Karm Torr
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— Et sinon, des fois, il t’arrive de mettre des vêtements ?
— Mais…

Décidément, sa réputation d’exhibitionniste lui collait à la peau. Peut-être parce qu’il l’avait souvent dénudée, sa peau. Mais est-ce qu’on reprochait aux Jedis Wookies de se promener constamment tout nus ? Ce fut en tout cas un Karm torse nu qui rangea son tournevis magnétique à sa ceinture, pour descendre de la plateforme antigravité sur laquelle il était perché, dans l’un des entrepôts de l’ExploCorps, au Temple.

— C’est précisément parce que la clim’ est cassée et qu’il fait trop chaud que je suis en train de réparer, se défendit l’Ark-Ni.

Surnommé le Chevalier au Slip.
Certes.

Sa collègue leva les quatre yeux au ciel avant de lui tendre un datapad.

— Le Conseil t’a trouvé une nouvelle mission.
— J’me trouve très bien mes missions tout seul, répliqua le jeune homme un brin vexé, en consultant l’écran où s’affichait un ordre sommaire.

Quand il eut fini de lire, il murmura :

— Sérieusement… ?
— On ne tire pas sur la messagère, répliqua l’exploratrice.
— Elle est pas censée être, genre… ‘Fin, tu sais…
— Complètement timbrée ?
— J’aurais pas nécessairement dit ça comme ça…

Karm n’ignorait pas que l’ExploCorps bruissait depuis des semaines des rumeurs les plus folles au sujet de Maître Venta. La longue et brillante carrière de l’Exploratrice Jedi était désormais éclipsée, dans l’esprit de ses confrères, par les étranges conséquences de son expérimentation avec la Force et par sa détresse psychologique, qui n’avait été couverte que par un secret médical tout relatif, dans un Temple où les nouvelles allaient bon train.

Le jeune Explorateur, pour sa part, considérait qu’il était préférable de s’abstenir de juger. Qui était-il, à même pas trente ans, pour imaginer ce que l’on ressentait, à l’approche de la mort, en sentant son corps se désagréger petit à petit ? Et puis ce que l’avenir lui réservait en la matière était bien différent de ce qu’expérimentaient les humains normaux. La vieillesse ark-ni à bien des égards était beaucoup plus clémente.

— Écoute, si le Conseil te confie ça, c’est qu’ils te jugent capable.

Karm esquissa une moue dubitative.
La climatisation attendrait.
*

Le hangar sud bourdonnait d’une activité intense. Des Consulaires s’apprêtaient à conduire une expédition humanitaire sur un monde agricole du Noyau, qui avait été dévasté par d’étranges cataclysmes climatiques. On chargeait de grandes barges qui rejoindraient, dans quelques heures, un vaisseau orbitant autour de la planète. Pour certains des Padawans massés autour des navettes de transport, à attendre leur tour d’embarquer, ce serait la première mission loin du Temple, sous la houlette de Maîtres et de Chevaliers inexpérimentés.

— Bip. Bipbipbip.
— J’te l’fais pas dire, bonhomme.

Les mains dans les poches, adossé à un vaisseau beaucoup plus modeste, qui devait l’emmener en compagnie de Maître Venta dans l’Espace Sauvage mais pas du tout à fait inconnu, le Gardien observait ce remue-ménage d’un air pensif. Sa propre Padawane avait été enrôlée de plus ou moins bon gré dans une formation collective. Dommage. Il l’aurait volontiers embarquée avec lui. Ne serait-ce que pour avoir un soutien moral face à Maître Venta.

Le jeune homme ne se sentait pas tout à fait près à ce qui l’attendait. Partir à la recherche d’une mission scientifique qui avait fait naufrage sur une planète lointaine, ça, c’était tout à fait dans ses cordes. Presque la routine. Mais apporter un soutien moral à une Maître qui traversait une crise existentielle hors du commun ? Il n’était pas psy, lui. Et on pouvait même arguer que sa propre psychologie était beaucoup trop atypique pour lui permettre de bien comprendre ce que les autres traversaient.

— Bip… ?
— Nan.


Karm jeta un regard en biais à son droïde, qui venait de l’interroger sur la présence éventuelle de Bouteboute, le droïde d’assistance de sa Padawane miraluka. Ces deux-là seraient-ils en train de nouer une romance électrique ? Mais la méditation de Karm sur la vie sexuelle des robots fut interrompue par une silhouette enfantine qui se frayait tant bien que mal un chemin dans la masse des Padawanes. Maître Venta.

Enfin.
Façon de parler.

L’Ark-Ni avait beau tomber dans la catégorie « hippie trop ouvert d’esprit », il avait du mal à faire cadrer la gamine qui s’approchait de lui avec la réputation et le tempérament de la Maître dont on lui avait tant parlé jusque là. On l’avait si souvent comparé à Maître Venta, à cause de leur éducation respective, de leur talent au sabre, de leur vie d’exploration, de leur côté marginal, qu’il s’était plongé dans les rapports d’une femme qui, à l’époque où il avait rejoint l’ExploCorps, relevait déjà plutôt de la légende dorée de l’Ordre que de son actualité brûlante.

Mais il comprit une des raisons du choix du Conseil. Dans la société des Ark-Ni, où il avait passé les premières années de sa vie, pas de majorité. Tous les enfants participaient à part égale avec les adultes aux décisions collectives. Dans ces conditions, qui de mieux placé que lui pour dépasser le préjugé des apparences ?

— Salut. ‘Fin. Bonjour, Maître, déclara-t-il finalement, quand elle fut devant lui.

Karm n’était pas particulièrement réputé pour son amour du protocole. Selon les points de vue, il était soit une étoile montante, prometteuse et originale, soit un dangereux hétérodoxe avec un manque criant de respect pour les traditions de l’Ordre. De fait, ce jour-là, il était habillé en civil, façon astroport de la Bordure, loin des robes de bure jedi. Ses cheveux gris argentés étaient en pleine bataille, tout à fait à contrepied des habitudes martiales de la plupart des autres Gardiens.

— Du coup, j’ai pris la liberté de préparer un vaisseau et tout, vu que…


Vu que personne n’avait eu l’air trop sûr, au sein de l’ExploCorps, que Maître Venta se manifesterait vraiment pour remplir la mission qu’on lui avait confiée.

— … qu’on est pressés et tout. M’enfin après, si vous voulez du plus gros calibre, c’est vous la cheffe. Par contre, j’crois que y a pas grand-chose de disponible en ce moment. Rapport à la guerre et tout ça.
— Biiip.
— Ouais, et c’est mon astrodroïde. Il s’appelle Blip.
— Bip.
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Elle n'en revenait pas qu'on lui ait confié une mission. Par quel prodige ? Qui avait été assez fou pour penser que c’était une bonne idée de lui confier quoi que ce soit actuellement ? Elle sortait tout juste la tête de l’eau après son brusque rajeunissement, et elle se sentait à peine capable de prendre soin d’elle-même… Alors s’occuper d’autres personnes, voire même simplement d’autres choses… Cela dit, l’ordre de mission lui venait directement du Conseil. Était-ce une vérification de ses nouvelles capacités ? Une sorte de test, peut-être, pour voir si elle pouvait encore servir à quelque chose. Elle ne pouvait pas vraiment refuser. D’ailleurs, elle ne voulait pas refuser. On lui donnait une chance de refaire ses preuves.

Aussi se retrouva-t-elle dans le hangar principal du temple Jedi à l’heure convenue sur son ordre de mission. Comme d’habitude, il régnait une grande activité ici. Entre les groupes en partance, les techniciens, les déchargements de marchandises… De nombreuses navettes étaient rangées le long d’un mur, prête à embarquer leur lot de passagers. Cally devait se faufiler parmi la foule pour atteindre son aire de départ. Heureusement, elle ne craignait plus trop le regard des autres à présent. Elle avait vite compris qu’elle n’était qu’une fillette en apparence tout à fait normal, à laquelle on prêtait peu d'attention. C'était d'autant plus vrai lorsqu'elle était entourée de jeunes qui paraissait avoir tout à fait son âge. Ces derniers semblaient d'ailleurs pas mal excités, et elle se fit bousculer plusieurs fois dans la cohue.

Elle finit par se dégager du plus gros de la foule, et vit le chevalier qui l'attendait, au pied d'un vieil engin d'exploration. Cally s'approcha d'eux, laissant courir amoureusement sa main le long des courbes fatiguées de la navette. Elle pouvait la reconnaitre sans peine. Le "Cap" était déjà en service lorsqu'elle officiait encore dans le corps d'Exploration Jedi. Et déjà à l'époque, il n'était plus tout jeune. Pour la jedi, c'était un peu comme retrouvé un vieil ami longtemps perdu de vue. A vrai dire, elle connaissait la plus grande majorité des vaisseaux qui constituaient le parc habituel de l'Explocorps. Pour certain, elle avait passé des années entières dedans, pour les plus longues explorations.

Karm Torr, le chevalier qui allait l'accompagner - ou la chaperonner ? - la salua d'un air un peu désinvolte. S'il n'était pas bien grand, il l'était tout de même beaucoup plus que Cally, qui dut lever la tête pour le regarder dans les yeux. Il était svelte, et semblait avoir une musculature sèche, discrète mais bien présente. Il paraissait surtout relativement détendu, et ce n'est qu'à ce moment que la jeune fille se rendit compte à quel point elle-même était nerveuse. Les explorateurs de l'Ordre avait été très longtemps comme une famille pour elle, bien plus que les autres Jedi. Mais ces dernières années, elle s'était fait tellement discrète... C'était un peu comme tenter de renouer des liens. Il fallait qu'elle y arrive. Qu'elle prouve à tous qu'elle pouvait de nouveau occupé une place active dans l'Ordre. Qu'elle se le prouve à elle-même...

Elle passa une main dans son épaisse tignasse noire, ébouriffant un peu plus. De longues mèches noires et rebelles virevoltaient lentement sur son crâne, renvoyant une image plus sombre de la propre chevelure en bataille de Karm. Visiblement, aucun des deux n'était un grand ami des peignes. Son autre main tenait la lanière d'un sac de voyage calé contre son épaule. Elle n'avait pas perdu ses vieilles habitudes, et n'avaient pris qu'un petit bagage contenant le strict nécessaire. Tout comme ses vêtements. Elle n'avait guère le choix dans ses tenues, car il lui était encore difficile de trouver à sa taille, mais elle avait quand même pu trouver un pantalon de padawan marron, accompagné d'une chemise beige, le tout étant pour une fois ajusté, ne risquant pas de la gêner dans ses mouvements. C'était certes un ensemble de padawan, mais le fait qu'il ne soit pas complet et qu'elle le porte de façon assez débraillée pouvait faire un peu l'illusion.

Karm la salua rapidement et présenta succinctement la situation. Elle lui répondit de façon très directe, de sa voix douce de gamine:


- Pas la peine de me faire des ronds de jambes, Karm. Je crois ne plus être maitre de rien du tout... Et nous allons passer plusieurs jours ensemble. Alors tu peux m'appeler Cally, et je pense qu'on peut partir sur le tutoiement direct.

Les explorateurs de l'Ordre avait tendance a être les plus débrouillards et les plus indépendants chez les Jedi, mais aussi les plus récalcitrants à la hiérarchie. En général, s'il y avait bien un chef durant les explorations, les décisions étaient prises en concertation avec tout le monde, et les grades étaient moins marqués. Cally repartait sur cette base, en espérant que les meurs n'avaient pas trop changés depuis son départ...

Elle continua sur sa lancée, posant une main affectueuse sur le dôme supérieur du droïde. Ils étaient toujours des membres précieux d'une équipe d'exploration, et avaient leur place à part entière, même s'ils n'étaient pas à proprement parlé vivant.


- Contente de te savoir parmi nous, Blip, lui dit-elle chaleureusement.

L'astromécano tourna son oculaire vers son maitre en poussant un long bip interrogatif, mais Cally lui répondit sans hésiter d'un ton taquin:


- Ouais, mais je suis quand même plus grande que toi, petit bonhomme, alors c'est moi la cheffe !

Cally avait beau être un peu - voire beaucoup - rouillée, elle n'avait pas besoin de transcripteur pour comprendre la majorité des droïdes. Elle avait passé beaucoup de temps avec eux en exploration, et il fallait bien se débrouiller, surtout quand le dernier transcripteur tombait en panne. Tant que Blip ne piaillait pas trop vite, elle devrait réussir à le comprendre sans trop de difficulté.

- Le "Cap" fera le boulot, c'est un bon vaisseau. Tant qu'on a des pièces détachées sous la main. Mais je suppose que tu connais ton affaire ?

Même elle avait entendu du jeune et prometteur Torr depuis sa retraite isolée, alors elle ne doutait pas que Karm avait préparé tout ce qu'il fallait en vivre, en fournitures ainsi qu'en pièces-détachées, les vieux vaisseaux de l'ExploCorps ayant tendance à tomber lentement en morceaux, nécessitant par la même un entretien constant. Sans vraiment attendre la réponse, elle poursuivit :

- Ne prenons pas racine, je m'occupe du décollage. A moins que t'ai peur de ma conduite de grand-mère ?

Elle était impatiente de repartir là-haut, là où était sa place. Ils auraient tout le temps de faire connaissance durant le voyage, vu qu'ils seraient forcés de vivre ensemble dans un espace relativement restreint. Mais elle préferait décollé au plus vite. Comme si elle avait peur que le Conseil revienne sur sa décision. Que finalement, elle ne puisse pas quitter la planète. Qu'il se passe un incident quelconque...

Ses petits yeux noirs le fixèrent droit dans les yeux avec ferveur. On pouvait y lire le feu de la détermination. Elle était persuadée de passer un test, d'être jugée. Loin que ça l'agace, elle prenait cela pour une chance. On lui donnait sa chance, sa chance de se reprendre. Avec son habituelle et implacable détermination, elle n'avait pas la laisser passer facilement ! Mais plus que ce jugement d'autrui, c'était son jugement personnel qu'elle cherchait. Elle devait se prouver à elle-même qu'elle en était toujours capable, mais dans ce petit corps tout frêle.
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Celui qui se sait maître de rien, n’est-il pas maître de vérité, répondit du tac-au-tac mais dont d’un ton tranquille l’Ark-Ni, jamais à court d’aphorismes ?


En tout cas, il était soulagé de l’attitude de la vieille femme. On lui avait souvent dépeint Maître Venta comme quelqu’un de revêche, et même d’hostile. Volonté de faire bonne impression ou personnalité véritable, celle qu’il avait en face de lui paraissait bien différente. Et surtout, elle aimait les vieux vaisseaux et les droïdes : toujours un bon point pour conquérir l’approbation de l’Ark-Ni. Il hocha la tête quand elle proposa de partir et, après avoir soutenu un instant son regard, tendit le cou pour attraper celui de l’un des opérateurs du hangar.

Un mécanicien quelques dizaines de mètres plus loin leva un tentacule d’approbation et les deux Jedis purent embarquer à bord du Cap, dont l’intérieur spartiate formait le cadre typique d’une aventure d’exploration. Parcourir les espaces lointains où les découvertes n’étaient jamais qu’incertaines, c’était loin d’être une priorité dans un Ordre et une République en pleine guerre. Les ressources et les meilleurs vaisseaux étaient affectés aux Gardiens, à la rigueur aux Consulaires en mission spéciale, et les explorateurs, eux, devaient se contenter de ce qui restait.

Pour Karm, c’était un environnement familier qui lui rappelait les assemblages improbables de la Flotte ark-ni, la patrie de son enfance nomade. Dans la cabine de pilotage, le siège principal avait été rehaussé d’un coussin pour enfant et le jeune homme, lui, se laissa tomber dans celui du copilote. Blip s’était arrimé à sa propre station et le programme de vérification d’avant le décollage fut promptement effectué, comme une formalité pour le protocole plus qu’autre chose.

L’une des portes du hangar ne tarda pas à s’ouvrir sur l’atmosphère tropicale d’Ondéron et le Cap put bientôt prendre son envol, guidé par la voix grésillante, dans les haut-parleurs du cockpit, d’une contrôleuse spatiale d’Iziz. Bientôt ils quittaient l’atmosphère, et puis l’orbite, laissant derrière un Temple que tout explorateur avait bien conscience, à chaque sortie, de quitter pour la dernière fois peut-être. Dégagés de la route spatiale par où sortaient incessamment les navires marchands, le vaisseau jedi ne tarda pas à bondir dans l’hyperespace, en direction de régions bien moins fréquentées.

Bip bip. Biip.

Première escale deux heures plus tard, dans un secteur à peu près désert, selon le droïde, et puis trois autres encore, jusqu’à atteindre leur destination, loin au-delà des frontières effectives de la République, pour un voyage qui devait au total durer plus de vingt-six heures. Karm décrocha le harnais de son siège, puis inséra une datacarte dans la console centrale du Cap, qui avait tout de même été modifiée pour intégrer quelques innovations informatiques récentes.

Il fallut tout de même une petite tape d’encouragement pour convaincre l’holoprojecteur de se lancer. Les portraits de cinq membres de l’équipage scientifique s’affichèrent finalement.

Ouais, donc. J’ai lu vite fait, parce qu’on a pas été prévenus super en avance. Mais elle, c’est Wafreda von Rapfel, professeure de biologie évolutive à l’université de Coruscant. Son post-doctorant, Mulik T’Kal, poursuivit-il en désignant le Twi’Lek dont le portrait jouxtait celui de l’humaine cinquantenaire, spécialiste des évolutions inter-règnes. Genre les animaux-plantes, les cailloux qui bougent, ce genre de trucs. Caporale Selina Bargen, Coréllienne, éclaireuse dans l’armée de terre républicaine et Jasper Prost, son compatriote, idem. Détachés pour assurer la sécurité. Et Teelo Luk, la pilote rodienne, d’une société de pilotage privée.

Fine équipe.

Globalement, ils ont tous l’habitude du terrain et c’est plutôt des gens sans histoire.

Les portraits s’effacèrent pour laisser la place à la trajectoire de la navette scientifique, d’abord sur une vaste carte de la galaxie, alors qu’elle quittait Coruscant pour gagner l’Espace Sauvage, puis en zoom autour d’une planète.

P63-X29. Pas nous qui l’avons découverte, mais un collègue de Von Rapfel. Apparemment, la planète a subi une extinction massive y a quelques milliers de l’année, pluie de comètes probablement, et la faune et la flore se sont redéveloppées. Semblerait-il que ce soit scientifiquement captivant…

Et malgré son ton dégagé, il en était lui-même tout à fait convaincu. La vie n’était-elle pas le miracle fondamental de la Force ?

… mais pas assez captivant pour monter de but en blanc de grosses expéditions, du coup la prof et son équipe font faire un peu de terrain, pour monter une demande de bourse à l’Agence Républicaine de la Recherche Scientifique. Bref, autant qu’on en sache, ils sont arrivés sans encombre jusqu’à l’orbite, puis ont expérimenté des avaries inexpliquées à l’entrée dans l’atmosphère et se sont crashés… Quelque part.

Précis.

Une sonde automatisée envoyée par l’université devrait nous précéder de quelques heures, tenter d’accomplir une révolution autour de la planète, pour repérer au moins la carcasse du vaisseau. Un convoi de sauvetage devrait arriver environ deux jours après nous. L’université devait passer par un marché public pour financer la mission, du coup, ça leur prend du temps de tout monter. Pour ça qu’on est là.

Si jamais ils retrouvaient l’équipage vivant, Karm n’avait pas l’intention d’expliquer à la professeure que son employeur avait traîné pour les secourir à cause de formalités administratives.
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Ils eurent l’autorisation de décoller, et montèrent rapidement à bord de leur navette. Le « Cap » était un vieux vaisseau. Ses pas résonnèrent dans les coursives, alors qu’elle remontait lentement le couloir principal vers la cabine, ses doigts longeant le mur, un air absent peint sur ses traits poupins. Poser les pieds ici lui faisait remonter une bouffée de nostalgie. Combien de temps avait-elle passé dans ces coursives, et dans les autres si semblable des autres vaisseaux à bord desquels elle était partie en exploration ? Combien d’amis y avait-elle croisé ? Elle profita de ses instants. C’était un peu étrange pour elle que de renouer avec une vie passée, alors même qu’elle en débutait une nouvelle, coincée dans un corps trop jeune pour elle.

Elle finit par rejoindre Karm dans la cabine de pilotage, qui s’était installé dans le fauteuil du copilote. Elle posa son sac à l’entrée et s’apprêta à prendre sa place lorsqu’elle remarqua que la place du pilote avait été rehaussée avec un siège pour enfant. Sérieusement ? C’était une blague ?! Elle glissa un regard assassin à son chaperon. Il avait bien dit que c’était lui qui avait tout préparé, non ? Un grondement sourd commença à monter de sa gorge, mais elle sut se retenir de ne pas frapper le Jedi pour la forme. La jeune fille n’allait pas provoquer un scandale, alors qu’ils n’avaient même pas décollé. Habituée à vivre dans des environnements restreints en compagnie de petites communautés, Cally savait prendre sur elle sans se braquer. Il n’avait pas pensé à mal. Enfin, probablement… Sinon, elle aurait tout le loisir de le frapper plus tard. Elle n’était pas rancunière. Simplement, elle n’oubliait pas.

D’un air boudeur, elle finit par s’asseoir dans le siège de pilote, pour se rendre compte que cette mesure avait probablement été nécessaire. Même ainsi rehaussée, elle voyait à peine l’avant du vaisseau au-dessus des commandes. Pour saisir le manche, elle se devait d’être penchée en avant, tirant sur son harnais au maximum. Elle avait vraiment l’impression d’être… Une enfant, justement. Normal. Mais elle n’arrivait pas à s’y faire. Cela ne l’empêcha pas, de quelques gestes automatiques, de procéder à l’allumage des moteurs. Elle l’avait fait tellement de fois qu’elle aurait pu le faire les yeux fermés, gamine ou pas… Elle remercia juste silencieusement la Force que le Cap n’ait aucun système à pédales, car ses maigres jambes pendaient mollement dans le vide. Elle ne touchait même pas le sol, alors il aurait été gageure de lui demander d’utiliser des pédales.

Le vaisseau quitta le sol, et se pencha dangereusement en avant, son nez touchant presque le tarmac devant eux. Cally écarquilla un instant les yeux, surprise. C’était un peu moins facile que dans ses souvenirs. Avec un vol un peu chaloupé, elle parvient à faire sortir la navette du hangar. Cela faisait une paie qu’elle n’avait pas conduit quoique ce soit… Heureusement, ses réflexes lui revinrent rapidement, et elle reprit peu à peu ses marques, appréciant la vitesse. La jungle d’Iziz défilait rapidement sous eux, et chaque poussée d’accélérateur pouvait être ressentie à travers les compensateurs inertiels fatigués. Une sensation grisante pour une vieille femme qui n’avait pas pris les airs depuis des décennies.

Mais cela fut relativement court, à peine une mise en jambe. Ils se retrouvèrent bientôt dans l’hyperespace. Cally retira son harnais en même temps que Karm. Assise sur son siège, elle semblait aussi grande que son compagnon de voyage, ce qui la changeait agréablement... Son orgueil blessé devait bien chercher du réconfort là où elle le pouvait ! Cela ne l'empêcha pas d'écouter le petit briefing que lui fit l'Ark-Ni. Les informations semblaient bien maigres à vrai dire... Mais c'était aussi cela, l'exploration. Le frisson de l'inconnu et de la découverte. C'est ce qui avait poussé la jeune fille qu'elle était - pas celle qu'elle était aujourd'hui - à partir à l'aventure. Elle se contenta donc de hocher la tête pour donner son consentement. Il n'y avait pas grand chose à rajouter de toute manière.

Elle se renfonça dans son siège, regardant à travers la verrière d'un air mélancolique. Un silence s'installa, tout juste gêné par le ronronnement distant du moteur hyperdrive. Devait-elle dire quelque chose ? Elle ne savait pas trop. Certaines personnes préféraient simplement le silence et le calme, et il fallait respecter les besoins des autres lorsqu'on vivait en communauté. Cally le savait bien. Mais à vrai dire, elle ne connaissait simplement pas assez son compagnon pour savoir cela. Peut-être attendait-il simplement qu'elle fasse le premier pas. Ou bien la considérait-il avec indifférence, tel un passager un peu nuisible. Elle n'aurait pas vraiment pu l'en blâmer... Elle se pencha en avant, posant les mains sur le tableau de bord avant de s'en servir comme appui pour poser son menton. Ses petits yeux fatigués fixaient les lignes floues de l'hyperespace. Elle finit par briser le silence d'une voix douce :


- Ça me fait bizarre, tu sais. Je veux dire, de sortir du Temple... Ça faisait presque trente ans que je n'en étais pas sortie. Mon corps ne suivait plus à l'époque. Je suppose qu'on t'a un peu expliqué mon cas avant de me coller dans tes pattes ?

L'ordre venant du Conseil, il avait dû recevoir quelques informations. Ou bien avait-il entendu les rumeurs. Cally ne savait pas à quel point son histoire avait pu se répandre dans les couloirs du Temple, ni même à quel point elle avait été déformée. Comme à son habitude, elle préféra être directe et sincère, si bien qu'elle reprit :

- Ça fait quoi de devoir me chaperonner ? On va passer plusieurs jours ensemble, je préfère autant le savoir si tu peux pas m'encadrer, et que tu n'es là que pour les ordres du Conseil. Je pourrais même le comprendre. Ma situation est... Disons étrange, après tout, je le sais bien.

Elle avait dit cela d'une voix calme et mesurée. Elle se doutait que Karm ne s'était pas porté volontaire pour la surveiller en mission. Alors, si elle devait se montrer petite pour ne pas le gêner, elle préférait autant le savoir.
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Ben y a pas mal de rumeurs, quoi, c’est sûr, déclara Karm d’un ton tranquille, alors qu’il s’était absorbé dans la lecture, sur son datapad.


Après avoir fini sa phrase, le jeune homme releva les yeux. Il n’était pas du genre à tourner autour du pot. Ne formaient-ils pas, tous, une grande communauté, dans laquelle la sincérité et l’ouverture devaient primer ?

Et les rumeurs font un peu peur, j’avoue.

Une peur qui n’était pas frappante chez l’Ark-Ni. Il fit pivoter son siège vers celui de la Maître Jedi.

Mais t’sais, y a, genre, plein de rumeurs sur moi aussi. Si tu veux, on peut se mettre à égalité, sur ce plan. Les gens racontent que je suis un dangereux hérétique, formé par une folle sanguinaire, exhibitionniste comme pas possible, perpétuellement insolent, gay jusqu’à la racine des cheveux, pas vraiment Républicain et beaucoup trop révolutionnaire pour être honnête.

Avec tout ça, il n’en parvenait pas moins à s’intégrer à l’Ordre, à sa façon, même si les franges les plus conservatrices de l’Organisation le considéraient avec une suspicion croissante. Plus les exploits de l’Ark-Ni laissaient entrevoir la possibilité qu’il devînt Maître, plus l’opposition à laquelle il pouvait être en butte devenait vive.

Tout est pas faux, note, remarqua le Gardien avec un détachement tout philosophique. Mais l’ExploCorps, au fond, ça a jamais été l’endroit où les Jedis les plus conventionnels allaient. On a tous nos particularités. Et nos histoires atypiques. C’est clair que niveau histoires atypiques, tu fais fort.

Il avait bien lu, dans les livres anciens de l’Ordre, des légendes sur les Maîtres Jedis qui s’étaient plongés dans des transes méditatives si profondes qu’ils se réveillaient des décennies plus tard ou bien d’autres encore qui avaient réussi à transférer leurs esprits dans un nouveau corps. On racontait même que les Siths avaient des secrets plus terribles encore. Darth Noctis n’avait-il pas la réputation d’entretenir sa surprenante beauté à grands renforts de sorcellerie, dans une quête de jeunesse éternelle ?

’Fin bref. J’pense que tu es autant là pour me chaperonner que l’inverse. Moi, j’dois veiller à ce que tu te fasses pas dévorer par un crocodile de l’espace ou que le spectacle d’un astéroïde te déprime pas trop. Toi, tu dois vérifier que je profite pas de mes explorations pour m’adonner à de suspectes orgies avec de musculeux indigènes et m’inspirer un peu de sagesse et de respect du protocole.

Le sourire en coin de l’Ark-Ni s’effaça et, d’un ton plus sérieux, il poursuivit :

Tu es une exploratrice de légende. Une grande maître jedi. OK, y a des hauts et des bas, et en ce moment, c’est plutôt le bas, mais ça change rien à ça. Je flippe peut-être un peu que ça se passe mal, parce que t’as ta réputation et tout, mais ça change rien au fait que c’est un honneur de travailler avec toi.

Karm avait beau ne pas avoir un grand respect du protocole et nourrir une conception idéale de l’Ordre Jedi où la hiérarchie ne jouait qu’un rôle anecdotique, il n’en était pas moins capable de reconnaître le mérite de ses aînés, et celle qui l’accompagnait ce jour-là, perchée sur son siège pour enfants, avait ouvert la voie à bien des explorateurs. Ses voyages au long cours avaient aussi rendu acceptable, aux yeux du Conseil, que certains Jedis puissent vivre à la marge des habitudes les plus réglées des Temples, un peu comme ces Sentinelles qui passaient leur vie sur une planète et se dédiaient à sa surveillance, sa protection et son progrès.

Au-delà de ça, le Conseil m’a pas dit grand-chose directement, non. Que je devais t’accompagner, c’est tout, plus les détails de la mission. J’imagine qu’ils supposaient que je déduirais le reste par moi-même. Ces derniers temps, le Conseil est de toute façon pas super explicite dans ses ordres de mission, pour être honnête. Pressés par la guerre, j’imagine.

À moins que ce ne fût une tactique pour embrigader le turbulent Chevalier dans des missions qu’il aurait risqué de refuser, s’il en avait connu tous les détails.

Du coup, j’en sais pas beaucoup plus sur les implications de ta… Transformation. Tout ce que je sais, c’est que c’était pas entièrement volontaire et que c’est pas la joie.

Karm était définitivement adepte des discussions franches.
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La réponse de Karm rassura rapidement Cally. Son discours, à la fois sensé et doté d'une pointe d'ironie, lui permit de cerner un peu mieux le personnage. Malgré ses dires, il semblait être relativement sage, ou tout du moins avoir la tête solidement vissée sur les épaules, car il semblait très pragmatique. Comme beaucoup de leurs collègues aventuriers à vrai dire. A la fois franc et un peu sarcastique, Cally se retrouvait beaucoup dans le jedi, lorsqu'elle même était plus jeune. Enfin, cela remontait à bien longtemps à présent... Elle devait bien être l'ainée de Karm d'un bon siècle, si ce n'était plus. Et pourtant, c'était bien elle qui trônait sur son siège enfant.

Au final, ce qu'elle retint de plus important fut qu'on le disait...


- ...Exhibitionniste ? répéta-t-elle d'un air absent.

Elle lui jeta un coup d'oeil en coin pour le détailler. Si le jeune homme n'était pas un canon de la mode Hapien tel que Luke, dont Cally rêvait encore de temps à autre, il était tout de même mignon à regarder. Pas très grand, mais bien proportionné, on devinait une musculature sèche et nerveuse sous ses vêtements d'explorateurs. Sa peau presque glabre lui donnait un air plus jeune, si bien qu'il était difficile d'estimer son âge. Avec ses cheveux en bataille et son air relaxé, il avait un peu un style de canaille de l'espace qui plaisait à la maitre jedi.


- Ma foi, j'attends de voir. Cela flatterait mes yeux de vieille dame si c'était le cas... lui répondit-elle avec un clin d'oeil.

La suite fut plus sérieuse, quand Karm lui parla de sa transformation. Le Conseil ne lui en avait même pas parlé... Elle devrait donc le faire elle-même, quand bien même c'était toujours quelque chose de douloureux pour elle. C'est à ce moment qu'elle comprit pourquoi l'Ark-Ni lui semblait si sympathique. Le regard qu'il posait sur elle... Depuis sa transformation, on la regardait comme une enfant. Elle le voyait bien, dans les yeux des autres. Qu'ils soient médecins, Jedi... Même Balian, son héros, la voyait ainsi, bien qu'il fasse des efforts pour dépasser ce stade. Mais pas lui. Pas Karm. Dans ses yeux bleus turquoise, elle lisait qu'il la considérait comme une égale. Elle aurait voulu le serrer dans ses bras rien que pour ça.

En attendant, vu que le sujet était abordé, elle se devait de donner quelques explications à son compagnon. Si les détails ne l'importaient pas forcément, il ne devait pas se leurrer quant à ses capacités réelles. Il en allait du bien de la mission.


- Ma... Transformation était volontaire, ça oui. J'ai sciemment ignoré les règles de l'Ordre, les règles de la Force même pour tenter de me rajeunir. Mais je... J'ai...

C'était toujours difficile pour elle d'aborder ce point. Comment le présenter ? Par quel bout commencer ? Au moins n'explosait-elle plus en larmes lorsqu'elle devait en parler, comme au début. Elle avait fait un bout de chemin depuis sa transformation, et commençait à accepter. Elle soupira longuement, ses petites jambes battant l'air d'un air nerveux sous son siège, avant de reprendre :

- Durant le processus, j'ai perdu tout contact avec... la Force. Je ne la maitrise plus. Je ne la ressens même plus. A présent, j'ai l'impression d'avoir encore moins d'affinité avec la Force que le plus lambda des citoyens républicains...

Ce qui était probablement vrai. Pour autant qu'elle le sache, elle était à présent totalement hermétique à la Force. Ce n'était probablement qu'une juste punition pour avoir joué avec l'interdit. Un handicap qu'elle se devrait de surmonter. Après tout, la majorité de la population galactique vivait très bien sans, elle pourrait probablement se débrouiller.

- Je ne peux à présent compter que sur ma tête et mes bras à présent, murmura-t-elle doucement. D'ailleurs, si tu pouvais éviter de trop utiliser la Force en ma présence... Je t'en serai reconnaissante. C'est encore un peu douloureux.

Elle se passa une main dans les cheveux, les ébouriffant un peu plus. Elle ne semblait pas particulièrement à l'aise à présent, comme gênée. Comment le prendrait-il ? La considérerait-il avec pitié, elle qui avait tant perdu ? Avec mépris, elle qui avait enfreint des règles pourtant si élémentaires ? A vrai dire, elle n'avait pas tellement envie de rester là pour attendre sa réaction. Elle préférait encore s'éloigner afin de laisser le temps de digérer l'information, pour lui comme pour elle.

- Je... Vais dans la salle des machines. Pour l'entretien, prétexta-t-elle.

Elle sauta de son siège et atterrit souplement sur le sol, et commença à prendre la direction de la sortie. Elle espérait au fond d'elle-même que l'Ark-Ni la retienne, ou peut-être l'accompagne. Elle souhaitait qu'il prenne bien la nouvelle de son handicap... Mais elle en doutait un peu.


- Blip, je te laisse la barre jusqu'à la prochaine sortie de l'hyperespace. Et fait attention, il y a un dangereux exhibitionniste qui pourrait tenter de te la piquer, tenta-t-elle de plaisanter maladroitement, pour alléger une ambiance qui s'était un peu tendue.
Karm Torr
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Hmmm…


Merci, Karm, c’est très éclairant.


Biiip.


Avec une complète rotation de son dôme, Blip, le meilleur astrodroïde de toute la flotte jedi — en tout cas, à son humble avis —, accueillit la mission de la plus haute importance qu’on lui confiait comme de droit avec peut-être plus d’enthousiasme que de modestie. Karm, lui, était occupé à peser des règles de politesse. Retenir la Maître Jedi ? La laisser partir ? Qu’est-ce qu’il était censé faire ? Où diable se trouvait Luke quand il avait besoin de conseils protocolaires ?

J’t’accompagne, finit-il par décréter in extremis, même au risque de s’imposer, alors que Cally s’apprêtait à quitter la cabine de commandement. De toute façon, Blip m’a d’jà vu suffisamment à poil, il est blasé…
Bip, confirma le robot d’un air consterné, tout en enfonçant l’un de ses appendices dans un port de la console de bord, apparemment hermétique au symbolisme freudien de son activité.

Les mains dans les poches, ce fut d’abord en silence que Karm suivit Cally jusqu’à ce que l’on appelait la salle de machines pour un sens bien ancré de l’hyperbole au sein de l’ExploCorps. En réalité, dans ce vaisseau qui avait connu des jours meilleurs, un assemblage plus ou moins orthodoxe de pièces diverses encombrait une sorte de couloir étroit surchauffé par le fonctionnement des engins. Fort heureusement, ni Karm le poids plume, ni Cally le poids encore-plus-plume n’avait à se plaindre de l’exiguïté des lieux.

T’sais, débuta finalement Karm, sans regarder Cally, surtout pour ne pas la mettre mal à l’aise, préférant se concentrer sur l’examen d’une série de turbines, j’veux pas paraître, genre, outrecuidant, parce que bon, c’est toi la Maître, et moi, j’suis qu’un Chevalier…

Un Chevalier au parcours très et de plus en plus prestigieux, certes, qui suscitait de violentes critiques au sein de l’Ordre, bien sûr, mais également des louanges assez marquées, mais un Chevalier tout de même. Karm n’était pas du genre à laisser ses succès lui monter à la tête. Il avait beau n’avoir qu’une notion assez vague de la hiérarchie, et des sentiments égalitaristes profondément ancrés, il reconnaissait sans peine que Cally avait pour elle tout le poids de l’expérience, et que si une longue vie n’amenait pas toujours à la sagesse, du moins elle y contribuait considérablement.

… et j’ai encore pas mal de choses à apprendre. Mais puisque tes perspectives pour discuter théologie, métaphysique et morale, c’est moi ou Blip, j’suis encore ton meilleur choix.

Karm s’assit sur le sol avant de s’y allonger pour se glisser sous les moteurs, une pince magnétique à la main. Pure précaution, à vrai dire, que ce double examen consciencieux des machines, parce que le Cap n’était pas croulant au point de se démembrer au premier saut dans l’hyperespace, mais c’était surtout pour se donner une contenance.

’Fin bref. J’crois pas qu’il y ait des règles à la Force. Ça me paraît pas très possible de violer les règles de la Force. Je sais que c’est une conception vachement populaire, et même, disons, le dogme, au sein de l’Ordre. Au sein des Siths aussi, si j’ai bien compris. Que la Force a des valeurs intrinsèques, du Lumineux et de l’Obscur, une orientation axiologique transcendante.

C’était dans ce genre de discussions que Karm se révélait aussi beaucoup, mais, à part sa Padawane Thann et son compagnon Luke, rares étaient les autres Jedis à pouvoir passer le voile des discours décontractés façon baroudeur de l’espace de l’Ark-Ni, pour le pousser à avouer au détour d’une expression curieusement philosophique la richesse de ses méditations intérieures.

Mais moi il me semble que la Force, c’est comme… De l’électricité, disons. Enfin, dans une certaine mesure. La Force, c’est une force, justement, et tout ce qu’elle fait, c’est ce qu’elle est capable de faire, et en soi, c’est pas spécialement bon ou mauvais, lumineux ou obscur. Cette distinction-là, elle intervient dans notre rapport personnel et social à la Force. C’est nous qui fixons les règles, c’est nous qui disons : ça, c’est Lumineux, ça, c’est Obscur. C’est des règles qui sont historiquement construites, ce qui veut pas dire qu’elles sont stupides, inutiles ou insignifiantes. Mais en revanche, ça veut dire…

L’Ark-Ni s’extirpa de sous les moteurs pour se relever, sans y avoir rien trouvé de problématique.

Que si t’es coupée de la Force, c’est pas parce que la Force te renie. D’ailleurs, t’es pas coupée de la Force, puisque tu vis. T’es comme quelqu’un qui serait aller à un concert, qu’aurait passé des heures tout près de la scène, pile en face des sphères de sono, et qui aurait été tellement fort dans la musique, qu’au bout du compte, après, pendant un moment, il resterait un peu sourd. Comme quelqu’un qui a mangé un plat très épicé, qui s’est brûlé la langue et qui sent plus grand-chose. Ces choses-là peuvent durer un moment, mais elles sont pas éternelles. À la fin, on recommence à entendre et à sentir.

On était loin des discours moralisateurs qu’un Jedi orthodoxe n’aurait pas manqué de servir à Cally et il était facile de voir dans quelle mesure les opinions du jeune Chevalier pouvaient être interprétées en sa défaveur.

Est-ce que je pense que t’as mal agi ? J’en sais trop rien. Ouais, sans doute. Mais qui de vivant peut reprocher à quelqu’un de ne pas accepter la mort ? Faudrait être vachement prétentieux pour croire posséder une fermeté d’âme supérieure, avant d’en avoir fait soi-même l’épreuve. Est-ce que je pense que ce que tu as fait devrait être rigoureusement et explicitement interdit ? Hmm… hmoui… Probablement. Mais plutôt pour des raisons politiques que métaphysiques.
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Cally rejoignit la salle des machines, suivit de près par son compagnon de voyage. Entrer ici conféra à la Jedi un puissant sentiment de nostalgie. Le nombre d'heures, de jours qu'elle avait pu passer ici, ou coincée derrière les turbines de n'importe quel autre vaisseau... La machinerie du "Cap" était exactement comme dans ses souvenirs: elle ne ressemblait à rien. Tout du moins, rien de conventionnel. Patchwork artistique d'éléments divers, dont aucun n'était plus d'origine, il aurait fait s'arracher les cheveux à n'importe quel mécanicien. Ce n'était que par l'amour et l'attention des explorateurs et des techniciens de l'ExploCorps que ce vieil engin pouvait encore s'arracher à l'aire de décollage.

Enfin, dans ses souvenirs, cette salle machine lui semblait tout de même beaucoup plus petite. Étrange.

Karm disparut rapidement sous quelques machines, avant de commencer à converser sur les principes de la Force. Il avait une réflexion relativement profonde sur le sujet, pour quelqu'un de son âge. Cally ne lui donnait pas beaucoup plus de vingt ans, et déjà il discourait ainsi. On était bien loin des explorateurs têtes brûlées comme on se les représentait d'habitude, même si elle était bien placée pour savoir que ce genre de stéréotype n'était pas vraiment fondé. Même si son phrasé était un peu particulier, il exprimait bien ses idées. Cally ne reconnaissait pas vraiment le portrait de lui même qu'il avait dépeint un peu plus tôt. Surtout qu'il n'était toujours pas tout nu.


- Personnellement, j'aime à penser que la Force a une sorte de conscience latente. Qu'elle influe à sa façon sur chacun de nous, selon une pensée impossible à saisir. Qu'elle a un plan, un projet si vaste qu'on ne peut le percevoir. Comme lorsqu'elle guide nos actions, ou encore qu'elle nous laisse entr'apercevoir des futurs possibles. Il y a tant de choses que nous ne connaissons pas encore à son sujet...
répondit-elle, pensive.

Tout en parlant, elle progressa vers le fond de la salle. Elle cherchait quelque chose de particulier. Là, un peu cachée derrière une large conduite verticale, il y avait une petite marque sur la paroi. Un sourire nostalgique, elle vint le frôler du bout de ses doigts. Elle dût cependant lever son bras au-dessus de sa tête pour y parvenir. La gravure, peu profonde, représentait un C entremêlé dans un V, dans un design un peu grossier qu'on devinait fait à la main. Il s'agissait de la signature de Cally, qu'elle avait apposée ici bien des décennies auparavant. Pour marquer son passage. Cela avait une mode, à une certaine époque du corps d'Exploration, que de laisser sa griffe quelque part sur les vaisseaux que l'on avait utilisé. Pas à un endroit trop visible, ou gênant, bien évidemment. Elle était rassuré que de le retrouver ici, après toutes ces années.


- Cependant, cela reste purement théorique. Et même si la Force ne m'a peut-être pas punie... Tu peux être sûr que le Conseil le fera, lorsque je passerai devant eux. J'ai bafoué les règles de l'Ordre bien comme il faut après tout. Je... Ça m'étonnerait pas que je sois exclue, reprit-elle d'un ton hésitant. Je ne maitrise plus la Force. Je ne suis plus une Jedi.

Cette perspective la hantait... Mais qu'y pouvait-elle vraiment ? Pas grand chose, à l'instant présent. Juste faire du mieux qu'elle pouvait.

- Car, pour reprendre ton analogie sur la bouffe, j'ai pas l'impression de m'être simplement brûlé la langue. Je pense que j'ai carrément été virée du restaurant, et condamnée à regarder les autres manger à travers la vitrine, pendant que je crève de faim. C'est pas vraiment une situation agréable... Et je ne sais pas si elle sera que temporaire. Personne n'en sait rien. J'ai rendu chèvre les gars du Medcorps avec mon cas.

Cally grogna de dépit, mais le son fut couvert par le doux ronronnement de fond des moteurs. Elle n'aimait pas s'apitoyer sur son sort. Elle avait suffisamment fait le point sur elle-même lorsqu'elle broyait du noir, à l'infirmerie. Était-ce bon pour elle que de ressasser de si sombres pensées ? Elle avait déjà son Balian attitré pour vider son sac quand le besoin s'en faisait vraiment sentir. C'était déjà suffisamment dur de se confier à une personne, elle n'allait pas non plus s'épancher auprès de la galaxie entière.

- Enfin bref. Assez parler de ça, à part si tu veux me faire pleurer. Je serai alors légalement en droit de te réclamer un câlin, sache le.

C'était un moyen comme un autre de détourner la conversation. Elle n'était pas vraiment sérieuse, à vrai dire. Elle comptait sur le fait que la majorité des gens étaient mal à l'aise avec les contacts physiques. C'était d'autant plus vrai parmi les Jedis ! Elle se retourna, et vit qu'il était ressortit de sous ses machines pendant qu'elle avait le dos tourné, absorbée par a contemplation des marques de son passé.

- Dis moi plutôt comment un membre des Moissonneurs à fini par se retrouver au Temple ? Il m'est arrivé de croiser quelques fois tes compatriotes lors d'explorations dans la Bordure. J'avais plutôt eu l'impression d'un groupe assez replié sur lui-même... Je veux dire, on ne vous voit pas beaucoup parmi les autres populations, non ? Comment les Jedi ont pu te trouver ?
Karm Torr
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Bah. Est-ce qu’un général qui a été militaire pendant cinquante ans et qui occupe sa retraite depuis quelques mois à pêcher dans les lacs d’Alderaan a cessé d’être un militaire ?

Au demeurant, Karm avait une conception très extensive de l’Ordre Jedi ou, en tout cas, pas le moins du monde hermétique. À son avis, l’Ordre en général, et les Temples en particulier, avaient besoin d’une réforme drastique, un virage à cent-quatre-vingt degrés sur la route qui les avait menés jusque là à une sorte d’idéal monastique. Pour lui, les Jedis devaient avoir une famille, ou tout du moins le droit d’en fonder une, les Temples devaient être ouverts à la société civile, la population et les Jedis se mêler les uns aux autres. Qui, en effet, pouvait jamais prétendre aimer le monde et rester humble, en se coupant du monde pour cultiver sa propre différence ?

Peu désireux de mettre Cally mal à l’aise cependant, parce qu’il lui restait une forme de tact, il n’épilogua pas sur la question et se concentra plutôt sur celle qu’on lui posait.

J’ai été repéré par Maître Tavaï, dit-il d’une voix détachée qui ne parvint guère à éprouver le malaise qu’il éprouvait désormais à chaque fois qu’il devait parler de son ancienne Maître. Plutôt que de laisser planer le doute et d’entretenir le non-dit, il préféra mettre les pieds dans le plat et rajouter : Celle qui est pourchassée aujourd’hui par les Sentinelles, qui a trahi l’Ordre et qui dirige une organisation terroriste aux marges de la République, pour pousser à la guerre totale. C’est elle qui m’a formé.

Avoir eu une telle Maître expliquait à soi seul que la réputation de l’Ark-Ni pût être sulfureuse auprès de certains membres de l’Ordre prompts à supposer que le lien entre un Padawan et son Maître était trop étroit pour que les fautes du second n’affectent pas le premier. Plus personne n’avait aucun doute sur le fait que Tavaï se fût perdue dans le Côté Obscur, même si son chemin était bien différent de celui des Siths. Depuis combien de temps ? Qu’avait-elle appris à Karm de ses étranges pratiques ?

Les outils bien rangés, Karm s’essuya les mains avec un chiffon et invita d’un geste de la tête Cally à quitter la salle des moteurs.

Bref. Ouais, les Ark-Ni sont super renfermés. À part les relations économiques ponctuelles avec les Planétaires… ‘Fin, t’sais, les gens qui vivent sur des planètes, ou des satellites, n’importe. À part ça, c’est l’entre-soi complet. Tout le monde parle pas Basic, personne va vraiment sur l’holonet, y a une culture particulière, des codes particuliers, un brassage génétique organisé pour éviter la consanguinité sans avoir à chercher des partenaires extérieurs, c’est…

Arrivés dans la petite pièce qui faisait office tout à la fois de salon, de cuisine, de bureau et de salle de méditation, Karm resta un moment pensif, à la recherche d’un adjectif pour qualifier son peuple. Totalitaire aurait paru idéal de prime abord, mais seulement, en dehors de leur xénophobie très prononcée, les Ark-Ni étaient probablement l’une des sociétés les plus libres qu’il connaisse. Il finit par hausser les épaules.

Donc. On est surtout dans la périphérie républicaine ou dans les espaces indépendants. Du coup, y a des problèmes avec les pirates, les contrebandiers, tout ça. Tavaï était en train de nettoyer un secteur de la piraterie, elle a croisé une partie de la Flotte. C’est là qu’elle m’a vu, quand j’étais gamin, et qu’elle a senti mon potentiel. Paraît que ça a mis quelques mois pour convaincre mon clan que ça serait une bonne chose pour moi de partir au sein de l’Ordre Jedi. Franchement, ça relève quasi du miracle, en vrai.

De fait, autant qu’il en sût, même si les Ark-Ni pouvaient tracer leur généalogie sur des siècles et des siècles, avant que les ancêtres ne se perdent dans un mythe fondateur fort improbable qui voulait que leur peuple n’ait jamais connu la moindre planète, Karm était le seul de sa civilisation à avoir jamais intégré l’Ordre Jedi. Des sensibles à la Force, il devait y en avoir eu d’autres, et certaines des légendes sur les improbables prouesses de pilotage de tel ou telle Ark-Ni ne pouvaient s’expliquer que comme ça, mais ils n’avaient jamais été repérés par les Jedis.

Au bout du compte, Tavaï m’a récupéré, j’ai fait mon noviciat, puis je suis devenu son Padawan, aussi jeune que possible. Et elle m’a formé, généralement assez loin des Temples, et avec sa méthode personnelle. À l’époque, le Conseil et elle voyaient ça comme une expérience. Y avait apparemment des gens qui pensaient que les arts martiaux jedis risquaient de se perdre, en période de paix, et qu’on avait beau insister sur la recherche de l’harmonie, fallait pas oublier notre rôle de gardiens. S’agissait du coup de créer une manière de former certains Padawans qui fassent beaucoup plus au combat, mais qui en même temps reste en phase avec les préceptes de l’Ordre.

Difficile, en regardant Karm, de l’imaginer comme une sorte de fleuron de l’art de la guerre jedi. Même s’il était sensiblement plus athlétique que les autres Ark-Ni, il restait un poids plume au regard de certaines des montagnes de muscles qui, comme Gardiens, retournaient des batailles dans la guerre contre les Siths.

Vu ce qui s’est passé après, j’imagine qu’une expérience de ce genre, c’est heureusement pas près de recommencer…
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Cally quitta un peu à regret la salle des machines. Cette petite pièce surchauffée, encombrée de tout l'attelage mécanique que l'on pouvait s'attendre à trouver sur un vaisseau, pouvait paraitre étouffante, et pourtant elle s'y sentait à l'aise. Elle avait une certaine mélancolie à être ici. Malgré le bruit des machines, elle trouvait l'endroit paisible. Et elle n'avait même pas eu l'occasion de mettre les mains dans la graisse et dans l'huile moteur, chose qu'elle n'avait pas faite depuis longtemps... Elle aurait presque eu envie de casser volontairement quelque chose pour le seul plaisir de pouvoir le réparer ensuite. Ce genre d'activité lui avait tant manqué ! Mais l'occasion viendrait sûrement, il lui fallait juste attendre. Aussi suivit-elle Karm sans protester.

Ils s'installèrent dans la pièce à vivre du vaisseau. Comme toutes les autres pièces, elle n'était pas bien grande. Une grande table rectangulaire occupait la majorité de l'espace disponible, ce qui en faisait le seul endroit où manger, ou encore poser à plat de simples documents. Enfin bref, une pièce à tout faire. Au centre du vaisseau, elle formait un véritable noeud névralgique de l'appareil, et les couloirs qui partaient de cette pièce permettaient de rejoindre n'importe quel point du vaisseau.

Tout en écoutant Karm lui raconter son histoire, Cally se hissa sur une des banquettes qui cernaient la table, et tâcha de prendre ses aises. Pour ce qu'elle connaissait du peuple des Moissonneurs, c'était effectivement assez miraculeux que les Jedi aient réussi à prendre le jeune homme afin de le former au Temple. Elle se demanda comment l'Ark-Ni vivait le fait d'être loin de son peuple. Pour les quelques exemples qu'elle avait pu observer, les peuples assez refermés sur eux-mêmes avaient tendance à produire des personnes mal à l'aise en dehors de leur société. Comment cela pouvait-il affecter son rattachement à l'Ordre, ou à la République ? C'était d'autant plus vrai que le lien qui unissait Karm à son maitre semblait de prime abord assez fragile, là où il constituait d'habitude un pilier assez fort dans la vie des Jedi. Il avait l'air bien dans sa peau cependant. Si cela l'affectait d'une quelconque manière, il le cachait bien. Mais la jeune fille était la première à savoir que les apparences pouvaient être trompeuses.


- Ah, oui, la méthode "Tavaï"... Je suppose que ça fait encore polémique dans les couloirs du Temple.

Cally n'avait jamais été particulièrement au fait des rumeurs, ou encore des polémiques qui pouvaient parcourir les couloirs et les membres de l'Ordre. Pourtant, même elle avait entendu parlé de cette histoire. Du coup, elle déduisit qu'il devait être une fine lame. Peut-être pourrait-elle lui demander de l'entrainer un peu, elle qui ne parvenait toujours pas à tenir son sabre correctement. Elle avait beaucoup progressé ces derniers mois, réduisant un peu sa maladresse à mesure qu'elle prenait conscience de son nouveau corps. Mais il semblait que, sans la Force, elle soit incapable de tenir un sabre-laser. Son expertise serait peut-être précieuse. Mais chaque chose en son temps.

- H'olgan devait être devait être une jeune fille relativement calme durant sa jeunesse, car je ne me rappelle même pas l'avoir remarquée durant les cours... Dommage qu'elle ait évolué ainsi.

Bien que Cally ait passé de très longues périodes loin du Temple d'Ondéron, elle y avait quand même enseigné. Et considérant sa période d'activité plutôt étendue, la quasi-totalité des Jedi de plus de trente ans l'avaient eu au moins une fois comme professeur à un moment ou à un autre. Mais elle ne pouvait pas se souvenir de tous ses élèves, qu'elle n'avait souvent vu que quelques heures. Elle connaissait la réputation d'H'olgan une fois adulte, et juste à cause des polémiques qu'elle soulevait. Alors que Karm terminait son histoire en commentant l'expérience dont il avait été la cible, la Jedi répondit d'une voix blanche :

- Je ne sais pas, tu m'as l'air d'être un cobaye plutôt réussi...


Elle avait un ton absent, concentrée sur autre elle. De ses bras tendus, elle tentait de se saisir d'un datapad qui trainait au centre de la table. Considérant la taille de ses bras, ce n'était pas vraiment une mince affaire. Elle parvint finalement à agripper l'appareil, et revint se caler sur la banquette. Cally extirpa de sa poche un vieux cristal de données, aux bords rendus râpeux par l'âge, qu'elle enfonça dans le datapad d'un geste maladroit, s'y reprenant à trois reprises. Sa perception des distances laissait encore à désirer. Instantanément, le datapad se mit en marche, et des données commencèrent à défiler.

- Je vais voir ce que je peux retrouver sur. P63...Trucmuche. Elle retrouva le nom exact dans l'ordre de mission, et le rentra dans son datapad. Ça pourrait toujours être utile.

Le programme qui tournait sur le petit appareil était un logiciel de sa conception. Enfin, elle avait reçu un grand coup de mandibule de la part d'un ami Verpine qui lui devait une faveur. Conçu comme un moteur de recherche hautement personnalisé, il aspirait les informations sur une planète et les indexait. Bénéficiant des accès privilégiés de Cally à différentes bases de données comme la bibliothèque Jedi ou les section d'exploration des archives de Coruscant, il était plus puissant que n'importe quel outil générique. Mais la masse d'informations était si importante, et la façon de les trier si personnelle à la jeune fille, que peu de gens auraient pu s'en servir à part elle.

Des pages et des pages de données commencèrent à défiler sur le petit écran, contenant des informations aussi diverses que les voies de transport spatial proches, les espèces endémiques de la planète, les activités récentes du soleil, les saisons et la météo de la planète... Les données s'affichaient dans un ordre qui ne semblait avoir aucun sens, et à une vitesse difficile à suivre. mais cela ne semblait pas gêner la jeune fille, dont les petits yeux suivait l'écran et faisait des mouvements réguliers de gauche à droite. Cally lisait extrêmement vite, c'était indéniable.

Elle lisait surtout en diagonale, s'attardant sur les mots les plus importants pour en extraire l'essence du texte et éviter toute lecture superflue. Les rapports qu'elle recevait respectaient le plus souvent une structure qu'elle reconnaissait, comme celles des rapports d'exploration du gouvernement. Elle en avait tellement ingurgités au fil de sa vie qu'elle savait exactement où chercher les informations dont elle avait besoin. Très concentrée pour ne pas perdre le fil, elle ne fut que peu bavarde envers Karm à partir de ce moment.

Une heure plus tard, elle ronflait. Après avoir écumé les informations principales, elle était passé sur les informations de seconde main, au cas où. Mais son attention avait baissé, et elle avait fini par s'endormir. Cally avait le sommeil très facile. En tant qu'exploratrice, elle avait rapidement appris à rester debout quand les circonstances s'imposaient, et à dormir quand elle le pouvait en compensation. Et puis, depuis sa transformation, elle se sentait toujours fatiguée... Son visage était pressé contre la table, la joue écrasée par son datapad où des informations continuaient à s'afficher. Cela n'avait rien de mignon. Attendrissant peut-être. Assourdissant, plus sûrement. Car la Jedi ronflait terriblement fort, surtout si l'on considérait sa petite taille. Cela venait probablement du fait qu'elle ait la bouche grande ouverte, d'où un long filet de bave filtrait lentement de ses lèvres sur son infortuné datapad.
Karm Torr
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L’expérience pédagogique plutôt réussie qu’on appelait Karm Torr — Cally avait sans doute dit ça à cause de la fermeté exceptionnelle de ses fesses, qui avait valu jadis à Karm, à son insu, auprès de certaines Padawanes de sa classe d’âge, le surnom quasi héroïque de Petit Cul d’Or, mais c’est une autre histoire — s’était plongé dans ses propres lectures en même temps que Cally, apparemment pas gêné le moins du monde par le silence qui s’était abattue sur le vaisseau. En Jedi croisé avec un Ark-Ni, Karm pouvait rester des jours sans parler.

Un ronflement de bantha asthmatique le tira néanmoins de sa concentration et il haussa un sourcil — débauche d’expressivité de sa part — devant le spectacle que Cally lui offrait, dont la grâce n’était pas la première qualité. Très précautionneusement, sur la pointe des pieds, avec le même genre de gestes insensibles qu’il déployait pour s’infiltrer dans la tanière d’un monstre assoupi, il allongea la vieille gamine sur la banquette et mit le datapad en sécurité, avant de rejoindre Blip dans le cockpit.

Alors, ça boume, tête d’ampoule ?
Biiip.
Je sais, y a plus d’respect.
Bip bip ?
Endormie, répondit le Jedi, en inspectant les différents indicateurs.

Tout était en ordre. Il se laissa donc tomber sur le siège de copilote, ferma les yeux, et se plongea en quelques secondes dans une profonde transe méditative.

***

OK, c’est bon, j’ai repéré la sonde.
Bipbipbipbip.
Port 667.

Après plus d’une vingtaine d’heures de voyage, occupées à dormir et à éplucher les rapports préliminaires, les deux Jedis orbitaient désormais autour de P63-X29 et, après quelques ajustements de leurs instruments de détection, Karm était parvenu à localiser la sonde éclaireuse qui les y avait précédés et qui devait repérer plus précisément la position des naufragés. Il ne fallut finalement à Blip qu’une poignée de secondes pour en récupérer les données et les afficher par le petit projecteur holographique qui séparait les consoles du pilote et du copilote.

L’appareil des scientifiques s’était abîmé à quelques kilomètres d’un vaste océan, sur un plateau couvert d’une forêt assez dense, mais guère étendue, parce qu’elle s’arrêtait brutalement une trentaine de kilomètres plus loin, sur la crête d’un immense lac, lequel occupait en réalité le cratère laissé par l’une des météorites que Karm avait évoquées.

Z’étaient pas très loin de leur point d’atterrissage prévu, au bord du lac météoritique. C’est plutôt bon signe, ça suggère qu’ils ont eu leur avarie à basse altitude, ça leur donne de meilleures chances de survie que…

… que s’ils avaient été pulvérisés à leur entrée dans l’atmosphère, mais l’Ark-Ni se dispensa de finir sa phrase, comme souvent.

Nulle trace, cependant, d’un campement sur les berges du lac, ni d’installation sur la plage, ce qui n’était guère encourageant. Dans ces cas-là, en tout cas, le protocole préconisait que la mission de sauvetage atterrisse à l’endroit originellement prévu, pour que les survivants qui tenteraient de le rejoindre puissent facilement localiser le vaisseau de secours. Karm boucla donc la ceinture de son siège, alors qu’ils s’apprêtaient à rentrer dans l’atmosphère.

Il activa la lecture à voix haute des données de la sonde, pendant que Cally et lui se concentraient sur les manœuvres atmosphériques, prêts à repérer le moindre danger jusque là insoupçonnable, qui avait pu causer le crash de la mission scientifique. La voix synthétisée d’une bibliothécaire jedi, enregistrée par défaut dans le logiciel du vaisseau, égrenait les informations, qui toutes se recoupaient avec ce qu’ils savaient déjà de la planète.

Rien d’anormal, en somme, à part la disparition des naufragés. Les deux Jedis eux-mêmes n’eurent aucune difficulté à atteindre les berges de lac — abstraction faite des réflexions encore un peu hésitants de Cally, à laquelle Karm continuait cependant à laisser les commandes du vaisseau. Quand la rampe d’accès se fut enfoncée dans le sable cependant, ce fut lui qui sortit en premier à l’air libre, les sens en éveil.

Une brise légère montait du large non loin de là, mais il devait faire au moins une vingtaine de degrés. La forêt, quelques mètres plus haut, au sommet de la pente du cratère, bruissait à cause du vent et de dizaines de chants d’oiseaux. L’eau du lac venait parfois clapoter contre la berge et, claire et pure, elle laissait voir les poissons qui frayaient entre les algues. Difficile de croire que la planète eût pu receler le moindre danger, et difficile, surtout, d’imaginer qu’elle avait été victime d’une extinction massive des espèces, après un accident cosmique.

Karm sentait toute cette vie à travers la Force et, soit qu’elle eût quelque chose de particulier, soit que la conscience qu’il avait des circonstances exceptionnelles de son émergence l’y rendît plus sensible, il avait l’impression qu’elle vibrait avec une insistance qui lui était propre. En revanche, le Jedi ne percevait pas le moindre danger qui sortît de l’ordinateur. Des prédateurs, oui, sans doute. Un climat capricieux, parfois. Mais rien d’anormal.

Ses yeux se voilèrent quelques instants alors qu’il sondait plus largement autour d’eux, à la recherche de l’équipage du vaisseau abîmé dans la forêt. Son souffle se ralentit. Ses lèvres s’entrouvrirent. La Force lui parlait. Il la sentait dans ses os. Pourtant, il finit par secouer la tête et murmurer :

J’les trouve pas.

Le mieux à faire restait alors de gagner l’endroit du crash.
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La suite de leur voyage passa sans heurt. Cally commença par dormir un peu plus d'une douzaine d'heures, sans même trésaillir, avachie sur sa banquette. C'était une très grosse dormeuse. Et malgré cela, elle savait qu'elle aurait quand même de lourdes cernes à son réveil, comme si elle manquait toujours de repos. Elle était déjà un peu comme ça avant, mais depuis sa transformation, cette tendance semblait s'être exacerbée. Comme si son corps se rebellait contre cette évolution forcée. Cela ne l'empêcherait pourtant pas de se sentir en pleine forme, malgré son air ensommeillé. Après s'être réveillée, et avoir consulté l'heure, elle avait fait comme Karm et avait vaqué à ses occupations.

C'était étrange comme on pouvait reprendre rapidement d'anciennes habitudes. Sans même y penser, Cally allait faire un brin de toilette, fit un tour de la navette pour s'assurer que tout était en ordre, alla vérifier les instruments de navigation et grignota un morceau avant de retourner feuilleter de la documentation. Tout cela lui semblait parfaitement normal, quand bien même cela faisait presque trente ans qu'elle n'avait pas fait une telle routine. Elle discuta un peu avec Karm, mais sans jamais insister. Un peu comme des membres d'une famille se croisant à la maison, chacun s'occupait de ses petites affaires en veillant à ne pas empiéter sur celles des autres.

Rapidement, ils sortirent de l'hyperespace et se retrouvèrent en orbite de cette planète visiblement vierge. Leur droïde put leur fournir les informations qu'ils recherchaient, à savoir l'identification d'un crash. Restait plus qu'à savoir si les gens qu'ils étaient venus chercher étaient encore en un seul morceau... Prenant la place de la pilote, Cally se jucha sur son siège pour enfant à contrecœur, et entama une entrée atmosphérique, toujours avec son style de pilotage aussi agressif. Ils convinrent avec Karm de vérifier d'abord le lieu, soit le bivouac initialement prévu par l'équipe de recherche. Même si Cally avait de gros doutes sur le résultat.

Elle fonça vers le sol, près d'un lac de cratère météoritique, et freina au dernier moment, alors qu'ils étaient dangereusement proche du sol. Mauvaise estimation des distances Surveillant les eaux calmes du lac, le cockpit tourné vers la berge, elle longea la plage de sable sur quelques kilomètres afin d'opérer une vérification visuelle. Mais il n'y avait rien à voir. Pas de campement, pas de traces de feu ou de fumée, pas de survivants sortant des bois pour appeler à l'aide. Elle nota bien quelques mouvements à l'orée des gros arbres qui constituaient cette forêt, mais ce n'était probablement que la faune locale qui s'agitait, perturbée par le vrombissement des moteurs de leur navette.

Elle finit par se poser sur la plage. Coupant la propulsion alors qu'il était encore à un bon demi-mètre du sol, la navette s'enfonça lourdement dans le sable, secouant ses passagers. Elle avait encore quelques progrès à faire. Ou plutôt à refaire. Quelques minutes plus tard, ils descendirent ensemble de la rampe qui s'ouvrait sur l'extérieur. Mais il n'y avait rien à voir de particulier... Laissant à Karm le soin d'examiner les environs, notamment avec la Force, elle s'accroupit et prit une poignet de sable dans ses mains. C'était la première planète qu'elle visitait en l'espace de trente ans. Cela lui faisait bizarre... Mais c'était une sensation agréable. Être ici, loin de tout, loin des foules. Avoir une planète à examiner, à découvrir. Cela réveillait en elle un frisson d'excitation qui lui avait manqué.


- Bien vu l'aveugle, lui répondit-elle alors qu'il annonçait ne rien avoir trouvé.

Il n'y avait cependant aucun sarcasme dans sa voix calme, juste une tournure de phrase qu'elle aimait bien. Surtout depuis qu'elle avait rencontré Luke.


- Je sais ce que dit le protocole en cas de crash, mais c'est assez rare que l'on arrive à le respecter. Ils se seraient déjà manifestés sinon, vu le boucan de moteurs qu'on a fait en arrivant... S'ils ont des blessés, ils ont probablement souhaité rester près de l'épave, ou sortir de la forêt par le chemin le plus proche.

Elle dévisagea Karm un moment, notant un air soucieux. Ou peut-être perplexe ? Quelque chose avait l'air de le troubler. Elle même étant devenue insensible à la Force, elle ne risquait pas de remarquer les mêmes choses que lui. Elle n'insista pas, se disant que c'était peut-être d'ordre personnel.

- Je propose que nous allions inspecter le lieu du crash, cela nous en apprendra peut-être plus, poursuivit-elle.

Ils reprirent leur chemin, pour l'instant bredouille, et conduisirent la navette au dessus de la forêt, à quelques dizaines de kilomètres de là, à l'endroit où la sonde avait relevé les traces d'un impact. Les aventuriers n'eurent pas beaucoup de mal à trouver les restes du crash, car de la fumée s'élevait encore un peu d'une clairière artificielle provoquée par la chute d'un vaisseau. Cally pencha légèrement le vaisseau afin de pouvoir observer visuellement la scène, alors que Blip faisait fonctionner ses scanners.

Elle pouvait voir distinctement l'épave d'une navette, qui devait être à peine plus grosse que la leur. Elle avait dû perdre en altitude et s'écraser ici, avant de heurter les arbres... Cette espèce avait des troncs vraiment énorme, de l'ordre de six à sept mètres pour les plus petits spécimens. De tels obstacles avaient probablement rapidement freiné le vaisseau de recherche. Là où Cally se serrait attendue à une longue trainée saignant la forêt, l'espace dégagé par les arbres fracassés au sol était relativement petit. Pas suffisamment grand pour poser leur navette en tout cas...

Les arbres avaient beau ne pas s'élever si haut de cela, leur feuillage cachait la plus grande partie de la scène. Il leur faudrait donc descendre directement sur la scène, ne serait-ce que pour pénétrer dans l'épave encore fumante. Vu d'ici, ça avait l'air assez moche en tout cas. Avaient-ils eu une panne ? Ou une attaque ? Elle n'aurait sû le dire d'après ce qu'elle voyait pour l'instant.


- Blip, nous allons descendre en rappel. Peux-tu t'occuper du vaisseau en attendant ?
- Bip. Biip ?
- Non, tu n'as pas le droit de partir sans nous.

Cally se rendit à l'arrière du vaisseau à présent stationnaire, et ouvrit la porte de la soute, laissant le vent rentrer à l'intérieur. Elle alla se saisir des harnais de descente, élément indispensable dés qu'on voulait sortir sans pour autant avoir la possibilité de se poser. Ce qui arrivait beaucoup trop fréquemment lors de mission de sauvetage... Elle commença à s’arnacher, remerciant que ce genre d'équipement fut prévu pour de nombreuses races non-humaines, et donc particulièrement polyvalent, aussi bien pour les petits que pour les très grandes personnes. Quand bien même, il lui fallut serrer ses sangles au maximum pour sentir la pression sur sa peau.

- T'as déjà fait ça j'espère, le jeune ? lui glissa-t-elle avec un clin d'oeil complice, haussant la voix pour couvrir le bruit des réacteurs.

Elle lui tourna autour, ses cheveux battant follement au vent, afin de vérifier que Karm était bien attaché, tirant sur les différentes boucles et sangles pour vérifier l'état du matériel. Ils devraient descendre de quinze bon mètres, peut-être plus. Aucune chute n'était acceptable dans ces conditions, d'autant plus qu'ils avaient le temps pour faire toutes les vérifications d'usage. Elle en profita pour lui palper innocemment les fesses, l'air de rien. Aussi fermes qu'elle l'avait deviné. Comme elle l'avait dit, Karm était décidément un beau cobaye! Cally était une vieille dame, elle avait bien le droit à quelques plaisirs coupables...

Laissant le jedi vérifier ses propres sangles, elle accrocha son comlink à son col, et appela le droïde.


- Blip, essaie de garder le vaisseau aussi droit que possible. Et si jamais l'envie te prend de nous exploser contre un arbre, sache que je viendrais hanter tes circuits jusqu'à la fin de tes jours.

Puis, une fois qu'elle eut l'assentiment de Karm, elle se jeta dans le vide sans aucune hésitation.
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S’il avait déjà fait ça ?


Karm haussa un sourcil d’un air perplexe. Il n’était pas du genre à se formaliser quand on doutait de ses capacités — et, d’ailleurs, il avait rapidement compris que sur le terrain, contre certains adversaires, c’était même un atout de taille —, mais il se demandait ce que Cally savait vraiment de lui. Dans la navette, il ne s’était pas étalé sur ses états de service. Peut-être que le prenait pour un Padawan fraîchement promu Chevalier ? Devait-il la détromper ?


Il se contenta en tout cas d’un hochement de tête et les deux Jedis se jetèrent dans le vide, accrochés à leur filin, après que la fermeté du fessier désormais légendaire du quasi-nudiste jedi ait été une nouvelle fois confirmé. Le filin se dévida sur une quinze de mètres, avant de se stabiliser un peu brusquement à quelques centimètres du sol. Karm s’abstint de compenser la secousse par la Force, par égard pour sa partenaire qui ne pouvait en faire de même, et ils purent ouvrir l’attache pour se laisser souplement tomber au sol.


Le Jedi se débarrassa promptement de son harnais, pour le raccrocher au filin que Blip s’empressa de rembobiner. Un regard circulaire lui donna une première idée de leur environnement. Ce qui semblait de haut une frondaison touffue était en fait due à des arbres somme toute peu nombreuses, mais larges et immenses, qui formaient malgré tout une forêt assez dense. Il y avait ici un gigantisme qui n’était pas sans rappeler ce que disaient les paléontologues pour beaucoup d’autres planètes, mais il touchait surtout la flore, en tout cas à première vue : les animaux qui les observaient de loin étaient de dimensions beaucoup plus modestes.


Dans la carcasse du vaisseau de l’expédition scientifique, en revanche, Karm ne sentait aucun signe de vie. Aucune menace non plus mais, dans ces circonstances, ce n’était guère qu’une médiocre consolation. Le Jedi croisa le regard de la Maître et puis ils firent le tour de l’appareil, pour constater l’ampleur des dégâts. Quand ils furent à l’arrière du vaisseau, Karm désigna d’un geste de la tête l’un des deux réacteurs.


Noirci sur tout le pourtour, là. Signe de sur-combustion. Probablement que le réacteur gauche a cessé de fonctionner après l’entrée en atmosphère et que le droit a essayé de compenser, avec un succès mitigé.


Mitigé, parce que, malgré tout, le vaisseau ne s’était pas écrasé comme une pierre et que, tant bien que mal, le pilote avait réussi à sauver les meubles. Restait à savoir ce qui avait pu provoquer le dysfonctionnement. Malveillance ? C’était peu probable, parce que la mission n’était pas très sensible, mais on ne pouvait l’écarter. Négligence de la part des ingénieurs du contrôle technique ou des fabricants ? Auquel cas, il y aurait enquête à mener. Ou bien une avarie qu’on ne pouvait attribuer qu’à une cause incontrôlable ?


La rampe de la soute avait été entrouverte, assez pour laisser sortir des gens. C’était peut-être un hasard de l’atterrissage mais, en tout cas, c’était encourageant. Avec souplesse, Karm se hissa à l’intérieur du vaisseau, avant d’activer la lampe fixée à son épaule. Plus que jamais, ses yeux brillaient dans l’obscurité, un peu comme ceux d’un félin. Le faisceau de lumière balaya la soute, où régnait le chaos le plus complet. Les caisses de matériel scientifique avaient été renversées dans le crash, le sol était jonché des instruments les plus divers.


L’explorateur sortit une lampe torche qu’il braqua sur les caisses réservées aux rations de survie. Autant qu’ils pouvaient en juger dans le désordre ambiant, on en avait prélevé un certain nombre. Encore une fois, un bon signe. Mais si les survivants s’étaient équipés pour quitter le vaisseau, pourquoi ne les avaient-ils pas retrouvé sur les berges du lac ou à l’abri relatif qu’offrait le site du crash ?


Le Jedi s’engagea dans les coursives. D’abord, inspecter les quartiers de vie. Ensuite, la salle des machines. Personne dans les cabines. Et dans le cockpit…


Hm, commenta sobrement l’Ark-Ni, en découvrant le cadavre de Teelo Luk, la pilote rodienne, empalée sur le manche du vaisseau.


C’était un spectacle peu ragoutant, mais en inspectant le site d’un atterrissage en catastrophe, ils y étaient sans aucun doute préparés. Karm posa deux doigts sur le corps de la défunte, pour jauger sa température. Un examen superficiel ne faisait que confirmer l’évidence : elle avait dû s’empaler au choc de l’atterrissage et, si la blessure ne l’avait pas tuée sur le coup, elle était sans doute morte peu après. En tout cas, le corps ne portait pas de marque qu’on avait tenté de la secourir. L’absence de sang dans le reste des parties à vivre suggérait que les quatre autres membres de l’expédition en étaient sortis relativement indemnes.
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Cally se laissa tomber dans son harnais, le vent ébouriffant ses cheveux. C'était bon que de se sentir à nouveau dans l'action. Cependant, là où le filin de son partenaire l'amena les pieds quasiment sur le sol, il y avait bien un demi-mètre de vide sous la gamine, qui maudit se foutu équipement. Les pieds battants le vide, elle tâcha de détacher ses sangles, et fit attention à la réception sur le sol pour ne pas s'étaler de tout son long. Franchement, c'était quoi le problème de ce machin ? Elle regarda le harnais se faire rembobiner avec un regard noir, ne sachant pas trop à qui revenait la faute... Puis elle oublia aussi vite cette mésaventure, se concentrant sur sa mission.

Ils firent une première fois le tour du vaisseau, constatant les dégâts extérieurs, notamment au niveau des moteurs. Ils n'échangèrent cependant que peu de paroles, ce contentant du minimum d'informations à transmettre. Ils préféraient visiblement le silence, tout juste troublé par le murmure de la faune locale, comme s'ils avaient peur de louper quelque chose, de perdre leur concentration. Elle laissa Karm se glisser à l'intérieur du vaisseau, mais s'abstint de le suivre. Elle préferait profiter du grand air, et fouiller à l'extérieur... Cela faisait longtemps qu'elle n'était pas sortie. Voir et sentir cette nature tout autour d'elle la ressourçait. Elle retrouvait un peu de ce qu'elle avait été auparavant.

A la force de ses petits bras, elle commença à se hisser sur l'épave, profitant de ses lignes penchées pour parvenir au sommet. Elle aurait une meilleure vue de là ! Il y avait de nombreuses prises, notamment de larges lianes couvertes de lierre, qui recouvrait une grande partie du sommet du vaisseau. Déjà ? Cela lui donnait l'impression que le vaisseau s'était écrasé ds semaines auparavant. La ligne temporelle ne cadrait pas vraiment... A moins que la flore de cette planète ne soit particulièrement vigoureuse. Les informations qu'elle avait glanées dans les archives n'en portaient aucune mention. Mais pourquoi pas, elle avait vu des plantes bien plus étranges ! Et cela l'aidait bien pour sa grimpette.

Alors qu'elle était en pleine ascension, elle se lissa glisser le long du métal rugueux après avoir vu un peu de mouvement à travers la verrière du cockpit. Mais ce n'était que Karm... Et le cadavre de la pilote. D'après le visage du jedi, il n'y avait plus d'urgence pour elle. Heureusement, les reflets de la vitre lui cachaient les détails les plus sanglants, qu'elle devinait sans mal. Cally se contenta d'un simple hochement de tête en retour. Elle espérait que son compagnon n'ait pas trouvé d'autres corps...

Elle poursuivit son escalade, prenant appui de ses bottes sur les lianes, et fut bientôt au sommet. Elle avait une bonne vue panoramique sur la clairière, mais ne nota rien de spécial. Quelques débris dispersés, des arbres brisés, quelques bosquets ci et là. Il lui semblait distinguer une trouée dans la forêt, se dirigeant vers l'ouest, vers l'océan. Elle se pencha un peu en avant pour mieux voir. Elle perdit alors soudainement un de ses appuis, alors que son pied gauche glissait en arrière, la précipitant au sol. Sauf qu'il n'y avait pas vraiment d'endroit où s'étaler !

Elle percuta le réacteur droit, à moins d'un mètre sous elle. Ses doigts cherchèrent des prises qui n'existaient pas, et elle continua de glisser bien malgré elle jusqu'au bout arrondi de la coque. Après une chute de moins de deux mètres, elle rencontra une des dérives atmosphériques. L'impact lui vida les poumons. Heureusement, cette aspérité sur la coque n'était pas bien grand, ce qui lui permet de la serrer complètement dans ses bras, les mains jointes, les pieds pendant dans le vide. Il devait bien y avoir quatre ou cinq mètres de vide sous elle... Une bien mauvaise chute, surtout quand on ne la contrôlait pas. Ses petits cœurs battaient à tout rompre. Mourir à cause de la gravité, ce n'était pas digne d'elle.

Elle parvint ramper jusqu'à la coque en elle-même, et se lassa glissa jusqu'à sol le long de ses courbes métallisées. Elle espérait que Karm n'ait rien vu, car ce n'était pas trop glorieux. Comment diable avait-elle pu glisser ? Elle avait pourtant assuré ses appuis. Peut-être y avait-il eu de la mousse sur le dessus du vaisseau ? Mieux valait faire comme si rien ne s'était passé, vu qu'elle n'avait finalement rien de plus que quelques courbatures. Elle préféra donc aller inspecter le point d’intérêt qu'elle avait vu. Et ce fut là que Karm la retrouva, à inspecter les frondaisons. Alors qu'il s'approchait, elle lui demanda :


- Tu as trouvé d'autres corps ?

S'il avait trouvé l'équipage au complet, il l'aurait probablement contactée par comlink, pour lui annoncer la fin de la mission. Son visage avait encore visiblement un peu d'espoir, enfin, pour ce que Cally pouvait en décrypter. Elle ne connaissait pas encore suffisamment son compagnon pour connaître ses humeurs. Elle écouta le résumé du jedi, avant de poursuivre :

- Je crois que les survivants sont partis par là, indiqua-t-elle.

A travers la végétation, on devinait un chemin taillé à la vibrolame. Même si la forêt n'était pas très dense, elle avait noté quelques branches coupées net, comme par une machette ou un sabre. Suffisament pour offrir un passage confortable, mais également un peu désordonné, comme si cela avait été fait dans la précipitation, ou le stress. Bon, il était vrai que les crashs avaient tendance à amener un peu de stress. La piste semblait continuer vers l'ouest, vers l'océan. Mais pourquoi partir ?

Elle était sur le point de poser cette question à voix haute, lorsqu'elle sentit son pied gauche partir de nouveau en arrière. Déséquilibrée une nouvelle fois, elle s'effondra en avant, cette fois-ci sur la terre ferme, aux pieds de Karm. La liane qui s'était enroulée autour de sa cheville la tira alors brutalement, et Cally disparut en un clignement d’œil dans les bosquets. Heureusement, elle était encore facilement pistable grâce à ses cris indignés...


- Kaaaaaaaaarrrrmmm
Karm Torr
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Karm récupéra le datadisk qui contenait le journal de bord et le glissa dans sa poche, sans le consulter tout de suite. Même si Cally était une maître jedi, l’idée de la laisser seule à l’extérieur, dans cette forêt étrange, l’inquiétait un peu. Il était là pour veiller sur elle, après tout, et pas pour la laisser se faire dévorer par il-ne-savait-trop quelle bête assez monstrueuse pour avoir provoqué la fuite de l’équipage.


Arbitrant entre ses responsabilités diverses, l’Ark-Ni opta cependant pour poursuivre l’exploration de l’épave, pendant qu’à son insu, Cally la Cabriole jouait les acrobates enivrées sur la carlingue du vaisseau. Le reste des coursives n’offrit guère de révélations supplémentaires. Tout confirmait que les membres de l’expédition étaient partis précipitamment, en emportant, autant qu’il pouvait en juger, des armes et des rations de survie, mais en laissant derrière eux à la fois leurs quelques effets personnels et la totalité du matériel scientifique.


L’infirmerie de bord, à peine plus grande qu’une cabine, ne laissait deviner aucun incident particulier durant le voyage et, apparemment, les naufragés n’avaient pas jugé bon d’emporter avec eux du matériel médical. Mais la panique leur avait peut-être fait oublier cette précaution élémentaire ? Et la panique de quoi, dans ce cas, dans cette forêt apparemment paisible ? Quelque chose dans toute cette affaire ne tournait pas rond.


Le Jedi finit par émerger du vaisseau et déclara laconiquement :


Pilote morte au moment du crash, pas de signe des autres. ‘Sont partis avec les armes et un peu de vivres, mais tout le reste est là, équipement et médicaments compris.


Et la troue maladroite pratiquée dans la végétation que sa partenaire lui indiqua confirmait assez l’hypothèse de la précipitation, qui n’avait rien de rassurant.


Bon ben y a plus qu’à…


… qu’à observer sa camarade d’aventures se faire emporter par un tentacule végétalisé dans les profondeurs d’une forêt inconnue.


Avec un flegme tout ark-ni, Karm commenta cet improbable spectacle d’un ah posé, tout en ayant néanmoins l’amabilité de se lancer à sa poursuite. Les cris de Cally se mêlaient au vacarme que la liane faisait en renversant les buissons et en arrachant des branches sur son passage. On avait connu des traques plus difficiles.


L’Ark-Ni bondissait pour éviter les racines, se faufilait sous les branches basses, slalomait entre les buissons de ronces. Son agilité olympique et un solide entraînement se mariaient dans cette cavalcade désespérée pour tenter de rattraper la liane, la Maître Jedi et le succès de sa mission, qui étaient toutes les trois en train de le distancer facilement.


Par prudence, il s’était abstenu de sortir ses sabres lasers. Si la végétation était sentiente, mieux fallait éviter de tailler dans le vif, au risque de provoquer de nouvelles réactions. Et puis, pour ce qu’ils en savaient, ils avaient été perçus à bon droit comme des intrus, et l’on cherchait simplement à se défendre. Peut-être était-il encore possible de parlementer. En quelque sorte.


Karm finit par déboucher, le souffle contrôlé, le cœur encore régulier, dans une immense clairière où trônait…


Haussement de sourcils.


Une sorte de sac de nœuds ?


C’étaient des lianes. Des dizaines de lianes, enroulées les unes sur les autres, comme une pelote d’élastiques, avec des tentacules qui s’agitaient frénétiquement dans les airs, sur près d’une dizaine de mètres de haut. Difficile de dire s’il avait affaire à un seul être vivant, et à ses multiples excroissances, ou bien à une communauté d’organismes, qui vivaient là dans une impressionnante et peu ragoûtante symbiose.


Toujours est-il qu’on agitait Cally dans les airs, tout là-haut. Une autre liane un peu plus secouait une sorte de gazelle paniquée. Et puis soudain, la gazelle fut laissée tomber. Le pauvre animal poussa des cris frénétiques. La pelote en contrebas s’ouvrit de quelques mètres pour l’engloutir, avant de se refermer et, probablement, de la broyer. Voilà qui éclairait leur lanterne sur le sort réservé à Cally.


Karm pressa son comlink.


Blip, ramène toi à ma position, descends pas au-dessus de treize mètres, ouvre la porte de la soute, quand tu stationneras au-dessus du truc.
Biippp biip ?
Nan nan, t’inquiètes, t’auras pas de problème pour trouver le truc en question, c’est genre.


Vraiment aucun problème.


L’Ark-Ni coupa la communication et prit une profonde inspiration. La Force affluait en lui. Il avait été entraîné pour ce genre de choses. Toute sa vie. Il était doué. Il était même très doué, à ce qu’on racontait. Tout allait bien se passer. La Force était avec lui.

Ses pensées entouraient les lianes.
Anticiper les mouvements.
Comprendre les rythmes.
Le pommeau incurvé de son sabre bleu était logé dans sa main.
Inspirer. Expirer.
Et un… deux… trois…


Vrombissement des moteurs qui s’approchaient. Karm s’élança. La lame bleue jaillit du sabre, sa vibration inaudible dans le vacarme du vaisseau spatial qui venait stationner au-dessus de l’enfer de lianes. Karm bondit dans un saut spectaculaire et pour tout dire surnaturel. Il courait sur l’une des lianes. Nouveau saut. Autre liane. L’organisme convulsait pour le faire tomber ou l’écraser entre deux de ses appendices. Mais le Jedi anticipait les mouvements. Parfois, avec une agilité improbable, il esquivait ; d’autres fois, le sabre tranchait dans le vif et un tronçon de liane sectionné s’abattait lourdement, quelques mètres plus loin, dans la clairière.


N’importe quel Jedi ou Sith aurait deviné d’un coup d’oeil, face aux acrobaties de Karm, qu’il devait être un expert de l’Ataru. Contre toute attente, l’étrange combat avait l’air profondément inégal, en faveur du Chevalier : beaucoup plus agile, beaucoup plus rapide et tout-à-fait insaisissable, on aurait pu croire qu’il échappait facilement aux assauts lourds et maladroits de son gigantesque adversaire. En réalité, c’était à chaque fois à un millimètre, et à un réflexe surhumain guidé par la Force, que Karm devait la vie sauve.


Décrochant l’un de ses deux shotos, il bondit enfin sur la liane qui retenait Cally. La lame verte du shotto s’enfonça dans l’épaisse chair végétale, comme un piolet d’escalade, mais qui glissait progressivement, tandis que de sa lame bleue, Karm sectionnait la partie supérieure, avant d’attendre aussitôt son sabre. Alors que Cally basculait dans le vide, Karm rangea son sabre, tendit la main et, au prix d’un nouvel effort de concentration, repoussa par télékinésie le corps heureusement léger de la Jedi dans la soute du vaisseau.


Tous ses muscles le brûlaient et l’épuisement n’était pas loin. Dans un ultime mouvement, il rétracta la lame de son shoto, prit appui sur la liane et, à la faveur d’une secousse désordonnée, bondit à son tour jusqu’au vaisseau. À la réception, ses genoux flanchèrent et il glissa le long de la rambarde, se rattrapant au dernier moment au rebord.


Blip. Vers l’océan. Remonte la rampe.


Le vaisseau s’élança, alors que la rampe remontait, et Karm parvint à se laisser tant bien que mal rouler sur cette pente, jusqu’à l’intérieur de la soute.


C’était fini.
D’ailleurs, lui aussi se sentait fini.


Étalé au sol, les bras en croix, chaque respiration le faisait souffrir. Sa tête bourdonnait. Ses articulations étaient en feu. La Force l’avait éreinté. Il la tourna néanmoins vers Cally, pour s’assurer qu’elle allait bien.
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Cally était aspirée par la jungle. Relativement consciente de sa situation pour le moins précaire, elle se débattait comme le pouvait, tentant de s'accrocher à tous ce qui passait à portée de mains, mais ne gagnant au final que des coupures et des ecchymoses. La liane la trainait sur le sol sans effort apparent. Elle pouvait toujours hurler cependant, ce qu'elle ne se privait pas de faire. Elle hurlait surtout des gros mots, tous plus colorés les uns que les autres. Karm pourrait ainsi la repérer plus facilement... Bien que pour l'instant, il n'était nul part en vue. Il n'allait tout de même pas... L'abandonner ? Seule à son sort ? Elle avait déjà lue des histoires avec de jeunes femmes et des tentacules... Non, elle ne préférait pas y penser.

Mais Cally n'était pas du genre à se laisser faire. Elle se tortilla à qui mieux-mieux, et parvint à dégager sa vibrolame. Actuellement incapable de manier un sabre laser correctement, elle avait dû se rabattre sur cette arme plus simple pour sa défense personnelle. Elle parvint à l'activer, et se contorsionna pour parvenir à porter un coup vers sa cheville. Elle souhaitait sectionner la plante, en espérant ne pas se couper la jambe au passage. Le champ d'énergie toucha la chaire végétale, entamant cette énorme liane, sans pour autant la couper entièrement. Elle leva à nouveau son arme, prête à porter un nouveau coup. Merde ! Une douleur irradia sa main armée, ce qui se traduisit par l'invention de nouveaux jurons, mélange innovant de plusieurs existants dans une seule bordée d'invectives. Sa vibrolame avait heurté un tronc d'arbre et lui avait été arraché des mains.

Elle finit par débouler dans une grande clairière, et fut finalement tirée du sol, et se retrouva suspendue dans les airs. Qu'est-ce que c'était que ce bordel de merde de créature ?! Le fait que ce monstre mange une sorte de biche devant ses yeux lui indiquait que son régime revêtait un certain risque pour elle. Même si avec sa taille et son poids, elle ne devait n'être qu'un amuse-gueule... Cally commençait à paniquer, se disant que son futur ne dépassait pas les quelques secondes. Heureusement, c'est à ce moment que Karm se décida à intervenir. Dans sa position, il lui était difficile de voir toute l'action, même si elle entendit le vrombissement distinctif d'un sabre laser. De plusieurs sabres laser ?

La gravité eut brusquement de nouveau prise sur elle, alors qu'elle se sentit tomber. Tomber droit dans la gueule du monstre végétal. Nouvelle bordée de jurons. Puis elle sentit l'étreinte de la force, alors qu'elle était projetée droit dans la soute de leur navette. Elle ne l'avait même pas vue arriver... Elle s'écroula sur le pont de la soute comme un chiffon informe en grognant. Saine et sauve ! Karm ne tarda pas à la rejoindre, s’agrippant laborieusement à la rampe avant de se laisser rouler à côté d'elle. Ils restèrent un moment comme ça, en silence, allongés à même le sol. Cally tentait avec un succès limité de calmer l'affolement de ses différents cœurs, qui tambourinaient douloureusement dans son corps. Après tout ce qu'elle avait fait pour rajeunir, pour s'offrir une seconde vie, elle avait été à deux doigts de se faire bouffer par une plante cannibale...


- J'aime pas cette planète, finit-elle par décréter, brisant le silence.

Elle se releva légèrement. Elle était dans un état passable. Ses cheveux étaient en pétard, parsemés de feuilles et de mottes de terre qui lui donnaient un air champêtre. Son visage présentait de nombreuses écorchures, tout comme ces vêtements, déchirés à de multiples endroits. Mais dans l'ensemble, elle avait l'air vivante, et à peu près en bonne santé.


- J'aime pas cette planète, répéta-t-elle, et tu sais quoi ? Cette planète m'aime pas non plus.

Karm ne semblait toujours pas bouger. Ne se sentant pas pas la force, ou plutôt le courage de se lever complétement, elle se traina à quatre pattes jusqu'à la forme inanimée de son compagnon. Il respirait encore, c'était plutôt bon signe. Après la brutale mais impressionnante démonstration de combattant qu'il avait livré en bas, il devait être complétement à plat. Cally en ressentit une certaine jalousie. Elle aussi, si elle avait eu la Force, elle aurait pu s'en tirer...

Elle tendit une main vers son visage, et commença à enfoncer son index dans la joue du jeune homme, et ce à plusieurs reprises. Un peu comme si elle tentait de vérifier d'un animal qu'il était bien mort.


- Hep, toujours en vie ? Grogne si c'est le cas.

Elle se rallongea à côté de lui, et se passa une main sur le visage. Elle détestait cette sensation de griffures qu'elle ressentait un peu partout, mais bon, elle était vivante. Il aurait mal vu de se plaindre. Et lui aussi visiblement. Après quelques secondes, elle reprit en grognant.

- Putain, jura-t-elle, je pensais pas que je me sentirais aussi impuissante sans mon sabre. Un vrai Jedi aurait pu se sortir de là seule. Heureusement que tu étais là. Merci...

Elle lorgna un moment du côté des sabres laser de Karm. Elle ne les avait pas vu distinctement, vu la vitesse de l'action, mais il lui avait semblé qu'il s'agissait de Shotos, à lame courte. C'était peut-être une idée, pour elle, qui avait des difficultés à manier son ancien sabre... Mais non, pas vraiment. Elle avait tenté avec une lame de padawan, qui n'était pas beaucoup plus longue, sans grand succès. C'était la Force qui lui manquait. Comme ça, comme pour beaucoup d'autres choses...

- Tu as l'air d'être un très bon bretteur... Je crois que je pourrais user de tes talents et de tes conseils pour retrouver mon niveau d'avant. Enfin, à supposer que ce soit possible... Elle parlait d'une voix fatiguée, mais également sans conviction, comme si elle n'y croyait pas vraiment.
Karm Torr
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Tu tires…



… des conclusions…

… bien…

… hâtives.


Oui.
Il était en pleine forme.

Biiiiiiiip !

Un droïde paniqué déboula dans la soute, avec un kit de premiers secours dans une pince. Le vaisseau devait être stationnaire au-dessus de l’océan, sans doute l’un des endroits les plus sûrs, vu la végétation locale. À moins que les algues soient aussi vindicatives que les arbres dévoreurs de biches.

Tu gères, Blip, commenta Karm d’une voix rauque, en s’asseyant avec une grimace de douleur. Tu fais les massages aussi ?

Le droïde sortit une autre pince de son dôme et généra quelques étincelles de sinistres augures.

OK, OK, j’demande juste, pas besoin de s’énerver.

Alors que le petit robot tendait le kit à Cally, pour qu’elle puisse traiter ses innombrables éraflures, Karm reprit le fil de la conversation :

Moi, j’trouve que la planète et sa flore avaient l’air de beaucoup t’aimer. Genre, p’têt même un peu trop…

Il se pencha pour récupérer un pot de crème apaisante dans le kit, avant de parvenir à se relever, tant bien que mal, pour s’asseoir sur l’un des bancs métalliques qui longeaient la soute.

Perso, j’avoue que j’ai un faible pour les végétations mouvantes. J’aimerais bien…

Explorer les pouvoirs de la Force liés au contrôle des végétaux, avait-il failli dire, avant de se rendre compte que c’était un sujet sensible. Il haussa les épaules, sans finir sa phrase, avant de retirer son haut. La pudeur, comme à l’ordinaire, ne l’étouffait pas. Comme beaucoup de Jedis humanoïdes, il avait une musculature harmonieuse, fruit de longs entraînements, et sa spécialisation martiale achevait de lui donner un physique athlétique.

Ce jour-là, tout était décoré d’innombrables bleus.

On peut s’entraîner au sabre, ouais, poursuivit Karm, qui n’ignorait pas cependant que, sans la Force, les possibilités de Cally restaient somme toute liberté. Mais t’sais, étant donné ta… hm… situation… y a peut-être d’autres armes à explorer aussi. Le vibrolame, c’est pas mal, mais y a toujours la lance-laser, les blasters, et d’autres trucs.

Karm étalait consciencieusement la pommade sur son torse, son dos et son bras, surveillé par l’oeil électronique de Blip, qui s’inquiétait naturellement pour son maître. Mais le droïde avait dû en voir d’autres, au fil des missions de l’Ark-Ni, qui n’était pas un grand spécialiste des longues promenades tranquilles.

Et c’était tout aussi jedi. Si ça qui t’inquiète. Depuis des siècles, certains Jedis se spécialisent dans d’autres armes que le sabre.

Parfois par nécessité, d’autres fois par inclination personnelle, et d’autres fois encore par conviction qu’il était nécessaire de développer dans toutes les directions les savoirs de l’Ordre. La Maître de Karm avait elle-même mis un point d’honneur à former son Padawan au maniement de toute une armurerie. On ne savait jamais ce que les circonstances pouvaient exiger.

C’que j’te propose, c’est qu’on fasse quelques tests quand on sera de retour, ça nous donnera deux ou trois options à explorer, et à l’usage, on verra ce qui convient mieux. Blip ? On a suivi la trouée ?

Le droïde bippa à l’affirmative, en glissant vers un panneau de contrôle pour s’y brancher, afin d’être connecté à l’ordinateur central du vaisseau et de pouvoir répondre aux inévitables questions à venir.

Fais voir à quoi ça rassemble.

L’holoprojecteur intégré à l’oeil du droïde fit flotter au milieu de la soute l’image de falaises assez modestes, qui tombaient sur une plage de sable grossier, laquelle longeait un océan assez calme.

Formes de vie ?
Bip bip.

Des zones du paysage se mirent à clignoter, avant que Blip n’en extraie les profils sommaires de quelques créatures. Des sortes de crabes qui farfouillaient dans le sable et des poissons gigantesques, à moins que ce ne fût des mammifères, qui tournaient dans l’océan. Mais les senseurs de la navette étaient pour une bonne part bloqués par le massif rocheux qui se terminait par les falaises.

Toujours torse nu, les coudes sur les genoux, Karm observait pensivement le spectacle.

Décale nous de quelques mètres, qu’on voit s’il y a des grottes des fois dans les falaises.

Le vaisseau s’ébranla doucement et la projection holographique refléta leurs progrès. Quelques secondes plus tard, effectivement, les deux Jedis pouvaient observer des trouées dans la façade des falaises, sans qu’il soit tout-à-fait possible de savoir si elles constituaient de véritables grottes habitables, avec peut-être un réseau de galerie, ou bien simplement des niches pour les oiseaux marins.

On peut descendre sur la plage, voir si on repère des traces de pas, et jeter un œil au caverne. La trouée que t’as repérée dans la végétation va bien jusqu’au falaise, alors quelqu’un au moins a survécu jusqu’à l’océan. Ils se sont pas volatilisés.
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Cally et Karm commencèrent à se prodiguer quelques soins sommaires, chacun de leur côté. Même si elle avait un aspect épouvantable, le corps et le visage couvert d'éraflures, la jeune fille n'était au final pas blessée. Oh, elle sentirait probablement les restes de cette aventure une fois ses muscles reposés d'une bonne nuit de sommeil, mais c'était préférable à l'estomac d'une plante carnivore. Avec l'aide du droïde, elle s'appliqua quelques pansements au bacta sur les coupures les plus sérieuses, même si c'était superflu. Elle regarda ses vêtements sales et un peu déchirés par sa mésaventure. Bon, ils termineraient leur mission comme ça, c'était pas grand chose, le lot de tout explorateur.

Tout comme son compagnon, Cally avait pris place sur un des bancs métalliques, en face. Elle put alors contaster que le jedi était en train de de dévêtir. Un sourire commença à s'épanouir sur les traits poupins de l'Atoanne. Il y avait de quoi laisser rêveuse... Elle se serait bien dévouée pour lui passer la pommade, il n'y avait aucun doute là dessus. Bien sûr, son esprit était trop vieux pour aller plus loin, et son corps trop jeune pour éprouver la moindre envie physique. Cela n'empêchait pas qu'un tel spectacle puisse flatter les yeux d'une vieille dame fatiguée. Elle tâcha de se reconcentrer. Inutile de reluquer ce jeune homme plus longtemps, même si elle n'avait finalement aucune honte à le faire.

Ils échangèrent quelques mots sur les armes possibles, mais la conversation tourna court. Cally sentait bien que l'Ark-Ni la ménageait. Il évitait certains sujets. Elle ne savait pas trop si elle devait lui en être reconnaissante. Était-ce lui rendre service que de lui épargner ainsi les aspects de la Force qu'elle avait perdu ? Même si, après-tout, c'était elle qui lui avait demandé au début qu'il évite d'utiliser trop la Force en sa présence... Peut-être était-elle encore un peu trop fragile pour se confronter à une réalité trop dure. Pensive, elle se passa une main dans les cheveux, répandant des feuilles et de la poussière autour d'elle. Sa tignasse avait récupérer un sacré paquet de cochonnerie sur le chemin... Blip s'indigna alors qu'une motte de terre tombait sur le dessus de son dome, et Cally s'empressa de s'excuser.

Elle observa l'hologramme de l'extérieur que leur projeta le droïde. Une longue plage longée de falaises. La vieille exploratrice se serait bien jetée à l'eau pour se débarbouillée un peu. Et puis, se baigner dans un vrai mer, ou un vrai océan, cela n'avait pas de prix... Elle sa ravisa cependant vite en voyant de grandes masses sombres se mouvoir sous les flots. La baignade était remise à plus tard. L'idée de Karm d'aller fouiller la plage, puis les grottes semblait bien meilleure, aussi opina-t-elle du chef pour approuver ce plan. Considérant les falaises qui n'étaient pas trop hautes, et les nombreux éboulements qui offraient des descentes faciles, quoique sportive, les rescapés du crash avaient dû descendre sur la plage. Surtout si l'on considérait la caractère dangereux de la forêt.

Ils se posèrent donc sans encombre sur la plage. Malgré le soleil, la température restait agréable grâce à la brise marine. Cally considéra un moment les larges créatures aquatiques, qui ne semblaient pas si loin du rivage, puis levant la tête la forêt qui les surplombait. Elle pouvait voir d'ici des lianes bouger... Heureusement qu'elle était hors de portée. Elle s'était tout de même munie d'une nouvelle vibrolame avant de sortir.


- Y'a un truc de pas nette avec la taille de ses bestioles, grommela-t-elle à l'attention de son compagnon. Comme tu dirais, ils sont "genre" trop gros.

Déjà, cela la faisait se sentir encore plus petite qu'elle ne l'était déjà, ce qui était désagréable au plus haut point. Certes, ils s'étaient attendus à croiser des créatures relativement grosses, mais les résultats ici dépassaient toutes leurs espérances. La documentation datait de quelques centaines d'années à peine, ce qui était plutôt récent pour une planète inhabitée. Le seul fait qu'il y ait un catalogue superficiel des espèces étaient déjà une chance... Mais là, soit la personne qui avait compilé les données avait un don pour l'euphémisme, soit les espèces endémiques avaient une croissance disproportionnée.

Malgré ses inquiétudes, elle commença à chercher des traces dans le sable. Mais cela semblait peine perdue... La grève était relativement large, et trouver des empreintes dans le sable était beaucoup moins facile qu'on se le disait. Le fait que le sable soit retourné en permanence par le passage des crabes locaux, qui ne semblaient pas plus perturbés par leur présence que cela, n'arrangeait rien. Elle préféra rapidement s'orienter vers la plus proche caverne. Un boyau rocheux, étrangement circulaire, ceint dans la roche. Il devait faire environ un mètre et quelques de diamètre. Peut-être deux. Bien trop grand pour qu'elle ait à se plier pour rentrer en tout cas. Il ressemblait à tous les autres en tout cas.

Elle s'enfonça prudemment, mais sans peur dans la caverne. Au bout d'une trentaine de mètres, elle sortit un lumiglobe de sa poche, et l'activa pour compenser l'obscurité croissante. Les murs de la grotte s'illuminèrent alors de milles feux. Comme si l'humidité qui collait aux parois lisses reflétait les lumières comme autant de perles. C'était un spectacle assez surprenant, mais élégant. Cally tendit la main, curieuse, et effleura la paroi de roche. Ce n'était visiblement pas de l'eau. Cela collait bien plus à la peau... On aurait dit de l'huile. Ou peut-être du gras... C'est alors que les pièces s'emboitèrent.

Elle fit brusquement demi-tour, et se heurta à Karm.


- Que...

Il avait dû la suivre, pour ne pas la perdre de vue probablement. Après l'évènement de la forêt, c'était peut-être plus sage de ne pas se séparer en effet... Mais là n'était pas le problème.

- Faut sortir ! lui intima-t-elle. Tout de suite !

Elle se releva, et courut à sa suite. Derrière eux, le tunnel avait commencé à gronder, ce qui ne fit que les encourager à courir plus vite. Cally se mit à maudire ses petites jambes, qui l'empêchaient de faire des foulées aussi grandes qu'elles auraient dû. Elle parvint néanmoins à sortir de la caverne juste derrière le jedi, et se jeta dans le sable, la tête la première, en dehors de l'axe de sortie. C'était peut-être un peu dramatique, mais elle n'avait aucune idée de la distance qui la séparait de la créature.

Une sorte de lombric géant émergea de la caverne. Son diamètre devait être équivalent à celui du trou dans la roche, qui n'était donc rien de plus qu'un trou de ver... Sacré ver quand même. Il avait une sorte de tête de lézard à l'avant, et deux paires de petits membres palmés un peu plus bas. L'animal glissa sans problème sur le sable, propulsé par ses petites pattes et ses ondulations, avant de plonger dans l'eau. Il devait bien faire sept ou huit mètres de long. Enfin environ. Il était passé en un éclair... Vu sa taille et son poids, il aurait pu les aplatir sans trop de problème dans la caverne.

La vieille gamine finit par arracher son regard de la mer, encore un peu troublée par ce surprenant spectacle. Et quand elle les reposa sur le sable, elle avait une empreinte nette de chaussure, bien marquée, sous ses yeux.


- Trouvé ! s'exclama-t-elle, triomphante, comme si leur incident de parcours était déjà oublié.
Karm Torr
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Des buissons tueurs.
(Et géants.)
Des lombrics géants.
(Et tueurs ?)


Trop cool, commenta flegmatiquement l’Ark-Ni, qui s’était retrouvé étendu sur le dos, dans le sable, après la course-poursuite du gosier de leur nouvel ami jusqu’à l’air libre.


Difficile de dire s’il était sérieux ou s’il s’agissait de l’une de ses nouvelles plaisanteries pince-sans-rire.


En tout cas, sa curiosité d’explorateur était titillée.
On est facilement titillé, il est vrai, par des lombrics de six mètres de long.

Est-ce qu’il y en avait un dans chaque caverne ? Est-ce qu’ils passaient la majorité de leur temps sous l’eau ou dans la falaise ? Est-ce qu’ils menaient une sorte de vie communautaire ? Quel était leur régime alimentaire ? Pouvait-on sympathiser avec eux ? Est-ce que Cypolide, c’était un chouette prénom pour un lombric ? Est-ce que…


Ah, cool, dit-il encore, et encore flegmatiquement, tout en se relevant et en époussetant ses vêtements.


Difficile de dire à combien de marcheurs ils avaient affaire, parce que les traces de pas se recouvraient souvent et que, de temps à autre, la piste était balayée par la longue traînée qu’ils savaient désormais typiques des sorties de lombrics. Un crabe grimpa sur sa chaussure pour pincer le bas de son pantalon et, méditatif, Karm le repoussa en douceur.


J’imagine que croiser les vers géants, ça les a dissuadés de s’abriter dans les grottes. Et je les vois mal retourner en forêt.


En attendant, les deux Jedis avaient commencé à remonter les traces laissées par les visiteurs. L’Ark-Ni essayait de reconstituer la logique de ceux qu’ils recherchaient. Sur la plage, pas de quoi survivre, à moins d’aimer beaucoup le crabe. Ils devaient être partis en quête d’un abri contre les intempéries et de sources de nourriture. Et d’eau potable. Contourner les falaises pour laisser la forêt de côté ? C’était plusieurs dizaines de kilomètres de marche, mais à défaut de vouloir rejoindre le site prévu pour l’atterrissage, probablement aussi la solution la plus raisonnable.


La plage paraissait interminable. Elle formait une courbe légère, qui remontait vers le nord. De temps en temps, Karm s’interrompit, sensible à travers la Force aux vibrations autour d'eux, et un vers leur passait devant, venu de la mer ou de la falaise, qui partait s’abriter ou se baigner. Quand on en jugeait à la vivacité de ces créatures, c’était un miracle que Cally et lui n’aient jusque là trouvé aucun cadavre de scientifique malencontreusement écrabouillé par un lombric trop enthousiaste.


Deux bonnes heures plus tard, ils avaient laissé la falaise trouée derrière eux. Désormais, à leur gauche, l’océan paraissait comme désert et, à l’autre droite, ce n’était qu’un mur rocheux, de moins en moins haut d’ailleurs, à mesure que le plateau s’affaissait vers le niveau de la mer. Le sable était mêlé de graviers et, bientôt, c’était une plage de galets où les traces qu’ils pistaient avaient disparues tout-à-fait.


Blip, ça ressemble à quoi vu de là-haut ?


Au-dessus du bracelet de l’Ark-Ni, une petite projection holographique ne tarda pas à présenter une vue aérienne des environs. La forêt s’était clairsemée quelque peu et se présentait désormais comme des bosquets irréguliers sur une plaine clairsemée. Faute de pouvoir descendre trop bas, il était difficile de rien observer plus précisément. Et la plage de galets, elle, se terminait quelques dizaines de mètres plus sur une digue de pierre naturelle.


OK, donc, un peu d’escalade, j’imagine.


C’était, du reste, beaucoup plus facile que leur décente, quelques heures plus tôt. À mi-chemin, Karm se cala contre les pierres et désigna d’un geste de la tête un rocher à Cally. Il y avait un peu de sang et une empreinte de doigt : quelqu’un s’était probablement coupé lors de son ascension. Paradoxalement, un signe encourageant : ils étaient sur la bonne voie.


Une fois sur la plaine, Karm resta posté très près de Cally, de peur sans doute de la voir à nouveau happée par un ficus trop possessif.


Il va probablement pas tarder à faire nuit, faut qu’on se préoccupe aussi d’établir un campement, commenta l’Ark-Ni, que les dangers qu’ils avaient aperçus jusque là décourageaient tout-à-fait d’entreprendre une exploration nocturne. Je propose de se trouver un espace aussi éloigné que possible de nos amis les arbres et de faire atterrir le vaisseau, pour plus de sécurité. On dormira mieux derrière des boucliers…
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Cette nouvelle rencontre avec cette espèce de bipes aquatique n'avait pas l'air d'émouvoir Karm plus que cela. Il n'était pas excité par cette découverte, ou même inquiet qu'ils puissent se faire écraser comme s'ils se baladaient à pied sur une autoroute galactique. Il restait aussi flegmatique que depuis leur arrivée... Cela agaçait un peu Cally a vrai dire. Même le droïde semblait se montrer plus émotif. Était-il comme ça uniquement à cause d'elle ? Se sentait-il mal à l'aise, ou quelque chose du genre ? Peut-être était-ce à elle de briser la glace... Elle se dit qu'avant la fin de cette excursion, elle arriverait bien à lui arracher une émotion quelconque. Si elle ne se faisait pas écrasée avant.

Heureusement, quand on y prêtait attention, les lombrics annonçaient leur sortie. Elle pouvait sentir les fines vibrations à travers le sable à leur approche. Et puis, son accompagnateur semblait les sentir à travers la Force, car il semblait toujours le détecter bien avant elle. Ce qui la rendait un peu jalouse, mais bon, elle y survivrait. En tout cas, ils purent continuer leur chemin tranquillement, traquant plus ou moins facilement les traces des gens qui les avaient précédés. Avec le sable remué si fréquemment par les gros vers aquatiques, les marques de pas devaient être assez fraiches.

Ils ne tardèrent pas d'ailleurs à trouver d'autres preuves du passage de leurs objectif, au cours d'une escalade qui se releva bien plus facile que Cally ne l'avait anticipé. Ce corps, jeune et fringuant, répondait bien à la demande d'énergie nécessaire à la grimpette. Elle même fut particulièrement prudente, ne tentant rien d'imprudent. Son avancée était certes lente, car elle assurait toujours ses prises, dont la possibilité était cruellement restreinte par la taille de ces petits bras. Nul doute que Karm serait allé bien plus vite sans elle, mais au moins n'eut-il pas à l'aider.

Ils eurent bientôt quittés la plage et ses falaises pour s'engager sur une plaine qui bordait la forêt. Karm se rapprocha alors d'elle, pour ne plus la lâcher d'une semelle, ce qui était un peu gênant. Clairement, il la protégeait, restant aux aguets. Il se souvenait probablement encore l'épisode de la liane... La jeune fille avait l'impression d'être le maillon faible de leur groupe. Cependant, elle ne protesta pas. C'était sûrement la vérité, il valait mieux s'y faire. Heureusement, ils ne poursuivirent pas leur exploration plus loin. La soleil commençait à se coucher sur l'horizon, et continuer leur balade de nuit n'aurait sûrement pas été productif. Et puis, même si Cally aurait refusé de l'admettre, elle était épuisée. La promenade en forêt, les lianes, la plage, les vers géants, puis l'escalade... Cela commençait à faire beaucoup pour elle, qui n'était pas beaucoup plus qu'une enfant après tout, même si elle s'était astreinte à un exercice physique stricte depuis sa transformation, elle ne pouvait pas non plus se changer en machine de guerre.

Aussi firent-ils poser le vaisseau dans la plaine. Une sorte de mobile-home luxueux, afin de passer la nuit. Vu que la faune locale semblait bien plus grosse que ce que les bases de données annonçaient, c'était plus prudent ainsi. Aussitôt à l'abri, Cally annonçait de sa voix fluette, mais déterminée :


- Je vais cuisiner, tu peux te reposer en attendant.

Qu'elle ait au moins l'impression d'être utile à quelque chose, pour ne pas trop froisser son amour propre. La vieille Jedi n'était pas une bonne cuisinière, dans le sens conventionnel. Il y avait plein de plats qu'elle n'aurait jamais été capable de faire, sans parler d'appareillages complexes... Mais pour faire des plats simples et nutritifs, des plats pour explorateurs, elle n'avait pas son pareil. A partir des éléments spartiates que l'on trouvait sur un vaisseau du corps d'exploration Jedi, elle pouvait tirer le meilleur. Elle avait des dizaines d'années de pratique dans le domaine. Aussi Karm se retrouva-t-il bientôt devant un bouillon à la viande qui dégageait un agréable fumet. Le plat était rehaussé aux épices, qu'elle avait emporté dans son sac. Même s'ils n'étaient pas partis depuis longtemps et avait encore des aliments frais, Cally avait gardé ce vieux réflexe d'embarquer quelques petits bocaux d'épices, qui permettaient même de faire passer les rations de survie les moins appétissantes.

Assis côte à côte à la table centrale de la pièce de vie, ils avaient leur bol de bouillon devant eux, et une carte de la région alentour que Blip leur avait sortie, avec une ébauche de topographie. La jeune jedi savourait son bol, ses petites mains serrées autour de la céramique pour grappiller la chaleur. Elle mastiquait encore les bouts de viande de sa première gorgée, ce qui ne l’empêcha pas de prendre la parole en pointant un point de la carte.


- J'on du aller pa' là. La rigiè'e qui rechoint le lac à l'ochéan, pou' l'eau douche...

Elle déglutit rapidement, consciente d'être difficile à suivre.


- On devrait longer la rivière. L'eau douce sera leur premier besoin, bien avant la bouffe.


Ils discutèrent de quelques autres détails de la marche à suivre, puis de sujets plus frivoles, avant que Cally ne finisse par piquer du nez. Sa tête se posa contre le bras de Karm alors qu'elle s'assoupissait. Le Jedi ne l'avait-il pas remarqué, ou bien souhaitait-il seulement la laisser dormir ? Toujours est-il qu'il attendit bien trop longtemps, laissant la jeune fille s'enfoncer dans les limbes. Savait-il qu'il allait bientôt faire face à quelque chose de bien plus dangereux que tout ce qu'ils avaient pu rencontrer sur cette planète ?

Quand finalement, il fit mine de bouger, la gamine grogna dans son sommeil, sentant vaguement sa source de chaleur tenter de fuir. Ses bras s'enroulèrent autour de sa proie, à la façon d'un kraken galactique. L'un de ses bras commença à serrer le bras du Jedi qui lui servait d'oreiller, tandis que l'autre tentait sans succès de l'agripper autour de la taille, ne faisant guère plus que s'entortiller dans ses vêtements, ce qui n'empêcha pas ses petits doigts de serrer leur prise. Cally grogna à nouveau, toujours endormie, avant de commencer à mâchonner la chemise de Karm du bout des lèvres. La prenait-elle pour un doudou, ou rêvait-elle seulement à la viande qu'elle mangeait quelques minutes plus tôt ?

Le piège s'était refermé, quasiment inextricable.

Voilà qui parviendrait peut-être à faire sortir le chevalier de son flegme habituel...
Karm Torr
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[justify]De la viande.
Karm était en tête-à-tête avec de la viande.
Mais quelle drôle d’idée.


L’Ark-Ni fit une nouvelle fois une démonstration peu spectaculaire mais ô combien difficile de son flegme pour ne rien laisser paraître de sa déconvenue et avaler son bol de bouillon en faisant abstraction de son contenu. Il avait beau être un végétalien convaincu, comme nombre de Jedis dont la physiologie le permettait, en bon explorateur, il était capable de mettre ses convictions de côté quand la situation l’exigeait. En l’occurrence, s’il n’était pas question de vie ou de mort, entretenir l’entente qui existait dans leur duo était une condition sine que non de la réussite de leur mission.


Quelques bavardages plus tard, Karm se retrouva prisonnier.
Damned.
Qu’était-il censé faire ?


Euh… Maître ?


La Maître lui mastiquait le vêtement et son interpellation, murmurée il est vrai, n’eut pas de résultat probant. Le jeune Chevalier n’était pas tout-à-fait sûr de ce que le protocole jedi préconisait en la matière mais, comme son compagnon Luke ne manquait pas de le lui rappeler, le protocole et lui, ça faisait trois.


Avec des gestes aussi imperceptibles que possibles, comme s’il avait affaire à un animal dangereux surgi de la savane, Karm entreprit de s’extirper de l’étreinte fatidique.


Sans succès.


L’idée de demander à Blip de déclencher les alarmes du vaisseau pour réveiller la vieille-jeune fille lui effleura un instant l’esprit, mais il jugea la solution cruelle et, puisque la Voie du Jedi lui enseignant l’ascétisme, il se résolut à sa triste situation, prit une profonde inspiration, ferma les yeux et, dans une position quelque peu inconfortable, se plongea petit à petit dans une profonde méditation qui, insensiblement, le mena vers l’un de ces sommeils surnaturellement réparateurs dont les Jedis avaient le secret.


Quelques heures plus tard, aux aurores, les alarmes du vaisseau les réveillèrent tous les deux brusquement. Comme quoi, parfois, le salut venait de lui-même. Avec des réflexes solidement ancrés par l’entraînement, Karm se releva en une fraction de seconde, ignorant les courbatures que la blanquette plastifiée n’avait pas manqué de cultiver en lui pendant son sommeil, et puis il se précipita dans le cockpit.


Les capteurs de proximité avaient détecté une espèce de troupeau d’herbivores qui s’étaient rassemblés autour du vaisseau, manifestement peu effarouchés par la silhouette inhabituelle de l’engin qui s’était posé la veille sur leur terrain de pâture. Karm coupa les alarmes et observa la silhouette des animaux. Ils devaient faire un mètre cinquante, presque deux mètres pour certains et ils portaient sur le crâne des bois qui partaient en quatre branches : deux des tempes, à l’horizontale, assez courtes, et deux plus longues, à la verticale, depuis le sommet du crâne.


Il y avait une quinzaine d’individus adultes, plus cinq ou six jeunes. L’un des plus audacieux s’était approché pour de bon du vaisseau pour le humer de ses larges naseaux, laissant sa double queue battre indolemment derrière lui. Karm plissa les yeux. Quelque chose avait retenu son attention, dans ce paisible spectacle pastoral.


Déboulant dans la pièce intermédiaire qui servait de salle commune au vaisseau, il déclara :


Y a un truc sur les genres de cervidés, là.


Cryptique.


Se débarrassant de sa chemise poisseuse et emberlificotée — c’était bien Karm, ça, fidèle à sa réputation : toujours une bonne excuse pour se déshabiller —, il abaissa la rampe du vaisseau et sortit torse nu dans l’air frais et matinal, s’attirant les regards circonspects, mais pas exactement terrifiés, des animaux qui, si l’on devait en juger par les titanesques bosquets de lianes carnivores et les vers de terre géant, devaient être habitués à des spectacles autrement plus impressionnants qu’un humanoïde à demie nudiste.


Blip, désactive les boucliers, murmura Karm dans son bracelet multifonction.


Une série de bips dubitatifs lui répondit, mais le droïde s’exécuta malgré tout. À pas lents, Karm s’approcha des ruminants, puisant dans la Force pour s’attirer la sympathie des animaux. Le langage des bêtes, c’était un talent essentiel de tout bon explorateur, et même s’il avait commencé à le développer beaucoup plus tard que la plupart des membres de l’ExploCorps, il faisait tous les efforts nécessaires pour rattraper son retard.


Fort heureusement, il n’y avait pas grand-chose à faire pour apaiser des animaux somme toute plus flegmatiques que lui. Alors qu’il se mêlait au troupeau, leur seule réaction fut de lui fourrer collectivement des mufles humides dans les cheveux et dans le cou. En quelques minutes d’une progression précautionneuse, marquée par d’innombrables pauses pour laisser les ruminants le humer, et se familiariser avec son odeur, Karm parvint jusqu’à l’animal qui avait attiré son attention.


C’était une femelle, s’il ne se trompait pas, adulte et, autant qu’il pût en juger, dans la force de l’âge. Sur son flanc puissant, la robe brune à poils courts, il y avait une trace de brûlure superficielle tout-à-fait caractéristique. C’était le signe d’un tir de blaster maladroit, qui avait frôlé l’animale, sans parvenir à la blesser sérieusement. Karm tendit la main, son esprit se mêlant à travers la Force à celui de la femelle, et puis, en lui caressant l’encolure, il entreprit de laisser venir à lui les souvenirs de la victime.
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Devant l'abandon de Karm face à son destin, Cally pu dormir de tout son soûl. Heureusement, personne ne fut témoin de la défaite de l'Ark-ni face à une fillette de dix ans, fut-elle maitre Jedi. Alors que la nuit progressait, Cally immobilisait de plus en plus sa proie, finissant complétant avachie en travers de ses genoux, les bras serrés autour de la taille svelte de sa victime, un air vaguement satisfait sur les lèvres. A ce niveau, Karm ne représentait plus grand chose d'autre qu'un gros nounours avec fonction chauffante. Ce dernier aurait dû se sentir comblé des attentions de Cally. Peu de gens pouvaient se vanter d'avoir passer une nuit dans les bras d'une magnifique jeune fille de cent trente ans. Quand bien même cette affirmation semblait étrange par son seul énoncé.

Seulement, au petit matin, alors même que le soleil se levait, les alarmes du vaisseau s'enclenchèrent, et Karm sembla instantanément sur pieds. Malheureusement pour elle, la maitre Jedi fut légèrement plus lente, et le mouvement brusque du jeune homme l'envoya rouler par terre, sous la table. Autant pour la considération. Désorientée, Cally tenta de se relever précipitamment, pour suivre son compagnon dans le cockpit et voir ce qu'il se passait. Avec un bruit sourd, elle ne fit que se pulvériser le dessus du crâne sur le dessous de table en plastacier, qui tressaillit à peine en retour. De nouveau allongée au sol, elle se demanda si c'était un signe galactique pour qu'elle reste endormie.

A présent parfaitement réveillée, elle s'extirpa de sa cachette à quatre pattes en marmonnant un juron bien senti en rodien. Difficile de commencer une journée de meilleure façon, cela ne faisait aucun doute. Elle se releva en se frottant le crâne, tout ça pour voir Karm traverser la pièce comme une fusée en se déshabillant. Mais que...? Tout ce qu'il lui avait annoncé était la présence d'animaux cervidés à l'extérieur. La Jedi avait-il un penchant caché pour la zoophilie, ou bien avait-elle mal analysé la situation ? Elle avait l'impression de nager dans le surréalisme. Ou bien peut-être dormait-elle encore ? C'était de loin l'explication la plus pertinente qu'on put lui fournir...

Elle suivit tout de même le Jedi à l'extérieur, pour constater qu'il y avait effectivement des sortes de grands cerfs qui paissait autour de l'appareil, et qu'il n'était heureusement pas en train de leur faire des choses peu orthodoxes. Était-ce le même type d'animal que l'infortunée créature qui avait été mangée par la plante carnivore avant que Karm n'intervienne pour sauver la gamine du même sort ? Le jeune homme en tout cas s'était avancé sans peur au milieu de la harde,, semblant avoir repéré quelque chose d'interessant. Cally réprima l'envie de lui crier dessus après le réveil difficile qu'il lui avait fait subir. Ce n'était pas le moment de faire paniquer ces herbivores, aussi calmes fussent-ils. Et puis, en y repensant, si elle avait été projetée comme ça, c'est probablement qu'elle s'était endormie sur lui, ce qui n'était pas très convenable... La vraie question, c'est pourquoi lui était resté auprès d'elle. Il faudrait qu'elle lui demande, à l'occasion.

Ne souhaitant pas être mise sur le carreau, elle se mit à suivre son compagnon. Les cervidés étaient beaucoup plus grands qu'elle, si bien qu'elle aurait pu se faufiler sans peine entre leurs jambes, mais elle l'évita. C'était plus une histoire à se recevoir un coup qu'autre chose... Au lieu de quoi elle dut endurer les mufles curieux qui vinrent se coller contre sa tête ou dans son cou. Cette sensation de froid et d'humidité venant se coller contre sa peau, c'était assez dérangeant, mais elle n'avait pas trop le choix que de l'endurer. Ce n'est pas comme si elle pouvait les en empêcher à vrai dire. Tout ça pour découvrir au bout de son chemin que Karm était rentré en communion avec une des créatures grâce à la Force. Elle ressentit une brusque montée de jalousie. Elle, elle ne pouvait pas faire ça.

Elle ne pouvait plus faire ça...

Cally saisit rapidement ce qu'il cherchait. Une légère blessure de blaster était visible sur le flanc de l'animal. Peut-être était-ce les survivants qu'ils cherchaient, qui s'était tenté sans grand succès à la chasse. Et Karm tentait de communiquer avec la créature, ou de lire dans ses souvenirs, pour gagner quelques indices supplémentaires. Laissant la jeune fille, se sentir seule et inutile. Se demandant ce qu'elle pouvait bien faire, elle se tourna vers le cerf le plus proche.


- Je suppose que tu ne parles pas le basique, à tout hasard ? demanda-t-elle d'un ton sarcastique, le regardant dans les yeux.

L'animal ne lui répondit pas. Il la gratifia cependant d'un magnifique coup de langue rose, à la sensation rapeuse, qui lui recouvrit presque tout le visage. Cally eut à peine le temps de fermer les yeux.


- Beurk, grogna-t-elle.

Elle avait l'impression de s'être pris une éponge moelleuse et mouillée en pleine figure. Elle avait à présent le visage recouvert d'une bave visqueuse à l'odeur forte. Elle tenta de s'essuyer du mieux qu'elle put à l'aide de sa manche en marmonnant d'un ton grincheux. Ce faisant, elle baissa sa garde, et un autre cerf en profita pour lui donner un nouveau coup de langue à l'arrière de la tête, sans doute inspiré par les expériences de son comparse.


- Hé, ho, vous allez pas tous vous y mettre ! protesta-t-elle énergiquement.

La plus grande partie de ses cheveux se dressait à présent sur le dessus de son crâne, maintenu par cette bave visqueuse comme si c'était du gel. Cela ressemblait presque à une élégante œuvre d'art moderne. Elle dut agiter les bras devant elle pour repousser de nouveaux ruminants. Pourquoi toutes les espèces de cette foutue planète semblait l'adorer, au point de parfois vouloir même la manger ? Elle vint se coller contre Karm, dos à dos, repoussant de temps à autre du plat de la main les éléments les plus enthousiastes de la harde. Malgré leur différence de taille, Cally avait vite compris qu'appuyer sur leur mufle tendre les dissuadait de façon suffisamment douce pour ne pas les troubler, mais suffisament pour les décourager.


- J'espère que tu as de bonnes nouvelles,
maugréa-t-elle lorsque Karm commença à s'extirper de sa transe.

Fut une époque où être couverte de bave de cerf extraterrestre l'aurait empli de gaieté, mais elle avait visiblement passé l'âge. Ou peut-être avait-elle seulement perdu l'habitude.


Karm Torr
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De l’herbe.
De l’herbe à perte de vue.
De la bonne herbe fraîche, qui fond dans la bouche.
Et le plaisir de déposer négligemment une belle bouse bien liquide…


On se concentre.


Karm naviguait tant bien que mal dans les souvenirs et les impressions du quadrupède, mais l’exercice n’a rien d’aisé. Ce fut à peine s’il sentit Cally s’adosser à lui et, comme aucun danger ne se profilait à l’horizon, son instinct le laissait se plonger un peu plus avant dans l’esprit de son nouvel ami.


Enfin, après de longues minutes, son corps frémit et l’Ark-Ni émergea de la méditation harmonieuse qu’il avait partagée avec l’animal.


OK, fit-il, en caressant la bête à l’encolure, avant de se retourner pour découvrir…


Un fou rire fut sa réaction spontanée, ce qui tranchait pour le moins avec son flegme habituel. Il lui fallut quelques secondes pour se calmer.


Désolé. T’as trop la classe. Super coiffure.


Un coup de langue sur la face vint lui rappeler qu’ils étaient tous les deux dans le même bâteau. Mais lui ne parut pas s’en formaliser.


Ils sont sympas, ces animaux. Bon, ils ont été attaqués une dizaine de kilomètres plus loin, vers un autre lac. Apparemment, la plaine est assez calme et y a guère que les mâles qui perdent les combats, pendant la saison des ruts, qui s’aventurent dans la forêt. Avec le résultat qu’on a vu, quoi…


Mieux valait s’imposer au reste du troupeau.


J’propose qu’on aille se rendre plus présentables, qu’on laisse le vaisseau ici et qu’on poursuivre en marchant. Si on survole la zone, on pourrait créer des mouvements de panique dans des troupeaux similaires, avec des conséquences malheureuses pour les naufragés.


Et, à en juger par le tir de blaster raté, les naufragés en question n’étaient pas exactement des plus dégourdis. Sur ces bonnes paroles, ils regagnèrent le vaisseau et Karm eut naturellement la courtoisie de laisser à Cally le privilège de passer en premier dans la douche exiguë qu’ils partageaient à bord.


Pour sa part, embaumé par l’affection odoriférante de leurs compagnons à quatre pattes, il se pencha sur le relevé holographique de la zone, pour faire coïncider un peu plus précisément les souvenirs qu’il avait aperçus avec la situation exacte du terrain. Heureusement qu’il avait le lac pour point de repère, sans quoi, il aurait été bien incapable de dire dans quelle partie d’une plaine dans l’ensemble assez uniforme l’incident s’était produit.


Quand Cally refit son apparition, il disparut à son tour dans la petite coursive qui menait aux deux cabines minuscules et à la douche qui n’aurait certes pas accueilli un Wookie. L’eau était alternativement glacée et brûlante, comme d’habitude, et la douche fut réduite à son strict minimum. Quelques minutes plus tard à peine, Karm revenait, toujours torse nu — c’est une manie — dans la salle commune, un tee-shirt à la main.


Manger, j’ai oublié qu’on devait manger.


Une longue marche s’annonçait et, quelque paisible que fût leur nouveau terrain, ils avaient tout de même besoin de récupérer des forces. Un petit-déjeuner énergétique et somme toute honorable, à base de bouillie de céréales au lait végétal et de baies décongelées, fut bientôt déposé sur la table.


Et Karm était toujours à moitié nu.
(En voilà un qui n’avait pas volé sa réputation en la matière.)
(Mais que fait la police des mœurs ?)


J’imagine qu’on va les retrouver dans un sale état. S’ils ne savent pas manier le blaster, je suppose qu’ils ont pu manger des racines, des fruits sauvages, ce genre de choses, mais sans vraiment connaître le milieu, les chances de tomber sur quelque chose de comestible, c’est 50/50. Ils ont embarqué quelques rations de survie, mais enfin…


De là à supposer qu’ils étaient morts de faim, il y avait tout un monde, mais Karm s’attendait en tout cas à les retrouver fort affaiblis.


Je me débrouille en guérison, mais ce sera rudimentaire, ça me paraît sage d’envisager une escale à la station spatiale la plus proche sur le chemin du retour.


Ce n’est pas qu’il mettait la charrue avant les bœufs, mais plutôt qu’il préférait envisager clairement la marche à suivre, plutôt que de devoir y réfléchir une fois au pied du mur. Tout cela, en tout cas, avait été dit sur le ton de la suggestion, parce que Karm s’en référait au bout du compte à l’expérience de la Maître, pour qui cette situation ne devait pas être entièrement nouvelle.
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Les joues de Cally se gonflèrent sous la contrariété quand Karm commença à rire après avoir vu sa coiffure. Elle même ne pouvait pas se voir, mais ça ne devait pas être triste, elle s'en rendait bien compte. Elle lui enfonça mollement un poing dans le ventre pour lui signifier son mécontentement. Comme si le fait qu'elle soit rouge comme une pivoine ne suffisait pas. Même si auparavant cela ne la dérangeait pas qu'on se moque de son physique - elle plaisantait elle-même la dessus d'ailleurs - elle n'était pas encore suffisamment habituée à sa nouvelle enveloppe pour endurer les critiques, fussent-elles taquines ou gentilles. Il lui faudrait un peu plus de temps pour cela. Au moins avait-elle tiré une émotion du flegmatique Jedi, c'était toujours un petit point positif.

Heureusement, un des cervidés se chargea de régler les compteurs en infligeant le même sort à Karm, ce qui dérida instantanément la jeune fille. Comme quoi, l'équilibre dans la Force, le karma ou quel que soit son nom, ça existait. Elle écouta avec sérieux le rapport du l'Ark-ni, même si elle aurait préféré attendre qu'ils rentrent dans le vaisseau pour faire cela. Se faire bousculer par de gros mammifères qui ne prêtaient qu'à moitié attention à eux n'était pas vraiment ce qu'elle aurait qualifié de situation propice à la concentration, ou même à la discussion. Cela devait être un peu plus facile pour le Jedi, mais Cally se rendait bien compte que les cerfs ne semblaient pas la voir une fois sur deux. Elle devait être prudente, le moindre choc pouvant s'annoncer assez rude pour sa faible carrure.

Elle acquiesça à son début de plan, et ils purent rentrer au calme à l'intérieur de leur navette pour se rafraichir. Cela n'aurait tenu qu'à Cally, elle aurait probablement repris la recherche des survivants tout de suite. Après tout, ils ne savaient pas dans quel état ils pourraient les retrouver, leur situation était peut-être critique. Mais bon, il valait mieux faire un brin de toilette et se revigorer un peu. Qu'ils n'aient pas l'air de pirates dépenaillés en arrivant, sinon les survivants allaient limite se méfier d'eux. Et puis, ils ne savaient pas si l'espèce de bave dont ils étaient recouverts n'était pas dangereuse d'une quelconque façon, même si c'était la dernière considération qu'éprouvait Cally.

Elle put donc prendre une rapide douche dans une cabine qu'elle considéra presque comme spacieuse. Elle avait des souvenirs d'espaces beaucoup plus restreints... Il ne lui vint pas à l'idée que c'était plutôt elle qui avait rapetissé. Elle se débarrassa avec célérité de la crasse qu'elle avait accumulé depuis la veille, et se débarbouilla, avant de laisser sa place à Karm, qui était visiblement dans un aussi triste état qu'elle. Alors qu'il se lavait, elle prépara deux gros sacs à dos avec le nécessaire pour la suite: des rations de nourriture, de l'eau potable, une paire de kit de premiers soins et quelques couvertures de survie. Cela devrait pouvoir couvrir les besoins les plus urgents des survivants quand ils les retrouveraient.

Puis, alors que Karm sortait de sa douche avec le corps à moitié nu et luisant d'une divinité Kuatie, elle se pencha elle-même sur la carte annotée qu'il lui avait laissé, analysant leur trajet et les données topographiques que les senseurs avaient repérées. Elle accepta la nourriture que lui proposa son compagnon sans même y jeter un coup d'oeil, l'avalant distraitement sans même imprimer le goût ou la consistance tant elle était concentrée sur son analyse. En bonne aventurière, Cally était capable d'avaler à peu près n'importe quoi sans se plaindre. Elle écouta Karm lui parler de station spatiale, avant de répondre de sa voix fluette:


- Je suis d'accord, on pourra toujours changer d'avis si on se rend compte qu'ils sont suffisamment en forme... Nous même aurons le droit à une petite quarantaine avec visite médicale normalement, autant le faire au plus tôt.

Il s'agissait d'une procédure standard. Vu qu'ils revenaient d'une planète peu connue n'abritant pas de vie sentiente, il valait mieux vérifier ce qu'ils avaient ramené avec eux.


- Blip, pourrais-tu s'il te plait calculer un itinéraire de retour avec une base médicale, terrestre ou spatiale, avec un niveau NBC suffisant pour nous faire une visite médicale avec isolation ? Il faudrait que ça ne dévie pas de plus de trente parsecs de notre itinéraire de retour normal. Et, au cas où, identifie la base médicale la plus proche pour les cas graves, au cas où on ait une urgence.


Le droïde bipa d'un air inquiet, en se penchant légèrement en avant.

- Fais pas cette tête, c'est juste au cas où. Je suis sûre qu'ils vont bien, le rassura-t-elle.

Ayant englouti son repas sans avoir visiblement mâché quoi que ce soit, elle récupéra un des sacs qu'elle avait préparé, ajusta son énorme masse sur ses petites épaules avant de lancer l'autre à son compagnon. Elle s'assura tout de même qu'il ait finit son repas, avant de le motiver :


- Allez, du nerf, on se dépêche maintenant ! Et rhabille toi un peu, tu vas me donner froid, plaisanta-t-elle.

Et ils partirent dans la plaine, laissant leur navette derrière eux pour ne pas risquer de paniquer la faune locale si proche de leur but. Si Cally semblait un peu peiner sous le poids de son propre sac, qui était identique à celui de Karm, elle ne s'en plaignit pas. Elle avait oublié qu'elle n'avait plus la même carrure qu'avant. Mais c'était une question de fierté que d'être sur pied d'égalité avec le chevalier. Le souffle un peu court, les joues rouges sous l'effort, elle tenta d'engager la conversation :


- Alors comment se... ffffff... se porte l'Explocorp depuis que... je ne suis plus là ?

Elle n'avait pas pris de nouvelles depuis longtemps, et était curieuse de voir comment la situation avait évolué, notamment par rapport à la guerre. Mais ce n'était que du bavardage sans grand intérêt pour passer le temps finalement.

Ils arrivèrent finalement au lac mentionné, ou un autre troupeau de ces sortes de gros cerfs se désaltérait d'un air indolent. L'étendue d'eau était longée sur un de ses côtés par un ensemble relativement plat de rochers, surement calcaires, percés de trous qui pourraient bien être les cavernes qu'ils cherchaient, et recouverts de plaques de lichens et de buissons épineux. Les mains sur les genoux, haletante, le visage rouge, Cally demanda à son compagnon:


- Ca doit... fuuuuuuu... être là non ? Regarde l'ouverture la plus en... Shhhhh... haut à droite. La couverture de verdure... me semble pas... naturel.

Elle profita de leur arrêt momentané pour se débarrasser du sac qui lui sciait les épaules. C'était peut être trop lourd pour elle finalement, mais c'était une question de fierté.


- Tu ressens leur présence à travers la Force ?

Puis, s'épongeant l'air de rien son front couvert de sueur:


- Fais chaud, pas vrai ? fit-elle, se cherchant une excuse.
Karm Torr
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La guerre a pas mal changé la nature des missions, répliqua le chevalier Jedi, qui évidemment ne souffrait pas tant que sa comparse.


Cally avait besoin d’aide, c’était évident, mais Karm jugea très vite que la meilleure aide à lui apporter, c’était de la laisser marcher sur un pied d’égalité, fût-il douloureux, le pied en question. De toute façon, il fallait bien qu’elle recommence à développer sa musculature et l’effort sur le terrain était de loin préférable aux mouvements artificiels d’une salle de sport.


Y a beaucoup de réfugiés, comme tu te doutes, et il faut leur trouver des endroits où se reloger. Les planètes déjà urbanisées sont assez frileuses niveau intégration, alors les colonies de peuplement se sont présentées comme un choix naturel. Mais du coup, faut identifier des planètes, délimiter des zones, accompagner les gens, au besoin les former, ce genre de choses. Depuis quelques années, je fais pas mal ça.


C’était une transformation de taille pour des explorateurs, souvent habitués à mener une existence relativement solitaire. Karm s’était retrouvé en plein camp de réfugiés, à expliquer le fonctionnement d’une pompe hydraulique. Il avait vécu là des expériences très dures, mais aussi très enrichissantes, avec ces gens déplacés par les conflits, qui avaient tout perdu et qu’on rechignait encore à accueillir.


Mais c’est encore la partie la plus reluisante du boulot. Parce qu’avec la guerre, ben, évidemment… Y a besoin d’éclaireurs.


Et pour certains membres de l’ExploCorps, à la vocation beaucoup plus scientifique que guerrière, ce rôle n’était pas accueilli de gaieté de coeur. Karm se dévouait autant que possible pour ces missions mortelles, bien conséquent qu’avec son passif de Gardien expert des opérations spéciales, il était probablement le plus indiqué pour les mener à bien. Mais il ne pouvait pas être partout et nombre de leurs camarades partaient au combat, parfois guère plus préparés à affronter la guerre qu’un jeune Padawan fraîchement promu chevalier.


Pour compenser ces sombres tableaux, Karm crut bon de partager quelques anecdotes sur l’ExploCorps, des choses anodines qui rendaient un peu de douceur à une galaxie déchirée par les conflits. C’est sur cette note-là qu’ils arrivèrent finalement au lac. L’Ark-Ni plissa les yeux et hocha la tête, quand Cally identifia la grotte qui paraissait la meilleure candidate pour la suite de l’exploration.


Dans la Force, il s’attachait désormais à démêler la vie végétale de la vie animale, et les êtres pleinement conscients des paisibles herbivores. Sa respiration se fit de plus en plus lente, à mesure qu’il se plongeait dans la Force et que le monde se présentait différemment à lui. Et puis, au bout de quelques minutes, il hocha à nouveau lentement la tête.


Ils sont là, murmura-t-il. Quatre survivants.


La pilote avait donc été la seule à périr dans la catastrophe.


Allons-y.


La descente, pour une fois, ne s’annonçait pas trop malaisée : des corniches irrégulières mais assez larges, qui servaient en d’autres saisons à la nidification, permettaient de cheminer, en s’accrochant aux anfractuosités de la paroi, jusqu’à la caverne. Karm passa en premier, et il avançait prudemment, pour s’assurer de la solidité de la roche. Une fois près de l’entrée de la caverne, il lança :


Professeure von Rapfel, docteur T’Kal, caporale Bargen, sous-officier Prost, ici le Chevalier Torr, du corps d’exploration jedi, et Maître Venta. Nous venons pour vous porter secours.


Une manière de ne pas se faire accueillir par des tirs de blaster. En quelques secondes, les branchages furent dégagés et le visage soucieux de Wafreda von Rapfel, une femme d’une soixantaine d’années dont le regard, même fatigué, brillait d’une grande intelligence, apparut par l’ouverture.


Que la Force soit bénie, venez, venez !


Karm se glissa dans la caverne, éclairé par une lampe de campement. Il n’eut pas de mal à identifier qui était qui. Le jeune homme à la carrure un peu chétive ne pouvait être que le post-doctorant de von Rapfel, tandis que la jeune femme aux cheveux courts était nécessairement Selina Bargen et l’autre militaire couché sur lequel elle veillait, son subordonné, Jasper Prost. L’éclaireur avait l’air mal en point.


Il a été saisi par de fortes fièvres, expliqua aussitôt la professeure von Rapfel, qui ne perdait jamais son temps en palabres inutiles, il y a vingt-quatre heures environ. Les médicaments du kit de secours que nous lui avons donnés n’ont pas produit d’effets.
Je vais voir ce que je peux faire, et Maître Venta…


Trois regards se tournèrent vers la jeune fille et se firent aussitôt fort incrédules.


… va vous expliquer notre plan d’évacuation.


Et le Jedi se débarrassa de son sac à dos pour s’agenouiller auprès du convalescent. Une main posée sur son front, l’autre sur son ventre, il se plongea une nouvelle fois dans la Force, pour saisir l’étendue du mal, à défaut de son origine. En quelques minutes, il détermina que la situation n’était pas critique et que, sans l’affaiblissement causé par la marche et la privation de nourriture, la fièvre aurait sans doute passé en quelques heures. Mais désormais, le malade était faible et son état pouvait s’aggraver.


Craignant de faire plus de mal que de bien en ignorant la nature précise du mal, Karm décida d’employer ses pouvoirs à le stabiliser simplement, laissant la guérison à des professionnels plus experts que lui.
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