Invité
Anonymous
[Seuls les administrateurs ont le droit de voir ce lien]

***

[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]

Face à l'engin, Sharann retira d'une main légère ses écouteurs, affichant une expression horrifiée.

« Merde... C'est quoi ce rafiau pourri...? » laissa-t-elle s'échapper dans un murmure...

L'engin émettant un bruit sourd semblait avoir connu pas mal de modifications maison et pas mal de péripéties aussi. Sa peinture personnalisée était au moins écaillée sinon arrachée par plaques entières. Des blocs du fuselage original semblaient avoir été retirés tandis que d'autres excentricités avaient étés greffée sur la surface de l'astronef. Le besalisk fit une pause pour admirer la bête avec un large et fier sourire contrastant avec le visage décomposé de la Sith.


« Mais c'est un cargo à ordures ça... Non ? C'est ça le Wild Note ? Un... cargo à ordures ?» questionna-t-elle, dépitée et redoutant la réponse qui suivrait.

Le besalisk, toujours souriant, continuait à sourire face à son gros bébé :


« Ouais, un 578-R custom ! T'as l'oeil ma p'tite dame. Ce bijou s'appelait le Blue Note avant que Brick ne l'améliore. »

Sur ces mots il tira de sa large veste sans manches un comlink et contacta l'astronef pour demander l'abaissement de la rampe latérale droite. La jeune femme se montrait très réticente mais il semblait que Jeff n'y prêtait pas trop attention, affichant un air confiant, ses deux paires de bras puissants croisés sur sa large poitrine. Aux alentours, on pouvait trouver deux cargos corelliens standards et quelques chasseurs monoplaces démodés. Sharann, visiblement indécise, commençait déjà à porter sur eux un oeil évaluateur.
Invité
Anonymous
Les vapeurs de fumées et d’épices qu’il avait respiré dans la cantina embrumaient encore l’esprit du jeune Kell le long du trajet jusqu’à l’astroport. Il était joyeux, souriant derrière son écharpe pourpre, sans réellement savoir pourquoi. Ses pensées voguaient d’interrogations complexes sur son rôle dans cette expédition, en plans machiavéliques pour éliminer sa partenaire et retirer tout le prestige de la victoire… Mais comme à chaque fois qu’il était sous substance psychotrope ou légèrement pompette, la fatigue le gagnait à chaque tentative d’effort intellectuel et il était incapable de mener une de ces réflexions silencieuses à termes, préférant passer à une autre moins compliquée, qui était, à son tour, infructueuse.

Arrivé à destination, son sac à dos glissa de son épaule et s’écroula au sol. Ce qu’il vit, stationné sur la plate forme d’atterrissage décrocha instantanément son esprit de l’orbite sur laquelle il s’était fixé, et provoqua une légère migraine accompagnée de quelques remontés acides. Immobile, les yeux grands ouverts, il fixa la coque endommagé de tous côtés du vieux transporteur. Si on pouvait qualifier ça d’un transporteur car vieille épave non recyclable aurait été plus adapté. La qualification de Sharann était tout aussi bien trouvée, collant parfaitement à l’aura de crasse que dégageait l’antique machine. Kell se demanda un instant si cette casserole pouvait simplement voler, et, même par le pouvoir conjoint des maîtres de l’académie, résisterait-elle au choc sans se désagréger ?

*N’y pense pas, songea-t-il en ramassant son sac. Surtout, n’y pense pas.*

Lorsque Sharann avait surnommé le vaisseau de cargo à ordure, Kell avait d’abord cru qu’il s’agissait d’une insulte. Mais devant la mine souriante du besalisk, si fier de son jouet usé, il dut se raviser. Ignorant catégoriquement ce qu’était un cargo 578-R, il avait juste été frappé par l’apparence inquiétante de l’appareil. Qu’un cargo à ordure puisse voler, ça encore il pouvait l’admettre, quoique celui-ci… Mais qu’il puisse supporter des voyages en hyperespace avec un hyperpropulseur de classe 2, c’était une toute autre histoire. Le jeune homme chercha désespérément le regard de sa consœur, mais cette dernière semblait s’être mise en quête de trouver un autre moyen de transport.

*Arrête d’y penser va, c’est comme ça. C’est comme ça ! Fait la conversation en attendant que la passerelle descende. Puis suis le… mais ne regarde pas où tu mets les pieds.*

La mine inquiète de Sharann lui redonna un peu de courage. S’il pouvait au moins la rabaisser en entrant dans ce vaisseau, il n’aurait pas tout perdu. Cette pensée balaya toutes ses craintes, chassant son expression soucieuse pour un ton à nouveau joyeux… bien que simulé à présent. Il se dirigea vers l’énorme créature et pris la parole.

"Moi je le trouve très bien ce vaisseau," lança-t-il à Jeff d’une franchise très travaillé, qui pouvait, comme l’aurait dit maître Saclès, raisonner d’un ton légèrement narquois aux oreilles d’un autre interlocuteur.

"Mais dîtes moi Jeff, reprit-il dans l’intérêt de détourner la conversation, qui est Brick, votre mécano-copilote ?"

Ecoutant à moitié la réponse, Kell se demanda s’il ne fallait pas qu’il s’occupe de régler le voyage du retour… si toutefois il revenait vivant.
Invité
Anonymous
Ce fut un air tout à fait satisfait qui s'afficha sur le faciès du besalisk après les paroles de Kell qui, bien que n'ayant tiré de sa compère guère plus qu'une exclamation étouffée à mi chemin entre surprise et consternation, avaient su ravir le massif Jeff qui semblait nanti d'un optimiste à toute épreuve. Et de l'optimiste il en fallait pour vivre comme chasseur de prime à bord d'un pareil rafiau.

« Brick ? Ouais, c'est un type bizarre qui passe son temps à bidouiller le vaisseau, à regarder des holofilms d'arts martiaux, et à manger des nouilles. C'est lui qui a transformé le Blue Note, canon à ion, hyperpropulsion, matériel acoustique... Tout ce qui est électronique et informatique, c'est lui. » fit Jeff à mi chemin sur la passerelle.

Contrairement à ce qu'on aurait éventuellement pu attendre d'elle, Sharann ne fit pas d'histoires et suivit le mouvement, avec une mine légèrement douteuse toutefois, et réservant ses commentaires éventuels pour plus tard.

Le trio fit donc son entrée dans l'astronef par une vaste salle rectangulaire servant manifestement d'atelier et de fourre tout, éclairé par quelques rangées de tubes fluorescents dont l'un semblait sur le point de rendre l'âme. Contre toute attente, la propreté des lieux était remarquable. Le sol qui résonnait légèrement sous les pas était net et sans tâche, et les établis, présentoirs et containers exempt de toute trace de poussière.
En progressant dans cette large soute aménagée, il ne tarda pas à parvenir aux oreilles de tous les vibrations d'une musique provenant de l'étage supérieur, ce qui eu pour effet immédiat de modifier la démarche du besalisk qui s'adapta au rythme.
Le trio pu bientôt apercevoir un rodien vautré par terre devant un écran stéréoscopique de l'autre côté de la salle. Et non loin de lui une porte verrouillée au travers de laquelle émergeaient des bruits incongrus, des hurlements, et des bruits sourds de chocs. Le besalisk rassura immédiatement ses passagers : En balançant tranquillement ses bras sur le rythme il expliqua que la prime était enfermée dans la chambre de confinement que cachait la bruyante porte et il ajouta avec un geste en direction du rodien que ce dernier n'était autre que le surnommé 'Brick', Astren Riddle de son véritable nom. Il en revint à l'essentiel en indiquant les salles importantes :


« A côté de la salle de détention vous avez une p'tite cuisine, et là, d'l'autre côté des escaliers vous trouv'rez la salle de douche et les toilettes... »

C'est ensuite par un escalier menant au pont supérieur que Jeff emmena les Siths vers les postes de commande. Des sièges vides faisaient face aux tableaux de bord scintillant sur lesquels gisaient quelques gobelets recyclables vides qui provoquèrent chez Jeff un froncement de ce qui aurait été des sourcils chez un humain. Ici encore, en dehors des gobelets et de quelques tâches sur le large lunette frontale, tout était particulièrement propre.

« Par ici je vais vous montrer le salon et vos quartiers. (bambombimbomm...) » lanca-t-il en chantonnant et en invitant d'un généreux mouvement de bras ses voyageurs à le suivre encore. Une porte s'ouvrit latéralement devant eux pour laisser apparaître le salon où régnait une musique faisant vibrer le sol, celle qu'ils parvenaient à entendre depuis la soute. Une confortable banquette sur laquelle glandouillait un twi'lek encerclait une table circulaire supportant les pieds croisé de l'être à peau brune qui manifestement somnolait allègrement.

« (bambambombibom) Lui c'est Qajeh Jazik !» entamait le besalisk lorsqu'un petit singe-lézard criard et à crinière fit irruption dans la salle pour disparaître par la porte du sas.
Le dormeur sursauta, un filet de bave au menton, et posa un oeil hagard sur les nouveaux arrivants, s'attardant sur la jeune femme.


« Et cette chose qui n'tient pas en place c'est 'La Chose'... On n'sait pas trop c'que c'est. » commenta Jeff en se grattant pensivement le crâne.

Après avoir laissé planer un silence, il reprit la petite visite en passant par les deux chambres de cinq lits chacune, le sas, et la salle des machines. Il revint finalement au salon où son compère twi'lek émergeait encore de son sommeil :


« Bon ma p'tite, j'peux t'proposer de prendre une chambre à vous toute seule, si t'as besoin de dormir ou de tranquillité. Nous autres pouvons prendre la seconde chambre... Enfin, vu qu'on est à deux pour piloter ça, et que Brick passe son temps à bidouiller et à regarder des holofilms dans la soute, tu auras pratiquement la deuxième chambre à toi seul mon p'tit gars. Pensez à fermer les portes si vous ne voulez pas que La Chose vienne vous casser les pieds. »

Il inclina brièvement la tête pour s'assurer que tout était compris et ce fut Sharann qui reprit :

« Combien de temps pour arriver à Nar Shaddaa ?
_ Vingt six heures, peut-être un peu moins, ou un peu plus, selon l'humeur de l'hyperdrive.
_ Comment ça selon l'humeur de l'hyperdrive ?
_ Bah c'est un bricolage de Brick ça... Et comme il est toujours en train de retoucher à tout sans arrêt, il n'y a jamais rien de vraiment terminé. Selon lui notre hyperdrive est de classe 2 théoriquement, mais en pratique ça équivaut à une classe entre 2 et 5... Bah c'est de la bidouille, c'est pas mon truc. Mais on arrivera en moins de trois jours c'est certain. »


Le twi'lek, sans un mot et en baillant, se leva et baissa le son de la musique qui flottait dans l'appareil par l'intermédiaire d'un panneau de contrôle général encastré dans le mur frontal du salon, avant de s'engouffrer dans la salle de commandes.

« Ca va ma p'tite dame ? Faut pas t'inquiéter tout ira bien. Et toi mon gars, t'es un dur, j'm'en fait pas héhé. » fit le besalisk qui, de toute évidence, ignorait qu'il avait affaire à des Siths.

Sharann soupira et alla se vautrer sur la confortable banquette, laissant tomber avec négligence son sac au sol. Elle tira d'une poche de sa veste une cigarette qu'elle alluma avec de se la caler dans le bec et de basculer la tête en arrière, fermant les yeux et laissant bientôt s'échapper un filet éthéré de ses lèvres entrouvertes. Le besalisk, les bras croisés, attendit d'être certain que Kell n'avait pas de question ou de remarque avant de rejoindre le twi'lek dans la cabine de pilotage. Le jeune homme était désormais libre de circuler à sa guise dans le Wild Note.
Invité
Anonymous
Pourquoi avait-il fallu qu’ils en reviennent à la question de l’hyperpropulseur ?

L’aménagement intérieur du vaisseau, faisant songer à un petit hôtel douillet, avait réussi à lui retirer toutes ses appréhensions, tant Kell s’attendait à tomber sur un bazar jawa. Même la vue de l’étrange équipage et de la porte bruyante, ainsi que la mascotte du Wild Note qui errait dans l’appareil, n’avaient fait qu’alimenter la fascination qu’il éprouvait pour l’organisation des lieux. La musique elle-même avait quelque chose d’entrainant.

Alors pourquoi, par la toute puissance du côté obscur, avait-il fallu qu’ils en reviennent à la question de l’hyperpropulseur ! Et surtout, pourquoi Jeff ne pouvait-il pas se faire un peu plus rassurant ! De la bidouille… du bricolage… un voyage compris entre vingt six et soixante douze heures… et il osait passer en hyperespace. Soit le rodien avait des doigts d’or, soit le capitaine était vraiment barjo. Enfin, il n’avait pas l’air plus inquiet que ça lorsqu’il les quitta pour le cockpit.

Kell soupira à son tour. Au moins, ça lui laisserai tout le temps de questionner Sharann. Retirant son écharpe, qu’il plia soigneusement et rangea dans son sac, il se dirigea vers l’une des cabines, la plus proche du salon.

"Cela ne vous dérange pas que je choisisse cette cabine ?" demanda-t-il à l’attention de Sharann.

La jeune femme n’offrit pour toute réponse qu’un rejet de fumée sec et brutal, que Kell interpréta comme une totale indifférence sur la question.

Kell quitta à son tour le salon pour sa cabine de voyage. Il y retira sa veste, dévoilant un T-shirt blanc sans manche et un petit pistolet blaster glissé au niveau de sa ceinture. Après avoir épousseté son vêtement des poussières de Korriban, il le plia et le rangea dans le sac, avec son sabre et le trésor des aqualogistes. Il laissa ici son bagage, soigneusement fermé pour éviter que le lézard ne s’y glisse, puis ressortit. La personne enfermée à l’étage inférieur l’intriguait, mais il aurait du temps pour percer son identité à jour… entre vingt six et soixante douze heures exactement… oui il aurait du temps.

Le jeune homme s’installa confortablement sur la banquette avant d’adresser la parole à sa coéquipière.

"Alors, pour qui sommes nous sensé officiellement travailler, et que devons nous récupérer sur Nar Shaddaa ?"
Invité
Anonymous
Une vibration se répandit dans le sol, due non plus à la musique mais au décollage qui se préparait. Sans trop prêter attention au départ qui s'amorçait, Sharann retira sa cigarette de la bouche pour répondre à Kell :

« Romus Taliente, c'est le nom du client que nous représentons. Nous allons rencontrer Pazu-Pazu Thavio sur Nar Shaddaa, au Thavio Hotel, c'est un établissement de luxe qu'il a ouvert tout récemment. »

Elle ne tarda pas à basculer en avant pour éjecter la cendre de son mégot sur la table, avant de prendre appui sur l'un de ses genoux pour poursuivre :

« Mon maître lui a commandé un certain nombre d'essences rares et de composés chimiques. Ca représente un peu moins d'une tonne de marchandise... »

Elle enchaina sur quelques autres détails mineurs au sujets de la transaction lorsque les éclairages muraux et plafonniers vacillèrent un instant pour finir par s'éteindre, laissant le salon plongé dans la pénombre que combattait vaillamment les quelques tubes lumineux rouges disposés derrière la banquette et le long du chemin allant de la salle des machines au cockpit. La musique s'était coupée elle aussi, et à en juger par l'extinction de la veilleuses de toutes les portes visibles depuis le salon, il semblait que le circuit d'alimentation domestique venait de rendre l'âme. Pour couronner le tout, cette subite extinction des feux provoqua une cacophonie de cris stridents émanant du singe-lézard affolé qui martelait frénétiquement le sas de ses pattes.

« Tu le trouves toujours très bien ce vaisseau ? » siffla-t-elle, agacée, en tirant une nouvelle bouffée de cigarette.

Mais à peine eut-elle achevée sa remarque que tout revint à la normale. La porte du sas s'ouvrit pour laisser filer en trombes le curieux animal qui se rua dans le couloir menant au cockpit, manquant de déséquilibrer le rodien qui en sortait, une console de diagnostic à la main. L'individu, en tenue de mécanicien, courrait à grands pas vers la salle des machine, adressant au passage un bref signe de main aux deux passagers.
Sharann hocha un instant la tête, résignée, avant de reprendre, s'efforçant de faire comme si rien n'était arrivé :


« Evidemment, on ne pourra pas entrer sans une tenue adéquate... » fit-elle en observant l'accoutrement de son interlocuteur.

« Et tu peux oublier les bottes de l'académie ! » s'exclama-t-elle à voix basse lorsque son regard tomba, consterné, sur ce qu'avait aux pieds le jeune homme.

« Est-ce que tu es débile ? Ne me dis pas que tu avais l'intention de cacher ton appartenance à l'ordre avec ces trucs aux pieds ? » poursuivit-elle en parlant toujours bas pour ne pas être entendue par un membre de l'équipage du Wild Note.

« Tu n'as rien d'autre à te mettre, tu n'as pas de vie en dehors de l'académie ? Allez vire-moi ça toute de suite et va le planquer ou tu veux ! Tu te promèneras pieds nus si ça te chante c'est pas mon problème ! » fit-elle en agitant sa main libre.
Invité
Anonymous
"Déterminer l’appartenance d’un individu à un groupe par l’étude de ses souliers, s’étonna Kell. Impressionnant... vraiment."

Le ton légèrement amusé de sa réplique accompagné du léger haussement de sourcil et du sourire en coin devaient être suffisamment éloquent pour faire comprendre à son interlocutrice qu’il ne la prenait pas au sérieux. Dans le doute où elle fut effectivement sérieuse, il reprit, mais la tonalité du discours, bien que calme, pris trois tintes bien distinctes :

D’abord légèrement arrogante, pour piquer son attention…
"Pour votre information, j’ai bien d’autres costumes de goûts pour me vêtir. D’élégantes tenues à la mode corrélienne entre autre. Mais lorsque je dois me promener dans des coupes gorges comme la lune des contrebandiers, j’évite d’apparaître comme quelqu’un plein aux as, ce qui nous attirerait bien des ennuis, vous en conviendrez."

Puis convaincue de son choix, tentant de le défendre…
"Et surtout, sachant que nous allions probablement rencontrer un truand de la pire espèce, j’ai opté pour le confort au cas où les choses tourneraient mal. Ces bottes sont faites pour se battre et se mouvoir avec dextérité."

Enfin, les propos se firent conciliants, rassurants, cherchant à poser un compromis…
"Dans le pire des cas, si cela vous gêne trop, je passerai le bas de mon pantalon par-dessus chacune d’elles. Mais vous ne devriez pas trop vous en faire pour ça. Il y a généralement trop peu de témoins derrières nos pas pour savoir à quoi nous ressemblons… enfin surtout savoir à quoi nos bottes ressemblent," conclut-il dans une pointe d’humour.

Au fond de lui-même, il se doutait que quelque chose ne tournerait pas rond au cours de cette opération. Etait-ce le signe d’une paranoïa naissante, ou bien la Force qui l’alertait ? Il n’aurait su le dire. Kell avait besoin de la questionner d’avantage mais préférait attendre de voir si ces mots avaient eu un quelconque impact. Dans le cas contraire, le débat sur l’autorisation du port de bottes pourrait s’avérer houleux. Pour le moment, il n’osait pas se lever pour éviter le conflit. Il n’oserait d’ailleurs pas se lever avant que le vaisseau ait passé la barre de l’hyperespace… si toutefois il voulait bien décoller. Brick n’était pas encore ressorti de la salle des machines. Le jeune homme se demanda si le bricolage du rodien allait prendre du temps.
Invité
Anonymous
Lorsque Kell avait entamé la rétorque à son ainée, celle-ci avait entrouvert la bouche pour renvoyer quelques mots que l'on devinait cinglants, mais elle demeura muette sous le coup du discours du jeune homme qui lui avait finalement cloué le bec. Elle referma donc celui-ci, non sans y avoir coincé sa cigarette mourante qui finit par s'éteindre piteusement. Le passage sur les tenues à la mode de Corélia lui avait presque tiré un sourire, mais jamais elle ne le reconnaîtrait.

Elle laissa ainsi s'écouler quelques secondes durant lesquelles l'engin continuait sa progression hors de l'atmosphère de Korriban qu'il avait déjà quittée depuis un petit moment, à l'insu des voyageurs installés dans le salon sans hublots.
La jeune femme se leva finalement, agacée, et fit quelques pas dans la salon, jetant au passage son mégot dans ce qui ressemblait à une poubelle. Les mains dans les poches de sa veste de cuire sombre, elle se tenait, immobile, le temps de se calmer en soupirant, face à la console qui contrôlait la musique, l'éclairage et d'autres fonction domestiques.


« Quel genre de puissance peux-tu bien espérer toucher du doigt si une paire de chaussures t'est à ce point indispensable ? Tu ne seras un Sith que lorsque que tu seras en mesure de tout abandonner pour mener à bien ta destinée, abandonner tes possessions, tes idées, ton corps, ton âme, tout. » commença-t-elle d'une voix faible et résignée.

Elle se retourna finalement et s'adossa à la console pour poursuivre, sur le même ton, en regardant dans les yeux son interlocuteur :


« Fais comme tu veux pour tes bottes, mais si je viens à les apercevoir, je t'arracherai les jarrets moi-même. On verra si tu choisis toujours de t'en remettre au hasard. »

Son petit discours prit fin avant que le rodien n'émerge de la salle des machines, sa console de diagnostic toujours sous le bras, tout souriant et visiblement content de lui. Il s'arrêta cette fois pour parler aux deux Siths :


« Nous passerons en hyperespace dans quelques minutes, les lumières vont s'éteindre temporairement, c'est normal. Il faut dire que l'engin n'a pas été conçu pour ce genre d'hyperdrive. Oh.. Je vous dérange peut-être, je descends alors. Bonne nuit. » fit-il avant de disparaître sans attendre de réponse.

Sharann jeta un dernier regard à Kell avant de reprendre son sac laissé à terre et de s'engouffrer dans la chambre qu'elle avait reçue du besalisk, forçant, d'une pression sur la commande adéquate, la porte à ne pas se refermer. Elle retira sa veste qu'elle jeta sur l'un des lits, retira ses bottes, tira de son sac un bloc de données et vint s'installer sur un autre lit, appuyée contre le mur, pour s'adonner à la lecture du document électronique.
Kell avait donc tout loisir de se promener dans le vaisseau, de donner la rétorque à sa coéquipière, ou de vaquer à ses propres affaires : lire, méditer, dormir, regarder un holofilm de Shuq Nolees avec un rodien fan d'arts martiaux autour d'un gobelet de nouilles bien chaud, libérer un prisonnier fou, monter au maximum le volume dans tout le vaisseau sur un chant polyphonique gamorréen, attraper un singe-lézard, se faire cuire un oeuf... Tout ça, avec ou sans ses bottes Sith aux pieds...
Invité
Anonymous
Et se fut en contemplant ses fameuses bottes, l’air un peu idiot en fixant ainsi ses pieds croisés sous la table, que Kell médita sur les paroles de son ainé. Non pas concernant une éventuelle amputation, il doutait que la sith mette à exécution sa menace. Mais sur le fait que la maîtrise du côté obscur de la Force nécessitait l’abandon le plus total de soi-même.

La tonalité sur laquelle Sharann avait parlé le surprenait un peu. On aurait presque cru qu’elle venait de lui donner un conseil. Un conseil de Sith, bien entendu, sonnant plus comme une insulte qu’autre chose. Du genre : tu ne seras jamais qu’un sous être si tu ne comprends pas ça, je me demande même pourquoi je perds mon temps à te l’expliquer… Oui, la traduction semblait bonne. Restait à savoir s’il s’agissait d’un conseil dissimulé dans une insulte, ou d’une insulte révélant par mégarde un conseil.

Les jambes du jeune homme vinrent se poser sur la table, les bottes posées l’une sur l’autre. Ses bras se déployèrent le long de la banquette et sa tête bascula en arrière, le regard absent, perdu dans ses obscures pensées. Confortablement installé, il reprit sa réflexion.

Dans le cas où ce ne fut qu’une insulte, assurée de son expérience, elle aurait simplement voulu le rabaisser de son attitude matérialiste. D’un côté elle n’avait pas tort, c’était de là que pouvait venir l’éventuel conseil : le véritable sith devait pouvoir se débrouiller sans rien, ni sabre, ni même la Force… Car c’était de sa volonté de se surpasser et de survivre quelques soient les conditions qui en ferait un être fort.

Cependant, dans son équation dont la résultante devait être le sith parfait, bien que les possessions entraient effectivement en ligne de compte, le reste chiffonnait Kell. Le passage sur l’âme, les idées et le corps brisait l’utopie que le jeune homme pouvait se faire d’un disciple du côté obscur, évoquant plutôt le pion idéal : l’être, à qui on retirait son droit de penser, ses initiatives, qui ne craignait ni la peur de mourir, ni de commettre des actes en totale contradiction avec sa nature ou sa morale quelle qu’elles fussent, ne serait rien d’autre qu’un outil.

L’apprenti douta que la jeune femme ait elle-même renoncée à ces dons de la nature. Bien sur, un tel outil pouvait se voir accorder l’attention d’un propriétaire. Ce dernier, après avoir correctement travaillé son bien, après lui avoir transmis un peu de sa force de bras, pouvait l’utiliser à sa guise... du moins jusqu’au moment où il se briserait. Mais dans le mode de fonctionnement des siths, l’outil avait la fâcheuse tendance à s’attaquer à son propriétaire quand il jugeait que ce dernier ne pouvait plus rien lui apprendre. Donc, l’outil idéal n’existait pas dans ce genre d’artisanat. Par voie de conséquence, Sharaan n’y avait pas renoncé.

Il soupira un instant avant de rechercher quelles auraient put être les motivations de sa coéquipière dans le choix de ces mots. Il entrevit trois possibilités.

La première était tout simplement l’insulte bête et méchante. Elle avait rajouté des mots lourds de signification pour donner plus de piquant à son attaque, sans réellement faire attention au sens qu’on pouvait en tirer. Cette possibilité était surprenante de la part du bras droit du maître ayant la réputation d’esprit le plus complexe de l’académie.

La deuxième, c’était le fameux conseil. Dangereux, si c’était le cas, car ses mots auraient été réfléchis dans le but d’être appliqués par son interlocuteur. Pourquoi ? Devenir sa marionnette ou tout simplement pour arrêter de lui casser les pieds et de lui répondre pendant ce voyage.

Troisième et dernière possibilité, Kell commençait à s’ennuyer et il fallait qu’il se torture l’esprit d’une quelconque manière, interprétant tout de travers. Sharann avait juste voulu lui mettre sous le nez son trop grand attachement aux petits conforts inutiles, et lui tournait ça en tentative de manipulation. Sa passion pour ce genre de jeux pouvait effectivement être le moteur insoupçonné de cette trop longue réflexion.

Trois chemins possibles donc. A sa gauche, s’étendrait un champ de bataille fait de joutes orale avec Sharann. A droite se tiendrait un obscur brouillard ne dévoilant pas les aboutissements de la manipulation. Et enfin, derrière lui se trouverait un miroir reflétant sa propre image, sa propre peur d’être manipulé.
Il ne souhaitait s’engager sur aucun des chemins pour l’instant. Trop peu d’information. Des hypothèses, certes, mais qu’il devrait vérifier.

Bien que restés ouverts durant cette longue absence, les yeux de Kell semblaient indiquer qu’il revenait à lui, glissant le long du globe oculaire pour identifier le lieu où il se tenait ainsi avachi. Combien de temps s’était-il écoulé ? Cinq, peut être dix minutes. Il ignorait si le Wild Note avait franchi le mur de l’hyperespace, ses pensées semblaient avoir étouffé toutes craintes de dislocation de l’appareil.

Lentement, son corps décida de se mouvoir, s’étirant par réflexe, comme s’il venait de faire une sieste. Puis il se remit en position assise et enfin se leva. Il fallait interroger Sharann, pour s’assurer de ce qu’elle avait voulu dire d’une part, mais aussi parce qu’il avait d’autres questions au sujet de la mission confiée par Saclès.

Avant d’entrer dans sa cabine, il prit le soin de bien passer le bas de son pantalon par-dessus ses bottes. Dans le doute, autant ne prendre aucun risque. Après tout, il y tenait à ses jambes.

"Excusez-moi de vous déranger Sharann," commença-t-il en entrant, sans prêter la moindre attention à ce qu’elle pouvait faire. "Mais ce que vous m’avez dit tout à l’heure m’a fait réfléchir et j’aurai une question."

Kell marqua une pause et en profita pour ordonner la fermeture de la porte. Une fois qu’elle fut abaissée, les isolants des oreilles indiscrètes, il reprit.

"Enfin, un doute quant à ma façon d’étudier la vraie nature de la Force serait plus approprié. Je souhaiterai votre opinion, votre expérience plus précisément. Vous-même. Vous êtes vous abandonné à ce point à votre formation pour vous élever au sein de l’ordre sith ?"

Si jamais ces propos avaient été un conseil ou une manipulation, elle serait peut-être tentée de poursuivre dans ce sens. Sinon, vu le caractère jaloux des siths vis-à-vis de la puissance, il y aurait de fortes chances qu’il se fasse jeter comme un malpropre.

Intérieurement, il sourit. Tout ça à cause d’une histoire de bottes.
Invité
Anonymous
Pendant le temps que l'apprenti avait passé à méditer au sujet des paroles que la femme lui avait délivrées avant de se retirer dans sa chambre, le Wild Note avait effectivement basculé en hyperespace. Comme l'avait prévu le rodien, une panne mineure avait plongé tout l'astronef dans une lumière d'urgence et de le silence, arrachant à celle qui lisait sur une couchette un soupir.

L'équipage, lui, n'avait guère été perturbé par le comportement de l'engin, signe qu'il s'y était habitué, ou qu'il était doté d'un optimiste à toute épreuve. Le plus agacé, contre toute attente, fut le rodien à l'origine du problème. Depuis la soute où il suivait avec attention, et en se gavant de nouilles, un holofilm passionnant de Shuq Nolees, il avait braillé une série de jurons très grossiers lorsque son moniteur s'était éteint, au moment précis où le héros exécutait sa technique spéciale des phalanges dansantes en prononçant à sa future victime des paroles qui selon Brick lui conféraient une prestance folle.
Le vacarme et la panne avaient excité le taré retenu captif qui s'était lui aussi mis à hurler comme le dément qu'il était – ou pour lequel il se faisait passer – en se ruant sur sa porte. Fort heureusement celle-ci était munie d'un verrou mécanique et le prisonnier ne put que redoubler ses cris qui prenaient la forme curieuse d'une chanson paillarde entrecoupé de grands coups de savate dans la porte obstinément close.
Le singe-lézard n'avait pas hurlé à la mort cette fois, avachi sur l'avant bras du besalisk qui le rassurait de sa voix basse et chaleureuse, sous le regard dubitatif de son voisin vautré dans son siège.

Le vaisseau était passé en pilotage automatique, laissant aux occupant du cockpit un long répit accueilli par un bâillement de twi'lek et le fredonnement d'une chanson par une voix grave.

Le salon déserté par Kell se vit investi par les deux pilotes et la bestiole agité qui ne leur servait à rien. Alors que le prénommé Qajeh s'affala dans le canapé circulaire et jeta ses pieds sur la table, le besalisk lorgnait déjà sur les cendres dispersées sur la table en question :


« La p'tite dame fume trop, elle m'a fichu des cendres partout, regarde moi ça... » geignit-il sur un ton désolé tandis que l'autre jeta, depuis sa place, un oeil curieux en direction des deux chambres, notant que l'une des deux était fermée et l'autre vide. Un rictus d'incrédulité passa sur son visage avant de revenir à sa sieste, dérangé par son compagnon qui éjecta ses pieds de la table pour en épousseter la surface avec un tissu et y placer un cendrier qu'il avait tiré d'un casier mural contenant des bouteilles d'alcool et quelques apéritifs entamés.

Dans la chambre, Sharann avait levé les yeux de son bloc de données suite à la question de son jeune coéquipier, pour porter ensuite son regard, sans la moindre discrétion, sur le bas des jambes de celui-ci. N'y trouvant pas de bottes Sith exhibées, elle remonta pour planter son regard dans celui de son interlocuteur qui attendait une réponse.


« Il est évident que non, pas encore. Ca ne se fait pas comme ça, en claquant des doigts... » fit-elle en claquant effectivement des doigts de sa main libre.

Sentant que sa réponse laconique ne suffirait peut-être pas pour satisfaire la curiosité de Kell, elle déposa son ouvrage électronique à côté d'elle, avant de replier ses jambes gainées d'un collant sombre et aux pieds nus pour s'assoir en tailleur.


« Pour commencer, je n'ai que faire d'une élévation dans ce marais puant qu'est l'ordre. C'est dans la connaissance que l'on doit s'élever, tant qu'on ne comprendra pas ça on continuera à s'enliser dans des conflits qui n'ont plus aucun sens qui finiront par avoir notre peau. »

Constatant elle-même que ses propos pourraient aisément être pris pour un discours pacifiste, elle adressa son faux sourire à son interlocuteur :

« Eh oui, il ne s'agit pas de tuer pour tuer ou parce que c'est la mode ou encore parce que c'est plus fort que nous. Je laisse ça aux Jedis déchus, Jedis noirs et autres pantins du même acabit, aveuglés par le côté obscur de la force et par le torrent de leurs passions sur lesquels ils n'ont plus aucun contrôle.
Le Sith ne déverse pas ses émotions à tout bout de champ, il les conserve en lui et les fait grandir pour faire construire sa force. Et ça, ça demande des sacrifices.
S'élever dans la connaissance, quelle qu'elle soit, demande des sacrifices... »


Peut-être était-ce par fierté que Sharann délivrait ainsi ses idées à Kell, peut-être cherchait-elle à le manipuler, comme il le redoutait, ou peut-être y avait-il une autre motivation derrière ce comportement, il n'était guère possible de le savoir pour l'heure. Elle reprit en glissant sa main dans une poche intégrée à la ceinture de l'espèce de pagne qu'elle portait sur son collant pour en tirer une cigarette et de quoi l'allumer :

« Mais un sacrifice réalisé sans sagesse n'est qu'un acte de barbarie. Il y a un juste moment pour tout renoncement, pour tout abandon. Si tu ne le respectes pas, tu te plantes. » termina-t-elle en pinçant sa clope du bout des lèvres avant de l'allumer et de libérer peu après un voile de fumée, gardant ses yeux noisette rivés sur Kell.
Invité
Anonymous
Pendant que la jeune femme parlait, Kell s’était adossé à la porte, les bras croisés. Il put entendre l’équipage qui investissait le salon, troublant quelque peu sa concentration sur le discours. Si l’un d’eux avait la mauvaise idée d’entrer la cabine et fouiller son sac, il pourrait trouver son sabre. Et si cela arrivait, il se ferait trucider par Sharann.

Son regard se fit donc absent de la conversation, une grande partie de sa perception était focalisée sur les mouvements dans la pièce voisine par le biais de la Force. Il conserva tout de même une oreille attentive au propos de son interlocutrice.

"Je vois…" commença-t-il d’une voix calme.

"Je suis d’accord avec votre qualificatif sur l’ordre," poursuivit-il avec un sourire un peu triste. "Trop de ses membres ne sont obnubilés que par leur propre puissance et la peur de la perdre face à leurs rivaux, créant ainsi les luttes qui nous affaiblissent face à nos ennemis."

Mais ce qu’il ne précisait pas, c’était qu’il imputait cette faiblesse aux maîtres en particulier, pas seulement aux jedi déchus. Après tout, aucun d’entre eux n’était assez fort et intelligent pour imposer son autorité à ses rivaux et faire progresser l’ordre dans la domination de la galaxie, sa véritable place.

"Même chose sur les émotions. Elles ne nous dominent pas, nous nous en servons. Agir sous le coup d’une impulsion est le meilleur moyen de mourir stupidement. Chaque obstacle quel qu’il soit demande réflexion. C’est mon point de vue sur le comportement d’un sith."

Kell marqua une petite pause, soupirant sèchement. Il s’était laissé prendre par le débat et doutait que cela soit pertinent pour déterminer les réelles motivations de Sharann. Quoique, s’il pouvait comprendre ses ambitions, il pourrait peut être y voir plus clairement. Pour cela, il faudrait plus que donner son opinion sur le comportement des sith.

"Là où je suis en désaccord avec vous, ou alors c’est que je n’ai pas compris ce que vous disiez, c’est au niveau de l’abandon de soi-même… ce sacrifice. Je pense ne jamais pouvoir être jouet que vous décrivez. Personne ne peut par nature étouffer son propre intérêt personnel. On peut simuler l’obéissance, jouer le pion parfait, suivre l’initiative d’un autre quand il va dans notre sens, mais pas se soumettre entièrement. Après tout, chacun de nous à ses motivations pour se lancer sur la voie obscure, mais s’il les abandonne, y continuer ne rime plus à rien. Voyez-vous mon dilemme ?"

Il se sentait revivre l’expérience avec Saclès dans la bibliothèque. Lui tentant de déterminer les motivations de son interlocutrice. Mais il n’avait pas le prestige d’un maître, ni même sa clairvoyance. Il faudrait jouer la conversation sur le même ton d’inquiétude pour son avenir, la laissant penser que son expérience lui serait cruciale.
Invité
Anonymous
En suivant le discours du jeune Sith, Sharann avait plissé légèrement les yeux, sa cigarette toujours suspendue aux lèvres et ses avant bras posés sur ses genoux. Lorsqu'il eut terminé, le silence s'étala entre les deux protagonistes pendant une bonne minute avant que la jeune femme ne le brise :

« C'est parfaitement stupide, et ce n'est pas ce que j'ai dit tout à l'heure. Il ne s'agit pas d'oublier ses objectifs, mais au contraire de les placer au dessus de toute autre chose, que ce soit ses biens matériels, son intégrité physique, son intégrité psychologique, son entourage, son être profond. »

Sur ces mots elle étendit ses jambes sur la couchette en les croisant. Quelques cendres vinrent s'échouer comme des flocon de neige sur le sol,depuis le mégot qu'elle tenait à présent du bout de ses doigts.

« Il y a essentiellement trois choses qu'il faut cultiver : la haine, l'amour, et le sacrifice. C'est la recette de la détermination, du vrai pouvoir. » annonça-t-elle avec un brin de désinvolture en replaçant à nouveau le bout de sa clope entre ses lèvres fines.

Pendant ce temps, dans le petit salon, les deux compères devisaient tranquillement en s'empiffrant de petites saletés qu'on sert ordinairement en apéritif :


« mmgmmgm... Nan c'est sûr, je n'dis pas l'contraire, mais s'il n'y a pas quelque chose, quelque part, comment expliques-tu que nous soyons là... (mmgmgmgm) à manger des Crunchymachins... aussi loin de tout...?
_ Hummm... »
marmona simplement le twi'lek, dubitatif, en enfournant une nouvelle poignée de petites saletés salées.

Le Besalisk, instalé à côté de son interlocuteur dans le canapé saisit un verre empli d'une liqueur brune et soyeuse pour le porter à sa bouche énorme avant de la reposer :


« Non sérieusement. Des fois je me demande tu vois... » acheva-t-il, pensif alors que l'autre acquiesça doucement d'un soupir.

Les minutes s'écoulèrent sans un bruit dans le salon où gisaient les deux individus, un verre vide à la main et le regard lointain.
Invité
Anonymous
Apparemment, Sharann n’avait pas cherché à le manipuler, ou alors elle avait très mal ciblé sa personnalité. Kell était un peu déçu. Pas d’une quelconque tentative d’influence, ça il devait plutôt s’en réjouir, mais des idéaux qu’elle affichait.

La haine, l’amour et le sacrifice…

Sur ces trois là, il n’en avait qu’un seul. Et encore, il douta que l’amour de sa propre personne puisse être pris en ligne de compte. Quant à la haine, il la ressentait peu. De tous les êtres de la galaxie, il ne percevait qu’une utilité potentielle. Face à l’adversité bien sur, la colère était présente, mais pas la haine instinctive qui renforce et permet de combattre de front. Non, même ses vengeances étaient distantes et méthodiques, dictées plus par une froide logique que par un sentiment bouillant. Et le sacrifice… bah, les séquelles qu’il pouvait engendrer gâchaient la saveur du pouvoir acquis. En fin de compte, la seule chose qui le faisait avancer était son ambition.

Il était en parfait désaccord avec elle. Mais l’afficher ou en débattre aurait nécessité une justification par ses propres opinions, et Kell se refusait à donner une moindre parcelle d’identité. Elle n’avait peut être pas tenté de le manipuler pour le moment, mais cela pourrait subvenir plus tard. Bien sur, s’il voulait en savoir plus sur la jeune femme, il lui faudrait la faire parler d’avantage. Mais tenter de lui faire avouer ses motivations par le dialogue était sans doute un peu trop précipité pour deux personnes qui ne se connaissaient que depuis quelques heures. Il faudrait attendre.

Le jeune homme relâcha l’attention qu’il portait aux deux individus dans la pièce voisine, plongés dans une grande interrogation existentielle. Se redressant, il fixa ses yeux sur son ainée et lui adressa un sourire.

"C’est un point de vue intéressant, je vais y réfléchir," dit-il d’un ton faussement satisfait. "Je vous remercie de m’avoir accordé un peu de votre temps et vous laisse vous reposer."

Pour le moment du moins... Il aurait bien d’autres questions à lui poser, sur elle et sur la mission, mais pour l’instant, il lui semblait avoir épuisé son quota. Kell sortit donc de la chambre, prenant soin de bien refermer derrière lui. Saluant les deux compères installés dans le salon, il s’enferma à son tour dans sa cabine. La fatigue le gagnait, la chasse au lézard et les techniques de combat de Shuq Nolees devraient donc attendre qu’il se soit reposé.

Après avoir rangé son blaster dans son sac, il s’affala sur l'une des couchettes, laissant le sommeil le gagner progressivement.
Invité
Anonymous
Tandis que dans les bras de Morphée, Kell se laissait allégrement bercer, le Wild Note poursuivait son périple à travers d'étranges dimensions de l'espace.
Sharann avait quitté sa chambre, sous l'oeil hagard des deux compères s'enlisant dans un débat pseudo philosophique qui battait de l'aile, et s'était engouffrée dans la salle des commandes où elle étouffa un cri. Devant ses yeux écarquillés s'agitaient le reflet du paysage fantomatique de l'hyperespace qu'auraient du occulter les larges fenêtres de transparacier. Les irréelles nimbes géométriques et colorées entourant le vaisseau se multipliaient et s'articulaient dans une danse fractale anormale et effrayante. L'exposition prolongée à pareil spectacle pouvait confiner à la folie, la Sith le savait, et ne s'y attarda donc pas. Elle clos les yeux un instant et descendit sur le pont inférieur de l'astronef pour se diriger dans la salle d'eau afin d'y prendre une douche.
Le rodien ne l'avait pas même vue passer, trop occupé à essayer d'attraper le singe-lézard qui lui faisait des grimaces, perché à la grille d'un conduit d'aération.

Les heures s'égrainèrent à bord du vaisseau. Les deux pilotes avaient repris leurs postes, le rodien s'était endormi à même le sol, complètement épuisé, de même que le singe-lézard qui gisait à côté de lui dans une position de sommeil des plus invraisemblables.

Kell ne tarda pas à se réveiller, constatant la présence de Sharann dans sa chambre. Au lieu de sa tenue civile, elle portait une tunique Jedi traditionnelle, beige et blanche. Ses cheveux étaient soigneusement rassemblés en queue de cheval haute et son visage arborait un air solennel lorsqu'elle parla :


« Le conseil ne t'a pas abandonné. Ce que tu as vécu était nécessaire, il nous fallait t'éprouver avant de pouvoir t'accorder le rang de padawan. Ce rang est à ta portée, il te suffit de passer l'épreuve, vient avec moi... Je te prendrai comme apprenti. »


La chambre s'était emplie d'un calme extraordinaire, le vaisseau tout entier paraissait plongé dans la quiétude. Elle lui tendit une main pâle l'invitant à se lever et à la suivre, et de cette main, aussi étrange que cela pouvait paraître, se dégageait un parfum familier, un parfum que Kell pu juger être celui de sa mère, quand bien même il n'en aurait eu aucun souvenir.

« Viens, nous allons voir ton père, tu te souviens de lui n'est-ce pas ? Allons lève toi. »
Invité
Anonymous
Les yeux encore embrumés par le sommeil, Kell se demanda s’il était en train de rêver devant l’étrange spectacle qui s’offrait à lui. Une Sharann calme et sereine, portant la tenue de l’ennemi officiel de l’ordre se tenait là, dégageant une aura que le jeune homme n’avait pas ressenti depuis quelques temps. Depuis deux ans en fait. Bien qu’il fût à moitié endormi, son esprit fit automatiquement le rapprochement du sith à la manipulation, après tout lui-même aurait pu jouer ce genre de rôle. Cette mise en scène, pourtant bien exécuté, flairait l’arnaque à plein nez, et Kell s’apprêta à lui envoyer une réplique cinglante… mais ces mots se perdirent dans une expression à mis chemin entre l’ébahissement et la colère lorsqu’elle se mit à parler.

Comment pouvait-elle savoir pour l’intérêt qu’il avait porté au rang de padawan durant son séjour chez les jedis ? Cette information aurait été facile d’accès pour un membre de leur ordre, mais pas pour un sith. Et bon sang, qu’elle était cette irritante atmosphère de paix qui semblait posséder ce vieux rafiau pourri tout d’un coup, on n’entendait même plus le vacarme des moteurs.

Repoussant l’envie de se retourner et de se rendormir pour chasser cet éventuel cauchemar, il se redressa sur la couchette, un pied hors du lit pour pouvoir bouger rapidement si le besoin s’en faisait sentir. Il lui fallait percer l’objectif de cette conversation, tout en restant sur ses gardes. Après tout elle s’affichait comme une ennemie.

Mobilisant toute sa matière grise – ce qui lui déclencha une sérieuse migraine si tôt après le réveil – il releva deux indices lui indiquant la piste de la manipulation. Le premier fut cette odeur, ce doux parfum maternel qui évoquait à Kell le souvenir d’une personne qu’il n’avait pas connu. C’était bien vu pour se jouer de quelqu’un qui n’y aurait pas réfléchit, préférant se laisser influencer par l’émanation, mais lui ne passait pas des heures dans les bibliothèques pour rien, et créer des cocktails enivrant était du ressort du bras droit d’un chercheur comme Saclès. L’objet même de leur mission sur Nar Shadaa n’était-elle pas de lui rapporter des essences rares ? Quels pouvaient être les secrets de fabrications de tels élixir, ça, il ne le savait pas, mais cette odeur et l’émotion qui en découlait pouvait en être un des effets.

Le deuxième indice vint lorsqu’elle reprit la parole pour lui parler de son père. Là il eut franchement envie de rigoler mais n’en montra rien. Halaryn Méliar, grand politicien véreux tombé durant l’investigation d’un chevalier jedi. Etrangement, Kell ne se souvenait pas du nom de cet homme qui avait fait la preuve au grand jour de la complicité de son père dans cette affaire criminelle. Mais il ne lui en voulait pas, pas pour ça du moins, Méliar était responsable de sa propre chute. En choisissant de travailler avec des gens qui préféraient faire parler leurs blasters que de corrompre les fonctionnaires de la république, tout ça pour amasser toujours un peu plus d’argent, ils avaient laissé énormément plus de preuve derrière eux. En gros, même si Kell avait un peu de reconnaissance et d’admiration pour son père, il se moquait de ce qu’il pouvait bien lui arriver, il avait joué et il avait perdu. Le lien familial n’avait pas fait parti de son éducation. Et aller le voir maintenant, alors qu’il devait être en train de purger une peine pour complicité de meurtre et haute trahison, et qu’eux même étaient dans ce cargo poubelle en direction de Nar Shadaa donnait à la proposition une connotation amusante.

De plus en plus d’erreurs sur le comportement de Sharann affluaient dans l’esprit du jeune apprenti. Son attitude d’auparavant montrait soit qu’elle était une sith jouant mal son rôle de jedi, soit une jedi jouant à la perfection le rôle de sith… Elle n’aurait jamais pu leurrer la vigilance d’un maître comme Saclès, sa forte dépendance au tabac allait à l’encontre des principes de la santé jedi, elle possédait une arrogance fortement irritante et les propos qu’elle avait tenu lors de leur petite conversation étaient opposés aux idéaux enseignés par les jedis. Bien sur à ce moment là, elle avait pu lui mentir, mais les gardiens de la République de mentaient pas. Non, la plus grande probabilité était que la jeune femme le testait.

Mais au lieu de lui rire au nez et de se moquer de son échec, le jeune homme voulait savoir d’où elle tenait ses informations. Connaître l’affaire avec son père, ça, n’importe quelle banque de données aurait pu le lui révéler, mais l’histoire du rang de padawan était digne d’intérêt. Il avait lu quelque part que certain seigneurs sith pouvaient déterminer les désirs des personnes par le biais de la Force. Etait ce lorsque son maître l’avait jaugé dans la bibliothèque qu’il avait perçu cela et en avait informé sa disciple, ou elle-même avait-elle suffisamment de talent pour lire dans les pensées. Kell pris la parole d’une voix qu’il s’étonna lui-même de trouver douce, sans doute influencée par l’illusion de paix qui planait dans la pièce.

"Sharann. Sachez que si j’ai choisit de quitter les jedis c’était de mon propre chef et non parce qu’un groupe d’altruiste l’a décidé à ma place. Ils avaient fortement raison de se méfier de moi, leur seule erreur fut de m’accueillir et de me permettre de découvrir ce merveilleux pouvoir. Ils la regretteront dans le futur soyez en sur."

Il marqua une petite pause avant d’adresser un sourire à son ainée, à moitié amusé, à moitié fasciné. Amusé car elle avait tenté de le manipuler comme il s’y était attendu, fasciné à cause des talents qu’elle possédait.

"Quant à vous, j’ai failli me laisser prendre au piège. Je dois dire qu’il était brillant d'utiliser cet étrange parfum et l’instinct doux qu’il réveille pour endormir la vigilance de la cible, au lieu d’utiliser la Force pour le manipuler, chose que j'aurais senti. Un des fameux talents que votre maître vous a enseigné ? En parlant de lui, est-ce comme cela que vous avez appris pour le désir que j’avais de devenir padawan ? Parce que ça, je dois vous l’avouez, ça m’a vraiment laissé sans voix."

Kell était souriant, toujours assis sur sa couchette quoique moins alerte. Un instant, il douta de s’être trompé, mais il chassa vite cette idée de son esprit. Tous les faits montraient que ce n’était qu’un test. De toute façon, il ne songeait même pas à récupérer son sac et ses armes, elle avait eut tout le temps nécessaire pour les lui subtiliser.
Invité
Anonymous
... Et pourtant son sac était bien resté à sa place avec son précieux contenu intact. L'atmosphère du vaisseau s'épaississait doucement pour prendre une intangible consistance mettant mal à l'aise. En constatant la réaction distante du jeune homme, une expression de surprise avait glissé sur le visage de Sharann qui ramenait lentement sa main à elle :

« De quoi parles-tu ? Tu as de la fièvre ? » le questionna-t-elle avec un ton des plus maternels en apposant sa main contre le front de celui qui se tenait assis sur la couchette, et qui se surprit à ne pas trouver immédiatement le réflexe d'esquiver cette main froide et trop molle.

Il ne tarda pas à prendre conscience de la sueur qui perlait à ses propres tempes et à sa nuque, ainsi que des fourmillements qui engourdissaient ses jambes ensommeillées qu'il ne parvenait pas à mouvoir pour le moment. Une ombre fila sur le sol pour se glisser sous la couchette de Kell, une ombre sans propriétaire.

Silence.

Les lumières défaillirent, vacillant quelques instants avant de retrouver leur éclat naturel.


« Tu ne comprends donc pas ? Ton départ, c'est moi. Je suis là depuis le début... Depuis le début... » lui relança-t-elle avant de laisser sonner un rire cristallin qui résonna. Le sens profond de ces curieuses paroles se perdit entre les lèvres de la jeune femme livide, et bientôt éclata le ricanement strident du singe-lézard qui s'agitait dans une pièce voisine. Depuis sa chambre, Kell entendit les poings du besalisk marteler en rythme la porte de la salle de commande, un rythme sans musique. Parfaitement imperméable à ce qui se passait dans le vaisseau étrange, Sharann poursuivait :

« J'étais avec toi au temple, je te surveillais, mais je ne pouvais rien dire, c'est moi qu'ils auraient chassé s'ils avaient su pour toi... » commença-t-elle en arborant un air sincèrement contrit.

Les ricanements de la pièce voisine cessèrent pour laisser place aux sons habituels de la salle des machines tandis que le martellement des puissants poings du besalisk se prolongeait encore. Le vaisseau semblait s'adonner à des transferts d'espace répétitifs, signe flagrant d'un dysfonctionnement.


« ...s'ils avaient su que j'avais eu un fils... Sauras-tu jamais me pardonner ? Suis moi et je te rendrai ce que j'ai t'ai pris autrefois. »

Elle lui tendit à nouveau la main et parla comme un automate :

« Viens, nous allons voir ton père, tu te souviens de lui n'est-ce pas ? Le conseil ne t'as pas abandonné, c'est moi.. C'est moi. »

La main de Sharann vint se tendre vers son interlocuteur, alors que les derniers mots de ce derniers étaient répété par le singe-lézard qui s'agitait à nouveau à côté. La jeune femme n'y prêta pas attention et tendit la main, ce qui provoqua une sensation aigüe de déjà vu chez le jeune homme :

« C'est moi, c'est moi... »

Du coin de l'oeil, Kell remarqua la présence d'une personne à son flanc, partageant la même couchette que lui, à sa grande surprise de ne l'avoir pas constaté plus tôt... Si d'aventure il se penchait pour en savoir plus sur l'intrus, il reconnaitrait le profil du visage de Sharann, endormie.
Invité
Anonymous
La douleur provoquée par la pression de ses dents sur sa lèvre inférieure permis au jeune homme de garder les idées claires, le gout du sang se répandant lentement dans sa bouche. Tout était illogique à présent, deux Sharann, l’une déguisée en jedi et tenant des propos incohérents, l’autre couchée à ses côtés. Les transferts réplétifs du vaisseau aussi étaient impossibles, ils auraient eu raison de sa vieille coque à la première manœuvre brutale. Et que dire du singe lézard qui ricanait et s’était mis à parler.

Il avait eu faux sur toute la ligne en pensant découvrir la trame de ce spectacle. Tout faux, pas vraiment, quelque chose ou quelqu’un tentait bel et bien de le manipuler et son esprit trop habitué à des influences à l’échelle des mots ne l’avait pas averti d’un procédé inhabituel. La chose ou la personne qui était derrière cela tentait-elle de le déstabiliser ? Il ou elle avait accès à de nombreuses informations, mais trop fragmentaires pour les utiliser à bon escient. Le manipulateur tentait donc à présent de désarçonner son esprit par ce soudain changement d’ambiance, de la paix à une ressemblance légère avec le chaos naturel du vaisseau. Il ne cèderait pas à la cause de ce tourment pour autant... il lui fallait déceler des indices au travers de cette illusion, mais d’abord, fermer au mieux son esprit.

De la colère, voilà ce qui lui fallait… De la colère issue de cette vaine tentative de manipulation, il n’était et ne serait jamais un pion. Ce serait toujours lui et lui seul le manipulateur. Il érigea un mur de cette animosité, et en arrière de cette protection mentale, mit en place la froide logique qui déterminerait l’être à l’origine de ce jeu.

Kell ne souriait plus. Le mince filet de sang qui coulait à droite de sa fine bouche, mêlé à la sueur froide, perla sur son T-shirt, tâchant d’un point pourpre le tissu blanc. Il était immobile, ses yeux gris clairs fixaient l’illusion de la femme jedi, les sourcils légèrement froncés.

Il avait été endormi lorsque la capacité du manipulateur avait été lancée, pouvant faciliter de ce fait l’éventuelle lecture des pensées. Il y avait fort à parier que réellement, il dormait encore, ou peut être comme un somnambule, se tenait il assit sur sa couchette, seul, ou en présence de son ennemi. Si effectivement il était assoupit, l’illogisme apparent de la scène pouvait démontrer les perturbations extérieures qui gênaient l’illusion créée, ou alors que le manipulateur tentait de les insérer dans son jeu pour convaincre l’esprit du jeune homme de la réalité de la scène. Le bruit des moteurs semblait réel et le tambourinement rythmé du besalisk dans sa psychose pouvait représenter celui incessant du prisonnier des chasseurs de primes dans la réalité. Lui… Kell se maudit de n’avoir pas pris plus de renseignement à son sujet auprès de Jeff. Après tout, c’était bien sur Korriban qu’ils l’avaient capturé, et aller savoir l’être dont il pouvait s’agir. Son esprit se fit hermétique à la pire hypothèse qui s’y forma, seul pouvait filtrer la haine issue du sentiment de n’avoir été qu’un pion depuis le commencement.

S’échapper de cette illusion ne serait pas simple, cela devrait se jouer à l’épreuve de force. Kell se voyait mal tenter de sortir son sabre et attaquer l’illusion de la jeune femme. Déjà parce qu’il était mauvais au combat, mais aussi parce que son corps refusait de bouger selon sa volonté et que son adversaire, fusse-t-il dans cette pièce, ne devait certainement pas se positionner au même lieu que l’illusion. Le jeune homme oublia ses cinq sens, prenant une expression absente, il se focalisa sur la Force, tentant de déterminer, qui dans ce lieu, était en train d'en faire l'usage.

"Cessez cela ou attaquez tout de suite," dit il d'un ton froid. "De toute manière, je vais vous trouver"
Invité
Anonymous
La force de volonté du jeune Sith endormi le tira violemment du sommeil dans lequel il était plongé. La chambre, fermée, était plongée dans la pénombre, uniquement éclairée par un veilleuse turquoise. Halaryn était encore allongé et, sur le matelas, quelques tâches sombres étaient apparues près de son visage : du sang, provenant de sa lèvre inférieure, à présent légèrement boursoufflée. Heureux fut-il qu'il ne soit pas blessé davantage au cours de son sommeil pour le moins agité.Tout autour de lui paraissait normal, et un coup d'oeil sur un cadran mural lui indiqua qu'il avait dormi près de six heures.

Du salon, et à travers la porte de la chambre, émanaient les notes langoureuses que le twi'lek,vautré dans le canapé, tirait des cordes son Quetarra, sous le regard tranquille de son massif compère, claquant doucement des doigts en rythme, installé de l'autre côté de la banquette. Ces deux là semblaient avoir le Jizz dans la peau. Sur la petite table ronde s'empilaient deux plats vidés de leur contenu. L'affreux singe-lézard se tenait couché en rond entre les maigres jambes du rodien. Ce dernier, un gobelet de nouilles parfumées et épicées à la main, s'empiffrait bruyamment en battant du pied la mesure, de façon totalement décalée.
Ce n'est qu'à la fin de musique que le besalisk se leva pour se rendre dans la chambre de Kell, prenant soin de faire le moins de bruit possible, tandis que le musicien repris un autre morceau, plus mélancolique que le précédant.

La porte de la chambre glissa donc dans un souffle, laissant apparaître l'énorme silhouette à son entrebâillement, un silhouette découpant sur le sol un ombre à quatre bras musclés. Le colosse passa près du lit de Kell, entrainant dans son sillage un effluve ressemblant à s'y méprendre à de l'oeuf cuit. En se déplaçant, il se massa la nuque et jeta à l'apprenti Sith, qu'il croyait endormi, un regard, avant de se présenter devant une armoire rudimentaire qu'il ouvrit et dans laquelle il fouina un instant pour en extirper un objet rectangulaire et brillant, de la taille de sa main, qu'il glissa dans une poche du tablier qu'il portait en refermant l'armoire.
A cet instant, la créature kowakienne aventurait une tête dans l'espace sombre de la chambre, portant sur Kell un regard parfaitement abruti avant de couiner et de glapir.


« Ahh la ferme ! Allez dégage mon gros ! » gronda à voix basse le besalisk se repoussant du pied la bestiole et en jetant à nouveau un oeil sur Kell.
Invité
Anonymous
Le réveil fut sec mais pas mouvementé. Immobile dans sa couchette, Kell se remettait tout juste de l’étrange cauchemar dont il sortait. Son cœur battait à tout rompre, sa respiration était haletante, et tout son corps semblait transi par la sueur froide qui avait imbibé ses vêtements et ses longs cheveux. La seule source de chaleur réconfortante était celle de la fine coulée de sang qui suintait doucement dans sa bouche et dont l’origine torturait les nerfs sensitifs du jeune homme. Cette plaie faisait un mal de chien mais il préférait ne pas bouger… à dire vrai, il était tétanisé par la peur de retomber dans cette étrange dimension. Si bien qu’il ne réagit pas à l’entrée du besalisk dans la pièce jusqu’au couinement désagréable de la petite créature. Manifestation orale qui déclencha chez le jeune sith une réaction vive, lui rappelant le sinistre ricanement de son rêve : il se redressa en un éclair et fixa les deux intrus d’une expression à mi-chemin entre la crainte et l’envie de meurtre.

Lentement, il prit conscience d’être de retour à la réalité. Toute l’ambiance environnante, du twi’lek et son instrument à cette odeur si ordinaire de cuisine, lui affichait une sensation d’ordinaire. Le jeune homme poussa un soupir de soulagement lorsqu’il posa ses pieds sur le sol. La peur et la colère qu’il avait pu ressentir laissaient progressivement place au calme dans son esprit. Sensation dont il aurait besoin pour percer à jour l’origine de cet étrange songe et s’en venger.

Ses deux mains vinrent se poser sur son visage. La sensation du liquide chaud sur l’une d’elle lui fit prendre conscience qu’il saignait. Kell s’en occuperait plus tard. Pour le moment, il fallait rassurer la créature massive sur son état et son expression si peu amicale au réveil. Il afficha donc un petit sourire gêné, accompagnant sa voix sur le même ton.

"Excusez-moi Jeff, un mauvais rêve."

Il appuya son poignet sur la faible hémorragie qui saignait encore, tentant de son autre main de saisir le medpack qui trainait au fond de son sac. Opération délicate s’il ne voulait pas laisser entrevoir son arme de sith aux yeux de son interlocuteur.

"Au fait, j’ai une petite question qui me taraude depuis un moment," ajouta-t-il d’un ton qui ne ressemblait pas à grand-chose avec sa bouche ainsi obstruée. "Cette prime que vous êtes venu chercher sur Korriban, de quel genre de type s’agit-il ? Encore et toujours, si ce n’est pas trop indiscret."

Kell tira la petite trousse de soins de son sac et se tourna vers Jeff, attendant une réponse. Il essaya de lui adresser large sourire pour l’inciter à parler, mais l’étirement nécessaire accentua la douleur de sa plaie, ce qui ne lui arracha qu'une grimace à la place. Décidément, il n’était qu’une petite nature. Le jeune homme commença donc à nettoyer cette petite blessure en prêtant une oreille attentive aux propos du bésalisk.
Invité
Anonymous
Les traits du colosse se détendirent et c'est un large sourire qui s'afficha :

« Il ne faut pas t'faire de bile pour lui mon gars, il ne bougera pas de son petit local en bas. » affirma-t-il tranquillement.

Il semblait clair que le brave Jeff croyait que le jeune homme avait passé une nuit agitée à cause de l'individu enfermé en bas.


« Depuis que Brick a touché à certaines routines du programme de translation hyperespaciale, on a tous le sommeil plus agité. Ce p'tit a des doigts d'or mais il fait pas mal de gaffes aussi... »

En parlant il vint se poser sur un tabouret traînant dans la pièce toujours plongée dans la pénombre :

« La première fois que le canon a ion a été activé, tout le vaisseau est tombé en panne. Eh ouais, on n'était tous la tête en bas en essayant de s'accrocher à ce qu'on pouvait pour réarmer le système. C'est comme pour l'écran de pilotage : le transaparcier avait une vilaine tendance à perdre sa transparence au mauvais moment, Brick l'a trituré pendant au moins une semaine avant de nous le dézinguer. Maintenant il est transparent, c'est sûr, mais on n'arrive plus à l'opacifier pour le saut en hyperespace. Il a même réussi à bousiller tout le système du vaisseau sur Bakura. Le Wild Note n'était plus qu'une grosse épave dont on ne pouvait se servir que comme lampe de chevet... »

Il fit soudainement une pause se rendant compte qu'il s'étalait et s'éloignait de la question qui lui avait été adressée. Le twi'lek se lançait déjà dans un nouveau morceau à côté tandis que le besalisk hocha la tête en rythme un instant et revint à Kell :

« Le type d'en dessous c'est Tibj Lerzec. il se fait appeler Energic Geometry, on l'appelle Egg dans notre milieu. C'est un hacker un peu dérangé qui a semé un beau cirque dans la plusieurs astroports de Nar Shaddaa. Il paraît qu'il a détourné des dizaines de cargos de leurs routes et les a envoyés se promener dans des systèmes sauvages. Il est également condamné pour par mal de viols d'hôtesses de voyage. »

Enfin il ajouta, avec un air qui se voulait des plus rassurants qui soient :

« Mais sois tranquille, ta copine ne craint rien, la cellule de détention est solide et c'est du cent pour cent mécanique, pas de l'électronique. » acheva-t-il fièrement avant de froncer les sourcils en observant de sa place la blessure que le jeune homme traitait.

Depuis sa chambre ouverte, Kell put entendre le sifflement de l'ouverture de celle de Sharann. Le besalisk se pencha pour jeter un oeil dans le salon avant de reporter son attention sur Halaryn, puis sur la poche où il avait enfourné un objet rectangulaire et métallique.


« Dis-moi mon gars, t'es pas un peu musicien ? » fit-il en tirant de la poche ce qui s'avéra être un gros harmonica, brillant mais affichant une usure importante, qu'il agita entre deux de ses énormes doigts.
Invité
Anonymous
La conversation avec le besalisk détendit le jeune homme. Après l’étrange songe dont il sortait, cette attitude si peu soucieuse des conséquences que pouvait avoir les tripatouillages du rodien le rassurait, l’amusait même. Le passage comparant le Wild Note à une lampe de chevet alla jusqu’à lui arracher un petit rire, honnête et joyeux pour une fois.

Lorsque Jeff revint à l’histoire du prisonnier, Kell afficha son air sérieux, arrêtant même de soigner sa petite plaie. Toute sa matière grise analysait et décortiquait les propos de son interlocuteur, tentant de découvrir une éventuelle trace de mensonge ou de leçon apprise, de Force ou non, par cœur. Mais il n’y avait rien. En apparence, toute la description semblait honnête et non forcée par tiers. Elle était légère mais complète, dite avec son franc parlé et sans la moindre variation suspecte dans l’intonation. La pire crainte du jeune homme semblait donc écartée et il poussa un soupir de soulagement. Alors qu’il reprenait ses soins, un sourire en coin légèrement sarcastique vint se dessiner sur son visage lorsque le bésalisk tenta de le rassurer. Malgré le dégout que lui inspiraient les crimes dont était accusé Egg, motivés sans doute par une haine dont il était l’esclave, il doutait qu’il puisse tenir plus de cinq seconde face à Sharann.

Elle justement… Ses oreilles l’avertirent immédiatement du mouvement de porte provenant de sa cabine, déclenchant une sombre émotion dans l’esprit du jeune homme à l’idée qu’elle seule pouvait être à l’origine de cet étrange cauchemar. Personne d’autre à bord n’était capable de manipuler la Force, qui plus est pour obtenir de tels résultats. Kell voulu étouffer la colère qui envahissait son esprit à l’égard de la jeune femme, pour ne pas lui laisser sentir la moindre trace de son animosité, mais il n’y parvenait pas. Qu’importe tout les sourires qu’il afficherait, les belles tournures de phrase, ça ne changerait rien. Elle avait tenté de le manipuler – car dans son esprit il y avait bien eu manipulation – et cela le mettait dans une rage folle qu’elle sentirait. Et ce fut une nouvelle fois grâce à l’attitude si lunatique du besalisk, qui changea soudainement le sujet de la conversation, que l’émotion de colère stoppa net sa progression.

La musique. En réalité, ce thème pouvait tellement toucher le jeune homme que son ressentiment refluait. Kell adorait la musique, sans vraiment comprendre pourquoi. Il ne s’agissait que de fréquences sonores, mais agencées selon un certain ordre, elle pouvait provoquer des sentiments complètements illogiques dans son esprit. Tendresse, joie, tristesse, colère, selon le style, mais à chaque fois qu’il en écoutait, il ressentait du plaisir. Son père, bien des années auparavant, avait noté cet attrait particulier et offert à son fils des cours avec de grands spécialistes, et le petit garçon de l’époque avait aimé ça. Peut être cela valait il le coup de réessayer, mais ça faisait tellement longtemps, et l’harmonica ne faisait pas parti de son répertoire.

"Vous savez, ça fait un sacré moment que je n’y ai pas touché," lança-t-il en tendant une main hésitante vers l’instrument à vent, délaissant ainsi sa plaie à la lèvre qui avait cessé son saignement.

Pendant un petit moment, il souffla délicatement plusieurs fois dans l’instrument pour déterminer les notes qu’il pouvait produire. Il mit ce temps à profit pour déterminer le son qu’il allait tenter de jouer. Un coup d’œil à Jeff et au twi’leck lui rappela ces vieux holofilms qu’il regardait marmot, où des colons blasés de tout jouaient de ce genre d’instrument durant leurs longues soirées, après avoir massacrer une terrifiante bande d’autochtones scalpeurs.

Ce revoir ainsi enfant le libéra de son trac lorsqu’il commença sa musique. A mesure qu’avançait le morceau, son esprit s’apaisa d’avantage, ne laissant de la colère et la peur qu’il avait ressenti quelques minutes auparavant, qu’un résidu patient qui attendrait son heure avant de ressortir. Il était si dur de croire que la musique pouvait à ce point apaiser les mœurs. Si dur mais tellement vrai.
Invité
Anonymous
La mélodie avait littéralement emporté le besalisk, qui, les yeux clos, remuait en rythme la tête et ses claquait doucement de ses gros doigts. Ses lèvres charnues esquissaient quelques mouvements, embryons de mots muets dont le silence paraissait bien lourd d'émotion. Une corde sensible avait vibré chez le colosse plongé dans un curieux état nostalgique.
Le mangeur de nouilles, dans le salon, avait quant à lui quitté son état végétatif pour se porter à l'entrée de la chambre de Kell et observer, de ses gros yeux ronds et noirs, la scène, avec un étonnement non dissimulé. Sa petite tête de rodien s'inclina légèrement sur le côté alors que son regard oscillait du joueur au besalisk.

Il était fort à parier que l'air choisi par le jeune homme évoquait un peu plus qu'un vieux holofilm pour l'être aux bras multiples. Alors que ses yeux restaient invariablement clos et que sa tête se balançait toujours tranquillement, flottant sur la mélodie, son arcade sourcilière se crispait par moment, comme si de petites aiguilles le tourmentaient, de petites aiguilles issues du passé.

Le twi'lek, qui avait cessé de joué, s'étala lascivement sur le canapé en soupirant, son instrument toujours en main. Le regard planté dans le plafond, il commença à improviser un accompagnement léger. D'abord discret et timide, il ne tarda pas à gagner en assurance. Ses notes pincées et disparates s'égrainaient autour de celles du jeune homme, sous le regard encore ensommeillé de Sharann, enveloppée dans un large T-shirt blanc tombant sur son collant noir, et appuyée contre l'encadrement de sa porte de chambre.

Jeff tira d'une de ses poches la paire de lunettes noires qu'il avait porté dans la cantina de Dreshdae et les enfila à nouveau en s'adossant au mur derrière lui dans un craquement du tabouret qui supportait son poids. Il demeura ainsi jusqu'à la fin du morceau auquel succéda un silence pesant.
Bien vite, ce fut le twi'lek qui le brisa en relançant quelques notes. Un sourire naquit sur le faciès du colosse qui mit en branle sa stature pour s'arracher au tabouret et venir fouiner à nouveau dans l'armoire, en quête d'un second harmonica qu'il ne trouva qu'après quelques minutes et quelques grognements.

Le rodien profita de l'occasion pour s'incruster dans la chambre et s'installer sur le tabouret en dandinant la tête au fil de la musique et jamais pas dans le rythme. Ce brave petit rodien sympathique avait réellement une tête à claques, il avait ce petit quelque chose qu'on les membres de son espèce, ce petit quelque chose qui pousse qui les côtoie à ressentir une folle envie de les cogner. Alors que Kell était peut-être en proie à ce phénomène, le bon Jeff tira victorieusement de son armoire, toujours plongée dans la pénombre de la pièce, un second harmonica. Sans perdre une minute de plus, il se lança à l'assaut de la mélodie du twi'lek qui jouait tranquillement . Le duo dériva rapidement sur un dialogue musical et finit par s'entrainer sur un air plus classique, tandis que Sharann se servait à boire et s'installait sur le canapé à côté du joueur en allumant une cigarette devant le singe-lézard, qui l'observait d'un oeil hagard, prélassé sur le sol dans une curieuse position.

Lorsque le duo vint à terminer son envolée musicale, un nouveau silence se fit, très court, avant que de nouveau le twi'lek ne se relance. Jeff balançait toujours sa tête et, d'un signe de celle-ci, invita Kell à se tenir attentif et à se préparer. Il ne s'agissait pas d'un air connu, cela s'apparentait plutôt à une construction improvisée, à un dialogue. C'était une sorte de jeu auquel l'équipage de ce curieux vaisseau semblait s'adonner régulièrement.
Vint d'abord le solo des cordes : refrain, suivit d'une première séquence, puis refrain, seconde séquence, refrain troisième séquence, refrain et enfin quatrième séquence.
Ce fut ensuite le besalisk qui répondit : il repris le refrain du twi'lek, puis sa seconde séquence, de nouveau le refrain, et encore la seconde séquence, refrain, toujours seconde séquence, refrain, enfin la quatrième séquence du twi'lek fut jouée à l'harmonica.
Le musicien du salon enchaina de suite avec son refrain, puis sa troisième séquence, son refrain à nouveau, sa seconde séquence, puis refrain, première séquence, refrain et finalement quatrième séquence.
Il devait y avoir une logique sous tendant ce jeu, Kell était assez intelligent pour le sentir, et tandis qu'il en prenait conscience, le gros index de Jeff se pointa sur lui énergiquement : c'était au tour du jeune homme de donner la réplique !
Invité
Anonymous
Lorsque le jeune homme rouvrit les yeux après son petit morceau, la créature massive avait remis ses lunettes noires et le silence ambiant qui succéda à sa prestation le gêna un peu. Avait-il piqué une corde sensible chez cet étrange équipage ?

Il n’eut pas le temps de se poser d’avantage la question car Qajeh débuta soudainement une nouvelle mélodie. Apparemment, le sourire de Jeff semblait indiquer que l’ambiance revenait à la normale, soulageant ainsi Kell. Il n’y aurait eu rien de pire que de froisser l’équipage qui devait les amener à bon port. L’apprenti passa une main dans ces cheveux, geste qui lui rappela qu’il était imbibé d’une sueur froide nauséabonde et qu’il était peut être temps d’aller se passer sous la douche et changer de vêtements. Alors qu’il réfléchissait aux prochaines affaires qu’il allait porter, la tête de Brick vint se ranger en face de lui, à la place qu’avait occupée le bésalisk quelques instants plus tôt. Ce dernier avait rejoint son compagnon twi’leck dans un duo qui, il fallait bien le reconnaître, faisait état de leurs irréprochables talents musicaux.

La présence du rodien l’agaça un peu. Ce n’était pas qu’il ne l’aimait pas, il le trouvait plutôt distrayant pour un extraterrestre, avec sa mania des arts martiaux malgré sa frêle carrure et son régime alimentaire particulier à base de nouilles aux valeurs protéiniques douteuses. Même ses soi disant doigts d’or, qui pouvaient à tout moment envoyer l’équipage faire le grand saut, ne dérangeait pas trop l’apprenti. Mais rester assis là, planté face à lui sans dire un mot, le fixant de ses énormes yeux globuleux, donnaient effectivement envie au jeune homme de lui coller une claque.

Il n’eut cependant pas l’occasion d’assouvir cette distrayante pulsion car le duo terminait sa première envolée et Kell nota le signal de tête du besalisk au moment ou son compère reprenait une nouvelle mélodie.

"Heing," murmura stupidement le jeune homme.

Qu’est ce que ça voulait dire, il ne voulait tout de même pas qu’il participe à ce petit jeu ? Kell se leva, son sac sur l’épaule, adressant au fan d’arts martiaux un bref sourire qui se voulait amical. Il se dirigea vers l’encadrement de la porte pour mieux percevoir l’étrange dialogue auxquels s’adonnaient les deux pilotes.

Cherchant à découvrir la construction de la symphonie improvisée, Kell tendit l’oreille, notant que de toute manière, il ne pourrait pas rivaliser avec ces deux là, ni avec le rythme des séquences sans faire d’erreurs. A la reprise du bésalisk, il suivait l’idée du dialogue entre les deux musiciens, relevant le choix des séquences de Qajeh reprise par Jeff. Lorsque le twi’leck repris le rythme, la logique de la discussion musicale lui semblait claire. Au moment ou l’un des épais index de la créature à quatre bras le fixa, Kell avait déjà son instrument aux lèvres, mais cela ne suffirait pas pour sortir un son sans faute, qui d’ailleurs, débuta sur une fausse note…

L’harmonica, légèrement taché du sang du jeune homme, couina un semblant de refrain avant de partir sur la quatrième séquence (quelques notes en moins pour garder le rythme), puis à nouveau le refrain, cassant légèrement la mesure pour éviter les oublis. Suivit la seconde séquence quelque peu couacante, qui fit place de nouveau au refrain, que Kell commençait à maitriser, puis à nouveau la quatrième séquence, plus complète que la précédente cette fois ci, et encore le refrain, qui commençait à n’avoir plus aucun secret pour lui. La quatrième séquence qu’il rejoua semblait complète et le refrain de fin presque parfait, laissant place soit au prochain joueur, soit à une volée de tomate imaginaire pour sa moyenne prestation.

Quelque fut la réaction du petit public, le jeune homme ne s’en formalisa guère, déposant l’instrument sur la table sans plus de commentaires avant de se diriger vers la salle d’eau.
Invité
Anonymous
L'air qu'avait joué Halaryn, en dépit des quelques fausses notes qui s'y étaient glissées, avait visiblement conquis l'équipage. Le gros besalisk avait affiché un large sourire approbateur, le twi'lek avait laissé échapper une exclamation d'agréable surprise, sa voisine de canapé n'avait visiblement pas saisi le 'truc' et continuait à siroter son verre en silence, et enfin le rodien avait fait semblant de comprendre le 'truc' et avait manifesté son enthousiasme en hochant la tête et en poussant de petit couinements qui se voulaient encourageant.

Oui, Halaryn avait rencontré le succès, jusqu'à ce qu'il entame le troisième passage. L'enthousiasme s'était alors écroulé de tout son poids. Le besalisk avait plaqué la main contre sa tête, déçu, le rodien avait affiché un air complètement perdu en observant le besalisk, le twi'lek avait laissé filer un long et faible râle de déception, et sa voisine avait terminé son verre.

En passant dans le salon pour se rendre sur le pont inférieur, il avait croisé le regard encourageant de Qajeh, dont les fines rides en patte d'oie s'étaient dessinées de part et d'autre de ses yeux alors qu'il lui adressait un franc sourire. Sa voisine, qui avait l'air d'avoir passé une salle nuit, exhala un cercle de fumée blanche, la cigarette à la main, en guise de tout salut.

Si Halaryn avait laissé son regard se poser trop longtemps au travers du trasparacier des larges hublots de la salle de commande du vaisseau, les motifs géométriques et irréels de l'hyperespace lui trotteraient encore dans la l'esprit un petit moment.
Pendant qu'il commençait ses ablutions, Jeff s'était mis à nettoyer tranquillement les harmonicas, tandis que le rodien était resté planté là quelques minutes pour papoter avec le colosse.
La salle d'eau était relativement étroite, et proposait tout ce qu'une salle d'eau d'un studio pouvait proposer. Les lieux, là aussi, étaient remarquablement propres. Un petit miroir fendu surplombait un évier en métal poncé équipé d'une robinetterie de même nature. Une poubelle encastrée dans un rangement mural se tenait à portée de main. Sur la gauche, une douche était prête à l'emploi, avec, dans une loge murale une rangée de bouteilles de gels nettoyants. Sur la droite des toilettes avec une bonne réserve de papier hygiénique. C'était une petite salle d'eau classique.

Lorsque Kell sortirait, il constaterait que Brick avait réinvestit la grande pièce garage, assis en tailleur devant une pile de films holographiques qu'il triait consciencieusement, sous l'oeil hagard du singe-lézard. Ce dernier se risquait de temps à autre à d'irritants fous rires parfaitement débiles, agrémentés de projection de déjections nasales dont la cible devait être le dos du rodien trop occupé pour se rendre compte de ce qui venait s'écraser sur son dos morceau régulièrement.
A l'autre extrémité de la même salle, Qajeh était en train de bricoler en sifflotant devant un banc de travail sur lequel un blaster était en train de se faire désosser.
A l'étage enfin, quelqu'un était en train de passer différentes musiques, les unes après les autres, sans prendre le temps de les écouter en entier.
Invité
Anonymous
Le fait de se décrasser fini de chasser les troubles qui avaient saisi le jeune apprenti quelques minutes auparavant. Qu’importait les origines de ce cauchemar, elles lui apparaîtraient clair le moment voulu et pour l’instant, Kell était bloqué sur ce rafiot sans aucune autres activités possibles que de discuter, méditer, ou se remettre à la musique. De toutes façons, même s’il garderait cet étrange songe dans un coin de son esprit, d’autres priorités réclamaient toute son attention : la mission de maître Saclès et ses propres ambitions. Il était envisageable d’entamer ses dernières avec l’équipage du Wild Note. Leurs connaissances du monde du crime, par leur activité de chasseur de prime, pouvait s’avérer être une source précieuse d’informations, et eux-même un moyen de transport sûr de planètes en planètes, sans quémander l’aide de l’académie, loin de tout contrôle des maîtres.

Kell sourit à cette pensée. Etrangement, il appréciait l’équipage du vaisseau. Pas au point de pleurer leur mort, mais à ressentir un léger pincement de cœur à l’idée de ne jamais les revoir. Cependant, convaincre Jeff de revenir un jour sur Korriban s’il n’y avait pas de prime à récupérer serait probablement ardue. Mais se mettre d’accord pour un éventuel transport d’une planète comme Nar Shadaa vers Coruscant s’avérerait plus réalisable.

Lorsqu’il se rhabilla, il constata qu’il n’avait pas fait preuve d’originalité pour ces vêtements de rechange, sa nouvelle tenue étant une copie conforme de la précédente. Qu’importait, le look n’était sans doute pas très important pour leur destination. Il rejoignit donc la soute, vêtue proprement, les cheveux encore humides rabattus en queue de cheval, son sabre et son blaster rangés dans la poche intérieure de sa veste, à nouveau sur ses épaules.

Dans la large pièce il consultait son bloc de données sur les écritures ancestrales de la vallées des seigneurs noirs, tout en se dirigeant vers l’étage supérieur, sans prêter la moindre attention aux pitreries du singe lézard ou aux activités des membres de l’équipage. Il ne leva pas les yeux de son document électronique en passant dans le cockpit, ignorant les formes géométriques aléatoires du vortex hyperspatial. Ce ne fut qu’en entrant dans la salle commune, alors qu’il n’avait pas encore de vue sur la banquette, qu’il décida de lever les yeux et s’adressa à l’être irritant qui ne cessait de changer la mélodie qui ne pouvait être que Sharaan.

"Pourriez vous arrêter de changer continuellement de musique s’il vous plaît, ce n’est pas ça qui nous fera arriver plus vite à destination."

Le jeune homme rangea son bloc de donnée dans son sac avant d’aller s’asseoir sur le canapé du salon. Il s’adressa à nouveau à sa coéquipière du ton banal sur lequel on demande ce genre de chose.

"Vous avez bien dormi ?"



(hrp : désolé, c'est un peu court et pas terrible mais c'est juste le redémarrage)
Revenir en haut
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
skin made by
© jawn