Le Masque de la Force
Le Masque de la Force
Messages : 5464
Eclats Kyber : 0
Poffff.

La capsule se stabilise. Plus de secousses. Auraient-ils enfin atterris dans le sable de Gree ? A en apercevoir la lumière vive qui traverse les hublots et les baigne d’une chaude couleur jaune, il semblerait que oui.

- On… On est arrivés ? ose le mécanicien au bout de quelques secondes de silence.

Leurs ceintures attachées, mais la capsule ayant atterri de façon inclinés, ils se retrouvent allongés tous les deux, l’un à côté de l’autre.

- On dirait bien.
- Ah. Alors… On peut sortir ?
- Ou on peut rester là un moment ?

Pofff. Pofff.

Ca, c’est certainement le bruit des autres capsules qui tombent à côté d’eux. Pour l’intimité, c’est râpé. D’ailleurs, quelques minutes à peine après, ils entendent des bruits autour d’eux. Des voix, puis des tapotements sur la capsule. Enfin, quelqu’un s’échine à ouvrir l’écoutille de leur capsule, qui cède avec un grincement sordide. Des visages impériaux luisants apparaissent dans le puits de lumière.

- Mon seigneur Noctis ! Vous êtes vivants !
- Mais oui. On ne peut pas se reposer tranquillement deux minutes…
- Mon seigneur, c’est que les républicains sont… sont vivants eux aussi. Et la moitié de nos capsules… Elles sont en train d’être englouties !
- Englouties ?
- Oui mon seigneur, des sables mouvants !


-------- A quelques kilomètres de là, les capsules républicaines connaissent un sort plus clément. Certaines d’entre elles sont perdues, mais un bon nombre de survivants parvient à se rassembler autour de Maître Marja. Dalla, qui a voyagé avec elle, est assez contente de retrouver un sol stable sous ses pieds. Enfin, stable… C’est vite dit. Le désert est couvert d’un sable traître par endroits. Il paraît que des champs de sable mouvant s’étend plus au nord… Là où les Sith sont tombés. Bien faits pour eux !

- Dalla, s’empresse Maître Marja une fois que le groupe de républicains est à peu près assemblés. Nous allons partir trouver un moyen de communication pour appeler des moyens d’extraction. En attendant… J’ai une mission de la plus haute importance à vous confier : vous devez retrouver Maître Vespen pour lui expliquer la situation. Elle est certainement dans les ruines en train de se battre… Je ne veux que vous ne preniez AUCUN risque inconsidéré, c’est compris ?

Mais la situation en elle-même est totalement épineuse. Dalla s’en va au pas de course, et se maudit d’être bleue comme les océans. Ca n’est pas du tout discret, dans le désert. Mais ici, le paysage est tellement vaste qu’au moins, elle se dit qu’elle ne pourra pas être prise par surprise.
Après être passée devant les carcasses carbonisées des navettes des Jedi – pourvu que personne ne soit resté à l’intérieur au moment de l’attaque ! – Dalla parvient jusqu’aux fameuses ruines… où elle s’introduit discrètement en silence, la Force lancée devant pour retrouver la trace de Maître Vespen…


-------- Saery n’est à quelques centaines de mètres devant elle. Elle vient de se retirer de ce combat mortel avec une satisfaction certaine : Darth Nero est tombé après un coup particulièrement critique, dont elle n’est pas peu fière. S’en relèvera-t-il ou en mourra-t-il ? Peu importe, elle a coupé la tête du serpent qui attaquait Gree. Maintenant, elle peut être à peu près sûre que les rangs des Sith seront complètement désordonné si leur roi n’est plus opérationnel. D’ailleurs, les soldats se sont précipités vers lui pour lui porter assistance quand ils ont vu le sang jaillir. Un ou deux ont essayé de la traquer, mais elle a fui et les a semés aisément. Les insensibles à la Force n’ont aucune chance contre elle…

Perchée sur le toit d’un bâtiment en ruine, elle observe les pluies de capsules de sauvetage tomber dans le désert. Un bon nombre se trouve au nord du site des ruines. Elle cligne plusieurs fois des yeux : rêve-t-elle ou bien des capsules disparaissent-elles dans le sable après quelques secondes ? Quel phénomène étrange…

… et quel mauvais pressentiment. Celui que là-bas, une autre tête vient de pousser au serpent.

Quelques secondes plus tard, la padawan Tellura viendra lui annoncer exactement cette nouvelle. Elle l’a vu dans la Force. Et il faudra agir…



Seuls les joueurs Dalla Tellura, Darth Noctis & Saery Vespen peuvent intervenir dans ce sujet. S’agissant d’un RP de stratégie, vous serez départagés sur la qualité d’écriture de votre RP, la pertinence, l’originalité et le réalisme de votre argumentation et de vos propositions ainsi que votre fair-play vis-à-vis de vos adversaires.
Ordre de post : Dalla – Noctis - Saery.
Dalla Tellura
Dalla Tellura
Messages : 814
Eclats Kyber : 115
Dalla était restée un long moment immobile, les yeux fermés, à apprécier l'immobilité. À un quelconque moment de leur rentrée dans l’atmosphère, elle avait glissé de la banquette et était tombée assise sur le sol de la capsule. Elle aurait probablement bientôt un bel hématome au coccyx, mais pour l’instant elle avait retrouvé une gravité rassurante et même une atmosphère respirable !
Mais Maître Marja état déjà sortie et s'agitait à rassembler les restes de leurs forces. Dalla se força à se relever et à s'extraire à son tour de la capsule.

On ne pouvait espérer décor plus différent que celui qu'elle avait contemplé depuis le hublot de la capsule. Le sable s'étendait à perte de vue, réverbérant le soleil à l'infini. Dalla avait déjà trop chaud.
En étudiant le terrain où ils avaient atterri, elle eut la très mauvaise surprise d'apprendre que la zone était infestée de sable mouvant. Que pouvait-il y avoir de pire qu'un sable doré, brûlant, aride et aveuglant, si ce n'est un sable doré, brûlant, aride et aveuglant, qui en plus est prêt à vous avaler tout entier en un clin d’œil ?

Elle écoutait les conversations un peu décousues des républicains autour d'elle tout en essayant d'orienter sa carte. Elle finit par trouver le nord, la zone de sable mouvant, et par constater que les capsules impériales avaient atterries par là.
Que Darth Noctis soit avalé par le sable si jamais il a réussi à s'échapper du croiseur !

Néanmoins, le reste de la planète semblait très largement aux mains des impériaux. Dalla soupira. Elle avait l'impression de se retrouver une nouvelle fois sur Gravlex Med. Végétation en moins.

Maître Marja revint vers elle quand toutes les capsules eurent été retrouvées et évacuées -ou définitivement déclarées perdues. Dalla se réjouissait beaucoup de se rapprocher d'un moyen d'être secourue de ce désert étouffant, mais visiblement elle devrait attendre. Ils avaient toujours des jedi à récupérer, même s'ils n’avaient aucune idée de l'état dans lequel ils les retrouveraient.

Dalla s'accorda un dernier petit coup d’œil plein d’espoir à la console de fortune que l'un des techniciens était en train de construire. Pourvu qu'elle fonctionne !

Au moins, maintenant qu'elle avait orienté sa carte, elle savait très bien où aller. Elle avait eu l'occasion de se familiariser avec les lieux quand elle devait diriger les chasseurs. Elle savait où étaient les ruines. Ce qui lui restait à découvrir, c'était le temps qu'il faudrait à ses pieds déjà gonflés dans ses bottes pour y arriver. Sur la carte, la distance était plus courte qu'une de ses phalanges. Mais dans la réalité, elle était faite de sable qui, à défaut d'être mouvant de ce côté, n’était pas le meilleur terrain pour courir.

Sa cheville ne tarda pas à la faire de nouveau souffrir. Mais elle devait penser aux jedi dans les ruines. Ils n'avaient pas réussi à protéger les vaisseaux et à leur conserver un moyen de quitter la planète, elle devait au moins les prévenir de la situation ! Maître Vespen saurait sûrement quoi faire ! C'était une Maitre Jedi, après tout ! Même si elle avait l'air bien jeune…

À mesure qu'elle s’approchait de ce qui avait été les deux navettes jedi, Dalla se mit à penser aux autres jedi qui s'étaient rendues dans les ruines. Maître Marja n'avait pas parlé d'elles. Mais elle avait sûrement pensé que Maître Vespen s'occuperait elle-même de la question, dès qu'elle aurait été prévenue de la situation.

Comme la silhouette des ruines se profilait enfin devant elle, Dalla frissonna malgré la chaleur du soleil. Il y avait eu des sith aussi, ici. Étaient-ils toujours là ? Dans quel état avaient-ils laissé les jedi ? Que ferait-elle si Maître Vespen…

Dalla se glissa dans l'ombre de ce qui avait été un porche majestueux et imposant. Elle jeta un dernier regard derrière elle. Plus de trace de Maître Marja et des autres, elle n'était même plus sûre de voir les débris des navettes. Avec tout ce soleil et ces reflets dans le sable… Au moins, personne ne semblait l'avoir suivie. Avec un peu de chance, tout le monde, chez les Impériaux, avait été trop occupé pour remarquer les trois énormes tâches bleues que faisaient sa tête, ses lekkus et ses bras sur le sable. Et maintenant, dans l'ombre des ruines…

Dalla avala une grosse gorgée d'eau à la gourde que lui avait donnée un officier avant qu'elle quitte les autres. Elle tenta de sonder les ruines avec la Force.
Elle frissonna une nouvelle fois. Il lui semblait être entourée du côté obscur. Elle tenta de se rassurer : l'aura de Noctis devait être tellement puante et corrompu qu'on devait la sentir à des kilomètres à la ronde.
Cependant, Maître Marja lui avait dit de ne pas prendre de risques inconsidérés, et elle trouvait que c'était un ordre plein de sagesse et de pertinence.

Elle rangea sa gourde, caressa le manche de son sabre, et se replongea dans la Force. Elles avaient fait tout le voyage aller avec Maître Vespen, dans l'Espoir, elle serait donc en mesure de reconnaître sa présence dans la Force. Elle se fia donc à celle-ci pour retrouver la Maître.
Elle avançait à petits pas, en essayant d'identifier la présence de Maître Vespen tout en évitant les présences plus… indésirables. Elle tâchait aussi de se faire aussi discrète que possible. À chaque tournant, chaque nouveau couloir, chaque pan de mur ou de toit effondré, chaque espace entre des bâtiments, elle guettait, des yeux et de la Force. Elle avait dans un premier temps négligé de se servir de ses sens, et suivant avec concentration l'aura de la jedi, s'était pris les pieds sur une corniche à motifs géométriques qui s'était effondrée quelques siècles plus tôt. Et un hématome de plus !

Elle prenait néanmoins confiance en avançant. Elle sentait, même si c'était encore diffus, que la présence de Maître Vespen se rapprochait. Et surtout, elle reconnaissait les motifs, les styles architecturaux et sculpturaux qu'elle avait étudiés en classe.

Dalla s'immobilisa devant un gigantesque tentacule de marbres, que le temps avait brutalement sectionné. Elle avait le sentiment que Maître Vespen était là, même si elle ne la voyait pas. La jedi pouvait se dissimiler n'importe où. Ce n'était pas les recoins et les réduits qui manquaient. Décidant de faire confiance à la Force, Dalla souffla :

-Maître Vespen ? C'est la padawan Tellura. Nous avons voyagé ensemble à bord de l'Espoir. C'est Maître Marja qui m'envoie.

Se souvenant de ce que lui avait dit cette dernière sur le pouvoir que pouvait donner la connaissance, elle se retint d'ajouter « Tous nos vaisseaux sont détruits et nous sommes bloqués sur la planète jusqu'à ce que l'on vienne nous sauver ». Pour ce genre d'information elle attendrait d'être sûre que personne ne l'écoute en cachette. Et d'être sûre que Maître Vespen l'entende, aussi…


Absalom Thorn
Absalom Thorn
Messages : 490
Eclats Kyber : 0
— Ah.
— Oui.
— C’est fâcheux.
— Comme vous dites, Seigneur.

Le regard d’azur de Noctis fouillait la mer de sable où les capsules de sauvetage impériales se proposaient de livrer leurs passagers à une lente mais esthétique agonie. Il n’avait certainement pas le temps de toutes les sauver, et quand il l’aurait pu, il s’en serait probablement abstenu. Il s’agissait de ménager ses forces. Alors il cherchait celles et ceux qui l’intéressaient en particulier. Il tendit une main. L’une des capsules se mit à vibrer pour s’arracher du sable et voler quelques mètres plus loin, en sécurité. Autre main, même spectacle.

Un quart d’heure plus tard, Noctis était assis sur un rocher, les yeux mi-clos, pour reprendre ses forces, après avoir sauvé une partie de ses troupes. D’autres survivants avaient atterri entre les sables mouvants mais bien des vies avaient été perdues, réclamées par le désert. Naturellement, le Seigneur Sith avait pris soin de sauver l’envoyé du Cardinal Noir. Ce que ce sorcier encapuchonné surveillait dans son silence inquisiteur, Noctis n’en était pas absolument certain, mais quelque chose lui soufflait qu’il y aurait du profit à tirer de le garder en vie.

— Seigneur ?

Noctis rouvrit les yeux et considéra le Bothan qui se tenait devant lui.

— On a une idée approximative de l’endroit où l’on se trouve.

Le Bothan pianota sur son datapad qui n’émit qu’un grésillement plaintif, puis quelques étincelles, et il fut obligé de le lâcher brusquement, pour éviter que sa fourrure ne s’enflamme.

— Certes.
— Oui, bon, marmonna le Bothan d’un air embarrassé, avant de se résoudre à se passer d’hologrammes pour recourir à la bonne vieille gesticulation, par-là, à une demi-douzaine de kilomètres, ce sont les ruines où le Seigneur Nero s’est rendu. Par là, c’est l’endroit où les Jedis ont débarqué, avec l’antenne de communication plus loin, et plus à l’est encore, la ville. Enfin le village. Le bourg.
— Et les Jedis ont atterri… ?
— Mieux que nous, autant qu’on puisse en juger.

Noctis hocha lentement la tête. Ce qui lui paraissait évident, c’était que les Républicains s’étaient probablement séparés en deux groupes. L’un serait parti vers les ruines, pour porter secours aux Jedis qui s’y trouveraient encore, tandis que l’autre se dirigerait vers la ville, pour tenter d’y trouver des moyens de communication et, pourquoi pas, des vaisseaux. Dans un cas comme dans l’autre, la confrontation était inéluctable. Partant, soit Nero était vivant, et recevrait comme il le devrait le groupe des ruines, en profitant de sa familiarité des lieux, soit il était mort et s’y rendre reviendrait à se jeter dans un piège. De ce côté-là, par conséquent, il n’y avait rien à gagner.

— Allons vers la ville.
— Et si Nero est blessé ?
— Oui… ?

Le Bothan fixa le Seigneur, le Seigneur fixa le Bothan, et ce dernier finit par comprendre que Noctis ne comptait pas porter secours au roi. Pour l’Hapien, cette expédition un peu grotesque, moindre mal par rapport à la guerre elle-même, connaissait les déboires qu’elle méritait, et Nero avait intérêt à s’en sortir par ses propres moyens, sans quoi il veillerait lui-même à ce que l’Empire se penche sérieusement sur ses lubies de mégalomane frustré. Pour sa part, tout ce qu’il espérait, c’était que les décisions de Marja nourriraient durablement la propagande impériale : dans la guerre de l’information, les événements qui s’étaient déroulés en orbite seraient une ressource précieuse, qui valait bien une petite traversée du désert.

— Notre stock d’armes ?
— Réduit, mais on est pas démunis.

Le jeune Seigneur considéra les impériaux rassemblés. Une petite vingtaine de personnes, pas toutes des militaires, équipées seulement de leurs armes de poing et des paquetages de survie tirés des capsules de sauvetage. Ils ne mourraient ni de faim, ni de déshydratation, en tout cas pas tout de suite. C’était toujours ça de pris.

— On s’est assuré que les capsules avaient été correctement vidées de tout le matériel ?
— Oui, Seigneur.
— Très bien.

Noctis grimpa sur le rocher et se tourna vers sa petite troupe. L’inquiétude était palpable dans les rangs. Le soleil brûlant, le désert, les lourdes pertes : la situation était terrible.

— Ecoutez moi, vous qui servez l’Empire, avec toute la détermination des âmes nobles que l’adversité n’abat pas, mais qui trouvent dans les obstacles qu’un destin contraire et des adversaires médiocres dressent sur le chemin des occasions nouvelles de conquête et de gloire, vous dont le nom est déjà inscrit dans la légende de nos peuples et de nos armées, vous qui avez défait les Jedis et balayé l’infamie, l’heure a sonné de donner l’exemple d’une force nouvelle.

Et l’esprit de Noctis, à travers la Force, accompagnait ses mots, balayant dans les âmes le doute, excitant l’ardeur combative, la résolution opiniâtre.

— Je vous le dis en vérité, notre quête nous distingue. A cette République qui est venue ici comme elle vient si souvent : en terre conquise et soumise, comme le colon sur le territoire qui opprime, à cette République qui a voulu faire de Gree ce qu’elle a fait à tant de nos planètes, pour la broyer dans la vaste bureaucratie des possédants de Coruscant, nous dirons ceci : que les peuples de l’Empire ne courberont pas l’échine et qu’ils se battront pour préserver leur liberté et leur indépendance.

A la République, nous dirons ceci : que tout le sable de Gree est l’or qui pave la route de notre fortune, que le vent du désert est le souffle de notre destinée et que la pluie de feu de leur vaisseau est l’étoile qui file sur le ciel de nos ambitions. Pour l’Empire !

— POUR L’EMPIRE.

L’exclamation avait été tonitruante, même si personne ne savait précisément ce que Noctis avait voulu dire, au fil de son interprétation très sélective de la réalité politique impériale.

— Une tempête approche qui coupera le chemin des ruines. C’est notre chance de n’avoir en face de nous qu’un ennemi divisé. Un groupe partira en éclaireur, un groupe en arrière garde, nous progresserons vers la ville. Nous contournerons l’endroit où les Jedis ont établi leur première base, pénétreront dans le quartier évacué et organiseront une guérilla qui nous permettra de reprendre le contrôle du théâtre d’opérations. En avant.
Invité
Anonymous

Après avoir fui les troupes de Nero, Saery prit le temps d'examiner son état de santé. Le Sith lui avait porté un coup qui avait su laisser sa marque. Avec sa lame si particulière, il avait creusé une plaie qui n'avait pas été cautérisée. Bien que la Jedi l'ait refermée elle-même à l'aide de sa propre lame, elle se sentait affaiblie par le choc. Elle en était sûre, le sang qu'elle avait perdu à cause de cette blessure allait lui donner d'insupportables vertiges une fois l'adrénaline disparue. Elle sentait déjà que sa tête commencerait à tourner si son lien avec la Force venait à faiblir.

Ne pouvant se permettre d'être un poids pour ceux qu'elle comptait assister, maître Vespen s'isola des présences agitées qu'elle percevait dans les ruines. Elle trouva un peu de calme sur le toit d'une structure en ruine. De là, elle put voir le désert, mais aussi un inquiétant spectacle : des capsules de sauvetage tombaient au sol tandis que des restes de vaisseaux se désintégraient dans l'atmosphère. Tout là-bas, certains des modules se faisaient engloutir dès leur arrivée. Saery sentit alors sa gorge se serrer. Elle ne pouvait s'empêcher d'imaginer ce que cela pouvait faire d'être à la place de ceux occupaient ces cercueils qui ne reverraient jamais la surface. Cependant, le temps n'était pas aux lamentations : elle devait s'occuper d'elle-même et des autres Jedi. Dans le désert, elle sentait la présence d'Hildegarde. Cette dernière saurait quoi faire avec les rescapés de l'Espoir.

Saery détourna donc ses yeux du triste sort de ceux qui s'enfonçaient dans le sable et s'assit sur ses genoux avant de se débarrasser de ses gants et de sa veste. Le tissu de celle-ci, plus épais et plus robuste que celui de sa combinaison, avait poussé sa chair un peu plus loin de la lame de Nero lorsque celle-ci avait atteint Saery. Cependant, elle ne l'avait pas empêché de trancher pour autant. Le vêtement, taché de sang, était bon à jeter.

La Jedi ouvrit sa combinaison par le haut, laissant tomber ses manches vides à côté de ses hanches. Elle prit ses cheveux, puis les passa par-dessus son épaule pour dégager son dos où le sang avait déjà commencé à sécher. Puis, elle ouvrit l'une des sacoches qui pendaient à sa ceinture pour en sortir un tissu qu'elle utilisa pour essuyer grossièrement la plaie. Elle y appliqua ensuite un gel rare et cher : du kolto qu'elle gardait dans un solide flacon rectangulaire. Tout en grimaçant à cause de la douleur, elle appliqua le médicament du mieux qu'elle le pouvait du revers de ses doigts. La Jedi était souple, mais l'endroit était difficile à atteindre et le dernier vêtement élastique, qui lui collait à la peau en haut du dos, la gênait pour atteindre le haut de la plaie. Une fois l'application du gel terminée, elle pansa sa blessure avec un bandage qu'elle fit passer autour de son buste. Mais, avant qu'elle ne puisse en finir, elle sentit le danger vibrer à travers la Force.

Perché tout en haut d'une grande colonne brisée, un Sith avait pris place pour trouver la Jedi qui avait vaincu son maître. Il avait croisé l'un de ses soldats que la coupable avait semés et fut mis au courant. Sachant la fuyarde blessée, il estimait pouvoir la vaincre et revenir triomphant devant son seigneur. Il se garda bien de répandre la nouvelle, car c'était lui que l'on féliciterait, que l'on élèverait ! Enfin, depuis son nouveau perchoir, il aperçut un signe qui ne trompait pas : les longs cheveux blancs d'une femme qui pansait ses blessures. Aussitôt, il se laissa tomber silencieusement au sol avant de filer vers elle.

Discrètement, le Sith s'approcha de la bâtisse où se trouvait la Jedi. Sabre en main, il glissa comme une ombre jusqu'à être assez proche pour sauter et surprendre sa proie. D'un bond, il s'éleva de plusieurs mètres pour mieux fondre sur sa cible qui ne saurait probablement jamais ce qui l'avait tuée. Sa lame se mit alors à briller d'un rouge vibrant pour aller trancher celle qui n'allait être qu'une marche de plus vers son assenions formidable. Mais, il ne toucha pas. Son sabre fut soudainement bloqué par celui de la Jedi. Il ne comprit pas de suite : elle lui tournait encore le dos, pourtant !

Saery se leva après avoir paré la première attaque et dévia la suivante. Sa main droite était occupée à tenir les deux extrémités de son bandage, mais elle avait confiance en elle. Ce Sith l’avait sous-estimée. Même s’il s’était fait discret, maître Vespen était bien trop sensible au côté obscur pour ne pas le sentir s’approcher d’elle. Son assaillant faisait l’erreur d’insister après une attaque-surprise manquée, il refusait de comprendre ce que cela signifiait. Il attaqua à nouveau, mais Saery bloqua encore. Faisant crisser son sabre contre celui du Sith, elle fit tourner sa lame autour de la sienne pour la guider vers l’extérieur et profita de l’élan qu’elle lui avait donné pour avancer d’un pas et percer dans cette garde grande ouverte. Elle retira son laser brûlant de l’épaule de l’homme et le planta à nouveau dans son torse, dans la même seconde.

Saery éteint alors son sabre. Elle recula lentement tandis que le Sith s’accrochait encore à son arme qui venait de s’éteindre. Du bout de ses doigts tremblants, il persistait. Il ne cria pas, mais il toussa et goûta à son propre sang. Ses yeux se baissèrent sur son corps perforé, puis revinrent sur celle qui l'avait condamné.

— P-Pourquoi ? Je suis... je dois... C’est impossible. Souffla-t-il en douleur.

Maître Vespen sentit son cœur se briser une fois de plus. Celui qui se tenait devant elle devait à peine avoir vingt ans. C’était un humain aux cheveux noirs et aux yeux marron que le côté obscur avait commencé à jaunir. Si jeune, et déjà si corrompu. Et voilà qu’il trouvait sa fin sur une planète où il n’avait aucune attache.

— Ne lutte pas, tu t’es déjà assez battu. Dit calmement Saery.

— Je ne peux pas. Je ne veux pas...

Il tremblait, mais il refusait de se laisser mourir. Des larmes perlaient au bord de ses yeux humides et du sang coulait du coin de ses lèvres sèches. Il sentait bien la compassion de celle qui se trouvait devant lui. Pourtant, c’était elle qui le tuait. Il ne comprenait pas, il n’imaginait pas.

— Pour mon seigneur, pour...

— Abandonne. Coupa Saery. Je ne peux pas te sauver, mais tu peux partir serein. Rejoins la Force en paix.

Pour l’ombre, ce Sith était un sacrifice comme un autre. Les Sith ne sont que les victimes d’eux-mêmes ainsi que du côté obscur. D’abord le Darth, puis ce jeune homme... le sang de tous ceux qu’elle rencontrait lui salissait un peu plus les mains. Mais, c’était son choix. Elle devait aider à débarrasser la galaxie du côté obscur qui se faisait trop présent, elle devait le vaincre. Être une sainte ne l’intéressait pas.

Le Sith resta planté là, refusant de retourner à la Force pendant de longues minutes. Saery ne le quitta pas des yeux, elle l’accompagnait dans ses derniers instants, elle assumait ses actes jusqu’au bout. Elle le savait perdu, mais il voulait s'accrocher jusqu'à son ultime étincelle de vie. Quand, sans prévenir, une voix s’éleva depuis le contrebas :

— Maître Vespen ? C’est la padawan Tellura. Nous avons voyagé ensemble à bord de l’Espoir. C’est Maître Marja qui m’envoie.

À ces mots, le Sith sentit sa fierté prendre le dessus. Il ne pouvait pas laisser un autre Jedi le voir dans cet état. Que faisait-il ici, à attendre sa mort ? Il devait combattre avec honneur, apporter la gloire aux Sith ! Sa main gauche vint froisser ses vêtements sur son torse perforé avant qu’il ne prenne une grande et pénible inspiration. Il agrippa fermement son arme et, malgré la douleur, hurla du peu de forces qu’il lui restait :

— Pour mon roi ! Pour Darth Nero !

Il se lança dans un ultime assaut, mais fut repoussé par un vent qui le frappa comme un mur invisible. Il chuta du toit pour s’écraser aux pieds de Dalla. Le choc l’acheva. Saery se dépêcha de sauter pour rejoindre la padawan. Elle ne voulait pas la laisser seule avec un cadavre encore chaud avec lequel elle n'avait rien à voir. Arrivée devant lui, elle observa le Sith avec un air sombre à peine voilé, puis remonta son regard en direction de la twi'lek. Au moins, elle venait d'apprendre le nom de celui qu'elle avait combattu.

— Dalla, bien sûr. Je t’attendais.

Saery afficha un sourire qu’elle avait du mal à rendre franc. Elle voulait rassurer la fille, mais ce n’était pas chose facile au beau milieu d’une bataille. Elle accrocha son sabre à sa ceinture avant de se remettre à panser son buste dont le haut était tenu par un tissu fin et élastique.

— J’imagine que tu viens me transmettre les dernières nouvelles. Les communications étaient brouillées. Mais, je pense que je comprends plutôt bien la situation. Expliqua Saery en finissant de nouer son bandage.

La Jedi prit le temps d’enfiler ses manches et de refermer sa combinaison jusqu’à son col avant de reprendre :

— Toutes les nouvelles ne sont pas mauvaises, cependant. Les troupes du Sith qui dirigeait les opérations n’ont plus qu’à serrer les dents.

Nero était vaincu. Tous ces soldats aux étranges armures qui massacraient les habitants de Gree n’avaient plus qu’à disparaître, car la gloire qu’ils amassaient grâce au sang de leurs victimes ne servirait pas un seigneur mort, ou même gravement blessé. Apparemment, ceux-ci avaient semé la terreur au nom de leur roi et des Sith pendant que ces derniers transmettaient un message prônant l’ordre et la paix.

Les deux Darth n’avaient pas su se concerter et le discours que Saery avait pu entendre avant que les communications ne soient fermées l’aurait fait sourire si tant de vies n’avaient pas été en jeu. De plus, elle percevait que le seigneur qui venait d’arriver dans le désert s’éloignait des ruines. Les conflits d’intérêts au sein de l’empire n’étaient pas chose nouvelle, mais ils restaient surprenants. La discorde était pire qu’elle ne l’espérait, dans cet obscur « ordre ». Il ne restait plus qu’à appuyer là où ça faisait mal.

Saery porta son comlink à sa bouche et tenta d’atteindre maître Marja, si les vaisseaux n'étaient plus dans le ciel, les échanges pouvaient certainement reprendre. Cependant, le signal ne passa pas. Cette fois, c’était assurément la faute du mur de sable qui s’avançait vers les ruines. Décidément, tout était fait pour empêcher les gens de se parler. La padawan était certainement venue à cause de ce nouveau problème de communication. La Jedi choisit donc d'ouvrir le canal qui menait à tous les Jedi assez proches pour le recevoir :

— Ici Saery Vespen. Le leader des Sith que nous affrontons, Darth Nero, est tombé. Je sens qu’un autre de leurs « seigneurs » est arrivé sur la planète, mais il s’éloigne de notre position. Une tempête de sable s’approche de nous et brouille les communications longues distantes, ce qui signifie que les Sith présents ici sont sans commandement. Nous avons l’avantage. Mais, restez sur vos gardes : même sans chef, nos adversaires restent dangereux.

Les Jedi n’avaient pas besoin de grand discours pour faire vibrer leurs cœurs, ils avaient besoin d’informations et d’ordres. Leur discipline devait triompher du chaos qui dominait les Sith.

— Que les blessés qui le peuvent prennent refuge pour la tempête. Que les plus combatifs continuent leur avancée dans les ruines. Pour aujourd’hui, mettez votre compassion à l’écart en mon nom, car nous faisons ce qui est nécessaire.

Saery espérait que sa mentalité d’ombre guide les lames des chevaliers et des padawans. Elle voulait leur rappeler qu’elle assumerait ses ordres et que les Jedi ne pouvaient pas se permettre d’être tendres avec les Sith, pas ici. Elle se retint d’ajouter que la Force était avec eux car ce n’était peut-être pas le cas de tout le monde. Pourtant, quel qu'en soit le prix, elle sentait bien que le chemin qu’elle empruntait était le bon.

Son message passé, elle revint à Dalla. La fille était sûrement ici pour faire son rapport, mais Saery avait des yeux et des oreilles. Les capsules qui étaient tombées n'avaient pas atterries toutes au même endroit, cela signifiait que l’Espoir et le croiseur Sith étaient tous deux perdus. Le bombardement orbital, tombé non loin de là, était forcément tombé sur les deux navettes Jedi : les explosions ne trompaient pas. Cela n’arrangeait personne, mais Saery était bien assez heureuse de voir que l’autre Darth n’avait pas bombardé les ruines aveuglément. Après tout, son intérêt pour ses alliés avait l’air d’être tout à fait moindre.

— Bien, padawan. Commença Saery. Maintenant que l’équipage de l’Espoir est au sol et que nos navettes ont été pulvérisées, j’imagine que nous allons avoir du mal à quitter cet endroit. Cependant, avant de songer à partir, nous avons à faire.

Maître Vespen évitait à Dalla d'avoir à expliquer la situation. Elle prit le temps de respirer un instant, soulagée. Le kolto qui commençait à faire son effet lui faisait un bien fou. Elle secoua la tête pour remettre de l’ordre dans ses pensées, puis reprit :

— Ne les vois-tu pas ? Sens leur douleur à travers la Force : des blessés nous attendent. C’est sûrement pour cela que tu es ici. Et, quand nous nous serons occupées d’eux, il nous faudra trouver les transports Sith. À moins que ceux-ci ne soient repartis s’accrocher à leur croiseur pour brûler là haut. Dit-elle en pointant le ciel de son index.

D’un geste de la main, Saery invoqua la Force. Ses gants dorés quittèrent alors le toit poussiéreux pour voler et venir se laisser attraper. Elle les enfila tout en faisant le tour du Sith, qui gisait là, avant de se mettre en marche.

— En route. Lança-t-elle, sans même accorder un regard au corps.

Maître Vespen se garda bien de rappeler que s’approcher à nouveau des combats impliquait certainement de croiser de nouveaux Sith. Là bas, elle s’occuperait de protéger la jeune twi'lek pendant que celle-ci prêterait main-forte à ceux qui avaient été vaincus et qui étaient assez chanceux pour respirer encore. Du moins, c’est ce qu’elle avait en tête.


Dalla Tellura
Dalla Tellura
Messages : 814
Eclats Kyber : 115
Dalla crut entendre une voix, venant de quelque part au-dessus d'elle. Elle releva la tête pour scruter les toits alentours, ce qu'elle n'avait pas encore pensé à faire. Mais presque aussitôt, une grande forme noir tomba du ciel juste à ses pieds. Dalla sursauta et fit un petit bond en arrière, assorti d'un petit cri aigu.
Il s'agissait d'un homme, ou plutôt du corps d'un homme. Il était mort. Dalla avait déjà côtoyé la mort, elle avait vu des cadavres, mais c'était la première fois que quelqu'un mourrait devant ses yeux. Elle avait senti dans la Force le dernier instant de cet homme. Et même si elle avait aussi senti que son âme était consumée par le côté obscur, cette sensation d'une conscience qui s'éteint lui laissa une horrible impression de froid et de tristesse.

Dalla détacha son regard du visage de l'homme pour saluer Maître Vespen. Elle l'avait sentie se rapprocher mais n'avais pas réussi tout de suite à détacher son regard du cadavre.
Dalla observa Maître Vespen se soigner, la tête un peu vide, consciente du cadavre à ses pieds, ne songeant même pas à proposer de l'aide à la jedi.

-Qui était-ce ? Interrogea Dalla. C'était… un sith ?

Elle avait senti le côté obscur en lui, mais elle était vivante et il était mort. Elle avait l'impression de lui devoir au moins un peu d'attention. Elle ne comprenait pas très bien ce qu'elle éprouvait en cet instant, mais elle savait que son cœur battait la chamade.

Dalla s’apprêtait à résumer toute la situation, les négociations ratées et le combat spatial, les sables mouvants et la console de fortune, mais les paroles de Maître Vespen l'arrêtèrent. Elle l'observa se rhabiller en silence, toujours un peu assommée par la mort de l'homme.

-Le sith qui dirigeait les opérations ? Darth Noctis ? Vous savez ce qui lui est arrivé ? Il a dû être évacué de son croiseur… J'espérais que sa capsule se ferait engloutir par les sables mouvants…

Dalla sentit ses joues s'empourprer. Voilà qui n'était pas très pacifique, pas très jedi…

-Il est… enfin il est très dangereux. C'est un ancien jedi, il… il n'est pas comme les autres sith...

Dalla fronça les sourcils.

-Que s'est-il exactement passé, ici ? Vous savez si les autres jedi…

Dalla regarda Maître Vespen tenter d’entrer en communication avec Maître Marja.

-Ils sont en train de construire une console pour joindre des secours, précisa-t-elle. Tous nos vaisseaux ont été détruits, et leurs systèmes de communication avec eux… Les impériaux semblent en bonne voie pour s'emparer de la planète…

La situation n'était vraiment pas très réjouissante pour eux.

Dalla attendit que Maître Vespen ait fini son message aux jedi avant de demander :

-Vous savez s'il reste encore beaucoup de sith ici ?

Elle sentait encore la présence du côté obscur, autour d'elle, malgré la mort de l'homme à leurs pieds.

-Cependant, avant de songer à partir, nous avons à faire.
-Je suis là pour vous aider, Maître !

Elle était sûre que cela faisait partie de sa mission. Maître Marja avait peut-être vu dans son dossier qu'elle avait travaillé à l'infirmerie et avait quelques notions de guérison. En tout cas, aider les siens et secourir ceux qui en avaient besoin étaient toujours les devoirs d'un jedi.

-Les transports sith, répéta Dalla.

Elle n'avait aucun souvenir de ce qui avait pu leur arriver. Tout ce qu'elle voyait, c’était le croiseur, heurté de plein fouet par leur frégate, tranché par l'Espoir. Et puis il y avait l'explosion de ce cargo « humanitaire », et toutes ces morts inutiles, causées par Noctis pour discréditer les jedi.


Dalla lança un dernier regard au sith, puis emboîta le pas de la Maître. Si elle se sentait un peu coupable d'abandonner là son corps, à la merci des bêtes sauvages, elle n'avait pas le moindre doute sur le fait que les vivants primaient sur les morts, et que c'était bien les blessés qu'elle devait aider en priorité.

Elle se replongea dans la Force, en faisant cette fois abstraction de la présence de Maître Vespen, à se côtés, ainsi que de l'aura diffuse du côté obscur. Elle cherchait d'autres présences, des douleurs, comme avait dit Maître Vespen.
Mais Dalla sentait qu'elle avait plus de mal que d'habitude à se plonger dans la Force. Elle avait du mal à faire le calme en elle. Les choses étaient confuses. Sa rencontre avec Noctis continuait à la perturber, et l'expérience nouvelle de la mort qu'elle avait faite à l'instant apportait un nouveau trouble dans son esprit. Quand la vie avait quitté cet homme, elle avait senti plus que jamais, au-delà des différences profondes entre elle et l'homme, qu'ils participaient tous deux d'une même vie. De façon très différentes, dans des optiques très différentes, selon des philosophies très différentes. Mais d'une même vie tout de même. Lui aussi connaissait la Force, lui aussi réagissait à ses impulsions et sentait les choses à travers elle, lui aussi foulait ce sol inégal et se débattait sous ce soleil brûlant. Et elle aussi, un jour, sentirait la vie quitter son corps.

Elle repensa à la discussion qu'elle avait eu avec Monsieur Benhult. La vie, la Force n'étaient-elles que de larges gradients, le long desquels s'échelonnaient tous les êtres, sans fracture absolue entre la haine et la compassion, le côté obscur et la lumière ? Elle-même, tout à l'heure, avait souhaité la mort de Noctis, Maître Vespen avait ôté la vie au jeune sith…
Mais je suis quand même différente de Noctis, songea Dalla. Lui, c'est un monstre…

-Maître Vespen ? interrogea-t-elle au détour d'un couloir. Tout à l'heure, dans votre message, vous avez dit d'abandonner toute compassion. Je sais que vous parliez de cet instant, d'un affrontement avec des sith, mais… Je ne comprends pas… Est-ce que ce n'est pas notre compassion qui nous différencie d'eux ? Est-ce qu'on ne peut pas… les affronter avec compassion ? Je veux dire, en étant résolus à les tuer si nécessaire, mais…

C'était la peur qui lui faisait souhaiter la mort de Noctis. Et la bonne partie de cette peur, celle qui n'était ni égoïste ni revancharde, était celle qui était fondée sur la compassion : la peur de voir les horreurs qu'il avait commise se reproduire et faire de nouvelles victimes.

À mesure qu'elles avançaient, Dalla percevait effectivement d'autres présences, mais c'était encore ténu. Néanmoins, elle avait une drôle de sensation. Comme lorsqu'elle goûtait un thé dont elle connaissait déjà un ingrédient, mais sous une autre forme. Reconnaissait-elle une présence qu'elle connaissait déjà ? Pourquoi ne parvenait-elle pas à l'identifier ? Elle n'avait que quatorze ans, c'était trop jeune pour retrouver quelqu'un de profondément transformé par le temps, n'est-ce pas ? Elle se repassa la liste des jedi présents sur Gree. Elle ne les connaissait pas vraiment… Qui pouvait être cette présence ? 
Spoiler:
Encore une source de trouble en elle. Décidément, si elle parvenait à se sortir de cette planète, elle aurait besoin de sacrées séances de méditation.
Absalom Thorn
Absalom Thorn
Messages : 490
Eclats Kyber : 0
— Maître… Euh… Votre Maléfiosité… ? Sombritude… Téné…
— Noctis, coupa Noctis qui, en effet, s’appelait Noctis.
— Ah ! Oui. Très bien.

C’était le jeune mécanicien, que Noctis se serait bien vu déniaisé dans la capsule de sauvetage, plutôt que de se lancer dans une croisière touristique franchement déplaisante au gré des dunes de Gree.

— Est-ce que, hm… est-ce que je peux rester près de vous… ? Vous avez sans doute des généraux et euh… des seconds. Et des esclaves. Et…
— Reste.
— Ah, cool. C’est pas que j’ai peur, hein, notez.



Mais un peu quand même.


Le soleil et le sable fin ne suffisaient apparemment pour convaincre ses troupes que toute cette aventure n’était jamais que le prélude idyllique, sur une belle plage, à la joie et au délassement. Noctis, pour sa part, affichait la détermination froide, méthodique et détachée qui était l’une des prérequis nécessaires à la survie au rang de Seigneur Sith. Il avait connu pire et il connaîtrait pire. Un jour, sur Ondéron, il avait dû suivre le cours de géologie d’un vieux Maître du Wookie et ça, ça c’était une vraie traversée du désert.

— De quoi ?
— Ben, déjà, un peu que les Jedis ne nous rattrapent et ne viennent tous nous massacrer. C’est vrai ce qu’on raconte à leur sujet ?
— Je suppose que ça dépend ce qu’on raconte.
— Qu’ils enlèvent les enfants ?
— Oui.
— Qu’ils les forcent à faire la guerre ?
— Oui.
— Qu’ils détruisent la culture des planètes conquises ?
— Oui.
— Ah.
— Je sais.

L’Ordre Jedi était une abomination coloniale d’une rare violence. Pour Noctis, c’était un fait établi. Pour nombre d’habitants de l’Empire, c’était une conviction profonde, pas forcément très réfléchie, fruit tout autant des exactions objectives de l’organisation que de la redoutable propagande des Siths. Les affaires qui secouaient la République et la guerre qui poussait l’Ordre dans ses retranchements fournissaient perpétuellement de l’eau à ce moulin-là.

— J’ai aussi un peu peur du désert.

Noctis jeta un coup d’oeil par dessus son épaule. L’horizon était devenu sombre. Bientôt, la silhouette des ruines, troublée par la chaleur qui tordait l’air, disparaîtrait dans la fureur des sables. C’était une perspective qui ne lui inspirait qu’une satisfaction médiocre, parce qu’il n’était pas certain de pouvoir gagner les abris de la ville avant que le front ne les rattrape à leur tour.

— J’suis désolé, j’voudrais être plus courageux, mais j’ai même pas vingt ans, puis j’suis pas un soldat. Alors…

— La peur est une excellente conseillère. Elle nous invite à la prudence et à la pondération.
— Seigneur, Seigneur.

Un homme et une femme, qui avaient été envoyés en éclaireurs, venaient de dévaler une dune pour se porter à la rencontre du gros de la compagnie. Noctis les interrogea du regard.

— Des installations, droit devant. Un corps de logis, quatre ou cinq bâtiments, peut-être une ferme ou une station scientifique.
— Des signes de vie ?
— Pas vraiment, mais c’est difficile à dire. Ils se sont peut-être simplement calfeutrés en prévision de la tempête.

Noctis hocha lentement la tête. C’était un abri providentiel pour attendre le passage des sables mais rien ne leur disait qu’un fermier vindicatif ne les attendrait pas, carabine laser au poing, et l’approche d’une petite foule ne manquerait pas de susciter la méfiance d’habitants éventuels.

— Je vais jeter un œil. Restez ici.
— Tout seul… ?
— J’essaierai de ne pas me prendre les pieds dans le tapis.

En vérité, la plupart du personnel de bord rassemblé autour du Sith n’était que trop soulagé à la perspective de ne pas avoir à l’accompagner dans un danger nouveau. Seul l’envoyé du Cardinal Noir lui emboîta le pas et, après un énième regard perplexe, Noctis jugea qu’il aurait été vain de tenter de s’en défaire. Alors qu’ils approchaient du complexe de bâtiments, l’Hapien fit remarquer :

— Vous savez, le côté silhouette encapuchonnée de type qui sacrifie des poulets sur la tombe des ancêtres les nuits de pleine lune, ce n’est pas exactement l’idéal pour nouer des relations pacifiques et fructueuses avec les habitants.

Silence.
Son acolyte avait décidément autant de conversation qu’un speeder à l’arrêt. Noctis poussa un soupir résigné, avant de frapper à la porte du bâtiment principal. Il y eut une série de cliquetis qui en disait long sur la paranoïa des habitants et la porte coulissa dans le mur, pour laisser le Sith nez-à-nez avec un blaster. Au moins, c’était prévisible.

— Si ça peut vous rassurer, je ne viens pas vous vendre des encyclopédies.
— Silence, Sith.
— Qu’est-ce qui vous dit que je suis un Sith ?
— L’abruti avec son torchon sur la tête, là.

Noctis sentit une vague de haine monter dans le prélat sith. Il fit un léger signe de la main pour l’inciter à rester en arrière.

— Qu’est-ce que vous venez foutre là ?
— Je croyais que je n’étais pas censé parler.
— Fais pas le malin.
— Hmm hmm. Notre vaisseau a échoué plus loin et nous cherchons un abri, à cause de la tempête qui approche. Qu’est-ce que vous faites ici ?
— C’est moi qui pose les questions, là. Hors de question qu’on vous héberge. Allez crever dans le sable la bouche ou… v…

Mais les mots avaient désormais du mal à sortir de la bouche de l’homme. Le fait qu’il flottait à quelques centimètres au-dessus du sol, la gorge comprimée par l’emprise du Sith, n’était probablement pas étranger à ses soudaines difficultés d’élocution.

— Docteur Jones, s’exclama une voix féminine, assez jeune, depuis l’intérieur du logis.
— Damned, murmura Noctis, une doctorante.
Invité
Anonymous

Saery avançait en direction des combats. Elle songeait aux quelques informations supplémentaires que lui avait données Dalla et pensait surtout à ce Sith qui avait atterri. Ce fameux Noctis. Il s'agissait d'un ancien Jedi, ce qui le rendait d’autant plus dangereux. Bien connaître ses ennemis offrait de nombreux avantages.

— Dans le désert, au loin, je sens un être apprécié du côté obscur. Si ce Noctis est aussi puissant que tu le dis, il s'agit bien de celui que je sens. Expliqua Saery, comme si elle se parlait à elle-même.

La jeune femme était concentrée et ne semblait pas regarder où elle marchait. Grâce à la Force, elle cherchait à se diriger vers ceux qui attendaient son aide et celle de Dalla. Cette dernière avait posé de nombreuses questions, mais Maître Vespen se concentrait sur les nombreuses présences qu'elle percevait ainsi que sur son immersion dans la Force. Les réponses allaient venir, mais plus tard. Du moins, c’est ce qu’elle avait en tête, car la jeune twi'lek interrogea à nouveau Saery.


Surprise, elle s’arrêta net pour se tourner vers la padawan. D’un regard, elle comprit que celle-ci était inquiète, troublée et peut-être même apeurée. Comment avait-elle pu ne pas s’attarder plus sur son cas ? La proximité de celle-ci ne signifiait pas qu'il ne fallait pas lui accorder plus d'attention. Être proche de Saery lui accordait une certaine sécurité, mais il y avait bien plus en jeu. Après tout, cette fille était si jeune ! Pire encore, elle était bien trop peu initiée au goût de Saery. Elle avait grand mal à imaginer que l’on puisse envoyer ces petites pousses sur de telles missions.

Qui plus est, Maître Vespen savait que tous ses confrères n’étaient pas dotés de la même résolution et force d’esprit que les ombres. La guerre était encore récente. De nombreux Jedi devaient encore se renforcer mentalement avant de pouvoir marcher confiants sur un champ de bataille. Tous n’avaient pas été endurcis par de multiples rencontres avec le côté obscur. Alors, jugeant que c’était essentiel, Saery prit le temps de répondre à la fille:

— Nous sommes bien plus compatissants que les Sith, Dalla. C’est un fait et c’est justement pour cela que, parfois, nous hésitons à avoir recours aux extrêmes. Ici et maintenant, nous ne pouvons pas nous permettre cette hésitation. Ça ne me fait pas plaisir, mais les Sith n’abandonnent jamais. Pas avant leur dernier souffle.

Ces graves paroles lui rappelèrent celui qui s’était tenu devant elle quelques minutes auparavant. Comme pour s’apaiser elle-même en même temps que Dalla, elle attrapa l’épaule de cette dernière pour la frotter à peine.

— Chacun aura le temps de méditer sur ses actes lorsqu’il sera revenu sain et sauf. Je ne veux perdre personne inutilement, tu comprends ?

La main gantée, qui exprimait une certaine douceur malgré la fraîcheur du métal, quitta la peau bleue de la padawan. Saery se remit en marche tout en réfléchissant à sa façon de gérer les choses. Laisser les gens dans le brouillard était l’une de ses mauvaises habitudes. Pour son intérêt, elle restait souvent très secrète. Cependant, elle supposa que bien exposer l'état des choses à Dalla ne pouvait être que bénéfique. Le temps d'un instant, elle se sentit bête de ne pas avoir informé la padawan plus tôt.

— Désolée de ne pas en avoir parlé avant, mais voici la situation actuelle : nos amis se sont dispersés dans les ruines afin de retrouver les Sith qui les y attentaient. L'endroit est idéal pour tendre des embuscades. Heureusement, leur ego nous donne une chance, car, persuadés d’être bien plus puissant que nous, ils n’ont pas jugé bon de nous submerger par le nombre. Cependant, j’ai croisé l’un de leurs seigneurs, Darth Nero. Comme tu as pu le deviner, j'ai croisé le fer avec lui.

Elle clôt ses paupières pour revoir les yeux bleus de ce Sith si imposant, comme s’il s’agissait d'un vague souvenir d'un cauchemar. Un peu secouée par cette vision, elle dut se taire quelques secondes avant de reprendre :

— Il était... Surprenant. Je n’ose pas imaginer ce qu’il a fait à ceux qu’il a rencontrés avant moi. Mais, l'essentiel, c'est qu’il n’est plus en état de nuire à présent.

Saery commença à presser le pas, elle sentait que le temps risquait de lui manquer. Aussi, elle décida d’être plus succincte dans ses paroles :

— J’ai passé un bon moment à éviter ses... soldats. Peu après, alors que je pensais enfin les avoir semés, un Sith a tenté de me surprendre pendant que je m'occupais de la blessure que m’a laissée son « seigneur ». Comme tu as pu le voir, ça a mal fini pour lui. Pour les autres, je n’ai pas vraiment de nouvelles. Les communications étaient coupées jusque là, mais je pense que...

Comme s'il intervenait après avoir entendu parler de lui, le comlink de Saery se mit à transmettre. Un jeune homme prit la parole :

— Maître Vespen, je ne sais pas où vous êtes, mais vous devriez recevoir notre position. Mon maître et moi avons croisé deux blessés. Il m’a dit de vous contacter. Nous avons... un souci !

À travers le comlink du padawan, l’on pouvait entendre le son des sabres qui s’entrechoquaient avant que l’émetteur ne tombe au sol. Saery se mit à courir : il n’y avait pas une seconde à perdre ! Heureusement, les blessés vers lesquels les Jedi se dirigeaient étaient les mêmes que ceux que le jeune homme et son maître avaient retrouvés.

Après avoir circulé dans les longs couloirs d’un grand bâtiment qui résistait aux épreuves du temps, les deux jeunes femmes entrèrent dans une pièce dans laquelle le combat avait lieu. À l’intérieur, un chevalier et son padawan tenaient tête à trois hommes en noir. Le jeune humain tourna son regard un instant vers les deux alliées qui venaient les aider, mais cette distraction lui coûta cher. D’un coup sec, la lame rouge du Sith qu’il affrontait lui trancha la main et fit hurler. C’est le maître du jeune homme, un zabrak, qui le sauva en trouvant le temps de le pousser grâce à la Force. Propulsé juste à temps, le padawan évita un coup fatal avant de rouler sur le sol et de se tordre de douleur. Saery, ni une ni deux, fonça pour intercepter ce Sith qui était bien décidé à achever son adversaire.

— Occupe-toi des blessés ! Lança-t-elle à Dalla pendant qu'elle dégainait ses deux sabres.

De son côté, le chevalier Jedi tenait tête aux deux Sith qu’il affrontait grâce a sa grande maîtrise du double sabre. Cependant, l’un de ses deux adversaires réussit à se détacher du combat pour se diriger vers la jeune twi'lek. L’homme masqué, féroce et déterminé, ne comptait permettre à la padawan d'agir en paix. Saery, déjà aux prises avec son propre ennemi, n'arrivait pas à s'en défaire pour porter assistance à la twi'lek. Le Sith esquivait ses fulgurantes offensives, il refusait de se laisser approcher et faisait perdre du temps à cette Jedi qui, en réalité, lui donnait des frissons. Seulement, Maître Vespen connaissait ce genre de combattants opportunistes : il l’attaquerait dès que l’occasion se ferait sentir. Il lui fallait donc s’en débarrasser afin d’avoir le champ libre.


Dalla Tellura
Dalla Tellura
Messages : 814
Eclats Kyber : 115
Noctis avait donc bien survécu. Dalla avait bien senti sa présence. Elle avait vaguement espéré avoir seulement rêvé, avoir reprojeté autour d'elle cette aura terrifiante dont elle ne parvenait pas à tout comprendre. Mais visiblement, non. Il était bien toujours là, toujours prés à nuire…

-...mais les Sith n’abandonnent jamais. Pas avant leur dernier souffle.


Dalla repensa à l'homme qui s'était écrasé à ses pieds. Il s'était battu jusqu'au bout, mais contre quelqu'un de trop fort pour lui. Mais un jedi aussi ce serait battu jusqu'au bout. Pour défendre des vies, défendre des idéaux…

Pourquoi les sith se battaient-ils ? Pour leur impératrice ou empereur ? Pas pour défendre leurs petits camarades ni pour sauver des vies… Pour prouver leur valeur ? Par pure haine de la vie et de la paix ? Dalla ne pouvait pas croire qu'ils aient des idéaux suffisamment forts pour y sacrifier leur vie. Celle des autres, d'accord, mais leur propre vie…
Les sith, finalement, ne devaient avoir que cela. Leurs vies. Pas d'amis, pas de rêves de progrès de la Galaxie, pas de sentiment du devoir accompli. Pas vraiment, en tout cas. Ils ne pouvaient même pas compter les uns sur les autres. Ils étaient en compétition permanente pour le pouvoir.

Le pouvoir. C'était ce qui animait beaucoup de politiciens aussi, d'hommes d'affaire… Était-ce qui poussait certains jedi vers le côté obscur ? Ou vers la politique ?

-Je ne veux perdre personne inutilement, tu comprends ?
-Bien sûr, Maître. Je… je ne voulais pas dire que l'on devait prendre le risque d'épargner des sith, mais…

Dalla observa un instant a main qui venait de quitter son épaule, le temps de chercher ses mots.

-Est-ce que les jedi peuvent tuer avec compassion ? Est-ce que c'est possible ? Est-ce que c'est dangereux ? Face à un sith, je veux dire. Est-ce qu'il ne vaut pas mieux comprendre son adversaire ? Est-ce que…

Dalla se mordit la lèvre.

-Est-ce qu'il est plus dangereux de comprendre les motivations de son adversaire ou de se laisser aller à sa propre agressivité ?

Qu'est-ce qui poussait un jedi du côté obscur ? Noctis était-il quelqu’un de gentil, avant ? Un bon jedi ? Un bon jedi pouvait-il basculer du Côté obscur ? Qu'est-ce que c'était qu'un bon jedi ? Elle avait eu une rédaction à faire sur la question il y a trois ou quatre ans.

-Je suis désolée, Maître, ce n'est certainement pas le bon moment. Je… Les autres nous attendent !

Pendant qu'elle marchait, Dalla jeta quelques regards à Maître Vespen. Le contraste avec Maître Marja était saisissant. Il y avait quoi, cinquante ans entre elles deux ? Plus ? Pourtant, elles avaient la même couleur de cheveux. Ces poils… Non seulement ils étaient moches, mais en plus ils donnaient de fausses indications sur les personnes… Quel âge pouvait avoir Maître Vespen ? Elle ne semblait pas beaucoup plus âgée que Wen. Mais elle était déjà Maître…

-Darth Nero, répéta Dalla pour fixer le nom dans sa mémoire.

Il y avait beaucoup plus de seigneurs sith dans le coin qu'elle ne l'aurait cru… Mais Maître Vespen avait déjà réussi à en neutraliser plusieurs. C'était plutôt encourageant…

Pas besoin d'être puissant dans la Force et membre du Conseil pour comprendre que le « soucis » du padawan était plutôt un énorme danger. Dalla suivit Maître Vespen dans le dédale des ruines, jusqu'à ce qu'elle sente elle-même, de façon très vive, la souffrance, la peur et la violence de l'affrontement.

Dalla eut à peine le temps de balayer la scène du regard, que la souffrance du padawan lui coupa le souffle à travers la Force. Elle réussit néanmoins à ne pas 'effondrer sous le choc et à ne pas vomir. Elle avait déjà éprouvé ce genre de souffrance par empathie à l'infirmerie du Temple, et elle avait déjà une idée de la façon dont elle devait procéder pour ne pas trop sentir la douleur d'autrui même quand elle tissait un lien avec lui pour le soigner. Elle se précipita donc d'un pas sûr vers le padawan, dont l'état lui semblait plus grave que les deux autres blessés. Mais à peine était-elle arrivée à sa hauteur, qu'elle sentit une très forte agressivité derrière elle. Un des adversaires du Maître zabrak fonçait vers eux. Enfin, vers elle.

Dalla n'eut même pas le temps de sortir son sabre, elle se contenta, plus par réflexe que par raisonnement défini, de projeter une onde de Force contre le sith. Cela ne fit cependant que retarder un peu la course de ce dernier. Dalla, en revanche, fut projetée à côté de l'autre padawan.

Les yeux toujours fixés sur le sith qui fonçait sur elle, Dalla tenta d'attraper son sabre, mais elle était à moitié assise dessus, elle ne l'avait même pas senti dans sa chute, trop ébranlée, déjà, par sa propre vague de Force.
Elle avait tout juste réussi à dégager son sabre du poids de son derrière quand le sith s'interrompit brusquement pour parer un sabre laser volant. Avant que Dalla ait pu comprendre quoi que ce soit, le sith avait pris le contrôle du sabre et l'avait envoyé trancher la gorge de son propriétaire, l'un des deux blessés écroulés à gauche de la salle. Dalla ne lui accorda qu'un regard. Elle repensait aux paroles de Maître Vespen. « Je ne veux perdre personne inutilement ». Ce n'était pas le moment de savoir s'il était mort inutilement, mais il venait sans doute de lui sauver la vie, c'était à elle d'agir, à présent. Elle ne pouvait plus rien pour lui, mais ils étaient encore cinq vivants dans cette pièce, et elle avait des gens à soigner.

Le sith l'observa narquoisement prendre une position de combat. Le sang de l'homme qu'il venait de tuer semblait avoir soulagé un instant sa rage, et il s'accordait le temps de toiser la padawan. Celle-ci en profita pour faire un récapitulatif de tout ce qu'elle savait sur les duels. Mais elle savait que le problème n'était pas dans ses connaissances, mais dans sa capacité à les appliquer.
Dalla plaça ses pieds, ses bras, ses mains. Elle ne devait pas perdre l’équilibre. C'était sûrement son principal défaut.

Elle savait qu'elle ne parviendrait pas à vaincre le sith. Elle n'était pas suffisamment bonne, ni suffisamment entraînée. Tout ce qu'elle pouvait faire, c'était gagner du temps, jusqu'à ce que Maître Vespen ou le zabrak puisse voler à son secours.
Ou en tout cas, continuer jusqu'à son dernier souffle. Elle n'abandonnerait pas.

Elle eut un petit sourire en revenant à la conversation qu'elles avaient eu quelques instants plus tôt.

-Tu souris, jedi. Tu as hâte de mourir ? Regarde, tes maîtres sont en difficultés face à mes frères. Je ne ferai qu'une bouchée de toi.
-Pourquoi continuer ? Darth Nero a été vaincu, Darth Noctis est enseveli dans le désert. Quel est votre intérêt ici ?

S'il voulait bavarder, elle n'avait rien contre. Chaque mot qu'il prononçait était un instant de vie en plus, une chance de plus de s'en sortir.

-Le Conseil Noir guette, jedi ! Vous serez mon trophée !

Cette idée sembla ranimer en lui la soif de sang, et il fonça vers elle, ses yeux jaunes brillants de quelques sombre émotion du côté obscur.

Dalla esquissa un mouvement du coude gauche, comme si elle lançait une nouvelle de vague Force. Cela suffit pour décontenancer très légèrement son adversaire qui hésita une fraction de seconde, et lui permettre, à elle, de parer vigoureusement, les deux mains crispées sur son sabre.
Elle se concentrait sur son équilibre. Elle devait lever une jambe pour repousser le sith et desserrer un instant la pression qu'il exerçait sur elle grâce à la Force et grâce à son sabre. Mais elle devait rester debout. Elle reculait sous l'attaque du sith, voyant ses yeux sans les voir, la tête levée haut comme pour bien voir son visage, jusqu'à qu'elle voie, au plafond, le cordon de marbre qui séparait les médaillons décoratifs du centre de la pièce et les caissons à nervures qui dessinaient tout le pourtour du plafond. Le mur était à moins de deux mètres derrière elle.

Elle souleva sa jambe gauche et enfonça son pied, avec toute la force dont elle disposait, dans l'aine du sith. Elle le repoussa en même temps, lame contre lame. Il fut déséquilibré et recula de deux pas, et elle-même se laissa porter par son élan jusqu'au mur, contre lequel elle se cala pour ne pas tomber. Son coup de pied avait relancé ses douleurs à la cheville, mais le sith avait reculé jusqu'à son camarade, qu'il avait brièvement gêné dans ses mouvements. Cela n'avait pas échappé au zabrak, qui profita de cet incident pour porter une violente attaque.

Dalla se remit en position et s’éloigna du mur, une fois retrouvé son équilibre. Son adversaire semblait déjà prêt à revenir au combat.
Absalom Thorn
Absalom Thorn
Messages : 490
Eclats Kyber : 0
— Lâchez-le ou je… Je… Je vous pulvérise la face !

La doctorante braquait sur le Seigneur Sith un blaster avec la même assurance que si elle venait de dégainer une banane à l’improviste. Noctis haussa un sourcil et, conciliant comme il l’était, rouvrit la main. L’infortuné docteur Jones s’effondra au sol, prostré, à tenter de reprendre son souffle, tandis que les autres membres de l’équipe archéologique, alertés par les bruits de l’entrée, se massaient derrière la jeune femme.

— Vous devriez vraiment nous laisser entrer, mes intentions ne sont que pacifiques.
— Vous venez d’étrangler le docteur Jones !

Noctis baissa les yeux vers le scientifique.

— Publish or perish, suggéra-t-il, en guise d’excuse ?

Et puis il fit une chose terrible.
Il s’essuya les pieds sur le paillasson de l’entrée. La banalité de son geste était presque plus éprouvante que la torture infligée au chef de l’expédition et, les nerfs à vif, la jeune chercheuse presse la gâchette de son blaster, dont le tir se perdit quelque part sur le plafond. Au même moment, un brouillard d’ombre commençait à se répandre dans le couloir. Les cris étouffés des scientifiques, peu habitués à ces manifestations ésotériques du Côté Obscur, se perdirent petit à petit, à mesure que Noctis et le Prélat, qui avaient pénétré dans le bâtiment, plongeaient leurs adversaires dans l’inconscience.

Quelques minutes, Noctis observait sa troupe d’archéologues ligotés sur les chaises de la vaste cuisine.

— Hé bien, voilà une affaire rondement menée, mon cher… Mon cher…?
— …
— Je vais vous appeler Bob.

L’Hapien pressa le comlink à son oreille, pour donner l’ordre à sa compagnie de le rejoindre. Un quart plus tard, les Impériaux avaient pris possession des lieux. Il y avait des prises plus spectaculaires. Trois armes de poing, en tout et pour tout, dans tous les bâtiments, et ils devaient même sans doute s’estimer chanceux à cet égard : sur une planète aussi calme ordinairement que Gree, il n’y avait guère de raison pour que des archéologues s’arment, sauf à vouloir se prémunir des rares pilleurs de tombes.

Les rations, prévus pour cinq personnes, leur tiendraient deux jours, peut-être trois, et si la tempête s’éternisait au-delà, il faudrait prendre des mesures particulières. Ce qui intéressait le plus Noctis, cependant, c’était les données récoltées par l’équipe scientifique : des analyses climatologiques, des relevés topographiques, des holocartes des environs, toute une mine d’informations qui l’assurait qu’il n’était plus, désormais, perdu en plein désert.

— Ils ont un cargo dans le cratère météoritique d’un plateau rocher, à trente kilomètres au sud, observa l’une des éclaireuses, en désignant la formation géologique sur la projection holographique, D’après les documents, je suppose que le vaisseau sert surtout à transporter du matériel d’excavation et leurs propres trouvailles mais enfin, les gens survivront, même s’ils n’ont pas un siège pour le voyage.
— Il est assez protégé de la tempête ?

La femme hocha la tête. C’était bien pour cela que les archéologues l’avaient laissé dans le cratère, plutôt que de le poser à côté de leur campement.

— Et nous avons un moyen de déterminer combien de temps elle durera ?
— La tempête ? Difficile à dire, sans image satellite, ça dépend de sa trajectoire et de son extension. Tout ce qu’on peut dire, c’est qu’elle arrivera dans pas longtemps.

Noctis avait espéré pouvoir profiter de leurs données nouvelles pour orchestrer une fuite vers le cargo, tandis que la tempête les couperait des ruines et empêcherait d’éventuels poursuivants de les rattraper, mais la situation semblait compromise. Il poussa un soupir et hocha la tête, finalement résigner à prendre son mal en patience.

— Assurez-vous qu’on a fait le tour des bâtiments d’annexe avant que la tempête n’arrive, qu’on récupère tout ce qu’il y a d’intéressant. En tout cas, qu’on fasse un inventaire Puis que tout le monde revienne ici et qu’on calfeutre le bâtiment.
— Bien, Seigneur.

L’éclaireuse, qui en déduisit qu’elle venait d’être informellement promue seconde de l’expédition, partit distribuer les ordres du Sith, alors que celui-ci s’approchait des scientifiques bâillonnés, qui émergeaient petit à petit de leur sommeil forcé. Il libère la bouche de l’un d’entre eux et s’assit en face de lui. C’était un jeune assistant, probablement encore en train de faire ses études, et qui avait dû voir dans l’occasion de se joindre à cette expédition sur Gree une opportunité en or de bétonner son dossier.

— Me tuez pas, oh mon dieu, je vous en supplie, me tuez pas, j’ai pas encore fini mon mémoire de master, ma mère est très malade et puis je suis orphelin !
— Calmez v…
— En plus il faut que je repasse le séminaire de méthodes quantitatives en deuxième session et ma copine m’a planqué pour un type de l’académie astronautique et…
— DITES DONC.

L’étudiant sursauta.

— Je vous ai pas demandé votre biographie, non plus.
— Pardon.
— Qu’est-ce que vous faites ici ?
— Un stage de…
— Non mais pas vous personnellement, votre expédition en général.
— AH. De la paléobotanique.
— Une discipline, je n’en doute pas, d’une brûlante actualité.
— Dites donc, je vous ferais dire que c’est un projet financé par le gouvernement coréllien et le docteur Jones est très respecté dans son domaine.
— Oui, bon, admettons. Est-ce que vous devez rentrer en contact à intervalle régulier avec quelqu’un ? Sur la planète, en orbite ? Par relai hyperspatial ?

Qu’il sache s’ils devaient s’attendre en plus à de la visite.

— Hmm…

L’étudiant se mit à fixer intensément le Seigneur Sith, en cherchant ce qui serait la réponse la plus appropriée.

— Si vous êtes en train d’envisager de mentir à un Seigneur Sith, je vous préviens que c’est communément tenu pour une très mauvaise idée.
— Ah mais vous êtes un Seigneur Sith, s’exclama l’étudiant terrifié.
— Le mec en capuche noir et le brouillard magique vous avaient pas mis sur la voie ?
— J’sais pas, je pensais que vous étiez un top model super vindicatif avec une panoplie de fumigènes.
— Et ça vous a paru une hypothèse plus probable ? Enfin bref. Alors… ?
— Ben, on doit rentrer dans deux mois, mais à part ça, je crois pas. C’est pas exactement comme si on était en zone dangereuse.
— Manifestement pas.
Invité
Anonymous

Saery, trop prise par son propre combat, ne put empêcher le Sith qui affrontait Dalla de prendre la vie de l’un des blessés. Malgré son impuissance, elle tourna son regard vers la victime comme si elle pouvait encore y faire quelque chose. C’est à cet instant que son adversaire trouva une ouverture et fonça sur elle pour porter un coup qu’il accompagna de tout son poids. De justesse, Saery ralentit la lame de son ennemi en la saisissant avec ses deux sabres croisés. Seulement, à cause de sa blessure et de la différence de poids entre le Sith et elle, elle ne put pas totalement bloquer le coup. Elle s’accorda cependant le temps de reculer et, bien que la pointe du laser rouge menaça de lui emporter une partie du visage, évita l’attaque.

Le Sith, encore sur l’offensive grâce à la satisfaction qu’il avait d’enfin voir cette Jedi reculer devant lui, profita de son élan pour frapper à nouveau. Pourtant, Saery était consciente de ce point faible qu’elle avait et avait appris à jouer dessus. Si elle ne pouvait pas gagner avec son manque de force, elle pouvait s’en sortir autrement. Alors que Sith amorçait à peine la course de sa prochaine frappe, elle mit fin à son repli. Sous la capuche qui le masquait, le visage du Sith exprima la surprise de celui-ci. La Jedi n’avait-elle pas l’air paniquée, une seconde plus tôt ? Pour l’homme en noir, il était trop tard pour faire marche arrière. Son coup était parti et devait absolument toucher, mais Saery voyait les choses autrement.

Ses pas en arrière lui avaient donné le temps de prendre ses appuits pendant que ses sabres se décroisaient. D’un bond, elle fit à son adversaire ce qu’elle n’avait pas pu faire à Darth Nero. Les yeux écarquillés, le Sith tourna le regard pour chercher sa proie, mais il ne la trouva pas. Il n’avait vu que ses lames jaunes glisser de chaque côté de son corps. Sans comprendre qu’il venait d’être tranché, il finit son geste dans le vide et tomba en avant. Cette fois, la cisaille de Saery avait touché.

Quand elle se retourna juste après son attaque, Maître Vespen put voir le chevalier vaincre lui aussi de son adversaire. Le zabrak avait ce qu’il fallait pour briller sur un champ de bataille. Saery ne savait pas s’il était expérimenté ou non, mais maîtriser un double sabre impliquait de s’habituer au danger et les résultats étaient là. Cependant, elle ne pouvait pas prendre le temps d’observer l’ultime coup qu’il portait au Sith qu'il combattait : Dalla était en péril. Alors, la Jedi aux cheveux blancs siffla celui qui s’avançait vers elle.

Le Sith masqué s’arrêta d’un seul coup. Il comprit que ce sifflement lui était adressé. On osait l’interpeler de la sorte ? Ses yeux dorés se tournèrent vers Saery qui venait vers lui. Sa garde grande ouverte, elle enjamba le tronc du Sith qu’elle avait terrassé. Le menton levé et un sourire mesquin aux lèvres pour mieux exprimer une certaine arrogance, elle le railla :

— C’est tout ce que vous avez ? Pathétique.

Le sang du Sith ne fit qu’un tour. Elle avait l’audace de lui parler ainsi ? Juste après avoir tué l’un de ceux qui l’accompagnaient ? Bah ! Il n’était qu’un faible, un moins que rien ! Mais, ça n’enlevait rien à l’affront qu’elle lui faisait. Le Sith tendit sa main libre en avant pour y attirer l’arme de son allié tombé au combat. Avec deux lames rouges à présent, il s’avançait vers cette folle qui osait le prendre de haut.

En exprimant sa colère à travers un hurlement que son masque de fer étouffait, il s’élança contre la Jedi. Dire qu’il avait suffi de quelques mots pour mettre ce malheureux dans cet état ! Finalement, Maître Vespen savait comment parler aux Sith ! Les frappes de ce dernier, pleines de rage, forçaient Saery à rester sur la défensive. Cette fois, elle ne trouva pas d’ouvertures aussi facilement, mais son but était simplement de gagner du temps à son tour. Non loin de là, le chevalier zabrak venait de porter un coup fatal à son adversaire. Les yeux injectés de sang du Sith, rivés sur la Jedi dont il souhaitait désormais la mort plus que tout dans la galaxie, ne virent pas arriver le double sabre qu’on lui avait lancé. Les deux lames bleues vinrent et revinrent pour être rattrapées par le zabrak. Le Sith avait échappé à la mort, mais il y avait laissé son bras gauche.

Pourtant, ça ne l’empêcha pas de rester concentré sur son objectif : il continua son attaque et cogna à nouveau contre la garde de Saery. Après avoir dévié quelques coups, elle se faufila sous la lame rouge en la faisant glisser contre son propre sabre. Puis, au lieu d’achever sa cible, elle utilisa son élan pour frapper son ventre avec un grand coup de pommeau. Le Sith, tomba à cause du choc et ne releva le nez que pour voir la lame jaune qui menaçait de mettre fin à ses jours. Il était temps pour Saery de montrer la résolution des Sith aux autres Jedi.

— Abandonne. Lui dit-elle.

Le Sith s’accorda quelques instants pour réfléchir. La Jedi ne lui semblait pas être gênée à l’idée de repartir les mains vides. Capturer ses adversaires n’était clairement pas son objectif.

— Pour être aussi bien traité que les autres ? Lanca-t-il.

— Nous valons mieux que ça...

Pour prouver sa bonne volonté, Saery recula sa lame et laissa un peu d’espace à l’homme masqué. Celui-ci trouvait la situation trop peu favorable à son goût, mais la rage qui l’animait ne s’était toujours pas estompée. Il se laissa le temps de reprendre son souffle et d’alimenter son lien avec le côté obscur grâce à la douleur qui courrait le long de ses nerfs sectionnés. Maître Vespen sentait bien que le Sith n’avait pas dit son dernier mot, mais elle se contenta d’observer jusqu’à ce que celui-ci se décide à agir.

D’un coup, le côté obscur assista le Sith dans un saut qui échappait au naturel. Son sabre avait à nouveau rejoint sa main et vint balayer les deux lames de Saery. Aussitôt, il recula et décida de lâcher son arme pour mieux cracher la foudre. Naissant de ses doigts, de grands éclairs de Force vinrent frapper tout ce qu’ils pouvaient atteindre. Le chevalier et le maître bloquèrent l’attaque grâce à leurs sabres, mais les blessés furent secoués par le choc. Heureusement pour eux, les éclairs n’étaient là que pour donner au Sith le temps de se reculer, puis de fuir. Quand il eut fini, il s’empressa de partir à toutes jambes.

Le son de la magie Sith s’estompa pour laisser place au souffle de la tempête qui engloutissait doucement les ruines. Sans y prêter attention une seule seconde, le zabrak se lança à la poursuite de celui qui avait pris un bras à son protégé.

— Je vous laisse mon padawan ! Lança-t-il alors que Saery ne le voyait déjà plus.

Saery regretta vite de ne pas avoir achevé ce Sith. Elle ne s’attendait pas à ce qu’il lui lance des éclairs aussi violents. Elle avait été au plus prêt de la source, après tout. Elle se rassura cependant : le fuyard était une menace, mais le chevalier qui le suivait était fiable. Elle se rapprocha de Dalla et des blessés.

— Celui-ci est plus malin que les autres. Pour tout avouer, je suis plus habituée aux barouds d’honneur qu’aux échappées folles.

Son regard se tourna vers le padawan à la main manquante.

— Je sais que la douleur est grande, mais, s'il t'arrive de te retrouver seul dans cet état, tu devras la surmonter pour revenir en vie. Aujourd’hui nous étions là, mais ça ne sera pas toujours le cas.

Saery observa ensuite le cadavre de l’adversaire du chevalier. Il ne lui avait pas fait de cadeau, c’était prometteur. Mais, sa cape était intacte. Elle en déchira donc un grand morceau pour venir le poser sur le haut du corps du Jedi mort.

— Tout comme les Sith, nous devons être prêts à nous battre jusqu’au bout. Mais, ce n’est que parce que nous n’en avons pas le choix, souvenez-vous-en. Et si, par miracle, l'un d'entre eux vous propose de vous rendre un jour... Croyez-moi, ce n’est pas pour vous traiter comme un prisonnier de guerre.

Elle soupira, puis posa un genou à côté du blessé qui était resté vulnérable tout ce temps. Celui-ci avait du mal à garder les yeux ouverts après avoir goûté aux éclairs du Sith. Saery posa sa main gantée sur son épaule et lui adressa un regard plein d’empathie avant de s'adresser à la jeune twi'lek :

— Tu peux faire quelque chose pour lui ?

Le pauvre homme avait été percé et lacéré, mais il pouvait être sauvé. Saery n’avait pas encore jeté un œil à ses blessures : le chevalier l’avait couvert avec sa bure pour le rassurer.

Dalla Tellura
Dalla Tellura
Messages : 814
Eclats Kyber : 115
Le sith la fixait de ses yeux jaunes, mauvais, sûrs d'eux, se repaissant déjà de sa souffrance et de sa peur. Dalla devait ménager sa jambe gauche et avait donc reporté le plus gros de son poids sur sa jambe droite. Tant qu'elle était immobile en position de défense il n'y avait pas trop de danger, mais cela risquait de la déséquilibrer dès qu'il faudrait parer, esquiver ou attaquer…

Elle réfléchissait donc à une façon de compenser ce déséquilibre, sans quitter le sith des yeux. Quand celui-ci amorça un geste d'attaque, elle plongea sur sa gauche avec une un mouvement sûrement trop ample du sabre pour parer. Mais sa lame ne rencontra que l'air, au contraire de sa fesse gauche, qui heurta une nouvelle fois le sol. Le sith n'avait esquissé qu'un bref mouvement de son sabre, pour jouer avec elle, et elle était tombée en plein dans le panneau. Si elle avait pu se concentrer sur son aura, elle aurait peut-être pu comprendre que ce n'était qu'une ruse, mais elle était trop concentrée sur son propre équilibre pour réussir à sonder son adversaire.

Devait-elle se relever ? Cela laisserait à son adversaire tout le temps de l'attaquer sans qu'elle puisse se défendre. Pouvait-elle se relever uniquement grâce à la Force, de façon à garder ses bras prêts à parer ?
Le sith fit un pas vers Dalla, mais elle ne savait toujours pas quoi faire. Son sourire carnassier ne l'aidait pas beaucoup à réfléchir vite. Il en était déjà à trois pas, Dalla souleva son genou droit, et tourna brusquement la tête vers la gauche, où un sifflement venait d'attirer son attention.

Maître Vespen se dirigeait tranquillement vers le sith, dépassant les morceaux de son précédent adversaire, dispersés au sol. Le sith se désintéressa totalement de Dalla, toujours affalée par terre, et se dirigea vers la jedi, en brandissant une seconde lame rouge, sans que Dalla sache comment il avait mis la main dessus.
Dalla regarda, médusée, les deux nouveaux adversaires se heurter, se frapper. Mais son attention finit par être attirée par un cri de l'autre jedi.

-Kergen !

Le zabrak, délivré lui aussi de son adversaire, s'était précipité vers son apprenti, toujours inconscient.
Dalla se releva péniblement, et rangea son sabre à sa ceinture. Maître Vespen semblait avoir les choses bien en main, et le zabrak pourrait toujours intervenir si besoin était.

Elle s'apprêtait à rejoindre le maître et son apprenti blessé, quand une douleur aiguë se déclencha soudain dans son avant-bras droit. Dalla le regarda, perplexe, les lèvres serrées par la douleur. À sa grande stupéfaction, elle constata qu'il lui manquait un grand morceau de peau sur le côté extérieur du bras, et vraisemblablement aussi un peu de chair. Comment avait-elle fait pour ne pas remarquer cette blessure ? L’effervescence du combat ? La peur et l'adrénaline ? La douleur ne se réveillait que maintenant que la pression du combat retombait, mais combinée au choc, elle coupait un peu les jambes de l'initiée.

Dalla réussit tout de même à faire quelques pas vers le padawan blessé, et s'assit presque sans tomber près de lui.

-Je… je vais m'occuper de votre apprenti tout de suite, bredouilla-t-elle.

Mais elle savait qu'elle aurait beaucoup de mal à se concentrer sur une guérison avec la douleur qui lui cisaillait le bras. Elle était déjà bien affaiblie, bien éprouvée par tous les événements de la journée, et notamment ses quelques passes avec le sith.
Elle décida donc de s'appliquer une compresse au bacta sur le bras, ce qui lui fit très mal sur le coup, mais finit par engourdir la douleur. Elle inspira profondément, puis tourna son attention vers le moignon du padawan.

L'avantage des blessures au sabre laser était qu'elles étaient déjà partiellement cautérisées. Si cela n'avait pas été le cas, Kergen se serait sûrement déjà vidé de tout son sang. Néanmoins, son bras nécessiterait des soins importants, que Dalla n'était pas en mesure de lui procurer maintenant. Elle se contenta donc de désinfecter rapidement le moignon avec l'eau de sa gourde, ce qui eut pour effet de réveiller le blessé.
Il poussa un cri de douleur en tentant de se redresser.

-Doucement, Kergen, doucement. Ne bouge pas, reste allongé.
-Maître ! Maître, je…
-Calme-toi, économise tes forces. La padawan…
-Tellura, Dalla Tellura.
-La padawan Tellura s'occupe de toi.
-Je… Ma…

Il eut un sursaut, les yeux braqués sur le bout de son bras.

-MA MAIN !

Dalla fut parcourue d'un tremblement. Le cri l'avait comme transpercée.

-Je… je suis désolée…
-Calme-toi, Kergen… Respire. Concentre toi sur la Force.

Le padawan détourna péniblement les yeux de son moignon, pour se concentrer sur le regard de son Maître.

-Rappelle toi, Kergen, il n'y a pas d'émotions…
-...il y a la paix.
-Il n'y a pas d'ignorance…

Dalla appliqua alors sa deuxième compresse de bacta sur le moignon du padawan. Celui-ci s'interrompit au beau milieu du mot « sérénité », mais il serra simplement les mâchoires, les yeux fermés, puis reprit son mantra.

Dalla soupira pour relâcher la pression, puis sonda la blessure de Kergen avec la Force. Elle ne pouvait pas faire beaucoup plus que le bacta. Elle pouvait constater, en revanche, que l'intervention de son Maître faisait beaucoup de bien au padawan. Il se détendait, la colère et la peur diminuaient en lui. C'était important pour sa guérison.
Toujours concentrée sur le padawan, Dalla sentit à peine que le zabrak se levait.

-Continue comme ça, Kergen, essaie de méditer.

Dalla tourna la tête pour suivre son mouvement. Il se rapprochait de Maître Vespen. Le combat de celle-ci semblait s'être interrompu un instant. Le sith avait perdu un bras.
Il reprit néanmoins le combat, fit un bond spectaculaire, puis soudain l'enfer s'abattit sur eux.

Heureusement, l'enfer ne dura pas très longtemps. Dalla n'accorda qu'un regard à Maître Vespen et au zabrak qui paraient les éclairs du sith. Kergen avait perdu tout calme et toute sérénité. Il hurlait de nouveau, trop ébranlé pour se remettre du choc qu'avaient été pour lui les éclairs du sith.
Après un bref regard à son padawan, le zabrak se précipita hors de la salle aux trousses du sith qui s'enfuyait.

-Je vous laisse mon padawan ! entendit Dalla, sans qu'elle sache vraiment si elle l'avait entendu avec ses oreilles ou avec la Force.

Dalla se concentra sur Kergen, pour essayer de l'aider à ramener la calme en lui. Heureusement, la voix de Maître Vespen l'aidait déjà à se concentrer sur autre chose que sa douleur. Dalla n'écoutait pas vraiment ce qu'elle disait. Elle se sentait épuisée. Mais il y avait encore tant à faire.
Dalla se rendit compte qu'elle avait fermé les yeux quand Maître Vespen s'adressa directement à elle.

-Je… je ne sais pas… Je vais regarder.

Elle se leva, et sentit sa tête tourner un instant.

-Faites comme votre Maître a dit, Kergen, essayez de vous concentrez sur la Force. J'ai pansé votre plaie, c'est à la Force et au temps d'agir, maintenant.

Un équipement médical approprié pourrait sûrement aussi jouer son rôle, mais inutile d’inquiéter le padawan.
Dalla se força à avancer jusqu'au dernier blessé malgré ses genoux tremblants. Elle ne regarda pas le corps du mort. Pas encore. Il restait des choses à faire.

Elle s'accroupit près du blessé avec un sourire. C'était important de sourire. Le moral était aussi important que le physique. L'esprit était décisif dans la guérison, on le lui avait souvent dit.
Elle souleva lentement la bure qui recouvrait le buste du chevalier. Celui-ci grimaça quand le tissu, collé par endroit par le sang, se détacha de ses plaies. Mais il resta silencieux et calme.

Dalla essaya de garder un visage neutre, mais elle se sentait assez inquiète. Les blessures de l'homme n'étaient pas nécessairement mortelles, mais elles dépassaient largement les compétences de Dalla. Elle avait déjà vu des blessures de cette gravité, mais elle n'avait jamais fait qu'assister de vrais guérisseurs expérimentés. Et qui disposaient de tout le matériel de l’infirmerie du Temple.

-Je n'ai plus qu'une compresse de bacta dans ma trousse, murmura Dalla en fouillant tout de même dans celle-ci, au cas où une quatrième compresse soit miraculeusement apparue. L'un de vous a-t-il un kit médical ou quelque chose avec lui ?

Dalla déchira gravement ce qui restait de tissu sur le buste de l'homme, et utilisa ce qui restait d'eau dans sa gourde pour nettoyer grossièrement les plaies. Elle essaya ensuite d’évaluer la gravité de chacune des blessures. Pour plusieurs, une compresse de bacta ne serait pas suffisante. Elle décida que c'était sur celles-ci qu'elle devrait concentrer son pouvoir de guérison. Certaines blessures étaient très mineures, un petit bandage ferait l'affaire. Pour l'instant.

Quoi qu'elle fasse, elle ne pourrait guère que stabiliser l'état du jedi. Il aurait besoin de soins importants, qu'on ne pourrait lui fournir que dans un lieu spécialisé.
Du calme, Tellura, du calme. De toute façon, si tu ne fais rien, il pourrait ne pas survivre jusqu'à ce qu'on trouve un hôpital, un dispensaire ou une infirmerie sur un vaisseau.
Prioriser les problèmes, hiérarchiser les urgences.

Dalla se concentra sur les blessures qui lui semblaient les plus graves et les plus pressantes. Elle avait déjà utilisé son pouvoir de guérison plusieurs fois aujourd'hui, sur l’Espoir et dans les ruines. Elle ne savait combien de temps elle pourrait continuer, combien d'énergie elle pourrait encore mobiliser avant de s’effondrer, combien de blessures elle pourrait essayer de stabiliser.

Jusqu'au bout.
Guérir était aussi une forme de combat, contre la mort, contre la souffrance, contre le temps. Et elle ne renoncerait pas. Elle irait jusqu'au bout de ses forces. Elle était là pour cela.
Et puis, Maître Vespen était là pour les protéger. Tout ce qu'elle risquait, c'était de se faire un hématome sur le sol en s'évanouissant. Elle n'était plus à cela près.
Absalom Thorn
Absalom Thorn
Messages : 490
Eclats Kyber : 0
— L’inventaire est réalisé, Seigneur.
— Alors ?
— Y a beaucoup de purin.
— Pardon ?

Le jeune homme qui s’était chargé de ressembler les informations des équipes informellement distribuées dans le petit complexe scientifique pour accomplir les ordres de Noctis eut l’air embarrassé. Naturellement, il aurait préféré lui apprendre qu’ils avaient déniché tout un stock de torpilles à protons ou une escadrille de chasseurs bien cachés dans la cave.

— Ben euh… C’est un tas de… Hm… Un tas sombre, oui, voilà, disons, un tas de sombre de matières organiques. Et ça pue.
— C’est pour les expériences de mise en culture des étendues désertiques, explique obligeamment l’étudiant, qui espérait qu’une coopération de tous les instants lui éviterait de subir les tortures affreuses qu’on voyait dans les holofilms d’horreur, quand de séduisants jeunes gens pleins d’innocence et de courage se faisaient capturer par des Seigneurs Siths sanguinaires, qui élevaient des zombies dans des forêts obscures, c’est vraiment très utile.
— Ah, ça, je suis transporté de joie.
— En revanche, on a trouvé des respirateurs.

Noctis hocha la tête. Dans l’atmosphère inhospitalière de la planète, ce n’était pas une mauvaise nouvelle.

— Distribuez-les à l’équipe. On se barricade en attendant que la tempête passe. Et on surveille les issues.
— Vous pensez que les Jedis vont braver la tempête pour venir nous affronter dans un endroit comme celui-ci ?
— Si c’est le cas, on les attend de pied ferme avec beaucoup de purin, apparemment.

Voilà qui promettait une bataille épique. Laissant le jeune homme prendre, avec le reste de l’équipage survivant, les dispositions adéquates, Noctis revint vers sa seconde, pour examiner avec elle la carte.

— Vous croyez qu’ils enverront des secours ?
— Qui, l’Empire ?
— Non, répondit Noctis en désignant la carte d’un geste de la tête, eux.

La jeune femme considère le dessin de la dernière cité habitée de la planète, ultime témoignage de la grandeur passée de Gree. Soixante millions d’habitants — moins ceux que l’explosion orchestré par Noctis avait expédiés en direction du reste de leur civilisation révolue — ce n’était pas rien, et quoiqu’une large partie de la technologie gree ait été définitivement perdue, il devait rester assez de l’équipement élémentaire de la Galaxie pour monter une expédition de secours.

— Difficile à dire. Entre la tempête et le combat spatial, ils pourraient se montrer assez circonspects à l’idée d’aller chercher d’éventuels survivants des deux crash. Même si ce serait évidemment plus stratégique de leur part de profiter de leur connaissance du désert pour venir nous cueillir, plutôt que d’attendre chez eux que la tempête se tasse et qu’on arrive en force.
— On peut les contacter ?

Le vent désormais soufflait rudement au dehors.

— On a un relai radio, bien sûr, mais difficile de savoir si ça passera, avec tout ce sable.
— Essayons quand même.

La tempête était déjà là, cependant. Sur des kilomètres et des kilomètres, dans le désert, elle enveloppait le campement scientifique et les ruines, les débris des deux vaisseaux qui s’étaient affrontés en orbite, les corps des malheureux qui avaient péri. Noctis sentait bien qu’une bonne partie de son équipage n’était guère rassurée et, lui-même, c’était bien la première fois qu’il se retrouvait dans une pareille situation.

On se rassurait comment on pouvait en se disant que le complexe scientifique avait été bâti en pleine connaissance de cause, et qu’il résisterait donc, c’était forcé, à la furie des éléments. Les portes et les fenêtres avaient beau tremblé, le bâtiment avait beau grincer, il résisterait. Sans doute. En revanche, les communications, elle, semblaient bien coupées.

— C’est possible qu’ils reçoivent le signal quand même, mais pas moyen de le savoir.

Noctis hocha la tête. Il espérait que Syn, son Apprenti, était à l’abri. Et il espérait aussi à moitié que Nero ne l’était pas. Se débarrasser d’un Seigneur Sith belliqueux ne serait pas un médiocre succès pour cette expédition. L’Empire avait besoin d’une bonne purge. Il sentait peser sur lui le regard de l’envoyé du Cardinal Noir.

— Continuez à transmettre. Quand la tempête sera passée, on ira malgré tout vers le vaisseau de l’expédition.
— Et qu’est-ce qu’on fera des otages ?
— Les otages, on les épargne les otages, OK, ils ont rien demandé à personne les otages, les otages, ils…

Noctis foudroya l’étudiant du regard — et ce n’était pas l’envie qui lui manquait de le foudroyer tout court.

— On les libérera. Moi, tout ce que je voulais, c’était trouver un refuge, ce sont eux qui se sont excités pour rien.

Il avait toujours une vision très personnelle des événements.

— OH PUTAIN Y A UNE VITE QUI A CRAQUE, beugla soudain un enseigne en mal de sang froid.

Noctis tendit la main vers le sable qui s’engouffrait. Une lourde commode vola à travers la pièce pour se caler contre la vitre, sous les regards ébahis de l’équipage. C’était de l’esbroufe mais, souvent, le moral des troupes était aidé par quelques démonstrations un peu théâtrales.

— Tout le monde se calme. Lisez les notes scientifiques de l’expédition, ça vous aidera à faire retomber l’adrénaline.
— Je vous ferai dire que nos rapports sont captivants.
Invité
Anonymous

Maître Vespen observa Dalla à l'oeuvre durant quelques instants. Elle espérait qu'elle soit capable de stabiliser les jeunes Jedi par elle-même.  Cela éviterait d'utiliser le kolto : celui-ci était plus utile pour retourner directement au combat. Même avec ce remède miracle, ces blessés-là allaient devoir rester alités. Malheureusement, l'état était pire que prévu. Secrètement, Saery attendait un miracle de la part de la jeune twi'lek. Elle pensait à maître Morans qui, lui, savait refermer ses propres plaies grâce à la Force. Certains pouvaient même guérir les autres.

Saery, elle aussi, avait de bonnes connaissances sur ce sujet. Cependant, celles-ci lui servaient bien plus à nuire qu'à guérir. Alors qu'elle se demandait si elle pourrait réussir cet exercice qu'elle n'avait jamais pratiqué que dans son imagination, elle entendit l'un des blessés se tordre de douleur. Le plus mal en point avait beau prendre sur lui, il ne pouvait pas simplement ignorer ses brûlures.

— L-laissez moi ! Dit il avait d'inspirer à travers ses dents serrées et d'expirer en tremblant. Vous perdez votre temps. Vous feriez mieux d'aider les autres.

Maître Vespen lui laissa le temps de se remettre. Parler lui avait apparemment demandé de faire de grands efforts. Sa tête ne bougea pas, mais ses yeux inspectèrent tour à tour la twi'lek et la Jedi aux cheveux blancs. Qu'attendaient-elles pour se rendre utile ailleurs ? Du menton, il leur fit signe de filer.

— Être en train de mourir ne te donne pas le droit de me donner des ordres. Affirma sèchement la responsable des opérations. J'estime que prendre le temps de te tirer d'affaire est une option correcte.

Pendant qu'elle parlait, Saery attrapa le kolto qu'elle avait déjà entamé. Elle commença à l'appliquer sur les plaies les plus profondes qui se trouvaient de son côté avant de tendre le flacon à Dalla pour qu'elle puisse faire pareil de son côté. Tout en ignorant les grognements, elle continua :

— Vous laisser ici sans protection serait inviter les Sith à venir vous achever ou, pire encore, à vous capturer. Comment penses-tu que nous soyons arrivées si vite ?

Un grand coup de vent lui fit lever les yeux au plafond. La tempête ne semblait pas prête de s’arrêter.

— Les blessés se plaignent à travers la Force. Sans y songer, vous devenez de véritables balises de détresse.

La peine, la colère et le désespoir qu’entraînait l’issue de certains combats étaient bien plus difficiles à contenir lorsque l’on était en mauvais état. Bien plus concentrés sur leur douleur que sur leurs sentiments, de nombreux Jedi perdaient le contrôle de leurs émotions une fois blessés. C’était une dangereuse vérité qui illustrait bien l’écart entre ceux qui savaient réellement se maîtriser et ceux dont les limites étaient encore trop justes au goût de Saery. Selon elle, les Jedi devaient être irréprochables à ce sujet, surtout dans ce genre de situations. Bien heureusement, elle savait que la tâche n’était pas facile.

— C’est à cause de ça que nous nous sommes tous retrouvés ici, n’est-ce pas ? Demanda doucement le padawan qui avait perdu sa main.

Lui n’avait pas directement senti les blessés appeler à l’aide. Son maître, par contre, s’était dépéché d’arriver sur place.

— Alors, d’autres Sith pourraient débarquer...

Saery hocha la tête.

— En effet. Il est difficile d’établir un front distinct ici. Pour autant qu’on le sache, certains Sith pourraient très bien arriver de là où nous venons.

Cependant, demander aux Jedi d’avancer dans les ruines semblait être la meilleure chose à faire. C’était toujours mieux que de se laisser écraser par peur de croiser un adversaire inattendu. La défaite de Darth Nero impliquait aussi que ce genre de tenailles était plus difficile à mettre en œuvre. Surtout lorsque l’on connaissait la discorde qui régnait au sein de l’Ordre Sith. Malgré cela, les Jedi n’étaient pas ceux qui tendaient le piège. Il n’avaient donc d’autres choix que de chasser les chasseurs.

Saery, qui ne s’attarda pas pour exposer ses pensées, laissa aux plus jeunes le temps de digérer l'information avant de se pencher sur celui qu’elle voyait désormais comme un suicidaire.

— Dis-moi, maintenant que tu sais que nous sommes aussi utiles à tes côtés qu’ailleurs, tu préfères mourir ou me faire confiance ?

Le jeune homme baissa les yeux. Un peu piqué dans son orgueil, il était obligé d’admettre que Maître Vespen était celle qui prenait les décisions. Et puis, la tournure de sa phrase ne lui laissait pas vraiment le choix. Finalement, il acquiesça en silence.

— Alors bonne nuit ! Lança Saery.

Du bout du doigt, l’ombre effleura le front du blessé. Celui-ci, ouvert à ce qu’on lui imposait, se laissa bercer par la Force et sombra dans un sommeil libérateur. Loin de sa conscience, il pouvait laisser ses sauveuses opérer.

— Dalla, je compte sur ta vigilance. Je dois me concentrer.

Bien trop peu habituée à faire ce qu’elle s’apprêtait à commencer, Saery ne pouvait pas se permettre de disperser son attention. Il lui fallait se tourner vers son « patient » et uniquement sur lui. Ce serait à Dalla de la prévenir si quelque chose venait à se produire.

Les yeux fermés, Saery plaça ses deux mains au-dessus du torse du jeune homme. La manifestation de la Force qu’elle appelait à elle mélangeait méticulosité et puissance. La guérison n’était pas son domaine de prédilection et elle n’avait jamais vraiment été en mesure d’invoquer la Force pour un objectif aussi bienfaisant. Si bien que l’énergie invisible se manifesta d’abord à travers de lourdes vibrations qui provoquèrent quelques convulsions chez le blessé. Cependant, Maître Vespen n’était pas du genre à paniquer. Elle ouvrit les yeux pour mieux voir le corps trembler, puis dessina une vague du bout des doigts. Enfin, il s’arrêta de bouger.

Sous ses mains, l’air semblait brûlant. La lumière ruisselait et vacillait comme si l’on regardait par dessus des flammes. Le corps endormi se contracta à nouveau. Le patient se réveilla pour se plaindre, mais il perdit aussitôt conscience. Ses plaies vibraient et s’agitaient comme si elles cuisaient. Si bien que le kolto qui y était étalé se mit à bouillir et à déborder. Pourtant, la chair ne semblait pas être consumée. Au contraire justement : sous la surface, d’invisibles blessures se refermaient lentement.

Ces flammes salutaires que l’on ne pouvait pas voir nettoyaient les plaies et soudaient les tissus. L'effrayant traitement impliqua de nombreux cris étouffés et de grands gestes brusques. Malgré cela, Saery alla jusqu'au bout de celui-ci sans même broncher. En apparence, le jeune homme semblait fatigué et encore plus mal en point. L'apparence de ses blessure n'avait qu'à peine changée. Pourtant, son corps était plus à même de se remettre de cette condition-ci que de celle qui la précédait.

Assez affectée par ce qu’elle venait d’infliger à ce pauvre garçon, Saery observa ses propres mains avant de se relever. Elle fit quelques pas, comme pour récupérer après une longue course. Elle lutta contre un vertige. Elle avait la tête qui tournait et le souffle court. Elle espérait avoir le temps de respirer : son effort lui avait coûté aussi cher en énergie qu’en moral. Apparemment, elle n’était capable de procéder que « tout en douleur ».

Finalement, épuisée, elle se laissa tomber dos contre le mur. Peut-être que faire appel à la Force n’avait pas été la meilleure solution, après tout. Même si elle savait que ce Jedi finirait par guérir grâce à son intervention, le rapport entre l'effort et les résultats n'était pas assez satisfaisant pour elle. Agacée par sa propre impuissance, elle se mit à pester intérieurement contre ce vent qui ne faiblissait toujours pas. Elle avait eu l’espoir que la tempête ne soit qu’un épisode très court de son séjour sur Gree. L’atmosphère y était déjà insupportable et les Sith rendaient l’endroit encore plus désagréable qu’il ne l’était au naturel. Si cette tempête se décidait à se terminer, peut-être qu’elle pourrait contacter Maître Marja pour savoir si elle avait un plan pour quitter cette planète.

Pour l’ombre, vaincre un seigneur Sith était déjà une belle victoire. Partir sur ce haut fait semblait raisonnable et particulièrement attrayant. Pour l’instant, elle était coincée dans ce bâtiment. Fatiguée et avec deux blessés sur les bras. Heureusement, la petite twi'lek qui l’accompagnait avait l’air d’être une padawan tout à fait respectable. Avoir la compagnie de quelqu’un en état de bouger était étrangement rassurant. Mettant toute cette expérience au niveau de ses standards, Saery n’avait pas vraiment prit le temps de savoir si la jeune Tellura tenait le choc après tout ce qui venait de se passer.




HRP:
Dalla Tellura
Dalla Tellura
Messages : 814
Eclats Kyber : 115
Dalla n'avait même pas espéré trouver du kolto. L'onguent serait plus efficace encore que le bacta, il renforcerait encore plus les défenses du blessé là où ses blessures n'étaient pas inquiétantes, il épargnerait de l'énergie à Dalla et lui permettrait de tenir plus longtemps, d'en faire plus. Et il donnerait plus de chances au jedi de s'en tirer.
La tâche à accomplir restait cependant considérable, et Dalla s'efforçait de ne pas succomber à la peur de ne pas être à la hauteur. Elle devait se concentrer sur la tâche même, et pas sur ses doutes.

Malheureusement, Dalla sentait sa concentration faiblir. Elle commençait à toucher à la limite de ses ressources d'énergie. Elle commençait à reprendre conscience de son corps, de l'étrange ankylose poisseuse de son avant-bras droit, du tremblement de ses coudes, du poids de sa tête. Heureusement qu'elle était assise.
Un grand bruit, causé par une bourrasque particulièrement violente, l'arracha définitivement à sa transe guérisseuse. Elle sursauta et regarda autour d'elle. Elle n'avait pas encore pris vraiment conscience de la tempête qui les entourait, mais les éléments se chargeaient de lui faire rattraper son retard.

Elle se redressa, sans prendre encore le risque de se lever, et observa les jedi autour d'elle. Maître Vespen parlait avec le blessé. Dalla sentait une forme de lutte entre eux, ce qui lui semblait particulièrement contre-indiqué vu l'état du jedi, mais elle mit du temps avant de pouvoir se concentrer suffisamment sur leurs paroles pour les comprendre. Elle ne se sentait cependant pas en état d'intervenir elle-même dans leur discussion. D'ailleurs, elle ne voyait pas trop ce qu'elle aurait pu dire.
En tournant la tête pour écouter le padawan, elle sentit soudain toute la crispation de son dos. Son corps tout entier semblait bloqué, tendu pour faire taire le monde autour d'elle et lui permettre de se concentrer. Et même maintenant qu'elle s'était arrêtée, la tension restait, comme si son esprit avait été incapable de transmettre à son corps l'arrêt de sa transe.

Elle se sentit soulagée quand Maître Vespen endormit le jedi. Elle n'avait pas la moindre idée de la façon dont elle avait pu procéder, mais la lutte finit entre eux, ce qui était un soulagement. Dalla se sentit également soulagée d'un petit poids dans la Force. Maître Vespen avait raison, les blessés s’exprimaient à travers elle. Dalla ne l’identifiait pas en permanence, mais maintenant que la voix du blessé s'était apaisée, elle comprenait que leur souffrance la troublait, portait sa détresse en elle et l'épuisait, par empathie.

Mais malgré cette accalmie dans la souffrance, Dalla sentait qu'elle était à bout de forces. Elle connaissait cette sensation qui l'avait souvent submergée, tard dans la nuit dans sa chambre au Temple, quand elle comprenait qu'elle n’arriverait pas à finir de traduire une version de bith à rendre le lendemain matin. Elle avait alors tout juste assez de force pour comprendre que c'était son dernier accès de lucidité avant que son esprit sombre dans le sommeil.

-Il faut que je m'arrête, Maître, souffla-t-elle. Si je continue, je vais m'écrouler. Je suis désolée.

Maître Vespen dut sentir son essoufflement, car elle reprit le flambeau.

Si elle restait assise, Dalla avait peur de s'endormir. Elle se leva, espérant que cela suffirait pour la maintenir dans un état suffisamment réveillé pour surveiller les alentours et la Force.

C'est pour ça que je me suis arrêtée, se répétait-elle chaque fois que ses yeux tombaient sur l'un des blessés. Si j'avais continué, je ne serais plus en état d'assister Maître Vespen et de lui être utile.

Elle se sentait tout de même coupable, persuadée d'avoir failli à sa tâche.

C'est comme tout à l'heure, avec le bacta pour mon bras. Savoir sauver les gens, c'est aussi savoir de quelles forces on dispose pour les aider. Et comment utiliser au mieux ces forces.

-Je suis sûr que mes murs vont tenir ! déclara soudain Kergen, tandis que Dalla avait interrompu ses cent pas pour faire reposer alternativement son poids sur l'une et l'autre jambe.

Avait-il pris sa grimace quand sa cheville avait eut un moment de faiblesse pour une peur de la tempête ? A vrai dire, Dalla ne se sentait pas très rassurée. De penser à ces tonnes de sable et à tout ce vent, contre des murs tout craquelés, vieux, et déjà écroulés par endroits...
Cela dit, elle préférait penser au sable qu'aux sith.

Elle regarda Maître Vespen. Elle n'avait jamais vu un guérisseur travailler comme elle le faisait, mais si cela la marchait, elle n'allait pas protester contre une technique non-orthodoxe.
Elle espérait simplement que si un sith arrivait, elle saurait temporiser le temps que Maître Vespen puisse intervenir.

Dalla sentit soudain une présence, à quelques trois couloirs d'elles. Elle tressaillit et se tourna pour faire face à la présence, même si celle-ci restait toujours hors de sa vue.

Pourvu que ce soit le Maître de Kergen !

Dalla n'avait plus assez de force pour sonder plus avant cette présence. Elle sentait qu'elle n'aurait pas assez de lucidité pour savoir s'il s'agissait d'une présence hostile ou alliée -du côté obscur ou du côté lumineux.
Elle se contenta donc de rassembler ses esprits et son énergie pour se mettre en garde, prête à défendre Maître Vespen si nécessaire.

Mais une partie de son esprit pensait très fort : Si c'est le maître de Kergen, je vais pouvoir dormir un peu, et ensuite, quand la tempête sera calmée, on ira chercher les vaisseaux des sith pour rentrer...

Rentrer au Temple, fuir cet enfer... Enfin.
Le Masque de la Force
Le Masque de la Force
Messages : 5464
Eclats Kyber : 0
Dalla Tellura & Saery Vespen remportent le combat.




... Oui enfin, je sais, ce n'était pas vraiment un combat. Votre écriture était très belle à tous les trois, nous vous avons plutôt donc départagé sur la stratégie. Il a été difficile de choisir mais finalement nous avons pensé que les Jedi s'étaient davantage tournés vers les objectifs initiaux de l'expédition. Félicitations à vous, nous vous avons lu avec beaucoup de plaisir, vraiment.

Si le cœur vous en dit, n'hésitez pas à poursuivre le RP.
Revenir en haut
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
skin made by
© jawn