Korgan Kessel
Korgan Kessel
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A bord du croiseur de combat « Le Capitan », hyperespace.


Cul sagement posé sur mon siège, j’écoute la fin du briefing. L’opération s’annonce plutôt classique dans le fond, même si certains aspects restent incertains. Comme d’hab quoi. On ne sait jamais sur quoi on va réellement tomber avant d’avoir la gueule au pied du mur. Putain d’expression, faut que je me la note pour mémoires. Mémoire d’un type qui roxx. Ça sera le titre de mon ouvrage.

C’est le capitaine du croiseur qui nous fait le speech. Epaulé discrètement par un officier que je connais déjà : Le Sergent Ular’Iim. Les avis sont partagés le concernant chez les Typhons. Certains le trouvent chelou, un peu trop grande gueule, le genre de type qui s’écoute parler… Mais moi, j’me dis qu’il est compétent, et pas aussi con que le sont la plupart des gros bonnets de l’armée. Il vient de loin, il a du vécu. Il est pas né avec ses galons parce que papa et grand-papa avant lui occupaient des postes à responsabilités. Bref, la fin du briefing donc :

« Souvenez-vous que même si l’Empire ne s’attend pas à un assaut direct, ils pourraient disposer de renforts réactifs dans les systèmes voisins. Le timing est impératif, vital. Pendant que le Capitan engagera l’escorte spatiales, les unités mécanisées seront déployées ici. »

La carte tridimensionnelle montre une vaste plaine, en bordure d’une crevasse à l’intérieur de laquelle la majeure partie des installations impériales sont dissimulées. D’après nos maigres relevés satellites, celle-ci est zébrée de tranchées, de positions de tirs protégées, de bunkers solides, destinés à ralentir toute tentative d’approche par le seul front praticable.

« Nous allons faire ce que les Impériaux pense que nous allons faire : attaquer de front le gros de leurs défenses. Mais en réalité cet assaut massif ne sera qu’une diversion pour atteindre des objectifs plus stratégiques. »

Zoom sur la carte. Pointillés rouges qui s’affichent, filent vers une zone clignotante.

« Un commando de marcheurs, 148ème régiment de Dragon, mené par le Colonel Maro aura pour mission de réaliser une percée éclair jusqu’aux générateurs de boucliers, afin de les neutraliser. »

L’image change. Dézoomage, rotation. Zoom sur les bords de la crevasse, arborée, terrain déchiré, difficile. Un flanc impossible à prendre d’assaut.

« Les Typhons seront parachutés aux abords de la crevasse. Ils vont devoir rapidement progresser jusqu’aux installations impériales, y pénétrer, et sécuriser autant de données que possibles avant que l’Empire ne tente de les détruire, conformément aux procédures standards. Il s’agit d’un objectif prioritaire : savoir ce que les Impériaux savent pour qu’on puisse savoir ce qu’ils ne savent pas qu’on sait… »

J’y pige plus rien.

«  Après quoi, ils devront rapidement évacuer la zone. Si le timing est respecté, les boucliers tomberont à ce moment, et le Capitan pourra procéder à un bombardement planétaire en règle. »

Ok. Facile. Terrain bordélique, infiltration musclée, exfiltration rapide au risque de faire sauter le coin de la cafetière. Bref, du grand classique.

« Le Sergent Ular’Iim prend le commandement de toute l’opération… Le Capitaine Valkizath quant à lui sera le coordinateur au sol. La garde pourpre aura pour mission prioritaire de couvrir l’avancée des blindés lors de la phase de diversion, et d’organiser l’exfiltration finale après destruction des objectifs. »

Silence parmi les troupes. Tout le monde cogite. Instant critique. C’est le briefing de dernière minute, sensé rappeler à tous ce qui a déjà été dit de multiples fois. La grande salle dédiée aux communications longue portée est bondée. Seuls ceux arrivés le plus tôt ont pu trouver une place assise. Moi la mienne, je l’ai tiré à un petit soldat tout rachitique qui a levé son cul dès qu’il a senti mon regard assassin sur sa nuque. Héhé. Etre dans les Forces Spéciales, ça n’a pas que des inconvénients.

« Des questions ? »

Naturellement je lève la main. Je vois à la gueule de l’officier qui s’attend au pire. J’ai commencé à me faire une belle réputation de chieur.

« Et on bouffe quoi à la cantine ce soir ? Parce que zigouiller de l’impérial, ça me file les crocs. »

Quelques rires nerveux détendent soudain l’atmosphère.
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Croiseur de combat « Le Capitain ».

Habituée des missions défensives et du maintient de l’ordre au sein de la République, rarement la Garde Pourpre avait été mobilisée pour une opération de ce format. Le soutien et la protection d’unités terrestres en terrain inconnu, le tout dans une opération inter-armée regroupant des unités d’élite de haut vol. A n’en pas douter, la collaboration de chaque métier serait un gage de succès. Plus facile à dire qu’à mettre en pratique lorsque l’on connaît l’égo et la fierté de certains gradés.

Installé sur mon fauteuil, bras croisés et regard porté vers l’écran sur lequel défile les consignes … j’écoute le briefing attentivement. Bien maigre pour une approche tactique censée de la situation. Grosso-modo, on ne maîtrise que trop peu d’éléments et la seule chose dont nous sommes certains, ce que nous y allons tout droit. Moi qui aime dessiner une tactique et avoir le maximum d’infos en ma possession avant de frapper … ca sera pas pour aujourd’hui.

A la lecture du scénario, je comprends rapidement que mon unité va devoir assurer la protection du régiment de Dragon mais également assurer l’exfiltration des Typhons. Une unité connue de réputation avec qui je n’ai jamais bossé. Chacun son terrain de jeu habituellement. Je tente de faire une rapide analyse à chaud des consignes … mais réflexion de courte durée en entendant mon voisin s’étouffer à la première question.

Je décide d’intervenir, regardant notamment le caporal chef qui vient de s’exprimer. Sa tenue arbore le symbole de la section Typhon, il en est le leader. Un rapide coup d’oeil au Sergent Ular’Iim pour prendre la parole.

« Sergent, Messieurs … je suis le Capitaine Valkizath, Garde Pourpre, enchanté. J’ai également faim mais… un point de précision. Mon unité est composée de 5 binômes, des tireurs d’élite et leur soutien tactique. Arrivés sur zone, nous allons nous déployer rapidement pour trouver des champs visions dégagés. En coordonnant les opérations au sol, on sera vos yeux et vos anges gardiens. Nous serons tous connectés par radio. Mon objectif principal, vous l’avez entendu, sera de nettoyer et ouvrir le chemin aux Dragons. Mais notez le nombre de crevasses et d’angles impossibles … ca va être sympa. »

Puis m’adressant au Colonel Maro.

« Colonel, l’accueil risque d’être musclé. Vous allez vous faire arroser. N’hésitez pas à me reporter vos contacts visuels, nous essayerons de les frapper à distance. La mission devant être éclair, nous tirerons à vue. Restez donc groupés dans la mesure du possible. Et sachez que nous avons pris le nécessaire pour quelques feux d’artifice avec des munitions perforantes et explosibles. »

Les Typhons sont réputés pour être ingérables. Mais la liste de leurs succès est en leur faveur. Je ressens une forme de curiosité à l’idée d’aller sur le terrain avec ces derniers.

« Caporal Kessel, dès que vous descendrez, vous serez probablement hors champ de vision, en solo… Alors pour faciliter votre retour, faites en sorte que l’on puisse voir ce qui se passe dans votre dos. Nous avons la possibilité d’effectuer des tirs de barrage pour vous assurer une sortie digne de ce nom. »

Pas la peine de faire la nounou, ces gars n’ont pas besoin de ça. Nous n’avons toutefois jamais bossé ensemble et ils devaient entendre que nous serions là pour eux. Il me reste à briefer mes hommes et contrôler une fois de plus que notre équipement est fin prêt. Comme à chaque opération, l’excitation du contact avec l’ennemi vient titiller mes pensées, telle une drogue dure à laquelle on ne peut se passer. Cela va arroser et c’est bon !
Je repense à mes dernières missions et ne cache pas ma fierté à avoir été récemment promu Capitaine de la Garde Pourpre. Un rôle dont j’endosse pleinement les responsabilités, avec ambition certes, mais avec le plus grand respect pour les hommes que je commande. Etre un meneur d’homme est une émulation dont je suis rarement rassasié à la condition de pouvoir ramener tout le monde sain et sauf. A la différence que l’ordre du jour ne concerne pas seulement mes hommes … mes différentes unités de l’Armée Républicaine.
Zerath Ular'Iim
Zerath Ular'Iim
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Zerath demeurait silencieux, debout derrière le capitaine Weinfield, officier en charge du croiseur de guerre le Capitan. Fort d'une lassitude particulièrement marquée, le cyborg se tenait avachi dans son corps cybernétique, pareil à un rapace sur son perchoir, seule posture lui permettant vraiment le repos. Il se tenait appuyé d'une main sur son sceptre d'os, sagement silencieux, définitivement pensif. Jack Weinfield, directement devant lui, était plus petit d'une bonne tête, haut d'un mètre soixante-quinze. Peau pâle, chevelure de jais maintenue courte, rasé de près, il portait avec fierté l'uniforme bleu de la République, coiffé non sans style d'un képi de capitaine propre à ceux qu'on pouvait trouver dans la marine. Il n'était pas âgé pour son espèce, peut-être avoisinait-il la quarantaine tout au plus. Fort sans doute de quelque vie luxueuse ou d'un goût prononcé pour l'élégance, il portait une paire de gants blancs, et ses mains étaient ramenées dans son dos, son torse enflé tandis qu'il transmettait une fois de plus les cruciales informations relatives à l'opération aux troupes.

La salle de réunions était saturée de soldats, qui s'empilaient bon gré mal gré dans chaque coin à la recherche d'un maigre espace où se tenir debout – à défaut de s'asseoir. Le luxe des places assises avait été réservé aux premiers arrivants ainsi qu'à ceux dont les façons ou la prestance étaient telles qu'ils avaient convaincu les précédents occupants de la nécessité de céder leur place. On avait ménagé cependant une quinconce de cette foule fournie, à la façon d'un amphithéâtre figuratif, pour que le maître du Capitan, le fier Weinfield, puisse donner son exposé magistral à sa façon toute militaire, abrupte et sèche. Cette chanson était bien connue du Kaleesh à présent, car elle se concevait extrêmement aisément : une base d'écoute impériale que l'on devait à défaut de prendre  détruire, en récupérant toutes les informations qu'elle pouvait contenir. Pour cela, déploiement au sol de troupes mécanisées, qui marcheraient face aux bunkers, tranchées et tourelles de défense gardant l'entrée de la base ; un commando de marcheurs géants, mené par le colonel Maro pour percer le front jusqu'aux installations centrales. Un second, les Typhons, pour profiter de la diversion offerte et plonger dans le cœur des installations, s'emparer de toutes les données à disposition des impériaux. Le colonel Maro devrait détruire les boucliers, offrant ainsi la base aux canons lourds du Capitan, le colonel Korgan devait mener ses hommes au cœur du complexe pour en extraire jusqu'à la moindre goutte de donnée critique. Le capitaine Valkizath chapeauterait la coordination des régiments sur le front, Zerath veillerait sur l'entièreté de l'opération – et tiendrait au loin tout potentiel renfort. Il était parfaitement envisageable que s'extirpent de l'espace des contingents adverses en réponse à l'assaut, et le sergent, tout en s'assurant du succès au sol, devrait également tenir au loin les menaces – de quelque nature que ce fut.

Ce n'était pas une tâche si simple qu'eût pu le penser un esprit simplet, car il y avait fort à faire, si bien au sol qu'en orbite. Le Capitan était un Hammerhead modifié. La soute du navire avait été revue, transformée en remises et entrepôts. Ainsi, en lieu de ravitaillements qui auraient été de première nécessité pour une intervention prolongée sur plusieurs semaines ou une pérégrination dans les profondeurs inconnues et sauvages de l'espace encore vierge, l'on avait préféré emporter des véhicules spéciaux, que Zerath ainsi que le bon capitaine avaient jugés appropriés à l'intervention. Fort de cet espace supplémentaire, on avait aussi aménagé un espace résidentiel supplémentaire – quoi que rudimentaire. C'était dans cet espace que l'on avait disposé les marcheurs tout terrain républicains – des bipèdes de fer qui, du haut de leurs quatre mètres, formaient une cavalerie mécanisée étrange mais assurément redoutable, ainsi que pas moins de six AM-TT, ces monstrueux canons blindés à la puissance de feu dévastatrice. L'on aurait pu les qualifier de tanks, mais il s'agissait plus d'un canon monté sur une base quadrupède mécanisée que d'autre chose, à la vérité. Leur nombre restreint était principalement dû à des raisons logistiques d'espace, car n'était-ce qu'un effectif double eût été un gaspillage de ressources ; l'opération se voulait rapide. Si une armée mixte était essentielle à cet objectif, elle ne devait pas moins en demeurer mobile à souhait – ce que n'étaient pas les AM-TT. De l'espace supplémentaire, Zerath avait réclamé au capitaine qu'on lui fournisse plus d'hommes, mais surtout plus de ces redoutables chasseurs capables d'agir aussi bien dans l'espace qu'en atmosphère, que le Kaleesh tenait en un égard tout particulier. Il y avait véritablement une qualité à la quantité que l'on appréciait toujours trop peu à ses yeux. C'étaient au final pas moins de cinq cent soldats et moitié moins de pilotes qui étaient présents ; l'on déploierait trente marcheurs avec le commando Dragon, dont on lui avait dit le plus grand bien – mais en qui il ne fonderait pas plus d'espoirs qu'en n'importe quel soldat avant d'avoir vu de ses yeux des résultats. Le reste irait, soit plus de cent pilotes, formeraient le soutien orbital et atmosphérique. Il y avait là plusieurs régiments aéroportés de la Marine, qui ne manqueraient certainement pas de prouver leur utilité.


Les yeux reptiliens du Kaleesh tombèrent un instant sur le colonel Korgan. C'était un homme de stature comme de tempérament marqués avec qui il avait déjà œuvré une fois. Si les rumeurs au sujet de sa nature dissidente étaient tout sauf fausses, Zerath n'en appréciait pas moins les initiatives judicieuses dont savait faire preuve celui qui était par la force des choses plus que par une hiérarchie rigoureuse son subordonné. Il savait fort bien que si les choses venaient à mal tourner à l'intérieur de l'installation impériale, Korgan serait l'homme de la situation. Le capitaine Valkizath était un homme dont le prélat n'avait qu'entendu parler jusqu'à présent, quoi que toujours en éloges. On lui avait vanté les mérites d'un tacticien hors pair qui savait tenir ses troupes, ce qui expliquait parfaitement pourquoi Weinfield l'avait assigné au commandement des troupes au sol. Du colonel Maro cependant il ne savait rien ; mais il laisserait le soin au capitaine Valkizath d'encadrer correctement celui qui devait mener les marcheurs au front.

Il ne fallut pas longtemps au colonel Korgan pour s'illustrer à sa façon propre. Un rire nerveux gagna une seconde l'assemblée, tandis que Weinfield se crispait visiblement. Zerath demeura silencieux. Qu'ils aient leur plaisir, il n'était nul mal à l'humour – si impertinent put-il paraître en surface. Tant que sur le terrain ils obtenaient des résultats après tout, qu'ils prient, invoquent leurs dieux ou leur mystique Force, qu'ils observent un silence compassé ou un humour décontracté...Cela n'était d'aucune conséquence – d'aucune importance pour le prélat. Aussi conserva-t-il toujours son silence.

Ce fut au tour de Joris Valkizath d'intervenir. Il était engoncé dans une de ces armures républicaines particulièrement prisées par le gratin des dirigeants Coruscanti, qui les réservaient jalousement à leurs gardes les plus proches – comme un gage de prestige. Blanche, si ce n'était par quelques bandes rouges au torse, aux épaules et au heaume, elle contrastait typiquement avec l'uniforme traditionnel de l'armée qui se paraît principalement de bleu. Intéressant, songea le Kaleesh, que les plus grands dirigeants républicains ne fassent pas porter les couleurs républicaines à leur si estimée élite. Une étrange ironie – mais c'eût été hypocrite de la critiquer aucunement. Lui-même, vêtu de son sombre manteau, cette aile épaisse bleu Klein, n'avait aucun exemple ni aucune leçon à donner.
Le capitaine monologua quelques secondes avec ses différents compères, probablement afin de clarifier la nature de sa propre intervention – tout du moins ce qui était ou non en le pouvoir de la garde pourpre. Le briefing de Weinfield était on-ne-peut plus flou. Si Zerath n'avait vu aucune objection à prendre la main de l'opération et si le manque d'information quant à l'exact effectif de la garnison impériale gardant le complexe rendait impossible une planification minutieuse, il n'en demeurait pas moins qu'un déploiement aussi sommaire des troupes agaçait passablement le Kaleesh.


« - ...pour vous assurer une sortie digne de ce nom. »

« - Une sortie digne de ce nom, pour des soldats dignes de ce nom ! » s'exclama une voix dans la foule massée. S'ensuivit un tonnerre d'acclamations. L'atmosphère se détendait, c'était certain songea Zerath. Weinfield bougea légèrement, remettant en place son uniforme, manifestement indigné par la dernière remarque dans l'assistance.

« - Du calme soldats ! Beugla-t-il, la mine scandalisée. C'est un pont, pas une ferme de Mos Espa ! Le prochain débordement du genre, c'est direct le trou! Qu'on m'amène celui qui vient d'hurler, que je le... »

Il s'interrompit, car Zerath venait de s'avancer à sa hauteur, levant sa main gauche à l'horizontale, en guise de paix. Les doigts du cyborg ne supportèrent cependant pas le brusque mouvement : l'index et l'annulaire commencèrent à se plier compulsivement à la troisième phalange, tandis que le pouce bougeait dans un angle manifestement incorrect. Cependant, Zerath obtint le résultat escompté : le silence revint dans la salle, sans que Weinfield put terminer sa menace lourde de funestes conséquences à celui qui avait fait preuve d'un enthousiasme chargé d'impertinence.

« - Assez, dit le Kaleesh de sa voix artificielle grave et grondante, assez de l'inconvenance et de l'opprobre. Vous connaissez le fond principal de notre opération. Permettez moi cependant, malgré notre manque notoire d'information, de formuler un premier plan de combat ; que tous vous saisissiez plus pleinement vos rôles et affectations, ainsi que l'heure où vous entrerez en scène – car vous ne serez pas mis en branle simultanément vers vos tâches respectives, bien que votre descente en atmosphère soit, elle, simultanée. Ne retenez que ce qui vous concerne ; car je vous présente bien le tableau complet, mais il pourra changer une fois la véritable opération lancée. Concentrez vous chacun sur votre mélodie propre, laissez moi la charge de mener à son terme l'entière symphonie.

Comme l'a dit le capitaine Weinfield, notre cible est un complexe, acculé en une bordure de crevasse. Fort de ce positionnement, l'installation est acculée d'elle-même – mais cependant cerclée par un réseau de bunkers et de tranchées où nous ignorons tout de l'effectif présent. La force dédiée à l'assaut principal ne sera pas une ligne unie, dédiée à courir au massacre et s'échiner futilement sur ces tranchées, car ce serait un abattoir que de vous envoyer sans un minimum de discernement – folie même, car vous pourriez vous trouver en désavantage numérique et alors ce serait votre perte.

La quatrième compagnie aéroportée sectorielle de Coruscant vous apportera dans cette opération le soutien aérien nécessaire pour le bon déroulé de vos tâches, sous la supervision du capitaine Weinfield lui-même et le commandement sur le terrain du sous-lieutenant Vort. La force principale sera déployée quatre kilomètres en retrait de l'objectif, sous le couvert de la forêt ; voyez cependant que sitôt dans la plaine, vos mouvements seront pleinement visibles à l'ennemi, cela à plusieurs kilomètres.
 »

Tandis qu'il parlait, appuyé toujours d'une main sur son sceptre osseux, le Kaleesh gesticulait, comme proférant une messe. Et pour cause : la guerre était la religion de son espèce, le combat son culte.

« - Un quart de la force totale sera disposé pour prendre les flancs gauches et droits ; cette force avancera la première. Le reste, qui enfoncera pleinement le cœur adverse, ne viendra qu'avec un retard. Sur les flancs ils masseront leurs troupes, pensant essuyer le gros de l'assaut. La deuxième vague, avec vous capitaine Maro, usera de sa mobilité accrue pour les prendre par surprise. Ils auront moins d'hommes déployés au centre de leurs tranchées et bunkers, et vous aurez ainsi un avantage assuré sur le nombre. La quatrième compagnie aéroportée veillera à mener quelques frappes tactiques préventives qui, si elles ne permettront probablement pas d'abattre tout ennemi, offrira à minima une diversion suffisante pour que les troupes au sol puissent progresser malgré le manque de couvert inhérent à une opération nécessitant une telle rapidité d'action.

Capitaine Valkizath, fort de votre réputation et ainsi que vous l'a indiqué le capitaine Weinfield, vous aurez à charge de veiller que toute l'opération au sol soit un succès ; s'il s'avérait qu'un des flancs était à présent écrasé par le – prévisible – avantage numérique de l'ennemi, je compte sur vous pour prendre les décisions s'imposant pour ne ni vous retrouver en tenaille, ni compromettre l'opération par un acte de charité. Vous aurez également à charge de ménager un terrain pouvant servir de point d'extraction. Je soupçonne qu'ils auront ménagé une certaine protection aérienne, pour se défendre d'au moins des pirates. Veillez que nos navettes et frégates de débarquement, si elles venaient chercher nos hommes, ne soient pas lancées dans un périlleux danger.

Ce mouvement en deux phases aura deux bénéfices : diviser l'ennemi, comme vous l'avez compris, d'une part, qui enverra d'abord ses troupes à la rencontre du flanc gauche et droit en pensant avoir l'avantage numérique, offrant ainsi son cœur à notre véritable force. D'autre part, sitôt l'assaut du colonel Maro lancé, ils réaliseront la fatalité de leur erreur, toute leur attention se concentrera immédiatement face à eux – trop tard, si notre exécution
(le regard du Kaleesh se porta sur Valkizath) est sans faille. Le cœur de force aura bel et bien comme objectif les générateurs de bouclier ; vous aurez compris que les forces sur les flancs auront pour objectif une diversion, et devront donc tenir l'assaut sans s'enfoncer hâtivement dans les lignes adverses.

Caporal Kessel, vous débuterez votre tâche d'infiltration avant même les premiers lasers tirés ; cependant, vous vous lancerez sitôt nos troupes en vue manifeste de l'adversaire, que leur attention au moins ne se porte pas sur vous.

Quant à vos tireurs de précision, capitaine Valkizath, je pense qu'ils seront d'une redoutable efficacité pour veiller sur nos hommes, mais aussi perturber la propagation de l'information chez l'ennemi ; qu'ils livrent la chasse à tout messager, vigile, donneur d'alerte, qu'ainsi la confusion soit totale et notre succès sera assuré.

Quarante-septième et vingt-troisième compagnies aéroportées, vous serez sous mon commandement direct. Vous assurerez la garde de l'orbite et du Capitan, du début à la fin de l'opération.
 »

Il marqua une pause, pensif. Avait-il négligé de mentionner quelque aspect dans son laborieux et détaillé monologue ? Cela était fort probable, mais qu'importait, sitôt qu'il ne négligeait pas de le considérer une fois l'opération lancée.

« - À présent rompez ! Que les dieux soient avec vous, mais comptez sur vous et sur moi pour voir vos prières exaucées. »

Zerath ramena sa main gauche dans son dos. Elle continuait à se contorsionner de manière purement incontrôlable. Il n'arrivait plus à se souvenir de quelle sensation mentale lui permettait de contrôler ses doigts! Fâcheux, fâcheux songea le cyborg. Une chance que ce casque cybernétique dissimula si bien son visage et qu'il sache si bien contrôler les intonations de sa voix. Énoncer cette ébauche de plan d'un ton mal assuré aurait certainement été la pire chose à faire pour ces hommes, qui l'auraient pensé un bouffon au mieux, un dément au pire. Mais un dément avec la tâche si simple et complexe à la fois de maintenir une armée entière vivante. Mieux valait-il être fou que de ne pas relever pareil défi!

Et, songea le Kaleesh, il n'était pas seul dans sa démence. Le capitaine Valkizath aurait bientôt fort à faire au sol, ainsi que le caporal Korgan. Et Zerath ne pouvait veiller et reprendre les rênes que pour le premier - ironiquement celui qui probablement courait le moins de risques.
Invité
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---Croiseur de Combat Le Capitan, Hangar 2BT74---

-"Saani, qu'est ce que tu fous sur ce vaisseau ?"

-"Hum?"

L'humaine décrocha son attention en même temps que sa tête pour voir qui lui parler. Du coup, seuls ses genoux et ses jambes la maintenaient en l'air, alors que le reste de son corps pendait à la manère d'un morceau de viande inerte. Souriant quand elle reconnut et vit l'origine de la voix. Se redressant pour reprendre sa tache, elle raccrocha sa nuque à une barre et reprit la mécanique.

-"J'essaye de faire en sorte que ces boucliers répondent mieux..."

-"Pourquoi? Ce vaisseau est un tas de boulons."

L'alien fit une pause, puis reprit, pensant changer de sujet :

-"T'a entendu ? Il parait qu'ils ont trouvé quelqu'uçn d'assez timbré pour leur mission suicide. Je me demande bien quand même qui est assez con pour choisir d'aller parachuter les typhons avec toutes ces DCA et se faire ensuite exploser la gueule."

-"Ou conne..." murmura la diplomée de Lianna.

-"Ouais, ou conne. Faut dire que des fille comme toi, chez nous, y'en a pas beaucoup et..."

L'alien s'arretta, semblant comprendre la vérité qui se dessinait sous ses yeux et fixa la blonde.

-"SAANI ! Ne me dis pas que..."

-"Si Lou. La conne, c'est moi."

L'aliàen resta sans voix, et au moment où il allait reparler, la blonde descendit de son perchoir, se laissant tomber et l'interrompit directement :

-"Je sais, je vais te manquer la haut. Je ne serais pas la pour couvrir tes fesses. Mais au besoin, vous vous serez là pour couvrir les notres alors... Va te préparer et arrête de me ralentir. Ce vaisseau me prend deja beaucoup trop de temps."

Et sans hésiter, elle repoussa l'alien pour avoir la paix. La vérité, c'est qu'elle ne l'avait pas choisie cette mission. Elle n'avait pas désiré conduire une epave de vaisseau pirate avec la moitié de l'équipage composé de macabés. Mais il fallait quelqu'un comme elle, capable au besoin de revenir même avec un appareil ennemi, quelqu'un complétement cinglé que pour voler sous un feu constant, et surtout, quelqu'un capable de crasher un vaisseau et de s'en sortir vivant. Le Capitaine y tenait beaucoup, que l'on croit que le vaisseau et ses occupants étaient morts pendant le crash. Les macabés étaient là pour ça.

-Biiiooooip.

-"Quoi? Déjà? Merde de merde ! Bon Essaye de voir si tu peux gagner en puissance en faisant une derivation directement du moteur. Moi j'y vais..."

-"Dwoooooo""

-"Tu vas pas t'y mettre aussi. Ce vaisseau fera un aller simple. Pas autre chose."

Tournant les talons, Saani s'en alla, légèrement déçue de ne pas pouvoir en faire plus sur le vaisseau et entreprit d'aller se présenter à celui auquel on l'avait rattaché pour cette mission, un gars qu'elle avait jadis rencontré : le Caporal Kessel.
Invité
Anonymous
148ème Régiment de Dragon, voilà où il a été assigné. Littéralement dans l’unité de son instructeur, le Colonel Phalsa Maro, cela faisait déjà un mois qu’il était dans cette unité spécial d’élite et il avait été accepté plutôt vite, Phalsa s’étant porté garant de ses compétences. Sa confiance le touchait et très vite son surnom de « Docteur Chultze » se confirma auprès des mécanos de l’unité.
Tous les pilotes de marcheurs étaient assis en rang sur une chaise dans un coin de la salle les bras croisé. Maro et Chultze se trouvait au premier rang, Maro l’avait choisi pour être en observation au premier plan pour apprendre le boulot et ce qui l’attendait une fois Caporal. Et à sa droite se tenait justement un Caporal. Caporal Kami dit « Kamiral ». Ecoutant le plan, le jeune Len ne put s’empêcher de murmurer.

« J’aime pas ça Colonel, ça part du principe qu’ils vont mordre à l’hameçon et qu’ils n’ont pas de quoi s’occuper des MAP.
- C’est pas ce qui m’inquiète personnellement. » Répondit Maro. Le jeune première classe le regarda d’un air lui demandant ce qui l’inquiétait et ce fut Kamiral qui répondit.
« C’est la présence ou non de Sith qui inquiète, sur Dubrillon, un seul sith a détruit dix de nos marcheurs un par un. C’était un Seigneur Sith d’après les rapports, l’un des plus puissants de l'époque mais j’ai absolument pas envie de me frotter à un sabre-laser.
- Oui… La présence de l’ordre Jedi ne serait pas de trop pour cette mission mais nous allons devoir faire au mieux. » Dit alors le Colonel en se levant et en se mettant devant l’Holograme, le changeant pour montrer une image de MAP-TT.

« Messieurs-dames, la 148ème va utiliser des MAP-TT standard pour cette opération, notre armement consiste en un canon blaster jumelé et un lance-grenade. Notre armement nous permettra de détruire infanterie, bunker et balancé des grenades dans leurs tranchés, mais il ne sera pas de taille face à des marcheurs lourds utilisé par l’Empire comme certaines classe Bolraida capturé où leurs équivalents de l’Empire. »
C’était assez drôle se disait Len quand Maro parlait de ce fait, l’Empire et la République utilisaient des vaisseaux différents, mais leurs walkers étaient bien souvent identique sur de nombreux aspect, comme les jedis et les siths utilisaient tous deux des sabres-laser. Juste de différentes couleurs, quoique quelques différences visuel pouvait être noté-les siths semblaient avoir développé pas mal de véhicules-. Les MAP-TT étaient dans la hiérarchie des véhicules terrestres marcheurs plutôt vers le bas. Et l'Empire commençait à avoir des chars qui devenaient une menace.

« Par conséquences nos marcheurs ne seront pas en mesure de détruire les menaces les plus grandes. Et que la Force nous aide si un Seigneur Sith se trouve là-bas. Les rapports indiquent que certains sont régulièrement aperçus dans des avant-postes comme celui-là. Nous n’aurons que 30 marcheurs à dispositions, 30 peut sembler un chiffre important pour certains, cela ne l’est pas pour une tel attaque, nos véhicules sont résistants face aux blasters, mais les roquettes et canon lourd sont une autre affaire. Garder vos distances avec nos véhicules, certains soldats se sont déjà fait écrasé nous nos pas après être passé trop près de nous au mauvais moment. L’Infanterie, votre tâche sera de vous occuper des véhicules lourds pendant que nous absorberont au mieux les dégâts. Et si Typhons à l’occasion de détruire quelques véhicules ou du moins les empêcher de rejoindre le champ de bataille, ce serait apprécié.
Cela va être dure, mais nous ne sommes là que pour faire diversion, le but n’est pas temps de réussir à percer leurs lignes mais de leurs faire croire que nous le voulons. Néanmoins sachez que si un Sith se trouve sur les lieux, éviter toute confrontation avec eux, et appeler nous. De toutes les personnes présentes dans cette pièce. Seuls les Dragons peuvent potentiellement en affronter un avec de bonnes chances de survie. Merci de votre attention. »

Sur ces mots, Maro revint s’asseoir tandis que l’un des soldats derrières lui, un Twi’lek du nom de Sima lui dit d’un ton moqueur.
« Jolie discours Colonel, z’avez réduit de 80% le moral de la salle !
- Merci, merci. C’est dur d’être aussi mauvais que moi pour les briefings. »
Répondit-il avec un air mi- fière, mi- embarrassé –quelque chose de dure à faire !-

Len de son côté, avec un grand sourire. Il savait comment cela marchait et il savait que ce genre de spectacle était habituel. La 148ème était considéré comme une unité d’élite, non pas pour la perfection de l’ordre à l’intérieur. Mais plus justement pour son ambiance indescriptible qui donnait naissance à une cohésion de groupe bien plus intime et des tactiques peu orthodoxes. Peu d’unité de Walkers recommandait le corps-à-corps avec un Sith… Pourtant la 148ème… Et bien disons simplement qu’elle utilisait les Marcheurs comme une extension de leurs corps. Il avait hâte.

Korgan Kessel
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Croiseur de Combat « Le Capitan », salle des communications longues portées,

Point final. Crissement des pieds de chaises qui ripent sur le sol métallique. Les commentaires fusent bon train, le volume sonore explose alors même que le capitaine Weinfield n’a eu le temps de fermer sa grande gueule. Dans le plus grand des chaos commence l’évacuation des lieux. Moi, j’reste encore quelques instants mon cul sur mon siège, à observer tout ce beau monde s’agglutiner autour des sorties. Putain, j’espère que l’exfiltration va mieux se passer que ça une fois au sol… En parlant de ça : mon regard se porte sur Capitaine Valkizath. Garde pourpre hein ? Quel nom pompeux. Ces types font partie des meilleurs sur le papier, mais sont restreint à des rôles de toutous pour les officiels en mission. Tu parles d’une vie… Ils ont intérêt à assurer. Je remarque que Mad, notre sniper, ne le quitte du regard. J’lui fait :

« Tu le connais ? »

Il secoue la tête, répond :

« Négatif. J’ai juste entendu quelques rumeurs à son propos. Parait qu’il se démerde avec un fusil à lunette… Et qu’il vient des bas-fond Coruscanti, tout comme toi… »

Je soupire. Je préférerai oublier ces années. Quelle vie de merde sous les blocs. Je les regretterai jamais. C’est le moment que choisit Matt pour intervenir. Assis juste derrière moi, il tend le cou pour passer sa tête entre nos épaules, et lâche sa connerie fumeuse :

« Hé, p’tet que tu connais sa mère, qui sait… »

J’lui file direct un coup de coude. Je rigole pas avec les mères, bordel de merde. Matt explose de rire. Moi pas. Je grogne, me lève, quitte la rangée de sièges, et tombe nez à nez avec le Colonel Phalsa Maro. Je me fige, mais me décrispe aussitôt. Large sourire. J’ébauche un salut militaire tout ce qu’il y a de plus réglementaire, puis tend la main pour lui serrer virilement la pince.

« Colonel Maro ! Ça faisait bail ! »

Son régiment de Dragons est devenu une légende parmi les Forces Spéciales. Au tableau des scores sur Carida, lui et ses gars mènent la danse depuis plusieurs années déjà. La conversation s’engage rapidement. Echange de vieux souvenirs, nos unités ont servies ensembles à de multiples reprises, la dernière en date : Gravelex Med. Même si nos terrains d’opérations usuels sont très différents, on se retrouve régulièrement lorsque les grandes pontes jugent nécessaire de faire appel aux meilleurs. Ouais, j’me la pète, et alors ? J’ose lui lâcher un :

« Et la retraite, elle est pour quand ? Je savais pas qu’ils acceptaient les papys sur le terrain… »

Regard de tueur, mais une lueur d’amusement brille au fond. Je ferme ma gueule, sans me défaire de mon sourire amusé. Héhé. Il me présente alors deux membres de son escouade. « Doc’ Chultze » et « Kamiral ». Poignées de mains. Quelques mots. Mais comme le temps presse, qu’il faut encore se préparer pour tout ce bordel, j’écourte les blabla et ordonne aux Typhons de se retrouver dans nos vestiaires…


Croiseur de Combat « Le Capitan », Hangar 2BT74

Paquetage sur le dos, je remonte la dernière coursive nous séparant du hangar. Ici les couloirs sont plus larges que sur les ponts supérieurs, probablement pour permettre aux meutes de pilotes et aux mécanos de rejoindre leurs postes de combat rapidement. Pour l’heure, c’est désert, tout le monde est déjà là où il doit être. Tous sauf nous. Mais on est pile poil dans les temps. Cette fois, pas d’armure de combat ultralourdes, pas de gatling laser dernière génération. Tous les Typhons sont logés à la même enseigne : tenues de camouflage souples, en fibres élastiques conçues pour absorber quelques tirs des blasters, au moins une ou deux fois avant de fondre avec la chair au-dessous. C’est pas le top, mais c’est ce qui est requis pour cette mission. L’objectif c’est de conserver un maximum de mobilité, et d’éviter, justement, de trop attirer l’attention sur nous. Mon fusil, passé en bandoulière, oscille au rythme de mes pas. Marche rapide mais non forcée. Le reste de la team est sur mes talons. Silencieuse, pour une fois. Enfin… Jusqu’à ce que Matt ouvre sa grande gueule, alors qu’on pénètre dans un hangar noir de monde, grouillant comme une fourmilière :

« Mais c’est quoi ce tas de merde ?! C’est une blague c’est ça ?! »

Il peste encore, lâche une série de jurons particulièrement acerbes. Je m’arrête, secoue la tête, la mine déconfite. J’en pense pas moins. Notre taxi est juste un putain de tas de boue à peine bon pour la casse. Merde. Ils l’ont sorti du trou du cul de qui celui-là ?! Le machin est couvert de rouille, les plaques du bouclier thermique font peur à voir. Moi qui déteste les vaisseaux… Bordel de merde. Le terme « mission suicide » n’a jamais aussi bien porté ses lettres de noblesse. Raaah. Mais comme j’suis pas du genre à me dégonfler, je remets rapidement un pied devant l’autre, direction : mon putain de destin.

Devant l’appareil, le pilote slash tête-brûlée nous attend. La pilote pour être exacte. Ouais c'est une gonzesse. Faudrait être miro pour ne pas le voir. Direct, j’pige que je la connais. J’oublie jamais un visage… Mais il me faut une paire de minutes pour la remettre dans le contexte. Matt’ continue de faire son numéro du mécano frustré. Je soupire. L’agacement me monte aux narines. Arrivé au niveau de la jeune femme qui transpire un mélange de je ne sais quoi : stress, impatience, envie de bouffer de l’impérial, je m’arrête, tend la main pour la saluer :

« Saani, c’est ça ? »

Droit au but. Jamais tortiller du cul pour chier droit, c’est ma devise. J’ai visé juste. Je me souviens parfaitement de cet entrainement sur Carida. Une recrue prometteuse mais qui méritait de gagner en expérience sur le terrain avant de se frotter à la dure réalité des Forces Spéciales. Faut croire que ce jour est arrivé. Pour le coup, elle va se retrouver au cœur de l’action. Je lève les yeux vers l’appareil.

« T’es sûre que ce machin va tenir le choc ? »

J’éprouve quelques doutes, faut l’avouer. Je sais bien qu’il faut passer pour un navire pirate en perdition… Mais ils y sont allés un peu trop fort là non ? Le but c’est de se faire allumer par la DCA impériale, pas de se vaporiser tout seul dans l’atmosphère… Je relâche la main de la miss. Son regard est plein de détermination. C’est ce que j’apprécie chez les jeunes recrues. Soit elles se chient dessus, soit elles font preuve d’une témérité sans borne. Et j’aime ça, moi, la témérité. Faut avoir une sacrée faire de couilles pour faire notre taff. C’est seulement après avoir perdu un morceau ou deux, qu’on fini par devenir un peu plus sage, et qu’on est prêt pour monter en grade, héhé.

« Très bien. Typhon, on embarque ! »

L’ordre est gueulé façon tout ce qu’il y a de plus militaire. Mes cris se répercutent sur les murs et se mêle au brouhaha infernal des préparations de dernière minute. Ca court dans tous les sens : types en uniforme orange flashy de pilote, équipes de mécanos en sueur, astrodroides qui couinent… Des pièces détachées et du matériel en tout genre sont éparpillés un peu partout. C’est l’effervescence. Faut dire : dans moins de cinq minutes, le Capitan sortira de la relative sécurité de l’hyperespace.

Sans un mot de plus, excepté Matt’ qui grogne dans sa barbe, les Typhons montent à bord, au trot. Je fais signe à Saani de passer devant. Ouais j’suis un putain de mec galant, haha. Non, juste que je préfère fermer la marche, histoire de checker qu’on a rien oublié sur le tarmac. Je monte la rampe, frappe du poing le bouton de fermeture. Sifflement strident des vérins fatigués. Elle se referme péniblement. Le genre de truc qui inspire pas des masses confiance pour le reste. Mais je me garde bien de l’ouvrir. Depuis un an et demi, je suis à la tête des Typhons, j’ai pris du galon. Ouais, j’suis toujours un gros con instable si on en croit certain, mais je me dois de garder bonne figure devant l’escouade. J’emboite le pas de Saani, furtif coup d’œil sur son arrière train. J’y peux rien, c’est un réflexe naturel. Mais je passe rapidement à autre chose. La pression monte tout doucement. Les dernières minutes avant le lancement sont toujours les plus tendus.

« Putain, ça pue la mort, bordel ! »

Encore Matt’ qui fait son grincheux. Je plisse du nez. Il n’a pas tort. La dizaine de cadavres, bien que sorti au dernier moment du congélo, commencent à embaumer toute la cabine arrière. Pour l’opération, tout l’intérieur du petit cargo a complètement été revu. Des cloisons ont été démontées, déplacées puis remontées. Au lieu d’une soute arrière, d’un espace de vie, et d’un cockpit, on dispose de deux espaces de vie distincts, séparés par un sas étanche. Les cadavres ont été sanglés dans la première zone qu’on doit impérativement traverser pour rejoindre le reste du cargo. Ils font pitié à voir, avec leurs membres ballottant et leur tête qui pendouille au bout de leur cou plié suivant des angles improbables. Plusieurs d’entre eux sont salement amochés. Il manque même à l’un la moitié droite du visage, probablement fauché par un tir d’arme lourde. Mais pour ce qu’il en restera après le crash… Les impériaux n'auront pas le temps de faire une analyse approfondie du truc de toute manière. Il s’agit seulement d’une diversion pour gratter le temps nécessaire pour se mettre en position. Je passe le sas, le referme derrière moi. Ici l’air est ventilé, relié au réseau de recyclage. J’inspire, expire. Les Typhons sont déjà en place, sur les sièges rivetés aux parois latérales, harnachés, paré au départ imminent. Tout l’attirail a été sécurisé dans un coffre solidement fixé au plancher. J’y dépose mon sac puis le referme. Avant de rejoindre le cockpit, je m’autorise une pause, histoire d’aviser mes gars : Matt’, le mécano, et sa gueule du type jamais satisfait. Mac’, le cathar, les yeux clos, en pleine méditation. Mad’, le sniper, occupé à démonter et remonter son fusil de précision pour la cinquantième fois aujourd’hui. Jett, le besalisk, les quatre mains crispées sur son harnais. Il flippe sa race chaque fois qu’il n’est pas lui-même aux commandes. Je sais que ça le démange de virer Saani pour prendre sa place… Mais les ordres ont été clairs : la miss a été formée spécialement pour les manœuvres à venir. Bref, après cette seconde d’observation, je beugle comme un débile :

« LES TYPHON DANS L’ACTION ! »

Et les autres répondent à l’unisson :

« ON VA LEUR PETER LE FION ! »

Explosion de rire générale. La tension est à son paroxysme. Ma main droite se pose sur l’épaule de Matt’. Je la lui serre, puis il file une tape amicale sur l’arrière du crâne.

« Essaye de pas te pisser dessus hein… »
« Va te faire enculer Kessel ! »


Haha. Je secoue la tête. Dans une toute autre escouade, la moitié de mes gars auraient fini aux arrêts, pour insubordination. Mais c’est justement ce qui fait tout le charme des Typhons. Bref. Je laisse tout ce petit monde derrière, et file rejoindre Saani dans le cockpit. Je pose mon gros cul sur le siège du co-pilote, dépose mon fusil d’assaut sur le coté, calé contre la paroi : lui, hors de question de le laisser dans une boite. Je préfère le garder à portée de main. Mes doigts glissent jusqu’à la poignée sous l’assise. La seconde suivante, j’abaisse les dossiers, pose mes gros pieds sur le tableau de bord. Je ferme les yeux et fait :

« Tu me réveille quand ça commence OK ? »




Système classé confidentiel – Monde classé confidentiel – Secteur inhabité. Espace neutre. Cinq minutes plus tard,

L’espace se déforme, distorsion hyperspatiale. L’instant d’après le Capitan apparait, comme sorti de nulle part. La décélération est d’une violence indescriptible, que les compensateurs inertiels peinent à contrecarrer. Sur la passerelle, le Capitaine Weinfiled observe l’énorme géante gazeuse, d’un rouge-violacé, qui irradie de sa lumière crue les visages de ses subordonnés. Il se retourne, pour faire face au Sergent Ular’Iim. Les reflets sur l’acier le rendent d’autant plus impressionnant :

« Nous venons d’attendre l’objectif avec un déviation inférieure à zéro point zéro sept. Tous les systèmes sont au vert. Nous pouvons larguer les Typhons. »





Croiseur de Combat Le Capitan, Hangar 2BT74, à bord du cargo suicide que personne n'a pris la peine de baptiser. Nous l'appellerons « Poubelle One »

Je me réveille en sursaut alors que le cargo pirate vibre comme s’il allait exploser. Les parois bourdonnent à m’en briser les tympans. Bordel, c’est normal tout ce bruit ?! Je me redresse, mes pieds quittent le tableau de bord, tous les sens en alerte. Saani vient d’allumer les répulseurs, se prépare au décollage. Je m’assois bien droit. Torsion de la nuque, des épaules. Mes articulations craquent. Coup d’œil à l’arrière. Tout le monde me fait signe qu’il est OK. Je choppe le micro du comlink et balance sur la fréquence du contrôle spatial :

« Ici les Typhons, à bord de Poubelle One. Les réservoirs sont pleins, les soutes à munition dégueulent et nos slips sont parés au combat. »

Putain, j’ai toujours rêvé de dire ça. Merde, je viens de réaliser un rêve de môme ! Mais la nana de l’autre côté n’a strictement aucun humour. Elle reste pro, ne relève pas. Pfff :

« Bien reçu Typhons. Nous dégageons un couloir. Veuillez suivre le vecteur rouge six, sortie autorisée par la porte huit. Attention aux perturbations une fois dehors, la géante gazeuse émet des radiations qui détraquent les instruments de bord… »
« Ok m’dame, on a saisi le truc. »


En fait je pige quedal à ce jargon de branleur de manche. Putain, j’espère que Saani sait ce qu’elle fait. D’ailleurs, pour la forme, je lui demande :

« Parée ? »

Une question qui n’en est pas une. Elle n’a pas le choix. Maintenant que j’ai ouvert ma gueule dans le comlink, faut qu’on bouge.

« Bon… Si le plan se déroule comme prévu, on se retrouve ce soir à la cantine pour boire un truc ? »

Ça ressemble à un putain de très mauvais plan drague. J’pige le truc alors même que les mots sortent de ma gueule. Mais merde, c’était vraiment pas du tout ce à quoi je pensais ! J’entends Matt’ ricane ! Il se fout de ma trogne ! Quel enfoiré ! Bref, je me reprends :

« Si nos grosses têtes se sont pas foirées, la géante gazeuse brouille les détecteurs impériaux. Le Capitan sera invisible tant qu’il restera dans son ombre. Nous, faut qu’on se décale en rasant sa surface, un saut de puce, et hop on réapparaît aussi près que possible de l’atmosphère de la lune.

« Les impériaux vont pas nous louper. Clairement pas. Faut s’attendre à une réponse immédiate. Tirs de DCA, missiles air-sol peut-être. Et je parle même pas de ce qui pourrait nous attendre en orbite. Bref, la totale. Tu fais ton taff, manœuvre d’évitement, tout le tatouin. L’important c’est que tu nous crashs à moins d’un kilomètre de leurs installations, sinon ça va être coton pour être en position avant l’assaut des copains. »


Notre mission est double en réalité. Dans la petite soute reconvertie en morgue, sont parqués une dizaine de satellites stratégiques à plein plus gros qu’un avant-bras humain. Des petits bijoux de technologie. Une fois largués, ils offriront au Capitan, et à ses officiers, des données tactiques en temps-réel afin de peaufiner l’assaut terrestre et de suivre les mouvements de troupes ennemis pendant la bataille, et ce sans monopoliser les ressources du croiseur qui sera alors lancé dans un véritable rodéo spatial.

« Oublie pas de larguer nos colis dès que possible hein. »

Mieux vaut prévenir que guérir. Je préfère souler mes gars en répétant les ordres douze fois, plutôt que de prendre le risque qu’ils oublient une étape du plan.

« Dès que tu le sens, tu beugles, je presse sur l’autodestruction… Et on pourra enfin passer aux choses sérieuses… »

J’ai pas envie d’y penser… Mais j’y pense quand même ! Merde ! La coque est truffée de petites charges explosives savamment positionnées pour tout faire sauter sans nous buter. J’avise l’énorme bouton rouge sur le tableau de bord face à moi. Une pression et elles pètent, disloquant l’appareil en deux gros morceaux. L’un avec les cadavres. L’autre, avec nous. Si j’ai bien pigé, notre section est équipée de rétrofusées d’urgence qui devrait ralentir notre chute. Si les ingénieurs ne se sont pas chiés dessus hein. Putain, ça va être la partie la plus tendu du plan. Bordel. Mais cette idée de jouer avec la mort me file un putain de shoot d’adrénaline, le pied !

Blague à part, on n’aura pas vraiment le temps de recoller les morceaux si ça foire : faudra bouger rapidement, avant que l’Empire n’envoie une patrouille… Et le temps qu’ils comprennent qu’ils se sont faits blousés… Bah nous on sera déjà à l’intérieur alors que le reste des Républicains pilonneront leurs défenses.

Alors que cette ultime pensée traverse mon esprit, le cargo quitte le hangar du Capitan… C’est parti… Pour le meilleur et pour le pire, héhé… Dans ce dernier élan d’euphorie, je choppe le comlink et passe sur la fréquence réservées aux big boss, dont je fais partie, en ma qualité de Typhon leader :

« Sergent Ular’Iim ? Ici votre Caporal préféré… Voilà, c'est parti : nous sommes lancés ! Petite question m'sieur : Vous n’auriez pas une bénédiction de dernière minute, qui pourrait nous porter chance ? Histoire qu’on survive assez longtemps pour ne pas rater le feu d’artifice ? Je vous rapporterai un petit souvenir, promis ! Kessel Terminé. »
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Anonymous
J’aurais vraiment préféré que l’on puisse répéter le plan plusieurs fois … Envisager les différents scénarios, notre capacité de réaction et notre complémentarité. On ne sait rien des autres. Si chaque unité est forte dans son domaine, on a rarement bossé ensemble. Ça va être un test grandeur nature. Quelque part, il n’y a pas de meilleur école. Mais à ce jeu, on peut payer le prix cher.

La Garde Pourpre est sur-entraînée dans la défense des sites, notamment sur Coruscant. Sa force réside notamment dans la maîtrise tactique d’un terrain parfaitement connu. Là, on se jète dans le vide, avec des unités alliées réputées pour leur capacité à ne pas respecter les consignes. Un grand n’importe quoi auquel j’évite de paraître trop affecté pour ne pas impacter mes équipiers. Ceci dit, ils ont l’habitude d’être parfaitement briefés et doivent ici clairement voir que c’est très léger … Avouons que c’est aussi excitant.

Installés dans notre transport, nous attendons. On a connu des véhicules plus confortables et surtout plus équipés. Pas de blindage lourd, pas d’armement cinq étoiles … mais plutôt un transporteur maniable, furtif pour un atterrissage sur zone en toute discrétion. Notre réussite passera par un déploiement rapide et c’est bien l’esprit souhaité pour notre mission.

En jetant un oeil rapide à travers le cockpit, j’observe le dispositif. Les Typhon sortent du Capitan. Une mélodie silencieuse, nos casques nous isolant des bruits assourdissants de moteurs pour nous permettre de mieux communiquer. Nos unités de snipers devant parfois rester concentrées et silencieuses, mieux vaut isoler tout bruit qui permettrait également à un ennemi de nous repérer.

Quelques minutes avant l’engagement. Et la prise de contact avec un potentiel ennemi. Un moment toujours singulier. Les regards sont concentrés et le stress au maximum. Les visières de nos casques ne sont pas encore baissées. J’aime cet instant et le silence qui règne. C’est ce que je demande à mes hommes. On ne peut plus se défiler et les masques tombent dans ces moments là. Je jette un oeil rapide sur mes gars. Les meilleurs tireurs que je connaisse. Ces mecs sont des durs à cuire et ils ont une résistance au stress phénoménale. Ca bouge pas d’un poil. Chez nous, un mec peut rester plus de 5 jours sous la neige, en position planquée, à se peler les miches sans pouvoir se lever pour aller pisser … les conditions météos ou une situation délicate ne le feront bouger.

Nous sommes dix. 5 snipers et autant de tacticiens. Une unité d’élite complète de la Garde Pourpre. Chaque duo est installé côte à côte. Des binômes expérimentés et complémentaires. Parfois drôle de voir ces gars qui se connaissent parfaitement avec leurs habitudes et leurs manies. Je leur fais un dernier briefing avant contact au sol.

« Bon … c’est l’heure les amis. On s’apprête à prendre position en terrain inconnu. Ca va être clairement sportif. Préparez vous à un véritable tir au pigeon. On n’est pas sur une opération mono-cible. Il va y avoir une multiplicité de cibles, variées et mobiles, à éliminer en un temps record. C’est pour cela qu’on a pris les gros chargeurs. »

Un oeil vers mon blaster de précision. Un bon X-35. Ce n’est pas la dernière technologie mais c’est carrément fiable et avec ça, on peut voyager tranquille. Bien réglé, ça bouge pas et l’impact est foudroyant. Je le tiens en bandoulière, par dessus l’épaule droite. Nous disposons de nos protections de déploiement rapide. Une tenue caractéristique de la Garde Pourpre, combinaison renforcée et casque léger, blancs avec les fameux bandeaux rouges.

Je me tourne ensuite vers « Vic », mon binôme de compétence, le « tacticien » qui m’accompagne. Un mec profondément timide qui se transforme en une bête de guerre. Ce dernier reste silencieux par habitude mais une fois sur le terrain … c’est lui qui me guide. Un rôle crucial. Il a une vision élargie du terrain alors que je suis focalisé sur une cible, via la lunette de mon fusil. C’est clairement pas le gars avec qui tu pars en vacances … il est chiant à mourrir. Mais pour son job, c’est un tout bon. Il est d’une froideur et d’une efficacité redoutable mais sa qualité absolue reste son instinct. Il sent les choses comme personne. On s’est plusieurs engueulés car il m’indiquait de viser une position improbable et … au final … il s’avérait qu’il avait vu juste. Et lorsque cela se reproduit plusieurs fois, ce n’est plus un hasard.

Je m’adresse aux tacticiens.

«  Les « Tac » … vous avez le stock de munitions. On est chargé à bloc et il y a de quoi s’amuser. F2 et F4, vous gardez un stock de réserve pour le retour des champions. On doit avoir de quoi protéger les Typhons et la manoeuvre de sortie des Dragons. »

A peine le temps de finir ma phrase et le Capitan arrivé sur zone … avec toujours ces impressionnantes manœuvres de décélération. Nos corps ne sont pas faits pour ça. Je me sens écrasé dans mon fauteuil puis projeté vers l’avant. Heureusement mes ceintures ne cèdent pas. Un rapide coup d’oeil pour m’assurer que tout le monde est ok.

Pas le temps de finir ma phrase que le comlink crépite. Ular’Iim nous confirme l’arrivée réussie puis Kessel dans ce qu’il appelle « Poubelle One » s’engage. Ce mec est fou mais il est drôle. Il doit falloir un peu de tout ça et un brin d’inconscience pour arriver en première ligne. Là où la force de mon unité réside dans sa capacité à rester concentrée, les Typhons sont forts par leur aptitude à tout oser.

Un oeil par le cockpit et je vois « Poubelle One » se lancer. Le comlink crépite à nouveau. Cette fois sur la fréquence réservée aux leaders… Kessel souhaite une bénédiction de dernière minute.

« Kessel, ici Valkizath. Prenez des photos en arrivant, on veut bien une carte postale pour savoir à quoi nous attendre. On est avec vous les gars, soyez bons. Valkizath, terminé ».

Ca va être bientôt à nous. Nous sommes les seconds sur la liste avec un vaisseau plus léger et plus rapide que les Typhons car ces derniers vont probablement se faire arroser en arrivant. Pas de raison que ca soit pas le cas nous concernant mais on joue l’effet de surprise.

Comlink - Fréquence générale.

« Typhons en route. Garde Pourpre, c’est à vous. L’espace est dégagé. Prenez le vecteur rouge cinq. Sortie par la porte 4. Le Capitain lance les premières frappes de dégagement pour monopoliser l’attention.

J’appuie sur le bouton du comlink après m’être raclé la gorge.

« Ici, la Garde Pourpre. Unité parée pour le grand saut »

Le temps de s’installer correctement à nouveau et notre navette prends son envol. Ca tremble de partout. Pas le voyage le plus confortable et un trajet de quelques minutes avant atterrissage sur zone. Les collègues se tiennent comme ils le peuvent, la main sur leur arme et l’autre pour maintenir une poignet ou un accoudoir.

Dans le cockpit, j’observe la planète gazeuse face à nous. Une lueur rouge nous éblouie … pas forcément le climat le plus confortable. Je vois encore le transport des Typhons qui commence à s’éloigner rapidement. A tel point que leur bolide devient un petit point lumineux qui s’apprête à disparaître de mon champs de vision.

A notre tour de nous élancer … suivi d’un concert impressionnant de tirs ioniques depuis le Capitan. L’artillerie lourde qui arrose le secteur sur lequel nous approchons. Les effets escomptés sont relatifs vu les boucliers protecteurs qui se matérialisent immédiatement. Une sphère bleue vient littéralement recouvrir la zone. Certains tirs passent très près de notre navette ce qui m’amène à jeter plusieurs regards interrogatifs vers le pilote. Celui-ci ne bronche pas et semble même relativement à l’aise avec cela. Ca serait con de se faire rôtir par un de nos tirs !

Au sol, le spectacle est grandiose. Cela en est presque beau. Des lasers verts, bleuets traversent le ciel et frappent le bouclier dans un éclat scintillant qui vient illuminer toute une région. Des étoiles, des explosions de matière … on assiste en direct à la réalisation d’un tableau de maître par un artiste peintre inventif.

Notre transport rentre dans l’atmosphère, accompagné par le son caractéristique de l’entrée en orbite et des moteurs stabilisateurs. La pression devient intense mais la carlingue tient la route. On approche de la surface de la planète relativement vite et les premiers reliefs apparaissent à mes yeux. Pas assez nettement pour distinguer quelconque mouvement mais cela doit forcément s’activer en bas, vu le bordel que nous venons de mettre.

La navette des Typhons est encore visible. Il semblerait que leur approche rapide ait joué en leur faveur … du moins pour l’instant. Je ne les quitte pas des yeux … et tire un léger sourire en voyant ces derniers atterrir tant bien que mal au coeur d’une crevasse, avant de disparaître de mon champ. A court terme, une initiative forcément préventive qui peut s’avérer être un piège si ces derniers ne s’en extirpent pas assez rapidement.

Lors du briefing général, nous avons reparti nos unités de snipers par binômes, avec les appellations allant de F1 à F5. F1 étant mon unité, leader de formation et chef d’orchestre de l’opération au sol.

« Ici F1, nous entrons en phase d’approche. Nous tentons un atterrissage dans le secteur sud. Pas de contact identifié pour l’instant. Typhon posé visiblement avec succès, dans une crevasse, secteur ouest, approximativement en X2-D3. Ces derniers en mode silence radio ».

Nous avions balisé le secteur en définissant des repères géographiques. Me calant sur ces derniers, j’identifiais l’endroit où les Typhons venaient d’arriver. Pas si mal vu nos estimations. Cela aurait pu être pire avec des conditions météos contraignantes.

Un calme ambiant troublant … voir trop beau pour être vrai. Comme ne pas croire qu’un comité d’accueil se prépare pour nous repousser dignement. On y est presque et toujours rien. C’est juste improbable. Nous avions identifié une clairière, proche d’un monticule boisé… le terrain idéal pour un déploiement rapide. Le pilote s’adresse à moi.

« Approche finale. Atterrissage imminent. »

Le temps de me retourner vers mes équipiers pour les prévenir. C’est l’heure de passer à l’action. Le moment tant attendu est enfin arrivé.

« C’est parti ! On passe en mode opération. Détachez vos ceintures et fermez vos visières. Prêts pour déploiement  ! ».

Les gars se lèvent comme un seul homme. Tous en position, alignés face au sas de sortie, équipement sur le dos et arme au poing. La navette prépare son approche finale et le moment le plus critique qui nous expose. Les turbo-réacteurs sont en position verticale et nous attaquons un vol stationnaire pour une descente en douceur.

Quelques secondes avant l’ouverture de la porte … un avertisseur s’allume et résonne dans tout l’appareil. Le pilote paniqué :

« Nous sommes verrouillés par un système radar ! Tir imminent ! Evacuation ! Evacuatiooon ! »

La porte s’ouvre et avec un appel d’air vient littéralement souffler l’intérieur de la cabine. Les hommes sont plaqués contre le mur puis se dégagent rapidement pour se jeter vers l’extérieur de l’appareil, telle une meute fuyante.

Le temps de se jeter hors de l’appareil, les unités de la Garde Poupre se déploient dans toutes les directions, chaque binôme balayant un champ de vision différent de façon à se couvrir les uns et les autres. Cela avait beau avoir l’air d’être une clairière, le terrain est sacrément accidenté. Un mélange de terre et de roche qui ne facilite pas la progression.

A peine la première respiration effectuée, je relève la tête et vois un déluge de feu s’abattre sur notre navette. Nous nous jetons tous au sol, derrière les arbres et autres reliefs pouvant nous protéger. Les tirs viennent du nord et d’une batterie visiblement logée à une centaine de mètres. Un feu incessant qui représente une force de frappe qui ne va pas faciliter l’arrivée des blindés. A quelques secondes prêts, nous étions cuits. La navette ne résiste pas longtemps avec un blindage si léger… et explose dans un fracas monumental. Nous sommes projetés au sol … heureusement sans trop de dégât. Une boule de feu qui vient révéler notre position dans tout le secteur avec une épaisse fumée. Les unités ennemies au sol ne vont pas tarder à venir examiner le coin. Nous ferions mieux de nous presser.

Je prends d’abord contact avec le Capitan.

« Ici F1, atterrissage réussi. Position secteur sud, X4-D7. Mais transport détruit. Essuyons feu nourri d’une batterie basée au nord de notre position, potentiellement X4-D6. Nous nous déployons sur secteur. Allons vite avoir besoin de renforts sur zone. Terminé ».

Puis l’urgence nous concerne et le déploiement de la Garde Pourpre à prioriser. Je coordonne les gars vers une prise de position sécurisée du secteur.

« Dispersion les gars. F2, F3 vers l’Ouest. F4 et F5 vers l’Est. Je me charge de ce monticule là-bas. Le terrain accidenté est notre meilleur allié. Ca va pas faciliter l’arrivée des locaux. Prenez position en hauteur pour avoir les meilleurs points de vue et gardez un oeil sur les uns et les autres. On n’est jamais assez prudent. Allez, go ! Go ! Go ! ».

Je pars avec Vic vers le monticule situé devant nous. Une cinquantaine de mètres à effectuer en montant, à travers un léger sous-bois et quelques rochers. Notre équipement léger nous offre une certaine souplesse mais le choc de l’explosion du transport nous a quelque peu remué. Pas le temps de tergiverser, l’orgueil et l’urgence nous poussent à avancer.

La terre glisse nous mes pieds … je tombe, me relève puis remonte … jusqu’à enfin arriver sur un rocher plat, offrant une position planquée sous des branches, avec une vue à 180 degrés devant moi. Face à nous, une vue dégagée optimale et la beauté d’une forêt vierge à perte de vue. On ne distingue que des arbres et quelques axes dégagés donc cette immense clairière sur laquelle les les Dragons sont attendus.

Les sens en alerte, je guète les autres unités avancer jusqu’à confirmation de leur position… puis rapidement après :

« Ici F4. Deux jetspeeders en approche … rectification : 4 jetspeeders. »

Le comité d’accueil arrive.
Zerath Ular'Iim
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Zerath échangea un regard avec le capitaine Weinfield, tandis que le colonel Maro parlait. Le Kaleesh écouta le discours technique avec intérêt. S'il mettait un poing d'honneur à avoir une force complémentaire sous ses ordres – et donc à se renseigner sur les failles et avantages de chaque unité qu'il pouvait bien commander, entendre de la bouche d'un expert comme le colonel les faiblesses des blindés était une expérience on ne pouvait plus enrichissante et intéressante. À la vérité, il aurait volontiers passé le reste du voyage à l'interroger sur chaque spécificité technique, pour fouiller toujours plus profondément les caractéristiques des appareils mobilisés ainsi qu'il l'avait fait auprès du capitaine Weinfield quant aux chasseurs qui seraient mobilisés ce jour, mais le temps ne le permettait pas. Le cyborg avait certes anticipé l'intérêt des marcheurs, particulièrement face aux bunkers ; pour cette raison précise les Dragons avaient-ils à tâche de percer le cœur adverse, car l'avant-poste semblait gardé – aux relevés satellites à disposition – avant tout par des tranchées et bunkers qui,  s'ils ralentiraient certainement l'infanterie, ne posaient au final que peu de difficultés aux redoutés marcheurs. Il était vrai cependant que des modèles plus lourds dans les rangs adverses opposeraient résistance féroce à ce qui tenait lieu finalement de cavalerie républicaine. Cependant, songea-t-il, c'était pour ça qu'il avait mobilisé une escadrille en atmosphère ; car tout blindés pouvaient-ils être, ils ne tiendraient pas face à l'aviation. Il ne connaissait nul blindage terrestre capable de résister à un bombardement protonique – et il avait le sentiment que ce blindage miraculeux n'était pas prêt de voir le jour.

La potentielle présence d'un Sith était à envisager. Cependant, les espions signalaient du grabuge en terre impériale ; l'Impératrice avait changé de visage, si l'on en croyait les rapports. Si tel était bien le cas, nul doute que tout le monde irait baiser la main de la nouvelle figure du suprême empire Sith, quitte à reléguer son poste à un remplaçant moins capable pendant ce temps. Toutes choses considérées, le colonel se trompait cependant sur la nature de la base ; ce n'était pas un avant-poste destiné à menacer la République par la force directe mais une installation dont l'existence devait demeurer secrète, et où l'on ne mobilisait qu'un nombre très restreint de troupes, tant pour la défense que pour le maintien et le bon fonctionnement des installations. Pour cette raison avait-on emporté une force de frappe qui était - dans l'absolu des armées républicaines ou des batailles livrées jusqu'ici dans la guerre – somme toutes restreinte. Et pour cette même raison la présence d'un Sith, plus redoutables guerriers de l'Empire, était très improbable en ce lieu, à ce moment précis.

Mais, songea Zerath, il ne fallait pas tirer de conclusion hâtive. La possibilité, quoi que très faible, demeurait présente.


« - … Cela va être dur, mais nous ne sommes là que pour faire diversion, le but n’est pas temps de réussir à percer leurs lignes mais de leurs faire croire que nous le voulons... »

Le prélat plissa les yeux, tentant de déterminer s'il s'agissait d'un trait d'esprit de la part de celui qui devait mener l'assaut. Cela ne pouvait être qu'une farce, pourtant personne ne rit. Confus, Zerath tourna le visage vers Weinfield, à la recherche d'une explication. Quelque chose de propre aux humains peut-être ? Un humour spécifique de leur espèce, que le reptilien ne pouvait pas comprendre ? Non, ce n'était pas ça...Ce Phalsa Maro était parfaitement sérieux, aucun de ses mots n'était prononcé à la rigolade.

Cela signifiait que malgré les différents briefings du capitaine Weinfield, malgré les clarifications de Zerath sur leur premier plan d'approche – établi malgré leur manque cruel d'information, cet officier – qui aurait été son supérieur si la hiérarchie républicaine n'avait pas accordé un statut particulier au Kaleesh, cet homme réputé pour ses méthodes de combat non conventionnelles, ce commandant à la réputation si impeccable dans les rangs républicains, ce meneur du prestigieux commando Dragon...N'avait pas compris. Pire, il pensait n'être qu'une diversion, destinée à divertir l'attention adverse alors que la bataille véritable se jouait ailleurs. Au regard de la tâche des Typhon, ce n'était pas entièrement faux...Mais il était évident que le colonel n'avait pas compris son assignation, pas le moins du monde.

À présent la question : comment corriger cette erreur de cet humain de façon appropriée ? Si lui avait mal compris, qui savait ce que son unité avait bien pu saisir de travers encore ? C'était bien pour ça que Zerath préférait ne donner que des ordres isolés à chacun de ses hommes, lorsqu'il était encore sur Kalee. Donner le tableau entier était toujours un problème : l'un voulait aider à une tâche qui ne lui incombait pas et dans un excès de zèle, quittait son poste pourtant crucial, l'autre oubliait dans la masse de variables son propre rôle et se trouvait alors démuni – inutile. L'armée républicaine semblait pourtant apprécier ces briefings détaillés, où chacun était au fait de toutes les actions de ses voisins. Si dénudé de sens. Avec un maître esprit compétent, dirigeant depuis les lignes arrières les troupes et veillant sur le déroulement de la bataille, il n'était nul besoin de transmettre à tout un chacun chaque détail du plan. Cela reposait cependant sur une confiance impeccable des hommes. Tant qu'il n'avait pas cette confiance, le Kaleesh était bien obligé de se plier à la façon de faire républicaine. Comment corriger l'erreur humaine donc ?

Zerath, toujours penché sur son sceptre d'os, respira, calme. République ou non, il fallait absolument maintenir une image de leader infaillible pour restaurer un climat de confiance pour les troupes. Suite aux récentes débandades face à l'Empire le moral jamais n'avait été si bas, le doute sur le succès de chaque opération, la crainte des Sith, de la logistique impériale...Tout cela, Zerath devait le balayer, par les paroles mais aussi par les actes. Le succès de cette opération était un instant crucial pour tous ces hommes – dont il ne connaissait qu'à peine les noms. Il braqua son regard sur Maro, ses expressions dissimulées derrière son marque mortuaire de fer impassible.


« - Vous vous méprenez. Votre tâche n'est pas une maigre distraction pour les yeux et armes adverses, car vous mènerez le cœur de l'armée et de vos marcheurs, point les flancs. Votre affectation, je vous le rappelle, est capitale : vous devez briser les générateurs de boucliers. C'est le but de votre mobilisation, car seuls vos marcheurs sauront abattre les bunker et progresser assez rapidement dans le terrain accidenté produit par les tranchées. Ne négligez pas vos ordres colonel. Si votre compagnie de blindés échoue à détruire les générateurs, il sera impossible de bombarder la zone, ce qui pourrait compromettre toute l'opération. Votre rôle est aussi important que l'est l'escouade Typhon, Maro ! Laissez à vos supérieurs le soin de redouter les Sith et de prévoir les menaces que vous pouvez rencontrer et concentrez vous sur votre assignation. (Il tourna le regard vers le capitaine Valkizath, qui n'avait pas soufflé mot durant le résumé erroné de son subalterne, Maro. Le Kaleesh âgé allait visiblement devoir surveiller le champ de bataille avec attention, autant pour veiller sur ses hommes que pour s'assurer que chacun assure bien son rôle.) Et cela vaut pour chacun d'entre vous ! Réfléchissez aux ordres, à leurs pertinences, mais n'oubliez pas que je vois le plus grand tableau !  Pour notre succès, votre esprit critique n'est pas exigé mais il est apprécié. Discutez les ordonnances curieuses, refusez celles monstrueuses ; mais si vous donnez votre accord à une opération, il est vital que vous respectiez les objectifs auxquels vous adhérez alors !»

À nouveau le cyborg reporta son attention sur le colonel, qui ne devait guère apprécier qu'un simple sergent lui parle ainsi. Mais Zerath assumait – une fois de plus – le commandement complet de l'opération. Il devait s'assurer que tout soit parfait – car la moindre faille pouvait avoir de funestes conséquences. On parlait de vies ici, pas d'une modeste simulation dans une cantina.

« - Mon manque de clarté sans doute vous aura induit en erreur, Maro. Vous avez mes excuses pour cela. À tous, ce plan sera notre plan initial, faute d'informations supplémentaires. Tout changement vous sera relayé bien entendu. La communication sera clef de notre succès. Rapportez tout ce que vous voyez. Je veux savoir la couleur de leurs uniformes sans avoir à utiliser de drones. À vos affaires à présent ! »

Et là-dessus on s'extirpa de la salle comme un bétail laissé sans surveillance. Mais Weinfield ne partit guère, pas plus que Zerath ; les deux avaient encore à s'entretenir. L'homme avait le visage ridé de soucis – de courroux peut-être en réalité ? L'Ular'Iim n'aurait su le dire.

« - Le colonel a eu une opération particulièrement difficile sur Dubrillion il y a quelques semaines. Vous n'y étiez sans doute pas, mais j'ai entendu qu'il s'y trouvait le moff Stoker. La République a déjà souffert de lourdes défaites de sa main, n'en voulez donc pas trop à Maro... »

Le sergent ne mentionna pas qu'il avait lui-même affronté Vaas Stoker lors de ladite bataille de Dubrillion et l'avait repoussé par sa propre. L'heure n'était certainement pas à la flatterie de son propre ego et ce détail mineur ne changeait de toute façon rien au cas Maro.

« - Je ne lui en tiendrai pas rigueur, mais il faudra être prudent. Si un colonel ne comprend pas des ordres répétés et énoncés à plusieurs reprises, je commence à saisir pourquoi cette guerre tourne en notre défaveur. Mais trêve de tout cela. Capitaine, vous connaissez bien mieux votre navire et vos hommes que moi. Je veux que votre première escadrille ne regroupe que les meilleurs pilotes, et qu'ils prennent nos bombardiers. Qu'ils préparent en outre les missiles à guidage électro-magnétique expérimentaux dont vous m'aviez fait mention. »

Déjà, les traits de Weinfield changeaient, son visage se ridant de circonspection. Il ne faisait pas encore tout à fait confiance à son supérieur du jour.


***


À présent sur le pont principal de commandement, Zerath observait avec intérêt un module qu'il avait fait monter – quasiment par caprice – sur le pont principal : un holoprojecteur tri-dimensionnel. C'était purement et simplement une carte de l'espace en trois dimensions. Le capitaine Weinfield, à l'embarquement, avait objecté l'inutilité de pareil objet. « On apprend à utiliser des cartes en deux dimensions à l'école des officiers dès le premier cours ! Personne n'a l'usage de cartes en trois dimensions, c'est ridicule ! » et tant d'autres arguments auxquels le Kaleesh avait été aussi réceptif qu'un Kelbaar* à des cours de chant. Il avait ses manies et ses façons de procéder.

Ses doigts s'égarèrent sur les boutons de la console. Il avait probablement prouvé par ailleurs la supériorité de la troisième dimension lors de l'affrontement de Destrillion. Cependant, se souvint-il, il n'avait pas remporté la victoire. Repousser le moff Stoker, pour tout ce que cela pouvait bien valoir, n'avait en rien permis de mieux protéger Dubrillion. Cet affichage holographique était un outil, mais il ne lui permettait de voir que ce qui était. Le génie des plus grands stratèges était de savoir ce qui allait être. Il n'avait toujours pas oublié ce riche Twi'lek d'affaires Coruscanti qui l'avait un jour défié à une partie d'échecs sur Kalee. Cin et Zerath l'avaient accueilli au grand temple de Shrupak, gage d'hospitalité offert aux étrangers venus des profondeurs de l'espace, courtoisie toute naturelle. Là, entre les piliers sacrés, le Twi'lek fortuné avait dévoilé un petit jeu que toujours il transportait avec lui; et ainsi avait-il initié Zerath aux échecs, jeu dont il ignorait tout et qui, il le découvrit bien plus tard, était en réalité fort ancien et très peu pratiqué de nos jours. C'était un jeu amusant, mais si primaire, si limité. Aucun facteur de terrain, seulement une guerre de position – encore que pleine d'amusantes subtilités. Si l'étranger avait remporté les premières parties d'un gracieux sourire du professeur face à l'élève commettant de touchantes erreurs, il ne fallut que quelques manches pour que Zerath saisisse les règles ; et l'humanoïde aux si curieux Lekku répétait en réalité toujours une stratégie aux fondements très similaires. Les prochaines manches vinrent à la faveur de l'Ular'Iim, tant et si bien que cet étranger eut une parole si curieuse, si amusante :


« - Êtes vous donc un maître Jedi, votre sainteté ? »

Une parole qui avait perturbé le Kaleesh, qui ignorait tout du sens de Jedi alors. L'on racontait, comprit-il plus tard, que certains grands maîtres de la Force savaient prévoir le futur dans une propension toute divinatoire. Cependant, Zerath était assuré qu'il n'avait point de Force ; car la Force elle-même, très certainement, n'était qu'une manifestation de plus de la volonté des dieux. Lui n'était pas béni de cette énergie ; pourtant, il aspirait bel et bien à prédire le futur, mais pas par la faveur des dieux. Les dieux l'avaient béni Kaleesh, ainsi pouvait-il percevoir de ses yeux la chaleur des corps, des astres, du monde ! Le reste, c'était à lui de l'acquérir, par son propre génie.


Il tapota une fois de plus le brave projecteur puis s'en détourna. Sur le pont, on avait déjà pris sa place, chaque homme à son poste, concentré sur ses appareils. Weinfield échangeait régulièrement avec ses subordonnés, contrôlant la bonne course du navire. La grande baie vitrée principale offrait une vue plongeante sur l'hyperespace. Des constellations de bleu et de blanc tourbillonnaient en un flux continu d'énergies – fort heureusement sans causer le moindre dommage. L'équipage opérait dans un silence professionnel, rarement brisé par quelque précision que le capitaine apportait, ou bien par une interrogation à l'un de ses subordonnés, qui répondait alors succinctement, le visage à la fois éclairé d'une part par le gros écran cathodique vert qui lui servait de console, mais aussi par l'incessant flux bleu de l'extérieur. Il y avait à cette scène quelque chose de fascinant. L'on voyageait par les miracles de la technique à travers le temps et l'espace, à travers l'éternité et les paradoxes, à travers des univers et des passés inconcevables, dans le silence le plus complet. Sans doute, songea le prélat, les dieux voyaient-ils ainsi l'univers : comme une cascade tourbillonnante de lumières s'écoulant immuablement du début à la fin du monde et de l'histoire, loin des perturbations terrestres basses et viles, loin de la clameur futile et pourtant si nécessaire de la vie.

Zerath s'écarta du projecteur, pour prendre un peu de recul ; ce dernier était disposé sur une large table holographique circulaire, où il avait fait entrer toutes les données qu'il avait jugé utiles pour l'opération. Bon nombre concernaient les véhicules et la logistique, tant républicaine qu'impériale en vérité, des pense-bêtes en quelque sorte.


« - Activation des polarisateurs UV terminée mon capitaine. » indiqua l'un des opérateurs. C'était un de ces revêtements actifs qui permettrait de protéger les sensibles yeux de l'équipage des puissants ultraviolets émis par l'étoile du système à leur sortie d'hyperespace. C'était un confort technologique qui avait souvent été négligé par les concepteurs de vaisseau, causant – assez ironiquement – de nombreux cas de cécités, aux premières heures de l'armée, des décennies plus tôt.

Une brusque crispation générale arracha le sergent cybernétique à sa contemplation. La toile d'éternité azur et nacre se déchira sur un gouffre ébène parsemé de gemmes étoilées ; et soudain apparut une titanesque orbe byzantine.

« - Hyperdrive à puissance nominale. Point de sortie validée, le saut est un succès mon capitaine. »

Zerath vit alors Weinfield se tourner vers lui. Son visage était éclaboussé d'un éclairage olive sur la moitié gauche, d'un carmin sur la droite, accentuant les ombres sous ses yeux et aux bordures de ses tempes, exagérant ses expressions mais gommant les détails fins. Sa peau était étrangement uniforme dans cette lumière – son regard cependant était empli d'une discipline plus uniforme encore.

« - Nous venons d'atteindre l'objectif avec une déviation inférieure à zéro point zéro sept. Tous les systèmes sont au vert. Nous pouvons larguer les Typhons.  »

Ainsi devait débuter l'opération. Zerath fit un geste de la main, pour accorder le lancement du commando.

« - Que les canonniers se tiennent prêts. Nous bombarderons les boucliers impériaux afin de perturber plus encore leurs senseurs et permettre la pose de nos satellites et l'entrée de nos troupes. »

Le pont demeurait calme et ordonné – probablement par opposition aux hangars, qui devaient être d'un chaos sans nom. Il fallut quelques minutes pour transférer tous les ordres et que l'arsenal du Capitan soit orienté dans un angle favorable. La fréquence réservée aux têtes pensantes de l'opération émit un son grésillant : c'était une communication entrante.

« - Sergent Ular'Iim ? Ici votre Caporal préféré...Voilà c'est parti : nous sommes lancés ! Petite question m'sieur : Vous n'auriez pas une bénédiction de dernière minute, qui pourrait nous porter chance ? Histoire qu'on survive assez longtemps pour ne pas rater le feu d'artifice ? Je vous rapporterai un petit souvenir, promis ! Kessel Terminé. »

Zerath sourit sous son masque artificiel.

« - Naah'lab Abeesmi muus'lik. Naah'heb Abeesmi Typhon l'riik, lay vas Kessel nih lok ! Abeesmi veille sur les valeureux, mon bon caporal. Mais je veille aussi sur vous. Puisse cette prière vous débloquer des portes en apparence fermées. Le destin œuvre parfois de façon bien curieuse. Ouvrez l’œil pour le voir agir ! Ular'Iim, terminé. »

« - Cargo en route, trajectoire verrouillée mon sergent. Nous entamons les prochains décollages, code vert. »

Le Kaleesh se tourna vers le projecteur holographique et l'alluma. Une carte au quadrillage bleu s'afficha instantanément. Le cargo des Typhon était représenté par un petit triangle vert. Le Capitan, lui était modélisé en version miniature. La lune était également modélisée, titanesque en comparaison à ce qui semblait une puce sur un météore. Une grosse molette permettait de zoomer à volonté, et aussi le sergent ne s'en priva pas. Outre l'escouade du caporal Kessel, d'autres vaisseaux décollaient simultanément : les escadrilles qui allaient garder l'orbite prenaient leur première position, en formation de sphère protectrice autour du croiseur de combat. Bientôt, on enverrait des sondes à la limite effective des senseurs – perturbés par la présence de la sulfureuse géante de gaz, tandis que Typhon se chargeait de disperser quelques satellites en basse atmosphère.

« - Batteries à pleine capacité mon capitaine, nous sommes prêts à débuter les frappes. »

« - Réglez les canons à régime minimal, indiqua le capitaine, confirmez les trajectoires pour ne pas toucher nos hommes. »

On ne voulait en aucun cas gaspiller trop de la précieuse énergie du Capitan. Elle serait nécessaire lors du bombardement final mais aussi et surtout en cas de contre-offensive impériale, qui semblait inévitable. Cependant, cette précaution n'était pas suffisante aux yeux de Zerath.

« - Équipe de brouillage, votre statut. Réclama-t-il. »

« - L'étude de la base impériale est en cours mon sergent. Leurs radars sont extrêmement puissants, les brouiller électroniquement ne va pas être facile... »

« - Escadron alpha, chargez la cargaison numéro six... » Il jeta un œil à l'heure de bord, puis à l'état de débarquement. On avait à peine entamé la plupart des décollages. La base impériale venait probablement à peine de comprendre la présence de certains corps étrangers, au mieux. « - Décollage dans une minute. Opérateurs, lancez la garde pourpre. Escadre vert, décollage. Capitaine Weinfield, débutez les frappes. »

Un ''À vos ordres mon sergent'' généralisé fut l'unique réponse qu'il reçut. Il fallait faire preuve de rapidité. Il était décevant d'apprendre que le Capitan ne puisse pas contrecarrer par lui-même les émissions et radars de sa cible, mais Zerath avait anticipé cette possibilité. Une base d'écoute utilisait après tout de puissants capteurs, il était normal qu'un Hammerhead - si redouté fut-il - ne possédât pas les moyens de lutter de front sans un minimum d'astuce et surtout de temps. Et c'était précisément ce temps qu'il comptait accorder à son équipe de contre-mesure logistique. Il leur fallait trouver une faille dans le système, où qu'elle puisse être.

« - Garde pourpre partie mon sergent. Les premiers tirs sont lancés. ETA : 40 secondes avant impact atmosphérique. »

« - Brrz...Ici escadron alpha mon sergent, prêt et paré. Cargaison bien embarquée. Escadron 6, terminé. »

« - Décollage immédiat. Suivez l'escadre vert jusqu'à l'entrée en stratosphère puis suivez le vecteur d'approche Y-07 pour effectuer votre largage. Ular'Iim, terminé. »

« - Mon sergent, satellites placés en basse orbite et en cours de connexion. Conditions atmosphériques stables...Satellites 3 à 9 connectés. Déviation d'orbite inférieure à zéro neuf pourcent. Déclin d'orbite critique estimé : quinze heures et dix-huit minutes. Réseau établi, nous avons des images ! »

« - Transmettez les à l'ordinateur de bord pour le traitement et la retransmission aux troupes. » Réclama le cyborg.

« - Nous collectons les données topographiques mon sergent. Temps de post-traitement estimé...Dix sept minutes. »

C'était long, songea le prélat, extrêmement long. Mais c'était probablement le prix à payer pour obtenir des données de haute qualité.

« - Transmettez une première approximation des lieux aux troupes au sol, commanda-t-il. Combien de temps pour ce traitement ? »

L'opératrice, une humaine à la chevelure de bleu tourna les yeux vers Zerath, puis vers son écran. Elle effectua plusieurs combinaisons expertes sur son clavier, avant de répondre :

« - Trois minutes de post-traitement, mon sergent. Mais cela retardera d'autant de temps notre estimation plus précise... »

« - Faites le. Nous transmettrons les données exactes plus tard, quand elles seront prêtes. »

Le cyborg se tourna vers sa chère carte holographique et s'en approcha. Le Capitan crachait peu à peu ses véhicules de débarquement, encore en début d'entrée atmosphérique. Les Typhon avaient probablement déjà atterri, la garde pourpre ne tarderait pas à faire de même. L'escadre vert – nom de code pour la quatrième compagnie aéroportée de Coruscant – gardait pour l'heure un profil en mésosphère, loin des radars de proximité.

« - Brzzzzz....Escadron Alpha à Capitan. Colis largué Capitan, en brzzzzzz attente d'instructions. Alpha, terminé. »

L'opérateur qui venait d'ouvrir la communication jeta un œil à Zerath puis à Weinfield, ne sachant trop à qui la transmettre. Le prélat tendit l'index. Elle serait pour lui.

« - Capitan à Alpha, entonna-t-il en un roulement de tonnerre artificiel. Remontez en Y-03 dans la mésosphère et restez en standby. Capitan, terminé. »

Le rôle de l'escadron alpha était simple: larguer droit au-dessus de la station d'écoute une nuée de particules métalliques fines en alliage ultra léger. Ces flocons, lâchés en basse atmosphère, avaient un effet très simple : perturber complètement les radars, détraquant les ondes reçues et émises. Cette mesure était pratique car elle ne pouvait être parée qu'en dissipant la neige métallique. Fort des perturbations de la géante gazeuse, les impériaux mettraient un temps précieux à réaliser qu'on brouillait volontairement leurs instruments. C'était précisément sur ce temps que comptait le stratège de Kalee : c'étaient ces précieuses minutes qui étaient nécessaires à son équipe logistique pour faire taire définitivement la base au sol.

L'Empire, bien sûr, s'alerterait du silence soudain d'une de ses stations. Mais cela ne se ferait pas avant au moins une demi heure. Et chaque minute où la République agissait impunément restreignait la possibilité d'un échec.


« - Brrzzz...Ici F1, atterrissage réussi. Position secteur sud, X4-D7. Brzzzz transport détruit. Essuyons brrrrr d'une batterie basée au nord brrzzzzzz X4-D6. Nous nous déployons sur secteur brrzzzzzz besoin de renforts sur zone. Terminé.  »

La présence de la géante gazeuse était à double-tranchant de toute évidence. Les équipements républicains n'étaient pas plus immunisés à ses effets que ceux impériaux, mais l'on s'en préoccuperait une autre fois. Pour l'heure, il y avait un commando d'élite à sortir du pétrin ! Zerath sentit une bouffée d'excitation remonter dans son torse. Ah, que c'était vivifiant ! Il sentait que le vent de la bataille était en leur absolue faveur.

« - Votre heure est venue d'entrer dans la danse, capitaine Weinfield, et de mettre en application nos fameuses têtes expérimentales. »

« - Escadron vert, descendez en X4-D6, déployez les missiles guidés. Deux unités pour appuyer F1 en X4-D7 ! »

Un « Bien reçu » résonna sur le pont sur le canal de communication de la flotte. Zerath, face à la carte jubilait presque, mais il n'en montrait rien. Il frottait simplement ses phalanges le long des bords de la table holographique tout en observant les minuscules triangles verts qui représentaient l'entièreté de ses forces. Les commandos spéciaux non mécanisés étaient mobilisés les premiers, ainsi que quelques navettes en réalité vides : seule la navette contenant la garde pourpre avait essuyé un feu nourri. À présent, l'escadron sous les ordres de Weinfield allait abattre les tourelles responsables du méfait, grâce à leurs missiles à guidage électro-magnétique. C'étaient des appareils tout à fait intéressants, vraiment : ils repéraient une signature électro-magnétique – typiquement celle d'un radar ou d'une tourelle automatisée  - et s'y dirigeaient à la manière d'une torpille, par un guidage intelligent. Si les tourelles composaient une défense anti-air, n'était-il pas naturel que l'on déploie en réponse des contre-mesures pour neutraliser l'anti-air ? Et c'était précisément le rôle de ces fabuleux instruments.

Weinfield vint à côté de Zerath. Il était plus petit que le cyborg, cependant son regard ne montrait nul signe de peur, une légère hésitation au mieux.


« - Vous l'aviez prévu ? » Demanda-t-il à mi-voix, sans doute pour que nul d'autre n'entende l'échange. L'autre leva ses iris reptiliens. Il était singulièrement amusé, de la remarque comme de la situation toute entière.

« - Vous pensiez que j'aurais envoyé notre escadron doté de contre-mesures anti-anti-air dans le sillage de notre première vague de débarquements à l'aveugle ? Et vous pensiez que j'aurais mobilisé dans nos navettes les hommes qui étaient les plus aptes à s'échapper d'une navette sur le point d'exploser également à l'aveugle ? »

Zerath rit, amusé, alors que son index griffu tapotait la carte. Les multiples triangles verts qui descendaient à présent seraient bientôt au sol ; c'était là le reste de l'armée, disposé légèrement en retrait de la garde pourpre, là où s'étaient posés sans encombre les autres navettes de son petit « test » des défenses impériales.

« - Non. Tout se déroule en accord avec ma conception de la situation. Je n'allais pas sacrifier inutilement de précieuses vies à tâtons, quand je pouvais sacrifier des navettes où je savais présents des hommes compétents et aptes à sauter lorsque cela était exigé ! »

Il n'en dit pas plus. À présent que les troupes se mouvaient, il voyait distinctement les couloirs d'opportunités se tracer sur la carte, il voyait le flux des troupes et il considérait à présent qui pouvait ou ne pouvait pas être sacrifié. Et si la garde pourpre était morte dans l'explosion, aurait pu lui demander Weinfield, bien qu'il demeurât silencieux? C'était une perte que Zerath avait jugée hautement improbable, mais si tel avait été le cas, il aurait tout simplement relégué la flotte à Weinfield pour mieux coordonner le sol. Le fait que Valkizath soit encore vivant et en un seul morceau attestait cependant de l'intuition correcte du Kaleesh.

« - Brzzz escadron vert à Capitan. Cibles détruites. Escadron vert, terminé. »

Ah, qu'il était vivifiant d’œuvrer dans une opération où tout abondait en un sens favorable ! Zerath se mit sur la fréquence principale, ouverte à tous.

« - Mes soldats, l'heure de notre débarquement est sonnée ! Capitaine Valkizath, déploiement complet effectué dans sept minutes. Vous trouverez tous dans vos holopads une première carte de votre objectif. Nous travaillons pour affiner les estimations. Le plan demeure inchangé. Escadron vert et alpha, continuez à brouiller leurs radars et à neutraliser tout matériel anti-aérien présent au sol. Atterrissage sans encombre, pertes matérielles inférieures à (Il contrôla les données que lui transmettaient les opérateurs) 0.1%. Mes félicitations! Vous avez conscience tous du rôle que vous avez à jouer, menez le à bien et notre triomphe sera incontestable. »

Il passa alors sur la fréquence réservée aux têtes pensantes de l'opération ; cela signifiait le capitaine Weinfield, le capitaine Valkizath pour les opérations au sol et le caporal Kessel pour l'opération d'infiltration.

« - Capitaine Valkizath, abattez tout sur votre route, vous connaissez les instructions : notre ennemi sait que nous sommes là, mais il doit se tromper malgré tout sur notre intention. Nous nous occupons de brouiller la détection impériale, afin qu'ils ne puissent que s'appuyer sur la vision directe ou semi directe. Accomplissez les mouvements tels que je vous les ai décrits. D'après les premières estimations topographiques, la trajectoire la plus favorable pour le flanc ouest est le vecteur d'approche L3, transmis gracieusement par nos opérateurs sur votre holopad. Les corvettes X1 et X2 sont en standby atmosphérique en basse altitude. Elles déploieront sur votre ordre nos AM-TT, qui sauront réduire en tas de cendres fumants toute opposition, même la plus farouche. Faites en bonne usage. »

Assurément les AM-TT permettraient d'annihiler tout ce qui pourrait bien résister même aux Dragons. Ils promettaient aux troupes même les plus lourdes de l'Empire une mort expéditive et explosive; si le colonel Maro venait en outre à échouer, les tanks représentaient une sécurité supplémentaire, un second cordon pour s'assurer de la destruction des générateurs de boucliers; il suffirait de les localiser, de dégager un angle de tir favorable et de laisser leurs redoutables canons cracher la mort. Ils constituaient un excellent outil entre les mains de n'importe quelle armée. Zerath, cependant, n'avait pas dit l'entière vérité. L'Empire venait de perdre plusieurs hommes. Ses éclaireurs devaient avoir péri, ou du fusil de Valkizath ou des canons mortels de l'escadron vert. De fait, l'Empire savait bel et bien que quelque chose était dans la forêt. Et il était tout à fait possible qu'il organise une sortie de sa force armée pour aller déloger ce qui avait bien pu abattre ses hommes. Oui, le Kaleesh pensait que les troupes impériales pourraient tout à fait marcher hors de leurs bunkers et de leurs tranchées, droit vers la clairière, droit vers les forces républicaines, ceci pour une raison toute simple : l'Empire était actuellement parfaitement aveugle et n'avait donc aucune conscience des forces qui l'attendait, tapies dans les bois. Ses radars étaient brouillés, ses communications coupées par ce qui aurait pu passer pour un caprice de la splendide voisine gazeuse autour de laquelle orbitait la base. Ce manque d'information pouvait parfaitement conduire l'ennemi à décider une marche, une sortie - sa plus fatale erreur. Quel était alors l'intérêt de bouger les troupes ainsi, sans même prévenir le capitaine Valkizath de cette éventualité, tout occupé qu'il était à s'embourber dans cette forêt?

Pour la même raison que les AM-TT n'étaient pas débarqués, mais gardés en réserve dans des corvettes, prêts à être déployés sans être gênés par des déplacements laborieux dans une forêt tortueuse : parce que si l'Empire choisissait ce mouvement, il s'ouvrait sans le savoir à une terrible contre-attaque qui scellerait sa défaite, mais que l'on ne pouvait se permettre pour autant d'ordonner aux troupes une avancée plus précautionneuse. En outre, si des troupes venaient à quitter le cœur de l'installation, on aurait tout le loisir de prévenir l'armée au sol et d'assurer la victoire républicaine. Cela, cependant, si le capitaine Valkizath prenait la bonne décision. Zerath ferma un œil, sensiblement amusé par cette idée. On lui avait tant vanté les capacités de tacticien de cet homme, mais il existait une nuance si fine et cruciale entre tactique et stratégie...Ce serait certainement un test idéal, l'occasion de distinguer réalité et fiction – si bien sûr l'instinct du prélat, ce pressentiment infondé, inexplicable, parfois surnaturel s'avérait correct. Par ailleurs, s'il sentait son subordonné sur la mauvaise piste, il pouvait tout aussi bien reprendre les rênes au dernier moment. Cependant, le temps que les troupes traversent la forêt, il s'écoulerait bien une vingtaine de minutes. L'Ular'Iim pourrait parfaitement être aux prises avec une flottille impériale d'ici là.


« - Colonel Kessel, nos opérateurs cherchent actuellement les fréquences les plus appropriées pour s'assurer que notre ami impérial demeure aveugle et aphone. Vous aurez certainement l'obligeance de faire appel à votre...Matériel exceptionnel pour leur ouvrir un accès spécial dans les bases de données impériales, n'est-ce pas ? Ular'Iim, terminé. »

Il savait que Korgan s'acquitterait de sa tâche; il l'estimait à ce point fiable. Son attention se détourna des opérations au sol, laissées pour l'heure aux petits soins de ce cher capitaine à la réputation maculée. Alors, il se tourna vers Weinfield, car ils avaient fort à faire eux-mêmes.

« - Vous êtes un officier de la marine à la réputation solide, aussi répondez moi clairement : si vous étiez un impérial, d'où sortiriez vous de l'hyperespace pour frapper un croiseur assiégeant l'une de vos bases ? »

L'humain jeta un œil à la carte, puis à Zerath.

« - Vous avez une autre idée, c'est cela ? »

Le ton du Kaleesh était méphitique lorsqu'il répondit. Un émissaire de la mort et de l'enfer n'aurait pas parlé d'une autre voix.

« - Très certainement mon bon capitaine. Une agréable surprise, si vous le voulez bien. »



*Kelbaar : Amphibien bipède tardigrade endémique de Kalee. Possède notablement trois poumons que les mâles utilisent à la saison des amours pour émettre des chants tonitruants réputés insupportables par les étrangers, à la façon du crapaud véloce d'Alderaan.
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Croiseur de Combat « Le Capitan », Hangar 2BT74

Je regardais T4 s'éloignait. C'était rare, très rare qu'il ne soit pas avec moi, mais je savais que je ne pourraais pas le protéger du crash. J'étais trop attaché à cette unité que pour m'en séparer.

« Saani, c’est ça ? »

Me retournant vers l'origine de la voix, je me retrouvais face à la fameuse escouade des Typhons. Et je n'allais pas oublier ce type, celui qui venait de me parler. J'avais fait une course contre lui sur Carida, une course où on s'était vraiment bien marrer.

-"Caporal Kessel."

Je le saluais d'un salut militaire tout d'abord, surprise par la main qu'il me tendit. Finalement, je laissais mon salut pour lui serrer la main.

« T’es sûre que ce machin va tenir le choc ? »

Mon regard deriva à l'expression de ses doutes. J'étais sûre de beaucoup de choses, mais pas de ça. Ce vaisseau était une épave, une vieille saloperie de cerceuil spatiale tout juste bonne pour la casse. Mais cette saloperie, je m'étais engagée à l'utiliser pour parachuter une escouade de cinglés et à le crasher avec ce qui lui resterait dans le bide. Il était donc d'une certaine ma ière capital qu'il ne tienne pas le coup. Ce dont j'étais par contre certaine, c'était de la façon dont je pouvais répondre pour les encourager à au moins ne pas douter de moi, à cette bande de peurreux de Carrida.

-"Avec tout le respect que je vous doit caporal, je suis sûre qu'il tiendra suffisament longtemps pour vous faire pisser vos tripes dans vos combinaisons."

Ensuite je le regardais monter, et devinais au même moment qu'il avait pris du galon. Lex hommes lui obéissait, et une femme au visage qui m'était vaguement familier rejoint à ce moment l'escouade. Puis le czporal m'invita à prendre mon même la route du cokpit. Je l'entends motiver ses homme pour finalement me rejoindre et prendre la place du co-pilote. J'aurais réellement envie de lui dire que s'asseoir là est une mauvaise idée, mais je m'en retiens. L'heure n'est plus à ça. Assurant ma casquette légère sur tête, mes mains se pose sur le manche de ce vaisseau et mon âme rentre comme à son habitude dans un état second.

---

« Ici les Typhons, à bord de Poubelle One. Les réservoirs sont pleins, les soutes à munition dégueulent et nos slips sont parés au combat. »

« Bien reçu Typhons. Nous dégageons un couloir. Veuillez suivre le vecteur rouge six, sortie autorisée par la porte huit. Attention aux perturbations une fois dehors, la géante gazeuse émet des radiations qui détraquent les instruments de bord… »

Par reflexe, je regarde quand même le tableau de bord. J'aurais traitée cette conasse si je le pouvais, car avec le temps qui m'était imparti, peu de ces indicateurs étaient réellement opérationnels, a dire vrai, il n'y avait que les principaux.

« Ok m’dame, on a saisi le truc. »


« Parée ? »

-"Toujours...", répondis-je avec un sourire.

« Bon… Si le plan se déroule comme prévu, on se retrouve ce soir à la cantine pour boire un truc ? »

La proposition qu'il me fit me fit hausser un sourcil. Me parlait-il à moi ou à ses hommes ? Le ton et l'absence de réaction des passager, si ce n'est un petit rire du défaitiste de la bande me fit clairement comprendre que c'était à moi qu'il parlait.

« Si nos grosses têtes se sont pas foirées, la géante gazeuse brouille les détecteurs impériaux. Le Capitan sera invisible tant qu’il restera dans son ombre. Nous, faut qu’on se décale en rasant sa surface, un saut de puce, et hop on réapparaît aussi près que possible de l’atmosphère de la lune.

« Les impériaux vont pas nous louper. Clairement pas. Faut s’attendre à une réponse immédiate. Tirs de DCA, missiles air-sol peut-être. Et je parle même pas de ce qui pourrait nous attendre en orbite. Bref, la totale. Tu fais ton taff, manœuvre d’évitement, tout le tatouin. L’important c’est que tu nous crashs à moins d’un kilomètre de leurs installations, sinon ça va être coton pour être en position avant l’assaut des copains. »


Qui avait dit que ce serait uneé partie de plaisir ? Je n'étais pas une bleue et ce caporal allait très bientôt s'en rendre compte. Malheurreusement, il y avait un poit que je devais corriger dans son plan, léger détail, sauf qu'il reprit, ne m'en laissant pas le temps.

« Oublie pas de larguer nos colis dès que possible hein. »

« Dès que tu le sens, tu beugles, je presse sur l’autodestruction… Et on pourra enfin passer aux choses sérieuses… »

Le regardant, je devine à quoi il pense. Mais putain de bordel de merde, ce connard de capitaine ne lui a donc rien dit. Ca, c'était le premier plan, qui devait fonctionner avant que cette mission n'acquiert le statut de "mission suicide". Le regardant, je devine c qu''il pense -La Force aidant peut-être un peu si ce n'était pas l'instinct- et shoote de mon talon sur ce putain de bouton, ne serait-ce que pour lui foutre la peur de sa vie.

-"Vous l'avez dit vous même, ce vaisseau, c'est de la merde. Y a des parachutes à chaque sièges, un pour chacun de vous. Ils vous l'ont pas dit là-haut."

Caporal ou pas, il avait pas le choix. Lui et ses hommes.Mais pas le temps de discourir sur la question que les portes s'ouvrent. Alors fforcement, quand faut y aller, je mets les gaz et m'envole vers cette superbe planète.

----

Ici bas, c''était la merde. On était à peine rentré dans leur espace que des tourelles nous alignés. Les tirs que je n'évitais pas étaient par chance aspirés par les boucliers, mais j'ignorais pour combien de temps encore. Mais le problème le plus grave n'était pas là... Le souci réel, ce fut le missile qui nous fut envoyé par cette putain de DCA dont on m'avait pas parlé.

-"Accrochez-vous derrière. Et si vous devez dégeuler, c'est le moment !"

Je poussais les gaz à ond, consciente des risques et cherchait le meilleurs endroits pour parachuter les typhons sans que l'ennemi ne puisse le voir. J'avais un rayon d'un kilometre autour de cette saleté de station d'écoute, mais bien sur aucune coordonnées précises. Juste une approximation.

Bordel de merde !

-"Tu vas la fermer bordel ! "

Mon pied vint taper le radar, qui n'arretait pas de biper depuis que nous étions pris en chasse.

-"Caporal, j'ai pas de leurre sur ce vaisseau. Mais j'ai une idée. Les capteurs qu'on doit larguer. Faites le. Avec de la chance, l'un d'eux se prendra dans la route de ce missile."

Un plan qui ne manquait pas d'audace mais qui était le mieux pour l'instant. Et alors qu'il fonctionnait, j'hurlais à Kessel, un peu surprise :

-"Je vois un canyon ! Vous n'aurez pas beaucoup de temps pour ouvrir vos parachutes mais c'est le mieux que je peux vous offrir. GO !"

Et sans attendre de réponses, je m'engouffrez dans le canyon, essayant de rester le plus haut possible pour leur donner du temps, et assez bas pour que la rampe ne soit pas à portée de tirs. Sauf qu''ainsi, les tourelles connaissez ma trajectoire, et il ne fallait pas être un génie pour m'allumer. Impossible pour moi d'éviter les tirs, je ne pouvais que les subir et tenter d'éviter les parois rocheuses, qui se...

-"Grouillez-vous les couillons !"

Je n'avais pas prévu ça. Mais alors pas du tout. Mais le canyon arrivait à son terme. Il allait bientot falloir que je reddresse et là, je ne me faisais pas d'illusion : je serais une cible facile pour n'importe quelle DCA mal réglée. C'est dans ces moments-là que vous ne réfléchissais plus. Aussitôt le dernier typhons largué, je penchais le manche une seconde à peine pour ensuite le redresser à fond, le bloquant ensuite. Détachant ma ceinture, je sortais de mon siège, dévallait en tombant plus qu'autre chose l'entiereté de la carlingue et ...

Bah non. Le bas du transport rippa sur le bord de la falaise, et me fit trébucher, tomber, rouler et dégageait du vaisseau sans aucune prise et avant que je ne puisse attraper ce putain de parachute de merde, ni même un fusil blaster ou mon barda.

Au dessus de moi, le vaisseau explosa, mitraillé par les DCA et le souffle de l'explosion me propulsa encore plus vite vers le sol. Un court moment pour me rappeler ces vieilles leçons sur la Force et tout le tralala. Je voyais le sol arrivé à toute allure, ferma les yeux, et opposa ma télékinésie à ma chute, pour m'arrêter le bout du nez à un centimètre à peine de la poussière. Un effort qui ne dura qu'un temps, et ensuite, je m'écrasais au sol.

J'étais vivante. Vivante. J'avais réussi ma putain de mission suicide. J'en riais, J'en riais aux éclats me retournant et...

-"PUTAIN DE MERDE !!!"

Un bout du transport me tombait droit dessus. De la taule, principalement. J'ignore comment, mais je réussis à l'éviter, in extrémis, entendant une voix me gueuler dans le comlink.

-"Rassures-toi, je suis vivante. J'allais pas rater une invitation à boire un verre."

Vivante, oui. Appuyée sur un rocher, le souffle haletant, mais vivante. Une journée qui commençait bien.
Korgan Kessel
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Cockpit de « Poubelle One », quelques minutes avant le crash,

Si j’avais pas été harnaché, j’aurais bondis hors de mon siège, pour foutre ma gueule à quelques centimètres de celle de la soldate, façon type ultra vénère, sur le point de péter un câble. Mais comme j’suis harnaché hein… Bah voilà, je me contente d’un :

« Changement de plan ?! »

Sur un ton aussi sec que l’arrière-pays de Tatooine. Putain. Ça y est ça me gonfle ! J’ai les boules, j’ai les glandes. Ça pue le Weinfield tout craché. L’enfoiré ! Depuis quand on change les ordres à la dernière minute ?! J’aime pas ça. Je déteste ça ouais. Si on revient en un seul morceau, bordel, il va m’entendre ce fils de grognasse. Enculé d’officier de mes couilles. C’est le genre de truc à buter connement ses hommes. Je peste, encore et encore. Intérieurement, même si sur ma gueule ça se lit clairement que je fulmine. J’pourrais passer mes nerfs sur Saani, mais s’en prendre au messager ça serait vraiment jouer au connard fini… Alors que moi, j’suis assez cool au fond. Enfin je crois.

« Z’avez pas eu le memo boss ? »

Je tourne vivement la tête vers Matt’, me contorsionne la nuque au point de la faire craquer pour lui lancer un regard assassin. Mais le type ne bronche pas. On a le même gabarit tous les deux, et cette tête brulée n’a peur de rien… Il est pas fait comme tout le monde. Il exhibe un datapad.

« Hein ?! Quoi ? Un mémo ? »
« Bah ouais… »
« Bah non. »


Silence lourd de sens. Bah non, putain, j’ai pas pensé à lire les mails avant de monter à bord. Qui fait ça hein ?! Œillade interrogative. Visiblement j’suis le seul à ne pas le faire… Pfff. Je déteste toutes ces technologies de geek à la con. C’était mieux avant.

« Et personne n’a eu la brillante idée de m’en faire part hein ?! »
« Bah non.. »
« Bah ouais. »


Cette putain de conversion, en plus d’être foutrement inutile, tourne en rond. D’un geste vif je coupe la chique de Matt. Stop, ça suffit. Les nouveaux ordres sont clairs. On les suit, point barre. Du moins pour le moment. Une fois sur place, on verra bien ce qui se passe… L’amusement sur les visages de Jett’ et Mad’ me filent les glandes… Mais pas autant que la langue tirée de Jez quand nos regards se croisent… Putain d’équipe de bras cassés ! Il parait qu’on a toujours la team qu’on mérite…



Quelques minutes plus tard, soute de « Poubelle One »,

Je déboule en trombe, me prends les pieds dans la jambe molle d’un des cadavres qui traine dans le passage. Je bascule en avant, mon épaule frappe durement la cloison. Bordel. Je tente de me redresser, mais une embardée me balance au sol. Je roule, relève la tête… Et me retrouve nez à nez avec un type sanglé dont il manque la moitié de visage. Putain. Réflexe : je le repousse d’un grand coup de poing. Craquement sinistre d’une mâchoire qui se rompt. Les muscles sont si flasques, que le cou opère pratiquement un demi-tour. La seconde suivante, je suis sur mes deux jambes. Derrière moi, Matt’ et Mad’ s’en sortent pas vraiment mieux que moi. Toute la coque vibre au rythme des explosions de la DCA. Le hurlement des lasers qui nous frôlent me filent la chair de poule. L’électricité dans l’air est pratiquement palpable. Saani virevolte comme une démone, une folle, une timbrée congénitale… Mais malgré ça, les tirs ennemis frappent durement le bouclier déflecteur, produisant des échos sourds, à vous défriser les poils du fion. Putain de mission suicide !

// Impact dans cinquante secondes… //

La voix sans intonation rabâche le compte à rebours. Autant on n’entendait presque rien depuis le cockpit, autant ici ça raisonne comme dans la grosse caisse d’une batterie. Cinquante secondes avant que le missile nous dégomme hein. Autant dire qu’on a pas le temps de trainer ! J’ai même pas recouvré l’entièreté de mon équilibre, que je fonce déjà vers l’arrière de la soute. Là où sont rangés en rang d’oignons les satellites espions, fixé sur des supports eux même solidement ancrés dans des rails au sol. Le tout étant enroulé de sangles aussi épaisse que la bite d’un gamoréen. Un vrai bordel à dégager ! Je saute sur le plus proche, couteau de combat entre les lèvres. Je le récup, frappe dans le vide, une fois, deux fois. Les sangles lacérées tombent au sol… Je ne prends même pas le temps de terminer le truc. Je bondis en direction du bouton d’ouverture d’urgence de la rampe arrière… Mais mon poing se fige à quelques centimètres seulement de celui-ci. Je balance l’avertissement d’usage…

« Accrochez-vous, ça va secouer… »

Nouvelle embardée. Encore plus violente et désespérée que les autres. Ma main cybernétique s’accroche solidement à la première chose qu’elle trouve : un bout de tuyauterie qui cède sous le choc. Sifflement pneumatique suraiguë qui me vrille les tympans. Un gaz blanc et vaporeux me saute à la gueule, me pique les yeux. Bordel. Je recule, les cornées irritées.

// Impact dans quarante secondes… //

Merde. Je me reprends, trouve une prise plus solide. Puis, silencieusement, j’avise ce putain de gros bouton rouge. On doit être encore à une bonne centaine de kilomètres d’altitude… Cette frontière mince et floue entre l’atmosphère et le vide spatiale. Dès que je presserai dessus, tout ce qui n’est pas correctement ancré sera aspiré à l’extérieur… Et la température chutera d’un degré par seconde. Dernière nous, le sas se verrouille, conformément aux ordres que j’ai filé. Je ne veux prendre aucun risque. Je ferme les doigts, serre le poing, prêt à déclencher l’enfer… On aurait probablement pu larger la cargaison depuis le cockpit... Mais, pour ne laisser aucune place à un dysfonctionnement, j'ai préféré qu'on le fasse d'ici, manuellement. Mon regard s’éternise une fraction de seconde sur ces petits bijoux de technologie qu’on s’apprête à sacrifier. Il doit valoir une poignée de millions de crédits. Merde. Paye ton leurre de luxe.

// Impact dans trente secondes… //

A la vitesse de l’éclair, ma cervelle dopée à l’adrénaline cogite comme jamais. Si on se foire, non seulement on y passe… Mais le reste de l’armée Républicaine devra se passer d’informations vitales pour la réussite de cette opération. Plusieurs scénars se superposent… Le missile frappe un satellite et fait exploser tous les autres… Il le rate et nous explose la gueule… On se fait aspirer comme des cons dans le vide et tout le monde crève aussi… En bref : j’vois aucune issue satisfaisante. Quoi qu’on puisse faire, on va sacrifier quelque chose… Et des types vont crever ! Raaah ! Et c’est justement à cette pensée qu’un putain de doute me bouffe l’esprit. Je lâche un :

« Ça va pas le faire, je le sens pas… »

Dans la panique générale, on s’est précipité vers l’arrière, sans même vraiment y réfléchir. Rien ne nous assure que le plan va fonctionner… Ici, maintenant, le hasard n'est pas une option.

« Korgan ?! »
« Matt ?! Ce missile ! Tu peux me dire quoi dessus ?! »
« Hein quoi ?! Là, comme ça maint… »


Sa gueule claque contre une cloison, qu’il bouffe à pleines dents suite à une énième manœuvre désespérée. Il est sonné, secoue la tête, se masse le crâne. Mais le flottement ne dure que quelques secondes. Ce choc lui a remis ses idées en place :

« Missile air-sol haute altitude. Trois solutions. Guidage laser, thermique ou electromagnétiques… »

// Impact dans vingt secondes… //

Ce mec est une vraie brute. Mais faut pas se fier aux apparences, il a aussi fait péter le score de plusieurs test QI militaires. S’il est chez les Typhons, c’est parce qu’il est ingérable, ET qu’il est le meilleur dans son domaine.

« Guidage laser, impossible : on bouge trop. Electromagnétique ? Peu probable… Thermique donc. »

Ses yeux s’écarquillent, nos regards se croisent. Mad’ lui pige quedal. Il vient de découper la dernière sangle, sans se rendre compte que ses efforts ne servent à rien. Les grands esprits se rencontrent hein ? Tel un seul homme, on se jette sur les trappes de maintenance les plus proches. Je l’arrache de ses gonds et plonge la main dedans. Mes doigts se referment sur l’une des petites charges explosives dissimulées dans la coque, et sensées parfaire le feu d’artifice lorsque le vaisseau se crashera… L’espace d’un instant, je flippe grave. J’espère secrètement que j’ai pas loupé un mémo qui dit qu’ils les ont viré suite à un dernier changement de dernière minute, vous voyez le genre… Mais non. Le pain d’explosif est bien là. De la taille d’une paume, à l’intérieur d’une coque plastique isolante, dont dépassent deux fils reliés à un détonateur tout ce qu’il y a de plus classique. Ce genre d’explosif est relativement stable. Mais il suffirait d’une étincelle, ou d’un courant électrique, ou même d'un choc pour…

Une nouvelle embardée me prend au dépourvu. Déséquilibré, je le lâche. Il tombe au sol, et glisse jusque sous l’un des satellites. Bordel ! Connement, je me jette à sa poursuite, ventre à terre, sous les regards médusés de Mad’ et Matt’ qui ne pigent que trop tard ce qui se passe. Je tends le bras, tente de le chopper… Mais cette saloperie s’est coincé dans un espace si réduit que je n’arrive à y glisser plus de deux doigts. Et c’est à ce moment que la petite diode rouge se met à clignoter… De plus en plus rapidement… Et merde, j’crois bien qu’il a pas vraiment apprécié le choc…

Je hurle :

« Ca va péter ! »

Je me jette sur le côté, sachant très bien comment mes gars vont réagir. Mad’ est le plus proche de la rampe, il bondit sur le bouton, l’écrase de son poing fermé…. Et aussitôt, l’enfer de déchaîne. La rampe s’ouvre, ses vérins gémissent, agonisant. L’air est expulsé à l'extérieur, le pain d’explosif avec. Le petit machin disparaît presque instantanément. Je m’accroche comme je peux, à ce que je peux. La voix inhumaine parait soudain très lointaine :

// Impact dans dix secondes… //

BOOM, ça explose. La détonation est assourdissante… Mais bien loin de refléter le spectacle pyrotechnique… La bombe n’est pas bien puissante en vérité. La boule de feu s’évapore aussi rapidement qu’elle est apparue… Et au loin, à l’horizon, la traînée laissée par le missile dévie à peine. Merde !

// Impact dans 9… //

« Matt’ ! »

// 8 //

Entre nous, y’a plus besoin de mots. Lui aussi a récup une bombinette. Il tend le bras, la colle sur l’un des satellites libérés de ses sangles.

//7//

Les vibrations, les esquives musclées, la décompression… La somme de toutes ces emmerdes met leurs supports à rude épreuves. Ils tanguent, grincent, glissent lancement dans leurs rails.

//6//

Mais ces enfoirés sont solides. Ils ont justement été conçus pour encaisser les chocs et sauvegarder les satellites posés dessus, en attendant l’heure du largage. Le seul moyen de les libérer : une commande tactile située à l’arrière, un code à quatre chiffre à composer… Mais on n’a plus le temps !

//5//

J’inspire un grand coup, ferme les yeux, les rouvre. Ma détermination est sans faille. Plus aucune pensée ne parasite mon esprit. Je tends les jambes, vise… Et lâche tout. Direct, je suis aspiré vers le vide, mais mes deux pieds frappent violement le support du satellite piégé. Le choc est rude, j’ai l’impression que mes chevilles vont exploser… Le machin grince un bon coup, crache une impressionnante gerbe d’étincelles en s’arrachant de ses rails. La seconde suivante, il est éjecté à l’extérieur… Moi avec…

Une ombre passe dans mon champ de vision, la main de Matt’. Je la choppe à la volée.

//4//

Nouvelle explosion. Plus puissante que la précédente. Faut dire, ces satellites, bien que miniatures, embarquent plusieurs litres de carburant hautement explosif. Sous mes yeux exorbités… Alors que la rampe de referme sous la pression de la botte de Mad’ sur le bouton coup-de-poing, je suis témoin de ce qui aurait pu être mes derniers instants… Mais l’avenir souris aux audacieux non ? Héhé. Au dernier moment, le missile change de trajectoire, attiré par la nouvelle source de chaleur… Et alors qu’il passe au travers des débris, il explose à son tour…



Ce qui semble une éternité plus tard, au sol,

Mes pieds frappent durement le sol meuble. Je tombe à genoux, grimaçant. Quelque chose me dit que je vais avoir des putains de courbature ce soir… Direct, je tire sur les sangles, défait le harnais du parachute. Mes deux mains glissent jusqu'à mon fusil d’assaut passé en bandoulière. Je l’épaule, plonge un œil dans la lunette et balaye la zone rapidement, surtout les hauteurs qui nous surplombes. On vient atterrir dans un putain de canyon. Si la zone est boisée à deux cents mètres plus au sud, ici le terrain est dégagé, sans moyen de se mettre à couvert. Il suffirait d’un seul tireur embusqué là haut pour nous faire la peau. Faut espérer que le commandement avait raison : les impériaux ont pas jugés bon de gaspiller des ressources en fortifiant ce flanc inaccessible aux forces requises pour un assaut en règle de leurs installations. A coté de moi, Mad est nerveux. Allongé au sol, il scrute lui aussi les alentours de son fusil de précision. Pendant ce temps, le reste la team roule les parachutes, et les planques comme ils le peuvent sous des buissons. Du travail d’amateur, mais on n’a pas le temps de faire mieux.

Je lève les yeux. Au dessus de nos tête, quelque part, neufs satellites flottent à la limite entre l’espace et la haute atmosphère. Il y aurait dû en avoir dix… Mais ça devrait être suffisant, je l’espère. Silence radio oblige, je ne dis rien au grand patron. Tant que l’assaut n’aura pas commencé, je ne prendrais le risque de révéler notre position à un impérial un peu trop zélé qui aurait eu l’idée d’écouter la mauvaise fréquence au mauvais moment. Bref. En moins d’une minute tout est remballé.

Dernier coup d’œil au piton rocheux contre lequel notre cargo suicide s’est crashé. Il est carbonisé, plusieurs morceaux d’acier impossibles à identifier sont encastrés dedans. Je secoue la tête. Tu parles d’une idée. La prochaine fois, je suis prêt à payer de ma poche pour acheter un vaisseau furtif. D’un autre côté, cette entrée fracassante détourne les regards de ce qui s’apprête à leur tomber dessus. Le bon vieux du coup du prestidigitateur… Au loin, j’aperçois la silhouette de Saani. Elle s’en est tirée… De justesse. Et elle a intérêt à se bouger les miches, parce qu’on ne peut pas se permettre de l’attendre. Dans son dos, un brasier déjà impressionnant s’élève, ainsi que d’épaisse volute de fumées noires provoquées par la combustion de toutes les saloperies non recyclables dont sont constitués les vieux vaisseaux pirates. La liste est longue, je vous l’épargne. Je lui fais signe de se magner, nous on doit bouger.

Je fonce en direction de la caisse de matériel, récupère le poncho de camouflage que je passe par-dessus mon armure de combat légère. C’est lourd, encombrant… Mais diablement efficace pour tromper l’œil ennemi.


Spoiler:



****


Cinq minutes et douze secondes plus tard. A deux cent cinquante mètres du camp impérial,


Le terrain est en pente, abrupte, instable, casse gueule. S’il n’y avait pas eu ces énormes troncs d’arbres contre lesquels nous appuyer, l’approche aurait été pratiquement impossible. Je baisse les yeux sur le chrono. Putain de merde, on n’est pas dans les temps ! Le timer file à une allure folle… Pas le temps de trainer !

Je me plaque contre un tronc, jette un coup d’œil de l’autre côté. Toujours aucun signe d’une patrouille impériale. Soit ils en ont rien eu à foutre, soit ils sont passés par les hauteurs pour rejoindre le site du crash. Je ne sais pas ce qui est le pire : tomber sur un campement paré au combat, ou bien avoir un bataillon de ces bâtards dans le dos. Je m’apprête à reprendre ma pression lorsque la minuscule main de Jez’ se pose sur mon épaule. Je me fige, me jette au sol, imité par le reste de l’escouade. La miss est comme en transe, les paupières mi-closes. Le blanc des yeux injecté de sang sous l’effort. Son affinité avec la nature la rend incroyablement précieuses pour ce genre de mission en milieu sauvage. En se concentrant, elle est capable de « ressentir » ce qui l’entoure. Surtout ce qui est végétal. Elle pourrait sentir un pet d'écureuil sur une feuille à deux kilomètres à la ronde… Bref. Autant dire qu’une troupe de connards d’impériaux qui labourent les hautes herbes pour se frayer un chemin jusqu’à nous ne risque pas de lui échapper. Direct, je passe sur la fréquence courte portée de nos comlink :

« Mac’, tu vois quelque chose ?! »

Le Cathar est un vrai fantôme. A peine avions nous atterrir qu’il avait déjà disparu. C’est son style, sa manière de faire. Il ne parle pratiquement pas, seulement pour annoncer les mauvaises nouvelles. On ne le voit pas mais on sait qu’il est quelque part, tout proche, à nous ouvrir la voie ou à nous couvrir les arrières.

« Patrouille en approche. Sud Sud-est. Cinq. Uniforme de l’armée régulière. Tenue de combat légère. Fusil d’assauts. »

La description précise, m’offre une idée de ce qui s'apprête à surgir juste devant nous. Les impériaux suivent les protocoles avec une telle précision qu’ils en deviennent prévisibles. Tenue standard, équipement standard. Cinq hommes, ils sont donc en code orange étendu. Ou un truc du genre, a vrai dire j’en ai rien à branlé du jargon impérial. Ils sont sur leurs gardes, cherchent d’éventuels survivants malgré la mise en scène : c’était à prévoir… Mais pas aussitôt. Ils ont été plus rapide que nous l’avions estimé. De nouveau, je baisse les yeux sur le chrono. Dix secondes avant le début des opérations… Et on est toujours à plus de deux cents mètres de la cible. Bref, le temps joue contre nous : on n’aura pas le luxe de rester planqué, et de les laisser passer… Surtout qu’ils ne sont plus qu’à quelques mètres seulement…

« Préparez-vous… A mon signal… »

La meilleure des défenses, il parait que c’est l’attaque. Mais je dirais même mieux : c’est l’attaque surprise. Les secondes s’égrènent lentement sur le compte à rebours… Cinq… Quatre… Trois… Deux…

Soudain un grondement tonitruant, proche du roulement de tambour d’un orage déchaîné, déchire le ciel. Une masse sombre apparaît au-dessus de nos têtes : le Capitan. La réaction est immédiate. Les impériaux passent à l’offensive… Et nos cinq zigotos, par réflexe, lèvent les yeux vers les frondaisons…

« MAINTENANT ! »

Je bondis hors de mon couvert. Le plus proche n’a pas le temps d’ouvrir la bouche que la lame de mon couteau de combat lui pénètre les cordes vocales. Il tente d’hurler un truc, mais de sa gorge ne sort qu’un gargouillis écœurant accompagné d’un volume impressionnant de sang. Je le repousse, passe au suivant. Lui aussi ouvre la bouche, mais déjà le poing énorme de Jett' lui fracasse le crâne. Sa tête explose littéralement à l’impact, aspergeant son copain juste derrière qui se fige de frayeur alors même que le poignard rituel de Mac’ lui sectionne les cervicales. Le quatrième tente de fuir, mais Matt’ lui fauche les jambes, avant de lui briser la nuque de ses mains  expertes. Le dernier, quant à lui, paniqué, tente de se défaire des racines et des lianes ayant soudain pris vie. Celles-ci se serrent autour de son cou, avec toujours plus de pression. Ses yeux exorbités cherchent à fuir leurs orbites. Il passe du rouge, au violet… Craquement sinistre. Sa nuque cède enfin.

Dix secondes. Cinq cadavres. Pas un cri, pas un appel de détresse. Ouais, on laisse un sacré bordel qu’on aura pas le temps de nettoyer, mais maintenant, ça ne compte plus… L’assaut est lancé, il faut qu’on gagne la base impériale le plus rapidement possible !



Quelques minutes plus tard, à l’orée de la forêt.

Je soupire. Si ca avait pas été la guerre, le cadre aurait été idyllique. Imaginez la scène. Dans notre dos le canyon boisé, qui s’ouvre sur une crevasse en demi-lune au dessus de laquelle s’élève le plateau sur lequel les impériaux ont posé leur base, ainsi que leurs lignes de défenses. Enfin, pas toute leur base à vrai dire, contrairement à ce qui nous avait laissé croire les premiers relevés stratégiques. Oui, les plus gros édifices sont au-dessus… Mais une structure cylindrique, à l’image d’une tour, relie le fond de la crevasse ou nous nous trouvons au plateau au-dessus. On dirait une sorte de gros ascenseur destiné au transport de matériel et d'hommes. En bas, collés contre la paroi abrupte, plusieurs baraquements préfabriqués s’agglutinent, comme à la recherche de fraîcheur. La zone a été en grande partie déboisée, mais cela remonte à plusieurs mois… Si bien que, malgré qu’il ne reste plus un seul arbre, les buissons et les herbes hautes nous offrent un couvert suffisant si l’on se déplace en rampant. Bien évidemment, toute le périmètre est ceinturé d’un grillage à maille fine, dont les crépitements attestent de l’électrification mortelle. Rudimentaire mais tellement efficace.

Je suis là, plaqué au sol, à cogiter au meilleur plan d’approche. Ces enfoirés ont surement posé des mines… Mais c’est sans compter sur les compétences de Jez’. Je me tourne vers elle :

« T’arriverais à repérer les herbes qui ont été piétinées récemment ? »

Elle hoche la tête. Je sais que c’est dans ses cordes ouais. En suivant les tracés empruntés par les patrouilles ennemis, on devrait esquiver les emmerdes. Je fais signe de reprendre la progression. Pile au moment où je reçois un message du Sergent Ular'Iim. Maintenant que le silence radio est brisé, je peux lui répondre :

« Ouais bien reçu, on fait le nécessaire dès qu’on peut… »

Le parc d’antennes paraboliques se trouve sur le plateau, à une bonne centaine de mètres. A pied, il faudrait un temps infini pour les rejoindre… Soit en passant par le bâtiment impérial en forme de tour, soit en escaladant la paroi abrupte. Mais, justement, le fameux matériel exceptionnel est là pour palier à tous ces… inconvénients. Je me tourne vers Mad’. Il hoche la tête, avant de fouiller dans sa ceinture tactique. Il en sort une balle aux reflets bleutés. Une balle bourrée d’électronique de pointe miniaturisée au maximum de ce que les technologies le permettent. Je lui demande, parce que ça me semble quand même vachement trop loin, on n’est pas aussi proche qu’on devrait l’être :

« Tu peux le faire ? »

Regard assassin, sourcil levé, il réplique :

« Je te demande si tu te tripotes la nouille en rentrant de mission ? »

Matt’ pouffe. Je grogne. Jamais demander à un sniper s’il va réussir à toucher sa cible : genre je viens de mettre en doute sa virilité. Ils ont le melon aussi gros que le cul de l’ancienne impératrice ! Il presse sur le côté de son fusil de précision, un trépied télescopique se déploie. Il cale la crosse dans le creux de son épaule, toujours allongé sur le sol. Plus personne n’ose bouger, ou respirer de peur de la déconcentrer. Il est aussi immobile qu’une statue. Mais rien ne laisse paraître la moindre tension. On pourrait le croire en train de dormir… Si ce n’est son index qui presse lentement sur la détente… Si lentement que lorsque la détonation pourtant étouffée par le silencieux de l’arme, retenti, je sursaute comme une pucelle un premier soir de baise. Il fait :

« Cible atteinte. »

Je le crois sur parole. Je passe l’info au Sergent :

« La balle traçante est en place. Je répète, la balle traçante est en place. »

J’ignore pratiquement tout de cette technologie. Mais d’après ce qu’on a tenté de m’expliqué, ça devrait permettre aux grosses têtes de pirater les communications ennemies. Franchement, moi, tout ça, ça me dépasse…

Bref, aparté terminée. La mission continue. Sur le plateau, c'est le chaos. Ca tire de partout, même si d'ici on ne vient rien. Un truc explose. Y'a des cris, le hurlement des chasseurs atmosphériques. Rapidement, en suivant les chemins de patrouilles impériales, on arrive au pied du grillage électrifié. Je me redresse, balance ma couverture de camouflage qui ne sert plus à rien. Avec une vivacité dictée par l’urgence, je me saisis d’un cryo-aérosol jusqu’alors rangé à l’arrière de ma ceinture tactique. Un nom savant pour décrire une sorte de bombe de peinture qui libère un gaz extrêmement froid. Je la secoue, pour l’activer, puis presse sur son sommet, prenant bien soin de viser le maillage métallique. Pshiiiiiit. Je décris rapidement un arc de cercle. Au contact du gaz, le duracier se couvre de givre, devient aussi cassant que du verre. Un coup de crosse, et le grillage est découpé net. Je passe au travers… Et sans perdre de temps, je fonce vers le couvert le plus proche : tas de caisses couvert d’une bâche à proximité de ce qui semble être un terrain d’entrainement au tir...

Mais à peine ai-je fait deux pas, qu’un mouvement, à la limite de mon champ de vision, me file un putain de frisson dans le dos. Par réflexe, je me jette au sol, lève mon arme… Juste à temps pour constater que l’impérial est déjà mort, la boite crânienne explosée, descendu par Mad’ avant même que mon corps ait eu le temps de toucher le sol. Je me précipite sur le corps encore chaud, et le tire loin des regards indiscrets.

« Mad’, Saani, Restez ici. Couvrez-nous ! Les autres, avec moi ! »

Je leur désigne du canon de mon fusil le baraquement le plus proche. Ils pigent le truc. Si on arrive à se mettre dans l'ombre des bâtiments, on pourra progresser plus tranquillement. Mais je vois à leurs regards qu’ils ignorent ce que je compte faire pour traverser cette zone dégagée du campement, sans prendre le risque de nous faire repérer. Moi je sais.

« Le bon vieux coup de la caisse… »

Une technique ancestrale connue de tous les experts en infiltration.

Rapidement, on en trouve deux vides, qu’on retournent, avant de se dissimuler à l’intérieur… Mais alors que je m’apprête à lancer l’opération, un truc me chiffonne. Sur le champ de tir, les cibles sont énormes. Des carcasses de blindés. Elles sont littéralement fondues… Matt’ suit mon regard et commente :

« Putain, on dirait un tir de plasma… Jamais vu un calibre pareil. »

Je secoue la tête incrédule… Mais capte aussitôt le hic. Je rebascule sur la fréquence réservée aux officiers :

« Les gars… Y’a comme un problème. »

Dans mes oreilles crépitent les explosions qui rebondissent en échos dans la crevasse.

« J’crois bien que c’est pas seulement une base d’écoute… On dirait qu’ils testent une arme expérimentale… »

Ce que j’avais pris pour des poutres métalliques posées au sol, s’avèrent être d’énormes jambes articulées… Et une image me saute à la gueule… Dubrillion, la reprise de la planète… Les impériaux avaient déterrées une antique machine de guerre Sith, montée sur quatre jambes, assez large et haute soutenir le palais royal alors transformé en plateforme de combat mobile. Bordel, ils n’essayeraient pas de copier cette technologie oubliée quand même ?! Non, impossible… Les Jedi l’ont découpé en rondelles si petites qu’il n’y avaient plus rien à récupérer… A moins que… A moins que ces enfoirés aient profité du dernier assaut contre Dubrillion pour s’emparer de plans dont on ignorait l’existence ?! Trop de conjectures ! Et pas assez de neurones pour y penser ! Je secoue la tête, chasse ces pensées parasites… Puis avise mon objectif. Avec Matt’, on se serre sous la première caisse… Les autres sous la seconde.

Et c’est alors que le sol se mis à trembler…[/i]
Zerath Ular'Iim
Zerath Ular'Iim
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Les satellites étaient en place. Désormais, tout le terrain s’offrait à la République. Il ne fallut qu’un simple message de confirmation du caporal Kessel, et toute l’affaire était jouée: les antennes pirates étaient elles-aussi opérationnelles. Si Zerath n’entendait pas tous les détails techniques qu’il laissait aux bons soins des ingénieurs, il savait au moins l’intérêt de ce mouvement; c’était pour ainsi dire le moyen principal par lequel ils pourraient sceller définitivement toute communication de cette base, en les redirigeant vers le Capitan.
À cet égard les satellites joueraient un rôle d’intermédiaires, portant le signal du sol vers l’orbite. Désormais toutes les communications de l’Empire étaient leurs; pire la base était à présent privée de tout moyen de contacter l’extérieur. Le piège était refermé. C’était, du moins ce que pensait le Kaleesh.

Ses yeux portés sur sa carte, il observait l’évolution de ses troupes. L’infanterie avançait, prenant appui sur la charge du colonel Maro. Les marcheurs blindés progressaient dans les plaines herbeuses. Bientôt ils seraient prêts à éventrer les bunkers. Les hommes à pied pourraient se déverser et abattre toute troupe impériale à la surface. Et son aviation empêcherait les troupes fraîches en provenance de la base d’aider leurs alliés à l’extérieur; le périmètre serait investi en un temps éclair - une frappe en tempête, et de là ne restait plus qu’à pénétrer l’enceinte, atteindre les générateurs de bouclier et sonner la retraite: le Capitan raserait le bâtiment. Les survivants seraient capturés, les ruines fouillées. Un plan qui ne pouvait que bien se passer - quel manque cruel de discernement!

Pour sécuriser l’orbite, Zerath avait annoncé sa nouvelle idée à Weinstein. Puisque les missiles magnétiques pouvaient traquer des signatures spécifiques, peut-être pouvait-on les régler afin qu’ils ignorent certaines signatures. On pouvait également peut-être faire de sorte qu’ils attaquent la première signature qu’ils ne reconnaîtraient pas. Ce concept semblait simple aux yeux du sergent, mais les ingénieurs débattirent plusieurs minutes durant de toutes les difficultés de ce concept. On trouva cependant à l’exécuter, à grande difficulté. Et on plaça ainsi plusieurs de ces missiles, non propulsés, proches des points d’où Weinstein avait estimée possible l’arrivée des troupes impériales; les torpilles magnétiques, face aux bâtiments, s’activeraient et frapperaient ces signatures inconnues. Mais s’ils jaillissaient ailleurs? Cela n’importait pas: les missiles s’activeraient malgré tout et frapperaient. Avec du retard, mais ils frapperaient malgré tout. L’orbite et le sol étaient siens, pensait le reptilien. Les plaines vertes seraient bientôt peintes de sang, l’espace empli des cadavres de ses ennemis, les bâtiments seraient des charniers - bûchers à la gloire de ses dieux et de la sainte guerre, du conflit purificateur, de la vie prévalant sur l’autre pour démontrer sa valeur.

- Les gars...Y’a comme un problème...

C’était la voix de Kessel. Ces paroles glacèrent Zerath sur place. Un frisson rampa le long de son échine. Il n’avait entendu cette phrase que deux fois depuis qu’il servait la République; aujourd’hui était la seconde. Prétendre qu’un Kaleesh ne ressentait pas la peur était un mensonge. Comme tout autre de la création, ils étaient en proie à la frayeur aussi bien qu’à la joie, à l’angoisse comme au chagrin. C’était simplement que par leur culture ils avaient appris à faire de cette peur une force; ses manifestations n’étaient jamais par hasard. Et lui qui ressentait la peur savait que l’heure devenait grave.

- J’crois bien que c’est pas seulement une base d’écoute… On dirait qu’ils testent une arme expérimentale…

Zerath avait vécu longtemps. Il avait vécu tant de batailles dès son jeune âge, tant d’affrontements sanglants et d’escarmouches qu’il avait développé une faculté à songer au milieu du stress. Mais la peur était un sentiment qui ne le prenait que rarement. Et Zerath avait peur.

Des cris se mirent à retentirent sur toutes les fréquences.


- Sergent, leur base s’est levée brzzzzzzz elle tire des missilbrzzzzzz BOMBARDEMENT EN APPR brzzzzz

Sur la carte, un quart de l’infanterie cessa d’émettre des signaux. L’unité entière du colonel Maro s’évapora. Ce sentiment...Le vent tournant brusquement en sa défaveur...Zerath sentit sous son armure sa peau, brûlante. Il sentit ses anciens bras, leur souvenir revenir le hanter de picotements douloureux. Les flammes de Charros IV lui revinrent en mémoire. Encore une fois...Il avait encore une fois fait une erreur de jugement. Un instant il revit l’incendie de la grande cathédrale, il sentit une fois de plus sa chair se liquéfiant sur ses muscles et carbonisant ses os. Ses mains cybernétiques laissèrent échapper son sceptre qui aller rouler au sol.

Les traumatismes de plus de six ans plus tôt remontaient à la surface, un par un. L’indescriptible douleur de son corps marqué au fer blanc ne s’était jamais vraiment éteinte dans son esprit. Non...Non pas encore, non il ne voulait pas répéter cette histoire, il ne voulait plus ressentir cette souffrance...Cin, où était Cin?


- EN APPROCHE!beugla Weinstein.

Zerath reprit conscience du monde autour de lui. Et le Capitan explosa en deux morceaux, frappé en plein coeur.


***

C’était un tir. Un tir qui ne venait pas de l’espace, mais du sol. Une frappe si puissance, si intense qu’elle était parvenue à annihiler d’un coup un seul tous les boucliers du croiseur de guerre, à passer ses blindages et à détruire un pan entier de coque. Les systèmes du Capitan se désactivèrent un instant. Les propulsions qui le maintenaient en orbite de la planète ne fonctionnaient plus; la proue plongea droit vers la surface, attirée par la gravité qui désormais reprenait ses droits. Ce qui est en mouvement tend à conserver son mouvement. Cette loi simple et universelle propulsa Zerath en arrière: la gravité artificielle du Capitan avait cessée d’opérer. Les hommes dans le poste de commandement s’accrochèrent ou furent projetés comme de vulgaires poupées de chiffon.

Son dos heurta les portes arrières du poste de commandement; sa masse de cyborg titanesque les fit voler hors de leurs gonds. Il traversa un couloir entier, roula contre les parois. Son inertie l’arrêta sur le dos. Les yeux papillonnants, l’Ular’Iim resta là, à demi conscient, secouant la tête vainement pour essayer de réordonner son esprit. Il tenta de porter sa main droite à son crâne, mais constata que son poignet avait été brisé; là où aurait dû se trouver sa main, il n’y avait rien. Ses yeux rencontraient directement le plafond. Et ce plafond....La lumière n’était pas bonne. Trop lumineuse. Beaucoup trop lumineuse pour l’espace...?

Son regard se porta vers le bout du couloir. Sa vision y rencontra les bords du rectangle continu de fer. Ceux-ci étaient aussi irréguliers qu’un tissu déchiré. Ils étaient tordus comme de la vulgaire tôle, déformés et sifflaient d’un bruit affreux, un hurlement plus strident que celui des obus. Un blindage du mur - tremblant- s’arracha et fila, aspiré droit dans le vide au bout du couloir. Et au-delà il y avait l’aveuglante lumière du jour.

Ils étaient entrés en atmosphère! C’était fou, cela paraissait impossible, mais pourtant ils y étaient bien.

Zerath prit conscience de son mouvement. Il glissait. Il glissait vers le vide! Survivrait-il à cette altitude à une chute? Probablement pas. Tous les Xi Char du monde ne pourraient pas réparer ce qu’il resterait de son- nouvelle glissade! Son manteau se mit à voler furieusement autour de lui; il se sentit aspiré avec plus d’insistance, tandis que des turbulences venaient secouer les restes du Capitan. Le hasard qui l’avait retenu par chance jusque là désormais le délogeait! Et cet assourdissant cornement infernal! Mettre la tête dans les turbines d’un speeder aurait sans doute été préférable à cet affreux sifflement d’enfer.

Le Kaleesh glissa. Sa main gauche chercha une prise, se refermant frénétiquement pour tenter de s’accrocher au grillage du sol. Ses doigts trouvèrent une prise et arrêtèrent sa chute. Ses pieds volaient à présent à plusieurs centimètres du sol. Le vide l’appelait. Il cherchait à présent désespérément quelque chose pour le tirer de cette situation. Il savait pertinemment qu’aucun de ses hommes ne surgirait miraculeusement d’une porte dérobée pour lui tendre la main. Non, non il était seul dans cette épreuve que les dieux lui inflig- nouvelles turbulences. Il fallait rester concentrer.

Repartir à contre sens n’était pas réalisable avec une seule main. Il n’avait pas de grappin. Si ses pieds avaient encore été au contact du sol, il aurait pu les utiliser pour s’agripper mais...Avec l’aspiration monstrueuse c’était désormais hors de question. Peut-être un câble où s’attacher puis s’accrocher...? En six secondes, ses yeux avaient couvert plus de trente fois toute la pièce. Non, non un câble ne fonctionnerait pas, ils étaient trop solidement attachés - et ils étaient au plafond de toute façon. Il ne pouvait pas faire de cabriole, ce serait se jeter à sa perte...

Le couloir trembla de nouveau. Zerath se sentit soudain de nouveau glisser vers l’avant! Quoi? Mais pourtant il était agrippé aux grilles...Il jeta un regard bref au-dessus de lui et comprit soudain; ses doigts étaient pliés dans des motifs nerveux et épileptiques. Ses prothèses l’avaient trahi et désormais le néant allait l’engloutir.

Il pivota sur le ventre, alors que l’aspiration affreuse le tirait en arrière, tentant de ralentir sa chute de ses bras, de ses genoux, de tout ce qu’il pouvait, mais rien n’y faisait! Il glissait, inlassablement!
De rage, de frustration, de désespoir, il déversa toute sa force avec son bras droit - dépourvu de main, poignardant le grillage. Il s’y enfonça comme dans du beurre, mais continua pourtant à glisser. Non...Non par Shadid et par Shrupak, il se refusait à cette conclusion! Il devait marquer la galaxie de son empreinte...Cette mission n’était qu’un début, il avait à peine commencé son oeuvre. Il hurla dans sa langue sauvage et alien, frustré de la mort qui l’attendait - mais sa voix fut perdue dans le vent.

Sa chute s’arrêta brusquement. Il avait enfoncé tout son bras à travers la grille, déchirant les délicats entrelacements d’acier du sol pour y plonger son propre métal, sauvage et désespérément déterminé à survivre, et ce même bras venait de rencontrer un renfoncement, une barre latérale au sol qui l’avait retenu. Un coup de chance, un répit provisoire. Zerath tenta un regard au-dessus de son épaule. Son manteau battait l’air furieusement, claquant tel un fouet. Derrière, c’était le vide, c’était le jour se précisant, c’était le ciel devenant de plus en plus bleu à mesure que l’on approchait du sol. Et c’était une gangue de flammes infernales, qui pourléchaient la structure, qui déformaient le métal à vif.

Et c’est alors qu’il remarqua, en arrière, sur sa gauche à moins de cinq mètres: un boîtier rouge, pareil à ceux des alarmes incendies. On lui avait expliqué cet usage, alors qu’il était en inspection auprès de la flotte de Dubrillion. C’était...C’était un boîtier d’urgence. Le genre qui servait à refermer une cloison pour sceller littéralement une section du navire. On utilisait rarement ces boîtiers manuels, mais en cas de décompression du vaisseau c’était la sécurité la plus simple pour assurer que tout le monde ne finisse pas aspiré dans l’espace. Il chercha au-dessus: dans le plafond, on devinait encore la cloison - gigantesque porte d’acier - qui ne demandait qu’à être enclenchée. Fonctionnerait-elle? Peut-être, mais Zerath n’avait aucun moyen d’aller jusqu’à ce bouton, et rien pour tirer dessus. Et avec cet air qui aspirait tout...!

Il eut une illumination. Il passa sa main gauche à sa ceinture et coinça entre ses doigts capricieux la garde de sa vibro épée, qu’il tira au clair. Il l’orienta dans la direction du bouton. Il n’était pas un bon tireur ni un bon lanceur mais...L’air ferait le nécessaire à sa place. Il ajusta la position de l’arme...et abaissa la main.
La garde glissa le long de ses doigts, l’épée partit lame la première.

Et alla se ficher au beau milieu du bouton rouge. Il y eut un arc électrique le long de la lame. Et la cloison descendit en guillotine, scellant violemment le passage.
Zerath retomba lourdement au sol, libéré de l’affreuse succion. Le prélat se remit difficilement sur pied, respirant à pleins poumons. Comment avait-il fait pour survivre si longtemps sans air? Il n’avait pas le temps de s’en inquiéter. Le Capitan - ou ce qu’il en restait - chutait, et s’il restait là il n’aurait que retardé sa mort de quelques minutes au plus. Par chance ou malédiction, son corps sans nerfs ne pouvait ressentir la douleur. Il n’avait pas mal aux jambes ni aux bras car ils étaient de métal et guère de chair. Il traversa promptement le couloir dont il venait - sur ses pieds cette fois - pour revenir à la pièce de commandement.

Il y trouva son équipage, mais il était en était piteux; tous gisaient là, face contre terre. Certains gisaient au milieu de mares rouges. La baie principale était nimbée de flammes. Le grondement monstrueux du Capitan allant à sa perte masquait tous les autres sons dans la salle. Zerath hésita. Ses hommes avaient bien combattu. S’il leur accordait la mort à présent, il leur permettrait sans doute une place estimée dans l’au-delà, prestigieuse et honorable. Mais devait-il les achever pour leur accorder le salut? La salle s’ébranla de nouvelles turbulences. Non, songea-t-il. Tant que l’Empire respirait sur cette planète, ils devaient accomplir ses desseins. Il n’avait pas donné permission à ces humains de mourir, et ses désirs il en faisait des réalités.

Il fit trois longues enjambées hâtives vers le panneau de commande, tentant de conjurer un plan du vaisseau. Il s’y reprit sur trois ordinateurs différents, pestant et passant au suivant - l’heure était si grave qu’il n’avait pas le temps de s’énerver. Enfin, une image du Capitan apparut. Ses yeux cherchaient une chose et une seule: les capsules de sauvetage. Il estima grossièrement l’endroit où le vaisseau avait été tranché en deux: probablement au quart de sa longueur. Des capsules étaient présentes, accolées probablement auprès du poste de commandement. Série de secousses. Un craquement affreux. Une nouvelle portion du Capitan venait probablement de s’arracher. Il ne restait que quelques minutes au mieux avant que le navire ne devienne une grosse boule de feu. L’Ular’Iim détailla les meubles présents autour de lui. Ses yeux tombèrent sur l’un de ces gros chariots rétropropulsés, où les ingénieurs avaient entassés tout un tas d’instruments lors de la laborieuse discussion sur les missiles magnétiques.

Il s’en approcha vivement, d’un revers de main envoya voler toute la précieuse électronique. Sans guère plus de cérémonie, il attrapa ses collègues, subordonnés et supérieurs, un par un, par le col, par l’épaule, par quelque accroche qui lui permit de soulever rapidement l’individu. Sans cérémonie aucune, il les entassa, les uns sur les autres, tous sur cette civière improvisée qui flottait plusieurs dizaines de centimètres au-dessus du sol. Il avait vu faire les ingénieurs, ça ne devait pas être si dur. Il appuya sur plusieurs boutons. Le chariot s’éteignit et chuta lourdement au sol.


- N’zaga’ flu’ raak!jura le Kaleesh, profondément agacé par cette fichue technologie. Il décocha un coup de pied dans l’instrument maudit, partit vers le tableau de commandes. Là, il éventra les ordinateurs et en extirpa de longs câbles, qu’il noua sur les poignées du chariot et se mit à le tirer. Son corps ne ressentait pas la fatigue. Mais il se surprit cependant; il n’avait jamais imaginé qu’il pourrait tirer plusieurs hommes entassés de la sorte sans effort. Shrupak lui accordait, à cette heure fatidique, sa valeur!
Il arriva sans peine devant la première capsule de sauvetage. Il y disposa les hommes et femmes, un par un. Il n’avait pas le temps de les soigner. Il n’avait pas le temps de les choyer. Il devait simplement le faire, car leur perte n’entrait pas en accord avec ses plans et qu’il avait encore l’intention de sortir victorieux - cette fois il sortirait du défi des dieux sans plus de séquelles, il le jurerait devant tout le panthéon s’il le fallait. Il s’avança dans la capsule et pressa plusieurs boutons. Une éjection vers le lieu de déploiement le plus récent placerait la capsule dans l’arrière ligne. Ce ne serait pas une zone dangereuse. Il valida l’option, sortit de la nacelle et observa les humains, tous comme endormis - si ce n’étaient leurs visages et cheveux trempés de sang. Quelle espèce au faciès curieux et hideux, songea-t-il. Mais une espèce qui devait encore le servir pour l’heure. Il déposa un comlink au creux de la main de Weinfield, qui respirait lourdement, puis referma la capsule. Elle s’éjecterait sous peu. Il ne lui restait qu’à s’emparer de sa propre nacelle et...

Son sceptre, par Abesmi! Il l’avait parfaitement oublié!

Il revint en toute hâte dans le poste de commandement. Il trouva, dans l’un des coins de la pièce son sceptre et à côté, sa propre main. Elle avait probablement été sectionnée lors de son choc initial avec les portes de l’entrée de la pièce, en heurtant un coin de mur. Il s’empara des deux et fuit, droit vers la seconde nacelle. Il y posa à peine le pied lorsqu’une violente secousse l’y projeta. Il se rattrapa, ferma la porte comme pour y sceller le danger. C’était une pièce ronde, matelassée sur chacun de ses angles. Les nacelles étaient des sortes d’oeufs, propulsés pour favoriser la survie de ceux qui s’y trouvaient. Confortables, elles étaient dotées de plusieurs petits hublots. Zerath s’assit, posant sa main et son sceptre à son côté puis se concentra sur l’ordinateur de bord. Devant lui, un écran sommaire lui offrait divers choix de destination. Il choisit le même que pour Weinfield et ses hommes: le dernier trajet connu. Cela irait bien pour les premières minutes de trajet et lui donnerait le temps de mettre de l’ordre dans la situation. Il acheva d’entrer les formalités, laissant faire les options par défaut de l’ordinateur, puis appuya sur le lancement. Il se sentit éjecté sur le côté, et les perturbations s’atténuèrent soudainement, alors que le grondement du Capitan s’éloignait.

Il alluma son communicateur, prêt à entamer la discussion avec les autres officiers, mais s’arrêta, réalisant subitement qu’il ne recevrait peut-être aucune réponse. Maro ayant disparu des radars, il était à supposer qu’il était mort. Personne du pont ne lui répondrait bien évidemment. Le destin du capitaine Valkizath était incertain, peut-être avait-il survécu au massacre - c’était du moins à espérer. Quant à Kessel...Impossible à dire. S’il avait miraculeusement réussi à pénétrer la base, il ne lui répondrait pas.


***

Lorsque Zerath se posa enfin, il était en bordure de forêt. Les lignes arrières en déroute accueillirent son arrivée dans un partage de joie et de désespoir mêlés. Mais lui ne dit qu’une chose.


- Ralliez vous à moi. Notre oeuvre n’est pas finie. L’Empire doit tomber.

Il fit atterrir les blindés qu’il avait gardés en réserve et se pressa pour voir par lui-même la chose qui était responsable de toutes ces horreurs.

Dans la plaine, plus haute qu’une colline, une gigantesque machine montée sur quatre pattes progressait lentement. Chacun de ses pas titanesques faisait trembler toute la vallée. Elle supportait un plateau d’acier, sur lequel était érigée la station. Ses bâtiments les plus hauts avaient dévoilé des rangées de lance-missiles, qui pleuvaient en torrents lumineux autour d’elle. C’était probablement cela qui avait ravagé son infanterie et détruits ses marcheurs, songea le Kaleesh. Et d’entre ses cornes de fer, ces tours d’acier et ses antennes, on distinguait un long doigt noir tendu vers le ciel: la longue pointe d’un titanesque canon énergétique. C’était probablement cette arme qui avait frappé le Capitan - non, c’était certain même. Zerath se tourna vers ses hommes.


- Combien reste-t-il de chasseurs?

- Il nous en reste trente et un.”

C’était peu, mais assez pour ce qu’il voulait faire.

- Envoyez en vingt pour distraire cette abomination. Le reste, à la recherche du caporal Kessel. Si vous le trouvez, ramenez immédiatement son unité ici.

- Pour quoi faire, sergent?

- Il nous faudra plus que du talent pour piloter un tank et abattre cette monstruosité impériale. Il nous faut l’escouade Typhon - et il me la faut maintenant. Partez maintenant et volez comme si la mort était à vos trousses.
Korgan Kessel
Korgan Kessel
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Grondement de la roche qui se fracture. Je fais volte-face. Lève la tête. La falaise se lézarde. Merde ! Il ne me faut pas plus d’une fraction de seconde pour piger qu’on va finir comme des crêpes. Des putains de crêpes aux tripes bien sanguinolentes. Pas des crêpes au suc’, pour sûr.
 
« ON DEGAGE ! »
 
Ce sont les seuls mots que j’arrive à beugler avant que l’enfer nous tombe sur la gueule. L’avalanche de rocailles aussi grosses que des culs de Hutt s’écrase au sol. Les baraquements sont broyés net. Le souffle nous arrache du sol, comme des putains de sac poubelles balancés dans une benne à ordures. Ma gueule frappe un truc. Ou alors c’est un truc qui frappe ma gueule. Aucune idée. Sonné. Les oreilles qui sifflent, le comlink qui grésille. Un nuage de poussières nous dévore. Pire qu’une grenade fumigène. Si dense que Karm n’y verrait même pas sa bite.
 
J’suis là, comme une grosse merde, au sol. Etendu de tout mon long. Casque fissuré. L’électronique embarquée déconne à plein mot. J’ai l’impression de peser une tonne. Je tente de bouger, de me retourner… Mais je réalise que j’ai la moitié du corps sous les décombres. Je me redresse en grognant, parvient tant bien que mal à m’assoir.
 
« Typhons, au rapport ! »
 
Le comlink est mort. Personne ne répond. Ou alors ils sont tous HS. Putain ! J’mate à gauche, à droite. Les rayons du soleil pointent leur gueule rapidement, alors que la lourde poussière retombe. La brise a vite fait d’emporter les plus légères.
 
La crevasse est méconnaissable. Toute la paroi rocheuse s’est fracturée. Les préfabriqués impériaux ont tout simplement disparu sous les décombres. Il ne reste rien. Le tube élévateur s’est fracturé à mi-hauteur, torturé, arraché de ses supports. Le silence est morbide. Plus rien en bouge. C’est comme si la trame de l’univers subissait un état de choc… Ou alors c’est que j’ai les tympans niqués.
 
Soudain, des gravats bougent. Une main sort. Puis une autre. Matt’ se dégage, arrive à se remettre sur pied, bien que chancelant. La petite tête de Jez’ apparait. Craquement sinistre. Un énorme bloc roule. Jett’ ressort du cratère. Mad et Mac finissent aussi par réapparaitre, mais en sale état. Mad a un bras HS, tandis que les prothèses de jambe du Cathar grincent, lâches des putains d’étincelles. Non, c’est pas beau à voir… Soudain je percute.
 
« Saani ?! »
 
Rien, quedal. Aucune réponse. Merde ! Elle est où bordel ?! Coup de fouet. Je dégage mes jambes, lutte contre la nausée pour me relever. Des points noirs dansent tout autour de moi, comme une putain de neige électronique un soir de porno crypté. Sauf que là t’as pas envie de cligner des yeux et de secouer la tête dans l’espoir d’y voir un bout de nichon siliconé. Vous avez déjà gerbé dans un casque intégral ? Bordel, je ne vous le conseille pas… Sauf si vous aimez avoir les restes des carottes du mess fourré dans les poils du nez. Bref, je serre les dents. Mais le shoot d’adrénaline reboost mes réflexes de soldat surentrainé. Alors que mes yeux cherchent un quelconque signe de la miss, ma cervelle, déjà, analyse la situation, et les possibilités.
 
On s’est bien fait niquer. Une station d’écoute hein ?! Merde, c’était un site secret de développement d’arme. Là-haut, tout là-haut sur la plaine, j’aperçois la plateforme de combat quadripode où trône fièrement la base impériale… Et les nuages de fumée noirs qui planent autour des multiples tubes lance-missiles ne laissent planer aucun doute. Nos types ont pris cher. Très cher…. Les enculés, ils vont payer !
Toujours aucune trace de Saani. Je fais un signe. Typhon, rassemblement. A l’ombre d’un morceau de roche assez large pour nous servir de couvert. Je vire mon casque, devenu inutile, et le balance au loin d’un geste rageur. Chacun retire le sien également. Echanges de regards.
 
« Des traces de Saani ? »
 
Y’a pas besoin de mot. Suffit de lire la colère dans leur yeux. Fait chier. J’inspire un grand coup. Être leader, c’est savoir prendre des décisions difficiles. Faut être clair : on n’a pas le temps de retourner chaque caillou pour retrouver un soldat probablement mort. Tout ce que je peux lui promettre, c’est de continuer le combat jusqu’à bout… Et de la gagner, afin qu’une équipe de récupération puisse retrouver sa dépouille. Rien de plus.
 
« Faut qu’on dégage de la zone, qu’on se mettre à couvert pour demander une exfiltration. »
 
Sourire carnassier.
 
« Ils ont commencé la fête sans nous les salauds. Moi j’dis : on va les rejoindre le plus vite possible ! »
 
Les visages se dérident. La perspective de passer à l’action remotivent les Typhons. Clair qu’on va rien lâcher bordel !
 
« Matt’ ? »
« Les jambes de Mac’ sont HS boss. Jett’ va devoir le porter. »
 
Matt’ c’est un peu l’intello du groupe. Un intello presque aussi baraque que moi, et probablement aussi imprévisible. Un technicien de génie. Un touche-à-tout en matière de technologie militaire. S’il dit ne rien pouvoir faire pour retaper les jambes de Mac, c’est que y’a rien à faire. Ok. Pas de prob, j’ai toujours des solutions.
 
« Jett, file lui ton blaster lourd. »
 
Ça plait à personne, surtout pas aux deux intéressés. Mais ya pas le choix. L’énorme Besalisk soulève le cathar. Il le cale sur l’une de ses épaules, comme on porterait un enfant. Je me tourne vers Mad. Pas besoin de mots cette fois. Son bras est bien amoché, le sniper ne pourra plus faire mouche avant plusieurs semaines ou mois de rééducation.
 
« Bon… Faut revenir sur nos pas. Trouver une zone dégagée pour une navette. Mac tu surveilles les arrières. Matt’ et moi en pointe. On va profiter du couvert dans la végétation… Go ! Go ! Go ! »
 
J’aime pas revenir en arrière comme ça… Mais là pas le choix. Le terrain est trop accidenté. Faut rapidement rejoindre notre zone d’arrivée, en traçant en ligne droite par la forêt. Je lève mon fusil, bien calé dans le creux de mon épaule droite, doigt sur la détente, prêt à flinguer de l’impérial. Je recouvre un peu d’espoir. Ouais bordel, c’est la merde… Mais sérieux : les Typhons ont vu pire… Ouais. Franchement… ça pourrait être bien pire…
 
Fait chier. Faut jamais vendre la peau du gundark avant de l’avoir buté. Faut surtout jamais ouvrir sa gueule trop tôt ouais. Putain de karma. A peine ai-je eu cette putain de pensée qu’une déflagration tonitruante électrise l’air. Frisson, sueur froide. Je me fige, lève les yeux, le visage pâle. Une énorme décharge d’énergie déchire le ciel, fonde vers la haute altitude à une vitesse incalculable. J’écarquille les yeux… La silhouette blanche du Capitan est à peine visible, par-delà les nuages. La seconde suivante, touchée de plein fouet, elle s’embrase. NON !!!!
 
L’onde de choc nous cloue au sol, la température monte d’un coup. Pour autant, je n’arrive pas à me détacher de la scène apocalyptique. Les courbes du croiseur se déchirent, déformée par les fluctuations de l’atmosphère surchauffée par l’explosion. Les échos du métal qui se rond rebondissent sur les parois rocheuses en des millions d’échos grinçants. Le navire est coupé en deux. Les deux moitiés se séparent, dérivent, pivotent… Et entament leur course inexorable vers la surface planétaire.
 
« Il va nous tomber dessus ! »
 
Les cris de Jez’ matérialisent ma seule pensée… J’suis pas ingénieur en trajectoire spatiale… Mais quand vaisseau de combat fait du stationnaire au-dessus d’un champ de bataille, il n’en tombe jamais bien loin lorsqu’il est abattu. Si on reste à découvert, on est mort. Si on revient en arrière, on est mort. Si on ne fait rien, on est mort. Même si on fait quelque chose, on va y passer… A moins que…
 
Des souvenirs du briefing me reviennent. Pour une fois que j’écoutais quelque chose… Ouais. C’est ça. Un réseau de tranchées et bunkers qui ceinturent la base impériale. C’est notre seule chance : trouver un accès à ce réseau pour s’y planquer. Mais comment le trouver en si peu de temps bordel ?! Ce n’est qu’une question de minutes avant que le ciel nous tombe sur la tête. Mon regard croise celui de Mac. Le cathar. Ex-agent des renseignements. Notre éclaireur. Ce type a des sens surdéveloppés, et une capacité d’analyse hors norme…
 
« Mac’, me faut un point d’accès vers les installations enterrées ! Vite bordel ! »
 
J’ordonne aux Typhons de faire demi-tour. Le couvert des arbres ne nous apportera que la mort lorsque les colosses tomberont sous le souffle du cash. Nos pas s’accélèrent un peu plus à chaque seconde… C’est pu des impériaux qu’on cherche, mais le moindre indice d’une installation impériale souterraine. Le Cathar, d’habitude c’est une tombe. Il ne parle presque jamais. Au point où ça en devient rageant… Mais l’urgence lui délie la langue :
 
« Le réseau principal de tranchée est sur le plateau… Mais j’crois pas que tube élévateur soit la seule liaison entre le haut et le bas. Pas possible non. En cas de panne, impossible de faire monter ou descendre du matériel. Ils ont forcément tracé une route… pour relier le haut et le bas… Et si y’a route, y’a de force chance qu’ils l’aient sécurisée avec quelques bunkers reliés à un réseau secondaire, ou même au principal… »
 
Si, si, si, peut-être, avec de la chance… Bordel, c’est pas avec des suppositions qu’on prend de bonnes décisions ! Mais là, tout de suite, j’ai pas le choix. J’ai rien d’autre. Une route qu’il dit ? Creusée à flanc de falaise j’imagine ? Non… Trop complexe… Elle contourne forcément le crevasse en croissant de lune, par l’une de ses deux extrémités… Mais laquelle ?! Impossible de la savoir. C’est pile ou face, une chance sur deux, le super moite moite.
 
Je repasse mon fusil en bandoulière et me tape le sprint de ma vie. Je file vers l’ouest. Pourquoi ? J’en sais rien. L’instinct peut-être ? Les Typhons me collent au cul comme une armée de morpions sur les couilles d’un gamoréen. Rapidement, on contourne la zone où la falaise s’est effondrée lors du réveil de la plateforme de combat. Passé les énormes blocs rocheux, le sol est plat, herbeux… Et entre deux monticules, je repère une large tranchée défigurée par des traces de chenilles blindées.
 
« Par ici ! »
 
Je saute à pied joint à l’intérieur. Cinq mètres de large, trois de profondeur. Elle a comme été creusée au bulldozer. Tous les dix mètres, des piquets de duraciers sécurises les bouseuses parois abruptes… On l’a trouvé cette foutue piste… Mais je ne me déride pas pour autant. Si le croiseur s’écrase alors qu’on est encore dedans, des milliers de mètres cube de terre poisseuse vont nous ensevelir comme un rien.
 
Le sol est détrempé, mal drainé. Les bottes s’enfoncent dans la gadoue de plusieurs centimètres, alourdissant mon pas à chaque foulée. Je transpire, j’halète. Mes poumons sont en feu, mon pouls s’emballe.
 
Après j’sais pas deux cents ou trois cents de mètres, la pente remonte, la tranchée vire brusquement sur la droite, virage en épingle à cheveux. Je m’y précipite…
 
Soudain, du coin de l’œil, je capte un mouvement. Réflexe. Je me jette les deux pieds en avant. Glissage dans la boue. J’épaule mon fusil et tire. Tir instinctif. Une rafale de lasers mortels s’échappe de mon canon. Les premiers s’écrasent sur la casemate en permabéton. Cratère noircis fumants. Mais les suivants frappent un soldat impérial en armure noire en pleine poitrine. Le type n’a même pas eu le temps de pressé la détente, probablement distrait par l’énorme boule de feu qu’est devenue l’épave du croiseur juste au-dessus de nos têtes.
 
Des cris retentissent de l’autre coté du mur. Et par les meurtrières, je devine d’autres silhouettes se déplacer.
 
« A couvert ! »
 
Je me redresse seulement pour me jeter tête la première derrière un véhicule impérial garé là. Une sorte de camion à plateau, monté sur chenilles. Le genre de truc où on entasse des caisses en tout genre, et qui peut grimper ou descendre n’importe quelle pente. La seconde suivante, un déluge de laser nous bombarde. Les impériaux ripostent. Seul Jett’, avec Mac’ sur le dos, a eu le temps de se mettre à couvert…Les autres sont cloués plus en aval du virage en épingle à cheveux. Toute tentative de nous rejoindre se solderait par un déchiquetage laser en règle.
 
Toute cette section de la tranchée, sur une bonne cinquantaine de mètres, a été bétonnée. Coté falaise, une casemate protège son accès. Creusée à même la falaise, puis recouverte d’une couche de permabéton assez épaisse pour résister aux tirs de mortiers. Y’a une grosse porte blindée, verrouillée de l’intérieur bien sûr. Ainsi que deux meurtrières d’où dardent trois canons de fusils blaster lourd. Pour nous arroser ils nous arrosent… Je serre les dents. J’ai juste envie de tout sauf de bouger… Merde, ils vont bien finir par devoir recharger non ?! Je lève les yeux… Et pige direct que j’ai pas le temps d’attendre. C’est plus qu’une question de secondes. Raaaah. Quitte à crever, autant le faire avec classe. Je détache la sangle de mon fusil et le balance à Jett’.
 
« Couvrez-moi ! »
 
Je bondis hors du couvert, et fonce en direction de la casemate. Tels un seul homme… En même temps c’est facile vu que l’un est sur l’autre… Les deux Typhons se redressent, arrosent l’ennemi d’un feu nourri. Ils peu de chance de faire mouche tant les meurtrières sont fines. Mais l’effet psychologique est sans équivoque. Ces enfoirés s’esquivent des maigres ouvertures, l’espace de quelques secondes tout du moins… Tout juste le temps pour moi de foncer, de bondir… Et de balancer une charge de démolition au travers de la plus proche. Je me jette direct au sol, empoigne le détonateur… Et presse dessus.
 
A cette distance, j’me dis : OK. Si les murs sont pas assez épais, j’avais prendre le souffle en pleine gueule et crever comme une merde. Mais j’crois bien qu’on a assez joué de malchance pour aujourd’hui. La détonation est assourdissante. Les murs résistent… Mais pas la porte blindée. Enfin. Si, la porte, en elle-même, tient parfaitement le coup… Mais ses gonds, conçus pour résister aux chocs venus de l’extérieur, cèdent. La lourde tôle d’acier est catapultée à dix mètres. J’suis sonné, mais je me relève seul, et fonce à l’intérieur par l’entrée béante, pistolet en main, tirant comme un débile dans tous les sens. Merde. C’est moche à voir. On croirait un tableau d’art moderne. Sauf qu’à la place de la peinture, c’est du sang, des boyaux, et des morceaux de chairs informes encore tièdes. Pas le temps de cogiter. La salle semi-circulaire, exiguë, basse de plafond, s’ouvre sur un couloir creusé dans la roche de la falaise. On fond, loin au fond, on peut entendre des claquements de bottes, des cris… J’sais pas si ça vient vers nous ou si ça nous fuit…
 
Le reste des Typhons me rejoints au même moment. J’suis trop sonné pour prendre la tête, Matt’ me relève. Au pas de course, on fonce droit devant… D’autres cris. Quelques échanges de tirs. Un gémissement. Un laser me frôle. On court, on se jette contre les murs pour riposter… Le scénario se répète encore et encore, mètre après mètre…
 
Jusqu’à ce que l’épave touche sol. L’une de ses deux moitiés au moins s’écrase non loin. Séisme. Grondement sinistre de la roche qui se fissure. Le souffle du crash s’engouffre dans le bunker laissé béant. Si puissant, qu’il nous soulève et nous propulse sur plusieurs dizaines de mètres. J’suis désorienté. J’pige pu rien, comme un pauvre bébé chat dans le tambour d’une machine à laver le linge. Tout ce que j’sais, c’est qu’on est devenu des billes dans un jeu de flipper géant. Je bouffe une paroi, puis une autre. Un cri. Je retombe sur un type. Je secoue la tête, vision trouble. Uniforme impériale. Réflexe. J’empoigne mon couteau de combat et le plante. Ça remue, ça saigne. Quelques instants. Puis plus rien. Silence. J’ai les oreilles qui sifflent.
 
Le gars que je viens de buter porte un uniforme d’officier. Insignes et couleurs des communications. J’me trompe jamais. Je connais mon ennemi. On a fini notre course folle dans une pièce enterrée, rectangulaire, taillée au laser dans la roche. Les murs sont lézardés, le plafond fait peur à voir… Mais pour le moment ça teint bon. Entre les cadavres d’impériaux et les Typhons en piteux état git un capharnaüm de matériel électronique éventré, de tables renversées, de chaises à l’assise arrachée. Y’a une autre porte. Fermée, verrouillée depuis l’autre coté… Comme si quelques lâches, après avoir pigé qu’on avait ouvert une brèche dans le réseau, s’étaient enfermés derrière en sacrifiant les retardataires. J’sais pas, peut-être que je me fais des films. En fait, j’en ai rien à branler.
 
On est tous en vie. Mal en point, mais tous en vie. Mad est hors combat, tout comme Mac’… Mais les autres, mis à part pisser le sang d’un peu partout, sont frais comme des gardons. Je parviens à me relever, à tenir sur mes jambes sans chanceler. Je tourne la tête, ma nuque craque. Putain ça fait du bien. J’mate tout le matos autour de nous. C’est pas beau à voir… Mais j’en connais un qui a des doigts de fée.
 
« Matt’, tu pourrais bricoler un truc ? »
« Rien de bien sophistiqué… Tu penses à quoi ? J’peux rien te faire qui explose hein… »
« Ta gueule. Non. Faut signaler au reste des troupes qu’on est encore opé. C’est pas parce qu’on vient de se faire niquer un croiseur que la guerre est perdue hein… Tant qu’on respirera, les impériaux auront de quoi chier dans leurs calbut… »
 
Nos combis sont amochées… Et sous cette épaisse couche de roche, les comlinks portatifs ne seront pas assez puissant pour communiquer avec l’extérieur.
 
« Ok, j’vois… »
 
Il inspecte, cogite. Puis conclue, une boite métallique éventrée entre ses grosses paluches :
 
« Avec ce qu’il reste de cet émetteur, j’dois pouvoir envoyer une communication en morse ouais. Sur la fréquence d’urgence. Je dois dire quoi ?! » 
« Typhon. Deux blessés. Sommes dans les lignes ennemies. Attente d’ordres. »
 
Si ça tenait qu’à moi, on enfoncerait direct la porte, ou alors on tenterait une sortie en revenant sur nos pas… Mais, ne faut pas le nier : la situation est grave, pour ne pas dire critique. Impossible de dire ce qu’il reste du commandement, ou des troupes régulières. J’peux pas me permettre des actions non-coordonnées dans ces conditions… C’est même un coup à se placer sous le feu de nos propres troupes… Aujourd’hui n’est pas une mission clandestine derrière les lignes ennemies. Non. C’est une opération combinée. Faut respecter les ordres, un minimum on va dire héhé. Et puis… J’crois bien que l’équipe a besoin de souffler quelques instants.
 
Je vais volte-face, et d’une torsion sèche, vire la coque blindée de l’armure. Du bout des gants, je choppe ma teube, la sort… Et lâche un jet d’urine sur le mur gris dépression. Souffler, pisser, c’est du pareil au même. Un moment, faut que la pression sorte !
 
« Et t’ajoutera un truc Matt’. Pour le Sergent Ular’Iim s’il est encore en vie… Qu’il prenne bonne note que je lui dois un croiseur stellaire sur le coin de la gueule… »
« Comment tu veux que je dise ça en morse ?! »
« Démerde toi, improvise, soit créatif. »
« … »
« Fait chier quand même… »
« De quoi ? Un problème de tuyauterie ? »
« Non... Je repense à un truc : c’était boulettes des viandes au menu du mess ce soir… Putain de gaspi... »
« … »
Zerath Ular'Iim
Zerath Ular'Iim
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Zerath avait réussi à rallier de ceux encore disposés à combattre. Le genre humain était ainsi fait que ceux qui avaient perdu la foi du combat se recroquevillaient d’une peur insoutenable contre laquelle tous les arguments - sensés comme émotifs - n’avaient prise. Il y avait ainsi ceux dont le moral s’était brisé et qui en proie au désespoir le plus farouche se refusaient à retourner à la bataille. Il y avait ceux qui avaient été blessés grièvement et qui, malgré un délire fiévreux qui leur faisait croire à une invincibilité de leur corps, ne pouvaient plus qu’espérer la survie puis de longs mois de réhabilitation. Enfin, il y avait ceux ensevelis sous les décombres, les tonnes de roches, ceux qui ne se lèveraient plus jamais et que la mort avait cueillis.

La République s’était ménagée un camp d’opération dans ce qui avait constitué l’arrière ligne, quelques heures auparavant. C’était un terrain qui avait été dégagé par Valkizath et ses hommes, un terrain de forêt boisée. En débarquant les blindés on avait libéré l’espace de deux navettes pour y amener les blessés et les traiter d’urgence. Au cas où l’ennemi décidait d’avancer sur ce campement, les navettes auraient tôt fait de battre en retraite avec leur cargaison de patients et d’invalides.
Ici, dans cette ambiance mortuaire, Zerath avait ramené tous ceux encore prêts à combattre. Son aviation occupait le colossal marcheur impérial, tout en tentant de capter des messages à la fois de l’escouade Typhon mais de potentiels survivants. La cavalerie du capitaine Mako et tous ses marcheurs avait été décimée. L’infanterie avait été en majeure partie anéantie. Il restait encore quelques dizaines de soldats valides, mais c’était un effectif qui serait bien insuffisant pour faire tomber leur adversaire blindé.

Leur support orbital, le Capitan, était détruit. Les pièces à disposition de Zerath étaient donc une infanterie affaiblie, une aviation en sous nombre et une artillerie intacte. Il lui restait quelques speeders, mais ils ne formeraient à coup sûr pas une force offensive à moins de vouloir sacrifier vainement des troupes. Avant de savoir très exactement quels étaient ses prochains mouvements, l’Ular’Iim devait prendre pleinement connaissance de la situation complète. C’était ceci qu’il faisait actuellement; la sous-caporal Messner était en train de la lui exposer. C’était une humaine grande et large d’épaule, engoncée dans une armure blindée typique des combattants de première ligne. Elle n’avait pas été épargnée par les affrontements; son équipement portait des impacts noirs à plusieurs points. Ce n’était que par cette armure qu’elle était encore vivante.


- Les marcheurs ont réussi à détruire une partie des bunkers. Nous étions en train de nous engouffrer dans la seconde ligne avant l’enceinte intérieure lorsque la cible s’est transformée en marcheur.

- Les bunkers étaient-ils fortement tenus?

- Une protection certaine, mais qui n’a pas pu soutenir l’assaut éclair. On passait derrière les marcheurs et on achevait le travail pour sûr. Beaucoup des impériaux étaient déjà morts sur le coup.

Maro avait donc servi son office avant de disparaître. Les dieux honoreraient ses derniers instants à n’en pas douter. Mais il n’était pas l’heure pour songer à la gloire des morts: il fallait assurer le succès des vivants. Les marcheurs blindés républicains disposaient d’une effrayante puissance de feu contre les cibles immobiles; il n’était pas étonnant que les occupants des bunker n’aient pas eu le temps de réagir face à leur charge furieuse.


Merci sous-caporale.Il se tourna vers un autre humain. C’était un homme à la carrure épaisse, aux mâchoires rectangulaires et aux yeux ratatinés au milieu de son visage cubique.

- Major Freyman, combien nous reste-t-il de lance-missiles portatifs?

L’homme renifla.

- Vous savez sergent, et sauf votre respect, mon allégeance était au capitaine Weinsfield. Il vous a peut-être accordé autorité pendant l’opération, mais si vous m’en permettez l’honnêteté c’est votre manque de clairvoyance qui a tué nos hommes. J’ai pas de comptes à vous rendre.

Une critique dure, proche de la mutinerie. Mais le major avait raison; Zerath était après tout sergent, il n’avait pris les commandes que sur ordres de Weinsfield. Maintenant que Weinsfield n’était plus là pour faire peser son grade et son rang et toute l’autorité de l’Etat Major à travers ces derniers, Zerath n’était rien de plus qu’un petit sergent. Un sergent dont les ordres avaient après tout conduit à un désastre.
Sur Kalee, l’affaire se serait réglée d’une fort simple façon: un duel en règle devant les dieux aurait tôt fait d’asseoir la légitimité de l’un ou de l’autre. Mais sur ces mondes qui se targuaient d’être civilisés, l’on aurait jamais adhéré à ces méthodes. Zerath le savait fort bien. Il avait toute sa légitimité à asseoir et rien de son vécu ne pouvait l’appuyer. Au moins cependant avait-il une sagesse: de ne pas se laisser piquer au vif par cette remarque acerbe.


- Souhaitez-vous donc abandonner?

- Non, je prends le contrôle de l’opération.

- À votre aise, quels sont vos ordres?dit le monstre d’acier. Le bon major ne réalisait probablement pas qu’à l’heure actuelle, Zerath lui épargnait son courroux uniquement car l’humain devait encore servir ses desseins. Fut-il devenu vain, l’Ular’Iim sans doute lui aurait-il concocté une punition des plus cruelles pour cette trahison: ces retournements de veste étaient vus avec la plus grande sévérité dans la société kaleesh et il n’était pas rare qu’un traître à son ordre soit puni de mort. Cependant, il se devait de faire preuve de sagesse en cette heure. De retenue. Ce petit major avait raison quant à la faute du prélat et à son échec - peut-être même avait-il un plan valide. Mais il n’était pas sage de faire s’effondrer la chaîne de commandement au beau milieu de la bataille.

Quoi qu’il en fut, Zerath savait très bien qu’il ne pouvait en faire un exemple par les façons kaleesh; ç’aurait été plonger les fragiles humains dans une crainte qu’il n’était pas sain de cultiver. Personne ne dirigeait vraiment longtemps par la peur en matière de guerre.

- On utilise l’artillerie et on pilonne tout ça en règles. Une fois que tous ces enfoirés reposent six pieds sous les obus, on retrouve les survivants et on rentre tous pour le diner.“

Un plan simple, en effet. Qui pouvait fonctionner, si quelques détails étaient considérés, bien sûr.

- Qu’entendez-vous faire au sujet du bouclier protecteur cerclant la base?

L’homme roula des yeux.


- Quelle arrogance! Vous êtes mon subordonné, suivez mes ordres sans discuter! Croyez moi, j’vais en parler à l’Etat-Major si vous continuez. Vous savez envoyer des hommes à la mort non? Alors faites ce qu’on vous dit et peut être qu’on arrivera à survivre.

- Arrogance est-ce, que de vous interroger vous qui prétendez à poursuivre une opération dont vous ne connaissez qu’une infime portion de tous les détails? Fierté, que de vous réclamer éclaircissements alors que...

- Mais vous allez la boucler oui ou merde?! Toujours à s’écouter parler et à blablater mon vieux, c’est pas possible-

- Mon sergent, monsieur!

Un soldat venait d’accourir entre les arbres. Il portait une missive, qu’il tendit à Zerath.

- Un message en morse vient de nous parvenir. Pour vous.

Le Kaleesh adressa un regard au major, avant de lire mentalement le message:

Code:
QUS 1 2 51 28 38 N. SOS. QWO joue Ular’Iim . QAK

Il fouilla un moment dans sa mémoire. C’était le langage codé morse utilisé en dernier recours, lorsqu’aucune autre transmission ne pouvait être utilisée. QUS signifiait habituellement “nous avons des blessés. Le “1” ensuite indiquait où les survivants étaient: cela pouvait être selon le contexte en milieu maritime, aérien, spatial ou terrestre. Dans le terrestre, le 1 indiquait un bâtiment. Le “2” signifiait l’effectif des blessés. Le reste correspondait aux coordonnées où se situaient lesdits blessés. Le SOS était sans équivoque, c’était un appel à l’aide. QWO signifiait usuellement “je vais entrer en collision avec “. Il était généralement suivi par l’identifiant d’un appareil car il était réservé aux vaisseaux. Il signifiait donc ici “mon appareil va entrer en collision avec la joue d’Ular’Iim”. Etrange.
QAK, enfin, était une déformation de “QAW” qui signifiait à la base “je vole à travers une tempête”. Le W était remplacé par un K et n’avait plus aucun sens...Mais Zerath savait fort bien ce que cela signifiait: c’était la signature de l’escouade Typhon. Une tempête avec un K, pour Kessel.

Il s’agissait donc d’un message codé qui était à n’en pas douter une plaisanterie. L’essentiel cependant était qu’il était vivant. Et à en juger par l’effectif indiqué, pas de mort dans son escouade mais la moitié hors service.

Le reptile revint auprès de la table, auprès du major hargneux et de la silencieuse sous-caporale. Il observa la carte disposée dessus. 51° 28’ 38’’ Nord...Cela donnait...Ses yeux se stoppèrent dans la dernière ligne de bunker, en plein territoire ennemi.


- Sergent, que rapporte ce message?

- De bonnes augures; notre bon caporal Kessel est toujours valide, bien qu’il soit confiné derrière les lignes adverses. Il semble s’être infiltré dans la dernière ligne de leurs défenses, mais sa force est partiellement diminuée.

- Mouais. On peut pas l’extraire à l’heure actuelle et ça change rien à notre situation.

- Bien au contraire, sa présence est une excellente nouvelle; car...

- Mais fermez la mon vieux, je vous ai pas demandé votre avis! On vous a jamais appris ça à l’académie? Parlez quand on vous y invite. Vous restez là, j’ai assez vu votre visage. Les conducteurs de blindés, avec moi.

Là-dessus partit le major en grande trombe, emportant avec lui tous ses hommes - car ils lui étaient fidèles, ayant longtemps oeuvré avec lui sur le champ de bataille. Après son départ, la sous-caporale revint auprès de Zerath.


- Mon sergent je...Je suis désolée que ça se passe comme ça...J’peux encore parler aux hommes de Freyman, ils arriveront peut être à le faire changer d’avis...

- Non, dit le prélat. Il faisait de grands efforts pour conserver son calme et penser clairement. Non, répéta-t-il. Le major n’entendra probablement plus rien à présent. Nous devons cependant nous préserver de notre propre perte. Si le major ne considère pas le bouclier comme une menace, c’est probablement qu’il a l’intention de frapper là où le bouclier n’est pas: les jambes du marcheur. Cependant il faudra une ligne dégagée de plaine. Mais notre ennemi dispose d’un canon qui peut abattre un croiseur en plein ciel. Aucun tank ne pourra y résister. Nous devons offrir au major une diversion suffisante pour qu’il puisse triompher. Pour ceci, il nous faut l’Escouade Typhon.

- Mais...Pourquoi? Ce n’est qu’une escouade sergent, ils ne pourront pas réussir là où tous nos hommes échouent.

- Parce que l’un d’eux a tiré une balle très spéciale sur les antennes de communication de ce marcheur. Avec la destruction du Capitan, nous n’avons plus accès aux fréquences de cette antenne. Mais l’agent qui a tiré la balle, lui, possède dans son paquetage ses spécifications.

- On aurait une entrée directe dans leurs systèmes de comms...De quoi les mener en bateau, voire même désactiver certains de leurs systèmes de capteur...

- Nous n’avons pas beaucoup de temps avant que Freyman ne se mette en marche. Sous-caporale, sélectionnez les hommes les plus à même pour cette tâche, et écoutez moi bien...



***


Sitôt dit, sitôt fait; une dizaine d’hommes quittait le campement improvisé quelques minutes plus tard. Il fallait en laisser nécessairement pour s’occuper des blessés et préparer une retraite d’urgence si cela s’avérait nécessaire. Certains, fidèles à Freyman, ne pouvaient décemment bouger ni être mis au courant; si Freyman faisait peser sur la sous-caporale des menaces de félonie elle serait exposée au choix de stopper l’opération nette ou la poursuivre et d’encourir tous les risques auprès de l’Etat Major. Un risque que l’Ular’Iim ne redoutait guère, disposé à encourir tous les risques d’une bureaucratie qu’il ne reconnaissait pas s’il pouvait mener à bien ses desseins.

On raconta à ceux présents que c’était sur ordre de Freyman que l’on bougeait. On s’empara des derniers speeders restants - six au total, et là-dessus l’opération pouvait débuter. Zerath monta juste derrière la sous-caporale. Il ne pouvait pas conduire avec une seule main (ni même avec deux mais elle n’avait pas besoin de le savoir) mais il tenait absolument à venir. Il avait pris avec lui un blaster et une vibro épée.

La première étape, c’était de contourner le titan d’acier par la forêt. Les speeders étaient tout désignés pour cette tâche. Les appareils filaient désormais entre les arbres, slalomant entre les troncs épais. La végétation était éparse - la terre était sèche d’un manque de pluies récentes. Au-delà des grands piliers et de leurs ombrages, on distinguait la plaine de la bataille, où avançait par pas lents et gargantuesques l’énorme base montée sur ses quatre jambes articulées. Le silence était troublé par des tirs ponctuels de canons, plus à l’Ouest. Freyman avait déjà entamé son opération de pilonnement; ces échos sonores répondaient aux impacts qui éclataient sur les jambes du marcheur. Parfois il s’arrêtait, déstabilisé par les obus explosant sur ce qui faisait chez lui office de tibias.

Le monstrueux canon orbital devint rouge à son extrémité, puis blanc: un gigantesque trait lumineux jaillit et transperça l’air! Un grondement de tonnerre vint après lui, roulant contre les montagnes, secouant la cime des arbres.


- Allez Freyman, tenez bon...dit Messner entre ses dents.

- En approche d’objectif!dit l’un des hommes au reste du groupe.-ETA: 10 minutes.

Rien ne pouvait être fait pour Freyman; ils ne pouvaient pas atteindre l’abomination impériale pour faire la moindre diversion, eux qui filaient vers l’Est, pas plus qu’ils ne pouvaient aider les blindés dans leur positionnement. Ils ne pouvaient qu’espérer que les troupes du major ne soient pas toutes annihilées avant qu’eux-même arrivent à Kessel. Le temps était plus que jamais critique.

“- Accrochez vous solidement!” indiqua-t-on. Zerath se cramponna comme il le pouvait à Messner en prenant garde de ne pas lui faire mal. La forêt se déroba subitement: ils passèrent dans la plaine, en file indienne. Ils avancèrent une minute dans l’herbe rase, au milieu des cadavres calcinés. L’immense marcheur était tout attiré par les bombardements de Freyman. Le temps que les impériaux s’aperçoivent de la présence du petit détachement, il serait trop tard.

Si la forêt était un slalom entre les arbres, les speeders ici bondissaient entre les talus de morts, virevoltaient autour des carcasses de véhicules, à un rythme effréné tel que Zerath pensait à chaque instant qu’ils allaient entrer en collision avec quelque chose. Mais à chaque fois, Messner virait au dernier moment, économisant au maximum toute déviation de trajectoire, sauvegardant à merveille son rythme. Brusquement, le sol se déroba et ils plongèrent dans une tranchée, un par un. Devant les speeders, parfois des impériaux surgissaient: les canons des véhicules les écartaient promptement de la trajectoire, dans une explosion rougeâtre d’intestins carbonisés.

Ils avaient contourné la forêt par l’Est, pour atteindre la deuxième ligne de tranchées: c’était là que Maro avait réussi sa percée maximale. Ils avaient les plans des tranchées; aussi ils n’avaient “qu’à” les suivre, pour remonter jusqu’à la tranchée où Kessel était bloqué. C’était une opération folle, mais la désorganisation complète du côté impérial aussi bien que républicain suite aux pertes catastrophiques des deux partis jouait en leur faveur. La rapidité des speeders et le fait qu’aucun esprit sensé n’aurait tenté manoeuvre si périlleuse achevait de sceller le succès de leur opération. C’était de la folie, mais c’était bien là toute la clé du succès de l’action.

Ils zigzaguèrent ainsi dans les boyaux. Peu d’impériaux livraient de résistance. Il était probable en réalité que la majorité ait trouvé refuge dans la forteresse mouvante; ne restaient là que les malheureux pris au piège par l’assaut républicain, prêts à être fauchés par l’escouade mortelle. L’idée de passer par l’Est naissait d’une raison simple: c’était à l’opposé du naufrage du Capitan. On ne connaissait pas toutes les projections et les éboulements engendrés par sa chute sur le champ de bataille. Son cratère et son souffle colossal avaient abattu nombre d’impériaux comme de républicains, mais les conséquences complètes sur la topographie ne pouvaient être estimées: il aurait fallu des données satellitaires. Par quelque cruel hasard, les Typhon avaient indiqué des coordonnées à l’ouest, mais on ne pouvait se permettre de passer par là. Trop proche de Freyman, trop proche de l’attention du Marcheur.

On arriva à la dernière ligne. Là, la terre avait tout bouché sur le plan ouest. Changement de trajectoire, cette fois Zerath et la sous-caporale seraient en tête de file. Les moteurs grondèrent, la course reprit. Au loin on distinguait les tirs des puissants tanks, ponctués par le tonnerre du monstrueux laser. Ils n’avaient plus beaucoup de temps.

Ils accélérèrent au-dessus d’un champ de cadavres, qui emplissaient les tranchées. Tout ce qui pointait une arme vers eux avec un uniforme impérial était fauché et renvoyé à la terre informe d’où il s’était extirpé. C’était cruel, c’était glacé, c’était la guerre. Ceux qui fuyaient se voyaient offerts la pitié de l’agresseur. Ceux qui étaient désarmés s’en tireraient avec une grosse frayeur. Tous les autres, dans les mains des faucheurs, pour être jugés par Shrupak et envoyés au vide sans étoiles.

De sa position, Zerath voyait les tranchées se succéder les unes après les autres. Il sentait les brusques décélérations puis réaccélérations de la sous-caporale, qui lui soulevaient le coeur et l’amenaient tantôt en haut de sa gorge, tantôt dans ses jambes.

La piste les amena à flanc de falaise. Là, des caillasses bloquaient le chemin. La sous-caporale fit chanter ses canons, les rochers explosèrent en gros blocs, crachant d’épais nuages de poussière dans laquelle le speeder s’engouffra sans attendre. C’était parfaitement fou, complètement inconscient! Mais Zerath se sentit pourtant gagné par l’ivresse de la vitesse, à s’en sentir presque invincible. Ses yeux observèrent la piste, droit devant eux. Elle serpentait à flanc de montagne. Cependant, le séisme engendré par la destruction du Capitan avait provoqué des glissements de terrain: un pan entier de montagne était parti, emportant avec la piste. Celle-ci, d’ici une cinquantaine de mètres, s’arrêtait net, donnant sur un vide vertigineux, puis reprenant soixante mètres plus loin ses virages étroits et sinueux. Mais les speeders ne pourraient pas passer au-dessus du vide.


- Cramponnez vous bien, sergent!tonna la sous-caporale.On accélère!indiqua-t-elle aux autres du groupe,J’espère que vous aimez le ski hors piste.

Le prélat n’eut pas le temps de comprendre. Elle pointa le canon du speeder vers les roches encore cramponnées de façon précaire à la paroi, et tira une salve. Elles commencèrent à se détacher et à rouler le long de la pente, alors que Mesnerr donnait une accélération indécente à son appareil, passant à la verticale contre le flanc de pierre. Et brusquement elle fit bondir son appareil, de la paroi sur l’avalanche de roche.
Elle jouait sans cesse sur la poussée, faisant cracher les moteurs au-delà de leur puissance nominale, les poussant à l’hurlement franc tandis que le véhicule se propulsait et bondissait à un autre rocher. En-dessous d’eux c’était le vide.

Le prélat se sentit secoué vivement - et ils étaient à nouveau sur la piste, de l’autre côté du gouffre.

Zerath jeta un regard en arrière. Au-delà de son manteau, qui virevoltait au vent, les autres speeders venaient eux aussi de suivre la “piste d’avalanche” tracée, atterrissant tour à tour sur la piste et poursuivant leur course. Ces pilotes, songea le Kaleesh, ces pilotes n’avaient aucun sens de préservation. Il veillerait à les récompenser grandement pour leur valeur.

Ils poursuivirent le long de la piste et arrivèrent enfin devant un renfoncement dans la roche. Ici, une porte avait très nettement été découpée, mais elle gisait à bas. On s’y stoppa d’un commun accord. Tout le monde sortit une arme, sans échanger la moindre parole. Zerath ne faisait pas confiance à ses compétences de tireur, mais chaque blaster pourrait bien compter. Ils entrèrent à pas de loup, illuminant les couloirs des cercles nets découpés par leurs torches.

Mais tout était mort ici bas. De grandes lézardes couraient le long des murs. Plusieurs bouts de plafonds s’étaient effondrés. Ils s’arrêtèrent devant un couloir, qui ouvrait directement sur la falaise et le jour: la montagne dans sa chute, n’avait pas épargné la structure qu’elle contenait en son sein c’était bien naturel.
Forcés de faire demi-tour, ils ne pouvaient que progresser avec la plus grande prudence. Zerath observait dans l’obscurité sans se soucier de l’absence de lumière. Ses yeux perçaient le noir, révélant la chaleur. Il avançait ainsi à grandes enjambées, scrutant d’un regard ce qui était mort et enchaînant, couloir après couloir.

Ses yeux détectèrent enfin des traces thermiques. D’un geste, il fit arrêter tout le monde. Il avait perçu, au virage suivant ce qui semblait une trace de vie. Etait-ce le caporal Kessel? Ou des impériaux? Il n’y avait qu’une façon de le savoir à présent. Il n’y avait malheureusement pas beaucoup de solutions.


- Kessel!appela-t-il.- Si la mort ne vous a pas encore cueilli, j’aimerais des éclaircissements quant à votre conception du morse!
Korgan Kessel
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Matt’ balance la transmission. Il presse à intervalles irréguliers sur l’appareil de transmission improvisé. Y’a ni bouton ni interface. Seulement une carcasse éventrée, et deux fils à se faire toucher pour envoyer un « bip » vers la fréquence paramétrée manuellement en trifouillant l’antenne. Système-D. Je le laisse faire son job. J’suis pensif, nerveux. On est mal. Je lève les yeux. Le plafond au-dessus de nous est fissuré. C’est pas dit qu’il tienne des lustres. Je grimace. Foutue mission… Mais j’suis pas au bout de mes surprises. Après de longues minutes, les survivants répondent. Et franchement, j’dois user de tout mon self contrôle pour ne pas balancer l’appareil de transmission contre un mur. Le couperet est tombé : ils ne viennent pas nous chercher… Et pire que ça, ils vont déclencher un feu d’artillerie monumentale afin de faire tomber la plateforme de combat ennemie. Bordel…
 
« En résumé, on est cloué ici. Personne pour venir nous chercher… Zéro renforts. Et si on tente une sortie, on a toutes les chances de se prendre un obus ami sur la gueule. Super… »
 
Un bon commandant ne devrait pas laisser parler sa désapprobation, ses doutes, ses sarcasmes. Mais j’ai jamais prétendu être un bon commandant. Pour autant, j’suis loin de m’avouer vaincu. Tant qu’un Typhon respirera, il est hors de question de baisser les bras. Tenter de contourner le champ de bataille en passant par les bois ? Fausse bonne idée :  Sans les coordonnés exacts de ces lâcheurs, on pourrait marcher pendant des jours sans tomber sur nos troupes, et avec Mad’ blessé et Mac’ sans jambes cybernétiques ce serait du suicide collectif… Putain.
 
J’inspire un grand coup, ferme les yeux quelques instants. Mais pas pour fuir la réalité, non, pour essayer de m’organiser les pensées… Je procède à la rédaction d’un plan mental détaillé de la situation. Ouais. Alors. Ca donne un truc du genre :
 
[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]
 
Ça cogite sec sous mon crane. C’est ça d’être aux manettes d’une escouade : faut se crever le cul et la cervelle pour sauver tout le monde…  Rapidement, un plan d'actions prend forme. Ni le plus complexe, ni le plus intelligent. Un plan à la Korgan, un plan pour les Typhons. J’aboie des ordres comme un prophète distribue des chocolatines au chocolat :
 
« Jez’ ! Surtout tu lâches pas Mad’, il est blanc comme un cul… »
 
L’intéressé ne relève même pas, preuve qu’il est mal. Son bras droit est HS, pété à de multiples endroits. Il est livide, les yeux laiteux. C’est pas bon signe.
 
« Tu te fous dans un coin, et tu fais tout ce que tu peux... Mac’, Jett’. Vous filez vers le petit bunker. Piégez les couloirs avec des grenades. Tenez la position. Faut pas que les impériaux puissent nous contourner. Si ça tourne mal, faites tout sauter. Je préfère finir six pieds sous la montagne que de faire plaisir à ces enculés. »
 
La partie défensive du plan est énoncée. On ne peut pas déplacer Mad’. Et on n’abandonne personne. Jett’ et Mac’ couvrirons nos arrières : l’entrée par laquelle nous avons investi le réseau enterré… Et pour la partie offensive…
 
« Matt’, avec moi. Tu me découpe cette putain de saloperie de porte blindée… Et on va leur refaire leur portrait à ces raclures de fond de malard tout droit sorti de la cuvette usagée d’un vieux Hutt incontinent ! Et façon art contemporain : avec les yeux à la place de la bouche et les dents en dehors du cadre. »
 
J’suis pas un grand adepte d’art, loin de là. J’y pige rien même… Mais vu l’était dans lequel je laisse mes ennemis, j’ai peut-être une âme d’artiste qui se cache au plus profond de mon être héhé. Je sculpte sur le vivant, en monochrome de rouge.
 
Les retours d’ordre fusent. Tout le monde bouge. Jez’ déplace Mad dans un coin de la pièce, à l’écart de tout le bordel qui s’annonce aussi violent qu’une soirée de gang-bang sado-maso sur Iridonia. Je peux lire dans ses yeux une détermination sans faille. Depuis le crash, les lumières ont sauté, seules les torches intégrées aux plastrons de nos armures de combat nous évitent de nous bouffer les cadavres et les miettes du mobiliers. Au fond de ce trou, loin de la lumière du jour, où les odeurs d’entrailles encore tièdes nous remontent aux narines, je sais que la Zélosienne prend sur elle. Un sang vert chlorophylle dégouline de ses plaies au fond et sur les joues. Mais elle est tellement concentrée sur le bras de Mad’ qu’elle en oublie d’essuyer les grosses gouttes qui perlent et roulent jusque dans son cou. Mac’ et Jett’ disparaissent, non sans avoir récupéré les grenades de Mad'. Ils en ont une demi-douzaine au total. Ils savent quoi en faire : piéger le couloir en tirant des filins métalliques au travers du chemin, reliés aux goupilles. Un type qui marche dessus, et boom y’a plus rien. Ni eux ni nous.
 
Matt fouille dans sa ceinture tactique. Il choppe sa torche plasma. Elle n’est pas plus longue que son avant-bras, mais fera parfaitement l’affaire. Je reste en retrait et lui éclaire la zone comme je peux. Pour ne pas gaspiller le précieux combustible à l’intérieur, il s’attaque aux gonds, plutôt que de pratiquer une découpe rectangulaire plus classique. Je lâche un sourire prédateur et balance :
 
« Ça me rappelle quand j’étais môme, Matt’. Tu sais, ces œufs en chocolat, avec une surprise à l’intérieur. Tu savais jamais ce que t’allais avoir dedans, t’étais excité comme un fou en bouffant le truc. Bah là c’est pareil… Dépêche-toi de découper ce truc, j’ai trop hâte de voir ce que je vais pouvoir buter derrière… »
« Si on se tire de là, j’vous en offre une boite, boss… »

 
J’suis remonté comme une putain d’holopendule ! Je porte la grenade cryo à la bouche, arrache d’un coup de dent la goupille, sans lâcher de ma seconde main mon fusil blaster calé contre mon épaule. Je serre le poing à m’en faire blanchir phalanges. La cuillère de la grenade presse contre ma paume gantée. Fin prêt à l’action. Comme avant chaque moment d’action, mon rythme cardiaque ralentit, mon cerveau switch en mode combat. Plus aucune pensée ne fuse. J’suis une bête, une machine de guerre…
 
Matt’ s’active avec une célérité due à des milliers d’heures d’entrainement. Il allume la torche, règle la puissance. Une flammèche bleutée, moins de dix centimètres, s’échappe de la buse rapidement chauffée à blanc. Accroupi, il découpe le premier gond. Le sifflement du plasma contre le métal me défrise les poils du cul autant qu’il m’excite. L’espace confiné du bunker se remplit d’une odeur azotée de métal fondu qui peine à couvrir celle des cadavres frais. Il se relève, découpe le gond du haut, bras tendu. Enfin, il marque une pause. Me regarde. Hochement de tête. Il découpe le troisième et dernier gond, celui à hauteur de son torse. Le sillon rougeoyant décrit un cercle imparfait. Profonde inspiration… Matt’ recule d’un pas, et balance un énorme coup de pied dans la porte d’acier. Le métal sonne comme un gong. Elle bascule en arrière…
 
Je balance la grenade en rugissant comme un dément. De toutes mes forces. Elle rebondit sur le plafond, roule dans le couloir. Face à moi, sur un trépied, au fond du boyau étroit, une gatling laser me pointe. Le type derrière presse sur les détentes. Mais je suis aussi rapide que lui. Nos tirs se croisent. La première salve me frôle le visage, mais immobile, imperturbable, j’arrose tout le couloir. Je sais que Jez’ assure mes arrières avec ses boucliers défensifs. La seconde suivante la grenade cryo explose. Matt’ arrose à son tour l’ennemi… Des cris retentissent, résonnent sur les parois humides. La gatling et son opérateur, transformés en statues de glace, se brisent en mille morceaux sous nos tirs nourris. C’est la débande chez les impériaux. Ceux qui n’ont pas été gelés sont fauchés par nos lasers mortels. Quelques survivants s’esquivent de nos lignes de mire, miraculeusement protégés par les corps déchiquetés, carbonisés, de leurs frères d’armes qui chutent lentement, comme si le temps lui-même venait de ralentir un grand coup.
 
« Go ! Go ! Go ! »
 
Sans cesser de tirer, je bondis en avant. L’air est irrespirable : chargé des gaz, d’odeur de chair cramée, enfumés par les flammèches qui dévorent les multiples cratères noircis dans la roche au fond du couloir. J’enjambe un corps, puis deux, trois, quatre. Le corridor oblique rapidement en un coude à quatre-vingt-dix degrés. Je me fige non loin, bloque ma respiration, tend les deux oreilles. Elles sifflent tant les échanges ont été violent dans cet espace clos. Et seulement lorsque j’ai la certitude que l’ennemi s’est replié, je pose un genou à terre, baisse mon arme. Le canon de mon arme est chauffé à blanc. L’indicateur du chargeur clignote en rouge.
 
« Matt’, couvre-moi. »
 
Je me plaque dos contre la paroi lisse de la galerie. J’arrache le chargeur vide, le balance, et le remplace en moins de trois secondes. Matt’ s’est avancé de deux pas supplémentaires. Avec prudence il passe la tête dans l’angle…
 
« Ras boss. Escalier à dix mètres. La voie est libre. »
 
Je passe la tête à mon tour. Le boyau est vide, vierge de tout combat. Il s’achète sur un escalier abrupt. Plaques de métal à damier, gris dégueulasse, piqué par la rouille aux soudures. Mais ce qui m’attire direct l’œil, c’est pas sa conception. Il est baigné dans un halo de lumière naturelle. Il débouche très certainement sur un niveau supérieur de tranchées à ciel ouvert. Y’a plus un bruit, quedal. Les impériaux se sont tirés pour se barricader plus loin.
 
Rapide coup d’œil sur Matt’. Le bras gauche de son armure a pris un tir, mais il le blindage est encore intact. Moi, c’est au niveau des jambes et de l’abdomen que j’ai morflé. Les plaques sont dans un sale état. Encore un tir dans cette zone, et ça sentira le Korgan grillé. Raison de plus pour aller jusqu’au bout.
 
« Ok, on avance. »
 
Tous les sens en éveil, œil sur le viseur, je ne quitte des yeux les dernières marches visibles. Impossible de voir d’ici ce qui nous attend sur le palier supérieur. Mais la lumière est notre alliée. Elle projette des ombres fantomatiques sur les parois rocheuses. Y’a du moment là-haut, c’est clair. Ils nous attendent de pied ferme. Cet escalier pourrait être notre tombeau.
 
« J’y vais le premier, tu les arroses. »
 
Simple et efficace. Lorsqu’un mec canarde votre position comme un débile, votre premier réflexe c’est de rentrer la tête dans les épaules et d'attendre que ça passe. Je me place à gauche, lui à droite. Il pivote, genou à terre, vise un bon mètre au-dessus de la dernière marche et balance la sauce. Son doigt s’écrase sur la détente et ne la quitte plus. Le vacarme est assourdissant. Je m’élance… Mais me fige aussitôt. L’ombre d'une main s’invite dans mon champ de vision. Elle laisse échapper un truc cylindrique, qui rebondit et roule dans notre direction… Je beugle :
 
« GRENADE ! »
 
A cet instant, j’peux pas vous dire ce qui se passe dans ma tête. Rien en fait. Ni pensée, ni idée. Seulement de l’instinct tout ce qu’il y a de plus brut. Alors que Matt’ cesse le feu, se jette en arrière, au sol, je bondis en avant… Et d’un putain de coup de pied magistral, digne des plus grands champions de Hutt-ball, je réexpédie la charge explosif à l’envoyeur.
 
BOOOM.
 
Le souffle m’arrache du sol. Ma gueule claque contre le garde-corps, le reste de mon corps s’écrase sur les marches aussi froides que la mort elle-même. Des éclats de roche me lacèrent tout ce qui dépasse de l’armure. La déflagration chasse l’air de mes poumons. Je suffoque. Tête qui tourne. Nausée. Mais, dans ces moments où le corps devrait lâcher, y’a comme une énergie du désespoir, dopée à l’adrénaline qui prend le relais. Ma grosse paluche se referme sur le garde-corps, je me redresse d’une traction, le canon du fusil déjà braqué vers le palier supérieur. Des gravats grossiers recouvrent les dernières marches. Plus rien ne bouge, à part quelques morceaux qui chutent encore et roulent jusqu’à mes pieds. Rapide coup d’œil par-dessus mon épaule. Matt’ se relève, me fait signe qu’il est OK. Je reprends la progression.
 
Les rayons du soleil me lèchent le visage… Et une brise fraîche sèche rapidement la sueur souillée de poussières sur mes joues. Je pose sur le pied sur la dernière marche, et, ventre contre terre, je pénètre la tranchée à ciel ouvert. Seuls des morceaux sanguinolents m’accueillent. Les restes d’une main, d’une jambe. Un crâne éventré dont les fluides cérébraux dégueulent des orbites explosées et des tympans percés. La routine quoi... Quand je vous parlais d'art moderne...
 
« Ça les a calmés on dirait… »
 
Ma voix est roque, sèche. Putain qu’est-ce que je ne donnerais pas pour une bonne gorgée d’eau. Je tends le cou. La tranchée fait trois bons mètres de large. Creusée sur un mètre quatre-vingt dix. Du perma-béton a été coulé partout pour la renforcer. Le sol tremble. Gronde. Les obus sifflent dans le ciel, par dizaines. Non loin, les premières détonations retentissent. Le vent frais porte à mes narines relents de fumée et odeur printanière de terre humide retournée. La pilonnage de la plateforme mobile vient de commencer… Ce qui explique peut-être que les impériaux se soient repliés aussi rapidement.
 
Impossible de voir l’autre bout de la tranchée. Elle a été percée en zig-zag pour tromper l’artillerie ennemi. A intervalles régulières, tous les cinq ou six mètres, des marche-pieds offrent des positions privilégiés aux tireurs embusqués. Plus loin, je distingue le dôme enterré d’un autre bunker. Matt’ remonte à mon niveau. Je me relève, avec prudence, et jette un coup d’œil par-dessus le parapet bétonné. La plateforme quadripode est à trois cents mètres environ, en direction du soleil. Elle nous tourne presque le dos, file avec une lenteur digne d’un holofilm d’horreur vers la position des mortiers Républicains survivants. Les obus pleuvent autour d’elle. Chaque explosion soulève des gerbes de terre noire à plusieurs dizaines de mètres. De temps en temps, l’un des projectiles s’écrase sur le bouclier d’énergie invisible qui protège la plateforme. Là où se dresse toujours ce que nous avions pris pour une base d’écoute bardée de paraboles.
 
Je grimace. Putain c’est du gaspillage. Certes, les projectiles physiques ont plus de change de percer le rideau d'énergie pure que les décharges de plasma… Mais ils vont tomber en rade de munition bien avant d’avoir surchargé les boucliers déflecteurs. A croire qu’ils ne comptent que sur la chance : celle de frapper par le plus heureux des hasards l’une des quatre jambes massives. Il suffirait d’en détruire une seule pour que tout se casse la gueule.
 
J’m'apprête à l'ouvrir pour balancer d’autres ordres, lorsque je suis soudain interrompu par le grésillement strident du comlink de mon armure de combat. Fréquence courte portée. C’est Jett’
 
« Y’a du monde en approche ! »
 
Raah.
 
« Matt’, reste-ici, je… »
 
Mais je suis coupé par une autre transmission. Courte portée aussi. Mais pas Typhon. Direct je reconnais la voix du Sergent Cyborg ! Putain il est en vie… Et tout proche, vu qu’il utilise les fréquences courte portées !
 
« Ma conception du morse, c’est que c’est une foutue bestiole apparentée aux Hutt mais avec des crocs aussi gros que votre culot ! Putain, vous êtes où ?! C’est quoi tout ce bordel ?! Qui donne les ordres ?! Et allez vous faire foutre, sauf votre respect Sergent… »
 
Ça sort tout seul. Ouais. Fallait que ça sorte. Mais au fond j’ai jamais été aussi content de l’entendre. Ceux qui approchent sont des amis… Même si j’y pige rien sur l’instant. Ne vient-on pas de recevoir, y’a moins d'une dizaine de minutes, l’ordre de rester sur place faute de renforts ou d'exfiltration ?! Mais pas le temps de chercher des réponses. La cadence de tir de l’artillerie augmente encore. Je pige rien à la réponse. Et avec la frénésie pyrotechnique, les tirs se font de moins en moins précis. Un obus explose à moins de trente mètres. La gerbe de terre soulevée dans les airs manque de nous ensevelir, Matt' et moi. J'en recrache une pleine gorgée. Haut-le coeur. Je plonge ma main gantée dans ma gueule ouverte, et ressorts un ver de terre plat de plus de trente centimètres ! Ca, c'est dégueulasse ! Manquerait plus qu'il soit venimeux bordel.
 
En bas de l’escalier, j’entends soudain le grondement des plafonds qui cèdent lentement sous leur propre poids, fracturés par les secousses causées par les déflagrations…

« Sortez vite de là ! Un autre tir comme ça et tout va s’effondrer sur vos tronches ! »
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