Glurba Lugliiamo
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SLIVIQAS – Padawan Lugliiamo.

Glurba venait d'entendre la porte de sa chambre s'ouvrir. Malgré sa médiocrité dans la perception de la Force, cela faisait trop longtemps qu'il cotoyait son maître pour ne pas l'avoir senti approcher de sa chambre. Avant même d'entendre la voix du Quarren, il avait su que c'était lui qui venait le trouver. Encore trop concentré sur la carcasse d'alternateur hydraulique sur son bureau devant lui, il laissa Maître Sliviqas entrer alors qu'il désolidarisait une pièce supplémentaire. En ce début de matinée, deux cours en conférence avaient lieu, l'un sur les grands noms jedis, l'autre sur la philosophie autour de la Force au fil du temps. Bref, que des cours ultra théoriques bien pénibles, pas du tout au goût de Glurba, qui avait de toute façon l'impression d'entendre des rééditions de cours auxquels il avait déjà assisté par le passé. Alors, pendant qu'une majorité de Padawans assistaient en ce moment même à l'un ou à l'autre de ces deux cours, Glurba bricolait des trucs et des machins dans sa chambre.

SLIVIQAS – Je viens de te trouver une occupation pour aujourd'hui.

Glurba reposa son dériveteur et se tourna face à son maître.

GLURBA – Pourquoi donc ? Sans offense, je m'occupe déjà.

Sliviqas échappa un soupir.

SLIVIQAS – Ne fais pas semblant de ne pas comprendre. Presque tous les Padawans sont en cours, et toi, tu es là, dans ta chambre, à t'adonner à tes loisirs.
GLURBA – J'apprends beaucoup en bricolant. Cela s'est déjà avéré utile en mission.

Sliviqas ignora l'argument et poursuivit :

SLIVIQAS – Souvent, je te laisse faire sans rien te dire au vu de ton âge. Cela fait plus de quarante ans que tu es Padawan, si je ne me trompe pas, alors je te laisse certains privilèges. Seulement, si des fois, tu as l'excuse de connaître déjà les cours par cœur, ce n'est pas le cas pour les cours actuels de ce matin, puisque tu les as toujours fui. Ou alors, tu étais présent mais tu n'étais pas attentif et tu ne retenais rien. Ce n'est pas la première fois que je te dis que tu ne peux pas faire uniquement ce qui te plaît, ici.
GLURBA – Je n'aime pas que vous me décriviez comme un élève capricieux qui n'est pas au fait de la nécessité de s'intéresser à beaucoup de choses. Je suis plus polyvalent que beaucoup d'autres Padawans ici. Chacun ses atouts. Je ne peux pas être bon élève partout, personne ne l'est.

Nouveau soupir de Sliviqas. La lassitude de ce débat avec son élève.

SLIVIQAS – Je ne suis plus la personne qu'il te faut, semble-t-il. Nous avons déjà eu cette discussion plusieurs fois et il semble que je n'arriverai pas à te faire ouvrir les yeux.

Glurba marqua un arrêt, se répétant ce que Sliviqas venait de dire et ce que cela pouvait impliquer. Avec une crainte dans la voix, il demanda :

GLURBA – Vous... ne désirez plus être mon maître ? Vais-je devoir en changer ?
SLIVIQAS – J'y songe, oui, figure-toi. Il faut voir les choses en face : je n'ai plus d'autorité sur toi, si tant est que j'en aie jamais eu. J'ai de plus le sentiment de ne plus rien avoir à t'apprendre ; et je commence à me faire vieux. Pour finir, je crains de commencer à m'attacher à toi ; et je me permets de croire que c'est déjà réciproque depuis longtemps. Je dois être lucide et prendre la bonne décision.

Glurba resta sans voix. Il comprenait pourtant parfaitement les arguments de Sliviqas, mais c'est justement pour ces mêmes raisons qu'il aimait avoir Sliviqas comme maître. Sliviqas le comprenait, et ne cherchait pas à le changer, il l'acceptait tel qu'il était. Il n'était pas autoritaire, mais il restait quelqu'un de réconfortant, d'encourageant, qui aisait malgré tout Glurba à prendre conscience des limites qu'il était sur le point de franchir parfois. Glurba n'avait aucune envie de changer de maître. Les choses seraient forcément différentes. Seulement, Glurba savait qu'il n'avait aucun argument à opposer à cette éventuelle décision. Peut-être que Sliviqas y songeait déjà depuis un moment, et il était de toute façon trop tard pour le convaincre que c'était une mauvaise idée.

SLIVIQAS – Mais je ne suis pas venu te parler de ça. Au moins, puisque nous venons d'en parler, tu peux toujours t'y préparer, ça t'évitera la surprise. Je suis venu te parler de l'occupation, disais-je, que je t'ai trouvée pour aujourd'hui. Une personnalité politique, et non des moindres, devrait arriver au temple dans moins d'une heure. Et tu viens tout juste d'être désigné pour l'accueillir. Il s'agit ni plus ni moins de la Vice-Chancelière, Lana Anthana.

Sliviqas savait que Glurba n'allait pas lui poser la fameuse question « Pourquoi moi ? ». Tout simplement parce que Glurba était très fier qu'on lui confiât des tâches importantes et des responsabilités. Il n'avait pas à demander pourquoi on le choisissait lui, puisqu'il trouvait toujours cela assez logique. Il avait beaucoup d'estime de lui-même. Alors, on pouvait s'imaginer qu'un Maître Jedi, ou au moins un Chevalier, aurait été mieux placé pour accueillir la Vice-Chancelière, mais Glurba savait qu'il avait toutes les qualités pour remplir cette fonction aussi bien.

SLIVIQAS – Je te fais confiance. Réponds à ses questions, fais-lui visiter le Temple, occupe-la. Donne une bonne image des Jedis. D'ailleurs... je suis vraiment désolé, je sais que tu n'aimes pas ça, mais...

Sliviqas sortit un large mouchoir épais, et essuya toute la bave verdâtre que le Hutt s'était laissé couler sur le buste alors qu'il était concentré sur son bricolage. En effet, Glurba n'aimait pas qu'on l'essuie comme si sa bave était quelque chose de sale ou de répugnant. Même chose pour son mucus, à la différence que s'il pouvait faire l'effort de se retenir de bave, il était en revanche physiologiquement incapable d'arrêter de sécréter son mucus par la peau.

SLIVIQAS – Pour toi, ce n'est pas sale, mais la Vice-Chancelière est une Umbarane, pas une Hutt. Tu ne l'impressionneras pas en bavant, tu risqueras simplement de l'écœurer.
GLURBA – Je sais, je sais...

grommela le Hutt en se laissant essuyer.

SLIVIQAS – Voilà. Enfile une bure propre et attend devant l'accès à l'astroport. Je ne te fais pas l'injure de te montrer à quoi ressemble notre Vice-Chancelière. En revanche, je ne sais pas si tu as retenu qu'il s'agit d'une ancienne Sith, mais c'est derrière elle. Aujourd'hui c'est l'une des rares personnes assez populaires au gouvernement. J'ignore comment elle réagira si tu l'interroges sur son passé. Le mieux reste de parler de politique, dans un premier temps. Va sur son terrain. Tu sais t'adapter, c'est pour ça que je te fais confiance.

Glurba hocha la tête et se déplaça vers le placard où il rangeait ses bures. Sliviqas ouvrit la porte de la chambre pour s'apprêter à sortir et laisser l'élève se changer seul.

SLIVIQAS – Oh, et fais-moi plaisir : intéresse-toi, cette fois-ci. En plus, je suis sûr que tu ferais un bon politicien, si tu t'intéressais à la politique.

Glurba prit cela pour un compliment, au contraire de nombre de personnes à qui l'on dirait la même chose.

SLIVIQAS – Je te laisse, Padawan Lugliiamo. Ne perds pas un instant.
GLURBA – Comptez sur moi, maître.

Trente-cinq minutes plus tard, voilà Glurba patientant devant l'entrée du Temple du côté de l'astroport. Dehors, du personnel de sécurité supplémentaire encadrait la piste et gérait les journalistes. Glurba profita du temps qu'il avait devant lui pour repenser à ce que son maître lui avait annoncé : il allait probablement être confié à un autre maître. Cela le taraudait. Est-ce que ça allait vraiment se faire ? Dans combien de temps ? Et surtout, qui serait son nouveau maître ? Vu ce que Sliviqas avait dit, il allait chercher à placer Glurba dans le giron d'un maître plus autoritaire. Quelqu'un qui n'allait donc pas accepter le Hutt tel qu'il était. Peut-être quelqu'un qui allait se laisser porter par tous les préjugés sur sa race...

L'on vint annoncer à Glurba que la Vice-Chancelière de la République venait d'atterrir, et qu'elle allait entrer par la porte d'ici quelques minutes. Glurba fit un hochement de tête.
Et en effet, quelques minutes après, il la vit entrer. Glurba s'était retenu de baver depuis trois quarts d'heure, et seul son mucus avait commencé à souiller l'intérieur de sa bure qui restait encore immaculée vue de l'extérieur. Glurba se déplaça face à la Vice-Chancelière.

GLURBA – Madame Anthana, bonjour, et bienvenue. Je suis Glurba Lugliiamo, Padawan de mon état, et chargé de vous guider et de répondre à toutes vos questions. Enchanté.

Il tendit solennellement le bras.
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Lana n'aimait pas les jedi. Elle n'aimait vraiment pas les jedi... Et vous savez quoi ? Les jedi ne l'aimaient pas non plus. Cette histoire remontait à des années maintenant, durant les vertes années de Lana, quand elle flirtait doucement avec le côté obscur. Comme elle avait déjà un l'époque un siège au Sénat galactique, elle faisait une cible de choix pour les jedi, qui souhaitaient la faire chuter à tout prix. Comment leur en vouloir ? Elle aurait fait de même à leur place. Cela était un brin flatteur par ailleurs. Complots politiques, coups bas et procès judiciaire avaient peuplés cette période de la vie de l'umbaranne. Et puis Lana, comme toute bonne politicienne, avait fini par retourner sa veste.

Elle avait fait un simple constat, celui qu'elle n'avait pas sa place dans l'Empire. Elle ne l'avait jamais eu. Elle n'avait alors pas eu beaucoup de choix d'alignements... En trahissant l'Impératrice, elle s'était réfugié dans la République, et avait alors pactisé avec l'Ordre Jedi pour qu'il arrête de la harceler. Avait-elle abandonné le côté obscur ? Pas le moins du monde. Son âme était toujours aussi sombre qu'auparavant. Elle avait simplement promis de suivre les lois de la République, et d'appuyer l'Ordre lorsque celui-ci lui demanderait. Lana avait un certain poids au Sénat, et comme les jedi ne connaissaient de la politique que le mot lui-même, cet appui devait être plus que bienvenue pour les jedi !

Mais cet accord n'empêchait pas les deux parties en présence de ne pas s'apprécier. Juste de s'entraider.

Ainsi, Lana devait parfois se rendre au temple pour échanger des informations, ou simplement discuter. En tant que "ancienne" sith, il y avait toujours un certain nombre de maitres qui souhaitaient la voir. Il fallait bien que la sénatrice se fasse voir au temple de temps à autre pour assurer les relations qu'elle entretenait avec l'Ordre, de peur qu'ils brisent leur accord. De son côté, elle s'arrangeait pour en tirer quelques bénéfices : elle faisait en sorte que les médias soient au courant, afin de renforcer son image. Si elle côtoyait les jedi, ces fameux gardiens de la paix, sages et vertueux, elle ne pouvait être qu'une personne vertueuse elle aussi. Toute bonne publicité était bonne à prendre, même s'il fallait avouer que Lana jouissait déjà d'une popularité très haute pour une politicienne.

Aussi, lorsqu'elle sortit de sa navette, posée aux abords du temple d'Ondéron, les journalistes étaient déjà là, leur holocaméras braquées sur elle. En tant que vice-chancelière, elle croisait les médias à peu près partout où elle allait de toute manière. Elle se prêta de bonne grâce à ce petit jeu, qu'elle connaissait bien. Elle répondit aux questions, restant délibérément vague lorsque le sujet ne lui plaisait pas trop. Ce n'était pas une séance de presse non plus ! Cependant, ce genre de petit bain de foule était nécessaire pour maintenir son image. La sénatrice assura tout son soutien aux jedi, les dressant en gardien de la République et rouage essentiel contre l'Empire. Elle n'accorda cependant aux journalistes que quelques minutes, et lorsqu'ils commencèrent à devenir trop insistant dans leurs questions, elle s'excusa poliment, signifiant qu'il serait impoli de faire attendre l'Ordre Jedi plus longtemps. Ce n'est alors qu'elle s'enfonça dans les profondeurs du Temple.

Elle marqua un temps d'arrêt à la grande porte d'entrée, nerveuse. Lana avait toujours l'impression de se jeter dans la gueule du loup lorsqu'elle entrait là dedans... Malgré toutes ses belles paroles, elle avait encore beaucoup de mal à ne plus considérer les jedi comme des ennemis. Alors des alliés, n'en parlons pas. Elle n'avait pas pris son sabre laser, comme pour exprimer un marque de confiance qu'elle n'éprouvait pas. Elle s'assura toutefois qu'elle avait bien son couteau en minerai de Phryk était bien à sa ceinture, invisible sous les plis de sa robe. Elle portait aujourd'hui une somptueuse robe violette qui lui descendait aux chevilles et remontait jusqu'à la poitrine. Afin de se couvrir un peu plus du soleil d'Ondéron, qui pourrait se montrer très cruel pour sa peau fragile, elle avait opté pour une paire de manchon en tissu qui lui couvrait entièrement les bras. Sur son visage fin, une épaisse paire de lunette sombre protégeait ses yeux délicats.

A part quelques bracelets en cuivre, elle n'avait aucun insigne ou ornement supplémentaire. L'umbaranne ne préférait pas attirer le regard sur elle lorsqu'elle était ici. A vrai dire, son aura sombre à travers la Force lui assurait déjà assez de regards en coin. Comme une marque sombre au milieu d'un drap d'un blanc éclatant, elle faisait particulièrement tâche ici. Mais personne ne s'aventurerait à l'agresser tant qu'elle restait à côté de son guide. Car à chaque fois qu'elle venait ici, on lui collait quelqu'un pour la journée. Officiellement, pour qu'elle ne se perde pas. Elle se doutait que c'était plutôt pour qu'elle ne parle pas à n'importe qui, ou qu'elle n'aille pas fourrer son nez là où elle n'était pas invitée. Les jedi étaient comme tout le monde, ils devaient bien avoir un cadavre ou deux planqués dans le placard...

Aujourd'hui, ce fut un Hutt qui l'accueillit. Depuis la tour des Kajidics, Lana avait vu assez de Hutt pour le reste de sa vie, et peut être la suivante... Cependant, elle n'en fit pas la remarque. Il se présenta formellement, et tendit sa petite main graisseuse et couverte de mucus. Devait-elle vraiment la serrer ? La vice-chancelière ayant déjà été couverte de tripes de Hutt encore chaudes, elle avait connu bien pire, mais ce n'était pas pour autant qu'elle allait le faire ! Elle esquiva habilement le problème en plaçant le datapad qu'elle transportait jusque là dans la main de Glurba.


- Padawan, voici la liste des personnes que je dois rencontrer, avec le lieu et l'heure indiquée. Ayez l'obligeance de me guider afin que je n'en rate aucun,
déclara-t-elle d'une voix un peu froide. On la sentait clairement sur la défensive.

Lorsqu'elle était avec des jedi, Lana avait tendance à se montrer beaucoup moins courtoise qu'en tant normal... Mais bon, de nombreux jedi ne s'encombraient pas non plus de protocole avec elle, alors c'était de bonne guerre.
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Eh bien, que ce fut chouette de se prendre un vent de la part de la Vice-Chancelière de la République ! Cette dernière lui remit simplement un datapad. Sauf qu'il était évident que ce n'est pas pour ça que Glurba avait tendu le bras ! Lana Anthana, comme beaucoup de gens, était sûrement dégoûtée à l'idée de serrer la main d'un Hutt. Glurba ne comprendrait jamais en quoi ça pouvait dégoûter autant de gens dans la galaxie, mais il en était conscient ; il en tint tout de même rigueur à Lana Anthana, car cette dernière n'était pas n'importe qui, elle était une responsable politique, en visite de courtoisie dans le Temple Jedi, aussi devait-elle se rompre à un certain protocole. Aurait-elle préféré que Glurba lui fasse un salut jedi ? Justement, Glurba s'était dit que Lana Anthana était plus habituée à serrer des mains, aussi s'était-il mis à son niveau, signe d'adaptation à son interlocutrice, et tout ce qu'il recevait, c'est un vent glacial. Il regarda, vexé, le datapad qu'il avait maintenant dans la main, et le rangea dans une poche de sa bure.

Mais ce n'est pas la seule impolitesse commise par Lana Anthana. En plus de le glacer avec ce vent, elle lui parla sèchement comme si Glurba n'était qu'un laquais. Elle devait pourtant bien savoir que partout dans la galaxie, un Hutt n'était jamais le laquais de personne. Les Hutts dirigeaient la galaxie, et quand ils n'étaient pas membres d'un kajidic que chaque autre race devait révérer, où des personnalités politiques, ils étaient Jedis. Avait-on jamais vu un Hutt esclave, ou même simplement serviteur ? Lana Anthana commettait l'outrage de prendre le Padawan pour son valet en lui parlant comme à un chien. Pas un “bonjour”, pas même un simple geste de salutation, pas un sourire, rien. Même un petit “enchanté” par simple formalité aurait été de bon ton.

On appelle ça : la politesse.

Un mot que Lana Anthana ne devait pas connaître. Glurba avait rarement été aussi refroidi par quelqu'un. On lui avait souvent manqué de respect, mais généralement ça venait de personnes dont ce manque de respect n'avait rien d'étonnant. Un Padawan méprisant, un contrebandier, la cible d'une enquête, un citadin lambda... mais pas la Vice-Chancelière de la République ! Cette politesse élémentaire était tout de même attendue, là ! Glurba était abasourdi.

GLURBA – Désirez-vous un rafraichissement, peut-être ? Vous semblez tendue.

« Vous semblez surtout impolie, sauf que comme, moi, je n'ai pas envie de déborder si vite, je vous le fais remarquer par euphémisme, à vous de comprendre le message. Connasse. »
D'accord, le “connasse” ne ressemblait pas au langage de Glurba ; mais le Padawan était tellement sur le cul de se faire parler de la sorte par la Vice-Chancelière, qu'un instant ça le démangea de l'insulter un petit coup. Juste comme ça. Pour voir comment, elle, elle réagirait en étant traitée comme un chien.

Glurba ressortit le datapad de sa poche, au moins pour regarder le premier rendez-vous sur le planning de Lana Anthana. Ils avaient un peu moins d'une heure devant eux.
Le Hutt se mit à ramper dans le couloir en invitant la politicienne Umbarane à le suivre.
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Lana sentit une subtile évolution dans le comportement de Glurba, sans toutefois en trouver la cause. Ni même l'évolution elle-même à vrai dire. Quel sentiment transparaissait à travers le faciès du Hutt ? Elle n'aurait pas su le dire avec exactitude. Loin des humanoïdes classiques, leur expression étaient souvent difficile à décrypter, même pour une personne ayant l'expérience de la sénatrice. Mais pourquoi s'en inquiéter après tout ? C'était un jedi. Ce n'est pas comme si lui aurait pu s’intéresser à ce qu'elle était, ou même être prévenant.

Cependant, sa remarque la surpris par sa naïveté. Elle, mal à l'aise ? Comment en aurait-il pu être autrement ? Lana était ici une tâche noire sur un tissu parfaitement blanc. Son aura obscure, qu'elle réprimait à grand peine, ne pouvait s'empêcher de ressortir dans un tel océan de pureté. L'umbaranne n'était pas à sa place ici. Comme si les regards en coin ne suffisait pas, elle le ressentait physiquement. Elle était mal à l'aise. Elle avait l'impression que la Force présente en ces lieux tentait de l'étouffer. Sa simple présence était oppressante. Elle jeta un regard en coin à Glurba, invisible derrière ses grosses lunettes de protection.


- Tendue... ? débuta-t-elle.

Elle emboita lentement le pas au padawan, essayant d'éviter sa trainée de mucus. Même si elle ne portait pas de talons aujourd'hui, elle ne tenait pas à glisser. Elle passa une main dans ses longs cheveux noirs qui cascadaient dans son dos, faisant tinter doucement les bracelets de cuivre à ses poignets.


- Imaginez que vous vous promeniez en plein temple Sith, entouré de ses occupants qui ne vous veulent que du mal. C'est à peu près ce que je ressens actuellement.

Le passif qu'elle avait avec les jedi était tout simplement trop important pour être oublié. Lana faisait simplement des efforts pour les supporter, et de respecter sa part du contrat. Le reste aurait été trop demandé. Et dans son égocentrisme assumé, la vice-chancelière supposait que c'était vrai dans le sens inverse. La plus grande majorité des jedi supportait tout juste sa présence, mais elle se rendait bien compte qu'elle les répugnait. Elle pouvait bien les aider, supporter la République dans son combat contre les sith, être une citoyenne modèle... Elle ne restait qu'une sith, drapée dans son manteau d'obscurité.

Lana était actuellement en territoire ennemi.


- Vous ne ressentez pas mon aura ? Vous ne connaissez pas mon histoire ? Je suis une ancienne sith, doublée d'une politicienne. L'archétype même de ce que les jedi ont appris à détester, à combattre. A chaque fois que je pose les pieds dans ce foutu temple, j'ai peur de ne pas en ressortir. Alors oui, je suis tendue... bougonna-t-elle.

Au moins quand elle était au temple, elle pouvait se montrer aussi franche qu'elle le voulait. Elle n'avait plus rien à cacher, plus rien à prouver. Aucune formule de politesse, aucune courbette. Aucune courtoisie. Elle pouvait redevenir la personne égoïste et égocentrique qu'elle était vraiment au fond d'elle.

Mais bon, c'était le seul et unique point positif de ces visites.
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LANA – Tendue... ?

Alors, allait-elle comprendre le message ? Ou n'avait-elle pas assez de finesse pour comprendre que Glurba ne faisait pas là que s'intéresser par pure politesse à son aise ? En tout cas, elle se mit à marcher légèrement derrière lui, sur le côté, évitant ainsi son sillage gluant. Elle réarrangea ses cheveux, peut-être dans un geste nerveux, ce qui fit tinter ses multiples bracelets. Elle semblait effectivement mal à l'aise, et encore, Glurba ne chercha pas à le confirmer à travers la Force. Toutefois, même sans se concentrer, il pouvait bien sentir l'aura de l'Umbarane. Une couleur teintée d'Obscur.

Un peu à retardement, cela interpella Glurba. On ne lui avait pratiquement donné aucune information au sujet de la Vice-Chancelière. Sliviqas était venu l'informer de sa mission qu'au dernier moment et était reparti sans lui laisser le temps de poser beaucoup de questions. En y réfléchissant, cette façon de faire était un peu intriguante. Pourquoi ne prévenir Glurba qu'au dernier moment ? Ce n'était pas habituel. Sliviqas, ou au moins les instances supérieures du Temple, devaient savoir déjà depuis un bon moment que la Vice-Chancelière allait séjourner au Temple. Glurba ne pouvait pas croire qu'ils s'étaient organisés au tout dernier moment, une heure ou deux avant son arrivée !

Y avait-il là une volonté de laisser Glurba poser ses questions directement à Lana Anthana ? De découvrir par lui-même qu'elle possédait une aura teintée d'Obscur, ce qui était pour le moins étonnant de la part de la Vice-Chancelière de la République ? C'était bien le style des Maîtres Jedis, de pousser les Padawans à se poser des questions et à trouver eux-mêmes les réponses, plutôt que tout leur fournir sur un plateau d'argent sans qu'ils n'eussent à se montrer curieux. Et il faut dire que Glurba comprenait parfaitement cette philosophie et cette pédagogie-là, et il la cautionnait même.

Il commençait donc à comprendre, se disant que Lana Anthana n'était pas une politicienne ordinaire. Il y avait anguille sous roche, de toute façon, c'était certain. Sliviqas avait envoyé le Padawan accueillir Lana Anthana en contrepartie de son absence aux cours. Et s'il s'agissait-là d'un cours pratique, en réalité ? Sliviqas venait d'envoyer Glurba apprendre des choses. Mais pas auprès d'un enseignant.

LANA – Imaginez que vous vous promeniez en plein temple sith, entouré de ses occupants qui ne vous veulent que du mal. C'est à peu près ce que je ressens actuellement.

Glurba fit une mine songeuse en analysant les propos de la Vice-Chancelière. Pour une politicienne, il était à noter que la première comparaison qui lui venait à l'esprit concernait les Siths. Un politicien “normal” n'aurait sans doute pas cette image en premier dans son esprit, ou alors il mettrait en doute sa propre comparaison avec des “j'imagine que” ou des “de ce que je sais des Jedis”.

Et de toute façon, Glurba n'eut pas à tergiverser bien longtemps, puisque Lana Anthana mit d'elle-même les pieds dans le plat :

LANA – Vous ne ressentez pas mon aura ? Vous ne connaissez pas mon histoire ? Je suis une ancienne Sith, doublée d'une politicienne. L'archétype même de ce que les Jedis ont appris à détester, à combattre. A chaque fois que je pose les pieds dans ce foutu temple, j'ai peur de ne pas en ressortir. Alors oui, je suis tendue...

C'était donc ça, le projet de Sliviqas... Pousser Glurba à dialoguer avec une ancienne Sith... Mais pourquoi ? Glurba n'avait a priori pas besoin de dialoguer avec une ancienne Sith... Il en avait déjà rencontrés, des Siths. Bon, généralement, ça s'était mal passé. Les Siths restaient des ennemis, après tout.
Mais justement... Glurba ne faisait que considérer les Siths comme des ennemis. Et puis, Lana Anthana n'était pas qu'une ancienne Sith, c'était une politicienne. Glurba n'avait jamais été attentif aux cours de politique. Et cette mission visait à se substituer aux cours, justement. Parce que c'en était un.

Lana Anthana allait malgré elle servir d'enseignant à Glurba.

Mais quel allait être le cours ? Sliviqas espérait-il que Glurba ressorte de cette rencontre en se disant que les Siths pouvaient être des types sympas après tout ? Il se foutait le doigt dans l'œil... Espérait-il sinon qu'il se dise que la politique était passionnante ? Il se foutait le doigt dans l'œil... Glurba était quelqu'un de terrain, qui voulait manier le sabre-laser, être toujours dans l'action. Pas toujours en se battant, certes, même s'il aimait ça. Dans l'Arène de Frakkia, en mission avec Maître El'Dor, Glurba n'avait pas usé que de ses talents martiaux : il avait aussi usé de ses talents en électronique, en rhétorique...

Avec de telles missions, Glurba pouvait ainsi briller sur plusieurs plans. Alors que la politique, ce n'était que de la rhétorique, du moins dans l'image qu'il en avait. En réalité, c'était passionnant en soi, mais ce n'était pas de l'action. Or la politique se limitait à ça. Quoique Lana Anthana, en tant qu'ancienne Sith, montrait que l'on pouvait à la fois être dans la politique, et dans l'action sur le terrain.

GLURBA – Je dois vous faire savoir que je n'ai reçu aucune information sur votre histoire. Il faut dire que l'on ne m'a pas laissé le temps de poser des questions. J'ignorais donc que vous êtes une ancienne Sith, même si évidemment cela se ressent dans votre aura. Mais je sais que vous êtes Vice-Chancelière de la République, et si vous étiez une Sith infiltrée, vous ne vous annonceriez pas ainsi au premier Padawan venu. Vous savez que tous les yeux sont posés sur vous à cause de ce passé de Sith.

Ce ne serait pas malin de la part d'un espion infiltré que de se mettre de lui-même dans le collimateur de l'organisation qu'il infiltrait. Même un agent double devait jouer avec plus de finesse.

GLURBA – Quant aux politiciens, rassurez-vous, je ne leur porte aucune détestation. Au contraire, l'art de la rhétorique est fascinant. Je ne m'intéresse simplement pas à la politique, car c'est un univers cloisonné, loin de la réalité pratique. Quoique je suppose qu'en tant qu'ancienne Sith, vous êtes l'exemple que l'on peut à la fois être sur le terrain, et entrer en politique... Ce qui est chose intéressante.
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Le padawan lui répondit avec une sincérité désarmante, et surtout un brin de naïveté. Comment pouvait-il ignorer qui elle était ? Il n'était pas bien curieux... A moins que... A quel point l'information était-elle connu au sein de l'Ordre Jedi ? Lana avait une très légère tendance à l'égocentrisme, et se croyait être le centre de la galaxie, aussi avait-elle supposé que tout le monde devait être au courant. Mais les fois précédentes, il est vrai qu'elle avait été accompagnée par des maitres. Elle n'avait qu'une vague idée de la hiérarchie de l'Ordre, mais ils devaient être dans le haut du panier. Alors qu'un padawan...

D'ailleurs, que leur était-il passé par la tête pour leur avoir collé un padawan comme guide ? Visiblement, le Conseil se méfiait de moins en moins d'elle. Après tout, cela faisait plusieurs années à présent, et Lana avait respecté à la lettre les termes de leur accord. Elle remarqua cependant qu'il l'avait confié aux mains d'un Hutt, espèce particulièrement résistante au contrôle mental. Ce n'était sans doute pas un hasard, en tout cas c'est ce qu'elle se disait. Au fond d'elle même, elle souhaitait que le Conseil la craigne toujours un peu. Dans le cas contraire, cela aurait voulu dire qu'elle ne représentait pas grand chose pour eux !

Elle médita un instant sur les paroles du hutt. Il s'avérait bien plus bavard que les précédents guides qu'elle avait dû se coltiner... Comment pouvait-il ne pas être dérangé par son aura obscure ? Le fait qu'il ne connaisse pas bien son passé aidait peut être aussi. Ce devait-être un padawan qui faisait confiance à ces maitres, et se disait donc que la présence de Lana était totalement justifiée. Ou bien un de ces padawans idéalistes, qui se disait que l'ancienne Sith allait trouver la rédemption en côtoyant les membres de l'Ordre... Sauf que Lana était au-delà e toute rédemption possible. Si elle avait fait un pacte avec les Jedi, c'était dans son interêt. Le fait que ça arrange également le Conseil n'était qu'un dégât collatéral.


- Vous avez tord de ne pas vous intéresser à la politique, padawan, répondit-elle doucement. C'est à travers elle que les décisions sont prises, et que le choix des actions est fait.

Elle soupira. Devoir expliquer la politique a un jeune padawan, franchement, elle était tombé bien bas. Enfin, jeune... Elle ne savait pas quel âge il pouvait avoir. C'était toujours assez difficile avec les Hutts. Mais pour être padawan, il ne devait pas être bien vieux.

- C'est un problème classique au sein de l'Ordre cependant. Mais si le Conseil maitrisait un tant soit peu cette discipline, il aurait pu éviter bien des déboires des dernières années. Comme empêcher la création des inquisiteurs qui ont surveillé les Jedi quelques années, ou encore conserver la Garde Licteur au sénat.

Ou encore réussir à lui faire perdre son procès pour meurtre, lorsqu'ils avaient fini par réussir à la coincer, il y avait bien dix ans de cela... Mais elle préférait ne pas revenir sur cette période où les Jedi avaient une bonne raison de vouloir la faire tomber.

- Cette carence vous bloque dans nombre de vos actions, et vous empêche d'avoir les mains libres, poursuivit-elle. On décide à votre place le plus souvent, et vous n'avez plus qu'à vous exécuter au sein d'un plan que vous n'avez pas choisi, et ce pour le bien de la république.

Oui, les Jedi s'étaient régulièrement vu mis au pied du mur par le gouvernement ces derniers temps, qui prenait les décisions de façon unilatéral. L'Ordre n'avait plus qu'à rejoindre le mouvement, de peur que son absence soit bien pire encore. Mais ce n'était pas vraiment un choix.

- Vous savez bien de la chance que je sois là au Sénat pour défendre vos fesses ! S'emporta-t-elle. Sinon l'Ordre serait en bien pire posture qu'actuellement ! Mais l'accord initial était que je supporte le Conseil en politique, pas que je fasse tout le travail à sa place.

Elle eut un rictus cruel, et poursuivit :

- L'Ordre défendu par une ancienne Sith au Sénat, alors même qu'il a essayé de la faire plonger des années durant. Quelle ironie...
Glurba Lugliiamo
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LANA – Vous avez tort de ne pas vous intéresser à la politique, Padawan. C'est à travers elle que les décisions sont prises, et que le choix des actions est fait.

Il est vrai, en reconsidérant les choses, que l'on pouvait s'étonner que Glurba ne s'intéressât pas aux cours de politique. Glurba se voyait comme un élément polyvalent, appréciant autant le combat au sabre-laser que les manigances, les jeux de rôle, la manipulation rhétorique ou les travaux pratiques. Il était le soldat jedi à tout faire. Seulement, si le combat était pour lui autant un plaisir qu'une discipline sérieuse, Glurba ne voulait pas être le gentil pion obéissant aux ordres sans jamais poser de questions et sans chercher à comprendre le pourquoi du comment. Il aimait au contraire se sentir dans le contrôle de la situation, et pas le petit mouton ; il aimait être flatté, respecté, dans l'estime des gens autour de lui, digne de prestance, et jamais regardé de haut. Il avait le respect des Maîtres Jedis, mais dans la vie de tous les jours, il refusait l'idée que l'on se serve de lui.
Alors, comment ignorer la politique ? Lana Anthana avait raison : c'est par la politique que les décisions sont prises et que le choix des actions est fait. S'intéresser à la politique, c'est justement décidé de ne pas être un simple pion qui se laisse emporter par les vagues engendrées par les décisions prises plus haut.
Qu'est-ce qui empêchait donc Glurba de s'y intéresser ? La réponse était simple : parce que Glurba aimait les choses pratiques uniquement, il était vite ennuyé par tous les cours théoriques. C'est pour cette même raison qu'il était si inattentionné lors des cours sur la Force, ou sur l'histoire des Jedis. S'il était si médiocre dans l'appréhension de la Force et l'utilisation des pouvoirs qui en découlaient, c'est simplement parce que tout cela restait trop théorique à ses yeux, impalpable.
Alors, la politique, ça finissait dans le même sac. Trop théorique. Rien de concret à manipuler, à toucher, à effectuer. Prendre des décisions, Glurba savait le faire, et il aimait se sentir décideur, chef de groupe ; mais la politique telle qu'elle était enseignée au Temple Jedi, ça le barbait. Peut-être que le problème était là : les enseignants jedis n'étaient simplement pas bons pour intéresser Glurba à la politique, ou simplement les cours étaient mal pensés.

Après tout, Glurba aimait la rhétorique, ce qui n'était pas une activité pratique. Simple paradoxe dans sa psychologie ? Pas forcément. Glurba n'avait pas appris la rhétorique au Temple Jedi. Il avait pris goût à cela par lui-même et bien avant de devenir Padawan. Cela faisait partie des choses qui le rapprochaient aussi de sa famille et classe sociale d'origine. Il était un Hutt. Et à ses yeux, tout Hutt digne de ce nom se devait de savoir impressionner son interlocuteur, le manipuler, l'intimider, marchander, négocier...

Et en y réfléchissant bien : les Hutts ne faisaient-ils pas de politique, à leur manière ? Certes, pas au Sénat, ils avaient leur propre empire ; mais au sein même de ce que l'on appelait très justement “l'Espace Hutt”, toute la politique était régie par les Hutts.

Glurba vivait au sein de la République. Pourquoi ne pas faire de la politique au sein de la République ?

Il écouta Lana Anthana défendre l'intérêt de la politique, mais à moitié dans ses propres réflexions, il commençait à être déjà convaincu. Seulement, il lui faudrait apprendre la politique ailleurs qu'au Temple Jedi, où les cours ne sauraient avoir un format digne de l'intéresser.

LANA – Vous savez bien de la chance que je sois là au Sénat pour défendre vos fesses !

L'emportement progressif de Lana Anthana le sortit de ses réflexions. La Vice-Chancelière se laissa aller à un manque d'humilité pour souligner l'importance de son poste, et donc, en corollaire, de la politique en général. Elle en vint à prononcer une phrase qui interpella Glurba :

LANA – Mais l'accord initial était que je supporte le Conseil en politique, pas que je fasse tout le travail à sa place.

Elle conclut en soulignant aussi l'ironie qu'au final, le Conseil Jedi soit défendu au Sénat par une ancienne Sith. Glurba posa les yeux dans le vide en réfléchissant un instant. Oui, c'était ironique, d'autant plus si ce n'était pas simplement par la force des choses, mais par le fait d'un accord passé avec le Conseil Jedi...

Glurba commençait à sentir que cette conversation avec Lana Anthana allait devenir très intéressante, malgré la mauvaise première impression reçue. Il craignait de ne pas avoir tout le temps voulu devant lui. Il porta un regard sur son comlink pour surveiller l'heure. Ils avaient encore quarante-cinq minutes avant le premier rendez-vous de la Vice-Chancelière.

Glurba rampait toujours dans les couloirs du Temple. Il prit la peine de ravaler un instant sa bave et sa morve en se disant que cela accommoderait la Vice-Chancelière de ne pas voir ces sécrétions couler sur son visage. En revanche, pour son mucus, il n'y avait rien qu'il pût faire, ni même qu'il voulût faire, car c'était une nécessité pour son corps, et notamment pour sa locomotion. Il contourna d'ailleurs à l'instant un tapis, sur lequel son mucus particulièrement collant, bien plus que la moyenne pour un Hutt, aurait accroché, rendant pénible de se déplacer dessus. Sans parler des droïdes qui auraient ensuite dû nettoyer ledit tapis.

GLURBA – Je suis certain que la politique doit être passionnante, et vous n'avez nul besoin de chercher à me convaincre de son impact et de son utilité. Seulement, pour m'y intéresser, il faudrait encore que je trouve quelque chose qui me siée mieux que les cours dispensés ici, qui sont à mon goût bien trop théoriques. Mais je suis certain d'avoir des prédispositions à briller en politique. J'en ai déjà toutes les qualités.

Glurba jeta un dernier regard méfiant au tapis qu'il était en train de contourner, pour s'assurer de ne pas y laisser traîner sa queue par mégarde.

GLURBA – Vous parlez d'un accord entre le Conseil et vous ? De quelle nature cet accord est-il exactement ?
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Elle marchait à allure ralentie à côté du Hutt. Il fallait avouer qu'elle devait faire bien attention à son rythme de marche pour ne pas dépasser cette grosse limace ! Tout en faisant attention à ne pas marcher dans sa trainée de bave, sinon sa petite paire de petits mocassins de soirée serait complétement fichue. Lana le regarda contourner lentement un simple tapis, et prit soin de garder une distance raisonnable avec l'immense corps graisseux du padawan. Elle se demanda si elle serait à l'heure pour ses rendez-vous avec les autres jedi, avant de décider qu'elle s'en fichait complètement. Ce n'était pas de sa responsabilité après tout, mais celle du temple de lui fournir un guide. Et puis, moins elle voyait de jedi, mieux elle se portait !

Elle observa un instant Glurba. Il s'agissait d'un vibrant spécimen de Hutt. Elle le savait bien, pour en avoir côtoyé de bien trop près sur Nar Shaddaa. Une expérience qu'elle s'était promis de ne pas renouveller, évitant soigneusement les membres de cette espèce depuis lors. Pourtant, pour un Hutt, le jedi semblait bien maigre. Ceux qu'elle avait rencontrés étaient bien plus imposants... S'agissait-il d'un enfant ? Elle ne connaissait pas grand chose de la physiologie de l'espèce, sachant juste qu'il pouvait vivre très vieux. Il devait s'agir probablement d'un enfant, quand bien même il la domnait de plus d'une tête. Ce qui correspondrait plutôt bien à son statut de padawan. En tout cas, il semblait tout aussi dégoûtant et poisseux que les autres. Elle n'avait pas du tout conscience des trésors de volonté qu'il devait déployer pour se rendre un minimum présentable aux yeux de son invitée.


- Des prédisposions pour briller en politique... ? répéta-t-elle d'un ton pensif en haussant les sourcils.

C'était bien le premier Jedi de la galaxie à se présenter de la sorte. Du coup, elle ne le croyait pas du tout. Aucun membre de l'Ordre n'avait ne serait-ce qu'une once pour la politique, et encore moins de talent. Dans le cas contraire, ils n'auraient jamais eu besoin du support de l'umbaranne au sénat ! Ce ne devait être que de l’esbroufe d'étudiant. Mais il serait intéressant de creuser la question. Il s'agissait bien du premier Jedi à ne pas vomir à la seule évocation du mot "politique". elle décida cependant de répondre auparavant à sa question concernant l'accord qu'elle avait passé avec le Conseil. Elle avait crû qu'il n'y avait aucun secret parmi les Jedi... Comme quoi, le Conseil faisait également quelques cachotteries. Et elle ne voyait aucune raison de garder l'information secrète, au contraire, elle souhaitait que tous les jedi sachent qu'elle était une alliée. Parce qu'ils avaient une fâcheuse tendance à l’agresser dans le cas contraire...


- La nature de cet accord est une sorte de pacte d'assistance mutuelle. Je leur apporte mon soutien politique, ainsi qu'un soutien matériel si nécessaire. En échange, le Conseil a accepté de fermer les yeux sur mon passé de Sith et d'arrêter de me trainer en justice, aussi longtemps que je respecte les lois Républicaines.

Lana eut un sourire mauvais, avant de reprendre :

- Je souhaitais juste que l'Ordre me reconnaisse comme une alliée pour qu'il concentre ses efforts ailleurs. Sérieusement, vous n'avez jamais réussi à me faire condamner au cours de mes procès, ce n'est pas aujourd'hui que vous réussiriez ! C'est aussi bien que le Conseil ait arrêté, il ne faisait qu'écorner son image un peu plus à chaque fois qu'il s'en prenait à moi.

Oui, Lana était plutôt fier d'elle, de son habilité à nager dans les eaux politiques pour se protéger de tout procès. Car il ne fallait pas s'y tromper: tout procès de sénateurs prenaient immédiatement une tournure politique, fournissant par la même la meilleure des armes aux concernés, rompus à ce type de combat.

- Je suis d'accord avec vous, padawan Glurba: vous n'apprendrez jamais la politique en compagnie des Jedi. Aucun n'a le talent nécessaire pour comprendre le subtil jeu du Sénat, et le Conseil vous a tenu jusque là bien loin d'une quelconque application pratique qui vous aurait fait progresser. Il vous faut des politiciens émérites pour vous apprendre la politique. Des gens comme moi, termina-t-elle d'un ton suffisant, se passant lentement une main dans les cheveux.

Bon, encore fallait-il supporter ledit politicien. Aucun d'eux n'était vraiment un cadeau, et Lana était possiblement une des pires.


- Très bien, Monsieur Prédispositions, voici un peu de pratique pour vos qualités politiques. Persuadez-moi que le Conseil Jedi a eu tord d'accepter une alliance avec moi. Considérez moi comme la Vice-Chancelière, et je suis extérieure à cette histoire.

Voilà qui devrait lui faire se creuser un peu les méninges. Tout comme une question posée en séance plénière au Sénat, il fallait se tenir près à répondre à n'importe quoi, et ce avec les éléments que l'on avait à sa disposition.

Chaque mot était une arme, et Lana était curieuse de voir ce que ce padawan avait dans son arsenal.
Glurba Lugliiamo
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Lana sembla méditer sur les prétentions de Glurba ; mais ce dernier n'imaginait pour l'instant pas encore recevoir des cours en matière de politique directement par la Vice-Chancelière à qui il devait servir de guide aujourd'hui. A l'instant présent, il était en revanche curieux d'en apprendre plus sur cet accord qu'elle venait d'évoquer. Par la suite, il comptait creuser cette histoire d'ancienne Sith. Comment s'était passé le départ de Lana Anthana de l'Empire ? Comment s'était-elle retrouvée Vice-Chancelière de la République, alors même que toutes les méfiances devaient être tournées vers elle qui portait encore la marque du Côté Obscur dans son aura ? Si Glurba pouvait le sentir, c'est que n'importe quel sensitif le pouvait.

LANA – La nature de cet accord est une sorte de pacte d'assistance mutuelle. Je leur apporte mon soutien politique, ainsi qu'un soutien matériel si nécessaire. En échange, le Conseil a accepté de fermer les yeux sur mon passé de Sith et d'arrêter de me traîner en justice, aussi longtemps que je respecte les lois républicaines.

Glurba savait que la plupart des Jedis vouaient une certaine défiance à l'égard des politiques. C'était sûrement nécessaire pour conserver un minimum d'indépendance. En politique, tout n'était qu'apparât, manipulation et intérêt. C'est justement au contraire ce qui pouvait plaire à Glurba !
Cela dit, de là à chercher son soutien politique auprès d'un ancienne Sith, et à avoir besoin de passer un accord avec elle... Il y avait forcément des personnalités qui pouvaient mieux représenter les Jedis que Lana Anthana.

Toutefois, le Conseil Jedi n'était pas constitué de gens bêtes. Lana Anthana était une personnalité influente dans la galaxie, et puisqu'elle était une ancienne Sith, il fallait la garder à l'œil. Cet accord était ainsi une façon de la dociliser, de la garder sous contrôle et sous surveillance sans avoir à s'embourber dans des procédures judiciaires qui feraient mauvais genre.

LANA – Je souhaitais juste que l'Ordre me reconnaisse comme une alliée pour qu'il concentre ses efforts ailleurs. Sérieusement, vous n'avez jamais réussi à me faire condamner au cours de mes procès, ce n'est pas aujourd'hui que vous réussiriez ! C'est aussi bien que le Conseil ait arrêté, il ne faisait qu'écorner son image un peu plus à chaque fois qu'il s'en prenait à moi.

Du “haut” de sa jeunesse, Glurba trouva Lana Anthana quelque peu naïve : elle ne voyait pas que le Conseil Jedi n'avait pas passé cet accord par résignation. En fait, Glurba n'en savait rien du tout, mais ça lui paraissait logique que le Conseil ait envisagé des moyens plus habiles de garder la Vice-Chancelière sous surveillance, qu'un affrontement judiciaire permanent. Et quelqu'un devait forcément se tenir prêt à intervenir si Lana Anthana faisait le moindre pas de travers au poste de Vice-Chancelière. Elle s'était mise sous le feu des projecteurs, et dans le collimateur du Conseil. Si elle se croyait tranquille avec cet accord, elle se mettait le doigt dans l'œil. Elle prenait peut-être le Conseil Jedi un peu trop pour des imbéciles.

LANA – Je suis d'accord avec vous, Padawan Glurba : vous n'apprendrez jamais la politique en compagnie des Jedis. Aucun n'a le talent nécessaire pour comprendre le subtil jeu du Sénat, et le Conseil vous a tenu jusque là bien loin d'une quelconque application pratique qui vous aurait fait progresser.

Ces quelques phrases confirmaient le mépris que Lana Anthana avait pour les Jedis. Ce mépris était sa faiblesse, car ainsi elle sous-estimait l'intelligence et les compétences du Conseil Jedi. Glurba lui avait tendu une perche en disant que les cours théoriques en politique dispensés ici ne lui convenaient pas, et Lana Anthana venait de la saisir à pleines mains au point de montrer son vrai visage. Sauf que là aussi, elle se trompait. Le Temple Jedi n'avait simplement pas intérêt à former des politiciens. Ce n'était pas son terrain d'action. Il fallait former les Padawans à l'histoire de la politique, leur permettre de la comprendre, mais pas d'y mettre les pieds dedans. Ce n'était donc pas une question de talent, et Glurba était certain que le Conseil Jedi savait parfaitement comprendre le subtil jeu du Sénat. Il avait juste décidé de ne pas embarquer les Padawans dedans.

LANA – Il vous faut des politiciens émérites pour vous apprendre la politique. Des gens comme moi.

Si, ici au Temple, les gens trouvaient Glurba orgueilleux, vaniteux même, Lana Anthana ne semblait pas plus vertueuse que lui sur ce plan-là.
Voilà en tout cas ce que Glurba n'avait pas anticipé : que Lana Anthana se proposât d'elle-même pour lui apprendre la politique. Glurba ne pouvait pas ignorer que son interlocutrice et peut-être préceptrice était une ancienne Sith portant encore la couleur de l'Obscur dans son aura ; il serait donc attentif à chacune de ses leçons, afin d'avoir la lucidité suffisante pour y déceler la moindre tentative de corruption éventuelle.

LANA – Très bien, Monsieur Prédispositions, voici un peu de pratique pour vos qualités politiques. Persuadez-moi que le Conseil Jedi a eu tort d'accepter une alliance avec moi. Considérez-moi comme la Vice-Chancelière, et je suis extérieure à cette histoire.
GLURBA – Donc, je dois m'adresser à vous en tant que Vice-Chancelière uniquement, et parler d'une autre personne, ancienne Sith, avec qui le Conseil Jedi a accepté une alliance ?

Glurba n'était pas sûr d'avoir bien compris l'énoncé, mais Lana Anthana venait bien de stipuler : « je suis extérieure à cette histoire ». Donc, la Vice-Chancelière et l'alliée des Jedi étaient deux personnes différentes dans cet énoncé. C'est ainci qu'il comprenait les choses.

Un défi, donc. Ou une audition. Glurba ne sut réprimer un sourire fier. Il adorait les jeux de rôle. Il allait mettre tout son cœur dans cette audition.

GLURBA – Vous me demandez de vous persuader du contraire de ce que je pense. C'est un défi intéressant ! Je me lance...

Glurba allait devoir trouver un argumentaire pour défendre l'opinion contraire à la sienne. Il estimait que le Conseil Jedi avait raison d'avoir passé cet accord avec Lana Anthana. Il n'appelait simplement pas ça une “alliance”. Et justement, il pouvait jouer sur ce mot pour argumenter dans le sens contraire.

GLURBA – Madame la Vice-Chancelière, vous savez toute l'estime que j'ai pour vos compétences sur la scène politique. Je sais votre capacité à rester lucide sur la situation.

On commence par de la flagornerie.

GLURBA – Aussi, soyons tous lucides, et voyons simplement les faits en face : le Conseil Jedi a conclu une alliance avec une personne dont on sait à tout le moins qu'elle fut un temps Sith.

On oriente tout de suite le sujet en présentant les faits sous un angle arrangeant.

GLURBA – Je tiens également à souligner le fait que rien ne garantit que cette personne n'ait réellement plus aucun égard pour son ancienne patrie. Nous n'imaginons pas un Sith quitter l'Empire du jour au lendemain sur un coup de tête et se retourner ensuite contre lui.

Toujours souligner les évidences qui vont dans le sens de l'argumentaire. Des évidences qui permettent ensuite de faire passer un point de vue pour un fait.

GLURBA – Or, nous ignorons les circonstances exactes dans lesquelles cette alliée du Conseil Jedi a bien pu quitter l'Empire Sith. Tout est flou à ce sujet, personne ici n'est capable d'expliquer ses motivations.

Encore une fois, simplement les faits, mais savamment orientés. Et on va même souligner que ce sont des faits :

GLURBA – Et jusque là, je reste parfaitement objectif sur la situation.

Et on enfonce maintenant le clou :

GLURBA – C'est justement cette objectivité qui manque au Conseil Jedi. Oui, je le sais, le Conseil Jedi croit en la rédemption de chaque être. J'y crois aussi. Mais je ne me laisse pas emporter par un discours idéologique. Je veux rester objectif. Je préfère, voyez-vous, un pragmatisme lucide à une idéologie naïve.

On se donne maintenant des qualités que n'importe qui pourrait se donner, mais qui donne une légitimité au point de vue énoncé.

GLURBA – Le Conseil Jedi semble ici confondre magnanisme et naïveté. Il semble que n'importe quel Sith puisse se présenter devant eux, affirmer avoir quitté son camp, et le Conseil Jedi lui ouvrira les bras comme le loup qu'on laisse entrer dans la bergerie.

Maintenant que le point de vue est énoncé, on le rend imparable avec une question de rhétorique :

GLURBA – Accepteriez-vous, Madame la Vice-Chancelière, de faire confiance à un Sith en vous reposant uniquement sur sa supposée bonne foi ? Pensez-vous que les Siths iraient jusqu'à s'allier avec un Jedi qui viendrait verser des larmes de crocodile sur leur paillasson ?

Impossible de répondre “oui” à ces deux questions. Ainsi, l'argumentaire devient imparable. Il faut conclure par une suggestion alternative qui semblera être le meilleur choix de toute évidence :

GLURBA – Tout le monde sera d'accord avec moi pour dire que les Siths sont des criminels. Ils manipulent les foules, instaurent un régime autoritaire, envahissent des planètes et amssacrent des civils. Comment traite-t-on les criminels dans notre République ? En les jugeant, et en les condamnant pour ce qu'ils ont fait. Pas en les considérant soudain comme des alliés. Je porte les valeurs de notre République et je fais confiance en notre justice. Les Jedis ne doivent pas se substituer à ces valeurs chères qui font de notre République un bien meilleur modèle que l'Empire Sith. Envoyons donc cette personne en justice une bonne foi pour toutes, car c'est en purgeant sa peine qu'elle aura ensuite droit à la Rédemption.

Glurba attendit maintenant le jugement de Lana Anthana. Venait-il de réussir son audition ?
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Alors, c'était peut-être vrai ce qu'on disait sur les Hutts. La race entière pouvait bien avoir une prédisposition au charisme... Ce qui expliquerait pourquoi ils aient atteint une position si éminente dans les puissances galactiques, alors que ce n'étaient au final que de grosses larves bouffies d'orgueil. Peut-être ne plaisantait-il pas quand il parlait de prédispositions. Elle écouta attentivement le discours de son élève improvisé. Elle devait avouer qu'elle était plutôt impressionnée. Bon, elle n'avouerait jamais ce genre de chose à quelqu'un. Encore mois à un Jedi, pas même sous la torture. Mais il y avait là une certaine performance, qu'elle aurait pu saluer, si elle n'avait pas été qu'une profonde égoïste incapable de se réjouir des succès d'autrui !

Et puis, c'était loin d'être parfait. Loin s'en fallait. Si le résultat était honorable pour un padawan, jamais la vice-chancelière ne l'aurait pour autant laissé pénétrer dans l'enceinte du Sénat. Cela aurait été équivalent à lancer un steak tartare dans l'enclos des Rancors, en espérant qu'ils deviennent subitement tous végétariens. Et dans le cas de Glurba, il fallait avouer que c'était un bon gros steak. Depuis la tragédie Perlemienne, plus personne ne pouvait supporter les Hutts.

Bon, il fallait en tout cas qu'elle critique le padawan, avant que ses chevilles ne se mettent à enfler. Ou ce qui pouvait lui tenir lieu de chevilles. Elle préférait ne pas savoir à vrai dire. Elle se l'imaginait fier de lui, et certes il pouvait avoir raison. Cela n'empêcherait pas Lana d'être désagréable.


- Je rejette toute votre argumentation, lui répondit-il d'un ton tranchant et péremptoire.

Voilà qui était dit ! Elle n'allait pas le laisser prendre des grands airs non plus. Cependant, elle serait assez magnanime pour lui expliquer pourquoi. Lana adorait s'entendre parler à vrai dire. C'est pour ça qu'elle était politicienne.


- Je vous ai demandé de me persuader, padawan Glurba. Pas de me convaincre.

Oui, il y avait une légère différence entre ces termes. Saisir les subtilités du langage était essentiel pour ajouter les subtils nuances nécessaires à toute argumentation réussie.

- Des faits, des faits... Vous n'avez que cela a la bouche, vous, les Jedi, lui reprocha-t-elle. Vous les avez certes tournés sous un jour qui les présentaient à votre avantage, et c'est tout à votre honneur. Mais une argumentation logique et clairement structurée comme la votre vise à convaincre.

Elle fit une pause, s'assurant de rester clairement hors de la trajectoire de la trainée de mucus du gros hutt.

- Dans une galaxie idéale, je vous l'accorde, ce serait largement suffisant. Faire appel à la logique des gens, les pousser à réfléchir et à tirer eux-mêmes leur conclusion... Mais nous ne sommes pas dans une galaxie idéale, padawan.

Sinon, les politiciens n'auraient jamais eu la vie aussi belle, et des parasites tels que Lana n'aurait même pas pu survivre.

- Face à la plèbe, ou pour imposer plus rapidement son point de vue, il ne faut pas utiliser la logique. Il faut utiliser les émotions. Lancer une diatribe qui va faire s'enflammer même le plus placide des citoyens. Il n'est plus question de faits ici...

Bien sûr, ce qu'elle omettait de dire, c'était que persuader un auditoire était à double tranchant. Sans s'appuyer sur des faits, aussi basiques soient-ils, c'était un art difficile... A moins de saisir parfaitement la psyché des personnes que l'on visait. A ce petit jeu, les sénateurs étaient en général des personnes redoutables.

- La tactique la plus simple est de ne plus s'en prendre aux idées, mais à leur porteur. On les qualifie de tous les noms, on leur associe tous les vices. Subtilement, bien sûr. On les décrédibilise, pour jeter leur message dans la boue avec eux. On impose notre point de vue, aussi partial soit-il, comme une évidence même. On pousse les gens à la colère, à l'indignation. On leur brouille l'esprit volontairement, en quelque sorte, pour les rendre plus réceptif à notre propre message. A ce stade, on s'attaque au cœur de la personne, pas à sa tête.

C'était d'ailleurs la technique la plus courante au Sénat, quand bien même les sénateurs les plus talentueux y devenaient complètement immunisés.

- Et c'est pour ça que les Jedi resteront pathétiques dans cette discipline. La persuasion est un puissant outil, mais elle nécessite de canaliser des émotions profondes, ce qui est bien loin des préceptes de l'Ordre. Même le locuteur doit montrer ses émotions pour persuader correctement. Il doit surjouer de façon convaincante l'outrage, la colère. La passion et la peine. Pour transmettre l'émotion souhaitée à son auditoire... Pour justement lui faire oublier la logique, et le pousser dans la direction voulue. Une direction qu'il n'aurait probablement pas pris sinon.

Elle eut un sourire féroce, comme celui d'un prédateur dans son habitat naturel, alors qu'il découvrait une nouvelle proie. Elle se sentait bien plus dans son élément à présent, oubliant les regards noirs qui lui étaient jetés en coin, à chacun de ses pas dans les couloirs de ce temple maudit.
Glurba Lugliiamo
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Dévisageant, tout fier, Lana Anthana en attendant son verdict sur ce petit test de rhétorique, Glurba réalisa qu'il s'était arrêté dans son déplacement pour improviser son discours, sans même s'en rendre compte. C'était en fait un signe qu'il s'était concentré sur l'exercice en y mettant du cœur. A peine se remit-il à ramper, que Lana Anthana trancha :

LANA – Je rejette toute votre argumentation.

La mine de Glurba se décomposa. Il n'avait donc pas fait mouche ? Comment diable était-ce possible ? Il était maintenant bien curieux de savoir quels défauts dans sa rhétorique Lana Anthana allait bien pouvoir s'efforcer de trouver. Il écouta donc en continuant d'avancer dans les couloirs : ne pouvant presser le pas si besoin, il ne voulait pas mettre la Vice-Chancelière en retard dès son premier rendez-vous, ça ferait mauvais genre, or Glurba tenait à montrer qu'il était un élève fiable, digne de la confiance du Conseil Jedi même.

LANA – Je vous ai demandé de me persuader, Padawan Glurba. Pas de me convaincre.

Sur le coup, Glurba eut l'impression de se faire corriger par une vieille peau éternellement insatisfaite, du genre Maître Marja. Non, plutôt genre Maître El'Dor au féminin, dans le corps d'une vieille peau comme Maître Marja. Ce qui lui rappelait que ce n'était pas le cas, c'est la façon de l'appeler “Padawan Glurba”, alors qu'en général les Maîtres Jedis l'appelaient “Padawan Lugliiamo”.

Cette réflexion mise de côte, Glurba pesa le sens des mots. Lana Anthana lui reprochait d'avoir essayé de la convaincre, alors qu'elle lui avait demandé de la persuader. Glurba n'avait pas saisi sur le coup l'importance du choix du mot ; après tout, Lana Anthana avait employé l'impératif et il était simplement beaucoup plus courant de dire oralement “persuadez-moi” que “convainquez-moi”. Dans l'esprit de Glurba, Lana Anthana ne faisait là que chercher de faux prétextes pour rabaisser le Jedi dans sa tentative, tout simplement parce qu'elle détestait les Jedis, ce dont elle ne se cachait pas. La preuve encore avec la phrase suivante :

LANA – Des faits, des faits... Vous n'avez que cela à la bouche, vous, les Jedis.

Elle y retournait... Au lieu de simplement critiquer objectivement la prestation de Glurba, elle en revenait à son dédain des Jedis, ce qui était très subjectif et non constructif.
A partir de là, tout ce que Lana Anthana pouvait avoir à redire sur l'exercice de rhétorique auquel venait de se prêter Glurba par défi, intéressa assez peu ce dernier qui considérait que Lana Anthana se forçait à trouver quelque chose de négatif à redire dessus.

Pourtant, au fond de lui, Glurba reconnut qu'une part de ce que Lana Anthana avança n'était pas idiot, et pouvait effectivement servir de leçon. L'Umbarane voulut en effet lui donner comme leçon que pour s'adresser à la plèbe, il ne fallait pas jouer sur la logique mais sur les émotions. Il fallait pousser les gens à la colère, à l'indignation, à la peur ou à l'émoi, afin de se les mettre dans la poche. Lana Anthana avait tout à fait raison sur ce point. C'est en cela que l'on persuadait plus que l'on ne convainquait, la nuance avait son importance.

Mais de toute façon, vu sa posture, Lana Anthana n'aurait de toute façon pas complimenté Glurba, parce que ça lui aurait sans doute trop coûté de complimenter un Jedi. Peut-être même que de surcroît ça lui aurait aussi coûté de complimenté un Hutt, qui sait. Peut-être y avait-il du racisme en plus là-dedans.
Glurba était trop fier pour se laisser gratuitement rabaisser de la sorte.

GLURBA – Vous avez tort de penser que je ne sais pas déjà tout cela. Seulement, pour jouer sur les émotions, faut-il encore savoir quelles sont les bonnes émotions, il faut donc connaître un minimum son auditoire et maîtriser son sujet afin de savoir si l'on va plutôt jouer sur la peur, sur la colère, ou sur autre chose. Or, justement, je ne connais pas le Sénat, ni ses affaires. De fait, vous m'avez lancé un défi truqué, impossible à remporter. De toute façon, dans votre énoncé, c'est à la Vice-Chancelière que je m'adressais, pas à l'ensemble des Sénateurs. Vous vouliez que je me livre à un exercice de rhétorique, alors plutôt que de me hasarder à jouer sur les émotions sans être certain de toucher la bonne, j'ai joué avec des armes tout aussi efficaces pour être certain de viser juste. Et je vous ai prouvé que je suis capable de défendre aprement un point de vue qui n'est pas le mien, ce que peu de gens savent faire et qui me paraît pourtant essentiel pour manigancer en politique.

Glurba retournait la situation en se vantant alors que Lana Anthana venait d'essayer de le rabaisser. C'est de cette manière qu'il sauvait son orgueil. Car Lana Anthana venait de tomber sur au moins aussi orgueilleux qu'elle. Ca transpirait chez le Hutt autant que transpirait son mucus collant.

GLURBA – Laissez-moi aussi vous faire remarquer que si vous voulez vous donner du crédit à donner des leçons à un Jedi, vous devriez, si je puis me permettre, éviter de rappeler sans arrêt votre dédain. Car vous ne pourrez pas obtenir l'attention d'un élève qui voit que vous le dédaignez. Quoi que j'eusse dit, vous y auriez trouvé quelque chose à redire, alors que vous devez reconnaître que ma rhétorique était parfaite.

Il en oubliait presque qu'il s'adressait à la Vice-Chancelière de la République. En tout cas, vexé par l'attitude de cette dernière, il retournait là aussi la situation en se faisant passer pour le maître, et elle pour l'élève.
Et pour comble de son culot, il changea de sujet pour se donner le dernier mot – même si quelque chose lui disait que Lana Anthana répliquerait quand même :

GLURBA – Votre rendez-vous est dans dix-neuf minutes exactement. Nous y sommes bientôt, je vais vous montrer la salle.
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Lana s'était attendue à ce que le jedi s'écrase, ou bien se drape derrière le fait que la politique était une activité amenant la corruption. D'habitude, c'est ce qui arrivait lorsqu'elle commençait à aborder le sujet avec un membre de l'Ordre... Ceux-ci n'étant en général pas très agressifs, ils évitaient le combat verbal avec elle. Voire évitaient de lui parler tout court. Mais bon, c'était peut-être pour le mieux. L'ancienne Sith n'était pas exactement un modèle de bonne conduite, et ne faisant aucun effort envers ses alliés d'infortune Jedi, elle pouvait se montrer particulièrement agaçante... Glurba était en train d'en faire les frais.

Sauf qu'il se rebiffait, le bougre. Lana estima avoir trouvé quelqu'un de très orgueilleux, bien plus qu'elle. Enfin, de son point de vue, elle n'était pas orgueilleuse, juste normale... Même si en réalité, son degré d'ego et d'amour-propre crevait le plafond de tous les baromètres qui auraient pu exister. Il tenta de la rabrouer sèchement de sa voix grave. Il semblait avoir oublié sa position de padawan, et la position de Vice-Chancelière de son interlocutrice... Mais cette dernière ne s'en offusqua pas plus que ça. Elle n'avait que faire des grades des jedi, et ne s'attendaient pas à ce que eux prennent considération du sien. Ils savaient qui elle étaient réellement après tout.

Même si le Hutt tentait d'avoir le dernier mot, Lana ne tarda pas à reprendre la conversation. Aucune force de la galaxie n'aurait pu la forcer au silence, même si de nombreuses personnes s'y étaient essayées... Et puis, cela l'amusait de voir ce gros Hutt indigné. Ce n'était pas tous les jours qu'elle pouvait asticoter un membre de cette espèce sans crainte des conséquences !


- Qui vous dit que je tente de vous faire une leçon, padawan ?


Bon, c'était carrément de la mauvaise foi. Bien évidemment que c'était une sorte de leçon, même elle pouvait s'en rendre compte.

- Quant à votre rhétorique parfaite... Et bien c'est une vision d'esprit. Mais un sénateur vous répliquerait qu'aucune rhétorique ne peut être parfaite, car la perfection d'une argumentation ne fait qu'attirer la suspicion. On peut toujours y répondre, y trouver des failles. Souvent, on les créé même de toute pièce, avec plus ou moins de bonne foi. Comme vous le dites si bien, un bon politicien doit pouvoir argumenter une idée et son contraire, ne serait-ce que pour se préparer à faire face aux arguments qu'on lui enverra lorsqu'il devra défendre son point de vue.

Lana était une spécialiste du genre. Elle avait passé une bonne partie de sa vie politique dans l'opposition au gouvernement, et à l'Ordre Jedi. Et à présent, elle faisait l'exact opposé.

- Alors oui, vous avez probablement eu raison de chercher à me convaincre plutôt qu'à me persuader. Comme vous ne connaissiez pas bien votre interlocuteur, vous avez dû vous replier sur cette solution... Et c'est là une erreur en politique. Il faut connaitre les gens que l'on va rencontrer, ou que l'on risque seulement de rencontrer. Connaitre leur race, leur façon de penser, leur inclinaison politique... Afin de mieux les comprendre, et savoir les mots à utiliser. Ce n'est pas de la manipulation, malgré ce que vous sous-entendez. Simplement de la psychologie.

Elle soupira. Le sénat, c'était effectivement beaucoup cela. Connaitre les personnes, et surtout leurs points faibles !

- Alors oui, parfois on peut se retrouver dans une situation imprévue, face à des personnes que l'on ne connait pas... Alors le début de la conversation doit uniquement se centrer autour de la récolte d'informations à leur sujet. Plus que les mots, la façon de les prononcer, la posture et l'habillement de l'interlocuteur peuvent aider. Pour savoir comment répondre au mieux, pour pouvoir utiliser la persuasion. Car les politiciens ne font pas que convaincre ou persuader. Ils font souvent les deux, jouant avec les émotions de leur auditoire tout en cimentant leurs paroles par des faits incontestables, qui rendent alors les opinions personnelles et les mensonges beaucoup plus difficiles à repérer...

Ils arrivèrent devant la salle où Lana aurait sa première réunion. Sans hésiter, elle ouvrit la porte afin de pénétrer dans le bureau où quelqu'un l'attendait très probablement. Plus vite elle aurait commencé, plus vite elle serait sortie d'ici... Elle s'arrêta sur le seuil de la porte. A l'intérieur, il faisait sombre, un douce obscurité bien plus acceptable pour les yeux sensibles de l'umbaranne, qui se permit de retirer ses grosses lunettes. Sans se retourner, elle lâcha d'une voix douce:

- Peut-être avez-vous raison cependant. Ce défi était peut-être truqué. Impossible à réaliser... Un piège, tendu à votre encontre. Impossible à détecter, avant qu'il ne se referme sur vous, ne vous laissant alors que deux choix: vous battre, ou sombrer... Pour un combat où personne ne meurt, mais qui implique pourtant bien plus que votre simple vie.

Elle se retourna alors. Dans l'obscurité, ses yeux sans pupilles brillaient doucement, reflétant la lumière comme ceux d'un chat. Ses fines lèvres esquissaient un sourire malicieux, et elle envoya un clin d’œil espiègle au Hutt en refermant la porte derrière elle.

- Bienvenue dans le monde de la politique, souffla-t-elle.



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