Poffff.
La capsule se stabilise. Plus de secousses. Auraient-ils enfin atterris dans le sable de Gree ? A en apercevoir la lumière vive qui traverse les hublots et les baigne d’une chaude couleur jaune, il semblerait que oui.
- On… On est arrivés ? ose le mécanicien au bout de quelques secondes de silence.
Leurs ceintures attachées, mais la capsule ayant atterri de façon inclinés, ils se retrouvent allongés tous les deux, l’un à côté de l’autre.
- On dirait bien.
- Ah. Alors… On peut sortir ?
- Ou on peut rester là un moment ?
Pofff. Pofff.
Ca, c’est certainement le bruit des autres capsules qui tombent à côté d’eux. Pour l’intimité, c’est râpé. D’ailleurs, quelques minutes à peine après, ils entendent des bruits autour d’eux. Des voix, puis des tapotements sur la capsule. Enfin, quelqu’un s’échine à ouvrir l’écoutille de leur capsule, qui cède avec un grincement sordide. Des visages impériaux luisants apparaissent dans le puits de lumière.
- Mon seigneur Noctis ! Vous êtes vivants !
- Mais oui. On ne peut pas se reposer tranquillement deux minutes…
- Mon seigneur, c’est que les républicains sont… sont vivants eux aussi. Et la moitié de nos capsules… Elles sont en train d’être englouties !
- Englouties ?
- Oui mon seigneur, des sables mouvants !
-------- A quelques kilomètres de là, les capsules républicaines connaissent un sort plus clément. Certaines d’entre elles sont perdues, mais un bon nombre de survivants parvient à se rassembler autour de Maître Marja. Dalla, qui a voyagé avec elle, est assez contente de retrouver un sol stable sous ses pieds. Enfin, stable… C’est vite dit. Le désert est couvert d’un sable traître par endroits. Il paraît que des champs de sable mouvant s’étend plus au nord… Là où les Sith sont tombés. Bien faits pour eux !
- Dalla, s’empresse Maître Marja une fois que le groupe de républicains est à peu près assemblés. Nous allons partir trouver un moyen de communication pour appeler des moyens d’extraction. En attendant… J’ai une mission de la plus haute importance à vous confier : vous devez retrouver Maître Vespen pour lui expliquer la situation. Elle est certainement dans les ruines en train de se battre… Je ne veux que vous ne preniez AUCUN risque inconsidéré, c’est compris ?
Mais la situation en elle-même est totalement épineuse. Dalla s’en va au pas de course, et se maudit d’être bleue comme les océans. Ca n’est pas du tout discret, dans le désert. Mais ici, le paysage est tellement vaste qu’au moins, elle se dit qu’elle ne pourra pas être prise par surprise.
Après être passée devant les carcasses carbonisées des navettes des Jedi – pourvu que personne ne soit resté à l’intérieur au moment de l’attaque ! – Dalla parvient jusqu’aux fameuses ruines… où elle s’introduit discrètement en silence, la Force lancée devant pour retrouver la trace de Maître Vespen…
-------- Saery n’est à quelques centaines de mètres devant elle. Elle vient de se retirer de ce combat mortel avec une satisfaction certaine : Darth Nero est tombé après un coup particulièrement critique, dont elle n’est pas peu fière. S’en relèvera-t-il ou en mourra-t-il ? Peu importe, elle a coupé la tête du serpent qui attaquait Gree. Maintenant, elle peut être à peu près sûre que les rangs des Sith seront complètement désordonné si leur roi n’est plus opérationnel. D’ailleurs, les soldats se sont précipités vers lui pour lui porter assistance quand ils ont vu le sang jaillir. Un ou deux ont essayé de la traquer, mais elle a fui et les a semés aisément. Les insensibles à la Force n’ont aucune chance contre elle…
Perchée sur le toit d’un bâtiment en ruine, elle observe les pluies de capsules de sauvetage tomber dans le désert. Un bon nombre se trouve au nord du site des ruines. Elle cligne plusieurs fois des yeux : rêve-t-elle ou bien des capsules disparaissent-elles dans le sable après quelques secondes ? Quel phénomène étrange…
… et quel mauvais pressentiment. Celui que là-bas, une autre tête vient de pousser au serpent.
Quelques secondes plus tard, la padawan Tellura viendra lui annoncer exactement cette nouvelle. Elle l’a vu dans la Force. Et il faudra agir…
Seuls les joueurs Dalla Tellura, Darth Noctis & Saery Vespen peuvent intervenir dans ce sujet. S’agissant d’un RP de stratégie, vous serez départagés sur la qualité d’écriture de votre RP, la pertinence, l’originalité et le réalisme de votre argumentation et de vos propositions ainsi que votre fair-play vis-à-vis de vos adversaires.
Ordre de post : Dalla – Noctis - Saery.
— Oui.
— C’est fâcheux.
— Comme vous dites, Seigneur.
Le regard d’azur de Noctis fouillait la mer de sable où les capsules de sauvetage impériales se proposaient de livrer leurs passagers à une lente mais esthétique agonie. Il n’avait certainement pas le temps de toutes les sauver, et quand il l’aurait pu, il s’en serait probablement abstenu. Il s’agissait de ménager ses forces. Alors il cherchait celles et ceux qui l’intéressaient en particulier. Il tendit une main. L’une des capsules se mit à vibrer pour s’arracher du sable et voler quelques mètres plus loin, en sécurité. Autre main, même spectacle.
Un quart d’heure plus tard, Noctis était assis sur un rocher, les yeux mi-clos, pour reprendre ses forces, après avoir sauvé une partie de ses troupes. D’autres survivants avaient atterri entre les sables mouvants mais bien des vies avaient été perdues, réclamées par le désert. Naturellement, le Seigneur Sith avait pris soin de sauver l’envoyé du Cardinal Noir. Ce que ce sorcier encapuchonné surveillait dans son silence inquisiteur, Noctis n’en était pas absolument certain, mais quelque chose lui soufflait qu’il y aurait du profit à tirer de le garder en vie.
— Seigneur ?
Noctis rouvrit les yeux et considéra le Bothan qui se tenait devant lui.
— On a une idée approximative de l’endroit où l’on se trouve.
Le Bothan pianota sur son datapad qui n’émit qu’un grésillement plaintif, puis quelques étincelles, et il fut obligé de le lâcher brusquement, pour éviter que sa fourrure ne s’enflamme.
— Certes.
— Oui, bon, marmonna le Bothan d’un air embarrassé, avant de se résoudre à se passer d’hologrammes pour recourir à la bonne vieille gesticulation, par-là, à une demi-douzaine de kilomètres, ce sont les ruines où le Seigneur Nero s’est rendu. Par là, c’est l’endroit où les Jedis ont débarqué, avec l’antenne de communication plus loin, et plus à l’est encore, la ville. Enfin le village. Le bourg.
— Et les Jedis ont atterri… ?
— Mieux que nous, autant qu’on puisse en juger.
Noctis hocha lentement la tête. Ce qui lui paraissait évident, c’était que les Républicains s’étaient probablement séparés en deux groupes. L’un serait parti vers les ruines, pour porter secours aux Jedis qui s’y trouveraient encore, tandis que l’autre se dirigerait vers la ville, pour tenter d’y trouver des moyens de communication et, pourquoi pas, des vaisseaux. Dans un cas comme dans l’autre, la confrontation était inéluctable. Partant, soit Nero était vivant, et recevrait comme il le devrait le groupe des ruines, en profitant de sa familiarité des lieux, soit il était mort et s’y rendre reviendrait à se jeter dans un piège. De ce côté-là, par conséquent, il n’y avait rien à gagner.
— Allons vers la ville.
— Et si Nero est blessé ?
— Oui… ?
Le Bothan fixa le Seigneur, le Seigneur fixa le Bothan, et ce dernier finit par comprendre que Noctis ne comptait pas porter secours au roi. Pour l’Hapien, cette expédition un peu grotesque, moindre mal par rapport à la guerre elle-même, connaissait les déboires qu’elle méritait, et Nero avait intérêt à s’en sortir par ses propres moyens, sans quoi il veillerait lui-même à ce que l’Empire se penche sérieusement sur ses lubies de mégalomane frustré. Pour sa part, tout ce qu’il espérait, c’était que les décisions de Marja nourriraient durablement la propagande impériale : dans la guerre de l’information, les événements qui s’étaient déroulés en orbite seraient une ressource précieuse, qui valait bien une petite traversée du désert.
— Notre stock d’armes ?
— Réduit, mais on est pas démunis.
Le jeune Seigneur considéra les impériaux rassemblés. Une petite vingtaine de personnes, pas toutes des militaires, équipées seulement de leurs armes de poing et des paquetages de survie tirés des capsules de sauvetage. Ils ne mourraient ni de faim, ni de déshydratation, en tout cas pas tout de suite. C’était toujours ça de pris.
— On s’est assuré que les capsules avaient été correctement vidées de tout le matériel ?
— Oui, Seigneur.
— Très bien.
Noctis grimpa sur le rocher et se tourna vers sa petite troupe. L’inquiétude était palpable dans les rangs. Le soleil brûlant, le désert, les lourdes pertes : la situation était terrible.
— Ecoutez moi, vous qui servez l’Empire, avec toute la détermination des âmes nobles que l’adversité n’abat pas, mais qui trouvent dans les obstacles qu’un destin contraire et des adversaires médiocres dressent sur le chemin des occasions nouvelles de conquête et de gloire, vous dont le nom est déjà inscrit dans la légende de nos peuples et de nos armées, vous qui avez défait les Jedis et balayé l’infamie, l’heure a sonné de donner l’exemple d’une force nouvelle.
Et l’esprit de Noctis, à travers la Force, accompagnait ses mots, balayant dans les âmes le doute, excitant l’ardeur combative, la résolution opiniâtre.
— Je vous le dis en vérité, notre quête nous distingue. A cette République qui est venue ici comme elle vient si souvent : en terre conquise et soumise, comme le colon sur le territoire qui opprime, à cette République qui a voulu faire de Gree ce qu’elle a fait à tant de nos planètes, pour la broyer dans la vaste bureaucratie des possédants de Coruscant, nous dirons ceci : que les peuples de l’Empire ne courberont pas l’échine et qu’ils se battront pour préserver leur liberté et leur indépendance.
A la République, nous dirons ceci : que tout le sable de Gree est l’or qui pave la route de notre fortune, que le vent du désert est le souffle de notre destinée et que la pluie de feu de leur vaisseau est l’étoile qui file sur le ciel de nos ambitions. Pour l’Empire !
— POUR L’EMPIRE.
L’exclamation avait été tonitruante, même si personne ne savait précisément ce que Noctis avait voulu dire, au fil de son interprétation très sélective de la réalité politique impériale.
— Une tempête approche qui coupera le chemin des ruines. C’est notre chance de n’avoir en face de nous qu’un ennemi divisé. Un groupe partira en éclaireur, un groupe en arrière garde, nous progresserons vers la ville. Nous contournerons l’endroit où les Jedis ont établi leur première base, pénétreront dans le quartier évacué et organiseront une guérilla qui nous permettra de reprendre le contrôle du théâtre d’opérations. En avant.
Après avoir fui les troupes de Nero, Saery prit le temps d'examiner son état de santé. Le Sith lui avait porté un coup qui avait su laisser sa marque. Avec sa lame si particulière, il avait creusé une plaie qui n'avait pas été cautérisée. Bien que la Jedi l'ait refermée elle-même à l'aide de sa propre lame, elle se sentait affaiblie par le choc. Elle en était sûre, le sang qu'elle avait perdu à cause de cette blessure allait lui donner d'insupportables vertiges une fois l'adrénaline disparue. Elle sentait déjà que sa tête commencerait à tourner si son lien avec la Force venait à faiblir.
Ne pouvant se permettre d'être un poids pour ceux qu'elle comptait assister, maître Vespen s'isola des présences agitées qu'elle percevait dans les ruines. Elle trouva un peu de calme sur le toit d'une structure en ruine. De là, elle put voir le désert, mais aussi un inquiétant spectacle : des capsules de sauvetage tombaient au sol tandis que des restes de vaisseaux se désintégraient dans l'atmosphère. Tout là-bas, certains des modules se faisaient engloutir dès leur arrivée. Saery sentit alors sa gorge se serrer. Elle ne pouvait s'empêcher d'imaginer ce que cela pouvait faire d'être à la place de ceux occupaient ces cercueils qui ne reverraient jamais la surface. Cependant, le temps n'était pas aux lamentations : elle devait s'occuper d'elle-même et des autres Jedi. Dans le désert, elle sentait la présence d'Hildegarde. Cette dernière saurait quoi faire avec les rescapés de l'Espoir.
Saery détourna donc ses yeux du triste sort de ceux qui s'enfonçaient dans le sable et s'assit sur ses genoux avant de se débarrasser de ses gants et de sa veste. Le tissu de celle-ci, plus épais et plus robuste que celui de sa combinaison, avait poussé sa chair un peu plus loin de la lame de Nero lorsque celle-ci avait atteint Saery. Cependant, elle ne l'avait pas empêché de trancher pour autant. Le vêtement, taché de sang, était bon à jeter.
La Jedi ouvrit sa combinaison par le haut, laissant tomber ses manches vides à côté de ses hanches. Elle prit ses cheveux, puis les passa par-dessus son épaule pour dégager son dos où le sang avait déjà commencé à sécher. Puis, elle ouvrit l'une des sacoches qui pendaient à sa ceinture pour en sortir un tissu qu'elle utilisa pour essuyer grossièrement la plaie. Elle y appliqua ensuite un gel rare et cher : du kolto qu'elle gardait dans un solide flacon rectangulaire. Tout en grimaçant à cause de la douleur, elle appliqua le médicament du mieux qu'elle le pouvait du revers de ses doigts. La Jedi était souple, mais l'endroit était difficile à atteindre et le dernier vêtement élastique, qui lui collait à la peau en haut du dos, la gênait pour atteindre le haut de la plaie. Une fois l'application du gel terminée, elle pansa sa blessure avec un bandage qu'elle fit passer autour de son buste. Mais, avant qu'elle ne puisse en finir, elle sentit le danger vibrer à travers la Force.
Perché tout en haut d'une grande colonne brisée, un Sith avait pris place pour trouver la Jedi qui avait vaincu son maître. Il avait croisé l'un de ses soldats que la coupable avait semés et fut mis au courant. Sachant la fuyarde blessée, il estimait pouvoir la vaincre et revenir triomphant devant son seigneur. Il se garda bien de répandre la nouvelle, car c'était lui que l'on féliciterait, que l'on élèverait ! Enfin, depuis son nouveau perchoir, il aperçut un signe qui ne trompait pas : les longs cheveux blancs d'une femme qui pansait ses blessures. Aussitôt, il se laissa tomber silencieusement au sol avant de filer vers elle.
Discrètement, le Sith s'approcha de la bâtisse où se trouvait la Jedi. Sabre en main, il glissa comme une ombre jusqu'à être assez proche pour sauter et surprendre sa proie. D'un bond, il s'éleva de plusieurs mètres pour mieux fondre sur sa cible qui ne saurait probablement jamais ce qui l'avait tuée. Sa lame se mit alors à briller d'un rouge vibrant pour aller trancher celle qui n'allait être qu'une marche de plus vers son assenions formidable. Mais, il ne toucha pas. Son sabre fut soudainement bloqué par celui de la Jedi. Il ne comprit pas de suite : elle lui tournait encore le dos, pourtant !
Saery se leva après avoir paré la première attaque et dévia la suivante. Sa main droite était occupée à tenir les deux extrémités de son bandage, mais elle avait confiance en elle. Ce Sith l’avait sous-estimée. Même s’il s’était fait discret, maître Vespen était bien trop sensible au côté obscur pour ne pas le sentir s’approcher d’elle. Son assaillant faisait l’erreur d’insister après une attaque-surprise manquée, il refusait de comprendre ce que cela signifiait. Il attaqua à nouveau, mais Saery bloqua encore. Faisant crisser son sabre contre celui du Sith, elle fit tourner sa lame autour de la sienne pour la guider vers l’extérieur et profita de l’élan qu’elle lui avait donné pour avancer d’un pas et percer dans cette garde grande ouverte. Elle retira son laser brûlant de l’épaule de l’homme et le planta à nouveau dans son torse, dans la même seconde.
Saery éteint alors son sabre. Elle recula lentement tandis que le Sith s’accrochait encore à son arme qui venait de s’éteindre. Du bout de ses doigts tremblants, il persistait. Il ne cria pas, mais il toussa et goûta à son propre sang. Ses yeux se baissèrent sur son corps perforé, puis revinrent sur celle qui l'avait condamné.
— P-Pourquoi ? Je suis... je dois... C’est impossible. Souffla-t-il en douleur.
Maître Vespen sentit son cœur se briser une fois de plus. Celui qui se tenait devant elle devait à peine avoir vingt ans. C’était un humain aux cheveux noirs et aux yeux marron que le côté obscur avait commencé à jaunir. Si jeune, et déjà si corrompu. Et voilà qu’il trouvait sa fin sur une planète où il n’avait aucune attache.
— Ne lutte pas, tu t’es déjà assez battu. Dit calmement Saery.
— Je ne peux pas. Je ne veux pas...
Il tremblait, mais il refusait de se laisser mourir. Des larmes perlaient au bord de ses yeux humides et du sang coulait du coin de ses lèvres sèches. Il sentait bien la compassion de celle qui se trouvait devant lui. Pourtant, c’était elle qui le tuait. Il ne comprenait pas, il n’imaginait pas.
— Pour mon seigneur, pour...
— Abandonne. Coupa Saery. Je ne peux pas te sauver, mais tu peux partir serein. Rejoins la Force en paix.
Pour l’ombre, ce Sith était un sacrifice comme un autre. Les Sith ne sont que les victimes d’eux-mêmes ainsi que du côté obscur. D’abord le Darth, puis ce jeune homme... le sang de tous ceux qu’elle rencontrait lui salissait un peu plus les mains. Mais, c’était son choix. Elle devait aider à débarrasser la galaxie du côté obscur qui se faisait trop présent, elle devait le vaincre. Être une sainte ne l’intéressait pas.
Le Sith resta planté là, refusant de retourner à la Force pendant de longues minutes. Saery ne le quitta pas des yeux, elle l’accompagnait dans ses derniers instants, elle assumait ses actes jusqu’au bout. Elle le savait perdu, mais il voulait s'accrocher jusqu'à son ultime étincelle de vie. Quand, sans prévenir, une voix s’éleva depuis le contrebas :
— Maître Vespen ? C’est la padawan Tellura. Nous avons voyagé ensemble à bord de l’Espoir. C’est Maître Marja qui m’envoie.
À ces mots, le Sith sentit sa fierté prendre le dessus. Il ne pouvait pas laisser un autre Jedi le voir dans cet état. Que faisait-il ici, à attendre sa mort ? Il devait combattre avec honneur, apporter la gloire aux Sith ! Sa main gauche vint froisser ses vêtements sur son torse perforé avant qu’il ne prenne une grande et pénible inspiration. Il agrippa fermement son arme et, malgré la douleur, hurla du peu de forces qu’il lui restait :
— Pour mon roi ! Pour Darth Nero !
Il se lança dans un ultime assaut, mais fut repoussé par un vent qui le frappa comme un mur invisible. Il chuta du toit pour s’écraser aux pieds de Dalla. Le choc l’acheva. Saery se dépêcha de sauter pour rejoindre la padawan. Elle ne voulait pas la laisser seule avec un cadavre encore chaud avec lequel elle n'avait rien à voir. Arrivée devant lui, elle observa le Sith avec un air sombre à peine voilé, puis remonta son regard en direction de la twi'lek. Au moins, elle venait d'apprendre le nom de celui qu'elle avait combattu.
— Dalla, bien sûr. Je t’attendais.
Saery afficha un sourire qu’elle avait du mal à rendre franc. Elle voulait rassurer la fille, mais ce n’était pas chose facile au beau milieu d’une bataille. Elle accrocha son sabre à sa ceinture avant de se remettre à panser son buste dont le haut était tenu par un tissu fin et élastique.
— J’imagine que tu viens me transmettre les dernières nouvelles. Les communications étaient brouillées. Mais, je pense que je comprends plutôt bien la situation. Expliqua Saery en finissant de nouer son bandage.
La Jedi prit le temps d’enfiler ses manches et de refermer sa combinaison jusqu’à son col avant de reprendre :
— Toutes les nouvelles ne sont pas mauvaises, cependant. Les troupes du Sith qui dirigeait les opérations n’ont plus qu’à serrer les dents.
Nero était vaincu. Tous ces soldats aux étranges armures qui massacraient les habitants de Gree n’avaient plus qu’à disparaître, car la gloire qu’ils amassaient grâce au sang de leurs victimes ne servirait pas un seigneur mort, ou même gravement blessé. Apparemment, ceux-ci avaient semé la terreur au nom de leur roi et des Sith pendant que ces derniers transmettaient un message prônant l’ordre et la paix.
Les deux Darth n’avaient pas su se concerter et le discours que Saery avait pu entendre avant que les communications ne soient fermées l’aurait fait sourire si tant de vies n’avaient pas été en jeu. De plus, elle percevait que le seigneur qui venait d’arriver dans le désert s’éloignait des ruines. Les conflits d’intérêts au sein de l’empire n’étaient pas chose nouvelle, mais ils restaient surprenants. La discorde était pire qu’elle ne l’espérait, dans cet obscur « ordre ». Il ne restait plus qu’à appuyer là où ça faisait mal.
Saery porta son comlink à sa bouche et tenta d’atteindre maître Marja, si les vaisseaux n'étaient plus dans le ciel, les échanges pouvaient certainement reprendre. Cependant, le signal ne passa pas. Cette fois, c’était assurément la faute du mur de sable qui s’avançait vers les ruines. Décidément, tout était fait pour empêcher les gens de se parler. La padawan était certainement venue à cause de ce nouveau problème de communication. La Jedi choisit donc d'ouvrir le canal qui menait à tous les Jedi assez proches pour le recevoir :
— Ici Saery Vespen. Le leader des Sith que nous affrontons, Darth Nero, est tombé. Je sens qu’un autre de leurs « seigneurs » est arrivé sur la planète, mais il s’éloigne de notre position. Une tempête de sable s’approche de nous et brouille les communications longues distantes, ce qui signifie que les Sith présents ici sont sans commandement. Nous avons l’avantage. Mais, restez sur vos gardes : même sans chef, nos adversaires restent dangereux.
Les Jedi n’avaient pas besoin de grand discours pour faire vibrer leurs cœurs, ils avaient besoin d’informations et d’ordres. Leur discipline devait triompher du chaos qui dominait les Sith.
— Que les blessés qui le peuvent prennent refuge pour la tempête. Que les plus combatifs continuent leur avancée dans les ruines. Pour aujourd’hui, mettez votre compassion à l’écart en mon nom, car nous faisons ce qui est nécessaire.
Saery espérait que sa mentalité d’ombre guide les lames des chevaliers et des padawans. Elle voulait leur rappeler qu’elle assumerait ses ordres et que les Jedi ne pouvaient pas se permettre d’être tendres avec les Sith, pas ici. Elle se retint d’ajouter que la Force était avec eux car ce n’était peut-être pas le cas de tout le monde. Pourtant, quel qu'en soit le prix, elle sentait bien que le chemin qu’elle empruntait était le bon.
Son message passé, elle revint à Dalla. La fille était sûrement ici pour faire son rapport, mais Saery avait des yeux et des oreilles. Les capsules qui étaient tombées n'avaient pas atterries toutes au même endroit, cela signifiait que l’Espoir et le croiseur Sith étaient tous deux perdus. Le bombardement orbital, tombé non loin de là, était forcément tombé sur les deux navettes Jedi : les explosions ne trompaient pas. Cela n’arrangeait personne, mais Saery était bien assez heureuse de voir que l’autre Darth n’avait pas bombardé les ruines aveuglément. Après tout, son intérêt pour ses alliés avait l’air d’être tout à fait moindre.
— Bien, padawan. Commença Saery. Maintenant que l’équipage de l’Espoir est au sol et que nos navettes ont été pulvérisées, j’imagine que nous allons avoir du mal à quitter cet endroit. Cependant, avant de songer à partir, nous avons à faire.
Maître Vespen évitait à Dalla d'avoir à expliquer la situation. Elle prit le temps de respirer un instant, soulagée. Le kolto qui commençait à faire son effet lui faisait un bien fou. Elle secoua la tête pour remettre de l’ordre dans ses pensées, puis reprit :
— Ne les vois-tu pas ? Sens leur douleur à travers la Force : des blessés nous attendent. C’est sûrement pour cela que tu es ici. Et, quand nous nous serons occupées d’eux, il nous faudra trouver les transports Sith. À moins que ceux-ci ne soient repartis s’accrocher à leur croiseur pour brûler là haut. Dit-elle en pointant le ciel de son index.
D’un geste de la main, Saery invoqua la Force. Ses gants dorés quittèrent alors le toit poussiéreux pour voler et venir se laisser attraper. Elle les enfila tout en faisant le tour du Sith, qui gisait là, avant de se mettre en marche.
— En route. Lança-t-elle, sans même accorder un regard au corps.
Maître Vespen se garda bien de rappeler que s’approcher à nouveau des combats impliquait certainement de croiser de nouveaux Sith. Là bas, elle s’occuperait de protéger la jeune twi'lek pendant que celle-ci prêterait main-forte à ceux qui avaient été vaincus et qui étaient assez chanceux pour respirer encore. Du moins, c’est ce qu’elle avait en tête.
- Spoiler:
- C'est Kolin en fait
— Noctis, coupa Noctis qui, en effet, s’appelait Noctis.
— Ah ! Oui. Très bien.
C’était le jeune mécanicien, que Noctis se serait bien vu déniaisé dans la capsule de sauvetage, plutôt que de se lancer dans une croisière touristique franchement déplaisante au gré des dunes de Gree.
— Est-ce que, hm… est-ce que je peux rester près de vous… ? Vous avez sans doute des généraux et euh… des seconds. Et des esclaves. Et…
— Reste.
— Ah, cool. C’est pas que j’ai peur, hein, notez.
…
Mais un peu quand même.
Le soleil et le sable fin ne suffisaient apparemment pour convaincre ses troupes que toute cette aventure n’était jamais que le prélude idyllique, sur une belle plage, à la joie et au délassement. Noctis, pour sa part, affichait la détermination froide, méthodique et détachée qui était l’une des prérequis nécessaires à la survie au rang de Seigneur Sith. Il avait connu pire et il connaîtrait pire. Un jour, sur Ondéron, il avait dû suivre le cours de géologie d’un vieux Maître du Wookie et ça, ça c’était une vraie traversée du désert.
— De quoi ?
— Ben, déjà, un peu que les Jedis ne nous rattrapent et ne viennent tous nous massacrer. C’est vrai ce qu’on raconte à leur sujet ?
— Je suppose que ça dépend ce qu’on raconte.
— Qu’ils enlèvent les enfants ?
— Oui.
— Qu’ils les forcent à faire la guerre ?
— Oui.
— Qu’ils détruisent la culture des planètes conquises ?
— Oui.
— Ah.
— Je sais.
L’Ordre Jedi était une abomination coloniale d’une rare violence. Pour Noctis, c’était un fait établi. Pour nombre d’habitants de l’Empire, c’était une conviction profonde, pas forcément très réfléchie, fruit tout autant des exactions objectives de l’organisation que de la redoutable propagande des Siths. Les affaires qui secouaient la République et la guerre qui poussait l’Ordre dans ses retranchements fournissaient perpétuellement de l’eau à ce moulin-là.
— J’ai aussi un peu peur du désert.
Noctis jeta un coup d’oeil par dessus son épaule. L’horizon était devenu sombre. Bientôt, la silhouette des ruines, troublée par la chaleur qui tordait l’air, disparaîtrait dans la fureur des sables. C’était une perspective qui ne lui inspirait qu’une satisfaction médiocre, parce qu’il n’était pas certain de pouvoir gagner les abris de la ville avant que le front ne les rattrape à leur tour.
— J’suis désolé, j’voudrais être plus courageux, mais j’ai même pas vingt ans, puis j’suis pas un soldat. Alors…
— La peur est une excellente conseillère. Elle nous invite à la prudence et à la pondération.
— Seigneur, Seigneur.
Un homme et une femme, qui avaient été envoyés en éclaireurs, venaient de dévaler une dune pour se porter à la rencontre du gros de la compagnie. Noctis les interrogea du regard.
— Des installations, droit devant. Un corps de logis, quatre ou cinq bâtiments, peut-être une ferme ou une station scientifique.
— Des signes de vie ?
— Pas vraiment, mais c’est difficile à dire. Ils se sont peut-être simplement calfeutrés en prévision de la tempête.
Noctis hocha lentement la tête. C’était un abri providentiel pour attendre le passage des sables mais rien ne leur disait qu’un fermier vindicatif ne les attendrait pas, carabine laser au poing, et l’approche d’une petite foule ne manquerait pas de susciter la méfiance d’habitants éventuels.
— Je vais jeter un œil. Restez ici.
— Tout seul… ?
— J’essaierai de ne pas me prendre les pieds dans le tapis.
En vérité, la plupart du personnel de bord rassemblé autour du Sith n’était que trop soulagé à la perspective de ne pas avoir à l’accompagner dans un danger nouveau. Seul l’envoyé du Cardinal Noir lui emboîta le pas et, après un énième regard perplexe, Noctis jugea qu’il aurait été vain de tenter de s’en défaire. Alors qu’ils approchaient du complexe de bâtiments, l’Hapien fit remarquer :
— Vous savez, le côté silhouette encapuchonnée de type qui sacrifie des poulets sur la tombe des ancêtres les nuits de pleine lune, ce n’est pas exactement l’idéal pour nouer des relations pacifiques et fructueuses avec les habitants.
Silence.
Son acolyte avait décidément autant de conversation qu’un speeder à l’arrêt. Noctis poussa un soupir résigné, avant de frapper à la porte du bâtiment principal. Il y eut une série de cliquetis qui en disait long sur la paranoïa des habitants et la porte coulissa dans le mur, pour laisser le Sith nez-à-nez avec un blaster. Au moins, c’était prévisible.
— Si ça peut vous rassurer, je ne viens pas vous vendre des encyclopédies.
— Silence, Sith.
— Qu’est-ce qui vous dit que je suis un Sith ?
— L’abruti avec son torchon sur la tête, là.
Noctis sentit une vague de haine monter dans le prélat sith. Il fit un léger signe de la main pour l’inciter à rester en arrière.
— Qu’est-ce que vous venez foutre là ?
— Je croyais que je n’étais pas censé parler.
— Fais pas le malin.
— Hmm hmm. Notre vaisseau a échoué plus loin et nous cherchons un abri, à cause de la tempête qui approche. Qu’est-ce que vous faites ici ?
— C’est moi qui pose les questions, là. Hors de question qu’on vous héberge. Allez crever dans le sable la bouche ou… v…
Mais les mots avaient désormais du mal à sortir de la bouche de l’homme. Le fait qu’il flottait à quelques centimètres au-dessus du sol, la gorge comprimée par l’emprise du Sith, n’était probablement pas étranger à ses soudaines difficultés d’élocution.
— Docteur Jones, s’exclama une voix féminine, assez jeune, depuis l’intérieur du logis.
— Damned, murmura Noctis, une doctorante.
Saery avançait en direction des combats. Elle songeait aux quelques informations supplémentaires que lui avait données Dalla et pensait surtout à ce Sith qui avait atterri. Ce fameux Noctis. Il s'agissait d'un ancien Jedi, ce qui le rendait d’autant plus dangereux. Bien connaître ses ennemis offrait de nombreux avantages.
— Dans le désert, au loin, je sens un être apprécié du côté obscur. Si ce Noctis est aussi puissant que tu le dis, il s'agit bien de celui que je sens. Expliqua Saery, comme si elle se parlait à elle-même.
La jeune femme était concentrée et ne semblait pas regarder où elle marchait. Grâce à la Force, elle cherchait à se diriger vers ceux qui attendaient son aide et celle de Dalla. Cette dernière avait posé de nombreuses questions, mais Maître Vespen se concentrait sur les nombreuses présences qu'elle percevait ainsi que sur son immersion dans la Force. Les réponses allaient venir, mais plus tard. Du moins, c’est ce qu’elle avait en tête, car la jeune twi'lek interrogea à nouveau Saery.
Surprise, elle s’arrêta net pour se tourner vers la padawan. D’un regard, elle comprit que celle-ci était inquiète, troublée et peut-être même apeurée. Comment avait-elle pu ne pas s’attarder plus sur son cas ? La proximité de celle-ci ne signifiait pas qu'il ne fallait pas lui accorder plus d'attention. Être proche de Saery lui accordait une certaine sécurité, mais il y avait bien plus en jeu. Après tout, cette fille était si jeune ! Pire encore, elle était bien trop peu initiée au goût de Saery. Elle avait grand mal à imaginer que l’on puisse envoyer ces petites pousses sur de telles missions.
Qui plus est, Maître Vespen savait que tous ses confrères n’étaient pas dotés de la même résolution et force d’esprit que les ombres. La guerre était encore récente. De nombreux Jedi devaient encore se renforcer mentalement avant de pouvoir marcher confiants sur un champ de bataille. Tous n’avaient pas été endurcis par de multiples rencontres avec le côté obscur. Alors, jugeant que c’était essentiel, Saery prit le temps de répondre à la fille:
— Nous sommes bien plus compatissants que les Sith, Dalla. C’est un fait et c’est justement pour cela que, parfois, nous hésitons à avoir recours aux extrêmes. Ici et maintenant, nous ne pouvons pas nous permettre cette hésitation. Ça ne me fait pas plaisir, mais les Sith n’abandonnent jamais. Pas avant leur dernier souffle.
Ces graves paroles lui rappelèrent celui qui s’était tenu devant elle quelques minutes auparavant. Comme pour s’apaiser elle-même en même temps que Dalla, elle attrapa l’épaule de cette dernière pour la frotter à peine.
— Chacun aura le temps de méditer sur ses actes lorsqu’il sera revenu sain et sauf. Je ne veux perdre personne inutilement, tu comprends ?
La main gantée, qui exprimait une certaine douceur malgré la fraîcheur du métal, quitta la peau bleue de la padawan. Saery se remit en marche tout en réfléchissant à sa façon de gérer les choses. Laisser les gens dans le brouillard était l’une de ses mauvaises habitudes. Pour son intérêt, elle restait souvent très secrète. Cependant, elle supposa que bien exposer l'état des choses à Dalla ne pouvait être que bénéfique. Le temps d'un instant, elle se sentit bête de ne pas avoir informé la padawan plus tôt.
— Désolée de ne pas en avoir parlé avant, mais voici la situation actuelle : nos amis se sont dispersés dans les ruines afin de retrouver les Sith qui les y attentaient. L'endroit est idéal pour tendre des embuscades. Heureusement, leur ego nous donne une chance, car, persuadés d’être bien plus puissant que nous, ils n’ont pas jugé bon de nous submerger par le nombre. Cependant, j’ai croisé l’un de leurs seigneurs, Darth Nero. Comme tu as pu le deviner, j'ai croisé le fer avec lui.
Elle clôt ses paupières pour revoir les yeux bleus de ce Sith si imposant, comme s’il s’agissait d'un vague souvenir d'un cauchemar. Un peu secouée par cette vision, elle dut se taire quelques secondes avant de reprendre :
— Il était... Surprenant. Je n’ose pas imaginer ce qu’il a fait à ceux qu’il a rencontrés avant moi. Mais, l'essentiel, c'est qu’il n’est plus en état de nuire à présent.
Saery commença à presser le pas, elle sentait que le temps risquait de lui manquer. Aussi, elle décida d’être plus succincte dans ses paroles :
— J’ai passé un bon moment à éviter ses... soldats. Peu après, alors que je pensais enfin les avoir semés, un Sith a tenté de me surprendre pendant que je m'occupais de la blessure que m’a laissée son « seigneur ». Comme tu as pu le voir, ça a mal fini pour lui. Pour les autres, je n’ai pas vraiment de nouvelles. Les communications étaient coupées jusque là, mais je pense que...
Comme s'il intervenait après avoir entendu parler de lui, le comlink de Saery se mit à transmettre. Un jeune homme prit la parole :
— Maître Vespen, je ne sais pas où vous êtes, mais vous devriez recevoir notre position. Mon maître et moi avons croisé deux blessés. Il m’a dit de vous contacter. Nous avons... un souci !
À travers le comlink du padawan, l’on pouvait entendre le son des sabres qui s’entrechoquaient avant que l’émetteur ne tombe au sol. Saery se mit à courir : il n’y avait pas une seconde à perdre ! Heureusement, les blessés vers lesquels les Jedi se dirigeaient étaient les mêmes que ceux que le jeune homme et son maître avaient retrouvés.
Après avoir circulé dans les longs couloirs d’un grand bâtiment qui résistait aux épreuves du temps, les deux jeunes femmes entrèrent dans une pièce dans laquelle le combat avait lieu. À l’intérieur, un chevalier et son padawan tenaient tête à trois hommes en noir. Le jeune humain tourna son regard un instant vers les deux alliées qui venaient les aider, mais cette distraction lui coûta cher. D’un coup sec, la lame rouge du Sith qu’il affrontait lui trancha la main et fit hurler. C’est le maître du jeune homme, un zabrak, qui le sauva en trouvant le temps de le pousser grâce à la Force. Propulsé juste à temps, le padawan évita un coup fatal avant de rouler sur le sol et de se tordre de douleur. Saery, ni une ni deux, fonça pour intercepter ce Sith qui était bien décidé à achever son adversaire.
— Occupe-toi des blessés ! Lança-t-elle à Dalla pendant qu'elle dégainait ses deux sabres.
De son côté, le chevalier Jedi tenait tête aux deux Sith qu’il affrontait grâce a sa grande maîtrise du double sabre. Cependant, l’un de ses deux adversaires réussit à se détacher du combat pour se diriger vers la jeune twi'lek. L’homme masqué, féroce et déterminé, ne comptait permettre à la padawan d'agir en paix. Saery, déjà aux prises avec son propre ennemi, n'arrivait pas à s'en défaire pour porter assistance à la twi'lek. Le Sith esquivait ses fulgurantes offensives, il refusait de se laisser approcher et faisait perdre du temps à cette Jedi qui, en réalité, lui donnait des frissons. Seulement, Maître Vespen connaissait ce genre de combattants opportunistes : il l’attaquerait dès que l’occasion se ferait sentir. Il lui fallait donc s’en débarrasser afin d’avoir le champ libre.
-...mais les Sith n’abandonnent jamais. Pas avant leur dernier souffle.
La doctorante braquait sur le Seigneur Sith un blaster avec la même assurance que si elle venait de dégainer une banane à l’improviste. Noctis haussa un sourcil et, conciliant comme il l’était, rouvrit la main. L’infortuné docteur Jones s’effondra au sol, prostré, à tenter de reprendre son souffle, tandis que les autres membres de l’équipe archéologique, alertés par les bruits de l’entrée, se massaient derrière la jeune femme.
— Vous devriez vraiment nous laisser entrer, mes intentions ne sont que pacifiques.
— Vous venez d’étrangler le docteur Jones !
Noctis baissa les yeux vers le scientifique.
— Publish or perish, suggéra-t-il, en guise d’excuse ?
Et puis il fit une chose terrible.
Il s’essuya les pieds sur le paillasson de l’entrée. La banalité de son geste était presque plus éprouvante que la torture infligée au chef de l’expédition et, les nerfs à vif, la jeune chercheuse presse la gâchette de son blaster, dont le tir se perdit quelque part sur le plafond. Au même moment, un brouillard d’ombre commençait à se répandre dans le couloir. Les cris étouffés des scientifiques, peu habitués à ces manifestations ésotériques du Côté Obscur, se perdirent petit à petit, à mesure que Noctis et le Prélat, qui avaient pénétré dans le bâtiment, plongeaient leurs adversaires dans l’inconscience.
Quelques minutes, Noctis observait sa troupe d’archéologues ligotés sur les chaises de la vaste cuisine.
— Hé bien, voilà une affaire rondement menée, mon cher… Mon cher…?
— …
— Je vais vous appeler Bob.
L’Hapien pressa le comlink à son oreille, pour donner l’ordre à sa compagnie de le rejoindre. Un quart plus tard, les Impériaux avaient pris possession des lieux. Il y avait des prises plus spectaculaires. Trois armes de poing, en tout et pour tout, dans tous les bâtiments, et ils devaient même sans doute s’estimer chanceux à cet égard : sur une planète aussi calme ordinairement que Gree, il n’y avait guère de raison pour que des archéologues s’arment, sauf à vouloir se prémunir des rares pilleurs de tombes.
Les rations, prévus pour cinq personnes, leur tiendraient deux jours, peut-être trois, et si la tempête s’éternisait au-delà, il faudrait prendre des mesures particulières. Ce qui intéressait le plus Noctis, cependant, c’était les données récoltées par l’équipe scientifique : des analyses climatologiques, des relevés topographiques, des holocartes des environs, toute une mine d’informations qui l’assurait qu’il n’était plus, désormais, perdu en plein désert.
— Ils ont un cargo dans le cratère météoritique d’un plateau rocher, à trente kilomètres au sud, observa l’une des éclaireuses, en désignant la formation géologique sur la projection holographique, D’après les documents, je suppose que le vaisseau sert surtout à transporter du matériel d’excavation et leurs propres trouvailles mais enfin, les gens survivront, même s’ils n’ont pas un siège pour le voyage.
— Il est assez protégé de la tempête ?
La femme hocha la tête. C’était bien pour cela que les archéologues l’avaient laissé dans le cratère, plutôt que de le poser à côté de leur campement.
— Et nous avons un moyen de déterminer combien de temps elle durera ?
— La tempête ? Difficile à dire, sans image satellite, ça dépend de sa trajectoire et de son extension. Tout ce qu’on peut dire, c’est qu’elle arrivera dans pas longtemps.
Noctis avait espéré pouvoir profiter de leurs données nouvelles pour orchestrer une fuite vers le cargo, tandis que la tempête les couperait des ruines et empêcherait d’éventuels poursuivants de les rattraper, mais la situation semblait compromise. Il poussa un soupir et hocha la tête, finalement résigner à prendre son mal en patience.
— Assurez-vous qu’on a fait le tour des bâtiments d’annexe avant que la tempête n’arrive, qu’on récupère tout ce qu’il y a d’intéressant. En tout cas, qu’on fasse un inventaire Puis que tout le monde revienne ici et qu’on calfeutre le bâtiment.
— Bien, Seigneur.
L’éclaireuse, qui en déduisit qu’elle venait d’être informellement promue seconde de l’expédition, partit distribuer les ordres du Sith, alors que celui-ci s’approchait des scientifiques bâillonnés, qui émergeaient petit à petit de leur sommeil forcé. Il libère la bouche de l’un d’entre eux et s’assit en face de lui. C’était un jeune assistant, probablement encore en train de faire ses études, et qui avait dû voir dans l’occasion de se joindre à cette expédition sur Gree une opportunité en or de bétonner son dossier.
— Me tuez pas, oh mon dieu, je vous en supplie, me tuez pas, j’ai pas encore fini mon mémoire de master, ma mère est très malade et puis je suis orphelin !
— Calmez v…
— En plus il faut que je repasse le séminaire de méthodes quantitatives en deuxième session et ma copine m’a planqué pour un type de l’académie astronautique et…
— DITES DONC.
L’étudiant sursauta.
— Je vous ai pas demandé votre biographie, non plus.
— Pardon.
— Qu’est-ce que vous faites ici ?
— Un stage de…
— Non mais pas vous personnellement, votre expédition en général.
— AH. De la paléobotanique.
— Une discipline, je n’en doute pas, d’une brûlante actualité.
— Dites donc, je vous ferais dire que c’est un projet financé par le gouvernement coréllien et le docteur Jones est très respecté dans son domaine.
— Oui, bon, admettons. Est-ce que vous devez rentrer en contact à intervalle régulier avec quelqu’un ? Sur la planète, en orbite ? Par relai hyperspatial ?
Qu’il sache s’ils devaient s’attendre en plus à de la visite.
— Hmm…
L’étudiant se mit à fixer intensément le Seigneur Sith, en cherchant ce qui serait la réponse la plus appropriée.
— Si vous êtes en train d’envisager de mentir à un Seigneur Sith, je vous préviens que c’est communément tenu pour une très mauvaise idée.
— Ah mais vous êtes un Seigneur Sith, s’exclama l’étudiant terrifié.
— Le mec en capuche noir et le brouillard magique vous avaient pas mis sur la voie ?
— J’sais pas, je pensais que vous étiez un top model super vindicatif avec une panoplie de fumigènes.
— Et ça vous a paru une hypothèse plus probable ? Enfin bref. Alors… ?
— Ben, on doit rentrer dans deux mois, mais à part ça, je crois pas. C’est pas exactement comme si on était en zone dangereuse.
— Manifestement pas.
Saery, trop prise par son propre combat, ne put empêcher le Sith qui affrontait Dalla de prendre la vie de l’un des blessés. Malgré son impuissance, elle tourna son regard vers la victime comme si elle pouvait encore y faire quelque chose. C’est à cet instant que son adversaire trouva une ouverture et fonça sur elle pour porter un coup qu’il accompagna de tout son poids. De justesse, Saery ralentit la lame de son ennemi en la saisissant avec ses deux sabres croisés. Seulement, à cause de sa blessure et de la différence de poids entre le Sith et elle, elle ne put pas totalement bloquer le coup. Elle s’accorda cependant le temps de reculer et, bien que la pointe du laser rouge menaça de lui emporter une partie du visage, évita l’attaque.
Le Sith, encore sur l’offensive grâce à la satisfaction qu’il avait d’enfin voir cette Jedi reculer devant lui, profita de son élan pour frapper à nouveau. Pourtant, Saery était consciente de ce point faible qu’elle avait et avait appris à jouer dessus. Si elle ne pouvait pas gagner avec son manque de force, elle pouvait s’en sortir autrement. Alors que Sith amorçait à peine la course de sa prochaine frappe, elle mit fin à son repli. Sous la capuche qui le masquait, le visage du Sith exprima la surprise de celui-ci. La Jedi n’avait-elle pas l’air paniquée, une seconde plus tôt ? Pour l’homme en noir, il était trop tard pour faire marche arrière. Son coup était parti et devait absolument toucher, mais Saery voyait les choses autrement.
Ses pas en arrière lui avaient donné le temps de prendre ses appuits pendant que ses sabres se décroisaient. D’un bond, elle fit à son adversaire ce qu’elle n’avait pas pu faire à Darth Nero. Les yeux écarquillés, le Sith tourna le regard pour chercher sa proie, mais il ne la trouva pas. Il n’avait vu que ses lames jaunes glisser de chaque côté de son corps. Sans comprendre qu’il venait d’être tranché, il finit son geste dans le vide et tomba en avant. Cette fois, la cisaille de Saery avait touché.
Quand elle se retourna juste après son attaque, Maître Vespen put voir le chevalier vaincre lui aussi de son adversaire. Le zabrak avait ce qu’il fallait pour briller sur un champ de bataille. Saery ne savait pas s’il était expérimenté ou non, mais maîtriser un double sabre impliquait de s’habituer au danger et les résultats étaient là. Cependant, elle ne pouvait pas prendre le temps d’observer l’ultime coup qu’il portait au Sith qu'il combattait : Dalla était en péril. Alors, la Jedi aux cheveux blancs siffla celui qui s’avançait vers elle.
Le Sith masqué s’arrêta d’un seul coup. Il comprit que ce sifflement lui était adressé. On osait l’interpeler de la sorte ? Ses yeux dorés se tournèrent vers Saery qui venait vers lui. Sa garde grande ouverte, elle enjamba le tronc du Sith qu’elle avait terrassé. Le menton levé et un sourire mesquin aux lèvres pour mieux exprimer une certaine arrogance, elle le railla :
— C’est tout ce que vous avez ? Pathétique.
Le sang du Sith ne fit qu’un tour. Elle avait l’audace de lui parler ainsi ? Juste après avoir tué l’un de ceux qui l’accompagnaient ? Bah ! Il n’était qu’un faible, un moins que rien ! Mais, ça n’enlevait rien à l’affront qu’elle lui faisait. Le Sith tendit sa main libre en avant pour y attirer l’arme de son allié tombé au combat. Avec deux lames rouges à présent, il s’avançait vers cette folle qui osait le prendre de haut.
En exprimant sa colère à travers un hurlement que son masque de fer étouffait, il s’élança contre la Jedi. Dire qu’il avait suffi de quelques mots pour mettre ce malheureux dans cet état ! Finalement, Maître Vespen savait comment parler aux Sith ! Les frappes de ce dernier, pleines de rage, forçaient Saery à rester sur la défensive. Cette fois, elle ne trouva pas d’ouvertures aussi facilement, mais son but était simplement de gagner du temps à son tour. Non loin de là, le chevalier zabrak venait de porter un coup fatal à son adversaire. Les yeux injectés de sang du Sith, rivés sur la Jedi dont il souhaitait désormais la mort plus que tout dans la galaxie, ne virent pas arriver le double sabre qu’on lui avait lancé. Les deux lames bleues vinrent et revinrent pour être rattrapées par le zabrak. Le Sith avait échappé à la mort, mais il y avait laissé son bras gauche.
Pourtant, ça ne l’empêcha pas de rester concentré sur son objectif : il continua son attaque et cogna à nouveau contre la garde de Saery. Après avoir dévié quelques coups, elle se faufila sous la lame rouge en la faisant glisser contre son propre sabre. Puis, au lieu d’achever sa cible, elle utilisa son élan pour frapper son ventre avec un grand coup de pommeau. Le Sith, tomba à cause du choc et ne releva le nez que pour voir la lame jaune qui menaçait de mettre fin à ses jours. Il était temps pour Saery de montrer la résolution des Sith aux autres Jedi.
— Abandonne. Lui dit-elle.
Le Sith s’accorda quelques instants pour réfléchir. La Jedi ne lui semblait pas être gênée à l’idée de repartir les mains vides. Capturer ses adversaires n’était clairement pas son objectif.
— Pour être aussi bien traité que les autres ? Lanca-t-il.
— Nous valons mieux que ça...
Pour prouver sa bonne volonté, Saery recula sa lame et laissa un peu d’espace à l’homme masqué. Celui-ci trouvait la situation trop peu favorable à son goût, mais la rage qui l’animait ne s’était toujours pas estompée. Il se laissa le temps de reprendre son souffle et d’alimenter son lien avec le côté obscur grâce à la douleur qui courrait le long de ses nerfs sectionnés. Maître Vespen sentait bien que le Sith n’avait pas dit son dernier mot, mais elle se contenta d’observer jusqu’à ce que celui-ci se décide à agir.
D’un coup, le côté obscur assista le Sith dans un saut qui échappait au naturel. Son sabre avait à nouveau rejoint sa main et vint balayer les deux lames de Saery. Aussitôt, il recula et décida de lâcher son arme pour mieux cracher la foudre. Naissant de ses doigts, de grands éclairs de Force vinrent frapper tout ce qu’ils pouvaient atteindre. Le chevalier et le maître bloquèrent l’attaque grâce à leurs sabres, mais les blessés furent secoués par le choc. Heureusement pour eux, les éclairs n’étaient là que pour donner au Sith le temps de se reculer, puis de fuir. Quand il eut fini, il s’empressa de partir à toutes jambes.
Le son de la magie Sith s’estompa pour laisser place au souffle de la tempête qui engloutissait doucement les ruines. Sans y prêter attention une seule seconde, le zabrak se lança à la poursuite de celui qui avait pris un bras à son protégé.
— Je vous laisse mon padawan ! Lança-t-il alors que Saery ne le voyait déjà plus.
Saery regretta vite de ne pas avoir achevé ce Sith. Elle ne s’attendait pas à ce qu’il lui lance des éclairs aussi violents. Elle avait été au plus prêt de la source, après tout. Elle se rassura cependant : le fuyard était une menace, mais le chevalier qui le suivait était fiable. Elle se rapprocha de Dalla et des blessés.
— Celui-ci est plus malin que les autres. Pour tout avouer, je suis plus habituée aux barouds d’honneur qu’aux échappées folles.
Son regard se tourna vers le padawan à la main manquante.
— Je sais que la douleur est grande, mais, s'il t'arrive de te retrouver seul dans cet état, tu devras la surmonter pour revenir en vie. Aujourd’hui nous étions là, mais ça ne sera pas toujours le cas.
Saery observa ensuite le cadavre de l’adversaire du chevalier. Il ne lui avait pas fait de cadeau, c’était prometteur. Mais, sa cape était intacte. Elle en déchira donc un grand morceau pour venir le poser sur le haut du corps du Jedi mort.
— Tout comme les Sith, nous devons être prêts à nous battre jusqu’au bout. Mais, ce n’est que parce que nous n’en avons pas le choix, souvenez-vous-en. Et si, par miracle, l'un d'entre eux vous propose de vous rendre un jour... Croyez-moi, ce n’est pas pour vous traiter comme un prisonnier de guerre.
Elle soupira, puis posa un genou à côté du blessé qui était resté vulnérable tout ce temps. Celui-ci avait du mal à garder les yeux ouverts après avoir goûté aux éclairs du Sith. Saery posa sa main gantée sur son épaule et lui adressa un regard plein d’empathie avant de s'adresser à la jeune twi'lek :
— Tu peux faire quelque chose pour lui ?
Le pauvre homme avait été percé et lacéré, mais il pouvait être sauvé. Saery n’avait pas encore jeté un œil à ses blessures : le chevalier l’avait couvert avec sa bure pour le rassurer.
— Alors ?
— Y a beaucoup de purin.
— Pardon ?
Le jeune homme qui s’était chargé de ressembler les informations des équipes informellement distribuées dans le petit complexe scientifique pour accomplir les ordres de Noctis eut l’air embarrassé. Naturellement, il aurait préféré lui apprendre qu’ils avaient déniché tout un stock de torpilles à protons ou une escadrille de chasseurs bien cachés dans la cave.
— Ben euh… C’est un tas de… Hm… Un tas sombre, oui, voilà, disons, un tas de sombre de matières organiques. Et ça pue.
— C’est pour les expériences de mise en culture des étendues désertiques, explique obligeamment l’étudiant, qui espérait qu’une coopération de tous les instants lui éviterait de subir les tortures affreuses qu’on voyait dans les holofilms d’horreur, quand de séduisants jeunes gens pleins d’innocence et de courage se faisaient capturer par des Seigneurs Siths sanguinaires, qui élevaient des zombies dans des forêts obscures, c’est vraiment très utile.
— Ah, ça, je suis transporté de joie.
— En revanche, on a trouvé des respirateurs.
Noctis hocha la tête. Dans l’atmosphère inhospitalière de la planète, ce n’était pas une mauvaise nouvelle.
— Distribuez-les à l’équipe. On se barricade en attendant que la tempête passe. Et on surveille les issues.
— Vous pensez que les Jedis vont braver la tempête pour venir nous affronter dans un endroit comme celui-ci ?
— Si c’est le cas, on les attend de pied ferme avec beaucoup de purin, apparemment.
Voilà qui promettait une bataille épique. Laissant le jeune homme prendre, avec le reste de l’équipage survivant, les dispositions adéquates, Noctis revint vers sa seconde, pour examiner avec elle la carte.
— Vous croyez qu’ils enverront des secours ?
— Qui, l’Empire ?
— Non, répondit Noctis en désignant la carte d’un geste de la tête, eux.
La jeune femme considère le dessin de la dernière cité habitée de la planète, ultime témoignage de la grandeur passée de Gree. Soixante millions d’habitants — moins ceux que l’explosion orchestré par Noctis avait expédiés en direction du reste de leur civilisation révolue — ce n’était pas rien, et quoiqu’une large partie de la technologie gree ait été définitivement perdue, il devait rester assez de l’équipement élémentaire de la Galaxie pour monter une expédition de secours.
— Difficile à dire. Entre la tempête et le combat spatial, ils pourraient se montrer assez circonspects à l’idée d’aller chercher d’éventuels survivants des deux crash. Même si ce serait évidemment plus stratégique de leur part de profiter de leur connaissance du désert pour venir nous cueillir, plutôt que d’attendre chez eux que la tempête se tasse et qu’on arrive en force.
— On peut les contacter ?
Le vent désormais soufflait rudement au dehors.
— On a un relai radio, bien sûr, mais difficile de savoir si ça passera, avec tout ce sable.
— Essayons quand même.
La tempête était déjà là, cependant. Sur des kilomètres et des kilomètres, dans le désert, elle enveloppait le campement scientifique et les ruines, les débris des deux vaisseaux qui s’étaient affrontés en orbite, les corps des malheureux qui avaient péri. Noctis sentait bien qu’une bonne partie de son équipage n’était guère rassurée et, lui-même, c’était bien la première fois qu’il se retrouvait dans une pareille situation.
On se rassurait comment on pouvait en se disant que le complexe scientifique avait été bâti en pleine connaissance de cause, et qu’il résisterait donc, c’était forcé, à la furie des éléments. Les portes et les fenêtres avaient beau tremblé, le bâtiment avait beau grincer, il résisterait. Sans doute. En revanche, les communications, elle, semblaient bien coupées.
— C’est possible qu’ils reçoivent le signal quand même, mais pas moyen de le savoir.
Noctis hocha la tête. Il espérait que Syn, son Apprenti, était à l’abri. Et il espérait aussi à moitié que Nero ne l’était pas. Se débarrasser d’un Seigneur Sith belliqueux ne serait pas un médiocre succès pour cette expédition. L’Empire avait besoin d’une bonne purge. Il sentait peser sur lui le regard de l’envoyé du Cardinal Noir.
— Continuez à transmettre. Quand la tempête sera passée, on ira malgré tout vers le vaisseau de l’expédition.
— Et qu’est-ce qu’on fera des otages ?
— Les otages, on les épargne les otages, OK, ils ont rien demandé à personne les otages, les otages, ils…
Noctis foudroya l’étudiant du regard — et ce n’était pas l’envie qui lui manquait de le foudroyer tout court.
— On les libérera. Moi, tout ce que je voulais, c’était trouver un refuge, ce sont eux qui se sont excités pour rien.
Il avait toujours une vision très personnelle des événements.
— OH PUTAIN Y A UNE VITE QUI A CRAQUE, beugla soudain un enseigne en mal de sang froid.
Noctis tendit la main vers le sable qui s’engouffrait. Une lourde commode vola à travers la pièce pour se caler contre la vitre, sous les regards ébahis de l’équipage. C’était de l’esbroufe mais, souvent, le moral des troupes était aidé par quelques démonstrations un peu théâtrales.
— Tout le monde se calme. Lisez les notes scientifiques de l’expédition, ça vous aidera à faire retomber l’adrénaline.
— Je vous ferai dire que nos rapports sont captivants.
Maître Vespen observa Dalla à l'oeuvre durant quelques instants. Elle espérait qu'elle soit capable de stabiliser les jeunes Jedi par elle-même. Cela éviterait d'utiliser le kolto : celui-ci était plus utile pour retourner directement au combat. Même avec ce remède miracle, ces blessés-là allaient devoir rester alités. Malheureusement, l'état était pire que prévu. Secrètement, Saery attendait un miracle de la part de la jeune twi'lek. Elle pensait à maître Morans qui, lui, savait refermer ses propres plaies grâce à la Force. Certains pouvaient même guérir les autres.
Saery, elle aussi, avait de bonnes connaissances sur ce sujet. Cependant, celles-ci lui servaient bien plus à nuire qu'à guérir. Alors qu'elle se demandait si elle pourrait réussir cet exercice qu'elle n'avait jamais pratiqué que dans son imagination, elle entendit l'un des blessés se tordre de douleur. Le plus mal en point avait beau prendre sur lui, il ne pouvait pas simplement ignorer ses brûlures.
— L-laissez moi ! Dit il avait d'inspirer à travers ses dents serrées et d'expirer en tremblant. Vous perdez votre temps. Vous feriez mieux d'aider les autres.
Maître Vespen lui laissa le temps de se remettre. Parler lui avait apparemment demandé de faire de grands efforts. Sa tête ne bougea pas, mais ses yeux inspectèrent tour à tour la twi'lek et la Jedi aux cheveux blancs. Qu'attendaient-elles pour se rendre utile ailleurs ? Du menton, il leur fit signe de filer.
— Être en train de mourir ne te donne pas le droit de me donner des ordres. Affirma sèchement la responsable des opérations. J'estime que prendre le temps de te tirer d'affaire est une option correcte.
Pendant qu'elle parlait, Saery attrapa le kolto qu'elle avait déjà entamé. Elle commença à l'appliquer sur les plaies les plus profondes qui se trouvaient de son côté avant de tendre le flacon à Dalla pour qu'elle puisse faire pareil de son côté. Tout en ignorant les grognements, elle continua :
— Vous laisser ici sans protection serait inviter les Sith à venir vous achever ou, pire encore, à vous capturer. Comment penses-tu que nous soyons arrivées si vite ?
Un grand coup de vent lui fit lever les yeux au plafond. La tempête ne semblait pas prête de s’arrêter.
— Les blessés se plaignent à travers la Force. Sans y songer, vous devenez de véritables balises de détresse.
La peine, la colère et le désespoir qu’entraînait l’issue de certains combats étaient bien plus difficiles à contenir lorsque l’on était en mauvais état. Bien plus concentrés sur leur douleur que sur leurs sentiments, de nombreux Jedi perdaient le contrôle de leurs émotions une fois blessés. C’était une dangereuse vérité qui illustrait bien l’écart entre ceux qui savaient réellement se maîtriser et ceux dont les limites étaient encore trop justes au goût de Saery. Selon elle, les Jedi devaient être irréprochables à ce sujet, surtout dans ce genre de situations. Bien heureusement, elle savait que la tâche n’était pas facile.
— C’est à cause de ça que nous nous sommes tous retrouvés ici, n’est-ce pas ? Demanda doucement le padawan qui avait perdu sa main.
Lui n’avait pas directement senti les blessés appeler à l’aide. Son maître, par contre, s’était dépéché d’arriver sur place.
— Alors, d’autres Sith pourraient débarquer...
Saery hocha la tête.
— En effet. Il est difficile d’établir un front distinct ici. Pour autant qu’on le sache, certains Sith pourraient très bien arriver de là où nous venons.
Cependant, demander aux Jedi d’avancer dans les ruines semblait être la meilleure chose à faire. C’était toujours mieux que de se laisser écraser par peur de croiser un adversaire inattendu. La défaite de Darth Nero impliquait aussi que ce genre de tenailles était plus difficile à mettre en œuvre. Surtout lorsque l’on connaissait la discorde qui régnait au sein de l’Ordre Sith. Malgré cela, les Jedi n’étaient pas ceux qui tendaient le piège. Il n’avaient donc d’autres choix que de chasser les chasseurs.
Saery, qui ne s’attarda pas pour exposer ses pensées, laissa aux plus jeunes le temps de digérer l'information avant de se pencher sur celui qu’elle voyait désormais comme un suicidaire.
— Dis-moi, maintenant que tu sais que nous sommes aussi utiles à tes côtés qu’ailleurs, tu préfères mourir ou me faire confiance ?
Le jeune homme baissa les yeux. Un peu piqué dans son orgueil, il était obligé d’admettre que Maître Vespen était celle qui prenait les décisions. Et puis, la tournure de sa phrase ne lui laissait pas vraiment le choix. Finalement, il acquiesça en silence.
— Alors bonne nuit ! Lança Saery.
Du bout du doigt, l’ombre effleura le front du blessé. Celui-ci, ouvert à ce qu’on lui imposait, se laissa bercer par la Force et sombra dans un sommeil libérateur. Loin de sa conscience, il pouvait laisser ses sauveuses opérer.
— Dalla, je compte sur ta vigilance. Je dois me concentrer.
Bien trop peu habituée à faire ce qu’elle s’apprêtait à commencer, Saery ne pouvait pas se permettre de disperser son attention. Il lui fallait se tourner vers son « patient » et uniquement sur lui. Ce serait à Dalla de la prévenir si quelque chose venait à se produire.
Les yeux fermés, Saery plaça ses deux mains au-dessus du torse du jeune homme. La manifestation de la Force qu’elle appelait à elle mélangeait méticulosité et puissance. La guérison n’était pas son domaine de prédilection et elle n’avait jamais vraiment été en mesure d’invoquer la Force pour un objectif aussi bienfaisant. Si bien que l’énergie invisible se manifesta d’abord à travers de lourdes vibrations qui provoquèrent quelques convulsions chez le blessé. Cependant, Maître Vespen n’était pas du genre à paniquer. Elle ouvrit les yeux pour mieux voir le corps trembler, puis dessina une vague du bout des doigts. Enfin, il s’arrêta de bouger.
Sous ses mains, l’air semblait brûlant. La lumière ruisselait et vacillait comme si l’on regardait par dessus des flammes. Le corps endormi se contracta à nouveau. Le patient se réveilla pour se plaindre, mais il perdit aussitôt conscience. Ses plaies vibraient et s’agitaient comme si elles cuisaient. Si bien que le kolto qui y était étalé se mit à bouillir et à déborder. Pourtant, la chair ne semblait pas être consumée. Au contraire justement : sous la surface, d’invisibles blessures se refermaient lentement.
Ces flammes salutaires que l’on ne pouvait pas voir nettoyaient les plaies et soudaient les tissus. L'effrayant traitement impliqua de nombreux cris étouffés et de grands gestes brusques. Malgré cela, Saery alla jusqu'au bout de celui-ci sans même broncher. En apparence, le jeune homme semblait fatigué et encore plus mal en point. L'apparence de ses blessure n'avait qu'à peine changée. Pourtant, son corps était plus à même de se remettre de cette condition-ci que de celle qui la précédait.
Assez affectée par ce qu’elle venait d’infliger à ce pauvre garçon, Saery observa ses propres mains avant de se relever. Elle fit quelques pas, comme pour récupérer après une longue course. Elle lutta contre un vertige. Elle avait la tête qui tournait et le souffle court. Elle espérait avoir le temps de respirer : son effort lui avait coûté aussi cher en énergie qu’en moral. Apparemment, elle n’était capable de procéder que « tout en douleur ».
Finalement, épuisée, elle se laissa tomber dos contre le mur. Peut-être que faire appel à la Force n’avait pas été la meilleure solution, après tout. Même si elle savait que ce Jedi finirait par guérir grâce à son intervention, le rapport entre l'effort et les résultats n'était pas assez satisfaisant pour elle. Agacée par sa propre impuissance, elle se mit à pester intérieurement contre ce vent qui ne faiblissait toujours pas. Elle avait eu l’espoir que la tempête ne soit qu’un épisode très court de son séjour sur Gree. L’atmosphère y était déjà insupportable et les Sith rendaient l’endroit encore plus désagréable qu’il ne l’était au naturel. Si cette tempête se décidait à se terminer, peut-être qu’elle pourrait contacter Maître Marja pour savoir si elle avait un plan pour quitter cette planète.
Pour l’ombre, vaincre un seigneur Sith était déjà une belle victoire. Partir sur ce haut fait semblait raisonnable et particulièrement attrayant. Pour l’instant, elle était coincée dans ce bâtiment. Fatiguée et avec deux blessés sur les bras. Heureusement, la petite twi'lek qui l’accompagnait avait l’air d’être une padawan tout à fait respectable. Avoir la compagnie de quelqu’un en état de bouger était étrangement rassurant. Mettant toute cette expérience au niveau de ses standards, Saery n’avait pas vraiment prit le temps de savoir si la jeune Tellura tenait le choc après tout ce qui venait de se passer.
- HRP:
- Coucou et désolée. Vraiment mille excuses pour ce post qui arrive vraiment en retard. J'aimerais me justifier en disant que c'est à cause de ma semaine trop chargée, mais en vérité c'est surtout à cause de l'overdose de traitement de texte qu'elle a causée. Donc, ehm... Je ne peux qu'espèrer que vous ne m'en veuillez pas trop. :(
La tâche à accomplir restait cependant considérable, et Dalla s'efforçait de ne pas succomber à la peur de ne pas être à la hauteur. Elle devait se concentrer sur la tâche même, et pas sur ses doutes.
Malheureusement, Dalla sentait sa concentration faiblir. Elle commençait à toucher à la limite de ses ressources d'énergie. Elle commençait à reprendre conscience de son corps, de l'étrange ankylose poisseuse de son avant-bras droit, du tremblement de ses coudes, du poids de sa tête. Heureusement qu'elle était assise.
Un grand bruit, causé par une bourrasque particulièrement violente, l'arracha définitivement à sa transe guérisseuse. Elle sursauta et regarda autour d'elle. Elle n'avait pas encore pris vraiment conscience de la tempête qui les entourait, mais les éléments se chargeaient de lui faire rattraper son retard.
Elle se redressa, sans prendre encore le risque de se lever, et observa les jedi autour d'elle. Maître Vespen parlait avec le blessé. Dalla sentait une forme de lutte entre eux, ce qui lui semblait particulièrement contre-indiqué vu l'état du jedi, mais elle mit du temps avant de pouvoir se concentrer suffisamment sur leurs paroles pour les comprendre. Elle ne se sentait cependant pas en état d'intervenir elle-même dans leur discussion. D'ailleurs, elle ne voyait pas trop ce qu'elle aurait pu dire.
En tournant la tête pour écouter le padawan, elle sentit soudain toute la crispation de son dos. Son corps tout entier semblait bloqué, tendu pour faire taire le monde autour d'elle et lui permettre de se concentrer. Et même maintenant qu'elle s'était arrêtée, la tension restait, comme si son esprit avait été incapable de transmettre à son corps l'arrêt de sa transe.
Elle se sentit soulagée quand Maître Vespen endormit le jedi. Elle n'avait pas la moindre idée de la façon dont elle avait pu procéder, mais la lutte finit entre eux, ce qui était un soulagement. Dalla se sentit également soulagée d'un petit poids dans la Force. Maître Vespen avait raison, les blessés s’exprimaient à travers elle. Dalla ne l’identifiait pas en permanence, mais maintenant que la voix du blessé s'était apaisée, elle comprenait que leur souffrance la troublait, portait sa détresse en elle et l'épuisait, par empathie.
Mais malgré cette accalmie dans la souffrance, Dalla sentait qu'elle était à bout de forces. Elle connaissait cette sensation qui l'avait souvent submergée, tard dans la nuit dans sa chambre au Temple, quand elle comprenait qu'elle n’arriverait pas à finir de traduire une version de bith à rendre le lendemain matin. Elle avait alors tout juste assez de force pour comprendre que c'était son dernier accès de lucidité avant que son esprit sombre dans le sommeil.
-Il faut que je m'arrête, Maître, souffla-t-elle. Si je continue, je vais m'écrouler. Je suis désolée.
Maître Vespen dut sentir son essoufflement, car elle reprit le flambeau.
Si elle restait assise, Dalla avait peur de s'endormir. Elle se leva, espérant que cela suffirait pour la maintenir dans un état suffisamment réveillé pour surveiller les alentours et la Force.
C'est pour ça que je me suis arrêtée, se répétait-elle chaque fois que ses yeux tombaient sur l'un des blessés. Si j'avais continué, je ne serais plus en état d'assister Maître Vespen et de lui être utile.
Elle se sentait tout de même coupable, persuadée d'avoir failli à sa tâche.
C'est comme tout à l'heure, avec le bacta pour mon bras. Savoir sauver les gens, c'est aussi savoir de quelles forces on dispose pour les aider. Et comment utiliser au mieux ces forces.
-Je suis sûr que mes murs vont tenir ! déclara soudain Kergen, tandis que Dalla avait interrompu ses cent pas pour faire reposer alternativement son poids sur l'une et l'autre jambe.
Avait-il pris sa grimace quand sa cheville avait eut un moment de faiblesse pour une peur de la tempête ? A vrai dire, Dalla ne se sentait pas très rassurée. De penser à ces tonnes de sable et à tout ce vent, contre des murs tout craquelés, vieux, et déjà écroulés par endroits...
Cela dit, elle préférait penser au sable qu'aux sith.
Elle regarda Maître Vespen. Elle n'avait jamais vu un guérisseur travailler comme elle le faisait, mais si cela la marchait, elle n'allait pas protester contre une technique non-orthodoxe.
Elle espérait simplement que si un sith arrivait, elle saurait temporiser le temps que Maître Vespen puisse intervenir.
Dalla sentit soudain une présence, à quelques trois couloirs d'elles. Elle tressaillit et se tourna pour faire face à la présence, même si celle-ci restait toujours hors de sa vue.
Pourvu que ce soit le Maître de Kergen !
Dalla n'avait plus assez de force pour sonder plus avant cette présence. Elle sentait qu'elle n'aurait pas assez de lucidité pour savoir s'il s'agissait d'une présence hostile ou alliée -du côté obscur ou du côté lumineux.
Elle se contenta donc de rassembler ses esprits et son énergie pour se mettre en garde, prête à défendre Maître Vespen si nécessaire.
Mais une partie de son esprit pensait très fort : Si c'est le maître de Kergen, je vais pouvoir dormir un peu, et ensuite, quand la tempête sera calmée, on ira chercher les vaisseaux des sith pour rentrer...
Rentrer au Temple, fuir cet enfer... Enfin.
... Oui enfin, je sais, ce n'était pas vraiment un combat. Votre écriture était très belle à tous les trois, nous vous avons plutôt donc départagé sur la stratégie. Il a été difficile de choisir mais finalement nous avons pensé que les Jedi s'étaient davantage tournés vers les objectifs initiaux de l'expédition. Félicitations à vous, nous vous avons lu avec beaucoup de plaisir, vraiment.
Si le cœur vous en dit, n'hésitez pas à poursuivre le RP.