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L’aube se lève sur Gree, jaune comme un soleil se déverserait sur les terres arides de la planète, rendant toute leur splendeur aux édifices de la société Gree. Mais les céphalopodes sont devenus peu nombreux sur la planète. L’endroit est devenu une terre sacrée, où des pélerins voyagent de temps en temps, ainsi que des scientifiques venus de toute la galaxie.
La planète n’a ni armée, ni véritable gouvernement. Elle sera prise en quelques heures à peine, car qui viendra défendre une terre sauvage comme celle-ci ?
Et pourtant, elle aussi pourrait devenir un symbole de l’extension de l’Empire. Car ici, ce n’est pas la République qu’il faudra combattre, elle est occupée ailleurs. Ni même la population locale, insignifiante. Non, ce seront les justiciers attirés par l’honneur comme des hordes de gizkas par le whisky corellien.

Les transports impériaux atterrissent dans la poussière, au milieu de ruines encore fréquentées. Les quelques grees et humains présents paniquent immédiatement et se soumettent en voyant débarquer les Sith. Ici, contrairement aux attaques de Dubrillion et de Dathomir, ce ne sont pas des hordes bien rangées de soldats, mais plutôt une nuée de jeunes apprentis Sith et de quelques guerriers plus expérimentés.
Les sabres surgissent et s’éparpillent en tous sens, à l’assaut de cette terre d’accueil…

… Et au milieu d’eux, un homme marche lentement, paisiblement presque, avec la posture d’un roi découvrant son nouveau territoire. Ses yeux d’un bleu éclatant brillent dans cette aube resplendissante. Il s’arrête pour humer l’air et fermer les yeux, comme si le vent allait lui apporter des nouvelles. Derrière lui, le grand tailleur de sang tient son arme et la fait tournoyer avec brusquerie.

- Patience, Garuda, dit le Seigneur Sith avec un sourire. Patience, ils arrivent. Je le sens…

Autour d’eux, les Sith sont si excités que certains échangent des passes d’armes bruyantes pour s’échauffer, s’entraîner. Ils attendent les invités avec tellement de joie, se dit Darth Nero. Il espère qu’ils feront beaucoup de prisonniers à ramener au Clergé Sith. Des Jedi, ce sont de grosses prises, du genre que le Cardinal Noir apprécie. D’ailleurs, certains de ses sbires traînent ici, parmi eux. Ils sont reconnaissables à leur calme et leurs capuches noires…

- Votre majesté, dit le Grand Mestre. Une communication de Darth Noctis… Il vous signale que les vaisseaux sont apparus sur les radars.
- Ah. Tu vois, que t’avais-je dit ?

Darth Nero rouvre les yeux et sourit. Il va y avoir des ennemis à la hauteur de sa grandeur, d’ici quelques minutes à peine, au milieu de ces merveilleuses ruines…



------------A bord de l’Espoir, frégate légère Jedi.

Dans l’espace noir, en orbite de Gree, une petite nuée de vaisseaux apparaît soudain. Ils sont affublés de discrets logos Jedi. Si les tensions dans la galaxie n’étaient pas connues, on aurait pu les prendre pour une petite escorte sans importance. Et pourtant, certains des Maîtres et Chevaliers les plus compétents se trouvent à bord.
Sur le pont de commandement, toutefois, la Force se diffuse dans une aura lumineuse et apaisante, si bien que l’on croirait se trouver en temps de paix. Mais personne ne se fait d’illusions. Ce n’est que le calme avant la tempête.

- Maître, vous allez bien ?
- Très bien, et vous padawan ?

La padawan en question, une jeune twi’lek à la peau bleu ciel qui vient d’arriver, déglutit mais parvient à lui faire un sourire.

- Ça va aller, Maître Marja. En tout cas, vous aviez raison… Ils sont déjà là.
- Je sais.

Sur les radars, toutes deux observent les petits points rouges qui représentent la flotte ennemie. Elle est assez peu nombreuse. Comme leur propre flotte. Hildegarde fronce les sourcils. Ils sont sortis d’hyperespace il y a quelques minutes à peine… Et dire qu’elle est partie pour Dubrillion avec son équipe, et qu’elle se retrouve beaucoup plus loin à cause d’une intuition… Mais pas des moindres, puisque Maître Vespen lui a fait part du même message reçu à travers la Force. Alors, elles ont pris sur elle de remplir cette frégate avec leurs maigres ressources, et de partir pour Gree en compagnie d’une petite flopée d’autres vaisseaux Jedi légers. Sans rien savoir de cet appel, sinon que si elles l’ignoraient, des innocents périraient par leur faute.

Et désormais, voilà cette poignée de Jedi qui se retrouve au-dessus de la planète menacée par l’extension impériale, si loin du conflit principal qui sévit sur Dubrillion…

- Maître Marja ? Une communication est diffusée en boucles sur les ondes radios, lui signale la jeune Dalla. Je vous transfère ?
- Oui.

Aussitôt, un moniteur se met à grésiller. Puis une voix surgit. Calme comme l’océan.

- Jedi, je vous souhaite la bienvenue. Les festivités auront lieu dans les ruines de Vekajj, coordonnées 45.3484398, 09. 2489845 de la planète. Veuillez éviter tout bombardement pour protéger les précieux legs de la société Gree. Si vous tardez trop, nous nous en prendrons à la population locale. Venez nombreux, nous vous attendons ! Jedi, je vous souhaite la bienvenue. Les festivités…
- Qu’est-ce que c’est que cette plaisanterie ?

La twi’lek Jedi coupe la communication, tandis qu’Hildegarde passe ses mains sur son visage.

- Je vais y aller, dit une voix déterminée.

Les deux Jedi se retournent en direction de la voix. Maître Vespen se tient là, confiante. Maître Marja acquiesce avec gravité.

- Emmène avec toi nos meilleurs éléments… Je vais me charger de veiller à ce que vous puissiez être récupérés au cas où il s’agirait d’un guet-apens et que des renforts arriveraient… Sois prudente, Saery.
- Que la Force soit avec vous !
- Elle le sera, j’en suis sûre.

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- La Rougeoyante pour l’Espoir, demande de communication expresse.

Seul le silence répond au sous-officier chargé des communications inter-flottes du croiseur républicain encore pris dans les feux de la bataille de Dubrillion.

- La Rougeoyante pour l’Espoir, répète-t-il. La Rougeoyante pour l’Espoir, répondez !

Encore une fois, rien d’autre qu’un grésillement paisible. L’officier vérifie une énième fois que les valeurs utilisées correspondent bien à la frégate commandant leur détachement. Mais tout est en ordre. Alors il se tourne vers son supérieur qui, derrière lui, ne cesse d’aller et venir entre les consoles et ses subalternes pour relayer ordres et informations.

- Mon lieutenant… Les Jedi envoyés vers Gree ne répondent pas.

L’air grave, l’officier nautolan acquiesce. Il s’empare de son comlink pour transmettre la nouvelle vers le pont de commandement.

- Mon commandant, la flottille envoyée défendre Gree ne répond plus.
- Les enfoirés, grogne la voix du commandant dans le comlink. Je ne peux pas abandonner Ular’Iim maintenant, c’est trop risqué !
- Je sais mon commandant, mais l’Etat-Major attend votre rapport de situation…

Nouveau grognement, suivi d’un silence désagréable.

- Dites-leur que les Jedi ne répondent plus et qu’ils sont probablement perdus. Demande d’autorisation d’abandonner Gree pour le moment et de se concentrer sur Dubrillion. La situation ici n’est pas défavorable mais nous ne pouvons prendre le risque de perdre cette bataille.
- Bien, mon commandant.

La communication est coupée. Les regards sont tournés vers le nautolan, suspendus entre sidération et hésitation. Mais les ordres sont les ordres, et ils ont du travail.

- Vous n’avez pas entendu ! crie brusquement le nautolan, une veine gonflée visible sur sa tempe couverte de sueur. Tosk, rédigez le rapport de situation ! Dellart, informez le commandant Ular’Iim que la Rougeoyante reste à ses côtés ! Riggs… Cessez la tentative de communication avec les Jedi, ce n’est plus dans nos attributions.

Le sous-officier acquiesce en silence et obtempère. Il se penche sur son moniteur et, d’une brève pression sur une touche… il efface les coordonnées de communication de l’Espoir.



-------- A des parsecs de là, des débris de métal volent en nuées désordonnées au-dessus du ciel de Gree. Un spectacle dramatique, dont les déchets spatiaux témoigneront pour des années encore, projetés en orbite de la planète reculée. Les vaisseaux qui viendront en reconnaissance verront peut-être aussi les corps gelés d’impériaux et de républicains ayant terminé là leur dangereuse carrière.

Mais tous ne sont pas morts. En témoignent les centaines de capsules qui traversent le ciel au-dessus des ruines, telles des météorites flamboyantes à leur entrée dans l’atmosphère. Les combattants de Nero et les Jedi interrompent momentanément leurs combats pour observer cette étrange scène. Pour la plupart, elles sont retenues à quelques centaines de mètres du sol par des parachutes soudainement déployés, mais quelques-unes n’ont pas cette chance et s’écrasent avec violence, dans une déflagration dont les échos sont perceptibles par tous. Les autres sont déposées cahin-caha dans le sable tout autour d’eux. De loin, il leur est impossible de savoir si ce sont des impériaux ou des républicains… Et loin derrière, un mur de sable semble doucement avancer… Une tempête sera bientôt là !

Et la bataille n’est pas terminée.

- Chevalier Dubrovley, ici le Maître Binsk. Vous êtes arrivé dans le secteur Veragi ?

Le Jedi cligne des yeux avant de répondre. Dans son petit chasseur monoplace, il vient de sortir d’hyperespace, persuadé de tomber au milieu d’un combat spatial, mais…

- Chevalier Dubrovley, je répète, ici le Maître Binsk ! Vous êtes arrivé oui ou non ?
- Oui Maître, se dépêche cette fois de répondre le jeune zabrak en bure aux commandes du petit appareil.
- Alors, ça se présente comment ?
- C’est que… Il n’y a plus personne, maître.

Au moment où il dit cela, un corps gelé passe en flottant devant son cockpit. Il le suit du regard, hébété.

- C’est comme si… Tout le monde avait disparu. Il n’y a plus que des débris, maître. Pas de Jedi, pas d’impériaux. Juste des débris…

Désemparé, le maître en communication ne lui répond pas. Il partage certainement la même stupeur que le jeune chevalier.
Ce dernier finit par apercevoir un débris plus que les autres. Cela ressemble… au flanc d’un croiseur impérial !

- Chevalier, essayez de prendre contact avec le sol. C’est notre meilleur espoir. Ils ont peut-être survécu en atterrissant. Je veux dire, ils ont certainement survécu au sol ! Retrouvez-les-moi !
- Oui, maître.

Aussitôt, le zabrak semble arriver à sortir de la surprise et réactionne les commandes : pour pouvoir contact d’éventuels survivants, il va lui falloir entrer dans l’atmosphère. Quelques minutes plus tard, il pénètre dans la chaleur de Gree, au-dessus des déserts à perte de vue, et recherche les balises de transporteurs jedi. Pendant un long moment, alors qu’il fend les airs en haute altitude, son radar ne capte rien du tout. Ce n’est pas normal : les balises des navettes jedi émettent à suffisamment longue distance. Auraient-elles été détruites ?

Alors qu’il allait tristement annoncer à son supérieur qu’il ne parvenait pas à retrouver de traces de ses congénères, il capte soudain un faible signal républicain. Puis deux, puis trois. Puis sept ! Mais pourquoi à si faible puissance… Des capsules de sauvetage !
Aussitôt, il vire au-dessus des dunes de sable pour plonger vers la surface en direction des signaux. Il scrute le paysage jaune mais à part quelques ruines, il ne distingue rien ni personne. Il n’a plus qu’à diffuser…

- Jedi, républicains, ici le Chevalier Dubrovley, en reconnaissance. S’il y a des survivants, manifestez-vous !

Il répète plusieurs fois le message, jusqu’à ce que…

- Chevalier Dubrovley, je n’ai jamais été aussi heureuse de vous entendre. J’espère que vous avez apporté la crème solaire, ça fait des heures qu’on grille ! Maître Vespen, à vous.

Le zabrak sourit.

- Navré, je n’ai pas pris ça dans ma valise maître. Mais je signale immédiatement votre position. Vous serez très vite extraits. Il y a du monde avec vous ?
- Plus au nord, plusieurs dizaines de républicains sont avec Maître Marja. Et avec moi… Une bonne petite vingtaine de personnes : ma troupe et quelques… invités impériaux. On les ramène aussi, pour leur faire voir du pays !
- Entendu !