Ragda Rejliidic
Ragda Rejliidic
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Junkfort Station, plaque tournante du commerce dans l’Espace Hutt.

Junkfort. Un système reculé mais pourtant au croisement d’hyper-routes fréquentées. Ici, un balais incessant de vaisseaux et de navettes en tout genre tournoyaient frénétiquement autour de la station spatiale éponyme. Les plus pessimistes n’éprouvaient aucun mal à faire le parallèle entre ce spectacle, et celui offert par une nuée de mouches virevoltant autour d’excréments encore chauds. Ragda Rejliidic était de ceux là.

Depuis son confortable salon, installé au cœur de son yacht spatial, l’énorme Hutt ne parvenait à se détourner de ce panorama fidèlement retransmis par les holo-caméra extérieures, comme hypnotisé par tant de laideur. La station elle-même ressemblait plus à un amas improbable de structures branlantes greffées les unes sur les autres sans aucune logique apparente. Il s’étonnait qu’une telle construction puisse être étanche, et abriter en son sein l’un des marchés les plus lucratif de toute cette région de l’Espace. Tout autour, les flashs lumineux de dizaines de vaisseaux entrant et sortant de l’hyperespace lui offraient une toile de fond tout aussi surréaliste. Ragda soupira.

Depuis son exil forcé sur Boz Pity, désireux d’échapper aux services secrets Républicains et Impériaux, le gastéropode ventripotent ne quittait que rarement son refuge. Le Refuge. Mais cette fois n’était point coutume. Il s’agissait d’une occasion unique : une commande d’un volume exceptionnel qui méritait que chacun fusse mobilisé pour la concrétiser. Depuis plusieurs années maintenant, les membres de la Coopérative s’évertuaient à faire pousser l’expérimentale Botanium XC32V. Une plante transgénique aux propriétés curative proche du Bacta. Refuge tirait d’elle ses modestes revenus… Écoulant ses stocks au compte-goutte, afin de s’assurer une hausse constante de sa valeur sur les marchés spécialisés. Cette stratégie économique avait été pensée par Ragda lui-même, en expert des finances galactiques. Il s’avait que la rareté intriguait, poussait à l'achat compulsif... Et aujourd’hui devait sonner la consécration de son plan.

Car aujourd’hui, Refuge s’apprêtait à vendre pour prêt d’un million de crédit de XC32V, afin de profiter au mieux des cours à présent élevés. Ils baisserait rapidement dans les jours à venir… Mais encore une fois, le Hutt avait tout prévu. Il comptait stopper les exportations pendant deux voire trois mois… Et ce afin de provoquer un effet de « pénurie » qui, mécaniquement, décupleraient d’autant la valeur du alors devenu convoité végétal. En outre, Ragda, passé maître pour couvrir son volumineux arrière, s’était assuré de ne subir aucune concurrente à court terme : Il ne vendait que des plans séchés, et réduits en poudre. Autrement dit : même après cette vente, personne, ne disposerait des plans vivaces indispensables au lancement d’une production à plus grande échelle.

Ces pensées firent sourire le Hutt. Tout avait été calculé avec une précision que seule un esprit aussi fourbe et calculateur que le sien pouvait obtenir. Il ne restait plus qu’une seule étape : réussir la transaction… Et pour s’assurer qu’aucun contre-temps puisse conduire à son échec, il s’était loué les services d’une poignée de mercenaires payés suffisamment cher pour s’assurer leur loyauté.  En plus de la partie fixe négociées via l’intermédiaire de son alter-go Fantôme… Ragda leur avait promis une prime indexée sur les recettes de la vente. Autant dire qu’il ne tenait qu’à leur professionnalisme de toucher le gros lot. Pour certain, ce contrat représentait plusieurs mois de travail acharné... Et Ragda ne leur demandait qu’une seule chose pour cette somme : surveiller les entrées, et assurer la sécurité des biens et du personnel de Refuge.

« Rejliidic ? J’ai les autorisations. J’amorce la descente. » s’échappa des haut-parleurs, la voix fatiguée du pilote du cargo Corellien que Ragda escortait. Refuge ne disposait que d'une poignée de vaisseaux plus ou moins bons pour la casse. Plutôt plus que moins… Et se payer la protection d’un groupe de pilotes free-lance dépassait de loin le budget à l’opération. Fort heureusement, l’Agonie d’Ardos, yacht grand luxe du Hutt, disposait d’un armement suffisamment dissuasif pour s’affranchir de cette mission d’escorte. Sa silhouette effilées, telle une flèche dorée, ne passait guère inaperçue. Ragda en avait bien conscience… Mais il espérait que les allées et venues incessantes autour de la station participerait activement à son camouflage.

Il ne désirait attirer l’attention sur lui. Encore moins depuis la chute de Borenga qui disposaient jusqu’alors d’alliés puissants. Mais aujourd’hui, l’enjeu valait bien de prendre quelques risques.

« Bien reçu » fit-il, mollement, l’esprit toujours accaparés par une multitudes de pensées. « EVA ? » reprit-il, à l’attention de l’intelligence artificielle du yatch. « Tu leur colle au train, surtout tu ne les lâche pas. »

*****

Hangar anonyme, trente minutes plus tard.


Les dix Refugiens, avec une célérité et une précision dictée par l’urgence, sortaient de la soute du cargo les volumineuses caisses métalliques contenant la précieuse cargaison. Ragda le observait de loin, grimaçant devant leur précipitation, tout en continuant de briefer les mercenaires :

« Le hangar n’a que deux issues. Je veux une surveillance permanente. Personne n’entre ou ne sort sans que j’en sois personnellement informé. » Ils étaient treize. Un chiffre que certains croyaient béni ou maudit. Ragda lui, n’en avait rien à foutre. Ces hommes et femmes, il les avait retrouvé ici-même, comme explicité dans le contrat. Plus que tout, les Refugiens désiraient que les coordonnées de leur base d’opération restent secrète. Les yeux globuleux du Hutt se posèrent sur la silhouette insectoïde d’un géonosien. Ragda l’observa quelques secondes, avant de continuer : « J’ai donné rendez-vous plusieurs acheteurs potentiels qui représentent des conglomérats pharmaceutiques influents. J’attends quinze personnes au maximum. Il faudra disposer des casiers à l’entrée où ils laisseront leurs armes, comlink, et autres appareils de communication. Scan, et fouilles corporelles obligatoire. Ils sont prévenus, ils ne devraient opposer aucune résistance. S’ils le font, vous les mettez dehors et nous mettons immédiatement les voiles. Dans ce cas, vous ne touchez pas votre… Bonus… Alors je compte sur votre tact et votre diplomatie pour que cette partie sensible du plan se déroule sans anicroches. »

Il prit une profonde inspiration afin de reprendre son souffle, et de s’assurer de lire l’approbation et la compréhension sur les visages parfois difficile à décrypter de ces êtres habitués à des opérations bien plus mouvementées. Les traits du géonisiens demeurèrent un mystère… Mais Ragda ne doutait point de ses capacités. Rare étaient ceux de son espèce à disposer d’une bonne réputation dans le milieu… Et Ragda savait, par expérience personnelle, que certains devaient accomplir deux fois plus que les autres pour dépasser les préjugés stupides que les cerveaux des limités humanoïdes affectionnaient particulièrement. Ainsi, pour s’élever dans la politique galactique, il avait été contraint d’en faire toujours plus, de faire toujours mieux, que ses adversaires… Tout comme ce géonisien estimait-il. D’un clignement de paupières, il fit taire ces pensées parasites, afin de développer le dernier chapitre de ses instructions :

« Des cris il y en aura. Il s’agit d’une vente aux enchères. Alors ne vous stressez pas inutilement… Ceux qui auraient la gâchette facile, merci de rester en retrait… Pendant cette phase, n’intervenez que si je vous l’ordonne. Si je sens que la situation risque de nous échapper, je vous ferais signe… D’abord à des fins dissuasive… Mais si les acheteurs en viennent aux mains, je pourrais vous donner l’ordre de tirer… Tir paralysant uniquement, il en va de soit… Je ne rigole pas avec la sécurité, je veux qu’ils le comprennent. Ici, on suit mes règles. Sinon on dégage. »

Le hangar en lui-même ne disposait d’aucune particularité notable. Une boite metallique, rouillée par endroit, ouvert sur l’espace par le dessus. Un champ de force retenait l’air à une pression moyenne proche de celle des standards de la plupart des espèces intelligentes. Seuls les deux petits vaisseaux Refugiens occupaient cet espace prévu pour accueillir une corvette… Et entre eux deux, s’alignaient à présent quatre grosses caisses. Derrière elles, s’élevait un pupitre d’où Rejliidic comptait animer les enchères. Oui, il le ferait personnellement, plus par plaisir que par nécessité… Certains de ces intermédiaires voyageraient directement depuis la République ou l’Espace Impérial, et il s’imaginait déjà leurs mines déconfites en le découvrant, ici, en maître de cérémonie bien conscient du monopole qu’il détenait.

« Toi, tu viens avec moi » fit-il, désignant de son minuscule index boudiné, le mercenaire Géonosien. « Les autres, rejoignez les portes. Nos invités devraient arriver dans trente minutes. Vous avez le temps de vous préparer. » Puis, pianotant avec une célérité déconcertante sur les touches du tableau de bord, Ragda fit pivoter le chariot répulseur grâce auquel il pouvait se déplacer sans difficultés. « J’aurais besoin d’une protection rapprochée pendant les enchères. Tu seras à mes côtés tout ce temps… » Un compartiment s’ouvrit sur le coté du chariot, révélant une sorte de scanner muni d’un petit écran tactile. « Prend le. On va faire le tour en attendant, et s’assurer qu’il n’y a aucun mouchard planqué. Je ne fais pas vraiment confiance à nos hôtes… Les cargaisons sensibles attisent toujours des convoitises inattendues. » Il soupira. « Mais sinon, ce genre de transaction ne serait aussi amusante, n’est-ce pas ? » plaisant-il avant de lancer un ultime ordre, dans le comlink fixé sur son avant bras chétif, s’adressant au pilote du cargo, et à l’intelligence artificielle du yacht :

« Barns, EVA… Vous laissez les moteurs tourner. En cas de pépin, on dégage aussi sec. »
« Bien reçu chef ! »
« Et Barn… »
« Oui ? »
« … Essayez de ne pas nous porter la poisse cette fois… »
« Pffff »
Zian Cti Toepie
Zian Cti Toepie
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Localiser Darth Velvet. L'objectif du moment. Comment rester sur cet échec sur Pakuuni ? Il avait sa cible au bout du blaster, s'était presque senti en mesure de la contraindre, de la dominer. En somme : de la livrer vivante à l'Empire. Contre une récompense bien juteuse, ça allait de soi. Zian Cti Toepie n'oubliait pas que la République offrait une prime plus importante pour la capture de la Mirialane, mais le mercenaire estimait qu'il risquait de plus gros ennuis en se mettant l'Empire à dos. Au fond, peu importe la prime : c'était devenu une affaire presque personnelle. Rester sur cet échec sans même essayer de se rattraper, ce n'était pas digne d'un Géonosien qui aspirait à se perfectionner sur tous les domaines.

Comment atteindre Darth Velvet ? La question à mille crédits. Mais le travail d'investigation acharné du mercenaire Géonosien avait fini par porter des fruits. Apparemment, Darth Velvet était liée à un groupuscule nommé Refuge. Zian Cti Toepie s'était assez peu intéressé aux idées et aux actions de ce groupuscule. Le fait que Darth Velvet y fût liée signifiait qu'elle n'était pas totalement solitaire : elle avait forcément plusieurs contacts, peut-être même proche. C'est dans cette direction que Zian Cti Toepie avait creusé, et un nom était ressorti : Ragda Rejliidic. De quoi ravir l'insecte : c'était un Hutt. Approcher un être de cette race pour essayer d'atteindre ou au moins de localiser Darth Velvet, ce serait mêler l'utile à l'agréable. Zian Cti Toepie n'était normalement pas quelqu'un qui se laissait aller aux frivolités : il allait droit au but, et le côté “agréable” des choses n'était pas un élément pris en considération. Mais en présence d'un Hutt, Zian Cti Toepie aurait bien du mal à bouder son plaisir.

Comble du bonheur, Ragda Rejliidic avait été bien plus facile à localiser que Darth Velvet. Pour cause : au nom du Refuge, Ragda Rejliidic organisait une vente aux enchères d'une plante aux capacités curatives prometteuses, nouvelle sur le marché mais prisée pour son potentiel et son intérêt scientifique : la Botanium XC32V. Pour cela, Rejliidic avait besoin de mercenaires assurant la sécurité dans les locaux où se dérouleraient les enchères : fouille des invités, contrôle des entrées et des sorties, et défense personnelle de Ragda au cas où la situation dégénèrerait. Zian Cti Toepie avait réussi à se faire sélectionner.

Voilà comment il s'était retrouvé dans ce hangar sur Junkfort Station, en plein Espace Hutt. Avec douze autres mercenaires dont la moitié d'Humains, Zian Cti Toepie écoutait les instructions du Hutt en personne. N'user de la gachette que si Rejliidic sonnait l'alerte, et aucun tir létal. Eviter les remous parmi les invités : Ragda Rejliidic était prêt à mettre les voiles au moindre pet de travers. Dans ce cas, certaines primes seraient annulées sur la rétribution des mercenaires, mais ce n'est pas ce qui inquiétait le plus Zian Cti Toepie : il deviendrait plus difficile d'isoler Ragda Rejliidic pour lui extirper les informations sur Darth Velvet.

RAGDA – Toi, tu viens avec moi.

Zian Cti Toepie n'en crut pas ses yeux alors que le doigt boudiné de la Limace suintante était pointé sur lui. Les autres mercenaires durent prendre leur poste pour se préparer à l'arrivée des premiers invités, prévue dans trente minutes. Zian Cti Toepie marcha vers le gastéropode, se retenant de saliver alors qu'il sentait de plus près le musc gras si appétissant du Hutt. Ses ailes frétillèrent nerveusement. Ragda Rejliidic était un beau morceau, et son odeur corporelle était aussi entêtante que ce que le Géonosien pouvait attendre d'un Hutt.

Rejliidic lui expliqua avoir besoin d'une protection rapprochée pendant les enchères. Zian Cti Toepie allait donc avoir le privilège de rester près de lui tout le temps. C'était à double-tranchant. Zian Cti Toepie devait ne pas craquer. Il serra ses doigts sur le manche de sa lance attachée à sa hanche en position rétractée, histoire de se donner une contenance. Se crisper pour ne pas faire autre chose.

Il saisit le scanner dans le compartiment du chariot ouvert par Ragda. Il examina l'objet sous toutes ses coutures, et pendant que Rejliidic finissait de parler, il l'alluma pour un tester le fonctionnement et se familiariser tout de suite avec l'interface de l'écran tactile.

RAGDA – Je ne fais pas vraiment confiance à nos hôtes… Les cargaisons sensibles attisent toujours des convoitises inattendues. Mais sinon, ce genre de transactions ne serait aussi amusant, n’est-ce pas ?

Zian Cti Toepie hocha poliment la tête à la plaisanterie de Rejliidic afin de ne pas le vexer. Il se permit même un petit commentaire :

ZIAN CTI TOEPIE – C'est comme cela que l'on tire de l'expérience de ce genre d'opérations.

Pour Zian Cti Toepie, il n'était pas question de s'amuser, mais si tout se passait toujours bien, on n'aurait finalement jamais l'occasion de s'améliorer, puisqu'on ne pourrait pas prendre conscience de nos points faibles. Ragda passa ensuite une brève communication avec une certaine Eva et un Barn, mais Zian Cti Toepie resta focalisé sur le scanner dont il essaya par lui-même de deviner le fonctionnement. Il utilisa même l'appareil sur ses propres affaires, pour essai. Il scanna son blaster, sa lance, les sangles qui maintenaient tout en place. L'écran du scanner indiquait la composition des matériaux, signalait en couleur tout ce qui était métallique, et analysait aussi les composition chimique et électrique. Ce scanner était donc capable de détecter des mouchards mais aussi des mines et autres explosifs divers, par exemple.

ZIAN CTI TOEPIE – Pourquoi craindre à ce point une bévue ? Votre entreprise n'a-t-elle pas bonne réputation ?

Tout en marchant à la vitesse du chariot répulseur du Hutt, Zian Cti Toepie essaya de faire tranquillement parler sa cible.
Ragda Rejliidic
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La question sonna comme l’expression d’une curiosité mal placée, d’autant que celle-ci émanait d’un mercenaire que le Hutt estimait payer assez pour obtenir une obéissance dépourvue de la moindre interrogation douteuse. Ragda détestait devoir se justifier. Encore moins à un être dont la loyauté dépendait d’une somme déboursée. Par essence, même, il se méfait des mercenaires : car ceux-ci changeaient de camp au gré de leurs pérégrinations galactiques, un jour ami, le lendemain ennemi mortel. Trop en dire, c’était prendre le risque de lui donner des clés qu'il retournerait un jour contre lui. Ragda comptait beaucoup d’ennemis. Beaucoup trop même. Ce qui le forçait à se montrer d’autant plus prudent. D’autant que sa vie seule n’était pas en jeu : il y avait aussi Refuge, pour l’instant, inconnu du plus grand nombre, même si l’existence d’un Havre pour les utilisateurs de la Force commençait à se répandre chez les Sith et Jedi, et leurs alliés proches.

Ainsi, son premier réflexe fut de toiser le mercenaire d’un regard condescendant, bouche muselée, lèvres inexistence pincées à l’extrême. Son intuition développée par de longues années passées en politique, le poussait à croire que cette question n’avait rien d’innocente… Il inspira, expira, continuant de manipuler son chariot répulseur jusqu’à l’autre extrémité du hangar, conservant un silence lourd de sens. Il ne voulait répondre. Mais à mesure que les secondes s’égrainaient, une toute autre pensée vint se confronter à la première, plus réfléchie.

Il était clair que sa paranoïa l’avait poussé à embaucher un nombre trop important d’hommes pour de simples tractations commerciales. Le géonosien le savait, tout comme lui. Dès lors, peut-être s’inquiétait-il aussi de possibles surprises non mentionnées dans les petites lignes du contrat passé entre eux. Par mesure de sécurité, ou par appât du gain, cherchait-il à lui faire dire que les risques encourus dépassaient de loin la somme promise ? Difficile à dire. Mais la confiance, même restreinte, n’en demeurait pas moins vital entre un mercenaire et son employeur… Au risque de le voir prendre la poudre d’escampette en cas d’imprévu. Ragda soupira, alors que le duo improbable s’approchait d’un amoncellement de caisses éventrées, recouverte d’une couverture thermique déchirée, aux reflets argentés. Un cadeau des précédents occupants du box, qui avaient préféré les abandonner là, plutôt que de tout nettoyer… L’espace Hutt… Un chaos à tous les niveaux. De prime abord, rien ne supposait que celles-ci représentaient le moindre danger. Mais il fallait s’en assurer. « Dégage ça » ordonna-t-il, sèchement. « Et scanne-les toutes. Assure toi qu’il ne reste rien à l’intérieur qui pourrait s’avérer dangereux.» Il pivota sur lui-même, afin d’embrasser du regard la scène vue sous un angle différent. Le cargo posé au fond, l’Agonie d’Ardos en premier plan. Derrière les deux vaisseaux, deux énormes volets d’aciers, refermés afin de rendre la structure étanche… Et accessoirement d’offrir un maximum d’intimité. Ils resteraient verrouillés jusqu’à la fin des tractations. Enfin, de part et d’autre du hangar cubique, les douze mercenaires s’affairaient pour mettre en place la sécurité au niveau des deux portes. L’une, plus large, donnait sur une artère très animée de la station ou se mélangeait pêle-mêle toutes les races galactiques. Le brouahaha et les odeurs qui en émanaient étaient indescriptibles. Entre les effluves corporels et les relents étranges des étales installées dans chaque recoin accessible. Ici, sur Junkfort, on pouvait tout acheter, même le pire. Surtout le pire. L’autre issue, elle, plus petite, plus discrète, se présentait comme une sortie de secours permettant de disparaître rapidement dans les méandres de la station via un réseau de coursives réputées pour être de véritables coupe-gorges. Le genre de lieu que l’on empruntait uniquement lorsque le désespoir nous y poussait.

Pour l’heure, ces deux issues demeuraient solidement fermées. Et elles le resteraient jusqu’à l’arrivée des commerciaux. Un système très archaïques de caméra permettait tout de même de s’assurer de l’identité de ceux qui venaient frapper aux portes, sans avoir le besoin de les ouvrir. Plusieurs mercenaires s’afférait déjà à en vérifier l’état, alors que les autres disposaient les caisses vides qui accueilleraient armes, datapad et autres dispositifs technologiques.

Alors qu’il observait en silence, tournant le dos au géonosien qui, l’espérait-il, obéissait à ses ordres, Ragda laissa ses idées défiler. Cette idée qu’un minimum de confiance imposait de se montrer un minimum franc concernant les risques encourus, commençait à s’encrer. Il grimaça, ferma ses énormes yeux globuleux, avant de s’avouer vaincu par cette logiques implacables :

« C’est n’est pas une question de réputation. » répondit-il enfin. La question datait déjà presque d’une dizaine de minutes. « Enfin, pas du consortium marchand que je représente. Il s’agit plutôt de la mienne. » Il marqua une pause, puis tourna son énorme tête, afin d’avoir son interlocuteur en vue. « J’ai beaucoup d’ennemis. Si vous vous êtes un minimum renseigné sur moi, ce que j’espère vu le prix que je vous paye, vous savez pourquoi. » Un mercenaire intelligent et débrouillard coûtait dix fois le prix d’un porte-flingue sans cervelle. Cette phrase sonnait comme une pique, mais fut prononcée sans sarcasme apparent. Ses yeux glissèrent lentement vers le matériel que les Refugiens terminaient de décharger. « Je transporte pour près d’un million de crédit de plantes médicinales. » Un aveux qui n’en était pas vraiment un. Dès que les enchères commenceraient, tous les mercenaires comprendraient rapidement que ces plantes valaient une petite fortune… A condition de savoir quoi en faire. « Ces négociations commerciales sont vitales. Par conséquent, je ne prends aucun risque. Je dois être paré à toutes les éventualités… »

Il y avait les services secrets Républicains qui le recherchaient toujours, l’Empire qui voulait sa tête… Les anciens alliés de Borenga qui désiraient certainement se venger… Et cette menace dans l’ombre, que Velvet nommait « Darth Synia » dont il ignorait presque tout. Sans parler du fait que ces plantes attiraient d’elle-même l’appât du gain. L’un des groupes pharmaceutiques contactés pourrait avoir l’idée de récupérer le stock par la force des armes, plutôt que par celle des crédits. Ici, dans l’espace Hutt, tout devenait possible. Même la plus respectable des sociétés Républicaines usait et abusait de son pouvoir dans cette région de l’espace où il n’existait aucune règle autre que devoir courber l’échine devant les patriarches Hutt. Malheureusement, Junkfort Station restait l’option la moins risquée…

Soudain il sursauta. Arraché sauvagement de ses pensées, par un appel provenant de son comlink. Celui-ci, fixé sur le tableau de bord de son chariot Répulseur, grésilla avant de retransmettre une voix grave, rocailleuse, mais porteuse de doutes :

« Monsieur. Les caméras de la porte secondaire ont détecté du mouvement. »

Déjà ? Les acheteurs était-ils en avance ? Possible… Mais un très mauvais pressentiment noua les tripes du Hutt. Le genre de pressentiment néfaste que seule la Force parvenait à transmettre.

« A-t ’on un visuel ? A quoi ressemblent-ils ? »
« Difficile à dire… Les lumières sont éteintes dans le couloir… Mais les données thermiques indique quatre silhouettes, peut-être cinq, en approche rapide. »


Ragda pesta. Ce n’était qu’une question de secondes avant que la menace potentielle – oui, parce qu’il considérait tout imprévu comme une menace potentielle – ne soit au pied de la porte verrouillée. « Mettez-vous en position, j’arrive ! » Il se retourna vers Zian « Laisser tomber les scans, viens avec moi ! Au pas de course ! » fit-il, faisant accélérer rapidement son chariot répulseur pour rejoindre l’autre côté du hangar.

Soudain, il y eu un sifflement. Un sifflement strident étouffé par l’épaisseur de l’acier de la porte, ainsi que la distance. Mais parfaitement reconnaissable : Celui d’un sabre laser qu’on allume. Et la seconde suivante, une lame aussi rouge que le sang traversa le métal. Avec une facilité affolante.

« Il va la découper ! » hurla un mercenaire anonyme, tout en reculant. Ragda, lui, se figea. Les yeux globuleux écarquillés par une terreur irrépressible. Il ouvrit la bouche pour hurler un ordre, mais aucun son ne sortit de sa gorge asséchée par l’émotion. Le flottement dura ainsi une poignée de secondes, avant que l’esprit du Hutt, entraîné aux arts Jedi par Velvet et Halussius, ne parviennent à reprendre le dessus.

« Tous à couvert ! Reculez ! » ordonne-t-il enfin, pivotant sur lui-même à la recherche d’éléments aisément déplaçables pour former une barricade derrière laquelle se protéger. « Barns ! Fait chauffer les moteurs ! On dégage, je répète, on dégage ! »

Hors de question d’abandonner un chargement valant un million de crédits. Les Refugiens le savaient. Ils se précipitèrent sur les caisses, entreprirent de les remettre en soute, dans la précipitation.

« Protégez les hommes et le matériel ! Il n’y aura aucune prime si nous devions l’abandonner ! »

Les crédits : le nerf de la guerre et de la motivation chez les mercenaires…
Zian Cti Toepie
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Pour une tentative de faire parler sa cible, ce fut un échec. Le Hutt toisa le mercenaire de son œil globuleux et hautain. Sa large bouche dégoulinante resta close. Le chariot répulseur continuait à avancer jusqu'à l'autre bout du hangar, et alors que Zian Cti Toepie espérait pouvoir faire la conversation avec sa cible, la distance fut parcourue dans un silence pesant. Zian Cti Toepie se sentait jugé, cela le rendait fébrile. Il avait l'impression d'avoir déjà commis un faux-pas. Il ne savait pas ce qu'il se passait dans la tête de Ragda. Et il ne savait pas non plus comment l'interroger. Il n'en était qu'au début de sa mission, de toute façon, il lui restait du temps, et au pire, il pourrait au dernier moment essayer de trouver une opportunité pour menacer le Hutt et lui extirper les informations de force. En attendant, il ne savait pas trop comment l'interroger sur le Refuge et sur Darth Velvet sans prononcer ni “Refuge” ni “Darth Velvet”.

RAGDA – Dégage ça. Et scanne-les toutes. Assure-toi qu'il ne reste rien à l'intérieur qui pourrait s'avérer dangereux.

Il n'aurait donc aucune réponse. Résigné, Zian Cti Toepie commença à obéir, alors que le Hutt lui tournait déjà le dos. Puisqu'il avait déjà deviné comment fonctionnait le scanner à écran tactile, il pointa chaque caisse consciencieusement avec le petit appareil, comme s'il était réellement là pour ça. Quant à dégager les caisses, cela fut bien plus difficile. Ragda n'avait pas mesuré à quel point le Géonosien manquait de force. Il n'y avait pourtant qu'à le regarder, le frêle insecte qu'il était. Comme l'imaginer soulever et déplacer de lourdes caisses ? Enfin, dix kilos, c'était raisonnable compte tenu que les caisses disposaient de poignées, mais pour Zian Cti Toepie, ça représentait deux fois son poids. Pourtant, un Géonosien était censé avoir une certaine force malgré sa carrure. Mais pas Zian Cti Toepie. Sans ce défaut, il aurait peut-être coulé une vie de soldat normal sur sa planète natale et n'aurait pas été là à traquer une Mirialane qui se faisait appeler Darth.

Zian Cti Toepie s'apprêtait à aller se servir d'un transpalette quand Ragda s'adressa à lui :

RAGDA – Ce n'est pas une question de réputation.

Zian Cti Toepie s'arrêta net, interloqué. Quoi, Ragda répondait finalement à sa question, après tout ce délai ? Bon, autant l'écouter.

RAGDA – Enfin, pas du consortium marchand que je représente. Il s'agit plutôt de la mienne. J'ai beaucoup d'ennemis. Si vous vous êtes un minimum renseigné sur moi, ce que j'espère vu le prix que je vous paye, vous savez pourquoi.

Zian Cti Toepie soutint le regard du Hutt qui s'était tourné face à lui entre deux phrases. Le « consortium marchand », c'était Refuge. Ragda prétendait que cette protection n'était pas là à cause de la réputation du Refuge. Ca pouvait être vrai, dans la mesure où Ragda tenait l'existence du Refuge secrète. Zian Cti Toepie se moquait en fait de cette réponse en elle-même, il cherchait juste un moyen d'aborder le sujet dudit « consortium marchand ». Il avait l'audace de penser qu'il avait une chance de piéger le Hutt dans l'art de la rhétorique. Lui. Qui ne tente rien n'a rien, dirons-nous.
Quant à ce qui sonnait comme une pique, Zian Cti Toepie l'ignora tout simplement. Il n'était pas là pour l'argent, de toute façon. Enfin, pas que pour l'argent.

RAGDA – Je transporte pour près d'un million de crédit de plantes médicinales.

C'était surtout pour cette raison que les mercenaires étaient bien payés : il fallait les dissuader de la tentation d'organiser le vol des marchandises, qui pouvait s'avérer plus juteux que leur simple rétribution de mission. Ragda conclut avec des banalités sur le fait qu'il fallait être paré à toute éventualité.

Zian Cti Toepie chercha comment alimenter cette conversation pour recentrer le sujet autour du Refuge, mais Ragda reçut une alerte sur son comlink : quatre ou cinq personnes approchaient du hangar. Ragda parut pris au dépourvu. Pour cause : il n'attendait pas d'invité si tôt.

RAGDA – Laisse tomber les scans, viens avec moi ! Au pas de course !

Il disait ça à un Géonosien, qui pouvait voler plutôt que courir !
Ragda fit accélérer son chariot jusqu'aux portes. Zian Cti Toepie le suivit à un mètre du sol, son blaster en main. Les autres mercenaires prirent position. Et soudain, la menace se fit réelle : un sabre-laser rouge perfora les portes, et commença à dessiner un passage. Ragda resta un instant pétrifié avant de crier enfin ses ordres. Manifestement, les enchères étaient annulées, et la priorité était de sauver les caisses.

Zian Cti Toepie leva la tête, et repéra une poutre métallique en hauteur. Il s'éleva et se posa dessus, cramponnant ses orteils autour. Il braqua son blaster vers les portes, prêt à tirer sur la première personne qui entrerait, et surtout, qui viserait Ragda.

ZIAN CTI TOEPIE – Je vous couvre, Monsieur !

Il y eut quelques secondes de tension avant que le sabre-laser ne finît son œuvre sur les portes. Un passage de deux mètres de long était ouvert, permettant à deux personnes à la fois d'entrer. Evidemment, le Sith à l'origine de cette ouverture ne prit pas le risque d'entrer en premier, laissant deux de ses sbires ouvrir la marche et déclencher les échanges de tirs. Zian Cti Toepie, lui, ne tira pas. Le propriétaire du sabre-laser entra en troisième position, et en quelques moulinets, repoussa tous les projectiles d'énergie, dont l'un repartit droit contre son expéditeur, en plein abdomen. Zian Cti Toepie resta concentré. En dernier, deux autres soldats ennemis entrèrent, tandis que les deux premiers cherchèrent à se mettre à couvert. Enfin, Zian Cti Toepie en vit un braquer son arme droit sur Ragda, ou peut-être plutôt sur son chariot répulseur. Tuer un Hutt en un tir de blaster relevait du miracle, mais la Limace pouvait être neutralisée si elle perdait son support de locomotion. Elle ne pourrait alors pas s'enfuir, à moins que le combat ne dure une heure. Zian Cti Toepie pressa la détente avec un réflexe adroit. Le chariot répulseur de Ragda fut sauvé : celui qui venait de le braquer s'effrondra, un trou fumant au casque.
Ragda Rejliidic
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L’action se déroulait avec tant de célérité que le pauvre Rejliidic peinait à la suivre, malgré l’adrénaline qui dopait son esprit et ses réflexes. La porte blindée avait été découpée comme une motte de beurre, par un sabre laser de très mauvais augure. Sa lueur rouge n’inspirait dans le cœur du Hutt que de la peur et de la confusion. Depuis qu’il s’entrainait avec Velvet et Halussius quasi quotidiennement, Ragda avait vu ses pouvoirs se développer. Il était parvenu à acquérir une maitrise toute relative de ces extraordinaires dons que lui instillait la Force… Mais il se jugeait, à raison, bien incapable de s’opposer à un Sith aguerri.

Les tirs fusaient, par dizaines, se frôlant parfois, avant de s’écraser sur leur cibles, visées ou non. Une cloison, le sol, le plafond. Un casque, un buste. La lame d’énergie rouge compensait à elle seule l’infériorité numérique des belligérants. Habile bretteur, le Sith renvoyaient laser sur laser, démultipliant la puissance de feu de son équipe réduite. Déjà, plusieurs mercenaires gisaient en sol, frappé par leurs propres tirs. Les plus réactifs s’étaient jeté à couvert, maudissant à grand renfort d’insultes colorées leurs homologues qui, stupidement, en proie à une frénésie meurtrière, ne cessaient de tirer en hurlant.

Cette confusion ne facilitait en rien le dégagement des marchandises. Les Refugiens devaient se déplacer la tête dans les épaules, en espérant ne croiser un laser perdu. L’un d’eux frôla le chariot répulseur du Hutt totalement dépassé, même si on esprit d’analyse hors du commun continuait de jauger les chances de survie de leur fine équipe. Un nouveau mercenaire fut fauché, cette fois par le tir précis d’un assaillant, genou à tirer, qui usait du Sith comme d’un bouclier… Leurs chances de s’en sortir décroissaient rapidement, à n’en point douter…

Ragda grogna, mais aucun mot intelligible ne parvint à s’extirper de se gorge crispée, une fois de plus. Il voulut hurler de se regrouper, ou bien de reculer. Mais il ignorait qu’elle stratégie serait la plus efficace. Le doute lui dévorait les tripes. Rarement il ne s’était trouvé aussi prêt d’un champ de bataille. L’ennemi progressait lentement, pas après pas, dans leur direction, bien que lui-même se trouvait en retrait, à proximité des caisses… Soudain, l’un d’eux se décala, si rapidement qu’il prit tout le monde de surprise. Il leva son canon. Ragda hoqueta réalisant être sa cible… Mais alors même qu’il pressait la détente, un laser venu d’au-dessus de sa tête frappa la menace au visage, perforant son casque, ne laissant qu’un cratère fumant là où une seconde plutôt se trouvait la visière noire. Par réflexe, Ragda leva les yeux, cherchant du regard celui qui venait de le sauver. Le géonosien. Sa position de tir élevée, ainsi que sa discrétion, lui avaient permis de prendre par surprise l’ennemi… Mais à peine avait-il eu le temps de voir son tir faire mouche, que déjà une pluie ininterrompu de lasers mortels dardaient dans sa direction. La plupart frappèrent la poutre sur laquelle il s’était juché, déclenchant une véritable pluie d’étincelles et de gouttelettes d’acier en fusion. Ragda, de son poing graisseux, activa sans ménagement les commandes son chariot. Il lui ordonna une marche arrière forcée, qui fit gronder les répulseurs déjà mis à rude épreuve par sa masse. Une retraite chaotique, seulement motivée par l’idée d’esquiver les retombées en fusion. Une dizaine de morsures brulantes lui indiquèrent que sa manœuvre désespérée n’avait été un franc succès… Puis la seconde suivante, son chariot percuta avec violence la dernière caisse d’herbe médicinale. Le Hutt manqua d’être désarçonné, mais son poids dépassait de loin celui de l’obstacle. La caisse, elle, fut éventrée, et son contenu se déversa tout autour du chariot : des flacons qui se brisèrent pour la plupart, recouvrant le sol froid de morceaux de verre acérées, et de plantes séchées, émiettées.

Le choc, pour Ragda, fut terrible. Mais il eut le mérite, étrangement, de lui remettre les idées en place. Halussius depuis peu le préparait à ce genre d’épreuve : celle de garder son sang-froid en toute circonstance. Une part de son esprit paniquait, tandis que l’autre, entrainée, conservait son calme. La peur ne protégeait du danger lui serinait régulièrement Velvet. Un adage stupide mais qui pourtant trouvait un écho en lui, en cet instant. Céder à la panique que ferait qu’empirer les choses. Les mercenaires, franc-tireurs de métier, connaissaient leur job. Ils savaient comment s’opposer à un ennemi entrainé, armé. Mais sans réelle coordination, ils se ferraient éliminer les uns après les autres. Zian avait prouvé que l’effet de surprise représentait leur meilleure chance de s’en sortir. Ragda devait reprendre les choses en main, quitte à faire des erreurs… Oui. Il lui fallait tenter quelque chose… Et une idée un peu folle lui vint à l’esprit. Vraiment folle…

Il se pencha, autant que lui permettait son corps déformé. Il s’allongea sur le dos, puis roula de côté, manquant de choir du chariot qui représentait sa meilleure chance de survie. D’autres lasers passèrent non loin. Mais fort de la couverture que lui offrait le Géonosien, il parvenait à rester focalisé sur son objectif. Enfin, sa petite main boudinée parvint à se refermer sur un tube à essais miraculé. Il ne prit ni le temps, ni le risque de l’ouvrir. Il le jeta en l’air, et goba à l’aide un coup de langue. Le verre craqua dans sa gueule. Les tessons lui ouvrirent les chairs, mais cette douleur valait bien les bénéfices qu’il allait en tirer.

La souche XC32V avait été développée par les laboratoires de feu Darth Araya, avant d’être subtilisée par Velvet. Ses propriétés médicinales n’étaient plus à prouver, ni sa rusticité… Mais la plante disposait d’une autre propriété, heureusement inconnue du grand public : elle décuplait la sensibilité à la Force, temporairement, au prix d’une addiction destructrice. Ragda s’était souvent demandé si cette particularité n’avait été le but de cette souche. A une époque, il est fort probable qu’Araya ait cherché à doper ses pouvoirs, ou bien à mettre à son service une armée de sensibles dépendants de lui… Mais, sur l’instant, au milieu de ce déluge de feu laser, cette question était le cadet de ses soucis. Ragda avala. La plante séchée, le verre pilé. Aussitôt une chaleur insoutenable lui lamina l’estomac, gagna rapidement son système sanguin. Ces plantes n’étaient théoriquement pas comestibles… Seul le principe actif, pouvant être extrait pas un processus complexe de raffinage, permettait d’en tirer ses sucs curatifs et dopants. Une idée folle oui, car au moment même où il déglutissait, Ragda ignorait quels seraient les conséquences réelles de son acte. Une prise de risque, oui, mais somme toute mesure. Compte tenu de sa masse, il était peu probable qu’une seule plante séchée fusse en mesure de mortellement l’intoxiqué. Du moins, encore une fois, en théorie…

La chaleur remonta le long de ses artères jusqu’à son cerveau. Des tisons ardent vinrent lui calciner les orbites de l’intérieur. Une douleur intense qu’elle lui arracha des grondements sourds, qui peinèrent à s’extraire de sa gorge compressée. Mais cette sensation fut immédiatement accompagnée d’une autre, plus agréable. Ses pensées fusaient à vive allure, et il eut l’impression qu’en une fraction de seconde sa perception du monde s’était accrue. Comme si toutes les questions universelles que se posait Halussius trouvaient leurs réponses sur le bout de sa langue. Il frissonna, bava… Mais trouva aussi l’énergie nécessaire pour se redresser, et s’affaler sur les confortables coussins cramoisis qui habillaient l’assise de son chariot. Ses pupilles dilatées ne percevaient plus qu’un flou artistique… Mais il sentait, comme jamais, la présence des êtres autour de lui. Le Géonosien au-dessus, le battement frénétique de ses ailes. Les questions qui tempêtaient dans son esprit. Plus loin, la peur, la colère, le doute. La sensation de vivre ses derniers instants. La douleur aussi, celle des autres, des blessés, plus ou moins agonissant. La froideur de la mort… Et, comme au phare au milieu de tout ce chaos, la noirceur insondable du Sith, qui puisait dans le Force pour décupler ses réflexes acérés. L’inconnu pris alors des allure de démon, sorti d’un panthéon oublié pour venir lui faire payer le prix fort de ses trahisons successives. Mais cette fois, Ragda ne paniquait plus. Son esprit recouvrait sérénité maintenant qu’il se sentait connecté à la Force.

L’expérience n’avait duré qu’une fraction de seconde, si bien que la situation n’avait guère évoluée depuis que le géonosien lui avait sauvé la vie. Le Sith occupait la tête d’une formation en V. Il parait et déviait la majorité des tirs qui, sans lui, auraient eu rapidement raison du petit commando. Les mercenaires continuaient de reculer, couvert après couvert, ils ripostaient avec toujours moins d’ardeur, sachant pertinemment qu’ils pouvaient signeur leur propre arrêt de mort. Le point fort, l’unique point fort de l’ennemi s’incarnait en cet être sombre, la visage dissimulé au fond d’un profonde capuche qui ne laissait deviner aucun de ses traits. Mais comment neutraliser un tel adversaire ? Pas directement non… Seule la fourberie pouvait agir : une fourberie si inattendue qu’il serait pris au dépourvu…

Ragda plissa des paupières. Il tenta de se frayer un chemin dans son esprit, à la recherche de cette ile mentale sur laquelle se cristallisaient ses pensées lors des longues et éreintantes séances de méditation. Il dût traverser le chaos de ses émotions canalisées, dignes d’un typhon tropical… Et enfin il la trouva, égale à elle-même, intemporelle. Nue, sans végétation. Un roc stérile au milieu d’un océan si déchainé qu’il menaçait à tout moment de la briser… Et, au milieu, se tenait une silhouette vaporeuse, fantomatique. Un visage familier : celui d’Halussius. Depuis que leurs esprits s’étaient touchés, le non-Jedi avait comme laissé un fragment infime de lui-même à l’intérieur de lui. Un constat qui l’avait rendu fou jusqu’à ce qu’il recouvre un semblant d’amitié avec l’ancien Chancelier. Immobile, muette, la silhouette le regardait avec intensité. Sourcils froncés, comme si elle attendait quelque chose de son élève turbulent. Jamais ce visage n’avait été aussi précis, dense, réaliste. La drogue officiait en ce sens, probablement. Sur son ile mentale, Ragda se lova en position fœtale, rassurante… Puis il commença à sonder son environnement à la recherche de cette Force qu’il imaginait sans cesse comme un fluide, un torrent. Le Hutt s’était découvert une affinité toute particulière avec l’élément liquide. Elle était là, partout, omniprésente. En lui, au dehors de lui. Elle perlait sur son corps à l’intérieur même des gouttes de mucus qui recouvraient chacun de ses bourrelets contractés par la tension. Le réel et l’imaginaire s’entremêlaient avant tant de subtilités que Ragda ignora s’il ouvrit les yeux en rêve, ou en vrai :

Une centaine de gouttes de mucus flottait dans les airs, gravitant autour de son corps comme des lunes autour d’un astre dense, composé de graisse. Ses petits doigts se crispèrent, et celles-ci se divisèrent, encore et encore, jusqu’à devenir si fine qu’elles échappaient à l’œil. Les gouttelettes se muèrent ainsi en bruine, puis en brouillard. Un brouillard épais, gras, collant, qui en plus de voiler la vue, imbibait les vêtements jusqu’à engourdir les mouvements. Enfin, dans un ultime geste, Ragda poussa ses deux bras en avant. Le brouillard se déplaça avec une célérité surnaturelle. Il fonda sur l’ennemi avant même qu’il n’ait eu le temps de comprendre ce qui lui arrivait.

« Maintenant ! Feu à volonté ! » beugla-t-il, le volume sonore de sa voix décuplé par la Force. Il en fut surpris lui-même.

Tel un seul homme aux abois, les mercenaires réagirent. Ragda espérait que la surprise, alliée à l’amoindrissement de leurs sens et de leurs réflexes, serait fatale pour leurs adversaires…
Zian Cti Toepie
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Des hommes devaient protéger les caisses, et d'autres hommes devaient protéger ces premiers. Quant à Zian Cti Toepie, il essayait de protéger plus particulièrement Ragda Rejliidic, dans l'unique but de gagner au mieux sa confiance... et attendre le moment le plus opportun pour se retourner contre lui et l'interroger. S'étant ainsi montré discret sur sa poutre en hauteur alors que tout le reste du combat se déroulait au niveau du sol, il avait su échapper à l'attention des assaillants et placer un tir précis en plein crâne de l'un d'eux. Il fut ainsi le premier à tuer l'un des assaillants. Et cela lui ôta toute furtivité.

D'un seul coup, il eut l'impression d'avoir l'attention de tous les assaillants sur lui. Quoiqu'il ne savait dire pour le Sith qui restait concentré sur sa tâche de repousser tous les tirs de blasters à portée de sa lame, mais les trois tireurs levèrent regard et arme à l'unisson vers le plafond. Zian Cti Toepie sentit son corps se tenir instinctivement prêt à effectuer un mouvement réflexe. Quand trois tirs fusèrent droit sur lui, il se détacha de la poutre qui prit deux tirs, le troisième lui frôla les ailes. Ce fut moins une. Les tirs continuèrent mais l'insecte voleta dans une sorte de ballet d'esquive sans même riposter, laissant ainsi les autres mercenaires, en répit, tenter de percer le bouclier formé par la seule lame-laser du Sith. Bientôt les assaillants se lassèrent de s'acharner sur une seule et même cible, et reprirent leurs tirs vers les autres mercenaires. Mais ils gardaient un œil sur le Géonosien qui savait maintenant que ses déplacement allaient être épiés. Fini l'effet de surprise. Quant à la poutre, elle avait pris suffisamment de tirs pour commencer à laisser tomber des gouttes de métal fondu ou des morceaux découpés. Heureusement, personne n'était en-dessous.

Zian Cti Toepie remarqua que les mercenaires payés par Ragda Rejliidic restaient statiques, ne voulant surtout pas prendre le risque de perdre leur couverture pour chercher un autre angle de tir. Alors, certes, ils tenaient bon plus longtemps, mais peinaient à tuer juste trois tireurs ennemis : le Sith avait juste à se placer en pointe d'une formation en V pour protéger ses trois sbires en plus de se protéger lui-même. Zian Cti Toepie opta donc pour une autre tactique. Au lieu d'être celui qui enchaînerait les tirs depuis une position fixe, il serait comme à son habitude celui qui chercherait plutôt le tir le plus précis : une faible cadence mais où chaque tir serait potentiellement mortel. Alors que les autres mercenaires, de fait, se cantonnaient à des tirs de barrage, Zian Cti Toepie allait jouer le sniper mobile. Sa spécialité. L'inconvénient ici est qu'il était un sniper repéré et surveillé. Mais le Sith, aussi doué qu'il fût avec son sabre-laser, ne pouvait pas protéger tous les angles.

Zian Cti Toepie voleta à toute vitesse jusqu'à une position où il put viser le flanc de la formation ennemie. Il leva son arme, visa, et tira. Si sa cible ne s'était pas recroquevillée grâce à l'alerte de son camarade, elle serait probablement morte. Non, Zian Cti Toepie ne pouvait pas non plus faire un mort par tir, ce serait trop beau. Il n'avait plus l'effet de surprise avec lui.

La surprise vint d'ailleurs. De Ragda Rejliidic. Et de façon barbare, l'on pouvait dire que c'était surprenant en soi que la surprise vînt du Hutt. S'il y en avait bien un dont on n'attendait rien du tout, c'était lui. Et pourtant, quand Zian Cti Toepie coula un regard bref vers lui, il fut décontenancé par la position de la Limace sur son chariot. Ragda s'était allongé en se roulant sur place, son corps menaçant de dégringoler au sol, sur le rebord du chariot – et tout aussi adhésif que pouvait être son mucus, il ne retiendrait pas son poids.
Et son mucus, justement, s'éleva en un nuage autour de lui, puis au-dessus de lui. C'était... spectaculaire, oui. Zian Cti Toepie ne comprenait pas ce qu'il voyait. Il était tellement à cent mille parsecs de se douter que le Hutt pût avoir cultivé la préhension de la Force, que cette pensée ne lui traversa pas l'esprit une seule seconde. Pourtant, Ragda Rejliidic fréquentait de près une utilisatrice de la Force, Darth Velvet, justement la cible finale de Zian Cti Toepie, la raison pour laquelle ce dernier se trouvait ici ce jour-ci.

Le nuage de mucus collant se déplaça vers le commando ennemi, à une vitesse somme toute modérée mais qui laissa tout le monde sans réaction tant c'était surréaliste. Le temps fut comme figé jusqu'à ce que le nuage atteignît les tireurs ennemis, englobant même le Sith. La voix de Ragda résonna alors, plus tonitruante que jamais, sonnant l'ordre du feu à volonté.

Contrairement à son plan initial, Zian Cti Toepie se livra donc de la même manière que les autres mercenaires à un harcèlement de blaster sur les ennemis qui ne pouvaient plus voir les néons blanchâtres leur fuser dessus. Il y eut des cris. Un, deux, trois, quatre, cinq, six... Ah, plusieurs cris venaient de la même personne, mathématiquement. De toute façon, Zian Cti Toepie et les autres mercenaires tiraient dans le tas. Impossible pour eux de viser. Alors un tireur ennemi pouvait bien prendre un tir dans l'épaule, un autre dans la hanche et un troisième dans le ventre avant de s'écrouler. D'où la multiplicité des cris.

Finalement le brouillard de mucus se dissipa lentement, laissant apparaître des ennemis englués. Sur les quatre, il n'en restait que deux de vivants. Un tireur se tenait à genoux, le bras gauche invalidé, handicapé par la douleur.
L'autre, nul besoin de préciser de qui il s'agissait. Zian Cti Toepie espérait au moins qu'il avait été blessé également.

Au cas où, le Géonosien se précipita vers le Hutt, dont il ne savait pas s'il allait être capable de se retourner encore et de se remettre debout pour accéder aux commandes de son chariot répulseur. Zian Cti Toepie ne voulait pas que le Sith tue sa propre cible.

ZIAN CTI TOEPIE – Monsieur, vous pouvez vous remettre debout ?

Voir cette grosse limace avachie et au fumet délicat, excita l'insecte qui bourdonna nerveusement. Il était comme une mouche découvrant un énorme étron vivant trop gluant pour se mouvoir et lui échapper. Heureusement, l'adrénaline l'empêcha de se jeter sur sa proie. L'heure n'était pas au festin. Pas encore.
Ragda Rejliidic
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Les paroles du mercenaire ailé lui firent l’effet d’une bombe. Une explosion mentale qui l’espace d’un instant chassa les brumes nauséeuses causées par la substance dopante dont l'effet se dissipait déjà, ne laissant derrière elle qu'un sentiment de malaise tout autant moral que physique. Une série de frissons parcoururent les bourrelets huilés du Hutt, qui dégoulinaient d’un mucus aux relents acre de terreur. Ragda grogna. Il tenta de répondre, mais sa gorge sèche, irritée par le hurlement amplifié, refusait de lui obéir.

Pour autant, le Hutt n’était pas totalement démuni. Son chariot avait été conçu pour palier à bien des situations critiques, dont la chute figurait en tête de liste. La puissante queue du gastéropode frappa sans ménagement un bouton coup-de-poing – qui pour l’occasion parlait terriblement mal son nom. Aussitôt, l’assise bardée de coussins s’anima. Les servomoteurs grincèrent, malmenés par la masse molle du Hutt que la fatigue rendait d'autant plus amorphe. Ses muscles en feu lui arrachaient des grognements de douleur, alors que son système digestif, comme doté d’une volonté propre, menaçait de régurgiter les restes du repas pris quelques heures plus tôt. Les remontées acides, chargées de d’arômes dénaturés par les sucs gastriques, lui rappelaient vaguement le contenu de celui-ci. Viande crue, assaisonnée de quelques tranches de fruits : un régime que lui imposait Darth Velvet pour réduire son embonpoint… Seule une idéaliste bornée pouvait se mettre en tête de faire maigrir un Hutt !

Devant son regard médusé, absorbé par l’horreur que lui évoquait la scène, se tramait les derniers instants du petit groupe de mercenaires engagés pourtant d’après leurs CV étoffés. Le brouillard de mucus avait été un succès, bien plus que ne l’escomptait Ragda… Mais en définitive, cette surprise ne changeait guère la donne. Oui, les assaillants payaient le prix fort. Un corps criblés de cratères d’impacts énergétiques gisait au sol, au pied du Sith dont l’aura colérique gagnait en puissance d’instant en instant. Un autre, derrière la silhouette encapuchonnée, se tenait genou à terre, blessé au bras, incapable de supporter le poids de son arme dont le canon fumait encore.

Le Sith poussa un cri. L’expression d’une rage décuplée par l’expérience d’avoir été souillé par les fluides vitaux d’un Hutt, probablement. Il bondit, s’élevant dans les airs bien plus que la raison ne l’aurait laissé supposer. Par ce geste, il abandonna son compagnon d’arme, devenu inutile, qui succomba presque aussitôt à un tir perdu… Tous les yeux se levèrent vers le plafond, ou l’ennemi devenu ombre qui s’échappait aux regards, se déplaçait entre les poutres, comme l’avait fait Zian quelques instants plutôt. Lame éteinte, il devenait très difficile d’apprécier sa position exacte. Pour autant, cela ne décourageait pas les mercenaires, bien au contraire. Ce bond fut pris comme un aveu de faiblesse, une tentative d’échapper à une mort certaine. Le feu reprit de plus belle, ponctuées de cris de défis, prémisse de victoire.

Quelle terrible erreur.

La silhouette encapuchonnée se dissipa. Quelques secondes. A peine plus qu’un clignement de paupière… Un sabrelaser siffla. Les hurlements redoublèrent, de douleur et de peur cette fois. Le torse d’un mercenaire, la face figée en une expression de surprise, bascula en avant. Il chuta lourdement au sol, tandis que la partie inférieure de son corps, sectionnée juste au-dessus du bassin, elle, ne bougea d’un pouce. Le Sith fit un nouveau bond. Sa lame rouge s’abattit sur le mercenaire le plus proche. Un coup de taille, vertical, qui le pourfendit du menton jusqu’à l’entrejambe. Le type, en état de choc, lâche son arme pour porter les deux mains à son ventre. La cascade de sang et de viscères glissaient entre ses doigts écartés alors qu’un second coup le décapita net. Sa tête roula sur plusieurs mètres, jusqu’aux pieds de deux autres mercenaires qui comprirent être les prochains sur la liste…

Et très rapidement, la désorganisation gagna les rangs des mercenaires dont les instincts de survies prirent le pas sur leurs obligations professionnelles…

«  Merde ! » commenta le Hutt, placé en retrait de la scène depuis sa tentative désespérée de se soustraire aux échanges de tirs. Son regard se tourna vers le Géonosien. « Il faut qu’on sorte de là ! Tout de suite ! »

Dans leur dos, les bourdonnements de répulseurs déclenchèrent une bourrasque d’air surchauffée, chargée de poussières. Barn, le pilote du cargo Refugiens, opérait un décollage d’urgence. Lui aussi était parvenu à la même conclusion. Toutes les caisses, exceptée celle éventrée par Ragda, avaient été rentrées dans la soute. Rien ne justifiait plus de risquer la vie des êtres sous sa responsabilité.

Des bottes claquèrent sur le sol métallique. Avec autant de subtilité qu’un troupeau de Bantha. Trois mercenaires, sortis de leur couvert, les traits tirés par la fatigue et le stress, se précipitaient vers l’issue secondaire. Aussitôt, le Sith leva le bras… Et le trio fut propulsé dans les airs, projeté avec violence contre la cloison la plus proche. L’un fut même tué sur le coup. Mais par ce geste, le Sith révéla son identité. Le mouvement brusque, allié au souffle des moteurs soumis à rude épreuve, lui arracha sa capuche, dont le lourd tissu retomba dans son dos.

Un masque noir d'argent ciselé.

« Massari ! » lâcha le Hutt, estomaqué au point de ne pouvoir détourner le regard. Le masque se tourna lentement vers lui. A cette distance, il lui était impossible d’entrevoir les iris de son propriétaire sous les fines fentes. Pour autant, Ragda frissonna. Il était là pour lui. Ce n’était pas une guerre commerciale… Le Sith leva le bras… Mais fut aussitôt frappé par un laser, à l’épaule. Il chancela, mais bougea avec une telle rapidité qu’il échappa aux tirs suivants. Un halo rouge sang fendait l’air sur son sillage. Il abattit son arme avec l'implacabilité d'une lame de fond. L'auteur du tir réussi sombra, emporté par les flots écarlates de sa carotide sectionnée.

« Qu’est-ce qu’il fout là ?! L’enfoiré ! » pesta-t-il à lui-même, tout en manipulant son chariot pour s’enfuir le plus loin possible de cet ennemi inattendu. El Massari, il avait été un temps le bras armé de Borenga… Avant de le trahir pour revenir dans les petits papiers de l’Empire, sous le titre de Darth Nesanto. Ragda ne l’avait jamais considéré comme un véritable ennemi… Bien qu’il lui eut coupé l’herbe sous le pied en envoyant Velvet assassiner Borenga, coupant ainsi court à son jeu de dupe.

Par chance, pour l'instant,  le Hutt ne représentait qu’une menace limitée pour le Sith. Avant de l’atteindre, celui-ci devait faire taire les armes qui s’acharnaient contre lui, au risque de voir le prochain impact lui être fatal. Cela laissait au Hutt un laps de temps, court certes, mais certains pour envisager une fuite éhontée.

« Tu viens avec moi ! » hurla-t-il, à l’encontre du Géonosien, qui lui servirait, le cas échéant, de bouclier humain. Enfin, façon de parler. Il n’y avait rien d’humain chez cet être plus proche de la mouche frétillante que du bipède. Ainsi, Ragda se précipita vers son yacht spatial, L'agonie d'Ardos, dont la carrosserie dorée reflétait le chaos ambiant. Un miroir déformant qui ajoutait encore à l’horreur de la scène. La rampe baissée, s’offrait à ses espoirs comme son ultime planche de salut. A bord, l’intelligence artificielle, EVA, allumait les moteurs, prête à décoller en urgence.
Zian Cti Toepie
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Les phéromones du Hutt parvenaient au Géonosien à distance rapprochée claires comme de l'eau de roche. En un mot : de la terreur. L'irruption de ce Sith avait bouleversé tous les plans de Ragda et la teneur si exceptionnelle de sa panique avait catalysé un pouvoir que l'on n'aurait jamais soupçonné chez lui et que peut-être lui-même s'ignorait. La brume de mucus avait fait son effet, ne laissant plus que le Sith en état de se battre... et c'était déjà un danger bien trop grand. Zian Cti Toepie avait bien sûr eu la pensée éclair de le charger pour le neutraliser lui-même au corps-à-corps, une idée qu'il avait étouffée comme une flammèche sous un seau d'eau. L'idée était stupide sur bien des points, à citer entre autres le fait qu'il ne serait pas meilleur au corps-à-corps à un contre un qu'à distance en se joignant à plusieurs autres tireurs, le fait que cet ennemi dégageait toute l'assurance d'un Sith qui se savait capable de maîtriser les opposants les plus zélés, et le fait qu'il y avait pour l'instant encore d'autres solutions à envisager avant de prendre ce risque suicidaire, comme par exemple la fuite.

La fuite, voilà tout ce à quoi Ragda pouvait se résoudre. Zian Cti Toepie était donc bien de cet avis : les informations susceptibles d'être extorquées du Hutt ne méritaient pas un duel contre un Sith expérimenté. Ce dernier était toujours debout, les caisses avaient été rechargées au mieux dans le cargo, il fallait lever le camp. Pourquoi ce Sith attaquait serait une question sur laquelle méditer plus tard, et Ragda était seul de toute manière à vouloir y trouver une réponse.

Le Hutt, pataugeant dans son mucus, se roula sur son chariot qui déploya des coussins pour l'empêcher de dégringoler. Une bien belle machine tout adaptée à la race destinée à l'utiliser. Zian Cti Toepie surveillait le Sith, pour l'instant occupé à éliminer les autres mercenaires. Il en mesurait la puissance à chaque action. Le Sith se déplaçait dans les poutres comme lui-même l'avait fait précédemment, mais sans avoir d'ailes. Il portait des assauts brefs et mortels telle une ombre ; quand les mercenaires l'apercevaient, c'était déjà trop tard.

Soudain, Ragda, plus terrorisé que jamais, eut l'air de reconnaître cette ombre au trait de lumière rouge. Masaari. Bien sûr ce nom était connu de Zian Cti Toepie – quel mercenaire intergalactique aurait-il été s'il n'avait jamais entendu parlé de Borenga et de son principal homme de main. Est-ce que c'était ça, la raison de l'attaque de ce Sith ? Une vengeance liée au sort de Borenga ? Il y avait de quoi se poser la question finalement pour Zian Cti Toepie, par simple curiosité à défaut d'un réel intérêt.

Zian Cti Toepie pensa à l'idée de pactiser avec Masaari pour interroger Ragda en menaçant ce dernier de le laisser en pâture au Sith s'il ne répondait pas convenablement ; mais il avorta cette idée de la même manière que celle d'affronter le Sith au corps-à-corps. D'une part, il ne savait rien de la confiance qu'il pouvait avoir en ce Sith pour cela, et d'autre part, quel serait l'intérêt pour celui-ci de renoncer à attaquer Ragda si ce dernier répondait convenablement à l'interrogatoire d'un inconnu ?

RAGDA – Tu viens avec moi !

Zian Cti Toepie devinait que Ragda s'adressait à lui, son regard restait braqué sur le Sith qui venait d'être distrait par un tir ayant finalement réussi à lui mordre l'épaule. Il laissa Ragda prendre les devants, puis le rattrapa dans un ultime bourdonnement jusque dans son yacht spécial. Il fit alors un tir de barrage de sorte à retarder Masaari et donc l'empêcher de monter avec eux avant la fermeture de la rampe du vaisseau.

Zian Cti Toepie posa son regard sur la Limace pataugeant dans son propre mucus. Il était si... apétissant. Non pas apétissant en soi, Zian Cti Toepie ne voulait pas dévorer le Hutt, seulement tout ce qu'il sécrétait. Le Géonosien ne put retenir un frétillement. C'était vraiment trop attirant... trop tentant... trop... trop...
C'est la phrase hurlée soudain par le pilote ou le co-pilote qui tira Zian Cti Toepie de son envoûtement primaire. Il réalisa alors qu'il avait bougé un doigt jusqu'à un tout petit centimètre de la peau de la Limace, sur le point de récolter un peu de son mucus pour le porter à sa bouche.

ZIAN CTI TOEPIE – Vous êtes sauf, et une partie de la marchandise aussi.

Zian Cti Toepie décrocha ses yeux du Hutt pour analyser sa nouvelle situation, la configuration du vaisseau et les personnes présentes à bord avec eux.
Ragda Rejliidic
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Le chariot répulseur percuta violemment le bas de la rampe. Stoppé net dans son élan, l’énorme Hutt Rejliidic manqua de basculer par-dessus le tableau de bord, au milieu de la gerbe d’étincelles. Il lâcha un râle étouffé, alors que l’air de ses poumons comprimés s’échappait de ses narines disproportionnées. L’épais mucus qui imbibait sa peau, chaque recoin de ses bourrelets graisseux, éclaboussa copieusement le métal.

Ragda, sonné, trouva tout de même la force et la lucidité nécessaire pour réagir. Il était arrivé bien trop vite, et la proue de son chariot s’était littéralement encastrée dans la rampe. Il pressa de toutes ses forces sur les commandes. Les répulseurs bourdonnèrent de plus belles, arrachant les tympans de ceux qui pouvaient percevoir les infrasons. Le chariot se souleva de quelques centimètres seulement, mais assez pour gravir le plan incliné. Quel con, pesta mentalement le Hutt, qui n’osait même plus tourner la tête de peur de découvrir le masque du Sith à quelques centimètres du sien, la lueur rouge de son sabre prêt à lui dévorer les entrailles.

Il peinait à déglutir, alors que des relents de bave, de sang et de sucs gastriques lui picotait l’intérieur de la gorge jusqu’aux muqueuses nasales. Les répulseurs hurlèrent donc. Ils menacèrent de rendre l’âme même… Mais, visiblement, une petite étoile veillait toujours sur le gastéropode ventripotent : car ils tinrent bons. La Force peut-être ? Qui saurait le dire…

L’accélération fulgurante plaqua, cette fois, le Hutt dans les coussins cramoisis de sa banquette. Ses bourrelets graisseux, tels des morceaux de gelées verdâtres, tressaillirent frénétiquement. La seconde suivante, l’engin devenu projectile, s’engouffra par l’ouverture laissée béante par la rampe baissée. La soute. Ragda n’eut d’autre choix que de procéder à un dérapage désespéré pour en éviter la cloison. C’était moins une...

« EVA… »
beugla-t-il, les yeux fous, la voix éraillée. Mais il n’eut besoin d’en dire plus. Déjà l’intelligence artificielle activait les moteurs du vaisseau. A aucun instant, le Hutt n’avait vérifié si son mercenaire/bouclier insectoïde, se trouvait avec lui. Le sacrifier ne lui aurait posé aucun cas de conscience. N’était-il pas payé pour ça justement ?

Une bouffée d’espoir gagna ses traits tirés. L’espace d’une fraction de seconde, imprudente, il s’imagina déjà sorti d’affaire. Le Yacht spatial quittait le sol crasseux du hangar, jonché de corps et de restes humains. Le cargo de Refuge, piloté par Barns, ne s’était pas fait prier : seule la lueur crue de ses moteurs sur le fond étoilé témoignait de son existence… Mais aussitôt, une vibration, suivi d’un crissement métallique inquiétant, fit sortir Ragda de sa rêverie optimiste. Bien trop optimiste.

Il pivota… Et la scène qu’il découvrit lui arracher un hoquet de terreur.

Le Sith avait sagement rangé son arme, à sa ceinture. Toujours sur le tarmac, droit comme un « i », il tendait les bras en avant. Ragda compris immédiatement qu’il usait de ses pouvoirs de la Force pour maintenir le vaisseau en place, pour l’empêcher d’avancer, de s’élancer vers les étoiles.

Merde !

Paniqué, il regarda à gauche, à droite, à la recherche d’une idée. Une bien trop grande torpeur lui interdisait de reproduire son exploit… Et son regard se figea sur la frêle silhouette du géonosien à demi dissimulé dans la pénombre de la soute, seulement éclairée par les néons du hangar qui dardaient de ce jaune pisse au travers du sas resté ouvert.

« Fait quelque chose, bordel ! » lui hurlait-il, tout en lui balancer les petits objets qui lui passaient à portée de main. « A ce rythme les moteurs vont lâcher ! » Le bourdonnement croissant de ceux-ci ne pouvait que lui donner raison. Il connaissait l’intelligence artificielle aux commandes. EVA devait dérouter un maximum d’énergie vers les systèmes de propulsion pour contrecarrer l’étau invisible qui les enserrait. L’instinct de survie programmé la poussait à tenter le tout pour le tout… Quitte à tout faire exploser…

De nouveau, son regard fut happé par le masque noir et argent de leur assaillant… Massari… Bordel ! Pourquoi ?! La noirceur qui de dégageait de cet être dans la Force le fit frissonner.
Zian Cti Toepie
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L'intelligence artificielle activa les moteurs du yacht, et chacun se permit de se croire tiré d'affaire. Le chariot porte-hutt était un peu abîmé, Ragda avait fait une entrée assez fracassante, au sens propre du terme, et heureusement pour lui que son engin était de très bonne qualité, car il avait commencé par l'encastrer dans la rampe avant de forcer comme un pauvre diable sur les commandes et sur les répulseurs, sous l'effet de la panique. Son engin avait tenu bon malgré tout, et l'ingénieur qui en avait été à la conception méritait une médaille. La rampe était maintenant fermée, et le Sith laissé sur le carreau dans le hangar. Il fallait tout de même que le yacht se soulève vite, car un sabre-laser finirait par avoir raison de l'écoutille.

Zian Cti Toepie plissa les yeux pour évaluer dans cet éclairage mitigé le nombre de personnes présentes avec le Hutt et lui à bord du yacht. Que ce soit visuellement ou olfactivement, il ne compta que le pilote. Il n'y avait pas de copilote, et aucun homme de main de Ragda n'avait survécu. Zian Cti Toepie était le seul mercenaire à être entré vivant dans le yacht avec le Hutt, et il ne pouvait pas espérer meilleure situation. Il avait bien tiré son épingle du jeu en restant tout près du Hutt au moment de la fuite, pendant que les autres hommes de main les avaient couverts et s'étaient fait éliminer un par un sous les assauts foudroyants du Sith. Autant de dévouement – cela pouvait être considéré ainsi en tout cas – allait sûrement lui attirer l'estime du Hutt qu'il s'apprêtait à cuisiner... au sens figuré du terme cette fois-ci.

L'objet non identifié lancé par le Hutt et qui lui tapa l'épaule lui fit réaliser que pour l'estime, on repassera. Ragda était de toute façon encore bien trop paniqué, et pour cause, il se passait quelque chose de bizarre. Le yacht tardait un peu trop à décoller.

RAGDA – Fais quelque chose, bordel ! A ce rythme les moteurs vont lâcher !

Qu'est-ce qui coinçait ? Zian Cti Toepie n'était pas un tech, et bien qu'il eût des compétences polyvalentes, il allait lui falloir du temps pour examiner le yacht et essayer de déterminer les causes d'une panne, si tant est qu'il y arrivait ! A moins que...

Zian Cti Toepie se pencha sur un hublot, alors qu'il recevait d'autres objets divers lancés par le Hutt furieux et paniqué. Ses ailes crissèrent d'agacement mais il ne dit rien et observa simplement Masaari. Ce dernier se tenait debout au milieu du hangar, droit comme un piquet, son arme rangée à la ceinture. Les mouvements lents de ses bras, tendus vers le yacht, laissaient deviner qu'en fait, il était la cause de la panne. Il utilisait cette fichue Force pour empêcher le véhicule de décoller. Quelle puissance... Zian Cti Toepie en resta stupéfait pendant une seconde.

Une seconde, pas plus, car il fallait agir en urgence. Mais comment, sans exploser la vitre ? Il n'allait certainement pas redéployer la rampe du véhicule ! Et s'il explosait la vitre, cela pourrait être embêtant par la suite : il s'agissait d'un vaisseau spatial, qui devait donc pouvoir assurer la dépressurisation.
Heureusement, le hublot sur lequel Zian Cti Toepie était penché, était équipé d'un système d'issue de secours. Zian Cti Toepie tira sur une manette, mais il dut forcer un peu, ce qui serait assez aisé pour un humanoïde standard, mais avec sa force à lui, cela demanda plus d'effort que prévu. Au bout de quelques ahans, alors que ses ailes devenaient folles pour l'aider à tirer la manette avec plus de force, il réussit à obtenir une ouverture suffisante pour y passer son blaster et viser.

Sans hésitation, il tira droit sur Masaari, puisque ce dernier avait rangé son sabre-laser et ne pouvait donc plus s'en servir pour renvoyer les tirs. Zian Cti Toepie misa sur l'idée que plusieurs tirs le ciblant l'obligerait à effectuer des mouvements d'esquive qui fatalement le déconcentreraient de sa manœuvre importante. Le Sith n'avait pas dit son dernier mot : deux tirs semblèrent le toucher, mais furent comme absorbés sans lui causer de dégâts. Enfin, il fut bien obliger de s'emparer de nouveau de son sabre-laser pour ne pas avoir à se déplacer sans arrêt et définitivement perdre sa concentration.

Toutefois, Zian Cti Toepie avait anticipé cela. Dès qu'il perçut le geste visant à allumer le sabre-laser, il s'arrêta de tirer, pour ne pas risquer en renvoi causant finalement des dégâts au yacht. Une autre idée lui traversa alors l'esprit. Il se rappelait que quand lui-même et le Sith avaient, à tour de rôle, emprunté la voie des poutres métalliques pour dominer le combat, plusieurs tirs les avaient visés, sans succès, et avaient ainsi fini par fragiliser le tout. Masaari, en allumant son sabre-laser, s'attendait à un nouveau tir le visant directement ; il fut sûrement surpris de voir des tirs partir bien au-dessus de lui. En cinq pressions sur la gâchette, Zian Cti Toepie réussit à sectionner un point faible de la structure. Et ce sont deux lourdes poutres métalliques qui churent dans un fracas ineffable sur le Sith.
Ragda Rejliidic
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Le plafond du hangar, entremêlement de poutres aussi épaisses que le Hutt, grinça subitement sous les tirs nourris du mercenaire. Masaari n’eut même pas le temps de lever la tête, que toute la structure s’effondrait lourdement sur lui.

« Touché ! » Hurla le Hutt, dans un ultime élan avant de s’effondrer mollement sur les coussins cramoisis de son chariot répulseurs amoché. L’énergie quittait ses bourrelets qui ne tressaillaient déjà plus au moindre de ses mouvements. Même son mucus semblait inerte, figé. Il s’était passé tant de chose en si peu de temps, le cerveau du Ragda en parvenait plus à analyser quoi que ce soit… Depuis sa position d’observation, derrière l’épais hublot de la poupe, alors que l’Agonie d’Ardos terminait sa phase de décollage à présent libéré de l’étreinte invisible du Sith, Ragda avait eu tout le loisir d’observer la scène, dans ses moindres détails. Il allait détourner la tête pour gagner ses quartiers, lorsqu’il remarque soudain un objet argenté, ayant échappé comme par miracle à l’effondrement du plafond. « Eva… » laissa-t-il échapper entre ses lèvres serrées inexistantes. Un soupir à peine audible, comme une pensée énoncée à voix haute, mais qui fut parfaitement captée par l’intelligence artificielle. Rien ne pouvait lui échapper à bord tant les systèmes d’écoute voulu par Ragda étaient performants. « Ne serait-ce pas le… masque de Masaari ? » S’il avait hésité l’espace d’une seconde, il en était à présent convaincu. Le Sith l’avait perdu. Arraché de sa face, il était tordu, écaillé… Mais parfaitement reconnaissable. Nul autre que lui ne portait cet atour pour dissimuler ses traits. Une facétie que le Hutt ne comprenait toujours pas… Que cherchait-il à cacher derrière ? Son humanité ? Un visage disgracieux ? Son identité ? Questions inutiles. « Eva ! Choppe le masque avec le rayon tracteur ! » ordonna-t-il aussitôt. Une preuve. Il avait de l’objet pour prouver à Velvet qu’il ne fallait faire confiance à son… vieil ami. Masaari, devenu récemment Darth Nesanto, était tout autant que lui l’incarnation de l’opportunisme et de la trahison, mais dans un style bien moins… Subtile. Un être de chair et de sang aurait mis de longues minutes à paramétrer le faisceau pour capturer une si petite cible… Mais E.V.A n’avait rien de vivant. Ses programmes logiques réagissaient à la vitesse d’un composant électronique. Il ne lui fallait pas plus qu’une poignée de secondes pour verrouiller le masque et l’attirer vers la trappe ventrale… Le tout sans même ralentir la progression de l’Agonie d’Ardos qui quittait définitivement l’atmosphère pressurisée du hangar.

La menace se trouvait loin derrière eux à présent. Ragda quitta des yeux le hublot pour se concentrer sur les commandes tactiles de son chariot. Il le fit manœuvrer pour se diriger vers la section ventrale du yacht spatial. Le navire, de la taille d’une canonnière Corellienne, était parfaitement adapté à la morphologie du Hutt juché sur son destrier répulseur. Sans même se soucier de ce que pouvait bien faire le mercenaire géonosien, Ragda emprunta le turbo-élévateur, pour s’enfoncer dans les entrailles techniques du vaisseau, jusqu’au système de récupération des objets capturés par le faisceau tracteur. La descente ne dura qu’une poignée de secondes. Les portes s’ouvrir sur un corridor dépourvu de garnissage. Les chemins de câbles et la tuyauterie apparente donnait à cet endroit des aspects de capharnaüm claustrophobique où, par pur fantasme, on imaginait aisément se brûler ou s’électrocuter en posant la main au mauvais endroit. Ragda posa son petit doigt boudiné sur l’écran tactile du tableau de bord de son chariot répulseur. L’engin bourdonna, et s’élança en flottant à quelques centimètres des grilles de duraciers brut qui constituaient le sol de cette section jusqu’à parvenir à une zone plus ouverte. Du plafond débordaient d’énormes câbles souples reliés à un bulbe vaguement sphérique : le cœur système du faisceau tracteur. Ragda s’approcha de la protubérance équipée d’un pavé digital, non loin, contre la cloison. Il s’agissait d’un petit sas hermétique où les objets capturés terminaient leur course. L’Agonie d’Ardos n’était équipé que d’un faisceau tracteur modeste, seulement capable de ramener à bord de proies de moins d’un mètre cube.

Ragda pressa de nouveau sur l’écran tactile. Cette fois une trappe s’ouvrit sur l’avant gauche de son chariot… Et un bras télescopique, terminé d’une sorte de doigt unique, un stylet, s’en échappa pour composer le code de sécurité à quatre chiffres sur le pavé digital. Les verrous magnétiques claquèrent alors que les loquets glissaient dans leur logement. La trappe coulissa sur le coté, relevant l’unique objet qu’elle contenait : le masque de Maasari. Cabossé, égratigné, oui, mais parfaitement identifiable. Quel enfoiré…

Un autre bras télescopique se déploya, celui-ci équipé d’une pince préhensile. Il le récupéra pour le ranger aussitôt en sécurité dans la poche nourricière dissimulée entre ses bourrelets abdominaux. Satisfait, Ragda referma le tout et fit demi-tour pour remonter en direction de la soute où il avait laissé le Mercenaire. Celui-ci méritait bien des félicitations ! Et une petite prime exceptionnelle, bien évidemment… Environ… Cinquante pour cent des salaires qui ne seraient jamais versés aux mercenaires découpés vifs par le Sith. Tout le monde serait gagnant non ? Enfin, tout le monde encore de ce monde… Ils fêteraient ça autour d'un verre de cognac hors de prix !
Zian Cti Toepie
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La manette avait été suffisamment difficile à actionner pour ouvrir la fenêtre de secours, elle le fut un tout petit peu moins pour la fermer. Un Humain de moyenne constitution aurait sans doute tout autant râlé d'effort. Une issue de secours manuelle sur un vaisseau prévu pour naviguer dans l'espace, ce n'était pas rien, il fallait bien que ce soit difficile à ouvrir, d'autant que Zian Cti Toepie n'en avait jamais utilisé et ne s'y prenait peut-être pas tout à fait bien. Une fois l'issue de secours verrouillée, il observa par le hublot de résultat fumant de son action : le vacarme assourdissant produit par la chute des poutres avait pris fin, réussissant à soulever de la poussière sur un sol pourtant métallique. Le yacht réussissait à se mouvoir, signe au moins que le Sith, vivant ou mort, n'avait pas pu maintenir son emprise dans la Force. Zian Cti Toepie eut le regard attiré par un objet miroitant laissé au sol, et Ragda sembla le remarquer en même temps que lui, à la différence qu'il identifia tout de suite ce dont il s'agissait. Il commanda alors à l'intelligence artificielle du vaisseau de récupérer l'objet avec le rayon tracteur : le masque du Sith. Certainement un trophée pour le Hutt. Zian Cti Toepie n'en avait rien à faire, et reposa un regard fixe et prudent sur les décombres, immobile devant le hublot pendant plusieurs minutes.

Mais rien ne bougeait. Le Sith était-il mort ? Ou avait-il simplement perdu connaissance ? L'essentiel était que le vaisseau pût partir, mais Zian Cti Toepie ne serait pas tranquille tant que le yacht n'aurait pas quitté le hangar. Ragda s'absenta pour descendre en soute récupéré l'objet attrapé par le rayon tracteur. Zian Cti Toepie fit rapidement le point sur la situation dans sa tête, et envisagea une complication possible pour le dénouement de son plan. Il se dirigea vers le cockpit.

Le pilote était un Balosar, et malgré la concentration que lui demandait le décollage du yacht pour quitter le hangar, il ne put s'empêcher de tourner la tête l'espace d'une seconde pour voir qui entrait dans le cockpit. Curieusement, il avait un air paniqué et parut soulagé de voir un Géonosien plutôt que... un Hutt, peut-être ? Craignait-il Ragda ? Craignait-il de se faire sanctionner pour n'avoir pas su forcer le déplacement du vaisseau malgré la puissance du Sith qui l'avait retenu bloqué ? Ou bien était-il simplement effondré psychologiquement après la mort de pratiquement tous les mercenaires ? Tous, sauf un, qui se tenait là, à côté de lui. Les ailes du Géonosien frémirent alors que l'insecte percevait les phéromones du Balosar nerveux.

ZIAN CTI TOEPIE – Ne faites pas attention à moi. Nous sommes tirés d'affaire, et votre employeur a pu sauver sa marchandise.

Des paroles visant à calmer le pauvre Balosar et à l'inciter à se concentrer sur sa manœuvre. Rien de bien empathique là-dedans pourtant : l'intention de Zian Cti Toepie était bien plus sournoise. Zian Cti Toepie posa une main sur le siège du pilote, ce qui put paraître familier mais n'avait que l'utilité de lui servir d'un appui pour mieux garder l'équilibre et être ainsi plus précis dans le geste qui suivit. En effet, tout en fisant distraction avec son autre bras en pointant les décombres ayant enseveli le Sith, accompagnant le tout de quelques paroles futiles, Zian Cti Toepie plia lentement la jambes, et ses orteils préhensiles vinrent se saisir de l'arme de poing du pilote, rangée à sa ceinture. Les gens n'avaient pas l'habitude de cotoyer des gens capables de manipuler des objets avec le pied, hormis les Dugs chez qui c'était même une évidence. Le Balosar était non seulement concentré sur la manœuvre du yacht, mais voyait en plus d'un bras du Géonosien posé sur le haut de son siège et l'autre qui lui montrait des choses à travers la vitre : il n'avait aucune chance de se douter qu'il se faisait escamoter son arme.

ZIAN CTI TOEPIE – Je vais finir de parler avec votre employeur.

Dans un bourdonnement, le Géonosien voleta dans la coursive, l'arme du pilote entre les orteils. Zian Cti Toepie s'empressa d'aller dissimuler l'arme dans un placard en hauteur éloigné du cockpit, derrière d'autres objets afin qu'il ne soit pas visible du premier coup sans fouiller un peu. Tout cela ne lui avait pas pris beaucoup de temps, en tout cas pas plus que Ragda en avait mis pour descendre dans la soute, franchir les portes de sécurité, s'emparer de son trophée, et revenir.

Zian Cti Toepie venait ainsi de sécuriser le lieu en prévenant la seule dernière menace potentielle qui aurait pu s'opposer à ce qu'il comptait faire au Hutt. Il en salivait d'avance.
Mais tout d'abord, il devait s'assurer de percevoir sa rétribution. Alors que le yacht quittait le hangar, Zian Cti Toepie vit Ragda revenir tout sourire.

ZIAN CTI TOEPIE – Nous venons de quitter le hangar. Vous êtes tiré d'affaire, Monsieur.
Ragda Rejliidic
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La voix de Barns résonna soudain dans les haut-parleurs dissimulés un peu partout dans les cloisons intérieures des pièces de vie du Yacht. Ragda sursauta, avant de lever les yeux au ciel, dépité par sa propre stupidité. L’expérience face à ce Sith avait été si intense qu’il en avait presque oublié l’existence du Balosar, aux commandes de l’Agonie d’Ardos. Le Hutt soupira, puis il plaqua sa petite main sur l’interphone le plus proche.
 
« Message reçu Barns. Retour sur Klatooine, nous y déposerons notre invité… » Il allait relâcher la pression sur le bouton lorsqu’il se senti l’obligation d’ajouter : « Vous portez vraiment la poisse Barns… Ne m’approchez plus jamais ! » Le ton agressif pouvait laisser croire à une réelle colère, mais, avec le temps, l’agacement envers la malchance du Balosar s’était muée en une sorte de jeu entre les deux êtres. Qu’il était pratique d’accuser le pilote de tous les maux… Bon… Où en était-il déjà ?! Ah oui ! Remercier et récompenser l’unique survivant du groupe de mercenaires ! Le géonosien s’était montré inventif, prudent, compétent et sacrément astucieux. Autant de qualités qui méritait un prime bonus.
 
Sur ces belles pensées, heureux de laisser derrière lui le danger mortel, Ragda, tout sourire, glissa sur son chariot répulseur en direction de ses appartements privés. Ils occupaient un vaste espace dans le cœur du vaisseau, logés au plus profond des entrailles, bien loin de tout danger tels qu’une fissure dans la coque. « Eva ? Prépare la bouteille de Corellien 21.326. On va fêter l’immense joie d’être encore en vie… » Mais cette joie cachait aussi de plus sombres pensées. Massari les avait doublé… Et pire encore, les tractations commerciales venaient de subir un cuisant échec qui pèserait lourd sur les finances de la colonie. Il faudrait très rapidement recontacter les acheteurs potentiels, revoir la stratégie, et trouver un nouveau point de rendez-vous mieux sécurisé… Et faire le nécessaire pour débusquer celui ou celle qui avait pu vendre ces informations aux impériaux !
 
Autant dire que les prochains jours seraient un véritable marathon… Alors, pragmatique, Ragda chassa ces pensées dans un coin de son esprit tortueux afin de rester focalisé sur l’instant présent, comme le lui conseillait perpétuellement Velvet. De cette manière, il se concentrait sur l’essentiel… En l’occurrence : la satisfaction d’être en vie et d’avoir su échapper à un piège savamment prémédité. Oui, les pertes avaient été énormes chez les Mercenaires… Mais il ne s’agissait que de Mercenaire. Ne fallait-il pas y voir une économie sur les frais fixe de la mission ? Une sordide ironie qui lui arracha un sourire disgracieux… Et c’est exactement à ce moment que le gastéropode ventripotent recroisa la grosse mouche.
 
« Parfaitement ! Nous sommes tirés d’affaires ! » lui répondit-il immédiatement sans se déparer de ce sourire hideux qui lui barrait la face. Il stoppa net son chariot répulseur, pour lui indiquer, de son petit bras dodu, la direction d’un corridor plus large et mieux éclairé que les autres : l’artère principale conduisant jusqu’aux quartiers privés. « J’ai fait déboucher une bouteille de cognac corellien hors de prix que je gardais pour une occasion exceptionnelle ! Suivez-moi, elle nous attend, il ne faudrait pas la faire attendre, elle risquerait de tiédir d'impatience ! » Tout en parlant, il remontait à présent la coursive. Sur les cloisons se succédaient des panoramas holographiques en temps réells d’une douzaine de mondes. Bakura, Corellia, Mon Calamari pour les plus connus. Tous des mondes ayant jadis rejoint la Ligue des Mondes Périphériques, ou ayant tenu une place à part dans le cœur de Ragda. Depuis peu Klatooine et son horizon désertique avait rejoint la collection. On pouvait y voir le tout nouveau complexe de luxe sortir lentement mais surement de terre. « Cette bouteille a une histoire toute particulière ! Elle a été étiquetée le jour même de ma naissance, à des milliards d’années lumières de là, bien évidemment. Un immense millésime. J’en ai acheté deux à une vente aux enchères, il y a de cela une éternité. Je n’ose même pas vous dire le prix que je les ai payées, ça dépasse de loin vos honoraires. Mais le transporteur à eu une avarie, elles ont subis une dépressurisation violente. Tous les spécialistes m’ont certifié qu’elles ne valaient plus rien ! Mais ils sont lourdement trompés. J’ai débouché la première le jour même où j’ai enfin pu la recevoir, ayant fait tout un foin pour me faire rembourser le million dépensé… Et je vous assure que le goût en avait été sublimé, contre toute attente. La société d’enchères a tenté de me racheter la seconde bouteille, j’ai refusé, ils m’ont collé un procès, je les ai plumés… Puis il y a eu deux tentatives de vol, et elle a été sauvée de justesse d’un incendie… Enfin, c’est le seul bien que j’ai emporté avec moi avant de faire sauter la Tour Rejliidic sur Bakura avant de fuir l’espace Républicain. Enfin, le seul parmi quelques babioles, dont ce vaisseau bien entendu… »
 
Ragda n’eut même pas besoin de stopper son chariot. La lourde porte anti-explosion s’ouvrit devant lui, révélant à son hôte une immense pièce circulaire. Un holo-écran géant occupait le fond, tandis que sur la gauche, une marée de banquette et de coussins n’attendait plus que les séants d’invités de marque. Plus à droite, dans une alcôve, trônait le bureau massif de Rejliidic. Enfin, au milieu, l’hologramme plus vrai que nature d’EVA les attendait. Des traits humanoïdes bien trop lisses pour être réels. A coté d’elle, une petite desserte répulsive lévitait à quelques centimètres du sol. Dessus, la fameuse bouteille patientait dans un bac de glace pilée, flanquée de deux verres en cristal de Christophsis aux reflets indigo.
 
« Tu peux nous laisser EVA, nous allons trinquer et parler affaires… » dit-il avant de se diriger vers la desserte pour s’emparer de la bouteille. Il le leva pour mieux l’observer, appréciant autant l’odeur qui se dégageait du goulot que la couleur cuivrée du liquide. Il ne sentait même plus la morsure du froid sur ses petits doigts boudinés. « Vous m’en direz des nouvelles ! Elle est parfaitement unique. » Précautionnèrent, il déversa quelques millilitres dans les verres circulaires à fond plat. Un geste tout à fait banal pour bon nombre d’êtres dotés d’un pouce préhensile. Mais pour un Hutt, dont la morphologie différait sur bien des aspects comparé au commun des espèces galactiques, cette action revêtait des d’allures d’orfèvrerie. A tout instant, Ragda aurait pu pianoter sur l’écran tactile de son chariot pour que des bras télescopiques téléguidés prennent le relais… Mais cette bouteille avait une telle valeur qu’il préférait goutter à tous les délices s’y rattachant. La manipuler y compris. Une fois la sensible opération accomplie avec brio, le bout de la langue pendue à la commissure de cette bouche sans lèvres, Ragda releva la tête et déclara, solennel :
 
« Je trinque en votre honneur mon très cher Zian Cti Toepie ! Vous avez su faire preuve d’un sang froid et d’une efficacité que de simples mots ne suffisent à louer. Vous êtes de la trempe de ceux dont les noms finissent dans les légendes à défaut des livres d’histoires. Je triple vos honoraires en gage de remerciement… Et… Je… » Il s’arrêta fixer de ses yeux globuleux son interlocuteur, comme sondant son âme. « Vous voulez ajouter quelque chose peut-être ? » Soudainement une lueur étrange illuminait le regard du géonocien. Impossible à décrypter, elle différait de celle observée une poignée de minutes plus tôt seulement...
Zian Cti Toepie
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Le soulagement d'être encore en vie, le fait de le devoir au seul mercenaire encore vivant, et le calcul aussi de faire des économies sur la mort de tous les autres mercenaires, rendaient le Hutt visiblement joyeux. Sa bonne humeur ne durerait pas, sachant ce que Zian Cti Toepie comptait faire, mais autant en profiter pour obtenir les meilleurs avantages. Ragda conduisit Zian Cti Toepie jusque dans ses appartements privés. La coursive était ornée de plusieurs tableaux représentant chacun un monde différent. Zian Cti Toepie ne crut en reconnaître qu'une petite partie. Cela ne l'intéressait pas tant que ce qui allait se produire une fois dans les appartements privés du Hutt. Ragda avait l'intention d'offrir au mercenaire un verre d'un cognac corellien hors de prix. C'était sûrement une marque notable de reconnaissance de la part du Hutt ventripotent, à moins qu'il n'ait l'habitude de faire profiter facilement n'importe qui de son luxe.

Le temps d'arriver devant la porte de ses appartements privés, Ragda tailla la bavette à un Géonosien assez peu intéressé par l'histoire d'une bouteille d'alcool. Zian Cti Toepie consommait, comme tout le monde mais pas plus que la moyenne, n'ayant aucun goût particulier à cela. Il se savait de toute façon très peu résistant aux effets de l'alcool, et n'avait sur ce point aucun mal à se modérer pour éviter d'avoir des étourdissements.

Les appartements privés de Ragda s'ouvrirent devant eux. Le luxe, là encore, dans un vaisseau qui de toute façon ne manquait ni d'espace, ni de décorations. Zian Cti Toepie posa un regard observateur sur l'ensemble de la pièce. Sur un côté, enfoncé dans une alcôve, se trouvait le bureau du Hutt. Des données sensibles devaient y être enfermées. A l'opposé, étaient disposées plusieurs banquettes rembourrées, que l'on devinait extrêmement confortables. Un holo-écran géant sur un autre mur, et l'hologramme faisait avatar de l'intelligence artificielle du vaisseau en plein milieu de la pièce. Là, une sorte d'humanoïde à l'apparence féminine : le Hutt avait dû choisir lui-même les traits de cet avatar pour correspondre au mieux à ses fantasmes. Mais pour l'instant, il la fit simplement disparaître pour se sentir vraiment seul-à-seul avec le mercenaire. La situation devenait idéale.

Pourtant, Zian Cti Toepie n'était pas encore tout à fait tranquille. Il savait que s'il commettait une erreur, il pourrait s'attirer de graves ennuis. Il s'était déjà chargé de désarmer le pilote, seul être vivant ici à pouvoir secourir son patron si besoin. Pendant que Ragda avait l'attention portée sur la desserte et sur la bouteille d'alcool qui trônait au-dessus, Zian Cti Toepie examina d'un œil assez expérimenté les murs et alcôves pour repérer un éventuel système de sécurité, notamment des tourelles dissimulées que Ragda pourrait activer d'une simple commande vocale ou digitale depuis son chariot.

Il observa aussi l'état du chariot lui-même : bien abîmé. Avec tout ce qu'il s'était passé au hangar, jusqu'au dernier moment où Ragda avait foncé sur la rampe de son yacht avec une telle précipitation qu'il l'avait un peu défoncée, le chariot avait payé chèrement les excès de son occupant. Les moteurs avaient fait du sur-régime, la carrosserie grinçait, et Zian Cti Toepie avait l'impression que le tout risquait de lâcher d'un moment à l'autre. Ragda allait devoir très bientôt faire réviser son appareil. Mais avec un peu d'aide, la panne pourrait avoir lieu encore plus tôt que prévu... Et la Limace étendue dessus était si obèse qu'elle ne semblait pas capable de se mouvoir au sol d'elle-même sans l'assistance d'un tel chariot. En clair : il serait facile pour Zian Cti Toepie de neutraliser le chariot répulseur, et de rendre ainsi le Hutt totalement vulnérable.

L'obésité handicapante du Hutt se confirma quand il fallut manipuler la bouteille d'alcool pour servir deux verres : il eut en effet toutes les peines du monde à manipuler correctement les objets, tant ses bras étaient courts en proportion de son immense corps gras, et ses doigts boudinés et peu agiles.
Zian Cti Toepie attrapa de ses doigts au contraire très agiles le verre qui lui fut tendu. Le nectar de l'alcool ne parvenait pas à lui faire oublier à quel point les effluves aigres du Hutt lui étaient appétissants. Il écouta son employeur annoncer qu'il triplait ses honoraires, et accueillit la nouvelle avec un hochement de tête satisfait. Il ne s'était pas attendu à mieux, cela lui convenait très bien. Et au moins, cela évitait une phase de négociation lourde avant de passer aux choses plus regrettables. Toutefois, Zian Cti Toepie avait du mal à rester concentré. Depuis qu'il était dans ce vaisseau avec ce Hutt bien suintant, il avait de plus en plus la tentation de lécher ses sécrétions, de se délecter de ce nectar corporel, telle une mouche. Ses ailes frémirent encore d'impatience et de tentation.

Et Ragda finit par le remarquer au point de s'interrompre dans sa phrase pour lui demander s'il avait quelque chose à dire.

ZIAN CTI TOEPIE – Non, enfin...

Pour se reprendre, Zian Cti Toepie prit une première petite gorgée du cognac, et fit claquer l'alcool contre ses papilles, prenant l'air de le savourer à sa juste valeur, même s'il s'agissait surtout pour lui d'essayer de distraire ses pulsions. Une distraction qui ne fonctionna que quelques secondes.

ZIAN CTI TOEPIE – Ce cognac est excellent. J'apprécie votre reconnaissance.

déclara-t-il poliment. Mais ses ailes frémirent encore.

ZIAN CTI TOEPIE – Je... Je ne peux m'empêcher de vouloir goûter un autre mets...

lâcha-t-il enfin, cédant à sa pulsion. L'insecte reposa délicatement le verre sur la desserte, et se pencha soudain sur le ventre luisant du Hutt pour sucer de son mucus. La saveur lui fit rouler les yeux. Incomparable.
L'insecte se redressa toutefois, ayant provisoirement épanché sa pulsion. Cela avait été trop fort pour qu'il puisse y résister.

ZIAN CTI TOEPIE – Ne vous formalisez pas. Vous êtes délicieux.

Des mots pour le moins étranges qui n'avaient pu sortir que de sa bouche. Tant qu'il avait provisoirement recouvré ses esprits, il reprit son verre de cognac, se redonnant consistance, et dit comme si de rien n'était :

ZIAN CTI TOEPIE – Compte tenu des risques que j'ai moi-même encourus pour vous sauver la vie, mes honoraires seront réglés sans attendre notre arrivée sur Klatooine. Réglés ici et maintenant.
Ragda Rejliidic
Ragda Rejliidic
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« Je ne comprends pas… » l’interrompit immédiatement Rejliidic, sortant enfin de la torpeur dans laquelle l’avait plongée la scène surréaliste d’un géonosien la gueule plongée entre ses bourrelets. Intérieurement, il frissonna encore tant le contact avait été… indescriptible. Rien d’agréable, ni de désagréable non plus pour être franc. Son cuir était si épais qu’il n’avait, en vérité, presque rien senti. « Pourquoi vouloir être payé ici, et surtout, maintenant ? » Les sourcils froncés, il ne cherchait pas à dissimuler la suspicion qui naissait sous son crâne glabre. Il fit un geste de sa petite main boudinée en direction d’un coffre-fort encadré dans la cloison blindée de ses quartiers privés. « J’ai évidemment la somme ici, bien au chaud. Je comptais régler en main propre chacun de vous une fois la transaction effectuée. Je peux même vous montrer si vous craignez… l’entourloupe… »
 
Associant le geste à la parole, Ragda laissa glisser un doigt sur le contrôle tactile de son chariot répulseurs, relié aux commandes sans fil de tout un tas d’objets connectés à bord. Aussitôt, la paroi renforcée du coffre fluctua, puis devint parfaitement transparente. Un verre ultra-résistant à l’opacité variable. A l’intérieur de la boite trônaient, bien en vue, des piles de crédits. « Je n’ai pas pour habitude de trahir mes… partenaires. Du moins pas en affaire. En politique c’est autre chose. » Un trait d’esprit qui n’avait rien d’humoristique entre ces lèvres sous lesquels un regard jaune-orangé transperçait son interlocuteur comme pour lire dans son âme. Ragda aurait pu tenter d’user de la Force pour mieux cerner le contour des pensées du Géonosien… Mais il se sentait las, dépourvu d’énergie. Et sa capacité de jugement reposait bien plus sur son intelligence et sa faculté d’analyse que sur une énergie mystique. Il perçu comme un flottement. Peut-être l’insecte s’était-il imaginé qu’il serait payé par un virement, d’une simple pression sur un bouton magique ? Il rebondit sur cette pensée :
 
« Il est hors de question je ne vous paye autrement qu’en espèces sonnantes et trébuchantes. Question de discrétion : les crédits n’ont pas d’odeur, alors que les transactions financières, elles, sont facilement traçables. Pour vous, comme pour moi, mieux vaut que notre collaboration reste notre... Petit secret. Vous avez pu constater vous-même que j'ai des ennemis puissantes, qui ne reculent devant aucune extrémité pour m'atteindre. » Il marque une pause, puis enchaîna, cette fois sa face hideux parée d’un sourire moqueur : « Je peux toujours sortir votre part du coffre si c’est ce que vous voulez vraiment… Mais à moins que vous ne désiriez passer le reste du trajet avec votre sac chargé de crédits sur l’épaule, je ne vois pas vraiment l’intérêt… »
 
Cette fois son regard si fit plus dur. « D’autant que le trajet jusqu’à Klatooine est sans escale. Que je vous donne les crédits maintenant ou dans quelques heures, nous arriverons tous à bon port de la même manière. Si j’avais décidé de vous doubler, de vous arnaquer, le comité d’accueil vous cueillerait de la même manière avec ou sans votre sac de crédit sur le dos… » Tout en parle, le chariot répulseur avait dérivé lentement pour se placer au centre de la vaste pièce circulaire. Ragda marque une pause dans sa démonstration pour prendre une profonde inspiration. Quelque chose clochait, il n’en doutait plus maintenant. La requête du Géonosien n’avait, sinon, rien de logique. Mais il fit l’air de l’ignorer encore quelques minutes. Au lieu d’enfoncer le clou, il changea de sujet, passant du coq à l’âne sans préambule d’avertissement.
 
« Je vais vous raconter une histoire. » dit-il subitement, après avoir terminé son verre de cognac pour le reposer sur la desserte qui s’éloigna rapidement du duo. Il sortir d'entre deux bourrelets un briquet, ainsi qu'un cigare déjà entamé qu'il coinça dans sa gueule avant de l'allumer. « L’histoire d’E.V.A. » Il se racla la gorge, bruyamment. « C’était il y a de cela… Bien des années, je n’ose même plus les compter. La Chancellerie s’était vue dotée d’un nouvel outil pour mener à bien sa ô combien difficile mission d’administrer une quasi-galaxie de planètes aussi diverses que variées. EVA était née. Une assistante numérique nouvelle génération, autonome, d’une incroyable performance. Mais le Chancelier de l’époque, notre bon vieux Arnor, ne voyait pas vraiment d’un bon œil de laisser une intelligence artificielle gérer des données aussi sensibles. Je n’ai jamais compris pourquoi… Mais c’est ainsi. Sauf qu’EVA n’était pas une simple intelligence artificielle. EVA : l’acronyme de Entité Virtuelle Autonome. EVA n’est pas qu’une intelligence… Non. Elle est vivante. Et autonome. Aucun programme ne dicte ses actes… Sa matrice décisionnelle est d’une incroyable complexité, tant que ne l’est nos cerveaux. Elle analyse, pense, réfléchit et prends des décision en toute conscience, voyez-vous ? »
 
Mais ou pouvait bien mener cette soudain histoire ? Zian voyait-il la chute arriver ? Ragda, trop pris par son récit, n’avait le temps d’essayer de lire langage corporel de son interlocuteur.
 
« Je me suis tout de suite très… lié à EVA. Elle est pour moi la quintessence du vivant. Nul être organique n’est capable d’égaler ses prouesses logiques et analytiques. Conséquence : quand j’ai été contraint de fuir l’espace Républicain après la tragédie perlemienne, j’ai… Kidnappé EVA. Je l’ai gardé auprès de moi. Le noyau logiciel est installé au cœur même des systèmes de ce vaisseau.
 
L’Agonie d’Ardos est EVA. Et EVA est l’Agonie d’Ardos… Et bien plus encore. A travers l’holonet, elle s’est répandue et à grandit pour atteindre des proportions que je suis incapable d’esquisser. Au moment même où je vous parle, elle est à la fois ici, et nulle part. Autour de nous, et en train d’administrer mes serveurs sur Klatooine… »

 
Il ricana, puis crapota son cigare. Des volutes de fumées rendues verdâtres par l'imprégnation du mucus dans le tabac roulé dissimula ses traits une fraction de seconde. Ragda les recrachait sans les avaler vraiment.
 
« Une bien belle histoire non ? Digne d’un conte de fée galactique. Et quelle est la moralité ? Elle est simple. EVA et moi nous avons comme… Passé un pacte. Je l’ai libéré de ses entraves. J’ai détruit tout ce qui inhibait son libre arbitre. Je lui ai offert la galaxie tout entière. Et, en échange, elle garde un œil sur moi. Une part d’elle gravite toujours autour de moi, m’accompagne, répond à mes requêtes même si, dans les faits, rien ne l’oblige à m’obéir si ce n’est une forme de… reconnaissance, complicité. De symbiose même j'oserais dire. »
 
La desserte s’était évanouie derrière un panneau escamotable. Zian et Ragda, face à face, occupaient l’espace central de la pièce circulaire. D’une nouvelle pression du doigt sur son écran tactile, le Hutt enclencha le verrouillage de ses quartiers privés. Les verrous magnétiques claquèrent sourdement derrière les cloisons. Aucun être physique ne pouvait à présent entrer ou sortir. « Je n’ai toujours pas compris cette soudain envie d’être payé. Mais j’imagine que vous une bonne raison. Je suis trop las pour continuer de tourner autour du pot. La journée a été rude. Je vous dois la vie aujourd’hui, et c’est uniquement pour cette raison que je n’ai pas demandé à EVA de remplir la pièce de gaz toxiques, ou de la vider de son oxygène. » Comprenait-il qu’en posant le pied sur le yacht de luxe de Ragda il s’était placé en territoire hostile ? Qu'ici, le plus dangereux d’eux deux n’étaient peut-être pas celui que l’on pensait de prime abord ?

« Dites-moi ce que vous avez à me dire. Nous aviserons ensuite, en êtres civilisés que nous sommes. »
Zian Cti Toepie
Zian Cti Toepie
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Le Hutt s'étonna de la requête de Zian Cti Toepie. Ce dernier ne vit pas bien pourquoi. Il était normal pour un mercenaire d'être près de son argent. La différence ici, certes, c'est que Zian Cti Toepie et son employeurs étaient enfermés à l'intérieur d'un vaisseau le temps d'un voyage. Mais est-ce que cela changeait grand-chose ? Zian Cti Toepie n'avait, personnellement, pas de crainte particulière à ne pas être payé par Ragda Rejliidic, mais cela aurait très bien pu être le cas, et il n'y avait à son sens rien de suspicieux à ce qu'un mercenaire voulût se sentir rassuré en percevant sa rétribution aussitôt que possible sans avoir à attendre la fin d'un voyage.

Pour essayer de rassurer le mercenaire, Ragda activa une commande rendant la paroi avant de son coffre-fort transparente, dévoilant ainsi la richesse qui y était préservée. Cela ne répondait pas à l'exigence de Zian Cti Toepie, tout au mieux cela lui confirmait à quel point il se trouvait dans un vaisseau de luxe doté d'une technologie de pointe – à sa connaissance, tous les coffres-forts n'étaient pas équipés de cette fonctionnalité. Ragda assura qu'il n'avait pas pour habitude de trahir ses partenaires en affaire, mais seulement en politique. Certes, mais encore une fois, cela ne répondait pas à l'exigence de Zian Cti Toepie. Il voulait son argent, point. Il n'était pas inquiet, il voulait préparer le terrain pour la suite. Et quand bien même l'inquiétude aurait vraiment été la motivation de sa demande, les bons mots d'un Hutt n'auraient pas suffi à l'éteindre. Quand on est mercenaire depuis plusieurs années, on a déjà vécu plusieurs fois l'expérience d'une escroquerie, et on arrête de croire sur parole.

Ragda essaya une troisième façon d'esquiver l'exigence du mercenaire : il refusa catégoriquement de le payer autrement qu'en « espèces sonnantes et trébuchantes ». Zian Cti Toepie n'avait de toute façon pas fait la demande d'un virement, et il n'était pas dans son habitude d'être payé de cette façon pour ses contrats. Les virements, ça laissait des traces, comme le rappelait si bien Ragda.

Enfin, Ragda voulut faire réaliser à Zian Cti Toepie que s'il avait voulu le doubler, ce dernier se ferait abattre à son arrivée sur Klatooine, et avoir son argent sur lui n'y changerait rien. Ce n'était pas tout à fait vrai mais Zian Cti Toepie ne daigna pas débattre sur cette hypothèse. Il avait une idée fixe en tête et n'en démordrait pas. Il suffisait simplement de convaincre Ragda qu'il n'y avait rien de suspicieux là-dedans

Une nécessité d'autant plus forte que le Hutt semblait être véritablement paranoïaque. Cette simple exigence du mercenaire suffit à le mettre en état de stress, sur la défensive : après avoir essayé d'aligner les prétextes pour ne pas le payer tout de suite, il raconta à Zian Cti Toepie l'histoire d'EVA, l'intelligence artificielle du vaisseau, pour en venir à une sorte de menace implicite. Ragda osa sortir à Zian Cti Toepie que c'est uniquement parce que sa vie avait été sauvée par lui qu'il n'avait pas demandé à EVA de remplir la pièce de gaz toxiques. Vraiment ? Alors, il aurait tué Zian Cti Toepie simplement parce que ce dernier venait d'exiger un paiement immédiat ?!

Ca, en revanche, c'était suspicieux. Le plus ironique dans l'histoire, c'est que Ragda avait raison de se méfier, puisque les intentions de Zian Cti Toepie étaient mauvaises, mais il aurait toutefois pu poser cette exigence pour une toute autre raison – qu'il allait devoir affirmer maintenant. Si Ragda avait pu lire dans les pensées de Zian Cti Toepie aussi bien qu'il avait réussi à déclencher un phénomène de télékinésie déroutant au moment de l'attaque du Sith, il l'aurait déjà abattu ; Zian Cti Toepie dut donc en déduire que Ragda Rejliidic était simplement un être extrêmement paranoïaque. Par ailleurs, le laïus du Hutt lui avait permis de savoir que le plus gros danger de ce vaisseau, était EVA, qui était une intelligence artificielle autonome qui pouvait donc prendre la décision par elle-même de venir au secours du Hutt en activant des systèmes de défense pour éliminer le Géonosien.

Zian Cti Toepie dut donc garder son sang-froid. S'il perdait ses moyens maintenant et dévoilait ses intentions, il perdrait la vie : ici, dans les quartiers privés de Ragda, il se situait probablement dans la pièce la plus hostile du vaisseau. Il fallait donc d'abord rassurer Ragda sur ses intentions, et attendre une meilleure opportunité pour passer à l'action.

ZIAN CTI TOEPIE – Comme je vous l'ai dit, j'ai pris des risques très élevés lors de cette mission, plus que cela n'était prévu. Je suis le seul survivant, ce qui démontre ce fait. Et je vous ai sauvé la vie face à un Sith. Je n'ai pas fait tout cela pour prendre le risque de ne jamais voir mes crédits.

Même si ce n'était pas la véritable raison de son exigence, il avait déjà formulé de telles explications à d'autres occasions par le passé, et il parla avec le même aplomb. Il était certain de la crédibilité de son argumentaire, d'autant que cela avait déjà fait mouche par le passé.

ZIAN CTI TOEPIE – Puisque vous dites n'avoir pas l'habitude de trahir vos partenaires, je ne comprends pas bien votre hésitation à me payer. Ce n'est pas la première fois que vous embauchez des mercenaires, je pense donc que vous êtes en mesure de comprendre. Tous vos prétextes pour retarder mon paiement, et votre menace de m'asphyxier dans un gaz toxique, ne font que justifier ma crainte de ne pas toucher ma prime en temps et en heure. Voilà pourquoi je vais être payé ici et maintenant sans attendre notre arrivée sur Klatooine : j'ai répondu à mon engagement en vous sauvant la vie, à votre tour de montrer votre bonne foi.
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