Le Masque de la Force
Le Masque de la Force
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Au sol,

Dubrillion est en flammes. Mais elle n’est pas encore perdue… Ou gagnée. Loin de là. Ce monde est pris entre l’étau de la République et de l’Empire, pour la troisième fois. Jamais il n’avait été aussi prêt. Pendant des mois, un effort planétaire visant à relancer l’économie a permis la construction de réseaux de galeries, de bunkers et d’abris dans les grandes villes. Toutes les nouvelles superstructures : gratte-ciels, ponts, axes routiers, ont été volontairement minés par les autorités locales, sans l’aval de la République, sous ordre directe du souverain. Si l’Empire a méthodiquement bombardé les sites stratégiques millaires capables de lui opposer la moindre résistance, la plupart des édifices civils ont été épargnés, question de praticité. Une terrible erreur.

Ainsi, dès les premières minutes de l’offensive impériale, la majeure partie de la population a été évacuée sous terre. Et c’est donc une capitale pratiquement vide, mégalopole fantôme, que les troupes découvrent lorsqu’elle se déploient dans les rues désertes. Des colonnes entières de blindés remontent les grands axes routiers, tandis que toujours plus de transports de troupes se posent. Le silence, telle une chape de plomb, pèse sur les épaules des conquérants qui ne comprennent que trop tard qu’ils sont tombés dans un piège.

Soudain toutes les charges explosent. Les ponts et les autoroutes aériennes s’effondrent, emportant avec eux tout ce qui se trouve dessus, ensevelissant tout ce qui se trouve dessous. Plusieurs gratte-ciels tombent, écrasant sous des millions de tonnes de permabéton et d’acier les axes principaux parcourant le cœur de la capitale impériale. La situation est la même, dans toutes les grandes villes planétaires. Les pertes impériales sont conséquentes, mais ces troupes sont plus qu’entrainées. Elles réagissent avec célérité, tandis que les issues cachées menant aux réseaux souterrains vomissent de petits groupes de soldats armés, prêt à entamer une guérilla urbaine des plus féroce.


Aujourd’hui aurait dû être une journée comme tant d’autres. Une réunion au sommet, sur Dubrillion, rencontre avec des partenaires financiers prometteurs… Investir dans la reconstruction d’un monde frappé par deux conflits militaires d’envergure : voilà une aubaine que l’homme d’affaires Voyl Clawback n’aurait su laisser passer !

Sauf qu’une petite erreur de virgule s’est introduite dans ses savants calculs. Ce ne sont plus deux, mais trois conflits militaires d’envergures… Et Le Muun se trouve pris, malgré lui, en plein milieu de ce dernier. Ceux sont des alarmes qui d’abord, lui font comprendre qu’il se passe quelque chose de grave. En plein milieu d’une réunion, tout le monde se lève, part en courant vers les ascenseurs et les issues de secours. Déboussolé, celui-ci n’a d’autre choix que de suivre le mouvement… Et quelques minutes plus tard commencent les bombardements planétaires.

Les frappes orbitales s’écrasent sur leurs cibles avec tant de violence, que le sol en tremble, les vitres volent en éclats. C’est la panique générale… Mais au milieu de toute cette confusion, des représentants de l’ordre civil : policiers, militaires du coin, organisent les évacuations. Ils sont épaulés par plusieurs Jedi. Malgré tous leurs efforts, le chaos rend les opérations complexes, ils perdent du temps… Certains regardent frénétiquement leurs montres, et Voyl comprend qu’il va se passer quelque chose. Quelque chose d’énorme…

Qu’il aimerait avoir tort par moment se dit-il… Car, à quatorze heure précise, de violentes détonations soufflent plusieurs édifices de la capitale. L’onde de choc projette les pauvres habitants au sol. Un nuage de poussières dense se soulève, rougit les yeux, brule les poumons. Ces malades ont fait sauter leur propre ville pour ralentir l’invasion impériale ! Sonné, les oreilles en proie à de terribles sifflements, Voyl se relève, perdu au milieu d’un champ de ruine. S’il est en vie, c’est notamment parce que le siège de la corporation où se déroulaient les pourparlers n’a pas complètement explosé… Et soudain, une idée folle lui traverse l’esprit. Les locaux sont vides. Entièrement vide. Aucune sécurité… Et s’il en profitait pour explorer les lieux et… disons… en apprendre un peu plus sur les comptes et les investissements de ses futurs associés. Si tant est qu’ils survivent à cette invasion. Oui, cette idée est folle. Mais que peut-il faire d’autre ? La planète est ceinturée par le flotte impériale qui tire à vue sur tout ce qui tente de la quitter… Et quitte à risquer sa vie, autant qu’il y ait un réel gain potentiel, non ?

Ainsi, rapidement, il entre dans le bâtiment à moitié effondré.


***


A moins d’une centaine de mètres de là, c’est un Jedi, Luke Kayan, qui sort péniblement des décombres. Il est blessé, une tige d’acier enfoncée dans l’épaule droite. Il serre les dents. Au moins il est en vie. La confusion peine à se dissiper de son esprit. Que s’est-il passé ? Le choc à la tête a comme effacé les dernières minutes de sa vie… La mission dans le secteur, l’attaque surprise de l’Empire, l’aide à l’évacuation de la population dans le réseau de bunker sous-terrain… Puis… Le vide le plus total. Rapidement, il sent une présence. Un être vivant. A une centaine de mètres de là, derrière un amas de ruine qu’il identifie mentalement, comme le reste d’une structure plus grande. Peut-être que celui-ci aura des réponses… A moins qu’il ne s’agisse d’un intru, d’un impérial… Dans un cas comme dans l’autre, il ne peut rester ici à ne rien faire. Car Luke le sait de source sûre : une fois que les bunkers seront scellés, plus personne ne pourrait ni en sortir, ni y entrer avant la fin du conflit… Alors si cette personne est perdue, il doit se dépêcher de la secourir.



Seuls les joueurs Voyl Clawback & Luke Kayan peuvent intervenir dans ce sujet. S’agissant d’un RP de stratégie, vous serez départagés sur la qualité d’écriture de votre RP, la pertinence, l’originalité et le réalisme de vos choix et vos actes ainsi que votre fair-play.
Ordre de post : Voyl - Luke.
Voyl Clawback
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Dubrillion - Tour de la Veragi's Road Corporation - 4:42pm
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Ils l’avaient voulu, cette guerre. Oh, oui, ils l’avaient voulu ! Ils l’avaient.
Les yeux sombres de Clawback fixaient le ciel crépusculaire et sanglant au travers de l’immense baie vitrée qui béait maintenant face à lui, éventrée, ouverte aux quatre vents.

En une seconde, il revivait les dernières heures à l’accéléré, comme pour tenter de comprendre à quel moment la situation avait dérapé. Ce n’était même pas un dérapage : c’était une sortie de route en vitesse lumière. Un authentique carnage, et personne n’avait rien vu venir… Comment était-ce possible ? Voyl Clawback lui-même n’en avait strictement aucune idée, à en être réduit à traiter les Dubrillonnais d’incapable, alors qu’ils étaient sans doute ceux qui s’en sortaient le mieux dans ce chaos.

Tout avait commencé par une simple invitation.

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L'arrivée sur Dubrillion s'était faite très tôt dans la journée, alors que la capitale fraîchement retapée s'éveillait à peine. La navette du CBI n'avait pas été la seule à traverser le ciel pastel pour venir se poser sur l'une des nombreuses plateformes : tout un cortège de petits vaisseaux civils et speeders avait afflué dans le quartier des affaires. Une corporation originaire de la planète, la Veragi's Road Corporation, avait en effet convié un nombre conséquent d'entreprises partenaires et d'investisseurs potentiels à une réunion qui se voulait fructueuse pour le redémarrage de l'économie de Dubrillion et son système. Réunion à laquelle Clawback avait doctement accepté de participer, quittant Muunilinst quelques jours pour se diriger vers la frontière du secteur Myto sous bonne escorte. La guerre venait d'être déclarée, et si le CBI n'était pas le mieux placé pour se placer sur le devant de la scène galactique en temps de conflit, sa place en coulisse n'était un secret pour personne.

" Dubrillion se relance, doucement, mais sûrement. Les investissements sont repartis de plus belle, sans parler de la consommation ! Je pense que cette planète se relèvera de ses cendres bien plus rapidement que nous n’aurions pu le prévoir… Peut-être grâce au caractère de ses locaux ? "

Voyl opina du chef, l’attention reportée sur les grands tableaux de chiffres présentés sur l’hologramme devant eux. Dans la salle, en attente de la réunion prochaine, les diplomates et hommes d’affaires réunis ce jour batifolaient gaiement comme une volée de moineaux insouciants. A ses côtés, un homme petit et carré comme un coffre blindé suivait les mêmes données avec peu d'attention, pour la forme. Ulter Yo'lan était un représentant raltirran que Clawback connaissait, comme il connaissait les trois-quart de la gente banquière du Noyau. Le proche-humain, crinière et barbe blanches et bonne mine de bourgeois prospère, ne laissait douter personne de son ravissement d'avoir été convié à l'évènement. Comme beaucoup de délégués et de représentants, il grenouillait sans cesse depuis des années pour se propulser au premier rang : Clawback imaginait sans peine que cette réunion allait faire partie de ses plus belles prises.

" Vous parliez d’investissements. De quel genre ?

-Eh bien, d’après ce que j’avais entendu sur le sujet, le gouvernement planétaire avait fait d’énorme achats en termes de matière première et de génie civil. Mais… à vrai dire, notre ami le roi s’est montré assez frileux quand nous avons voulu en savoir davantage.

-Vous pensez qu’il dissimule des projets, c’est cela ?

-A vrai dire, même si les grandes cités ont retrouvé un joli minois, Dubrillion s’est quasiment ruinée pour ces achats… Même en comptant la main d’œuvre, la reconstruction de cette capitale n’aurait pas pu coûter autant. Il y a forcément autre chose. "

Yo’lan se caressait la barbe d’un air de conspirateur. Son regard allait non pas à l’hologramme, mais bien à la nuque d’un grand dubrillionnais à la peau mate et à la tenue resplendissante, en train de discuter de l’autre côté. Clawback lui jeta un regard en coin, les mains dans le dos, toujours impassible.

" Ce qui me paraît étrange, c’est que de telles dépenses soient passées inaperçues... Je n’en ai pas entendu parler.

-Trop occupé ailleurs, sans doute, mh ? le railla Yo’lan, je plaisante. Moi-même, je ne l’ai su que très récemment, un peu par hasard. C’est un type de l’Astra Neo Society, qui me l’a confié, alors qu'il avait été sollicité pour un fret : Arrak a magouillé autant qu’il a pu pour éparpiller les pièces du puzzle. Il paraîtrait même qu'il s'est lui-même chargé de la manoeuvre, vous voyez le genre... Je crois que la République l’a beaucoup trop sous-estimé ! D’ici qu’il nous mijote des choses pas nettes… Si j’avais su, j’aurais demandé plus de garanties.

-Ne sombrez pas dans la paranoïa, Yo’lan. Dubrillion a été saignée à blanc… Elle n’a pas besoin de se vautrer de nouveau dans la fange en ce moment.

-Certes. Mais ce qui peut passé par la tête d’un roi malmené par une guerre, vous savez…

-Mh-eh bien non, je ne sais pas. Cependant s’il est avéré que Dubrillion est au bord de la faillite, cela chance bien des choses !

-Ahah ! Vous perdez jamais les intérêts de vue, vous, hein ?

-Je ne serais pas là où je suis, dans le cas contraire. "

Yo'lan eut un petit rictus, avant de se rétracter devant la mine parfaitement lisse et raide de Clawback. Au fond, il n'avait pas changé... Peut-être même était-il encore plus taciturne avec les ans. Au travers des bavardages courtois, un grondement sourd se fit entendre. Perdu dans ses pensées, le muun n'y prêta d'abord aucune attention : il tentait, parmi la foule présente, de repérer le dirigeant de la petite délégation envoyée par le monarque en place. Ils furent rejoint par quelques autres hommes et aliens en costume, tous pressés d'entamer les pourparlers. Le Directeur Adjoint se plia de bonne grâce aux salutations de circonstance, même s'il n'écoutait les babillages des colporteurs des différentes corporations que d'une oreille. Il fut question de sa longue absence de Coruscant, ce que Voyl balaya d'une main en évoquant les affaires critiques de Muunilinst et ses nouvelles prérogatives. Mais aussi de la déclaration de guerre... et des pertes considérables sur les mondes du front. Des sujets aussi délicats qu'intéressants, qui accaparèrent très vite toute son attention.

Cela faisait des années que ni la République ni les Mondes Neutres n'avaient vu autant de délégués de toutes sortes réunis en un même lieu pour parler d'affaires similaires. Une reconstruction planétaire, c'était un peu comme un pot de miel laissé ouvert sur une terrasse. Pour Clawback, plus encore que la perspective d'une Dubrillion favorable à quelques transactions intéressantes, c'était la perspective d'utiliser toute cette foule de contacts divers pour élargir son point de vue sur les tractations discrètes de tout l'appareil économique. On ne préparait pas une guerre en restant assis dans un coin. A la soixantaine passée, le muun savait à présent combien le plus important ne résidait pas dans le contenu de la réunion, mais bien dans les échanges avant et après, autour d'un buffet ou de verres qu'il ne buvait que pour mieux entrer dans le jeu. Les chiffres officiels avancés par Dubrillion, il ne les avait noté sur son datapad que pour la forme. La plupart devaient avoir été révisés avant publication, et il comptait davantage sur les estimations de ses propres subalternes que sur celles d'un organe acquis à son gouvernement - monarchique et méfiant !

Au milieu de leur conversation, un second grondement, semblable à un coup de tonnerre, parvint à détourner l'attention de Voyl quelques secondes. L'information ne l'atteint pas instantanément, trop déconnectée de son actuel fil de pensées pour que son esprit veuille bien tirer la sonnette d'alarme. Quelques têtes se levèrent, pareille à la sienne, mais personne dans la salle de réunion ne sembla donner crédit à cette interruption. Il fallut deux nouvelles détonations pour que les tractations bonne enfant s'interrompent : tous les visages se tournèrent vers l'extérieur, inquiets. Clawback embrassa son environnement immédiat d'un regard circulaire à la manière d'un épervier en chasse : quelque chose clochait. On pouvait croire qu'un bruit suspect pouvait statistiquement se produire une ou deux fois... mais cinq ? Il se tramait un drame à l'extérieur. Personne ne paraissait comprendre, tout ce beau monde était autant pris au dépourvu que lui.

Soudain, Voyl ferma les yeux, en proie à une violente sensation de nausée. Un sentiment de panique, de danger imminent et inévitable s'empara de lui sans qu'il ne comprenne ni d'où, ni comment une telle sensation pouvait survenir. Il se revit soudain sur Kuat, le sourire poli de Lana Anthana pour seule perspective, dans une salle de restaurant déserte au décorum tout traditionnel. Il perdit les rares couleurs qui ornait habituellement son long visage aplati. Non, ça n'allait pas recommencer... Plus jamais, plus jamais ça !

L’instant suivant, la pièce sembla littéralement décoller. Le sol se souleva avec violence, envoyant tout valser au travers de la pièce. Tout ce qui n’était pas fermement arrimé vola sur plusieurs mètres avant que quiconque n’ait pu réagir. Les invités n’échappèrent pas à la dure loi de la gravité. Clawback perdit l'équilibre, chutant de toute sa hauteur contre le rebord de l'holoprojecteur. Lorsque la tour se mit à pencher, il glissa avec d'autres contre le mur.

" Par tous les crédits de la galaxie, qu’est-ce que c’est que ça ?! " grogna Voyl en tentant de se rattraper au premier meuble qui lui tombait sous la main.

Cela ressemblait fort à une gigantesque explosion, ou, peut-être, à une onde sismique dont l’épicentre se trouvait sous la ville... Un neimoidien leva le nez au-dessus du bureau pour jeter un regard ébahi vers le ciel.

" C’est un tir… Un tir turbolaser ! On est attaqué !

-Quoi ?! "

Des cris d’horreur retentirent dans tout le bâtiment. Les regards hébétés se croisaient, incrédules, abasourdis. Attaqué ? Impossible, pensa Voyl de manière automatique. Qui, pourquoi ? Instantanément, l'esprit de Voyl se mit à réfléchir à toute allure, pris dans l'étau de l'urgence absolue. Quelques secondes passèrent, avant qu’un second tremblement n’agite les alentours, moindre, mais tout aussi retentissant : un nouveau tir venait de s'écraser quelque part en périphérie, précis, mais puissant. Ce n’était donc pas une simple explosion… Alors, au travers des immenses baies vitrées, les civils piégés là virent des éclairs d’un rouge criard déchirer l’atmosphère, faisant pleuvoir la mort sur une planète prise au dépourvu. Dans les rangs des officiels, la rumeur se répandit en un clin d’œil, alors que tout le monde tentait de fuir le piège par tous les moyens : l'Empire était là, l'Empire faisait feu depuis l'espace !

Voyl observa le spectacle de cette apocalypse soudaine avec une stupéfaction à la hauteur de ce qu’il venait de réaliser : les impériaux attaquaient Dubrillion, alors même que la République était partie en chasse loin d’ici. Un piège ! Un nombre extraordinaire de figures importantes de l’économie galactique étaient à présent toutes réunies ici, sans défenses face à une mort certaine. Comment une telle bévue avait-elle été possible ? Qui ? Comment ? Clawback sentait ses trois cœurs se dérégler malgré lui. Lui qui avait mis tant d’énergie à traquer ceux qui avaient voulu le détruire… allait mourir par la main de l’Empire. C’était à pleurer de rage, ou à rire de stupidité !

Ce fut le départ d'une course irréelle jusqu'en bas, les issues de secours se gorgeant d'une foule en panique qui déferlait depuis tous les étages simultanément, abandonnant les postes pour une destination que tous les dubrilllionnais semblaient connaître. Un improbable scénario dont ils n'avaient pas été informés...

" Les autorités ont fait installé des abris ! déclara un militaire alors qu'ils parvenaient à l'extérieur, découvrant du même coup une rue détruite, ravagée par un tir qui avait loupé leur lieu de réunion d'un cheveu. Veuillez descendre dans les bunker en suivant les instructions ! Les autorités ordonnent l'évacuation immédiate ! "

Il n'eut pas le temps de comprendre à quel point le plan des locaux était dangereux : comme le coup d'envoi d'un orchestre, une série de détonations retentit, cette fois venues de la planète elle-même. L'une d'elle eut lieu quelque part sous leur pieds. Brusquement, le sol s'affaissa, entrainant toute la rue et les bâtiments alentour avec lui. Telles de pitoyables quilles, tous ceux qui se trouvaient dessus furent jetés à terre, soufflés par l'explosion. Les colonnes de fuyards s'éparpillent sous le coup de la panique, les ordres fusent dans tous les sens sans que personne ne parviennent à les comprendre. Voyl, quelque part entre deux fissures, manque de se faire piétiner par les retardataires en proie à l'hystérie : la ville s'écroule ! Le muun ne parvient plus à entendre ni à voir quoi que ce soit au-delà du nuage soulevé par l'explosion. Ceux qui avaient fui avec lui sont dans le même état. C'est une hécatombe. Ils sont lents, trop lents à se relever, quand ils le peuvent. Handicapé par sa faiblesse et sa grande taille, Clawback peina à se sortir de là. Aidé par Reshord, il se remit finalement sur pieds, et ils continuèrent leur traversée de leur mieux, tandis que les flots de civils venus de tout le quartier ne cessait d'enfler comme une mer déchaînée. Voyl tentait vainement de se débarrasser de la poussière qu'il avait avaler, le pas mal assurer au milieu des humains qui galopaient bien trop vite pour lui. La mort les avait frôlé de près, mais cela n'empêcha pas le muun de jurer par tous les emprunts lorsqu'il avisa un énorme trou dans sa veste. Elle était bonne à jeter !

Partout en ville, les alarmes rugissaient. Clawback réalisa avec horreur que dans la précipitation, il avait laissé son datapad dans la salle de réunion. Il jura dans l’intimité de son esprit, furieux d'avoir perdu si stupidement un outil de travail aussi précieux. Du même coup, il s'était arrêté dans sa course, laissant les fuyards le dépasser pour être canalisés par la police et l'armée qui avaient envahi les rues dans le but de mettre les habitants à l'abri. C'était donc là le secret de Dubrillion, songea Voyl en jetant un œil suspicieux aux soldats qui les menaient vers un passage qu'il n'avait d'abord pas remarqué, en contrebas. Un complexe souterrain ! La manœuvre était intelligente, mais serait-elle suffisante face à une armée ? Qu'espérait Arrak en prenant de tels risques ? Que faisait l'Empire en prenant ainsi la République en défaut ? Plus il y songeait, et plus le fait de se sentir piégé aussi facilement mettait Clawback dans une rage noire. Comment la République avait-elle pu échouer aussi lamentablement à prévoir cette attaque ?

Derrière lui, ses compagnons de route avait continué, avant de se rendre subitement compte de son absence. Un muun de deux mètres trente, même silencieux, ne disparaît pas facilement des écrans radars ! Yo'lan fut le premier à apercevoir Voyl arrêté au milieu de la foule empressée, le regard tourné vers la tour. Visiblement en plein dilemme.

" Qu’est-ce que vous faites ?! Clawback ! Ils vont verrouiller les bunkers ! Vous n'avez pas entendu ce qu'ils viennent de dire ?! "

L’entrée de la tour n’était qu’à quelques mètres. Soit guère plus qu’une paire de pas pour l’alien dégingandé qu’il était. Une idée très étrange venait de germer dans la tête de Voyl. Une sorte d'énorme coup de poker, d'un culot monstrueux... et potentiellement mortel. S'il parvenait à regagner la tour, il pourrait non seulement récupérer ses effets personnels, mais surtout s'emparer d'une quantité inespérées de données. Y compris... celles disponibles sur les réseau informatique de Veragi's Road. Que pourrait-il y trouver ? Il pouvait essayer de l'imaginer, mais il ne pouvait être sûr de rien. Mais une voix très différente, qu'il ne connaissait pas, lui disait qu'une telle opportunité ne pouvait statistiquement pas être un simple hasard... Elle ne se représenterait sans doute jamais du reste de son existence.

" Je ne fais pas confiance à ces gens, délégué. Je ne fais jamais confiance à quelqu'un prêt à me sacrifier en guise de dégât collatéral ! Si nous descendons dans ces souterrains, autant se réfugier dans une tombe et jeter la clef ! Pourquoi ont-ils construits ces abris s'ils ne savaient rien des intentions impériales ? La prévoyance a ses limites... c'est trop de coïncidences pour une seule planète. Je ne resterai pas sans agir !

-Mais l’Empire est en train de raser la ville ! Quelque soit le fin mot de cette histoire, mourir pour ça ne vaut pas la peine ! Et décoller dans ces conditions est impossible ! Autant se peindre une cible entre les deux yeux ! Il faut attendre les renforts !

- Des renforts ? Vous êtes un grand naïf, Yo'lan ! Vous êtes libre de faire ce que bon vous semble, je ne suis pas votre supérieur... Alors ne me faites pas l'affront de me gendarmer ! Je dois tenter de tirer ça au clair, et ce n'est pas en courant me réfugier dans une pièce verrouillée à cent mètres sous terre que j'y parviendrai ! J'ai des comptes à rendre, et Dubrillion aussi !

-Vous n'y songez pas ! Tout s'effondre ! C'est un terrain miné ! Si vous y retournez, vous allez y laisser la peau ! Ces souterrains sont notre seule chance de survie !

-Libre à vous de décider comment vous voulez mourir, Yo'lan : écrasé sous un gratte-ciel, ou bien gazé dans un tunnel ! Mais quitte à y passer, autant avoir jouer la partie jusqu'au bout ! Si les impériaux veulent nous mettre la main dessus, je ne compte par leur faciliter la tâche ! "

L’incompréhension la plus totale se peignit sur les traits de Reshord, tandis que Yol’an éructait de plus belle, persuadé que si le muun n’avait pas encore fait demi-tour, c’était à cause d’une ouïe déficiente.

" Vous êtes malade ! "

Pour une fois, Voyl admit qu’il devait avoir raison. Mais, buté comme un bloc de permabéton, le muun ne fit aucun commentaire, ne lui adressa pas un regard. Il continua d’avancer, laissant derrière lui la foule des autres civils se ruer comme un seul homme dans les bouches souterraines. La démarche raidie par son ancienne opération, Clawback se risqua sur les pentes de la rue défoncée.

" Clawback, bordel… revenez !

-C'est inutile, monsieur, lâcha le secrétaire qui, pour une fois, pensait avoir définitivement perdu Clawback, il ne vous entend plus. "

Le sol trembla de nouveau, alors qu’un nouveau tir frappait la ville en soulevant des vagues de poussière et de débris. Voyl ne se retourna pas, pris entre deux nuages opaques, sa manche en guise de protection contre son visage. Au fond de lui, il savait qu’il venait de faire la plus grosse bêtise de toute son existence. Un pari complètement fou, insensé : quelque chose de contraire à tout ce qu’il avait toujours été. Lui, l’imperturbable rabat-joie, trop pragmatique pour se risquer à rêver, trop ambitieux pour se laisser à commettre un faux-pas. Mais il fallait croire que les ans l’avaient érodé comme une vieille montagne. Le muun jaugea d’un regard suspicieux la forme massive de l’immense porte d’entrée à moitié enfoncée dans le sol gondolé. Une enseigne plaquée de platinium rutilant s’était détachée, et la " Veragi's Road Corporation " était maintenant annoncée par la " Vrag Ro ation ".

Dans le vacarme assourdissant des explosions, le banquier franchit le seuil immense pour s’enfoncer, désormais seul et sans protection, dans l’ombre empoussiérée du bâtiment en partie effondré. Chacun de ses pas semblait le projeter davantage dans un souvenir encore récent, douloureux. Rarement il n'avait regretté une décision. La peur lui nouait l'estomac et la gorge, à la vue de ces plafonds arrachés dont les attaches menaçaient de céder d'une minute à l'autre. A chaque pas, le souvenir de lui revenait, plus terrible à chaque fois. Il avait eu une chance formidable - et sans doute aussi suffisamment d'argent pour se payer des soins adéquats. Néanmoins, Clawback n'avait rien d'un masochiste, et payer de sa vie une telle imprudence était exclu. Pourtant, il avançait : son audace n'était justifiée que par un puissant sentiment, presque étranger, de confiance en un gain nécessaire et suffisant pour nécessiter de tels risques. Voyl n'avait jamais cru à la Force, jusqu'au jour où un artiste drall était parvenu à instiller le doute en lui. Trop de choses échappaient à son contrôle, et il ne pourrait pas sortir d'une telle impasse sans s'armer davantage.

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Au seuil du bunker, le service de sécurité, qui avait dû rester en dehors des négociations, se retrouvait sans objet de surveillance, catapulté dans un décors post-apocalyptique où même les autorités ne parvenaient plus à gérer l'énorme afflux d'individus en panique qui se déversait sous terre.

" Attends une minute ! souffla Droomos en attrapant l’épaule de son binôme, Clawback est pas ici ?! Il devait être avec la délégation des autres emplumés ?!

-J’ai pas compris ce que l'autre type m'a baragouiné, mais il n'est pas rentré avec la délégation..."

L'agent se gratta la tête d'un air gêné, planté sur le bord de la voie d'évacuation avec le reste des équipes restées là - à l'origine pour une simple routine de sécurisation de zone. La zone, présentement, n'était plus qu'un trou béant surmonté d'une tour de travers et entourée de gravas. Le karkarodon secoua la tête, sans trop savoir s'il devait être furieux, atterré, stupéfait, ou bien les trois à la fois. D'ordinaire, il n'aurait pas hésité à parier sa paie que Clawback aurait fait parti des premiers à fuir la tour. Mais aujourd'hui, c'était le jour des évènements inattendus et imprévisibles. Autrement dit, l'enfer pour les services de protection et tous ceux sensés assurer la survie de ces petits messieurs-dames en vestes velours ! D'une humeur massacrante, Schfal se mit à jurer tout fort, incapable de contenir sa frustration face à une situation qui dégénérait à chaque minute. Les édifices avaient tous explosés au même moment, alors même que l'évacuation n'était pas terminée. Ils avaient mis un moment à comprendre ce qui s'était passé. Ce qui ne faisait que rajouter à l'énervement général.

" C’est pas vrai... Mais c’est quoi cette gestion de crise ?! Ils ont tous pris des bâtons de la mort ici où quoi ?! Dis-leur de laisser les portes ouvertes ! On remonte !

-Quoi ?! Mais ça va pas la t…

-T’es payé pour quoi faire, rappelle-moi ? T’es pas sensé être un ancien des forces spéciales ?! Il suffit que ça pète un peu fort et tu te crois autorisé à abandonner ton poste ?! On est pas là pour regarder ces dingues se tirer des feux d'artifices en sirotant des brandys !

-Mec, ce sont des frappes orbitales ! Tu peux bien sortir d’où tu veux, ça change rien ! Qu'il y ait trois morts au lieu d’un seul, c’est juste trois fois plus stupide pour le même prix !

-T’es vraiment une belle fiotte ! Crois-moi que si on sort de ce merdier, t’auras une jolie mention sur tes états de service, avec ma signature ! "

Furieux, l’énorme alien fit précipitamment demi-tour et commença à travers la foule en sens inverse, n’hésitant pas à renverser aristocrates et badauds au passage à coup d'épaule. Il n'avait pas la moindre idée de ce qu'il était advenu du muun dans cette cacophonie, mais il n'était pas du genre à se faire un ennemi par négligence : il connaissait trop le vieil alien pour cela. D'autant qu'un Clawback hors de lui pouvait se montrer autrement plus dangereux par certains aspect - surtout financiers. Après une minute de perplexité, son second lui emboita le pas, la mort dans l'âme. Vraiment, ce vieux taré leur devrait une belle augmentation pour prise de risques inconsidérées !

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Voyl examina attentivement l’endroit : méconnaissable. Le hall d'accueil était descendu de plusieurs mètres, le sol troué par endroits. Peu de chance que les turbolifts fonctionnent encore. Les emprunter était hors de question pour l'heure. Il allait donc falloir trouver rapidement un autre moyen de regagner les bureaux du trentième étage… Autant dire qu’avec sa hanche et sa fatigue grandissante, l’affaire était loin d’être simple. Il n’était pas architecte, et ignorait quelles subtilités pouvaient renfermer le bâtiment de la Corporation. La solution la plus évidente était : les escaliers. Mais la tour serait rasée bien avant qu’il n’ait seulement franchi le niveau dix… Clawback soupira d’un air sombre. Il avait sans doute trop sous-estimé l'ampleur de la tâche.

Pour des raisons évidentes de sécurité, les générateurs de secours des immeubles étaient d'ordinaire entreposés en sous-sol, dans des pièces sécurisées équipées de systèmes antisismiques. Avec un peu de chance, il devait y avoir un moyen de localiser les consoles de contrôle de ces générateurs et de lancer un redémarrage forcé. Avec l’énergie donnée aux systèmes encore en état, les chances de trouver un moyen d’escalader cet édifice moribond augmenterait considérablement – et celui d’accéder aux systèmes informatiques derechef ! L'idée lui parut bonne. Les solutions viables étaient de toute manière très limitée.

Dans le silence des pièces vides, Clawback crut entendre des pas. Une seconde, il s’arrêta, avant qu’une nouvelle frappe dangereusement proche ne lui fasse réaliser qu’un tel réflexe en un moment aussi délicat était suicidaire. Il se dirigea quatre à quatre vers l’un des couloirs où, encore agrafés au mur, d’élégants panneaux métalliques indiquaient « haute sécurité ». Le couloir s’enroulait en colimaçon vers le sol, en pente douce. Les pas étouffés par l’épaisse moquette jadis impeccable, Clawback posa sa paume contre le mur, l’absence de lumière le rendant momentanément aveugle. Il constata avec soulagement que ses espoirs étaient fondés : la coupure d’alimentation générale avait provoqué l’arrêt des portes automatiques, laissées ouvertes et inutiles. C’était sa chance, il ne fallait pas la rater.

A tâtons, il descendit jusqu'au premier sous-sol, guidé par les seules appliques de secours au clignotement désagréable.
Luke Kayan
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Le fer.

Tout se résumait à cette barre enfoncée dans son épaule, peu importait les souvenirs précis, le noir qui s'apposait au noir, en cet instant. L'odeur du fer, du sang. La souffrance avait une odeur. Et une aura. Luke repoussa les décombres qui le recouvraient, prison salvatrice de choses entremêlées pour former un mariage sans avenir. Un amas d'âmes rompues par l'impensable, l'inacceptable.

Au milieu de ces gravats, l'esprit du jeune Jedi était uniquement tourné vers cette barre, donc, qui avait décidé de s'unir à son épaule. Comme les tentacules d'une pieuvre gourmande, la Force entoura l'objet que Luke touchait prudemment de la main gauche. Il la retira vivement lorsqu'il sentit la pointe cassée, rendue tranchante. Quelques centimètres tout au plus émergeaient de sa chair, un ou deux autres rentraient dedans. Il serra les dents et caressa presque tendrement le bout de métal, cherchant à comprendre sa position, son état d'âme.

Il amassa la Force autour de son épaule, interrogeant les muscles et ses veines, supporteraient-elles la séparation? Un mouvement esquissé pour retirer sa toge puis en déchirer un bout lui indiqua que ce serait douloureux mais possible. Il tira sur la barre cassée, poussant un gémissement de douleur aiguë. Il lui fallut plusieurs minutes et divers essais pour extraire le bout de la barre. D'un geste juste assez adroit pour parvenir à ses fins, le blond attacha le morceau de toge déchiré autour de la blessure, se servant de sa bouche en combinaison avec sa main gauche-tremblante et habillée de sang pour l'occasion.- pour serrer le garrot. Par chance, le jeune homme n'avait pas noté d'hémorragie, entourer cette plaie ronde qui s'engonçait de quelques centimètres dans sa peau était plus une protection qu'autre chose, bien que ce soit suffisamment douloureux pour que ses mouvements en deviennent saccadés.

Après avoir abandonné sa toge devenue encombrante, aveugle parmi les aveugles, le jeune homme se déplaçait avec difficulté, mais toujours mieux que quiconque sur ce terrain miné sans lumière. Il projetait la Force devant lui, ainsi que ses mains en guise d'exploratrice. Une aura le guida vers son premier objectif improvisé, brillant de cents feux, pareille à mille étoiles dans ce désert d'âmes. Il devait remettre ses idées en place, trouver que faire, dessiner un plan dans son esprit sans couleur. Ce point de vie pouvait être un bon début. En progressant lentement, le Jedi essayait de se rappeler de ce qui s'était produit, mais après l'ordre de mission, suivit de quelques impressions de panique contenue lors de l'évacuation, tout était noir. Encore plus noir que d'habitude.

Luke était tendu, parvenant avec peine à s'approcher de l'inconnu(e), il n'avait pu espérer cacher sa présence. C'était donc bien en face de l'autre survivant que le blond avait continué d'avancer, lentement mais sûrement. La silhouette se déplaçait comme l'indiquait le bruit feutré de ses pas que Luke distinguait difficilement, il attendit de remonter un peu à sa hauteur pour le héler, pour se faire, il accéléra un peu sa marche, roi au royaume des aveugles improvisés. Dans ce chaos, comparé aux habitués des couleurs, il se déplaçait avec élégance et vivacité-pour ce que ces termes pouvaient avoir de valables dans ce contexte, saupoudrés d'une bonne dose d'ironie.- malgré d'inévitables chutes à rattraper. Une seule chose clochait: avec un seul mouvement perçu dans la Force, l'homme ou la femme paraissait littéralement avaler la distance. Le Hapien ne le savait pas, mais la taille de l'alien était ce qui lui donnait du fil à retordre. La main posée sur un mur encore debout, il força donc encore son allure pour rattraper l'Être.

Il ne savait pas qui était cette personne: local, civil, militaire, politicien, ennemi ou ami. Même son sexe échappait encore à la connaissance du Jedi, tandis que l'autre reprendrait rapidement les avantages qui incombaient aux voyants, la tunique de Luke laissait très peu de doutes quant à son appartenance à l'Ordre. Du moins, si l'autre pouvait le voir... Le Hapien se doutait qu'une telle attaque avait dû au moins abîmé le système d'éclairage, mais il ignorait si les gens pouvaient encore distinguer quoique ce soit sans leur précieux guide artificiel. Perdaient-ils seulement les couleurs? Non, c'était généralement plus grave que cela, Luke avait déjà combattu une présumé Sith dans un genre de palais où l'électricité s'était éteinte, et la femme avait perdu beaucoup de sa précision. Percevaient-ils juste les ombres? Ou devenaient-ils comme lui, inaptes à profiter de tout paysage, même désolé? Dans le doute, il exposa sa théorie, fondée sur des années d'expérience sans pouvoir donner de visage à une voix.

- Attendez. La sortie n'est pas par là. J'ai senti un courant d'air qui vient de là-bas.

Pas de salutations. Pas le temps. Le froid régnant dans le sous-sol, les échos lui faisaient saisir qu'ils se trouvaient probablement sous terre, bien que la bâtisse chamboulée par les explosions lui faisait perdre ses habituels repères. Ainsi, Luke doutait de savoir si l'attaque les avaient enfoncé entre les gravats, donnant l'impression de se retrouver enfouis, ou s'ils étaient réellement au sous-sol. Il n'avait plus aucun souvenir, si ce n'était que son ordre de mission et quelques bribes d'éclats de voix, tantôt paniqués, tantôt résignés ou colériques de ceux qu'il devait évacuer. Impossible de se situer avant le drame.

- On devrait essayer de remonter. Il faut faire vite, le protocole veut que les bunkers soient scellés jusqu'à la fin du conflits. Ensuite, la Force sait quand ils les rouvriront...

* Et si tout ne s'écroule pas avant.*

Suggéra le Jedi en posant ses yeux éteints sur l'inconnu(e). Prudent mais incapable de se protéger d'avantage, il avait parié sur un civil pris au piège, comme lui, raison pour laquelle il n'avait pas pu juste se détourner et chercher sa propre sortie. L'infime chance que cet homme ou cette femme soit innocent l'obligeait à rester. D'ailleurs, si c'eût été un impérial, la donne n'aurait guère changé. L'idéologie de son Ordre requérait qu'il aide toute personne en danger, y compris un ennemi à terre. Restait à savoir si celui-ci était à terre.

- Je m'appelle Luke, je suis chevalier Jedi- Sa tenue parlait pour lui, de toutes manières, alors autant parier sur une personne en détresse et se servir de son rang pour la rassurer.- que s'est-il passé? Qui êtes-vous?

Interrogea le jeune homme avec une légère grimace de douleur lorsque la main découlant de son épaule blessée frotta le mur. Il était conscient que l'autre pouvait mentir à loisir sur son identité. Y compris s'il n'avait pas été aveugle. Ce désordre, cette détresse environnante profitait aux parasites, et lui n'avait guère d'autre choix que se contenter de ce que voudrait bien lui avouer cette présence. Luke la sonda rapidement, cherchant des blessures, au moins, il savait que l'individu pouvait se déplacer, il avait eu assez de mal comme ça à le rattraper.
Voyl Clawback
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L’atmosphère était lourde, de moins en moins respirable. L’explosion souterraine avait bien fait son travail : la plupart des murs porteurs avaient cédé, emportant avec eux une grande partie de la structure. La main toujours contre le permabéton en guise de rampe, Clawback continuait son chemin à l’aveugle, les flashs mourant des veilleuses ne lui permettant que d’entrevoir un bâtiment éviscéré et martyrisé par son propre poids. Plus il plongeait dans les entrailles de la tour, plus Voyl réalisait que les tonnes de matière qui le surplombaient pouvait, en une seconde, faire de lui un être en deux dimensions. Inconsciemment, sa démarche s’était voulue prudente et discrète, comme si faire vibrer le sol pouvait participer au déclenchement du gigantesque piège.

Malgré tous ses efforts pour évacuer un stress gênant ses pensées, la peur le gagnait de minute en minute. Son souffle devenait court et son rythme cardiaque augmentait bien au-dessus de son rythme habituel. La poussière, les grondements lointains et le hurlement des alarmes le replongeait dans un cauchemar qu’il avait mis des mois à oublier… Ou plutôt à tenter d’oublier. Les couloirs du premier sous-sol étaient encombrés de débris, certaines salles étaient définitivement condamnées, leur matériel avec. Moins fragile que les murs, les énormes nappes d’énergie qui alimentaient le bâtiment jaillissaient parfois comme d’énormes griffes. Voyl se sentait mal, mal à l’aise. Toute cette désolation, il ne l’avait jamais vécu qu’au travers des reportages des chaînes d’informations du Noyau. Cette fois, il était au cœur du conflit, au milieu même de la guerre : les conséquences concrètes et terrifiantes d’une déclaration de guerre au niveau galactique.

Étrangement, ce constat ne provoqua aucun remord, aucune remise en question de ses choix passés. Voyl savait que leurs décisions, au CBI comme au FLR, au gouvernement, dans des dizaines de méga corporations et d’administrations planétaires, avaient fatalement conduit à ce désastre. Malgré cela, le muun savait aussi que son rôle personnel n’avait été, au fond, que minime, et qu’il ne pouvait pas relier cavalièrement ses anciens accords et ses récentes actions à l’attaque de Dubrillion, et encore moins à l’effondrement de cette tour.

Clawback fut sorti de ses pensées par un rayon de lumière : au travers d’un trou dans la façade effondrée qui s’était désolidarisée des fondations, le jour perçait jusque dans les profondeurs où il se trouvait. Lequel éclairait maintenant suffisamment le sol devant lui pour lui permettre de trouver sa route parmi les obstacles qui obstruaient le passage. L’étage en dessous n’était pas visible, mais le sol continuait de descendre en pente douce, indiquant que l’explosion avait dû être déclenchée bien plus loin sous ses pieds. Impossible de descendre plus loin, à moins de trouver une autre issue. Trouver ces installations de secours s’annonçait sous de mauvais hospices…

Il s’arrêta au niveau de l’une des portes, restée à moitié ouverte. Au travers de l’ouverture, le muun distingua des traces d’infrastructures informatiques, des restes de machines pulvérisés et des poutres métalliques déformées qui formaient un semblant de passage dans le noir.
Handicapé par la pénombre, il essaya de trouver un indice, quoi que ce soit qui ait pu l’informer sur l’endroit précis où il se trouvait. Demander un plan des lieux était de loin une pure utopie, mais Voyl ne désespérait pas pour autant de parvenir à trouver ce qu’il était venu chercher. Il avait supervisé suffisamment de chantiers pour finir par connaître les points intéressants. Les Dubrillionnais avaient beau faire des choix discutables, il n’en était pas encore venu à les penser complètement excentrique. Inquiet de savoir ce qu’il allait bien pouvoir trouver dans les pièces adjacentes, mais déterminé à le savoir, Clawback s’apprêtait à y pénétrer, quand un bruit attira son attention.

" Attendez. La sortie n'est pas par là. J'ai senti un courant d'air qui vient de là-bas. "

Voyl sursauta. Il se retourna vers la silhouette indistincte dans le couloir, la main portée en catastrophe à la poche intérieure de son veston. Il arrêta son geste, ses yeux cherchant à saisir quelque chose sur l’individu qui l’avait suivi jusque-là. La première information qui lui parvint fut que cette personne était de petite taille par rapport à lui, et plutôt malingre : sans doute un humain. Pas moins méfiant pour autant, le muun ne répondit rien, laissant l’autre approcher avant de juger quelle option était la plus sûre : parler, tenter de fuir ou attaquer le premier.

" On devrait essayer de remonter. Il faut faire vite, le protocole veut que les bunkers soient scellés jusqu'à la fin du conflit. Ensuite, la Force sait quand ils les rouvriront... "

La fin de la phrase le fit opiner du chef avec une certaine ironie. Même si l’inconnu n’avait pas pensé à mal, le vieux muun l’avait fait pour deux : imaginer des centaines ou des milliers de ressortissants républicains, parfois haut placés, coincés peut-être pour des mois au fin fond de cette planète avait de quoi faire grincer des dents. Une belle idée, oui, pensait Voyl, il paraît que les allées de certains enfers en sont pavées. On pouvait y croire !

" Je vous remercie de votre sollicitude, finit-il par articuler de sa voix nasillarde, mais je n’ai nullement l’intention de devenir l’otage perpétuel d’un bunker dubrillionnais, et je suis ici de mon plein gré. Ce qui n’a pas l’air d’être tout à fait votre cas… Au vu de votre état, c’est vous qui devriez remonter et demander de l’aide : vous ne semblez pas en état d’accompagner quiconque dans un endroit aussi dangereux ! Et certainement pas là où je vais. "

Il ne précisa pas davantage, pensant peut-être que sa position près de la porte ne laissait que peu de doute sur le fait qu’il descendait plus qu’il ne montait. L’autre personne s’était avancée, et même s’il ne distinguait pas grand-chose, il s’était maintenant suffisamment habitué au manque de lumière pour deviner des cheveux longs et un vêtement ample. C’était tout : le reste se limitait à une voix relativement jeune et assez peu grave pour ce qu’il pensait être une intonation masculine. En guise de bonne foi et de non-agressivité, l’inconnu se présenta avec courtoisie, les bras le long du corps. De son côté, Clawback abandonna l’idée de vouloir s’armer en prévention.

" Je m'appelle Luke, je suis chevalier Jedi. Que s'est-il passé ? Qui êtes-vous ? "

Voyl eut un vague pincement de lèvres. De toutes les personnes présentes sur cette planète, il fallait qu’il se retrouve seul dans un sous-sol… avec un jedi ! Le mot avait claqué dans son esprit avec force.

Clawback hésita. Il n’avait strictement aucune envie de dire la vérité, et pourtant, il n’avait jamais été un menteur. Combien de fois cela lui avait porté préjudice ! Mais même sans pouvoir démêler le vrai du faux dans tous ces mythes qui les entouraient, le directeur adjoint savait que ces personnes-là n’étaient pas à prendre à la légère. La brûlure de sa rencontre avec la venimeuse Anthana lui avait fait haïr comme rarement auparavant cette engeance, loin de sa froide indifférence envers l’indétrônable peste cathar qui s’était plu à le harceler sur Coruscant. Depuis, sa confrontation avec l’intrigante docteur aux yeux verts, Vertigen, et les soins extraordinaires qu’elle lui avait prodigués aimablement, Clawback ne savait plus trop sur quel pied danser avec cet ordre de magiciens télépathes. Tout ce qu’ils étaient, tout ce qu’ils représentaient était un non-sens pour son petit univers de chiffres et de rationalité.

Le muun prit une courte inspiration, embêté par cette simple question. N’importe qui pouvait deviner que quelqu’un comme lui n’était absolument pas dans son milieu naturel ici. Aussi, le fait que le jedi lui pose la question surpris Voyl : était ironique, ou bien ignorait-il réellement à qui il avait à faire ? Le banquier pesait la situation avec toute sa suspicion habituelle, exacerbée par l'urgence et la fébrilité. Cacher la vérité à un jedi était réputé périlleux, voire impossible. Si celui-ci décidait, comme cela en avait tout l’air, de lui coller au train, s’enfoncer dans la mythomanie ne servirait à rien. Leur capacité à fouiller l’intimité des autres lui déplaisait au plus haut point, sans parler de ces pouvoirs qui avait de quoi effrayer n’importe qui. S’en faire un ennemi dans une situation pareille sonnait comme de la pure idiotie. Il tira légèrement sur sa veste pour la réajuster, réfléchissant aux implications de la présence d’un jedi ici, alors que toutes les troupes devaient déjà être au combat ou auprès des blessés. A la façon dont l

" Voyl Clawback – mais je doute que cela ne vous aide beaucoup. Nous sommes présentement au troisième sous-sol de la tour de la Veragi's Road Corporation dans le quartier des affaires, après une attaque surprise survenue sur Dubrillion, et une riposte des autorités qui a provoqué les dégâts que vous constatez. Du reste, vous semblez au courant de la tournure des évènements... Je peux me permettre de vous retourner la question : que faites-vous ici dans cet état ? Vous devriez être avec les militaires, il me semble... "

Voyl s'appuya contre le métal et commença à se glisser dans la pièce adjacente au travers de l'ouverture. Trouver un jedi ici était un coup du sort aussi étrange que d'y trouver un banquier muun arthrosé et prêt à risquer sa peau pour d'hypothétiques fichiers de données exploitables... Au travers de l'ouverture, Clawback interpella le jedi resté de l'autre côté. Il ne savait pas si le jeune aurait vraiment à cœur de le suivre. De son expérience, les jedi avaient plutôt tendance à exhorter à la prudence, jusqu'à outrance.

" Avez-vous de quelconques aptitudes en déplacement d’objets lourds, ou bien en réparation ? Si tel est le cas, vous pourriez éventuellement m'aider à trouver ce que je cherche. Comme vous l’avez souligné, le temps est compté, et le mien est précieux. Je n’ai pas davantage que vous l’envie de m’attarder ici, mais j’ai une affaire à régler avant d’envisager une fuite quelconque. Voici le contexte, chevalier. "

En réalité, il envisageait de moins en moins sereinement l'idée de rejoindre la populace entassée quelque part en bas, à attendre sagement un débarquement impérial. A compter que des renforts républicains leur parviennent, ils avaient largement le temps d'être pris au piège. Clawback ne pouvait pas se permettre de compter sur les seules précautions prises par Dubrillion. Il lui fallait surtout un moyen de s'extraire de là, quitte à devoir détourner la flotte de Mygeeto pour cela. Ce n'était en aucun cas une flotte de guerre, mais son arsenal défensif était suffisant pour lui - leur ? - venir en aide. Mais son plan s'arrêtait là : tant que cette alimentation de secours ne serait pas activée, cette tour resterait un futur tombeau, tout à fait stérile.

" A vous d’estimer si votre présence ici vaut une telle prise de risques ! Pour ma part, j’ai d’ores et déjà fait ce choix il y a plus d’un quart d’heure. "

Le ton, complètement décalé par rapport à leur situation dramatique, aurait pu être comique, si la voix de Voyl n’avait été aussi sinistrement plate.
Luke Kayan
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[HJ: Désolé pour le retard]

Voyl Clawback ? Ce n'était pas un politicien. Luke ne s'étonna guère d'ignorer totalement qui était cet homme -la voix avait fini par trahir le sexe de l'individu, bien qu'elle émane étrangement de très haut. au-dessus de sa tête.- puisqu'il n'était pas vraiment versé, ni dans la politique, ni dans l'économie. Toutefois Luke commençait à douter qu'il soit un simple civil. Cette tranquillité avec laquelle il s'exprimait, et surtout le peu d'envie qu'il démontrait à quitter cet endroit étaient inexplicables. Le Hapien sonda rapidement le dénommé Voyl, percevant encore de manière flou les frontières du nouvel esprit. Le choc avait amoindri ses capacités, sans compter l'urgence et la bienséance mêlés qui obligeaient le Jedi à retenir la Force. À défaut d'envahir totalement le cerveau de son interlocuteur, il resta donc sagement aux portes, sentant uniquement la détermination jaillir par tous les pores de sa peau.

- Précisez.

Indiqua le Chevalier, aussi curieux que méfiant. Qu'y avait-il de plus important à faire que sauver sa vie? Luke hésita, puis décida de répondre, sa présence en ces lieux ne tenait pas du secret, et de toutes façons, pour ce dont il se souvenait, il doutait que l'autre profite des informations offertes.

- J'évacuais. Il me semble? Ensuite j'ai perdu la mémoire des tous derniers événements. Je suppose que si vous savez où nous nous trouvons, c'est que vous pouvez voir?
- ou une bonne mémoire...-

Le blond fit un effort, à sa manière, il revit défiler les cris des civils paniqués. Ça c'était lorsque l'explosion avait eut lieu, juste avant il y avait évidemment la raison pour laquelle il était présent sur la planète. Sa mission, évidemment avortée pour l'instant. Le jeune homme ne jugea pas important d'en parler à Voyl qui devait d'ailleurs s'en moquer comme de son premier crédit gagné.

- Nous pourrions encore regagner le bunker, avec votre vue et mes "aptitudes à déplacer des objets lourds" comme vous le dites. Je n'ai senti aucune présence vivante ici. Si vous désiriez retrouver quelqu'un, vous n'avez aucune chance ici.

Encore ingénu par moments, le Jedi avait fini par croire que Voyl souhaitait retrouver un proche enfoui dans les décombres. Il espérait donc que cette triste nouvelle ne l'affligerait pas trop, mais c'était, après tout, nécessaire. Avec un peu de chances, l'objet de la quête de l'homme se trouverait dans le bunker que Luke devait absolument atteindre, avec ce "civil" si possible.

- J'ai été séparé des militaires lorsque j'ai commencé à évacuer les civils, puis il y a eu un autre effondrement. J'ai été blessé mais ça ira, j'ai des connaissances en médecine et pour l'instant, ça tiendra.


Le Hapien grimaça un peu, comme si l'évocation de la blessure avait ravivé cette dernière. Il envoya une onde se glisser sous sa propre chair pour se soulager. Oui, ça tiendrait. Dans l'instant suivant, il songeait au sabre-laser de Karm attaché à sa ceinture. Voyl semblait décidé à poursuivre sa route, et si son but n'était pas de retrouver quelqu'un? Luke réfléchissait, la voix de son interlocuteur laissait peu de doute quant à sa taille -même si le Hapien était encore en-deçà de la vérité lorsqu'il tentait de se faire une idée.- De plus, il n'avait pas ni le temps, ni la santé pour se battre. Devrait-il s'unir à ce curieux personnage afin de l'aider à remplir sa quête et partir au plus vite? Cela semblait une folie. Le Jedi opta pour jeter ses cartes sur la table en attendant des précisions. Il ne connaissait rien de cet individu, or il était impensable d'aider une personne mal intentionnées, ingénu, le Hapien l'était mais plus comme avant. Il savait que ce genre d'événement profitait à certains vautours.

- Ils vont nous enfermer d'ici peu. Il n'y aura plus moyen de sortir, et je ne donne pas cher de notre peau. Quoique vous cherchiez, y compris si vous le trouvez, je doute que cela vous serait utile dans l'au-delà. Nous devrions vraiment sortir.

Luke hésita, mais finalement il mâtina ses mots d'une onde de Force afin de convaincre son interlocuteur. Affaibli par ses blessures, non mortelles mais handicapantes, le jeune Jedi devina toutefois que son don était plus fluctuant, et il pouvait échouer aussi bien que décider le Muun à changer d'avis. Il avait, en outre, procédé de façon subtile, diluant son pouvoir afin que la cible ne se doute pas que le Jedi essayait de l'influencer. Perdre la confiance -inexistante?- du civil serait une catastrophe. Déjà qu'il paraissait outrageusement méfiant, ou déterminé à faire l'idiot en tout cas.

- Sans moi, mon sabre-laser et la Force, jamais vous ne pourrez avancer. C'est probablement bouché. Donc en réalité, je ne pense même pas que vous puissiez faire plus d'une centaine de mètres. Vous devez me suivre.

Conseilla le Jedi d'un ton aimable mais autoritaire. Projetant la Force en avant, Luke anticipa le chemin qui les attendait. Ardu, quand bien même ils décideraient de chercher la sortie de suite. Y compris en agissant de manière raisonnable, ils prenaient le risque de se faire enfermer tant la progression promettait d'être longue. Tous deux devaient commencer dès maintenant à se frayer une route parmi les décombres. Affichant une mine sûre de lui, le Chevalier porta une main au sabre de Karm. La présence de ce dernier à travers le manche froid rassura Luke. Il se rappela de Vonghaï. Son ami avait beau ne pas être physiquement là, son souvenir alimenta le courage du Jedi. L'Amour était parfois dangereux, mais souvent salvateur.

- Pensez à votre famille. Nous devons agir vite et sans détour.

Acheva le jeune homme en plantant son regard sur la silhouette du Muun dont il ignorait la hauteur exacte, fixant de ce fait son cou. En parlant de ce détail, Luke doutait que l'homme puisse y voir grand chose ici. Comment comptait-il se déplacer? Qu'est-ce qui le motivait tant? Amour? Avarice? Ou simple folie. Toujours est-il que Luke était encore tombé sur un sacré cas. Franchement, en cet instant, il aurait tout donné pour se retrouver avec le politicien ventripotent en pleine panique accroché à sa tunique. Mais non. Il ne se démonterait pas.
Voyl Clawback
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Tant dis que la voix du jedi résonnait dans son dos, la main de Voyl fouillait l'obscurité à la recherche d'un nouveau point d'appui. La méthode était des plus rudimentaires, mais hélas, elle constituait pour l'heure sa seule option. Bien décidé à ne pas laisser sa folle tentative se transformer en échec, le muun prit une inspiration profonde, qui l'aida à mieux cadencer ses trois coeurs et à renforcer son calme - mis à rude épreuve.

" Précisez. "

Les jedi, pensa Voyl avec son charmant caractère habituel, toujours à vouloir discuter de détails insignifiants aux pires moments ! Après tout, ce n'était pas comme si leurs situations nécessitaient des prises de décisions rapides et efficaces... Non, au lieu de cela, ce jeune ingénu voulait des précisions ! Décidément, le destin devait lui en vouloir à un point inimaginable, depuis quelques années. Il secoua la tête, et plutôt que de se fatiguer à formuler une réponse qui amènerait immanquablement une autre question et ainsi de suite, il se contenta de se concentrer sur la suite de son périple dans ce passage de plus en plus étroit et périlleux. Passer derrière ce mur écroulé allait requérir des compétences qu'il n'avait peut-être pas... Et amener cette tête de mule en bure à coopérer était un exercice dont il se serait passer. Dire qu'il aurait pu être accompagné d'un iotréen capable de soulever un bureau, ou bien d'un type comme Droomos. Non : on ne lui avait fourni qu'un jedi pinailleur et, du peu qu'il en avait vu, presque aussi fin que lui. Pas tout à fait le genre de compagnon de route qu'il aurait demandé si on lui avait donné voix au chapitre.

" J'évacuais. Il me semble ? Ensuite j'ai perdu la mémoire des tous derniers événements. Je suppose que si vous savez où nous nous trouvons, c'est que vous pouvez voir ? "

La remarque avait un petit accent surpris.

" Voir ? C'est un bien grand mot ! Disons que l'interrupteur de ma chambre étant à l'exact opposé de ma descente de lit, j'ai depuis longtemps appris à ne pas me prendre les pieds dans le tapis en pleine nuit. Ce n'est guère différent ici... La poussière en moins. "

Il n'était pas du genre à étaler sa petite vie privée, que du contraire. Mais en l’occurrence, entre le stress et l’irritation, c'était le seul exemple qui lui venait. Cette façon d'avancer un pied après l'autre, de chercher les obstacles à coup de gestes amples et lents, lui rappelait toujours que cet imbécile d'architecte d'intérieur avait eu beaucoup de chance de n'avoir jamais eu à croiser sa route. Sauf que pour une fois, Clawback admettait que cette capacité se révélait malgré tout relativement utile.

" Nous pourrions encore regagner le bunker, avec votre vue et mes "aptitudes à déplacer des objets lourds" comme vous le dites. Je n'ai senti aucune présence vivante ici. Si vous désiriez retrouver quelqu'un, vous n'avez aucune chance ici. "

Clawback ne put retenir un soupir, qui se mêla aux grésillements du permabéton pulvérisé qui leur dégringolait sur les épaules par intermittence. C'était acté, il n'en démordrait pas. Il allait tourner en boucle comme un vieil holodisque rayé jusqu'à la fin. Une violente envie de faillir à la bienséance s'empara de lui, avant qu'il ne se souvienne que ce "Luke" n'était ni son secrétaire, ni un salarié d'une quelconque filiale obscure - mais un chevalier jedi. Un individu qui selon le folklore galactique, pouvait le tuer sans bouger, ou pire, le forcer à se ridiculiser. Tout ce que Voyl Clawback détestait. Il était compliqué de faire pire en terme de situation délicate... Ses doigts agrippèrent le rebord d'une fissure, et, tout en cherchant à tâtons la manière dont il pourrait se glisser derrière sans y laisser chaussures et pantalon, il souffla, autant pour le jedi que pour lui-même :

" S'il m'avait fallu renoncer à chaque fois qu'un grand sage m'avait prédit la chute...! A croire que j'ai passé ma vie à faire mentir les statistiques ! "

Depuis que Dan l'avait intégré à l'Assemblée Générale, jusqu'au jour où la chancelière avait accepté son aide pour ces fichus contrats en zone neutre... Il avait fait figure d'outsider. Le drôle de numéro que tout le monde regardait avec un peu de pitié - qui n'en aurait pas face à un type qui pensait davantage comme un ordinateur que comme un humain - et qui pourtant avait su tirer son épingle du jeu avec une insolence des plus déplaisantes. Un rabat-joie calculateur et mauvais qui aurait dû être balayé par plus charismatique, par plus habile ou beaucoup moins scrupuleux, et qui pourtant continuait de grimper dans l'ombre, sans se priver de tacler les autres au passage. Voyl crut entendre l'autre approcher, mais, trop accaparé par ce qu'il faisait, il préféra ne pas se retourner, de risque d'être déçu.

" J'ai été séparé des militaires lorsque j'ai commencé à évacuer les civils, puis il y a eu un autre effondrement. J'ai été blessé mais ça ira, j'ai des connaissances en médecine et pour l'instant, ça tiendra.

-Ravi de l'entendre. "

Sa main passa finalement au travers du mur et il reprit espoir : en se baissant davantage, peut-être pourrait-il atteindre cette maudite salle des commandes. A espérer que le sol n'ait pas glissé plusieurs mètres en dessous. Le chevalier avait laissé un court silence s'installer, durant lequel Voyl s'était sincèrement demandé s'il n'avait pas fait demi-tour. Impossible de savoir exactement où il se trouvait dans tout ce noir. Dire qu'il lui aurait suffi de dégainer son arme, à celui-ci... Clawback ne comprendrait décidément jamais les êtres humains. Leur manque de logique et de pragmatisme était parfois consternant ! Comme s'il avait pu entendre le fond de sa pensée maussade, le jeune homme reprit la parole, plus pressé et plus pressant qu'auparavant.

" Ils vont nous enfermer d'ici peu. Il n'y aura plus moyen de sortir, et je ne donne pas cher de notre peau. Quoique vous cherchiez, y compris si vous le trouvez, je doute que cela vous serait utile dans l'au-delà. Nous devrions vraiment sortir. "

Il croyait entendre Yo'lan. Les mêmes arguments, le même ton catastrophé. Sauf que cette voix-là eut un effet étrange : alors qu'il se baissait pour tenter de passer ses jambes dans la fissure,
Il eut envie de répondre, et, l'instant suivant, ses lèvres restèrent scellées. L'énervement, la fatigue dont il était la proie depuis de longues minutes semblèrent comme suspendus, arrêtés par les mots. Voyl tiqua, soudain perdu, légèrement confus. Il avait pris la décision d'entrer ici avec un but très précis, persuadé qu'il pourrait parvenir à ses fins avant qu'il ne soit trop tard. A présent, il peinait à se souvenir du pourquoi du comment, détourné par l'affirmation alarmiste du jeune Luke.

" Sans moi, mon sabre-laser et la Force, jamais vous ne pourrez avancer. C'est probablement bouché. Donc en réalité, je ne pense même pas que vous puissiez faire plus d'une centaine de mètres. Vous devez me suivre. "

Il avait raison, c'était un fait. Il avait été stupide, immature et entêté. Rien qui ne lui ressemble vraiment... A part l'entêtement, peut-être. Même s'il parvenait de l'autre côté de ce mur... qu'y trouverait-il ? Si le système avait été endommagé ? On ne pouvait être sûr de rien. Sinon que l'opération était suicidaire. Depuis quand les muuns s'engageaient dans ce genre manœuvre ? Tous ces doutes, Clawback les avait eu bien avant que le jedi ne débarque. Il pensait pourtant les avoir consciencieusement pesé, mais ils revenaient maintenant plus forts que jamais, oblitérant presque totalement la détermination qu'il avait mis tant de cœur à monter dans un coin de sa tête. Après tout, pourquoi refuser une main tendue, quand elle cherchait simplement à vous sortir de l'embarras ? N'était-il pas devenu complètement fou à cause de cette guerre ? La galaxie entière semblait en prise à la folie, tout se déréglait et il ne faisait pas exception.

" Je... "

C'était cette impression lourde et dure dans son estomac, cette lassitude un peu amère qui lui faisait soudain baisser les armes et tenter de regarder un visage, quelque part derrière, sans vraiment le voir. Il s'était rarement senti aussi stupide et embarrassé. Pourquoi s'était-il entêté ? Ce jedi avait raison : trop de périls pour un gain chimérique. Avec un sourire invisible, Luke le jedi crut bon d'ajouter, presque fraternel :

" Pensez à votre famille... "

Voyl cligna des yeux dans le noir, interdit. Sa famille ? Comment pouvait-il savoir qu'il avait une famille ? Il ne se souvenait pas avoir parler à qui que ce soit de... Shiney et... Non, elles n'ont rien à faire ici ! Pourquoi ? Une onde glacée lui parcourut l'échine. Le souvenir des reproches de Shiney ajoutèrent à sa confusion, alors qu'il semblait sorti d'une sorte de transe. Il s'était promis de ne plus y penser, de laisser tout cela derrière, le temps que durerait ses obligations professionnelles. Comme s'il venait de recevoir une gifle, Clawback réalisa qu'il en était venu à rester figé au beau milieu du passage, hypnotisé, complètement détourné de son but.

"...Nous devons agir vite et sans détour. "

Furieux, Clawback se laissa tomber par terre, soudain horrifié de s'être si facilement laissé charmé par ce sorcier machiavélique. Il avait pourtant jurer de ne plus se laisser faire ! De rester à jamais à l'écart de ces fous ! Il aurait pourtant dû le savoir, depuis le temps : ces gens-là n'étaient pas fiables. Tout en eux respirait l'abus de pouvoir et l'hypocrisie ! Des moines, ils n'en avaient que l'apparence ! Ce n'était d'ailleurs pas pour rien qu'on les retrouvait si fréquemment sur les vaisseaux en zone de guerre. Clawback n'eut plus qu'une envie : fuir le plus loin possible de cette voix sans visage qui lui rappelait le quart d'heure le plus douloureux de son existence... Malheureusement il était bien trop grand pour espérer passer si facilement de l'autre côté de ce mur. Un humain aurait sans doute pu manoeuvrer sans trop de mal dans ce fouilli, mais pas lui.

" Je ne vois pas en quoi cela vous concerne ! cracha-t-il, soudain glacial, je ne suis pas ici pour mes loisirs, mais parce que mon travail me le commande ! La plupart des gens, ici monsieur, étaient précisément dans mon cas ! Nous travaillons au bien de la République, avant de penser à nos familles ! Et je n'ai pas l'intention de continuer à perdre du temps dans cette discussion stérile ! "

Il savait qu'il n'avait pas tout à fait raison. Mais pas tout à fait tort non plus. A la différence que pour une fois, Clawback s'en moquait : il ferait le deuil de son orgueil plus tard. Il n'avait déjà que trop tergiversé... Il ne voulait pas passer une seconde de plus en compagnie de ce garçon - dont il ne savait rien - qui prenait un malin plaisir à l'embobiner, comme l'avait fait jadis ce drall, puis cette umbarane de malheur... Un frisson de dégoût l'agita. Essayer de le retarder était vraiment tout ce dont il avait besoin ! Le muun tira tant qu'il put sur ses bras, parvenant à se dégager à moitié de l'affaire. Ses épaules coinçaient encore. La sensation de pression entre les mâchoires rugueuses du permabéton le fit frémir de terreur, précipité dans son propre souvenir cauchemardesque. Il redoubla d'effort et se débattit avec rage, remerciant silencieusement le monde que ce pitoyable spectacle ne puisse être vu par personne dans cette obscurité étouffante.

" Vous êtes libre de partir vous réfugier où bon vous semble : j'accepte mon destin avec fatalité. Après tout, je l'ai choisi ! C'est ce qui compte, non ?! Si ce sont vos "obligations morales" qui vous contraignent à continuer à insister de la sorte, je me fais un devoir de vous en décharger sur-le-champ ! Bonjour chez vous ! "

Il avait parlé avec tant d'inhabituelle colère que son nasillement avait fini d'avaler les syllabes de sa fin de phrase. Rarement il ne s'était senti aussi vexé, aussi... vulnérable. Si l'autre n'y était pour rien, Voyl n'en était plus à un procès d'intention près. Poussé en avant par son orgueil blessé et un déni redoublé, le vieux muun balaya de son esprit les derniers mots du chevalier et braqua de nouveau son attention vers les profondeurs de la tour et le générateur de secours. Il n'avait plus le droit d'échouer, quelque soit la voie empruntée...

Au même moment, l'os de son épaule parvint à riper contre le mur, griffant son vêtement au passage. Son pied avait rencontré le vide, et son poids le fit basculer dans l'ouverture du sol avec un cri de surprise. Dans un bruit mat, Voyl atterrit quelque part en contre bas, avant de rouler sur une surface froide et métallique. Il jura en muun avant de parvenir à se relever à moitié sur l'un de ses coudes. Sa hanche se rappela douloureusement à lui, et il fut contraint de ramper jusqu'à rencontrer un nouveau support solide, à moitié paralysé par les décharges fulgurantes dans son articulation fragilisée.

" Saleté de jambe...! "

Ce genre d’acrobatie n'avait jamais été pour lui. Cela ne s'arrangeait pas avec l'âge. La main agrippée à quelque chose qu'il n'identifiait pas, il tenta de reprendre ses repères. La situation n'était pas des plus brillantes, mais il avait déjà réussi à prouver qu'un muun pouvait passer au travers d'un mur fissuré : un victoire qui, si elle ne figurerait jamais dans aucun livre d'histoire, n'en restait pas moins une satisfaction personnelle. Restait à trouver une console de commande quelque part dans ce labyrinthe métallique, le tout sans l'ombre d'une lumière... Belle ironie !

Luke Kayan
Luke Kayan
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[HJ: Je réitière mes excuses... Embarassed ]

Ce type avait bien une famille non? Luke avait espéré toucher un point faible, parce que tout le monde avait sensément des proches, qu'ils soient issus du sang ou de l'amour. Après un certain laps de temps qui rendit le Hapien nerveux- il n'en montra rien mais commençait à compter les secondes perdues pour s'échapper de ce guêpier.- sa théorie se confirma. Malheureusement Voyl paraissait aussi têtu, aussi impliqué dans son travail que lui. Préconisant le devoir avant la tendresse, l'homme décida de continuer sa route. Un doute furtif mais lancinant traversa l'esprit du Jedi. Il avait sondé les alentours, et s'il était suffisamment affaibli pour rater sa persuasion -qu'il avait aussi lancé sans en être réellement convaincu, appréciant peu la méthode de base.- sa perception, elle, demeurait fine, surtout dans un tel désert. Il n'avait donc réellement senti aucune trace de vie dans ces décombres, outre la leur qui risquait de rapidement s'effacer. Cet homme était donc soit dangereux, soit illuminé. De quel côté était la tète de mule? Voyl Clawback était-il son vrai nom? Et son rôle, était-il sincère?

- Je me demande à qui vous pourrez bien faire un rapport -ou ce que vous devez faire.- une fois dans votre tombe.

Railla le Chevalier dans une ultime tentative pour prouver au géant que son attitude bravache ne révélait pas du héros, ni du professionnel sinon du pur suicidaire. Il ne craignait pas vraiment la colère de son interlocuteur, bien que ce sa voix, venant d'en haut, soit proportionnellement aussi forte que sa taille et lui perçait donc les oreilles. L'autre suffoquait, s'énervait, mangeait ses fins de phrases, se rendant, à ce point, davantage suspect de seconde en seconde. Sa verve du moment tranchait avec la réponse évasive donnée avant. Pourquoi Voyl avait-il autant de mots à placer sur cet éclat et pas assez pour expliquer clairement les raisons de son entêtement? Le travail? C'était vague pour justifier une vie en jeu, très vague. Hélas ce que disait Voyl était également vrai. À l'instar d'un médecin qui ne pouvait pas forcer un patient obèse à perdre du poids à tout prix, Luke n'avait aucun moyen d'obliger son interlocuteur, sans oublier le doute qui s'était insinué dans la tête du Hapien. D'une part donc, le Jedi n'avait pas le droit de ramener par la peau du derrière, une personne apparemment -à peu près- saine d'esprit, décidée, de l'autre, il devrait vérifier que le prétendu travailleur ne soit pas un terroriste, un sympathisant de l'Empire ou un profiteur, un vautour se délectant de l'attaque d'un autre prédateur. Il tendait chaque seconde qui passait à partir, non pas que sa vie soit plus précieuse que celle de Voyl, et puis, fidèle à l'Ordre comme il l'était, le blond aussi était prêt à accepter le sacrifice, mais ici, il ne servirait plus à rien. Autant essayer de se sauver pour aider d'autres personnes, là-bas, en dehors, enfin s'il parvenait à s'extirper seul de ce bourbier.

Le râle du Muun et le bruit de chute ne surprirent guère Luke. Si lui, expert en déplacements sans lampe trébuchait, n'importe qui était condamné à chuter. Le jeune homme rejoignit l'homme en soupirant, se cognant lui aussi aux parois. Il sentit la douleur irradier à travers la Force et crut percevoir la frustration, mais aussi une détermination non entamée. Le suicidaire était courageux, il n'y avait pas dire, cela dit, quel mérite avait vraiment un suicidaire? Luke s'approcha, ironiquement guidé par la douleur de l'homme, il chercha la blessure éventuelle, peinant à se situer à cause des proportions inhabituelles de son interlocuteur.

- Je peux alléger votre douleur. Mais si dans un état sain, je ne pariais pas sur votre réussite, maintenant, vous comprenez que j'en doute davantage encore. Je suis habitué depuis bien longtemps à me diriger en aveugle, et pas seulement pour aller allumer la lumière. La lumière, je ne l'ai plus retrouvée depuis plus de douze ans déjà... Et je peux vous assurer qu'on ne se promène pas ici comme on veut. Il y a des décombres qui se renversent, des trous traîtres, et le chemin que vous connaissiez a sûrement disparu, les dimensions, les étages, les distances, tout a été chamboulé. Je n'en dirai pas plus.

Le Jedi planta ses yeux vairons dans le vide, résolument, touchant une cible pas trop éloignée du Muun. Il laissait voir- si l'autre le pouvait.- son regard, encore vivant mais fixe.- Sa main s'approcha de la plaie potentielle, près à soigner s'il en recevait l'autorisation. Sans oublier des indications, anciennes fractures? Plaie nouvelle? Et toujours obtenir la permission du patient. Cela dit, le Hapien était décidé à ne pas entièrement soulager la douleur de l'être. Au moins il le c"contrôlerait" mieux ainsi et pourrait même le convaincre de rentrer. Luke n'avait pas envie de laisser échapper cette dernière opportunité de sauver un civil ou de surveiller un suspect. Depuis que le Muun avait révélé être blessé, les choses avaient encore une fois changées. Un Jedi n'abandonnait pas une personne dans le besoin. Une chose était pouvoir s'entêter car le corps suivait, une autre était de laisser un imbécile mourir pour ses idées, sans avoir une seule chance de s'en sortir. Dans le pire des cas, il devrait trouver un abri, protéger de son mieux ce possible Impérial, intrus ou civil en assumant que le conflit pouvait durer très longtemps -et qu'ils meurent de faim...-. C'était une option si peu enviable que le Hapien tira son sabre-laser, conservant la lame close er la garde baissée afin que le Muun ne prenne pas ça pour une attaqué. Se faisant, il fixait déjà un point derrière le Muun, là où il pensait qu'un léger filet d'air s'engouffrait. Il pourrait tenter de découper un mur fragilisé pourvu que ce dernier ne soit pas porteur et explorer derrière pour partir. Légèrement impatient, il incita le Muun à se décider pour des soins et se sauver d'une voix sèche.

- Ce n'est pas comme si on avait le luxe de négocier. Je me fiche de ce que vous décidez, vous n'êtes pas en condition de choisir, et si vous vous entêtez, je devrait peut-être songer à vous considérer comme un suspect. Vous seriez forcé de choisir, soit de me suivre comme un gentil et innocent civil perdu, soit je vous emmènerais en tant que prisonnier, suspecté de sabotage. Vu votre curieux entêtement, vos réponses évasives, ce serait assez facile à défendre. À moins que je ne plaide que vous n'avez pas toute votre tête. Qu'est-ce qui peut être plus important que la vie sauve? Hum? Sans compter les protocoles d'évacuation qu'on a du vous enseigner à... votre travail, justement!

Bluffa-t-il -à moitié, certes.- sachant qu'il ne pouvait pas vraiment arrêter quelqu'un dans ces conditions, ni en faire son prisonnier au sens premier du terme. Cela dit, il espérait que l'autre plongerait, ne voyant aucune autre issue. Quant à son histoire, le Hapien avait toujours plus d'inquiétudes. En effet, les employés -il supposait que voyl en était un, peut-être un cadre haut placé?- recevaient des instructions lors de leur intégration à l'entreprise. Comment ce dernier pouvait-il donc prétendre faire son travail? Dans un cas comme celui-ci, seuls les pompiers, les militaires ou les Jedis étaient à même de "penser au bien de la République" et surtout des citoyens, en s'engouffrant au cœur du danger. Rien d'honnête n'expliquait la présence de l'homme, bien que Luke n'ai absolument aucune idée de quoi, ni si sa sensation était vraie. Il jouait très gros, et le savait, à accuser indirectement quelqu'un de la sorte, cela dit, il savait aussi -et espérait en jouer- que les temps de guerre étaient les temps de guerre. Si la République reprenait miraculeusement le contrôle, l'attitude de Voyl pouvait être jugée suspecte et lui, considéré dans son bon droit. Si les Impériaux gagnaient, il mourrait simplement, sous leurs coups ou ici, dans ce bunker.

Attentif, le Jedi sonda la Force. Il ne connaissait pas réellement la puissance brute de son adversaire ni son véritable état. Il ne manquerait plus qu'une réponse musclée risquant de le blesser. Un combat, juste histoire de mourir plus vite dans le Bunker.
Voyl Clawback
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Dubrillion - Tour de la Veragi's Road Corporation - 5:11pm
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C'était un mal pour un bien : obligé de se trainer sur son genou intact, Clawback pensait avec raison qu'il risquait moins de se heurter la tête. Il se hasarda plus loin, le sol continuant de plonger en pente douce dans les entrailles de Dubrillion. L'impression de se trouver tout près de son actuel objectif le rendait fébrile, mais savoir également qu'il aurait suffi à l'autre empoté d'allumer son sabre pour lui permettre d'avancer sans peine dans ce labyrinthe... Mais bien sûr, ce pragmatisme était sans doute de trop dans un esprit mystique. Le genre de logiques qui n'en étaient pas et qui continueraient à échapper aux muuns jusqu'à la fin des temps.

" Je me demande à qui vous pourrez bien faire un rapport -ou ce que vous devez faire.- une fois dans votre tombe. "

Voyl souffla par les narines, exaspéré. Quelle plaie, cette mouche du coche... Non seulement il ne lui était d'aucune utilité, mais il n'avait pas même la décence de ne rien dire ! Tous les jedi étaient-ils de la même trempe, ou bien Voyl Clawback était-il prédestiné à n'attirer que ce type-là en particulier ? Il commençait à se poser sérieusement la question. L'envie de répliquer vertement le démangeait. Cependant, Voyl n'en fit rien, s'efforçant de retrouver un peu de sang-froid pour la fin du périlleux parcours dans ce sous-sol, et n'offrant à son comparse qu'un glacial silence. Il se contenta de ramper à la recherche d'un relief quelconque, quoique ce soit qui pouvait lui indiquer le chemin à suivre. Le sol alternait entre un métal lisse et froid, et ce qui ressemblait à un revêtement synthétique antidérapant. Le tout était recouvert d'une bonne couche de poussière due à l'effondrement des étages supérieurs. Mais un détail avait redonné un peu d'espoir à Voyl : ici, la structure ne semblait plus en aussi mauvais état que dans les quelques pièces qu'il avait traversé. Peut-être avait-il enfin atteint le caisson anti-sismique des zones sécurisées ? Il n'avait pas beaucoup de moyen d'en être sûr. Néanmoins, il connaissait celui de la Tour de Coruscant : une centaine de mètres de côté. Celui-ci devait être un peu plus petit, si on en croyait les dimensions de la tour au-dessus. Clawback avait beau faire toutes les suppositions qu'il souhaitait, il n'avait aucun moyen de les vérifier pour l'instant. Il espérait simplement ne pas avoir affaire à une exception du genre, car il semblait que les dubrillonnais aimaient faire quelques surprises désagréables. Toujours occupé à tâtonner à la recherche de quelque chose de probant, le muun entendit de nouveau la voix du jedi, plus près de lui qu'il ne l'avait imaginé : l'humain avait finalement décidé de le suivre jusqu'au bout de l'aventure.

" Je peux alléger votre douleur. Mais si dans un état sain, je ne pariais pas sur votre réussite, maintenant, vous comprenez que j'en doute davantage encore. Je suis habitué depuis bien longtemps à me diriger en aveugle, et pas seulement pour aller allumer la lumière. La lumière, je ne l'ai plus retrouvée depuis plus de douze ans déjà... Et je peux vous assurer qu'on ne se promène pas ici comme on veut. Il y a des décombres qui se renversent, des trous traîtres, et le chemin que vous connaissiez a sûrement disparu, les dimensions, les étages, les distances, tout a été chamboulé. Je n'en dirai pas plus. "

Voyl cligna des yeux dans le noir, intégrant les informations avec plus de difficultés que d'ordinaire. La phrase s'encombrait de périphrases et de métaphores, le genre de frivolités langagières qu'il détestait, mais le sens en était relativement clair. Ce jedi était aveugle ! Ce qui aurait pu s'avérer comique ne l'était pas tant en de telles circonstances.

" Je vous le répète : je n'ai pas besoin de votre aide ! J'imagine que vous le répéter en cinquante six langues ne servirait à rien ? Merci bien de vous soucier de ce que je peux ressentir, mais cette jambe m'indispose depuis bien avant notre rencontre. Je ne pense pas que votre magie puisse faire grand chose contre la vieillesse ! Dans le cas contraire, vous devriez sérieusement envisager d'en faire commerce ! "

Même si une partie de lui-même aurait payé cher pour se débarrasser de cette douleur lancinante, l'idée de laisser l'occasion à ce Luke de l'approcher et d'utiliser ses artifices jedi sur lui le faisait se hérisser de colère. De peur, aussi, même s'il ne se l'avouait qu'à moitié. Mais maintenant qu'il savait que le jeune homme était aveugle, il comprenait d'autant mieux la facilité avec laquelle il l'avait suivi, et cela changeait beaucoup de choses. Impossible d'espérer le semer ou le perdre : il y avait plus de chance que lui, se perde... Sauf que s'il ne parvenait pas à réanimer les installations de la tour, cela n'aurait au final qu'assez peu d'importance. Coupant court à d'éventuels remords, Clawback tenta une nouvelle fois de se remettre debout, prenant soin de vérifier qu'il n'y avait rien au-dessus de lui. Un pilonne, une moitié de siège, des gravats. En butant sur les obstacles les uns après les autres, Voyl parvint à faire une rapide cartographie du chemin devant lui. Sur ses talons, le chevalier continuait de le suivre, imperturbable. Voyl en venait à se demander ce qu'un individu comme lui avait à gagner à se montrer aussi hardi. Il ne savait pas grand chose des missions qui incombaient aux jedi. Mais celui-ci se montrait bien trop zélé à son goût... Bien malgré lui, Luke lui rappelait l'impossible Loreline et sa manie de se mêler de ce qui ne la regardait pas. C'était cela, le plus dur avec ces mystiques : leur tendance à croire que leurs dispositions d'élus les prédisposaient à fouiner tout le temps partout ! Pourquoi celui-ci n'était-il pas simplement retourné avec ses camarades ? Clawback détestait l'irrationnel.

" Ce n'est pas comme si on avait le luxe de négocier. Je me fiche de ce que vous décidez, vous n'êtes pas en condition de choisir, et si vous vous entêtez, je devrait peut-être songer à vous considérer comme un suspect. Vous seriez forcé de choisir, soit de me suivre comme un gentil et innocent civil perdu, soit je vous emmènerais en tant que prisonnier, suspecté de sabotage. Vu votre curieux entêtement, vos réponses évasives, ce serait assez facile à défendre. À moins que je ne plaide que vous n'avez pas toute votre tête. Qu'est-ce qui peut être plus important que la vie sauve? Hum? Sans compter les protocoles d'évacuation qu'on a du vous enseigner à... votre travail, justement ! "

Ce ton, ces idées balancées avec une fausse assurance presque ridicule de naïveté... Voyl fulminait en silence, peinant à rester concentrer sur sa recherche. D'ordinaire, il aurait eu tout loisir de se passer de la présence d'un tel énergumène. Mais pas aujourd'hui... Quel âge pouvait-il bien avoir, cet humain ? Sa voix paraissait jeune. Très jeune, même pour le muun qu'il était, et qui n'était pas à proprement parlé un "vieillard". Il se revit un instant, à cet âge où l'on pensait tout savoir, tout vouloir, tout pouvoir. Lui aussi avait été un bel avorton, même avec sa tendance naturelle au retrait et à la discrétion. De ce qu'ils savaient des humains, leur statut d'espèce dominante dans la galaxie les rendaient très prompt à la suffisance, alors qu'ils étaient médiocres sur bien des plans. Hormis de rares représentants dont les capacités intellectuelles et le sage pragmatisme l'avait séduit, Clawback considérait assez peu les humains. Celui-ci était bien parti pour le conforter dans son opinion.

" Un suspect ? Ce qui est suspect, à l'heure actuelle, c'est votre propension à vous comporter comme un juge de la Haute Cours alors que vous n'en avez aucunement les attributions ! J'ai déjà eu l'occasion de voir à quel point les jedi se permettaient de juger les citoyens, et sachez que je suis formellement opposé à cela, ne vous déplaise ! Vous avez une conception du libre arbitre qui en dit très long sur votre vision du monde, chevalier, trancha Voyl, glacial, je ne suis pas du genre à laisser qui que ce soit décider en mon nom sans une procuration signée en cinq exemplaire. Si mes décisions vous importe si peu, je ne vois aucune raison valable à votre présence ici : selon vos propres estimations basés sur je ne sais quel axiome jedi, cette installation est condamnée. "

Ils parvinrent à ce qui ressemblait, sous leurs pieds, à des grilles d'un système d'aération. Son pied tinta contre une paroi métallique. Voyl en profita pour s'y accrocher, la suivant de la même façon qu'il avait suivi les murs en les longeant. Il se cogna, retomba à plusieurs reprises comme un homme ivre... mais ne interrompit pas pour autant, suffisamment énervé pour continuer à recadrer l'imbuvable petit sermonneur en bure qu'il avait sur les talons. Tout en continuant de parler, Clawback réfléchissait, en se massant le coin de la tête d'une main :

" Sauf que selon les miennes, elle ne l'est pas encore totalement. Voilà la différence. Puisque vous vous entêtez à la hauteur d'un Bantha affamé, vous pourriez au moins avoir l'intelligence de saisir qu'un individu ne s'aventure pas "au hasard" en un tel endroit ! Ce serait un minimum de respect à avoir pour quelqu'un vous ayant si longuement mis en garde. C'est à croire qu'à vos yeux, je suis un parfait idiot : vous n'êtes sans doute pas le premier à le penser. J'aurais même à gagner à croire qu'une bonne partie de cette galaxie pense la même chose, mais au risque de vous décevoir, j'ai encore toute ma tête ! Je ne suis pas connu pour avoir des loisirs aussi loufoques que la course à cloche-pied sur ruines urbaines ! "

Sa main rencontra enfin une forme semblable à un carter de machine et il s'y accrocha avec la force du désespoir. Ses longs doigts fouillèrent l'obscurité avec une frénésie ridicule, à la recherche de formes qu'il connaissait bien. Il ne rencontra qu'une rangée de branchements et le relief d'une bouche d'air.

" Quant aux protocoles de sécurité, je les connais en effet par cœur. Je ne vous ferai pas l'affront de vous les réciter, nous en aurions pour la journée ! Nous sommes présentement dans un sas anti-sismique dédié à l'un des générateurs de secours civils, sensé pouvoir être déclenché en cas d'extinction générale du réseau d'alimentation habituel. Ce qui est le cas aujourd'hui. En activant ce générateur, les systèmes de première nécessité des installations de cette tour pourront de nouveau être utilisés du moment que leur structure à cœur est intacte. Les ordinateurs des salles des étages supérieurs n'ont pas dû être endommagés par l'effondrement de la base. Les holoterminaux peuvent être utilisés pour envoyer un signal chiffré en supraluminique : c'est votre jour de chance, il se trouve que ce fut étudiant en cryptologie, il n'y a pas si longtemps à l'échelle de cette galaxie. J'ai donc bien l'intention de tenter l'exercice ! "

Il progressait avec une lenteur affreuse. Mais il ne lâchait pas, poussé involontairement par le jedi et ses répliques méprisantes. A trop vouloir le braquer, le jeune homme finissait par obtenir l'effet inverse... Au moins, Clawback lui reconnaissait la vertu d'être coriace. Blessé et aveugle, il trouvait encore la force et la volonté de tenter d'arrêter un vieil acariâtre de sa trempe ! Il fallait bien un jedi pour cela. Enfin, alors que l'air se faisait plus rare là où ils étaient parvenus, il trouva, à hauteur d'homme, un plan métallique équipé de plusieurs claviers. Appuyé contre l'énorme engin dont il ne distinguait rien, Clawback respira avec difficulté. Il réalisait à présent combien le stress et son exercice physique improvisé l'avaient épuisé. Il tremblait - autant de fatigue que de fébrilité. Avec la méticulosité d'un orfèvre, il entreprit de parcourir toute l'interface des doigts pour tenter d'identifier la machine qui se trouvait là. Tout au long du chemin, il n'avait pas cessé de fouiller sa mémoire à la recherche de tout ce dont il se souvenait sur les alimentations de secours. Il n'était pas technicien, ni électricien, non. En revanche, il avait supervisé nombre d'interventions au cours de sa carrière au CBI, et en bon maniaque à vaste mémoire, avait la fâcheuse tendance à retenir certains détails qui pour beaucoup n'avaient pas vraiment d'importance. Les modèles de générateurs républicains avaient tous un point commun : un bouton d'arrêt d'urgence normalisé, positionné à droite de l'interface d'entrée - suffisamment voyant en temps normal pour détonner des autres commandes. L'interface en question était aussi poussiéreuse que le reste, mais le blindage était intact. Clawback suspendit son geste une seconde, comme si, à peu de choses d'avoir la réponse qu'il désirait tant, il lui fallait d'abord régler une autre question :

" A moi de vous poser une question, monsieur Luke : souhaitez-vous rester ici à nous regarder mourir bêtement, en regrettant d'avoir suivi un vieil imbécile comme moi, ou déciderez-vous de tenter de vous rendre utile ? Ce sera peut-être la dernière fois de votre vie, c'est une occasion ! Alors aidez-moi à trouver cette fichue console !! Plutôt que de lancer des sermons du haut de votre immobilité prude ! "

Voyl décida de se retrancher derrière son sarcasme pour oublier qu'il pouvait encore tout perdre... Le sabbacc restait tout de même beaucoup moins risqué, quand on y pensait.

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Dubrillon - Quartier des affaires - 5:23pm

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A l'heure qu'il était, on pouvait deviner à l'arrêt des bombardements que l'Empire avait d'autres manœuvres en tête. Même si la nouvelle n'était pas réjouissante, elle avait au moins le mérite de laisser un répit aux personnes encore au dessus du sol.

Après un débat sans fin qui n'en avait pas fini de les retarder, les deux gardes du corps avaient fini par sortir du tunnel : le militaire ayant tenté de les retenir s'était finalement résigné avec un "ça fera plus de place pour les dubrillonnais" en guise de dernier mot. Droomos s'en moquait : si Clawback était mort, sa vie allait prendre un tournant des plus inattendus, et peut-être des plus désagréables. Le muun n'avait pas pour habitude de trainer dans les endroits dangereux. C'était même tout le contraire. Que lui était-il passé en travers du crâne ? Mystère ! Mais cela les mettaient tous dans une position délicate. L'alien jeta un œil dubitatif à l'énorme tour, penchée comme une canne à pêche au-dessus de la ville. Il n'avait aucune fichue idée d'où retrouver le directeur adjoint dans une telle pagaille - et sans datapad ni holocom, c'était peine perdue. En désespoir de cause, Shfall avait choisi de respecter la procédure habituelle : rebrousser méticuleusement chemin, jusqu'à fouiller l'endroit où Reshord avait dit avoir perdu son collègue de vue. La rue était dévastée et il flottait en ville un parfum d'apocalypse, un quasi silence désagréable qui n'augurait rien de bon.

" Et maintenant, on fait quoi ? "

" On prend le café. Non mais t'en as encore beaucoup, des questions comme celles-là ?! On entre et on le retrouve, tiens ! Vivement que la République ramène ses fesses et qu'on sorte de ce merdier ! "

Il doutait en réalité d'une telle chose. Ces derniers mois n'avaient pas été les plus faciles, mais cette excursion sur Dubrillion pouvait à bien des égards être rangée dans la catégorie "échecs". Même si leurs conditions physiques étaient excellentes et leur équipement de très bonne facture, que pourraient-ils, à deux, dans ce chaos, au beau milieu d'une guerre ? Considérant que toutes ces questions dépassaient de loin son petit univers rassurant et étriqué de porte-flingue, Droomos prit les devants et se dirigea à petites foulées vers la seule entrée visible de la tour, suivi par son coéquipier. Sans doute était-il déjà trop tard pour espérer faire demi-tour.

Hrp:
Le Masque de la Force
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Soudain, la douleur à l'épaule de Luke se fait vive, insupportable. Il sent sa tête lui tourner, et des étoiles danser devant ses yeux...
Un instant plus tard, il s'effondre, à demi-inconscient. Sa blessure était plus grave qu'il ne le pensait...

Voyl Clawback remporte la joute.
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