Karm Torr
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— Eeeuh… aaargh...
— … OK.

Avec un soupir résigné, Karm essuya d’un revers de manche son visage maculé de sang. Le crâne d’un Wookie venait de lui exploser à la figure et, étrangement, ce n’était pas l’expérience la plus plaisante de la semaine. Pour une fois, Luke avait de la chance d’être aveugle, parce que le spectacle qui s’offrait à eux, dans le vieil atelier de Tatooine qui servait de repaire au mercenaire, n’avait rien de ragoûtant : entre le cadavre frais qui gisait à leurs pieds, encore fumant, les restes des bons petits plats faisandés qui constituaient apparemment l’ordinaire du chasseur de primes et la crasse générale, on avait connu des cadres plus bucoliques.

Pendant une semaine, sur la foi des informations extirpées par les services de renseignement impériaux après l’arrestation des terroristes d’Ala Galada, les deux Jedis avaient couru sur les traces du Wookie, apparemment impliqué dans l’attentat contre le cargo bakurien sur lequel ils s’étaient rencontrés et qui avait explosé en plein vol, les échouant sur une lune déserte. Mais quand ils lui avaient finalement mis la main dessus, sur Tatooine, ils l’avaient trouvé tétanisé dans son atelier, avec un collier explosif autour du cou. Le Wookie n’avait eu le temps que de leur marmonner quelques paroles incompréhensibles, avant que l’engin ne lui fasse sauter le crâne.

— Sérieux, j’espère qu’un jour on tombera sur quelqu’un qui vit dans un jardin édénique, prêt à nous parler sans faire d’histoire, et surtout sans expulsion d’organes internes.

L’explorateur tira du bout des doigts le datapad du Wookie de sa ceinture pour parcourir ses fichiers. Le colosse velu avait apparemment un sens tout à fait étonnant de la comptabilité rigoureuse, qui tranchait avec la négligence dont témoignait son logement. Karm parcourut rapidement les tableurs de recettes et de dépenses, qui étaient après tout une piste prometteuse, avant de se concentrer sur un fichier. Il l’effleura de l’index et l’enregistrement audio qu’il contenait se fit entendre dans toute la pièce.

— Cibles : Caïnda Far’Sic, Mistral Far’Sic Jr. Mission : Extraction. Planète : Arkania. Les cibles sont retenus par la Rev’s Corporation pour s’assurer la coopération de Mistral Far’Sic. Lieu de détention, inconnu. Récupérer les cibles, les protéger et se rendre à l’astéroïde B37-89, secteur 998Delta.
— Wow, commenta Karm, alors que le montant du contrat s’affichait à l’écran. 100 000 crédits. C’est pas rien.

Le jeune Jedi releva les yeux, l’air pensif. Ce n’était bien sûr pas à l’argent qu’il songeait, mais à la possibilité que ces Far’Sic, que cette Rev’s Corporation et que ces Arkanians fussent liés à leur propre enquête. Etait-ce une simple coïncidence ? Le contrat sur lequel leur Wookie travaillait avant que ses adversaires ne lui passent la corde incandescente au cou ? Ou bien tout était-il connecté ? Dans tous les cas, le sauveteur tout désigné des Far’Sic était en train de refroidir à leurs pieds et une famille attendait qu’on vole à sa rescousse.

— Mec, sors ta polaire, je crois qu’on est encore partis pour une planète glaciaire.

+

Avec ses steppes et sa glace, le paysage d’Arkania qui s’offrait à leurs yeux alors que la navette commerciale entamait sa rentrée dans l’atmosphère n’était pas fondamentalement différent de celui de Belsavis, découvert quelques semaines plus tôt, lors des événements qui les avaient mis sur une toute autre piste, celle de Darth Noctis. Encore un peu et les enquêtes finiraient par prendre définitivement le pas sur les activités d’explorateur de Karm.

La préparation avait été sommaire, parce que le temps pressait. D’autres mercenaires pouvaient avoir été recruté pour officier à la place du Wookie et ils risquaient d’emporter avec eux toute possibilité d’un contact qui pouvait s’avérer crucial à leur propre investigation. Pire encore : s’ils tardaient, la famille en péril serait peut-être malmenée ou exécutée. L’intérêt pragmatique et le sens de la morale les avait donc poussés, une fois de retour sur Ondéron, à empaqueter rapidement leurs tenues d’hiver pour se lancer dans le premier vaisseau susceptible de leur offrir une correspondance pour Arkania.

Il n’y avait jamais mis les pieds mais la planète n’était pas entièrement étrangère à Karm. Comme il passait de plus en plus de temps dans les laboratoires de biologie de l’Ordre, où il trouvait le complément pour ainsi dure naturel à ses activités d’exploration, à mesure que sa passion pour la zoologie et la botanique grandissait, il était inévitable qu’il ait eu vent des expériences génétiques et des recherches de ce monde qui faisait pâlir d’envie bien des chercheurs de la République — et de l’Empire.

Cela dit, les Arkanians ne lui inspiraient aucune sympathique ni aucune confiance. Soumis à de puissantes corporations, adeptes d’un racisme qui n’était pas sans rappeler celui des Hapiens, ils incarnaient des valeurs bien différentes de celles de l’Ark-Ni. Il y avait d’ailleurs tout à craindre que les dirigeants de la Rev’s Corporation ne jouissent du soutien au moins implicite des autorités et ils seraient obligés d’opérer dans la plus grande discrétion.

Le vaisseau commercial ne tarda pas à s’arrimer à l’un des quais de l’astroport et les deux Jedis, en tenue civile, purent bientôt sortir dans l’air froid de la ville. De ce que leur en avaient appris les archives des Sentinelles de l’Ordre, ils trouveraient non loin de l’astroport un hôtel de passe où les prostituées locales en savaient long sur les affaires suspectes de la planète. C’était un bon moyen pour tenter d’en apprendre un peu plus sur la Rev’s Corporation, afin de localiser la planque où était retenue la famille Far’Sic.
Luke Kayan
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L'odeur ferreuse du sang fit plisser le nez de Luke, dont l'odorat était légèrement plus développé que celui d'un humain lambda. Toutefois, vu l'effluve de viande faisandée et de sale lui donnaient seulement envie de remercier la Force d'être aveugle, tandis que les paroles de Karm ne faisaient que lui confirmer que son nez délicat n'était qu'un moindre dérangement comparé à ce que les prunelles de son ami devait supporter. De plus, légèrement en retrait, le Hapien avait pu éviter le sang du corps velu, encore chaud. Cachant sa gêne, face aux remous de la Force encore agités, comme si cette dernière pleurait le décès brutal, ou s'altérait par simple réflexe suite à ce dernier, le jeune Jedi se tut. Il hocha simplement la tête et appuya sur une touche de son Comlink pour récupérer les informations de l'appareil électronique du Wookie. Il songeait en même temps aux ennemis de ce dernier. En se lançant à la poursuite de la femme et de l'enfant du célèbre ingénieur, le Chevalier Turquoise et lui risquaient de connaître le même sort, pour autant, la mort ne pouvait l'inquiéter. Il était un Jedi.

Il n'y a pas de mort, il y a la Force.


Doucement, il envoya une onde à Karm, comme pour le protéger un peu de la cruauté de cette scène désormais gravée en eux.

***

Malgré son climat froid, Arkania était vive, réchauffée par la présence de jolies femmes quoique peu élégantes en général. Luke remonta sur son visage une capuche bordée de poils de bantha, modeste, presque rêche, mais efficace. Des mèches blondes s'échappaient de cette dernière, si claires qu'il eût été possible de le prendre pour un métisse Arkanien, sans compter ses yeux, vairons mais légèrement affadis par la cécité. Le jeune homme possédait un as cependant bien plus solide sur cette planète: il était bien vu par le gouvernement depuis sa mission réussie en compagnie de l'apprenti de Maître Don, aujourd'hui parti pour un autre type d'entraînement: Yun. Pour le moment cela dit, Karm et lui tâchaient d'être discrets, d'où leurs vêtements civils.

- Bon on y va, alors?
- Soupira-t-il en tournant la tête vers l'endroit où il percevait l'agitation venant tout droit de l'hôtel de passe. Au moins, Luke pourrait louer une chambre et interroger à l'abri des regards, la prostituée piochée au hasard de ses intuitions.-

Bien qu'ils soient décidés à ne pas révéler leur identité, les deux Jedis avaient choisi de rester ensemble, au moins au début, afin d'avoir la même base d'informations, et aussi de se protéger réciproquement. Arkania était une planète très particulière, deux étrangers- si métisse puisse éventuellement paraître Luke aux yeux des ingénus et des bigleux- ne seraient pas forcément accueillis gentiment dans l'hôtel de passe. Or c'était justement l'endroit qui risquait d'être celui qui les accueilleraient le mieux.

Leur introduction, en ce sens, se passa plutôt bien. Les Arkaniens n'étaient pas laids en général mais le bas-peuple restait crasseux, et certains énergumènes, déformés par l'alcool ou les drogues feraient fuir un aveugle. C'était donc non sans un certain soulagement mâtiné de curiosité que Mat'Ilda les reçu. Luke avait volontairement dirigé son attention vers cette Twi''Lek mauve après quelques discussions deci-delà. Du haut de ses 1m 61, la presque quadragénaire avait un caractère trempé dans de l'acier, il serait difficile de la faire plier, mais elle ne craignait pas suffisamment son mac pour cracher sur une négociation. De plus, comme l'adage inter-galactique le suggérait, la prostituée en savait un rayon sur tout et sur tous. Cependant, Mat'Ilda était encore loin de s'imaginer qu'elle avait affaire à deux fouineurs, songeant plutôt à des "déviants" comme il en venait parfois: deux garçons souhaitant s'amuser avec une seule femme. Le mac intervint, flairant lui aussi la commande qui sortait de l'ordinaire:

- Désolé les mecs, on fait plus ce genre de choses, sécurité des filles oblige.

Le Hapien se mit à discuter avec lui, arguant qu'il ne dépenserait pas un crédit républicain si on ne lui concédait pas leur souhait. Pour une fois, leur carrure jouait en leur faveur. Ils ressemblaient à tous sauf à des violeurs, décidés à mettre la fille hors d'état de travailler pour leur bon plaisir gratuit. Au bout d'un moment, l'homme gras soupira, cédant, une pile de billets aidant le charisme de Luke à fonctionner.

- À payer d'avance, et aucune violence.
- On n'en ait pas adepte.
- Chacun paye sa part.

Évidemment. Le Hapien sortit les quelques pièces que valait la Twi''Lek, moins que le pot-de-vin, et ils la suivirent. Celle-ci entra dans une chambre basique, et pas forcément propre. Tant mieux. Plus le bordel était de bas étage, plus les filles avaient l'ouïe fine. Luke s'assit sur le lit, faute de trouver une chaise. La quadragénaire sourit lascivement, s'intéressant davantage à l'Ark-Ni, sur qui ses atouts visuels, elle le savait, risquaient bien plus de fonctionner.

- Ah ma sécurité vaut bien peu. J'le savais, mais tant mieux. On a pas souvent de si jolis clients.

Sur ce, elle s'approcha du Hapien et s'installa sur ses genoux avant que ce dernier ait pu réagir ou placer un mot. Une fois à cheval sur lui, ses doigts mauves tripotèrent la fermeture éclair de son manteau et elle fit glisser la capuche, révélant la cascade blonde. Luke lui attrapa le poignet, doucement mais fermement, il la repoussa pour l'inviter à se lever.

- Okay, vous êtes de ceux qui veulent parler, hein?

Toute trace de charme avait disparu de sa voix, elle était désormais à la fois méfiante et intéressée à la fois, surtout lorsque Luke mit la main dans son portefeuille décidément en pleine cure d'amaigrissement. Une légère tension s'installa car Mat'Ilda pouvait décider que c'était trop dangereux ou que ces clients proprets étaient un piège tendu par son mac. Seulement la Twi''Lek était une "vieille", elle avait la confiance de l'homme qui ne la fouillerait pas à sa sortie de chambre. Au vu de sa paye misérable, elle s'empressa d'attraper les billets. Luke garda la main mise dessus, et c'est avec un grognement que la femme attendit les questions, sachant qu'elle ne recevrait rien avant.

- Rev's Corporation, ça vous dit quelque chose?
- La grande usine qui pollue la planète et pourrit encore plus les bas-fonds.
- Mais encore?
- Personne ne sait vraiment ce qu'ils font là-bas- commença la Twi''Lek, les yeux rivés sur les billets fermement tenus par Luke.- mais je sais d'une copine qui est la préféré d'un employé de là-bas que c'est militaire. Le mec se vantait d'être un chaînon importante DU projet. J'peux pas en dire plus.
Le Hapien tendit un billet, ils avaient tous la même valeur, impossible de se tromper. D'un regard déposé un peu trop sur la droite mais perçant, il l'invita à continuer. Les épaules de Mat'Ilda s'affaissèrent légèrement, elle se détendait en voyant que le blond était bon payeur. Une occasion comme celle-ci d'être invitée à parler autrement que par des coups de poings ne se présentant guère, la prostituée poursuivit de bon gré, rassemblant tous ses souvenirs.
- Mistral Far'Sic ?
- Connais pas, désolée. -évidemment, c'eût été trop beau.-
- L'entreprise semble grande, elle est bien protégée j'imagine.
- Et comment! Franchement vous z'auriez pas intérêt à aller abîmer vos jolis minois là-bas.
- Y a-t-il un moyen d'entrer?
- En se faisant employer, mais il faudrait des moiiiiis avant qu'ils vous prennent, y'a plein de tests psycho et tout ça, encore le client de ma copine qui s'est vanté d'avoir été choisi parmi je n'sais combien de candidats, et d'avoir résisté à leurs épreuves.
- Nous n'avons pas des mois. Dites-nous, votre amie, il l'invite à son entreprise?
- Euh... Faudrait lui demander, mais il est assez accro à elle... Au moins chez lui quoi. Il laisse du fric, sur elle le plus souvent mais aussi d'autres. Il pioche un peu partout savez, libéral quoi.

Fouiller dans la maison d'un apparemment haut-placé de Rev's Corporation paraissait être un bon début, histoire de découvrir un pass, des plans ou quoique ce soit. C'était hasardeux mais ils n'avaient rien d'autre, en tout cas, il leur faudrait une prostituée pour débuter... Ou un?
Luke profita que la Twi''Lek aille se rafraîchir- décidant de prendre le risque de lui faire confiance- pour se tourner vers Karm et l'interroger.

- Sur le Datapad du Wookie, y avait-il le nom du commanditaire? Nous pourrions le contacter et voir s'il a des infos... Je ne sais pas quel type de personne c'est, mais leur objectif rejoint le nôtre: porter secours à une famille.

Karm Torr
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La prostitution froissait le sens moral de l’Ark-Ni. Pour lui, elle faisait partie de ces professions indécidables. Il n’était pas certain qu’il fût vraiment condamnable de louer son corps pour des services sexuels puisque, après tout, n’importe quel ouvrier louait le sien pour d’autres activités. En quoi le sexe était-il différent ? Et d’ailleurs, n’était-il pas préférable de faire l’amour aux gens plutôt que d’aider à construire des armes ou à synthétiser des produits chimiques ? D’un autre côté, il fallait avouer que la situation du bordel ne laissait pas rêveur. Il y avait là un flou moral qui le mettait mal à l’aise.

En retrait, près de la porte, prêt à intervenir si quelqu’un surgissait, alerté par le maître des lieux, Karm, les bras croisés, laissa Luke mener la conversation, même si le regard de la prostituée s’égarait souvent vers lui. A n’en pas douter, ils détonnaient dans le ballet de la clientèle ordinaire. L’interrogatoire terminée, quand la Twi’Lek s’éclipsa, Karm hocha légèrement la tête.

— Un certain Fantôme, ce qui n’en dit pas long, mais y a des codes pour le contact dans le deep holonet. On peut essayer ça.

Karm baissa encore d’un temps.

— J’peux m’faire passer pour un chasseur de primes ark-ni. Y en a deux ou trois et pour le reste de la Galaxie, on a tous plus ou moins la même tête, ça devrait faire illusion. On sait jamais, des fois que cette opération de sauvetage relève plutôt de l’acquisition, quoi.

Mieux valait être prudent et se révéler Jedi, à son avis, présentait dans ces circonstances plus d’inconvénients que d’avantages. Mat’Ilda refit son apparition.

— Bon, qu’est-ce qu’on va faire pendant le temps qu’il nous reste…?
— Hm ?
— Si vous partez dix minutes à peine après être montés, ça va faire un peu suspect.
— Disons juste qu’on est pas très endurants.
— J’suis sûre du contraire...
— Ou que t’es très douée. Comment on contacte ta pote ?

Après avoir récupéré les coordonnées, Karm, qui ne se préoccupait pas de sa réputation d’étalon auprès des gérants de bordels, tourna les talons pour regagner l’air libre. Quelques rues plus loin, les deux Jedis pénétrèrent dans un hôtel beaucoup plus respectable, quoique fort modeste, et, après avoir réglé une chambre unique, sous le regard entendu d’une réceptionniste qui les imaginait sans peine en train de fricoter sous les draps, ils s’y installèrent, le temps de prendre en contact.

Bientôt, une fenêtre de chat s’afficha sur l’écran du datapad de Karm, qui entreprit de faire à Luke la lecture des réponses au fur et à mesure qu’elles s’affichaient. La communication textuelle était bien l’une des plus rudimentaires mais les données étaient si faciles à crypter, et d’ailleurs si peu volumineuses, qu’elles échappaient à la plupart des interceptions perfectionnées. Après avoir rentré les codes d’identification, Karm ne tarda pas à avoir une réponse.

/// Mission accomplie ?
/// Kawkee mort. Je suis Vask. J’ai repris le contrat.
/// …
/// …
/// …
/// En position ?
/// Affirmatif.
/// Données d’extraction ?
/// Récupérées chez Kawkee.
/// C’est vous qui l’avez tué ?
/// Négatif. Mort à mon arrivée. Deal ?
/// Deal.
/// Vous avez la localisation des cibles ?
/// Arkania.
/// Mais encore ?
/// Arkania.
[Fantôme a quitté.]

Karm laissa échapper un soupir.

— On peut pas dire que ça ait été très productif. J’espère au moins que ça lui évitera de lancer une autre équipe de mercenaires sur le coup. Qu’on ait pas à gérer la concurrence. Bon, à l’autre, maintenant.

Le jeune homme tira de sa poche les coordonnées de l’amie de Mat’Ilda et entreprit de louer sa compagnie pour une heure, le soir venu. Une fois le rendez-vous fixé, Luke et lui passèrent le reste du temps à consulter scrupuleusement les archives publiques disponibles en ligne à propos de la Rev’s Corporation. Les rapports d’activité, qui décrivaient au moins en partie le parc immobilier de l’entreprise, leur permirent d’identifier quelques sites probables pour la détention de la famille mais il était difficile de ne pas penser qu’en trempant dans des affaires de ce genre, les dirigeants de la société n’aient pas pris la précaution de séquestrer leurs proies dans un endroit qui échappait au radar du fisc.

La nuit venait de tomber quand on frappa quelques coups à la porte de la chambre. Karm partit ouvrir. L’amie de Mat’Ilda était une humaine que d’aucuns auraient jugé véritablement sculpturale, svelte mais bien formée, avec le teint sombre et des cheveux noirs, mais sa beauté tranchait si radicalement avec les standards arkaniens qu’il n’était sans doute pas surprenant qu’elle eût été reléguée dans les bas-fonds.

Si Mat’Ilda ne l’avait pas incitée de son côté à aller voir les deux Jedis, elle se serait peut-être abstenue de pénétrer dans leur petite chambre mais, prévenue par son amie, elle y entra apparemment sans crainte. Karm la débarrassa d’un lourd manteau pour révéler une robe légère et courte, qui découvrait l’essentiel de ses cuisses. L’Ark-Ni comprenait sans peine le genre d’attirance qu’elle pouvait exercer sur n’importe quel homme.
Luke Kayan
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- Humpf

Il fallait s'y attendre, Fantôme ne pouvait pas savoir si c'était la concurrence qui les avaient contacté après avoir tué le Wookie et peutêtre n'avait-il pas plus d'informations lui-même. Un instant, Luke se demanda s'ils ne précipitaient pas la famille entre les pattes d'autres faiseurs d'otages en puissance, cependant, vu où ils en étaient rendus, ils auraient l'occasion de s'en préoccuper plus tard. Ce serait même bon signe puisque cela signifierait que la mission avançait. Pour le moment c'était plutôt poussif et un brin inquiétant notait Luke tout en pianotant sur son propre datapad, une oreillette accrochée à son tympan tandis qu'il réservait l'autre à Karm.

Clarisse était une belle femme, presque aussi noir que le néant qu'observait Luke dès le matin en se levant. Elle étira ses longues jambes dans la chambre modeste des deux hommes, rejetant sa chevelure coupée en un carré strict et suggestif à la fois derrière ses oreilles. Le Hapien leva un regard intéressé- si absent soit-il en apparence- vers la trentenaire. Son datapad émit un petit "clic" de confirmation dont lui seul comprenait la signification et un léger sourire s'étira sur ses lèvres. Le Hapien venait de mettre la main, ou plutôt l'oreille sur un détail qui pourrait tout changer pour la prochaine étape. Il entrait à demi dans le rôle de Lou, le déviant légèrement cela dit. Il n'était plus un drogué minable accompagné de son garde du corps sinon le partenaire du chasseur de primes Ark-Ni, Vask. Lui aussi avait jugé intelligent que Karm ne donne pas leur statut de Jedi à Fantôme, suivant le schéma habituel d'une infiltration consistant parfois à endosser diverses identités.

Comme il avait procédé à l'interrogatoire informel de Mat'Ilda, Luke fut celui qui accueilli sa camarade, un sourire assuré fardant toujours ses lèvres, alors que n'importe quelle femme, davantage encore une prostituée, le mettaient vraiment mal à l'aise.

- Bonjour Clarisse, je suppose que tu sais.
- Ouais, des causeurs? J'aime pas vraiment ça. j'suis venue car j'en devais une à Mat'Ilda. J'vois pas ce qu'elle vous trouve, moi j'vous trouve une tête de fouineur à tous les deux.

Le Hapien évalua la situation, plus à l'abri que la Twi''Lek, l'humaine, protégée par l'ingénieur serait plus difficile à convaincre.

- Nous avons besoin que tu rentres chez ton client, J.J Bones, comme il se fait appeler.
- Ah ouais? Et pourquoi j'prendrais le risque de moisir mon gagne-pain? De l'argent? J.J est pas un gros richou mais c'est largement suffisant et c'est constant.
- Tu as un frère- Coupa à son tour Luke, jouant la même carte que Clarisse: l'impolitesse nappée d'arrogance.- et il est en prison... Pour un sacré bout de temps. Nous pouvons parler en sa faveur pour réduire sa peine.
- Qu'est-ce qu'y me prouve que...? - Elle avait blêmi et Karm pourrait sûrement le voir. D'ailleurs, par automatisme, la prostituée perdant de son assurance cherchait un certain réconfort dans le regard fluorescent de ce dernier.-
- J'ai eu les infos, non? Prisonnier politique... C'est pas facile à atteindre ce type de choses, c'est gardé jalousement par le gouvernement, et pourtant j'y ai eu accès. Imagine comme mon bras est long.
Clarisse se tut, luttant contre son désir de se jeter à corps perdu sur cette occasion: celle de faire libérer ou du moins réduire la peine de son politicien de frère. Un petit rebelle sans grosse envergure pour qui Luke espérait obtenir une faveur plus tard, jouant sa carte, selon laquelle, le gouvernement Arkanien l'appréciait.

- Regarde- moi dans les yeux.- Ordonna le Jedi qui espéra un temps de sentir l'attention focalisée de la femme, sans être sûr qu'elle ait vraiment obéi.- Crois-tu, enfin, qu'un "mec" comme moi peut survivre ici? Sans lien? Sans "amis"?

Son sourire s'affadit, il fronça les sourcils, essayant une fois de plus de transformer sa faiblesse en force. Cela dut convaincre la prostituée qui hocha la tête. Peut-être que ces deux-là mentaient, qu'ils ne feraient rien pour Bruce, son frère enfermé dans les geôle d'Arkania, mais Mat'Ilda lui avait dit qu'ils l'avaient bien payé et elle avait livré ses impressions de prostituées- en général aussi perçante, voir plus que celle des Jedis.- sur les inconnus: intransigeants, bizarres mais plutôt honnêtes.-. Un espoir, un seul lui suffisait pour prendre le risque de saccager sa seule assurance de salaire décent en ces lieux. Retrouver son frère serait de toutes manières une amélioration de vie incommensurable comparé à l'argent que lui donnait J.J en échange de ses services. Elle décida donc de courir le risque, craignant qu'en plus les deux individus ne choisissent de maltraiter ou tuer Bruce si elle n'intercédait pas. C'était déjà beau qu'ils jouent à ce type de chantage "positif" au lieu de justement, l'inciter à obéir par la menace.

- Je disais donc, nous avons besoin que tu rentres chez ton client, pour récupérer ses clés, ou récupérer le mot de passe de l'alarme s'il y en a un. Ensuite, quand avais-tu rendez-vous avec lui?


Luke avait même pensé à lui demander de fouiller, mais elle risquait de faire preuve de mauvaise foi ou simplement d'inexpérience en ne récupérant que la moitié des informations. De plus, Clarisse restant une civile, il voulait éviter de l'impliquer davantage.

- Cet après-midi.

- Parfait. Arrange-toi pour faire durer le rendez-vous et propose-lui de finir celui-ci dans un merveilleux jardin romantique ou je ne sais quoi. Offre-lui un extra -que nous te payerons- je m'en fiche, du moment que c'est dehors.

- À condition que vous ne saccagiez rien et ne piquez rien, parce que c'est un gros lard vantard mais il est pas si con non plus. C'est un ingénieur. Il f'ra le lien.

- On ne volera absolument rien. Personne ne saura, et si c'était le cas, nous prendrons tout pour nous.

La prostituée hésita encore, le marché paraissait trop honnête. Luke lui tendit son Datapad avec les données concernant Bruce. Le petit politicien en herbe avait pris 10 ans. On ne rigolait pas sur Arkania, et la moindre rébellion était sévèrement reprise, surtout lorsque l'auteur n'était pas un pur-race. Le jeune homme posa son regard dans celui de Clarisse, touchant cette fois en plein dans le mille de ses prunelles sombres. Leurs yeux combattirent un instant, et ce fut étrangement la voyante qui perdit, acceptant d'un petit "ok" avant de se reprendre, d'une voix bravache.

- Si vous tenez pas promesse, j'vous jure que j'vous fait castrer.

Luke haussa les épaules comme si la menace ne les préoccupait guère. Soit parce qu'ils étaient bien plus puissants qu'elle ne l'imaginait, soit parce qu'ils avaient bien l'intention d'accomplir le plan. La femme clos la porte, et le Hapien se leva pour s'asseoir sur le lit avec un léger soupir. Faire face à de petits délinquants ou des prostituées qui en avaient déjà trop vu n'était pas simple. Les accrocher à leur promesse encore moins, raison pour laquelle Karm et lui devaient se préparer au cas où si Clarisse les trahissaient. Cette dernière avait cependant beaucoup à gagner et elle semblait également maligne.

- Alors, Vask, prêt à jouer les voleurs et à entrer par effraction?

Demanda-t-il en sortant de sa ceinture utilitaire une clé possédant déjà un dispositif prêt à copier des documents informatiques. Luke n'était pas du tout à l'aise avec cette idée... Rentrer chez quelqu'un sans mandat, impliquer une civil, si prostituée soit-elle voulait dire violer une dizaine de règlements. Son cher protocole en prenait un sacré coup, mais le Hapien savait qu'ils n'avaient pas le choix, être avec Karm stimulait son côté aventurier, de plus, il saisissait petit à petit le sens d'être sur le terrain, de se salir. Cela dit, il lui manquait encore de l'expérience.

- T'as un plan pour la suite? Je ne voudrais pas retarder... Si on arrive à rentrer là-dedans, tu sais que je ne serais pas aussi efficace. Par contre, si on nous attrape, je pourrais les occuper un temps, puis tout prendre sur moi lorsque je me rendrai.

Proposa le jeune homme sans inquiétude apparente. Il ferait son devoir, lorsqu'une femme et un gamin étaient en danger, impossible de se montrer pusillanime. Encore faudrait-il que Clarisse revienne avec le moyen d'entrer chez Bones.
Karm Torr
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— Le cambriolage, c’est ma grande spécialité, répondit l’Ark-Ni d’un ton tranquille, qui était tout aussi bien celui qu’il employait pour plaisanter que lorsque la situation était grave, si bien qu’il était difficile de savoir s’il était sérieux.

La vérité, c’était que la vie d’un Jedi de l’ExploCorps n’était pas toujours faite de planètes désertes et de nature riante. Parfois, l’on tombait sur les ruines de civilisation ancienne dont les immeubles refermaient encore, derrière des serrures centenaires, de très anciens secrets ; d’autres fois, on arrivait sur un monde habité, où les affaires locales exigeaient de faire preuve de bien des talents. Karm explorait donc les bâtiments et les villes comme il explorait la pleine nature et ces visites-là exigeaient quelques talents de crocheteur de serrure.

Le jeune homme quitta son fauteuil pour s’asseoir à côté de Luke et passer un bras autour des épaules de l’Hapien.

— On va pas s’mentir, c’est clair que pour s’infiltrer dans la prison ou je sais trop quoi, là où il les gardent captifs, c’est sans doute préférable que j’y aille seul.

S’il mettait un point d’honneur à impliquer Luke autant que possible sur le terrain, et même dans le feu de l’action, parce qu’il était persuadé que le jeune Jedi pouvait devenir un combattant parfaitement compétent avec l’expérience, comme tant de Maîtres aveugles, au fil de l’histoire, en avaient apporté la preuve indubitable, et s’il traitait le plus souvent son compagnon comme quelqu’un de pleinement valide, secourir deux civils leur imposer de ne prendre aucun risque.

— En revanche, si t’as des contacts ici, puis, j’veux dire, de manière générale, t’es plus malin que moi avec les gens, pendant que j’irai les récupérer, ce serait pas mal si tu pouvais assurer l’extraction planétaire, quoi. Parce que bon, c’t’une chose de les tirer de la prison, c’en est une autre de s’assurer une porte de sortie, et encore une troisième d’aller au lieu de rendez-vous. Va nous falloir de la logistique, de l’organisation et possiblement quelques faveurs.

Même l’heure n’était pas à mettre la charrue avant les bœufs. Les deux Jedis se livrèrent à de nouvelles recherches en attendant que Clarisse leur communiquât le signal adéquat et, quand la jeune femme leur fit parvenir un message assurant qu’elle était avec Jones pour quelques heures, loin de l’appartement, ils se mirent en route.

Se faufiler dans les rues de la ville en toute discrétion n’était pas une tâche aisée et Karm remerciait la Force du froid qui régnait sur Arkania et qui, en imposant de se couvrir, capuches à fourrure incluses, dissimulaient l’étrangeté de leur physique aux yeux des locaux. Dans les ruelles de la ville néanmoins, les Jedis multiplièrent les détours, jusqu’à arriver au pied de l’un de ces grands immeubles résidentiels que l’on trouvait dans tous les quartiers modernes des planètes de la Galaxie.

Après l’avoir contourné pour gagner une porte de service, Karm dégaina son datapad et entreprit de craquer la serrure. Le système électronique était assurément plus moderne que ceux auxquels il était habitué lors de ses expéditions archéologiques mais, comme le temps ne pressait pas trop, il eut tout le loisir de réfléchir, avant que le vrombissement magnétique de la serrure qui se désactivait ne se fît entendre, sous la rumeur des speeders traversant le ciel.

Les deux jeunes hommes se faufilèrent dans le local à poubelle. A partir de là, il ne restait plus qu’à prendre l’ascenseur. L’immeuble était si grand et il comptait tant d’appartements que Karm doutait fort que tous les résidents se connussent. De fait, lorsqu’une vieille dame arkanienne les rejoignit dans l’ascenseur, elle les salua distraitement, sans paraître s’inquiéter, et ils purent écouter tous les trois l’infernale musique d’ambiance.

— On dirait que ça va neiger, hein, remarqua l’Arkanienne.
— Ah, ça, mais c’est pourtant pas la période, hasarda Karm.
— Y a plus de saisons, qu’est-ce que vous voulez.
— Dans le temps, c’était pas comme ça.
— C’est à cause des chemtrails des vaisseaux, ça.
— On nous dit pas tout.
— Bonne journée.
— Bonne journée.

Et les portes se refermèrent derrière la vieille dame, satisfaite d’avoir couvert ces importantes vérités. La cabine reprit son ascension et Karm expliqua :

— Je gère avec les grands-mères, c’est mon côté gendre parfait.

Au quarantième étage, les portes s’ouvrirent pour donner sur un couloir où s’alignaient, toutes identiques, les portes des appartements. Devant celle de Jones, le datapad remplit à nouveau son office et les deux Jedis purent pénétrer dans un appartement qui ressemblait fort à ceux que l’on voyait dans les brochures publicitaires des vendeurs de meuble : élégant sans doute mais parfaitement impersonnel. Karm, qui avait retiré ses chaussures avant d’entrer, pour éviter de laisser des traces qui auraient trahi leur présence, les déposa soigneusement dans l’entrée, avant d’entreprendre d’inspecter les lieux.
Luke Kayan
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- Je vais devoir faire attention à mes diamants dans ce cas, et à mon compte en banque sur Alderaan.

Répondit le jeune homme, un faux air suspicieux éclairant son visage. Les infiltrations, plus encore que le fait d'avoir un jour vu, lui permettaient de conserver des expressions faciales plutôt vive pour une personne atteinte de cécité. Il avait longuement travaillé avec des professionnels de la police ou au Temple afin de moduler ses traits pour sa plus grande infiltration, la première d'ailleurs sur Coruscant. Bien que ce ne soit pas spécialité- il travaillait davantage avec des nuances presque infimes de ton, et profitait sans s'en rendre vraiment compte du charisme de sa race.- le résultat n'était pas mauvais. Heureusement par ailleurs, car le Capitaine Brack s'était arraché le peu de cheveux qui lui restaient lorsque Luke lui avait signifié ne pas du tout saisir l'idée d'une expression "calculatrice".

- Je m'occuperai de ça.

D'un hochement de tête, Luke clos l'affaire, signant des négociations qui n'avaient même pas eu besoin de commencer pour qu'ils se mettent d'accord. Chacun avait sa place dans l'équipe, et du moment que le Hapien ne restait pas les bras ballants, le rôle lui importait peu, conscient qu'il était de ses faiblesses, moins de ses points forts, certes.

- En ce qui concerne le frère de Clarisse, j'ai des contacts sur Arkania suite à une mission. Je ne lui ai rien promis, mais je pense pouvoir arrangera, son délit restant mineur. C'est surtout une question de fierté du gouvernement et son goût pour le suicide qui l'y ont mené. Quant à la femme de Far'Sic et leur enfant, je ne sais pas s'ils sont retenus dans l'entreprise ou chez un haut-gradé de l'entreprise... Cela dit je suppose qu'un bébé reste compliqué à cacher, surtout qu'il faut subvenir à ses besoins. Si j'avais accès aux comptes des employés des plus hautes sphères, je pourrais voir si quelqu'un n'ayant pas d'enfant ou des enfants d'un certain âge achète des couches. Il est aussi possible que le preneur d'otages ait déjà un bébé, ce qui couvrirait les traces de l'autre, mais les frais resteront doublés par deux. Pareil si ce type d'achats se reflète dans le compte de l'entreprise. De toutes manières, ils doivent le maintenir en vie, c'est un moyen extrêmement précieux pour mettre la pression à quelqu'un, et s'ils l'achevaient dans un accès de colère, le père pourrait décider de sacrifier sa femme et de les trahir. Donc, en plus de choses louches vagues, je vais, de mon côté, suivre la trace du bébé.

Le jeune homme avait expliqué tout ceci en s'habillant. Il avait été un peu surpris que Karm juge que ce soit une bonne idée de l'emmener chez Bones fouiller, mais ce n'était pas lui qui allait rechigner. Malgré une certaine crainte de retarder la mission alors qu'ils ne pouvaient se permettre une seconde de gaspillée, Luke aimait se rendre avec son compagnon sur place. Premièrement il peinait à le reconnaître, mais s'inquiéterait moins pour lui, ensuite, il avait ce côté légèrement aventureux qui lui permettait de surpasser ses appréhensions.

Après la discussion - exceptionnellement productive- entre le gendre parfait et la mamie, un "pim" libéra les deux Jedis des badinages infernaux.

- Cambrioleur mais élégant et raffiné. Ça ne serait pas copié d'un personnage de roman, ça? Allez, après vous Mr Gendre Parfait.

Fit Luke, gentiment moqueur, tout en abaissant sa capuche et se permit d'ouvrir la fermeture éclair, découvrant ses cheveux rattachés avec un certain soin, une fois n'est pas coutume, afin d'éviter, lui aussi de laisser des traces. Après avoir soigneusement fermé la porte derrière eux, le jeune homme retira également ses chaussures et entreprit de suivre Karm. Remarquant que l'appartement était plutôt bien rangé, il prit de l'assurance et changea sa route, fouillant les alentours avec soin. Ses mains, gantées pour l'occasion, finirent par trouver au petit bonheur la chance, le bureau de l'homme. Sans vraiment savoir ce qu'il copiait, le Jedi laissa son USB faire le travail et avaler tout le contenu de l'ordinateur de Bones. Par chance, l'appareil d'origine militaire était puissant et J.J plutôt confiant car Luke n'aurait jamais pu se battre contre un ingénieur chevronné et précautionneux dans une guerre de codes. Après quelques minutes, il avait décrypté le mot de passe et accédait aux archives qu'il faudrait étudier plus tard, probablement de longues heures car l'appareil était surchargé de données visiblement.

Le jeune Jedi passa ensuite une liseuse sur les papiers en désordre dans les tiroirs, il s'intéressait à la première ligne, clamée dans l'écouteur accroché à son oreille puis décidait de faire une photo ou non. J. J ne semblait guère travailleur une fois de plus, puisqu'il avait plus de factures concernant des films peu convenables ou des visites de filles que des dossiers de boulot. Le pire fut copier tout un classeur qui indiquait "LE projet", bien caché cette fois, dans un faux-sol de tiroir. Manque de chance pour Bones, Luke était un cambrioleur lent qui laissait certainement passer des détails, comme des papiers que sa main ne touchait pas en coin de bureau ou un petit meuble échappant à sa fouille, mais au jeu du toucher, difficile de gagner. Il avait immédiatement senti l'imperceptible déséquilibre qui faisait pencher le fond du tiroir et n'avait pas tardé à soulever la planche.

- J'ai trouvé un gros dossier concernant LE projet, mais il peut s'agir d'un travail commercial, d'ailleurs je pense que c'est surtout ça... Ça peut nous aider à leur faire peur, au pire du chantage mais pas directement savoir où sont les otages. D'ailleurs, évidemment, pas de bébé ici.

Qui aurait choisi un ingénieur célibataire pour garder une femme apte à se défendre même minimement à la moindre faute d'attention. L'adage : "cacher quelque chose à la vue de tous" avait ses limites. Il revint au salon après avoir mis de l'ordre dans les doubles copiés sur le Datapad, puis copié sur une plateforme appartenant à un réseau fermé. S'ils se faisaient prendre, une nombre réduit de personnes, dont la République pourraient y avoir accès, suffisait simplement de l'activer en appuyant sur un bouton.

- Par contre j'ai eu des pass, deux cartes normales, dont l'entrée principale puis celle du département et une autre plus mystérieuse, je pense rarement distribuée. Je suppose que là encore, cela à avoir avec LE projet. À mon avis, J.J Bones est du genre petit génie fainéant. Je me demande s'il travaille avec Far'Sic... Et si nous aurions intérêt à entrer dans l'entreprise même sans être certain que la femme et l'enfant y soient retenus...

- Déclara le jeune homme, laissant comme souvent sa phrase en suspens pour offrir à Karm la possibilité de donner des hypothèses. Ces dernières achevaient souvent d'éclairer Luke, de l'appuyer ou même de lui faire changer d'avis. Ainsi, il avait délaissé l'idée de percer le mystère de la Locale, une drogue sur Naboo. Pour en revenir à leur affaire, parler avec Far'Sic ne servirait guère, sinon à se faire repérer à cause des réaction d'un homme sous stress constant et non entraîné pour feindre. L'enthousiasme ou l'inquiétude mettraient en lumière les deux individus lui ayant parlé. Impossible de s'approcher de lui. En revanche, LE projet restait une piste parallèle intéressante.-
Karm Torr
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Les bras croisés, Karm avait soigneusement détaillé la disposition des lieux, pour être certain de pouvoir remettre de l’ordre dans les papiers et l’appartement, après leur passage. Tout discret et délicat que Luke fût, il pouvait difficilement se rendre compte de ce à quoi avait ressemblé l’endroit à leur arrivée. Une fois copié tout ce qu’il avait à copier, les deux Jedis partirent comme ils étaient venus et Karm travailla longuement la serrure magnétique, afin qu’un dysfonctionnement ne trahisse pas leur visite.

Dans l’ascenseur, il rappela :

— Faut voir qu’on est pas ici pour enquêter sur Far’Sic, sur la Rev’Corporation ou sur un quelconque projet. On est là pour localiser les cibles et extraire. Je sais que c’est un peu, j’sais pas… C’est vachement moins stimulant intellectuellement, et puis moins valorisant, mais faut pas qu’on s’éparpille. Tu comprends ce que je veux dire ?

Leur mission ressemblait pour le coup beaucoup plus à celle d’un Gardien qu’à celle d’un Consulaire et Karm craignait que les habitudes de Luke, grand adepte d’enquêtes tortueuses, ne l’aient mal préparé au genre d’efficacité un peu obtus que ces affaires-là exigeaient. L’Ark-Ni de son côté s’attendait à naviguer dans le brouillard le plus total, à ne pas en savoir beaucoup plus sur la corporation, l’ingénieur kidnappé ou la planète en repartant que lorsqu’ils étaient arrivés et à être surtout l’exécutant d’une mission dont le sens pour l’essentiel lui échapperait.

Il n’avait pas non plus osé dire à Luke que son idée de traquer les frais de nourrisson l’avait laissé dubitatif. Les sommes devaient être dérisoires dans les comptes titanesques d’une société multiplanétaire et Karm ne se faisait pas trop d’illusion sur le degré de précisions des opérations comptables de la Rev’Corporation. Mais il avait gardé sa remarque pour lui, craignant de froisser Luke, ou pire encore, de le décourager, en se montrant insuffisamment réceptif à ses idées.

Quand ils regagnèrent l’hôtel, il fut temps de se pencher sur les données récoltées. C’était un travail long et fastidieux, qui disposait à de longues heures de silence, à parcourir des documents pour l’essentiel sans aucun rapport avec leur mission, mais dont on ne pouvait pas présumer du contenu avant de les avoir lu intégralement. Les minutes puis les heures défilèrent. Un droïde vint leur apporter à manger mais Karm fit à peine attention à ce qu’il engloutissait. De temps en temps, il faisait un commentaire distrait, plus pour s’assurer que personne ne s’était endormi que par réelle nécessité.

— Far’Sic doit définitivement travailler pour ce projet mais dans l’absolu, on s’en fiche, je pense. Enfin, on transmettra ça à l’Ordre et ils en tireront les conclusions qu’ils voudront mais c’est pas notre problème.

Ils durent faire une pause pour dormir et, au petit matin, le travail repris. Karm, assis en tailleur par terre, vêtu de son seul boxer, achevait la dernière liasse.

— OK. J’pense qu’on peut considérer qu’il y a trois sites potentiels. Reculés, faciles à garder et protégés des inspections civiles parce qu’ils bossent sur des projets secret défense pour le gouvernement arkanien. Donc, il y a le complexe sous le glacier sud, il y a le Dôme, le centre de recherche du centre-ville, et en troisième, un ensemble de bunkers à une vingtaine de kilomètres de la ville.

Pour s’aider, Karm avait affiché une carte holographique de la région au-dessus de son datapad. Il la fit tourner dans plusieurs sens avant de conclure :

— Le glacier, j’y crois moyen. Pour motiver Far’Sic, ils doivent l’amener souvent voir sa famille et pour ça, ils veulent sans doute minimiser les déplacements. Et faire qu’elle soit pas détenue dans des conditions trop horrible non plus. J’penche donc pour le Dôme ou, à la rigueur, les bunkers. C’est plus près du site du projet. Quant à choisir entre ces deux-là, à moins de passer trois semaines en planque à surveiller toutes les allées et venues, et encore… Je propose de s’en remettre à la Force.

Par là, concrètement, il voulait dire se plonger dans une méditation profonde et suivre leur intuition, qui les guiderait vers le bon endroit. C’était une proposition audacieuse, même pour un Jedi : nombreux étaient ceux qui préféraient se reposer d’abord sur la raison et ensuite sur ces expériences étranges. Mais Karm était un mystique convaincu et il avait une pleine confiance dans la Force. Pour peu qu’ils s’y montrent assez attentifs, alors qu’ils avaient déjà de nombreux éléments en main, elle saurait les placer sur le bon chemin.

Le jeune homme leva les yeux vers Luke.

— J’suis désolé, j’suis un peu en train de t’imposer mes méthodes. C’est pas la première fois que je fais ce genre de trucs mais je veux pas donner l’impression de prendre toute la place et tout…
Luke Kayan
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[HJ: Pas fameux, désolée :/]

- Je comprends.

Par chance, Luke n'avait pas une trop grande fierté, de celles mal placées qui aveuglent. Il était néanmoins parfois facile à décontenancer, et l'impression de mal faire lui volait la place qu'il pensait avoir réussi à se faire. Dans ces cas-là, le jeune homme se retrouvait désœuvré. C'est donc comme un Padawan pris en faut qu'il accepta la "remontrance". Habitué aux longues enquêtes qui se résolvaient sur le long terme, il avait peu pour ne pas dire jamais participé à un sauvetage express, car bien que l'entreprise semble vouloir continuer à profiter du savoir de Far'Sic, un changement d'attitude pouvait surgir. Et si l'ingénieur désespéré ou très amoureux -voir les deux- décidait d'agir, condamnant sa femme et son fils? Ou que le projet, s'il y travaillait, était terminé? Luke saisissait l'enjeu et laissa donc la main au Gardien, habitué à agir, lui, dans l'urgence.

Presque en silence, tous deux travaillèrent en mangeant un en-cas sans saveur. Le réveil se fit tôt et sans caprice, le blond rejoignit son poste de travail, un ordinateur avec des écouteurs qui lui permettaient d'accéder aux données de l'écran sans polluer l'espace audio de Karm.

- Ne t'excuse pas. C'est moi l'incompétent -et encore! Heureusement que l'Ark-Ni avait eu la délicatesse de ne pas mentionner son plan concernant la recherche sur des dépenses en produits infantiles, sur une longue enquête il aurait pu fonctionner mais était aujourd'hui trop hasardeux. Par chance, Luke ne savait pas vraiment ce qu'en pensait son ami, bien que la piste soit visiblement abandonnée, ne serait-ce que par le silence qu'on lui prêtait. Là, il aurait vraiment commencé à se sentir de trop.- donc logiquement, on fait comme tu le dis. Par contre, s'en remettre à la Force? Qu'est-ce que tu veux dire par là?

Après tout la femme de Far'Sic n'était pas Jedi. Quant à son fils, même si son dossier médical indiquait qu'il possédait suffisamment de Midichloriens pour être sensible à la Force, son taux demeurait très faible, trop pour en faire un jour un membre de l'Ordre. Et de toute évidence un bébé n'envoyait pas de signal clair sur sa détresse ou sa position à travers elle. Luke avait toujours été reconnaissant envers la puissance mystique qui avait choisi de couler dans ses veines cependant il restait sceptique quant à la suivre dans des circonstances aussi floues. Pour lui, elle évoluait dans un monde où les enfants enlevés n'existaient pas. Elle n'était qu'un ensemble de particules formant un courant pareil à celui qui agitait les mers: vital, vivant mais en-dehors de toute conscience. Celui qui l'appelait "mère" ou la traitait comme une amie étant jeune s'était fait une raison, elle avait ses limites. La Force était une créature, un animal dont les membres pouvaient se diviser, traverser la peau et le sang, dotée de pouvoirs exceptionnels, mais si mystiques, justement, qu'elle ne pouvait pas envoyer de messages si précis. Certains Jedis parvenaient pourtant à localiser des otages, ou à obtenir des réponses, jusqu'à découvrir un pan de passé tout entier rien qu'en touchant un objet, voir, le futur? Luke n'avait jamais eu de rêves prémonitoires, bien qu'il sente en général, vu son hyper-sensibilité, le danger avant tout autre. Mais comment retrouver des personnes lambdas ne laissant aucune empreinte spécifique en son sein? Le Hapien se demanda s'ils ne risquaient pas de perdre du temps justement, ce fameux temps qu'ils n'avaient pas.

En silence, il posa ses yeux sur la silhouette invisible de l'Ark-Ni, intrigué, curieux, en partie confiant malgré sa réserve naturelle qui aurait tendance à le faire bondir dans un premier temps. Il avait vu son ami faire des choses extraordinaires, et avait même ressenti un certain mal-être en découvrant que celui qui était sensé être un "Gardien" maîtrisait également mieux la Force que lui. Heureusement incapable d'éprouver de la jalousie, l'amoureux des preuves écrites, des papiers ordonnés décida de donner le bénéfice du doute à un homme qu'il jugeait modeste, apte à reconnaître ses limites. Jusque là c'était lui qui faisait avancer l'enquête et son hypothèse concernant la rétention d'otages dans un lieu proche semblait logique -bien que le cartésien Luke aurait aimé pouvoir le vérifier pour s'en assurer, tout en pensant déjà aux preuves à apporter au tribunal. Toujours trouver des traces.-

- Est-ce qu'on devrait se séparer pour explorer? Et entrer comme on l'a fait chez Bones?

Aller au petit bonheur la chance? Était-ce vraiment professionnel? Quoique... Vu où le professionnalisme l'avait mené.

- Karm, je peux appeler l'Ordre, expliquer la situation et faire envoyer quelqu'un d'autre si besoin. Je ne suis pas stupide, ni un gamin, et je n'en voudrais à personne si... On devait me remplacer. Je ne suis pas habitué à ce genre de travail et vraisemblablement je ne pourrai pas participer à une extraction rapide d'otages comme on en a parlé. Je peux faire jouer de mes relations depuis Ondéron. Je préfère évidemment continuer avec toi, mais il y a des vies en jeu, dont la tienne.

S'il ratait, s'il continuait à surfer sur sa vague d'échecs ayant pris racine sur Naboo, où il n'avait pour commencé, jamais pu démontrer qu'un laboratoire que son intuition disait fraudeur l'était vraiment. Et Luke cachait plutôt bien son désarroi à tel point qu'une personne le connaissant peu n'y verrait que du feu. Son petit désir n'avait aucun lieu d'être, pas plus que sa fierté vu les enjeux. Le problème? Karm le connaissait bien. Mieux que personne, probablement.
Karm Torr
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Dans la petite chambre d’hôtel, Karm fixait gravement son compagnon. La situation, bien sûr, n’était pas idéale. Jetés comme ils l’étaient dans une intrigue qui risquait fort de requérir surtout des coups de sabre et des fuites précipitées, Luke était gravement handicapé, et l’Ark-Ni sentait peu à peu la confiance toujours si fragile de son ami vaciller à mesure que les circonstances échappaient à ses habitudes.

Il savait ce qu’il avait affaire. Prendre la direction des opérations, mais pour de bon. Donner des ordres, planifier, réconforter Luke, lui montrer qu’il pouvait se reposer sur lui, tout en ayant son utilité, bref, se comporter comme un leader, comme le chevalier plus âgé et plus expérimenté qu’il était. C’était une perspective qui mettait l’Ark-Ni mal à l’aise. Elle était à la fois étrangère à sa culture et à son tempérament.

— T’sais, euh, je…

Ce n’était pas un excellent début. Karm se mordit la lèvre. Il prit une profonde inspiration et, du ton le plus assuré dont il était capable, il déclara :

— Tu restes ici. Sur Arkania. On a pas le temps d’attendre des renforts. Sur une planète comme celle-ci, notre présence ne passera pas longtemps inaperçu et au moindre signe suspect, ils déplaceront la famille. Tu restes, donc. Tu organises notre fuite. Il faut que tu nous trouves un vaisseau, avec ou sans pilote, et une autorisation de sortie de l’atmosphère de la part des autorités planétaires. Avec les contacts que t’as ici et ton habitude des rouages administratifs, ton esprit de méthode et ton sens de la logistique, y a aucun autre Jedi que je préférerais avoir à mes côtés. Donc tu fais ça.

Petit à petit, Karm prenait confiance. Ordonner quoi que ce soit ne lui plaisait guère mais l’urgence de la situation lui permettait de dépasser ses réticences. D’ailleurs, sur Belsavis, Maître Ekkt ne lui avait-il pas, après que l’artefact sith ait révélé le goût de la domination qui dormait au fond de l’Ark-Ni, qu’il était possible d’être un chef sans être un tyran et de dominer sans écraser les autres ?

— Moi, je me charge de les repérer. J’ai confiance dans la Force. Je sais que ça paraît… Démesuré, peut-être. Irrationnelle. Mais j’ai confiance.

Plus que de la confiance, c’était de la foi, une foi sincère, pure, brûlante, qui aurait sans doute relever du fanatisme si Karm n’était pas par ailleurs profondément progressiste.

— Je les extrais, tu nous attendras non loin de là avec un speeder qu’il faudra aussi que tu trouves. Nous fuirons vers l’astroport et décollerons avec le vaisseau. Il n’est pas impossible qu’on soit pris en chasse mais s’il leur faudra sans doute un moment pour réagir. En tout cas, ce serait préférable si le vaisseau était armé mais je préfère encore la rapidité et la maniabilité. Ensuite, nous ferons plusieurs sauts dans l’hyperespace, pour brouiller les pistes, avant de nous diriger vers le lieu du rendez-vous. Et là, en fonction de ce qu’on trouve, on avisera.

Karm se releva, prit la main de Luke et l’attirer contre lui. Ses mains vinrent se poser au creux des reins de l’Hapien et, définitivement, ce jour-là, malgré ses traits androgynes et son insistance sur la fluidité des genres, l’Ark-Ni avait l’air bien viril.

— T’inquiètes pas. J’ai déjà libéré plusieurs fois des prisonniers. J’ai l’habitude des terrains inconnus et de l’improvisation. On me large sur des planètes hostiles, je récupère les gens en détresse et je m’enfuis. Je sais que je peux compter sur toi et c’est ce que je fais.

Et cette déclaration conquérante s’acheva d’un baiser digne des meilleurs holofilms, ce qui n’était certes pas la conclusion ordinaire d’une dynamique entre leader et subordonné dans un duo de Jedis. Une fois leurs lèvres séparées, Karm ne retint pas un soupir rêveur, avant de préciser :

— Cela dit, j’veux bien récupérer mon sabre. Mieux vaut mettre toutes les chances de notre côté. Et puis, je me suis imprégné du tien. Et il m’a beaucoup aidé. A progresser. A mieux me comprendre. Et à te comprendre, aussi.

Ils avaient échangé leurs sabres, dans une cérémonie personnelle dans la plus pure tradition des Jedis, pour marquer leur fidélité l’un à l’autre, et Karm avait longuement médité sur l’arme de Luke, sur ce que cela voulait dire que d’être un Consulaire, sur la personnalité de son ami, sa présence dans la Force, qui s’était attachée peu à peu aux cristaux du sabre. Le sabre de Luke l’avait accompagné sur le chemin qui lui avait permis de se détacher de sa douloureuse formation de Padawan et il se sentait désormais prêt à aller de l’avant.

— Allez, beau gosse, lança Karm, en déposant un baiser dans le cou de Luke, en piste.

Pour sa part, il acheva de s’habiller, déposa le sabre de Luke près du Hapien, récupéra le sien, le fit tourner quelques instants dans ses mains, pour mieux s’en réapproprier la forme, et se prépara à partir, porté par la Force et ses intuitions, à la recherche de ses fameux otages.
Luke Kayan
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- Ce sera avec pilote, je suppose.

Luke se dégagea doucement de l'étreinte de Karm- depuis quand était-elle si ferme, si sûre?- au même moment où ce dernier retirait sa paume. Il n'avait pas été rassuré malgré les paroles de celui-ci. Dans sa tête raisonnait de manière irraisonnée sans doute la phrase "On a pas le temps d'appeler des renforts.", et lutter contre l'impression que c'était ce constat, plus que ses dons en logistiques qui poussaient son ami à vouloir le garder devenait difficile. Il fit cependant bonne figure, tendant le sabre-laser du Gardien à son propriétaire.

- J'ai aussi longuement examiné les courbes du tien, suffisamment pour penser qu'il te correspond vraiment, apprendre de toi... Et lui offrir des vacances.

Un bref sourire accompagna la blague facile qui admettait sans peine que Luke ne s'était guère entraîné avec la lame trop court de Karm. Il fallait s'y attendre de la part d'une personne déjà peu à l'aise avec une épée de lumière. En revanche, le Hapien connaissait les mesures exactes de l'arme de son compagnon, la matière qui la composait, l'endroit où se situait le bouton, la taille du manche et l'endroit où les doigts s'encochaient parfaitement. C'était sa manière d'étudier les choses, de se les approprier et de les vivre, calmement, pallier aux plus d'imprévus possibles, ceux qui le rendaient aujourd'hui si mal à l'aise.

Sans mot dire, ni geste le blond se tourna vers le bureau, opposé à la sortie de la chambre. Il envoya pourtant une onde de Force se voulant rassurante et destinée à accompagner Karm encore un bout de temps quand il partirait. Il restait beaucoup de travail à faire. Un travail que n'importe quel Consulaire saurait faire, avec peut-être un peu moins ou plus de précision que Luke peut-être... Mais au moins, le jeune homme avait un but. Celui-ci quitta la chambre presque tout de suite après Karm. Le plus urgent était d'obtenir le vaisseau, préparer la fuite, puis la légaliser. Car si le Chevalier turquoise trouvait rapidement les otages, ils pourraient au moins partir en brisant les barrières, tandis qu'avec une autorisation, ils resteraient collés au sol avec leurs seules larmes pour semer les éventuels et très probables poursuivants.

Arrivé à l'Astroport, le blond utilisa le badge de J.J Bones pour prétexter avoir été mandaté par la si fameuse entreprise sur Arkania. Cela lui offrait une petite sécurité car les pilotes ne souhaitaient généralement pas décevoir l'immense bâtisse où au moins un proche travaillait. Eux, en retour voyaient une garantie d'être réellement payés en servant l'employé d'une si grosse boîte. Au bout de deux essais toutefois vains -cela coinçait toujours quand Luke mentionnait la présence d'un enfant et d'une femme comme passagers.- il commençait à se dire que si l'ultime tentative ne fonctionnait pas, il arrêterait de prétendre appartenir à la firme.

- Bonjour, je cherche un transport, c'est pour un projet de Rev’s Corporation.

La femme se raidit légèrement, cessant de nettoyer la carcasse de son chasseur 5 places, un vaisseau modifié aux courbes filiformes promettant vitesse et agilité. À l'instar de ses collègues de hangar, elle appréciait l'idée qu'une grosse firme la choisisse, pouvant lui promettre une future clientèle fidèle et régulière, seulement la Rev’s Corporation n'était pas connue pour sa transparence. Il était de notoriété publique que la puissante entreprise avait un côté sombre.

- Il faudra juste être un peu discret et aller vite. Mon employeur paye bien.

Souligna le Jedi en brandissant une nouvelle fois son badge, sans photo, mais que la pilote scanna avec son propre comlimk pour disposer des informations générales de Bones sur son datapad. C'était un réel pass. Une sorte de garantie donc.

- Très bien.

Insista le Hapien qui sentait que la trentenaire tardait à lui rendre le badge aux données falsifiés, de manière crédible du moment qu'on ne se penche pas trop sur la photo d'identifiée superposée de Luke sur l'originale. La trentenaire leva la tête, soupira et leva le nez, c'était la troisième personne que le jeune homme essayait de convaincre, il espérait que ce serait suffisant sans quoi il devrait passer à des pilotes de bas étages. Inutile de dire que mettre la vie des otages, de Karm ou la sienne entre les pattes d'un amant de la bouteille ou des bâtons de la mort désespérées et prêts à utiliser n'importe quel contrat ne le tentait guère.

- Il y aura trois autres passagers, un homme, une femme, un enfant. Normalement je peux obtenir les autorisations pour sortir d'ici en toute tranquillité, mais inutile de mentir, si ce n'est pas le cas, il faudra partir vite.

- Depuis quand votre compagnie est honnête? -Se moqua Urwaya- Et depuis quand ils font dans le social en employant des handicapés?

Ce fut au tour du Hapien de se raidir légèrement, tandis que curieusement, la pilote elle se relaxait.

- Pas d'bol, mon oncle aussi est doué pour essayer de cacher son p'tit souci de vue. Repéré. Et Rev's Corporation n'engage pas les aveugles, elle rend les gens aveugles. Si c'est pour leur nuire, j'accepte la course.

Surpris par le retournement de situation, Luke démêla plus ou moins la situation. L'oncle d'Urwaya aurait travaillé chez la compagnie aux financements occultes comme ingénieur lui aussi. Manquant toutefois de protections élémentaires sans parler des tests préliminaires, un produit aux émanations toxiques avaient fini par éteindre son regard pour toujours. Il avait été renvoyé sans indemnisation. Peu étonnant, si l'histoire était vraie qu'Urwaya ait la haine contre Rev's Corporation, bien qu'elle accepte de transporter les employés, pour une pure raison économique, parfois. Luke ne montra pas sa joie quant à l'opportunité, sondant la femme via la Force afin de déterminer son degré de sincérité.

- Oh, tu comptes prendre racine? Si t'es aussi peu débrouillard, j'reviens sur ma décision, hein, j'ai envie d'les faire chi** pas de mourir. T'es organisé au moins?

- Hum oui. D'accord, marché conclu. Tiens-toi prête à décoller quand il faut. Ah... Et arme ton vaisseau.

- Qui te dit que ma crevette a un jour été désarmée?

Deux "clong clong" résonnèrent, indiquant que la femme venait de donner une tape affectueuse au chasseur. Ils seraient un peu serrés dans ce transport léger et petit mais rapide, ça il l'était, Luke n'en doutait pas.

Au cas où, le jeune Jedi prit soin de conclure le même marché avec un pilote qu'il "planterait" sans remords lors de leur fuite, si Urwaya avait été sincère. Au moins, les voilà assurer avec deux potentiels transports, même si le "au cas où" était un pilote de seconde zone aux moeurs douteux... Karm sachant conduire, ils pourraient l'inviter à se reposer pendant la traversée au pire.

Rentré à l'hôtel, le Hapien commença à faire jouer ses contacts, d'une part pour faire libérer Bruce, le frère de Clarisse, ou du moins lui démontrer que de ce côté là les choses bougeaient. Il n'y avait guère plus dangereux qu'une femme, pire encore, une prostituée, trahie. D'autre part, le jeune homme continuait d'utiliser les pass et codes de Bones afin d'obtenir un droit de sortie de la planète. Il dû convaincre un fonctionnaire monnayant quelques crédits mais chargea tout le reste sur le compte de la compagnie, c'était un sale coup, mais vu le genre de personnages et surtout l'urgence, Luke n'avait aucun scrupule.

Transport ok.//

La liseuse activée, prête à lui lire une éventuelle réponse de Karm, le jeune homme se mit à organiser le départ précipité d'otages peut-être blessés. Des packs médicaux, du bacta...

Les doigts pianotant sur l'ordinateur, avec la touche en relief comme repère, Luke envoya un autre message à son ami: la raison: un petit "clic" victorieux après deux nouvelles heures de recherche.

Où es-tu? J'ai les plans.
L'écran blêmissait le visage de Luke, lui donnant des allures de fantôme. Les données défilaient si vite que la liseuse buguait parfois, cessant de parler ou s'exprimant dans un charabia incompréhensible. Elle se tranquillisa et "retrouva ses esprits" lorsqu'un plan apparu, suivi par un autre aussi trouvé dans les dossiers de Bones. C'était des cartes ordinaires, mais bien détaillées qui indiquaient, ô luxe, certains points de sécurité, notamment ceux qui nécessitaient des pass où le nombre de travailleurs, de gardes de sécurité. J.J avait aussi dû participer à l'installation informatique et logistique du dôme et des bunkers, ou plutôt le réaménagement récent. Il laissa un nouveau message sur le comlink de son ami, sachant que si ce dernier pouvait ou voulait, il l’appellerait.

Je ne sais pas si ça rejoint ton intuition mais, les bunkers ont été réaménagés il y a peu. Je peux te guider.

Proposa-t-il, un peu soulagé d'avoir trouvé cette pépite qui lui permettait d'éviter à Karm de divaguer dans un labyrinthe de couloirs. De la même manière, il pensait désormais que les Bunkers davantage récents et protégés pouvaient être le site qui abritait les otages, exactement comme l'avait pressenti son ami, avant d'obtenir cette carte. Bien que rien ne soit encore sûr, le Hapien se sentit impressionné par le chevalier Turquoise, et fier aussi.
Karm Torr
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L’exercice auquel il s’apprêtait à se livrer, il s’y était adonné bien des fois. Atterrir sur une planète inconnue. Fermer les yeux. Laisser la Force le pénétrer. Rouvrir les yeux. Marcher, au hasard. Pas au hasard. Marcher au travers de la Force. C’était une méditation en mouvement, plus calme sans doute que les techniques de transe combative que Tavaï, son ancienne Maître, lui avait apprises, mais plus complexes aussi. Dans une autre vie, Karm aurait pu être l’un de ces devins jedis qui interprétaient la Force et l’avenir pour le compte de l’Ordre. Son mysticisme l’y portait. Mais il avait pris un autre chemin.

Sans réfléchir — ou plutôt, en restant à cette limite de la conscience sur laquelle il fallait surfer, entre l’abandon entier et la lucidité —, il avait loué un speeder dans une petite concession non loin de l’hôtel. Il filait à travers les rues. Au-delà des rues. Il suivait la crête glaciaire de la vallée dans laquelle la ville était encaissée. Le froid lui fouettait le visage, malgré sa capuche et ses lunettes épaisses.

Les bunkers. C’était vers les bunkers qu’il se dirigeait. C’était là qu’il devait aller. Sa destinée. Le plan que la Force avait pour lui. Il n’avait pas peur, il ne craignait pas de s’être trompé. Sa foi était inébranlable. Plus tard, ailleurs, quand il ne serait plus dans le feu de l’action, déterminé par le but à atteindre, il éprouverait sans doute de l’incertitude et des doutes : tous les croyants en avaient. Mais Karm était un homme de terrain et, sur le terrain, sa résolution était ferme et ne vacillait pas.

Il arrêta son speeder en haut du plateau rocheux couvert de neige. En contre-bas, derrière lui, la ville occupait la cuvette à flanc de montagnes. Devant lui, des usines, des fermes sous dômes, de vastes installations industrielles s’éparpillaient dans la toundra désolée d’Arkania. Le complexe de bunkers de la Rev’s Corporation se dessinait non loin de là et Karm était justement en train de méditer son plan d’approche quand Luke lui fit parvenir un message. L’Ark-Ni brancha son comlink.

— J’suis pas très loin des bunkers, justement.

Il avait dit cela d’un ton dégagé, comme si la certitude surnaturelle qui l’avait poussé jusque là était parfaitement ordinaire.

— Balance les plans, j’vais me rapprocher encore un peu.

Une nouvelle fois, il enfourcha son speeder et entreprit de descendre le flanc du plateau, pour se faufiler entre les usines et les installations agricoles. Il s’arrêta à une bonne centaine de mètres des bunkers. Les grillages entouraient ces bâtiments sombres qui se détachaient au milieu de la glace et de la neige. Des drones survolaient l’endroit constamment mais les gardes humains paraissaient peu nombreux. En réalité, les lieux abritaient quelques services administratifs qui traitaient des données confidentielles et les appartements des otages. Ces derniers étaient sous bonne garde, à n’en pas douter, mais ils ne justifiaient pas une débauche de moyens. Toute puissante que fût la corporation, elle ne pouvait pas se permettre des dépenses extravagantes pour garder une femme seule et un nouveau-né.

— OK. J’passe en silence radio.

Karm coupa son comlink. Il avait avisé un convoi de livraison qui s’apprêtait à pénétrer dans l’enceinte. Il courut en toute vitesse en direction du speeder de queue, alors que celui-ci ralentissait à mesure que les véhicules qui le précédaient présentaient leurs identifiants au garde et, après une glissade sur la neige, s’étant retrouvé sous l’engin, il s’y agrippa pour s’y coller. C’était une position précaire et il fallait espérer que personne ne songerait à examiner le speeder sous la coque mais Karm, après une profonde inspiration, s’enveloppa d’un voile de Force.

Le speeder avançait lentement. Ses muscles commençaient à lui brûler. Ils étaient serrés, dans une immobilité contrainte, et ses bras menaçaient de trembler. On approchait de la grille. Il entendit la voix mécanique des droïdes qui demandaient les pass de sécurité. On ouvrit la double porte du transporteur. Rien à signaler. Le speeder passa les grilles. Première victoire. Dès qu’ils eurent tourné à l’angle d’un bâtiment, Karm, qui avait mémorisé la position des caméras sur les plans transmis par Luke, se laissa tomber au moment opportun, roula dans la neige et se plaqua contre le mur.

En se massant les bras l’un après l’autre, il considéra la situation. Les appartements étaient à l’autre bout du complexe. Passer par les toits lui semblaient être la meilleure solution, d’autant plus que les drones patrouillaient le pourtour de l’enceinte. Une fois au-dessus des appartements, il pourrait se forer un chemin au sabre à travers le toit, hisser la femme et son fils par la Force jusqu’à lui, regagner les hangars à speeders en leur compagnie et se dissimuler dans un véhicule qui partirait du complexe.

Sur le papier, le plan lui parut satisfaisant. Il ne se berçait pas d’illusions. Il y avait toujours des surprises. Karm se redressa et, d’un bond prodigieux soutenu par la Force, il atterrit avec souplesse sur le toit des bunkers.
Luke Kayan
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- Une brune ou une rousse?
- La brune, merci.

La sonnette du magasin de déguisement sonna, et l'Arkanienne au comptoir se tordit le cou afin de saluer le nouveau client. Tandis que le blondinet avec des lunettes de soleil fouillait dans son portefeuille, tardant quelque peu à trouver les bons billets, le rodien s'approcha. Il serait curieux que cette race, pas vraiment commune ici, cherche une perruque vu leur manque de pilosité naturelle. La mouche géante ne semblait effectivement pas intéressée par une soirée divertissante entre amis. Ses doigts terminés par des ventouses se posèrent sur l'épaule du jeune Jedi avec une familiarité presque vulgaire. Forçant l'homme désormais tendu, il sortit un blaster de sa poche et la pointa sur le front de sa proie. La vendeuse poussa un cri et glissa sous son comptoir, renversant au passage le tabouret qui abattit dans un petit grincement triste.

Luke suivit son agresseur, tous deux débouchèrent dans une petite ruelle. Sa chance. Mais il n'agit pas de suite, cherchant à savoir qui en avait après lui. Une idée traversa son cerveau à la vitesse de la balle qui menaçait de passer par le même chemin: En téléchargeant les données sur le comlink du Wookie, il avait laissé une trace de son propre passage, prouvant par là l'intérêt qu'il avait pour la mission. Le rodien était soit un employé du preneur d'otages, soit un concurrent, rien ne disait que le Fantôme ait eu confiance envers les deux chasseurs de primes tombés du ciel auprès du cadavre de son ancien travailleur. Il avait pu choisir de doubler ses chances de réussite en mettant une autre équipe sur le coup, quitte à ce que celles-ci s’entre-tuent. D'autre part ceux qui faisaient du chantage à Far'Sic pouvaient avoir remonté la trace jusqu'au Wookie, puis jusqu'au prétendu Vask. Comment les avaient-ils pisté? Le comlink de Luke, ou à l'odeur. Peu importe, au fond.

- Donne-moi ton arme.
- Ok.

Luke porta sa main au visage, tandis que l'autre cherchait sous ses vêtements. Il retira ses lunettes et les jeta sur le Rodien qui esquissa un geste minime de retrait. Suffisant. Le Jedi brandit sa canne d'aveugle repliée qu'il emmenait toujours avec lui, à défaut de son sabre-laser. Le bâton se déplia rapidement, atteignant la mouche géante au ventre. Luke profita du recul plus marqué de ce dernier pour se dégager. Il se faufila dans la foule, canne à nouveau pliée à la main. Sans réellement savoir où il se dirigeait, le jeune homme prit un pas rapide, le menant inévitablement à se cogner contre quelqu'un au bout de quelques minutes -et encore, il n'avait pas à se plaindre de ce record personnel. Il aurait dû se fracasser contre un trottoir avant vu son rythme de marche.-

Sachant qu'il ne tiendrait pas la distance, Luke stoppa un transport commun quand il reconnut le chuintement typique de fermeture des portes. Il sentait via la Force, le rodien étrangement musclé pour un représentant de sa race. Au beau milieu de la foule, le jeune homme ne pouvait pas se permettre de se battre. En désespoir de cause, il mit la perruque brune qu'il avait emporté dans sa fuite, par pur réflexe et s'engouffra dans le genre de bus volant. Comme les portes se fermaient, il les bloqua avec sa canne qu'il déplia vivement, s'économisant les insultes du conducteur grâce à la signification évidente de l'objet.

* Il faudrait vraiment proposer ce truc comme arme alternative au sabre.*

Songea le Chevalier, amusé un instant malgré la situation. Le rodien derrière lui stoppa, furieux. Luke s'en assura par le biais d'une onde envoyée en arrière. Son aura menaçante demeurait bien immobile, toutefois sa haine transperçant les vitres du bus prouvait qu'il n'abandonnerait pas.

* Ne traîne pas Karm.*

Songea le Hapien, davantage inquiet par l'éventuel complice de l'autre présumé chasseur de primes qui pouvait pister son ami. Pire encore, s'il était envoyé par l'entreprise, ce dernier pouvait parfaitement savoir que le Jedi se trouvait près des Bunkers, or Luke n'avait aucun moyen de le prévenir. Envoyer un message reviendrait simplement à le condamner.

Après plusieurs détours sensés dépister le Verdâtre, Luke descendit à son hôtel, il emballa ses affaires, prêt à disparaître au cas où si leurs adversaires remontaient la piste. Ce qui devrait se passer puis que le Hapien avait volontairement laissé son comlink allumé. Pourquoi se donner tant de mal après avoir fui dans trois ou quatre bus volants -avec quelques autres tours en prime car il avoir vraiment galéré pour retrouver l'hôtel.- ? Le Consulaire avait sa petite idée, et c'est encore fatigué mais décidé qu'il quitta les lieux, empruntant un taxi pour se rendre dans une ancienne zone industrielle. Là, il n'y aurait pas de civils à mettre en danger. Debout, sa besace contenant toutes les informations sur une épaule, appuyé sur sa canne, il attendait fermement, comlink ouvert dans la poche.

*Allez, viens. On a parler toi et moi.*

Songeait-il, espérant obtenir des informations sur le rodien et par extrapolation sur leur employeur. S'il se souvenait ne pas devoir s'éparpiller, le jeune homme n'avait présentement pas grand chose d'autre à faire. Le déguisement prévu pour la femme de Far'Sic était prêt, et ses papiers d'identités la présentant comme une fausse partenaire de l'entreprise Rev's Corportation étaient en cours de préparation. Maintenant, Luke devait essayer de savoir si d'autres rodiens ou quoique ce soient d'autres suivaient Karm, voir la piste des otages si c'était eux aussi des "employés" indirects de Fantôme.

Sans trop y croire, le Jedi se concentra, tant pour le combat à venir que pour envoyer un message à Karm pourtant très éloigner. Le message envoyé sous la forme d'un flash informe et sans couleur était clair "Attention. Danger", mais serait-il assez puissant?

Puis, presque en harmonie avec cet appel à la prudence, une aura froide, absente de la Force apparut, un sourire de vainqueur accroché au lèvres.
Karm Torr
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— Mais vous faites un mètre vingt… !
— On discutera de mes mensurations après. Cessez donc de gigoter.

L’obstacle était imprévu mais il était de taille. Après s’être faufilé sur les toits, Karm s’était agenouillé au-dessus des appartements où, il le sentait désormais, grâce à la présence de l’enfant surtout, les otages étaient retenus. La main posée sur la tôle froide, il avait cherché à deviner l’électricité qui traversait les câbles enfermés dans le plafond, pour éviter de forer malencontreusement en plein circuit de sécurité. Il aurait menti en se prétendant certain de son choix final mais enfin, il avait commencé à découper le toit, dont il avait retiré la section grâce à la télékinésie.

Mais quand il avait passé une tête dans l’ouverture pour s’annoncer en salvateur chevalier blanc, la femme de l’ingénieur s’était montrée un brin sceptique devant la carrure de son sauveur, et ses traits juvéniles.

— Hors de question que j’aille me faire atomiser parce qu’un prépubère a décidé de jouer les héros.
— Madame, je suis un professionnel.
— Oui hé bien revenez nous voir quand vous aurez des poils à la…

La pudeur m’oblige à interrompre et censurer ce dialogue : on l’aura compris, Madame Far’Sic était une femme de caractère, dont la poésie n’avait jamais été la principale préoccupation.

— Vous tenez absolument à rester prisonnière ?
— Non mais je tiens pas non plus à me faire amputer de la tête.
— Pas comme si vous alliez y échapper en restant ici.

Far’Sic haussa un sourcil.

— Ah oui ? On peut savoir pourquoi ?
— Ben j’les vois mal risquer les tribunaux en vous relâchant alors dès que votre mari aura été assez performant…

Elle n’avait pas envisagé les choses sous cet angle-là et cette idée fit rapidement son chemin dans l’esprit de Far’Sic. Elle finit par hocher la tête et, serrant l’enfant dans ses bras, se laissa hisser par la télékinésie jusqu’au trou pratiqué dans le toit. C’était moins facile que de manier des plaques de métal mais, à force de concentration et de précaution, Karm parvint à extirper la mère et l’enfant.

Le chemin du retour sur les toits, en direction du hangar de déchargement, fut plus compliqué. Far’Sic n’avait pas l’agilité d’un Jedi et la progression entre les câbles, les tuyaux et les conduits était bien lente. A tout moment, Karm s’attendait à ce qu’une alarme retentisse, quand on aurait découvert l’absence des otages et la sensation de l’urgence se faisait de seconde en seconde plus pressante.

Ils arrivèrent cependant au bord du toit sans encombre et Karm sauta le premier à terre, avant de guider la descente de Far’Sic, une nouvelle fois par télékinésie. Encore un peu et il allait pouvoir monter un numéro de lévitation acrobatique dans un cirque galactique itinérant. Un bel avenir, si jamais sa carrière de Jedi tournait court. Ils longèrent le mur, Far’Sic une main sur la bouche de l’enfant, qui conservait cependant un calme, ce que Karm se résolut à interpréter comme un signe encourageant.

Une fois dans le hangar, dissimulés derrière quelques conteneurs, ils durent prendre une décision rapide. Prendre le temps du choix était un luxe qu’ils ne pouvaient se permettre. Karm avisa une barge qui activait ses propulseurs. D’un signe de tête, il intima à Far’Sic l’ordre de le suivre et ils se hissèrent à l’arrière du véhicule, alors que celui-ci quittait le hangar. Une fois passée l’enceinte du complexe, Karm murmura :

— On va sauter en route et rejoindre mon speeder.
— Mais vous êtes complètement malade !
— Ce sera plus discret que de tenter de débarquer en pleine ville.

Far’Sic poussa un soupir. En réalité, elle n’avait guère le choix : elle se voyait mal survivre sans la protection du Jedi, même si elle la jugeait toute relative, alors si Karm sautait en marche, elle serait bien obligée de le suivre. Alors que le speeder ralentissait pour s’engager dans un virage, Karm prit l’enfant de ses bras et fit signe à sa mère de le précéder. Celle-ci se jeta après un moment d’hésitation et la neige amortit quelque peu sa chute, alors qu’elle tombait lourdement au sol, et Karm, lui, l’enfant contre lui, la rejoignit sans encombre.

— Je me suis pété la cheville.
— Mais non, mais non, assura distraitement l’Ark-Ni, en lui fourrant Far’Sic Jr. dans les bras, bon, on a une petite dizaine de marches…
— Mais il m’écoute, l’androgyne ? Je me suis pété la cheville.

Avec un soupir résigné, Karm s’accroupit près de l’ancienne prisonnière et releva lentement le bas de son pantalon.

— C’est une foulure, ça devrait aller.
— Ça fait vachement mal.
— Ça tient éveillé.
— Espèce de masochiste.
— L’otage ou la vie. Si je puis me permettre d’interrompre.

Un humain d’une cinquantaine d’années se tenait derrière eux, blaster à la main.

— Et voilà, j’en étais sûre.
— En fait, s’il faut être tout à fait honnête, dans votre cas, c’est plutôt l’otage et la vie.[/color]
— On va tous crever.
[b]— Croyez bien que ça me navre de faucher comme ça un jeune collègue dans ses plus belles années mais, que voulez-vous, c’est la vie…


Le sabre laser de Karm sortit des replis de ses vêtements pour se loger dans sa main et la lame bleue se mit à vrombir au-dessus de la neige.

— AH.
— Ouais.
— C’est fâcheux.
— J’te l’fais pas dire.
Luke Kayan
Luke Kayan
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- Bah alors, tu t'es perdu?
- On dirait bien.
- On va arranger ça!

Le coup de blaster retentit et Luke se sentit glisser vers l'avant. Ses mains ripèrent sur la canne blanche qui céda, brisée en deux par un trou net et fumant.

- Ce n'est pas beau ça, de s'attaquer à un handicapé. Je devrais le dire à ta maman.
- Ma maman? J'lai tué.

Le Chevalier n'avait aucun moyen de savoir si ce que prétendait l'homme-insecte était vrai, en revanche, il avait pu vérifier que ce dernier tirait extrêmement bien, ce qui expliquait sans doute que Fantôme l'ait choisi, ou Rev's Corporation. À moins que ce ne soit l'individu seul qui se soit invité pour cette mission à l'instar de Karm et de lui. À l'instant où un nouveau tiret lumineux sortait du canon, le Jedi brandit son sabre-laser, finalement obligé de révéler son identité. La lame verte avala avec gourmandise le rayon d'énergie mortel, avant d'engloutir le second. Luke esquiva le troisième d'un saut sur le côté, puis les deux adversaires prirent une pause.

- J'aurais dû m'en douter, salop'ries, à fourrer leur nez partout.
- C'est vrai qu'on nous le reproche souvent. Mis que veux-tu, on ne se refait pas!
- Qu'est-ce qui s'passe? Y'a plus de subventions sur Ondéron? Faut qu'vous veniez chercher votre salaire dans les rues d'Arkania genre chasseurs de primes?...
- En tout cas, tu ne sembles pas mieux loti, vu que tu cours aussi après les sous. Je me trompe?
- ... Et d'personnel aussi, ils doivent en manquer, pour recruter des mecs taillés comme une fille et handicapé. Ça marche plus la propagande aux portes des parents et le vol de gosses? Ils convainquent plus. Remarque l'armée nan plus.
- C'est possible. Mais moi, je suis très convaincu.

L'authentique chasseur de primes, lassé et probablement pressa son arme une fois de plus. En sentant la chaleur du tir frôler son cou, le Jedi compris que l'homme ne voulait pas le tuer. Il aurait déjà pu l'atteindre gravement au vu de sa précision précédente, mais l'homme-mouche souhaitait sans doute l'avoir vivant pour lui poser des questions sur d'éventuelles informations concernant la famille ou un complice.

- T'sais qu'un pote à moi est sur la piste de ton p'tit copain? Et il va le crever comme j'vais le faire avec toi après que t'aies tout craché.
- Tu as raison sur un point. C'est bien "mon petit copain".

Dans un éclair vert, probablement moins élégant et surprenant que les coups vifs du Gardien du duo mais tout de même efficace, imperceptiblement il se rapprochait et surtout écoutait. Désormais silencieux, évitant de répondre aux insultes dont un joli "tarlouse", Luke ouvrait grand les oreilles ainsi que la Force. Ses sens se superposèrent à une tâche luminescent spécifique que lui seul, dans sa nuit profonde, semblait pourtant apte à voir: Le point de rupture. La main dressée, le jeune homme guida la Force jusqu'au blaster qui trembla

- Qu'est-ce tu fous?

Par chance, le rodien aussi doué soit-il, n'avait pas du avoir à faire à beaucoup de Jedis, à moins que comme de nombreuses personnes, il associe les membres de l'Ordre au maniement du sabre. Avec Luke, il n'allait pas être servi, car si ce dernier utilisait sa lame, c'était principalement pour parer les tirs et se donner du temps pour réunir ses pouvoirs autour de lui. Et en effet, d'un coup plus sec, insistant, le jeune homme finit par arracher l'arme au rodien. Cette dernière vola jusqu'au sabre, irrémédiablement attiré par sa lumière semblait-il, au point de s'y brûler le canon. L'odeur infecte d'un alliage de fer et d'acier envahit la petite ruelle tandis que celle de la peur, plus subtile grandissait chez l'homme-mouche sûr de lui un blaster en main mais démuni sans elle. Lui qui ne ratait jamais ses cibles ou presque n'avait pas connu cette situation: se retrouver si proche d'un adversaire totalement dénudé.

Pourtant loin de se rendre, le Verdâtre bondit sur le Hapien, une arme bien moins sophistiquée à la main: un couteau. Le Jedi esquiva mais pas suffisamment vite, une effluve âcre rejoignit le fumet encore présent du blaster mutilé. Dans un bruit clinquant, le sabre-laser de Luke éteint chuta par terre. Ce dernier sentit le mur derrière ses omoplates le recevoir durement, lui qui était fait d'os, de tendons, de muscles mais de si peu de chair. Il s'envola presque, le souffle coupé à l'atterrissage brutal. La respiration rauque du rodien montrait la fatigue certaine de celui-ci, mais Luke sentait aussi sa crainte se métamorphoser en extase. L'homme-mouche était passé d'un état d'âme à l'autre en moins de quelques secondes, tant la confiance revenait vite. Le Jedi en profita pour enrouler ses poignets autour de ceux de son adversaire.

* Retourner la force de l'ennemi contre lui.*

C'était toujours ce qu'on avait enseigné au fragile Hapien qui s'exécuta. Il inversa la poussée, exerçant un demi-cercle qui apposa le dos de l'Humanoïde contre le mur. Son genou remonta pour frapper sans pitié dans les parties de celui-ci qui hurla de douleur. Tous deux se débattirent encore un peu. Là où le rodien faisait preuve d'une force relative, Luke utilisait l'agilité pour se glisser hors de portée. Le premier saisissait-il enfin son erreur d'imposer un corps-au-corps à un aveugle, précis dans chacun de ses gestes pour situer les parties les plus sensibles? La peau délicate des flancs, les articulations du poignet, le point entre le diaphragme et le coeur, l'espace entre les côtes. Le Jedi était aussi un médecin chevronné et il s'en servait autant que les techniques que lui avait enseigné Karm. Le jeu des mains tendues lui rappelaient immanquablement le Chevalier Turquoise mais aussi son propre maître qui l'avait préparé ainsi, cherchant à le toucher de ses vieux doigts ridés, si tendres pourtant. C'était comme revenir au parc du Temple où quelqu'un, pour la première fois, avait eu confiance en lui. Saï Don n'avait pas pu se tromper, pas à se point, il devait bien servir à quelque chose... Et si Karm ne l'abandonnait pas, il y avait aussi une raison, enfin du moins le jeune homme l'espérait... Toujours est-il qu'il devait agir présentement car son ami comptait sur lui pour lui ramener un vaisseau. Si Luke était absent au rendez-vous, la pilote abandonnerait vite les lieux.

Luke prit de l'élan pour achever son assaut. Il invoqua la Force pour appeler son sabre-laser. Le manche sous le cou du rodien suffit heureusement ce dernier à accepter de se laisser attacher bien solidement. Le Jedi attrapa son comlink pour passer un petit coup de fil aux autorités d'Arkania.

- Bonjour. Je crois bien que vous m'en devez une.

Il laissa l'adresse où son contact dans la police locale pourrait certainement trouver le paquet, lequel ne devait pas être des plus honnêtes d'ailleurs. Retrouver son chemin fut un peu pénible, mais Luke put toutefois se rapprocher de la circulation, convaincre quelqu'un de s'arrêter pour le prendre en autostop, bien que ce soit en faisant preuve d'un certain charisme appuyé par ses talents. Un bandeau ceignant sa paume droite, le Jedi arriva enfin à l'astroport. Urwaya serait-elle là? Ou dans le pire des cas, le second pilote qu'il avait contacté. L'un d'eux les auraient-ils trahis? Et ce fameux "pote" dont avait parlé le rodien? Cachant ses doutes le jeune homme pressa le pas, passant le seuil de l'astroport. Sa canne brisée, il se dirigeait uniquement via la Force et ses mains, pleinement concentré, plongé au coeur même du courant mystique envers qui s'abandonnait tant Karm.

* Faire confiance à la Force.*

Et son pas se fit plus rapide. Il hésitait d'abord, ses mains se portant souvent par réflexe devant son visage, puis moins. Il adopta un trot léger sans se cogner contre personne. Ce serait bientôt l'heure: Il courrait tout en indiquant sa localisation via la Force au cas où si Karm se trouvait dans les parages.
Karm Torr
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— Mais tu vas crever, espèce de gyrophare à perruque !

Et donc, le chasseur de primes s’était fait singulièrement moins, après les premiers assauts. Karm avait bondit dans la neige et, dans un salto retourné, avait atterri derrière son adversaire, pour le forcer à faire volte-face et, par conséquent, à détourner son âme de la direction des deux civils. Les tirs de blaster avaient fusé et ils s’étaient heurtés les uns après les autres à la lame bleue du sabre, qui vrombissait au milieu du vent froid en train de monter. Karm n’en avait renvoyé aucun, de peur qu’une esquive habile de son antagoniste ne laissa un faisceau atteindre Far’Sic et son fils.

Rapidement conscient qu’il ne l’emporterait pas de la sorte, le chasseur de primes braqua soudainement son arme sur la femme.

— Mais il va se calmer, le psychopathe de service.
— Madame, je vous prie de vous montrer plus coopérative. Jedi, tu bouges, je la bute.

Pour toute réponse, le sabre de Karm, mû, semblait-il, par sa propre, fusa à travers les airs, guidé par la main tendu de l’Ark-Ni. Le doigt du chasseur de primes pressa la détente. L’autre main de Karm propagea une vague de Force qui renverse l’homme et le tir partit dans les airs, juste avant que le sabre ne lui tranche le poignet. Un cri de douleur commença à résonner dans les bourrasques de seconde en seconde plus vive mais Karm avait déjà bondi en avant et la paume de sa main s’enfonça dans la gorge de son infortunée victime. Il allait pour l’assommer mais Far’Sic venait de s’emparer du blaster et de lui tirer sans sommet un trait entre les deux yeux.

L’Ark-Ni se figea, interdit l’espace d’un instant, avant de commenter avec le sang-froid souvent indéchiffrable qui caractérisait en général les gens de son peuple :

— C’était superflu.
— Il m’a menacée et il a menacé mon fils.
— Donnez moi l’arme.
— J’ai besoin de pouvoir me défendre.
— C’est moi qui vous défends.

Le Jedi tendit la main. Hors de question de laisser une mère protectrice et impulsive qui n’hésitait pas à manier la gâchette se promener avec un blaster. Far’Sic hésita mais, comme la tempête de glace menaçait de plus en plus et que le temps était de toute évidence compté, elle donna l’arme à Karm qui la glissa sous sa ceinture, avant de récupérer son sabre. Le Jedi fit sommairement les poches du cadavre, sans en rien tirer de fort intéressant, et ils reprirent leur marche.

Cinq minutes plus tard, ils grimpaient dans le speeder qui filait à toute allure le long du plateau rocheux, alors que des tourbillons de neige engloutissaient l’horizon. C’était un spectacle ordinaire, sur Arkania, et néanmoins singulier et saisissant. Souvent, Far’Sic se retournait sur son siège pour considérer le blizzard titanesque, qui finirait par s’écraser sur les boucliers des usines, des complexes industriels et de la ville elle-même. Le speeder s’engouffra dans la ville et ne ralentit qu’au moment de s’engager dans un dédale de ruelles.

— Je croyais qu’on allait à l’astroport, protesta Far’Sic, quand Karm coupa le moteur dans un coupe-gorge sombre et peu engageant.
— On va y aller à pied, on attirera moins l’attention. Il va comment, rajouta-t-il en désignant l’enfant d’un geste de la tête ?
— Calme. Bizarre.

Karm réprima un sourire. Sensible à la Force, le nourrisson se jugeait peut-être tout simplement en sécurité avec un Jedi à ses côtés. L’Ark-Ni rajusta la capuche sur ses cheveux et le trio commença à se frayer un chemin dans les rues de la ville. On était plus occupés par la tempête que l’observation de son prochain et personne ne leur prêta vraiment attention. Ce n’était que considérations sur la saison des blizzards, commentaires inspirés sur l’évolution des climats et souvenirs partagés des phénomènes les plus impressionnants des dernières années.

Après une bonne demi-heure de tours et de détours dans la ville, Karm, Far’Sic et l’enfant rattrapèrent Luke qui était en train de grimper une passerelle conduisant à l’astroport.

— Salut, déclara simplement Karm, comme s’il venait d’aller chercher le pain.

Bientôt, ils se retrouvèrent tous les deux à monter la garde à la porte de toilettes publiques, pendant que Far’Sic endossait le déguisement préparé par l’Hapien.

— J’suppose que toi aussi, t’as croisé la concurrence, remarqua Karm, en effleurant du bout des doigts le poignet de son compagnon, elle a descendu le mien. J’te préviens, c’t’une nerveuse.
— Ce machin gratte horriblement.
— Vous préférez un tir de blaster en pleine tronche ?
— Oh, vous, ne le prenez pas sur ce ton, hein.

Far’Sic émergea finalement des toilettes. On ne pouvait pas dire qu’elle fût méconnaissable mais ce serait peut-être suffisant pour tromper la vigilance de quelques gardes. Ils reprirent donc leur chemin en direction de l’astroport, qui bourdonnait, comme toujours, d’une intense activité. Le regard de Karm passa rapidement sur les innombrables drones de surveillance et sur les autoritaires portuaires. Nul doute que leur fuite avait été découverte désormais mais la Rev’s Corporation pouvait difficilement se reposer sur la police, sans admettre tremper elle-même dans des activités peu légales. Mais rien ne disait que la corruption ne jouait pas son rôle.
Luke Kayan
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Ce fut avec une onde joyeuse que Luke accueillit Karm, tandis que son bras tressaillait légèrement sous le contact des doigts apposés sur sa plaie, fine mais douloureuse. Un sourire farda ses lèvres tandis qu'il considérait l'ex-otage.

- Je vois ça.

Souligna Luke sans se préoccuper du double sens auquel se prêtait sa phrase. Il avait depuis longtemps, dépassé le stade des considérations dues à sa condition. Avantage d'être l'handicapé? Il ne risquait que de se vexer lui-même. Toujours est-il que Far'Sic était visiblement bien nerveuse. Alors qu'un "Tu es sérieux?" allait jaillir des lèvres du blond, lorsque Karm lui avouait le "meurtre" du chasseur de primes par la femme, cette dernière ressortit, vêtue de sa perruque et d'une sorte de vêtement local ample: une toge simple et peu raffinée, réservé au petit peuple. Le déguisement était grossier mais Luke ne comptait que moyennement sur ce dernier. C'était plus un bonus qu'autre chose, histoire d'ajouter un as à leur panoplie, d'ailleurs, le véritable déploiement était le vaisseau d'Urwaya vers qui le Hapien guidait les trois nouveaux passagers.

- Ah ouais d'accord, vous êtes maqués en fait. Ou alors c'est une marque de la maison d'engager des pré-pubères?

- Comme tu le disais Karm: charmante.

Le visage de Luke s'irisa d'un sourire de circonstances, sans qu'il ne daigna pourtant la fixer ou essayer de le faire. Les gens de son espèce l'insupportaient. Elle avait tout: la force et la faiblesse. Couper la parole d'autrui, faire sa maligne au point de tuer son adversaire déjà renversé mais se plaindre au moindre souci. Leur otage n'aurait-il pas pu adopter un des deux comportements? Le jeune homme jugea rapidement Far'Sic dangereuse et opta pour une technique peut être pas très belle, mais qui leur permettrait d'avoir un minimum de contrôle sur elle.

- Donnez-moi votre fils, on va jouer le gentil couple marié.
- On va m'accuser de détournement de mineur, oui.
- Sérieusement Madame? Nous en sommes là? Je vous signale que vous êtes sorti de l'endroit où vous étiez retenue et que j'ai aussi un vaisseau qui nous attend. Mieux que rien, non?

La femme grommela et lui tendit le gamin. Luke le prit contre lui, appréciant et craignant à la fois la chaleur dispensée par ce petit corps si fragile. En divisant les otages, le Jedi espérait également diviser les chances de la concurrence. S'ils attrapaient Far'Sic, le gamin pouvait leur échapper, dans les bras du Chevalier. Bien sûr, le Hapien ne raconta rien de tout ceci à la meurtrière en herbe, pas plus qu'il ne glissa que sa perte ne serait pas si dramatique. Ce serait évidemment peu Jedi.

Urwaya était au rendez-vous. Elle vint directement vers Luke, un air sérieux fiché sur son visage. Elle aussi était une femme de caractère, et lorsque Far'Sic dit ne pas vouloir monter dans "cette poubelle peut-être même pas volante." elle lui offrit un tel regard noir que pour une fois, l'ex-otage se tut. Le Hapien lui était tendu, ils devaient désormais protéger la pilote en plus de l'enfant et de la mégère.

- C'est pas loin, j'lai garé dans un recoin discret, comme prévu.
- Merci.

Luke se tourna ensuite vers Karm, malgré des mouvements limités, il parvint à glisser ses doigts sur l'avant-bras de son compagnon, essayant de lui transmettre des sentiments rassurants. Pas facile alors qu'il était tout de même stressé.

- Je l'ai mis hors d'état de nuire, en l'attachant évidemment, j'ai un bon contact avec la police locale, il est réglo et surtout reconnaissant. Apparemment ce rodien était recherché pour tout type de trafic. On a un appel "joker" à faire jouer, au cas où, en retour.

Le jeune homme qui n'avait même pas eu le temps de se soigner via la Force frotta le bout de son index contre le tissu rêche qui formait son bandage de fortune, destiné à faire barrière contre les infections communes. L'autre, d'infection, bien causante et tranchante se mit soudain à utiliser son pouvoir de paroles.

- On est suivi!

Le Hapien qui s'était retourné presque en même temps se demanda si la bonne femme avait été Jedi -ou plutôt Sith- avant d'être épouse car elle avait de sacrés capacités pour une civile. Peut-être était-ce l'instinct maternel? Luke enveloppa l'enfant dans sa couverture, ne gardant que son petit visage endormi de visible. Lorsque ce dernier ouvrit les yeux et s'agita, il porta sa main bandée au-dessus de lui afin de lui envoyer une onde rassurante via la Force. Le gosse quoique très peu sensible reçu le message et replongea dans son sommeil.

- Qu'est-ce que vous manigancez avec mon enfant?
- On lui sauve la vie. Et si vous voulez qu'on vous aide à protéger la vôtre, taisez-vous et avancez comme si de rien n'était!. Karm: cette fois-ci je pense que c'est Rev's Corporation qui s'est rendu compte de la disparition de Far'Sic et qui a envoyé ses hommes.

Lui aussi ignorait si les adversaires dont il distinguait les auras menaçantes étaient des chasseurs de primes, ou carrément des hommes de la police. Si le chevalier turquoise notait la présence d'uniformes suspects, le Hapien pourrait toujours appeler son "ami" policier, lequel serait ravi de nettoyer Arkania des affres de la corruption, ne craignant pas de tremper son enseigne, et espérant au contraire prendre du galon, honnête et ambitieux.

La pilote qui avait aussi pressenti le danger, se basant certainement sur la gestuelle pourtant discrète de Luke hâta le pas. Far'Sic tira légèrement sur le bras du Jedi pour l'inciter à fuir. Heureusement elle n'avait visiblement plus l'intention de jouer aux héroïnes meurtrières pour le moment.

Manque de chance, l'étau se resserrait.

- Un devant, un derrière. Au moins.

Signala Luke en retirant son bras de celui de l'ex-otage pour le tendre devant elle en signe de protection.

- Je prends le plus proche.

Signala discrètement le Hapien qui amassait la Force autour de lui, prêt à se défendre bien qu'il ait l'enfant des les bras. C'était un pari risqué mais ce n'était pas comme s'ils avaient le choix. Urwaya quoique dure à cuire dans son domaine ne savait pas se battre sur Terre. Elle recula, visiblement rassurée par les deux Jedis malgré leur silhouette peu prometteuse, moins fine bouche que Far'Sic qui pestait désormais contre son incapable de mari, justement trop capable dans son domaine. Ah ces hommes qui se tuaient au boulot, faisaient les beaux en étalant tout leur savoir pour finir par se faire enlever. Et si c'était cette espèce de grosse chiffe molle qui avait organisé son enlèvement pour ne plus l'avoir à la maison?
Karm Torr
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Le couloir de service qu’ils avaient emprunté étaient déserts, à part les deux hommes patibulaires, à l’allure militaire, arkaniens l’un comme l’autre, qui leur barraient le chemin, de chaque côté. Le vaste complexe de l’astroport s’étendait au-dessus d’eux. Le rugissement des moteurs, la rumeur de la foule, le ronronnement électrique des barges de déchargement couvriraient sans nul doute le bruit d’un enlèvement.

— Non, souffla Karm, d’un air déterminé, protège les civils, je m’occupe d’eux. C’est ça que je fais, dans la vie.

Far’Sic aurait bien répliqué qu’à ce compte-là, ils n’étaient pas sortis de l’auberge, mais elle jugea pour une fois préférable de s’abstenir, alors que d’un signe de tête, Karm indiquait à Luke, la pilote et la femme de se serrer contre le mur. A chacun son rôle et les énergumènes à l’air menaçant, c’était son domaine.

— J’imagine que vous cherchez pas la zone duty free, les mecs.
— Filez le meuf et le gosse et on vous laisse tranquille.
— Bien c’que j’pensais.

Brusquement, le sabre de laser de Luke bondit dans la paume de Karm et, à peine activé, fusa à travers les airs en direction de son premier adversaire, tandis que le jeune homme s’élançait vers le second. Ce dernier avait dégainé son blaster mais le premier tir passa au-dessus du jeune Jedi, qui s’était jeté à terre pour un tacle. L’autre gorille dut se plaquer contre le mur pour éviter le sabre. Il s’en détacha pour charger mais Karm avait tendu la main : le sabre revenait. Il frôla l’épaule de l’homme qui poussa un cri de douleur, tandis que de sa main libre, l’Ark-Ni attrapait le blaster de celui qu’il avait projeté à terre, pour lui écraser la gorge d’un coup de crosse.

Le sabre se logea dans sa main, en même temps qu’un vibrolame cherchait à se frayer un chemin dans son mollet. L’homme au sol, qui tentait de reprendre son souffle, avait eu bien du mal à viser et l’Ark-Ni s’en tira avec une éraflure dont il fit abstraction, en se relevant. Les nouveaux tirs de blaster furent renvoyés à l’envoyeur, sans paraître vraiment l’affecter. Karm en déduisit qu’il portait sans doute une sorte d’amour, et que les blasters étaient réglés pour assommer. Sans doute pour éviter de tuer les otages en chemin.

L’autre, derrière lui, commençait à se relever mais Karm s’était approché suffisamment du tireur, en déviant ses traits, pour bondir, rétractant la lame laser, et lui enfermer le cou entre ses cuisses et le renverser à son tour au sol. Resserrant son étreinte, pour priver petit à petit sa victime d’oxygène, Karm tendit la main vers le second homme, qui venait à peine de recouvrer son souffle et son équilibre, pour le projeter en arrière d’une vague de Force. Quand il sentit la résistance de son adversaire étouffée, alors que ce dernier sombrait dans l’inconscience, l’Ark-Ni s’empara de son blaster et inonda le couloir de traits, sans vraiment prendre la peine de viser. L’un d’eux finit par atteindre le dernier combattant en lice en pleine visage et par le jeter à son tour dans les bras de Morphée.

Le combat brutal, qui avait paru inégalitaire dès les premiers instants, n’avait duré en tout et pour tout que quelques minutes. Karm, essoufflé, s’agenouilla pour porter la main à son mollet en sang et refermer, au moins de manière superficielle, la blessure. Mieux valait ne pas laisser une piste de ce genre derrière soi.

— Hé ben…
— Ils sont morts ?
— Inconscients. Allons-y.

Karm se releva, abandonna le blaster, rangea le sabre sous ses vêtements et ils se remirent en marche, pour atteindre les niveaux supérieurs de la section de l’astroport dédiée aux professionnels, qui avaient leur propre vaisseau. C’était une bonne manière de s’éviter les contrôles douaniers plus rigoureux qui filtraient les flux de voyageurs sur les vols commerciaux. Alors qu’ils longeaient les cargos de toute taille, Urwaya demanda :

— C’était qui, ces mecs ?
— Des militaires. Ou d’anciens militaires. Probablement le service de sécurité officieux de la Rev.
— Comment ils nous ont retrouvés ?
— Bonne question.
— Voilà.

Ils étaient arrivés au pied du vaisseau. Far’Sic, qui n’avait pas été tendre avec la projection holographique présentée par la pilote au lieu de leur rendez-vous, s’abstint cette fois-ci de faire le moindre commentaire. Ils embarquèrent et, alors que la passerelle se relevait, Karm murmura à Luke :

— J’pense qu’ils ont implanté un traceur à Far’Sic. Peu probable que ça ait une grande portée mais ce serait pas mal d’extraire ou de désactiver. Un bon coup de courant électrique ou une chirurgie, j’sais pas. ‘Fin, ça risque de pas lui plaire, hein… J’vais assister la pilote au décollage.

Karm gagna la petite cabine et s’installa à côté d’Urwaya.

— On peut savoir c’que vous foutez… ?
— Vous voulez vous farcir tous les contrôles toute seule ?
— Ah parce que vous savez piloter, en plus ?
— Plus ou moins.
— Pilote et combattant, un homme accompli.
— J’sais aussi coudre.

Le vaisseau ne tarda pas à s’élever hors de l’astroport et à entamer sa sortie de l’atmosphère, alors qu’Urwaya négociait leur trajectoire en toute innocence avec les contrôleurs à la surface de la planète.
Luke Kayan
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* Moi aussi*

Luke se retint de répliquer qu'il avait également été éduqué à cela, défendre des vies, mais c'était sans doute vrai que son parcours était moins guerrier. Il protégeait mais à travers les lois, à coups de longues enquêtes tortueuses et de fouilles presque archéologiques afin de trouver la vérité. À contre-cœur, le Jedi prit fermement Euridice de son joli prénom par le bras pour l'inciter à le suivre. Aucune protestation ne serait acceptée, et elle dû s'en rendre compte puisqu'elle ferma son clapet. Luke remercia silencieusement la Force de ce magistral effort qu'elle fournissait puis continua à progresser sur la passerelle. Au loin, il entendait le bruit de la bataille qui faisait rage et ressentait la haine fuser en tout sens. Pareils à des Siths les hommes de main utilisaient leurs sentiments les plus offensifs pour se donner du courage. Au milieu de la lutte, l'aura de Karm ressortait, tantôt brillante comme un feu sur la plage, tantôt affaiblie telle une bougie taquiné par un coup de vent cruel.

Lorsque Karm les rejoint, Luke sentit l'odeur ferreuse du sang mais il ne prononça pas un mot, passant simplement une onde de soins sur la cuisse abîmée, réparée au petit bonheur la chance dans l'optique de retirer davantage de douleur au guerrier.

- Ils sont morts?
- C'est une obsession chez vous, ma parole.

Laissa filtrer le blond d'une voix glaciale qui ne lui ressemblait guère. Agacé par la situation, par Euridice en personne, il montrait un niveau beaucoup moins élevé de patience, probablement assailli par le mal-être qui ne faisait qu'augmenter depuis le début de cette mission. S'il n'était bon qu'à soutenir un gosse, autant ne plus retourner sur le terrain. Mais le pire dans tout cela était que Karm avait "raison" de l'écarter, car le Hapien était incapable de réagir correctement dans la majorité des situations. Son coup d'éclat peu fameux pour un Jedi avait consisté à réduire un chasseur de primes. Rien de fantastique.

- C'est probable, nous pourrions aussi brouiller son code avec un ordinateur, voir le confondre pour qu'il envoie un signal erroné, mais nous n'avons pas de matériel, il va falloir être plus rapides, car ils vont revenir à la charge.

Répondit le jeune homme d'un air absent pour finalement laisser Karm partir vers la cabine de pilotage. Encore quelque chose qu'il était incapable de faire. Peu décidé à pleurer sur son sort, le Chevalier sortit son comlink, au point où ils en étaient, peu importait qu'on le trace.

Avons les otages sains et saufs.
Envoyez les coordonnées de rendez-vous.

La voix robotique de la liseuse raisonna dans ses écouteurs, tandis que des pas se faisaient entendre derrière sa silhouette. Luke se retourna pour se retrouver nez à nez avec Far'Sic. Il ferma d'un coup sec son datapad et remit sans mot dire l'enfant à cette dernière.

- Vous allez pas cracher sur la prime qu'il doit y avoir, pas vrai? Alors combien ils offrent pour ma précieuse vie et celle de Ronald?
- Ne pourriez-vous pas vous contenter d'apprécier d'être sorti de là? D'avoir un mari aimant qui a obéi aux ordres afin de vous maintenir en vie?
[color=#660066]- Un mari aimant? Ce qui l'intéresse c'est son prestige. Il a une autre femme, j'étais enceinte en le découvrant.
- Vraiment? Ça c'est étonnant.
- Pour un Jedi, vous êtes d'une patience d'ange dites-donc!
- Je me contrefiche de ce que vous pensez.
- Je vous dégoûte n'est-ce pas? Vous vous pensez meilleur?
- Non.

Sur ce, le jeune homme quitta la pièce, la réponse de Fantôme fut lue par la liseuse, banale et attendue, mais ils avaient un point de rendez-vous. Avec quelques difficultés, le Hapien se rendit dans la cabine pour tendre son datapad à Karm, par réflexe. Urwaya avait prouvé sa loyauté mais le Jedi la connaissait peu finalement. Il préférait avoir l'avis de son ami. D'une onde de Force il l'invita à s'éloigner du cokpit, laissant la femme conduire seule dans un moment plutôt tranquille.

- C'est assez loin, et ce vaisseau semble peu armé. J'espère que nous pourrons semer les poursuivants car je ne doute pas qu'il y en ait.

Indiqua-t-il en proposant le datapad à son ami qui pouvait le saisir ou non afin de mieux voir les coordonnées.

- Puisque Far'Sic a probablement un mouchard implanté et peut-être aussi l'enfant, inutile de faire un détour pour brouiller les pistes, je propose de foncer le plus vite possible au lieu de rendez-vous, tout en avisant Fantôme de s'attendre à de la compagnie.

Bien qu'il ne démontre aucune colère, tout bonnement incapable d'avoir de tels sentiments à l'égard de Karm, Luke était presque silencieux dans la Force. Il ne cherchait pas vraiment son contact ni l'envahissait de ondes tendres ou rassurantes. Pratique, pragmatique, il s'assignait à la mission qu'on lui avait donné, du moins ce qu'il était capable de faire, dont prodiguer des soins, ce n'était pas comme s'il n'avait pas l'habitude de réparer le Chevalier turquoise.

- On devrait soigner ta jambe, elle pourrait céder.

Bien qu'il ignorait la position exacte de la plaie, le Hapien espérait pouvoir l'ausculter plus attentivement. Il n'aimait pas que son ami fut blessé et s'en inquiétait toujours, sans compter que "savoir coudre" comme il l'avait dit dans le cockpit précisément quand Luke arrivait ne lui servirait pas. C'était à Luke d'effectuer cette tâche.


Karm Torr
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Après un coup d’œil jeté aux coordonnées, Karm fixa Luke. Pas besoin d’être un fin psychologue pour deviner que cette mission qui mettait constamment le Hapien face à son handicap et l’entraînait loin de son terrain de prédilection devait lui peser considérablement. L’Ark-Ni n’en accepta que plus volontiers la proposition de soin de son ami. Il en avait besoin et ce serait l’occasion pour Luke de sentir que sa présence était essentielle.

Le jeune homme passa la tête dans la cabine de pilotage.

— V’là les coordonnées, on va voir ce qu’on peut faire pour le traçage.
— On est sortis de l’atmosphère sans problème mais pas de saut hyperspatial avant quinze minutes, le temps de quitter l’orbite lointaine. C’est les règles dans le coin.

Karm haussa un sourcil.

— Vous inquiétez pas, je gère.

La pilote avait l’air confiant et Karm se contenta de hocher la tête. Il revint vers Luke et les deux jeunes hommes se dirigèrent vers la salle commune qui servait aussi d’infirmerie. Eurydice était en train de jouer avec son enfant, en agitant devant lui des couverts brillants qu’elle avait trouvés dans la cuisine. La tendresse et l’affection maternelle profondes qu’elle témoignait à l’enfant tranchait radicalement avec son attitude avec les adultes.

Karm déboucla sa ceinture et retira son pantalon pour s’asseoir sur la banquette et présenter sa jambe à Luke.

— Ah, v’z’êtes finalement beaucoup plus masculin que ce que je pensais.
— Pardon ?
— J’veux dire, avec votre look de jeune fille en fleurs et tout, j’m’attendais pas à ce que vous ayez un sacré paquet.
— Non mais vous avez été élevée avec les banthas ou quoi ?
— C’est un compliment, hein.

Karm ouvrit la bouche sans rien trouver à répliquer, ce qui somme toute n’était pas très courant, et il croisa pudiquement les mains au-dessus de son boxer.

— Vous vous demandez ce qu’un grand ingénieur, un scientifique d’exception, a pu trouver à une femme comme moi, pas vrai… ?

La beauté d’Eurydice était sculpturale et Karm devait bien avouer qu’il avait simplement supposé que Far’Sic l’avait épousée pour son apparence. Poliment, il protesta simplement :

— J’ai rien dit.
— Mistral a passé toute sa vie dans la bonne société, et dans les dîners d’universitaires, entouré par la politesse, et les gens qui multiplient les faux sourires et les déclarations tortueuses. Il m’a dit toujours dit qu’il aimait mon honnêteté. Que ça lui changeait de l’hypocrisie ambiante.
— Alors ça a dû être d’autant moins facile d’apprendre qu’il allait voir ailleurs…

Eurydice s’adossa à la banquette, les yeux dans le vide.

— Bah. Les hommes, c’est toujours volage, c’est dans votre nature. On change pas ça. Je lui en veux mais… J’imagine qu’il avait aussi besoin de compagnie intellectuelle. C’est le mensonge que je supporte pas.

Karm posa sa main sur l’épaule de Luke et murmura :

— J’me sens beaucoup mieux, merci.

Un instant, discrètement, son pouce caressa l’épaule de l’Hapien avant qu’il ne se relève, ne tourne le dos à Eurydice, pour s’épargner de nouveaux commentaires sur ses mensurations, et ne renfile son pantalon.

— On a de la compagnie, lança subitement la voix de la pilote dans les hauts-parleurs du vaisseau. On saute dans cinq minutes mais ça risque d’être un peu chaud. Accrochez vos ceintures.
— J’vais m’occuper des tirs de barrage.

Sans hésiter, Karm se précipita vers le poste de tir, une petite tourelle juchée au sommet du grand chasseur, que l’on manoeuvrait à l’intérieur d’un dôme. Bientôt sanglé au fauteuil rotatif, il avisa trois petits vaisseaux à la silhouette militaire, dont on avait cependant repeint tout signe distinctif, qui fonçait droit sur eux. La pilote ne tarda pas à commencer ses manœuvres d’évitement, et si l’armement du vaisseau était sommaire, sa maniabilité, elle, paraissait redoutable. Le chasseur bondissait, vrillait, dévissait, avec une facilité déconcertante, qui ne manquait pas de trimballer les passagers dans tous les sens.

Les doigts de Karm pressèrent la double gâchette de la tourelle laser. Les rayons fusèrent silencieusement dans l’espace. Difficile de viser dans ces conditions mais ils obligeaient au moins les adversaires à des acrobaties pour se soustraire à ses tirs.

— Torpilles à proton.
— Je les vois, stabilisez, que je vise.
— Mettez pas trois plombes.

Le chasseur se rétablit et Karm mitrailla les deux torpilles, qui explosèrent avant de les attendre. Quelques secondes plus tard, ils bondissaient dans l’hyperespace. Karm poussa un soupir. Le répit ne serait que de courte durée, s’ils ne prenaient pas des dispositions efficaces pour retirer les traceurs. Le jeune homme descendit donc de la tourelle d’artillerie et, une fois dans la salle commune, déclara de but en blanc :

— Luke et moi, on va devoir improviser une petite opération chirurgicale.
Luke Kayan
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Sans boire de café ou n'importe quelle autre boisson qui aurait pu le faire tousser, Luke sembla s'étouffer avec sa propre salive. Il cacha ses pensées d'une petite toux discrète associée à une onde impulsive envoyée à Karm. Non mais pourquoi avait-il posé une question à Eurydice? Pourquoi jouer son jeu? Pour sa part, le Hapien avait décidé de se murer dans le silence, or un aveugle muet ne semblait pas amuser la femme qui s'en prenait désormais à Karm, lequel montrait sa gêne en couvrant son boxer de ses mains. Un petit rire s'était échappé de ses lèvres et sa présence se notait encore dans sa réponse teintée d'une joie presque enfantine alors que ses propos n'avaient rien d'innocents. Le rouge aux joues, le jeune homme acheva ses soins, se concentrant pour ne pas les terminer plus vite voir les bâcler. Non pas qu'il soit jaloux de nature, mais il y avait des limites. Heureusement il savait pertinemment que son ami ne serait pas sensible aux charmes d'une telle oie. C'était impossible, quant bien même la logique lui susurrait à l'oreille que Miss Far'Sic devait être belle aux yeux des gens. Les femmes d'ingénieurs ou de gens bien placés étaient toujours jolies selon les critères majoritaires de la Galaxie. Bref, peu importe, le chevalier turquoise quitta l'infirmerie après l'avoir remercié d'une caresse voilée à l'épaule, et le blond se retrouva seul à seul avec Eurydice. Cette dernière ouvrit la bouche, prête à accepter la seule proie qui restait disponible.

- Oh n'y pensez même pas.

Fit sèchement Luke qui scella ses lèvres d'un regard courroucé, le comble pour un aveugle, mais le fait est qu'il visa plutôt justement les prunelles de la femme qui s'enferma dans une sorte de vexation feinte qui avait le mérite de quémander le silence. Sans mot dire, le jeune Jedi fouilla le vide en entant l'annoncer, Eurydice aussi cherchait un siège auquel s'attacher. Heureusement l'infirmerie, prenant en compte qu'elle se trouvait justement dans un vaisseau, en comportait. Luke l'installa presque de force sur un siège médical qu'il sangla fortement et déposa l'enfant dans un berceau protégé par un genre de couvercle transparent rétractable. Maintenu par des courroies enlacées de mousse qui l'empêchaient de bouger, un matelas confortable et un peu de Force, le gamin avait à peine ouvert un oeil. Le temps de trouver tous ces objets et de se débrouiller avec les système de fermeture, le jeune Jedi s'était retrouvé hors temps. Le sol se déroba sous ses pieds et il dû se retenir au pied de table. Par chance, ses réflexes étaient bons et Luke profita du moindre répit pour mieux s'accrocher et se maintenir de la sorte. Décidément, les vaisseaux, c'était comme les sabres-lasers: pas fait pour lui.

Un objet non identifié mais non rangé dans les placards aux fermetures sécurisés entreprit de se balader, Luke le sentit frôler sa joue et le couper. Heureusement ce n'était que léger mais la sensation n'en demeurait pas moins déroutante. Ne pas avoir le sol sous ses pieds, être balancé de partout et attaqué par des "trucs" coupants, ce n'était pas sa journée! Par chance, la situation se rétablit suffisamment pour que le Hapien se redresse, précisément alors que Karm pénétrait à nouveau dans l'infirmerie à peine dérangée. Luke s'épousseta, puis fit mine de remettre un peu d'ordre dans ses cheveux ou ses vêtements, comme si tout ceci l'avait à peine perturbé.

- Civils stabilisés.

Fit-il d'une voix un peu tremblante et mécanique en accomplissant parfaitement le protocole de sécurité qui indiquait de faire son rapport, par chance court. Il y avait néanmoins un peu plus de chaleur dans le ton, car les gestes de Karm, discrets mais présents, pour l'aider à se sentir mieux, à l'intégrer ne lui avaient pas échappé.

- Vous savez que dans les navettes de plaisance, on dit toujours qu'il faut assurer sa propre sécurité avant d'aider les autres? Et bien vous avez voltigé mon bon ami! Contrairement à votre collègue... Ou j'sais pas quoi d'ailleurs, vous me surprenez dans le sens contraire!

Se mit à rire Eurydice. Luke avait choisi de l'ignorer, mais Karm annonça quelque chose qui leur coupa le souffle à tous deux. Normalement le chevalier aurait été réticent à un tel procédé, empathique envers une personne déjà traumatisée. Aujourd'hui il se contenta de poser son regard vairon à l'endroit où Far'Sic était encore bien sanglé. Deux éclairs rendirent un instant vie à ses yeux, et il sourit férocement, une expression qui n'avait probablement jamais habillé son visage.

- On a déjà une de bien attachée. Fais attention à ce qu'elle ne s'échappe pas!

Avisa le Hapien tandis qu'en effet, Far'Sic furieuse, roulait des yeux, comprenant qu'on parlait d'elle. Déjà sa main fine s'approchait de la boucle afin de la retirer. Elle ne savait pas de quoi il en retournait mais, maligne comme le diable en personne, commençait à saisir où voulaient en venir les deux Jedis. Le fait qu'ils avaient été suivi, sa question à laquelle avait à peine répondu l'Ark-Ni, elle n'était pas stupide et surtout la femme d'un ingénieur ayant déjà développé de telles technologies: un mouchard.

- Par contre on a un souci si l'enfant en porte un. Je ne pourrai jamais l'opérer ici à cet âge.

Reprit le jeune homme d'un ton beaucoup plus normal, professionnel. Il se saisit d'ailleurs du bambin et commença à le sonder via la Force, cherchant quelque chose d'anormal. Après un examen minutieux du bout des doigts et par le biais de ses pouvoirs, aidé inconsciemment par l'enfant qui répondait à ses ondes, Luke soupira, soulagé.

- Ils n'ont pas osé prendre le risque sur un enfant aussi jeune. Il n'a rien. Par contre elle, au niveau de la nuque... C'est délicat mais possible.

- Attendez, ici? Non mais comment ça "Luke et moi?" Vous croyez que je n'ai pas vu votre manège? Il n'y voit pas clair votre collègue!

- Non en fait Madame, je suis complètement aveugle, mais je vous rassure, j'ai mes diplômes de médecine.

Reconnu comme tel, par le biais d'un document alternatif aux civils qui l'étudiaient, Luke jouissait effectivement de certains droits dans de telles situations comme décider ou non d'opérer. Il n'était toutefois pas stupide ni rancunier au point de s'en prendre gratuitement à Far'Sic. S'il autorisait un tel procédé, c'est qu'il le songeait possible et surtout positif. D'un ton plus rassurant et à nouveau professionnel, le Hapien s'expliqua, il s'approcha et empêcha la femme de se détacher, posant ses mains sur ses épaules tremblantes. C'était à son tour de jouer et même sans concerter Karm, il le savait.

- Madame, nous ne résisterons pas à d'autres attaques comme celles-ci, et mine de rien, quitte à tout perdre, ils n'hésiteront plus à nous abattre, ce qui signifie bien sûr que votre fils n'y survivrait pas. Vous êtes une mère exceptionnelle -parce que depuis le début, elle avait beau lâcher des insanités, le blond la sentait unie au gamin qui se sentait aussi sûr de lui dans ses bras que rassuré par les ondes des Chevaliers, et que toutes ses actions avaient été faite dans l'intérêt du bébé, y compris sans doute, le meurtre du chasseur de primes.- et je sais que vous êtes aussi intelligente. Vous détestez le mensonge? Bien. Il va mourir si on ne tente pas l'opération. L'infirmerie est très bien équipée pour se faire et je vais faire tout mon possible pour qu'elle se déroule correctement. Je serai assisté par Karm envers qui, je le sais, vous avez confiance. Je veux vraiment vous sauver, vous et votre fils. D'accord?

Eurydice leva ses yeux mouillés vers le Jedi mais elle les essuya rapidement.

- Bon, au moins, on a de la chance que ça ne soit pas tombé sur vous, la mauviette... Parce que moi je vais tenter.

Son insulte sonnait presque vraie. Luke pressa son épaule cartilagineuse, la femme se tourna vers le Chevalier turquoise, s'humecta les lèvres pour lui dire:

- Et si vous vous demandiez ce que je trouvais, moi, à mon mari: je l'aime. C'est inexplicable, simplement, je l'aime.


Si dans ce milieu de moyenne-haute société, les femmes avides mais peu ambitieuses s'accrochaient souvent à des maris faciles, soumis tels que Far'Sic, Luke eut la conviction qu'Eurydice était sincère. Si son amour ne l'avait pas forcé à s'arrêter à son ingénieur d'époux, elle aurait visé beaucoup plus haut, et y serait parvenu. Après l'injection d'un calmant préliminaire, le Jedi invita Karm à s'approcher d'une onde de Force. Le temps que le tranquillisant agisse, il laissa la trentenaire s'asseoir elle-même sur la table, lui donnant ainsi une petite impression de contrôle et l'occupant afin de parler discrètement.

- Ce devrait être rapide, surtout que je pense que le mouchard est resté en superficie. En suivant la course de son sang par le biais de la Force, je sens qu'elle a été altérée au niveau des cervicales, heureusement les chirurgiens ont dû procéder en urgence. Quand je pourrai avoir accès au cou, je pense que je pourrai sentir la plaie d'ouverture. Par contre il y a très peu d'anesthésiant en général sur ces vaisseaux. J'ai vaguement pu observer les lieux quand je cherchais de quoi te soigner, car j'ignorais si je devais te recoudre... Je n'ai rien trouvé de plus, et je doute qu'il y en ai davantage. il n'est pas prévu pour ce type d'opérations et la loi ne contraint pas le propriétaire à transporter plus qu'un flacon d'anesthésiant, vu le prix cela m'étonnerais qu'Urwaya dispose de plus. J'ai donc besoin qu'au bout de dix minutes, lorsqu'elle commencera à se réveiller, tu uses de la Force pour la maintenir inconsciente ou au moins endorme sa souffrance. L'opération devrait prendre 20 minutes, peut-être 30... Car comme tu l'imagines, je suis plus lent que d'autres.

Le jeune homme revint près de la table, il activa une commande qui se trouvait dessous, commune à tout plan chirurgical légalement installé dans une navette. Un petit bruit se fit entendre et un robot se déplia, présentant un tronc et une tête unioculaire aux lueurs rougeâtres. Scellé solidement à la table, il s'extirpa du dessous en glissant sur son attache et étendit ses mains-pinces.

- Système de vérification de base enclenché: opération chirurgicale anesthésie complète. Procédez à la prise de sang, son analyse et l'étude des caractéristiques de la patiente. Eurydice Far'Sic.

Le droïd se mit à ronronner pendant un moment, accédant via holonet au fichier médical de la femme, il finit par trouver après avoir localisé Arkania comme planète de naissance, par chance Far'Sic n'était pas un nom connu. Après avoir parcouru le fichier il s'exprima de sa voix monotone.

[color:ded8=[color=#ff0000]- Femme. 1m 72, 60 kilos, 38 ans, allergie au gluten, pas de contre-indication pour une intervention, a récemment accouché de Bryan Far'Sic, 3 kilos 600 et 50 cm: Observation: accouchement 5h30 et déchirure légère de l'utérus, la cicatrisation a été suivi dans l'hôpital Espérance sur Arkania. Programmation pour la nouvelle opération: type de procédure à réaliser?


Le droïde vérifia quelques paramètres qui auraient pu changer comme le poids, ou la température corporelle. Heureusement, outre un rythme cardiaque élevé dû au stress, tout allait bien pour "Madame la Marquise" aussi courageuse que peu exquise. Elle n'avait pas menti sur ce point.
- Extraction d'un corps étranger.

- Mode de l'unité RT- 582 à adopter?

- Assistant médical basique, option 46213 B

- ERREUR, option non disponible.

- Zut, saletés de pilotes qui ne mettent pas à jour leurs machines. Bon... Lecture à haute voix des doses préconisées.

D'un autre côté le souci la mise à jour d''assistance pour handicapés qui se cachait derrière le charmant nom d'option 46213B était compréhensible vu que les médecins aveugles ne pullulaient pas. Les droïdes habilités à seconder un chirurgien avec une main paralysée ou un bras invalides étaient naturellement plus répandus. Luke pouvait se permettre de travailler dans la chirurgie de surface ou d'urgence car il était secondé par la Force...

- Karm, tu es aussi capacité en soins, donc je vais te demander d'administrer l'anesthésiant.

Aujourd'hui par Karm heureusement. C'est donc le plus calmement du monde qu'il essayait de réfléchir à comment pallier aux soucis d'une main ferme sans yeux pour le guider. Inutile de préciser que le jeune homme devrait le faire au millimètre près afin que la patiente ne s'éveille pas trop tôt ou pire encore, ne rouvre jamais les yeux. En ce qui concernait sa dernière phrase, Luke l'avait énoncé à voix basse, car il ne voulait pas inquiéter Far'Sic.
Karm Torr
Karm Torr
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Pour Karm, la médecine consistait le plus souvent à s’emboîter l’épaule d’un geste sec après un accident malheureux sur une planète déserte et, avec ou sans mise à jour, le robot de l’infirmerie consistait déjà le summum de la technologie. Il avait essayé d’apaiser Far’Sic d’un regard assuré. L’enfant qui s’agitait dans son berceau ne facilitait pas la chose. Lui qui avait été si calme se manifestait désormais comme une sinistre augure. Les yeux fermés un instant, Karm tenta de lui communiquer un peu de sérénité par la Force, avec un succès tout relatif.

L’hyperespace défilait tout autour d’eux. Karm injecta l’anesthésiant à Far’Sic et les deux Jedis purent sentir rapidement que l’esprit de la jeune femme se dissipait dans l’inconscience.

— OK, vas-y.
— On peut savoir c’que vous êtes en train de bricoler, demanda Urwaya, qui avait enclenché le pilote automatique, le temps du saut, et regagné la salle commune pour se délasser après leur fuite sur le fil du rasoir ?
— On retire un traceur.
— Honnêtement, je regrette de pas m’être spécialisée dans le transport de bétail, soupira la pilote, même pas sûre que cette mission finisse par être assez lucrative.

Karm lui répondit par un simple sourire, alors que Luke procédait à l’opération. Il fallait une solide patience pour accomplir ces gestes méticuleux, infimes, qui paraissaient n’aboutir jamais à rien. Les secondes puis les minutes défilèrent. Karm gardait les yeux fixés sur Far’Sic et son esprit était concentré sur celui de la jeune femme. Il la sentait se réveiller petit à petit mais, à travers la Force, il lui imposait une léthargie relative qui l’empêchait de reprendre tout à fait conscience.

Urwaya retenait presque son souffle mais, enfin, l’implant fut extrait et déposé dans une petite bassine métallique. Luke venait à peine de finir de recoudre Far’Sic quand le vaisseau décéléra brusquement pour sortir de l’hyperespace. Presque aussitôt, Karm dégaina son sabre laser et transperça la bassine, l’implant, et la table avec. Mais c’était trop tard. Ils étaient sortis en plein espace et, pendant une fraction de seconde, l’implant avait eu le temps d’émettre.

— J’croyais qu’on était bons pour deux heures, remarqua l’Ark-Ni, avec un flegme inébranlable, comme si cet incident, pourtant assez grave, ne l’affectait guère.
— On a été frôlés par des tirs pendant l’extraction, j’voulais nous mettre à l’abri avec un saut rapide et ensuite, lancer les réparations. J’ai pas vraiment réfléchi à… ça…

Elle désigna le défunt implant. Les missions rocambolesques n’étaient pas non plus sa spécialité.

— Repartons aussi vite que possible.
— Oui ben ça, ça dépendra de l’état du vaisseau, commenta Urwaya, qui disparaissait déjà dans la cabine de pilotage.

Sur la table d’opération, Far’Sic commençait à remuer lentement. Elle finit par se redresser, décidément bien solide, et frôla du bout des doigts le pansement sur son cou.

— Alors ?
— C’est bon pour ça mais on est sortis de l’hyperespace trop tôt et l’implant a probablement émis avant d’être détruit.
— On peut pas juste repartir ?
— L’hyperdrive a besoin d’un recalibrage, annonça Urwaya en refaisant son apparition, le saut abrégé a endommagé les réglages de base et un panneau a brûlé pendant les combats.
— On a peut-être pas le temps pour ça. Y a une planète dans le coin ?
— Une station spatiale commerciale, genre relai d’hyperespace, qui sert de base à quelques sociétés d’exploitation minière des astéroïdes du coin, mais sinon, le secteur est désert.
— Ca fera l’affaire. Allons là-bas, mêlons-nous à la population et trouvons un autre vaisseau pour nous enfuir. Urwaya, vous aurez le temps de réparer le vôtre quand nous serons partis.
— Ouais, si les gens essaient pas de me foutre en taule.
— Chaque problème en son temps.

Et pendant qu’Urwaya regagnait le poste de pilote, Karm, lui, descendait dans la soute du vaisseau pour examiner l’étendue des dégâts. En vérité, les réparations à effectuer n’étaient pas considérables mais le temps leur était compter et l’essentiel, pour l’heure, était de se mêler à une foule. Sans traceur, ils seraient infiniment plus difficiles à retrouver et, loin d’Arkania, leurs poursuivants ne jouiraient pas des mêmes passe-droits.

Dans les comlinks, la voix d’Urwaya ne tarda pas à résonner.

— Je leur dis quoi, aux contrôleurs spatiaux de la station ? Parce que kidnappeurs, c’est pas exactement une super profession pour s’attirer les bonnes grâces des autorités astroportuaires, vous voyez.
— J’suis sûr que Luke trouvera quelque chose, répondit Karm, coincé avec un fer à souder entre deux tuyaux. on évite juste la carte des Jedis, quoi, pour éviter d’attirer trop l’attention.

Fort heureusement, ils n’avaient pas l’air de féroces criminels et, passés les contrôles d’usage, ils ne devraient pas avoir de problèmes à passer inaperçus sur une station ouvrière.
Luke Kayan
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Luke ne le montrait pas mais il était inquiet. La majorité de ses opérations- peu nombreuses, étant donné qu'on préférait, lui le premier, donner le scalpel à un voyant.- étaient l'affaire de quelques minutes. Cette fois-ci, le jeune homme devrait user de ses dons pendant un laps de temps qui risquait de l'épuiser, mais c'était son travail, alors il se tut, occulta ses préoccupations et se plongea dans la Force. Le processus fut heureusement rapide, grâce aux entraînements quotidiens acharnés qu'il s'imposait en ce sens. Bien que sa façon de communiquer avec cette puissance commune aux Jedis porte sa marque, le blond avait légèrement changé de tactique, et cette dernière portait l'empreinte de Karm. Ses leçons frôlant, voire enlaçant le mysticisme abattaient les barrières que le caractère toujours sceptique de Luke tendaient à maintenir. Les yeux clos, il "quitta" son corps pour se submerger dans celui de Far'Sic. Ainsi, le courant sanguin ressemblait presque à un guide qui le faisait louvoyer entre veines étroites et larges artères, le coeur suivait un rythme que le Hapien pouvait anticiper, d'ailleurs ses lèvres bougeaient discrètement, comptant chaque battement. L'anesthésie, puis le relais pris par le Gardien avaient octroyé un peu plus de temps au chirurgien improvisé. La patience n'était pas un souci pour lui, la fatigue davantage mais il luttait contre, poursuivant son tricot à coup de scalpel ou de pinces qu'il réclamait au robot.

Dans ces moments-là, la perception de Luke approchait de celle des Miralukas, raison pour laquelle il pouvait être aussi précis malgré sa vue absente. Le prix de cette magie incroyable était toutefois élevé, en plus de ne rien entendre de ce que disait Urwaya, ou quiconque à l'extérieur, Luke s'épuisait rapidement. Par chance, l'implant ne fit pas de résistance et bien que l'opération fut longue, un tiers de plus qu'avec un médecin plus expérimenté et surtout voyant, elle se passa bien. Le jeune homme lava méthodiquement chaque outil, toujours un peu en transe avant d'en ressortir, les jambes coupées, le souffle court et fardé d'une migraine saisissante.

— .... repartir ?

Les paroles de chaque membre de l'équipage de fortune commençaient à être audibles pour le Hapien qui avait reculé en cherchant de la main une chaise sur laquelle s'effondrer. Il lui fallut encore un certain temps pour comprendre le sens des mots et retrouver la réalité. Malgré des fourmis conquérantes qui galopaient le long de ses jambes, faites de coton, semblait-il, le Jedi hocha la tête pour affirmer qu'il reprenait le fil de la mission. Quoiqu'encore groggy pour sa part, Far'Sic rejoignit son enfant pour le calmer. Ce dernier pleura un temps, en bruit de fond, avant de se calmer.

- Tour de contrôle, station relai 45 68712 C-8-DF veuillez vous identifier.
[color=lightgreen]- Chasseur 4 places, sollicite permission d'atterrissage suite à une panne légère encore non identifiée dans le vaisseau.
- Négatif, veuillez identifier les membres de l'équipage.
- Je suis Urwaya Chavasco, pilote et propriétaire du chasseur La pervenche. , j'accompagne Madame Eurydice Far'Sic au nom de l'entreprise Rev's Corporation.

Puisque l'ennemi devinerait certainement leur position présente, ainsi que leur intention de débarquer sur la station, autant se servir de l'identité de Far'Sic qui inspirait confiance. Luke qui murmurait à la pilote ce qu'elle devait dire, introduisit le badge de J.J Bones trafiquée pour qu'elle soit scannée. Le code barre de l'entreprise fut lu et émis un bip prometteur.

- Nous avons un enfant à bord et craignons pour sa sécurité, nous avons un besoin urgent de nous poser.

Le gosse fut le coup de grâce pour l'équipe de la tour de contrôle qui décida de ne pas regarder de trop près la fameuse carte de l'ingénieur, ils autorisèrent presque de suite l'équipe à atterrir. Le Hapien assura ne pas avoir besoin d'aide sanitaire pour le bébé, prétextant une mesure de précaution plus que d'urgence. Pareil pour le mécano, l'entreprise en connaissait un sur la station qui avait avec eux, ses habitudes.

Le jeune homme se leva difficilement pour se rendre dans la soute, où il trouva sans le savoir, Karm occupé avec un fer à souder. Le haut de la porte particulièrement bas se montra poli et le salua d'un petit boum douloureux. Luke se frotta le cuir chevelu tout en avisant Karm.

- Nous allons atterrir. Nous sommes des commerçants, des hommes d'affaires qui travaillent pour Rev's Corporation, notre vaisseau a eu une petite panne, non identifié et nous avons souhaité nous arrêter par mesure de précaution, à cause de la présence de l'enfant d'Eurydice Far'Sic. Avec le badge de J.J Bones en prime ça a fonctionné comme un droïd fraîchement huilé. À la sortie, nous laisserons Miss Far'Sic parler seule avec les douaniers, si les autres prétendent que nous les avons enlevés, ils se poseront la question après l'avoir vu diriger l'équipe sans tenter d'appeler à l'aide.

Le jeune homme s'apprêta à ressortir puis se ravisa une seconde.

- Ah... Et merci.

Était-ce pour son assistance médicale ou pour autre chose? À Karm d'interpréter la voix douce qui lui avait soufflé sa reconnaissance.

Quoiqu'il en soit, et pour une fois, l'atterrissage se passa sans problème. Les membres de la tour de contrôle reçurent la signature d'Eurydice Far'Sic qui avait son enfant dans les bras. Elle ne dit rien du chantage dont souffrait son mari, sachant le danger potentiel que celui-ci courrait dans l'entreprise. Avec aplomb, elle donna ses ordres aux Jedis pour les inviter à descendre, puis discuta rapidement avec les employés, ferme mais décontractée. Luke adopta le visage d'un commerçant contrarié par la perte de temps, il présenta ses papiers -enfin ceux de J.J Bones tant qu'à faire.- et la suivit.

- Urwaya, nos chemins se séparent ici, j'imagine que vous ne souhaitez pas vous séparer de votre vaisseau. Merci pour tout. Si vous avez un problème, appelez ce numéro, c'est le mien. Vous ne devriez pas avoir de souci, mais si cela arrive j'ai des contacts sur Arkania.

Le délit étant mineur et surtout sans preuve -évidemment, des preneurs d'otages ne risquaient pas de vouloir témoigner d'un délit de fuite à la barre.- Luke n'aurait pas de problème à contacter le policier d'Arkania, sachant que cette petite station renvoyait justement ses criminels sur cette planète.

- On leur a bien mis, même si vous m'avez fait chauffé les turbots et le coeur. Hein!

L'humaine sourit et lorsque Luke voulut lui serrer la main, elle choisit de taper nonchalamment dedans. Elle avait mine de rien appris des gestes de Karm, pilote émérite et était ravie d'avoir fichu une raclée à Rev's Corporation. En plus, Luke lui avait assuré un paiement par transfert bancaire. Quelque chose lui disant qu'elle pouvait se fier d'eux, la pilote disparut dans la foule sans prendre davantage de garanties, ni montrer son inquiétude pour son vaisseau. Elle devait se préoccuper d'être lâchée sur une station avec des criminels peut-être capables de la reconnaître mais elle en avait vu d'autres et l'aventure avait valu la peine.

Luke se sépara d'elle puis se retourna vers le groupe. Il sortit d'un sac la fameuse perruque et la tendit à Far'Sic qui fit inévitablement la grimace. Elle ne dit cependant rien et la mis en faisant attention à la plaie sur sa nuque, refermée par des points qui laisseraient une cicatrice mais propres au moins. Luke se glissa habilement auprès de Karm.

- Je te préviens, je n'ai presque plus de crédits, je ne sais pas bien ce que nous pourrions proposer en échange d'un transport... On pourrait monter clandestinement, mais j'ignore si Far'Sic pourrait suivre, et ce n'est pas très protocolaire tout ça.

Ajouta-t-il en profitant d'une Eurydice détendue, occupée à regarder les étals tandis qu'ils s'enfonçaient dans la foule, se mêlant aux voyageurs. Luke attendit la réponse de son ami, songeant qu'éventuellement aller dans un bar pourrait leur servir afin d'accrocher une personne susceptible d'accepter un service contre un vol. À nouveau la main passait à l'Ark-Ni, déjà Luke peinait à se diriger parmi les badauds de plus en plus nombreux, et évidemment sa canne était cassée en deux, de plus leurs poursuivants savaient qu'ils cherchaient une femme, un enfant et un aveugle, ce serait autant mettre un gyrophare sur leur tête.
Karm Torr
Karm Torr
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Les ponts de la station spatiale offraient le paysage typique d’une cité populaire, peu susceptible d’attirer les touristes ni les bourgeois. Ici, on venait travailler sur les astéroïdes pendant trois ou quatre ans, dans un confort fruste, puis on rentrait au pays, pour trouver au siège un emploi plus confortable. Au fond, ça payait bien et les occasions de dépenser son argent, à bord de la station, étaient rares, alors l’un dans l’autre, c’était un excellent moyen d’économiser pour se lancer ensuite dans la vie.

Ainsi, la plupart des travailleurs étaient jeunes. Des gamins sans diplôme, de seize à vingt-cinq ans, assez courageux pour s’engager dans l’aventure spatiale, et que l’exploitation minière mettait sur les rails d’une petite ascension sociale, s’ils n’étaient pas victimes des accidents industriels, toujours terribles dans un pareil secteur. Certains bars étaient parfois animés, le soir, si toutefois une idée comme celle du soir avait encore un sens, sur des stations comme celle-ci, mais, dans l’ensemble, la vie y était plutôt calme.

— Y a toujours moyen de s’arranger, t’inquiètes. C’est pas tellement embarquer qui me fait souci, c’est trouver quelqu’un qui aille pas à Arkania ou au secteur voisin. Si on doit y aller de saut de puce en saut de puce, ça risque vite d’être compliqué.

Le bébé commençait à pleurer. Eurydice se tourna vers eux pour expliquer :

— Il a faim.
— Oui, et nous aussi, on ferait bien de prendre quelques choses. Par ici.

Karm indiqua une petite cantina ouvrière, dont la devanture sobre annonçait le genre de repas rapides et roboratifs qui convenaient à une vie laborieuse. Le petit groupe y pénétra. Un tableau annonçait les différents plats, des variations sur les rations standards qu’on trouvait un peu partout, à bon marché, dans les vaisseaux au long cours ou les stations spatiales. Des mineurs et des employés des administrations locales déjeunaient rapidement, en suivant sur leur datapad les actualités de leur planète d’origine ou en discutant de l’ouverture de nouveaux filons.

— Installez-vous, je vais commander.

Quelques minutes plus tard, Karm revenait avec des plats fort peu appétissants, mais finalement tout à fait acceptables. Eurydice, d’ailleurs, ne fit aucun commentaire.

— Oh… Euh…

Elle venait de sortir un sein.

— C’est un bébé, vous vous attendiez à ce qu’il mange un steak… ?
— Euh. Nan. Maintenant que vous le dites.

Du reste, on leur jeta un vague regard distrait mais personne ne parut s’offusquer. Les maternités n’étaient pas fréquentes à bord de la station, et les femmes elles-mêmes étaient assez rares, mais chacun ici avait l’habitude de se mêler de ce qui le regardait. Alors que l’enfant tétait, Karm acheva son propre repas.

— Je propose qu’on aille directement sur les docks. Les bars, on risque d’en faire une dizaine avant de croiser un pilote, et c’est pas dit qu’on tombe tout de suite sur le bon. Autant aller directement à la source. Et ça nous évitera de nous séparer.

Parce qu’il était évident qu’ils pouvaient difficilement se rendre dans un troquet flanqué d’Eurydice et, surtout, d’un nouveau-né. Le repas fini, ils quittèrent la cantine et se frayèrent à nouveau un chemin dans le labyrinthe de coursives de la station. Désormais, Karm ne doutait pas que leurs poursuivants aient accosté à leur tour et il s’attendait à les voir surgir à tout moment dans la foule. C’était cependant un risque inévitable : ils ne pouvaient pas se cacher indéfiniment et, plus ils attendaient, plus ils couraient le risque que les gros bonnets de la Far’Sic ne se décident à faire joueur leur relation pour faire pression sur les autorités stationnaires.

Les docks ne bourdonnaient pas de l’activité que l’on trouvait sur d’autres stations. Ici, on trouvait surtout de gros cargos qui partaient deux fois par mois, trois tout au plus, pour emporter les lourdes cargaisons de minerais, et les petits vaisseaux étaient beaucoup plus rares. Lorsque la saison des fins de contrat arrivaient, bien sûr, les petites navettes étaient très nombreuses, alors que le personnel se renouvelait mais, en dehors de ça, c’était la machine calme et bien huilée des convois.

— Hey, lança Karm à un musculeux docker de dix-sept ans, penché sur un droïde de déchargement, qui ne devait plus très bien fonctionner. Tu connaîtrais pas des fois des capitaines qui prennent des voyageurs ?

L’adolescent lui jeta un regard méfiant. Pas qu’il le soupçonnât de quoi que ce fût en particulier. Simple habitude d’insulaire, pour ainsi dire. Karm s’accroupit en face du droïde et désigna un câble.

— C’pas le bon isolement, ça a été remplacé vite fait, du coup, ça fond en surchauffe, ça se mêle au circuit. Faut changer le câble, faire un raccord plus propre, ventiler la machine et ensuite, ça d’vrait repartir.

Le dockeur l’observa, avec une pointe d’indécision, mais comme il arrivait souvent dans le petit monde des stations spatiales, on était porté à faire confiance à un Ark-Ni, quand il s’agissait d’improviser une solution mécanique.

— OK, merci, répondit-il finalement d’une voix bourrue, en se redressant, imité par Karm, les tankers, ils prendront personne, mais y a les navettes pour le Noyau, qui partent une fois par jour. Si c’est pas une journée trop chargée, vous devriez p’têtre pouvoir trouver une place.
— C’est cher… ?
— Ben c’est le Noyau donc, ouais, plutôt.

Karm hocha la tête, avant de remercier le jeune homme. Direction les docks de voyage, donc.
Luke Kayan
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Ah le sein,

Celui que sa mère avait refusé de lui donner, celui auquel les hommes de son Ordre étaient sensés résister, celui envers qui les gens avaient trop peu de tolérance lorsqu'il nourrissait l'enfant, et un peu trop lorsqu'il voulait séduire. C'était toute une histoire, une institution. Les hololivres à ce sujet pullulaient, des œuvres amusantes, des torchons se voulant sérieux qui prétendaient aux mères que si elles n'allaitaient pas leur gamin, elles les exposaient à de graves traumatismes ou maladies allant de l'autisme à l'homosexualité. Bref. Ce sein qui heureusement ne fit pas tant parler de lui dans la discrète cantina. Luke étouffa un sourire lorsque Karm s'étonna de ce bout de chair célèbre et de son travail: nourrir Brian qui ne risquait pas de se nourrir de steak. Lui non plus n'était pas doué dans le domaine, allant jusqu'à ignorer que les femmes n'étaient pas toujours disposées à tomber enceintes, qu'elles avaient leur période jusqu'à ce que Atalan Pirin le déniaise, médicalement parlant, évidemment.

Le nez dans son assiette, Luke finit très difficilement la moitié de sa salade, grasse. Il n'allait pas se plaindre de la qualité de la nourriture, en tant que Jedi, ce serait vraiment de mauvais goût, mais il faut dire que ladite verdure en avait encore un pire- de mauvais goût.-. Et s'il n'était pas difficile, le Hapien avait beaucoup de mal à consommer quelque chose dont l'origine était douteuse, recelait des calories en trop ou une sauce si expressive. Lui préférait le simple, le sec, à la limite du "sans saveur ajouté", car le reste, comme cette salade imbibée de graisse -comment une salade pouvait-elle arriver à en contenir?- lui donnait l'impression de... Perdre le contrôle sur sa santé qui n'avait jamais été meilleure grâce aux entraînements de Karm. Il ne voulait pas revenir à sa fragilité d'antan.

Le repas donc assez rapidement englouti, le trio, -quadra si on comptait Brian qui participait par le biais de sa bonne volonté, puisqu'il était vraiment sage- se dirigeait vers les docks ->>où le poids et l'ennui me courbent le dos, ils arrivent le ventre alourdis de fruits, les bateaux [...] Emmenez-moi au bout de la terre, emmenez-moi au pays des merveilles.! ❤<<- où l'Ark-ni aborda un jeune qui y travaillait avec une certaine aisance. Luke saisit rapidement d'où provenait le langage délié de ce dernier: le sujet de conversation. Aussi doué en mécanique qu'au sabre-laser, son ami ne tarda pas à gagner à confiance du docker qui leur indiqua un endroit vers lequel se diriger. Inutile de répéter qu'il n'avait plus suffisamment d'argent pour un tel voyage, Karm l'avait certainement pris en compte. Réduit au rôle de touriste le jeune homme suivit sans difficulté leur guide, au même titre que la -ô miracle- silencieuse Eurydice. À travers la Force, Luke pouvait sentir sans peine sa détresse bien qu'elle soit contrôlée, ce qui en faisait une personne admirable outra sa singulière vulgarité. Désormais moins méfiante quant aux capacités des Jedis, la trentenaire était l'otage -presque- parfaite. Sans pleurnicher sur les routes empruntées par eux, les clodos aux vêtements rongés par la pollution émis par les vaisseaux qui s'approchaient, les ados qui se croyaient les plus grands rebelles pour avoir des mèches teintées. Elle serrait un peu plus son enfant contre sa poitrine et poursuivait sa route, aux côtés de son prétendu mari, la perruque bien en place, de quoi gagner quelques secondes de doute de la part des poursuivants.

Pour le moment d'ailleurs, nul danger à l'horizon, mais c'était plutôt normal, le temps que ceux-ci trouvent comment débarquer sur la planète puis qu'ils la fouillent. Le Hapien espérait qu'Urwaya ait réussi à repartir afin de laisser le moins de traces possibles. Il espérait que les employés de Rev'S corporation n'auraient pas l'occasion de "l'interroger" même si le fait de savoir la pilote débrouillarde le rassurait.

Une fois sur les docks, Luke s'approcha de quelques propriétaires ou employés qui pullulaient sur les flancs des navettes, afin de savoir s'ils avaient une chance. Il y avait bien un transport en commun, seulement le voyage serait très lent et le blond ne voulait pas prendre le risque de mettre la vie de civils en danger. Il avisa donc un vieil homme dont il devina plus ou moins l'âge à cause de sa voix éraillée. Le ventripotent ne s'en laissait pourtant pas conter, surveillant le travail de ses employés avec attention et renforts de jurons typiques des vieux loups de l'espace.

- Des voyageurs? Pas d'ça gratos chez moi.
- Monsieur, comme je vous l'ai dit, je peux vous payer.
- Hahaha mais ce que tu me proposes ne me sert même pas pour payer l'essence, et pi quoi? Une bonne femme avec son gosse et un genre d'ado retardé, avec toi et ton regard perdu? Ça sent les embrouilles à pleines narines. Vous puez à des kilomètres, tous les gars d'ici pigent que ya un truc pas normal chez vous.

Effectivement, si personne ne posait de questions, c'était certain qu'Eurydice et son enfant pourtant bien camouflé entre les replis de sa couvertures faisaient tâches, même Luke pouvait "visualiser" combien la scène était saugrenue. Il se souvint de Dranor Darinson, à prix d'or l'homme l'avait "protégé" sur une barge pleine de Hutts. Inutile de songer à une telle solution avec une femme et un gosse, sachant qu'il avait dû, lui, se protéger, autant que le soit-disant garde du corps... Certes, pas inutile, mais clairement dépassé par la situation sur cette navette remplie de ses ennemis. Le Hapien grimaça, les solutions s'amenuisaient, et appeler le Temple à la rescousse était impensable, car aucun d'eux ne pouvait demeurer à la station plus d'une demi-journée, sachant que deux heures était déjà dangereux. Luke poussa un soupir, abandonna l'ancien à son tabouret, ses injures inter-galactiques et son oeil de verre qui le contemplait, d'un air plus vide encore que ses propres globes oculaires dysfonctionnels. Cet homme ne ferait pas l'affaire.

Après plusieurs discussions, le jeune Jedi repéra une "victime" idéale, oui c'était triste d'en arriver là, mais ce n'était pas comme s'ils avaient le choix. La navette étant plutôt grande d'après la description que lui en avait fait le confiant pilote, un peu avaricieux -il demandait une fortune pour le voyage.- et grande gueule.

- C'est bizarre cette femme que tu traînes avec quoi? Son second fils aux cheveux bleus? Et toi t'es le mari de la cougar? Mais t'sais quoi, j'suis pas regardant, 10 000 crédits et on embarque dans une heure.
- 5000, pas plus.
- Écoute-moi bien, personne va accepter les bagages que tu te trimbales et t'as l'air pressé de quitter l'endroit pour mettre tes fesses au chaud, alors c'est 10 000. Me dis pas que la vie de ta jolie compagne ne vaut pas ce prix.
- 5 000
- T'es têtu toi! Oh mais attends... Tu négocies pas, t'es désespéré en fait! T'as rien d'autres, hein? Dégage. J'ai plein d'autres voyageurs prêts à payer ce prix, pour une seule personne en plus.

En effet, de nombreux enfants qui avaient eu la "malchance" de naître sur ce trou paumé voulaient prendre leur envol vers les Terres promises, le noyau donc. Une fois adolescents, certains fuguaient avec les économies familiales, bien que le plus commun soit qu'ils partent en jeunes adultes, épaulés par des parents larmoyants et ruinés. Luke leva la main, deux doigts repliés pour l'aider.

- Qu'est-ce tu fous?

Le regard globuleux de l'homme roula à droite et à gauche, cherchant la combine. Le jeune homme en face n'avait pas d'arme. L'idée qu'il soit un utilisateur de la Force l'effleura tardivement car personne n'avait l'habitude d'en rencontrer ici. Toutefois elle traversa son esprit de voyageur, mais c'était trop tard pour se préparer mentalement. Il ferma les yeux mais l'attaque ne vint pas. Juste un étau dans sa tête, peu douloureuse mais ennuyeuse, étrange comme si quelqu'un bloquait ses pensées.

- 5 000 crédits pour le voyage
- N...
- 5 000 crédits pour le voyage, pour la femme, l'enfant, l'autre homme et moi.
- 5 000 crédits pour le voyage, pour la femme, l'enfant, l'autre homme et vous.

Malgré une forte tête, le pilote n'était pas suffisamment intelligent, ou expérimenté-malgré une perspicacité aussi commune qu'affolante à ceux qui exerçaient ce métier sur les docks.- pour lutter contre la persuasion du Jedi qui avait agi aussi rapidement et discrètement que ses dons en la matière un peu rouillés le lui permettaient. Convaincre grâce à la Force n'était pas la première solution pour quelqu'un de son Ordre, mais présentement ils n'avaient pas le choix, et puis le Hapien soupçonnait ce trop ambitieux héritier du cargo de son père, de faire passer régulièrement des clandestins: il savait comment s'y prendre, et gagnerait de toutes manières de l'argent.

- J'ai trouvé un transport.

Fit Luke en glissant une onde pleine de sous-entendus à Karm qui avait peut-être pu sentir le tour de passe-passe d'ailleurs. Il haussa les épaules sans trop se souvenir de la signification exacte d'un tel geste. Sans doute voulait-il appuyer le fait qu'il n'avait pas eu d'autres choix que de convaincre la petite fripouille.

- On part dans une heure. C'est une navette commerciale, armée au minimum car elle dessert des mondes éloignés, juste de quoi maintenir les pirates de l'espace éloignés le temps de fuir. Est-ce que ça suffira?

Le comlink du blond, toujours uni à ses écouteurs, vibra, Luke l'attrapa rapidement et en mis un à son oreille. La voix monotone du robot lui lut le contenu, court.

- C'est Urwaya.- Il tendit le petit objet à son ami.-

Urwaya a écrit:Je devrais pas, mais j'ai vu par hasard vos potes atterrir. Ils sont garés et sont sortis, avec un mec pour protéger leur vaisseau. Faites gaffe, ils ont débarqués et paraissaient en rogne. J'sais pas où vous êtes, mais lls ont filé du côté des docks. Réponds pas sur ce numéro, j'ai jeté le comlink. Bonne chance et faites bien ch*** vous-savez-qui surtout.

- Ils ne doivent pas être loin.

Commenta le jeune homme qui savait la prochaine heure-le temps que leur potentiel vaisseau- était décisive. Et encore, si l'Ark-Ni estimait leur transport apte à les emmener.

- On fait quoi en attendant -Intervint Eurydice par surprise, heureusement après que Luke se soit ouvert à Karm.- On poiraute?

Malgré son commentaire, le blond la sentit plutôt tranquille. Elle devait avoir bon espoir de se trouver à l'abri après autant d'aventures. Il ne restait plus qu'à prendre un vaisseau, pas vrai? Quant à son mari, elle cachait parfaitement ses inquiétudes à son sujet.
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Leur porte de sortie attendait sagement sur les docks et les deux Jedis, accompagnés de leurs fugitifs, avaient rejoint un coin du vaste hangar, pour s’y faire aussi discrets que possible, un exercice que rendaient plus facile l’effervescence croissante des dockers qui chargeaient et déchargeraient des caisses, et les allées et venues d’innombrables droïdes. Mais la station spatiale n’était pas très grande et Karm doutait qu’ils puissent passer une heure sans se faire repérer.

— OK, on prend cette navette, décida-t-il finalement, après mûre réflexion. En attendant, vous restez ici, j’vais en reconnaissance voir où sont nos potes, et éventuellement en disposer.
— Attendez, vous allez nous laisser tout seuls… ?

La soudaine inquiétude d’Eurydice était sans aucun doute désobligeante pour Luke mais elle était aussi parfaitement rationnelle. Elle avait vu Karm en combat, par deux fois déjà, et beaucoup sa tranquillité reposait sur les aptitudes guerrières de l’Ark-Ni. Luke, lui, était aveugle. Doué pour négocier, semblerait-il, mais difficile à imaginer en train de tailler des agents surentraînés, le sabre à la main.

— S’ils arrivent jusque ici et que le combat s’engage là, plus personne acceptera de nous prendre à son bord. Du coup, ça nous laissera le choix que de voler une navette, et je me vois mal échapper comme ça aux défenses de la station, ou attendre l’Ordre, et ça peut prendre un moment. Alors j’vais prévenir le problème en amont, en espérant que ça puisse rester un peu discret.

Pour une fois, dans cette mission, il se sentait dans son élément : des décisions tactiques à prendre, des combats à mener, voilà qui était fait pour lui. C’était la seconde fois seulement, depuis sa rencontre avec Luke et leur naufrage sur une lune déserte, que Karm n’avait pas l’impression d’être un poids pour son compagnon, à tituber d’indice en indice au cours d’une enquête dans laquelle il peinait à se rendre utile.

Karm se pencha vers Luke et murmura quelques mots à son oreille.

— Si j’suis pas revenu, vous embarquez quand même, je vous retrouverai après. La priorité, c’est la mission. Si j’arrive pas à les neutraliser, j’essaierai au moins de les retenir.

La perspective de se séparer du groupe ne l’enthousiasmait pas plus qu’elle ne réjouissant Luke, supposait-il, mais c’était de loin préférable à rester là, pour attendre que les mercenaires de la Rev’s leur tombent dessus comme la misère sur le pauvre monde. Karm adressa un regard plein de confiance à Eurydice, avant de s’éclipser, en se frayant un chemin entre les dockeurs et les robots. Contre sa mère, l’enfant commençait à s’agiter.

La proie était devenue le chasseur et Karm était en quête de ses adversaires. L’idéal aurait été de les entraîner dans une ruelle pour les assommer sans ménagement mais il n’excluait pas la possibilité de déclencher une bagarre pour les retenir. Ils seraient probablement emmenés par les autorités, et lui avec, mais les temps que les explications éclaircissent l’affaire, Eurydice, Brian et Luke seraient déjà loin. Nul doute l’influence de la Rev’s Corporation d’un côté, celle de l’Ordre Jedi de l’autre, suffiraient à assurer finalement la liberté des belligérants mais, tout ce qui comptait, c’était de gagner du temps.

Quelques niveaux plus haut, dans le quartier des restaurants et des bars, il crut percevoir la présence vague d’un danger. En un sens, c’était plutôt bon signe. Se fiant à son intuition, il se faufila entre les mineurs et les administrateurs, et pénétra dans un établissement à l’ambiance tamisée, envahie par la fumée de cigarettes que le système de ventilation n’arrivait pas à chasser aussi vite qu’elle ne se répandait.

Prestement, le Jedi se colla contre un mur quand il avisa quatre hommes que leur allure militaire distinguait du reste de la population. C’était probablement eux qu’ils cherchaient et, d’ailleurs, le chef de la bande était en train de s’entretenir avec le droïde barman, pour lui poser sans aucun doute quelques questions. En pure perte, d’ailleurs, les robots de service étaient programmés pour savoir rester discrets et celui-ci n’aurait de toute façon rien eu à révéler.

La situation était idéale — autant qu’elle pouvait l’être, quand on essayait de sauver une femme et son enfant, pour le compte d’un mystérieux employeur, en étant poursuivis par des soldats privés, après avoir vu un Wookie exploser. D’un geste discret de la main, Karm fit voler un tabouret d’un bout de la pièce droit contre le crâne de l’un des mercenaires. Alors que ce dernier heurtait le bar, les trois autres firent volte-face, armes au poing. Aussitôt, des exclamations soit outrées, soit craintives, retentissaient dans le bar. Certains clients sortirent leur blaster ; le barman automatique alerta la sécurité.

L’alarme convainquit les quatre hommes de ranger leurs armes et déjà, les clients se dispersaient dans la cohue, pour éviter les questions embarrassantes du service de l’ordre à propos de leur propre blaster. Alors que les hommes passaient près de lui, Karm laissait traîner une cheville assassine et le croc-en-jambe provoqua la chute de l’un de ses poursuivants, qui entraîna avec lui deux ou trois autres clients.

Rapidement, le ton monta et ce fut enfin la bagarre généralisée que Karm attendait tant.
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