Lyrae O'Sil
Lyrae O'Sil
Messages : 560
Eclats Kyber : 0
Blanc comme le silence

Au bout du tunnel,
l’obscurité…

Un infini blanc. La neige, partout qui l’enveloppe, le crissement de ses pas, une brume blanche épaisse.
Puis le noir. Intense. Un flot sombre et tambourinant. Le vertige. La douleur, intense.
Puis de nouveau, la neige. Le flot lumineux.



Lyrae se releva, tremblant. L’humidité infiltrait sa combinaison par tous les interstices, et sa tête menaçait de l’ensevelir dans l’obscurité et la douleur à intervalles réguliers. Mais il ne fallait pas s’arrêter. Il fallait poursuivre, marcher.

Lorrd City ne devait plus se trouver très loin. Encore quelques mètres. Kilomètres ? Il commençait à se demander si le choix qu’il avait fait n’était pas le plus idiot. Après avoir remué Noyau et Espace sauvage pour obtenir ce fichu implant, voilà qu’il menaçait toute son opération en fuyant le vaisseau qui l’avait amené ici. Et s’il mourrait de froid dans la montagne sans arriver à destination ? Il aurait l’air fin… Mais il ne voulait pas emmener Lune et Jesaëlle dans son périple. Une seule vie prise par l’Empire pour son irresponsabilité, cela suffirait amplement.
Il avait fait le bon choix, ne cessait-il de se répéter tandis qu’il mettait un pied devant lui, inlassablement.

Parfois, lorsque le blizzard s’éclaircissait, il apercevait au loin la découpe de montagnes acérées, menaçantes, et des crevasses s’ouvrir comme des gueules béantes dans le récif. Le territoire de Lorrd était si hostile, et c’était là qu’il avait abandonné Kolin… Lyrae reçut un flocon dans l’œil et pesta à voix haute, rebaissant la tête pour protéger son visage. La capuche de sa bure ne cessait de s’envoler à cause des rafales de vent qui amassait de la neige dans ses cheveux et sur tout son corps. Il sentait le froid mordant à travers ses bottes et ses gants. Resserrer autour de lui sa bure de Jedi ne le protégeait guère. La Force l’aidait un peu à se concentrer, à garder son corps opérationnel dans ces conditions extrêmes.

Quand enfin des formes nouvelles apparurent devant lui, deux kilomètres en contrebas. Il crut d’abord à de nouveaux rochers qu’il devrait contourner. Mais les rochers étaient bien trop cubiques – l’entrée de la ville ?
Lyrae s’autorisa une brève pause. Il chancela en mettant sa main en visière pour mieux voir – peine perdue. Il n’y avait rien au-delà du bloc. Ce n’était pas Lorrd City ; pas encore. Cela ressemblait plus à un bunker. Base militaire impériale ou base secrète de résistants lorrdiens ? Il y avait eu des soulèvements dans le coin quelques semaines plus tôt, et il n’était pas à l’abri de tomber sur une bande de résistants ou de pirates. Pour une fois, il cherchait justement les impériaux. Et ensuite…
Ensuite, il aviserait.

Lorsque le Jedi se remit en marche, il lui semblait que toutes ses articulations étaient rouillées. Il avait prévu de mobiliser un voile de Force pour s’approcher des fortifications sans se faire repérer, mais il abandonna totalement l’idée : il était à bout de forces. Il n’était pas capable d’utiliser ses capacités. Autant ne pas faire de provocation et arriver en se faisant repérer immédiatement. Enfin, si les impériaux ou les rebelles présents consentaient à ne pas l’abattre à vue…

Il lui fallut près de vingt minutes pour parvenir au bâtiment. C’était un gros bloc sombre et une porte de métal énorme, bien peu avenante. Il y avait des tourelles qui ne réagirent pas à son approche. Désactivées ? Il ne manquerait plus que l’endroit soit déserté, après tout ce chemin !
Un nuage de vapeur se formant devant son visage à intervalles réguliers, Lyrae s’approcha le plus près possible, jusqu’à se présenter devant la porte et asséner des coups contre celle-ci. Le métal résonna lourdement. Pendant quelques secondes, seul le vent sifflant lui répondit. Jusqu’à ce que…

- VOUS ETES EN TERRITOIRE IMPERIAL. VEUILLEZ QUITTER LES LIEUX, OU NOUS VOUS ABATTONS.

Le soulagement s’empara étrangement de Lyrae, il laissa son front reposer contre la porte de métal, avant de crier, avec ce qui lui restait de forces :

- Vous ne devez pas me laisser partir, je suis un prisonnier !

Bref silence.

- VEUILLEZ DECLINER VOTRE IDENTITE.
- Lyrae O’Sil, chevalier Jedi.

Le droïde à l’intercomm avait peut-être répondu, mais il ne l’entendit pas. La douleur écrasante l’avait de nouveau brusquement assailli et ses jambes se dérobèrent sous lui. L’obscurité, de nouveau. Il sentit quelque chose heurter son visage et son corps – à moins qu’il ne soit tombé ? Il ne savait plus. La douleur était si intense… Mais il se raccrochait à l’idée qu’il était arrivé à bon port.

- J’arrive, Kolin. Tiens bon, s’entendit-il dire avant de sombrer dans l’inconscience.



| | |



- DEBOUT LA-D’DANS !

Le cri et la claque qui l’accompagna firent à Lyrae l’effet d’un électrochoc. Immédiatement, la surprise laissa place à la souffrance. Il lui semblait que dans son crâne tambourinait une créature folle qui essayait de s’extraire par sa tempe ou son œil droit. Un rayon de lumière jaune-orange l’aidèrent à saisir l’image sur laquelle il ouvrait les yeux : deux types en uniforme lui faisait face. Un humain et un zabrak. Ce dernier, la peau d’un orangé aussi lumineux que l’ampoule au-dessus de lui, se penchait vers le chevalier avec des yeux étrécis et des lèvres retroussées.

- Ça y est, on se réveille ? Il serait temps… Reda, va chercher le Sith, dis-lui que notre invité est réveillé.

L’image apparaissait de plus en plus nettement. Au-delà des deux hommes, il y avait une porte blindée, et tout autour des murs de permabéton sordides comme les bas-fonds de Coru. Lyrae essaya de se redresser, pour se rendre compte que tout son corps était endolori par une position bien peu agréable : il était attaché à un fauteuil de métal, mains sertis dans le dos par des bracelets électroniques. Ses pieds eux aussi étaient verrouillés, et sa tête lui semblait d’une lourdeur abominable. Il jeta un coup d’œil sur lui-même pour constater que sa bure lui avait été ôtée. Il avait bien fait de ne pas prendre son sabre, il lui aurait été retiré très rapidement lui aussi. Il n’avait pas pris de coups, cela dit. Il avait mal à ses orteils, mais il soupçonnait des engelures plutôt qu’une quelconque maltraitance.
Il cligna plusieurs fois des yeux.

- Où… Où on est ?
- Avant-poste de Lorrd City. T’as pas besoin de savoir lequel.
- Très bien.
- Si ça te fait plaisir…

Le militaire haussa les épaules. Soudain, il y eut du bruit derrière lui – la porte grinça pour laisser réapparaître l’humain qui avait disparu quelques minutes. Puis une autre silhouette entra, et le zabrak se mit au garde-à-vous. L'ombre était imposante.

- Seigneur Khorog, voici le prisonnier que nous avons trouvé ce matin devant la porte. Il est venu tout seul, déclarant qu’il était un… Un chevalier Jedi. Mais il n’avait rien d’autre sur lui qu’une bure, alors…

Encore à demi dans les vapes, Lyrae sourit.

Il y était arrivé. Il était un prisonnier impérial.
[Seuls les administrateurs ont le droit de voir ce lien]
Darth Khorog
Darth Khorog
Messages : 546
Eclats Kyber : 0

La navette filait en silence. Elle parcourait rapidement cette étendu glacé. Lorrd était une planète singulière. Bien peu de chose ici avait de la valeur à ses yeux. La population, les quelques rares villes. Ce froid perpétuel. Paradoxalement des mondes glacés en existaient plein. Surtout dans l’Espace Sith.
Pourquoi était il ici ? Pour quelques rebelles. Des parasites, toujours les mêmes. Alors que les conflits internes prenaient de l’ampleur suite à l’ascension de la jeune Ysanne sur le trône impérial, Darth Khorog lui continuait son œuvre.
Le confins de l’Espace Sith. Quel rebelle ? Ou quel Pirate, pouvait bien vouloir venir jusqu’ici ? Lorrd était sous occupation impériale. Et il n’y avait pourtant rien ici. Ou si peu de chose.

La navette filait, droit vers sa destination. Un simple prison. Un simple avant poste. On l’avait prévenu, alors qu’il allait repartir après avoir exécuté lui même un pirate qui causait du grabuge, un Jedi s’était livré de lui même à un avant poste. Quelle ironie. Mais surtout, pourquoi ?
C’était le rôle de l’Inquisition que de s’occuper de ce genre de cas. Des Jedi qui tentent d’infiltrer les rangs des Siths ou les rouages de la société impériale, il y en à la pelle chaque année. Mais là ? Si il était parvenu jusqu'ici … pourquoi se livrer à ses ennemis. Comptait il obtenir des information sur Lorrd ? La république compte elle prendre d’assaut cette planète ? Quelle étrange méthode alors que se faire prisonnier.

Non, c’était autre chose sans doute. Le Sith leva la tête. Le vent froid, chargé de neige, semblait vouloir ralentir la navette. La perdre. Lui faire oublier sa destination. Le blizzard de Lorrd était célèbre ici. Rare étaient ceux capables de lui survivre. C’était agréable. Le draethos aimait les mondes hostiles. Ils ne laissent pas place à l’oisiveté. Seulement à la volonté de faire mieux, de survivre alors que tout est contre soi. En observant l’horizon depuis cette haute altitude. Les montagnes glacés, soufflé par le vent et les intempéries ressemblait à une lame ébréché. Un instrument de supplice oublié par quelque maître négligeant. Une beauté poétique s'il en est.

La navette perdit progressivement de l’altitude. Il traversèrent les nuages pour se retrouver au milieux d’un grand plateau surélevé. Là, au pied d’un mont déchiqueté, à moitié ensevelie sous la neige, se trouvait l’un des très nombreux avant postes autour de Lorrd City. Un endroit bien sombre. Autrefois un laboratoire militaire, l’endroit avait été utilisé pour faire des recherches sur les armes bactériologique. Mais les récents soulèvements de la population de Lorrd les ont obligés de reconvertir le lieu en poste de sécurité régionale et bien sûr, de prison pour certains spécimens particulier.

Un plateforme, à moitié mangé par la neige, se présenta à la navette qui s’y posa en toute douceur. Le pilote garda les moteurs allumés, tandis que les soldats à bords descendirent. Dans un nuage blanc, mélange de la neige et la condensation du vaisseau, le Haut Inquisiteur fut frappé en plein visage par le climat de Lorrd. Un défi ? Une insulte. Le draethos, comme toujours, fendit l’air et se dirigea vers la porte lourdement sécurisé. Un sergent y était présent. Il ordonna quelque chose à un soldat à ses côté qui fila en courant dans la base. L’officier se retourna vers Darth Khorog, se mit au garde à vous sur le passage du Sith, puis il lui emboîta le pas.

- Mon seigneur, le prisonnier est dans sa cellule. Nous l’avons dépouillé de toutes ses affaires, sur vos instructions. Il est … nu et attaché. Il a subit de grav….

Darth Khorog leva la main pour l’arrêter. Il ne se souciait pas de l’état du prisonnier. Il était tout à fait capable de s’en rendre compte lui même.

- Menez moi à ses affaires.

- Tout de suite seigneur Inquisiteur.

Le sergent pressa le pas pour prendre la tête et mena le seigneur Khorog dans les tréfonds de la base impériale. Cet endroit était pitoyable. Un mauvais entretien, si du moins il y en avait … Des droïdes rouillés, quand ils n’étaient pas désactivés. Les soldats n’étaient pas à leurs postes et comble du déshonneur, l’officier supérieur de la base ne s’était pas présenté à lui.

- Où est votre l’officier Commandant de cette base ?

Le sergent failli trébuché sur un câble qui traînait au sol et bafouilla :

- Le .. heu l’officier Commandant ? Ahem … et bien c’est que … heu, il n’est plus vraiment l’officier mon seigneur. En fait, c’est moi qui commande ici.

Silence du côté du Sith.

- Le Capitaine Ryiil s’est révélé être ... et bien inapte à accomplir son travail.

Inapte. Il détestait ce mot.

- Je vois.

Le sergent soupira de soulagement en arrivant devant une grille rouillé. Derrière il y avait des tas de caisses militaires.

- C’est ici mon seigneur.

Il ouvrit la grille et conduisit le Sith devant une petite caisse tout au fond. À l’intérieur il n’y avait pas grand-chose. Des vêtements de Jedi. Une ceinture utilitaire avec tout le panel habituel du chevalier mais sans le sabre laser. Étrange. D’ordinaire les Jedi ne se sépare jamais de cette arme là. Il continua de fouiller les affaires du prisonnier. Puis les laissa dans la caisse. Se retournant vers le sergent il lui ordonna de l’amener au jedi.

- Quel est le nom du prisonnier ? Est ce qu’il a dit quelque chose à ce sujet ?

- Il prétend se nommer Lyrae O’Sil. Et s’est présenté comme étant un chevalier Jedi. Il a supplié qu'on le fasse prisonnier.

Visiblement la base était plutôt souterraine, sur plusieurs niveaux. Ils prirent un ascenseur pour descendre sur au moins trois niveaux. Enfin, les grilles s’ouvrirent sur un très long couloir. Le sol, autre fois noir, était désormais presque noir. De chaque côtés, à intervalle régulier, des portes, métalliques et lourdes. Cet étage était visiblement un lieu de détention. Il n’y avait que peu de bruit ici. Voire même strictement aucun.

- Vous avez des lieux propices à la torture ici ? Des salles d’enfermement monochrome, des laboratoires etc.

Le militaire sembla hésiter quelques seconde puis répondit d’une voix peu assuré.

- Oui nous avons cela. Souhaitez vous que je vous montre ?

- Oui.

Ils changèrent de direction et prirent un embranchement. Au bout d’une petite minute, le draethos entra dans une pièce large et haute de plafond. Entièrement blanche du sol au plafond. Les murs semblaient solides et la porte, blanche elle aussi et métallique.

Le Haut Inquisiteur était satisfait. Oui cet endroit ferait l’affaire. Soudain le soldat qui était à l’entrée fit irruption dans la pièce.

- Mon seigneur, sergent, le prisonnier est éveillé. Vous pouvez venir l’interroger quand vous le souhaiterez.

Le Sith hocha la tête.

- Alors menez moi à lui.

Le sergent lui fit traverser tout le corridor, qui assez long d’ailleurs, pour s’arrêter devant une porte qui affichait le numéro 731A. Derrière la porte il entendait des voix. Un soldat parlait avec le prisonnier. Visiblement ce dernier venait tout juste de se réveiller. Le soldat ouvrit la porte, entra et se mit au garde à vous. Lentement il entra dans la pièce.

- Seigneur Khorog, voici le prisonnier que nous avons trouvé ce matin devant la porte. Il est venu tout seul, déclarant qu’il était un… Un chevalier Jedi. Mais il n’avait rien d’autre sur lui qu’une bure, alors…

- Je sais. Vous pouvez partir.

Les soldats et le sergent sortirent de la pièce rapidement, comme s'ils avaient peur d’y remplacer le jedi.

Enfin ils étaient seul. Le Draethos resta immobile. Il balaya la pièce du regard. Comme le reste de l’avant poste. L’endroit n’était pas de première fraîcheur. L’entretien des lieux ne semblait pas une priorité dans le budget impérial.

Les murs de permabéton étaient sale. Des odeurs d’urines, d'excréments empuentissait les lieux. Au plafond pendait quelques misérables ampoules en guise d’éclairage. Le sol n’était pas très engageant. Dans la pièce il y avait une paillasse souillé, un pot rouillé. Des chaînes pendaient du plafond. Au centre il y avait une imposante chaise métallique. Un homme y était assis. Ses pieds était verrouillé à la chaise. Les mains lié dans le dos, menotté a des bracelet électroniques.
Il était bien sur entièrement nu. Sans aucun respect pour sa pudeur. Il présentait des signes évidents d’engelures, des lésions dû à une exposition prolongé au froid de Lorrd.
Il s’approcha alors et palpa le corps du Jedi sous toute les coutures, sans le moindre respect pour sa pudeur ou sa virilité. Il finit par lui prendre le menton pour observer son visage. Le jedi n’était pas encore totalement éveillé.

Finalement le Sith recula. Les mains dans le dos, le sabre laser clairement affiché à la ceinture. Avec son visage et ses vêtements, le Haut Inquisiteur ressemblait à un monstre venu de quelque cauchemar sordide. Il faut dire aussi que les lieux n’arrangeait pas les choses. Dans les ombres de la cellule mal éclairé il attendit patiemment. Au bout d’une bonne demi heure, il s’adressa au détenu.

- Salutation. Je me présente, je suis le Haut Inquisiteur Darth Khorog. Vous en revanche vous êtes mon prisonnier. Cependant je m’interroge. Comment allez vous ? Vous semblez avoir affronté ce dangereux blizzard et je m’inquiète pour votre intégrité physique.

Darth Khorog fit un pause, souriant (dans la mesure du possible pour un draethos). Il allait prendre son temps avec le jedi. Le briser. Il était inutile de précipiter les choses.
Lyrae O'Sil
Lyrae O'Sil
Messages : 560
Eclats Kyber : 0

Le zabrak et les deux humains avaient détalé de sa cellule comme des rats effrayés par un prédateur. Il fallait dire, le Sith qui venait d’arriver n’avait pas l’allure d’un enfant de chœur. Lyrae sentit son pouls s’accélérer ; sa tempe droite, encore et toujours, était le théâtre d’un tambourinement douloureux. Même la lumière de l’ampoule lui agressait la rétine, comme s’il était pris d’une migraine intense, mais il n’était pas question de refermer les yeux : pas devant l’image sordide qui se présentait à lui : le visage de l’alien était pâle et monstrueux. Lyrae se tint coi, surpris de cette allure qu’il n’avait encore jamais rencontré chez aucune espèce. Ne pas mettre de nom sur une race n’était jamais bon signe : qui savait quel genre de créatures l’Empire élevait dans sa tanière ? Et l’empressement des impériaux à le laisser seul avec lui ne disait rien qui vaille. Le vague sourire du Jedi s’était évanoui depuis longtemps quand la créature se mit à le palper.

Lyrae sursauta, mais n’opposa aucune résistance : il aurait été fou de risquer d’énerver le Sith dont il sentait l’aura obscure enfler dans la pièce. En terrain impérial, il n’avais plus d’autre choix que de se soumettre, alors il fit taire son inconfort en serrant les mâchoires. Cette étrange expérience, toutefois, l’avait tiré de son état comateux : tout d’un coup, Lyrae prit conscience du décor qui l’entourait. Les chaînes, l’odeur d’urine, la porte blindée, la crasse sur le sol et les murs. Ça sentait mauvais ; au sens propre comme au figuré. Il réprima en vain un frisson, dont il ne savait s’il venait de la fraîcheur de la pièce sur son corps nu ou de la terreur qui s’insinuait pernicieusement en lui.

Quand le Sith parla, cependant, le ton n’était pas aussi dur qu’il s’y était attendu. Alors il déglutit, et tâcha d’articuler à son tour, mais sa bouche était pâteuse. Il avait l’impression de manquer de salive. Il dût déglutir de nouveau pour qu'un son sorte de sa gorge asséchée.

- ... J’suis entier, ça m’suffit, balbutia-t-il, mal à l’aise.

A l’exception de leurs voix, le silence était total. Lyrae se demandait s’il était le seul prisonnier ici. Si oui, alors ce Sith aurait beaucoup trop de temps à lui accorder. Si non, les autres prisonniers étaient silencieux, ce qui devrait le rassurer : ils n’étaient pas en train d’être torturés, malgré ce que suggérait le décor de la pièce. Le Jedi se demandait à quel point ces chaînes étaient faites pour impressionner les prisonniers… Ou bien si elles servaient vraiment. Mais l’odeur d’urine, elle, était bien réelle. D’ailleurs, il ne s’était pas encore pissé dessus, constata-t-il avec une certaine satisfaction, avant de réaliser que c’était parce qu’il était complètement déshydraté.

- Par contre, j’aurais bien besoin d’un peu d’eau, je crois.

Allons, c’était vital, l’eau. S’ils voulaient le garder en vie – et pourquoi tuerait-on un chevalier Jedi, c’était toujours utile, essayait-il de se persuader – ils seraient forcés de lui en donner au moins un peu. Il n’osait pas réclamer à manger, en revanche, il savait que ce serait une demande qui dépasserait quelque peu sa position, surtout si tôt après son arrivée. De toute façon, il n’avait pas faim. S’il avait eu quoique ce soit dans l’estomac, il l’aurait déjà dégobillé à la vue de la rangée de dents qu’affichait le Sith devant lui.
Lyrae déglutit de nouveau. Sa gorge brûlait à chaque bouffée d’air fraîche. Il avait véritablement froid ; désormais il en prenait conscience. Ses orteils et ses mains étaient douloureux, il parvenait à peine à les bouger. Il ne s’était pas vraiment réchauffé depuis qu’il avait été recueilli par les impériaux. Son regard se balada autour de lui, avant de se rendre compte qu’il n’y avait pas moyen de se soustraire au regard de la créature imposante devant lui. Encore une fois, il se demanda quelle était cette espèce… Mais aussi quel était le rang de ce Sith. Au moins un guerrier, à en juger par sa présence dans la Force. Il inspira doucement.

- Votre honneur, serait-il déplacé de m’enquérir de votre identité ?

Autant mettre des gants tant qu’il ne savait pas à qui il parlait, même si ce n’était pas dans ses habitudes. Il avait soif. S’il voulait boire, il ne fallait pas provoquer la créature… Et cela ne le tentait guère de toute façon.

Darth Khorog
Darth Khorog
Messages : 546
Eclats Kyber : 0

Dans le froid de la cellule, le seigneur Khorog se tenait droit, quoique un peu voûté. Il observait calmement son prisonnier. Il était en piteux état. Le climat hostile de cette planète ne l’avait pas épargné. Il allait devoir être soigné si Khorog voulait le torturer ensuite. Le draethos souffla, cette histoire risquait de prendre du temps. Mais peut être que cet humain en valait la peine ?

Il se concentra à nouveau vers son petit glaçon enchaîné. Tout en l’écoutant il passa derrière lui pour accéder à une étagère dans un coin obscur de la pièce. Là se trouvait, entre autre chose, une vieille couverture dont le Sith se saisit. Il s’approcha ensuite de l’humain qui continuait à parler. Doucement, il l’emmitoufla délicatement, presque avec tendresse, dans la couverture rêche et malodorante. La couverture n’apportait pas trop de chaleur, mais avec des engelures c’était la meilleure chose à faire.

Le misérable n’avait pas toute sa tête. Il ne semblait pas savoir où il se trouvait et il lui demandait son identité alors qu’il venait juste de le faire. Sans doute était ce le choc ? Le froid pouvait faire des ravages.

- Je vous l’ai dit, je suis le seigneur Sith Darth Khorog. Vous êtes ici parce que nous vous avons trouvé dans la neige. La tempête fait rage dehors. Vous avez de la chance que j’ai pu vous sauver la vie.

C’était faux bien sûr, mais qui irait lui dire la vérité ?

- Attendez moi là, je reviens.

Khorog sortit de la pièce et s’adressa au soldat qui montait la garde :

- Apportez moi de l’eau potable, quelque chose de chaud à manger, des serviettes chaudes, un gant de toilette. Il me faut aussi une large bassine d’eau chaude. Attention pas plus de 35° et très oxygéné ! C’est pour soigner les engelures du prisonnier. Faites cela rapidement et sans discussion. Que personne ne nous dérange.

Le soldat écarquilla les yeux, puis se mit à courir pour exécuter les ordres de son maître. Il leur fallu un peu de temps pour rassembler tout cela. Mais finalement quatre soldats surgirent du couloir apportant ce que le Sith avait demandé. D’un geste il les congédia, puis grâce à la Force, il plaça tous ces objets dans la cellule. Il souria au prisonnier qui l’observait, se saisit d’un récipient qui contenait l’eau potable et la porta aux lèvres de l’humain enchaîné. Il se saisit de la bassine et plongea tout doucement les pieds de l’humain dedans. Ensuite il plongea le gant de toilette dans l’eau chaude avant de dire d’un ton aimable, d’un air désolé :

- Je me dois de vous faire la toilette. Les soldats sont tous occupé avec cette tempête qui n’en fini pas de menacer notre petite base d’un glaciale destruction. Un peu d’eau chaude vous réchauffera peut être ? Je dois vous avouer que vous sentez également mauvais. Allons ne vous inquiétez pas, je serais rapide.

Le Sith retira la couverture, le corps du prisonnier s’était réchauffé. Les engelures étaient visibles, il devait sans doute avoir mal. Heureusement, le draethos avait mis des anti-douleurs dans l’eau potable, en espérant que cela calme le malheureux.
Khorog posa doucement et très délicatement le gant chaud sur la peau fragile du jedi, s’appliquant à nettoyer le malheureux de la sueur, du sang, de la fatigue. Il s’appliqua à détendre les muscles endoloris, les cuisses, les mollets, les pieds, les épaules, le dos, la nuque. Tout doucement, le corps du jedi se réchauffait.
Pour finir, le draethos se saisit des serviettes chaudes et les posa sur le jedi, l’une autour de son cou, deux autre sur ses cuisses et un autre enfin sur les parties génitales du Jedi. C’était un zone thermiquement sensible pour tous les mâles de la galaxie, quelque soit l’espèce. Darth Khorog emmitoufla encore une fois le prisonnier sous la couverture rêche. Il lui dit tout en se saisissant de l’assiette encore chaude de nourriture :

- Voilà c’est terminé. Vous comprenez que vu votre état de santé, je ne pouvais pas vous laissez vous nettoyer tout seul. Vous êtes trop faibles. De plus la République et l’Empire sont en guerre, je ne peux donc décemment pas vous libérer de vos menottes, j’en suis navré.

Khorog tendit une cuillère rempli d’une étrange bouilli.

- Tenez, manger cela, c’est chaud. Cela ne vaut surement pas la nourriture du Temple Jedi mais c’est ici la nourriture réglementaire des soldats.

Khorog ne le laissa pas répondre, il entreprit de le faire manger. Jusqu’à la dernière cuillère.
La température de la pièce s’était légèrement réchauffé. C’était sans aucun doute grâce à la présence des deux protagonistes qui s’activaient.
Toujours avec son air doux, Khorog demanda :

- Je vous ai donné mon nom, mais qu’en est il du vôtre ? Vous comprendrez que je suis très curieux de connaître l’identité de celui qui mort, ou presque devant notre porte.

Darth Khorog resta patient. Prendre soin du prisonnier était nécessaire. Il devait établir une première relation de confiance entre eux. Bien que le toilettage était quelque peu dégradant autant pour Khorog que pour son hôte.

- Comment vous sentez vous à présent ? Vos engelures doivent vous faire souffrir. J’ai essayer de remédier à cela mais je ne suis pas médecin hélas.

Le Sith s’agenouilla auprès de l’humain, posant un main sur son genoux.

- Si je peux faire quoi que ce soit pour vous aider à aller mieux n’hésitez pas. Dans la mesure du possible bien sûr. Tout comme vous, j’ai les mains liés.

Lyrae O'Sil
Lyrae O'Sil
Messages : 560
Eclats Kyber : 0

La couverture exhalait une odeur de moisi et d’humidité. Pourtant, Lyrae n’était pas mécontent qu’on lui mît enfin quelque chose sur le corps qui pût le réchauffer un peu, même si c’était un tissu en piteux état. Sa réjouissance pourtant ne dura pas.

Le chevalier Jedi fronça les sourcils. Un seigneur Sith. Il ne connaissait pas très bien les rouages impériaux, mais il en savait suffisamment pour ne pas ignorer qu’un Seigneur Sith était plutôt en haut de l’échelle qu’en bas. Et ils étaient rarement réputés pour leur clémence. En un éclair, Lyrae revit Darth Synia ravager le Temple alors qu’il n’était qu’un adolescent. C’était la seule fois où il avait vraiment été confronté à un seigneur Sith : ce n’était pas vraiment un Jedi de terrain. Mais il en gardait toutefois un souvenir cuisant. Malgré son apparence encore plus repoussante, toutefois, Darth Khorog ne se montrait pas cruel – pas pour le moment.

- M-merci, s’entendit-il dire balbutier d'une petite voix.

Ainsi il devait la vie à cette créature. Il était son obligé. Etait-ce pour cela que le Sith ne l’agressait pas ? Parce qu’il pensait avoir quelque chose à négocier avec lui ? Lyrae n’avait guère grand-chose à lui fournir pour rembourser sa dette. Mais il essaya de ne pas trop penser à ce qu’il allait advenir.
Darth Khorog sortait déjà pour donner des ordres, et demander à ce qu’on apportât à boire et à manger. Pour lui.
Cette situation était trop étrange. Tant qu’il s’était figé, yeux écarquillés, à regarder le Sith qui une nouvelle fois lui dévoilait sa mâchoire horrible. Lyrae ne savait pas s’il devait interpréter cela comme un sourire ou un avertissement. La créature était si hideuse qu’elle lui donnait l’impression d’être la proie d’un insecte qui préparait tranquillement son repas : on le réchauffe, on l’assaisonne… Et on le dévore. L’empressement avec lequel les soldats comblèrent ses requêtes le confortait dans cette impression : Darth Khorog savait se faire respecter ; ce n’était donc pas une anomalie impériale.

Néanmoins, Lyrae se mit à boire goulument dès que le Sith approcha le récipient de ses lèvres : sa soif était telle que sa gorge était douloureuse à chaque gorgée. Boire le revigora presque instantanément. Il dut reprendre son souffle après avoir bu aussi longuement. De l’eau dégoulinait encore sur son front lorsqu’il baissa des yeux ébahis vers le Seigneur qui baignait ses pieds.

Quelque chose cloche. T’es dans la merde, mon vieux.

Un Seigneur Sith ne devrait pas faire ça. Maintenant, il n’y avait plus une once de sommeil dans ses yeux écarquillés. Ses pieds se réchauffaient certes, lui faisant ressentir plus intensément la douleur de ses engelures, mais il n’y prêtait guère attention. Il était complètement absorbés par les gestes lents et appliqués de Darth Khorog qui lui réchauffait les membres un par un. Le linge humide posé sur ses épaules forçait son corps à se détendre. Peu à peu, son angoisse se dissipa légèrement. Après tout, il était peut-être considéré comme quelqu’un d’important… Lyrae envisagea un instant qu’on l’ait pris pour un Maître Jedi, un prisonnier de luxe qu’il convenait de soigner. Si c’était le cas, il s’appliquerait à jouer son rôle jusqu’à en savoir plus sur ce qui était arrivé à Kolin. Mais il ne se rendait pas compte que l’hypothèse était peu vraisemblable, car il divaguait légèrement : la détente obtenue par les linges chauds contribuait à envelopper l’esprit de Lyrae dans un cocon duveteux.

- Vous… vous n’êtes pas obligés de faire ça, se força-t-il à articuler pour sortir de son mutisme, et ne pas laisser croire le SIth qu’il était indifférent à ses efforts bien qu’il ne sût pas très bien pourquoi cela comptait pour lui. Je… Je peux sûrement me débrouiller.

Mais ses propos manquaient de conviction. Il voulait surtout meubler les silences entre eux qui accentuaient son malaise.

Docilement, tel un enfant bien élevé, Lyrae ouvrit la bouche pour avaler la cuillerée. Ce n’était pas très bon, mais pas infâme non plus. Brusquement son estomac parût se rappeler à lui : maintenant qu’il mâchait cette bouillie, tout son corps l’alertait qu’il n’avait pas mangé depuis plus d’un jour. Alors il avala goulûment et se hâta de consommer la suite, dans un silence seulement brisé par le bruit de la cuillère qui raclait le fond de l’assiette et sa propre mastication. Plus son estomac se remplissait, plus sa faim se faisait moins impérieuse… Et plus le malaise revenait peu à peu. Les linges humides refroidissaient doucement, dissipant la détente qu’ils lui avaient permis.

- Je… je vais très bien, merci.

Lyrae se sentait obligé d’être cordial. Bien que l’autre fût un Sith, il se sentait pris dans un contrat psychologique avec celui qui l’avait recueilli, lavé et nourri. Il lui devait bien, au moins, des remerciements et une certaine amabilité. Surtout s’il voulait des renseignements par la suite.

- Vous… Enfin. Je vais très bien, c’est douloureux mais ça passera, ce n’est pas très très grave. Je ne sais pas très bien… Je n’ai besoin de rien d’autre.

Son esprit s’embrouillait un peu. Il sentait qu’il avait là une occasion en or d’avancer dans ses projets, mais tout ce dont il était capable c’était de manger dans la main d’un Sith. Il essaya de se secouer les puces intérieurement. Sans grand succès.

- Merci pour votre sollicitude, ça va aller. Je suis… J’ai de la chance d’être tombé sur vous. Est-ce… Est-ce ainsi que vous traitez tous vos prisonniers, sur Lorrd ?

Lyrae avait levé des yeux qui brillaient légèrement. Fièvre ou autre chose ? L’espoir, en réalité. Si c’était ainsi que Kolin avait été traité, alors il avait une chance de le retrouver vivant et en bonne santé. C’était inespéré.

- Et… il y a beaucoup de prisonniers, ici ?

Cette fois son esprit était au galop. Si Kolin était ici, il suffisait d’essayer d’entrer en contact avec lui, puis de le ramener au Temple. S’enfuir, ce serait tout. Ce serait beau. Si beau, si confortable. Pour une fois qu’il ne ratait pas quelque chose…

Darth Khorog
Darth Khorog
Messages : 546
Eclats Kyber : 0

Le Sith s’amusa de l’air confus qui animait le visage très expressif du Jedi. Il ne s’attendait sûrement pas à ce qu’un Seigneur Sith prenne soin de lui ainsi. Il avait raison d’ailleurs de s’en étonner. Ce genre de chose n’arrivait jamais, ou presque. Khorog se releva et entreprit d’enlever les linges refroidis. Il s’empara d’un sèche et essuya le corps du prisonnier de toute l’humidité. Enfin, à la première couverture, s’ajoutait une seconde, plus épaisse et pour le coup moins odorante. L’eau de la bassine aussi refroidissait, Khorog sortit les pieds du prisonnier et s'employait à les sécher délicatement. Il poussa la bassine et entoura les pieds du linge sec afin de les garder au chaud.

- Je ne dirais pas que vous allez bien, mais plutôt que vous allez mieux, fit Khorog. J’ajouterais à cela que vous avez besoin de bien plus, mais en l’état je ne puis vous en offrir mieux.

Le Jedi avait l’air perdu. Pour l’instant du moins, il semblait être dans les vapes. Malheureusement cela risquait de ne pas durer très longtemps.

- Tout dépend des prisonniers. Ce ne sont pas des jedi, tous ne sont pas perdu au milieu d’une tempête déchaîné. Nous sommes dans un endroit très isolé ici. J’ignore, pour être tout à fait honnête comment vous avez fait pour arriver jusqu’ici, sans aucun véhicule. Cela relève de l’exploit. Comment avez vous fait cela ? Étiez vous seuls ? Si vous avez perdu des camarades il est peut être encore temps de les sauver. Ce sera difficile mais je peux envoyer des sondes si vous le désirez.

Khorog observa l’humain qui l’observait maintenant avec un certain intérêt dans les yeux. Il y avait un double sens dans sa question. Il lui demanda si il y avait d’autre prisonniers. Attendait il quelqu’un ? Il avait peut être rendez vous, mais avec qui ? Des rebelles ? Ces enfoirés étaient encore en activités ? Non, ce n’est pas possible … et pourtant, Khorog ne pouvait pas laisser cette piste à l’écart.

- Cet endroit a connu de nombreuses choses. Ici il y a eu de nombreux prisonniers, surtout pendant la guerre civile. Un épisode sombre et horrible. Tellement de prisonniers s’entassaient ici chaque jours. Aujourd’hui la plupart ont été soit transférer, soit exécuté. Ceux qui restent sont les plus dangereux. Ici perdu au milieu du froid et de la neige, ils ne risquent pas de faire du mal à qui que ce soit.

Khorog nota que l’humain ne lui avait toujours pas dit son nom. Était ce intentionnel ? Soit, il allait faire avec.

- Cette guerre a fait des ravages vous savez. Vous les jedi vous voyagez beaucoup, avez vous souvent assisté à des guerres civiles ? Moi oui, c’est le genre d’image qui marque l’esprit. Toutes ces choses, ces corps désarticulés.

Le Sith observa le visage du jedi, toujours aussi expressif, mais cette fois Khorog s’abstint de sourire, sa tête lui faisait peur, pour le plus grand bonheur du draethos qui s’était retenu de rire.

- Je suis désolé, vous n’avez sans doute jamais vu un spécimen comme moi de votre vie, mon faciès à tendance à faire fuir mes interlocuteur. S'il vous dérange je peux me dissimuler à votre vue …

Khorog prit volontairement un air contrit, comme si les états d’âmes d’un jedi lui importait en quoi que ce soit. Ridicule, cependant on ne sous-estime pas un chevalier de la république. Et puis ça fait partie du jeu aussi !

Le Sith fixa le sol du regard et dit d’un air lourd :

- Si vous êtes venu jusqu’ici à plusieurs il est toujours temps de me le dire vous savez. Il vaut mieux la détention que la mort. Et puis je ne vais pas vous faire de mal. Ce n’est pas mon genre. Khorog ne pu retenir un rire léger mais se rattrapa. Vous avez sans doute beaucoup de mal à me croire ! Un Seigneur Sith qui vous lave et vous nourri. C’est louche. Mais je ne suis pas le genre à porter la guerre à la République. Moi je protège les citoyens Impériaux, même si parfois c’est très difficile de les protéger d’eux même. Je me dis que les Jedi font exactement la même chose … Je n’ai jamais pu leur poser la question. Qu’en pensez vous ? Si vous avez quelque chose à dire n’hésitez pas, je ne vais pas vous faire de mal, c’est promis.

Khorog tendit encore une fois l’eau potable, au cas où il voudrait boire, puis la reposa à terre. Le Sith lui, assit en tailleur devant le prisonnier, faisait fi de toute convenance et de toute formalité. Il sortit de sa trousse un baume qu’il se réservait pour protéger sa peau des températures trop froide, une sorte de graisse. Il saisit délicatement le pied du jedi pour le poser sur son genoux.

- Permettez ? Fit-il gentiment.

Il étala alors un tout petit peu de son baume sur le pied gauche du jedi, le massant. Bien que le Sith ait des griffes acérés au bout de ses huit doigts, il savait y faire pour ne pas blesser autrui. Le pied était noueux, endoloris par les efforts, sans doute des journées de marche pénible. Le draethos dit d’un air moqueur :

- Votre pied me dit qu’il en a marre de voyager. Ne vous inquiétez pas je vais arranger cela. Personnellement je trouve injuste le fait de vous traiter comme cela. Mais les ordres sont les ordres. Même pour quelqu’un comme moi. Je sais ce que pense la république. Mais ici les Sith ne font pas tout ce qu’ils veulent. Enfin pas tous. Pas les Sith comme moi.

Le Seigneur Sith posa le pied dans le linge et se saisit de l’autre. Là aussi, il s'employait à masser le membre endoloris et douloureux, l’enduire de ce baume apaisant.

- Vous avez de beau pieds pour un humain vous savez ? Je connais un artiste à Dromund Kaas, un hurluberlu si vous voulez mon avis, qui adore sculpter des pieds. De toutes les espèces. Le votre lui plairait beaucoup … je pense.
Encore une fois, le draethos prit un air contrit. Je suis désolé, voilà que j’aborde un sujet aussi bizarre que vos pieds. C’est le manque de sommeil. Cette tempête est si intense qu’elle nous rend fous. Tout ce blanc, cette absence de couleur et ce froid. J’en viendrais presque à regretter Tatooine.

Lentement, le Haut Inquisiteur se leva, faisant craquer ses articulations. Il s’étira pour détendre ses muscles et se retint de bailler.

- Bon, il est temps pour moi de vous laisser. Je reviendrais vous voir, ne vous inquiétez pas. Avec moi, vous ne risquez rien.

Enfin, lentement, Khorog se retourna, sortit dans le couloir et ferma la porte. Le garde l’attendait là, curieux, intrigué. Plusieurs heures s’étaient écoulés. Darth Khorog cru qu’ils n’en finirait pas. Il prit le garde avec lui, l’écarta de la porte et lui dit à voix basse.

- Bien écoutez moi. Le prisonnier à l’intérieur est important. Ne lui parlez pas, sauf si c’est pour donner les instructions. Ne répondez pas à ses questions, ne faites rien sans mon ordre express mais ne lui dites rien à mon propos. Vous allez le transférer à la cellule monochrome, avant cela il faut qu’il change de vêtements. Il prendra des habits blancs, entièrement. Aucun objets autre que qu’un matelas blanc n’y est toléré. Aucune autre teinte que le blanc n’est autorisé. C’est clair ? Bien, vous allez attendre que je disparaisse avant d’exécuter ces ordres.

Le Seigneur Sith n’attendit pas, il eu à peine le temps de finir sa phrase qu’il était déjà partie. Il s’en fut presque en courant vers l’extérieur de la base. Là dans le froid et la glace il hurla aussi fort qu’il le put. Il évacua toute la frustration qui était la sienne d’avoir laver les pieds d’un jedi ! De l’avoir nourri ! De s’être montré aussi oisif ! Être aux petits soins avec un terroriste aussi puéril était écœurant.
Mais doucement, là dans la neige et le vent cinglant, le draethos inspira longuement afin de se calmer, puis se retourna vers la base. Il se dirigea vers les caméra de surveillance afin de pouvoir observer l’évolution de son petit manège. Une longue, très longue et douloureuse expérience attendait l’ami jedi désormais bien installé dans sa cellule de privation sensorielle.

- Que l'on m’apporte une boisson chaude !
Ordonna Khorog aux soldats. Il allait en avoir besoin.
Lyrae O'Sil
Lyrae O'Sil
Messages : 560
Eclats Kyber : 0

Plus les minutes s’égrenaient et plus Lyrae se sentait mal à l’aise. Il avait cru que la sollicitude du seigneur à son égard ne serait qu’une manière de nouer un contact, mais plus le temps passait, plus le chevalier s’éveillait de sa fatigue et moins ce qu’il était en train de vivre faisait sens. Pourtant, il ne pouvait pas protester contre les gestes du Sith qui étaient visiblement bien intentionnés. Quoique Lyrae eût aspiré à davantage d’intimité, il ne pouvait pas se plaindre d’être reçu ainsi du côté impérial.

A dire vrai, il n’avait que peu réfléchi à ce à quoi devrait ressembler son accueil par les Sith lorsqu’il était en train de préparer son escapade, quelques jours plus tôt. Jesaëlle et Lune avaient été persuadés qu’ils trouveraient un moyen de s’infiltrer et n’avaient pas prévu que Lyrae leur fausserait compagnie dès que possible, et ils n’avaient donc pas non plus envisagé ce qui allait se produire pour le chevalier. Et lui avait soigneusement évité d’y penser. Il était resté focalisé sur son objectif, à savoir retrouver Kolin vivant.

Aussi était-il suspendu aux lèvres de Darth Khorog. La mine de Lyrae s’éteignit lorsque le Seigneur lui expliqua qu’il n’y avait plus de Jedi prisonniers ici. La déception était telle qu’il resta quelques secondes hébété, yeux rivés vers le sol. Il n’avait tout de même pas fait ça pour rien, non. Il allait sûrement apprendre un beau jour où Kolin avait été transféré. Il finit par hausser les épaules.

- J’ai faussé compagnie à mes camarades, finit-il par expliquer d’une voix rauque, à quelques kilomètres d’ici. Nous avons atterri le temps que les radars cartographient correctement la zone, car le blizzard rendait tout le paysage invisible et Red… Notre pilote ne pouvait pas piloter à vue. Mais on captait assez clairement des balises de communication en direction nord-nord-est, alors j’ai pris cet axe à pied en pensant que c’étaient les balises de l’astroport de Lorrd.

Son histoire avait l’air idiote, il s’en rendait bien compte. Il ne pouvait pas vraiment expliquer pourquoi il avait abandonné ceux qui l’avaient accompagné ici. C’est-à-dire qu’il s’attendait à un Empire bien plus vindicatif et qu’il voulait leur épargner une telle rencontre. Maintenant qu’il était là, devant l’attentionné Darth Khorog, il avait l’étrange sensation d’avoir fait tout cela.
Mentalement, il s’interrogea sur la pertinence d’être parfaitement honnête avec le Seigneur Sith ou de mentir : d’un côté, s’il s’inventait une identité, il avait plus de chances d’obtenir ce qu’il souhaitait ; de l’autre, il y avait peu de chance pour qu’on ne découvre pas la supercherie rapidement : il était aussi facile de s’informer sur une identité à partir d’un nom grâce à l’holonet que d’attirer des gizka avec un pot de miel. Il soupira, relevant enfin les yeux vers le visage hideux, auquel il ne s’habituait pas.

- Je suis le chevalier Lyrae O’Sil. Responsable de l’atelier de réparation aérospatial du Temple d’Ondéron. Je vous aurai bien serré la main, mais je suis attaché.

Le Jedi grimaça un sourire et abandonna aussitôt l’exercice : ses lèvres gercées se déchiraient et le faisaient souffrir.

- Je n’ai jamais assisté à aucune guerre civile, déclara-t-il simplement, en se demandant si cette information ne jouait pas plutôt en sa défaveur : le Sith allait se rendre compte qu’il n’était pas qui que ce soit de vraiment important dans l’Ordre Jedi. Mais j’ai souvent été posté sur le terrain, au cœur de population qui ont vécu des situations aussi terribles. C’est toujours étonnant de constater la résilience des êtres conscients.

Ces mots sonnaient étrangement dans sa bouche ; il n’avait pas l’habitude de parler de choses aussi… Profondes. C’était un pragmatique, il ne s’attardait pas sur les états d’âme ni sur les généralités. Mais bon, se faire un allié d’un Seigneur Sith, ça n’était pas donné à tout prisonnier, il fallait en profiter.

- Hein ? Oh, non-non, du tout du tout… réagit-il vivement à la proposition de Darth Khorog de se dissimuler.

Décidément, ce type était vraiment pas clair. Lyrae commençait à se demander si ce n’était pas un piège, toute cette attention. Si d’un moment à l’autre, le Sith n’allait pas changer de face et essayer de l’étouffer avec la couverture même qu’il utilisait pour le réchauffer. Cette étrangeté le rendait nerveux, et il se surprit à secouer nerveusement les genoux.

- Ils… hésita Lyrae, tout en se rendant compte que d’un côté, il avait déjà donné la position approximative du vaisseau de ses amis au Seigneur Sith. Quel con ! Ils sont sûrement déjà partis à l’heure qu’il est. Je ne suis pas sûr qu’ils vont prendre le risque de me chercher longtemps ; pas si près d’avant-postes impériaux. Heu…

Qu’avait-il à dire sur la protection des populations contre elles-mêmes ? Fichtre, il était pas consulaire !

- Hé bien oui, ça m’étonne, parce que c’est pas vraiment ce qu’on raconte sur les Sith.

On raconte même que vous esclavagisez les populations, égrena Lyrae en pensée, tout en se gardant de l’énoncer à haute voix pour ne pas froisser son interlocuteur. De toute façon, on lui proposait de nouveau de boire, et il avala de nouveau de grandes gorgées d’eau. Puis le Sith s’assit devant lui pour entreprendre de lui masser le pied avec un baume qui réchauffait encore un peu ses orteils endoloris.
Cette fois, Lyrae était tendu à l’extrême. Il fixait son pied sans oser regarder ailleurs, éberlué par la situation. Déjà, le fait d’avoir été réchauffé, y compris sur les parties génitales, avait été très étrange. Mais maintenant… se faire masser les pieds par un Seigneur Sith ? Etait-ce cela, sombrer dans le côté obscur ? Il comprenait maintenant la facilité avec laquelle on pouvait prendre ce chemin !
En réalité, la panique le gagnait peu à peu. Il déglutit plusieurs fois en tâchant de se composer un masque de marbre, mais la fatigue ne l’aidait pas à le tenir.

- Vous n’êtes pas obligé de faire ça, répéta-t-il d’une voix blanche.

Que voulait ce Sith, au juste ? Qu’était-il ? Ce type était-il un genre de fétichiste ?

- Ah, ah bon ? Haha…

Le rire de Lyrae était nerveux, aussi peu naturel que son bras cybernétique. Ça devait être ça. Le Sith était fétichiste et il lui avait tapé dans l’œil. Mais mieux valait être ça que battu, non ?
Ce fut un réel soulagement lorsque Darth Khorog cessa enfin son massage, dont Lyrae n’avait pas réussi à profiter le moins du monde. Il déglutissait à répétition.

- Merci, merci pour tout, balbutia-t-il quand enfin le Seigneur sortit, laissant à Lyrae un mélange de soulagement et d’inquiétude en songeant au retour de celui-ci.

Lorsque la porte se referma, Lyrae se retrouva seul, dans un silence qui ne lui laissait plus entendre que sa respiration haletante. Pourquoi était-il essoufflé ? Visiblement, l’expérience du massage l’avait particulièrement bouleversé. Toute cette situation était inexplicable, mais il se répéta que la situation aurait pu être pire. Bien pire.

Quelques minutes plus tard, le zabrak et l’humain refirent leur apparition. Bizarrement, ils n’affichaient plus l’air cynique et goguenard qu’ils avaient eu avec lui au début. Avaient-ils reçu de nouveaux ordres ? Le chevalier tenta de les questionner sur ce qu’il allait advenir de lui et s’il allait voir d’autres prisonniers mais les deux individus ne lui répondirent que de façon extrêmement évasive. Ils n’avaient pas l’air de savoir eux-mêmes.
Bref, il fut détaché et on lui permit d’enfiler des vêtements propres et blancs. Lyrae apprécia beaucoup le geste et se dit qu’il faudrait remercier le Sith pour cela aussi lorsqu’il le reverrait, car cela était aussi certainement grâce à lui. Puis il fut conduit dans une nouvelle cellule, bien plus propre. Les sols, les murs, le plafond étaient blancs comme neige. Au fond de la pièce, bien centré, était disposé un matelas à même le sol. Sa nouvelle cellule… Il allait donc dormir ici quelques jours au moins, se dit Lyrae.

Derrière lui, la porte claqua et il se retrouva seul. Après un long soupir, il se laissa choir sur le matelas en marmonnant à lui-même qu’au moins il avait survécu, ce n’était pas si mal, même si son œil droit et ses orteils étaient douloureux.

Les heures passèrent. Lyrae tournait et se retournait sur le lit. Il se levait parfois, faisait le tour de la pièce, essayait de voir par un petit judas – mais il était disposé de sorte qu’on pût l’observer lui de l’extérieur et non le contraire, aussi était-ce inutile d’insister.

Alors les heures passèrent encore.

Au bout d’un moment, Lyrae, réalisa que les lumières ne seraient probablement pas éteintes pendant la nuit. Il n’avait aucune idée de l’heure qu’il était, mais cela faisait à coup sûr plus de huit heures. La faim commençait à le tenailler également sérieusement. Au bout d’un moment, il se décida à aller taper à la porte.

- OH LA ! Y’A QUELQU’UN ?

Seul le silence lui répondit. Il n’y avait même pas le son d’un mouvement au-delà de la porte.

- HE ! tenta-t-il encore. C’EST POSSIBLE D’AVOIR A MANGER ?!

Il s’immobilisa, debout devant la porte et raide comme un piquet, les oreilles à l’affût. Mais une nouvelle fois, rien ne lui parvint. Il soupira en se retournant et…

- Ha !

Il avait cru voir une ombre, une silhouette tapie dans un coin de la pièce. Mais celle-ci était claire comme un ciel nuageux, et il ne pouvait s’y tapir aucune ombre. Par réflexe, il fit appel à la Force pour sonder l’endroit, mais il n’y avait trace de rien ni personne. Il avait tout simplement rêvé. Il s’efforça d’oublier ce qui venait de se produire et retourna s’étendre sur le lit, pour y fermer les yeux. Le sommeil ne viendrait pas, pourtant. Pas avec cette lumière si blanche, c’était impossible.

Enfin, on lui apporta à manger. Une trappe s’ouvrit dans le bas de la porte, et un petit plateau y fut poussé. Le plateau ne contenait que des aliments fades : une bouillie translucide, une espèce de galette farineuse, mais Lyrae les mangea de bon cœur : il ne savait pas encore combien monotone ce repas lui paraîtrait lorsqu’il l’ingurgiterait pour la vingtième fois.

D’ailleurs, la délivrance de ces repas devint son seul indice temporel : la lumière ne s’éteignit pas. Plusieurs fois, il appela à la porte, demanda à ce qu’on éteignît les lumières pour qu’il pût dormir. Il n’eut jamais aucune réponse. Il tenta de prendre l’habitude de mettre son tshirt sur son visage, mais cela ne suffisait pas : la lumière traversait le tissu et ses paupières et empêchait son cerveau de se déconnecter.
Il tomba forcément de sommeil au bout d’un moment. Dès son premier réveil, il se trouva complètement désorienté : un plateau l’attendait au pied de la porte, il n’avait pas entendu qu’on l’avait poussé. Depuis son arrivée, il avait essayé de garder le compte de ses repas : puisque la lumière ne s’éteignait pas, il avait supposé qu’on lui apportait à manger toutes les quatre ou cinq heures ce qui aurait dû lui permettre de s’imposer un rythme pour dormir et se tenir éveillé. Mais avec ce premier sommeil, c’était comme si sa mémoire s’était effacée : combien de temps avait-il dormi ? combien de repas avait-il pris avant, huit, neuf, plus ? Il ne savait plus. Pire : il avait revu cette ombre. Il était sûr qu’elle était là.

Lyrae oublia complètement cette histoire de tracer le nombre d’heures passées dans sa cellule. Plutôt, il devint obsédé par cette ombre qui apparaissait ou disparaissait lorsqu’il n’était plus attentif. Il passait de longues à se parler à lui-même, à se dire de rester éveillé, à parler à Kolin en lui expliquant ce qu’il était en train de vivre. Parfois, il croyait voir l’ombre et se retournait brusquement, pour ne voir qu’un coin de pièce blanc comme neige.

- ARRETE DE TE CACHER ! se mit-il une fois à hurler. JE SAIS QUE TU M’ESPIONNES ! ARRETES CA TOUT DE SUITE OU MONTRE TOI !

Il attendit. Rien ne lui répondit. Il s’accroupit.

- Ok, excuse-moi. Je ne voulais pas m’énerver. Je suis fatigué, d’accord ? C’est tout. Viens, montre-toi.

Mais l’ombre ne répondit pas.

Les heures passèrent. Encore. Il aurait pu être là depuis six jours comme un mois, il n’en savait rien. Mais le désespoir commençait à le gagner. Parfois, il croyait voir des visages incrustés dans la pièce, et il tentait de leur parler. Plusieurs fois, il essaya de s’en prendre à la trappe par laquelle on lui donnait à manger. Une fois, rare évènement, il essaya d’attraper la main qui poussait le plateau, mais celle-ci se dégagea avec un grognement. Il avait cru avoir trouvé une porte de sortie, mais les fois suivantes, le plateau fut poussé à l’aide d’un morceau de métal lisse, et il ne pût plus l’attraper. Cela le plongea dans une profonde déception.
D’autres fois, plus rares, il avait des éclairs de lucidité : il réalisait que les visages n’existaient pas, que son esprit les inventait, et qu’il était en train de devenir fou. Alors il se mettait à pleurer, en tapant sur les murs ou roulé en boule sur son matelas. Au bout d’un moment, épuisé par ses propres pleurs, il s’endormait. Au réveil, il ne savait plus, de nouveau, ce qui était réel et ce qui ne l’était pas.

Un réveil fut plus difficile que les autres : il avait cru entendre des grattements. Lyrae se mit à écouter au mur. Parfois les grattements reparaissaient et il était tout excité, en se disant qu’un prisonnier était sûrement dans une cellule de l’autre côté. Alors il avait commencé à gratter les murs lui aussi. Comme il n’avait rien pour se faire, il grattait avec ses ongles.

Il gratta tant qu’il se les lima, et bientôt le bout de ses doigts se mirent à saigner à force d’heures passées à les frotter frénétiquement contre un mur. Mais il avait de l’espoir : des grattements répondaient en retour. C’était sûr, il mettait en place un système de communication. Il était si heureux.

Darth Khorog
Darth Khorog
Messages : 546
Eclats Kyber : 0


Il était bien tranquillement assis sur sa chaise. Le Seigneur Khorog observait, tel un serpent, le pauvre jedi enfermé avec sa solitude incolore. La, dans la petite pièce blanche, le pauvre Lyrae O’Sil marchait dans la pauvreté de sa situation. Les yeux grand ouvert, cherchant désespérément une couleur, quelque chose de différent, pour y accrocher son regard. Le Sith prenait beaucoup de plaisir à voir ce pathétique jedi perdu dans sa détresse. Sa souffrance, sa peur, transpirait jusqu’à lui, pourtant à l’autre bout du complexe impérial.
Khorog chercha sur le terminal le contenu de son entretien, qui avait bien évidement été filmé, tout comme l’était actuellement Lyrae, via une caméra dissimulé dans sa cellule. La petite entrevu que le draethos avait eu avec le prisonnier avait été plutôt riche. Le jedi était plus fragile que Khorog ne l’avait imaginé. Les jedi avait pour réputation d’être beaucoup plus résistant, et pourtant, celui ci ne l’était pas. Était-ce un échec aux yeux de son Ordre ? Sans doute, mais pour l’heure Khorog s’en moquait. Il avait d’autre idée en tête que la résistance du misérable.

Alors qu’il continuait de consulter les images du prisonnier, un soldat s’approcha du Seigneur Sith, s’inclina puis annonça :

- Seigneur Khorog, l’équipe que vous avez demandé est arrivé. Avec le matériel spécifié.

Enfin ils étaient là. Ces spécialistes de l’Inquisition que Khorog avait fait venir. Ils faisaient parti des équipes spécialistes des tortures, sélectionné spécialement par Khorog parmi leurs antécédents. Soldats, scientifiques, médecins et techniciens de la « manipulation corporelle ». Un joli mot pour dire « torture ».

- Parfait ! Je vous accompagne.

Khorog se leva, et se dirigea vers les impériaux qui venaient d’entrer dans la base, tapant des pieds pour chasser la neige de leurs semelles. Le Sith s’approcha d’eux, quand ils le virent, ils s’inclinèrent sur le champs, puis se redressèrent sur ordre du Sith.

- Bien, vous allez vous installer. Nous avons un jedi ici, je lui ai concocté un programme spécial. Vous allez installer les dispositifs pour une nouvelle salle, jouer la comédie, prendre soin de notre ami jedi.

Le draethos se retourna vers le soldat en poste derrière lui.

- Montrez donc leurs quartiers aux nouveaux venu soldat. Exécution !

Il fallu un bonne heure pour que les spécialistes finissent de s’installer, puis une bonne semaine pour qu’ils réalise ce que Khorog leur demanda. Une nouvelle salle blanche, bien plus sûre que celle présente dans la base. Trop dangereuse et pas très pratique. Via la surveillance vidéo, le Sith pouvait voir le jedi entendre des voix et gratter au mur. Il s’abîmait les doigts, salissait la parois et apportait de la couleur dans cette pièce. Il était plus fragile que prévu. Soit, il allait devoir passer plus rapidement que prévu à la phase suivante.

En parallèle de l’aménagement de la nouvelle salle blanche, se constituait son opposé, la salle de Torture. Une pièce conçu pour une torture psychologique mais différente. Lorsqu’elle fut fini, Khorog passa à la deuxième phase.
Il sélectionna deux des soldats inquisitoriaux qu’il avait convoqué. Ils avaient été instruit pour agir comme des soldats de la république. Ils disposaient des uniformes et armes identiques à celles dont l’armée républicaine faisait usage. Ces faux républicains étaient plus vrai que nature.
Dans le même temps, Khorog avait fait installé des éléments décoratifs typiquement jedi et républicains dans les couloirs entre la salle blanche ou résidait Lyrae, et la salle de torture nouvellement construite, elle même entièrement aménagé selon les modes décoratifs de la haute société républicaine de Coruscant et jedi d’Ondéron.
Ce n’était pas tout. Les couloirs avaient subit quelques modifications, en surface. Des parois habilement dissimulé dans les murs pouvaient être tirés pour obstrué les couloirs, ou en dévoiler d’autre, afin de perturber le détenu.

De temps à autre, Khorog s’était déplacé pour voir Lyrae directement, depuis l’ouverture dans la porte. Ce dernier tentait alors de voir qui l’épiait, mais Khorog esquivait habillement ses vaines tentatives. Cette fois-ci, il ne vint pas le voir. Après avoir fait consommer une drogue très spéciale à Lyrae, une racine qui paralyse le corps et mais suscite une grande sensibilités pour le système nerveux du corps humain, les deux soldats républicains firent irruption dans la salle. Conformément aux ordres du Seigneur Sith, les faux républicains ne prononcèrent pas un seul mot. Et ne répondirent pas aux manifestation du prisonnier. Ce dernier en revanche, se fit passer à tabac. Les soldats firent pleuvoir des coups sur le pauvre Lyrae, déjà quelque peu diminué par ses deux semaines passé dans le blanc absolu. Il n’allèrent pas jusqu’à le tuer ou l’assommer. Il fallait qu’il ait les yeux ouvert. Les soldats se saisirent de Lyrae, le traînant hors de la salle blanche pour se diriger vers la salle de Torture. Bien entendu, comme explicité plus haut, les couloirs étaient entièrement décoré façon république. Aucun signe de la présence de l’Empire ou des Sith n’était là. Il n’y avait que les deux soldats et le Jedi diminué. La conception des couloirs, leurs agencements était différents, à cause des parois, les faux murs qui modifiait en apparence la conception de la base, afin de ne pas la reconnaître.

Là, dans cette salle dont l’ambiance aurait pu être apaisante pour le prisonnier dans un premier temps, le pauvre misérable entama sa première série de torture. Les faux républicains employèrent des moyens plutôt doux dans un premier temps. L’eau. Froide et glacé, une serviette sur le visage puis des litres et des litres d’eau froide qui étaient déversés sur le visage langé du Jedi. Dans cet exercice, le torturé avait la sensation de se noyer. Pendant toute une journée, Lyrae subit cette horreur. Puis ce fut le tour de l’électricité. Assis sur une chaise métallique, des câbles électriques branchés de partout puis des volts étaient envoyé dans le corps fatigué du Jedi. Sur sa tête, un casque envoyait dans ses oreille un son désagréable, très fort, mais sans abîmer la capacité auditive du détenu. Dans les quelques rares moments de paix, entre deux cris, les soldats hurlait à Lyrae qu’il était un lâche, un boulet, un inutile. Les Jedi l’avait abandonné, Saï Don avait même placé une prime sur sa tête. On passait devant ses yeux des holo vidéo montrant des jedi bien connu torturer d’autre jedi, des civils ou des amis de Lyrae. Ces hologrames étaient faux bien sûr, mais le détenu n’avait pas les idées assez claire pour le distinguer clairement. Les faux soldats eux s’assurait qu’il reste dans la torpeur de la douleur sensitive. Electricité, noyade, son à faire grincer des dents. Insultes, humiliations, passage à tabac, holovidéo et ça recommençait. Encore et encore et encore.

Un jour, deux jours, trois jours. Une semaine entière passé dans cet environnement républicain. Torturé par des Soldats de la République. La drogue qui était quotidiennement absorbé par Lyrae garantissait aux soldats la non-utilisation de la Force de la part du Jedi. Il était tellement inoffensif.

Pendant toute cette semaine, la base résonnait des hurlements de Lyrae. Une douce musique aux oreilles du Draethos qui souriait comme un enfant. Assit dans son siège, il observait les tortures, la détresse du Jedi était une drogue pour le Sith. Cependant il ne resta pas là à bailler aux corneilles. La nouvelle salle blanche était prête. La semaine fini, les faux soldats mirent fin à la torture du Jedi, puis le traînèrent à nouveau vers sa nouvelle salle. On lui fit enfiler une camisole de force, puis on le jeta comme un sac à patate dans la salle blanche entièrement capitonné. Rien pour se blesser, rien d’autre que le blanc. Lyrae ne saignait pas, les soldats s’en était assuré, pour qu’il ne salisse pas la pièce. Il y resta pendant deux jours. Fatigué et seul. Sans manger ni boire.

Dans les couloirs, à nouveau on changeait tout. Les parois de faux murs glissait pour obstruer les couloirs à destination de la salle de torture pour ouvrir celles vers les quartiers de Khorog. La décoration changeait aussi, pour celle plus sombre et sanguine du Clergé Sith. Lumière tamisé, pas de blanc, d’or ou de bleu. Tout était d’ocre rouge, orangé, de noir et de gris. Sombre. Cette fois ci ce ne fut pas des faux soldats de la république, mais des prêtres, dans leurs habits noir bien connu. Le visage dissimulé sous une profonde capuche. Leurs voix sombre entonnait un chant rituel Sith. Le tympo était lent, grave, régulier, hypnotique, dans le but de tranquilliser le prisonnier. Les prêtres, au nombre de quatre, portèrent Lyrae, non pas comme l’avait fait les soldats, mais comme on soutient un ami. Lentement, sans le brusquer. Dans cette ambiance religieuse, Lyrae fut amené jusqu’au Seigneur Sith. Assis au centre de ses quartiers, en train de méditer. Du moins en apparence.

La pièce était très sombre, mais l’on pouvait tout de même distinguer un lit, un bureau, quelques armoires. Des teintures accrochés aux murs arborait les symboles des Sith. Dans un coins il y avait un bassin. L’eau semblait y être chaude, agité par les innombrables bulles. Lorsque le Jedi entra, Khorog ouvrit les yeux et se précipita vers son invité. Avec une inquiétude toute feinte, il prit Lyrae dans ses bras.

- Lyrae ! Que vous est-il arrivé ?! Qu’est ce qu’il s’est passé ? Que faites vous dans cette tenue !

Le Sith parlait à voix basse, dans ce lieux sombre chaque mots résonnait comme dans une caverne. Khorog déshabilla Lyrae puis le fit s’allonger dans des coussins. Il se saisit d’une éponge chaude, et épongea le visage du Jedi.

- Je me suis inquiété Lyrae. Vous aviez disparu. On dirait que vous avez passé un salle quart d’heure. Je suis désolé, j’aurais du être là. Vous êtes si maigre ! On dirait que vous êtes affamé.

Le Sith se tourna vers l’un des prêtres présents et commanda de la nourriture pour deux. Quelques minutes plus tard, des plats riches et fumants furent portés, viandes, légumes, fruits, desserts, pâtisserie, avec des cruches de lait, de vin et d’eau. Khorog se saisit d’une épaisse couverture. Sa propre odeur y était imprégné, et emmitoufla Lyrae. Il congédia les prêtres. Dès lors il s’attela à projeter son esprit vers celui de Lyrae. Il était faible, mais pas invulnérable. Dans son état de faiblesse, le Sith commença à se glisser dans les pensées du Jedi, doucement, avec beaucoup de délicatesse.

- Voilà, dite moi ce que vous souhaitez manger. Il vous faut vous nourrir. Vous êtes si faible, c’est terrifiant. Tenez, prenez cela, c’est facile à manger.

Khorog prit Lyrae dans ses bras et l’aida à porter la nourriture à ses lèvres. Son esprit continuait à tenter de se glisser dans celui de son prisonnier. Il progressait. Durant tout le long du processus, il s’efforçait de communiquer apaisement, réconfort et chaleur.

- Nous vous étouffez pas, vous avez le temps. Un peu d’eau ? Ou de vin ? Il est doux, prenez votre temps. Voilà, est-ce à votre goût ?

Le draethos faisait preuve d’une très grande douceur, gardant Lyrae contre lui. Il continuait de lui parler, de tout et de rien. Avec une voix douce et grave, comme pour calmer un animal fougueux. Lorsque Khorog sentit que le jedi ne voulait plus rien avaler, il repoussa ses plats. Lui même n’avait pas grignoter grand-chose. Gardant toujours Lyrae dans ses bras, il l’aida à se relever.

- Je vois que vous êtes encore très sale ! Venez, prenez un bain.

Khorog guida le malheureux vers le bassin. Sans sa camisole, Lyrae était nu, Khorog n’eut donc aucun mal à le faire se glisser directement dans l’eau chaude. Comme pour le premier jour, le Sith s’attela à nettoyer très doucement, avec la même délicatesse le délicat jedi. Savonnant ses cheveux avec un produit aux saveurs florales. De ses propres mains, le draethos lava toute trace de salissure du corps torturé du Jedi. Son esprit ceda encore un peu plus, Khorog se glissa plus profondément.

- Vous allez être propre. Il faut toujours être propre. C’est important de prendre soin de soit, mais ça vous le savez déjà, hein Lyrae ? Je prends souvent des bains, c’est bon pour les nerfs, pour la tension et le stress. Détendez vous. Avec moi vous ne risquez rien. Et je suis avec vous.

Khorog entama un massage, il commença par le cuir chevelu de l’humain, puis il descendit vers la nuque et les épaules.

- On dirait que vous n’avez pas bien dormi non plus. C’est fâcheux ça. Il faut dormir. Cette nuit, vous resterez avec moi, ici. Je connais des moyens pour aider à dormir, mais je ne vous forcerais pas. Si vous préférez, vous pouvez dormir dans votre cellule. Je ne vous oblige à rien, ce serait mal poli.

Le dreathos continu son massage et s’occupa des bras et du dos puis des jambes et des pieds du jedi.

- J’aimerais vous aider, mais je n’ai pas le droit. Tant que je ne reçois pas de consigne de mes instructeurs, je dois vous garder ici. Les jedi veulent votre mort vous savez ? La république aussi. Ils ont envoyé des soldats pour vous tuer. Je les ai fait fuir mais j’ai un travail et je suis obligé de m’en aller loin d’ici très souvent. De fait vous êtes sans protection. Je suis désolé, vraiment, mon travail me prend beaucoup de temps. Mais présentement je suis avec vous. Alors ayez confiance, vous ne risquez rien tant que je suis là.

Khorog continua à masser le Jedi pendant quelques minutes puis il le sorti de l’eau. Avec une serviette il l’aida à se sécher puis, lorsqu’il eu les cheveux secs, Khorog accompagna Lyrae vers propre lit du Sith. Il était large et douillet. Chaud, et tout aussi imprégné de l’odeur du draethos que la couverture qu’il lui avait passé un peu plus tôt.

- Voilà, je ne vais pas dormir avec vous, sauf si c’est là votre souhait bien sûr. Je vais rester juste là, à portée de votre bras. La méditation me suffit.

Khorog désigna un coussin au chevet du lit, juste à côté de là tête de Lyrae.
Le draethos remonta la couverture chaude jusqu’au cou de Lyrae, lui effleurant au passage les cheveux, attendant la réponse à sa proposition.

Cette fois-ci Khorog était entré dans les pensées du Jedi. Il y diffusa un sentiment de protection, de paix et de douceur. Lyrae devait se sentir bien. Tout au long de la nuit, Khorog resta là, dans ses pensées, à diffuser les mêmes choses mais en y mêlant lui même un peu plus. Faisant de sa personne la source du réconfort de Lyrae. La nuit allait être longue pour Khorog. Mais le pauvre détenu allait connaître un peu de répit.
Lyrae O'Sil
Lyrae O'Sil
Messages : 560
Eclats Kyber : 0

La vie du cafard n’était que douleur, peur et solitude. Luuna, Laïkin, Kolin, le Temple, le Conseil… Même « le chevalier Lyrae » : tout cela lui semblait venir d’un rêve un peu fou qu’il avait fait une nuit plus douce que les précédentes. Il avait dû se tromper : tout cela n’avait jamais existé. Le Seigneur Khorog, lui, par contre existait. Il était bien la seule lumière dans sa réalité glaciale.

Un raclement sonore se fit entendre à travers la porte matelassée de sa cellule, et le cafard bondit sur ses pattes. Aussitôt, il se mit à tourner en rond, se réfugier dans un coin, revenir au centre, compter sur ses doigts, vérifier que ses ongles étaient bien propres, sucer l’un d’eux et sans le lâcher se coller contre un mur, avant de retourner sur sa couchette en se recroquevillant.

- ‘tendezjaipasprép…

Un sanglot étouffa sa tentative de s’exprimer – sa bouche, ou ce qui faisait office de bouche, refusait désormais de parler tout à fait correctement, mais elle mâchonnait des paroles désordonnées – toutefois l’étreinte de l’émotion disparut aussitôt, comme si le cafard avait été engourdi. Il tendait l’oreille, attendait les sons suivants. Il s’était figé sous sa carapace tordue, à l’affût du danger à venir.
Il connaissait ce grincement : c’était celui d’une porte du couloir, précisément de celle qu’empruntaient les créatures armées qui le visitaient régulièrement. Il ne les aimait pas du tout. Pas. Du. Tout.
Comme le cafard s’y attendait, des pas pesants se firent entendre. Puis la clé dans une serrure, puis les bip d’un digicode pour déverrouiller l’autre serrure. Et le clac sec du battant de la porte qui se sépare du chambranle. Le cafard s’aplatit sur sa couchette, terrifié et impuissant, avec l’espoir insensé de rester invisible aux yeux de ses bourreaux : il savait bien pourtant qu’il n’y avait aucune issue. Leur parler ? Inutile, il avait déjà essayé. Il n’entendait le son de leurs voix que quand ils l’insultaient, mais jamais n’avaient-ils répondu à aucune de ses questions.

Brusquement il sentit une main attraper son épaule. D’habitude, on le prenait par les poils du crâne, mais dernièrement il en avait perdu par touffes, et il n’y avait plus sur son crâne grand-chose qui permit une réelle prise. Il sentit la main le tirer du lit, et il ne résista pas. Il n’en avait pas la force. Il s’écroula en gémissant à même le sol, yeux fermés dans l’espoir de s’évader par la pensée. Mais le coup sur son épaule, assené avec une telle force qu’il avait fait claquer ses dents en même temps qu’il avait broyé ses chairs, la ramena au présent dans une brusque souffrance.

Coup suivant.

Troisième.

Souvent, le cafard comptait. Parfois, il n’y avait que dix coups, parfois cinquante avant que tout ne disparût. C’est-à-dire, il s’évanouissait généralement avant le départ de ses bourreaux. Alors, il rêvait que son Seigneur venait s’occuper de lui : panser ses blessures, lui dire des mots gentils, lui faire boire une eau fraîche et déguster un mets chaud et réconfortant.
Parfois, il se demandait si le seigneur Khorog existait vraiment, ou si c’était une invention que son esprit avait forgée pour lui faire croire qu’il y avait un espoir à la vie. Peut-être qu’il avait juste besoin de croire qu’il existait une créature qui pensât à lui, qui s’inquiétât de son état. Et qui lui rappelât de rester propre. Car il faut toujours être propre. Grâce au petit lavabo de sa cellule, le cafard passait des heures à se frotter les mains, les jambes, le visage, le crâne, et même le torse et les organes sexuels. Il avait l’obsession de l’hygiène. Il lui semblait que des germes invisibles poussaient sur sa peau comme des champignons qu’il convenait d’éradiquer le plus durement possible. Ce faisant, il faisait de plus disparaître les traces de sang qui restaient sous ses ongles ou les plis de sa peau après les séances passées avec ses deux bourreaux.

Quatorze.

Aujourd’hui, c’était long. Il n’était pas près de partir, il le savait.

- …voudréapp’léleseigneur ! gémit-il tandis qu’un filet de sang, au goût métallique, s’insinuait dans sa bouche.

Mais il savait que c’était en pure perte. On ne lui répondrait pas. Ses bourreaux ne parlaient pas la même langue que lui. Ils n’appartenaient pas au même niveau de conscience, au même monde. Il était pour eux ce petit insecte nuisible qui ne disparaissait jamais, qui était piégé dans ce petit recoin d’une base militaire et dont on espérait pouvoir bientôt débarrasser le corps sans vie.

Le cafard s’évanouit.

Darth Khorog
Darth Khorog
Messages : 546
Eclats Kyber : 0

Le draethos restait assis sur sa chaise. Cela faisait plusieurs mois déjà, presque un an en fait, que le Sith torturait le jedi à sa guise. Ici, dans un endroit perdu et presque entièrement ensevelie sous la neige, l’avant poste impérial transformé, en prison psychiatrique selon le bon vouloir du Haut Inquisiteur, renfermait le prisonnier préféré du seigneur Sith. L’alien s’était beaucoup amusé à torturer ce jedi, ce Lyrae, au point de détruire toute sa personnalité tendre à souhait. Cet homme n’avait jamais véritablement souffert et aujourd’hui, il avait été complètement retourné. C’était devenu un pauvre idiot sans libre arbitre.

Le Haut Inquisiteur avait tenté de retirer quelques informations utiles, et il en a eu. Sur le Temple Jedi d’Ondéron, des détails sur des jedi notables et sur quelques affaires mineures. Mais rien de très important pour démanteler cet ordre de feignants.
En revanche, le Sith s’était beaucoup amusé à faire du jedi un futur esclave, son jouet personnel. Il passait des heures à le regarder souffrir via des holosurveillances.

Dans les couloirs froids, les hommes déguisés en soldats de la républiques modifiaient les couloirs, changeaient les décorations, reprenaient leurs équipements de soldats impériaux. Alors que le soleil se couchait doucement, dissimulés sous les épais nuages et l’épaisse neige s’écoulant du ciel cotonneux, le Sith se mit en route. Il prit le temps de se préparer, il se changea pour s’équiper d’une tenue moins martiale, celle d’un kissaï, un prêtre Sith, comme il le faisait parfois lorsqu’il était chez lui. Il passa un peu de temps à réfléchir, perdu dans ses pensées.

Depuis plusieurs mois, les différentes phases de tortures avaient été très nombreuses et productives. Lyrae avait été totalement déconnecté de la réalité. Alors qu’il était jadis un chevalier Jedi, il était désormais un ignoble vers de terre, persuadé d’être persécuté par ceux là même qu’il pensait être des alliés quelques temps plus tôt. La République, à ses yeux, était responsable de son tourment. Mieux encore, avec les interventions régulières de Darth Khorog, les certitudes de Lyrae avait été inversé. Le Prêtre Sith était là pour le sauver de la République.
Ils n’avaient pas trop philosopher, pas pour l’instant. L’ancien jedi ne savait plus tellement utilisé la Force depuis le temps. Les tortures en salle blanche et les nombreuses tortures psychologiques qu’il avait du essuyés lui avait lavé le cerveau sur ce savoir.

- Préparez la chambre, exécutez le schéma B-0456.

Il s’agissait là des dernières phases de la torture, ou plutôt en l’occurrence, de la manipulation. Le seigneur Khorog transformait Lyrae en un esclave parfait. Alors que dans un premier temps le Sith avait prit l’habitude de prendre soin du corps de Lyrae, Khorog avait enchaîné avec une réciprocité des soins et des lavements. Mais désormais c’était Khorog qui profitait en priorité de ces privilèges et si Lyrae était assez servile et plaisant au draethos, alors ce dernier consentait à être aimant avec lui … parfois un peu plus.

Il se retrouvait devant la porte. Comme à son habitude, le prisonnier grattait et marmonnait. En bon télépathe qu’il était, Khorog faisait en permanence retentir sa voix dans sa tête, en particulier lorsqu’il allait lui rendre visite, lui susurrant diverses affirmations, comme par exemple que le Sith était le maître, qu’il fallait l’adorer, ce genre de chose.

Le draethos ouvrit la porte et découvrit le reste d’humain recroquevillé sur lui même. Il avait été durement frappé par les tortionnaires. Rien d’inhabituel cependant. Derrière lui, les serviteurs prirent le détenu et l’emmenèrent dans l’autre pièce, celle destiné à cajolé et manipuler sans violence le pauvre ex-jedi. Ici tout faisait échos à la religion Sith, jusqu’aux phrases inscrites sur les tapisseries suspendus aux murs.

Le Haut Inquisiteur remerciât les domestiques qui prirent congés après avoir administré un sérum à Lyrae. Le genre de truc qui ressusciterait un mort. Quelques minutes plus tard, le jedi ouvrit les yeux.

Il était couché aux pieds du Sith, lui même assis en tailleur, en train de méditer, en apparence du moins. Le reste d’humain bougea mais le Sith leva la main, stoppant son geste. Doucement, il lui fit signe d’approcher et de l’imiter, il y avait un coussin à côté du Sith. Il attendit que le reste d’humain comprenne et obéisse. Un certain temps passa ainsi. Ce n’était pas parfait, mais Lyrae avait déjà expérimenté ce genre de scénario, il s’agissait de faire pareil que Khorog, de l’imiter pour tenter d’avoir ses faveurs. La première fois que Lyrae avait compris et exécuté parfaitement ce petit rituel, Khorog avait prit soin de le masser et de détendre son corps. Quand on sait torturer quelqu’un, on sait aussi le détendre.

Après quelques instants, le Sith indiqua la table de la main, elle était posé dans la pièce, de la nouriture et des couverts posés dessus. Le Sith laissa son prisonnier mettre la table et préparer la nourriture pour son maître. C'était un rituel qui était devenu quotidien. Une fois le couvert posé, le Draethos se mit à poser des question à Lyrae.

- Tu te rappelle des phrases que je t’ai apprises ? Celle des Sith, celles qui te permettront de sortir d’ici. La vérité que les jedi t’ont si souvent caché.

Le Sith attendit. Il s’agissait du code Sith bien sûr. Khorog avait répété les phrases inlassablement dans la tête du prisonniers depuis la dernière entrevu. Il attendait ici que l’ex-jedi les prononce, même s’il ne les comprenaient pas encore.

- Je ne peux pas toujours te protéger tu sais, ni te guérir. Si tu veux rester avec moi et pouvoir vivre au pays des Sith tu dois être fort. Sinon tu sera écrasé comme un cafard.

Le dernier mot résonna un temps dans la pièce, comme porté par un échos surnaturel. Quelque part, une flamme de bougie vacilla.

- Tu sais biens que je ne veux pas que tu sois un insecte. Tu est mon esclave, mon Lyrae à moi. Lyrae le serviteur. Mais tu t'est toujours montré si faible jusqu'ici.

Le Sith attendit encore une fois. Il lui demanda de répéter encore une fois le Code Sith, mais en articulant cette fois. Khorog reprit, l’air un peu courroucé.

- Tu ignore comment c’est à l'extérieur. Moi je le sais, soit en sûr. C'est cruel et méchant, je suis le seul qui veuille ton bien dans cette galaxie. Je suis ton seul ami. Tu sais que je te nourris, te guéris et t’offre un abris. Je regarde ta laideur sans peur. Comment protéger ta vie si tu demeure toujours ici ? On en a souvent discuté toi et moi. Mais tu semble souvent l’oublier parfois. Tu te contente de serrer le poing quand on te frappe. Tu reste immobile quand la république t’insulte et t’humilie.

Après une courte pause, Darth Khorog fit preuve de plus d'autorité quand il reprit son monologue.

- Rappelle toi ce que je t’ai appris, tu est difforme et tu est très laid. Ce sont des crimes pour ces personnes qui sont sans pitié. Mais tu ne comprends rien n'est ce pas ? Là bas ils te traiteront de monstre. Tu dois savoir faire preuve de haine et de mépris. Tu dois fuir leurs mensonges et leurs hérésies. Reste ici avec moi, fidèle et reconnaissant.

Le Sith fit silence. Puis doucement, il prit le déchet humain dans ses bras et se commença à caresser le sommet de son crâne décharné pour le réconforter.

- Tu es à moi non ? Tu est mon Lyrae et je n’aime quand on te frappe. Quand on te frappe toi, c’est moi qui suis blessé. Quand on t’insulte, c’est moi qui l’est. Tu n’as pas le droit de frapper un Sith, mais la république n’est pas ton ami, contrairement à moi qui suis ton maître. Je peux t’apprendre à être le vrai Lyrae. Celui que je vois dans tes yeux et ton esprit. Si je te protège, c’est parce que tu est un serviteur de Darth Khorog. Le serviteur d’un prêtre Sith important. Tu sais ce que ça veut dire ?

Le Sith attendit patiemment une réponse du prisonnier. Peut importe laquelle. C’était pour tester sa vision propre à ce moment là. Le Sith reprit après coup :

- Ça veut dire que je veux que tu sois présentable. Maintenant je veux que tu sois un vrai serviteur de Sith. Rappelle toi le code Sith, rappelle toi qui sont mes ennemis. C’est la démocratie, les jedi et la faiblesse. Là tu est faible Lyrae. Deviens fort, dans ta tête, dans ton corps.

Le Seigneur Sith relâcha le petit serviteur et pointa du doigt la table garnie devant eux.

- Il est l’heure de manger, mon serviteur. Voyons voir si tu sais toujours manger correctement à table, ensuite nous irons prendre notre bain tous les deux.

Lyrae O'Sil
Lyrae O'Sil
Messages : 560
Eclats Kyber : 0

Ce jour-là – matin, soir, qui savait ? – lorsqu’il ouvrit les yeux, il n’était pas dans sa cellule. Il y avait quelqu’un - non pas les cruels gardes mais le Seigneur Khorog. Le visage de Lyrae en fut bouleversé. De l’air craintif qu’il arborait ordinairement, il afficha un sourire solaire, un regard baigné de la lumière de son sauveur, avant même de s’être redressé.

- Mon Seigneur ! couina-t-il, sa voix s’étant affaiblie elle aussi.

La présence du Sith effaçait toutes les autres choses que Lyrae voyait sans les regarder : les tentures rouge sombre, le sol propre et brillant, les étoffes douces qui reposaient sur les fauteuils de bonne facture, les lumières câjolantes.

Lyrae dut faire un effort pour se relever – il n’était pas convenant de ne pas saluer son maître proprement. Aussitôt, il perçut le signe du Sith, qui lui indiquait le coussin à ses côtés. A quatre pattes, il vint s’asseoir lui aussi en tailleur. Il avait l’impression d’être hirsute et maladroit en comparaison du maître qui se tenait droit, avec élégance, aisance, tandis qu’il était tout courbé et tremblant. Mais il s’appliquait du mieux qu’il put. Il ferma les yeux pour imiter son modèle, mais plusieurs fois il dût les rouvrir, prit par la crainte de ne pas voir un ordre qu’il lui aurait intimé d’un geste, ou tout simplement que tout eût disparut et qu’il se fût réveillé dans sa cellule. Mais cela n’arriva pas.

Au geste suivant, le fragile humain se remit maladroitement sur ses jambes décharnées et se dirigea vers la table. Ses mains tremblaient, mais il faisait tout son possible pour mettre proprement la table, servir les aliments dans les assiettes sans rien tâcher ni faire de bruit. Lorsqu’il eût terminé, il resta debout à côté de la table. Il avait envie de se recroqueviller aux pieds de son maître, mais il se fit violence pour tenir une position décente. Il ressentit un frisson parcourir son échine, mais ses yeux ne quittaient pas le visage de son maître – auquel il s’était finalement fort bien habitué.

- Oui-oui, répondit-il avec précipitation, en hochant la tête ; mais il dût baisser les yeux sur ses mains et tripota ses doigts comme s’il en avait eu besoin de se souvenir de chaque mot. La paix est un mensonge… Il n’y a que la passion. Par la passion, j’ai la puissance. Par la puissance… J’ai…

Il hésita un bref instant. Ses joues s’empourprèrent. Il fallait qu’il y arrive.

- P-par la puissance, j’ai le pouvoir, reprit-il. Par le pouvoir, j’ai la victoire… Par la victoire, je brise mes chaînes. La Force… La Force me libérera.

Un nouveau sourire naïf naquit sur ses lèvres : il ne comprenait rien à ce qu’il recitait, mais il y était arrivé ! Il avait tout retenu, et cela comptait beaucoup car c’était le désir de son maître. Mais bientôt le semblait de joie qui éclairait son visage s’estompèrent pour laisser place à une mine effarée : son maître parlait de choses bien tristes. Pourquoi ne pourrait-il pas rester avec le maître ? Il sentit ses yeux s’humidifier et il vacilla avec la bougie.

- Ou-oui, acquiesça-t-il timidement.

C’était vrai qu’il était faible. Il était une misérable petite chose, il ne méritait pas toute la bonté que lui offrait son maître. Il se sentit triste et honteux, mais il savait qu’il fallait qu’il fasse un effort. Peut-être pouvait-il devenir un tout petit peu plus fort, pour faire plaisir au Seigneur. Très sérieusement, il se mit donc à répéter, en se tordant toujours les mains mais sans les regarder cette fois :

- La paix est un mensonge. Il n’y a que la passion. Par la passion j’ai le pouv… Non ! J’ai la puissance. Pardon mon maître, pardon !

Il faillit se jeter aux pieds de Khorog mais il devait être fort.

- La paix est un mensonge. Il n’y a que la passion. Par la passion j’ai la puissance. Par la puissance j’ai le pouvoir. Par le pouvoir j’ai la victoire. Par la victoire je brise mes chaînes… La Force me libérera.

Lyrae tremblait de tout son corps, à la fois effrayé par l’erreur qu’il venait de commettre et les conséquences qui pouvaient s’abattre sur lui à une telle bêtise de sa part, et à la fois soulagé d’avoir réussi à énoncer tous les mots d’une traite sans se tromper. Heureusement, son maître eut l’air courroucé, mais se contenta d’un sermon, auquel Lyrae acquiesçait vivement de la tête, en murmurant des « oui-oui » et des « oui bien sûr mon maître » à peine audibles. Quand le Seigneur Khorog faisait ce genre de discours, il se sentait minuscule. Il savait qu’il était très très laid, tous les cafards sont très très laids, et il lui semblait que son maître lui demandait l’impossible : qu’un cafard comme lui se transforma en bête féroce, alors que n’importe qui pouvait l’écraser – l’avait même déjà fait ?
Lorsqu’il vit que c’était à lui de répondre, il baissa les yeux.

- Je suis à vous, mon maître, assura-t-il honteusement. Je sais ce que ça veut dire. Je suis à vous et c’est très important que vous soyez bien servi pour que vous puissiez accomplir la mission sacrée confiée par l’Ordre Sith. Je dois m’appliquer, et pour bien faire il ne faut pas que la République m’abîme comme elle l’a déjà fait.

Oh oui, elle l’avait abîmé. Comment oublier les coups, les cris, les électrocutions, les noyades ? La République avait essayé de le tuer cent fois, mille fois peut-être. Et il s’était aplati comme un malheureux cafard, pour survivre, parce qu’il n’avait pas su quoi faire d’autre. Mais abîmé, douloureux, il n’était pas efficace. Il ne faisait pas bien ses tâches, comme laver le seigneur, si sa peau était couverte de coupures piquantes ou si sa vue était brouillée par un œil enflé. C’était honteux, il ne fallait plus que ça arrive. Une petite voix intérieure n’arrêtait pas de lui dire que c’était sa faute, qu’il aurait dû se défendre, ou ne pas être là ; bref, il n’aurait jamais dû laisser la République entraver sa mission de servir son maître.

- Je suis désolé, glapit-il. Je vais être plus fort.

Suivant le geste du Sith, il vit la table, à laquelle pour une fois il avait le droit de s’asseoir comme un véritable individu, et non pas d’être recroquevillé à côté comme il en avait pris l’habitude. Tremblant, il imita son maître en se glissant sur la chaise. Il attendit que celui-ci commençât à manger – cela lui semblait plus respectueux de ne pas commencer – puis il s’empara des couverts. Il savait comment les tenir, ce n’était pas le problème ! Non, le problème était les terribles tremblements de ses mains, qui faisaient cliqueter la fourchette et le couteau dans l’assiette. Courbé au-dessus de son plat, il s’appliquait, tout absorbé dans sa tâche, pour découper de petits morceaux qu’il mettait ensuite dans sa bouche. Il mastiquait tout doucement, et relevait parfois ses yeux craintifs vers le Sith.
Il mangeait soigneusement le don de son maître, et buvait religieusement ses paroles.

Darth Khorog
Darth Khorog
Messages : 546
Eclats Kyber : 0


Le draethos était aux anges. Son serviteur lui plaisait de plus en plus. Il le craignait, était servile et lui vouait un culte. Il buvait chacune de ses paroles et ne mettait rien en doute. Depuis pas mal de temps, le Sith l’avait battu rudement pour des erreurs de prononciations, des assièttes mal mises, des leçons non apprises etc. Il lui avait tantôt mené la vie dure ou s’était montré aussi doux qu’un tendre amant, comme aujourd’hui. Les dernière phases de la torture étaient plus proches que prévu, l’esclave était prêt.

Devant lui, l’humain tentait maladroitement de se tenir correctement à table. Le petit asticot tremblait et s’agitait comme une feuille morte face au vent. La nourriture était plutôt difficile aujourd’hui. De la viande, tendre, mais avec beaucoup de poix, de morceaux de légumes coupés, de la sauce, du pain des fruits en grappes et un peu d’alcool. L’humain peinait pour tenir sa fourchette et son couteau sans trembler. Tout courbé sur son assiette, il faisait tout ce qu’il pouvait pour manger sans en mettre partout. Il se débouillait plutôt bien, s’il n’avait pas oublié de s’essuyé la bouche.

- Tu sais Lyrae, un bon serviteur sait manger correctement. Dans certains repas, sur certaines planètes, il existe parfais plus de dix fourchettes différentes et autant de couteaux. Et je ne te parle même pas des assiettes. Un jour, lorsque tu viendras vivre chez moi avec moi-même et mes autres serviteurs, tu apprendras tous les secrets qui feront de toi le meilleur des domestiques.

Le Sith lui sourit chaleureusement. Il pensait ce qu’il disait, il comptait faire de Lyrae un serviteur très proche.
Il se reconcentra sur son assiette. Le Sith ne mangeait jamais en public, sa façon de dévorer la nourriture avait tendance à inquiéter son entourage. Les draethos avait un faciès inquiétant. Toutes ses dents et quand la viande était délicieuse, le Sith avait tendance parfois à oublier qu’il n’était pas seul. Mais avec Lyrae, c’était différent. Il ne se cachait pas de lui. Il mangeait la viande avec appétit et se laissait même aller à boire de l’alcool. Chose qu’il ne faisait pas non plus en public car n’ayant pas de lèvre supérieure, il ne pouvait utiliser les verres conventionnels sans l’aide d’une paille. Pas très sexy pour un Seigneur Sith. Toutes ces choses, le Sith l’avait déjà expliqué à Lyrae et plutôt que de lui expliquer qu’il ne se cachait pas parce que l’humain n’était qu’une grosse merde, il lui expliquait que c’était un grand honneur qu’il lui faisait. Ce qui n’était pas faux on plus en un sens.

- Tu verras j’ai plusieurs maisons. J’en ai une sur Korriban dans une falaise. C’est là que tu vivras. Korriban c’est la planète des Sith. Elle est dure et dangereuse, mais c’est notre planète et nous l’aimons très fort. Toi aussi tu l’aimeras tu verras. J’ai aussi d’autre maison, dont une qui est très jolie. Je t’y emmènerais aussi si tu es sage et si tu écoute bien ce que je dis.

Face au stress de son esclave, le Sith décida d’agir. Il tendit sa main pour la poser sur le bras mécanique de l’humain qu’il caressa doucement.

- Ne t’inquiète pas. Prends ton temps pour manger, sinon tu seras ballonné. Tu as raison de me craindre, c’est normal. Je suis un seigneur Sith. Il faut toujours avoir peur des seigneurs Sith, seul les idiots et les suicidaires n’ont jamais peur. Mais toi tu es mon serviteur à moi. Alors prends le temps de manger et n’oublie pas de respirer entre temps.

Alors qu’il levait le visage, le Sith vit qu’il avait le visage relativement peu propre. Il lui fit un clin d’œil et tendit son cou. Il sorti sa longue langue de draethos pour lécher avec application la bouche et le menton plein de sauce de Lyrae.

- Tu es un petit cochon tu sais. Tu as une serviette, sert t’en pour t’essuyer et prendre le temps de manger.

Suite cela, le Sith, ayant fini son repas, se contenta d’observer son esclave. Hochant la tête en guise d’encouragement quand Lyrae faisait des efforts. Fini maintenant les humiliations à répétition. Il fallait lui faire reprendre confiance. L’os brisé pouvait être refaçonné selon la volonté de Khorog.

- Tu as peur de moi mais je sais que tu m’aime bien. Je connais tes sentiments Lyrae et je te donne le droit de me dire des gentillesses lorsque tu en éprouves. Cela te rassurera tu sais. Moi je t’aime bien en tout cas. Aujourd’hui tu es faible et moche. Mais je sais que tu peux devenir le plus beau de mes serviteurs, si tu fais ce que je te dis.

Le Sith lui fit signe d’approcher. Toujours assis sur sa chaise, il le regarda d’en bas.

- Tu es tout blessé et tout abîmé. Tu t’arraches les cheveux ? Ce n’est pas bien. Et les ongles aussi ? Ce n’est pas bien non plus. Viens avec moi.

Le Sith se leva de son siège et alla dans un coin de la pièce. Il y avait là une chaise singulière. Elle était très différente de celle sur laquelle l’humain était torturé. Celle-ci, bien que semblable de loin, ne comportait aucune attache et était parfaitement rembourré par des coussins de velours. C’était un siège de coiffeur.

- Viens Lyrae, assis toi là. Je vais t’arranger cette coupe.

Ce que fit le Seigneur Sith fut purement … peu commun. Il n’était pas coiffeur. Loin de là. Mais la tronche que tirait Lyrae aurait suffi à terrifier un rancor. Il arrangea autant qu’il pu la tignasse irrégulière de l’humain et appliqua un baume pour soigner efficacement son œil.

Quelques minutes gênantes plus tard. Le Sith contempla son œuvre. C’était … peu convaincant. Mais Lyrae ne ressemblait plus à un sauvage au moins. Quant à son œil, Khorog savait que le baume ferait des miracles.

- Voilà, c’est mieux. Ton image est importante tu sais. Tu dois te sentir seul parfois, mais évite de t’en prendre à ton corps. Tu n’en as qu’un seul tu sais. Alors prends en soin. Ce sont mes ennemis que tu dois abimer. La prochaine fois, récite le code des Sith et réfléchi à ce que ça veut dire.

Cette fois ci le Sith s’éloigna de la chaise et s’approcha enfin de ce qu’il attendait le plus, le bain.

- Lyrae, approche. On va se laver. Toi tu es propre mais moi un peu moins, je me suis beaucoup entraîné avant de venir te voir.

Ce rituel était devenu quotidien. Le Sith désormais se faisait laver par Lyrae et parfois il lavait l’esclave à son tour. Il était arrivé plusieurs fois que le Sith entame les débuts d’une relation charnelle avec Lyrae, mais jamais sans aller jusqu’au bout, attendant que ce soit lui qui fasse l’initiative de continuer. Le seigneur Sith se déshabilla et s’étira d’aise dans la nudité la plus totale, là encore sans se cacher de Lyrae. Faisant craquer tous ses os. Tenant son épaule douloureuse, il entra dans le bain. L’eau était chaude. La cuve était un peu étroite pour deux personnes mais ça suffisait pour ce que Khorog avait en tête. Il ordonna à Lyrae de le rejoindre, qui s’exécuta et s’installa, comme d’habitude, en tailleur entre les jambes écartés de son maître, posés sur les rebords du bassin.

- Aah, le bain est mon moment préféré de la journée. Surtout quand je le prends avec toi.

Le Sith se laissa bichonner avec un plaisir non dissimulé. Depuis le temps, l’esclave savait comment faire avec le corps de Khorog. Une de ses épaules était très douloureusement touché par une vieille blessure. Ses nombreuses cicatrices et sa peau un peu froide. Sa large musculature et son odeur sucré parfois entêtante. La physionomie alien avait peut-être laissé Lyrae dans la perplexité mais maintenant il s’était fait à a moindre parcelle de son corps. Une fois son lavement fini, le Sith se mit à laver le corps déjà trop propre de son serviteur. Faisant attention à ne pas irrité les plaies, à nettoyer ses cheveux, léchant les quelques plaies encore ouverte avant d’y apposer des pensements appropriés. Il fit comme Lyrae, nettoyant la moindre parcelle du corps de son serviteur. Ils se connaissaient par cœur maintenant. Ces petits moments de lavements prodigués par Khorog devenaient rares, mais là il était trop abimé, trop blessé. Cela devait cesser ou sinon l’humain deviendrait inutile. Il allait devoir donner de nouvelle consigne aux gardes.

- Tu es très doué de tes mains Lyrae. Personne ne sait faire cela chez nous. Je pense que tu continueras de prendre les bains avec moi une fois à la maison. Si tu arrive à t’échapper d’ici en tout cas. Tu sais que c’est toi seul qui peut te sortir de là. Tu dois tuer les républicains qui viennent te chercher. Ensuite soit intelligent, trouve un moyen de t’évader. Je serais là et je te prendrais dans mon vaisseau.

Le Sith, doucement, empoigna son serviteur par les hanches et le pressa contre lui. Tendrement, il le fit venir à lui et pressa Lyrae tout contre lui, l’enlaçant de ses bras et de ses jambes. Une main au creux des reins, l’autre sur la tête qu’il appuya sur son thorax. Il caressa doucement les cheveux de son esclave d’une main alors que l’autre alla se balader sur son dos. Délicatement, le Sith se mit à lui transmettre télépathiquement le sentiment de sécurité, de l’amour. Il capta le regard de son esclave, il n’y mit aucune animosité, seulement l’affection tout à fait charnelle que Lyrae attisait en Khorog. Le Sith lui chuchota :

- Je sais que tu peux te montrer fort Lyrae. C’est ce que j’aime chez toi. Cette force que tu gardes au fond de toi. Tu n’es pas un humain normal. Sinon tu ne serais pas mon esclave. Tu pourrais être bien plus. Tu pourrais être mon serviteur libre, mon disciple. Mieux encore. Tu pourrais vivre à mes côtés. Tu pourrais avoir tout ce que tu veux si tu agissais avec force, passion et conviction.

Le Sith huma l’odeur des cheveux de son esclave posa son large front contre le siens.

Lyrae O'Sil
Lyrae O'Sil
Messages : 560
Eclats Kyber : 0

Manger était laborieux. Mais c’était bon, aussi. Bien plus varié que ce qu’on lui avait servi dans sa cellule républicaine. Lyrae devait se retenir pour ne pas tout dévorer sans aucune tenue, mais la pression des yeux du draethos sur lui était impérieuse et chacune de ses bouchées l’occupait pour ne pas trop trembler, ne pas trop faire dégouliner de sauce, ne pas trop faire de bruit en mâchant. C’était dur. Il ne se souvenait pas qu’il était si difficile de manger, en repensant à des bribes de sa vie d’avant. Mais sa vie d’avant n’était qu’un fatras de mensonges. Aujourd’hui, il était dans la réalité.

Aujourd’hui, le Seigneur Khorog était clément. Cela allumait une étincelle dans le regard béat de Lyrae, qui pensait toujours que si le Sith était de mauvaise humeur, c’était parce qu’il avait fait quelque chose de mal. Mais aujourd’hui, visiblement, il se débrouillait plutôt bien, et son maître le récompensait en lui faisant ces petits compliments. Cela donnait envie à Lyrae de faire mieux encore. Il rêvassait de pouvoir même un jour impressionner son maître par sa bonne tenue et ses aptitudes au logis. Alors, le Seigneur Khorog l’aimerait plus encore, mieux qu’aucun autre de ses serviteurs.
Car il y en avait d’autres, et cela chagrinait un peu l’esclave qu’il était devenu. Il voulait être le meilleur des serviteurs pour son maître, qu’il ne se reposât que sur lui, mais il savait aussi que jamais il ne serait tout pour le Sith, alors que pour lui, Darth Khorog était son monde tout entier. Il rêvait à cette demeure sur Korriban, qu’il imaginait grande et luxueuse. Il préparerait la table et ferait couler le bain de son maître. Et les républicains ne pourraient plus jamais le trahir.

Lyrae se laissait faire. Il écoutait sagement, se laissa lécher les lèvres et le menton en rougissant comme un enfant pris en faute, obéissait au moindre petit geste, comme celui d’entasser les assiettes vides ou de resservir un peu de vin à son maître. Cela lui demandait beaucoup d’application, et l’épuisait sans qu’il s’en rendît compte, car tout créait en lui une drôle de nervosité.

- Oui, mon maître, souffla-t-il à la fin du repas, au sujet de ces gentillesses qu’il était encouragé à prononcer, mais il ne trouva rien à dire qui ne parût pas totalement ridicule. Il garda néanmoins le conseil dans un coin de sa tête.

Alors il écouta encore, suivit les indications pour aller s’asseoir dans le fauteuil, toujours tremblant comme une feuille. Rassasié cependant, il se sentait beaucoup plus en confiance. Il n’en tressaillit pas moins à la vision de l’imposant draethos s’approchant de lui armé de ciseaux pour ses cheveux, mais il avait toute confiance désormais en son protecteur. Même s’il lui faisait du mal avec cet engin, ne l’aurait-il pas mérité ? Le Seigneur Khorog était juste et les punitions n’étaient jamais données à la légère.
Heureusement, il s’agissait réellement d’une coupe de cheveux. Lyrae bredouilla des remerciements tout en se relevant et s’époussetant pour se débarrasser des cheveux qui s’étaient glissés sur ses vêtements.

- Je ferai attention, seigneur.

Et il cacha ses mains dans son dos, qui étaient particulièrement abîmées parce qu’il se rongeait la peau. C’était les parties de son corps qu’il agressait le plus dans ses moments de désespoir. Quant à son visage, c’étaient les gardes républicains qui s’en étaient occupé, pas lui. Il n’en ressentait pas moins la même honte de toutes ces contusions, et il se répéta qu’il ne devait plus laisser de telles choses arriver, par respect par le seigneur Khorog. Peu à peu, une seule idée l’obsédait : être en tous points conforme aux désirs de son maître, afin de ne pas être abandonné par lui. Il lui semblait, inconsciemment, que si Darth Khorog venait à l’abandonner, sa vie – ou plutôt ce qu’il en restait – serait totalement détruite. La seule lumière, la seule signification de son existence résidait en cette relation obsédante qu’il avait avec son maître.

C’est pourquoi, lorsque son maître lui indiqua qu’il était l’heure de prendre le bain, il s’y rendit avec force empressement.
Le corps nu de Darth Khorog était tout aussi impressionnant que son faciès. Lyrae, lorsqu’il fut nu à son tour, parut si minuscule à ses côtés que l’on eût dit un enfant. La vision de son maître dans le plus simple appareil avait, les premières fois, mis Lyrae dans un état de malaise, mais il s’y était habitué, depuis. Il y trouvait même une forme de beauté, car le corps plantureux de son maître reflétait sa puissance à ses yeux, mais aussi une certaine fierté : il était un être privilégié pour avoir accès à une telle intimité.

Lyrae se glissa dans l’eau entre les jambes de son maître, et commença sa besogne, lavant et massant avec douceur chaque parcelle du corps de son maître. La vapeur du bain, qui les enveloppait, l’aidait à se concentrer sur sa tâche, car il lui semblait alors qu’ils étaient dissimulés, qu’aucun danger ne pouvait surgir. Là, dans le bain, loin de la République, il voyait aussi son maître à ses instants les plus cléments, car c’était là qu’il était le plus détendu. Le serviteur se disait alors qu’il devait s’appliquer pour préserver cet environnement sécurisant. Il prenait son temps comme le lui avait intimé le Sith, certains massages devenant des caresses langoureuses car il avait perçu, par quelques-uns des soupirs de plaisir que laissait échapper Darth Khorog, que cela plaisait tout particulièrement à son maître. Il était étrangement soulagé et heureux de ces résultats positifs. Il s'était même risqué, par un effet de mimétisme, à utiliser lui aussi sa langue sur le corps du seigneur. Encore une fois, il avait entendu avec satisfaction le maître manifester son plaisir.

Lorsqu’il eut fini, les rôles s’inversèrent, il se laissa laver. Il aimait moins cette partie-là, car elle le mettait mal à l’aise, comme si l’ordre du monde n’était pas bien respecté. C’était légèrement angoissant. Mais il se laissait faire sans rien dire, car c’était le désir du maître. Enfin, lorsque son lavement sembla terminé, il attendit les ordres suivants du maître. Le Seigneur Khorog attira alors Lyrae à lui. Là encore, il se laissa faire passivement.

La chaleur du corps du Sith contre le sien avait quelque chose de rassurant. Après n’avoir vu aucun visage ami depuis des mois – plus, peut-être ? – que quelqu’un lui prodiguât la moindre attention positive était une bénédiction. Mais tant d’intimité avec le maître ! C’était inespéré. Il ne le méritait pas. Il en avait les larmes aux yeux. Il tremblotait dans les bras forts du Seigneur Khorog.

- Je… Je… Je veux venir vivre avec vous, pour vous servir, couina-t-il en reniflant. Je ne veux plus voir les républicains.

Mais il n’était pas sûr d’avoir la force de les tuer, et c’était cela surtout qui le rendait triste. Comment faire ? Pourquoi ne pouvait-il pas tout simplement rester ici, dans cette pièce ? Pourquoi devait-il toujours repartir ? C’était injuste. Sa place était ici, dans le bain de son maître, pas dans cette cellule blanche où les gardes reviendraient, il le savait, pour le battre plus fort encore. Et alors, il serait tout démoli, et le maître ne voudrait plus de lui. Cette pensée, cette fois, fit couler ses larmes au moment où le Seigneur Khorog collait son front contre le sien. Les yeux larmoyants de Lyrae ne voyaient que ce front effrayant, tellement puissant qu’il sentait qu’il pourrait s'y noyer, et pourtant cette puissance était justement son salut. Il était horrible de se rendre compte que cette puissance, demain, l’écraserait peut-être parce qu’il ne méritait pas d’être ici.

- Mais… Mais… Si je ne suis pas assez fort ? Mon maître, vous qui êtes si puissant… Et moi, je ne suis pas assez fort. Je ne vais pas réussir à les tuer tout seul.

Il vit – ou ressentit dans la Force, il n’était pas capable de distinguer clairement ses perceptions – que ce n’était pas la réponse appropriée pour le maître, car une légère insatisfaction était apparu sur le visage du draethos.

- Maître ! se reprit-il, scandalisé. Je veux venir avec vous, je veux vivre dans votre demeure de Korriban, préparer le dîner et le bain, et vous caresser encore ! Ne me laissez pas ! Je vais faire… je vais essayer de les tuer. Si je n’y arrive pas, je vais mourir. Mais ce sera normal. Car si je ne suis pas capable, je ne mérite pas d’être votre serviteur.

Lyrae déglutit, tremblant de tout son corps tant il était affolé que sa réponse pût ne pas plaire à son maître. Elle était sincère, pourtant, c’était juste qu’il ne se croyait pas capable de faire face à ses ennemis.
Comme espérant adoucir son maître bien aimé, le serviteur colla plus encore son corps malingre contre celui du seigneur. Il était prêt à se donner tout entier. Tout pour échapper à la colère du maître, et réaliser au contraire ses désirs, quels qu’ils fussent.

Darth Khorog
Darth Khorog
Messages : 546
Eclats Kyber : 0

Darth Khorog était satisfait de son esclave. Quelle servilité, quelle obéissance. Le draethos aimait beaucoup prendre ses bains avec son esclave. Il était tellement doué avec ses mains, et la façon avec laquelle il léchait le corps du Sith rendait ce dernier complétement extatique. La sensation de la langue sur sa peau et cette ferveur à vouloir imiter son maître … quel plaisir ! Il se tenait tout contre lui, sa pensée dominée et soumise. Il était tout entier la chose du Sith. Dépendant de sa force et de sa présence. Darth Khorog glissait ses mains sur le corps de son serviteur. Sa main gauche caressait sa tête et sa nuque et la droite glissait des reins jusqu’aux beau fessier de Lyrae et de sa cuisse.

Lyrae était apeuré, craintif. C’était juste et bon. Mais il était trop faible ! Il refusait de voir l’évidence. Le Sith allait devoir lui montrer la voie de la Puissance.

- Mais… Mais… Si je ne suis pas assez fort ? Mon maître, vous qui êtes si puissant… Et moi, je ne suis pas assez fort. Je ne vais pas réussir à les tuer tout seul.

Il ne comprenait pas visiblement. Le Sith ne pouvait pas le lâcher comme cela dans la salle blanche, l’humain ne pourrait rien faire d’autre que de se faire lyncher encore une fois. Khorog allait devoir lui donner confiance en lui.

- Maître ! se reprit-il, scandalisé. Je veux venir avec vous, je veux vivre dans votre demeure de Korriban, préparer le dîner et le bain, et vous caresser encore ! Ne me laissez pas ! Je vais faire… je vais essayer de les tuer. Si je n’y arrive pas, je vais mourir. Mais ce sera normal. Car si je ne suis pas capable, je ne mérite pas d’être votre serviteur.

Cette plainte, la peur dans la voix de l’humain, éveilla quelque chose en Khorog … un désir. Lyrae se colla à lui, attisant immédiatement en Khorog, la soif du plaisir et de la chair. Darth Khorog glissa sa main gauche jusqu’au milieu du dos de Lyrae et sa main droite remonta de la cuisse pour se glisser sous sa fesse droite et ramener plus encore Lyrae contre le corps de son maître, tendu par le désir. Le Sith plongea son regard dans celui de son serviteur, l’empêchant de détourner les yeux et lui lécha une seconde fois la bouche.

- Lyrae, tu es fort et puissant. Tu es digne d’être mon disciple tu sais. Sinon, tu n’éveillerais pas un tel désir en moi. C’est la preuve que tu peux être fort. La République et les Jedi t’on blessé, détruit, abandonné. Tu dois les tuer.

Subtilement, le Sith glissa dans l’esprit de Lyrae la vision des soldats morts à ses pieds et lui couvert de leurs sangs, un sabre laser rouge à la main. Il accompagna cette image d’une sensation de plaisir intense rajouté à l’impatience qu’éprouvait Khorog.

- Tu serais si beau couvert de leurs sangs, Lyrae. Couvert du sang de mes ennemis. Digne du Code des Sith.

Le désir ardent de Khorog était particulièrement manifeste et le Sith le fit bien sentir à son serviteur, blottit contre lui. Le Sith utilisa sa main pour la glisser entre eux et flatter délicatement la remarquable virilité de son esclave.

- Tu es fort et en plus de cela tu es un mâle très viril, Lyrae. Tu es digne d’être l’un de mes plus précieux esclaves. Et tu va m’accompagner chez moi. Tu vivras avec moi et tu me serviras.

Le Sith approcha sa bouche de celle de son serviteur, ouvrant doucement sa mâchoire carnassière.

- Tu goûteras à mon désir aussi souvent que possible et tu ressentiras un immense plaisir. Ta vie et ton quotidien me suivront. Tu va me servir, tu va tuer, tu va vivre le côté obscur. Aime moi, obéis moi et je te ferais devenir le vrai Lyrae, celui dont les Jedi avaient peur. Ce jour là, je t'aimerais de tout mon cœur.

Khorog sorti sa langue, longue, épaisse et humide, qui vint toucher celle de son esclave, imitant comme toujours son maître tel un miroir. Ils se touchèrent, et la langue du Sith, particulièrement agile, glissa sur celle de son serviteur, jouant avec lui, avant d’entrer dans sa bouche, remplissant cette dernière dans son entièreté.
Avec sa main droite, le Sith commençait à sentir la dureté du désir de son apprenti qui se mettait à grossir petit à petit. Le draethos eu une idée. Après quelques minutes, il retira sa langue de la bouche de Lyrae. Lui permettant d’étirer sa mâchoire, et lui chuchota.

- Tu veux que je te montre comment les draethos s’embrassent ?

Devant l’enthousiasme de l’humain, le Sith cligna d’un œil et lui répondit :

- Plonge ton regard dans le miens et détends toi.

Le Sith resserra sa prise sur Lyrae et accentua ses caresses avec sa main droite. Il cola son front contre celui de Lyrae et plongea son regard dans le siens. Doucement, progressivement, il entra clairement dans la tête du serviteur sans se cacher cette fois. Il manifesta sa conscience dans le cerveau de l’humain qui était habité par tout un tas d’émotion. Le Sith lui communiqua alors son désir, intense, fort, un appel à la relation charnelle. Le besoin que le draethos éprouvait de sentir Lyrae contre lui, d’être en lui et de sentir ses coups de langues sur son corps.

La main droite du draethos senti immédiatement le changement. La virilité de Lyrae se mit à enfler du désir nouveau qui l’habitait, sa respiration s’accéléra au même rythme que celle du Sith. A mesure que Khorog distribuait son désir et son amour charnel pour Lyrae, ce dernier s’emplissait de ces émotions pour les faires siennes. Il était si perméable et si désirable !

Darth Khorog se remit à fourrer sa longue langue dans la bouche de Lyrae, animant son bassin en rythme avec celui du serviteur. Doucement, les deux hommes commençaient à ne faire qu’un, en un seul esprit, appelants leurs corps à faire de même.

Lyrae O'Sil
Lyrae O'Sil
Messages : 560
Eclats Kyber : 0

Le visage du Maître prenait tout le champ de vision du frêle humain. Dans son esprit, le Seigneur prenait aussi tout l’espace, remplissait Lyrae d’admiration, de crainte, d’espoir et de désespoir simultanément. Il n’y avait plus de place depuis longtemps ni pour son amour-propre, ni pour les souvenirs de sa vie passée. Ses lèvres formaient en silence des mots en écho à ceux de Darth Khorog : les Jedi m’ont blessé, détruit, abandonné. Couvert de leur sang. Je vais vous accompagner, vous servir. Je goûterai votre désir.
Le vrai Lyrae.


L’humain tremblait, fébrile, tellement fragile dans l’étau des membres du Seigneur Sith qu’il semblait qu’une étreinte trop forte aurait pu le briser. Lyrae ne s’en souciait guère. Son esprit était empli d’un avenir nébuleux, où se profilaient son Maître et des cadavres de Jedi dans une magnifique demeure. Comment cela se faisait-il qu’il n’avait jamais rêvé de cela avant ? C’était pourtant une évidence : c’était sa destinée.

L’image se dissipa pour ne plus laisser qu’un voile blanc sur les yeux de Lyrae. Sa bouche s’était remplie brusquement, et il la laissait ouverte au désir du maître, tout comme son corps lui était offert. Son maître était partout : tout autour de lui, dans son corps, dans sa tête. Nul doute qu’il lui appartenait ; nulle volonté de résister ne l’animait de toute façon. Les secondes se suspendirent, l’humain restait immobile, comme tétanisé, animé par les seules caresses du Sith.

- Ou… Oui, mon maître.

Le Sith entra plus intimement dans son esprit. Un baiser draethos. Lyrae sentit dans sa tête et son corps un désir inconnu enfler et l’habiter tout entier. Effrayé de la puissance de cette vague, tout autant qu’incrédule, il fut une nouvelle fois convaincu de la supériorité absolue de la race de son maître. Pourquoi les humains n’avaient-ils jamais réalisé à quel point ils étaient misérables ? A quel point leur rôle était celui de la soumission, du don de soi ?
Lyrae tremblait encore, mais plus de froid et de terreur : il tremblait de désir. Ses doigts s’étaient agrippés au corps du Sith comme s’il avait pu être terrifié que celui-ci ne pût disparaître. Les yeux écarquillés, la bouche ouverte, il accueillit dans une extase incompréhensible de lui-même la langue de son maître dans sa bouche. Empli de nouveau jusqu’à ne plus pouvoir respirer, ou presque. Malgré l’inconfort extrême, il ne souhaitait pas un instant que le Sith relâchât son emprise : il lui appartenait ; sa souffrance n’était que la preuve jouissive de son obéissance. S’il le fallait, il donnerait plus encore de lui-même. C’était d’ailleurs visiblement l’intention du maître.
L’instant suivant, il sentit le seigneur investir un autre de ses orifices. Son corps lui ordonna de hurler de douleur et de plaisir, mais il ne le pouvait physiquement pas, à cause de la langue du Sith. Tout se mélangea dans sa tête et sa vision se couvrit d’obscurité. Affolement. Excitation. Douleur. Terreur. Plaisir.




------La douleur éveilla Lyrae. Il sentait le revêtement rêche de la couchette de sa cellule avant même d’ouvrir les yeux. Son corps n’était que souffrance. Il ne se souvenait pas d’avoir été ramené à sa cellule, ni même d’avoir terminé le bain du maître. Il se souvenait pourtant clairement du rapport charnel qui avait eu lieu. Il fut envahi par une vague de culpabilité, d’incompréhension, de soulagement, de dégoût de lui-même, de désir de recommencer pour prouver au Seigneur qu’il n’était pas encore prêt à être jeté. Car s’il était de retour dans sa cellule, n’était-ce pas qu’il avait failli ? Que le plaisir du maître n’avait pas été à la hauteur. Il se mit à pleurer, à gémir, le visage enfoui dans ses mains. La douleur battait ses tempes et les parties de son corps qui avaient été le plus éprouvées par le Sith.

Bientôt, ses larmes séchèrent et il resta étendu, dans une apathie morose. Il daigna ouvrir les yeux. Sa cellule était tristement la même que d’habitude ; aucun garde n’était encore venu le battre. Il se demanda s’il était vraiment nécessaire de se lever pour aller uriner, s’il ne pouvait pas tout simplement se laisser aller. Mais l’hygiène était importante pour le maître, et il trouva donc la force de rassembler ses membres pour essayer de soulever son corps.

C’est à ce moment-là qu’il sentit le cylindre de métal contre lui. Il resta interdit quelques instants. Quelqu’un avait glissé un sabre laser dans sa couchette pendant son sommeil ? Ou bien l’avait-il amené avec lui discrètement lorsqu’on l’avait ramené, et ne s’en souvenait plus ?

- Tu dois tuer les républicains qui viennent te chercher, balbutia-t-il. Trouve un moyen de t’évader. Je serai là et je te prendrai dans mon vaisseau.

C’étaient les mots du maître. Gravés au fer rouge dans son esprit, et dans sa chair. Fébrile, il prit doucement l’objet et le contempla longuement, épouvanté et émerveillé à la fois : c’était la clé de la liberté. Où irait-il ? Il n’y avait pas d’autres chemins que celui qui conduisait au seigneur Khorog. Et s’il y en avait eu ? Il aurait cherché le maître. Il se soumettrait encore, dans la douleur et l’intimité, pour la survie de l’Ordre Sith. Il exercerait la mission sacrée qui était la sienne.

Il sursauta quand il entendit les bruits provenant du couloir. Les pas.

Quand les deux gardes ouvrirent la porte de la cellule, ils trouvèrent Lyrae sagement assis sur sa couchette, dans sa tenue blanche habituelle, les mains dans le dos. Il les regardait, ingénu, et il y avait dans cette posture quelque chose de bien trop tranquille pour quelqu’un qui allait recevoir des coups et qui le savait pertinemment. Ils ne se décontenancèrent guère, cependant, et lui aboyèrent de s’agenouiller.

- Je ne vous obéirai pas, je n’ai qu’un seul maître, dit vaillamment l’humain, bien que sa voix trahît ses craintes.

Les gardes s’avancèrent, agitant doucement leurs matraques, menaçants. Lorsqu’ils furent à portée de bras, Lyrae se leva soudain. Les gardes crurent qu’il allait enfin se jeter au sol. Ils furent transpercés d’une lame écarlate avant même d’avoir compris ce qui venait de se produire.

Lyrae regarda leurs corps s’affaisser, leurs uniformes ignobles tâchés de sang. Il hésita, avant de planter de nouveau sa lame sur les blasons républicains qui les ornaient. Il s’appliqua à brûler le tissu, à travers la peau, puis la chair, puis les os. Quand ce fut fait, il lui sembla que ce n’était pas suffisant pour les effacer de sa mémoire, alors il s’en prit aussi à leurs visages. Seulement se trouva-t-il alors satisfait, et éteignit sa lame vibrante.

Ses pas, lents, le conduisirent lentement vers la sortie de sa cellule. La Force obscure, sacrée, le guidait. Il sentait son maitre. Il sentait sa fierté, sa main tendue, son désir sacré.

Darth Khorog l’attendait au vaisseau.


Revenir en haut
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
skin made by
© jawn