Ragda Rejliidic
Ragda Rejliidic
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« Halussius ?! Bordel t’es où ?! » beugla le Hutt, en pénétrant dans le Grand Hall du Nexus, juché sur son chariot répulseur. Sa voix grave se répercuta sur les murs millénaires en une myriade d’échos singeant son agacement, au point de le rendre ridicule. Le Grand Hall, pièce centrale du Nexus, impressionnait par ses proportions taillées par et pour un peuple de géants. Creusée à même la roche du canyon, il se dégageait de ce lieu une solennité décuplée par son imprégnation récente dans le tissu même de la Force. Ragda n’aurait su l’expliquer… Mais l’énergie immatérielle semblait couler entre les murs de l’édifice troglodyte comme une rivière souterraine. Une rivière calme, apaisante, qui forçait la sérénité.

Plusieurs têtes pivotèrent brusquement dans sa direction, surpris par l’éclat de voix. Les regards glissèrent sur sa large silhouette, reflétant une vaste palette d’émotions. Lui-même, en un instant, se senti ridicule. A quoi bon hurler de la sorte ? Mais a peine la question fut-elle posée que les raisons de sa juste excitation remontèrent de ses entrailles jusqu’à sa cervelle de Hutt. Il frissonna d’impatience, les nerfs en boule, l’esprit en ébullition, au point de ne plus contrôler le tressaillement des bourrelets graisseux qui bordaient son faciès disgracieux.

Il avait marqué un arrêt. Il s’était figé sur place. Les visages se détournaient déjà de lui… La plupart s'étaient habitués à ses sautes d’humeur, à son franc parlé toujours à la limite du politiquement correct. Quelle ironie au vu de son passé. Une silhouette happa son attention, fugitive. Une silhouette armée d’un bâton. Halussius ! Ragda pressa de son petit index boudiné la commande tactile. Le chariot bourdonna en s’élançant vers le fond de la pièce. L’ombre s’évapora sous ses yeux, derrière une porte de pierre, elle aussi creusée dans la roche du canyon.

Le Nexus. Ragda en connaissait presque tous les recoins, même s’il estimait qu’Halussius conservait encore quelques secrets sur ce lieu empreint de mystères. Il n’aurait été surpris d’apprendre qu’il existait des passages secrets, ou des salles dissimulées. Voilà des mois qui y venait presque quotidiennement, lorsque ses obligations ne l'obligeait pas de traiter les affaires du Kajidic sur Klatooine où se situait le centre névralgique de son administration… Pour la sauvegarde de Refuge, il lui fallait les gérer au mieux. Maintenir l’illusion. De telle sorte que nul ne puisse jamais penser que la colonie se dissimulait sur l’une des planètes inhabitées du secteur.

La relation entre Ragda et Refuge oscillait en permanence entre amour et haine. Passer plus d’une semaine sur Boz Pity le rendait nerveux, comme un citadin en manque de bruit et de pollution. Une nervosité qui se conjuguait de pair avec son agacement, son impatience. Mais dès qu’il retournait sur Klatooine, et sa température étouffante, il regrettait le calme de la colonie… En résumé : le Hutt n’était jamais satisfait. Une des raisons qui avaient rendu son apprentissage complexe, même s’il s’était nettement amélioré depuis ses débuts.

Sur ces pensées, Ragda stoppa son chariot, à moins d’un mètre de l’ouverture rectangulaire par laquelle s’était échappé Halussius. Il pesta, les lèvres pincées. Celle-ci, étroite, lui interdisait de l’emprunter avec son appareil. Il lui fallait descendre, et ramper. A croire que Velvet et Halussius s'étaient mis en tête de lui faire faire le plus d’exercices possibles ! Raaah.

Sans un mot, pourtant, il s’exécuta. Il perdrait assez d’énergie, sans en gaspiller à balancer sa verve aux murs qui se feraient un plaisir de la lui renvoyer en pleine face. Aussitôt, le froid glacial de la pierre lisse lui arracha un frissonnement. Du bas de la queue jusqu’au sommet de l’échine. Ses deux énormes yeux globuleux se posèrent sur l’ouverture, grossière. Jadis, très certainement, elle avait été bien plus large et haute. Mais les excavateurs n’avaient eu le zèle de vouloir la reproduire à l’identique. Il avait déjà été assez difficile de découper et d’extraire les blocs massifs laissés là par l’érosion et les éboulements.

Ainsi, Ragda s’élança dans le couloir. Les premiers mètres furent les plus difficiles. Car, rapidement, les glandes situées sous son abdomen s’activèrent. Elles régurgitèrent en quelques minutes l’équivalent d’une trentaine de litres de mucus poisseux. En vérité, les Hutt glissaient plus qu’ils ne rampaient…

Le couloir conduisait sur une arrière salle rectangulaire au milieu de laquelle les archéologues amateurs avaient découvert un antique bassin. Certains affirmaient qu’il s’agissait de bains, d’autres d’un temple dédié à une divinité aquatique disparue. Ragda lui, n’avait d’opinion, et n’en avait rien à foutre pour être honnête. Il connaissait parfaitement cette salle. Trop même. Depuis qu’Halussius avait réalisé que le Hutt possédait une affinité naturelle avec l’élément liquide au travers de la Force, il l’avait incité à venir ici, pour méditer, pour s’exercer, tandis que le bassin avait été réapprovisionné en eau fraîche. Il servait donc aujourd’hui autant de lieu de méditation que de réservoir d’eau potable… Lier l’utile à… L’utile. C’était presque devenu la devise de Refuge, tant il fallait se débrouiller avec les moyens du bord.

« Halussius ? » demanda Ragda, hésitant, alors qu’il ne parvenait à poser les yeux sur la silhouette disparue. L’avait-il fantasmé ? Non, bien sûr que non ! Halussius et son sens de l’humour douteux… « Ca fait deux heures que je te cherche partout ! Y’a Bernard qui m’a dit t’avoir vu sur la crête, je suis monté… Mais Isa m’a dit le contraire, alors je suis redescendu… Puis après y’a… Merde, on s’en fou… » L’impatience gagnait son débit de parole. « J’ai découvert quelque chose, Halu ! Mes recherches ont enfin porté leurs fruits ! »

Voilà des mois qu’il s’escrimait à remonter son arbre généalogique afin de mieux comprendre les origines de ses pouvoirs. Velvet lui avait plusieurs fois fait part de ses doutes. Elle lui avait expliqué qu’il n’existait aucun lien logique entre la Force et la génétique… Mais il s’était quand même accroché à cette idée…

« Je ne suis pas le seul ! Le seul Hutt à maîtriser la Force. » Il extirpa un datapad d’entre ses bourrelets : lieu de rangement idéal pour ne rien perdre. « Je suis tombé sur un article, dans je ne sais plus quelle feuille de choux locale. Il date un peu… De la dernière bataille de Dubrillion… Il est question d’un Hutt Jedi. Un certain… Attend... Voilà ! Glurba Lugliiamo ! » Maintenant lancé, plus rien ne pouvait l’arrêter. Ragda ponctuait ses phrases en agitant frénétiquement son datapad. « Tu n’imagines même pas ma surprise ! Du coup, je me suis penché sur le Kajidic Lugliiamo… Un clan mineur de Nal Hutta… Rien de très intéressant... Sauf que… En croisant les arbres généalogiques avec ceux de feu mon propre clan, je me suis rendu compte que nous avions un ancêtre commun. Un ancêtre commun ! Hardulla le sombre ! Oui, c’était y’a plus de douze mille ans, mais ça reste quand même trop gros pour être une coïncidence ! » se justifia-t-il, même s’il savait, au fond de lui, qu’il existait tant de recoupement entre les arbres généalogique des différents Kajidic que tous, ou presque, possédaient au moins un ancêtre en commun… Mais Ragda ne se serait pas donné tant de mal pour une information aussi secondaire. Non. Il y avait plus gros encore.

« J’ai cherché tout ce que je pouvais dans les archives de Kajidic au sujet de Hardulla… Il n’y a presque rien, comme si quelqu’un avait volontairement tout effacé… Je n’ai retrouvé qu’une seule référence, dans le journal d’un Seigneur de Guerre de l’époque… Attention, accroche-toi bien à ta canne ! » Il quitta des yeux la semi-pénombre pour plonger son regard sur l’écran rétro-éclairé du datapad.

« Aujourd’hui, nous avons accompli un exploit majeur… » commença-t-il à lire, en articulant à outrance les mots, comme s’il récitait un texte devenu sacré. « … Hardulla le Sombre, Seigneurs des mystères, a usé de ses maléfices pour briser mes meilleurs hommes. Sa queue de feu a tranché plus de chair qu’il m’était donné de lui en fournir… Mais nous avons fini par l’absoudre de ses traîtrises... » Il releva les yeux.

« Tu entends ça ?! Seigneurs des mystères ? Maléfices ? Queue de feu ?! Je reconnais que le style est archaïque… Mais, c'est pourtant clair : l’auteur parle de pouvoirs de la Force, et je… Je ne sais pas… D’un sabre laser peut-être, ou quelque chose s’en rapprochant ! Bordel, tu comprends ?! J’ai trouvé le chainon manquant ! C’est Hardulla ! »

Ragda plongea sa seconde main entre ses bourrelets pour en extirper un autre datapad. Mais combien en conservait-il ainsi, au chaud ? Une chose était pourtant certaine : il s’agissait de modèles « waterproof », ou pour être encore plus exact « fat-proof ».

« La dernière localisation connue d’Hardulla ! Murkhana ! C’est là-bas qu’a eu lieu sa dernière bataille dont il est question dans l’extrait que je t’ai lu… Halussius. J’ai besoin de toi. Tu m’accompagnes. Tout est déjà prêt. L’Agonie d’Ardos n’attends plus que nous à bord pour décoller.

Halussius… Tu es mon dernier espoir… Pour découvrir l’origine des mes pouvoirs.

Tu vas me dire que t’as des tonnes de trucs à faire… Mais tous les autres sont sur Raxus. Il ne me reste que toi. Alors, ne cherche même pas à te défiler. De toute façon j’y vais, avec ou sans toi. Mais je préférais avec toi quand même... »



****

Vingt-deux heures plus tard, a bord de l’Agonie d’Ardos, Yacht Spatial de Ragda Rejliidic


Le regard perdu dans le kaléidoscope hypnotique du corridor hyperspatial, Ragda ne remarqua même pas Halussius s’approcher. Il sursauta. Puis lâcha, machinalement :

« Nous arriverons dans moins de dix minutes maintenant. » Il ignorait tout ce que qu’ils trouverait là-bas. Bien qu’il refusait de l’admettre, la maigreur anorexique de ses renseignement ne pouvaient que les conduire vers un cul de sac. Ses doutes enflaient à mesure que les secondes s’égrainaient. Mais il préférait les taire. Halussius lui aurait surement sermonné quelque chose du genre « fait confiance à la Force ». Conneries !

Il pivota la tête, pour vérifier que ses datapad se trouvaient toujours sur le bureau qui trônait au centre de l’unique et opulente pièce de vie du vaisseau. Entre le canapé imbibé de mucus séchés, et le bain bouillonnant dont il se dégageait une odeur indescriptible.

« N’hésite pas à y jeter un œil. J’ai compilé tout ce que je pouvais sur Murkhana… Ce monde est à la fois l’un des pires repaire de pirates et de contrebandiers du secteur, et une destination touristique en vogue… Tu vas me dire que l’un ne va peut-être pas sans l’autre… Bref. Murkhana-City est la seule ville d’importance. Le reste est pratiquement sauvage. Cette ville est un nid de vipères grimée pour attirer les touristes. Ils viennent voir l’architecture locale, puis filent explorer le littorale : les plages de sable noir, les barrières de corail, les criques, les grottes marines naturelles… Et j’en passe... Ouais, j’ai aussi épluché les brochures publicitaires. Un foutu ramassis de conneries bonnes pour te faire payer le prix fort. Je n’ai jamais compris pourquoi certains étaient prêt à payer autant pour aller voir quoi ? Du sable ? Des poissons ? Quelle perte de temps et d'argent. »
Halussius Arnor
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La petite main hésitante de Telhar était tendu vers un petit galet de pierre polis posé simplement sur l’herbe fraichement coupée. Il venait d’avoir six ans et apprenait déjà à comprendre cette sensation étrange, cette présence qu’il sentait en lui et qu’il n’arrivait pas à expliquer. Les grands appelaient cela « la Force ». Il ne savait pas vraiment ça voulait dire, tout ce qu’il savait pour le moment, c’est qu’avec la Force il pouvait attraper la pierre sans même la toucher, juste en y pensant, comme si son bras allait s’agrandir… Cela ne lui faisait pas peur mais il trouvait cela… bizarre. Pourtant, il avait déjà vu les grands le faire, des adultes qui lui faisaient parfois grande impression, presque peur. Mais il est un grand qui lui ne lui faisait pas peur du tout. Il aimait bien l’écouter parler et le trouvait gentil. Il avait tout le temps un beau bâton avec lui dans sa main ou pas loin et prenait toujours le temps de répondre quand on lui posait des questions, même si Telhar ne comprenait pas toujours tout. Pourtant, Halussius, c’est comme cela que le grand en question s’appelait, faisait bien attention de parler de la bonne manière et de faciliter les choses pour qu’il comprenne. A chaque fois, il se mettait même à croupi de sorte que leurs yeux soient à la même hauteur. Telhar aimait bien ça.

« Tendez bien votre bras vers la pierre comme pour l’attraper. »

Toute l’attention d’Halussius était porté sur le petit groupe d’enfants sont il avait la charge pour cet exercice. Ils étaient une petite dizaine, le plus jeune était Telhar tandis que le plus âgé était Thalia, âgée de huit ans. Depuis l’ouverture du Nexus, les enseignants qu’Halussius avait rassemblé se partageaient plusieurs petits groupes d’âges différents. Lui s’occupait souvent des enfants de moins de dix ans ou alors des jeunes adultes entre vingt et vingt cinq ans. Mais rien n’était figé et il n’était rare qu’il y ait des changements ou des roulements. Même en tant que directeur du Nexus, Halussius se pliait volontiers à ce fonctionnement qu’il avait lui-même m’y en place.

Tous ces petits enfants se concentrant devant lui dégageaient une aura particulière dans la Force, non seulement Halussius pouvait la ressentir mais plus encore il pouvait la voir réellement, comme si sa maîtrise de la Force permettait à ses yeux de superposer l’immatériel et le matériel en même temps.

L’aura de Telhar attira son attention. Les autres enfants arrivaient déjà à faire bouger la pierre polie sans pour autant réussir à l’attirer à eux, mais Telhar avait beau tendre la main au point de la faire trembler, il ne se passait rien. Halussius s’approcha alors de lui et posa un genou par terre pour se mettre à sa hauteur. Telhar était un peu gêné.


« On dirait que cette pierre est bien là où elle est… »

« J’y arrive pas, directeur… je comprends pas, les autres ils y arrivent pourtant ! Comment ils font ? »

« Tu te souviens de ce que j’ai dis avant le début de l’exercice ? »

Telhar hocha de la tête tout en plissant son front. Halussius lui posa son deuxième genou pour prendre une posture plus confortable et pour montrer à Telhar qu’il allait lui accorder du temps.

« La pierre ne viendra pas dans ta main juste parce que tu en as envie, pas encore. Tu peux t’aider de ce que tu as vu dans la nature ou chez toi pour t’aider. C’est bien toi qui m’as parlé de Jubo, le tyriguane qui vient de temps en temps près de chez toi ? »

« Oui... Je lui donne à manger parfois mais j’ai pas le droit… ma maman veut pas que je m’approche, elle lui fait peur. Mais moi, j’ai pas peur ! »

« Oh ça, je le sais très bien. J’ai déjà vu Jubo en train de manger, toi aussi ? »

« Oui… oui… il attrape les morceaux avec sa grande langue. Elle se déroule comme ça et après il les tiens dans ses pattes et les mangent. »

Telhar faisait des petits gestes pour montrer la taille exagérée de la langue du lézard.

« Exactement ! Alors on va essayer quelque chose… On va dire que ce n’est pas une pierre que tu veux attraper, mais le gâteau que tu préfères...»

« Comme le malbar à la confiture ? »

Halussius esquissa alors un regard surpris assorti d’un sourire complice.

« Confiture de fraizel ? »

Visiblement, il avait touché dans le mille vu le soudain sourire du petit garçon. Halussius chuchota alors.

« C’est le meilleur… »

Il enchaîna sur ce petit moment de complicité pour reprendre.

« Imagine que tu es comme Jubo et que pour attraper ton malbar, il faut que tu tire la langue aussi loin que possible. »

« Beurk… »

Cette marque de dégout n’était que feinte, l’idée amusait Telhar en fait.

« Maintenant, tends ta main et ferme les yeux. »

Il s’exécuta sans attendre et fixa ses oreilles sur la voix d’Halussius.

« Comme Jubo, tu marches dans l’herbe et tu vois au loin le morceau de malbar, avec de la confiture de fraizel au-dessus. Tu marche doucement, pour ne pas te faire repérer et pour être sûr que personne ne te le piquera. »

L’aura de Telhar s’agitait à mesure que l’ancien Jedi faisait son récit. La pierre était en train de bouger petit à petit, par intermittence. Halussius continua de décrire la scène à Telhar puis soudain la pierre vacilla et se dirigea dans la paume de la main du garçon. Il ouvrit immédiatement les yeux pour être sûr qu’il l’avait bien dans la main.

« C’est excellent, Telhar ! Excellent ! »

C’était pour ce genre de sourire de fierté qui se dessinait sur un visage si innocent qu’Halussius appréciait d’enseigner aux jeunes esprits, comme il disait. A l’âge de Telhar, il ne servait à rien de se lancer dans des leçons, des discours ou des notions complexes. L’apprentissage de la Force devait se servir de supports imagés, simples et percutants issus du quotidien. L’imagination des enfants étant si puissante et sans limite, qu’il ne fallait pas se priver de faire appel à elle.

*****

Si l’attention d’Halussius était totalement porté sur ses élèves, son inconscient lui ne cessait d’être attentif au fluctuation de la Force au sein du Nexus. L’ensemble de la structure avait été imprégnée de la Force grâce à des cristaux et à une technique particulière. De ce fait, le Nexus baignait dans un champ unifié et stable. L’ancien chancelier avait bien évidemment reçu l’aide d’autres sensitifs pour générer ce champ particulier dans la Force, mais en tant que concepteur de ce champ et directeur du Nexus, il bénéficiait d’un lien particulier et unique lui de sorte qu’il ressentait la plus infime variation qu’elle soit lumineuse ou obscure, la moindre agitation et pouvait la localiser avec précision dans l’enceinte du Nexus. Rien de ce qui se passait à travers la Force dans le Nexus ne pouvait lui échapper. C’est ainsi qu’il était à même de savoir lorsqu’un individu familier ou non entrait dans la structure. Et cette aura particulière qui venait d’apparaitre soudainement était plus que familière.

Laissant le groupe à un de ses collègues sensitifs, Halussius quitta le square du Nexus en direction de l’intérieur. Dans les couloirs, il ne passait pas inaperçu, d’une part à cause de sa tenue particulière et de son bâton, mais surtout parce qu’il était le « directeur » même si Halussius n’en faisait nullement étalage et n’en tirait nulle gloire ou orgueil, il suscitait du respect et de la considération, ne lui en déplaise. Plus il approchait du Grand Hall et plus l’aura de Ragda devenait tangible, il pouvait sentir ses émotions et notamment son excitation. En vérité, il n’allait pas spécialement à la rencontre de son vieil ami. Il n’avait pas besoin de le faire car il connaissait la persévérance et la ténacité du Hutt qui faisait déjà tout pour le trouver, c’est pourquoi il continua sa route, persuadé que Ragda le suivrait.

*****

[i]L’Agonie d’Ardos était un vaisseau pour le moins… superbe. Un vaisseau de plaisance en parfait accord avec la personnalité de Ragda qui surpassait même dans certains aspects, le luxe et le confort qu’Halussius avait connu du temps de la chancellerie. La couchette sur laquelle il se reposait pour l’heure était des plus confortable. Il n’avait pas rechigné à suivre Ragda, au contraire. Les informations que le hutt avait récolté étaient des plus intéressantes et des plus inattendues.

Ouvrant un œil puis l’autre, Halussius se leva doucement de sa couchette sortant ainsi de la brève sieste qu’il s’était accordé. Une sieste méditative au cours de laquelle Halussius laissait son esprit libre de filer à sa guise, même si ses pensées se tournaient vers Refuge et le Nexus. En son absence, il avait laissé un de ses collègues enseignants assurer les cours et l’administration, mais lui absent, Refuge se trouvait dans une position délicate étant donné que les autres personnalités majeures étaient occupées sur Raxuus. Suivant la coursive, il arriva dans la grande pièce de vie de l’appareil d’où se dégageait une odeur… inédite. Ragda se trouvait là où il l’avait laissé plutôt et ne semblait pas avoir fait attention à sa venue. Il ne dit rien de plus et parcourut les datapads que Ragda lui avait désigné.


« Une destination de rêve… Cela me fait penser à Nar Shaada mais avec de l’eau, du sable. Tu as réservé dans un hôtel convenable j’espère ? Je m’en voudrais d’avoir à recadrer certains individus… »

Toujours à l’affut d’un petit trait d’humour destiné à apaiser l’atmosphère, Halussius regardait Ragda avait un petit sourire.

« Où veux-tu débuter les recherches ? »
Ragda Rejliidic
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« Où veux-tu débuter les recherches ? »

La question résonna sous le crâne glabre du Hutt comme une suite de mots vide de sens. Merde. L’excitation de la découverte avait été si dévorante, qu’il n’avait un seul instant esquissé l’ombre d’un plan. Il s’était précipité sur les traces de son aïeul avec une ardeur dépourvue de logique. Cette découverte l’avait pris aux tripes... Et son cerveau n’avait suivi. L’épopée contant la bataille de Murkhana datait de douze mille ans ! Douze mille ans ! Que restait-il des traces d’Hardulla sur ce monde ? Comment les retrouver ? Qu’avait-il espéré ? Poser la question au premier badaud croisé dans la rue ?

Il n’en avait aucune idée.

Aussi, alors que son esprit s’excitait en quête d’un ersatz de réponse qui satisferait la curiosité de l’ex Chancelier sans le faire passer pour un sombre idiot, Ragda noya le poisson en s’attardant sur la précédente question, beaucoup plus pratique :

« Tu me vois, moi, séjourner dans un bouge ?! » fit-il, l’air faussement indigné, mais le sourire bien ancré aux lèvres. « Rassure-toi : j’ai réservé la suite Impériale au Murkana Beach Palace, Ressort & SPA… Rien que ça, oui. Les noms d'hôtel, c’est comme les débats politiques : plus c’est long, plus c’est palpitant... » Le trait d’humour lui avait semblé, de prime abord, bien plus spirituel. Mais l’évocation des débats, fit resurgir en lui la nostalgie d’un autre temps. Ni pire, ni meilleur. Seulement différent. A des années lumières de leur situation actuelle respective. Dire que l’un avait été Chancelier, et l’autre Ministre de l’Economie… « Tout est réglé… Pas de surprise… Enfin… Sauf que… J’ai juste… »

Comme souvent avec les Hutt, même les bonnes nouvelles dissimulaient des manigances obscures. Ragda n’avait jamais été particulièrement près de ses sous. Mais sa situation personnelle, depuis son départ de l’espace Républicain, ne s’était pas franchement améliorée. Ses avoirs fondaient comme neige sur Tatooine. Même si les revenus générés par son Kajiidic le maintenaient à flot, il n’était plus question de gaspiller le moindre centime. D’entre ses bourrelets, Rejliidic extirpa un énième datapad. Des petits doigts boudinés mais agiles virevoltèrent une poignée de secondes sur l’écran tactile recouvert de mucus. Rapidement, un document apparu. Un en-tête en large caractères indiquait « Certificat de Mariage ».

« J’ai juste un peu triché. » Avoua-t-il, tout en exhibant ledit document. « C’est que… hmm… C'est pas ma faute. Sur leur site Holonet, il y avait un énorme bandeau qui affichait 50% de réduction pour les jeunes mariés…Voyage de noce, lune de miel… Je n’ai pas pu résister... J’ai falsifié ce document pour en profiter… M. Halussius Arnor-Rejliidic. Ça sonne plutôt bien non ? »

Ragda explosa de rire. Un rire tonitruant, guttural, aux relents âpres de viande avidement digérée par des sucs gastriques surpuissants. Les larmes aux yeux, il ne parvenait plus à se maîtriser. Ses bourrelets graisseux tressaillaient anarchiquement. Plusieurs objets s'échappèrent d’entre eux, dégoulinèrent le long de ses formes généreuses jusqu’à l’assise souillée de mucus de son chariot repulseurs. Un comlink, un stylet pour tablette, un tupperware étanche ou attendait patiemment sa prochaine collation.

Mais rapidement, son hilarité fut stoppée net. Une voix faussement féminine s’échappa des haut-parleurs qui quadrillaient le cœur du vaisseau. Celle d’EVA, l’intelligence aux commandes du yacht. Elle annonça l’imminence de la sortie hyperspatiale, quelques secondes seulement avant que le corridor surréaliste qui les entourait ne cède place à une myriades de traînées lumineuses. Les deux protagonistes ne ressentirent rien. Les compensateurs inertiels contrèrent sans mal les effets de la brusque décélération. Les lignes lumineuses s’étrécirent jusqu’à n’être plus que des points. Des étoiles, par millions. La galaxie toute entière s’offrait en pâture à leurs yeux. C’était peut-être l’un des charmes de la périphérie : elle offrait une vue sublime sur le cœur galactique… Mais Ragda s’en détourna rapidement. A force de vivre parmi les étoiles, il ne leur prêtait plus vraiment attention. Il s’agissait seulement d’énormes boules de plasma en fusion autour desquelles gravitaient en très large majorité des mondes morts, inhospitaliers… Et là ou la vie s’était miraculeusement développée, les lois sordides de la survie s’appliquaient aux vivants. Les faibles mourraient, au profits des plus forts…

Ragda se racla la gorge. Les sucs gastriques lui étaient remontés le long de l’œsophage. L’irritation lui rappela qu’il n’avait plus rit ainsi depuis bien longtemps. Sa vie avait toujours été d’un sérieux mortel… Même aujourd’hui, avec la responsabilité financière d’une colonie sur les épaules. L’idéalisme ne nourrissaient ni les vieillards ni les enfants. Sans une assise économie solide, Refuge ne tiendrait pas plus de quelques années…

D’un revers de main mental, le Hutt chassa ces sordides pensées. Comme les lui avaient appris Halussius et Velvet, il cloisonna son esprit pour mieux se focaliser sur l'instant présent, et toute la palette de nouvelles sensations qu’il éprouvait au travers de la Force. Son regard fut happé par la boule bleue et verte qui grossissaient rapidement, à mesure que l’Agonie d’Ardos approchait. Murkhana. Plusieurs flashs lumineux attestaient de l’activité spatiale. Le reflet des coques rutilantes des paquebots de luxes, les traînées laissées par leurs sauts.

Il y en avait plusieurs dizaines orbites. Les plus gros stationnaient là, incapable de pénétrer l’atmosphère sans risquer leur intégrité physique. Un ballet incessant de navettes plus modestes acheminait les touristes jusqu’aux différents sites aménagés pour leur permettre de s’amuser, et, surtout, de vider le contenu de leur porte-monnaie. Ragda observa ce jeu quelques instants sans mot dire. Il parvenait à peine à sentir les présences des êtres vivants à l’intérieur de ces coquilles vides d’acier. Il y en avait tant...

« Je comprends mieux d’où vient le terme : Industrie du tourisme… » finit-il par dire, ironique, estimant, à la grosse, vingt ou trente mille âmes en transit entre les paquebots et la planète. Il soupira, cligna des yeux, avant de tourner son énorme tête. Son regarde chercha celui du Non-Jedi.

« Je vais être franc » avoua-t-il enfin. « Je n’ai pas vraiment de plan en tête. Tout est encore très… flou. Comme je te l’ai dit, les traces d’Hardulla ont pratiquement été effacées des archives Hutt. Pourquoi ? Je me suis posé cette question des centaines de fois. Une forme d’humiliation pour lui et ses descendants ? Doit-on y voir une tentative de faire disparaître une menace ? Ou peut-être la peur de qu'était cet être ? C’était il y a douze mille ans…

A cette époque, les Hutt dominaient un espace bien plus large qu’aujourd’hui. Mais nulle part je n’ai trouvé la preuve que Murkhana n’appartenait à un quelconque Kajidic. Avant l’essor du tourisme, rapidement suivi par celui de la contrebande, ce monde n’intéressait personne… Alors, pourquoi Hardulla est-il venu ici ? Pour se cacher ? Ses ennemis sont venu jusqu'à lui, pour le tuer… Puis sont reparti. Le texte que j’ai retrouvé… Il a été écrit par Borska Besadii. Un Hutt terrifiant qui a passé la majorité de sa vie à écraser ses adversaires, réels ou fantasmés. Si, comme j’en suis convaincu, Hardulla maîtrisait la Force… Il est possible que Borska l’ait traqué pour cette raison… Ou pour tout autre chose, qui sait… Pourtant, une seule et même question revient dans tous mes raisonnements :

Pourquoi Murkhana ?

Hardulla aurait pu se tapir sur des mondes bien moins hospitaliers, ou il aurait eu bien plus de facilité pour combattre ou se dissimuler. »


Ragda secoua la tête. Toutes ces questions sans réponses le tiraillaient autant physiquement que mentalement. Plus il cherchait à comprendre, plus il devenait fou.

« Je ne crois pas aux coïncidences. Je n’y ai jamais cru. Si Hardulla est venu ici, c’est parce qu’il avait une bonne raison. Et si mes théories sont justes, cette raison est probablement liée, d’une manière ou d’une autre, à la Force elle-même…

Je ne vois que deux approches possibles. Soit on retourne la capitale à la recherche de traces, d’archives, datant de plus de douze mille ans… Soit on se laisse guider par la Force, en espérant qu’elle nous mène jusqu’à ce qu’Hardulla cherchait ici. »


Son petit doigt lui dictait qu’Halussius opterait plutôt pour la seconde. C’était d’ailleurs pour cette raison qu’il avait tant insisté pour que l’Ex-Chancelier le suive. Seul, il aurait été incapable de suivre une piste laissée douze mille ans plus tôt dans la Force. Halussius le pouvait-il lui ?

EVA procéda aux procédures d’approche planétaire classiques. Elle échangeait avec le contrôle orbital, afin de se positionner sur une trajectoire éloignée de tous ces paquebots stationnaires. Ils étaient énormes, démesurés. On devinait aisément, à bord, les piscines, salles de jeux, salles de concerts… De véritables mégalopoles flottantes. Même Ragda eut le souffle coupé face à de telles proportions… L’Agonie d’Ardos, en comparaison, lui semblait soudain s’être muée en une coquille de fraizel.

Quelques minutes plus tard, laissant les mastodontes dans leurs dos, le Yacht Spatial pénétra la haute atmosphère, s’insérant sans mal dans le flux incessant des navettes.

« Nous atterrions au Spatioport Intergalactique de Murkhana-City. C’est la capitale… Les autochtones n’ont visiblement pas une imagination débordante… M’enfin. J’ai pris l’option navette privée. C’est gratuit pour les jeunes mariés à vrai dire. Un speeder nous attendra sur place pour nous conduire directement à l’hôtel… »
Halussius Arnor
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Le mariage. L’espace d’un instant, Halussius mobilisa son esprit tout entier afin que les pensées les plus inattendues et les plus inédites se ne forment à l’idée d’être uni à Ragda. Le mariage était une chose à laquelle il avait déjà réfléchi et médité, l’idée ne lui était d’ailleurs pas désagréable… mais il n’avait jamais envisagé l’idée avec un Hutt. Perdu des dans ses pensées, il n’avait d’ailleurs pas réagi de suite lorsque Ragda lui mentionna ce petit détail. Ce n’est que quelques secondes plus tard qu’il lâcha un  « Pardon ?! »… Il n’osait imaginer les visages ahuris du personnel et des autres clients en les voyant entrer dans le hall de l’hôtel, bras dessus bras dessous, comme deux jeunes mariés… Que ne ferrions nous pas par amitié !
 
 « Mariés ? Tu dois être le pirate en méta-informatique le plus doué que je connaisse, Ragda. Et tu n’a rien trouvé d’autre que cette idée de mariage ? …. Pour un rabais de cinquante pourcents ? »
 
Un frisson s’empara de tout son corps lorsque ses yeux se portèrent sur les objets embibés de mucus tombèrent sur le sol. Ragda n’en pouvait plus de s’esclaffer à en chercher sa respiration. Halussius lui se laissa tomber sur le fauteuil le plus proche et en tenant fermement le data-pad qu’il avait dans ses mains. La résignation s’empara de lui lorsque E.V.A. annonça qu’il était arrivé à destination.
 
Tous deux se dirigèrent vers le cockpit et tandis que le Hutt s’installait aux commandes, à un poste de pilotage adaptée à sa morphologie, Halussius prit le fauteuil de co-pilote qui, bien que présent, ne servait à vrai dire à rien. Il oublia pendant quelques instants le jeu de dupe qui l’attendait en voyant ses myriades et myriades de vaisseaux en transit en orbite de la planète. Simples navettes, vaisseaux de moyens tonnages en passant par les immenses croiseurs de plaisance parfois aussi imposant que des destroyers tout le spectre des flottes commerciales était présent.
 
Le trafic était tel qu’il était organisé en plusieurs files de centaines de vaisseaux soit pour s’arrimer à des stations en orbites soit pour rejoindre directement la surface de la planète. A bien des égards, cela rappelait à Halussius l’orbite et le ciel de la capitale républicaine, Coruscant, qui connaissait le même balai urbain, mais à un niveau sans égal.
 
Lorsque l’Agonie d’Ardos entama son entrée dans l’atmosphère, l’ancien chancelier s’en retourna dans sa cabine pour préparer ses affaires et se tenir prêt à débarquer.

 
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[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]
 
Le spatioport intergalactique de Murkhana-city était à l’image de la notoriété de la planète dont elle était la capitale, un lieu de divertissements et de vacances. L’immense promenade dans lequel Ragda et Halussius se mouvaient grouillaient littéralement de monde venu soit en transit soit tout simplement pour dépenser de leur argent. La promenade couverte d’un toit arrondi et totalement transparent accueillait une multitude d’échoppes, de magasins de luxe et de restaurants aussi exotiques les uns que les autres. Ici, il la guerre et la politique n’avaient pas leur place à en témoigne les impériaux et les républicains qui se côtoyaient sans la moindre animosité. Slogans publicitaires, hologrammes divertissants, tout était pensé pour que les touristes dépensent leur argent, le tout dans une ambiance détendue et un luxe raffiné. Halussius observait tout cela avec un certain détachement. Il ne pouvait pas dire qu’il se sentait mal à l’aise, non. Il était seulement moins réceptif à tout cela qu’à une certaine époque, contrairement à Ragda. Lire sur le visage d’un Hutt relevait d’une compétence que ne possédait pas Halussius, cependant, à travers la Force il percevait en lui des émotions contradictoires et plurielles qui ne s’étaient manifester qu’une fois arriver sur la promenade.
 
Alors qu’il s’apprêtait à commenter l’endroit avec Ragda, Halussius sursauta presque lorsqu’un droïd de protocole se présenta soudainement devant lui. Il s’agissait d’un modèle très haut-de-gamme, du genre que l’on ne trouve que dans les complexes de luxes ou dans les ambassades.

 
 « Kon’traya Sor Murkhan’en Po !! Ou plus simplement, bienvenue à Murkhana-city ! Je suis LR6-Z3 et vous devez être nos jeunes amoureux que nous attendons avec impatience ! Je suis TR6-Z8, l’ambassadeur de votre séjour affecté spécialement par la Direction de l’hôtel. Si vous voulez bine me suivre, votre navette vous attends. Ne vous inquiétez pas pour les bagages, ils seront envoyés direct…»
 
La programmation enthousiaste, peut être même trop enthousiaste du droïd, poussa Ragda et Halussius à échanger un regard dubitatif. Était-ce le fait que le droïd commençait à s’en aller sans les attendre, son enthousiasme surfait ou bien le fait qu’il les ai appelés « jeunes amoureux » qui avait figé les deux compères sur place, nul ne saurait le dire. Mais Halussius finit par briser ses quelques secondes de non-action.
 
 « Allons… mon… chéri… ne faisons pas attendre notre cher ambassadeur. Il me tarde d’être… de pouvoir profiter de notre séjour en amoureux ! »
 
Halussius avait pris une grande inspiration en finissant sa phrase, de résignation,  avant de suivre à son tour le droïd jusqu’à la plate-forme privative où leur navette attendait.
 
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Ragda ne lui avait pas menti… Le seul Hall d’entrée du Murkhana Beach Palace etc. en disait long sur le standing de l’établissement. Des colonnes en matériaux précieux, des fontaines dans lesquels se mouvaient des hologrammes élaborés, du mobilier d’un luxe tel que l’on hésitait à se mettre assis dessus ou à l’effleurer, même les droïds étaient soit en partie ou en totalité plaqué de métaux précieux.
 
La clientèle venait de toute la galaxie, il y avait une véritable mixité ayant tous en commun ceci… la fortune. Tout comme sur la promenade du spatioport, les divergences et les animosités ne tenaient plus en témoigne ces deux hauts gradés de l’Empire et de la République en train de siroter un verre au bar. Certains clients portaient des tenues décontractées, d’autres des tenues plus habillées, même les espèces les plus improbables. Halussius avait troqué sa tenue habituelle pour quelque chose de plus convenu et de plus passe-partout pour l’occasion. Avec son bâton à la main en guise d’accessoire d’apparat, le Jedi gris apparaissait comme un aristocrate distingué. TR6 se trouvait devant eux pour les conduire à la réception.

 
 « Tout le personnel du Murkhana Beach Palace, Ressort et Spa se tient à votre disposition… »
 
Le droïd était en train de faire un inventaire rapide des commodités et du fonctionnement de l’hôtel sans aucune discrétion.
 
 «… votre lune-de-miel sera inoubliable ! »
 
Parfaitement anonyme jusqu’à maintenant, les regards commencèrent à se tourner subitement vers le couple Arnor-Rejiidic, avec incrédulité.
 
Le Maître d’hôtel était un homme d’un certain âge déjà, uniforme élégant bien mis et parfaitement peigné. A son accent, on pouvait en déduire qu’il était originaire de Corellia.

 
 « Ahhhh ! Voilà notre couple de la saison ! Messieurs Arnor-Rejiidic, voyez les bienvenus dans notre hôtel. La suite impériale n’attend plus que vous. Comme vous l’aviez demandé, M.Rejiidic des dispositions ont été prises pour que l’on ne vous dérange pas dans les prochaines heures. »
 
Le petit sourire qui se dessinait sur le visage du maître d’hôtel en disait long… Regardant autour de lui afin de s’assurer une certaine discrétion, il se pencha légèrement comme pour chuchoter quelque chose au couple.
 
 « La suite est parfaitement insonorisé, ne vous inquiétez pas, et notre tout nouveau système de literie anti-grav à été installé spécialement pour vous… »
 
Il accompagna la fin de sa phrase d’un léger clin d’œil complice… Halussius était blême, il n’osait pas regarder Ragda… de peur soit d’éclater de rire ou de le foudroyer. Mais il s’agissait là d’un jeu après tout… C’est pourquoi sans pour faire bonne figure, Halussius glissa délicatement sa main libre sur le bras de Ragda, sans le regarder et avec un ton enjoué sorti un  « Amour…. » lourd de sens.
 
Puisque Ragda lui avait fait se coup tordu, il fallait qu’il l’assume à présent. Halussius lui-même s’impressionnait de pouvoir faire preuve à ce point d’autodérision et d’improvisation. Une fois les dernières formalités accomplies à la réception, tous deux furent conduit à la suite nuptiale… impériale.
 
Comme TR6 avait dit, les bagages étaient posés dans l’entrée de la suite. La suite impériale… elle portait bien son nom en vérité. Décoration lourde, fastueuse pour ne pas dire pompeuse. Un raffinement ostentatoire que même les plus beaux palais de la République et de sa Chancellerie ne pouvaient égaler. Situé au sommet du complexe hôtelier, la suite possédait une grande terrasse surplombant l’océan émeraude et la plage de sable blanc en son pourtour. Une vue à couper le souffle en vérité. Dans les différentes parties de la suite, de petites attentions avaient été prévus à l’attention des jeunes mariés pour assurer une certaine ambiance romantique et agréable. Tout avait été prévu pour assurer le confort à chacun en sa qualité d’humain et de Hutt.
 
Alors qu’il profitait un instant de la vue sur la terrasse, Halussius se mit à rire tout en entendant Ragda arriver et se tourna vers lui.

 
 « Amour… qu’allons nous faire pendant ses longues heures où nous n’allons pas être dérangé ? »
Ragda Rejliidic
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« Pour commencer, nous allons trinquer à notre lune de miel ! » lança le Hutt, amusé. Lentement, il glissa jusqu’à la table basse du petit salon de la suite. Une pièce carrée, aux divans larges et luxueux. Deux verres de bienvenu les attendaient là, ainsi qu’un plateau apéritif au-dessus duquel flottait un message holographique personnalisé. Le directeur de l’établissement, en personne, leur présentait ses félicitations et vœux de bonheurs. Ragda pouffa. Les mots sympathiques, le ton enjoué, dissimulaient à n’en pas douter un dégoût refoulé. Comment ne pas ressentir la nausée en n’imaginant les ébats sexuels d’un couple aussi atypique ?

« Ne fait pas cette tronche Halu… » reprit-il, déjà l’un des deux verres serrés entre ses minuscules doigts boudinés. « Voit ça comme une expérience inédite… » ricana-t-il. Il fallait reconnaître que son ancien ami jouait parfaitement la comédie. Seul son regard fuyant trahissait son immense gêne. « Le bon côté de la chose, c’est que le personnel ne risque pas de s’hasarder à nous déranger. Nous avons le champ libre pour la soirée. J’ai leur ait déjà fait savoir que nous sortirons pour le diner. En attendant… Essaye de te détendre, et profite du luxe ! T'as bien mérité de prendre un peu de bon temps non ? » plaisanta-t-il, le gosier débordant d'amuse-bouche. Il n'en avait avalé d’aussi délicieux depuis des lustres.

Ragda, comme à son habitude, plongea le bras entre deux bourrelets. Il en extirpa un datapad sur lequel il pressera immédiatement une série de commandes tactiles. Des cliquetis métalliques s’échappèrent du hall d’entrée de la suite. Un rapide coup d’œil par-delà là large porte voûtée, permis au gastéropode ventripotent de constater que ses valises, équipées de huit longues pattes fines comme celles des arachnides, s’acheminaient elle-même vers la chambre nuptiale. Arrivées sur place, loin du regard des protagonistes toujours dans le petit salon, elles se déployèrent, s’assemblèrent, en un balais technologique impeccable que seuls des programmes informatiques pouvaient exécuter avec une telle rigueur. En moins d’une minute, elles s’étaient muées en une console bardée de boutons. Une rivière de câbles de diverses sections s’en échappaient, jusqu’aux cadavres inertes des carcasses qui formaient jusqu’alors la coque blindée des bagages. L’un des fiches d’anima, elle aussi équipée de plusieurs pattes filiformes. Et tel un mille-pattes, elle arpenta la suite de long en large jusqu’à trouver une prise murale avec laquelle s'accoupler. La console bipa, ses boutons s’illuminèrent comme des décorations festives. Une trappe, sur le coté, s’ouvrit. Une parabole télescopique s’en échappa.

Toujours dans le salon, Ragda continuait à converser avec son « époux ». « J’ai eu un peu le temps de réfléchir pendant le transfert. » dit-il, son énorme gosier toujours bondé de canapés en pâte feuilletées fourrées avec un savoir-faire maîtrisé de toute sorte d’aliments aussi rares que coûteux. « Si Hardulla s’est terré sur ce monde, ce n’est pas un hasard. Il avait forcément une base de repli. Des installations ? Des défenses ? Peut-être même des hommes sur place, qui sait… » Tout en parlant, son regard, braqué sur le vide, attestait d’une intense réflexion. « En tout cas, ce monde n’était pas aussi inhabité et sauvage que les archives peuvent le dire. J’en suis convaincu… Sinon je ne vois pas ce qu’Hardulla serait venu faire ici. » Des suppositions, toujours des suppositions… Mais qu’avaient-ils de mieux ? Rien. Pour autant, celles-ci découlaient d’un raisonnement logique qu’il s’empressa d’exposer avant que la moindre forme d’interrogation ne puisse venir aux lèvres de son mari Non-Jedi « Refuge n’échappe pas à cette règle : les civilisations finissent toujours par reconstruire par-dessus les ruines de celles qui les ont précédées… Tu penses à ce que je pense ? » Non, pas conquérir le monde… « Murkana-city est le seul lieu habité depuis des siècles à la surface de cette planète. Le reste n’est qu’attrape touristes récents. Donc, si Hardulla disposait effectivement d’installations… Elles sont enfouies quelque part sous les fondations de cette ville tentaculaire. » Autant chercher une aiguille dans un banc de sable sur Tatooine. « Hardulla était sensible à la Force. Crois-tu qu’il puisse encore exister une trace de sa présence dans le tissu immatériel ? » Le Hutt braqua sur son interlocuteur un regard intense, paupières plissées jusqu’à ce que ses yeux globuleux ne soient plus que deux étroites fentes jaune-orangées. La présence d’Halussius à ses coté n’avait rien, strictement rien d’innocent. Il savait que l’ex-Chancelier disposait d’une connexion très particulière avec la Force. Pourrait-il l’aider ? Parviendrait-il à plonger sa conscience au travers des milliards de mètres cubes de permabéton pour détecter les traces résiduelles d’un être jadis ayant marqué la Force de son emprunte sombre ? Seul Halussius pouvait le dire…

Mais au même instant, la console dans la chambre bipa. Sans même prendre le temps de reposer son verre, Ragda s’élança vers la suite nuptiale. Une chambre immense où trônait un lit à baldaquin aux proportions tout bonnement insensées. Tentures luxueuses, moquette douce. L’espace s’ouvrait sur une grande terrasse qui surplombait la ville. Les baies vitrées ouvertes laissaient entrer une brise tiède aux les relents indéfinissables de l’exubérante capitale touristique. L’air emportait également les échos de la circulation, les cris des marchés à ciels ouverts…

Aucune surprise ne transparu de l’attitude du Hutt face à sa console. Le modèle escamotable avait été conçu avec l’aide inestimable d’EVA, l’intelligence artificielle. Elle était très rudimentaire, bien loin des installations qu’il avait eu jadis sur Bakura. Mais avec le concourt d’EVA et des systèmes embarqués de l’Agonie d’Ardos laissé en veille au spatioport, l’appareil était en mesure de capter et n’analyser la plupart des transmissions environnantes. Il passait en revue les ondes radio et holomorphiques courantes, à la recherche d’une poignée de mots clés… Et justement. Le « bip » indiquait que l’un d’eux venait d’être repéré. Ragda pressa sur le bouton rouge clignotant. Une voix caverneuse s’échappa des haut-parleurs. Une voix masculine.

// On se retrouve ce soir à l’Antre d’Hardulla. Ne soit pas en retard cette fois. //

C’était tout. Ragda plissa les bourrelets au-dessus de ses yeux globuleux. L’Antre d’Hardulla ? Une rapide recherche sur son datapad lui appris qu’il s’agissait d’un restaurant très mal noté par les guides touristique sur la partie la moins touristique du quartier des quais océaniques d'où partaient les croisières nautiques hors de prix… Un bouge mal fréquenté où se retrouvait probablement la pire lie que pouvait produire une industrie touristique poussée à son paroxysme.

« Ça n’aurait pas été mon premier choix en matière de sortie pour le diner… Mais t’en penses quoi ? C’est peut-être juste une coïncidence ? » demanda-t-il à son époux. Une question à laquelle il s’était déjà répondu en son for intérieur. Ragda ne croyait pas aux coïncidences. « En tout cas on a le temps jusqu'à ce soir... Et si on allait voir ce fameux SPA ? C'est le mieux noté à dix parsec à la ronde... »
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Même lorsqu’il officiait au Sénat galactique, Halussius n’avait jamais connu une telle débauche de luxe. L’exubérance de la décoration, la démesure du mobilier, l’ancien chancelier restait sans voix. Il ne faisait pas de tête particulière mais il imaginait très bien ce qui pouvait passer à travers l’esprit des nombreux autres clients qu’ils avaient croisée entre le hall d’entrée et la suite qui leur était réservée. Ragda lui semblait être totalement détendu.

« Inédite… en effet.. »

Il marmonna dans sa barbe un « pas de danger… » lorsque son acolyte annonça qu’ils ne risquaient pas d’être dérangés par le personnel de l’hôtel.

Laissant un instant Ragda à ses affaires et à sa dégustation, Halussius s’avança vers la terrasse extérieure qui donnait sur toute la ville. Elle grouillait d’activités. Ses yeux se posèrent l’espace d’un instant sur une barge de plaisance qui survolait la cité, puis sur un vaisseau-plaisance qui était en train de s’arrimer sur l’un des docks du spatioport. Les rues fourmillaient de touristes, de marchants et de messages publicitaires agressifs. Certes, on était loin de Nar shaddaa ou de Coruscant, mmais toute cette activité agitait considérablement les sens d’Halussius. Tout en laissant ses yeux vaguer sur le spectacle urbain, il gardait ses oreilles attentives à ce qui se passait du côté de Ragda. Il regagna l’intérieur et se rapprocha de lui lorsqu’il commença à raisonner à propos de Hardulla.

« Je crois que tu surestime mes capacités… amour… »

Le petit regard amusé d’Halussius face au regard perçant et fixe de Ragda l’amusait beaucoup. Son sourire taquin resta encore quelque instant avant qu’il ne reprenne plus sérieusement.

« Chaque être vivant possède sa propre empreinte dans la Force. Mais là, il est question d’un hutt qui à vécu ici, il y a plusieurs millénaires. Dans la Force, comme dans l’univers matériel, les choses s’effacent avec le temps, même lorsqu’il s’agit d’être sensible à la Force. »

Mais Halussius avait un air pensif. Il se rappelait d’une chose que Ragda avait mentionné lors de leur voyage.

« A moins que… Hardulla est connu sous le titre de « sombre », n’est-ce pas ? Tu disais qu’il était connu pour avoir fait usage de maléfices ? Si Hardulla était adepte du Côté obscur, nous avons peut-être une chance. Dans le monde immatériel, le côté obscur de la Force laisse une trace indélébile. Elle est spécifique et très particulière. Je ne pense pas qu’il soit possible de trouver des traces de l’aura de Hardulla à proprement parlé. Mais les traces qu’il a laissé en usant du Côté obscur, ça c’est possible. »

Halussius fut interrompu par l’alerte lancée par les équipements de Ragda. L’Antre d’Hardulla. Voilà qui était intéressant.

« Une coïncidence… Cette transmission nous apprend une chose. Le nom de Hardulla n’est pas anonyme et anodin. Ce nom à suffisamment de notoriété pour finir sur l’enseigne d’un restaurant. Une coïncidence…»

La proposition de Ragda avait le mérite d’être étudiée. L’idée d’aller au Spa ne lui déplaisait pas même si elle se confrontait à l’envie que le non-Jedi avait d’aller explorer un peu plus la ville pour trouver des indices sur Hardulla et ce qui restait de son existence.

Cependant, il devait prendre une donnée essentielle en considération. Ragda et lui était en lune de miel… Jeunes mariés et à peine arrivés à l’hôtel, il serait mal venu qu’il parte chacun de leur côté.


« Voilà une idée des plus réjouissante… Amour. Laisse juste le temps de me changer. »
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« Arrête avec tes… Amour, Amour ! » pesta le Hutt, un sourire de malice sur sa bouche sans lèvres. « Ca fait trop… mécanique ! Entre nous, ça ne peut être qu’un mariage d’amour, tu m’aimes pour mes formes, pour ma personnalité… Alors soit plus imaginatif… Je ne sais pas… Mon petit bout de gras ? Mon bourrelet adoré ? Je suis sûr que tu peux en trouver d’autres ! Surprends-moi ! » Ragda mangea littéralement les derniers mots, lui-même dévoré par une quinte de fou rire. Des larmes perlaient à la commissure de ses épaisses paupières. Comment garder son sérieux en de pareilles circonstances ? Ce qui l’amusait le plus, en vérité, c’était que l’ex-chancelier se prit au jeu. Jusqu’à récemment, un mur invisible se dressait entre les deux êtres : maçonné de briques de rancœur et d’amertume coulées dans un mortier de trahisons.

Mais Refuge offrait une seconde chance aux âmes meurtries, flétries, désireuses de tirer un trait sur leurs sombres passés. Et, alors que Ragda n’aurait parié dessus quelques mois auparavant, les deux êtres à présent plaisantaient ensembles comme de vieux amis. Une part du Hutt ne pouvait s’empêcher de se poser cette question : Avait-il demandé à Halussius de l’accompagner seulement dans le but de retrouver Hardulla ? Ou espérait-il, inconsciemment, renouer une relation qu’il associait la nostalgie du bon vieux temps ? Difficile à dire. Surtout lorsque les sucs gastriques, charriés par des rires convulsifs, vous remontent jusqu’aux narines…

Ragda lutta pour se calmer, recouvrer l’usage de la parole. Il secoua la tête afin de chasser les larmes qui lui chatouillaient les bourrelets faciaux. « Il… Il… » peinait-il à reprendre « Il faut que je t’en trouve un aussi… Quelque chose en rapport avec la taille de ta canne peut-être… » Il pouffa de plus belle. Bordel de merde, comme dirait l’autre. Qu’il était bon de rire et de lâcher prise de temps en temps…

Pour autant, malgré l’amusement bienvenu, l’esprit retord du Hutt cogitait sans cesse. Seul l’un de ces gastéropodes ventripotents aurait été en mesure d’expliquer les mécaniques obscures qui manœuvraient à l’intérieur de leurs cervelles. Ragda avait toujours été doué pour les jeux intellectuels… Et heureusement d’ailleurs, il se serait mal vu athlète… Sauf peut-être pour un record d’apnée. Halussius relevait un point intéressant : la trace obscure laissée par Hardulla.

Ragda inspira, expira… Il inspira de nouveau, expira de plus belle. Ses immenses poumons firent gonfler sa cage thoracique comme un ballon de baudruche prêt à exploser. Un ballon visqueux, bedonnant et dégoulinant du mucus expulsé par les tressaillements de tout son corps informe. « J’ignore pratiquement tout de Hardulla… Je n’ai que ces quelques vers que je t’ai lu. Ils proviennent d’un très vieux texte. Une ode écrite dans un Huttain désuet et pratiquement impossible à traduire en basic… Le terme « Sombre » est effectivement le mot qui correspond le mieux à « Ba’gounda ». Mais à moins qu’Hardulla fut un Hutt à la carnation vert de chrome, je pense effectivement qu’il usait de pouvoirs obscurs. Du moins jugés comme tels par ses contemporains… Le reste n’est que suppositions plus ou moins infondées. Plutôt moins que plus. Nous n’avons pratiquement rien, oui. »

Elle commençait bien leur enquêtait pesta mentalement l’ex-Ministre. Il s’était lancé dans l’aventure, sur un coup de tête. L’instinct constituait l’un de ses principaux moteurs décisionnels… Et bien que celui-ci l’ait trahi à plusieurs reprises, et non des moindres, il continuait de s’y fier. Aucun indice, aucun indication fiable… Mais la Force elle-même lui soufflait que leur quête ne serait pas vaine, qu’ils ne repartiraient bredouille, quelle qu’en fut l’aboutissement.

« Va donc, pour le spa. Laisse moi juste le temps de trier mes affaires... Et on est parti ! » reprit-il finalement, coupant court aux théories hasardeuses qui n’avançaient en rien leur enquête. « J’ignore où nous allons mettre les membres ce soir, alors autant prendre du bon temps, recharger nos batteries… Et voir si les dix-sept mille crédits que j’ai dépensé pour notre séjour valent vraiment le coup ! »


****

Trente minutes plus tard, entrée du spa,

Ragda, d’une pression sur l’écran tactile, coupa les répulseurs de son chariot de transport. Volontairement, il préféra éviter le regard accusateur du Non-Jedi. Oui… Il avait promis de ne plus utiliser ce moyen de transport ! Il avait promis de faire plus d’efforts physiques… Mais toutes les excuses s’avéraient bonnes pour remonter sur son bon vieux démon. Comme celle de ne pas salir, avec du mucus poisseux, le marbre immaculé d’un hôtel de si grand luxe. Qu’auraient dit les autres clients ? Le personnel ? Il était vital pour eux de garder profil bas. La falsification des documents qui leur avaient permis d’obtenir une ristourne de cinquante pour cent sur le prix du séjour leur imposait quelques prudences…

Le faible bourdonnement du mode discret s’interrompit immédiatement. Simultanément, quatre sabots métalliques couverts d’un revêtement doux et anti-dérapant guidèrent la descente de l’appareil. Sans eux, le chariot et son occupant, deux tonnes au bas mot, se seraient écrasés au sol. Une chute ridicule d’une dizaine de centimètres, mais qui auraient causé un remue-ménage sans équivoque. Le taux de mortalité par infarctus aurait explosé l’espace d’une journée sur Murkana.

Ragda, drapé d’un poncho-peignoir gris clair, sobre mais coupé avec une élégance que seul un Hutt débordant de bourrelets pouvait revendiquer, descendit de sa monture de métal.

« Krach’nic ! C’est mieux que sur la brochure ! » souffla le Hutt, ses yeux exorbités braqués sur l’immense arche de pierre. Deux piliers massifs encadraient cette entrée tout droit sortie d’une époque antique. Des voix étouffées, couvertes par le clapotement des bains s’en échappaient. Une musique douce, alléchante même, aux oreilles du Hutt, qui accompagnaient à merveilles les vapeurs chaudes aux parfums exotiques que captaient déjà ses larges narines. Nulle hésitation. Ragda se précipita à l’intérieur, rampant avec une envie non feinte… Mais à peine fut il entré que le brouahaha s’évapora, dissous par l’imposante présence. Des yeux surpris, épouvantés même, dévisagèrent sa silhouette disgracieuse. Il était aisé de lire l’horreur sur le visage des villégiateurs. Aucune personne saine d’esprit ne désirait partager ses bains avec un être aussi… visqueux. Enfin, mis à part Halussius, bien évidemment. Quoi qu’il suffît d’écouter ses histoires sur Atheras pour douter de sa santé mentale… Mais chance pour tout le monde, l’excellente qualité du service de cet hôtel de luxe avait tout prévu. Des bains privatifs attendaient les jeunes mariés.

« Par ici, doudou-alpenstock, c’est le bassin d’eaux chaudes là-bas : avec le « réservé » au-dessus de l’accès privé. J’espère qu’ils ont bien pensé à couper le bouillonnement… Les remous ont tendance à faire mousser mon mucus… » fit-il, on ne peut plus sérieux malgré la débilité profonde du sobriquet employé. Un bon bain chaud ! Ça ne valait pas un bain d’acide pour dissoudre les agrégats poisseux et autres impuretés logés entre ses bourrelets… Mais ça ferait tout de même parfaitement l’affaire ! Une bonne heure de détente s’offrirait-elle à eux ? Ou bien Halussius sauterait-il sur l’occasion pour imposer à son disciple ingérable une séance d’hydrokinésie ? Ragda connaissait déjà la réponse…
Halussius Arnor
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Mon gros bout de gras… Le sourcil gauche d’Halussius se leva spontanément à l’idée de se l’entendre prononcer. Ses yeux se fermèrent immédiatement pour aider son esprit à effacer cela. Pour la première fois depuis qu’il était dans cette suite, le Jedi gris se prit à succomber à l’envie de boire la coupe de champagne qui était offerte. Il prit la coupe d’une main assurée et délicate avant de la porter à ses lèvres et de prendre une gorgée. Il observait Ragda se repaitre et s’esclaffer à gorge déployée. Halussius ne comprenait pas tout à fait la cause de cette hilarité mais voir le Hutt avec autant de bonne humeur l’amusait.

Halussius parlait peu, c’était là sa nature. Il préférait écouter, cela le reposait. De plus, il était plutôt du genre à faire preuve de retenue et d’une certaine distinction. Presque tout l’opposé de Ragda… Mais ne dit-on pas que les contraires s’attirent ? Toutefois, lorsque le hutt annonça le prix payé pour le séjour, Halussius failli s’étrangler avec sa gorgée de champagne. Dix-sept milles crédits… C’est peu ou prou ce qu’il recevait comme indemnité lorsqu’il était Chancelier. Une somme folle pour un séjour… Mais soit. Finissant sa coupe, Halussius se retira pour fouiller dans son barda et trouver des affaires plus décontractées...


C’est vêtu d’un simple boxer de bain et d’une serviette qu’Halussius déambulait en compagnie de son « époux ». Le moins que l’on puisse dire, c’est que la différence entre les deux était flagrante. Lui avait la silhouette plutôt fine avec une musculature presque athlétique, une ou deux belles cicatrices, et Ragda… avait la silhouette qui était la sienne.

Halussius imaginait déjà les réflexions des autres baigneurs. Les regards réprobateurs, curieux, nauséeux il n’y faisait pas attention mais les percevaient tous. Un droïd-bar qui flottait à un mètre au-dessus du sol s’écarta même de leur chemin devant la masse imposante du hutt. L’ancien chevalier jedi laissait néanmoins son regard vaguer ici et là pour observer les lieux qui, il devait l’admettre, était peuplé par de très beaux spécimens, à son goût. Il tourna spontanément sa tête vers son « époux ».


« Doudou-alpenstock… je vois. Oh ! Mon schmoutsi adoré, tu es adorable ! Tu as vraiment pensé à tout ! »

Halussius prenait son rôle au sérieux, bien que faisant preuve d’une légère dérision. Cela l’amusait beaucoup d’une certaine manière. Oui, son séjour sur Anoth l’avait changé sur bien des aspects. Mais cet amusement trouva un brusque ralentissement lorsque Ragda pénétra dans le bassin qui leur était réservé, lui ayant laissé la primeur par galanterie. Le bassin était de forme circulaire et mesurait plus de cinq mètres de diamètre, au minimum… Cela faisait à peine quelques instants que Ragda était dans l’eau que de l’écume commençait à tapisser sa surface. Du mucus… Il fut presque surpris par l’arrivée rapide du droïd-bar qu’ils avaient croisé précédemment.

« Bonjour-Bonjour ! Whisky corellien grande réserve, Brandy d’Alderaan, cocktails exotiques et boissons en tout genre !! Demandez, sifflez, tapez des mains et je viendrais vous servir immédiatement ! »

Le droïd consistait en une sorte de demi-sphère assez imposante sur laquelle se trouvait des dizaines de tubes plaqués or, des trappes réfrigérés dans lesquelles étaient stockés des verres et autres récipients.

« Ca ira pour ma part, merci, mais mon Schmoutsi d’amour va surement se faire laisser tenter. N’est-ce pas, trésor ? »

Mêlant regard sensuel et taquin, Halussius laissa Ragda répondre avant de se porter à nouveau sur le bassin. Il n’était pas question pour lui de pénétrer dans cette eau qui risquait de changer sa peau d’une manière qu’il ne voulait pas imaginer. Sa connexion avec la Force s’intensifia alors. Dans son esprit, il prononça quelques mots qui résonnèrent en elle et commença à descendre les marches de marbres immergés. L’eau touchait sa peau mais le mucus s’en écartait, comme s’il était repoussé à quelques centimètres à seulement.
Ragda Rejliidic
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Le corps informe de Ragda s’enfonça dans les eaux chaudes et parfumées. Le changement subite de température lui arracha un râle de plaisir… Il n’avait même pas pris le temps de retirer son poncho-peignoir. Le pan dorsal flottait derrière lui, telle une cape de super héros. Le précieux tissu, recouvert une nano-couche de vernis hydrofuge, lui garantissait une imperméabilité à toute épreuve. Les eaux thermales, tout comme l’écume huileuse produite par le corps du Hutt, glissaient dessus sans jamais l’humidifier.

Au fil de ses années passées au sein des plus hautes instances Républicaines, l’ex-Ministre avait appris à mieux appréhender la manière dont la plupart des espèces galactiques considéraient les Hutt. Ils les répugnaient. Autant par leur aspect que leur odeur. Coté aspect : il avait ainsi pris l’habitude de se couvrir le corps de ponchos bigarrés adaptés à sa morphologie atypique. Une coutume qu’il ne parvenait à abandonner, même si ses confrères Hutt s’en moquaient outrageusement. Quant à l’odeur… Il avait fallu se montrer des plus ingénieux…

Soudain le buses qui tapissaient les contours du bassin circulaire s’animèrent. Aussitôt, l’épais mucus qui s’échappait du repli de ses bourrelets distendus par la chaleur enivrante commença à mousser. Une mousse aux reflets épinards, et dont l’odeur n’avait rien à envier à un fond de poubelle oubliée en plein soleil un après-midi d’été sur Tatooine. Ragda soupira. Même si la malice le caractérisait, il aurait préféré préserver Halussius de ce spectacle des moins ragoutant…

Mais contre tout attente, le Non-Jedi parvint à contenir, du moins en apparence, son dégoût. Il pénétra dans les eaux souillés, sous ses yeux médusés. Force de caractère hors du commun ? Ou fétichisme tenu secret jusqu’ici ? La réponse, évidente pourtant, ne se révéla au Hutt qu’une bonne poignée de secondes plus tard, alors qu’une pression dans la Force s’exerçait non loin de lui. Sacré Halussius. Intelligent et astucieux. Il flottait dans un carcan d’eau purifiées, filtrées par sa maîtrise de l’hydrokinésie. Ragda plissa des yeux, l’observa quelques instants. Ses sens en éveil, il projeta ses perceptions sensorielles jusqu’à la frontière artificielle crée par son « époux »… Il la caressa mentalement pour mieux en comprendre la nature exacte… Mais il abandonna rapidement.

« Un brandy pour moi. Le plus cher de votre carte » répondit machinalement le Hutt. Cette phrase sortit de sa gorge comme dotée d'une volonté propre… Les vieilles habitudes… Le droïde s’activa. Il flotta lentement jusqu’au Hutt, tandis qu’un écoulement à peine audible trahissait le comportement de ses mécanismes internes. Arrivé à son niveau – le corps massif du Hutt dépassait suffisamment de l’eau pour se trouver à sa hauteur – une trappe s’ouvrit. Un bras télescopique s’en échappa : la pince à son extrémité enserrait fermement un verre de Brandy en cristal. Ragda n’eut qu’à ouvrir sa petite main boudinée pour le droïde le lui dépose dans le creux de sa paume.

« Désirez-vous autre chose ? » s’enquerra-t-il, répondant à une programmation destinée à pousser le client à la consommation.

« Oui » répondit le Hutt, bien avant qu’Halussius ait pu intervenir. « Un peu d’intimité… »

Le droïde bipa pour marquer sa compréhension, fit un demi-tour en pivotant sur son axe, puis s’éclipsa sans un autre bruit. Pendant ce temps, Ragda jouait avec son verre, les yeux hypnotisés par le liquide ambré qui tournait à l’intérieur. Il secoua la tête, comme pour chasser la torpeur qui gagnait son esprit. Ces derniers temps, il se sentait perpétuellement fatigué… Depuis l’overdose de stimulants intellectuels qui avaient bien faillit lui coûter la vie, il luttait au quotidien pour se défaire de cette addiction. Il soupira, puis avala cul-sec le breuvage. Maladroitement, il reposa le verre sur le rebord du bassin.

Un silence pesant s’était installé entre les deux êtres que tout opposait. Peut-être était-ce dû à l’incongruité de la situation… Ou bien aux doutes qui dérivaient à la lisière de sa conscience… Mais passé les amusants sobriquets, que leur restaient-ils à se dire ? Mécaniquement, Ragda se gratta l’entre-deux bourrelets pectoral. Ses doigts se refermèrent un morceau de papier imbibé d’eau et de mucus mêlés.

« Quel con, j’ai complètement oublié de retirer les serviettes hygiéniques ! »
pesta-il, extirpant précautionneusement ladite serviette de sa sordide cachette. Elle semblait vouloir se déliter sous son propre poids. Il sentit le regard interloqué du Non-Jedi bien avant de le voir. « Une autre de mes vieilles habitudes… Je mets toujours deux ou trois serviettes hygiéniques absorption XXL entre les bourrelets sous le poncho. Ça… Limite… Comment dire… le volume de mucus. Et donc… hmm… Mon emprunte olfactive dans l’environnement proche. » se justifia-t-il. Tel était son « secret » pour résoudre les petites problématiques odorantes évoquées plus tôt. « Mais maintenant la plupart doivent flotter dans le bain, entre nous… » Dissimulées sous le mucus moussant.

Même un Hutt pouvait ressentir une inconfortable gêne de voir exposer ainsi au monde ses intimes lubbies. Ragda grimaça mais trouva rapidement une feinte pour détourner la conversation :

« Explique-moi comment tu fais pour… Pour repousser les impuretés qui flottent dans l’eau. J’ai… essayé de percevoir au travers de la Force, comme tu me l’as appris… Mais ta manœuvre est si subtile que je peine à la sentir. Comment peux-tu agir sur la matière liquide à un niveau aussi infime ? » La question était sérieuse et sincère en vérité. Depuis qu’il côtoyait l’Ex-Chancelier, Ragda avait appris à mieux se concentrer, à étendre sa conscience au-delà de ses perceptions matérielles. Et il avait découvert une affinité toute particulière avec l’élément liquide. Une forme primitive d’Hydrokinésie qu’il espérait un jour apprendre à maîtriser avec les conseils de son vieil ami. Encore fallait-il qu’il fut en mesure de comprendre la manière t’interagir avec celui-ci…
Halussius Arnor
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Halussius écouta avec politesse les détails… « glamours » de Ragda et de ses serviettes hygiéniques. Il s’efforçait également de ne pas trop porter son regard sur le reste du bassin et de ne pas s’attarder sur les effluves « délicates » que le mucus exhalait.

Lorsque le droïd s’échappa enfin d’auprès d’eux, une barrière holographique opaque se matérialisa peu à peu mais assez rapidement tout autour du bassin. Il s’agissait d’une fonction spéciale équipant les bassins qui étaient réservés, une attention de plus pour assurer une meilleure intimité.

La question de Ragda était pour le moins inattendue. L’ancien Jedi ne s’attendait pas à ce que son vieil ami décide de profiter de ce moment et de cette situation pour parfaire son usage de la Force. Il semblait impressionné et avide de savoir. Ce n’était pas la première fois qu’Halussius remarquait cela dans le regard du hutt. Certes, Halussius faisait parfois un usage peu conventionnel de la Force, mais pour être trivial, il n’était « qu’un petit joueur » en comparaison des autres disciples qu’il avait côtoyé sur Anoth.


« Lorsque j’étais parmi les disciples d’Atheras, le maître qui m’a enseigné comment agir sur l’eau était capable de commander à l’océan. Ce que je fais en comparaison est très simple, mon ami. »

Jusqu’ici, Halussius avait garder ses bras le long de son corps, afin de minimiser la surface à assainir. Mais pour la démonstration, l’humain les sortis du bassin pour les laisser flotter devant lui.

« Lorsque la Force vient à toi, imagine dans ton esprit qu’elle est comme l’eau d’une cascade qui coule le long de ton corps et de ta peau. Elle coule sans cesse et sans barrière, rien ne peut l’empêcher de couler… Tu sens sa fraîcheur sur ta peau, sur tes bras, dans le creux de ta main… tu la sens ruisseler jusqu’au bout de tes doigts…

L’eau poisseuse qui était autour des bras d’Halussius était prise d’un léger mouvement à peine perceptible. Comme si une ligne se dessinait sur l’eau suivant exactement la courbe de ses chaires.

« Cette eau douce et pure t’apaise… Imagines alors que cette eau se répande tout autour de toi et éloigne toutes les impuretés qui pourraient t’atteindre. »

La ligne autour de la peau d’Halussius s’épaissie alors, éloignant le mucus à quelques centimètres. Ses yeux se tournèrent vers le Hutt afin de voir sa réaction.
Ragda Rejliidic
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« Très simple… Arrête de jouer la modestie. Pas ce ça entre nous, doudou-alpenstock. » répondit immédiatement Ragda, sur un ton faussement léger. Un éclair de frustration lui traversa ses pensées. Était-il un incapable, au moins de ne de comprendre quelque chose « d’aussi simple » ? Mais, fort heureusement, cette fierté mal placée céda aussitôt place à des sentiments bien plus raisonnés. Halussius avait toujours été humble. Le genre d’être à ne jamais se mettre en avant au risque de rabaisser les autres. Même lorsqu’il avait été élu Chancelier, il avait su garder une simplicité et une entièreté forçant le respect de ses interlocuteurs. Certes, agir sur un bain souillé de mucus ne méritait aucune comparaison avec la capacité à dompter un océan… Mais sa capacité à séparer les molécules d’eau des impuretés n’en demeurait pas moins une technique complexe, difficilement a la portée du premier venu. Il agissait à un niveau infime de la matière.
 
Ragda ferma les yeux. Il inspira profondément, puis étendit son esprit au monde qui l’entourait. Il avait toujours été un être rationnel… Et ces nouvelles sensations, aussi impossibles à décrire qu’à expliquer, le dépassaient encore. C’était comme si… comme s’il prenait conscience d’un nouveau sens. Comme la vue ou l’ouïe… Un sens capable de le faire ressentir la Force qui l’entourait. Il la sentait en toute chose, de bordure de pierres du bain à remous, aux cellules qui composaient son époux. Elle était invisible et omniprésente.
 
Ressentir ainsi son environnement avait été une étape difficile pour le gastéropode ventripotent. Car son premier réflexe, face à l’inconnue sensation, avait été de la comprendre. Or, pouvait-on réellement comprendre la Force ? Son esprit rationnel s’était heurté à un mur de sensations, d’intuitions et de notions tout sauf logiques. Velvet lui avait décrit la Force comme un flux, un tissu maillant l’univers, un essence immatériel manipulable seulement par ceux sachant le percevoir… Mais Halussius, lui, évoquait une entité : comme si la Force, au travers de ce qu’il nommait Atheras, disposait d’une volonté propre, capable de façonner à l’elle seule les univers et les créatures les composants. Deux visions diamétralement opposées. Ainsi, Ragda fut pendant de long, très long mois, incapable d’y comprendre quoi que ce soit… Et cette confusion n’avait fait qu’alimenter un sentiment de frustration alors qu’il ne parvenait à progresser.
 
Enfin, après s’est confronté à la Force elle-même, il était parvenu à faire fi de ses doutes, de ses interrogations. Il avait sagement rangé dans les profondeurs de son esprit insondable les questions sans réponse. Il fallait se concentrer sur les sensations, les émotions, l’instant présent. Ragda avait appris à ressentir plus qu’à réfléchir.
 
« Tu m’as déjà dit tout ça. Lors de nos séances de méditation dans la clairière où la Force m’a conduite… »
 
Alors que ces mots glissaient entre ses lèvres inexistantes, Ragda fit couler ses perceptions le long de son corps, comme un ruissèlement. Il prit conscience de son être, au travers de la Force. Un corps palpitant de vie, aux contours iridescents. Sa conscience dégoulinait lentement le long de ses bourrelets, se perdaient dans le labyrinthe des replis de sa peau glabre. Au creux des canyons de graisse, la vie foisonnait. Des champignons, parasites, êtres microscopiques. Un univers inconscient du monde dans lequel évoluait le Hutt, mais pourtant intimement lié, entre-connecté à celui-ci. Cet univers miniature se noyait dans les eaux chaudes et conquérantes des remous aqueux chargés de mucus mousseux. Les parasites hurlaient leur agonie au travers de la Force. Des cris à peine audibles, mais qui n’émouvaient en rien le Hutt. Il observait ainsi ce qui l’entourait avec un froid détachement. Chaque action entrainait une myriade de conséquences, certaines bénéfiques, d’autres maléfiques… Tout dépendait de l’angle dont on observait les choses. Prendre un bain revenait à condamner des milliers de micro-organismes à une mort certaine. Une condamnation sans appel possible. Était-ce mal ? Ou bien ? Qui pouvait le dire ? Partant de ce constat, Ragda mis son petit doigt boudiné mental sur l’un des préceptes que tentait de lui enseigner Refuge : Le bien, le mal… Le coté lumineux, le côté Obscur… Ils n’existaient tout en n’existant pas. Tout dépendait d’un point de vue, toujours.
 
Les sens éthérés du Hutt quittèrent alors les contours chaotiques de son propre corps, pour pénétrer dans les flots chauds, déchainés par les remous. Ces eaux vibraient tout autant de vie, malgré les multiples filtres par lesquels elles étaient passées. Ragda pouvait presque… Percevoir comme des blessures, des saignées, des griffures métaphysiques là ou les traitements sanitaires avaient laissés des cicatrices dans ces eaux jadis débordantes d’une vie organique foisonnante mais jugée inadapté aux besoins des clients de l’hôtel. Ces eaux avaient été filtrées, purifiées, additionnées de toute sorte de produits chimiques, de parfums. Mais, malgré tout, elles restaient totalement présentes dans la Force. Il irradiait de chaque molécule d’une puissance endormie qui n’attendait qu’une pression spirituelle pour s’animer.
 
Ragda le ressentait avec une acuité jamais atteinte auparavant. Était-ce la présence d’Halussius à ses coté ? Le non-Jedi avait toujours eu comme un don pour projeter autour de lui une aura apaisante susceptible de conforter ses élèves, de les rassurer, de leur donner la confiance nécessaire pour dépasser leurs difficultés. Au milieu de ces molécules d’eau, Ragda percevait maintenant, très nettement, les impuretés issues de son propre corps. Elles renvoyaient un écho dans la Force. Un écho étrangement… Familier ! C’était parfaitement logique ! Ce mucus provenait de son propre corps ! Et l’élément liquide cherchait à le dissoute, à la submerger. L’eau s’attaquait à lui. A cette part de lui qui se répandait dans le bassin.
 
« Je… Je ressens les choses de manière très différentes. » reprit le Hutt, après quelques minutes de silence. Les bourrelets disgracieux de son faciès témoignaient d’une tension mentale extraordinaire. « L’eau ne m’apaise pas. Elle m’agresse Halussius. Elle cherche à me dissoudre. Elle… »
 
Un sentiment des plus improbable fit alors irruption dans son esprit tortueux. Un sentiment qu’il pensait enfuis à jamais : la maternité. Il envahissait subitement tout son être. Des frissons parcouraient son corps, tandis que son rythme cardiaque montait en flèche. Plusieurs images s’invitèrent dans ses réflexions. Des images de sa progéniture : Alan, pris par le Temple Jedi après son overdose de stimulants intellectuels dans les toilettes du Sénat. Son affinité à la Force s’était révélée à la suite de cet événement sordide…
 
Immédiatement, l’irrépressible envie de protéger ses « petits », toutes ces parts de lui noyées dans les flots parfumés, le poussa tirer avec une détermination insoupçonnée sur les ficelles invisibles de la Force qui relaient entre-elles tous les éléments de l’Univers…
 
Et lorsqu’il rouvrit les yeux, une digue presque solide de mucus compressé formait un rempart entre son corps et les eaux redevenues cristallines. Ragda ouvrit la bouche pour exprimer sa surprise, mais aucun mot naquit dans son esprit troublé. Entre Halussius et lui flottaient les serviettes hygiéniques, plus d’une quinzaine. Détrempées, mais immaculées, comme tout juste sortie de leur sachet plastique.
 
« Bordel… » fit-il par lâcher, faute de trouver un vocable plus élaboré. « Tu vois ! Je t’avais dit qu’il se passait des trucs étranges avec mon mucus ! La dernière fois s’était sur Junkfort Station… Mais j’avais pris de la Bota… Et c’était sous le coup de la peur, on avait été attaqué par un faux Darth Nesanto. » Un épisode qui semblait avoir eu lieu des années auparavant alors qu’il ne s’était écoulé qu’un mois seulement. « Dès que j’essaye d’agir sur la Force pour autre chose que des exercices bidons de télékinésie… Il se passe… ça. »
 
Dire qu’il avait espéré se détendre un peu, ici, dans le spa de l’hôtel… Voilà qu’il était à présent bien plus tendu qu’à leur arrivée sur Murkhana. Un comble.
Halussius Arnor
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Halussius sentait la Force affluer dans le corps de Ragda comme l’air qui serait aspirer dans un trou. Cependant, il ne pouvait en percevoir d’avantage et percevoir ce qui se passait dans son esprit. L’avantage et l’inconvénient d’être un Hutt sensible à la Force. L’ancien Jedi était face à un « cas unique » en vérité. Les Hutts étaient plus connus dans la galaxie pour leur imperméabilité à la Force qu’à leur sensibilité. Jusqu’à ce qu’il retrouve Ragda et que ce dernier le mette dans la confidence, Halussius pensait qu’une telle chose était impossible. Et apparemment, Ragda n’était pas tout à fait un cas unique. Mais si Halussius ne pouvait pas percevoir dans l’esprit du Hutt, il pouvait lire sur ses traits épais et lisses. Il se passait quelque chose…

Tandis qu’il écoutait Ragda donner ses impressions, Halussius remarqua la surface de l’eau autour de son compagnon et de lui s’agiter. Il fut d’abord surpris. Comment Ragda pouvait aller outre sa propre emprise sur l’eau ? Mais il finit par comprendre… L’emprise d’Halussius sur l’eau était toujours présent et intacte… En vérité ce n’était pas sur l’eau que Ragda étendait son contrôle. Son propre mucus se rassemblait devant lui comme attirer par un aimant. Les paupières closes du Hutt ne pouvaient dissimuler l’intense activité qui animait son esprit. Peu à peu le mucus s’aggloméra sur lui-même pour former une ligne quasi rigide entre eux deux. Halussius regarda autour de lui… l’eau du bassin était revenue quasiment aussi propre qu’avant leur arrivée.


« Inattendu… mais intéressant… »

Halussius avait marmonné cela dans sa barbe alors que Ragda commençait à jurer. En l’état, il était incapable de comprendre cette déclinaison inédite du lien entre la Force et le Hutt.

« Je suis aussi perplexe que toi… Pour avoir un contrôle sur l’eau, il faut envisager la Force comme elle et envisager que l’on ne fait soi même qu’un avec l’eau… Ne te vexe pas, mon ami, mais pour le moment je ne saurais expliquer pourquoi les choses sont différentes pour toi. Nous avançons tous les deux en terre inconnue, en vérité. Avant de te rencontrer, je ne pensais même pas qu’il était possible pour un Hutt de manipuler la Force. Je sens la Force affluer en toi mais ma perception ne va pas au-delà… Je ne peux pas percevoir ce qui se passe en toi. »

Halussius leva la main vers le mucus encore aggloméré. Il fixa son esprit dessus et prononça trois mots dans une langue incompréhensible pour Ragda, mais c’était un langage que l’ancien Jedi avait déjà utilisé devant lui. Il ne se passa rien. De toute évidence, Halussius ne pouvait pas agir sur le mucus comme il le faisait sur l’eau.

« Mon Trésor… Te voilà devenu plus encore un être unique dans la Force et dans cet univers. »
Ragda Rejliidic
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« Je m’en serais bien passé… » maugréa Ragda, j’enfonçant un peu plus dans l’eau chaude, alors que sa digue de mucus solidifiée lui collait à la peau. Plus un mot ne sortait de son énorme bouche dépourvue de lèvres. Il ferma les yeux, et se laissa enfin aller aux plaisirs des bains parfumés. Mais les mots de son compagnon lui trottaient en tête. Pour contrôler l’eau, il ne fallait faire qu’un avec celui-ci… Le mucus provenait de son propre corps, donc, techniquement, il ne faisait effectivement qu’un avec. Ses sudations adipeuses étaient-elles une extension de sa propre personne, au regard de la Force ? Quelle connerie.
 
Ragda chassa ces pensées pour s’enfoncer un peu plus dans son propre esprit. Dans les méandres de ses pensées. Elles fusaient en tous sens, comme souvent. Un chaos permanent où les idées, envies et espoirs naissaient et mourraient en un instant. Le gastéropode ne s’était jamais intéressé à l’architecture de ses pensées avant que la Force ne se relève à lui. Les Hutt vivaient et agissaient ainsi : dominés par des instincts primitifs au service d’une soif de pouvoir dévorante. Même si les années passées au sein de l’organe Républicain lui avait apprit la mesure, Ragda n’en demeurait pas un Hutt pur souche… Et dans cette folie, sous son crâne glabre, il avait eu bien du mal à trouver un îlot de quiétude où se caparaçonner pour atteindre l’état de transe dans lequel se plongeaient les êtres sensibles au courant universel.
 
Son île mentale, comme la nommait. Une zone de calme, l’œil au cœur de la tempête. Une conception purement immatérielle, quasi-spirituelle. Elle n’avait cessé de grandir depuis deux ans, a mesure que sa maîtrise et ses perceptions s’affinaient. D’abord roc stérile, elle arborait à présent une flore et une faune endémique à son esprit. Des créatures et des plantes fantomatiques, nées d’images et de souvenirs entremêlés. Des spectres apaisants, rassurants… Et au milieu de cette jungle luxuriante se dressait un piédestal. Blanc, surréaliste. La statue d’Halussius y trônait. Une image de lui figée dans l’espace et le temps. Un souvenir douloureux devenu le centre de ses réflexions. Il datait du jour où le Non-Jedi, furieux, l’avait torturé… Une tentative de meurtre qui aurait été couronnée de succès sans l’intervention musclée de Velvet. Dans sa folie, Halussius était parvenu à pénétrer son esprit. Une chose que tous deux avaient jugé impossible. Et pourtant. Il y était parvenu… Et il avait laissé derrière lui, malgré lui, cette image indélébile dans son esprit. Un point fixe dans un chaos sans cesse en mutation. Une constante autour de laquelle il avait pu modeler son havre de paix mental.
 
Ici, le temps ne signifiait plus rien. Ni même l’espace, ou les sensations retranscrites à l’aide des cinq sens communs. Seule la Force comptait. Elle affluait, refluait, encerclant son île comme un océan infini, si lumineux qu’il fallait plisser des paupières pour espérer distinguer les vagues à l’horizon. Bien sûr, tout ceci n’était qu’une pure conception de l’esprit. Un rêve, une transe. Mais elle permettait à l’énorme Hutt de communier avec la Force, avec une intensité dont il était usuellement incapable. Il pouvait sentir le monde pulser autour de lui. Les eaux du bain, Halussius, les clients du SPA, ceux de l’hotel, les habitants de Murkhana-City… Même les âmes en orbites créaient des remous multiples impossible à dissocier les uns des autres. Il avait parfois l’impression de flotter dans une soupe de Force.
 
Ainsi les minutes passèrent, bientôt devenues heures… Et lorsqu’il rouvrit les yeux, Ragda se prélassait à présent seul dans ce bain dont le mucus souillait chacune des molécules d’eau. Halussius s’en était allé. Nulle surprise ne transpira des traits disgracieux du Hutt, puisqu’il avait senti, presque inconsciemment, le départ de son compagnon de destin. Il parvenait même à percevoir sa présence, loin au-dessus de sa tête, dans la suite impériale, au sommet de la tour hôtelière. Ces quelques heures de méditation avaient raffermi son affinité avec la Force. Il se sentait calme, reposé, débordant d’une énergie recouvrée.
 
Mais alors qu’il roula sur le coté afin de se hisser sur le dallage détrempé de condensation, une impression de danger imminent lui noua les entrailles. Le Hutt se figea, tous les muscles de son corps bandé, prêt à décocher un puissant coup de queue… Mais seules des ombres, nées des fluctuations des brumes parfumées lui tournaient autour. Elles devinrent plus épaisses, opaques, plus sombres aussi. Comme une nuit sans étoiles, comme si son corps tout entier flottant dans les profondeurs mortelles de l’espace. Un mouvement le fit vivement tourner la tête. Une main s’approcha de lui. Il tenta de bouger, mais son corps refusait de lui obéir. Cette main, osseuse, tenait une dague ensanglantée. Le sang, frais, dégoulinait de la lame, maculant son pommeau gravé de symboles rituels. Ragda, transit soudain par une peur irrationnelle, ne parvint à les fixer. Ses yeux ne pouvaient se détacher du liquide carmin. Un liquide dont il émanait de la Force une aura familière, si familière : celle d’Halussius…
 
Soudain le voile opaque qui entourait le bain privatif s’ouvrit. Les brumes disparurent intensément, emportant avec elle la vision. Ragda tremblait de tout son être. Le droïde sphérique s’avança.
 
« Mes senseurs ont détectés les signes d’un profond stress. » fit-il alors. Sa voix pourtant douce eut l’effet d’un électrochoc sur l’esprit de Ragda. « Avez-vous un problème ? Souhaitez-vous l’aide du personnel pour sortir du bain ? » Tout ceci n’était été qu’un rêve, un délire… Une vision envoyée par la Force ? Impossible à dire. Rien de rationnel n’expliquait comment il avait pu passer de la sérénité au stress en une fraction de secondes. Les brumes dissipées lui offraient une vue dégagée des bains à présents délaissés par les clients parti se restaurer aux quatre coins de la ville touristique.
 
« Ça ira… Faites appeler quelqu’un pour mes affaires humides. Je remonte dans la suite. »
 
Quelques minutes plus tard, son corps encore ruisselant des eaux thermales, Ragda chevauchait son chariot répulseurs en direction des ascenseurs. Cette frayeur, bien trop chimérique, s’était-elle aussi évaporée.
 
****

 
Une heure et demi plus tard, quartier des dock.
 
« Je ne peux pas vous déposer ici ! »
s’offusqua le chauffeur payé par l’hotel pour ses plus prestigieux clients. « C’est… Ce n’est pas un endroit touristique. C’est… Ce…» Les mots lui manquaient. L’homme moustachu, bedonnant, avait visiblement été formaté pour cacher l’envers du décor au touristes de passage. Son langage corporel témoignait d’un stress certain. Pourtant, coté grand large, avec cet océan turquoise où se couchait un astre argenté, rien ne laissait supposer les mauvaises fréquentations du quartier. Mais, avec un peu plus d’attention, il était évident qu’aucun touriste ne déambulait sur les promenades pavées du bord de mer. Il n’y avait personne en dehors des rares speeders qui s’empressaient de traverser les cieux à basse altitude. Mais pas trop basse non plus. Ragda connaissait ces lieux malfamés : désertés le jour, mais débordant d’activité dès les derniers rayons du soleil disparus.
 
Le chauffeur ne voulait rien entendre. Absolument rien… Et la patience du Hutt volait déjà en milles éclats acérés. Depuis qu’il occupait la tête du Kajidic Rejliidic, il n’avait plus l’habitude de subir les refus d’êtres payés pour le servir. Il sentait poindre en lui une colère noire qui s’annonçait tonitruante. Dévastatrice. Aussi, plutôt que de céder à ces pulsions dévorantes, Ragda tourna ses énormes yeux globuleux vers Halussius, assis à ses côtés.
 
« Fait quelque chose… N’importe quoi. » lui ordonna-t-il, sèchement. « L’Antre d’Hardulla est quelque part en bas, dans ce quartier. Je préférerais la trouver avant que toute la lie de cette foutue planète ne décide à sortir de sa léthargie… »
 
Ses paroles d’accompagnaient de petits gestes nerveux. Ses bourrelets, dissimulés sous son poncho doré aux motifs floraux bleus azur, tressaillent en rythme. Une danse du ventre improvisée qui n’avait rien de sympathique ni de sensuelle…
Halussius Arnor
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Les docks de Murkhana City ne ressemblaient en rien au spatioport de plaisance qui accueillait une multitude de vaisseaux touristiques. Cependant, du point de vue d’Halussius, le décorum ne correspondait pas exactement à celui d’un endroit malfamé. Pas de dégradations visibles, ni de déchets ou d’épaves. Mais sans être repoussants, les quais et les bâtiments alentours n’inspiraient guère confiance. Formant un arc de cercle ponctué de longs pontons d’amarrages en permabéton solidement ancrés dans la roche sous-marine, le quartier des docks prenait sa véritable apparence au couché du soleil.

A mesure de le speeder limousine de l’hôtel s’enfonçait dans le complexe le long du quai le plus large, Halussius percevait à travers les vitres voilées de plus en plus de curieux qui s’agiter autour des entrepôts. L’objection portée par le chauffeur était plus que compréhensible, après tout, il ignorait tout de la véritable raison de leur présence ici.

Comme à son habitude, Halussius laissait son esprit et son attention aller à leur guise tandis que Ragda lui commençait à s’agacer. Si Halussius n’y prêtait aucune attention particulière c’est, d’une part, que le hutt l’avait habitué depuis longtemps à ce genre de réaction, d’autre part, c’est surtout, car ses sens percevaient la Force dans ce havre de marginaux. Ce n’était pas une perception nette et tangible. Non, Halussius ressentait plutôt de bribes, des échos de la Force dispersés et solitaires au point qu’il n’était pas possible de distinguer le côté obscur de son antagoniste.

L’ancien Jedi sursauta presque lorsque Ragda haussa le ton en sa direction et lui ordonna de faire quelque chose à l’encontre du chauffeur rétif. Il tourna son visage vers le hutt d’un air calme mais étonné.


« Et que voudrais-tu que je fasse au juste ? Ce brave garçon ne fait que son travail… mon trésor... »

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~ Plutôt à l’hôtel ~

Ragda venait d’entrer en méditation sans le savoir. Bien qu’Halussius ne puisse lire dans son esprit en cet instant, la Force qui courait de l’infini vers la personne de Ragda en témoignait. L’ex-chancelier resta un instant à observer son vieil ami et « disciple » de fait. Ce que le hutt venait de réaliser était inattendu en plus d’être impressionnant. Il présentait même un avantage sur lui qu’il n’avait pas soupçonné. En effet, si Ragda pouvait exercer un contrôle sur son propre mucus de la même manière que lui-même exerçait un contrôle sur l’eau, alors il serait avantagé du fait de produire son propre mucus en abondance là où Halussius, lui, dépendait de la présence d’une source aqueuse pour exercer son art. Après encore quelques instants de réflexion, Halussius décida de quitter les eaux chaudes et relaxantes du bassin et de laisser Ragda à sa méditation. En vérité, il ne voulait pas non plus prendre le risque d’être, d’une quelconque manière, souillé par un flot de mucus incontrôlé…

Sortant du bassin et s’enquérant de sa grande serviette, Halussius reprit le chemin à travers les termes de l’hôtel en direction de la suite, laissant d’ailleurs à plusieurs reprises ses yeux divaguer sur deux ou trois spécimens de son espèce fort agréable à observer dans leur habit de bain très ajusté…

Une fois dans la suite, Halussius déposa sa serviette humide sur le dossier d’un des fauteuils luxueux. Quelques instants à peine après ce geste anodin, un droïd en forme d’amande s’échappa d’une trappe dissimulée dans un des murs du salon de réception et se précipita vers le fauteuil en question. Là, il saisit l’étoffe mouillée et d’un coup de rayonnement rougeâtre il la sécha avant de la plier parfaitement et de la reposer dans une des commodes précieuses. Halussius resta pantois en regardant le droïd s’en aller et disparaître dans sa trappe aussi vite qu’il en était sorti.


« Il ne manquerait plus qu’il y en ai un qui vienne pour me changer... »

Faisant un pas en avant, il s’arrêta et regarda autour de lui pour s’assurer que cette éventualité ne se réalise pas.

Après un bref passage dans la grande salle de bain, Halussius avait revêtu sa tenue verte mais sans remettre son vêtement de dessus de sorte qu’il restait torse nu. Ragda lui avait proposé de l’accompagner pour sa maîtrise et sa perception de la Force. Il espérait ne pas le décevoir.

S’entichant pour une grappe de raisin qui se trouvait dans une coupe précieuse au milieu d’une variété de fruits, Halussius réfléchissait… au passé. En vérité, il se mettait en condition pour méditer sur Hardulla le sombre. La chose n’allait pas être simple, loin de là.

Une fois quelques grains avalés, Halussius activa le système de polarisation des fenêtres et de la baie d’observation. Réglage moyen pour une ambiance tamisée. Assis en tailleur, Halussius ferma doucement les yeux, inspira profondément et prononça une série de trois mots … Déjà, il était immergé dans la Force, elle était en train de bouillir en lui, courait dans ses veines et dans ses os. Dans son imagination, il matérialisait cette sensation agréable comme un voile qui viendrait se superposer au monde réel. La Force en des flots divers courants tels des ruisseaux prenants leurs sources en différents endroits invisibles et inaccessibles. Des flots que Halussius pouvait approcher, toucher de sa main pour interagir avec eux. Dans flots qui couraient partout dans la suite nuptiale et au-delà.

Bien que toujours en position méditative, Halussius se levait dans son esprit et s’aventurait sur la terrasse. C’est alors qu’il fut traversé par un de ses flots de la Force qui vagabondait par là à cet instant. Halussius s’arrêta et agita les bras et les mains comme pour s’en saisir et s’envelopper dedans, comme s’il s’agissait d’un morceau d’étoffe. Cette étoffe douce au touché pouvait même être modelée, dans son imagination.


*Hardulla le sombre… un Hutt… le Côté obscur… l’ombre envahit la terre et cache la lumière...*

Autant de mots et de réflexion qui se suivaient dans l’esprit d’Halussius en pleine réflexion. Toujours dans son imaginaire, l’étoffe comme vaporeuse autour de lui se dégagea d’un geste de sa main pour se mettre devant lui. L’étoffe s’agrandit, s’étira et se gonfla alors au rythme de sa pensée pour tenter de former une silhouette vaguement ressemblante à un hutt. Soudain un rire gras raisonna dans l’air et l’étoffe s’empourpra subitement, des cris et des hurlements pouvaient se distinguer au loin. La silhouette rougeoyante du hutt vaporeux se gaussait en agitant le bout de sa queue semblable à un dard. Au milieu des cris et des hurlements se distinguaient d’autres paroles sensiblement différentes. Il y avait comme des voix pieuses psalmodiant le nom de Hardulla.

*… la crainte du noir… l’adoration pour la passion … la passion qui donne la force …. *

Le rire gras du hutt s’accompagna d’un échos caverneux… Une partie de l’étoffe vaporeuse s’échappa de la silhouette fantomatique pour envelopper Halussius qui reste impassible. Une impassibilité qui masque l’excitation soudaine de son côté sombre, sa part de lui-même sensible au côté obscur de la Force.

*Crois-tu vraiment pouvoir me retrouver… Jedi ?*

La voix grasse et caverneuse qui riait jusque là venait de s’adresser directement au non-Jedi.

*Est-ce seulement moi que tu recherches vraiment ?... ou bien… le pouvoir que tu as toujours recherché et que tu recherches encore ?... Le côté obscur de la F…*

Halussius faisait son possible pour garder son calme tandis que son cœur s’accélérait et que ses yeux s’illuminaient d’orange. En vérité, il luttait en lui.

*NON !!*

Cette parole résolue d’Halussius provoqua une nouvelle agitation du flot vaporeux qui formait la silhouette du hutt, Ce qui entourait l’ancien chancelier s’échappa rapidement pour revenir à son maître. Le hutt poussa alors un cri bestial, agita sa queue coiffée de son dard et transperça Halussius.

Dans le salon de réception de la suite nuptiale, des gouttes de sueurs commençaient à perler le long de son dos et de son torse. Ouvrant subitement les yeux, Halussius passa sa main calmement sur son ventre au niveau de la blessure que Hardulla lui avait infligé dans sa méditation. Il n’avait rien, pourtant au contact de sa main il ressentit comme une brulure. Une méditation intense s’il en est…

Après un instant pour se relever et reprendre ses esprits, une chose venait de germer dans l’esprit d’Halussius. Il n’en savait toujours pas plus sur le hutt adepte du Côté obscur, néanmoins, il pouvait à présent reconnaître en partie son essence obscur dans la Force.



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Halussius s’amusait de faire languir ainsi Ragda en continuant de jouer son rôle de jeune époux. Certes, il aurait agit même si Ragda ne lui avait pas donné cet ordre instinctif. Mais en observant les alentours, il avait perçu un fragment de cette essence sombre appartenant à Hardulla. Chose qui accéléra son geste.

Posant ses yeux sur la personne du chauffeur, Halussius prononça un mot dans une langue inconnue « lasta » qui résonna quelque peu et poursuivit en basic.


« Les docks feront un endroit parfait pour une promenade romantique. »

Le chauffeur comme devenu très détendu répéta mot pour mot la phrase qu’Halussius venait de prononcer. Le disciple d’Atheras prononça un nouveau mot dans cette même langue inconnue « henia » puis repris en basic.

« Je vais vous déposer ici, c’est un bon point de départ. Appelez-moi et je reviendrais vous chercher. »

Le chauffeur répéta une nouvelle fois, comme si les mots venaient de lui. Halussius prononça un troisième et dernier mot « heba » puis termina en basic.

« Profitez bien et encore toutes mes félicitations. »

Le chauffeur répéta et accompagna la phrase d’un vaste sourire. Halussius tourna son visage vers Ragda tandis qu’il commandait à la porte du speeder de s’ouvrir.

« Il ne faut pas te mettre dans des états pareils, mon Ragdounet d’amour…. »

Son visage exagérément amoureux démontrait toute la taquinerie amicale dont Halussius faisait preuve à l’égard de son compagnon d’aventure. Il finit par descendre du speeder en prenant légèrement appui sur son bâton qu’il ne quittait jamais. Un jeune dandy accompagné d’une limace emponchotée… le tableau ne manquerait pas d’attirer l’attention.
Ragda Rejliidic
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« Raah, ça suffit Halussius, je ne suis plus d’humeur pour ces petits jeux ! » grogna le Hutt, alors que la porte du speeder-limousine se refermait silencieusement. Il bouillait intérieurement. Sa ridicule patience, brisés en éclats tranchantes, peinait à se rematérialiser. Il ne supportait plus que l’on puisse aussi obstinément refuser d’obtempérer à d’aussi simples directives. Le chauffeur, toujours sous l’emprise du Non-Jedi, fit gronder les répulseurs. La limousine reprit lentement une altitude raisonnable, puis s’échappa rapidement. Elle ne fut bientôt plus qu’un point lumineux au-dessus de l’horizon découpé par les silhouettes des gratte-ciels dont la base baignait déjà dans la pénombre crépusculaire. Ragda inspira profondément, puis expira. Sous son poncho, ses bourrelets tressaillaient d’agacement et d’impatiences entremêlées. Les sensations se mélangeaient, cocktail détonnant aussi ragoutant qu’avilissant. L’énervement face à l’insubordination du chauffeur. L’excitation de n’avoir jamais été aussi proche des réponses à ses questionnements intérieurs…
 
Son regard globuleux resta ainsi fixé sur l’horizon, vers l’océan, pendant de longues secondes, presque une minute. L’astre diurne s’enfonçait lentement dans les flots aux reflets mordorés. La luminosité baissait à mesure que le ciel au-dessus s’embrasait d’un maelstrom de couleurs presque surnaturelles, de l’orange au rose. Sa tension intérieure baissait, tandis que ses pulsions meurtrières se dissolvaient dans le bain de sérénité que lui évoquait soudain ce splendide panorama. Certes, il campait sur ses positions : il n’aurait jamais dépensé le moindre centime pour gaspiller son temps à faire du tourisme… Mais il commençait à comprendre ce qui pouvait bien attirer les foules sur ce genre de monde faussement idyllique.
 
Sous son corps, le pavé encore tiède, chauffé par les rayons du soleil depuis l’après-midi, irradiait à travers l’épaisse couche de mucus jusqu’à ses replis de peau encore humides des eaux du SPA.
 
« Tu ne devrais pas abuser des sobriquets, mon très cher doudou-alpenstock… » reprit-il soudainement, brisant le silence seulement ponctué du sifflement du vent marin, et des cris des oiseaux côtiers en quête des restes de nourritures abandonnés sur le plage par les touristes. Sa voix témoignait de son changement d’humeur. Il n’y demeurait pas la moindre intonation d’énervement. « C’est que je vais finir par y prendre gout et refuser de signer les papiers du divorce une fois notre… lune de miel consommée… » Sa large face disgracieuse se para d’un sourire malicieux. Le mucus perlait aux commissures des petit bourrelets distendus par le rictus. Puis il pivota sur lui-même, avec une étonnante agilité compte tenu de son composantes carcasse informe. D’un claquement de queue à peine audible, Ragda avait bandé un nombre incalculable de muscles aussi puissants que minuscules sous la peau épaisse de son ventre. Le contact avec le pavé avait stimulé sa sécrétion de mucus : un tapis naturellement lubrifiant. Des scientifiques de tous les horizons étudiaient depuis des millénaires la composition du mucus Hutt : un savant mélange de composants chimiques synthétisées par une multitude de glandes épidermiques. Il permettait aux limaces galactiques de se mouvoir autant en lubrifiant le sol qu’en offrant la juste viscosité nécessaire à leurs déplacements.
 
En résumé, Ragda pivota sans efforts apparents. Son regard embrassa alors l’envers du décor. Un quartier sans personnalité, aux façades grises, mornes, dépourvues des artifices destinés à l’excitation visuelle des touristes. A mesure que la luminosité baissait, des lumières s’allumait de l’autre coté des fenêtres garnies pour la plupart de lourds rideaux les isolant de l’effervescence. L’endroit n’avait rien des bas-fonds de coruscant, ou des bidonvilles mal famés que l’on pouvait trouver sur multitude de mondes. En vérité, il ne se dégageait absolument rien de ce lieu, neutre au possible.
 
« Quelle ironie… » souffla le Hutt entre ses lèvres inexistantes. « Tout ici a été conçu pour être… invisible. L’œil glisse sur ces constructions sans couleur, sans personnalité. Tout a été parfaitement orchestré pour que le touriste ne les remarque même pas. C’est encore plus malsain que ce que j’ai pu voir sur beaucoup d’autres mondes. La misère n’est pas seulement ignorée. Elle est cachée, dissimulée… Et tout ça pour que les touristes ne puissent l’observer. Ça en dit long sur la personnalité de ceux qui dirigent de ce monde… » A mesure qu’il parlait, les lampadaires s’allumaient. Ils illuminaient la promenade pavée avec une telle intensité que les édifices environnants s’enfonçaient encore plus dans les ténèbres, dévorés par la nuit. Un bourdonnement sourd fit lever à Ragda les yeux vers le ciel nocturne, dépourvu du moindre astre compte tenu de la pollution lumineuse. Un énorme bus répulseurs passait à quelques mètres au-dessus de leur tête. L’appareil, lui aussi très neutre, se posa non loin, sur une place lui étant réservés sur la chaussée. Les portes s’ouvrirent, desservant un flot d’individus dépenaillés, le visage déformés par la fatigue et l’usure. Un groom au costume déboutonné jusqu’à nombril. Des hôtesses d’accueil au maquillage à moitié effacé, les yeux noircis. Toute la faune indigène qui peuplait les différents services indispensables aux touristes et que ce monde avait oublié de remercier. Pire même, qu’il tentait de faire disparaitre dans l’envers du décor. C’était comme si la marionnette, imbue de son succès, cherchait à faire disparaitre ses fils et celui qui les manipulait dans l’ombre.
 
Quels sentiments ces observations évoquaient au Hutt ? En réalité bien peu. C’était, d’une certainement manière, l’ordre naturelle des choses. La loi du plus fort. Manger ou être mangé, exploiter ou être exploité. L’univers tout entier tournait autour de cette loi naturelle immuable. Y compris la Force… Car ceux qui ne parvenaient à la canaliser finissaient irrémédiablement par se faire consumer. C’était d’ailleurs pour cette raison que Ragda n’avait cherché à user de ses pouvoirs pour contraindre le chauffeur : compte tenu de son agacement, il se serait laissé submerger par la Force jusqu’à devenir aussi dangereux qu’incontrôlable. C’était d’ailleurs ce que Refuge lui avait appris de mieux : la modération, cette capacité à renoncer aux actes extrêmes dont les conséquences ne pouvaient jamais être bénéfiques.
 
La petite main de Ragda glissa dans l’une des poches de son poncho, pour en ressortir un datapad. Il baissa les yeux sur l’écran tactile alors que ses doigts virevoltaient déjà dessus. « M’est d’avis que l’activité va s’intensifier à mesure que la nuit va avancer. Tous ces gens sont les oubliés de la société. Ces petites mains qui triment à longueur de journée mais que personne ne remercie jamais. Des esclaves conscients de leur condition, mais emprisonnés dans un système duquel ils ne peuvent s’extraire. Alors que les touristes terminent paisiblement leurs soirées dans des restaurants, des clubs, ou dans les hôtels de luxe, eux s’évadent comme ils le peuvent. Attends-toi à voir tout ce que la société peut produire de pire : l’expression la plus brute des frustrations les plus avilissantes…. A voilà ! Je l’ai ! » fit-il soudain, coupant net au flot cafardeux de psychologie de caniveau. Il tendit l’écran vers Halussius pour celui-ci puisse le voir. « L’Antre D’Hardulla. Je viens de la trouver sur Galactic-Advisor. Noté une étoile sur cinq. Mille deux cents avis, rien que ça… C’est moche à voir : nourriture dégueulasse, service inexistant. Insalubrité… Les quelques touristes qui se sont attardés ici vont vite repartis… » Il compulsait les commentaires tout en les faisant défiler du bout de l’index. Il s’arrêta soudain. « Attend, y’a un cinq étoiles là… »  Il plissa des paupières avant de le lire à haut voix « Chez marcel on est toujours bien accueilli. Ce sont ces connards de touristes qui nous emmerdent ! Ils ont rien à foutre ici ! Si ça tenait qu’à moi, on les dégagerait à grand coup de pied dans le cul ! » Nouvelle pause. Méditative. « On va dire que ça donne une idée de l’ambiance. Un bouiboui pour les locaux et les habitués, et où les touristes sont reçus… avec les honneurs qu’ils méritent à leurs yeux. »
 
Ça promettait d’être… Particulier. Ragda leva les yeux de l’écran, sonda la pénombre. Le quartier, vu du ciel, lui avait semblé quadrillé d’un nombre incalculable de petites rues et ruelles. « C’est par ici, je crois » dit-il, l’index tendu en direction d’une rue plus large que les autres, éclairée et bardée d’échappes destinées au commerce alimentaire des habitants du quartier. Le gastéropode ventripotent rangea son datapad, puis s’élança dans cette direction, glissant lentement mais surement. Il laissait derrière lui une trainée de mucus qui s’évaporait rapidement sur le sol encore tiède. Des centaines de regards se tournèrent vers l’improbable couple. Les sourires de façade et la politesse forcée du grand jour laissaient place à la curiosité, au dégout et à l’agressivité éhontée. Ils n’étaient clairement pas les bienvenus. Pour autant, ces gens, aussi désabusées soient-ils, n’était pas des monstres psychopathes. Il se contentaient presque tous de détourner le regard après avoir ostensiblement exprimé leur hostilité. Les plus hardis et désinhibés ponctuaient leurs œillades d’insultes peu savantes, principalement centrée sur le physique du Hutt, et l’utilisation supposée qu’il faisait d’Halussius, le soir, dans l’intimité. A mesure que les minutes s’égrainaient, et qu’ils se rapprochaient de leur destination, Ragda se sentait mal à l’aise. Nul n’avait tenté de les agresser physiquement, bien au contraire, les locaux gardaient leur distance, peu désireux de s’approcher d’un Hutt dégoulinant d’un mucus dont l’odeur s’exacerbait à mesure que l’inquiétude s’emparait de son esprit tourmenté. Ce malaise ne tirait sa source d’une intuition malsaine… Comme s’ils se jetaient la tête la première dans la gueule du loup.
 
Enfin, après un quart d’heure de glissade, le couple arriva devant l’établissement. Au-dessus de la porte dissimulée derrière un épais rideau entrouvert, l’enseigne lumineuse indiquait « L’Antre d’Hardulla. » Rien d’autre. Aucun dessin de Hutt, ou représentation d’un élément pouvant se rapporter à son ancêtre. Il ne se dégageait du lieu aucun personnalité. Un restaurant-bar de quartier, sans prétention, où se côtoyaient usuellement seulement les habitués. Pourtant, Ragda frissonna.
 
« J’ai un mauvais pressentiment… » lâcha-t-il, tout en sondant le visage de son acolyte dont la lumière crue de l’enseigne jouait avec les ombres, lui donnant une expression étrange.
Halussius Arnor
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L’agacement affiché par Ragda devenait une véritable source de surprise pour Halussius. Que ce soit dans le bureau de la Chancellerie, dans l’une des salles de réunion de la Rotonde ou bien même à l’intérieur même de l’assemblée, d’aucun était habitué à voir cette attitude chez le Hutt. Ce qui étonnait l’ancien chef d’État, c’est la circonstance dans laquelle cela se manifestait. Il n’y avait plus de place aucune pour l’humour ou la taquinerie.

« Soit... »

Il n’était pas dans les intentions d’Halussius d’aller à l’encontre de son disciple mais néanmoins ami. En la circonstance, il se disait qu’il ne serait pas avisé d’entreprendre une quelconque confrontation d’égo. « Doudou-alpenstock »… L’artorien se demandera certainement jusqu’à la fin de ses jours, et même au-delà, où Ragda avait trouvé ce surnom… exotique.

« Refuser de signer le divorce ? Parce qu’il existe un document officiel prouvant notre union ?! »

Halussius faillit se stopper net lorsque Ragda fit sa sortie malicieuse et amicale sur les papiers du divorce. Jusqu’ici, il avait toujours compris que leur « mariage » n’avait de véritable existence que pour le personnel de l’hôtel… À cette heure-ci, en cet instant, il serait donc officiellement le compagnon légitime du hutt… Idée redoutable que d’imaginer cette union consommée.

« Soit… Savais-tu qu’il existait un lac de sel dans la région ouest de la ville ? Je vois d’ici les gros titres des faits divers : « Un Hutt ivre disparaît en voulant prendre un bain dans le lac de sel. Son compagnon inconsolable hérite de toute sa fortune. »… Si je me souviens mes leçons de droit lorsque j’étais au Temple, la disparition de l’un des époux fait également disparaître leur union, non ? Voilà qui est à méditer, assurément… voilà qui est à méditer. »

L’air songeur d’Halussius s’accompagna rapidement d’un petit sourire lorsqu’il sentit le visage du Hutt se pencher sur lui. Il allait renchérir lorsqu’il remarqua à son tour le speeder-bus qui venait de se stopper pour laisser descendre les autochtones. Mais ce n’est pas cela qui attira son attention. Non. C’est une fois encore Ragda. Halussius était en train de lui découvrir une sensibilité profonde qu’il ne lui connaissait pas jusque-là. Il sentait son cœur se serrer à mesurer qu’il écoutait son disciple parler. Il regardait en même temps les alentours. Cette misère n’avait rien à voir avec celle qu’il avait côtoyé sur Dantooïne, Nar Shaada ou bien Ondéron. Ragda avait raison, on cherchait non sans un certain talent à cacher cette misère-là…

Une misère qui s’affichait cependant que la nuit remplaçait le jour. Au détour des quais sur lesquels il marchait, la contre-bande de certains produits s’organisait. Vendeurs, revendeurs et acheteurs se croisaient. À quelques mètres d’Halussius, un devaronien l’air décontracté venait de monter une sorte de petite étale pas plus large que lui sur laquelle il disposait des petits cercles de couleurs différentes. Des Ovo-patchs. Halussius en avait déjà vu les effets sur Nar Shaada. Ces patchs promettaient de vivre, de ressentir des émotions bien spécifiques selon le patch que l’on achetait. Placé au bas de la nuque, le patch diffusait en vérité un mélange particulier de narcotique tout en stimulant envoyant d’infimes, mais efficaces, électrostimulations sur le système nerveux du client. Le sentiment de bonheur, de plaisir, de courage même le sentiment d’assurance était à vendre. Il y en avait pour tout le goût. Halussius en avait également vu les effets pervers. L’effet de manque, l’incapacité des plus gros consommateurs à ne plus être capable de ressentir la moindre émotion si ce n’est au moyen d’un ovo-patch.

Tandis qu’ils s’engouffraient dans l’une des rues du quartier, les regards se faisaient de plus en plus pressant sur eux. Que faisaient des touristes ici ? En écoutant les avis rapportés par Ragda, Halussius se disait qu’ils étaient sur le point d’aller dans un bouge… Depuis leur arrivé sur les Quais, l’ancien Jedi n’avait pas cessé de rester en lien avec la Force. Il ne ressentait rien de particulier et il percevait plus résidus du Côté obscur qu’il avait perçu lorsque le speeder-limousine s’était posé. Néanmoins, ce qu’il percevait était étrange. La Force était comme viciée, comme l’air d’une décharge publique un jour de pleine chaleur. Oui, c’était cela… Plus ils approchaient de « l’Antre d’Hardulla », plus il y avait quelque chose de nauséabond dans la Force. Halussius ne fut certain de la source de cette puanteur que lorsqu’ils arrivèrent devant l’entrée drapée de l’Antre.


« Moi aussi… La Force n’est pas comme elle devrait être dans ce genre d’endroit. Il y a quelque chose d’étrange qui émane de cet endroit. »

Oui, Halussius avait lui aussi un mauvais présentiment… Ils n’étaient pourtant pas encore entrés qu’il percevait à présent une hostilité latente. Pour une raison inexpliquée, l’artorien était inquiet et troublé. Echangeant un regard avec Ragda, ils se décidèrent à passer le rideau et à entrer dans l’établissement.

L’Antre d’Hadulla. Pour un bouge, il ne manquait pas de charme… Que ce soit les couleurs, la décoration, le mobilier, tout donnait à ce bar-restaurant un côté… voir campagnard, si ce mot avait un sens sur cette planète. De la musique folklorique était diffusée en fond sonore. Les quelques clients présents tournèrent tous leurs regards vers Ragda et Halussius. Ce dernier n’y faisait pas attention… La Force s’agitait soudainement en lui. Quelque chose était à l’œuvre ici… une chose qui faisait réagir son côté sombre.

Une femelle togruta se leva péniblement d’une table autour de laquelle se jouait une partie de sabacc. Halussius prit un instant pour l’observer, si elle n’était pas aussi imposante que celle de son compagnon hutt, sa silhouette grasse et ventripotente en imposait tout de même. Le maquillage grossier tentait de masquer la peau huileuse de son visage et la lourdeur de ses traits. Elle se dirigea vers eux. Une fois à leur hauteur, elle laissa s’échapper un panache de fumée entre ses lèvres qui tenait un stick incandescent.


« Hum… C’est pour quoi ?? »

Halussius était obligé de lever les yeux pour pouvoir la regarder. Les protubérances rouge et blanche qui coiffaient naturellement son crâne témoignaient elles aussi de son embonpoint. L’artorien détourna quelque peu son attention de la Force et afficha un regard… de touriste.

« Oh bonjour, Madame, notre marche sur les quais nous a donner faim, à mon compagnon et moi-même. Pouvons avoir une table pour manger ? »

« Pfff… une marche sur les quais ?... Touristes ! Collez donc vos fesses à la table quatre… »

La togruta fit demi-tour pour aller chercher des datapads, qui aurait pu ressembler un jour à des menus. La table quatre n’était pas la plus adaptée à une clientèle hutt. En effet, elle était étroite et collée à un mur qui faisait l’angle avec une porte sur laquelle était écrit « toilettes ». Charmant et romantique au possible. La tenancière déposa les menus sans la moindre délicatesse.

« On a plus de langues de Vyrm et on ne fait plus du tout de friture.... »

Sa voix était elle aussi grasse et soufflante, comme si son organisme devait lutter pour cette chose aussi simple que de discuter. Halussius avait commencer à regarder le menu quand la Force l’interpella. Il tourna son regard vers une autre table située à quelques mètres de là, dans la pénombre. Elle était occupée par deux individus à l’air peu recommandable.
Ragda Rejliidic
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« Je ne m’attendais pas à ça... »souffla le Hutt, un chuchotement destiné à son époux, alors qu’il inspectait de ses deux énormes yeux globuleux la décoration intérieure. « C’est presque… accueillant. » Que s’était-il imaginé ? Un bouge malfamé et insalubre ? Quelles sottise. Ses craintes lui avaient soufflé des images préjugées. L’établissement ne différait en rien de ceux que l’on pouvait trouver sur la plupart des mondes civilités : un lieu de détente et d’échange pour les habitués, les locaux. Un lieu de vie, de sociabilisation, d’autant plus indispensable que les autochtones passaient leurs journées dilués, noyés, au milieu des touristes qui foulaient le sol de leur monde quotidiennement. Plus qu’un simple lieu de détente, il offrait une soupape salvatrice à tous ces invisibles sans qui rien ne fonctionnerait pourtant.
 
Aussi, malgré l’ambiance pittoresque, chaleureuse même, l’accueil fut des plus polaires. La togruta qui les accosta ne démontra pas la moindre étincelle d’urbanité. Son regard dur n’exprimait nulle curiosité… Seulement un dégoût qui, pour une fois, ne trouvait pas seulement sa source entre les bourrelets du Hutt. D’ailleurs, avec un amusement dissimulé derrière des traits impassibles, Ragda se demanda lequel d’eux deux arboraient les bourrelets les plus nombreux et proéminentes. Elle était large, épaisse, volumineuse, à croire qu’un Hutt trônait quelque part dans son arbre généalogique. En ignorant cette paire de jambes difformes, et cette pilosité pratiquement invisible sur l’ensemble de ses membres, elle aurait presque pu correspondre aux goûts du Hutt. Presque. Car dès qu’elle ouvrit la bouche, ses charmes volèrent en éclats. Sa voix rauque trahissait un usage déraisonné d’alcool et de tabac, comme l’attestait sa dentition de prédatrice jaunie. La température chuta encore de plusieurs degrés. Mais, alors que Ragda s’attendait à une réponse plus virulence, la tenancière les invita à sa manière à s’asseoir à la table la plus proche des toilettes.
 
Ragda, une fois n’était point coutume, n’avait ouvert la bouche. Des frissons parcouraient ses bourrelets gélatineux. Il ne sentait mal à l’aise. Une sensation désagréable d’insécurité qui croissait à chaque seconde, sapant ses pensées et ses envies de participer à une conversation. L’odeur qui émanait de la porte des toilettes lui rappelaient la salle des bains de Borenga. Le Seigneur de Guerre, jadis, affectionnait se baigner dans les eaux usées du palais. Le fumet ammoniacé lui picota les récepteurs olfactifs mais sans lui tirer une quelconque grimace. Il en avait senti bien d’autres. Ainsi, les nerfs à vif, les bourrelets hérissés, l’esprit troublé par une ombre intangible, Ragda se glissa contre la table. L’extrémité de son corps obstruait en partie l’accès aux toilettes, mais, même en repliant sa queue contre son corps, il ne parvenait à se faire plus petit. Déjà il se pressait contre la table ronde qui s’enfonçait d’une dizaine de centimètre entre deux de ses énormes bourrelets abdominaux. Il n’osait plus respirer ou soupirer, de peur de la faire chavirer.
 
La togruta, après son ultime énoncé, disparu dans les cuisines, derrière une porte saloon d’où se dégageait des odeurs douteuses, rances. Elle revient quelques minutes plus tard avec deux verres. Ils contenaient un liquide ambré comme du cognac mais dont l'effluve fruitée laissait supposer une distillation artisanale de produits locaux.
 
« Cadeau du patron… » dit-il, sans la moindre once de sympathie. Elle tira sur la cigarette coincée entre ses deux lèvres épaisses. « Il dit qu’il est heureux d’accueillir un Hutt dans son établissement… Que c'est la première fois. » Elle haussa les épaules. « Mais moi j’dis, Hutt ou pas Hutt, ici c’est pas un coin pour vous les touristes… Surtout ceux qui se sentent le besoin de se « mêler » à la population locale, comme si on était des bêtes de foire hein… » fit-il, dédaigneuse, avant de cracher au sol pour manifester son dégout pourtant clairement énoncé. « Pour la carte, c’est simple comme bonjour. Les tarifs en rouge c’est uniquement pour les habitués. Vous c’est les verts, oui, ils sont trois fois plus cher. C'est comme ça, la maison ne négocie pas. Voilà. » Elle ajouta, sans gêne aucune, à l’intention du non-Jedi : « Et ne vous avisez pas de la filer à votre copain là. Sinon tout le mucus qu’il laissera dessus, je le mets dans votre assiette, pigé ? Il y en a déjà assez sur le sol et la table… Et c’est qui qui va nettoyer tout ça hein ? »
 
Ragda l’observait en silence. Jouait-elle un rôle ou était-ce sa vraie personnalité ? Cherchait-elle à les dissuader de rester ici ? Possible. En tout cas, son attitude justifiait amplement les notes laissées sur Galactic-advisor. Toutefois la bonne intention du « Patron » laissa Ragda perplexe. Ils n'était pas si loin de l'Espace Hutt, fallait-il y voir de la flatterie ? Ou bien y avait-il un rapport avec l'enseigne ? La togruta tourna rapidement les talons pour retourner à la table de sabaac avec les habitués qui leur lançaient des regards mauvais. D’ici, leur voix s’entremêlaient. Un brouhaha inintelligible qui ne laissait pourtant que peu de doute sur le sujet de leurs ricaneries entre deux mises.
 
« Je ne pensais jamais dire ça un jour mon cher Halussius… » commença-t-il, sans user de sobriquet amusant tant l’atmosphère pesait sur son esprit. « … Mais je n’ai pas tellement faim. Je crois que préférerais encore piquer une tête dans ton lac de sel, que de passer la soirée ici… » Qu’avait-il espéré en venant ici ? Trouver des bonnes âmes sympathiques disposées à répondre à toutes ces questions et lui offrant un savoir disparu depuis plus de douze mille ans ? Encore une fois, il s’était montré impulsif, imprudent. « C’est difficile à décrire. Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond ici. Je le sens… C’est presque palpable. Comme une lourdeur dans l’air, une odeur… Et non, je ne parle pas de celle des toilettes… » Sa perception de la Force décuplait ses sensations. Il lui suffisait de plisser des yeux et de laisser son esprit s’étendre autour de lui pour frôler les pensées de ceux qui l’entouraient. Des sensations diffuses, mêlées, difficile à décrypter sans un entrainement et une concentration solides. Beaucoup d’animosité… Mais aussi d’autres bien plus positives. Le jeu, l’amusement. Cette sérénité d’être entre amis après une harassante journée de boulot.
 
Le restaurant n’était pas bondé, loin de là, mais plus d’une dizaine de personnes les entouraient. Les habitués à la table de sabacc. La tenancière. Un Devaronien seul au bar, les yeux dans le vague, perdu dans ses pensées. Le patron aux cuisines de l’autre coté du mur aux étagères pleines de bouteilles entamées. Ainsi que deux silhouettes fondues dans la pénombre d’une alcôve non loin. Et c’était justement de ces deux êtres qu’il semblait se dégager le plus de noirceur. Ragda rouvrit les yeux, réalisant rapidement qu’Halussius ressentait la même chose. Malgré tout, il ne se tramait rien d’alarmant. Passé l’animosité des premières minutes, chacun semblait s’être replongé dans ses occupations habituelles, oubliant presque leur discrète présence au fond de la salle.
 
Ragda baissa les yeux sur le verre d’une propreté douteuse. Des traces de calcaire tenaces émaillaient le verre devenu presque opaque. Mais il se dégageait du liquide ambré des notes aigres douces étonnement ragoutantes. Sa petite main boudinée se ferma dessus afin de le lever de quelques dizaines de centimètres, que les lumières artificielles jaunes pâles puissent jouer avec les reflets cuivrés de l’alcool artisanal. Il inspira profondément. Son abdomen se bomba. Les pieds de la table grincèrent. Puis il porta un toast :
 
« Bon ben… Ne nous laissons pas abattre par cette ambiance malsaine. Nous touchons au but. Faisons honneur au cadeau du patron… Et peut-être que nous pourrons échanger avec lui après le repas. Qui sait ? Il saura peut-être nous dire qu’où vient le nom de son établissement… » Trop de peut-être jalonnaient cette phrase pour la rendre réellement optimiste. Mais Ragda s’en contenterait. Il leva le verre un peu plus haut et se figea, jusqu’à ce qu’Halussius l’imite. « Cul Sec ! Aux péripéties de nos vies ! »
 
D’un geste vif, suivi d’un claquement de langue, il avala le liquide d’une traite. L’alcool lui échauffa le gosier, sensation qui descendit rapidement le long de son court œsophage jusqu’à son immense estomac. Mais aussitôt, il sentit que quelque chose clochait. Ses perceptions dans la Force fluctuèrent. Les regards inquiets des deux protagonistes se croisèrent avant que tous leurs sens ne leur échappent. La substance contenue dans l’alcool, aussi efficace que fulgurante, les figea sur place, regard dans le vide… Mais l’esprit ailleurs…
 
 
*****

Un trou noir. Ragda avait eu l’impression de plonger la tête la première dans un trou noir. L’univers s’était distordu autour de lui alors que ses sens, trompés, lui jouaient des tours improbables.
 
Une lumière crue lui brûlait les rétines. Il plissa des paupières, pour constater qu’il ne se trouvait plus dans le restaurant, mais en plein air, sur une plage. Le sable chaud se lovait entre ses bourrelets ventraux. Sensation plus vraie que nature alors que le décor, sauvage, surnaturelle, semblait naître de cette brume évanescente qui disparaissait dès qu’il tournait la tête. Il avait l’impression d’être léger… Et il lui suffit de baisser les yeux sur ses petites mains pour comprendre qu’il était devenu une forme évaporée de lui-même, un spectre translucide sur lequel les rayons du soleil miroitaient. Il ouvrit la bouche pour hurler quelque chose, mais aucun son ne sorti. Où était-il ?! Était-ce un rêve ? Un délire ? Avaient-ils été drogués ?! Encore une vision de la Force ?! Tout à la fois ou rien de tout cela ?!
 
Les questions se pressaient sous son crâne transparent jusqu’à ce qu’une ombre le dévore. Il leva les yeux… Et se figea de surprise. Une escadre de barges de combat Hutt le survolait. Elles arboraient des armoiries que Ragda n’avait vu que dans des récits historiques. Des clans mystiques mais disparus depuis des millénaires. Leurs larges voiles triangulaires se gonflait des vents chauds et humides du plein été… Mais déjà l’astre diurne plongeait dans les flots alors qu’elles terminaient leur phase d’atterrissage. Les répulseurs déclenchèrent une véritable tempête. Par réflexe, Ragda se recroquevilla, mais le sable passait au travers de lui sans dommages. Au même instant, il ressentit une présence réconfortante….
 
// Halussius ? //
 
La pensée fusa de son esprit. Il comprit aussitôt que le lien qui l’unissait au Non-Jedi lui permettait de projeter en lui ses pensées, et vice-versa. Il était là, non loin, prisonnier tout comme lui de l’illusion née de l’ingestion de la drogue inconnue.
 
// Je crois savoir où nous sommes… Ou du moins… Quand nous sommes… //
 
Les barges de combats se posèrent. Les rampes se déployèrent. En quelques minutes, plusieurs milliers de soldats d’une trentaine de races différences en jaillirent. Ils étaient impressionnants de part leur stature et leur équipement. L’élite des guerriers des anciens clans Hutt. Derrière eux, d’énorme masses sombres firent leur apparition. Ragda mis plusieurs secondes avant de comprendre :
 
Des Hutt immenses, équipés d’armures en métal ébène. Ils tenaient des armes impressionnantes. Vibro-lances, armes blaster d’épaule, bras-canon… Des Seigneurs de Guerre Hutt. Ils portaient des armoiries aux couleurs vives, des parchemins mystiques scellés aux jointures de leurs armures bardées de piques et de gravures mythologiques.
 
// La galaxie a oublié ces temps… Ces temps où les Hutt étaient d’impressionnants guerriers et stratèges. Ils livraient batailles sur batailles pour étendre leurs territoires, n’hésitant à aucun massacre pour mettre à genou les peuples qui avaient le malheur de croiser leurs routes… La plupart portaient des armures de combat dont les technologies ont été oubliées depuis. Le dernier vestige de cette époque a disparu avec Borenga.
 
Halussius… Je crois bien que nous avons été projetés dans le passé… J’ignore comment. S’il s’agit d’une vision de la Force, d’une illusion, d’un effet de cette drogue… Mais, je crois que nous sommes à la veille de la bataille de Murkhana… Qui signera la disparition de d’Hardulla le Sombre, retranché quelque part dans cette jungle impénétrable devenu aujourd’hui Murkhana-City… //

 
Et comme si une entité supérieure venait d’entendre cette pensée, un rire gras, tonitruant, porté par les vents chauds, balaya la plage. Un rire glaçant, terrifiant même. Ragda se crispa, tout comme les milliers de soldats sur la plage. Même les plus braves d’entre eux tressaillirent.
 
Hardulla les attendait.
Halussius Arnor
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Halussius en connaissait déjà beaucoup sur la Force et sur les manières peu communes et particulières qu’elle avait de se manifester. Il était coutumier des visions et des rêves que la Force permettait d’avoir. Le fait qu’il soit matérialisé sous une forme spectrale ne l’étonnait en rien… Savoir si la drogue que l’on avait visiblement mélangé à son verre et à celui de Ragda provoquait ce genre d’hallucination était une véritable question. La réponse, Halussius la connaissait en vérité. Non la question qui méritait véritablement que l’on s’attarde dessus était la suivante, comment Ragda pouvait-il lui aussi être présent dans sa vision ? Il ne s’était rendu compte de la présence du hutt que lorsque ce dernier l’interpella en même temps qu’il se rendit compte de la présence de dizaine de vaisseaux en train d’atterrir.

Il n’avait jamais vu ce genre d’appareils, il était cependant certains qu’il ne s’agissait pas de vaisseaux de l’Empire Sith. Une coque à l’allure d’une pointe, un blindage épais le tout surmonter de plusieurs voilures aux teintes diverses, dans la mémoire de l’ancien Jedi il n’y avait rien de comparable… Si ce n’est cette barge de plaisance qu’il avait vu une fois sur Nar Shaada qui possédait elle aussi ces voiles atypiques. Des vaisseaux hutts ?

Mais même la présence de ces vaisseaux n’écartait pas le fait que Ragda était présent non loin de lui, sous forme spectrale également. La chose était si inédite qu’il s’approcha même de lui, approcha sa main près du tissu de son poncho et le toucha. C’était réel…


« Ragda… Cela ne se peut… »

Il était sur le point de poursuivre lorsqu’un immense brouha suivit d’un panache du poussière saisit l’environnement autour d’eux. Leurs corps vaporeux ne semblaient toutes fois pas être affectés. Les myriades de soldats, les Hutts en armes et en armures. Halussius n’avait jamais rien vu de tel. Tout s’enchainait si rapidement qu’il ne pouvait rien dire et se contentait pour le moment d’écouter son compagnon.

Le passé ? D’aucun qu’il soit Jedi ou Sith aurait considéré cela comme une folie et aurait pensé que le Hutt se trompait voir qu’il était dément, mais Halussius accueillait cette hypothèse comme plausible. Il avait déjà vécu cela en vérité. Peu de temps après avoir été délivré du cuirassé de Darth Ynnitach, Halussius avait une vision particulièrement intense. Dans cette vision, il était revenu sur Artoria, sur les terres de sa famille, dans la demeure de ses parents… au moment sa naissance. Il avait vu son père et se mère, qui n’étaient qu’un lointain souvenir, alors dans leur jeunesse. Dans cette vision, il n’avait jamais intégré le Temple pour devenir un Jedi. Cette vision était vraiment particulière car il jouait son propre rôle, il était dans son propre corps mais il était différent. Et puis… il y eut ce moment précis. Ce moment où, assis dans son bureau, il fit face à l’image beaucoup plus vieille de lui-même. Une forme spectrale qui se disait être lui mais dans l’avenir et s’adresser lui grâce à une utilisation particulière de la Force… Cette vision, Halussius s’en souviendrait surement à jamais.


« La bataille de Murkhana donc… Nous sommes vraiment loin de savoir ce dont la Force est capable… Soit mais pourquoi ce moment et cet endroit précisément ? »

Il n’attendait pas de réponse du Hutt. Il n’avait posé cette interrogation à voix haute, comme matière pour une possible réflexion.


L’échine de l’artorien s’électrisa d’un frisson lorsqu’il entendit le rire résonner dans l’air. Il était pris d’une sorte de malaise soudainement. La Force était agitée… Cette même agitation qu’il avait eu lors de sa méditation dans la suite de l’hôtel. Une force obscure qui faisait étrangement écho à son propre côté sombre. Il l’appelait, le cherchait… Lorsqu’il fit un tour sur lui-même, Halussius le vit. C’était bien lui. Hardulla le sombre.

Même à bonne distance, le regard d’Halussius pouvait apprécier l’envergure du Hutt. Il était presque deux fois plus massif et grand que Ragda. Il n’avait jamais vu un hutt pareil… Ces yeux étaient animés d’une lueur or-orange que le noir de ses paupières mettait en évidence. Du haut de son crâne, suivant son visage en passant par son torse et jusqu’à la pointe de sa queue larvaire, la peau d’Hardulla était noir, effet naturelle ou bien artificiel, il était impossible de le dire. La peau qui couvrait ses bras et tout le reste de son corps était teintée d’une sorte de mauve pâle. Des cicatrices, des marques de scarifications jonchaient tout le corps visible du Hutt, notamment son visage. Il était terrifiant. Le fait qu’il soit en train de s’esclaffer permettait de distinguer la présence d’une dentition… bestiale et fournie. Les dents étaient épaisses et pointues et comme si elles étaient faites en os. La peau craquelée et meurtrie de sa bouche montrait combien une telle chose n’était pas naturelle.

Le torse d’Hardulla était couvert d’un plastron mêlant une sorte de cuir et du tissu fibrée. Une protection qui n’en était pas à son premier combat… Ses épaules étaient couvertes chacune par une protection faite de la même matière et hérissée de tiges de métal de forme rectangulaire, pas très grandes. L’extrémité la plus haute était taillée en biseau et affutée, rendant ainsi les tiges aussi tranchantes que des vibro-lames.

Il portait comme des mitaines aux mains et des bracelets de force aux poignets, qui couvraient aussi une partie de ses avant-bras. Sur ces bracelets étaient creusé par une de nervure centrale piquée par quatre autres nervures de plus petite taille, dessinant comme une sorte d’épi. Les doigts boudinés du Hutt semblaient plus grands que la normale. En effet, de fines lames de métal fixées sur les mitaines venaient les prolonger.

De la taille et sur tout le long de la queue, une dizaine de harnais rigides l’entouraient. Tous étaient reliés à un harnais central qui remontait jusqu’à la base de son crâne. Chaque harnais était porteur de plusieurs appareils de petites tailles, semblables à des demi-sphères. Le harnais central était lui aussi hérissé des mêmes tiges de métal que les épaulières. Le tout formait comme un exosquelette renforçant l’aspect monstrueux d’Hardulla.

Enfin, l’extrémité de la queue du Hutt était la plus étrangement équipée. Un étau de métal formant comme un dard la recouvrait. Cependant, l’extrémité n’était pas pointue et ressemblait plus un embout du quel on s’attendait à voir sortir quelque chose.



Le regard d’Hardulla le sombre était terrifiant. Il émanait des ses yeux une avidité et une cruauté morbide. La présence de cette armée en train de s’assembler ne lui faisait pas peur… bien au contraire… il s’emblait s’en réjouir. Ses yeux semblaient se repaître du futur carnage auquel il allait se livrer. Les trophées macabres qui décoraient sa ceinture en disaient long… Ce n’était pas une menace de mort qui s’avançait devant lui, mais un véritable festin.

« Asta ! Huttas Vor Ti Saya… OHOHOHOH… Bi Bane Da Podo… ROOOHHHOOOO… Filti Huttas ! Filis Huttas !! … Chuda Ba Das Ko !!! »

La voix d’Hardulla envahissait et couvrait tous les autres bruits. Elle faisait même « vibrer » l’air au point qu’Halussius sentait sa propre peau réagir. Même en tant que Chancelier, Halussius n’avait rencontré aucun autre Hutt que Ragda capable de parler le Basic. Le parlé Hutt lui était parfaitement inconnu c’est pourquoi la présence d’un droïd de protocole était toujours requise. Mais en la circonstance, même s’il avait entendu Hardulla parler dans sa langue, dans son esprit ils les avaient comprises parfaitement.

« Enfin ! Vous voilà venu à moi… OHOHOHOH… Vous regretterez cette folie… ROOOHHHOOOO… Hutts misérables ! Hutts vaniteux ! Maintenant vous allez mourir !!! »

A ce moment précis, Hardulla lança à rugissement qui trouva même un écho dans la Force. Il frappa le sol avec sa queue à plusieurs reprises, si fortement et si violement que cela fit grincer le métal des barges posées au sol. Derrière lui, des soldats de fortunes commençaient à émerger des arbres et de trous creusés dans le sol. Ils étaient des centaines, mais largement inférieurs en nombre comparé aux armées hutts qui venaient de débarquer. Ils n’étaient pas équipés comme des soldats réguliers mais plus comme des miliciens, avec des armes, des blasters et des équipements de récupération. A l'image des troupes claniques, les hommes et les femmes se battant pour Hardulla n'étaient pas composées que d'une seule espèce. Des Weequays, des twi'leks, des devaroniens, et d'autres encore. Cependant, une vingtaine d’individus se distinguèrent et s’approchèrent spécifiquement d’Hardulla. Eux portaient des équipements et des armures plus élaborées. Quelques un portaient des fusils-blasters, d’autres des lance-flammes, un portait même un fusil-blaster d’assaut relié à un générateur porté dans le dos tandis que les autres étaient armés de vibro-lames artisanales et intimidantes. La diversité d'espèce était plus restreinte. On comptait quatre Besalisk, deux Chagrien, trois trandoshans, cinq humanoïdes, un Iktotchi, un Nikto, un Pacithhip et deux Anzat. Hardulla les observa avec condescendance et autorité et leur parla sans que l’on puisse entendre.


// C’est donc ça… Hardulla Le Sombre… Comment une chose a-t-elle pu exister ? Le Côté obscur… Il n’y a que lui qui peut engendrer pareille aberration… Je ne pense pas que tu t’attendais à cela, n’est-ce pas ? //

Les armées des Hutts cuirassés se mit aussitôt en position défensive. Les troupes d'Hardulla hurlaient et scandaient des assanités bestiales, frappaient le sol afin d'intimider leur adversaires Les Seigneurs de guerres Hutt quant à eux n’avaient pas bougés. Ils ne semblaient pas du tout intimidés. Ils étaient fiers et impassibles.

Le temps de quelques secondes, le temps fut comme suspendu. Le silence. La tension. Ce fut un des Seigneurs de guerre qui sonna le début de la bataille en tirant avec son bras-canon. Il tira un projectile de plasma rapide qui vint exploser sur le flanc gauche de l’armée d’Hardulla. Il s’en suivit alors une charge commune… les tirs de blasters volaient de tout côté. Ceux qui se battaient pour Hardulla n’étaient pas des soldats de métier. Cela se voyait. Non pas qu’ils ne s’avaient pas se battre non… mais à l’image de leur maître, ils faisaient preuve d’une sauvagerie sans commune mesure.

Hardulla trépignait d’impatience… C'est alors qu'il décida de se jeter dans la bataille à son tour. Les disques de ses harnais s'activèrent duffisant une lumière jaune. Dans un élan impressionnant, le Hutt sombre chargea dans la masse, ne faisant même pas attention à ses propres troupes au passage. Sa vitesse était impresionnante, autant que son adresse. Il fonça dans les rangs ennemis avec rage, saisissant à la gorge le premier venu et lui broyant la nuque. Ses griffes meutrières, il les plantaient en plein dans la poitrine, perçant sans difficulté les tenues de combats. Sa gardde d'élite lui emboitait le pas et finissant le travail... A un moment, un groupe de soldats claniques tenta de battre en retraire face à lui... Il pivota et frappa le sol avec sa queue. On entendit le craquement des os de ceux qui se trouvaient en dessous à ce moment là... les éclaboussures distantes témoignaient de la violence du choc. Il suffit d'un grognement et d'une main tendue pour qu'un pauvre soldat servant les clans Hutts se trouve étranglé subitement, son corps s'élevant un peu dans les airs. Hardulla s'approcha de lui. Il fit bouger sa queue et transperça son corps avec son dard qui émettait une petite lame laser rouge. Comme mue par la folie sans doute, un soldat humanoïde tenta de porter un coup au plastron du Hutt avec sa vibro-pique. Hardulla le regarda alors non pas avec mécontentement, mais avec envie... Avec un sourire aussi large que sadique, Hardulla fit voler l'arme du soldat et le saisi à la gorge. Les lames surmontant ses doigts venaient de se rectracter. Sa langue se glissa entre ses dents monstrueuses... il lècha un peu la tête de sa proie avant de la lui arrachée d'un seul coup de machoire. Ce petit encas avalé à la hatte, Hardulla reprit son massacre.

Ragda Rejliidic
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La bataille de Murkhana, tombée dans l’oubli depuis bien des millénaires, débutait devant les yeux écarquillés de Ragda. Des yeux éthérés mais dont la vision dépassait de loin ses capacités usuelles. Les images fusaient dans son esprit à la vitesse de la pensée. Chaque détail s’inscrivait en lui, comme à la lecture d’un parchemin mystique dont chaque mot porte un poids qui vous marque pour le reste de votre vie.
 
Hardulla s’était révélé aux assaillants. Imposant, massif. Sa silhouette difforme n’avait pourtant rien de celle de Ragda. Même les bourrelets du Hutt semblaient rigides, puissants, comme ayant été soumis à des épreuves ayant rendu sa peau aussi épaisse qu’un blindage de croiseur. La carnation sombre, les dents factices, les griffes d’acier scintillantes au soleil couchant… Tout lui donnait un aspect terrifiant.
 
Les hurlements couvraient sans mal les bourrasques de vents qui jouaient avec les frondaisons. Bien qu’en sous nombre, la troupe d’Hardulla se battait avec une ferveur proche du fanatisme. Les membres tranchés ne suffisaient à stopper leurs assauts frénétiques… Mais les soldats d’élites des Seigneurs de Guerre Hutt ne manquaient d’entrainement. Ils s’étaient regroupés en carrés compacts sur la plage pour encaisser les assauts, et réduire le nombre de leurs adversaires tout en tentant de minimiser leurs pertes. Les Hutt, quant à eux, gardaient pour le moment leurs distances, ensemble, leurs heaumes d’aciers rivés sur la silhouette d’Hardulla qui se délectait du massacre.
 
A peine avait-il posé les yeux sur le petit groupe que Ragda fut comme transporté dans leur direction. Un mouvement réflexe qui ne lui avait exigé aucun effort. Il flottait au-dessus du bain de sang, tel un spectre sans consistance. Nul ne pouvait le voir ou l’entendre, ni même sentir sa présence. Par deux fois, des armes tranchantes, souillées de sang aux multiples teintes, lui passèrent à travers.
 
« Ha Machahachi oudji jakma’a. » « Djeco, Dejco. Sca’Oudiji matcholi. » « Hardu’lla ! Cawac’na ! Dja ! »
 
Les voix de trois des six Seigneurs Hutt. Pendant une fraction de seconde, Ragda crut ne rien y comprendre tant le vieux Huttain employé il y a plus de douze mille ans par ses ancêtres différait de sa forme actuelle… Mais les mots pénétrèrent son esprit et se muèrent en un écho parfaitement intelligible.
 
// Le Maléficien nous observe. // // Patience, patience, il prépare quelque chose… // // Hardulla ! Le sans-honneur ! Le traite ! //
 
Les insultes désuètes fusaient. Mais elles glissaient sur la conscience de Ragda comme des détails de l’histoire. Tout son attention était accaparée par l’observation de ces six Hutt massifs, presque deux fois plus hauts et larges que lui. Il ne restait presque rien de leurs histoires, seulement des contes et des mythes de la tradition orale datant de bien avant la tradition écrite relatée depuis la création des premiers Kajidic. Ils portaient tous des armures intégrales, de la tête au pied, ce qui leur donnait encore plus de charisme. Elles étaient toutes différentes : gravées, richement ornées, dotés de piques, de pieux, d’arrêtes tranchantes. Plusieurs d’entre-deux arboraient également des protections mystiques écrites sur des parchemins scellés aux jointures. Leur armement impressionna tout autant Ragda. Le plus gros, semblant être le leader de cette opération, possédait un bras-canon en sus et place de son membre probablement tranché. Ses alliés étaient quant à eux flanchés d’armes aussi exotiques qu’efficaces. Un blaster à répétition d’épaule, vibrolance de quatre mètres… L’un portait même un casque bélier aux cornes aiguisés…
 
Soudain l’aura des six Seigneurs de Guerre fluctua dans la Force. Ragda se retourna pour apercevoir Hardulla hurler avant de se jeter dans la bataille. Les petits répulseurs de son harnais lui conférait une agilité improbable. Les armures de combat Hutt bourdonnèrent à leur tour. Les gastéropodes s’élevèrent de plusieurs dizaines de centimètres au-dessus du Sabre, paré à l’action… La charge de Hardulla, suivi de près par sa garde rapprochée, avait surpris ses adversaires qui pensait jusqu’alors qu’il sacrifiait sa chair à canon pour les tester en vue de la véritable bataille. De nouveaux ordres fusèrent pour réorganiser les formations, pour se placer sur la défensive. Ironie du sort. Les attaquants devenaient les proies.
 
Le dard-laser d’Hardulla s’alluma. La queue de feu… Et chaque fois qu’il levait les mains, ses ennemis s’envolaient, étouffaient ou se retrouvaient brisés de l’intérieur… Et Maléfices. Ragda exultait. C’était exactement ce dont il avait rêvé depuis la lecture du vieux parchemin ! Un Hutt sensible à la Force, loin, très loin, dans son arbre généalogique ! Voilà qui expliquait peut-être l’origine de ses pouvoirs !
 
Mais contre toute attente, cette soudain excitation se mua en sueurs froides. Hardulla était un véritable monstre. Il massacrait, déchiquetait, dévorait, sans même se soucier des blessures qu’il recevait de ses adversaires. La crainte qu’il inspirait était communicative, comme s’il usait de la Force pour l’instiller dans le cœur de ceux qui s’opposaient à lui. Même les Seigneurs de Guerre Hutt eurent un moment d’hésitation. Chaque fois qu’il frappait de sa queue le sol, Ragda tremblait… Mais, soudain, le Leader des Hutt reprit ses esprits. Il leva son bras canon et tira. Le projectile de plasma décrivit un arc de cercle et frappa de plein fouet les hommes d’Hardulla. Ceux qui ne furent pas pulvérisés, furent déchiquetés en une multitude de morceaux mi-carbonisé mi-sanguinolents. Un mugissement de défi s’éleva des rangs Hutt. Le bataille de Murkhana commençait vraiment…
 
La boucherie dura encore de longues minutes. Les Seigneurs de Guerre Hutt s’étaient séparés pour supporter leurs troupes respectives. Chacun d’eux terrassait autant d’hommes d’Hardulla. La bras-canon perforait les lignes ennemis… La lance transperçait les soldats par demi-douzaines avant de se rétracter pour frapper à nouveau…
 
Le Hutt-bélier fut le premier à faire face à Hardulla. Les deux gastéropodes se jaugèrent quelques secondes. Le temps était comme suspendu, à moins que les hommes autour d’eux ne jugèrent préférable de ne pas se mêler du duel en perspective. Le Hutt-Bélier gronda. Un grondement guttural qui fut entendu à plus de cinquante mètres… Puis il chargea. Tête en avant. Les répulseurs de sa queue brillèrent d’une lueur aveuglante alors qu’ils dépassaient de loin leur régime usuel. L’accélération fut fulgurante, Hardulla fut incapable de l’esquiver. A moins qu’il ne voulu pas l’esquiver… Le choc, tonitruant, déclencha une onde de choc qui fit tomber les hommes proches à la renverse. Une onde qui n’avait rien de naturelle. Hardulla venait d’opposer à la charge physique une pression spirituelle équivalente. Le Hutt-Belier, immobilisé à quelques centimètres seulement de son adversaire déversait tout sa haine en juron d’une violence inouïe. Hardulla se gaussa, puis, usant toujours de la Force, il referma sa poigne invisible sur l’armure de son ennemi. Elle crissa, se déforma. Le Hutt hurla de plus belle, mais de douleur cette fois. Du mucus et du sang dégorgeaient de tous les interstices à mesure que l’acier s’enfonçait dans les chairs… Mais le supplice fut bien moins long que prévu. Un éclair de frustration traversa la regard d’Hardulla alors qu’il bondissait de coté pour esquiver in extremis une boule de plasma tirée par le bras canon, depuis une position retranchée derrière les lignes adverses. La déflagration abrégea les souffrances du Hutt-Bélier.
 
Aussitôt Ragda fut de nouveau projeté au cœur de la bataille. Les soldats lui passaient au travers. Deux bataillons battaient en retraite, retournaient aux barges pour prendre l’ennemi en tenaille depuis les airs. Hardulla compris immédiatement le stratagème. Sa queue frappe de nouveau le sol, puis il ordonna soudainement la retraite générale. En moins d’une minute, toutes ses troupes encore en état de se mouvoir regagnèrent l’orée de la jungle ou elles disparurent. Un silence morbide seulement déchiré du gémissement des mourants recouvrit alors sur le champ de bataille au sable gorgé de sang et de viscères.
 
// Traitre ! Lâche ! // hurla en vieux Huttain le Hutt au bras-canon. // Débusquez ce sans-honneur ! //
 
Aussitôt, la moitié des forces se précipitent à la poursuivre d’Hardulla et de ses hommes dont une large majorité gisaient déjà sur le sable. Il avait subi de terribles pertes, bien que l’impact psychologique de ce premier round lui revenait sans conteste.
 
// Ils vont se faire massacrer ! // Objecta le Hutt à la lance. // Il nous provoque… C’est folie que de le suivre sur son terrain ! //
// Je le sais… Et j’espère bien qu’ils font se faire massacrer… //
répondit le premier, très sûr de lui. // Chaque mort permettra de mieux le localiser… Pour mieux l’encercler et mieux l’incinérer. Lui et toute cette foutue jungle. //
// A ta guide, Seigneur Kro’dna. Mais, moi, je n’abandonne pas. //
// C’est tout à ton honneur Egduba… Je conterai à tes descendants tes exploits et ton trépas. //

 
Il fit volte-face pour regagner sa barge de combat, imité par deux autres. Le Hutt aux blasters d’épaule demeura au côté d’Egduba, déterminés, les yeux rivés vers les frondaisons, bien décidés à poursuivre le Maléficien à la queue de Feu. Les répulseurs bourdonnèrent, et propulsèrent les deux masses en direction de la jungle.
 
Soudaine le décor fluctua. La plage disparue… Ragda se retrouva projeté dans un écrin dense de végétation. Une végétation aux allures de prison de jade. Mais dont la flore ou la faune carnassière n’avait prise sur lui. Halussius flottait non loin.
 
// Je… // Commença Ragda, manquant de mots pour décrire ce qu’il ressentait. // Est-ce dont cela la folie du côté obscur ? Je… J’ignore ce à quoi je m’attendais exactement Halussius. Mais il ne fait plus de doute que mon aïeul manipulait la Force, comme je l’avais supposé… // Une révélation qui appelait à bien d’autres questions. Observaient-ils un fragment du passé ? Ou leurs sens étaient-ils abusés par la drogue ? Réalité ou fantasme ? // Sommes-nous en train de faire un rêve partagé Halussius ? Est-ce seulement possible ? Tout est bien trop… réel pour n’être que le fruit de nos imaginations combinées… //
 
Soudain la végétation se déchira devant eux. Une lueur rougeoyante créa des ombres terrifiantes. L’énorme masse d’Hardulla stoppa sa course folle à quelques mètres de leur présence éthérée. Il était couvert de mucus, transi de fatigue, la souffle rauque, la respiration difficile. Des tambourinements de bottes approchaient. Hardulla grogna, passa sa langue hideuse sur ses prothèses de dents couvertes de sang frais. Un sourire malsain déforma ses traits. Il se crispa… Puis il se mis pivoter sur lui-même, de plus en plus rapidement. Son corps devint une masse sombre. La traînée de son sabre s’élargissait à mesure que sa vitesse augmentait, jusqu’à l’entourer telle une ceinture de lumière rouge mortelle. Le bataillon déboucha dans la clairière, les soldats levèrent leurs armes pour tirer… Mais ils furent aussitôt fauchés par Hardulla, taillés en une multitude de morceaux. Dans son élan, Hardulla découpa plusieurs dizaines d’arbres, ouvrant une tranchée dans la jungle d’ordinaire impénétrable. Plus de trente hommes venaient de succomber à son attaque. Le danger disparu, il cessa de tourner sur lui-même, les sens aux aguets. D’autres hurlements s’élevaient en échos autour de lui tandis que sa garde rapprochée et le reste de ses hommes luttaient pour prendre par surprise les soldats ennemis… Hardulla laissa échapper un sourire carnassier face au carnage… Mais se figea aussitôt. Il fit volte-face, mais trop tard déjà.
 
Une énorme masse venait de le frapper de plein fouet. La lance le transperça de part en part. Le choc fut si rude que les deux Hutt terminèrent leur course deux cents mètres plus loin, ayant arraché une autre trouée dans la végétation.
 
// Tu vas mourir ici et maintenant mon frère. // lâcha Egduba, du bout des lèvres. La voix s’échappait de son casque par une fente à peine visible. // Tes maléfices ne sont que folies. Ils ont détruit ton esprit. Brisé notre famille…// Ce à quoi Hardulla répondit par un ricanement, comme si la lance au travers de son corps n’était rien d’autre qu’une piqure insignifiante.
// La famille n’est rien, mon frère. Seule compte la puissance. Nos ancêtres combattaient pour la puissance, pour dominer tout ce qui les entourent… //
// Mais les temps changent… Et nous devons changer avec… //
// Foutaises ! La puissance dont je dispose dépasse de loin tout ce que nos ancêtres ont pu maitriser ! Je dominerai la galaxie toute entière… Alors, libre à toi de me rejoindre… Ou de persévérer dans cette folie… //
// Jamais ! Tu n’es plus mon frère ! Ton nom a été effacé de la tradition orale… Tu n’es plus rien… //

 
Un affront qui fit sortir Hardulla de ses gonds. Son aura devint presque visible, d’une noirceur insondable. Ses yeux s’injectèrent de sang, prenant des reflets rougeoyants. Il ouvrit la bouche, hurla. Un cri de Force. La lance se brisa entre les doigts d’Egduba qui fut projeté en arrière… Il roula sur le coté, mais n’eut pas le temps de se redresser. Déjà Hardulla soulevait dans les airs, avec un effort évident, plusieurs troncs d’arbres centenaires arrachés par les combats.
 
// Alors meurt mon frèr… // hurla Hurdalla, coupé dans sa tirade par une rafale de lasers venu du ciel. Il esquiva par réflexe, leva les yeux. Le Hutt aux blasters d’épaules, flottait au-dessus des frondaisons, soulevé par les répulseurs de son armure qui menaçaient de rendre l’âme sous l’effort. Il tira une nouvelle salve. Hardulla esquiva de nouveau, mais fut touché à de multiples reprises, dont une à la tête. Son œil droit fut arraché. La gueule déformée par la colère, la haine et la douleur, il riposta avec les troncs d’arbre. Mais le Hutt au-dessus de lui, à distance raisonnable, put les éviter sans difficultés…
 
A mesure que le combat se déroulait dans la clairière, les barges de combat, silencieuses car seulement propulsée par le vent dans leurs voiles triangulaires, encerclaient la zone. Sur le pont de la plus volumineuse le Seigneur Kro’dna observait Djabill esquiver les troncs. Son sacrifice était inévitable. Indispensable à la suppression du Maléficien qui menaçait l’équilibre des clans Hutt. Mais soudain… Djabill se laissa surprendre. Il n’évita le dernier tronc que de justesse… Il cessa de tirer. La seconde suivante, il s’était immobilisé dans les airs, pris dans l’étau invisible d’Hardulla qui lui arracha ses armes des épaules…
 
Du coin de l’œil Hardulla vit les barges approcher… Et avec un sourire perfide, il puisa dans ses dernières ressources pour projeter Djabill avec une violence inouïe contre la plus proche. Transformé en boulet de canon, le Hutt s’écrasa sur le flanc de la plus proche. Le métal crissa, céda. Éventrée la bague piqua du nez… Et s’écrasa dans la jungle en explosant.
 
// Incinérez toute la jungle. // Aboya Kro’dna, d’un calme impassible. // Il est encerclé, le feu le purifiera de tous ses méfaits présents et passés. //
 
Le décor changea encore. Des volutes de fumée encerclèrent Ragda, l’enveloppèrent. La végétation disparut alors que déjà les flammes dévoraient les cimes les plus hautes. Lorsqu’elles refluèrent, Halussius et lui flottaient toujours quelque part dans la jungle impénétrable… Le crépitement des flammes couvrait tout autre son. Une épaisse fumée noire dissimulait le ciel, si bien qu’il pouvait être n’importe quelle heure de la nuit ou de la jour. Face à eux, une gravité naturelle s’ouvrait dans le flanc d’un escarpement rocheux invisible depuis le ciel. L’ombre massive d’Hardulla se tenait devant. Le Hutt peinant à reprendre son souffle, la moitié du visage arraché, le corps couvert de brûlures et de coupures, la hampe de la lance toujours enfichée dans son abdomen. Ragda l’observait, en silence. Puis il tourna la tête vers Halussius, les bourrelets du front froncés.
 
// Des questions me taraudent depuis tout à l’heure // finit-il par avouer, alors que la scène semblait comme figée dans le temps. // Comment pouvons nous rêver de toute cela ? Nous n’avons jamais connu ces événements… La Force peut-être vraiment nous les faire revivre avec tant de netteté ? Où bien tout ceci n’est qu’un fantasme, qui n’a rien de réel ou d’historique ? Non… En vérité, une question s’impose à moi plus que les autres. Ni toi ni moi ne comprenons le vieux Huttain  Halussius… Alors comment pouvons-nous… C’est comme si nous étions… //
 
« Dans mon esprit… » dit Hardulla alors que son énorme tête défigurée pivotait dans leur direction. Nul doute que le Maléficien pouvait les voir, tous les deux. Il ricana. Un rire qui laissait transparaître la lassitude du combat. « Suivez-moi… ». Et il disparut dans son antre.
 
Derrière eux, toute la jungle flambait. Et avec elle, le rêve s’évaporait, révélant un vide infini, sombre et aussi froid que la mort elle-même.
Halussius Arnor
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La mort, la sauvagerie… Du haut de sa forme spectrale, Halussius ne risquait rien. Les explosions, les éclats de métal et de chaires, tout cela passait à travers lui comme à travers Ragda. Jamais de sa vie, Halussius n’avait observé une telle sauvagerie chez un sensitif. Qu’il soit Sith ou bien simple adepte du Côté obscur… Il observait Hardulla se repaitre de son carnage. Ce qu’il voyait avait un certain côté terrifiant, mais sur le fond, Halussius comprenait d’une certaine manière…

L’attrait du Côté obscur, le sentiment de puissance, l’appel de son pouvoir tangible et cette satiété impossible à combler dès lors qu’on y a goûté… Dans une moindre mesure, cette bataille faisait revivre à Halussius ce qu’il avait ressenti sur Dantooine. Le massacre des ferrailleurs… sa vengeance… son massacre. Cet effet enivrant de la colère et de la haine sur la Force, le plaisir qui pouvait en découler. Chaque plaque ou morceau de métal qu’il faisait fuser dans les airs touchait sa cible. Il ne leur avait laissé aucune chance, aucune opportunité de fuir…

Quand serait-il advenu de lui s’il avait poursuivi dans cette voix ? S’il était allé au bout du sentier qu’il avait commencé à arpenter avec Darth Anetharion, serait-il devenu un monstre de la même sorte que le Hutt ? La chose laissait l’artorien songeur… Mais c’est alors que le décor changea ce qui ramena Halussius à être attentif à l’instant présent. Alors que de nouveaux combats venaient de commencer, il se tourna vers Ragda.


// Le pouvoir que donne le Côté obscur peut conduire à ce genre de folie, oui. Ce pouvoir, on ne l’obtient jamais gratuitement. Si l’on ne reste pas vigilant, alors on s’en rend compte lorsqu’il est trop tard pour faire demi-tour. En s’enfonçant trop profondément dans l’obscurité, Hardulla à sacrifier son esprit et par conséquent son corps…

Ragda, le Côté obscur de la Force est un moyen d’acquérir de nombreuses facultés et un pouvoir qui peuvent être considérés comme contraire à la Nature… mais il impose aussi de faire des choses contre-nature, tu peux en être certain.//


Une sensation étrange s’empara de lui tandis qu’il était en train de parler. Une sensation oppressante, comme s’il était épié.

*…OHOHOHOH… Raisonnement de Jedi !*

Ce n’était plus un sentiment mais une certitude. Hardulla venait de réagir à ce qu’il venait de dire et c’était manifesté dans son esprit. Ils étaient observés. Pourtant, le Hutt sombre était en train de se débattre aux milieux des flammes avec son adversaire. Ragda venait de l’interpeller à nouveau. Il n’eut cependant pas le loisir de lui répondre. La voix ténébreuse et grasse d’Hardulla se fit entendre pleinement. Lorsqu’il tourna les talons vers son antre, l’artorien fini par dire.

// Ce n’est pas un rêve, mon ami //

Les crépitements de la végétation en flammes attira l’attention de l’ancien chancelier. Le feu s’étendait à perte de vue. Cependant, un phénomène étrange était à l’œuvre. Le feu ne faisait pas que dévorer les arbres et les buissons. Le ciel lui-même s’embrasait. Le décor disparaissait ainsi à la manière d’une feuille de papier en train de se consumer.

// Pour être tout à fait honnête avec toi, ce n’est pas non plus ce à quoi je m’attendais.//

Cette sombre présence… elle était identique à celle qui c’était manifesté lors de sa méditation dans la suite de l’hôtel. Halussius en arrivait alors à la conclusion que c’était bien l’esprit du Hutt qui lui était apparu. Comment était-ce possible ?!

// Reste sur tes gardes, Ragda. Quoi qu’il arrive à partir de maintenant, ne laisse ni la peur, ni l’angoisse, ni même la curiosité troubler tes pensées. Nous savons à présent qu’Hardulla était un adepte du Côté obscur et le fait même que nous soyons ici montre que ce n’est pas un amateur. La voie des Sith n’est pas la seule qui conduit à lui… et elle n’est pas la plus puissante… Reste sur tes gardes, mon ami. //

Ragda Rejliidic
Ragda Rejliidic
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// La peur, l’angoisse… Facile à dire… // ironisa le Hutt entre ses mâchoires serrées alors qu’il ne parvenait, même en plissant des paupières, à distinguer l’intérieur de la crevasse naturelle. Les parois couvertes de mousses ne portaient les séquelles d’aucun outil. Les ténèbres à l’intérieur dévoraient la lumière tamisée par les épaisses fumées noires au-dessus de leur tête. Le souffle glacé des profondeurs charriait des effluves de charognes, des mugissements sourds à peine audible. Il frissonna.
 
Ils n’avaient d’autre choix que de suivre Hardulla dans son antre troglodyte. Autour d’eux, de plus en plus rapidement, les flammes spirituelles dissolvaient le rêve, l’illusion, les tréfonds de l’âme d’Hardulla : il ne savait plus quoi penser. Entre rêve et illusion, réalisé et fantasme. Que pouvaient-ils croire ? Quelles seraient les conséquences s’ils refusaient d'entrer ? Impossible à dire… Mais ses entrailles nouées lui hurlaient de ne pas tenter l’expérience. // On reste ensemble, Halussius, quoi qu’il arrive… J’ai un très mauvais pressentiment… //
 
Prenant son courage à deux mains, et aussi parce qu’il avait le sens des responsabilités – après tout c’était entièrement de sa faute s’ils avaient posé pied sur Murkhana – Ragda pénétra dans la grotte en premier. L’air moite empestait encore plus une fois les premiers mètres parcourus. Les relents de chairs en putréfactions se mêlaient aux parfums âpres des moisissures. Ce n’était pas une odeur naturelle, non, Ragda le perçu immédiatement. Des volutes noirâtres dansaient à la limite de leur champ de vision, mais disparaissaient dès qu’ils tournaient la tête… Le coté obscur de la force incrustait les roches avec une telle intensité qu’il en devenait presque palpable… Et c’était justement l’odeur même de la corruption qui les enveloppait. Étrangement, bien que les ténèbres fussent totales, Ragda n’éprouvait aucun gène pour se déplacer, flottant toujours tel un spectre de l’au-delà. Le monde souterrain autour de lui s’offrait à lui en une palette insoupçonnée de nuances de gris.
 
Rapidement, devant eux, le boyau s’élargit. Ils débouchèrent dans une cavité tout aussi naturelle. Sous terre, les dimensions s’écrasaient rapidement… Mais Ragda pris conscience de l’immensité de cette caverne lorsqu’un essaim de chauve-souris, s’envola de son perchoir, probablement paniqué par les vapeurs toxiques que leur odorat commençait à percevoir. Au plafond, elles lui avaient paru minuscules, mais à présent qu’elles plongeaient en piquée, Ragda estima leur envergure à deux bon mètres, peut-être plus. Sans même remarquer leur présence, elles leur passèrent au travers pour s’enfuir vers des ciels moins menaçants, loin des barges incendiaires Hutt.
 
Ragda se figea, aux aguets, les sens éthérés en éveil, comme pour s’assurer qu’aucun piège ne les attendait. Autour d’eux rien ne témoignait de la présence d’Hardulla qui s’était comme évaporé dans les ténèbres. Pourtant, fruit de son imagination ou non, Ragda percevait sa présence, diluée, tout autour d’eux. S’ils s'étaient retrouvés, d’une manière qu’il ne parvenait à s’expliquer, projeté dans son esprit, ceci pouvait explique cela… Sans un mot, il s’avança… Mais a peine avait parcouru un mètre qu’il s’arrête de nouveau. A proximité de lui, sur la paroi, un champignon phosphorescent s’illumina d’une teinte bleu fantomatique. La lueur, pourtant très faible, déchira les ténèbres comme un phare dans une nuit sans lune. Ragda fronça les sourcils, surpris, avança encore. Un second champignon s’illumina. // Ils réagissent à notre présence ? // demanda-t-il à voix haute. Question rhétorique car il connaissait déjà la réponse. Seul Hardulla avant eux avait semblé avoir conscience de leur existence. Intrigué, il s’approcha d’eux, et remarqua alors un jeu de lumière inattendu : les parois rocheuses luisaient de l’humidité qui gorgeait des sols de la jungle tropicale. Mais la fine pellicule aqueuse, plutôt que de refléter sa silhouette déformée par les aspérités de la roche, lui offrait une tout autre image. // Viens voir, Halussius ! // Aboya-t-il, incapable de contenir ses émotions. // On dirait… Qu’il se passe quelque chose… // Les ombres se jouaient de leurs sens. Des formes apparurent, d’abord grotesques, puis de plus en plus précises. La silhouette d’un Hutt énorme… Et une voix, inconnue, qui résonna dans leurs esprits :
 
// Des jumeaux ! C’est un mauvais présage ! // Tonna la voix inconnue. Les reflets prirent des couleurs plus réalistes. Ragda eut alors l’impression d’observer un vieil enregistrement holographique. Sauf que les voix prenaient forme directement dans leurs crânes translucides. // Superstition ! // répondit une autre voix, plus caverneuse encore. // Envoyez des émissaires à tous les Seigneurs de Guerre pour annoncer la nouvelle. Annoncez que ma descendance est assurée… Qu’Egduba et Hardulla sont viables. //
 
Les champignons s’éteignirent aussitôt. L’image et le son disparurent. Les yeux rivés sur la paroi humide à présent inerte, Ragda mis de longue secondes à comprendre ce qu’il venait d’observer. // Des fragments de la mémoire d’Hardulla. // finit-il par dire. // Après tout, c’est logique… Si nous sommes, effectivement, bien dans son esprit. //
 
Ragda pivota sur lui-même pour mieux observer l’environnement, sous un angle nouveau suite à cette révélation. L’antre avait-elle jamais existé ? Était-ce une sorte… d’allégorie ? La matérialisation physique du contenu sombre et corrompu du Hutt Maléficien ? Comme en échos à ces pensées, des centaines de champignons luminescents s’illuminèrent simultanément. Soudainement avide s’en savoir plus, Ragda perdit toute forme de prudence… Il n’écoutait déjà plus les mises en garde d’Halussius et se précipitait de souvenir en souvenir.
 
****
 
// Il faut choisir un héritier, et vite ! Officiellement ! La rivalité entre Egduba et Hardulla causera la perte de la famille. //
// Oui, je ne le sais que trop bien… Hardulla ne manque pas d’ambition, et il est d’une intelligence redoutable. Mais c’est Egduba qui a quitté le premier ma poche nourricière. Il est plus fort, puissant, téméraire, il possède une combativité qui fait défaut à son frère… //
// Egduba donc ? //
// Qu’il en soit ainsi… //

 
****
 
// Quel est cet endroit ?! //
// La grande bibliothèque Jedi d’Ossus... Ici sont compilés tous les savoirs ancestraux de notre ordre depuis le grand schisme. //
// Quand pourrais-je les consulter ? //
// Patience initié Hardulla. Vous devez d’abord passer les épreuves pour prouver que vous êtes tout à la fois digne et apte à suivre les enseignements Jedi, et devenir officiellement apprenti au sein de l’Ordre. Mais… Pardonnez ma franchise, c’est un trait de caractère qui est tout autant une qualité qu’une malédiction… Mais je doute que votre infime sensibilité soit suffisante pour ce que vous aspirez à devenir… //
// C’est ce que nous verrons… //

 
****
 
// Alors ? //
// Ils doutent de ma réussite. //
// Ne te l’avais-je pas dit ? //
// Ces vieux fous vont voir ce quoi je suis capable ! //
// Ta détermination ne sera suffisante, Hardulla. Et si tu puises dans ta colère ou ta frustration sans être capable de les canaliser, alors tu seras dévoré par le coté Obscur… //
// A vous entendre, c’est perdu d’avance… Vous ne valez pas mieux que le Conseil //
// Détrompe toi, mon bon ami. J’ai… lu… quelque chose en toi la première fois que t’ai vu. Il faut dire qu’un Hutt qui foule pacifiquement le sol d’Ossus ne passe pas inaperçu. Un Hutt doté d’une sensibilité à la Force de surcroît ! J’ignore si tu es le seul… Mais j’ai consulté nos archives et il n’est fait mention nulle part d’un autre initié de ton espèce. Tu es spécial… Et sur Arkania nous avons un proverbe pour décrire cela : L’exception prévaut sur la règle. //
// Que voulez-vous dire ? //
// Qu’avec les bons enseignements… Et quelques.. coups de pouces... Tu pourrais dépasser tout le monde ici. Tu pourrais devenir l’un des être le plus puissant de toute la galaxie… //
// Et reprendre ce qui m’est dû… //
// Oui. Dès que tu auras échoué aux épreuves, rejoins-moi sur Murkhana. //

 
****
 
// Assez… //
// Cesse de geindre Hardulla ! Tu connaissais les risques en acceptant de devenir mon cobaye. Ce n’est qu’un début. La thérapie génique va te changer… Et tu es encore loin d’imaginer toutes les souffrances que tu vas subir. La galaxie est ainsi faite. Telle est la volonté de la Force. Il ne peut exister de nouvelles vies sans détruire les anciennes. Embrasse la douleur, accepte là, repaît toi d’elle. Elle décuplera tes forces, tes talents, ta détermination. Enfonce-toi dans la noirceur, touche le fond, et alors tu pourras atteindre les sommets… Lavé de tout ce qui te dévore de l'intérieur. //
// Oui… Maitre… Magnus… //

 
****
 
Ce souvenir n’est que cacophonie et images chaotiques sans liens chronologiques. Des souvenirs de batailles. Des massacres par centaines. Une soif de sang qui ne cesse de s'accroître à mesure d’Hardulla plonge dans l’obscurité. Il tue, pille, sape l’autorité des Hutt incapables de stopper ses bains de sang. Plusieurs fois il affronte ses congénères. Des Hutt en armures de combat, dotés d’armes dignes des légendes. A chaque fois il les terrasse et vole sur leurs dépouilles de trophées : morceaux d’armure, répulseurs… Et avec ceux-ci, il se fabrique lentement son propre harnais de bataille. Son objectif initial : détrôner son frère Egduba, se dilue dans ses appétits carnassiers devenus l'unique but de sa vie… Du sang pour du sang. Une soif, une faim, qu'il ne parvient à satisfaire entièrement.
 
****
 
Ragda se figa devant un autre souvenir, l’air abasourdi. // Halussius… // fit-il, les yeux rivés sur des images qu’il ne connaissait que trop bien. Celles d’un Hutt, avachi sur un chariot répulseur, vêtu d’un poncho excentrique, en train d’écouter un holo-enregistrement :
 
// Bonsoir, Ministre spécial d’état. Je pense que le moment est bien choisi pour que nous puissions mettre en œuvre ce que nous avions prévu… la crise est consommée de votre côté et déjà, je suppose, que vos soldats de plombs se préparent à répliquer tout en faisant en sorte d’ignorer votre nouvelle position. Quoi qu’il en soit, la guerre ne dure qu’un temps et permet de ne faire briller la paix que davantage.
 
C’est cette paix, monsieur le Ministre, que j’offre à la République. La guerre a été un mal. Un mal nécessaire pour faire en sorte que la politique belliqueuse de votre chancelier ne puisse aboutir à une nouvelle catastrophe indigne de l’auguste gouvernement dont vous en étiez le représentant, maintenant le chef.
 
C’est d’ailleurs à ce titre, que j’accepte d’engager des pourparlers de paix entre vous, Ministre Spécial d’état et moi-même. Le chancelier étant entre mes mains, il est inutile de préciser que ceci le rend inapte à exercer cette tâche. De plus, à l’instar des Jedi, le trait particulier de votre race vous rend imperméable aux manipulations de la Force. Je laisse le lieu de notre rencontre à votre convenance ainsi que les modalités. Acceptez-vous ? //

 
Ce souvenir datait de plusieurs années… Du jour où il avait reçu un message de Darth Ynnitach, la Dame Noire, alors qu’elle retenait Halussius depuis sa victoire écrasante sur Artorias.
 
// Je… // hésitait-il, les mâchoires crispées // Je ne comprends pas… Ce souvenir là… C’est le mien… Et non celui d’Hardulla… // Les questions assaillaient son esprit. Que se passait-il ?! Au même moment, une terrible migraine se mis à frapper à ses tempes. Elle tambourinait, comme si quelqu’un cherchait à percer son crâne de l’intérieur. Ragda se recroquevilla, la mine déformée par la douleur, alors que ses petits bras frétillaient en tout sens. // Halussius…// parvint-il à souffler. //… Quelque chose ne va pas… Je crois… Que… Hardulla tente d’entrer dans ma tête ! //
 
La caverne commença à se remplir d’eau…
Halussius Arnor
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Halussius assista à l’enchainement de souvenirs qui se matérialisaient en compagnie de Ragda. Le Hutt adepte du Côté obscur se dévoilait enfin… Il avait donc fréquenté les Jedis à un moment de son existence. Voilà qui piquait la curiosité d’Halussius. Jamais il n’avait entendu parler d’un Hutt qui avait prétendu aux tests pour devenir un Novice.

Le plus étonnant encore était son interlocuteur… Maître Magnus. L’ancien Chancelier était en train de se dire qu’il avait vu juste, Hardulla n’avait pas suivi la voix des Siths. Mais les conseils que Magnus donnait au Hutt l’incitait bel et bien à s’engager dans le même chemin sombre. Mais comment Magnus, comment un Maître Jedi pouvait être aussi déviant ? Une thérapie génique… C’était donc lui qui était à l’origine des atrocités sur le corps d’Hardulla…

L’artorien sentait soudainement sa peau s’électriser. Des frissons couraient le long de ses jambes, de ses bras, de son dos… Il faisait froid… Si froid. Le Côté obscur était partout et cela affectait Ragda. Tout comme lui, Halussius fut surpris de revoir se souvenir pas si lointain de l’entretien entre le Hutt et Darth Ynnitach. Mais cela ne le troubla pas. Il n’y avait là aucune révélation… Mais ce qui surprenait le non-Jedi s’était qu’Hardulla puisse manifester se souvenir. C’était un souvenir propre à Ragda… Cette aventure prenait une tournure étrange et inattendue. S’ils étaient dans l’esprit d’Hardulla, comment ce dernier pouvait se souvenir d’une situation vécue par Ragda ? A l’inverse, s’ils étaient dans l’esprit de Ragda, comment l’ancien ministre pouvait avoir des souvenirs d’Hardulla, qui avait vécu à il y a des milliers d’années ?

« En croisant les arbres généalogiques avec ceux de feu mon propre clan, je me suis rendu compte que nous avions un ancêtre commun. Un ancêtre commun ! Hardulla le Sombre !... » C’était les mots de Ragda alors qu’ils encore sur Refuge.


*Une mémoire génétique ?...*

Mais ces questions n’avaient plus d’intérêt pour le moment. Halussius voyait Ragda être saisi de convulsions.
L’artorien tenta de faire un pas en direction du Hutt lorsque le sol de la caverne s’anima et agrippa ses jambes jusqu’aux cuisses pour l’immobiliser. Ils étaient pourtant sous forme spectrale ! Mais en y regardant de plus près, Halussius remarque que ses mains, le tissu de ses vêtements étaient en train de perdre cet aspect vaporeux pour retrouver une certaine tangibilité. Intéressant… La Force était devenu comme un ouragan. Son agitation impressionnante. Une présence se manifestait en elle. Halussius la reconnaissait. Hardulla le Sombre.


// Que crois-tu faire, Jedi ? Il est MA descendance ! Il est A MOI ! //

L’eau qui venait d’apparaître commençait à gagner en niveau. Halussius observait Ragda avec effroi. Sur les traits tiraillés et en souffrance de Ragda étaient en train de se superposer les traits jubilatoires d’Hardulla.

// Ragda !! Fixe ton esprit moi ! Concentre-toi sur ma voix ! Hardul….//

Une onde de Force frappa soudainement Halussius et le plaqua au sol.

// Vermine de Jedi ! COUCHER ! Tu ne peux rien ici ! Bientôt, moi et ma descendance nous allons être réuni… Alors…. Hardulla le Sombre renaîtra !

Le choc était aussi surprenant que violent. Halussius était franchement sonné par l’onde qui venait de le toucher. Son corps pataugeait dans l’eau qui continuait de monter. Son visage immergé lui fit reprendre soudainement ses esprits. Il releva se tête trempée pour retrouver son souffle. Il était toujours immobilisé. C’est la silhouette complète d’Hardulla qui se superposait à celle de Ragda. Il ne pouvait pas laisser faire ça. Toujours ébranlé par le choc, Halussius ne put que prendre son appuie son bras gauche et tandis son bras en direction des deux Hutts. Son regard s’assombrit alors.

// Je ne suis plus un Jedi…//

La Force qui s’engouffrait à l’intérieur du corps d’Halussius fusa le long de son bras en direction d’Hardulla. Le non-Jedi lui commandait de se répandre et d’envelopper la silhouette d’Hardulla. Lorsque le moment arriva, Halussius referma sa main. C’était comme s’il tirait sur une corde invisible qui se serait enroulée autour d’Hardulla. Le Hutt sombre grogna et grommela dans sa langue natale, il se sentait incapable d’aller plus avant dans l’esprit et le corps de Ragda. Pire, il était comme repoussé et sentait une emprise sur la totalité de son corps. Une emprise qui le comprima subitement, lui arrachant des hurlements. Le Maléficien comprit que cela venait d’Halussius et qu’il avait peut-être fait erreur sur sa personne car Halussius dégageait lui aussi une aura sombre à présent.
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