience, le bleu deviendrait sans doute une de ses teintes favorites.

- J'aime bien!

- Décida le petit Luke en applaudissant. Définitivement, un peu d'essence de son "lui" actuel coulait dans ses veines. À cet âge il n'était pas aussi éveillé, loin de là. Le mélange des deux ne fut cependant pas suffisant pour qu'il comprenne l'entièreté des propos de Karm, une déclaration qu'il devina encourageante, belle et chaude sans en deviner l'exacte signification. À moins qu'il peine à y croire? La tête légèrement inclinée de l'autre côté cette fois, il se saisit de la main tendue, haussa les épaules et sourit légèrement. Lui fort? Si Karm voulait y le penser, il essayerait d'y croire aussi, mais plus tard.-

Si communiquer avec un Luke tout juste adulte, formé et éloquent était plus simple, la vision s'était considérablement réduite. Karm savait que les meubles étaient "là", disposés à certains endroits dans le noir le plus profond. Il ressentait, devinait ou connaissait leur emplacement, ce qui lui permettait de vaquer à sa guise dans une chambre dont les proportions étaient presque parfaitement contrôlées. En revanche, tout était sur fond sombre comme une de ces nuits profondes où la lune paresseuse oubliait de se lever. Jason était "là" dans une position peut-être assise, sac vide de couleur, dont les contours se devinaient comme les meubles. Plus grand que Karm sans être un géant, le trentenaire était toutefois moins musclé, plus "mou".

- Je crois qu'il m'a dit qu'il était blond, avec des yeux bleus.

Expliqua le Hapien d'un ton morne, signe qu'il était désormais incapable de donner un sens aux couleurs énnoncées.

- Et beau? Oui beau.- Jason avait sans doute raison puisqu'il était de sa race, mais ce n'était pas la modestie qui le dévorait. La main plongée dans celle de Karm se resserra et le Jedi porta un doigt à ses lèvres. On lui avait enseigné la signification de ce geste pour autrui, pratique en mission. Chut. Attends et observe.

Un autre Luke du même âge apparut avec un sac en bandoulière, il était nerveux et jouait clairement pour qui le connaissait bien. Pas Jason apparemment, Charmeur, ce dernier s'approchait -du moins les pas, le parfum qui le représentaient.- de son petit ami récemment adoubé chevalier. Le plus jeune dont le physique était clairement dessiné -puisque Karm le connaissait.- semblait accepter le geste de tendresse, mais à contrecoeurs. Il avait laissé l'ambassadeur lui offrir un baiser puis partir dans une autre salle. Au bruit de l'eau qui tombait sur les dalles, il était parti se doucher avant de peut-être faire l'amour puis dormir.

Sans se préoccuper de la présence de celui qui l'observait et de son accompagnateur qui n'était nul autre que son propre double, le Chevalier se dirigea vers le bureau du trentenaire. Il passa ses doigts sur la surface, attrapant au passage tous les papiers qui s'accrochaient à ses paumes. Dossiers cartonnées et fiches furent raflées au passage, il les glissa dans son sac avant de partir, accélérant le pas tandis qu'une voix étonnée l'appelait.

- Je ne savais pas ce que c'était, mais il y avait des choses importantes dans ces papiers. Je l'ai trahi. Il est tombé. Parce que c'était un malfrat au final. Mais c'était aussi un homme que j'ai aimé, et je l'ai trahi. Au nom de l'Ordre.

La voix de Luke s'était brisée mais son visage demeurait impassible. Son attitude lui avait parut lâche, il aurait du se confronter à Jason. Sans regretter son geste, le Jedi se disait avec le temps qu'il aurait du s'exprimer, prévenir Jason que la police allait sans doute chuter sur sa personne, véritable éboulis de pierres mortel pour sa carrière, mais il était à ce moment, trop blessé, trop triste et oui, effrayé par les possibles représailles d'un compagnon qu'il n'avait pas vraiment connu, finalement.

L'image - ou du moins les sensations sensées en former une- se dissipèrent, le Hapien soupira, soulagée, mais en ordre totalement anachronique, un peut-être dernier souvenir s'était imposé à lui.

- Non... Tu en as déjà assez vu dans ta vie pour...

Il était enchaîné au Seigneur Noir des Siths, gamin de 13 ans, rachitique mais vaillante lumière, habits en lambeaux. Encore une fois, tout n'était que sensation, même si dans cette pièce, Karm pourrait se cogner, découvrant des meubles ou des gens dont Luke ne se souvenait pas de la disposition exacte. Il y avait des voix, des ricanements et une aura absolument terrible, froide et intransigeante qui soufflait sur sa propre bougie, sans succès. Le Hapien pleurait, sans retenue désormais, tout en continuant de murmurer "n-non, n-non" entre deux sanglots, Non son maître ne l'abandonnerait pas et il ne les trahirait pas.

Karm Torr
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Dans l’obscurité qui les entourait soudainement, Karm comprit mieux que jamais combien il devait être différent, pour Luke, de Jason. Souvent, le jeune homme s’était demandé, un peu stupidement, si l’autre, celui qui l’avait précédé, ne l’éclipsait pas. Un Hapien avec un Hapien. Un politicien brillant, à ce qu’il avait compris. Peut-être plus intelligent que lui, certainement plus cultivé, en tout cas plus charismatique. Comme la plupart des gens, Karm ne voyait que le charisme des autres, pas celui, tout personnel, qu’il possédait lui-même.


Mais dans cette chambre, avec cette ombre qui partait se doucher, il comprit que pour Luke, il devait être comme une phare, après l’ombre de Jason. Lui était auréolé de la Force, comme tous les Jedis, constamment. Quelle comparaison possible ? Du pouce, l’Ark-Ni caressait la main de son ami. Il y avait peut-être quelque chose d’égoïste à se sentir rassuré par cette comparaison dans un contexte si difficile.

Hé, Luke, c’est pas toi qui l’as trahi, clairement, souffla Karm sans hésiter.

Son aura enveloppa un peu plus son ami.

T’avais tes valeurs, des valeurs de Jedis, qui te constituaient, qui étaient très claires. Et lui, il a joué avec des masques. Si quelqu’un se rapproche de toi avec des faux-semblants et qu’au bout d’un moment, tu leur arraches leur masque, c’est pas toi qui trahis, c’est toi qui révèles la trahison.

Pour Karm, ça relevait de l’évidence. N’importe quelle relation devait être fondée sur la confiance et la confiance devait naître de l’authenticité. Les gens pouvaient se mentir sans le vouloir, parce que personne ne pouvait prétendre se connaître soi-même parfaitement et personne n’était capable de ne jamais changer. Mais il fallait accepter de se livrer, et accepter ce que l’autre amenait. Jason avait séduit un Jedi en sachant pertinemment que leurs valeurs étaient incompatibles. Il avait usé de l’ascendant de son âge et de l’inexpérience de Luke. Dans toute cette histoire, il était le seul coupable.

Soit que le jugement de Karm eût son effet, soit que le cerveau de Luke s’emballât, emporté par les émotions sans cesse plus vives qui se nourrissaient les unes les autres, le décor invisible se dissipa pour laisser place à des impressions nouvelles. Il fallut quelques secondes à Karm pour interpréter les présences qu’il sentait, mais elles ne tardèrent pas à résonner avec ses propres expériences sur les champs de bataille.

Des Siths.
L’emprisonnement de Luke.

D’autres Padawans vivaient peut-être, en ce moment précis, le même sort. D’autres Jedis, sans aucun doute. L’estomac du Chevalier se noua. Dans l’obscurité palpable, pendant une seconde, il se demanda si ses propres penchants, découverts sur Belsavis, au contact de l’artefact sith imprégné de sorcellerie, se manifesteraient à leur tour.

Mais non.
C’était la Lumière, encore, qui dominait.
Comme chez Luke.

Saï va venir te sauver. Tu te souviens ? Le plus grand des Jedis en vie.

Karm jugeait qu’il était temps de mettre fin en douceur à l’expérience. Il y avait sans doute mille et une choses à explorer dans l’esprit de Luke. Il aurait rêvé pouvoir cerner les sentiments de l’Hapien à son endroit. Vivre par sa pensée certains de leurs moments à deux. Mieux comprendre son rapport au sabre laser. Explorer ses impressions au moment des repas. Mais après trois scènes si terribles, l’expérience pouvait être dangereuse. Il fallait s’extraire en douceur.

Tu ressortiras de cette épreuve. Plus fort. Tu as triomphé de choses terribles, comme un vrai Jedi, et elles t’ont amené à moi. Vers moi. C’est pour ça qu’on est ensemble. Toi et moi. Sur Ondéron. Maintenant. Dans notre chambre.

Petit à petit, Karm émergeait de sa propre transe, pour insuffler dans l’esprit de Luke les impressions de leur environnement immédiat. Les auras sombres laissaient progressivement la place à la colonne de Lumière, au sein de la Force, que représentait tout Temple Jedi. Les meubles imperceptibles au mobilier familier.

Je suis là, murmura Karm, cette fois-ci autant par la voix que par la pensée. Et toi aussi.

Il était parvenu à rouvrir les yeux et il prenait conscience de la fatigue qui s’était abattue sur lui pendant leur expérience. Se plonger ainsi dans la Force était une activité éreintante. Il rassembla ses forces pour se relever et venir s’asseoir derrière Luke et, quand il sentit le corps de son ami s’animer à nouveau, Karm passa les bras autour de sa taille, pour l’inciter à s’adosser contre son torse, et le soutenir, dans la faiblesse qu’il devait ressentir.

Je suis là, répéta Karm, en sentant l’esprit du Consulaire se recomposer. Toujours là.
Luke Kayan
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L'adolescent continuait de fixer obstinément un point d'horizon, étroite ligne de fuite entre deux silhouettes sombres absorbées par les paroles du Seigneur Sith. En écho, ses mots résonnaient dans la pièce, rendus parfaitement compréhensibles grâce ou à cause de l'excellente mémoire auditive de Luke. Il parlait de l'attaque prévue au Temple, du piège à tendre à Saï Don.

Les lèvres du petit blond remuèrent sans qu'aucun son n'en sorte, il dut reprendre son souffle et forcer sur sa trachée, son âmes épuisées pour répondre à Karm.

- Il ne faut pas. C'est un piège.

pour autant, il avait cessé de pleurer, comme si malgré lui, l'idée que Saï, le Grand Jedi vienne le sauver parvenait à le consoler. Luke "adulte" se rappelait avoir tenté de cacher son aura, faire taire sa propre vie au nom du bien de l'Ordre. Il l'avait réussi une semaine avant de céder, et sous la pression, la peur, la faim, la souffrance, s'échapper sur un toit afin d'appeler son mentor. Il portait encore le poids de ce qu'il estimait avoir été une faiblesse guidée par l'égoïsme. En effet, si "le plus grand Jedi en vie" l'avait pensé mort, il serait resté sur Ondéron afin de protéger le Temple. Dans son immense mansuétude, le Conseil ne lui en avait jamais tenue rigueur, tandis que lui ne se le pardonnait pas.

- Notre... Chambre?

L'adolescent put seulement articuler ces quelques mots répétés à la manière d'un automate, sans tonalité ni saveur. Léger signe d'approbation mêlé à son soulagement, ses épaules minces s'affaissèrent tandis que ses muscles acceptaient de se détendre légèrement. Il tourna aussi vaguement la tête vers Karm qui l'invitait à sortir de la pièce, et plus généralement de son esprit. Il faillit l'arrêter, désirant lui montrer les beaux souvenirs qui y trottaient aussi. Combien la présence du Chevalier Turquoise l'aidait, ses ultimes avancées, lui prouver qu'il n'était pas juste un amas de blessures infectées sur d'autres cicatrices qui se complaisait dans son chagrin. Mais la force lui manqua et il se laissa guider.

Émaner de cette transe-ci lui parut encore plus difficile que celle de la veille exécutée dans l'urgence. Peut-être parce que c'était justement la seconde, ou parce qu'ils avaient fouillé plus profondément? Quoiqu'il en soit, Karm avait eu une excellente idée en se plaçant derrière le jeune Jedi car il s'effondra littéralement contre sa poitrine, incapable de contrôler ses muscles endormis, voir un peu douloureux. Plongé encore quelques secondes entre l'intérieur et l'extérieur, entre rêve et réalité, passé et présent, le Chevalier laissa échapper une sensation de gratitude et d'amour de sa mémoire. Comme si les souvenirs diffus qu'il aurait souhaité montrer à Karm s'exfiltrait en même temps que leur propriétaire se réveillait. Ils divaguèrent dans la pièce, entourant le responsable de leur existence, tiède bouffée tendre et bienfaitrice, consolatrice, qui rendait plus floue l'expérience précédente difficile. La sensation finit toutefois par devenir diffuse et disparaître. Elle avait toutefois tranquillisé le Consulaire dont les muscles tremblaient moins. Comme s'il émergeait d'un rêve plutôt agréable au final, il profita de l'endorphine qui parcourait légèrement son corps. Ce dernier, perdu entre les douleurs créés par des souvenirs violents et la douceur procurée par ceux convoqués au dernier instant mis du temps à lui répondre, incluant sa voix, affaiblie.

- C'est tout ce qui compte. Merci.

Un sourire se posa sur les lèvres du Chevalier qui cligna des paupières, d'abord mollement puis avec plus de force pour essayer de se débarrasser de la sensation d'engourdissement qui le prenait tout entier.

Étonnamment au lieu de sembler chagriné par ses anciens tourments son sourire s'agrandit, se transformant en une expression amusée. Fontaine claire, chantante quoique timide, un petit éclat de rire sortit de sa bouche.

- Nous sommes... Fous. Nous n'avons pas assez vécu. Nous ne nous entraînons pas assez, ni n'avons suffisamment d'aventures. Il faut que nous nous compliquions davantage encore.

Toujours appuyé contre Karm, le Chevalier riait avec légèreté désormais. Il chercha à attraper les mains de ce dernier pour entourer son cou avec et les joindre en un pendentif de chair sur la naissance de celui-ci. Agité par des soubresauts joyeux, le jeune homme finit par se calmer. C'est vrai que l'Explorateur et lui avaient des loisirs surprenants. Au lieu de partager un goûter, de lire, de se reposer ou de se promener, ils décidaient de visiter l'esprit de l'autre, de revivre des moments difficiles. Mais ne s'aimaient-ils pas en partie pour ça? Et si Karm avait raison au final? Luke avait un petit côté aventurier qu'il s'ignorait.

- Plus sérieusement, je suis heureux que tu ne fuis pas. Et qu'on se connaisse, bien que j'aurais aimé avoir la force de diriger ma mémoire vers quelque chose de plus positif. J'ai essayé, mais mon cerveau a gagné. J'avais pourtant de très jolis souvenirs qui te concernaient.

Les événements traumatisants étaient, de façon presque naturelle, chez tout le monde, les plus forts. Il était donc logique que sans retenue aucune, l'inconscient étranger aux mensonges vomisse les vérités les plus violentes à quiconque franchissait la barrière. Celle que chacun s'imposait au nom de la timidité, du socialement correct. Luke avait beau être déçu de ne pas s'être mieux contrôlé, il était aussi content que Karm n'ait pas fui, découvrant un quelconque problème irréparable caché au fond de sa tête, étouffé par les tissus mous de son cervelet. Au moins, maintenant, ils se connaissaient.

- Je suis quand même heureux que tu n'aies pas assisté à cette nuit-là. Celle où la mienne est tombée à jamais.

Il avait travaillé fort à cela, refusant que son ami vive la sensation horrible du sang quittant le lit de leurs veines pour frapper les organes, envahir son corps et assassiner ses yeux. L'hémorragie interne qui avait volé son regard avait signé la fin d'années de maltraitances d'une façon très violente. Ironiquement, elle s'était déclenchée la nuit de son sauvetage, ce qui adoucissait le souvenir mais pas la douleur qui l'avait secouée. Que Karm ait pu être épargné le consolait. Le fait qu'il reste à ses côtés davantage encore plus, évidemment.

- Si tu es toujours partant pour développer cette capacité d'union... Je veux bien essayer.

Fit-il en exprimant moins de réserve que la première fois. Sortir des chemins battus, d'inventer un don à deux lui semblait toujours un peu inquiétant mais il avait confiance en Karm.

Karm Torr
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Les bras de Karm s’étaient refermés autour de Luke et le jeune homme accueillit avec un certain soulagement la vague d’émotions positives qui se développait dans la Force à partir du Hapien. Il déposa un baiser dans ses cheveux blonds, heureux que les traumatismes vécus une nouvelle fois n’aient pas eu raison de l’esprit de son ami. Comme toujours, il estimait Luke beaucoup plus fort que le Consulaire ne voulait bien le laisser paraître et le croire lui-même, mais leur expérience n’avait rien d’anodin.


Pendant un moment, il resta muet, laissant son ami reprendre ses esprits et un peu de ses forces. Le rire de Luke fut accueilli avec un peu de surprise, beaucoup de tendresse, et un brin de désir. (À la décharge de Karm et afin qu’il ne passe pas pour un obsédé en toute circonstance — même si… — soulignons que Luke étant un Hapien, son rire était nécessairement sexy et que Karm était un noble esthète, sensible à toutes les beautés de la nature.)


Quand on la chance de pouvoir se plonger dans un mystère comme celui de la Force, évidemment qu’on se complique la vie, souligna le noble esthète pas du tout obsédé d’une voix douce. On aura jamais assez d’aventures sur ce terrain-là.


Si Karm acceptait volontiers que la Force renferme des secrets dont la connaissance devait leur rester dérobée tout au long de leur vie, il n’en était pas moins profondément convaincu que l’une des vertus cardinales de tout Jedi, et en vérité de tout être sensible à ses mystères, devait être la volonté inébranlable de l’explorer, même quand le danger se faisait sentir. Fort heureusement, il était trop profondément enraciné dans le Côté Lumineux lui-même pour que cette soif insatiable de connaissances et d’expériences ne l’emmène sur les mêmes chemins de perdition que Darth Noctis.


Je sais que t’as plein de souvenirs positifs, Luke, répondit Karm, pour le rassurer, même si au fond, lui aussi aurait bien aimé en être le spectateur.


Est-ce que son ami se souvenait désormais de son apparence ? Il l’avait montré à l’enfant, mais l’enfant n’était qu’une expression de l’esprit de Luke adulte. C’était sans doute sans important, pour lui. Qu’est-ce que pouvaient bien signifier ces traits qu’il ne reverrait peut-être jamais ? Et il fallait être bien futile pour s’en préoccuper. Mais Karm avait l’impression de tant découvrir en observant le visage de son compagnon, qu’il ne pouvait s’empêcher de se demander ce que le sien lui inspirait.


Pour l’instant, on va surtout se reposer, remarqua Karm, et manger un truc. Non négociable.


Pour l’heure, Karm se releva, avant d’aider Luke à en faire de même, exercice de courte durée, puisque le Hapien fut aussitôt installé sur le lit et soigneusement calé contre les oreillers. Karm était lui-même très affaibli mais il tâchait de n’en rien montrer, jugeant que d’eux deux, c’était certainement Luke qui avait traversé le moment le plus difficile. Un raisonnement discutable, dans la mesure où Luke, lui, avait eu des années pour se faire à ces souvenirs, alors que Karm venait d’y être exposé pour la toute première fois.


L’explorateur explora ses tiroirs pour en tirer deux barres énergétiques, confectionnées par les soins des cuisiniers jedis. Depuis quelques semaines, Karm était fasciné par cet artisanat tout particulier, par la sorte de méditation de Force qui accompagnait le choix des ingrédients et la préparation des repas, et par les connaissances encyclopédiques, de la botanique à la xénobiologie, qui guidaient l’action de ces Chevaliers d’un genre à part. Il avait commencé par mener sa petite enquête à cause du cas Luke Kayan, et il ne le regrettait pas.


Tiens. Ça te fera du bien. Après cette prouesse dans la Force, t’as le droit et besoin de manger.


Le droit de manger. L’expression dite comme ça, en passant, n’avait rien d’innocent. Ce qu’il avait perçu dans l’esprit de son ami confirmait pour une part les soupçons qu’il avait depuis quelques mois maintenant : que Luke avait un problème psychologique avec la nourriture, que ce problème prenait ses racines dans l’enfance et que, pour une large part, en se privant de repas, Luke ne faisait que reproduire le comportement de celle qui l’avait élevé. Il se punissait en reprenant un schéma qu’il avait intégré depuis l’enfance.


Karm s’installa sur le lit à côté de Luke et déballa sa propre barre. Après avoir mâchonné un moment, il reprit la parole.


J’pense que dans l’ensemble, c’est plutôt prometteur, pour deux expériences un peu précipitées. Entre ça, la coordination dans nos entraînements au sabre, et l’osmose quand on, euh… ‘fin… t’sais…


Un ton plus bas, Karm souffla :


… fait l’amour…


Qu’il est innocent !


… à mon avis, on peut vraiment réfléchir à un lien dans la Force plus poussé. J’propose qu’on dresse un programme d’entraînement à cet effet. Entraînement au sabre, entraînement de perception biologique, exercices télépathiques, télékinésie conjointe, perception réciproque à longue distance. Ce serait un bon début, ça bâtirait sur pas mal de choses qu’on a déjà faites.


Et faire l’amour.
Faire l’amour, ça faisait partie de leur entraînement, du coup, non ?
(Pour la bonne cause !)
Luke Kayan
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Ce fut avec une onde reconnaissante que Luke s'effondra sur le lit, sans aucune vraie dignité, un détail qui ressemblait peu au Chevalier Jedi pincé que beaucoup cotôyaient sans chercher à approfondir la relation. De fait, ces mêmes personnes se seraient certainement étonnées d'apprendre que ce rire libérateur émanait de lui. Le blond était un vrai mystère, y compris pour sa propre cerveau qui n'avait pas achevé de saisir comment son esprit fonctionnait d'ailleurs. Karm, peut-être s'en approchait davantage même s'il se trompait sur un point. Le Consulaire ne se privait pas de manger parce qu'il voulait se punir, sinon pour dérober la victoire à sa génitrice. Puisque cette dernière lui faisait essentiellement du chantage avec la nourriture -en même temps quelle autre monnaie utiliser avec un gamin de 3 à 7 ans?- il devait inconsciemment estimer que se passer d'elle retirait à Maria une partie de son autorité. En résistant à ce besoin primaire, Luke s'épargnait des demandes impossibles à réaliser automatiquement suivies d'humiliations et de sanctions. Le cerveau était un organe bien complexe, tant et si bien qu'on en venait à se demander parfois de quel côté il était. Du propre être qu'il régissait ou de celui des autres souhaitant le faire souffrir?

Mais eux, Karm et lui, avaient pénétré la dure carapace d'os qui couvrait le crâne de chacun. Ils avaient frôlé la vérité d'une inconscience mise à nue, cachée de tous y compris de son naisseur. Pouvaient-ils aussi en apprendre plus sur leur propre personne grâce à ce procédé dangereux, intime. aux frontières de l'éthique? Le Chevalier était un peu trop fatigué pour se poser de questions. Tant et si bien qu'il accueillit même avec un rare plaisir la barre énergétique, affamé. Était-ce le simple épuisement ou les souvenirs de la faim terrible qui le tenaillait gamin?Peut-être la sensation éprouvée par son compagnon lors de la projection sinistre? Peu importe, mais Luke avait rarement eu besoin de se jeter de la sorte sur la nourriture. Il se retint de le faire à la dernière seconde sans pouvoir cacher un plaisir évident tandis que ses dents arrachaient les protéines à leur abri en plastique.

Seule la rougeur qui revenait régulièrement se loger sur ses pomettes eut raison de son repas silencieux. Il toussota en émettant un très timide "humpf, oui. Je. Vois" en essayant de s'empêcher de songer à ces instants particuliers auxquels faisait référence l'Explorateur. Le fait est qu'ils étaient particulièrement unis ces heures-là, et que cela avait probablement permis à celle psychique de fonctionner quelques jours auparavant, puis celle qui venait de se produire. Le reconnaître ne fit qu'augmenter la rougeur qui virait désormais au cramoisi, le rendant inapte à prendre la parole de longues, étouffantes, honteuses secondes. Heureusement, il ne saisissait pas quelques-uns des sous-entendus de son aîné, sans quoi un arrêt cardiaque eût été à craindre. Manque de chance, son véritable côté innocent -oui, lui l'était vraiment!- avait tendance à le rendre encore plus mignon. De fait, l'idée d'inclure leurs ébats dans l'entraînement ne lui était pas venu en tête, si plaisants soient ces derniers. Et utiles, aussi, apparemment.

- Je suis partant, mais nous devons veiller à pouvoir tout faire. Et bien.

Énonça-t-il un peu machinalement, plus pour lui que pour Karm d'ailleurs. Son ami avait une endurance assez incroyable pour enchaîner les exercices au sabre puis à la Force ou encore la perception. Si lui-même pouvait invoquer ses dons d'une manière plus efficace et surtout plus naturelle -et de ce fait longue- que ses pairs, le Consulaire s'épuisait encore lorsque les exercices d'escrime étaient trop poussés. Sa condition physique s'était améliorée mais il payait encore les carences de sa prime jeunesse, sans parler de nombreuses années à jouer presque exclusivement les diplomates. Son entretien rigoureux quotidien avait été une base salvatrice mais ridicule en comparaison avec celui de son ami. De plus, étant l'aveugle du duo, Luke souffrait particulièrement lors du travail de coordination qui passait uniquement à travers la Force et lui faisait excécuter des gestes dont il ne saisissait pas toujours la finalité, voire le propre déroulement.

D'autre part, le blond prenait très au sérieux son programme pour aider Eckthor à accomplir son rêve. Éduquer un guerrier dans l'âme alors que vous étiez un Consulaire convaincu n'avait rien de simple. Le Chevalier cherchait constamment de fines lames qui accepteraient de faire profiter son Padawan de leur savoir, en échange de quoi il prenait les leurs le temps d'une classe ou réglait ces papiers dont ils avaient horreur. Fouiller le Temple à la recherche d'un pilote n'était pas non plus gagné. S'il ne doutait donc pas que son aîné soutienne ce rythme, toujours un peu méfiant envers ses propres capacités, le jeune Chevalier craignait d'arriver à ses limites. Et si le Conseil s'apercevait d'un rapprochement brutal? D'autant plus que ces exercices frôlaient, encore une fois, les limites de ce qu'on leur enseignait. Serait-ce considéré comme de l'égoïsme que de développer un don si fermé, si tourné vers leurs personnes? Le jeune homme secoua légèrement la tête, il devait parvenir à aller au-delà de ses peurs, fondées ou pas. Karm avait déjà prouvé sa fidélité au Temple. Il aidait sans doute plus que lui à l'apprentissage des futures générations, impliqués dans les recherches aussi bien que des classes. Le pédagogue qu'il devenait montrait tout sauf de l'égocentrisme ou de la frivolité. Lui-même observait un rythme un peu plus lent, sans pour autant relâcher ses efforts. Tout le monde désormais -du moins les intéressés car ils n'étaient pas non plus le centre de l'Ordre.- savait ce qui s'était produit dans l'infirmerie. Si personne ne les avaient stoppé, ni même prévenu, n'était-ce pas un signe discret de confiance voir d'encouragement? Les Aînés se moquaient de leurs projets personnels, les jugeant peu dangereux. L'idée ravigora le blond qui se reprit pour son silencieux excès d'arrogance. Non, Luke Kayan n'était pas Darth Noctis qui fascinait et faisait frémir l'Ordre entier. Intelligent, méticuleux, doué et surtout machiavélique, le Sith avait du coûter de nombreuses réunions au Conseil.

- D'accord, pour dresser la liste, je veux dire. On peut toujours programmer.

Fit-il en croquant joyeusement dans ce qui lui restait de barre. Ses inquiétudes demeuraient mais il avait décidé de les balayer de son esprit, sans doute porté par l'exploit précédemment accompli. Malgré tout, c'était une sacré victoire que d'avoir réussi à se réunir de la sorte, et plus grand était le bonheur de savoir que Karm demeurait à ses côté. Ils verraient bien au fil du temps, jusque là c'était ce qui fonctionnait le mieux pour leur duo. Programmer un peu -une chose que Luke, discipliné et pointilleux se plaisait à faire- puis partir à l'aventure, sans doute à l'improviste, sur des chemins -presque-inconnus. C'était bien sûr Karm qui s'occupait de cette partie-là, et en général, le blond suivait avec confiance.

- Je pense parfois à lui, ne m'en déplaise. Noctis. Est-ce qu'il s'est senti sombré, s'en est inquiété? Ou s'était déjà convaincu que ce n'était pas si grave dès le début? Est-ce que ça aurait changé quelque chose s'il avait rencontré quelqu'un de profondément lumineux?

Couché sur le dos, à même la couverture, yeux clos et muscles dénoués, la nuque presque enfouie dans les oreillers moelleux, Luke avait prononcé ces mots plutôt inattendus après de longs instants de réflexion. Puisqu'ils étaient sensés se reposer et que c'était "non-négociable" dixit Karm, autant lui faire part de ses pensées. C'était le thème du jour, non?

- Est-ce qu'il reviendrait à la lumière? Est-il vraiment si obscur? J'ai rencontré de ces Jedis que l'ont dit Gris. Au début je ne croyais pas à leur soi-disant équilibre, et je continue de penser que jouer les funambules sur le fil de la Force reste aussi dangereux qu'arrogant, mais j'ai du mal à le voir comme... Un Sith?... Bon pour ce que je vois, tu me diras.

L'expression lui tira un petit sourire moqueur mais assez rapidement le Chevalier redevint sérieux. Il se les posait vraiment, toutes ces questions, et il était loin d'avoir déchiffré le profil de Monsieur Noctis.
Karm Torr
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Un coup d’oeil à son datapad confirma à Karm qu’ils avaient passé presque trois heures à méditer, même si tout lui avait semblé se conclure en une poignée d’instants. L’exercice était assurément éprouvant et, s’ils devaient en faire une habitude, il faudrait se montrer vigilant quant aux ressources qu’ils y consacreraient. Fort heureusement, établir des programmes d’entraînement, c’était l’une des grandes passions de l’Ark-Ni.


D’ailleurs, il se retint de ne pas s’y mettre tout de suite, en dressant des emplois du temps, des schémas des activités et de la manière dont elles se nourriraient les unes les autres, des tableaux d’exercices et de périodes de repos. Lui aussi avait besoin de laisser son esprit se délasser un petit peu et, pour ainsi dire, digérer ce qu’il avait vu perçu dans celui de Luke.


Les barres énergétiques finies, il se releva néanmoins pour jeter les emballages dans le composteur atomique, qui en briserait les composants pour les injecter dans les engrais en préparation, quelque part dans les sous-sols du Temple.


J’propose qu’on se laisse quelques jours, pour voir les éventuels effets secondaires, et ensuite, on se penche sérieusement sur le programme, suggéra Karm.


C’était comme avec le sport. Une séance pour tester ses limites, deux ou trois jours pour récupérer et bien sentir ses courbatures, et ensuite on passait aux choses sérieuses.


J’ai commencé à dresser une bibliographie des études sur des choses similaires, avec l’aide d’une des bibliothécaires de l’Ordre. Liens de Force, méditations de bataille, techniques conjointes au sabre, osmose Maître-Padawan, liens familiaux, jumeaux, ce genre de choses. En fait, c’est pas la documentation qui manque.


Karm était convaincu que Luke et lui ne découvraient là rien de bien nouveau, mais c’était sans importance. Il n’avait pas l’ambition d’être révolutionnaire, en tout cas pas dans ce domaine. Ce qui comptait, pour lui, c’était de développer une meilleure compréhension de la Force et de son compagnon, à travers des exercices qui pouvaient aussi le rendre plus utile à l’Ordre. Si le chemin avait déjà été parcouru par d’autres Jedis avant eux, il comptait bien profiter de leur expérience.


Revenu s’étendre sur le lit, Karm passa un bras sous les reins de Luke pour l’attirer contre son torse. Les réflexions de son ami à propos de Noctis ne le surprirent. Lui aussi pensait souvent à sa rencontre avec l’Hapien. L’ancien Jedi lui avait ouvert les yeux sur la diversité des chemins qui menaient au Côté Obscur. En un sens, son ancienne Maître aussi. Qui nierait que Tavaï, à travers sa lutte acharnée contre les Siths, n’était pas aussi à sa façon du Côté Obscur ?


La guerre contre l’Empire avait simplifié considérablement, c’était inévitable, le paysage moral des Jedis. D’un côté il y avait les gentils et de l’autre les méchants. Mais, de la même manière qu’il y avait une infinité de façons de vivre le Côté Lumineux, certaines admises par l’Ordre, d’autres non, le Côté Obscur lui aussi devait être bien divers. Darth Noctis n’avait probablement pas grand-chose en commun avec l’immense majorité des autres Siths, pas plus que Tavaï ne ressemblait à Noctis. Et dans ce cas, est-ce que sur tous ces chemins de perdition, on voyageait sans retour ?


Puisque certains Jedis sombraient dans le Côté Obscur, n’était-il pas possible, en quelque sorte, de sombrer dans le Côté Lumineux ? Un grand amour, une soudaine révélation d’harmonie, l’expérience attendue d’une bonté toute pure, par exemple, pouvaient-ils convertir d’un coup quelqu’un, comme le faisaient, à ce qu’on racontait, une colère soudaine ou un moment d’orgueil fou ?


J’comprends c’que tu veux dire. J’pense que y a quand même deux situations différentes. C’est vrai que Darth Noctis, ils partagent avec pas mal de Jedis, peut-être avec nous, le désir de plonger toujours plus avant dans les mystères de la Force. Après tout, c’est l’un des principes fondateurs de l’Ordre. L’Ordre, c’est notamment une association de personnes qui se sont réunis pour approfondir leur connaissance de la Force. La différence, c’est peut-être plutôt, euh… Une question de posture. Je saurais pas trop comment bien dire.


Il se souvenait encore de la légèreté avec laquelle Maître Marja, dans une jungle infestée de zombies, s’était proposée de manipuler une population pour servir ses intérêts. Comment cette femme qui, de mois en mois, paraissait un peu plus intégriste à ses yeux et qui s’accommodait du sacrifice de bien des vies pouvait-elle être considérée à ce point conforme aux idées du Côté Lumineux qu’on la nommait au sein du Conseil ? Est-ce que la différence entre elle et le tout-venant des seigneurs de guerre siths résidait seulement dans la cruauté excessive de ceux-ci ?


J’ai du mal à considérer qu’il y a une part de la Force qui puisse être mauvaise en soi. Pour moi, la Force est neutre, tu sais ? Le Côté Obscur est une fonction de notre rapport à la Force, plutôt que des aspects de la Force qu’on utilise. Et de la même façon, vouloir tout connaître de la Force, ce n’est pas mal en soi, ça dépend ce qu’on fait de ces connaissances.


La position de Karm n’était pas rare au sein de l’Ordre, même si ce n’était pas la seule. D’autres Jedis pensaient qu’il y avait fondamentalement une bonne et une mauvaise Force, un Côté Obscur et un Côté Lumineux qui existaient indépendamment des utilisateurs de la Force. L’Ordre dans son ensemble, au fil de son histoire, avait penché du côté parfois de la première position, parfois de l’autre.


Et Darth Noctis… Ben en un certain sens, de ce qu’on sait de ce qu’il fait, il mène des recherches sur le même terrain que les guérisseurs jedis. Sauf que lui, il veut vaincre la mort, être maître de la vie, et pas seulement, comment dire ? Pas seulement guérir, jusqu’à ce que la nature suive son cours. Mais prétendre que lorsqu’on guérit quelqu’un par la Force d’une infection bactérienne, on est pas en train de contrarier une certaine marche de la nature, c’est se mentir. En gros, tout est gris, je pense. Ou plutôt ambivalent.


La théorie exposée par l’Ark-Ni était loin d’être moins laxiste que ce qu’on apprenait en tant que Padawans. À certains égards, elle était même beaucoup plus anxiogène, si le Côté Obscur pouvait se glisser dans les utilisations les plus anodines.


Et je dirais que y a deux manières de réagir à cette ambivalence. Soit chercher le compas moral en toute chose, rapporter ses actes et ses entraînements au bien commun, à la collectivité, à l’Ordre, à la planète où on vit, à la Galaxie, aux autres, à l’harmonie du monde. Ça peut être une pente glissante aussi, on peut courir le risque du fascisme par exemple, mais n’empêche. Soit faire comme Darth Noctis, peut-être, et considérer que cette ambivalence est le signe que la morale est caduque, que c’est une construction accessoire, qui brouille le jeu véritable de la Force, masque les vérités, et que la seule attitude valable, c’est de se dévouer à la Force, sans se soucier de la morale.
Luke Kayan
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Luke sentit le matelas effectuer un léger soubresaut lorsque le poids du corps de Karm se retira. Le léger bruit lui fit comprendre que ce dernier avait été jeter quelque chose et que la poubelle s'était chargée de broyer les restes. Il en profita pour pousser un léger soupir et réfléchir à leur conversation.

Apprendre qu'il existait pléthore d'expériences du genre répertoriées ne pouvait que rassurer un Consulaire, particulièrement celui-ci, rechignant à quitter sentier tracé par ses aînés. La Force et l'Ordre étaient toute sa vie, et le Chevalier avait peur de perdre l'un comme l'autre, bien qu'au nom de Karm, il pourrait songer à la seconde option. Quant à la Force? Elle était ce qui les réunissaient en partie. Leur amour serait-il toujours viable sans elle? Luke en doutait, parce qu'il en mourrait. Désireux de ne pas trop prendre de risques, il confirma les dires de son ami d'un hochement de tête, un signe d'assentissement toujours un peu surprenant de la part d'un aveugle, mais Karm avait l'habitude. Ça lui arrivait lorsque les mots se refusaient à traverser la paroi de ses lèvres, tant à cause d'une certaine émotion que la crainte mêlées. Mais, il avait confiance et désirait poursuivre le processus.

- Tu sais parler aux Consulaires, toi.

- S'amusa le Jedi bien qu'au fond, c'était sans doute vrai. Respect du protocole, prudence, références d'anciens Écrits, avec juste une pincée d'aventures. Ils allaient suivre la route tracée par les Anciens, puis, poursuivre sur un chemin terreux, peut-être inexploré. Cela s'appelait raisonnablement de la recherche, un domaine qui plaisait au Hapien même si son handicap le limitait. Son mémoire par exemple souffrait de manque de descriptions, lesquelles pouvaient indiquer au lecteur quelles réactions avait eu la faune en présence de la Force. Un Jedi pouvait saisir son premier ensemble d'investigations alors qu'un civil n'avait aucune chance. Il avançait aussi beaucoup plus lentement, peinait à comprendre certains termes, concepts ou processus naturels qui échappaient à sa vue. Par chance, ni l'orgueil ni la jalousie ne faisaient partie des défauts de sa personnalité. Il avait donc appris à contrôler sa frustration ou encore sa peur de ne pas être utile à l'Ordre et il allait à son rythme.

- Je pense aussi la Force neutre.

- Souffla-t-il après un instant de réflexion. Un peu de soulagement perçait dans sa voix. Bien qu'il ne craignait pas -ou plus- de s'opposer à Karm, appréciant de débattre avec ce dernier, le jeune homme était toujours heureux de constater que sur des thèmes aussi importants, ils partageaient des idées similaires. Enfant, il était persuadé que les Siths blessaient la Force, naturellement bonne, qu'ils la tordaient, l'obligeaient à se plier à leur volonté. Aujourd'hui, il continuait à penser presque pareil, si ce n'est qu'il considérait que la Force ne souffrait pas, elle s'adaptait. Si l'individu en question usait mal du lien, il se brûlait les mains. La voie sombre, la plus rapide à emprunter sous-entendait un risque de dévaler trop rapidement la corde, et donc de provoquer cette réaction si désagréable des doigts qui se consommaient contre elle. La Force activée de façon négative ne se contentait pas de cohabiter avec son hôte, elle le dévorait de l'intérieure, devenue trop puissante pour lui, quittant ce statut quo, neutre voir positif. Elle était sorte d'alliée, de symbiote qui d'une manière ou d'une autre continuerait de vivre dans le corps choisi à la naissance.-

- Si la cohabitation est douce, que l'hôte cherche à la comprendre, qu'il l'invoque de manière respectueuse, la relatiOn est positive, fluide et naturelle. Comme pour à peu près tout, dans le cas contraire, l'équilibre se rompt. Mais la Force en elle n'a pas de caractère propre, ni la capacité de choisir un camps. Nous ressentons l'obscurité comme les Siths devinent la lumière parce que nous puisons tous dans le même courant, la même immense réserve infinie de Force. Une Seule, Unique.

Et il pouvait largement étayer cette hypothèse, lui dont le corps se dérobait lorsqu'il ressentait la Noirceur ou commençait à éprouver des émotions trop violentes. Le processus était le même que chez un Jedi qui sombrait, en dix fois plus rapide. En deux jours, le jeune homme serait certainement mort, déformé de toute part et privé de sa raison. Parce que les Midichloriens qui l'habitaient étaient si nombreux que leur puissance triplée par la colère achèveraient leur socle mortel. Du moins, c'était ce qu'il supposait après avoir éprouvé d'incroyables douleurs auprès du Seigneur Noir des Siths lors de son enlèvement. Depuis, chaque petit épisode -comme son duel contre Mora- lui rappelait combien la Force était puissante et indépendante.

- Hum. Guérir revient plutôt à retarder l'échéance, pas complètement tordre le cours de la vie... Mais en quelques sortes, oui, à un certain niveau, cela pourrait devenir dangereusement arrogant.- Il songea à certains chirurgiens qui s'acharnaient sur un patient, plus par amour propre que volonté de l'aider d'ailleurs. Perdant leur humanité, ils se lançaient dans des recherches éthiquement discutables sur des animaux ou des êtres dits pensants sous prétexte de sauver des vies. Où était la limite de la guérison?

Malheureusement les idées évoquées par Karm n'étaient pas des plus encourageantes. Si se rapporter à la morale constituait aussi un danger, qu'est-ce qui ne l'était pas? Allaient-ils trop loin dans leurs propres recherches, leur volonté d'en savoir encore plus? Était-ce de l'orgueil caché? Une soif de pouvoir décorée, savamment enveloppée du désir d'apporter leur aide à l'Ordre? La seconde option ne plaisait pas davantage à Luke, au contraire même car l'excuse d'uniquement se dévouer à la Force au-delà de la morale des hommes constituait un danger beaucoup plus direct, moins subtil que le premier, évident pour tout Jedi bien éduqué au Temple. C'était l'envie d'étendre son savoir au-delà du raisonnable qui avait provoqué la chute de certains d'entre eux, dont Darth Noctis supputait le jeune homme. Ceci dit, leur fameux code comportait aussi une ligne dénigrant l'ignorance au profit de la connaissance.

- S'arrêter là où la liberté et le bien-être d'autrui commence est un bon début de limite, mais cette frontière demeure parfois floue, c'est vrai. Je n'ai pas beaucoup lu sur le sujet, mais la médecine n'en serait pas là si nous n'avions pas un jour fait souffrir des cobayes. Faudrait-il seulement compter sur des volontaires? Mais il est très facile de forcer au volontariat en utilisant le chantage ou le désespoir de certains.

Il eut une pensée pour l'entreprise pharmaceutique où Karm et lui s'étaient présentés pour des tests cliniques. Là où des gens attendaient leur tour afin de recevoir un médicament pas encore accepté sur le marché. Plus qu'aveugle, il fallait être sourd et stupide pour croire que les cobayes le faisaient pour la beauté du geste. Bon nombre avaient une famille à nourrir, étaient des junkies invétérés nécessitant payer leur dose ou avaient des tendances suicidaires après une vie morose. N'était-ce pas les forcer en un sens?

- Si s'affranchir de la morale au nom de la science constitue un danger évident, mais que nous rapporter à la morale, agir en son nom aussi, que reste-t-il? Un certain dosage?

Cela signifierait donc qu'aucune des deux méthodes ne méritait le châtiment, sinon l'utilisation abusive de ces dernières, un peu comme la Force lumineuse et obscure finalement. Karm avait enseigné au Chevalier à se modérer quant à son rapport au code, le secret pour les recherches serait-il similaire? Chercher l'entre-deux, savoir quand la morale devenait une excuse ou que la soif de connaissances devenait insatiable. S'ils le faisaient pour la Force, se doser, alors ce devrait être possible pour l'éthique. Toutefois, ce n'était guère étonnant que certains aient sombré si l'on suivait toujours l'analogie avec le Mystérieux Courant qui galopait dans leurs veines. Il y aurait toujours des "gentils" et des "méchants" qui puisaient dans les mêmes ressources mais en modifiaient l'essence suivant leur rapport avec ces dites ressources. Était-ce cela l'équilibre? En tout cas, Noctis avait clairement dépassé les limites si l'on en croyait le peu d'informations filtrant des dossiers ultra-confidentiels le concernant. Les concernant, Karm et lui, ne restait plus qu'à jouer la carte de la modestie, s'inquiéter de leur cas, se remettre en question afin de s'assurer de ne pas sombrer. Éviter les erreurs commises par un ex-Padawan si prometteur, si brillant demeurait difficile, à première vue. En seraient-ils capables? Peut-être parce qu'ils n'étaient pas assez brillants, justement, ils pouvaient espérer se freiner à temps, et surtout ils veillaient l'un sur l'autre. Tant pour se motiver que stopper le fautif et le remettre dans le droit chemin.

- Les bibliothécaires t'ont-ils posés des questions ou émis des avertissements lors de tes recherches?

Demanda finalement le Jedi en tournant la tête vers l'endroit où se trouvait Karm par pur automatisme. Pour sa part il était toujours étendu sur le lit, affaibli par l'expérience bien que son cerveau avait enfin émergé de la brume et que les ultimes souvenirs étaient rangé dans les tiroirs de sa mémoire. Chacun à sa place.
Karm Torr
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Évidemment que je sais parler aux Consulaires, répliqua Karm, j’en ai même séduit un. J’suis un vrai lover, moi, qu’est-ce que tu crois.


En matière de tableau de chasse, en réalité, c’était Luke le dépravé, sous ses airs d’ange pur et innocent. Karm, lui, n’avait jamais connu que l’Hapien, quelque fantasme qu’il ait pu nourrir depuis son adolescence, et toute son expérience en la matière gravitait autour de Luke. Une attitude bien inhabituelle, pour un Ark-Ni qui appartenait à un peuple notoirement volage, mais, jusqu’à présent, Karm n’avait pas l’air de s’en plaindre.


La discussion n’épilogua pas cependant sur les incroyables talents de séducteur de Karm — à vrai dire sans doute beaucoup plus considérables que l’Ark-Ni ne le soupçonnait lui-même, parce qu’il n’avait pas tout-à-fait confiance, même après son passage sur Pakuuni, où son numéro nudiste avait été amplement célébré, d’incarner une sorte de fantasme du baroudeur combattant qui ne laissait pas toujours indifférent.


À la place, tout devint très sérieux. Et philosophique. Karm chérissait ces moments où ils restaient là, allongés dans cette chambre, Luke blotti dans ses bras, à discuter de l’Ordre, de la Force et des implications de leurs pratiques. Depuis qu’il était sorti de l’ombre de Tavaï, des années auparavant, il avait trouvé que c’était dans la conversation avec les autres Jedis qu’il développait le mieux ses propres conceptions et que, pour bien comprendre la Force, il fallait en discuter avec les autres.


Et Luke offrait en la matière, comme en bien d’autres, un partenaire irremplaçable.


À mon avis, la solution est politique, finit-il par murmurer, après un long moment de réflexion. ’Fin, pas politique dans le sens de Sénat galactique, intrigues de ministères et tout ça. Politique dans le sens du politique, de la vie en commun et de son organisation. Je veux dire que ce qui sert à prémunir les Jedis contre le Côté Obscur et ce qui, en un sens, empêche les Siths de revenir du Côté Lumineux ou même d’atteindre une sorte d’équilibre plus ou moins neutre, c’est l’organisation commune de la recherche dans la Force.


En soi, l’idée n’avait rien de révolutionnaire : tout l’Ordre Jedi était bâti sur la nécessité de cette collectivité, des classes prises en commun, de la résidence au sein du Temple pour l’immense majorité des Chevaliers, à la direction par conseils collégiaux ou à la relation entre Maître et Padawan. Pour les Jedis, il n’y avait presque pas de voie solitaire, même si quelques très rares ascètes, au fil de l’histoire, faisaient exception à la règle.


Bien sûr, y a un effet d’entraînement du collectif, un effet de surveillance et de soutien mutuel. Si demain je décide d’aller trucider des gens gratuitement, ça passera pas inaperçu, sans doute qu’on m’en empêchera vite, on le sentira à l’intérieur de moi. Et de la même manière, quand Noctis décide de faire un truc pacifique ou tendre, comme vivre avec son compagnon et prendre soin de lui, ou négocier avec nous, il le fait aux frontières de l’Empire, sur une île secrète et bien protégée, très éloigné du regard des autres. Sans ça, il serait rattrapé par la vie en commun des Siths, même si elle est différente de la nôtre.


Karm était ainsi persuadé que l’instabilité politique de l’Empire Sith était l’un des leviers essentiels de la reproduction du Côté Obscur. C’était parce que chaque Seigneur Sith pouvait raisonnablement espérer devenir Empereur, en profitant du chaos et de la violence des institutions, qu’il avait des raisons d’entretenir ce chaos et cette violence en lui-même. Si l’Empire était parfaitement stable et qu’un même Empereur régnait pendant des décennies, que les Seigneurs Siths étaient réduits à un rôle de hauts fonctionnaires, voire de gestionnaires, la nécessité de mener une vie plus rangée et plus stable en conduirait peut-être à laisser leurs émotions violentes s’apaiser, et à sentir l’appel du Côté Lumineux.


Et donc, bref. J’pense que l’aspect politique peut garantir du Côté Obscur d’une autre façon. Autant je suis pas pour que l’Ordre reste dans un statut ancillaire vis-à-vis de la République, autant je suis persuadé que les missions sont essentielles, parce qu’elles nous obligent à avoir un rôle politique, à participer à la vie commune au-delà du Temple, à être mêlés au monde. Et en étant mêlés au monde, en étant pas seulement des moines cloîtrés, en ayant des responsabilités et tout ça, on est constamment obligés de se demander si ce qu’on fait, ça sert à quelque chose, pour les sociétés au sens large, et pas seulement à nous-mêmes. Par exemple, euh… Par exemple, si j’apprends à me battre, est-ce que j’apprends à me battre juste pour satisfaire des pulsions violentes ou parce que ça fait cool, ou bien est-ce que je le fais parce que ça me permet de protéger des gens.


L’idéal de Karm allait évidemment bien plus loin que cela. Selon lui, l’Ordre devait être vraiment mêlé au monde. Les Temples devaient accueillir des profanes, les Jedis devaient être libres de garder tous les contacts avec leur famille et de se marier. Les Conseils Jedis devaient accueillir des membres des communautés où les Temples étaient implantés. C’était un projet quasi utopique, dont il pensait de plus en plus à faire l’essai en refondant, avec l’autorisation du Conseil, une enclave jedi.


Et du coup, dans notre cas, la question, c’est : est-ce qu’on explore notre lien de Force simplement pour s’enivrer de notre pouvoir ? Non. On le fait parce qu’on s’aime et pour se servir l’un l’autre. C’est déjà un premier rempart important à l’égoïsme. C’est pas parce qu’on est un couple qu’on est la même personne. Faire quelque chose pour son couple, c’est jamais être égoïste, c’est toujours faire quelque chose pour quelqu’un d’autre. Faut pas oublier ça. Ensuite, c’est un pouvoir qui nous rendra plus efficaces sur le terrain, qui nous aidera à mieux accomplir notre mission. C’est un second rapport à l’autre, un second aspect du politique. Et enfin, c’est une expérience dont, à terme, on pourra transmettre les enseignements, comme d’autres l’ont fait avant nous. C’est un troisième niveau. Et c’est ces trois niveaux qui seront nos gardes-fous. ‘Fin, je pense.
Luke Kayan
Luke Kayan
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- La politique et la nature de chacun.- Renchérit Luke dont le soupir ne faisait qu'appuyer un certain sens poétique, insoupçonné de ceux qui connaissaient le Consulaire procédurier, celui que Karm avait séduit, donc.- Toute société complètement close finit par être victime et/ou coupable de dérives à divers degrés - observa-t-il, plus sérieux.- les sectes ne sont pas forcément mauvaises de base, même les gourous peuvent être bien intentionnés, cependant, n'ayant à répondre de rien devant personne, ils s'auto-alimentent. Demain, si tu commets un petit crime, il peut être minimisé, par toi, cette société où les gens demeurent en autarcie, parce qu'ils n'ont aucun moyen de comparer, et s'ils possèdent encore celui de réfléchir, ils n'oseraient pas s'opposer parce que leur monde, c'est ce groupe complètement replié sur lui-même. Confronté au monde extérieur, nous pouvons, comme tu l'as bien exprimé, nous auto-réguler, nous surveiller et nous entre-guider. Grâce, finalement, à l'aide extérieure.

Au final, les véritables "Maîtres" de l'Ordre étaient ces citoyens en détresse qu'il essayait d'aider. Sans eux, leur politique interne, leurs croyances et règles n'auraient nulle raison d'exister. Jugés en-dehors des parois de leur Temple, les Jedis évitaient bien des dérives, excusées par la seule ambition d'explorer la Force, sans la limite imposée par ces gens, souvent des Républicains d'ailleurs, dont ils dépendaient. La relation de l'Ordre avec le système politique était retors, complexe, aussi dangereux que salvateur, frustrant qu'encourageant. Il fallait bien reconnaître, ceci dit, que la République ou du moins les civils qui la formaient, étaient nécessaires aux Jedis. Appuyé contre de l'Ark-Ni, Luke hocha la tête, frottant de ce fait, sa chevelure soyeuse et la poitrine accueillante. Signe discret de conviction adressé à sa propre personne autant qu'à son camarade dont il avait étayé les arguments. Un soupir plus loin, il fermait les yeux, plongeant dans des réflexions un peu confuses, désordonnées et fatiguées mais éveillées par leur dialogue.

- Comment Noctis fait-il? Je veux dire, pour alterner entre deux idéologies, deux facettes diamétralement opposées... D'un côté il est conciliant, voulait négocier avec nous, était patient avec ce Twi''Lek, voir compatissant directement, et de l'autre... Hum, on l'appelle Le Boucher. J'aime à penser que tout est calcul, qu'il conserve sa ligne et ne consent à la tordre que pour mieux arriver à son but. Qu'il a ses propres "gardes-fous" qui sont la soif de connaissances serti du pouvoir, mais de l'autre... Il ne gagnait rien en essayant, d'ailleurs assez vainement, de nous convaincre, de nous... Convertir? Serait-ce par pur plaisir? Et ce fameux ancien esclave qu'il hébergeait? Un besoin d'agir encore un peu comme son ancien être Jedi l'aurait fait?

Car Absolem semblait suivre deux parallèles qu'on aurait tendance à penser inaptes à se croiser un jour, deux conduites presque opposées. Il se gardait de suivre l'entraînement collectif, de s'y réfugier. Tout ça pour répondre au simple et complexe désir de sauvegarder sa liberté? De se différencier? Dans le fond pourtant, les objectifs du Mégalomane étaient semblables à d'autres sociopathes -Le Hapien, lui, soupçonnait un profil au moins partiellement sociopathe mais il avait trop peu de connaissances dans le domaine pour se risquer à poser un diagnostique sûr.-. Lui-même, Luke Kayan, suivait une norme dictée par un collectif, voir plusieurs comme l'étaient l'Ordre ainsi que la société en elle-même, plus particulièrement le groupe des nécessiteux. Toutes ces lignes qui s'évitaient ou se rencontraient, ces conjonctures invisibles à ses yeux étaient passionnantes. Le Chevalier commençait toutefois à s'y perdre. S'il se sentait rassuré par les propos du "séducteur de Consulaire" quant à la légitimité de leur recherche pour "augmenter" leur pouvoir, il peinait à démêler les véritables raisons et raisonnements du Boucher

Un sensation salée envahit ses lèvres puis sa gorge et ses poumons au point de le faire toussoter. Il se rappela de leur errance à Karm et à lui, aux abords de l'île qu'ils essayaient de fuir. Le jeune homme devina une boule vague et confuse de colère émerger -avant de s'éteindre presque aussi vite.- tandis qu'il se rappelait d'Ekkt. Quelle était sa ligne, à lui d'ailleurs, ses limites? Qui le guidait? Et Ses'Kai?

- Mora n'a aucune ligne- remarqua-t-il.- il se détache du système de l'Ordre aussi bien que celui de la constitution. C'est la sensation que me donne chacune de mes rencontres avec lui. C'est sans doute ce côté a-politique qui le rend dangereux. De plus en plus dangereux.

Le Chevalier rebelle lui paraissait effectivement motivé par la seule ligne de son histoire, laquelle se traçait à l'improviste à chacun de ses actes, souvent malveillants. L'Ordre qui promouvait le recul par rapport à la Politique devait-il continuer à prôner cette scission? Lui qui avait toujours préféré l'indépendance des siens commençait à douter, même s'il continuait de considérer que la société en soi écrivait ses limites quant à ses agissements. Hélas leur guide était elle-même bien instable.
Karm Torr
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Hmm… j’sais pas trop…, avoua Karm, alors que Luke s’essayait à interpréter les méandres de la psyché de Darth Noctis.


Pour être honnête, il n’avait pas non plus beaucoup réfléchi au cas du Hapien. Au fond, Noctis lui faisait un peu peur. Ou alors il le mettait mal à l’aise. Avec beaucoup d’autres Siths, tout était simple et facile : ils étaient méchants, et voilà tout. Mais Darth Noctis était un scientifique, un amant attentionné, un homme doux dans la conversation, et même spirituelle. Il n’avait pas rire machiavélique et on avait du mal à imaginer, en le voyant, qu’il massacrait des populations innocentes.


Je crois que… ‘Fin, en admettant qu’il soit sincère, sur ce qu’il disait de son rapport à la Force, tu sais, je crois que c’est peut-être avant tout un fanatique. Un fanatique cultivé et calme, qui n’est pas en train de hurler en allumant un bûcher, mais un fanatique quand même. Si la Force est son seul compas moral, alors qu’importe la vie de millions d’innocents ? Après tout, ils naissent de la Force et ils y retourneront en mourant. Sans critère extérieure, sans autre considération que la Force, leur mort est littéralement sans importance.


C’était un raisonnement avec laquelle bien des Jedis devaient se débattre. D’un côté, ils affirmaient qu’il ne fallait pas craindre la mort, puisque chacun retournait à la Force. Toute une partie de l’éducation au Temple était tournée vers l’acquisition de cette conviction intime, évidemment nécessaire au sens du sacrifice qui conditionnait l’action des Jedis. De l’autre, ils préservaient la vie. Mais si la mort était un retour vers la Force, la vie de ceux qui n’y étaient pas sensibles ne devait-elle pas être considérée comme un cruel éloignement ? N’était-ce pas précisément le salut qu’ils trouvaient en mourant et en retournant à l’ordre cosmique dont, en quelque sorte, leur incarnation les avait bannis ?


De ce que j’ai compris de ce que j’ai lu de lui dans les archives des Sentinelles, c’est un sacré… Pas raciste, ce serait pas le mot, encore que, vu… euh…


Soudain un peu gêné, Karm chercha un moyen de formuler la chose diplomatiquement.


Ce n’est pas contre toi, hein, mais Hapès, et la culture hapienne, c’est déjà particulier, de ce côté-là…


Et Noctis paraissait assez lié à sa culture d’origine pour qu’on suppose que le racisme fondamental des Hapiens continue à informer ses propres attitudes, même si ses relations avec l’ancien esclave twi’lek suggéraient bien que les choses n’étaient pas pour lui aussi simples que ça.


Bref. Lui, sa division, c’est entre les gens sensibles à la Force et ceux qui ne le sont pas. Si elle est complètement extrémiste, du coup, c’est pas entièrement contradictoire qu’il puisse se montrer tout soucieux de notre bien-être et de notre adhésion, et absolument indifférent à l’égard des non-sensibles. L’histoire est pleine de gens capables de trucs comme ça.


Un frisson parcourut l’échine de Karm. Est-ce que lui, il estimait que les êtres sensibles à la Force étaient supérieurs aux autres ? Un sens, forcément. Ils pouvaient faire plus de choses, pendant plus longtemps, et mieux. C’était… Factuel, en quelque sorte. Et spirituellement, aussi, la différence était considérable. Comment concilier des valeurs égalitaristes avec cette inégalité naturelle et indépassable ?


… enfin bref…, murmura-t-il, perturbé par toutes ces réflexions. Peut-être que le fait qu’il soit capable d’aimer quelqu’un, de prendre soin de lui, de se soucier de lui, et quelqu’un qui plus est de si différent de lui-même, peut-être que c’est sa voie vers la rédemption.


Imaginer un Seigneur Sith qui retournerait sa veste pour rejoindre le Côté Lumineux avait quelque chose d’assez grisant. Sans parler des informations que Darth Noctis pouvait transmettre, le symbole redonnerait espoir à bien des Jedis. À moins qu’il ne laisse tout le monde complètement sceptique.


Mora… Hm. Je le connais pas tellement, j’avoue, mais de ce que tu m’en dis et que d’autres en disent, c’est un peu étrange que le Conseil le laisse courir. Enfin, étrange, oui et non, vu certaines personnes qui y siègent.


Karm était loin de considérer que le Conseil actuel représentait la meilleure facette de l’Ordre.


Y a quelque chose de Tavaï chez lui. Tavaï a beau dire qu’elle veut lutter contre l’Empire par tous les moyens et que son extrémisme est justifié par les circonstances, au fond, elle satisfait surtout… ou en tout cas aussi un besoin de violence et de combat. Elle est jamais aussi heureuse que quand elle manie des armes.


Et c’était sans doute la raison pour laquelle elle était si douée, et pour laquelle son Padawan était devenu si doué.


Après un moment de silence, Karm murmura :


… moi aussi, j’aime bien ça, note…


Ce n’était pas la première fois qu’il faisait cet aveu à Luke, certes.


Mais moi, je me satisferais très bien d’un futur entièrement pacifié, où le combat serait purement un art martial, une pratique sportive et créative comme la danse, pas quelque chose d’utilitaire.
Luke Kayan
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- Ne t'en fais pas. Les Hapiens sont racistes, et Misandres, c'est un fait suffisamment reconnu et étudié pour être affirmé à l'échelle de généralité culturelle.

Confirma Luke d'un ton doux. Il ne se sentait nullement concerné par sa propre culture qui l'avait rejeté, et dont lui-même, de part sa nature, son passif et son éducation Jedi rejetait entièrement. D'ailleurs, il ne se voyait comme Hapien que lorsqu'il fallait considérer l'aspect médical. Pour le reste, il aurait même tendance à s'identifier davantage aux Humains voir aux Ark-Nis, lesquels partageaient plus de points communs avec lui malgré leur manie de rester si souvent silencieux.

- La voie de la rédemption. J'en doute. Au fond, je crois que suivant sa ligne, celle qu'il s'est forgée, qu'il a tracé, il est fidèle à ses principes, peut-être compatissant. Oui. C'est un devoir qu'il se donne, la différence étant qu'il sélectionne envers qui l'être. Faisons-nous de même en privilégiant les plus fragiles? En quelques sortes c'est le cas, nous trions et offrons notre attention à ce groupe fragile que nous avons choisi, ignorant parfois d'autres qui auraient également besoin de soutien, pour un problème jugé pas suffisamment grave. C'est socialement mieux accepté évidemment. Mais ça reste une sorte de division. Les Jedis se remettent en question mais de là à changer les fondations de notre Ordre, de notre Cause je ne pense pas. Sans cela, il n'y aurait plus qu'à raser le Temple, détruire des siècles d'écrits, de principes puis tout recommencer. Ça n'arrivera jamais... Pour Noctis il en est de même... Enfin je crois. S'il renonçait à l'obscurité totalement, il renoncerait à Noctis. Mourir après avoir fait autant de chemin, avoir pénétré si profondément les connaissances obscures. Je ne sais pas s'il est possible de faire demi-tour et redonner la voix du chapitre à Absolem.

Pour sa part, Luke croyait difficilement en la rédemption totale. Il imaginait une réhabilitation miraculeuse qui exigerait une grande surveillance afin d'éviter les rechutes. Un pardon mais pas total. Ce n'était peut-être pas des plus Jedis mais le Hapien avait trop de fois été floué pour croire qu'un Sith puisse complètement abandonner ses rêves de grandeurs, les tentations et ses vices? Lui-même songeait qu'en tombant dans l'un d'eux, il aurait du mal par la suite à le perdre puis à se tenir à sa nouvelle ligne de conduite.

- Il est également vrai que le Temple accueille presque uniquement des Sensibles, ouvrant difficilement les portes à ceux qui ne le sont pas. Racisme? Division? Différence de statut? Est-ce du racisme ou de la prudence et de la pondération que d'estimer que des Non-Sensibles courrent des risques au sein de l'Ordre? Les rares personnes à y avoir pleinement leur place compensent par une spécialité qui leur ait propre doublé d'un caractère spéciale comme Solona.

L'infirmière Gamoréenne était à sa façon, assez exceptionnelle. Plus intelligente que ceux de sa race, elle pouvait prétendre à un QI humain moyen. C'était surtout sa vaillance, sa pugnacité ainsi que son côté têtu qui lui avaient permis de se frayer un chemin jusqu'à un rang honorable du domaine médical. Les circonstances aussi, parce que si elle n'avait pas sauvé le Jedi qui l'avait introduit dans le Temple, son dossier aurait été rejeté.

Luke avait naturellement envie de défendre son cher Ordre en criant à la logique, il y avait des papiers confidentiels ici, sans parler de l'aspect si particulier de l'entraînement, des missions. Un Insensible ne pouvait pas suivre le rythme. Ceci rendait-il les Jedis meilleurs ou juste différents? Le Hapien pensait souvent au deuxième cas, mais force était de reconnaître que des pensées sauvages outrepassaient parfois les barrières de sa belle éducation, brisant le filtre. Quelque part, c'était une évidence et tous les Jedis le savaient dans le fond: la Force les dotaient de pouvoirs -pas pour rien que les gens parlaient communément de "pouvoirs".-, incluant de grandes responsabilités mais les rendant, oui, meilleurs. Obligés de sélectionner, que ce soit par sécurité ou un peu de vanité, les Jedis fermaient leurs portes. Luke pour sa part croyait difficilement en l'accès libre aux civils. Certains étaient beaucoup trop dangereux, personne ne les avaient contrôlés, construits, édifiés comme l'avait fait le Temple avec Karm -malgré son pasage Tavaï- ou lui. Sauraient-ils évier une vague de catastrophes, de vices et fuites qu'entraînerait une vague humaine au sein de leurs murs?

- Je sais de qui tu parles. Je ne saurais juger parce que je ne l'ai pas vu agir, ,mais tu n'es pas du genre à t'acharner, comme moi, enfin j'ose l'espérer. J'admets donc être assez inquiet sans pouvoir me départir du fait que les Aînés, si sages n'ont rien remarqué. Crois-tu que quelque chose les empêche d'agir, de parler avec cette personne ou de... Enfin... Établir une sanction?

Contre une Maître renommée comme Hildegarde Marja, difficile. Et c'était là que l'on entrevoyait une faille de l'Ordre. Eux aussi avaient leurs privilégiés, leurs "invirables".

- C'est différent. Tavaï, Mora et... Maître Marj...a - le nom lui avait coûté des efforts comme s'il craignait de la voir débarquer dans la chambre. Critiquer ainsi une aînée si reconnue tenait du crime.- se servent de leur statut comme une excuse. Être du bon côté leur permet tout! Toi, Comme de nombreux Gardiens, tu apprécies la lutte, la qualité d'un bon duel au Sabre, de la même manière qu'un Consulaire peut trouver son bonheur dans une discussion âpre, un débat dont les enjeux concernent parfois le maintien de la paix sur une planète. Notre travail nous passionne, ce qui ne nous empêche pas d'oeuvrer dans le but de finir au chômage.

Un sourire naquit sur ses lèvres à l'idée de devoir pointer au chômage parce que tous les politiciens s'entendraient, que les papiers seraient réglés et la corruption éradiquée.

- Quoiqu'il en soit, je t'avoue ne pas savoir exactement que faire. Concernant des gens comme Mora... Ou Noctis. Le laisser courir? Enquêter? Ce n'est pas une cible pour nous. Beaucoup trop d'envergure.

Conclut-il dans un baîllement inévitable.
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