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Bougre de triple andouille, bande de nodocéphale, écervelés ! L’avenir des Jedis, tiens donc ! Mais c’est bien, c’est bien ! Continuez dans cette voie et vous finirez à l’Agricorps et j’irai moi-même vous amener par la peau des fesses sur une planète agricole si reculée que personne n’entendra plus jamais parler de vous.

Hildegarde, furieuse tenait dans chaque main un oreille de deux petits initiés d’une douzaine d’années surpris quelques minutes plus tôt à fumer une cigarette roulée contenant du tabac importé de Bespin. La vieille Maître Jedi avait fondu tel un oiseau de proie sur les deux malheureux et les menaient à présent par l’oreille jusqu’à son bureau au troisième étage de l’aile ouest du Temple pour que s’abatte le juste châtiment. De petits couinements de douleurs provenant des deux futurs punis ponctuaient le passage du Maître fulminant à travers les couloirs du Temple. Les témoins de la scène s’écartaient pour dégager le passage de ce drôle de convoi en ne pouvant s’empêcher de sourire en coin.

Vauriens, je vous tuerai moi-même avant que la maladie ne s’en charge ! Messieurs, vous êtes la HONTE de cette institution ! Des petits voyous, voilà ce que vous êtes et ça veut devenir padawan, ça veut devenir padawan ! Vous allez souffrir, terriblement ! Le côté obscur n’est rien à côté de ce que je vous réserve ! Maître Xandolan s’en retournerait dans sa tombe. Je n’ai jamais eu aussi honte de toute ma vie !

Hurlait Hildegarde rouge de colère ne prêtant aucune attention aux yeux implorants de deux gamins, coupable à ses yeux d’un péché mortel. Elle continuait à marcher à vive allure lorsqu’elle fut interrompue au milieu d’un couloir par un visage bienveillant.

Maître Marja, toujours aussi vigoureuse. Les années ne semblent avoir de prises sur votre caractère ma très chère amie.

Hildegarde ne lâchant pas les oreilles prisonnières devenues rouges leva la tête vers son vis-à-vis et se fendit d’un sourire cynique en apercevant Thosconn Sodervall. Elle ne prêtait que peu de sympathie au vieux Fallen qu’elle trouvait trop complaisant et qu’elle accusait ouvertement de passer un peu trop de temps à faire autre chose que de travailler.

Maître Sodervall, je vous serai gré de bien vouloir m’épargner vos compliments et vos grotesques marques d’affection. Je ne vous ferai pas l’affront de vous faire remarquer que, sauf erreur de ma part, nous ne sommes pas amis et que je suis à mille parsecs d’être votre « chère ».

Dit-elle d’une voix plus glaciale que la bise de Hott en fixant d’un air suspicieux le Maître du Conseil.

Quel crime ont commis ces deux jeunes initiés pour subir de la sorte votre courroux Maître Marja ?

Questionna le Maître en toisant tour à tour les deux enfants qui tentaient de se libérer en vain en se dandinant pour échapper au pincement des petits doigts ridés de la Caratienne, les larmes aux yeux. Cette dernière ignora superbement la question qui de toute évidence ne regardait pas le vieux Falleen. Inutile de faire remonter l’information jusqu’au Conseil qui risquait de faire radier les deux jeunes, les problèmes se réglaient en petit comité, c’était mieux pour tout e monde. De plus, elle n’accordait qu’une confiance modéré au Faalen qui selon elle préférait passer ses journées à faire le guignol dans les médias plutôt que de s’occuper de la fougueuse jeunesse du Temple. Elle le jaugea avec un dédain certain et reprit la parole, aimable comme une porte de prison.

Que-puis faire pour vous Maître Sodervall ?

Libérez vos deux coupables et suivez-moi, Maître Marja, j’ai une mission à vous confier.

Répondit le gradé en gardant son calme et son sourire. Il fréquentait Hildegarde depuis trop longtemps pour continuer à la prendre trop au sérieux et savait que derrière ses grands airs se cachait une gentille grand-mère. Tellement bien cachée qu’il ne la trouvait que très rarement.

A votre guise. Quant à vous deux, vous pouvez remercier Maître Sodervall de sa clémence. Si je vous reprends dans cette situation soyez sûrs que je ne serai pas aussi miséricordieuse et que je vous punirai si fort que vous regretterez à jamais d’être venus au monde. C’est compris ?

Face à l’absence de réponse des deux criminels elle resserra son étreinte sur le cartilage de leurs oreilles.

C’est compris Maître, désolé Maître, merci Maître !

Les oreilles furent enfin libérées et les deux initiés partirent en courant sans demander leur reste en tenant leurs appendices meurtris.

Vous savez qu’en pédagogie moderne, nous évitons d’utiliser les châtiments corporels sur les jeunes qui nous confiés Maître Marja.

« Moderne », j’exècre ce mot et puis, « châtiment corporel », comme vous y allez Maître Sodervall. Quand il prendra à ces deux voyous l'idée de recommencer leur bêtises, ils sentiront leurs oreilles chauffer avant même de commencer et se diront que c’est une mauvaise idée, ça c’est de la pédagogie !

Bien, Maître Marja. Vous êtes attendue sur Mentanar Vosk, c’est une mission prioritaire. Dans les grandes lignes : l’Empire s’intéresse particulièrement à une région reculée du système au milieu de la jungle. J’ai envoyé les détails de la mission sur votre datapad. Vous partez demain matin à la première heure.

Mentanar Vosk, dans le secteur Nijune ? Cette horrible planète couverte de boue, remplie d’humidité et de bêtes sauvages. Pourquoi l’Empire s’intéresserait à cet endroit sordide.

Tout est dans le rapport Maître Marja, c’est une mission prioritaire et dangereuse, vous prendrez avec vous le Chevalier Karm Torr de l’Explocorps, il vous sera précieux dans la jungle et c’est également un combattant de valeur. Des troupes Républicaines sont déjà sur place, vous les retrouverez là-bas.

Karm quoi ? Je vous ai déjà dit que je préférai choisir moi-même mes coéquipiers, cela est si difficile à comprendre.

Le vieux se perdit dans un dernier sourire et tourna les talons, toujours aussi calme.

Je suis attendu à la Chambre du Conseil Maître Marja, profitez de cette sortie pour travailler votre pédagogie auprès de votre binôme.

Le lendemain – Navette de transport de classe Corellienne

Hildegarde, vêtue d’une longue robe corail et d’une ceinture dorée à laquelle pendait son sabre était assise dans l’un des fauteuils à l’arrière de la navette et lisait son Dapatad en levant les yeux de temps à autre pour fixer Karm. Elle lui trouvait un certain charme il fallait bien l’avouer.

Combien de temps avant arrivée sur zone lieutenant Rémy ?

Vingt minutes Maître Marja, la piste n’est pas dégagée et la jungle est très dense. Le point d’atterrissage le plus proche est à treize kilomètres du site. Nous ferons du rase-mottes à basse altitude pour ne pas apparaître sur les senseurs impériaux.

C’est parfait merci lieutenant.

Hildegarde termina son thé posé sur la tablette de son fauteuil. Elle adressa la parole à son binôme, le Chevalier Torr. Ses états de services étaient bons, pourtant il aurait été mensonger de dire qu’elle fut ravie de travailler avec un membre de l’Explocorps mais au moins, l’homme semblait posséder de vraies connaissances terrain qui pourraient être utiles. La vieille femme alluma son datapad et fit apparaître en holographe la planète qui les intéressaient.

Bien, Chevalier Torr. Quelques éléments importants qu’il me semble indispensable de vous préciser dans le cas où certaines subtilités du rapport n’auraient pas été suffisamment explicitées. Mentanar Vosk est un petit système très inhospitalier. La planète est presque déserte à l’exception de quelques tribus peu sécularisées et assez primitives, bien que je n’aime pas ce mot. Ils y vivent en paix et ne demandent rien à personne. Depuis plusieurs semaines, on nous signale une forte présence Impériale. Ils semblent s’intéresser à un village dans le secteur 43. Les renseignements pensent que l’Empire est présent pour récolter une plante aux propriétés rares, peut être pour en faire une arme, nous ne savons pas.

Elle fit apparaître le croquis fourni par les renseignements montrant une petite fleur à la tige rose et aux pétales rouges et blanches.

Notre mission est de prendre contact avec l’escouade Typhoon. Ce sont des commandos d’élite présents sur place qui pourront nous fournir plus de renseignements. Nous devons identifier précisément l’activité Impériale, récupérer un échantillon de cette fameuse plante, la transmettre à l’Ordre qui décidera ensuite si une intervention plus musclée est nécessaire.

Je crois savoir que la flore fait partie de votre spécialité, cette plante vous dit-elle quelque chose. Et surtout, avez-vous une idée d’approche ? Le village est coincé au milieu d’une jungle très épaisse. Les rapports topographiques montrent que l’Empire à fait abattre une partie des arbres pour permettre à des véhicules de passer mais ce chemin me semble être un peu trop à découvert.


La vieille femme jaugea de ses yeux noisette le Chevalier comme pour percer les secrets de son âme. Elle reposa ensuite son thé sur son accoudoir et sans se départir de son air indifférent, elle se leva pour chercher une tenue de camouflage dans l’un des compartiments de la navette. Le treillis vert n’était pas à son goût mais tant pis, il fallait bien se fondre dans le paysage. Elle partit se changer et revint quelques minutes plus tard, habillée pour la mission en portant un gros sac à dos sur les épaules.

Chevalier Torr, autant être franche avec vous, je ne vous ai pas choisi pour cette ballade de santé. Toutefois je pense que vos compétences seront précieuses pour la mission et je vous accorde de ce fait ma confiance, j’espère que vous saurez vous en montrer digne.

L’avertissement était lancé. Hildegarde n’était pas une femme à mâcher ses mots, depuis plus de soixante ans qu’elle partait en mission, elle savait que peu importe la tâche à accomplir, seule l’entraide permettait de réussir la mission. Comment à chaque début d'opération, elle appréhendait. L'Empire était capable de tout, prise d'otage, meurtre de masse. La perspective de découvrir un village massacré de ses habitants lui fit peur.

Si vous avez des commentaires intelligents à formuler ou des questions pertinentes je vous écoute.

Glissa-elle enfin en se faisant plus douce.
Karm Torr
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— … et c’est pourquoi tu prêteras renfort à Maître Marja.
— Hm.
— Hm ?
— Hm.

Dans le bureau de la responsable de l’ExploCorps, Karm avait commencé à observer très évasivement un vieux caillou récupéré sur une planète depuis longtemps abandonnée.

— Un problème ?
— Maître Marja est un peu, euh… Disons qu’elle est, hm…

Karm cherchait une formulation pleine de tact et de délicatesse : autant dire que l’acculturation était forte.

— Psychorigide ?
— Ah, je dirais pas ça comme ça, hein, ‘tention, juste, ouais, un peu, hm. Bref. Voilà voilà.
— Quoi qu’il en soit, l’affaire est étendue, tu pars demain.

Il n’eut donc que peu de temps pour se préparer psychologiquement à la rencontre avec Marja, qui lui semblait bien devoir être la partie la plus éprouvante de la mission. Après les recommandations d’usage à l’intention de sa Padawan Soruan et un au revoir quasi décent à Luke, le jeune homme fut prêt à affronter, le lendemain, la jungle, la boue, la violence de l’armée impériale et, ce qui était moins plaisant, Hildegarde Marja.

Le laconisme naturel de l’Ark-Ni lui fit d’abord d’un grand secours, parce qu’il masqua habilement le gouffre culturel qui le séparait de la Maître Jedi. Marja avait la réputation d’une traditionnelle, une réactionnaire même selon les critères de Karm, qui, il est vrai, n’était pas exactement fort orthodoxe de son côté. Karm avait grandi une culture où les enfants prenaient les décisions à parts égales avec les anciens et Marja, à ce qu’on disait, était attachée à la hiérarchie d’un Ordre aux traditions millénaires.

Hélas, même les meilleures choses ont une fin et Karm fut tiré de sa studieuse lecture d’un traité sur le Jar’Kai par le doux regard de son consœur qui tentait de lui remuer le cerveau. Les yeux miroitants de lumière de l’Ark-Ni soutinrent malgré tout ceux d’Hildegarde, plutôt parce que la hiérarchie demeurait un concept flou pour le Gardien que par bravade.

— J’vous ai pas choisie non plus, du coup, on est quitte.

Excellent début. Toujours le mot juste, c’était sa spécialité. Et le pire, c’était que dans sa tête, sa réponse avait été un excellent moyen de dissiper tout embarras, en les mettant sur un pied d’égalité. L’égalité, chez les Ark-Ni, c’était sacré.

— La fleur, là, ça m’dit rien, mais généralement, les gens, c’qui les excitent, c’est les psychotropes ou les poisons. Par contre, c’est chelou, s’ils squattent le village, ça veut dire soit qu’ils ont vachement de mal à faire des transplants ou des boutures et à cultiver ça par chez eux, soit qu’ils essaient d’arracher des secrets aux locaux. Genre préparation de breuvage, potions sacrées ou des trucs dans le genre. C’qui a tendance de facto à exclure les poisons. Et si on est dans l’psychique, faut s’attendre à croiser un sorcier sith.

Karm pensait très vite, et parfois trop loin, rarement dans l’ordre qui semblait le plus naturel aux autres, et il n’exprimait presque jamais ses réflexions avec l’élégance châtiée qui était si populaire au sein des Jedis mais c’était un homme de terrain qui connaissait son affaire et dont les capacités d’abstraction étaient considérables. Il avait de toute évidence assimilé le rapport et celui-ci avait nourri ses réflexions.

— On peut passer par la jungle. Ça offrira une couverture optique et thermique minimale, ça nous préservera des landspeeders et dans une certaine mesure des frappes aériennes. Plus, on pourra demander notre chemin aux écureuils.

Il était très sérieux. Se reposer sur les connaissances des autochtones était l’une des règles d’or de l’ExploCorps et quand les autochtones étaient des animaux, on faisait avec. Naturellement, son jeune âge, sa silhouette légère et son expérience d’explorateur le poussaient à minimiser les difficultés que représenterait une progression dans la végétation épaisse. Du reste, pour un Padawan d’Ondéron, c’était là un spectacle très familier.

— De toute façon, on infiltre un terrain relativement inconnu, alors la guérilla plutôt que le frontal, c’est une valeur sûre, surtout pour de la reconnaissance. Reste à espérer qu’ils ont pas des natifs trop collaboratifs, et que les mecs du coin sont pas en train de surveiller la jungle pour le compte de l’Empire.

Tout doué qu’il était, Karm ne prétendait pas pouvoir s’infiltrer en terrain ennemi au nez et à la barbe des gens qui vivaient là depuis toujours. Mais il était persuadé que c’était encore leur meilleure option.

— On peut passer par le sud en suivant la rivière, poursuivit-il sans même regarder la carte des lieux, qu’il avait pris soin de mémoriser, réflexe de métier, c’que le courant charriera nous donnera une bonne indication de ce que leurs extractions rejettent et de ce qu’ils peuvent bien fabriquer en amont. Puis la végétation est souvent moins dense près des berges, rapport aux affaissements de terrain.

Sauf s’ils débarquaient en pleine mangrove mais il était difficile de le dire avec leurs relevés superficiels.

En tout cas, Karm était déjà fin prêt. Son sac attendait à côté de son siège et, quand la navette commença sa descente, il se releva pour le jeter sur ses épaules. L’idée de travailler à nouveau avec les forces spéciales, qu’il avait tant fréquentées pendant sa jeunesse aux côtés de l’Armée Républicaine, ne l’enchantait guère mais il tentait de faire abstraction de ces souvenirs douloureux pour se concentrer sur des villageois qui peut-être attendaient désespérément d’être secourus.

Le vaisseau avait plongé au-dessus d’un océan, assez loin de leur destination, et ils survolaient désormais la planète en-dessous des senseurs pour gagner le lieu du rendez-vous. Pour se donner du courage, Karm effleura du bout des doigts le sabre de Luke, accroché à sa hanche.
Korgan Kessel
Korgan Kessel
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Journal de mission du Caporal-Chef Kessel, Escouade Typhon - Mentanar Vosk

Jour 1

Nous venons d’atterrir, à distance raisonnable de l’objectif. Nous ignorons si l’Empire s’est réellement établi sur ce monde, ou s’il s’agit d’une fausse alerte. Dib nous a déposé et est reparti aussi sec, volant le plus bas possible pour passer sous la couverture des éventuels radars ennemis. Rapidement, je me suis fait un putain de constat : Jungle de merde. Dense, humide… Ça va être un vrai bordel pour se déplacer, et encore plus pour voir les menaces approcher. Franchement… Qu’est-ce qu’ils viennent foutre dans ce trou paumé ?! Ok… Depuis l’annexion de Lorrd, techniquement ce secteur de l’espace leur appartient… Mais voilà : il n’y a rien ici à part des plantes… Et quelques autochtones primitifs. Ils ne sont même pas assez nombreux pour couvrir un trafic d’esclaves lucratif !

La chaleur est étouffante… Avec tout notre barda sur le dos, on en chie pour avancer. Je dois prendre sur moi pour ne pas saisir ma vibrolame, et taillader toute cette végétation ! Mais les ordres sont les ordres : on doit rester aussi invisible que possible… Résultat : il nous a fallu toute l’après-midi pour faire moins d’une dizaine de kilomètres. Un vrai calvaire. On va devoir trouver un coin potable pour se poser. Trois ou quatre heures de sommeil, on ne peut pas se permettre plus sans savoir à quoi nous avons affaire.

Jour 4
Nous avons été contraints d’enterrer tout notre matos sous les racines d’un énorme arbre complètement bouffi pour pouvoir nous déplacer plus sereinement. Le revers de la médaille c’est que ça limite notre champ d’action. Jett est resté en retrait, il couvre nos arrières et le matériel. Un Besalisk dans une jungle… Je commence à me demander si j’ai eu raison de l’emmener.


Jour 5
Saloperie de flotte ! Ça ne s’arrête presque jamais… Par endroit, on s’enfonce dans la boue jusqu’aux mollets ! Heureusement, nos combinaisons de combat sont étanches. Sinon l’humidité nous aurait déjà bouffé les extrémités. Il va falloir trouver un autre terrain d’approche. Nous entendons au loin de l’activité… Mais impossible d’approcher plus dans ces conditions.

Jour 6
Nous avons tenté une approche nocturne du village. Mais rien à faire. Les frondaisons sont si denses que même nos lunettes de visions nocturne peine à trouver une source de lumière suffisante pour nous aiguiller. Abandon des déplacements nocturnes jusqu’à nouvel ordre.


Jour 9
Après de multiples essais d’itinéraires dans cette foutue jungle, nous avons enfin pu enfin approcher de la périphérie d’un village indigène. Présence impériale confirmée. Deux patrouilles de trois hommes en uniformes réglementaires des troupes terrestres. Ce ne sont ni des commandos, ni des escadrons d’élite… Mais nous avons dû précipitamment battre en retraite lorsqu’un groupe d’indigènes armés de lances et de sagaies s’est approché. Je me méfie des locaux. Ils connaissent bien l’environnement, je doute que nous puissions les berner aussi facilement : alors autant ne pas prendre de risques aujourd’hui. Les ordres sont clairs à ce sujet : aucun contact avec la population locale autorisée. A l’heure actuelle, il est impossible de dire si celle-ci collabore avec l’Empire de son plein gré, ou si elle a été soumise par la force. En bas de pépin, nous n’aurons pas le choix : tuer et faire disparaitre les corps pour ne pas alerter l’ennemi de notre présence… J’espère ne pas en arriver là… Tirer sur des civils vraiment ce qu’il y a de plus dégueulasse et lâche.


Jour 10
Ces enfoirés de sauvage sont carrément loin d’être con. Putain, j’ai eu du nez en me méfiant d’eux. Ils n’ont pas mis longtemps à trouver nos traces dans cette foutue jungle. Comment font-ils ?! Poussé par la curiosité, ils ont remonté notre piste pratiquement jusqu’à notre camp de fortune. On a eu un bol monstre… Enfin surtout eux… La journée touchait à sa fin, ils ont préféré faire demi-tour plutôt que de continuer à fouiner.

Cette nuit, on déplace le camp. Matt a repéré une rivière plus à l’ouest. Nous la remontrons pour couvrir nos traces.


Jour 12
Le moral n’est pas au beau fixe. Aucun résultat concret après presque deux semaines dans cette jungle qui va nous rendre dingue. Il nous faut trouver un nouvel angle d’approche sécurisé pour approcher le village indigène et espionner l’activité impériale. Pas de renseignements, pas de renforts. Jett’ envoie des rapports quotidiens au commandement via un système proche du morse, mais dont les pings sont espacés de plusieurs minutes pour faire croire à des interférences en cas de capture par les com’ ennemis. Je sais pas comment il fait pour ne pas péter un plomb.

Jour 15
Aujourd’hui nous avons fait une découverte surprenante. Un corps d’indigène couvert de fléchettes enduite d’un poison inconnu. Sa mort a été mise en scène post-mortem. Empalé sur un arbre, mains coupées et cœur arraché. Ça ne ressemble pas aux méthodes impériales. Mac, ancien agent des renseignements, a déjà entendu parler de ce genre de truc. Une histoire de guerres tribales et de territoires. On n’avait vraiment pas besoin de ça…


Jour 17
Depuis la découverte du cadavre, les indigènes sont agités. Ils se déplacent en nombres. Patrouillent autour de leur village à longueur de journée, tant et si bien que même les impériaux semblent estimer pouvoir baisser leur garde. Sans nul doute, ils redoutent les représailles de la tribu adverse… Clouer leur pote sur un arbre n’était certainement pas une bonne idée… On va devoir laisser tomber les approches pendant plusieurs jours, le temps que ça se tasse.

Jour 21
Nous avons été réveillés en pleine nuit par des hurlements et des tirs de blaster. Le lendemain, nous avons pris le risque de nous approcher à nouveau. Il y a une dizaine de cadavres le long de la rivière. Certains ont été fauchés par des tirs de blaster, d’autre criblés de fléchettes. Il y a trop d’activité dans la zone. Ma main à couper que les herbes hautes sont jonchées de cadavres autochtones. Mac avait raison : c’est bien une guerre de clan.

De retour au camp, nous avons tout remballé, pour nous déplacer à nouveau. Le coin est devenu trop dangereux pour nos opérations… Il va nous falloir plusieurs jours de marche forcée pour contourner le village et tenter une approche sur le flanc opposé aux escarmouches : le Nord. Avec un peu de chance, la surveillance sera relâchée de ce côté-ci.

En chemin nous avons été témoins d’une nouvelle scène étrange. Un groupe d’autochtone armés de fusils blaster impériaux qui trainaient derrière eux plusieurs femmes ligotées. Mac m’a fait remarquer la différence de symbolique sur leurs tatouages faciaux. D’après lui, la confrontation entre tribus ennemis inclus l’enlèvement de femmes pour compenser les pertes en homme. C’est logique en un sens : plus de femme, plus d’enfants, plus de soldats. Je suis resté figé plusieurs minutes, hésitant à intervenir pour les secourir… Mais nous ne sommes pas là pour ça. En tout cas, il ne fait aucun doute que l’Empire a su trouver un moyen de s’allier avec une partie de ces sauvages. Ils les achètent avec armes et munitions pour les aider à assoir leur supériorité sur les autres tribus. Mais pourquoi ?

Jour 26
L’escouade est exténuée. Il nous a fallu cinq jours pour réaliser ce périple. Bientôt un mois que nous sommes planqués dans cette jungle… Et nous n’avons aucune donnée fiable sur les activités impériales ! Que font-ils ici ? Pourquoi ce village plutôt qu’un autre ?! J’ai ordonné une journée de repos général pour reprendre des forces. Putain, heureusement que Matt a pensé à prendre un jeu de cartes…

Dès demain nous allons tenter de trouver un angle d’approche depuis le nord du village… Ma patience est mise à rude épreuve. Il va nous falloir prendre plus de risque si nous voulons obtenir de réelles informations.


Jour 29
Putain de merde. Aujourd’hui je suis passé à deux doigts de… l’incident. La jungle au nord du village est moins dense. Des groupes de femmes s’y aventurent à la recherche de racines et de baies comestibles. Elle se déplacent si silencieusement que mêmes mes amplificateurs auditifs peinent à les suivre… Et comme un con, je me suis un peu trop rapproché. Une femme s’est redressée, à quelques mètres seulement. Mine horrifiée. Elle en a lâché son panier. J’ai levé mon arme, prêt à faire feu… Mais je me suis figé, incapable de presser la détente aussi froidement. Putain de merde, tu déconnes Korgan je me suis dit. L’autre a eu le temps de hurler un truc du genre « Ha’kal’ji ». Un charabia que mon traducteur universel a immédiatement interprété comme « esprit maléfique des défunts ». Puis elle a pris ses jambes à son cou. J’aurais pu tirer. J’en ai eu dix fois l’occasion… Mais une putain d’intuition m’a noué les tripes. Avec nos armures de combat intégrales bardées de peinture camouflage et de feuillages en tout genre, nous n’avons que vaguement l’apparence d’êtres humains à leurs yeux. Ces peuples primitifs sont superstitieux. Si elle m’a pris pour un esprit, je doute que l’Empire y prête une réelle attention. Mais par mesure de sécurité, j’ai ordonné un arrêt des patrouilles pendant deux jours.

Jour 31
Enfin la chance semble tourner. Les autochtones évitent le nord du village depuis l’incident. Ils ont dressé des autels, sortes de poupées plantées sur des piques, pour repousser les mauvais esprits. Plus que jamais la voie est libre… Mais les impériaux ne sont pas aussi cons que je l’avais estimé. Ils ont renforcé leurs patrouilles dans notre secteur. C’est un contre-temps mineur. Ces enfoirés, je ne les connais que trop bien. Il sera aisé de les éviter.


Jour 34
Enfin, j’ai pu prendre des clichés des installations impériales à l’intérieur du village, qui s’avère n’être qu’une bourgade composée d’une trentaine de maisons sur pilotis à proximité d’une petite rivière paisible. Je ne sais si la zone a été déboisée ou s’il s’agit d’une clairière naturelle, mais il nous sera impossible d’approcher plus sans nous faire repérer… Du moins de jour. Mac, Matt et Mad ont également pris des holo-enregistrements.

De retour au camp nous avons pu les analyser. Les impériaux ont érigés une structure volumineuse au milieu du village… Bardée de baies vitrées… Une serre ? Nous avons pu enregistrer une vingtaine de soldats, peut-être trente… Il y a aussi un QG de terrain mobile, sorte de véhicule blindé tout-terrain équipé du dernier cri en matière de communication. C’est surement de là qu’ils coordonnent leurs activités locales. Mac affirme également avoir vu plusieurs scientifiques. Mais qu’est-ce qu’ils foutent bordel ?

Jett a transmis toutes ces informations au commandement militaire…


Jour 36
Nous avons reçu une réponse. Les renforts arrivent. Des Jedi…


****

Jungle de Mentanar Vosk, à proximité du site d’atterrissage, Quarante-deuxième jour de mission,

Matt’, la gueule sur ses jumelles, hurle soudain :

« Ils sont là ! »

Je me redresse d’un bond. J’ouvre la visière de mon casque, main gantée sur le front pour me protéger de la lumière aveuglante…. Et effectivement, un tâche sombre grossis à l’horizon.

« Héhé. Pile à l’heure. Ils sont vraiment réglés comme des horloges ces enfoirés de Jedi… »

Mon trait d’humour pourri arrache pourtant quelques éclats de rire. Faut dire l’equipe est crevée, à bout de nerfs. Voir un peu de monde, même des putains de Jedi, ça nous remonte grave le moral. Il va y avoir enfin un peu d’action ! J’espère que les ordres ça sera de raser tout ce qui bouge, et même ce qui ne bouge pas !

J’espère aussi qu’ils ont apporté des explosifs, lance-roquettes… Et aussi du chocolat. Putain, marre de bouffer des barres protéinées déshydrater depuis plus d’un mois, matin, midi et soir ! Et aussi un peu de déo… Parce que bon, c’est que ça commence à sentir le mort dans cette armure étanche. Heureusement qu’elle l’est d’ailleurs, sinon on pourrait nous sentir à des kilomètres à la ronde. Bref. Moi aussi je ressens cette soudain euphorie…

La navette se pose sans encombre. J’ordonne aux gars de rester au aguets, déployés en demi-cercle autour de la zone d’atterrissage. D’un pas décidé, j’approche rapidement de la rampe qui se déploie déjà. Si le pilote suit le protocole, il aura décollé avant même qu’elle ne se referme. Deux Jedi en émergent…

Et là, j’sais pas… Mon moral à peine recouvré se brise en mille morceaux. C’est une PUTAIN DE BLAGUE ? Une vieille dame et une gamine ?! On en a pas chié pendant plus d’un mois pour ça… Si ? Bah si… J’y crois pas…

Je soupire… Mais en bon soldat qui n’est pas payé pour réfléchir, je laisse toutes ces questions à la con de côté. Moi, j’suis là pour suivre les ordres, pas pour les commenter…

Je me rapproche encore, et m’arrête droit comme si j’avais un balai dans le cul devant les deux femmes, position de garde à vous.

« Mesdames, bienvenue sur Mentanar Vosk… »

Celle que j’ai pris pour une gamine à cause de son gabarit s’avère être plus âgée que je ne l’avais estimé. La vingtaine, un truc du genre. En fait ses traits sont presque… Androgynes. Putain c’est chelou. J’sais pas si je dois la trouver belle ou pas… L’autre, la vieille bique, me lance un regard si intense que j’ai l’impression d’être redevenu un gamin. Putain, c’est qu’elle me ferait flipper en fait. Je déglutis bruyamment, essayant de soutenir quelques instants son regard. Il se dégage d’elle un charisme indescriptible, mais qui force le respect, c’est net. Sur que je vais pas lui sortir une vanne sur sa robe ou le col de son fémur…

Je détourne la tête :

« Nous avons établi un camp par là. A trois kilomètres. Il y a deux heures de marche… Mieux vaut ne pas tarder, le soleil se couche tôt sous cette latitude. »

La navette redécolle déjà, comme prévu. Je suis aussi tendu que le string d’une twi’lek sur le cul d’un gamoréen… Mais alors que je m’apprête à leur tourner le dos pour leur indiquer la direction à suivre, je me rappelle avoir encodé deux puces de données, regroupant les résultats de notre mission… Je les leur tends

« Vous trouverez sur ces puces un état des lieux de la situation. »

Mais comme je me fais la remarque qu’elles n’ont certainement pas envie de se taper une centaine de ligne de texte tout en évitant de se prendre les pieds dans les fougères, je me fais un plaisir de leur offrir un résumé éclair :

« C’est un vrai bordel. Les impériaux ont établi un avant-poste dans un village plus au Sud. Equipement de pointe, matériel scientifique. Ils ont monté ce qui semble être une serre. Il faut compter sur une trentaine de soldats, plus quelques civils, certainement des scientifiques, vu qu’il y a du matériel scientifique… »

CQFD non ?

« La population locale semble coopérer. Du moins celle du village occupé. L’Empire troque sa tranquillité contre des caisses d’armes et de munitions. Du coup leurs petits protégés ont littéralement déclaré la guerre aux tribus voisines. Nous avons repéré deux autres villages à proximité, tous les deux plus au Sud, le long de la rivière. Là-bas la jungle est jonchée des cadavres. J’ai déjà dit que c’était un vrai bordel ?

Sinon, d’un point de vue plus tactique, approcher de la cible ne sera pas chose aisée. Au l’Est et à l’Ouest la jungle est dense, surveillée en permanence par des patrouilles indigènes à l’aise dans leur environnement. Ils sont à cran à cause des escarmouches avec les autres tribus. Il y a bien la rivière au Sud. Approcher par ce côté sera plus facile c’est sûr, mais nous serons à découvert. Les indigènes s’entretuent de ce côté là aussi, nous pourrions faire une mauvaise rencontre et alerter tout le village… Enfin y’a le Nord. La jungle est moins dense, plus buissonneuse. Les indigènes boudent cette partie de leur territoire depuis qu’ils nous ont pris pour des esprits maléfiques… Un truc du genre… Je vous raconterai ça à l’occaz… Mais en contrepartie l’Empire a doublé ces patrouilles…

Voilà, c’est le topo… »


Vite fait, bien fait. Putain, je suis devenu un dieu pour les rapports.

« Ah oui, dernier détail. Il y a un QG mobile impérial là-bas. Si nous ne le neutralisons pas rapidement lorsque nous agirons… Bah je ne donne pas cher de notre peau… »

Techniquement, on est dans le territoire impérial depuis la prise de Lorrd… Et je doute que l’Empire se laisse marcher sur les pieds aussi facilement. Un signal de détresse, et c’est une flotte entière qui sautera dans le système pour rappeler au rester de la galaxie que leurs nouvelles frontières ne sont pas qu’un trait sur une carte galactique… Mais bon, ça n’arrivera pas hein ! Ces Jedi ont forcément un super plan non ?

« Puis-je vous demander, quels sont les ordres ? Les Typhons sont à votre entière disposition mesdames. »

J’ai encore des putains de gros doute sur le choix de nos renforts… Pourquoi est-ce qu’ils ne nous ont pas envoyés des guerriers badass comme on voit dans les holofilms ?! Malgré tout, il y a un truc qui ne fait aucun doute : cette vieille sorcière… Elle me fait froid dans le dos. Putain elle me fou trop mal à l’aise… Merde ! Elle sort d’où celle-là ?! Bref, autant dire que je ne fais pas le malin, là, tout de suite... C'est surement la fatigue qui m'a ramolli le ciboulot... Ouais, c'est clairement ça !
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La vieille avait lancé un de ces regards sévères dont elle avait le secret à son acolyte de mission. La fière humaine n’avait pas apprécié sa remarque et se promit de sanctionner tout nouvel accès de zèle de la part du Chevalier qu’elle toisait toujours de toute sa hauteur.

Naturellement ! Au-devant de cette situation, j’espère du fond du cœur que vous saurez puiser dans vos ressources naturelles la force de vous accommoder à ma présence Chevalier Karm.

Trancha la vieille carne d’un ton sentencieux tout en inclinant légèrement la tête pour appuyer son propos. Par ce sous-entendu elle laissait clairement entendre que c’était bien au Chevalier de s’adapter à la manière dont elle allait mener cette mission. La hiérarchie Jedi à laquelle Hildegarde était attachée définissait les rôles et les règles de chacun. Si ces règles étaient brisées alors tout le système auquel elle croyait dur comme fer s’effondrait.

Elle ne freinait en réalité que rarement les initiatives de ses partenaires, estimant qu’il était de son devoir de laisser les autres apprendre par eux-mêmes et que n’importe qui pouvait ajouter sa pierre à l’édifice. Tout était une question d’équilibre, son équilibre. Soixante ans de formation de Jedis lui avaient appris une chose : pour que quelqu’un se rende compte qu’un objet est coupant, il vaut mieux le laisser se couper avec.

Elle le laissa continuer et écouta attentivement son exposé. Il incarnait la réputation qu’on lui prêtait, tout du moins ses explications faisaient sens. C’était un bon point pour lui.

Je doute qu’il puisse s’agir de poisons, les substances de synthèse et les produits chimiques sont tout autant efficaces que les poisons naturels et beaucoup moins pénibles à manipuler. En revanche, il peut s’agir de psychotropes bien que cela n’exclue pas votre hypothèse sur la thaumaturgie. J’ai eu l’occasion de constater que l’ésotérisme et l’occultisme sont des domaines que les Siths affectionnément tout particulièrement.

La réflexion de l’Ark-Ni sur la longue présence de l’Empire sur place lui mit la puce à l’oreille, il avait raison. Pourquoi diable les impériaux s’attardaient autant sur cette planète qui ne présentait sur le papier que si peu d’intérêt.

Ou alors, il y en a beaucoup, vraiment beaucoup, ce qui n’est pas pour nous rassurer. Toutefois, mon intuition va dans votre sens. Il est probable que les autochtones détiennent les secrets de ces fameuses plantes. Et comment arrache-t-on des secrets à ceux qui en sont dépositaires ? Menaces sur les enfants ou les vieillards, je ne pense pas : ces tribus autochtones ont probablement des us et coutumes trop éloignées de nôtres pour que cette méthode fonctionne. De plus les Siths sont trop malins, au mieux ils ont exploités les croyances de ce peuple grâce à la Force. Au pire, ils les ont achetés. Dans cette jungle, l’Empire aurait tout intérêt à s’allier avec les locaux. Si c’est bien le cas ils auront un sacré avantage tactique.

Elle le laissa ensuite reprendre sur le mode d’action en se recoiffant.

Approche intéressante, à confirmer avec l’équipe sur place. Bien que je doute que longer le fleuve soit une bonne idée. Un Chevalier de votre expérience ne peut pas ignorer que les rivières sont sans doute des points de passages très fréquentés par les locaux, que ce soit pour puiser de l’eau ou simplement pour naviguer.

Une lumière rouge s’alluma au plafond de la cabine coupant court aux discussions alors que le lieutenant Rémy reprenait la parole.

Maître Marja, nous entrons dans l’atmosphère. Le caporal-Chef Kessel vous attendra au point Zelie-45, vous allez voir c’est un marrant ce vieux cochon !

Veuillez avoir l’obligeance de nous épargner vos commentaires grotesques lieutenant. Combien de temps avant l’atterrissage ?

4 minutes Maître, vous connaissez la procédure, je reste au sol vingt secondes maximum. Passage en mode fantôme dans 3, 2, 1 : mode fantôme activé.

Les lumières s’éteignirent alors que la navette piquait à vive allure vers Mentanar Vosk. La voix de Rémy venait briser le silence en décomptant le temps avant le début de la mission. Hildegarde avait fermé les yeux.

Merci lieutenant. Chevalier Karm, nous gardons notre communicateur ouvert en tout temps, fréquence sécurisée et nous nous synchroniserons avec celle de l’escouade Typhon.

Hildegarde avait eu la lumineuse idée de prendre une antenne relai portative qu’elle conservait sur le flanc de son sac à dos. Il y aurait vraisemblablement du bruit sur le système les empêchant de communiquer avec le vaisseau et avec l’Ordre. Car si l’altière Jedi aimait donner des ordres, elle savait aussi en recevoir.

Chevalier Karm, arrangez-vous pour dissimuler un peu plus correctement votre présence dans la Force, je la ressens encore trop intensément. Elle prit ensuite son ton le plus doux. Visualisez votre halo de Force et mettez-le sous contrôle. Pensez aux roses royales de Carratos. Vous êtes dans un jardin et venez de cueillir la plus belle et la plus fragile d’entre-elle. Le vent de l’hiver souffle, vous devez serrer la rose suffisamment fort pour ne pas qu’elle s’envole mais attention, si vous la serrez trop fermement, la tige se brisera.

Une sirène se fit entendre. La navette s’ébranla en touchant le sol et la porte s’ouvrit dans un volute de fumée.

Que la Force soit avec nous.

L’humaine posa le pied pour la première fois sur Mentanar Vosk, la chaleur étouffante des lieux la frappa avant même qu’elle ne lève les yeux vers le comité d’accueil en armure. L’homme qui leur faisait face de bonne taille semblait épuisé, harassé par une mission trop longue dans un environnement trop hostile.

Repos Caporal-Chef Kessel, dit-elle froidement en dépit du fait qu’elle appréciât le respect du protocole militaire et les bonnes manières évidentes de l’homme qui dirigeait l’escouade. Hildegarde avait énormément fréquenté l’armée, elle aimait dans les troupes d’élite cette détermination affichée et cette résilience qu’elle retrouvait moins chez les pilotes. La guerre des armées l’avait toujours laissé totalement indifférente mais elle ne manquait jamais de rabattre le caquet de ceux qui médisaient trop vertement les troupes au sol.

Elle avait levé un sourcil interrogateur à l’évocation de plusieurs dames . S’il était vrai qu’au premier abord les traits androgynes de l’Ark-Ni pouvaient prêter à confusion elle ne pouvait pas laisser ce malentendu persister une seconde plus. Tous les Jedis étaient comme ses enfants et comme toute mère aimante elle savait mordre quand elle sentait sa progéniture malmené. C’est donc d’une voix finement ciselée d’ironie qu’elle présenta son compagnon d’un jour.

Caporal-Chef, je vous présente le Chevalier Karm, notre expert en exploration, territoires hostiles, insectes venimeux, jungle humide et autres indigène. De mon côté, je suis Maître Marja en charge de cette opération pour le Conseil Jedi et la République.

Elle s’empara la puce tendue par le fringant militaire et l’inséra dans son datapad. Elle ne transmit pas informations au Conseil, cette bande de béotiens n’auraient les informations qu’une fois qu’elle aurait lu en intégralité le rapport.

La petite troupe se mit alors en route d’une démarche décidée.

Malgré la fin de journée, la chaleur était étouffante et l’atmosphère humide, les militaires étaient sur place depuis plus d’un mois, elle voulait saluer leur endurance tout autant qu’elle sentait que la mission serait difficile pour elle. Pourtant, comme à chaque fois qu’elle foulait le sol d’un nouveau système elle ressentait l’adrénaline monter en elle. Sa hanche cessait d’être douloureuse, ses muscles répondaient comme à l’époque, son acuité visuelle et auditive regagnait en performance.

Femme d’action, la fine fleur de Carratos comme surnommée par le passé était avant tout un irréductible duelliste émérite. Peut-être la meilleure de l’Ordre à une certaine époque, surtout concernant le Juyo. Mais elle savait troquer sans difficultés le combat au sabre contre l’infiltration ou le commandant à plus grande échelle. Le terrain était toute sa vie et chaque nouvelle mission résonnait en elle comme autant de nouveaux défis et de nouvelles aventures, elle n’aurait échangé sa place pour rien au monde même perdue dans cet infect système.

La situation que vous décrivez semble totalement amphigourique, merci de ces précieux renseignements. répondit-elle le plus naturellement du monde lorsque Korgan eut terminé son exposé.

Le petit groupe pénétra enfin dans la jungle, épaisse, dense, malodorante.

Tout en marchant à elle réfléchissait.

Chevalier Karm, quel est votre avis sur la question ? La serre dont il est question corrobore la théorie que l’Empire veut exploiter cette fameuse fleur sur place, mais cela me semble trop simple.

L’avancée dans le cœur de la mangrove était pénible, plus dure que ce à quoi elle s’était imaginée. La sueur perlait sur son front à mesure qu’elle se frayait un chemin vers le camp de base. Elle dû plusieurs fois s’arrêter avant de repartir en serrant les dents. Hors de question de ralentir le groupe ou de se plaindre, elle était bien trop orgueilleuse pour quémander de l’aide.

Nos ordres sont très simples : identifier la raison de la présence de l’Empire sur Mentanar Vosk et récolter un échantillon de cette plante, sans nous faire repérer s’il était utile de le préciser. Plus facile à dire qu’à faire, je vous l’accorde. Nous verrons ensuite ce qu’il conviendra de faire.

Au prix de longs et pénibles efforts, la joyeuse colonie de vacances parvint à atteindre le camp de base alors que le soleil avait entamé son déclin derrière l’horizon, nimbant le camp rudimentaire de l’escouade d’une belle lumière mordorée.

Hildegarde s’assit sur le sol en tailleur et entama un instant de méditation lévitant à quelques centimètres du sol, les paupières clauses. Elle intensifia son lien avec la Force, tout en veillant à rester suffisamment camouflée. Son aura s’éparpilla dans les méandres de la Force, à travers les végétaux et les nombreux animaux des environs, usant de sa prescience pour cartographier les lieux et sentir les troubles dans la Force. En communion avec son environnement, elle visualisa les villages dont avait parlé Korgan, l’avant-poste impérial et le reste : ce que les yeux humains ne parvenaient pas à voir. Un trouble soudain obscurcissant sa vision l’interpella, le côté obscur vrombissait dans l’avant-poste.

Un sorcier était avec eux, sans le doute de chef de l’expédition. Elle finit par s’arrêter au bout de plusieurs minutes et revint auprès de l’escouade et de l’Ark-Ni

Un utilisateur de la Force est avec eux. Je vois deux approches et je sollicite votre avis, à moins naturellement que vous ayez une meilleure idée concernant la manœuvre d’approche. Stratégie une : Caporal-Chef, vous et votre escouade allez-vous déguiser en esprit maléfique, je ne sais trop comment. La nudité peut-être une bonne stratégie, les caractéristiques morphologiques de votre race pourraient… les impressionner ou je peux vous coudre quelque chose de joli à porter. Vous irez à l’est du village

Elle imagina Korgan nu dansant au bord de la rivière, l’évocation du spectacle ne serait pas au final pour lui déplaire complétement.

Attirez les locaux au maximum en faisant du bruit en évitant de vous faire descendre, cela devrait également faire venir une partie des impériaux. Chevalier Karm, vous irez avec moi par l’ouest, nous nous faufilerons avec l’aide de la Force vers la serre, nous récupérerons l’échantillon et regarderons ce que fabriquent ces maudits impérieux.

Deuxième solution, si les villages rivaux veulent se venger, nous pouvons leur offrir ce dont ils ont besoin. Nous pouvons tenter une stratégie douce et nous faire « aimer » de ces indigènes. L’escouade Typhon attaquera le village cible. Chevalier Karm, vous vous imposerez en figure divine grâce à vos pouvoirs en les neutralisants et vous les convaincrez ensuite d’aller attaquer le village où l’Empire est présent par l’est. Quand l’attaque démarrera, nous irons, Karm, le Caporal Kessel et moi dans cette serre.


Elle termina son exposé en tirant de son sac à dos une bouteille d’eau qu’elle avala d’une traite.

La deuxième solution présentait des risques, des vies pouvaient être perdues du côté des indigènes qui n’avaient rien demandés à personne. Mais cette stratégie restait valable aux yeux de l’implacable Maître Jedi, les pertes collatérales étaient acceptables au regard des enjeux.

Sinon on peut faire cramer cette maudite jungle mais je préférerai éviter cette option. Concernant le QG mobile, nous verrons dans un second temps.

Caporal-chef pourriez-vous à l’obligeance de m’aider avec ma tente ?

Elle tira de son sac une tente portative rose à pois vert qu’elle tendit à l’Epicantix.

Ils pourraient demander une livraison d’explosif, la navette avait pour ordre de rester à bonne distance mais devait être prête à atterrir à tout moment pour une exfiltration d’urgence. C’était la procédure. Son sac au sol, elle tira également une thermos et des tasses pour tout le monde qu’elle disposa joliment sur une souche d’arbre. Une par une, la vieille femme remplit les tasses d’un thé raffiné qu’elle trouvait à bon prix dans une épicerie fine de Moon Calamari. Hors de question pour la vénérable Jedi de céder à des manières de rustres même au fin fond de la bordure extérieure.

Chevalier Karm, l’idée de vous faire passer pour un dieu tribal peut-elle vous brusquer dans vos convictions les plus profondes ?

Dit-elle finalement en portant sa tasse à ses lèvres.
Karm Torr
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— J’avoue.

C’était le premier mot que Karm prononçait depuis qu’ils avaient débarqué dans la boue et la moite chaleur de la jungle. Sur le terrain, il avait rapidement adopté le silence attentif de l’explorateur, tous les sens en alerte, pour écouter la planète, sa jungle, ses animaux et ses plantes, et trouver les chemins cachés et débusquer les dangers insoupçonnés. Il avait hoché la tête, de temps en temps, et sourit aussi, et indiqué par des gestes telle ou telle plante qu’il valait mieux contourner, mais c’était tout.

— J’avoue que, genre, fomenter une guerre, puis manipuler les croyances des locaux, et perturber le développement civilisationnel, ça, genre, brusque un peu nos convictions les plus profondes.

« Nos » plutôt que « mes », parce que la seconde solution de la Maître Jedi lui paraissait si contraire au Code, si violemment opposée à leurs idéaux et même aux principes républicains, qu’il soupçonnait le piège tendu pour jauger de sa loyauté. Il commençait à avoir l’habitude de ce genre de discussions : depuis que la Maître qui l’avait formé avait été bannie de l’Ordre, on le soupçonnait régulièrement d’entretenir des sentiments contraires aux idéaux Jedis, quoiqu’il eût été innocenté par les Ombres.

— La stratégie une me parait…

Moins machiavélique ? Plus susceptible de leur éviter l’emprisonnement à vie pour crime de guerre ?

— … préférable.

En tout cas, ce qui était sûr, c’était que sans les indications de Marja au moment du débarquement, le caporal et son escouade n’auraient pas été beaucoup plus renseignés sur le genre de l’Ark-Ni en l’entendant parler. Au moins, pour peu communicatif qu’il fût, Karm avait été efficace. Rapidement, dans la jungle, il avait joué les éclaireurs, se faufilant avec une facilité insolente dans la dense végétation, indifférent apparemment à la chaleur et à l’humidité.

Tout taciturne qu’il avait été, il avait employé les conseils de Marja pour se dissimuler à travers la Force, du mieux qu’il pouvait, parce que, quelque perplexité que lui inspirait l’attitude de la Jedi et quelque indifférent qu’il fût, en général, pour les règles hiérarchiques, il était toujours curieux de suivre les bons conseils qu’on lui offrait, d’où qu’ils vinssent. Mais sa discrétion la plus évidente n’avait rien eu de mystique : elle avait été dans les branches qui se refermaient en douceur derrière lui, dans les brindilles qui ne craquaient jamais sous ses pas, dans les animaux de la jungle qui demeuraient placides à son passage.

Assis désormais sur une souche éventrée par quelque mousson ancienne, Karm jouait avec une sorte de mille-patte répugnant, qui courait sur ses doigts. C’était un petit animal bien sympathique, selon lui.

— Sinon, faut voir que personne construit une serre dans un endroit où il fait déjà chaud, et humide, spécialement pas pour faire pousser une plante du pays.

Il quitta l’immonde créature des yeux et le mille-patte, mécontent d’être délaissé, se laissa couler le long de son poignet jusqu’à la souche, pour retourner à sa vie palpitante et gluante.

— En plus, les oiseaux m’ont dit qu’ils la contournaient parce que c’était plein de courants d’air froid et c’est chiant pour voler.

Un type de l’escouade jeta un regard un brin perplexe au jeune Jedi, qui poursuivit néanmoins imperturbable :

— Là comme ça, j’dirais qu’ils essaient de modifier la plante pour la rendre facile à transporter dans l’espace, y compris sur de longues distances, sans avoir besoin d’affréter des vaisseaux-serres et de claquer un max de thunes dans des hangars de culture tropicale. Ils doivent essayer d’la refroidir progressivement, et se reposer sur les locaux pour vérifier qu’elle garde ses propriétés.

C’était plus économique en carburant de mener toutes ces expériences sur place que de prélever des échantillons au risque de les voir mourir en laboratoire et de devoir revenir en trouver.

— En tout cas, la serre a probablement un système thermique et ce genre de trucs, c’est généralement super explosif. Si vous voyez c’que j’veux dire.

Karm descendit de sa souche pour prendre la tasse de thé qui lui était destiné. Ses propres habitudes en la matière étaient frustres, pour dire le moins, et la gorgée qu’il avala surpassait aisément tout ce qu’il avait connu jusque là. C’était une expérience gastronomique inattendue au milieu de la jungle, où il aurait eu plutôt l’habitude de faire infuser des racines un peu suspectes, dénichées entre deux fourmilières.

— Faire exploser l’truc, ça les empêchera pas de recommencer à zéro, mais au moins, ça les ralentira un bon mois, à en juger par leur rythme actuel, et ça laissera du temps à nos chercheurs de déterminer exactement ce qu’ils fabriquent avec tout ça.
Korgan Kessel
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Amphogou-quoi ?!

Cette question intérieure m’arrache un rictus d’incompréhension, que je réprime aussitôt. Encore une enfoirée d’intello qui va utiliser des mots compliqués pour dire des trucs simples. C’est comme ça qu’elles font les grosses têtes pour se sentir au-dessus des masses. Mais tu chies et tu pisses comme tout le monde ma p’tite dame hein. D’ailleurs ça me fait penser à un truc, va falloir que je trouve un moment pour la briefer sur les plantes urticantes qu’on a repéré à proximité du camp. Faudrait pas qu’elle choppe des rougeurs au cul en allant se soulager dans le mauvais buisson…

Bref, la petite troupe avance plus lentement qu’à aller. On se cale sur le rythme du plus lent, c’est-à-dire de la vieille bique un peu flippante avec sa tête de mère fouettarde. Bien qu’ils soient invisibles, je sais que mes gars sont déployés en arc de cercle tout autour de nous, prêt à pallier à la moindre embuscade. Matt’, lui, progresse derrière nous. Il ferme la marche, nous assure l’arrière train… Et en parlant d’arrière train…

J’active le comlink intégré au casque de la combi. C’est l’avantage des combi étanches : on peut papoter avec ses potes sans que personne autour n’entente ce qu’on raconte. Sourire sur les lèvres, je lâche :

« Hey Matt’ »
« Ouais boss ? »
« Tu peux arrêter de mater son cul… C’est un mec en fait. »


Intérieurement je me gausse. Je le connais par cœur ce vicelard. Après plus qu’un mois sans niquer, c’est clairement sa queue qui dirige. Mais l’enfoiré mon répond direct :

« Qui te dit que c’est celui-là que je mate hein ? Tu sais pas que c’est dans les vieux pots qu’on… »
« Matt’ : ta gueule. C’est un ordre. »


Putain, à chaque fois c’est la même : j’me dis après coup que j’aurais jamais du aborder le sujet… Je grimace, des putains de scènes chelou déjà en tête… Raaah… Il me le paira !

« Tu prendras la première garde, pour la peine… »
« CHEF, OUI CHEF ! »


Après une longue journée de marche, le premier tour de garde est toujours le pire. Quand tu poses ton cul, t’as juste envie de fermer les yeux. Bref. Le chemin du retour se passe sans problèmes, principalement en silence. Les Typhons sont sur le qui-vive… Quant aux Jedi, ils ont l’air un peu dans leur monde. J’paris que c’est encore une de leur histoire de Force et de communion avec l’environnement ou je n’sais quoi. Si j’avais pas vu leurs terrifiants pouvoirs en action, je ne les prendrais que pour des illuminés. Enfin, on arrive à notre campement. Ce mot est un tantinet trop optimiste. J’parle là d’un tas de hamac et d’une tente recouverte d’une bâche aux couleurs camouflage de forêt. Y’a même pas de feu au milieu : interdiction de faire de la fumée ou de la lumière, ça risquerait d’attirer l’attention. Si on chie dans des petits sacs hermétiques depuis plus d’un moins, ce n’est pas pour rien. Pour autant, je sais que l’arrivée des deux Jedi sonne le changement de stratégie. Fini la planquette, on va enfin se bouger et passer à l’action.

Mais même si j’ai hâte d’en finir avec cette mission, au moment où on arrive j’ai qu’une envie en tête : poser mon cul et bouffer un truc. Le reste on verra plus tard. Même si les rations ont un gout de merde de bantha, quand t’as faim, t’as faim. Ainsi, parce que je suis un mec poli et que je ne parle pas la bouche pleine, je laisse les Jedi faire discuter de leurs plans. Je tique même pas lorsquer la vieille bique dit sentir la présence d’un Sith. A vrai dire je redoutais ça depuis le début. Mais, juste après, je manque de m’étouffer lorsqu’elle aborde sa première idée… Elle est sérieuse ?! A poil ?! Putain, c’est ma malédiction qui me poursuit ! J’suis pas superstitieux, mais quand même… Je fini toujours à poil en mission… Dans la semi-pénombre, sous les frondaisons, je devine les visages de mes gars se parer de putains de sourires amusés. Matt’ et Mad sont assis pas loin. Mac’ comme d’hab fait son solitaire, on ne le verra pas de la nuit. Quand t’as Jett’, le Besalisk dort déjà. Franchement, j’sais pas comment il fait…

Là, tout de suite, si fallait faire un vote à main levée, ils m’enverraient direct au bord de la rivière en petite tenue. Quelle bande de cons. Par chance, dans l’armée c’est pas une démocratie. C’est MOI qui donne les ordres ! Et j’ai déjà quelques idées de volontaires désignés d’office.

L’autre Jedi répond. Il est vraiment pas con celui-là. Une serre réfrigérante ? Merde, j’y avais carrément pas pensé… En même temps, j’y connais rien moi aux plantes. Chacun son job. Perso, les seuls trucs que je plante : c’est des bastos dans les cibles ennemies. J’vois Mad’ tiquer, lorsque le Jedi dit parler avec les putains d’oiseaux. Je secoue la tête lentement, sourire naissant aux lèvres. Sérieux, même moi qui les pratique depuis quelque temps, j’ai du mal à garder mon sérieux. Ils vivent vraiment dans un autre monde…

Enfin, lorsque j’ai le sentiment que je peux en placer une, j’avale et me lance :

« Moi non plus j’suis pas chaud pour mettre d’autres civils en danger. On a déjà ceux qui collaborent avec l’Empire. Quoi qu’on fasse il y aura des pertes… Alors autant ne pas gaspiller des vies inutilement. »

Vous croyez que c’est mon côté fleur bleue ? Même pas. C’est juste que j’ai des putains de principe. Les militaires, ils sont payés pour tuer quand on leur demande. Mais à la différence des mercenaires ou des tueurs à gage, on ne fait ni ça pour la thune, ni pour le plaisir. Un militaire, si ça tue, c’est avant tout pour sauver des vies. Celles des civils qui n’ont rien demandés à personne. Mais ça veut pas dire pour autant que je vais valider l’autre idée ! Me foutre à poil au milieu d’une rivière pour jouer avec les superstitions de ces sauvages ? Jamais !

« Je vous propose un truc : dormir. Il parait que la nuit porte conseil… On aura surement une vision plus nette de la situation demain matin. De toute façon la nuit, il fait trop noir pour entreprendre quoi que ce soit. Les autochtones ne sortent pas de leur village après le coucher du soleil. »

Ça sonne comme une proposition, mais en fait s’en est pas une. Même si j’suis plutôt du genre à foncer dans le tas, je sais reconnaitre quand les chances sont contre nous. J’ai assez pratiqué cette foutue jungle pour préférer m’y lancer qu’en pleine journée. Je me relève, m’étire. Les courbatures m’arrachent un petit râle de vieux. Vivement que je puisse sortir cette putain de combinaison de combat, pour prendre une vraie douche.

« On aura cas s’organiser une petite expédition dès les premiers rayons du soleil… Que vous puissiez voir de vos propres yeux ce qu’on a en face avant de prendre une décision. »

Et surtout ça vaut le coup de vérifier cette théorie de la serre réfrigérante. Si y’a un truc que je peux faire péter dans ce camp, j’veux savoir EXACTEMENT où il se trouve.

Sur ces belles paroles, je m’apprête à me jeter dans mon hamac. Mais c’est alors que la vieille Jedi me demande un coup de main pour sa tente… Parfois j’suis trop sympa… Jamais pu dire non à une vieille. Je me retourne… Et manque de tomber à la renverse…

PUTAIN DE MERDE, C’EST QUOI CETTE TENTE ?!

J’ouvre la bouche pour dire un truc, j’hésite, inspire, expire… Pour finalement soupirer… Parce que, sérieux, y’a rien à dire…

J’attrape la tente, commencer à tirer dessus pour la déployer tout en demandant, sans même tourner la tête :

« Matt’… Je vais avoir besoin de la toile de camouflage… »

Dans mon dos, il jure un truc du genre : OUAH LA VACHE. Puis il répond :

« Heu… Ouais… J’te ramène de quoi faire une triple épaisseur, minimum… »

Putain, sérieux… Pourquoi ça tombe toujours moi ces missions de merde ?


****

Pendant la nuit,


Je rêve que je suis le cul sur la plage, à boire des cocktails avec une dizaine de nénettes ressemblant à la Jedi Evengellyne, lorsque soudain, je suis réveillé en sursaut. Désorienté, je roule, tombe du hamac dans un grand fracas : celui de mon armure de combat sur les racines de l’arbre énorme qui nous protège des pluies nocturnes. Putain de… Je me redresse d’un bond, tous les sens en alerte. Ouais, je dors en combi intégrale, totalement fermée, même la visière : pas envie qu’une putain de bestiole inconnue me grimpe dessus pendant la nuit. J’ai pas peur des petites bêtes… Mais me faire piquer par un machin dont on ne sait rien : non merci. Y’a déjà assez de façons connes pour crever, sans en chercher d’autres.

Mon comlink grésille. C’est Mac’. Le cathar chuchote, je dois me concentrer pour l’entendre.

« Y’a du mouvement. Une lumière, à trois cents mètres nord nord-est. Ça approche. »

Merde ! Autour de moi tout n’est que ténèbres tant la nuit est noire.

« J’arrive. Ne la perds pas. »
« Ca risque pas, ça se dirige droit sur vous... »


Merde. Y'a pas une seconde à perdre. Je récupère mon fusil, posé contre le tronc de l’arbre. J’active la vision nocturne de ma visière high-tech. Ça aide un peu, mais pas des masses.

« Matt’, Mad, Jett. Bougez-vous les miches. Sécurisez le camp. Mac, j’arrive. Je veux un visuel. »

A cet instant, j’en ai carrément oublié la présence des Jedi. Mon cerveau est en pilote automatique, c’est mes réflexes de soldats qui bossent. Je me précipite dans la direction indiquée. Saute par-dessus un rondin, passe sous une série de lianes suspendues. Rapidement, je remarque un halo lumineux, devenu un flash verdâtre étincelant. Ça approche rapidement. Je m’arrête. Active mes amplificateurs auditifs. Et aussitôt, un râle quasi inhumain me monte aux oreilles. On dirait un asthmatique en train de crever. Le type, parce que j’estime que c’est bien un type, et pas une créature, fonce droit vers notre camp, si rapidement, qu’il fait autant de bruit qu’un troupeau de banthas. Ses bottes claquent sur le sol, il fend la végétation sans ménagement. Par deux fois, je crois même l’entendre trébucher. Bref, sans perdre de temps, je me décale silencieusement, me plaçant sur une trajectoire d’interception.

« Mac, reste derrière lui. Je lui coupe la route. »

Enfin, lorsque la silhouette apparait, à moins de cinq mètres, je me jette hors de mon couvert, arme braquée dans sa direction, me servant de la lampe torche intégrée comme d’un stroboscope pour l’aveugler. Je beugle :

« LACHE TON ARME, MAINS EN EVIDENCES ! OU J'TE REFAIS LES GENCIVES ! »

Direct, mon œil aguerri analyse une tonne de détails. Humain, stature moyenne. Il porte une armure impériale. Elle est tachée de sang, des végétaux se sont enroulés autour de ses membres. Le gars s’arrête net, lève les mains et laisse tout tomber. Il tremble comme une feuille morte. La visière de son casque est arrachée. Je peux voir son visage… Et dessus j’y lis un truc qui me fait froid dans le dos. Un rictus épouvanté comme j’en ai rarement vu. J’ai pas besoin de parler avec les oiseaux pour piger qu’il a déjà pissé et chié dans son froc. Mais alors que je m’attends à lire de la surprise dans ses yeux, voire un peu plus de terreur… J’y trouve que du… soulagement. Y’a un putain de truc qui cloche. Mes tripes se nouent à cette idée… J’ouvre la gueule pour brailler l’ordre suivant, mais il me coupe la chique :

« Ils… sont… partout ! »
« TA GUEULE A GENOUX ! »
« Partout ! Rien pu faire ! »
« A GENOUX, SINON JE TIRE ! »
« Des morts… Partout ! »
« DERNIER AVERTISSEMENT ! »


Putain de merde, le mec est tellement en panique qu’il pige quedal. J’ai l’impression de parler à un mur. C’est alors que je remarque une morsure sur son avant-bras. L’armure a été littéralement arrachée, broyée. Ca m'intrigue. Mon instinct me dit que c'est important :

« QUI T’AS FAIT CA ?! »

C’est la question qui tue. Le mec se fige, change de couleur. Il mate son bras. Surement qu’il était en état de choc ou un truc du genre…. Et sans prévenir, il pète une nouvelle pile :

« TUEZ-MOI ! »

Hein ?

« JE VEUX PAS DEVENIR COMME EUX ! TUEZ-MOI ! »
« Hé, calmos l’ami, on va… »

Avec une célérité propre aux désespérés, il s’empare d’une vibrolame, avant de se jeter sur moi. Je réagis par réflexe. Mon index écrase la détente de mon fusil. Un laser s’échappe du canon, fauche l’impérial en pleine gueule. Il s’effondre au sol, la face transformée en une bouillie infâme. La vibrolame rebondit au sol, termine sa course à mes pieds. Même si ma combi est étanche, j’ai l’impression de sentir cette odeur de chair grillée si caractéristique. J’ai la plaque pectorable maculée de sang encore tiède. Putain, j’suis bon pour nettoyer tout ça avant l’expédition du matin…

J’suis là, comme figé, les yeux braqués sur ce corps sans vie. Putain de merde, c’est quoi ce délire ? Je secoue ma tête, recouvre mes esprits. Y’a urgence, faut qu’on bouge :

« A toute le monde, faut qu’on dégage. La lumière, les coups de feu. On est surement repéré. Faut se déplacer et vite… Commencez à remballer tout ce qui… »

Mais alors même que je lâche ces ordres, d’autres mouvements dans la végétation me font sursauter, je tourne sur moi-même. Sueur froide. Une bonne dizaine de pupilles dilatées brillent les buissons….

Fait chier… L’odeur du sang a attiré une meute de… quelque chose. Je cherche même pas à comprendre, je fais volte-face et fonce en direction du camp.

« Repli général ! J’ai des saloperies sur le dos ! »
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Comme vous y allez Chevalier, si vous ne voulez pas, inutile de monter sur vos grands banthas avec vos histoires à dormir debout, il suffit de le dire.

Hildegarde haussa les épaules au refus du Chevalier en buvant son thé tut demeurant parfaitement imperturbable, drapée dans le manteau de l’indifférence et du stoïcisme qu’elle savait si bien arborer. De son point de vue les pertes étaient tout à fait acceptables, chaque bataille exigeait des sacrifices. Le fardeau du commandement obligeait à prendre de mauvaises décisions pour des bonnes raisons. Un demi-siècle d’opérations l’en avait convaincue jusqu’au tréfonds de sa chair.

Si elle y était obligée et faute d’une meilleure solution, elle n’aurait pas une seconde d’hésitation à envoyer à la mort tout un village pour le bon accomplissement de la mission. Si Hildegarde était droite et profondément lumineuse dans son rapport avec la Force, elle avait perdu depuis longtemps l’utopie qui voulait que tout puisse se régler sans dommages collatéraux. La Maître ressentit toutefois l’émoi de Karm à l’idée d’utiliser le peuple local, elle ne pouvait pas l’en blâmer, à son âge, elle aussi aurait certainement réagi de la même façon. Guidée par le même idéal, étant elle-même à cette époque aussi taciturne que l’Ark-Ni.

Soit, il faudra veiller à ne pas nous faire repérer, je subodore qu’il est superflu de vous rappeler que nous nous trouvons en zone impériale. Croyez-moi si cette mission devait mal se terminer, le Conseil et la République nieront toute implication pour ne pas embraser un peu plus le brasier de la guerre. Ce qui en d’autres termes signifie qu’ils ne viendront jamais nous chercher.

En tous cas, c’est exactement ce qu’elle aurait fait si elle avait été aux commandes. De plus, elle connaissait trop bien Maître Sodervall pour savoir qu’il serait tout à fait capable de mettre en perte et profit une Maître Jedi en disgrâce et un Chevalier de l’Explocorps, quand à l’armée, ce n’était tout simplement pas le programme du Conseil des Jedis.

Mettre en danger des autochtones antédiluviens la gênait beaucoup moins que d’exposer une escouade d’élite de la République. Ne pas se faire repérer était l’une des conditions de victoire de la mission. En refusant d’utiliser les ressources locales l’équipée se privait d’un atout tactique conséquent. Korgan et Karm avaient cependant été sollicités pour leurs expertises respectives, elle aurait été sotte de ne pas prendre en compte leurs avis.

Ils écoutèrent ensuite les remarques du Chevalier au sujet de la serre réfrigérée. Le mystère s’épaississait et elle n’appréciait que peu le flou dans lequel ils se trouvaient. L’idée de la faire exploser n’était pas non plus pour lui plaire, tout dépendrait des ordres : dans cette situations, toute Maître qu’elle était, elle n’était qu’une exécutante.

Comme il vous plaira Caporal-Chef. Je vous laisse le soin de préparer l’expédition. En attendant, nous reprendrons cette discussion à l’aube.

Le thé terminé elle ramassa les tasses pendant que Korgan montait sa tente. Il est vrai qu’à choisir, elle aurait sans doute dû prendre une tente militaire dans le stock de l’Explocorps, mais à son grand âge on avait ses petites habitudes, tout comme le tricot qu’elle cachait soigneusement au fond de sac. Elle s’était promis de finir l’écharpe d’un padawan quermien qui avait bien du mal à trouver une écharpe adaptée à son cou pour le moins proéminent, l'hiver était rude sur Ondéron et un padawan malade était un padawan qui ne s'entraînait pas !

Une heure plus tard, Hildegarde était allongée dans sa tente à présent parfaitement camouflée grâce aux bons soins de l’escouade Typhon. Adossée sur son matelas de sol, elle lisait à la lumière de son datapad le rapport de Korgan avec attention cherchant des indices supplémentaires qui auraient pu lui échapper. Elle songeait dans le même temps à son comportement envers son acolyte Jedi. Elle n’avait peut-être pas été assez juste avec lui. Il s’était brillamment illustré depuis leur arrivée. Ce comportement, en temps normal, elle l’aurait salué. Que s’était-il passé pour qu’elle se montre à ce point désagréable : sa patience s’amenuisait à mesure que son état de santé s’aggravait ? Nul n’aurait pu répondre à cette question.

Sa dureté allait en général de pair avec sa recherche de la perfection chez ses subordonnés. Mais, la fine fleur de Carratos se fanait un peu plus chaque jour perdant un peu de son éclat à mesure que les années passaient. Son corps le lui disait, de nouvelles générations finiraient par prendre sa place, comme celle de Karm. Son devoir était de les armer pour affronter les dangers toujours plus grands qui pesaient sur le fragile équilibre de la galaxie. Douceur et gentillesse ne convenaient pas à cette préparation et pourtant.

Un jour personne plus personne ne viendrait lui demander conseil, un jour, elle n'aurait plus de larmes à sécher sur de jeunes joues chagrinées, un jour elle n’aurait plus d’erreurs à corriger, plus de chevaliers trop fougueux à recadrer, un jour elle n’aurait plus personne à aider, plus personne à défendre. Plus personne à aimer.

L’auguste Jedi sombra dans le sommeil sur ces sombres pensées, non sans s’être prêté à son rituel usuel de passer en revue les dernières holophotos de ses petits-enfants.

Un hurlement au loin la réveilla en sursaut ; elle sentit aussitôt la présence de Korgan dans la
Force un peu plus loin. Malgré l’âge l’acuité auditive d’Hildegarde fonctionnait encore très bien, aidé qu’elle était par sa connexion vibrante avec la Force.

Non mais il a été fini sur Balossar celui-là.

Murmura-elle en enfilant sa bure à la seule lumière de son datapad. Très en colère, elle ouvrit ensuite sa tente et utilisa sa précieuse allié pour chercher la lumière dans la nuit noire et étouffante. A tâtons, simplement guidé par la toute puissante force elle finit par arriver au niveau de Korgan. La lampe torche du fusil de l’Epicantix était braquée sur un homme. Avant qu’elle ne puisse intervenir le coup parti en même temps que le malheureux rendait son dernier souffle.

Un bras sur le canon encore chaud de l’arme, elle admonesta vertement le Caporal-Chef : vous êtes complétement sénile mon vieux, pourquoi pas un détonateur thermique tant que vous y êt…

Sa sentence s’interrompit en apercevant le cadavre aux pieds du soldat. Le coup de blaster avait fait éclater sa tête et ce que vit Hildegarde lui inspira un dégoût profond. Des sortes de petits vers translucides s’échappaient du cou du malheureux soldat creusant et perçant à travers la chair qui était devenue bleue foncée.

Une présence, plusieurs présences perturbèrent son aura de force alors qu’un bruit glaçant imitant le râle d’un animal affamé se fit entendre derrière elle. Une lumière verte zébra l’obscurité de la nuit quand s’alluma le sabre de la Maître qui avec vélocité fit une pirouette pour passer au-dessus de la forme dans son séant. Avec la grâce d’un chat elle atterrit un mètre plus loin pour contempler à la lumière de son sabre ce nouvel et inédit adversaire.

[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]

Sans une seconde d’hésitation, elle trancha vertement la tête de l’homme si c’en était encore un, ne pouvant dissimuler une nouvelle moue de dégoût. Il y avait d’autres, beaucoup, beaucoup d’autres.

En courant, la Jedi et le militaire retournèrent au camp pour apercevoir une vision d’apocalypse. Une dizaine d’humanoïdes avaient envahis l’installation de fortune et marchaient maladroitement comme des âmes en peine en poussant des hurlements. Elle n’avait encore jamais vu ce type de pathologie chez un humain et ne put que faire le lien avec les étranges activités des Impériaux sur place. Mais si certains de ces hommes portaient des uniformes de l’Empire, se pourrait-il que l’expérience ait raté ou pire, que le Sorcier ait décidé de tester sa nouvelle arme sur ses propres troupes.

Caporal-Chef, regroupez votre escouade et couvrez-nous moi et le Chevalier Karm. Dîtes à vos gars d’empaqueter le matériel vite, on bouge !

Hildegarde alluma son sabre à nouveau et abattit deux créatures un peu trop près d’elle avant d’en repousser un troisième à l’aide de sa télékinésie. Un peu plus loin, de nouveaux humanoïdes sortaient de la jungle en flot continue, des dizaines de marcheurs, cadavérique, guidés par la faim formant un flot putride.

Hildegarde tendit les mains vers l’une des créatures pour la bloquer. Dans un élégant moulinet elle amputa les quatre membres du soldat malade et lui arracha toutes les dents à l’aide de la Force. La main tendue, elle fit léviter ce qui restait du corps vers Korgan.

Caporal-Chef, récupérez ce tronc pour qu’on puisse analyser, vite. Il y en a beaucoup. On va être débordés ! Nous devons évacuer !

Un nouveau coup de sabre vertical trancha dans la longueur un autre zombie alors qu'un groupe de trois autres s'étaient jetés sur la cantine dans laquelle l'escouade conservait les rations de survie.

Chevalier Karm, que disent vos oiseaux, il y en a beaucoup ? Ils viennent d’où ?

Le protocole militaire, si il était respecté prévoyait toujours dans ce type un point de secours, identifié par l’équipe sur place dans le cas où le premier était compromis. C’était là qu’il fallait aller ! En théorie en tous cas. Ils n'avaient aucune information sur le nombre de ces choses et si leur nombre était trop elevé, il leur faudrait demander une évacuation d'urgence, évacuation qui signerait le glas de la mission.

Une nouvelle tête fut tranchée, mais dans l’intervalle une des créatures s’agrippa au flanc d’Hildegarde, cherchant à rapprocher sa bouche béante vers son cou, elle se débattit.
Karm Torr
Karm Torr
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— Ah.
— Euaargh.
— Certes.

Il y avait les flegmatiques et il y avait Karm. L’Ark-Ni était sorti de sa tente et de son rêve plein de vaisseaux spatiaux à moitié éventrés qu’il fallait réparer — l’équivalent ark-ni du paradis, sans doute —, pour se retrouver torse nu, au milieu de la jungle et, semblerait-il, d’une léproserie. Le jeune homme avait haussé un sourcil dubitatif et puis il avait entendu plus loin le vrombissement d’un sabre, peut-être même les tirs d’un blaster, il avait bien fallu se rendre à l’évidence : les malades qui déambulaient dans le campement en jetant partout des regards désobligeants, et parfois l’œil avec, avaient passé depuis un moment le stade des soins palliatifs.

— AARGH.
— Désolé, murmura l’Ark-Ni, alors que le sabre laser de Luke volait depuis la tente pour se loger dans la paume de sa main.

La seconde suivante, la lame verte zébrait l’obscurité et le malade s’effondra en kit sur l’humus grouillant. Les assaillants avaient pour eux le nombre mais Karm avait pour lui l’agilité. Le Jedi bondissait dans l’obscurité, apparemment jamais tout à fait entravé par la végétation, glissait dans les feuilles, surgissait de derrière les troncs, pour tailler dans la chair putréfiée. L’exercice avait cependant quelque chose de désespérant : plus il abattait des gens qu’il soupçonnait définitivement d’être déjà un peu morts, plus il en venait, et les coups de blaster des membres du commando, qui fauchaient aussi leurs adversaires, ne semblaient pas y faire beaucoup.

— Du village, lança Karm en forçant douloureusement sur sa voix, contre son habitude, quand Marja l’interrogea sur l’origine de leurs assaillants. Odeur de la mort dans les terriers des hommes.

C’était à peu près ce que lui soufflait la conscience collective de la faune de la jungle qui, maligne, avait veillé à disparaître dans ses terriers à elle. Les yeux de l’Ark-Ni brillaient dans la nuit, comme il reflétait la lumière des sabres, des torches des armures et des tirs de blaster. Il les tourna vers Hildegarde. Presque aussitôt, son sabre fusa à travers les airs, guidé par la télékinésie, et perfora la mâchoire de la créature, dont le bas tomba au sol. Sur le chemin du retour vers l’Ark-Ni, le sabre fendit encore la tête en deux.

L’escouade avait commencé le repli. Karm rejoignit la Maître Jedi pour s’assurer qu’aucune autre créature ne compromettrait sa fuite et il coupa son sabre. Heureusement, leur progression dans la jungle, tout encombrée qu’elle fût par l’obscurité et la végétation, était plus rapide que celles des créatures, dont les fonctions motrices étaient de toute évidence gravement compromises. Souvent dans la cavalcade, Karm se retournait pour lancer un regard derrière lui, mais bientôt, il eut la certitude qu’ils les avaient semés.

Pour l’instant.

Ils étaient arrivés au bord de la rivière au campement secondaire, un qualificatif un peu ambitieux. Appuyés contre les arbres, l’adrénaline commençait à retomber, la fatigue et la peur prenaient le relai. Chacun avait l’esprit plein des images affreuses de ces faces distordues et putréfiées.

— Ah ouais, c’est bien un mec, commenta un soldat en observant le torse nu de Karm, incapable de dire autre chose que la première pensée qui lui traversait la tête et qui ne soit pas horrible, comme si la banalité pouvait exorciser l’effroi de la nuit finissante.

Cette remarque anodine lança une conversation confuse, plutôt un exutoire aux pensées précipitées qu’une véritable discussion, jusqu’à ce que quelqu’un pose le tronc récupéré sur les ordres de Marja au milieu de l’assemblée. Karm s’agenouilla près de la créature et récupéra l’un des vers translucides entre ses doigts, pour le porter à ses yeux, manifestement sans aucun dégoût. Des charognes, il en voyait bien sûr constamment, pendant ses explorations.

— Définitivement des vers nécrophages.
— Ça veut dire que ces putains de truc étaient des zombies ?
— Ça, j’sais pas, mais sérieusement putréfiés, oui. Là, tout ça, c’est de la nécrose, très clairement, commenta l’Ark-Ni placide en désignant les zones les plus sombres sur le corps du macchabé.
— Comment il marchait encore s’il était mort ? C’est de la magie sith ?

Karm secoua la tête en signe d’ignorance et se redressa, le regard posé sur la Maître Jedi qui aurait, il l’espérait, déjà rencontré ce genre de phénomènes.
Korgan Kessel
Korgan Kessel
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« Ça va pas la tête ?! Vous êtes complètement tarée ! Et puis l’analyser avec quoi ?! Ma bite et mon couteau ?! »

Je beugle ces mots, entre deux salves lasers, la gueule dans le viseur, alors que régulièrement mes yeux quittent mes cibles pour s’attarder sur le tronc encore vivant qui vient de me tomber aux pieds. Plus de membres, plus de dents. Ça suffit vraiment à le rendre inoffensif ?! Et si cette… Saloperie… Se propageait par un simple contact, ou les fluides vitaux ? Genre un virus, une connerie de la sorte ! Merde, j’en sais rien moi ! Mais pas question que je me balade avec ce machin sur le dos ! Ça pisse le sang de partout ! Et ça refuse de crever merde ! C’est pas naturel !

Je relève les yeux trop tard cette fois. L’une de ces saloperies me prend par surprise. Elle jaillit de derrière une tente. Je réagis, lève mon arme. Mais ses pattes à moitié décomposées se posent sur le canon de mon fusil rougit par la chaleur des lasers qu’il dégueule presque sans discontinuer depuis de longues minutes. Psshiiiit. Odeur de chair brulée. La peau de ses doigts fond, mais il ne bronche pas, comme insensible. Avec une force surhumaine, il écarte mon arme, manque de me l’arracher des mains… Il se rapproche encore… Sa gueule pleine de dents n’est plus qu’à quelques centimètres de mon visage… Sauf qu’entre lui et moi, y’a encore l’armure de combat. Etanche, solide. Sans réfléchir, je recule la tête imperceptiblement, et lui colle un putain de coup de boule. Le sommet de ma visière se fend sous le choc, tout comme le pif de la bestiole. Surprise plus qu’endolorie, elle bascule en arrière… Et je l’achève direct d’un tir en pleine gueule. Elle s’effondre. Morte. Définitivement morte ? En tout cas, ça ne bouge plus.

« Leur point faible, c’est la tête ! Visez la tête ! »

J’ai du sang plein le casque, je tente de l’essuyer, mais il est étrangement pâteux, comme à moitié coagulé. Tir encore, encore et encore. A chaque créature abattue, deux autres sortent des fourrées. La vieille bique a raison, faut qu’on dégage. On va finir par se faire submerger… Et même si on s’en sort, on aura cramé toutes nos munitions.

« OK ! On se replie ! Mac’, Matt’, Mad’ ! Récupérez tout le matos que vous pouvez, je vous couvre ! Jett’, avec moi ! »

Je me tourne vers les deux Jedi, qui luttent avec ardeur sabre au clair.

« Repliez-vous avec mes gars. On vous rejoint ! »

Ces mots ne sonnent pas comme une requête, mais un ordre. L’ordre d’un type qui connait son taff. Sans me vanter, je pourrais dire qu’on fait partie des meilleurs. A peine ai-je fini d’hurler mes instructions, que les susnommés agissent, tels un seul homme. Les deux humains et le cathar se précipitent vers leurs packages. « Toujours emballé, prêt à dégager » C’est notre dicton. Ils passent leurs sacs par-dessus leurs épaules, et foncent vers les deux Jedi. Jett’ se rapproche, se positionnent à mes côtés. Rapidement on se déplace pour couper la route des créatures et permettre aux autres de s’esquiver sans personne à leurs trousses. Même s’ils sont nombreux, ils semblent venir de la même direction : celle du village occupé par l’Empire. Le jeune Jedi disait vrai. Ça vient de là-bas.

Puis lentement je recule, sans arrêter de tirer. Dans mon dos, les autres sont déjà loin.

« Jett’, couvre-moi ! »

Je repasse mon fusil en bandoulière. L’énorme Besalisk, armé de ses quatre pistolets blasters est impressionnant à voir. Un vrai char d’assaut. Il crache sur l’ennemi plus de lasers à la seconde que le reste de l’équipe au complet. Putain, autant ce type est une plaie pour les missions genre discrète, autant là je suis heureux de l’avoir dans mon camp. Bref. J’suis pas payé pour mater. Ma main presse sur l’armure, au niveau de la cuisse, où un compartiment jusqu’à dissimulé s’ouvre. A l’intérieur je choppe un détonateur de la taille de ma paume.

« Jett’ ! A terre ! »

La seconde suivante, je presse l’unique interrupteur… Et la déflagration manque d’envoyer valdinguer à l’autre bout de la forêt. Ouais, ok j’exagère un peu. C’est pas si puissant que ça, juste assez pour vaporiser le camp, une bonne partie de notre matos laissé en arrière. C’est la procédure classique. Quand on dégage, c’est toujours sous le couvert d’un putain de feu d’artifices.

Sauf que cette fois, on est carrément proche de l’épicentre. Sans l’armure de combat étanche et renforcée, j’aurais eu les tympans broyés. Je me redresse, secoue la tête. Devant nous, le camp n’est plus qu’un brasier crépitant. Les flammes lèchent le ciel étoilé. La végétation, soufflée, arrachée, prend rapidement feu. Ça se propage beaucoup plus vite que je ne le pensais, compte tenu de l’humidité environnante. Dans un craquement sinistre un arbre millénaire s’effondre, projetant des flammèches dans toutes les directions. La température monte de plusieurs degrés, les cendres retombent lentement autour de nous. C’est juste… Magnifique. Au milieu de ce bordel, les créatures bougent encore. Mais les flammes les dévorent bien plus efficacement que nos lasers. Elles continuent d’avancer, comme si de rien était, alors que leurs chairs noircissent à vue d’œil… Et lorsque leurs muscles lâchent, elles s’effondrent, pratiquement en silence.

Satisfait, je tape sur l’épaule de Jett. Lui fait un signe de la tête. Le machin-tronc démembré par la vieille bique a lui aussi été projeté par la déflagration. Il a roulé sur plusieurs dizaines de mètres avant de s’embrocher sur un buisson de ronces. Il réagit encore, bien qu’une partie de son visage ait été arraché. Du matériel a lui aussi été projeté… Et comme un signe du destin, une grosse cantine en polymère léger mais solide, s’est retrouvé fiché dans le sol, juste à côté de lui. Je me précipite dessus, l’ouvre. Qu’est-ce qu’il ne faut pas faire pour ces Jedi… Pfff… Je m’étonne moi-même. Je vais pas faire ce que je pense que je vais faire ?! Si ?! Faut croire que je suis bien dressé. Un ordre, c’est un ordre. A l’intérieur y’a un fusil sniper, protégé par plusieurs épaisseurs de mousse amortissante. En quelques secondes je dégage le tout. Derrière, l’autre est comme abasourdi par mes tribulations. Raaah, faut tout faire soi-même ou quoi ?!

« Putain Jett’ ! Arrête de me mater comme si j’avais perdu la boule… Et aide-moi à le foutre dedans ! C’est les ordres de la vieille folle ! Elle veut l’analyser… »

Bref, il sursaute, réagit enfin. Le tronc est plus léger que je l’imaginais, on arrive facilement à le foutre dans la cantine. Sauf que celle-ci est un poil trop petite. Du coup je monte dessus, et saute à pieds joints, histoire d’arriver à la refermer. Clic. Enfin c’est fait, je baisse les yeux… Erf. Des morceaux de chairs sanguinolant débordent d’un peu partout. Je secoue la tête résigné… Et dégaine ma vibrolame pour recouper tout ce qui dépasse.

« Tu t’en occupes. Je garde le fusil sniper, sinon Mad’ va nous faire un caca nerveux… »


****

Une demi-heure plus tard, campement secondaire.

« Comment il marchait encore s’il était mort ? C’est de la magie sith ? »

La voix de Matt’ m’arrive aux oreilles alors qu’émerge des buissons, Jett’ sur les talons. Ce mec est un vrai dur à cuir, il en faut pas mal pour le faire flipper… Mais avant même qu’une seule personne ait pu lui répondre, je la coupe :

« Silence soldat. On n’est pas là pour se poser des questions ! Si c’est machins marchent, c’est qu’ils ne sont pas morts. Et s’ils ne le sont pas, c’est parce qu’on ne s’est pas encore occupé d’eux ! »

Haha, j’aime sortir ce genre de conneries. Je me tourne vers la vieille Jedi.

« Bon... J'ai pas eu d'autre choix que de tout faire sauter. Je sais pas si ça les a toutes eues, mais les flammes ont fini par les faire reculer. Le revers de la médaille c'est que... Tout le monde sait qu'on est dans le coin maintenant. »

C'est un pari fou. Mais j'ai pas eu le choix. Je préfère encore affronter une bataillon entier d'Impériaux alertés par nos explosion, plutôt que ces saloperies ! J'arrive toujours pas à calculer ce qui se passe. Merde. On a à faire à quoi ?! Avec un peu de bol, les Jedi en sauront plus maintenant qu'ils ont cogité... Et que je leur ai ramené un cobaye :

« On a ramené votre pote finalement… Mais vous préviens. Si cette saloperie vous contamine, je serai le premier à vous faire sauter la cervelle. »

Ouais, ok, j’ai les nerfs en boule, j’ai pas tellement envie de rigoler. Déjà les premiers rayons du soleil pointent leur nez. Fait chier, on n’a pratiquement pas dormi. On est face à une menace inconnue, sérieuse, et on n’a toujours aucun plan d’action.

« Typhons au rapport ! Etat de la situation ! »

Mes gars, à moitié dans le coltar, réagissent au quart de tour :

« Il nous reste des rations pour deux jours ! »
« Ainsi qu’un bon kilo d’explosifs. »
« On a pu sauver la moitié des munitions… »
« Putain de merde ! Personne a pensé à prendre mon fusil ?! Faites chi… »


Héhé, je commence à bien le connaitre. Le Caporal Amadéous « Mad » Laguille. Unique survivant du 45ème régiment de tireurs d’élites aéroportés. Son unité a été décimée sur Gravelex Med, alors qu’elle nous couvrait les miches. Ce type est un survivant, une force de la nature. Mais dès qu’il paume son fusil, il se met à pleurer comme une fillette. Du coup, je le sors de derrière mon dos, et le lui balance en pleine gueule. Il fait un bond, sourire aux lèvres.

« Chef ! Merci, Chef ! »
« Oui… Oui… »

Pendant ce temps Jett’ pose sans ménagement la cantine au milieu du campement… Et recule. Moi j’me dis : c’est celui qui veut faire ses analyses qui l’ouvrira. Je vais me poser contre une vieille souche. Et décide de fermer les yeux quelques minutes, histoire de récupérer. Les trucs pseudo scientifiques de la Force, rien à branler. Quand ils auront une solution, je serai d’attaque pour l’exécuter.
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Le sabre qui la libera de l’étreinte putride du zombie la fit pousser un lourd soupir de soulagement accompagnée d’une moue de dégoût profond en constatant les grosses tâches de sang qui ornaient son vêtement réalisé sur mesure. Le Chevalier Karm avait au moins de bons réflexes. Elle aurait voulu le remercier sur le champ mais il y avait plus urgent. Aux prises avec de nouveaux zombies elle coupa deux nouvelles têtes comme venait de le conseiller Korgan.

Elle se dirigea ensuite vers sa tente pour le plier soigneusement mais renonça devant l’urgence de la situation. Tout Jedi qu’ils étaient y compris accompagnés par l’élite des forces spéciales, ils ne pourraient pas tenir très longtemps comme une horde d’ennemis. Il y avait peut-être des milliers d’habitants dans les villages alentours et potentiellement autant de ces… choses.

Cessez incessamment vos sottises insensées et faites ce que je vous dit Caporal-Chef Kessel.

Beugla littéralement Hildegarde en balayant un autre zombie. Elle attira ensuite son sac auprès d’elle d’un coup de Force et elle se mit en route à la suite de Karm écharpant derechef une nouvelle une créature sur le chemin.

Fatiguée par la marche et la tension nerveuse, elle fit de son mieux pour suivre la cadence effrénée que lui imposait Karm tout en se retournant de temps à autre pour s’assurer qu’ils n’étaient pas suivis. Le Chevalier Jedi fonçait à toute allure et elle perdit de vue la forçant à se concentrer sur sa trace dans la Force pour le suivre.

Mais il m’a pris aux mots ce benêt !

Dit-elle pour elle-même en entendant l’explosion à travers la jungle qui fit s’embraser plusieurs arbres et dévoilant dans le même temps leur position initiale à tout ce qui n’était pas Mirakula à trois kilomètres à la ronde : pour l’infiltration c’était loupé mais il y avait plus inquiétant encore, car les pièces du puzzle commençaient à se recomposer.

Hildegarde s’allongea sur le sol de tout son long pour reprendre ses esprits haletant,
fortement totalement vidée après tant d’efforts. Sa tête tournait et elle mit plusieurs longues minutes à retrouver son souffle et à se relever péniblement en prenant appui sur un arbuste avant de rejoindre le reste de la joyeuse équipée. Tout le monde était au rendez-vous, un point positif dans l’océan de mélasse qu’était devenue cette mission en temps record.

Merci Karm, pour le coup de main tout à l’heure.

Elle lui frappa l’épaule avant de recentrer son ce qui lui restait d’énergie contre le Caporal-Chef. Le passage au tutoiement assorti à une voix aussi sèche que le désert d’Ossus signifiait clairement qu’elle était à bout de nerfs.

Crétin, nigaud, obtus, dadais, espèce d’hâbleur matamore, fieffé forban, pirate ! Mais t’es complétement cinglé, c’est une mission d’infiltration ! Faire brûler la moitié de cette satané forêt ça te semble être une technique d’infiltration ? Regarde-moi quand je te parle maudit que tu es ! Menace-moi encore une fois et c’est moi qui te dévorerai le cœur avec les dents, compris ?

Elle lui mit une claque à l’arrière du casque et poussa un petit cri de douleur. Si elle était colère c’était aussi et surtout la peur qui parlait, la frayeur d’être dévorée vivante était une de ses phobies et le courage lui avait manqué, elle en avait honte, drapée dans son orgueil. Ce qui n’était pas dur à devenir tant ses cheveux en bataille, ses sourcils froncés et sa bure couverte de sang lui donnait l’air d’une démente.

Et c’est également pour vous, Monsieur le dur à cuire, dit-elle pour Jeff qui la regardait un peu trop fixement.

A moitié chancelante elle se dirigea ensuite vers la rivière et se passa de l’eau sur le visage tout en essayant de reprendre ses esprits.

Karm s’il vous plaît occupez-vous d’analyser cette chose et envoyez un échantillon au labo sur Ondéron, il y a le nécessaire dans mon sac. Kessel aidez le pendant que j’essaye de prévenir Maître Sodervall.

L’antenne installée elle ouvrit une communication sécurisée avec le commanditaire son « cher » « ami » le Maître Sodervall, membre du conseil Jedi. Adossée contre une souche à moitié défoncée elle chercha la fréquence jusqu’à arriver à ouvrir un canal assez propre pour discuter clairement.

Sodervall ici Marja, répondez. Répondez, c’est urgent

Maître Marja, que plaisir de vous…

La ferme, écoutez-moi. Nous sommes repérés, c’est plus grave que nous ne le pensions. Je crois que nous avons affaire à un ce qui ressemble à un rituel de Chaldée mais je ne suis pas sûre, nous faisons suivre une analyse sanguine. Nous avons dû fuir le camp et sommes sur zone bis, c’est un vrai bordel.

Il n’y a plus de rituel de Chaldée depuis Chaldée est morte Hildegarde, vous êtes sûre de ce que vous avez vu ?

Bien sûr que je suis sûre de ce que j’ai vu ! Le sang de Chaldée a certainement été remplacé par cette plante. Attendons les ordres.

Confirmez qu’il s’agit d’un Chaldée et rappelez-moi. Nettoyez la zone, neutralisez les communications impériales et occupez-vous du sorcier, nous envoyons une navette sur zone pour largage de ravitaillement matériel et de vivres.

Bien noté.

Hildegarde, faîtes attention à vous.

Elle jeta le communicateur au sol et se releva pour retourner vers Korgan et Karm en jetant un regard horrifiée à la caisse qui bougeait sous les coups de ce que restait du zombie.

La théorie que je vais vous exposer en plus d’être extrêmement confidentielle n’est pas vérifiée. J’imagine que vous ignorez qui était Chaldée. Le Seigneur Chaldée est un ancien Sith de la race la plus pure qui soit. Il a vécu avant la grande guerre. C’était un nécromant, un sorcier Sith brillant et terriblement retors. Bien qu’il n’y ait que peu de preuves, certains livres racontent qu’il avait réussi à modifier les propriétés de son sang grâce à la magie Sith et à d’autres procédés secrets. Au prix d’atroces sacrifices pour son apparence physique il avait fait en sorte d’être ni totalement vivant, ni complétement mort, une manière comme une autre d’être immortel.

Tout ce qu’il touchait le rejoignait son état d’inhumanité, de déchéance. L’ironie de l’histoire est qu’il a fini par succomber à son propre pouvoir perdu quelque part entre les deux états. Les instructions du rituel ont pu être conservées tout dans un holocron tout ce temps. Chaldée était originaire de Mentanar Vosk, je pense que son histoire a pu faire des émules, les plantes doivent sûrement se substituer à son sang.


Quel terrible bordel, elle s’en était doutée au moment où on lui avait confiée la mission mais Chaldée n’était qu’une légende, personne ne pouvait vérifier avec exactitude où s’arrêtait la partie de véracité dans cette drôle d’histoire à dormir debout. Elle en était la première sceptique jusqu’à voir une armée de morts vivants débarquer sur le baraquement en pleine nuit.

Si quelqu’un à une idée brillante pour arrêter toute cette saloperie qu’il ne se prive pas, vous avez entendu les ordres. Sinon, il y a vraisemblablement plus de cent mille habitants sur ce système. Vous pensez qu’il reste des gens à sauver ?

Un peu plus loin des branches craquèrent, alors que des bruits s’élevaient à travers l’épaisse jungle, magnifiée par le soleil qui se levait.





Karm Torr
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C’était donc ça, la ménopause, songea Karm alors qu’HIldegarde s’emportait contre le caporal. Il faut dire que l’Ark-Ni avait hérité de son peuple une capacité presque glaçante à faire preuve de sang-froid devant les situations les plus terribles. Quand il rentrait au Temple, ensuite, après les missions, il s’autorisait de longs moments d’abattement, terrassé par les horreurs qui agitaient parfois la vie galactique, mais sur le terrain, il suivait ce sage proverbe ark-ni : « répare l’hyperdrive, tu pourras pleurer après ». C’était, comme on peut s’en douter, une civilisation très joyeuse.

En tout cas, les mouvements d’humeur ne lui étaient jamais tout à fait compréhensibles mais d’un autre côté, il n’était pas psychologue. Alors il fut ravi — si l’on peut dire — de pouvoir se concentrer sur le zombie, tirant du sac de Marja le kit d’analyse.

— Tu peux, genre… Ouais, voilà, cool…

On avait vu plus clair comme instructions mais au moins, la tâche était explicite. Karm racla un peu de chair en décomposition avec un scalpel.

— C’est dégueu, commenta philosophiquement l’un des commandos.
— Bah, répliqua éloquemment Karm.

L’analyse de charognes faisait partie du quotidien d’un explorateur. Ce n’était pas exactement le genre de détails que l’on incluait dans les holofilms promotionnels qui présentaient l’ExploCorps aux jeunes Padawans pour susciter des vocations mais on finissait par s’y faire. Alors Karm essayait de songer à son sujet du jour comme à un animal mort de plus, abstraction faite du côté très vivant du mort en question.

— C’est bon, on peut l’ranger, finit par dire le jeune Jedi, en fermant la boitier d’analyse.

Il reprit son sabre, prêt à intervenir, laissant à Korgan l’honneur insigne de fourrer la masse de chair toujours vindicastive dans la cantine en métal.

— J’ai faim, déclara soudain l’un des soldats.

Des regards perplexes le poussèrent à se défendre :

— Ben quoi, ça creuse, toutes ces conneries.
— Transmis, déclara Karm à l’intention de Marja.
— Tu veux pas te rhabiller, petit ? Euh. Chevalier.

L’Ark-Ni hocha la tête et le soldat tira de l’un des paquetages rescapés du camp un sweat frappé du blason des forces armées républicaines et évidemment trois fois trop grand pour Karm.

— T’emportes un sweat dans un jungle tropicale ?
— C’est porte-bonheur. C’est ce que je portais quand j’ai appris mon admission à l’académie. Jamais lavé depuis. Faut pas diluer l’effet.
— Eeuh… Non mais en fait c’est ira.
— T’es sûr ?
— Ouais, ça entraverait mes mouvements…

Cette discussion de mode fut interrompue par le retour de Marja, à grands renforts d’explications qui laissèrent Karm pour le moins pensif. Le Côté Obscur, ça n’avait jamais été sa grande spécialité. Il n’avait jamais voulu courir les anciens temples siths pour détruire des artefacts maudits et ces récits-là lui semblaient en général un peu rocambolesques, même s’il supposait que ses propres prouesses de survie à flancs de glacier pendant des semaines devaient à leur tour sembler improbables à bien des Jedis.

Tout ce qu’il avait vu des Siths, c’était des illuminés à l’autre bout de son sabre laser sur les innombrables champs de bataille qui avaient rythmé son adolescence. D’accord, il y avait eu des éclairs, des sensations étranges, pas mal de pyrotechnie, mais de là à les imaginer lever les morts et commander aux légions des enfers, il y avait tout un monde. Mais Marja n’avait pas tête de quelqu’un à raconter des histoires qui font peur en plein camping sauvage, pour mettre l’ambiance et faire peur aux enfants.

(Présentement, elle avait surtout l’air d’être une histoire d’horreur à elle toute seule.)

— Mais euh. Ouais. OK.

Brillante analyse.

D’un ton prudent, Karm concéda :

— Je suppose qu’une plante peut avoir des effets psychotropes et en même temps accélérer la nécrose, qui plonge les gens dans un état secondaire, qui leur donne l’apparence de, euh. Zombies.

Pour l’heure, c’était tout ce que sa raison lui permettait d’accepter dans le domaine de la nécromancie.

— Je parierai pas qu’on puisse trouver un remède et même, vu l’état dans lequel ils finissent, c’est pas un cadeau. Mais en tout cas, vous et moi, on est pas zombifiés.

Ça avait l’air d’appeler des conclusions logiques qui ne venaient pas, comme souvent quand Karm oubliait que le reste de l’assistance ne lisait pas dans ses pensées et se retrouvait contrainte à spéculer sur la nature de ses sauts logiques. Ce qu’il voulait dire, c’était qu’à moins que la substance n’ait été transformée en aérosol, elle ne se répandrait pas très vite, et certainement pas seule. Or, Marja et lui étaient indemnes, ce qui suggérait que la contagion était probablement limitée au premier village.

Le craquement des branches interrompit ces troubles spéculations. L’un des éclaireurs du commando disparut dans la végétation et Karm bondit pour se percher sur la branche d’un arbre. Ces précautions furent inutiles : ce qui sortit d’entre les fourrés était un homme vêtu d’un pagne déchiré, tremblant de peur. Quand il les vit, il tomba à genoux et leva les mains vers eux, ou peut-être vers les cieux, et déversa un flot de paroles, des prières ou des incantations peut-être, à en juger par le ton psalmodique.

Il était aisé de deviner qu’il s’était échappé du visage, beaucoup moins de le comprendre. Karm, qui étudiait comme il le pouvait la xénolinguistique pour faciliter son rencontre avec les populations inconnues, avait même du mal à comprendre où commençaient et où finissaient les phrases. Pour en tirer des informations utiles, ça semblait compromis.
Korgan Kessel
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Trop c’est trop. Je tente de prendre sur moi… Je tente… Ouais vriament. Les conversations filent bon train… Mais les insultes de la vieille me tourne dans la tête, encore et encore… Et je finis par exploser. Moi qui voulais juste piquer un petit somme histoire de récupérer… Je me redresse d’un bond, hors de moi :

« Si t'es pas contente, tu dégages. »

De l’index je désigne les fourrées encerclant notre camp de fortune. Putain de merde. Méga coup de sang. Elle se prend pour qui cette vieille conne ?! Je bous de l’intérieur putain. Si elle est pas capable de maîtriser ses hormones la mamie, elle a rien à foutre ici. Alors je lui dis texto :

« Mission d’infiltration ? Mon cul. Si t’es trop vieille et conne pour t’adapter, casses toi, j’ai pas besoin de me traîner un boulet, même armé d’un putain de sabre laser. Pigé ?! »

Ouais, j’suis carrément en pétard. Je balance mon fusil au sol, et m’avance vers elle, plus agressif que jamais :

« Ouais j’ai tout fait pété. Et au lieu de faire ta crise d’hystérie à la con, tu ferais mieux de réfléchir vieille peau. Ces machins, c’est des vraies saloperies qui n’ont rien de naturels si tu veux mon putain d’avis. Alors deux choses l’une : soit cette foutue expérience a complètement foiré, et reste plus rien des impériaux. Soit ils ont été volontairement lâchés dans la forêt pour voir ce que ça fous sur la population locale. »

Ça serait pas la première fois que ces connards de première testent leurs toutes nouvelles armes sur leurs propres soldats et des civils qu’on rien demandés à personne.

« Alors si y’a pu d’impériaux… Plus rien à foutre de l’infiltration… Et s’il en reste… Tu crois que nos échanges de tirs ne les ont pas déjà complètement alertés ?! On n’est plus à une explosion près putain. Et tu crois quoi ?! Qu’ils vont pas venir illico voir ce qui s’est passé. Ils en auraient pensé quoi des corps de leurs potes découpés en rondelles par des armes lasers ?! Parce que, putain, tu peux te la fermer avec tes histoires d’infiltration… Vos saloperies de sabres n’ont rien de discrets. Ils auraient direct pigés que VOUS êtes ici. Là, maintenant que j’ai tout fait pété, reste plus que des tas de chairs carbonisées de partout. Alors ouais. Ils vont se faire des films, se lancer peut-être à nos trousses, renforcer leur sécurité… Mais j’ai fait tout ça pour couvrir vos deux PUTAINS DE CULS, C’EST PIGE ?! L’effet de surprise c’est VOUS ! J’ai tout fait pour le préserver. ALORS ARRETE DE GUEULER, DE M'INSULTER, SINON JE TE VIRE DE CETTE JUNGLE A PUTAIN DE COUPS DE PIEDS DANS TON VIEUX CUL TOUT FRIPE OK ?!!!! »

J’ai carrément beuglé ces derniers mots. Hurlant si fort qu’une nuée d’oiseaux s’est tiré fissa des frondaisons au-dessus de nos têtes. J’en ai même recouvert l’intérieur de ma visière de postillons. Dégueulasse putain. Direct, Matt’ se précipite sur moi, pose une main sur mon épaule genre pour me calmer. Je le repousse d’un geste brusque. Raaaah. Putain, j'sais que je dépasse les bornes, que ça va me retomber sur la gueule d'une manière ou d'une autre. Mais merde. FAUT QUE CA SORTE ! J’en ai tous les membres qui tremblent. J’ouvre la bouche pour terminer mon putain de laïus, mais aussitôt je suis coupé par la voix féline de Mac qui résonne dans mon casque.

// Silhouette en approche. //

Merde ! Je fais volte-face, me jette sur mon fusil au sol, prêt à me défouler sur une horde de zombies. Ces saloperies nous ont suivies ?! Une ombre jaillis des fourrées. Je lève mon arme, doigt crispé sur la détente... Et je manque clairement de dézinguer l'abruti primitif qui tombe à genoux. Raaah. C'est pas passé loin. Je jure, baisse mon arme. Douche froide. Buter du civil, c'est vraiment pas mon délire... J’sais pas si je me fais des films, mais sa gueule me dit vaguement un truc. Comme ça fait plus d’un mois qu’on observe ce foutu village, j’en conclu intérieurement qu’il vient de là. Ou qu'il a un sosie qui y traîne. Qui sait. Sûrement tous cousins dans cette foutue jungle. Je peste aussitôt :

« Qu’est-ce qu’il raconte ?! Y’a pas un oiseau traducteur dans le coin ? »

Ton cassant, sarcastique. J’ai rien contre le petit jeune, mais je suis assez en boule pour vouloir en prendre un pour taper sur l’autre. Ces Jedi… Ils vivent vraiment dans un autre monde bordel. Je secoue la tête. Korgy… Putain… Faut vraiment que tu te calmes. Je cogite, à fond, tandis que l’autre sauvage continue de parler dans le vide. Personne ne pige rien c’est net. Il ne sert à rien ce gars. Bref, il me faut moins d’une trentaine de secondes pour arriver à cette conclusion :

« Jett, Matt… Faites brûler la cantine, et la saloperie à l'intérieur. Faut pas qu’on reste ici. »

Parce que dans ma tête tout est clair. Le temps joue contre nous. Si ces enfoirés de zombies se multiplient, on est carrément mort. Plus vite on retournera au village pour tout faire cramer, plus nos chances de survies seront élevées. Calcul rapide et simple. Y’a pas à tortiller du cul pour chier droit. Je repose mon regard sur l’autre folle :

« Moi et mes gars on retourne au village. Le jour se lève déjà, et je veux agir avant qu’ils aient eu le temps de piger ce qui va leur tomber dessus. Vous deux… »

Haussement d’épaules genre j’en ai plus rien à foutre de vos lifes :

« Vous faites ce que vous voulez... Vos trucs de Jedi... On s’est dit tout ce qu’on avait à se dire. Point barre. »

Je fouille dans l’une des poches de mon armure tactique pour en ressortir un comlink, ovale, pas plus gros que ma paume. Je le balance aux pieds du duo.

« Si vous voulez me contacter… Sinon… »

Mais j’ai même pas le temps de terminer cette phrase que Jett’ et Matt reviennent au pas de course.

« Caporal ! On a un problème ! »

Je défonce Jett’ du regard. Même s’il ne peut le voir au travers de ma visière fumée. C’est un peu con quand on y pense. Bref, je la relève pour réitérer ce regard qui tue. Sauf qu’il est moins intense la seconde fois, c’est clair. Il tient entre ses gros doigts informes, une sorte de petit machin rectangulaire qu’il me fourre littéralement sous le nez. On dirait genre… une puce électronique. Je fronce des sourcils… Ça pue la mort. Et c’est pas une figure de style.

« On a trouvé ça, qui flottait dans la caisse… »
« C’est quoi ce machin ?! »


Je le lui arrache des doigts, le lève bien haut dans l’espoir d’y voir un peu plus clair à la lueur naissante de l’aube. C'est poisseux.

« Un traceur je dirais… Je crois qu’il était implanté dans le zombie… Et vu qu’il se décompose à vue d’œil… »

Putain de merde, je suis trop con ! Evidemment ! Pourquoi je n’y ai pas pensé plus tôt ?! Raaaah !

Clair que le big boss à la tête de ces foutues opérations d’enculé n’a pas lâché ses monstres à travers la jungle sans avoir un moyen de les garder à l’œil, de les suivre en temps réel pour mesurer leurs performances… Merde ! J’aurais dû le calculer, y penser… Fait chier. La fatigue, en plus de me faire péter les plombs, m’anesthésie la cervelle ! Bref : en résumé : s’il reste des impériaux dans le coin, ils savent exactement où on se trouve. Ils vont débarquer d’une seconde à l’autre ! Si c'est pas leurs petits potes en décomposition.

L’espace d’une fraction de seconde, j’ai juste envie de l’écraser d’un coup de talon, ou de le balancer dans un buisson… Qui me dit qu’il n’y a pas un micro là-dedans ?! Rien. Absolument rien. Même si c’est peu probable. Je ne vois pas l’intérêt d’enregistrer les gémissements de ces zombies, ou les cris de leurs futurs repas…. Mais y’a tellement de tordus dans cette galaxie que tout serait possible en vérité…. Pour autant je me ravise. Une putain de bonne idée germe sous mon crane. Je le balance au Chevalier Torr, comptant sur ses réflexes de Jedi pour le rattraper au vol.

« Tu peux pas demander à un de tes potes oiseaux d’emporter ça au loin ? Si y’a effectivement une bande d’impériaux à nos trousses, autant les faire courir un peu. Le temps qu’ils pigent on sera déjà loin. »

Je soupire, relâche la pression. Merde. J’y ai pas été avec le dos de la cuillère. Silence de mort sur le camp. Surement que l’autre vieille va m’en remettre une couche… Missions de merde… Sérieux… J’ai vraiment le don pour me retrouver dans les pires coups. Mais je ne lui en laisserais pas le temps.

D’une pression de l’index sur le coté de ma combi, je coupe les sons provenant de l’extérieur, avant de faire volte-face, pour disparaître au pas de course dans les fourrées. Mes gars m’emboitent rapidement le pas, sans mot dire…Du moins pas dans les comlink. Pro comme ils sont, ils emportent tout le matos... Sauf quelques vivres. C'est Matt' qui s'y colle. Il dépose plusieurs sachets de nourriture déshydratée aux pieds de la Jedi. Sourire gêné, il fait :

« Avec les excuses du boss... C'est pas un mauvais bougre. Juste qu'il supporte mal le manque de sommeil, vous voyez. Vous fiez pas à l'odeur de merde quand vous ouvrirez les sachets. C'est pas aussi dégueux que s'en a l'air. Pas vraiment... »

Signe de tête, il se précipite dans les buissons avant de se faire distancer par le reste de la troupe.

****

Dix minutes plus tard,

La tension est presque palpable dans mon dos. Si cette vieille folle a raison, on risque de tomber nez à nez avec un putain de Sith complètement barge. Personne n’a envie de ça. Moi le premier. Mais parfois y’a pas le choix. Faut foncer et mettre ses doutes de côté. Et les deux Jedi ? Ils ont cas faire... Leurs putains de trucs de Jedi quoi ! Rien à branler ! Le temps joue contre nous… Faut vite tout faire péter et se tirer, c’est tout. Si je dois me prendre une cartouche par le haut-commandement en retour, tant pis, ça ne sera ni la première ni la dernière. C’est ça ou risquer d’en venir aux mains avec cette vieille chouette à moitié sénile… Et franchement, elle me fait flipper.

Cette fois, fini la progression lente à travers la végétation dense. Je fonce, droit au but. Mais même à ce rythme, il faut encore compter sur une bonne demi-heure pour atteindre l’orée du village. Une fois sur place… Bah… On improvisera, comme d’hab.
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Hildegarde souffla à nouveau fortement pour rééquilibrer sa respiration toujours quelque peu haletante.  La vieille femme écouta ensuite posément Karm lui expliquer sa nouvelle théorie alors qu’elle contemplait le lever du soleil. Ils perdaient un avantage stratégique mais au moins certaines questions trouvaient des commencements de réponses.

De son point de vue, l’antique magie Sith ne pouvait pas à elle seule permettre de relever les morts même si il prenait très au sérieux l’histoire de Chaldée. Les plantes cultivées sur la planète devaient sans doute s’occuper du reste. L’alliance de la thaumaturgie Sith et de l’herboristerie étaient sans nul à l’origine de ce cocktail détonant.

Il semble qu’il faille en premier lieu être mort pour être ramené à la vie, si on peut appeler ça une vie. Elle jeta une moue profondément dégoutée à la caisse aux trésors. En tous…

Elle sursauta à moitié quand le caporal-chef annonça officiellement qu’il venait de débuter son cycle menstruel. La Jedi ne broncha pas quand l’Epicanthix l’arrosa copieusement de noms d’oiseaux. Elle plongea ses yeux noisette perçants comme des lames dans ceux du soldat et garda le contact visuel tandis que celui-ci déversait son fiel d’injures.

Elle en fut profondément choquée de par la nature qui était la sienne et par le postillon qu’elle reçut à la commissure des lèvres. Plus jeune, cette dureté ne l’aurait pas blessée outre mesure ; rompue à fréquenter les pires recoins de la galaxie mais cette fois, l’attaque lui fit mal. Tout au fond d’elle-même. Sans doute car une part de vérité se glissait au milieu de ce discours désordonné par la colère. Il y avait aussi cette sensibilité que l’âge lui avait offert. Une part de sentimentalisme, une fragilité qu’elle haïssait et qu’elle ne pouvait pas se permettre de dévoiler. Elle allait répliquer pour prouver au grand dadais que elle aussi savait hurler mais elle se contenta d’un simple.

Vous avez terminé Caporal-Chef Kessel ?

Dit-elle simplement mais fermement.

Je n’ai pas besoin de vous expliquer laquelle de ces deux hypothèses est la bonne ?

En apercevant Korgan pointer son arme, elle alluma son sabre, prête à se défendre si celui-ci venait vraiment à dépasser les bornes mais heureusement ce fut vers une autre silhouette que le canon avait été pointé. La Jedi rangea sa propre arme ne sentant pas la menace et s’approcha prudemment de l’indigène qu’elle illumina de son aura rassurant. Il n’avait rien d’un impérial, bien au contraire.

Avec une douceur insoupçonnée, elle posa un genou à terre tout en s’étant rapproché de nouveau avec délicatesse. La vieille femme déposa sa main sur l’épaule de l’homme qui pleurait doucement.  Elle ne comprenait pas un traitre mot de ce que racontait l’autochtone mais elle était sensible à d’autres choses que les mots ne savaient pas exprimer. Le tremblement ténu de la voix, les muscles raidis par la fatigue, la peur, les pupilles tremblantes d’un spectacle que personne ne devrait jamais avoir à supporter et l’étincelle de Force de cette homme prête à s’éteindre de chagrin. Aucune phrase n’était nécessaire. Un halo bleuté apparut sur la main de la vieille Jedi alors qu’elle entreprenait de soulager ses maux.

Karm, venez. Nous allons voir ce que ce pauvre homme à vécu, connectez-vous à moi.

Doucement, Hildegarde pénétra dans l’esprit du Voskien. La vision était brouillée par l’anxiété et ce qu’elle y vit confirma que la situation avait de quoi faire peur. Les souvenirs de l’homme montraient l’arrivée de l’Empire, la réquisition du premier village, l’installation de la serre, puis un rapt d’enfants pour s’assurer de la docilité des habitants. Des gens criaient, des gosses pleuraient, des femmes imploraient pour leur vie pendant qu’on forçait les locaux à cultiver les plantes pour les rempoter sous serre. Puis, il y avait cette magie.

Ces rituels menés par un Echani brun aux yeux injectés de sang. Il se faisait appeler Darth Alakam, le visage masqué par une capuche. Des éclairs Sith assassinaient ses propres hommes puis les habitants du village dans une grotte un peu plus loin à l’écart pour ne pas créer la panique. L’homme qui se faisait appeler Uyj’ju avait trois enfants, il avait fui son village un peu plus à l’est quand le Sorcier était arrivé pour prendre les siens et pour cultiver, rempoter puis grossir son armée de zombie.

La femme se détacha de l’esprit pour voir Korgan partir, elle ne le retint pas et se contenta de répondre à Matt.

Chacun est libre de suivre sa voie. Dites à votre chef que ce n’est pas moi qu’il punit en fuyant de la sorte. Dites-lui aussi que la puce, sert vraisemblablement à contrôler ces créatures. Que la Force vous protège.

Sans plus de cérémonie elle reporta son attention vers leur visiteur. Profondément touchée, la femme passa ses bras autour de la silhouette malingre de l’homme qu’elle réconforta en serrant sa joue contre la sienne.

Nous allons faire quelque-chose, le cauchemar est terminé, dit-elle en libérant de son étreinte l’homme alors qu’elle soufflait sur une poussière qui lui était rentré dans l’œil.

Elle reporta son attention sur le Chevalier Jedi qui l’accompagnait. Le temps n’était plus aux querelles inutiles et aux désaccords de principes. Il y avait plus en jeu.

Karm, l’escouade a choisi son propre chemin et je pense qu’il serait une erreur de vouloir leur imposer notre idéal et notre façon de faire les choses. Je ne sais pas pour vous, mais je refuse de détourner les yeux de ces malheurs. Nos ordres sont de nettoyer la zone pas de secourir la population et ces malheureux, hommes, femmes, enfants. Je ne vais pas rappeler Sodervall car je sens qu’il nous ordonnerait de nous concentrer sur cette plante et sur ce Darth Alaska.  Moi, je vais secourir ces gens en premier

Elle serra son poing tout en jetant un nouveau regard triste à l’homme.

Si je vous ai mal jugé, je vous présente mes excuses Karm, ce n’était pas digne de ma part, annonça-elle gravement en resserrant sa bure autour de sa taille de guêpe comme gênée de présenter ainsi ses excuses.

Si vous voulez suivre la mission à la lettre, je ne vous en empêcherai pas. Mais je dois d’abord libérer les captifs et m’assurer qu’il n’y aura pas d’autres pertes innocentes, car là où est la vie est l’espoir. L’espoir est tout ce qu’il leur reste.

La vieille femme rangea les rations dans son sac et le remit sur son dos avant de se rapprocher du Ark-Ni qui put lire la détermination flamboyante qui animait son visage usé par les années.  Une nouvelle fois elle allait désobéir, pas complétement cette fois mais elle connaissait Sodervall depuis trop longtemps pour savoir qu’il ferait un choix différent dans les priorités à donner à la suite de la mission. Entraîner une Chevalier dans son refus de se conformer aux règles ne la torturerait pas outre mesure et comme elle l’avait dit, chacun était libre de suivre sa voie.

Viendrez-vous avec moi ? Nous ne serons pas de trop à deux et le temps presse. Nous sommes repérés.

La situation était complexe, dans la vision de l’esprit de Uyj’ju elle avait senti une quantité phénoménale de zombies. Le Sorcier faisait sans doute la tournée des villages avec la même procédure pour agrandir son armée. Rallier un ou plusieurs villages à leur cause était une bonne piste : les nombreux villages isolés  étaient des proies faciles, ensembles c’était différent. Restaient à savoir comment communiquer avec les locaux et comment obtenir l’appui des déserteurs.

Si l’Empire à une armée de morts-vivants, pourquoi ne pas unir les vivants, qu’en pensez-vous ? Sauf, si vous avez une meilleure idée, je suis preneuse.

Ils n’avaient pas besoin de Korgan et de son équipée sauvage. Blessée dans son orgueil, Hildegarde ne reprendrait pas contact de sitôt avec l’escouade Typhon. C’en était trop, même si les tords étaient partagés elle ne pourrait pas le reconnaître.
Spoiler:
Karm Torr
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Le soudain humanisme de la Maître Jedi aurait sans doute beaucoup plus ému Karm si, quelques heures plus tôt à peine, Hildegarde n’avait pas proposé de fomenter une guerre sanguinaire entre les locaux pour s’en servir comme d’une diversion. L’humanisme à géométrie variable de sa supérieure lui inspirait beaucoup de circonspection et, très franchement, le premier plan suggéré par Marja ne lui paraissait avoir, avec les exactions siths, qu’une différence de degré et non de nature.

Après avoir haussé les épaules aux excuses, comme souvent indifférent à ces menues contrariétés, il assura :

— Nan mais bien sûr que je viens/

Essentiellement parce qu’il jugeait plus prudent de surveiller Marja de près. Si jamais la Jedi connaissait un nouveau revirement de conscience et, après avoir décidé de sauver tout le monde, revenait à ses projets initiaux de tuer tout le monde, il aurait la lourde responsabilité d’intervenir, une responsabilité d’ailleurs peut-être suicidaire, si l’on en jugeait à la réputation de l’humaine. Kessel, avec tous ces mouvements d’humeur et son sens tout personnel de la poésie, lui paraissait être au contraire un type beaucoup plus stable sur lequel l’on pouvait compter.

Après avoir confié la puce au bec d’un oiseau ventripotent qui s’était providentiellement posé sur une branche à côté de lui, le jeune Jedi repassa son sac sur ses épaules et ils purent se mettre en marche dans la profonde végétation de la jungle. Il était difficile de dire ce que Uyj’ju avait compris de leur projet mais, en tout cas, il leur permettrait de se frayer un bien meilleur chemin qu’ils n’en eussent été capables par leurs propres moyens. Plus d’une fois, sans qu’ils surent bien pourquoi, l’homme entreprit d’ailleurs un soudain détour.

Ils finirent par déboucher à l’orée d’un petit village qui, dans le matin moite, semblait plonger encore dans une profonde quiétude. Quelques huttes de bois et de chanvres tressés devaient abriter, au jugée, une cinquantaine d’âmes, peut-être un peu plus, et dans un enclos on pouvait apercevoir non loin de là des sortes de gorets verdâtres, dont le double groin fouillait dans la terre que la rosée abondante avait rendue meuble. Uyj’ju leur tint tout un discours incompréhensible mais ses gestes leur permirent de saisir qu’ils leur enjoignaient de l’attendre là.ù

Il se détacha d’eux, frappa à la porte d’une hutte. Une femme en sortie, seins nues, regard endormi. Uyj’ju se lança dans une longue explication. A un moment, la femme jeta un regard du côté des Jedis. Une flopée de marmots ne tarda pas à se presser contre ses jambes. Puis une lance fit son apparition, pointée droit contre le front d’Uyj’ju.

— Génial, souffla Karm avec son flegme ordinaire.

Il était prêt à intervenir mais Uyj’ju devait être un beau parleur, parce que le flot de ses mots ne tarda pas à faire baisser la lance et, bientôt, il revint vers les deux Jedis, flanqué de son nouvel ami, tandis que la femme et les enfants se dispersaient vers les autres huttes, probablement pour avertir l’ensemble de la communauté. Le nouveau venu était un homme d’une trentaine d’années, puissamment bâti, qui portait pour tout vêtement une jupe d’écorces et un bracelet autour du biceps gauche. Difficile de savoir quelle place il occupait dans ce petit village, et si sa lance signalait un guerrier, ou bien s’il s’agissait de l’équipement ordinaire de n’importe quel paysan du coin.

Il détailla rapidement Marja, et beaucoup plus longuement Karm, parce que les yeux de l’Ark-Ni qui brillaient, la pâleur de son teint, ses traits androgynes qui contrastaient avec le physique finalement assez athlétique que son torse nu révélait, devaient lui paraître dans l’ensemble bien plus exotiques. Soit que l’aspect de Karm lui inspira de la méfiance, soit qu’il fût de coutume d’en déférer à l’âge, il s’en tourna finalement vers Hildegarde, lui adressa quelques mots laconiques et lui fit signe de le suivre.

Karm emboîta aussi le pas à la petite troupe, même s’il n’avait pas été invité formellement, et ils furent rapidement conduit à la place centrale du village, où l’ensemble des habitants était rassemblé. A nouveau, des regards inquisiteurs les examinèrent de la tête aux pieds, une situation à laquelle Karm, en bon explorateur, était finalement fort habitué. Il y eut quelques échanges de discours plus hermétique les uns que les autres puis le jeune homme se décida à mettre son expérience à contribution, pour ne pas laisser la journée se passer en un cours de langue vivante improvisée.

Il s’avança au milieu du cercle et entreprit de faire le récit de leur arrivée. Pantomime avec bruitage, l’histoire était pleine de gestes et d’onomatopées et elle était, au demeurant, relativement clair. On comprenait qu’ils étaient venus du ciel, pour protéger la population, qu’ils étaient deux guerriers et qu’ils cherchaient désormais à contracter des alliances, pour lutter contre les monstres qui infestaient la jungle. Dans ce drôle d’exercice, l’expérience de l’explorateur habitué à rencontrer des populations isolées et l’habitude des Ark-Ni à communiquer par signes se mêlaient pour faciliter la communication.

La pièce de théâtre improvisée, la plupart des locaux se mirent à parler entre eux, sauf une demoiselle qui fixait Karm avec un intérêt pas vraiment pudique et un gamin qui s’intéressait de près au sabre laser d’Hildegarde.
Korgan Kessel
Korgan Kessel
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J’avoue un truc : Putain j’ai pas l’esprit tranquille. On est là, la team au grand complet, à crapahuter dans la jungle, sans aucune idée de ce qu’on va trouver en face. Improviser, ouais, j’veux bien. Mais pas comme ça, pas dans ces conditions… Même si je me targe souvent d’être une tête brulée, j’suis pas un type suicidaire, et j’aime encore moins entrainer mes gars avec moi. Du coup, putain, je cogite grave, mine sévère, visage crispé, fesses serrées. Dans mon dos, les typhons suivent, sans un mot. Enfin, tous sauf Mac, notre éclaireur, qui est déjà loin devant pour nous ouvrir le chemin. Le Cathar est aussi silencieux qu’invisible. Et je préfère ça : quand il l’ouvre, c’est qu’un truc va nous tomber sur la tronche.

La course dure ainsi quinze bonnes minutes. Je rumine mes idées noires en silence. D’un côté, j’me dis que j’aurais pas dû me brouiller avec la vieille folle… Mais d’un autre, j’me dis aussi qu’on est plus tranquille sans elle. Elle est pas nette. Et j’aime pas sa façon condescendante de faire genre elle sait mieux que moi ce que je dois faire ! Voilà. Ce qui est fait est fait de toute façon, ça sert à rien d’y repenser. Alors qu’on n’est plus qu’à deux cents à trois cents mètres de la lisière du village occupé par l’armée Impériale, je ralentis le pas. Mode progression furtive. Pas feutrés, tous les sens en éveils, doigts sur la détente prêt à faire feu au moindre imprévu. Cette fois, on n’est pas là pour collecter de l’information. Alors si un type se pointe, je l’allume. Soudain je sursaute. La voix de Mac résonne dans mon casque :

« Sur ma position. Colline dégagée. Point d’observation. A vous. »
« On arrive. »


Sans un mot de plus, j’ordonne à l’équipe, d’un geste de la main, de me suivre. Le sous-bois se fait de moins en moins dense. On pourrait tomber sur n’importe quoi… A l’intérieur de mon casque, ça bip dans tous les sens. Ma combi analyse en temps réel le terrain, s’assure qu’il n’y a pas d’objets métalliques enterrés sous nos pieds, comme des détecteurs ou des mines. Rien, nada. On continue de progresser. Le sol jusque-là plat, devient une pente, de plus en plus raide. L’escalade de la colline s’avère rapidement laborieuse, on doit se soutenir aux troncs d’arbre pour continuer de monter. Sous nos bottes, l’humus meuble n’arrange rien. Finalement, pratiquement au sommet, la terre devient plus stable, asséchée par les rayons du soleil qui percent la canopée plus clairsemée. D’un autre geste, j’ordonne de terminer l’approche en rampant. Mac est déjà là. Il est si immobile qu’on pourrait le croire mort. Je m’arrête à son niveau, sort une jumelle électronique pour jeter un coup d’œil au village en contrebas. Une cinquantaine de mètres nous séparent. La pente est encore plus abrupte de ce côté, elle se termine sur un bout de terrain défriché, occupé par quelques plants de cultures primitives aux feuilles violacées. Les végétaux ne dépassent pas trente centimètres de hauteur, impossible d’approcher sans être vu. Mais mes observations s’arrêtent là. Je pige soudain qu’un truc cloche : le village est plongé dans un calme inquiétant. Bien trop calme pour être honnête. Pas un bruit. Pas un mouvement. Pas un villageois, pas un impérial. Bref, c’est désert. Merde ! Au centre du tas de huttes, de profondes traces de pneus balafrent le sol boueux là où se trouvaient la veille, camouflé sous des bâches, le centre de commandement mobile impérial.

« Les enfoirés. Ils se sont tirés. »

Je m’attendais à beaucoup de chose, sauf à ça. Surement que nos pétarades de cette nuit leur ont filé les chocottes. Plutôt que d’affronter une menace inconnue, ils sont préférés mettre les voiles. C’est vraiment la merde ouais : s’ils ont quitté la planète avec le secret de cette « arme » chimique qui transforme les hommes en zombies à moitié crevé, ça va être un sacré bordel galactique. J’imagine déjà les dégâts si ce genre de saloperie était lâchée sur une planète peuplée. Dans mon dos, Matt’ me coupe dans mes pensées :

« Je ne pense pas, Boss. On aurait entendu ou vu quelque chose. C’est pas avec une petite navette furtive qu’on déplace un centre de commandement mobile. Faut minimum un cargo. On aurait entendu les répulseurs à plusieurs kilomètres à la ronde. Ils ont bougé, c’est clair… Mais ils sont encore dans le coin. »

Je hoche la tête. Il a raison. Ils sont encore là, quelque part… Mais où ?! Que préparent-ils ?!

« Y’a du mouvement ! »

Par réflexe, je baisse la tête. Mad, allongé, l’œil dans la lunette de visée de son fusil de précision ne bouge d’un millimètre. Ce type a des nerfs d’acier. Il fait :

« Plusieurs types. Des impériaux. Armures lourdes… Attendez… On dirait qu’ils… »

Au moment où il prononce ces mots, d’impressionnantes gerbes jaunes-orangées déchirent l’horizon. Les huttes en bois s’embrasent, l’incendie se repend rapidement aux plantations et bosquets éparses attenant au village. Je peste :

« Les enfoirés ! Ils sont en train de tout détruire ! »

Au milieu du brasier, je distingue une petite dizaine de silhouettes armées de lance-flammes. Elles se dispersent, pour couvrir un maximum d’espace. Dans un craquement sinistre, la serre tant intrigante s’effondre sur elle-même. Des cendres sont projetés dans toutes les directions, emportés par un vent de plus en plus chaud. C’est le grand nettoyage. Fait chier. On peut pas rester là à mater ça sans rien faire ! Je cogite, yeux rivés sur la silhouette la plus proche, rendue floue par l’air surchauffé qui l’enveloppe. Ma décision est prise :

« Mac, avec moi. Les autres, rendez-vous au point delta-3 »

Un petit coin de clairière planqué derrière une véritable foret de ronces, qu’on a marqué la zone comme étant un point de repli au cas où l’une de nos approches furtives se solderait par des échanges de tirs. Je me redresse, un genou à terre, désigne l’impérial du doigt. Ma conclusion est simple : notre seul espoir de retrouver la trace des impériaux… C’est d’obtenir des informations. Et pour cela… Et bien, il va falloir se salir les mains. Mac me fait signe qu’il a pigé le truc.

« Go ! Go ! Go ! »

Je me jette en avant, dans la pente, pour la descendre façon glissade sur l’arrière train. Mac disparait de mon champ de vision. L’espace d’une seconde, je perçois une ombre au-dessus de ma tête, qui saute de branche en branche tel un primate arboricole. A peine ai-je posé le pied en bas, que je fonce en sprint en direction de la silhouette de plus en plus floue. L’air est tellement chaud, qu’il en devient à peine respirable, saturé de fumées noires épaisses aussi brulantes qu’irritantes pour les muqueuses. Je saute par-dessus un premier obstacle, une barrière à moitié calcinée, à peine ralenti car protégé des éléments déchainés par ma combinaison de combat intégrale. Je lâche mon fusil, qui glisse sur mon flanc, retenu par la sangle passée en bandoulière, pour m’emparer de mon pistolet blaster, beaucoup plus maniables compte tenu des conditions. Une bourraque se lève, le vent tourne. En moins d’un seconde, je me retrouve enveloppé dans la fumée… Mais l’affichage tactique de l’armure prend le relai. En surbrillance apparait la silhouette impériale, telle qu’elle était avant de disparaitre de mon champ de vision. Enfin, je perce le voile de gaz brûlants. Le type est là, à moins de cinq mètres. Armure lourde couverte de suie. Un modèle prévu pour résister aux températures extrêmes. Sa large visière noire reflète les flammes lui donnant un aspect démoniaque. Entre ses mains gantées, un lance-flamme aussi long que son avant-bras arrose sans discontinuer une série de huttes encore indemnes… Il tourne la tête, sursaute, lâche son arme pour tenter de chopper un flingue rangé à sa ceinture… Mais c’est déjà trop tard. Mon doigt écrase la détente. Deux lasers verts s’échappent du canon. Le premier le frappe au torse, le déstabilise. Le suivant s’explose sur la visière de son casque. Elle encaisse le choc. Mais la puissance de l’impact le fait tomber à la renverse, cul dans la fange. Il lève le bras, pour riposter… Je me jette au sol, roulade… Mais le gars n’a même pas le temps de tirer. Mac, sorti de nulle part, bondit sur lui, l’éclat fugitif d’un fil d’acier entre les pattes. D’un coup de pied rotatif, il lui arrache l’arme des mains, avant de sauter dans son dos. Il enroule la corde d’étranglement, aussi fine qu’un cheveu, autour de sa gorge. Elle se faufile entre la jointure de l’armure et du casque, découpant le joint d’étanchéité thermique. Par réflexe, l’enfoiré de pyromane, porte les deux mains à son cou… Mais déjà Mac le traine dans la jungle, laissant derrière lui un large sillon de terre boueuse. Il disparait dans les fourrées…

Moi je reste là, genou à terre, arme braquée vers les volutes de fumées où jadis se trouvait le village indigène. Craquements du bois qui se fend sous l’effet de la chaleur. Crépitement des flammes. Je compte jusqu’à trente… Et comme personne ne semble venir au secours de notre nouvel ami, je fais volte-face, pour disparaitre à mon tour dans la végétation.


Dix minutes plus tard, delta-3,


« Vous me laissez faire, pigé ? »

Les gars hochent la tête. Ce que je m’apprête à faire ne plait à personne, moi y compris. Mais chacun sait pourquoi on le fait. J’aurais pu refiler le taff à Mac’. Ancien membre des renseignements, il n’est pas à son premier « interrogatoire musclé ». Mais j’suis pas du genre à me débiner. C’est mon idée, c’est moi qui me salirait les mains. Les préparatifs ont été effectués à la hâte. On n’a pas beaucoup de temps avant que sa disparition ne soit signalée. Une trentaine de minutes au maximum. Et si on veut savoir ce que préparent les impériaux, si on veut en savoir plus sur leur position, il va falloir le faire parler.

Pour le moment, le type est toujours inconscient, allongé au sol, ligoté par une série de colliers plastiques. Ils sont si serrés que ses mains, ses avants bras et ses jambes dénudées bleuissent à vue d’œil. On l’a foutu complètement à poil, histoire de le déstabiliser. J’observe quelques instant, perdu dans mes pensées, les poils de sa bite qui frémissent au rythme de la brise. J’inspire un grand coup.

« Bon. On va réveiller la belle au bois dormant. »

Matt est en position, à côté de son visage. Je m’approche, pose le talon de ma botte sur ses burnes… Puis je presse de plus en plus fort. Le visage du type se déforme, ses traits se crispent. Il secoue la tête, la marque de strangulation sur son cou recommence à saigner abondement. Enfin il émerge, ouvre de larges yeux ébahis. Il met une bonne poignée de secondes avant de comprendre ce qui se passe oubliant momentanément la douleur insoutenable. Je presse toujours plus fort… Il ouvre la gueule, pour hurler… Mais au moment où ses mâchoires se desserrent, Matt enfonce à l’intérieur de sa gorge, sans ménagement, un morceau de tissu épais roulé en boule, vestige d’une couverture thermique étanche sacrifiée pour la bonne cause. Son cri meurt avant même de naitre, transformé en un grondement étouffé inintelligible. Je relâche la pression. Il regarde autour de lui, frénétiquement, complètement paniqué. Et ouais, certains réveils sont moins évidents que d’autres…

Je m’accroupis, à proximité de son visage.

« Ecoute bien mon pote. J’vais pas répéter les trucs deux fois. C’est simple. Je veux connaitre les plans de tes copains… Et savoir où il se planquent maintenant que vous avez cramé tout le village… Alors tu vas me dire tout ce que tu sais. Dans le cas contraire, je serai contraint de… »

Mon poing s’écrase sur sa pommette, qui éclate sous l’impact. Faut dire, manger une mandale d’un épicanthix dans la force de l’âge équipé d’une armure de combat… Le gars est sonné, il tourne de l’œil… Mais se reprend rapidement. Son regard change. Après la surprise, la panique, je vois naitre une étincelle de défi. Clairement, c’est pas un bleu, va falloir plus qu’un coup de poing pour le faire causer. Très bien. Je fais signe à Jett. L’énorme Besalisk approche, use de toute sa masse pour maintenir l’impérial en position. Je choppe un carré de tissu posé au sol, le pose sur la gueule du type. Un grand classique, mais là tout de suite, j’suis pas d’humeur pour les innovations. Je me relève. En général, on se contente de verser de l’eau dessus. Les intellos appellent ça poétiquement un « simulacre de noyage ». Répété plusieurs dizaines de fois, ça a de quoi retourner même le plus solide des connards… Les peurs primitives, difficiles de lutter contre. Mais voilà. Ici, au milieu d’une jungle hostile, où les ressources se font rare, j’ai pas tellement envie de gaspiller la moindre goutte d’eau potable…

D’un geste vif, dégrafe ma coquille blindée… Avant de sortir Berny de mon calbut. Y’a des gens qui savent pleurer sur commande. Moi c’est pareil, mais pour la pisse. Qu’il y ait dix ou cinq cents personnes les yeux rivés sur ma tub ne me fait rien. Bref. Je tire sur son petit col roulé, plisse les paupières, me concentre… Et moins de trois secondes plus tard, je libère un filet d’urine jaunâtre, rendu malodorant par le manque d’hydratation, sur le visage du prisonnier. Le mec réagit direct, tente de se débattre… Mais Jett fait facilement deux fois et demi son poids. Il hoquète, s’étouffe. J’imagine que le liquide lui rentre dans la bouche, les narines. Avec du recul, putain c’est dégeux… Mais sur le moment, j’ai aucune pensée parasite. C’est comme si mon cerveau venait de switcher sur un mode où les émotions n’existe plus. Je termine de vider ma vessie. Je secoue la dernière goutte, range le matos. Le type se débat encore… Je me baisse, retire le tissu, lui repose la question. Il met plusieurs secondes pour se calmer… Avant de s’immobiliser, regard dans le vide, façon « ta gueule tu peux toujours causer ». OK ! Je repose le morceau de tissu sur sa gueule.

« Matt’… »

A tour de rôle, les membres de l’escouade se soulagent. Le mec manque de tourner de l’œil par deux fois… Mais est ramené à la réalité par une série de coup de pieds dans les côtes. Matt, Mad, Mac… Tous y passent, sauf Jett’ qui s’efforce de maintenir le gars au sol. Intérieurement je peste, mais ne laisse rien paraitre. Montrer le moindre signe de doute reviendrait à perdre la partie. Parce que ouais : tout ça n’est qu’un putain de jeu, entre lui et moi. Après la quatrième douche dorée, le gars convulse, de l’écume jaune perle autour de ses narines, à la commissure de ses lèvres. Ses cheveux imbibés. Je secoue lentement la tête :

« T’es un dur à cuir toi hein ? Excellent, on va pouvoir passer au niveau suivant. »

Jett’ le relève. Je le choppe par la gorge, là où la corde d’étranglement a laissé des sillons sanguinolents qui cautérisent sous l’effet de l’urée. Je presse, l’étouffe afin de mieux le contrôler. Je le plaque contre un tronc d’arbre. Aussitôt, Matt et Mad lui détachement les avant-bras. Ils saisissent fermement ses poignets, lui passent dans le dos, afin de les nouer solidement à une corde. Signe de tête, Mad obtempère. Il tire un grand coup dessus. Les deux bras du type remontent dans son dos, il se retrouve suspendu à trente bons centimètres au-dessus du sol, les articulations des épaules soumises à une douloureuse torsion. Le type est calme. Trop calme. Je me dis, il est sur le point de craquer. Je le sens. J’exhibe un couteau de combat sous ses yeux, avant d’en poser la pointe acérée juste sous sa clavicule.

« Toujours rien à déclarer ? »

L’impérial ferme les yeux, n’esquisse aucun geste. Bon… Après tout c’est son choix non ? Je presse un peu plus contre sur la sa peau… La lame passe au travers comme dans du beurre. Il tressaille, mais reste aussi muet qu’un cadavre. Surement qu’il se dit qu’une petite entaille c’est rien du tout. Pas faux, mais on va dire que c’est juste la première étape. J’appuis encore… Le métal transperce son épaule de part en part, glissant contre l’os. Nouvelle pause. Rien. Soudain, d’un coup sec, je le fais pivoter le couteau… La clavicule est arrachée de son logement, à la base de son cou. L’effet est immédiat : son épaule, déjà soumise à rude épreuve, se déboite… Craquement sinistre du cartilage. Sa peau s’étire lentement, son bras seulement retenu au reste de son corps par les muscles et ligaments. L’impérial laisse échapper des hurlements suraigus étouffés par le tissu. Il se débat, aggrave encore son cas. Des larmes coulent le long de ses joues rougies par la douleur. Ses yeux sont exorbités, injectés de sang. Il va craquer, j’en suis certain… Alors je décide de porter le coup final. Sans un mot, je me déplace lentement devant lui, me place devant son autre bras. Je pose la pointe de ma lame sous sa seconde clavicule. Au contrat de l’acier froid, il se fige, ses yeux me fixent avec une intensité indescriptible. Cette fois, c’est de la supplication que j’y lis.

« Alors ? Tu vas parler bordel ?! »

Il hoche la tête. Mais un peu trop rapidement à mon gout… Non, il n’est pas encore tout à fait mûr… Je lui décoche un sourire carnassier.

« Mauvaise réponse. »

Je presse de toute mes forces, arrache sa seconde clavicule d’un même coup sec. Le type hurle de plus belle, à s’en déchirer les cordes vocales. Son tronc descend d’une bonne dizaine de centimètre, tandis que la peau au niveau de ses articulations vire au violet alors qu’elle se déchire lentement. Il se débat, stupidement, réflexes de survies incontrôlés. Il bave, chiale comme une gonzesse. Ses mouvements deviennent de plus en plus sporadiques… Enfin, après une trentaine de secondes d’un supplice insoutenable, sa tête bascule sur le côté, il tourne de l’œil.

« Détachez-le ! Maintenant ! »

Il tombe lourdement au sol, la gueule la première dans l’humus spongieux. Il tremble, silencieux. Je m’accroupis, lui choppe la tête les cheveux, le force à me regarder droit dans les yeux. J’estime n’avoir même plus besoin de le menacer. Son regard est vide, je l’ai brisé. Je glisse deux doigts dans sa bouche, retire le bâillon. Il ne cherche même pas à crier. Tôt ou tard, on finit par accepter son destin et abandonner toutes velléités.

« Alors, c’est quoi le plan ? »

Je lui parle avec une douceur étrangement flippante après cet accès de violence. Il gémit, recouvre péniblement l’usage de ses cordes vocales. Sa voix éraillée, rauque, qui peine à sortir de sa gorge :

« On… on fait le ménage... Pas laisser… de tracer… »
« Où sont tous les autres ?! »
« Je… On a... Alakam… Il était furieux. Pas assez de résultats… Alors… Il a… Il a lâché les monstres sur le village, sur une partie de ses propres hommes… Mais, il s’est passé… Quelque chose… On a perdu le signal… Explosion… Quelque chose… A détruit les premiers spécimens… Alakam a donné l’ordre… Il a rassemblé ses créatures, ses derniers hommes… »


Ça sonne pas comme un plan d’évacuation. Merde, mauvais pressentiment.

« Alors quoi ?! C’est quoi la suite ?! »
« Trouver… d’autres cobayes… Je jure, j’en sais pas plus… Je crois, qu’il veut… qu’il veut lâcher ses monstres sur tous les villages de la région… A commencer par les plus proches… »
« Enfoiré ! Ils sont partis y’a combien de temps ?! »
« Je… Je sais pas… »


Et une petite mandale pour rafraîchir la mémoire… Le type tousse, crache du sang, une dent.

« J’en sais rien, putain de merde ! »

Il commence à chialer.

« Peut-être… Une demi… heure… avant qu’on commence à… tout… nettoyer… »

J’inspire un grand coup. Ça pue cette histoire. Et je parle pas de l’odeur de pisse qui me remonte aux narines. Si les deux Jedi on fait copain copain avec l’autochtone du coin et l’on suivi jusqu’au village le plus proche… Voilà qu’ils vont se bouffer une horde de zombies déchainés sur le coin de la tronche, incessamment sous peu. Je grimace… Tout en tapotant le dos de mon nouveau pote :

« Tu vois, ce n’était pas si dur… »

Mes deux grosses paluches se posent sur sa tête. Torsion, craquement. Je lui brise la nuque d’un coup sec.

« N'y voit rien de personnel mon pote. J'sais que tu aurais fait la même chose pour moi, si la situation avait été différente... »

Je me relève.

« Planquez son corps dans les ronces… Je vais prévenir les Jedi. »
« Sérieux boss ? »
« Y’a des choses plus grave qu’une prise de bec avec une vieille conne. Si ces machins se multiplient, on est foutu. »


Je rebaisse la visière de mon casque, presse sur le côté. Le comlink s’active. Grésillements. La végétation dense n’aide pas vraiment aux communications. Le signal oscille entre dégueulasse et moyen dégueulasse.

« Ici Kessel, vous me recevez ?! »

J’entends vaguement un truc. C’est pas très net. J’ai même pas envie de faire l’effort de comprendre. C’est pas parce que je décide de recontacter la vieille, que j’ai envie de faire causette.

« J’espère que vous ne vous trouvez pas dans un village indigène… Parce qu’une horde de ces saloperies fonce droit dessus… Je répète… Une horde de ces saloperies se dirige droit sur… »

Le signal se coupe soudainement. Plus rien. Merde. On est trop loin ! Raaaah. Je me tourne vers Mac :

« Combien de temps pour rejoindre leur position ? »

Le comlink que je leur ai laissé dispose d’un traceur, ma visière affiche une carte approximative de la région cartographiée pendant ce mois d’immersion en milieu hostile.

« Vu le terrain… Entre trente et quarante minutes. »
« On n’arrivera jamais à temps ! »
« Y’a un autre moyen… »
« Je sais. »


Passer au plan « S ». L’ultime plan. Parce que si on foire le plan « S » on passe au planté. J’aime pas ça. C’est comme mettre toutes nos billes dans le même panier.

« On est loin ?! »
« A moins de cinq minutes dans cette direction. »


Putain même si je crois pas aux coïncidences, j’me dis que c’est trop beau pour être vrai. Bref, y’a pas à hésiter… L’escouade lève le camp…

Et cinq minutes plus tard, on atterrit dans une clairière. Le sol est boueux, dépourvu de l’humus habituel. Faut dire, la terre a été retournée récemment. Et pas qu’un peu. Je presse sur l’écran tactile fixé au poignet gauche de mon armure de combat. Bip sonore. Sous nos pieds la terre vibre… Je recule, alors qu’une caisse métallique, de quatre mètres de côté, trois de haut, s’extirpe de la fange dans un bourdonnement de répulseurs à vous en défriser les poils du fion.

La fameuse caisse de secours. Celle qu’on large toujours la veille de déployer les troupes. Celle qu’on n’ouvre qu’en cas d’extrême urgence. Le plan « S » quoi. Tout le monde connait ça non ?! Celui qu’on utilise lorsque tout le reste à foiré… Et accessoirement, il s’agit aussi de notre seul moyen de quitter cette jungle inextricable pour rejoindre le point d’exfiltration fixé à une centaine de kilomètres de notre position actuelle. Claquement des verrous magnétiques. Les trois cotés sur quatre tombent lourdement au sol, nous arrosant d’un véritable tsunami de boue pâteuse. Je passe la main sur ma visière souillée… Les yeux rivés sur ce petit bijou de mécanique qui n’attend que nous.

Un énorme pick-up tout terrain, équipé de six roues énormes. Cabine blindée. Vitres brises laser. Dans la remorque à l’arrière, derrière des panneaux de protection équipées de meurtrières, deux mitrailleuses lourdes nous font de l’œil. Au-dessus de la cabine, un trépied soudé à la carrosserie offre une position de tir parfaite pour Mad… Mais le plus impressionnant demeure l’imposant pare-buffle conçu à l’image de ceux qui équipent les véhicules brise-glace : effilé, prévu pour tout défoncer sur son passage… De quoi réduire en miettes bien des obstacles sur notre route. Avec ça, lancé à pleine bourre à travers la jungle, on devrait rejoindre les Jedi en une dizaine de minutes, grand max. En espérant ne pas manquer la fête.

« En voiture Simone ! »

Jett’ se jette aux commandes. Je prends le siège passager. Les trois autres grimpent dans la remorque, Mac et Matt aux mitrailleuses, Mad déjà en position de tir. J’ouvre la fenêtre, frappe un grand coup sur la carrosserie de la portière.

« Fonce Jett’ ! Montre nous ce que t'as sous le pied ! »

Hurlement de moteur. Il démarre en trombe, façon burn qui recouvre la jungle derrière nous d’une croute épaisse de boue marron caca. Malgré moi, je laisse échapper un sourire de jouissance. J’ai toujours kiffé les grosses mécaniques ! Plus c’est gros, plus c’est…

« Jett’ ! Quand on y sera… Si ces saloperies sont déjà là… Tu fonces dans le tas ! Jusqu’à ce que moteur soit noyé sous le sang et les viscères ! Yiiiiihaaaaa ! »
Invité
Anonymous
Fantastique ! En avant Chevalier ! Avait répliqué toute enjouée Hildegarde lorsque Karm s’était décidé à l’accompagner dans leur périlleuse tâche. Après la terrible nuit de cauchemars qu’elle avait vécue, la vieille Jedi venait de retrouver sa fougue et son entrain. Hors de question que quelqu’un d’autre subisse les agissements de ce Darth Alakam. Il ne quitterait pas la planète en un seul morceau. Elle se le jura.

Ils accompagnèrent Uyj’ju à travers les denses futaies percées par le lever du soleil. La vieille était restée en retrait fermant la marche et tâchant de mémoriser le chemin du retour au cas où. Le pourpre qui blessait le ciel dégageait une tranquillité feinte, de ces calmes avant les tempêtes qui faisaient chavirer les marins les plus aguerris.

En arrivant au paisible village, la vieille Maître s’assit sur un banc de fortune construit à même une souche d’arbre coupée et observa l’environnement préservé de cette partie de la jungle, si tranquille par rapport à l’autre village qui avait été attaqué et colonisé par les Impériaux. Elle sentait des murmures dans la Force, serait-il possible que certains de ces sauvages soient sensibles. De son expérience, les dons innés de la toute puissante Force pouvaient se manifester n’importe où mais il était toujours incongru de s’en apercevoir dans des endroits tels que celui-ci. Karm dissimulait suffisamment bien son aura à présent et la « trace » n’était pas assez sombre pour appartenir à un obscurantiste.

Son attention se reporta sur le drôle de comité de bienvenue.

Cette tribu possède un sens de l’hospitalité tout à fait discutable.

Glissa la Maître à Karm quand Uyj’ju fut menacé par ses propres compagnons. Peu inquiète, deux Jedis auraient facilement le dessus en cas d’escarmouche.

Elle comprenait, vu les événements que venaient de subir les tribus de ces villages, on pouvait leur accorder le droit de douter du bienfondé des intentions de deux Jedis. L’homme dépositaire de l’autorité, était leur meilleur point d’entrée.

S’il n’y en a qu’un seul à convaincre c’est bien lui mon vieux, nota la femme en désignant d’un signe de tête. L’homme à la jupe d’écorces. Cette situation fit ressurgir le souvenir encore vivace d’une négociation musclée contre une horde de pillards qui avaient envahis un centre commercial sur Sluis Van. Les bandits sous le joug total de leur chef étaient prêts à mourir pour lui, mais il avait suffi que sa tête soit tranchée par la lame de la Jedi pour que les valeureux brigands partent en retraite sans demander leur reste.

Le cas était absolument le même ici, il était inutile de perdre du temps avec les vieillards et les femmes. Elle en était sûre, les autochtones iraient au combat si leur chef leur en donnait l’ordre.

Installés peu après autour du spectacle offert par Karm, Hildegarde goûta une spécialité qu’on lui apporta dans un bol en bois rempli d’une sorte de ragoût fumant. Elle déploya un trésor de diplomatie pour avaler sans broncher le morceau de groin qui flottait à la surface et qui avait dû appartenir à l’un des gorets malodorants qui dormait à l’entrée du village.

La vieille Jedi laissa le gamin à moitié nu jouer avec son sabre qu’elle avait mis en position de sécurité alors qu’elle lui souriait et lui caressait les cheveux violets raidis par la saleté de l’enfant. Le gosse lui rappela ses propres petits-enfants. Elle fit léviter son arme pour amuser l’enfant qui se mit à rire en voyant l’arme tourner sur elle-même à la simple puissance de la Force. La démarche d’Hildegarde n’était pas innocente, le petit était sensible à la Force. Elle tira son sac vers elle et en tira un petit kit permettant d’analyser le taux de midichloriens.

Ne bouge pas mon petit, dit-elle en passant la tige du kit sur le poignet du petit. Elle inséra ensuite l’ustensile dans sa base et ce qu’elle lu sur l’écran lui confirma que le destin de l’enfant était à Ondéron. Elle partirait avec à la fin de la mission. Les rangs des Jedis étaient clairsemés par la guerre, toutes les nouvelles ressources étaient bonnes à prendre pour maintenir le flux de combattants nécessaires à cette guerre qui allait perdurer des années et des années.

Une fois que tu seras domestiqué et douché tu deviendras un grand Jedi, lui dit-elle en souriant tout en lui pinçant le nez. Le petit se mit à rire alors qu’un peu plus loin ce qui devait ressembler à sa mère regardait la scène avec méfiance.

Toujours de son sac, elle tira une photo imprimé de Saï Don et la tendit au petit qui l’attrapa et essaya de la sentir en reniflant bruyamment.

C’est notre chef à nous, le Maître Jedi Saï Don. Il aime beaucoup enfants comme toi, tu verras il est très gentil.

Le petit corna la photo et se mit à la lécher en souriant benoîtement, ne voyant pas du tout où la foldingue voulait en venir.

Tu peux la garder, ça sera ton porte-bonheur à présent !

Elle prit la décision de ne pas parler de son plan à Karm tout de suite, l’explorateur ne serait pas d’accord elle sur l’idée de ramener le petit au Temple Jedi. Il brandirait une de ces nouvelles histoires à dormir debout sur de développement de la civilisation et le respect des coutumes antiques. Autant de contes de bonnes femmes de l’Explocorps mais qui n’aideraient pas l’Ordre Jedi à triompher.

Le spectacle terminé, elle applaudit doucement et entreprit de rejoindre l’Ark-Ni au milieu de la place centrale.

Bon boulot Chevalier, vous êtes décidément plein de ressources. Vont-ils nous rejoindre ? Il faudrait que notre ami Uyj’ju partent quérir les autres villages alentours pour se faire notre voix. J’ai compté à peine une trentaine de personnes en âge de combattre. Si ces choses se multiplient on ne pourra pas tenir.

Uyj’ju s’était approché d’eux, il était accompagné par l’homme au bracelet qui devait être le chef. Les deux hommes discutèrent un instant dans leur langue et pointèrent ensuite du doigt Karm puis Hildegarde alors que le puissant guerrier pointait sa lance vers le ciel en mugissant ce qui devait ressembler à une sorte de cri de guerre tribal. Une femme potelée et à moitié-nue s’était approchée tenant dans ses mains une petite jarre grise.

Elle l’ouvrit et entreprit en souriant de peinturlurer le visage d’Hildegarde signes tribaux avec ses doigts. Satisfaite de son travail elle se tourna ensuite vers Karm et fit le même travail en lui souriant tendrement, plus intéressée par ses grands yeux que par les dessins qu’elles réalisaient.

Des peintures de guerre, je crois que nous avons réussi mieux que prévu.

Souffla la Jedi à Karm en prenant le temps de s’admirer dans un petit miroir portatif qu’elle gardait toujours précieusement dans une poche.

Et en effet, dans tout le village une sorte d’effervescence s’était fait sentir, les hommes sortaient de leurs huttes des sortes de frondes contenant des petits projectiles en forme de cristaux rouges qu’ils accrochaient à leurs ceintures de cordes. Les lances étaient aiguisées et un tambour sonna le tocsin de la guerre. Tout aurait pu avoir l’air d’être un peu précipité sauf que son comlink se mit à sonner. C’était le caporal-chef Kessel. Les lèvres pincées, elle décrocha.

Caporal-Chef Kessel, vous me recevez !

Elle blêmit et serra la main contre le comlink.

Bien reçu, faites-vite !

La Jedi prit une voix grave prévint Karm.

Nous allons avoir de la visite. Préparez-vous à défendre le village. Maintenant !

Comment prévenir les habitants. Il fallait à tout prix que les femmes et les enfants se mettent à l’abri dans les huttes mais comment communiquer avec les autochtones.

Un cri apeuré un peu plus loin confirma les dires de l’escouade Typhon. Ils étaient déjà là.
Attrapant le Chevalier Jedi par le bras, elle se mit à courir vers l’entrée du village où les gorets couinaient de terreur devant la vision apocalyptique.

Une horde de zombie formant une colonne de plusieurs dizaines de mètres avançaient en grognant, bras en avant vers l’entrée de la petite colonie. Ils étaient si nombreux qu’il semblait qu’un flot ininterrompu comme une langue gluante sortait de la forêt sans jamais s’arrêter. Alakam avait déjà dû passer par plusieurs autres villages pour grossir les rangs de son armée.
ls sont trop nombreux, il faut évacuer !

La Jedi, peintures de guerre sur le visage sortit son sabre mais ne l’alluma pas, elle s’avança vers le premier groupe et tendit la main en avant libérant la puissance d’une vague de Force qui fit s’envoler en arrière les premiers cadavres ambulants. Ils furent remplacés par d’autres, toujours plus nombreux.

Légèrement derrière Uyj’ju et ses hommes étaient arrivés et ouvrirent le feu à l’aide de leurs frondes à cristaux. Malgré leur bravoure ils n’étaient pas de taille et ne pourraient tenir contre les arts antiques des Siths.

Il faut que tu fasses évacuer le village, partez vers l’est ! Ils sont trop nombreux !

Tenta-elle d’expliquer en vain au chef du village qui continuait à mitrailler avec sa fronde la horde démoniaque qui s’approchait inexorablement.

Hildegarde fit de grands gestes avec les mains en fermant les yeux aspirant la Force autour d’elle. Dans une impulsion de force elle renversa un des arbres sur le côté pour barrer le chemin aux zombies sous les regards incrédules des villageois. Malgré cet effort, le flot de zombies était toujours trop imposant. Qu’à cela ne tienne...

C’était une Maître Jedi, la fine fleur de Carratos et même devant la gueule béante de l’enfer, elle ne fuirait pas. Puisant dans ses ressources, elle alluma son sabre et le lança à toute volée vers les zombies tranchant plusieurs têtes alors qu’elle entreprenait un saut par-dessus les zombies proprement impressionnant à son âge. La vieille Jedi se retrouva au milieu de la masse grouillante.

Alakam ne devait pas être loin, elle pouvait le sentir.

Elle récupéra son sabre et se mit en position du Juyo laissant sa nature obscure prendre le dessus sur son aura de Force. Un sourire carnassier plus tard elle entra en action, tranchant et coupant tout ce qui dépassait en poussant de grands cris.

Le groupe des guerriers avait sonné la charge et fonçaient lance en avant vers la marée humaine, le choc fut d’une violence inouïe, plusieurs des combattants indigènes furent mordus et revinrent à la vie presque instantanément venant grossir l’armée ennemie. Hildegarde combattait toujours vaillamment.

Un bruit de moteur se fit entendre alors qu’une jeep laser vomissant un torrent de laser venait de sortir de la route principale. L’insigne sur le flanc du véhicule ne pouvait pas tromper. C’était les Typhons. La jeep écrasa un groupe de zombies les transformant en une masse de viscères sanguinolents alors que la mitrailleuse laser fauchait dans le rang de l’armée empilant les cadavres tièdes.

Je savais que ce n’était pas un traître !

Dit-elle tout haut et toute heureux pensant à Korgan qui venait de faire honneur à toute la République.

De l’autre côté du village, des cris se firent entendre alors qu’Hildegarde hurlait tout en continuant à faucher

Alakam n’est pas loin ! Il faut le trouver et l’exterminer !
Karm Torr
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— On dirait la cafétéria du Sénat après une session plénière, observa avec flegme l’Ark-Ni alors qu’une horde de zombies titubait vers eux.

L’humour d’astéroïde, qu’on appelait ça, froid et dangereux comme l’espace, une spécialité de son peuple, censé dédramatiser les situations les plus délicates. Torse nu, couvert de peintures de guerre, le sabre à la main, Karm ressemblait cependant beaucoup plus à un guerrier primitif qu’à l’un de ces ingénieurs stoïques qui réparaient des hyperdrives antiques avec un chewing-gum et une paire de pin’s, à deux encâblures d’une nébuleuse.

Et bientôt, ce fut le bruit et la fureur. Les enfants avaient eu la présence d’esprit de s’enfuir à toutes jambes mais les hommes du village restaient pour se battre, sous le regard des femmes. Il y avait chez eux plus de détermination que de confusion et sans doute, informés par leurs croyances, par ce monde d’esprits et de totems dans lequel ils vivaient tous les jours, ils étaient moins choqués par le spectacle d’un enfer surnaturel qui s’ouvrait béant devant eux que ne l’auraient été les citadins plus éduqués de Coruscant.

Les sabres des Jedis firent forte impression. Leur lumière pure ajoutait au spectacle de la guerre l’évidence pour ainsi dire primordiale de la lutte entre le jour et la nuit, entre l’obscurité et la clarté, et inspirait aux guerriers du village une conviction renouvelée, et même mystiques. Karm était resté à l’arrière-garde pour contenir le flux que Marja, en un bond prodigieux, était partie s’employer à trancher un peu plus loin.

Le style rapide, technique et agile de l’Ark-Ni était un avantage précieux dans de pareilles circonstances. Contre un autre adversaire plus musculeux qui aurait manié ses propres armes, le duel pouvait être bien difficile, mais la lenteur des morts malhabiles en faisaient des victimes faciles. Ce n’était qu’une médiocre consolation, tant leur légion apparemment inépuisable paraissait pouvoir fournir continuellement de nouveaux combattants à ceux qui étaient tombés.

La lame d’émeraude virevoltait dans le matin pourpre. Parfois, elle s’échappait des mains du Jedi, traversait la colonne putride et Karm distribuait à mains nues des coups rapides que la Force rendait redoutable, avant de récupérer l’arme qui venait se loger d’elle-même dans sa paume. Déjà, la chaleur de la jungle pesait sur le jour. Le village avait été construit dans une clairière saine, par les cadavres des zombies lui donnaient désormais l’atmosphère putride d’un marais saumâtre.

Quand bien même l’invasion était finalement contenue, il y avait fort à parier que les villageois seraient contraints à l’exil et que les terres ici resteraient longtemps infertiles. Ce jour-là, il n’y aurait pour eux que de victoires à la Pyrrhus. Quand il fut évident que les cristaux n’offraient que des armes dérisoires, le chef du village fit battre la retraite. Heureusement, ils couraient plus vite que les zombies : en cela au moins ils avaient l’avantage. La jeep surgit au milieu de la débandade. Karm s’élança plus avant.

Il s’agissait désormais plutôt d’éviter la fureur des mitrailleuses que de contribuer au carnage. Avancer, le plus vite possible, et peut-être le plus discrètement, pour mettre la main sur le sorcier sith. Karm avait le mince espoir qu’avec les spécialités qui étaient les siennes, Alakam ne serait pas trop redoutable en combat singulier. C’était bien possible mais encore fallait-il pouvoir l’atteindre. Si la présence du Côté Obscur devenait de plus en plus sensible, à mesure que le jeune homme contournait la colonne de zombies en courant avec une agilité surhumaine dans la jungle, la colonne, elle, s’élargissait et il finit par se rendre à l’évidence que l’arrière-garde maléfique formait un rempart autour du sorcier lui-même.

La vigueur de sa jeunesse et son expérience solide des terrains difficiles lui avaient laissé une longueur d’avance sur Marja. Il lui semblait cependant qu’il était plus sage de laisser la Jedi s’occuper du sorcier. Karm avait surtout combattu des guerriers siths et s’il se sentait à l’aise à la perspective d’un duel sabre à la main, l’idée de se confronter à des pouvoirs plus ésotériques qu’il comprenait mal l’intimidait. Marja était une femme d’expérience et même si, aux yeux de Karm, elle était loin d’incarner l’idéal jedi, elle saurait sans doute mieux se défendre contre des assauts de ce genre.

Accroupi dans la végétation, Karm reprenait son souffle et réfléchissait. La sueur avait déformé sur son torse nu les peintures de guerre. Il serra un peu plus fort le sabre de Luke dans sa main, pour se donner du courage. Une diversion. Attirer l’attention d’Alakam, fendre son cordon de sécurité, et offrir à Hildegarde l’opportunité d’attaquer de l’autre côté et de prendre le sorcier à défaut, pendant que les Typhons faisaient le ménage pour empêcher les zombies de se replier sur leur position. C’était simple. C’était peut-être aussi suicidaire.

Le Jedi ferma les yeux.

— Je suis dans la Force et la Force est en moi, murmura-t-il, alors que les cris, les tirs de laser, la végétation fauchée, la rumeur des animaux qui fuyaient le lieu des combats, toute la fureur de la bataille remplissait la jungle derrière lui. Je suis dans la Force et la Force est en moi.

Et il s’élança à nouveau. La lame ne surgit en vrombissant que lorsque les premiers zombies se jetèrent sur lui. Au-delà de la horde encore nombreuse, il aperçut la silhouette encapuchonnée du sorcier sith, debout sur le poste de commandement mobile, les yeux mi-clos, les lèvres entrouvertes, les bras tendus devant lui, perdu dans une invocation ancienne. Lorsque le sabre laser pénétra dans la chair des premiers zombies, Alakam ouvrit brusquement les yeux. Karm sentit son regard se poser sur lui.

Un éclair fusa à travers l’air lourd de la jungle. Un peu partout, les zombies perdaient l’ordre quasi militaire que l’esprit du Sith, désormais concentré sur Karm, leur avait jusque là imposé.

C’était une bonne nouvelle.
Pour les autres.
Korgan Kessel
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Dans un vrombissement de moteur assourdissant, la jeep jaillit de la jungle. Elle bondit en direction des colonnes de zombies, propulsée dans les airs par une motte de terre devenue l’espace d’une seconde un putain de tremplin de la mort qui tue. Elle retombe lourdement. Crissement des amortisseurs soumis à de rudes efforts. Je serre les dents, manque d’être éjecté de mon siège, la gueule dans le pare-brise. Direct, Jett’ écrase la pédale de l’accélérateur. Pied au plancher. Les pneus crissent, fument. La jeep redémarre en trombes alors que déjà une dizaine de ces machins contre-nature tente de s’agripper à la carrosserie malmenée par la course folle à travers la végétation dense. Le pare-buffle, chargé de branches arrachées, fracasse plusieurs crânes. Ceux qui ne sont pas violement repoussés, finissent sous les énormes roues, pulvérisés en une bouillie informe.

Mais tout ça n’est rien comparé au déluge de feu qu’on balance sur l’ennemi. Imaginez les trucs héhé : moi, canon du fusil blaster posé sur la portière arrosant tout ce qui passe dans ma ligne de mire… Matt et Mac, debout dans la benne à l’arrière, mains crispées sur les commandes de deux impressionnantes gatling, lâchant plus de mille lasers à la minute… Et cerise sur le gâteau, Mad, fusil de précision logé sur son trépied, alignant l’arrière ligne ennemie, afin de couvrir les miches des villageois qui fuient pour sauver leur vie. Bref, c’est un putain de gros bordel comme je les aime.

Au milieu de tout ça, fugitivement, je distingue la lueur crue du sabre de la vieille peau. Elle s’est lancée dans le cœur de la bataille, telle une hystérique enragée… Mais pour être franc, j’ai pas vraiment le temps de profiter du spectacle. Les créatures sont nombreuses, insensibles à la peur. Plutôt que de fuir face à notre puissance de feu, elles nous encerclent de leur masse pourrissante. Lorsqu’une tombe, deux grimpent sur son cadavre… Jett’ use de tout son savoir-faire pour ne pas se laisser immobiliser. Mais plus les secondes passent, plus la jauge de température du moteur vire au rouge. Ces saloperies se hissent sur le pare-buffle, à la carrosserie, aux roues. Lentement, mais surement, elles nous submergent. Putain, j’aime pas ça…

J’ouvre la gueule pour donner l’ordre de reculer, j’sais pas, de prendre un peu de distance pour faire le tour du village et revenir à la charge sous un autre angle… Mais alors même que le premier mot sort de ma bouche, une main jaillit dans mon champ de vision, rapidement suivie par une gueule lacérée pleine de dents pourries. Les doigts de la chose s’accrochent sur la portière alors que je lui éclate le crâne à grands coups de crosse… Elle pisse le sang, le visage transformé en une purée cramoisie parsemée de fragments d’os, mais elle résiste, les ongles enfichés dans le métal. Je peste, redouble d’efforts. Raaah. Une seconde créature lui grimpe sur le dos, puis une autre. Deux paires de bras fondent dans ma direction, deux paires de mains se referment sur les plaques de blindages de mon armure de combat intégrale. Impossible de m’en défaire ! Bordel de merde ! Avec une force sur-humaine, elles me tirent en avant… Je beugle :

« Jett’ ! Fou les gaz putain ! »

Le moteur hurle de plus belle… Et je réalise alors ma putain d’erreur. L’accélération soudaine désarçonne les créatures.. Mais leurs petits doigts sont si solidement accrochés à mon armure qu’elles m’entrainent avec elle. Même pas le temps de dire : putain de merde, j’suis trop con ! Que déjà, je passe par-dessus bord, traversant l’ouverture béante de la fenêtre passager abaissée pour me permettre d’arroser le périmètre. Je m’éclate au sol, sur un lit de cadavres encore tiède. Je roule, tente de me relever… Mais déjà plusieurs de ces saloperies me sautent dessus. Les mâchoires claquent sur mon armure. Sous leurs dents, le métal grince, se déforme. Je peste, use de toute l’énergie de mon désespoir… Mais en vain. Elles sont trop nombreuses. Elle s'entassent sur moi, façon mêlée de Huttball. Respiration coupée sous leur masse, je suis incapable d'aligner deux mots… Arrg. Dans mon casque ça beugle de tous les côtés :

« Korgan est tombé ! »
« Il est où ? »
« Je ne le vois plus ! »
« Putain Jett’ ! Reviens en arrière ! »
« J’peux pas ! Elles sont trop nombreuses ! »


Je me débats comme un putain de diable. Par chance, ou par miracle, je parviens à me libérer l’avant-bras gauche… Raaaah. Quitte à crever, autant le faire en beauté hein ! Direct, je déclenche le mini lance-flamme intégré à ma prothèse. Une impressionnante gerbe jaune orangée s’en échappe, carbonisant tout sur son passage… Moi y compris. Mon armure vire au rouge, une alarme de hurle à l’intérieur de mon casque… L’affichage tactique tête haute clignote, grésille, disparaît dans une explosion de neige électronique multicolore.

« Korgan, si tu m’entends ! On va te sortir de là ! »

Je parviens tout juste à lâcher :

« Négatif ! Dégagez de là ! Je vais les occuper ! »
« Mais… »
« C’est un ordre, bordel de merde ! »


Silence radio. J’ignore si les Typhons obéissent en silence, ou si le comlink vient de rendre l’âme. Ouais. J’me sacrifie pour que la reste de la team puisse s’en sortir. Fait chier. Mais bon. Je suis payé pour ça non ? Crever dans l’exercice de mes fonctions… Pour être franc, à ce moment, aucune pensée ne traverse mon esprit. Juste un calcul simple. Un mort pour quatre survivants qui pourront épauler les Jedi et sauver les civils. Le choix est vite fait. Et j’suis pas le seul à être arrivé à cette conclusion, c’est net. Péniblement, je parviens à me remettre sur pieds. Les créatures ont reculé, impressionnées par les flammes. Mon armure fume, comme tout droit sortie du cratère d’un volcan. Je tousse. J’étouffe à l’intérieur. Je tourne sur moi-même, pour les maintenir à distance… Dès que je leur montre le dos, elle tente de me sauter dessus. Elles agissent exactement comme des bêtes sauvages. Il n’y a plus rien d’humain dans leur comportement. Pendant ce temps, la Jeep met les voiles, elle prend de la distance. Un sourire satisfait illumine mes traits tirés, juste au moment où les derniers millilitres de combustible partent en fumée. Le lance flamme s’éteint… Et la horde de monstre se rapproche à nouveau. Ma main lourdement gantée glisse jusqu’à un compartiment intégré à mon armure de combat. Du bout des doigts, je saisis le dernier pain d’explosif, ainsi que son détonateur. Je l’avais gardé en réserve pour un moment désespéré… Haha, bah on va dire que je suis servi : ça sera mon baroud d’honneur ! J'esquive la première créature qui me saute dessus, pour la lui coller dans le dos. Mais déjà, la suivante m'agrippe, me fait tomber au sol façon placage de Huttball tandis que ses petites copines reprennent ardemment le grignotage de mes extrémités carapaçonnées… Je détonateur m'échappe, il tombe au sol, roule. Merde ! Mâchoires serrées, je m'étire le bras à m'en démettre l'épaule... L'extrémité de mes doigts le caresse... Putain, j'y suis presque ! Enfin, je parviens à le saisir ! C'est parti pour le feu d'artifice !

Mais pile au moment où je m’apprête à écraser le bouton, un truc de dingue se produit. D’un coup, d'un seul, sans la moindre raison apparente, toutes les créatures me relâchent, reculent … Qu’est-ce que… Et, avec une célérité improbable, elles me tourne le dos, pour fuir. Hein ?! Pourquoi ?! D’un bond je suis sur mes jambes. Complètement perturbé.

« Les gars ?! Y se passe quoi ?! »
« Korgan ! T'es toujours en... »
« Je veux une réponse ! MAINTENANT ! »
« C’est les Jedi. Ils viennent d’engager le centre de commandement mobile ! »


Donc ils ne fuient pas. Cet enfoiré de Sith de mes deux rappelle ses troupes. Ça sent mauvais pour les deux Jedi. Ils vont se faire littéralement submerger. Faut que Typhon les sorte de là le plus vite possible !

« OK. Vous occupez pas de moi ! Foncez soutenir les Jedi. Je vous rejoins par mes propres moyens… »
« Reçu cinq sur cinq boss… »


Je récupère mon fusil tombé non loin, puis fonce en direction du centre de commandement mobile, où tout semble se jouer à présent. Il est distant de plus de huit cents mètres, de l'autre coté du village… Une sacrée distance compte tenu de mon état de fatigue. Je peine à respirer, la cage thoracique comprimée par les plaques de blindages déformées. Mais je préfère encore ça plutôt que l’enlever… Plutôt crever asphyxier que zombifié hein !

En moins d’une minute, je pénètre dans le village indigène à présent désert. Plusieurs cadavres jonchent le sol. Des cadavres réellement morts ceux-là. Mais rapidement, un mouvement à la limite de mon champ de vision me fait vivement tourner la tête. Je réagis au quart de tour. Je lève mon arme et presse la détente. Le rayon mortel fauche un zombie en pleine tête. La créature tombe à genou, avant de basculer en avant. Je me fige, tous les sens en alerte. Le Sith n’a visiblement pas rappelé toutes ses troupes… Je pivote lentement sur moi-même, la crosse solidement plaquée contre le creux de mon épaule. Un autre mouvement, sur la gauche. Je tire. La cible s’effondre. Un autre, à droite. Merde ! Je tire dans le tas, puis fait volte-face, façon sprint pour sauver mes miches, alors qu’une bonne dizaine de ces saloperies sortent de l’ombre des huttes rudimentaires. Droit devant, un muret en boue séchée me barre la route. Je le contourne, tout en arrosant mes poursuivants à l’aveuglette. D’autres créatures sortent des édifices proches… Raaah… J’accélère encore. Dans le mur se découpe une arche voûtée. Sans réfléchir, je m’y précipite, espérant l’utiliser comme un goulet d’étranglement. Mais de l’autre côté, je découvre une bâtisse en bois, genre la maison du chef du village. Un zombie tambourine contre la porte massive. Sans hésiter, je l’aligne d’un tir précis, sans même ralentir le pas.

« Y’a quelqu’un ?! »

J’suis peut-être un peu con aux yeux de certains hein… Mais bon, le zombie il essayait pas d’entrer pour piquer la télé. A mon tour je tape sur la porte.

« Ouvrez-moi putain ! J’en ai une bonne quinzaine aux miches ! »

En terrain découvert je risque de me faire chopper… Mais si je parviens à les prendre à l’intérieur, je pourrais les allumer les uns après les autres, façon guérilla en milieux urbain. J’suis sorti major de ce module aux derniers entertainments sur Carida ! De l’autre coté de la porte. Je n’entends d’abord pas grand-chose… Faut dire qu’entre mon cœur qui bat la chamade, et mon casque qui est HS… Du coup, je prends un risque. Je le retire, pour plaquer mon oreille sur le bois. C’est des sanglots d’enfants que je perçois !

« Ça urge ! J’suis un gentil moi ! Je bute les méchantes créatures ! Ouvre-moi, ou le zombie me tuera ! »

Ça me rappelle vaguement une chanson de mon enfance… Non ? Ouais j’ai pas eu une enfance super facile. Bref. Un grognement dans mon dos me donne des frissons. Je fais volte-face. Les premiers zombies passent sous l’arche de l’enceinte. Je lève mon arme, tire… Mais alors que je presse la détente, un détail me saute à la gueule. Ceux là semblent bien plus frais que ceux que j’ai affronté tout à l’heure. Leurs tatouages rituels sont différents aussi… Je capte alors que ces zombies-là sont en fait les guerriers du village passés contre leur gré à l’ennemi. Une histoire sans fin ! Je les aligne, tandis que dans mon dos, un grincement indique qu’on déplace un truc lourd de l’autre côté de la porte barricadée. Regain d’espoir. Ils sont plus lents, plus badauds… Ce qui le sauve les miches. Ils ont à peine parcourus la moitié de la distance nous séparant lorsque les gonds grincent. Je me précipite à l’intérieur, claque la porte, et entreprend de remettre la grosse armoire là où elle se trouvait quelques instants plus tôt.

« Ça devrait les retenir quelques minutes… »

Je me tourne vers la silhouette planquée dans la pénombre. Il fait si noir que je ne distingue ses traits.

« T’as des armes, quelque chose qui pourrait servir d’explosif ?! »

Je lui parle sans même réaliser qu’il ne doit piper le moindre mot. Comme il dit rien, j’avance. Mais la silhouette recule. A mesure que mon œil s’adapte à l’absence de lumière, je réalise que j’ai face à moi un gamin d’à peine treize ou quatorze ans. Je lève les mains en signe de paix… Mais à peine ai-je esquivé ce geste que ça se met à cogner contre la porte, les murs, les fenêtres. Un vrai concert de fin des temps. Forcément, le gosse se crispe, se roule en boule dans un coin, les deux mains sur les oreilles. Et c’est alors que je la remarque… La trace de morsure sur son avant-bras. Merde ! Direct, je lève mon arme, lui vise la tête… Mais mon index se crispe. Descendre un gosse de sang-froid, ce n’est pas vraiment mon délire… L’autre relève la tête, regard paniqué. Il secoue les mains, parle dans une langue dont je ne pige rien. Il montre sa plaie, me fait signe d’approcher. Je fronce les sourcils, mais obtempère, une main posée sur la poignée de mon couteau de combat, prêt à l’égorger au moindre geste d’agressivité. La morsure fait peur à voir. Elle est profonde… Mais le sang est coagulé autour des empreintes de dents. Je mate la plaie, mate la gosse, mate la plaie. Elle est vieille d'une bonne journée. Comment c’est possible ?! Est-ce que ce gamin se serait échappé d’un autre village ?! Le plus troublant, c’est qu’il ne présente aucun signe de mutation.

Alors j’me dis… Soit j’suis tombé sur le seul type immunisé à cette saloperie de plante à des kilomètres à la ronde, soit ça va mal se terminer cette histoire… Raaah. Autour de nous, ça continue de tambouriner. Rapide état des lieux. Il y a des plusieurs autres meubles. Rudimentaires certes, mais taillé dans un bois massif, et donc lourds. Je passe mon fusil en bandoulière, et entreprends de barricader un peu mieux les ouvertures. Un étroit escalier donne sur l’étage. Lieu parfait pour forcer ces saloperies à se mettre en file indienne comme à l’abattoir. Je choppe le gosse par l’épaule, et lui montre les marches, pour qu’il monte. Je lui emboîte le pas. Au dessus de nos têtes, le toit est composé d’un entrelacement savant de fines poutres souples, recouvertes de paille séchée. Je me pose, un genou à terre, sur la dernière marche, prêt à tirer sur tout ce qui osera se présenter en contrebas. Les minutes défilent… De plus en plus intenables… Pendant ce temps, le gosse se tient tranquille. Il est plus ou moins en état de choc. Je finis réellement par croire que je suis tombé sur la perle rare… Alors je décide de briser le silence radio pour informer les autres. Mon casque étant HS, j'utilise le comlink relié à celui refilé aux Jedi, espérant qu'ils relaieront le message aux Typhons :

« Ici Kessel ! Je suis coincé à l’intérieur du village, dans la grosse hutte au centre. J’ai trouvé un gamin qui semble être immunisé à cette saloperie de plante… Il pourrait être la clé pour la stopper. »

Sous mon crâne, les réflexions fusent. Les pièces du puzzle s’emboitent.

« J’crois bien que le Sith contrôle plus ou moins ses créatures à distance… Mais pas toutes. Celles qui étaient les habitants de ce village agissent indépendamment de sa volonté. J’sais pas… C’est peut-être lié au machin électronique qu’on a trouvé sur celui qu’on a découpé en rondelles. Ou alors c'est juste qu'il a pas eu le temps d'en prendre correctement le contrôle. Bref… Buter le Sith ne résoudra pas tous les problèmes… Ces saloperies sont autonomes. Elles continueront de se multiplier avec ou sans lui pour les commander. Alors ne faites pas de conneries ! Typhon peut vous sortir de là ! »

Au rez-de-chaussée, la porte grince sous le poids cumulé des cadavres ambulants. Les gonds en bois se fissurent lentement. Si seulement j’avais pas collé ma dernière charge sur… Ma dernière charge ?! Oh putain ! Je l’avais complètement oubliée !

« Ah… Heu… Oui… Une dernière chose… Si vous voyez un zombie avec un pain d’explosif collé sur le dos… Bah… je vous laisse trente secondes pour mettre le plus de distance possible entre lui et vous… Kessel, terminé.»

Je choppe le détonateur, puis compte. Un… Deux… Jusqu’à trente. Alors, paré d’un sourire carnassier, je presse sur le petit bouton rouge sang. Explosion tonitruante étouffée par la distance et les murs épais. Le sol, les murs, le plafond vibrent quelques instants, libérant un nuage de poussières qui m’irrite les muqueuses. D’ici, impossible de voir le gros champignon noir composé de feu et de fumée surchauffée. Putain de merde, c’est frustrant… J’espère que j’ai fait un putain de gros carton…

Quelques instants plus tard, la porte cède sous les assauts ennemis.
Invité
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La sueur perlait sur le visage de la Jedi à mesure que les cadavres fumants s’amoncelaient sous ses assauts impitoyables contre la horde de zombie. Un peu plus loin, elle vit le véhicule s’ébranler sous la marée humaine, en désespoir de cause. Elle bondit pareille à une démone essayant de se rapprocher de l’endroit où l’homme était enseveli. Karm avait moins besoin d’aide, de ce qu’elle avait pu observer, l’Ark-Ni brillait autant par ses prouesses martiales que par sa capacité à rentrer en osmose avec le terrain accidenté de Mentanar Vosk.

Le regard vide à la recherche du Caporal-Chef, elle vit trop tard qu’un zombie au sol, mâchoire béante ouverte avait rampé vers elle. Le corps du monstre, pourtant coupé en deux gardait sa capacité à ramper mais aussi à mordre. Son sang ne fit qu’un tour en sentant une rangée de dent percer son mollet alors qu’un hurlement de douleur couvrit le bruit grouillant de la masse des zombies.  La vieille Jedi s’écroula au sol le visage à quelques centimètres à peine du zombie, l’infecte créature était à présent si proche qu’elle pouvait presque sentir son haleine. D’une vague de Force elle fit exploser sa boite crânienne la recouvrant de sang.

Elle souffla. Un œil sur la blessure plus tard elle comprit que même si la plaie semblait superficielle, les points de suture qu’il faudrait réaliser étaient le dernier de ses problèmes. Elle était condamnée, mordue, elle finirait pas subir la terrible mutation qui avaient transformé les habitants du village en monstre assoiffés de chair. De dépit, elle se releva retenant une grimace de douleur. Une analyse rapide de la situation plus tard elle sut qu’il ne restait qu’une seule solution. La vieille attrapa son Comlink et ouvrit une communication avec son acolyte Jedi.

Karm, j’ai été mordue. J’ai besoin que tu viennes vite et que tu tranches ma putain de jambe, vite !

Sa voix était déformée par la douleur et par la terrible perspective d’être amputée par un allié.

Mais  ll fallait se rendre à l’évidence, c’était là la seule solution, ou début de solution ; car il était peut-être déjà trop tard.

Hildegarde avait toujours eu un rapport très distanciée face à la mort et aux meurtrissures, comme tant d’autres Jedis elle avait déjà été blessée plus d’une fois mais elle avait eu la chance de conserver tous ses morceaux. Quant à la perspective de la mort : elle s’en était toujours moquée car n’avait jamais été confrontée à elle d’aussi près. C’était l’image qu’elle voulait renvoyer, une grand Jedi à qui rien ne faisait peur, pourtant : la peur s’immisçait en elle. La peur que Mentanar Vosk soit son tombeau.

La voix providentielle de Kessel raisonna dans son Comlink comme un cadeau venu du ciel.

Bordel de merde ! Bonne nouvelle Korgan, essayez de le ramener à Karm, il pourra sans doute élaborer un traitement, bougez-vous mon vieux ! J’ai été mordu par une de ces saloperies.

Beugla-elle alors qu’une explosion proche la projeta à terre à nouveau dans un nouveau cri de démente. Au sol, elle changea de fréquence pour reprendre contact avec son acolyte.

Karm, changement de plan. Retrouvez le Caporal-chef, il a peut-être trouvé un traitement, localisez-le et allez l’aider ! Bougez-vous, je vais essayer de les retenir pendant ce temps-là.

Hildegarde avait perdu le contrôle et avait totalement vociféré dans son Comlink les dents serrés pour reprendre le contrôle de la douleur qui lui vrillait la jambe.

Au loin à l’orée du village, un nouvel épisode glaçant se dessinait à l’horizon. La présence noirâtre de Darth Alakam se faisant plus présente, plus proche. Comme un nouvel indice, le flot de zombie se faisait moins important. Naturellement les Typhons et les Jedis y étaient pour quelque chose mais une sombre gravité semblait s’être emparée du village, comme l’ombre d’une menace plus grande encore.

Darth Alakam se dévoilait enfin au grand jour, à l’image de ses minions, répugnant, suintant le mal par chaque pore la peau, aussi rachitique qu’un squelette. Il s’avança vers Hildegarde qui s’était relevée pour aller à sa rencontre dans le chaos ambiant. Un sourire démoniaque perça le visage défiguré du sorcier. Le monstre se mit à incanter, une litanie de mots vides de sens dans un dialecte antique. Il toisait la vieille Jedi sans trembler entouré de plusieurs zombies, imperturbable. Le Sorcier tenait en main une télécommande. Sans doute l’engin avec lequel il contrôlait son armée de zombie.

[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]

Alakam, il est temps de payer pour la mort et la désolation que tu as semé en ces terres.

Vous m’appartenez déjà, venez, venez grossir mes rangs, répliqua le sorcier d’une voix venue d’outre-tombe.

Le combat allait commencer, aucun autre mot n’était nécessaire. Qu’importe l’issue, Hildegarde se savait presque déjà condamnée. À périr, elle se jura d’amener Alakam dans la Force avec elle. Il n’y avait pas de peur, pas d’émotions, il n’y avait que la Force.

La vieille Jedi fit face concentrant son aura de force sur sa jambe pour contrôler la douleur. Elle attrapa son sabre et dégaina sa lame verte, position Juyo. Le sorcier fit de même libérant une fine lame rouge. Le combat ne se gagnerait pourtant pas au sabre, les pouvoirs ésotériques d’Alakam étaient sa meilleure arme.

Un peu plus loin, un arbre s’écroula sous le passage d’une nouvelle créature démoniaque. Haute de plusieurs mètres, un zombie géant s’échappa de la jungle en poussant des borborythmes indistincts. Il semblait être un assemblage de plusieurs zombies. Si large et si grand que son ombre s’étendait sur plusieurs mètres. Une autre bonne nouvelle en perspective.  

[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]

Les Typhons, regroupez-vous, j’ai un gros cafard à écraser.

Dit-elle dans son Comlink à l’attention de Jeff et de Mat qui étaient restés un peu en retrait terminant de mettre à terre l’immense armée.

Putain mais il est gros celui-là ! Comment ça se bute ce machin-là ? S’exclama Mat au Comlink

Comme les autres avec un gros, gros fusil, répondit Jeff en arrivant sur zone.

Dans un hurlement Alakam envoya des éclairs de Force sur Hildegarde qui mit sa main en avant pour absorber les éclairs. Un halo blanchâtre se forma sur ses avants bras tandis qu’elle jugulait la puissance du côté obscur pour faire reculer les éclairs bleus qui naissaient dans les mains d’Alakam.

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Karm Torr
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« Karm, fais diversion avec le Sorcier Sith. »

— J’suis…

« Karm, viens donc m’amputer la guibole. »

— … un peu…

« Karm, prépare nous une tisane curative. »

— … occupé, souffla l’Ark-Ni, qui agrippait son sabre laser comme si sa vie en dépendait, alors qu’Alakam déversait des éclairs de Force à n’en plus finir droit dans la lame verte.

Dans toute cette histoire, il y avait au moins une évidence : Darth Alakam n’était pas un subtil. Son style, c’était les hordes de zombies, les monstres géants et, en l’occurrence, les éclairs droits dans la face. Pas une seule seconde il n’avait essayé d’aborder l’intervention de Karm autrement que par la force brute, manifestement persuadé que l’Ark-Ni finirait par plier devant la décharge d’énergie.

Et il n’avait sans doute pas tort. Campé sur ses deux pieds, Karm commençait à faiblir. Des zombies titubaient au petit bonheur la chance, mais même sans l’esprit d’Alakam pour les guider, ils trouveraient fatalement leur chemin jusqu’à lui. Et si Korgan avait vraiment trouvé un remède… Le calcul fut vite fait. Le jeune homme prit une profonde inspiration. C’était un peu un coup de bluff, un peu un demi-suicide.

Brusquement, il coupa la lame du sabre laser et fit un pas de côté. Pas assez pour éviter l’assaut d’Alakam, juste assez pour ne pas le prendre de plein fouet. Le bord du delta d’éclair le frappa dans les côtes et l’envoya voler en travers de la petite clairière où le poste de commandement mobile s’était arrêté. Le Jedi heurta le tronc d’un arbre. Il sentit l’écorce lui ouvrir la peau. Souffle coupé. Karm se laissa tomber au sol. Et fit le mort. D’ailleurs, il ne pouvait pas faire grand-chose d’autres.

Les secondes passaient, et Karm tentait de faire abstraction de sa peur et de ses incertitudes. Récupérer de ses blessures. Se soigner. Avoir l’air d’un cas réglé. Et profiter du répit pour se faufiler jusqu’à Korgan. Son dos était ensanglanté, son vente était brûlé, ses membres étaient douloureux, mais cela, tout cela, c’était négligeable. Il avait connu pire, ou différent, ailleurs, sur d’autres planètes, dans d’autres combats. Toutes les blessures finissaient par se refermer, tous les maux finissaient par être guéris. Il suffisait de gagner.

Il sentit l’ombre du sorcier s’éloigner. Une paupière soulevée. Et puis l’autre. L’Ark-Ni se mit péniblement à genoux. Une main plongée dans la boue pour en enduire son torse et calmer la douleur lancinante de la brûlure, qu’une rapide méditation curative n’avait pas pu soigner à elle seule. Plus tard. Il y avait d’autres priorités. Le jeune Chevalier se releva pour de bon, plissa les yeux, et balaya du regard la forêt éventrée de toute part.

Partout, à perte de vue, des arbres tranchés par la jeep, les éclairs de Force ou les sabres lasers, et en-dessous, des cadavres putréfiés et mutilés. Des incendies. Du sang sur les feuilles. Une nouvelle explosion souffla une dizaine de mètres de végétation. Au loin, les cris se mêlaient aux grognements, les éclairs au rugissement du moteur. Karm prit une profonde inspiration et s’élança à nouveau, sans occulter la douleur.

C’était ce que sa Maître lui avait appris, dans son entraînement que d’autres, au sein de l’Ordre, avaient jugé si proche de la méthode sith. La douleur était utile. On s’y plongeait pour y trouver l’état second de la bataille. La force, la vie, l’adrénaline, la conscience de son propre corps. Karm sentait le sang battre dans ses veines, l’air brûlant remplir ses poumons. Il bondissait de tronc en souche, évitait les cadavres. Parfois, la lame verte fusait fugacement dans le matin de la jungle, pour trancher un zombie, avant de se rétracter à nouveau.

Il arriva finalement à la lisière du village. Les créatures s’étaient massées autour d’une cabane de bois. Privées de commandant, elles se bousculaient dans un désordre entier pour tenter d’y rentrer la première. Parfois, une sorte de dispute éclatait entre les membres de cette sinistre troupe. Un zombie arrachait le bras d’un autre. Gobait un œil. Et puis on passait à autre chose et on recommençait à se frayer un chemin dans l’enchevêtrement des meubles.

— Kessel, murmura Karm en réactivant son comlink. J’suis là. J’les prends à revers. Protégez la source.

Vrombissement.
Lame verte.
Le sabre fusa à travers l’air, précédant l’Ark-Ni, qui s’était élancé enfin à découvert, au pas de course.

Le laser s’enfonça dans le cadre d’un zombie qui malmenait un vaisselier, et la garde bondit aussitôt en arrière pour se loger dans la main du Chevalier qui, d’un bond, vint l’abattre dans la nuque d’un second. Nouvelle vague de confusion. Une partie des zombies finit par se tourner vers lui, tandis que l’autre s’obstinait à escalader les décombres et à forcer à l’intérieur de la bicoque.

— Bon, les mecs, j’vous préviens, j’ai eu une longue journée…
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Korgan Kessel
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« Putain mais il est gros celui-là ! Comment ça se bute ce machin-là ? »

La rauque de Matt’ peine à surpasser le bordel ambiant. Les zombies putain ça beugle. Quelles saloperies… Sans parler du volume sonore généré par leurs pétarades lasers. Sur la jeep, les gatlings manipulées par les Typhons crachent des salves sans interruption. Ils ne laissent dans leur sillage que mort et désolation : cadavres de cadavres et des cratères fumants. Aux commandes du véhicule blindé, Jett’ lui répond, face crispée, deux mains cramponnées au volant. Un énième dérapage met à rude épreuve les trois essieux dont les freins à disques sont depuis longtemps chauffés à blanc.

« Comme les autres : avec un gros, gros fusil ! »

Il lâche ses mots, entre ses dents serrées. Deux mains sur le volant, une sur le levier de vitesse et la quatrième armée d’un pistolet blaster qui canarde l’ennemi au travers de l’ouverture laissée par la vitre baissée. Les Besalisk : de vraies machines de guerres. A peine a-t-il refermé sa gueule, qu’il replie le coude, pour écraser de la crosse de l’arme, un gros bouton rouge sur le tableau de bord juste derrière lui. Dans son dos, résonnent aussitôt un hurlement. Un hurlement de joie :

« Putain ! C’est de la bombe bébé ! »

Matt’ s’est déjà jeté sur le compartiment ouvert, d’où il extirpe un lance-roquette anti-char. Un tube mesurant plus d’un mètre cinquante, terminé par un système de visée laser. Il se redresse, se le cale sur l’épaule, tandis que de l’autre main il fait le nécessaire pour se cramponner à une poignée solidement vissée dans la carlingue de la jeep. Ouais, les grosses têtes de l’armée on pensé à tout en équipant la remorque de ce pick-up blindé tout terrain.

« Mad’, bouge toi de là ! »

Le sniper s’exécute aussitôt, il roule sur le coté, descends de sa position avancée sur le dessus de la cabine de conduite où son arme, sur un trépied soudé à l’habitable, fauchait jusqu’alors ses cibles avec une précision chirurgicale. Matt’ s’avance, ajuste la position du lance-roquette sur son épaule droite. Du pouce, il relève la carter en plastique qui protège les commandes tactiles. Il vise, tente de compenser les cahotements. Jett’ relâche la pédale d’accélération quelques instants… Le dispositif de visée bippe. Lentement. Puis plus rapidement, à mesure que le calculateur interne acquière sa cible… Et soudain, lorsqu’il n'est plus qu’un son strident continue, Matt’ presse la détente. La déflagration est tonitruante. Un soldat non-expérimenté se serait disloqué l’épaule. Mais Matt’ est un as. L’élite des Forces Spéciales… Et puis son armure de combat est prévue pour encaisser ce genre de recul. Ça aide pas mal hein.

La roquette jaillit du canon. Aussitôt son moteur s’allume. Trainée de fumée blanche, dense. Elle file vers le zombie géant… Et le frappe en pleine tête. Gros boom. Flammes. Morceaux de cervelle, d’os, de chairs carbonisées qui volent dans tous les sens. Une vraie pluie tropicale. Matt’ hurle de joie, les autres aussi. L’énorme machin, raccourci de son ignoble tête, s’immobilise, bras ballants, avant de basculer lentement en avant. Il s’écrase lourdement au sol, la terre tremble sous sa masse devenue inerte. Sous lui, une dizaine de ses camarades de tailles normales finissent en crêpes sanguinolentes. Jett’, en maestro des communications confirme :

« Cible touchée ! On vient à votre s’cours m’dame !! »

Il tourne le volant un grand coup. A l’arrière les Typhons manquent de passer par-dessus bord. Matt’ se débarrasse du lance-roquette. Usage unique, c’est bien dommage. Il reprend sa place aux commandes de la seconde gatling. Mad’ remonte sur la cabine, replace son fusil sur le trépied. Rapidement, il parvient à localiser Hildegarde et le Seigneur Sith. Le type fait peur à voir. Il prend une profonde inspiration, bloque sa respiration pour assurer un peu mieux sa visée. Son index presse très lentement sur la détente… Mais au moment où il s’apprête à tirer, la jeep fait une embardée. Bordel ! Il peste, frappe trois grand coup sur la cabine. Jett’ lui répond par un grognement inintelligible. A cette distance, dans ces conditions, les chances de toucher le Seigneur Sith sont faibles… Mais qui ne tente rien n’a rien… Enfin, il presse la détente…


****

Pendant ce temps, dans la cabane du chef, prise d’assaut par les zombies incontrôlés.

Genou à terre, arme braquée vers le bas de l’escalier, je suis prêt à passe à l’action. Cette bande d’enfoirés ne compte pas abandonner. Leurs doigts sanguinolents grattent la porte. Petit à petit, ils parviennent à en arracher des morceaux. Le lueur vive du soleil déjà haut dans le ciel ne cesse d’éclairer toujours plus l’amoncellement de meubles fourrés à l’arrache devant l’ouverture, dans l’espoir de les ralentir. Un bras passe dans mon viseur, furtivement. Je tire. Fait mouche. Sectionné au niveau du coude, le membre tombe entre l’armoire et la table renversée. Le zombie estropié hurle de douleur, de l’autre côté de la porte transformée en gruyère. Une chose est sûre : elle ne va plus tenir longtemps.

Mais voilà. J’suis un mec, un vrai. Un soldat des forces spéciales, entrainé. J’ai signé pour crever sur le champ de bataille. Alors, j’suis là. Concentré, prêt à tout. Les ordres de la vieille bique m’inspire une étincelle d’espoir : Karm est sur le coup… Et quoi qu’on puisse dire des Jedi : quand il s’agit de trancher dans le tas, leurs sabres sont une bénédiction. Dans mon dos, le gamin apeuré bouge. Je tourne la tête. Il est toujours recroquevillé contre le mur, comme s’il cherchait à disparaître dedans. Je lâche, sur un ton que j’espère rassurant :

« Te fait pas de bile mon vieux. J’ai connu pire. On va s’en sortir, et… »

Soudain un crissement dans la chaume me fait lever les yeux vers les poutres. Une main passe au travers de la paille, puis une autre. Rapidement suivie par le reste d’un corps en décomposition.

« Putain de… »

J’ai juste le temps de bondir de coté, pour esquiver la masse sombre qui s’éclate au sol sous mes yeux. Le machin tente de se relever, mais déjà le canon encore tiède de mon arme repose sur l’arrière de son crane.

« Gamin, j’te conseille de fermer les yeux… »

Ouais, j’sais bien qu’il ne parle pas ma langue. Mais bon. Je presse la détente, le crane explose. Comme un fruit trop mur qu'on jette contre un mur. J’suis pas du genre à kiffer faire ce genre de truc devant des mômes… Mais malheureusement, j’ai pas vraiment le temps de m’en soucier. Ce paquet cadeau n’est que le premier d’une série plus importante. Un autre gémissement me fait lever les deux. Deux têtes dépassent du trou béant dans la toiture. Les salopes ! Putain ! Je lève mon arme, fait feu. La première est fauchée, tombe à l’intérieur… Mais la seconde me prend par surprise en pratiquant une seconde entrée. Je recule, dos contre la cloison la plus proche, pour l’allumer à son tour…

Et c’est alors que deux paires de bras jaillissent du torchis. Putain de merde ! Comme dans ces putains de films de zombies ! Quel con ! J’en ai vu des tonnes en plus, je me suis fait niquer comme un débutant. Leurs poignes se resserrent sur ma poitrine, mes jambes. Bordel ! Je file un coup d’épaule, un autre.

En bas, au rez-de-chaussée, les craquements sinistres du bois qu’on brise me file la chair de poule. La porte a cédé, et l’amoncellement de meuble ne va retenir le flot de zombie qu’une poignée de secondes ! Merde ! Mais voilà. Moi j’suis pas du genre à paniquer. Faut dire : pour paniquer faut cogiter… Et quand j’suis dans la merde jusqu’aux burnes, mon cerveau, lui, il est en mode « OFF ». Seuls les réflexes agissent, dopés par l’adrénaline. Situation critique, solution critique…

Je lâche mon fusil, qui dégringole d’une vingtaine de centimètres, retenu par la sangle passée en bandoulière. L’enfoiré de zombie qui m’étreint le torse me plaque les bras contre le corps. Poings serrés contre mes cuisses… Juste à côté holster de mon pistolet, et de l’étui de mon couteau de combat. Je choppe ce dernier, prends une dernière inspiration… Ma poigne se referme solidement sur le manche, lame vers l’arrière… Puis, comme un dément, je poignarde le mur derrière moi. Une fois, deux fois, trois fois. Le torchis vole en éclats… Et derrière lui, les chairs de l’abdomen du zombie aussi. L’étreinte perd en vigueur. Nouveau coup d’épaule. Cette fois je m’en dégage, avec un sourire carnassier sur les lèvres… Et maintenant que j’ai les mains libres…

Deux secondes plus tard, quatre bras encore parcourus de spasmes réflexes gigottent au sol, à mes pieds. Face à moi, ce qui fut jadis une cloison de torchis n’est plus qu’un amas de trous béants… Mais rien n’autre ne semble bouger. Pas le temps de faire dans la finesse… Je refourre le couteau dans son étui, et fonce en direction des escaliers, fusil déjà en main…

Pour me retrouver nez à nez avec la lame verdâtre d’un Jedi en bien piteux état.

« Merde ! Karm ! C’est toi ! Bordel ! J’aurais chialé toutes les larmes de mon corps si j’avais pas perdu mes glandes lacrymales sur Artorias ! C’est pas ta journée hein… »

Le gringalet est couvert d’ecchymoses, d’éclaboussures d’hémoglobine. Ses fringues sont déchirées, brûlées, comme si elles avaient encaissé une décharge de plasma. Sauf que ni lui ni moi ne sommes là pour nous apitoyer sur notre sort : c’est la journée pour personne. Moi aussi j’en ai plein le cul. Je relève la visière de mon casque, pour lui parler bien en face, fusil blaster toujours prêt à faire feu au moindre problème.

« C’est lui, c’est le môme. Il parle pas la langue. Je pige rien à son charabia... Mais mate la morsure sur son avant-bras. Elle date de plusieurs jours, une semaine peut-être. Il ne s’est pas transformé… Je me suis dit que je tenais là le gros lot… »

Une fois n’est pas coutume, je vois plus loin que le champ de bataille. Ces saloperies de zombies, faut pas se leurrer : y’a peu de chance qu’on les bute tous. Il va en rester dans la nature… Et d’ici à ce que cette saloperie se répande dans tout le système, puis ceux voisins… Bref, ce remède, c’est le seul moyen de clore cette mission proprement. Sauf que, bah moi, mon raisonnement s’arrête là. L’action c’est mon truc. La réflexion beaucoup moins.

« Bon, alors, on fait quoi maintenant ? J’imagine que tu vas pas nous pondre un traitement en trente secondes… »

Mentalement, je n’espère qu’une seule chose : qu’il ne me dise pas : « faut récupérer les recherches d’Alakam dans le centre de commandement mobile… »

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Blessée, épuisée, démoralisée, Hildegarde tenait toujours bon. Catalysant les éclairs de Force sur son sabre de manière à ne pas trop user l’énergie qui lui restait. La vieille Jedi serrait les dents, Alakam était avant tout un sorcier, certainement un piètre duelliste. Il fallait l’approcher, le pourfendre du plexus jusqu’à l’aine comme tous les autres Siths qui peuplaient la galaxie, mais comment ? Karm avait disparu sans doute occupé ailleurs mais où étaient les Typhoons ? Seule et dans cette position aculée, elle ne pouvait rien faire d’autre que subir.

La pression s’accentuait au rythme du rire morbide du Seigneur Sith qui jouissait de la désolation qu’avaient semé ses créatures. Le sol du village était maculé de sang, s’imprégnant jusqu’aux cultures les rendant sans doute stériles pour de longues années. Sur ce qui était de l’herbe, des collines de zombies encore chauds s’étalaient là où l’équipée était passée, sabres et blasters en main. On aurait pu croire à une victoire, mais il n’en était rien ;  les autochtones avaient péris par dizaines, revenant à la vie pour succomber une nouvelle fois par leurs proches, traumatisés à jamais par ce spectacle terrifiant aux frontières de la vie et de la mort. Sans compter que nul ne savait jusqu’où ce mal endémique s’était répandu.

Karm, bordel ! Vous êtes où ?

Implora presque Hildegarde en faisant un pas en arrière sous l’assaut ininterrompue des éclairs du côté obscur de la Force. Elle ne tiendrait pas longtemps. Il fallait absolument trouver une solution, il ne lui en restait qu’une, mais en reviendrait-elle ?

La vieille Jedi n’avait pas cédé aux pouvoirs du côté obscur depuis plus de quarante ans. Jadis, son enfant interdit, conçu avec son premier Maître - passé du côté obscur - avait été menacé de mort par son père sur Carratos. Passant outre toutes les consignes des Maîtres de l’Ordre, elle avait assassiné l’homme qu’elle aimait, le père de son fils en entrant à deux pieds dans les pouvoirs du côté obscur, usant de sa haine pour s’affranchir de ses barrières. Cette expérience avait été traumatisante et la Jedi s’était promis de ne jamais briser avec autant d’aplomb le code des Jedis. Il ne fallait jamais dire jamais.

La haine, féroce, impitoyable, atavique qui représentait ce que les Jedis abhorraient le plus allait devenir son allié. Elle la laissa l’envelopper, cédant à son baiser mortel, puisant dans la Force ses ressentiments les plus noirs. La honte, les blessures, l’humiliation qui avait été la sienne, sa colère contre les impériaux qui trompaient et abusaient des faibles,  ceux qui massacraient des civils au nom de leur hégémonie. Son sang bouillait à mesure que la lame de son courroux s’aiguisait sur l’autel de la haine. Sa douleur à la cheville disparut, l’arthrose qui lui bloquait parfois la hanche disparut en un instant à mesure que son regard était dévoré par une lueur inhumaine, sanguinaire.  Elle exigeait à présent sa livre de sang.

L’explosion gigantesque provoquée par la roquette tirée ne la fit même pas sursauter. Les immondes viscères et les torrents de sang qui la recouvrirent ne lui arrachèrent pas même une moue de dégoût.

Bon travail Jett, maintenant renvoyons Alakam dans l’enfer où sa chienne de mère est allé le chercher.

Jett ne répondit pas immédiatement, ne sachant même pas s’il parlait encore à une Maître Jedi ou bien à une folle furieuse couverte de boyaux aux yeux gorgés de sang.

Heu ouais, on va le flinguer !

Matt, Jett envoyez des détonateurs thermiques vers moi, maintenant !

Le soldat ne comprit pas et s’exclama frappé de surprise.

Mais putain elle est folle !

Discute pas Jett, c’est elle qui commande après tout.

Les deux Typhons hésitèrent mais finirent par tirer les trois derniers détonateurs thermiques de leurs armures et les activèrent, presque à contrecœur. Un bip retentissant s’éleva dans les airs quand les grenades lancées vers Hildegarde  s’enclenchèrent, prêts à exploser. C’était le moment qu’attendait la Caratienne. Dans un hurlement d’animal blessé, puissant dans les pouvoirs du côté obscur de la Force, elle dissipa l’énergie des éclairs de Force qui cessèrent presque instantanément. Lâchant son sabre, Hildegarde tendit les deux mains vers les détonateurs et les projeta à toute vitesse vers Alakam.

Une assourdissante explosion retentit à nouveau à l’orée du village quand le Seigneur Sith se fit désintégrer emportant avec lui une rangée d’arbres centenaires dans son sillage.

Hildegarde s’écroula au sol sur le dos, un sourire aux lèvres. Une fois encore, elle était victorieuse. La respiration saccadée, l’ancêtre ferma les yeux et tâcha de refermer les flammèches du côté obscur qui crépitaient encore en elle. Elle se jura de ne rien dire au Conseil, pas comme la dernière fois, pour ne revivre les vexations, ce mal si nécessaire à la condition de tout Jedi.

Alakam est mort, dit-elle au Comlink pour l’ensemble du groupe.

Pendant ce temps, dans la cabane du chef, prise d’assaut par les zombies incontrôlés.

Au rez de chaussé, dans l’obscurité et la puanteur crasse d’une nuée de morts vivants découpés se produisit un étrange phénomène qui n’avait rien d’une bénédiction Jedi. Un bras gisant au sol se couvrit d’une sorte d’halo rougeâtre, un peu plus loin, c’est une jambe qui s’anima de la même façon, puis un torse dans l’escalier, puis une seconde jambe. Les morceaux disparates des morts vivants s’animèrent et se rapprochèrent. En quelques secondes, ils furent reconstitués. Le résultat était laid à souhait, il manquait un bras à l’assemblage et l’une des jambes était plus grande que l’autre.

Le zombie à demi-terminé s’anima intégralement, couvert de son aura rouge et se mit à chercher une tête à tâtons, les bras en avant. Une minute d’errements plus tard il trouva une tête coupée en deux à la verticale. Il s’en saisit et la place sur son cou à l’horizontale. Formant un arc de cercle affublé d’un œil et d’une demi-bouche.

Pendant ce temps, à la sortie du village

Les yeux toujours fermés, Hildegarde sursauta et s’assit à même le sol. Un sentiment de panique s’empara d’elle. La présence funeste d’Alakam flottait encore dans la Force comme une odeur d’œuf pourri sur un tapis à poils longs. C’était impossible, tout sorcier qu’il était-il n’avait pas pu survivre à une telle explosion. La Jedi remonta la piste de l’odeur visualisant la zone dans la Force sa source. Ses sens et son acuité dans la Force la conduire jusqu’à la cabane du chef.

Moi et ma grande bouche, grogna-elle pour elle-même en attrapant son Comlink.

Karm, Kessel, oubliez ce que j’ai dit, Alakam est tout près de vous. À deux mètres, peut-être moins.

Pendant ce temps, dans la cabane du chef, prise d’assaut par les zombies incontrôlés.
L’assemblage zombifiée posa sa main sur le torchis pourri de la cabane, une flamme s’échappa de son appendice et s’embrasa. Il répéta l’exercice sur les autres murs enflammant totalement la cabane l’édifice rudimentaire. Un rire sonore s’échappa de sa demi-bouche puis, il quitta la cabane.

Pendant ce temps, à la sortie du village

Putain, vous nous avez filé une sacré frousse m’dame, vous allez bien ?


C'est Maître, pas madame ! J’ai vu mieux Matt merci mais je crois que nos problèmes sont loin d’être terminés.

Hildegarde attrapa la main tendue du soldat et se releva. Elle jeta ensuite un œil à la morsure sur sa cheville pour voir l’étendue des dégâts. Matt l’avait vu aussi et proféra un juron dans son casque.

Si je deviens comme eux, vous savez ce que vous aurez à faire ! Coupa la vieille peau ridée en pointant du doigt le blaster du soldat. Mais j’espère qu’on en arrivera pas là, pensa-elle. Bon, elle était plus proche de la fin que du début mais périr sur cette planète ne faisait pas du tout partie de ses projets. Elle n’était pas une femme à baisser les bras.

Regardez ce que j’ai trouvé près de la Jeep

Jett tenait en joue un soldat impérial qui avait eu la bonne idée d’essayer de s’emparer du véhicule blindé des Typhons, le valeureux soldat s’était caché pendant toute la durée du combat et avait fait dans son froc. Hildegarde l’attrapa par le col et serra de toutes ses forces, l’étouffant à moitié.

On le tue comment ton Seigneur Sith, répond, répond où je te jure que je t’écorche comme une orange de Dathomir.

Le soldat se mit à crier, implorant pour sa vie murmurant qu’il ne savait pas. La Jedi – à court de patience – lui asséna un violent soufflet pour le faire taire et tendit la main vers lui, violant l’intimité de son esprit sans vergogne.

Comment on tue ton Seigneur Sith et y a-t-il un remède ?
Le soldat totalement apaisé répondit avec galanterie.

Le Haut Sorcier Alakam à la capacité de dissocier son corps de son âme grâce à ses pouvoirs. Il peut entrer dans le corps des morts, son pouvoir est très affaibli quand il pratique ce type de magie. Au QG il y a une pièce réfrigérée où personne n’est autorisé à entrer, mais plusieurs de mes camarades pensent qu’il y stocke plusieurs corps d’origines de secours pour récupérer tous ses pouvoirs, le clonage est très répandu vous savez. Il y a aussi un coffre-fort, je pense qu’il cache les secrets de ses recherches à l’intérieur. Oui, très bien, je vous envoie les coordonnés du QG, avec plaisir.

Hildegarde libéra le soldat de son emprise et la poussa au sol sans ménagement.

Faites ce que vous voulez de lui, il n’a plus rien à nous apprendre. dit-elle froidement en entamant une guérison sur ses membres ankylosées par la violence du combat.

Vous avez entendu Karm, Kessel, on fait quoi ? Je passe mon temps à vous attendre, c'est pénible !

Conclut la femme en ingérant une pilule régénérant, censée accélérer la récupération de ses réserves de Force.[/color]
Karm Torr
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— J’ai connu des destinations touristiques plus relaxantes, confirma placidement l’Ark-Ni, en rétractant la lame de son sabre-laser, au milieu des cadavres fumants et vraiment très, très mort, alors que Korgan venait de surgir, talonné par la solution miracle.

Le Jedi laissa échapper un bref soupir. Des heures et des heures de repos, un bon repas, le bruit apaisant d’un torrent de montagne, voilà ce qu’il lui fallait. Reposant du bout du pied un membre sectionné qui alla rouler dans un coin de la cabane, il s’approcha du gamin, à peine plus petit que lui, et considéra longuement sa blessure, pour s’assurer que l’autochtone n’avait pas été simplement mordu par un bête sauvage. Tout bon explorateur apprenait à se prendre de passion pour les empreintes de dents, et Karm ne faisait pas exception à la règle.

Il finit par hocher la tête, démonstration d’un enthousiasme limité, si l’on considérait qu’ils tenaient là la solution à tous leurs problèmes. Pendant ce temps, Hildegarde se plaignait dans son comlink. Un coup, il fallait la laisser tranquille avec le Seigneur Sith, un coup il fallait venir la secourir : le troisième âge était décidément bien capricieux.

— On arrive, répondit le Chevalier, mais ce sera pas au pas de course.

Convaincre l’adolescent de les suivre à travers un village et une forêt dévastés, au milieu du souffre et du sang séché, des membres empilés pêle-mêle Mikado géant dans l’arrière boutique de la boucherie des enfers, ce ne serait pas une partie de plaisir. Karm lui posa une main sur l’épaule et plongea son regard dans le sien. Sans rien dire, il laissa la Force affluer en eux. Quelques secondes de quiétude dans le chaos universel qui menaçait de les étouffer. Trouver son courage tout au fond de soi-même, dans cette étincelle que les vicissitudes du monde ne devaient jamais altérer.

Exception faite, bien entendu, des psychopathes sévèrement opiniâtres, praticiens de la chirurgie réparatrice façon DIY, qui s’amusaient à enflammer la maison des autres, après l’avoir déjà saccagée avec leurs copains. Karm, qui s’était concentré sur le gamin, n’avait pas senti la menace arriver, mais il sentit l’odeur de la chaume brûlée et se redressa d’un coup, sabre en main. Son regard s’arrêta sur la silhouette pas tout à fait à la Marie Claire du nouvel invité.

— Non mais sérieux, quoi, soupira l’Ark-Ni, un brin découragé, alors que l’incendie se propageait à toute la cahute. Korgan, évacue le môme, les murs sont pas bien épais, avec un meuble en bouclier, ça devrait passer. J’m’occupe de… euh… Machin, là.
— AH AH AH AH AH, répondit Machin, peu décidé à faire dans l’éloquence et l’abstraction.

La vérité, c’était que Karm n’était pas certain de pouvoir s’occuper de qui que ce soit. Affronter un Seigneur Sith en temps normal aurait relevé de l’exploit héroïque, terrasser un nécromant qui refusait de lâcher prise, c’était quasi mission impossible. Quoi qu’il en soit, le vrombissement familier d’une lame de sabre laser se mêla bientôt au crépitement des flammes, alors que la lueur d’émeraude le disputait au rouge brasier.

Ce fut le moment opportun que Maître Marja choisit pour les informer que Darth Alakam était toujours parmi eux.

— Sans blague, répliqua Karm à mi-voix.

Cela dit, un brin d’espoir s’était emparé de l’Ark-Ni, alors qu’une poutre carbonisée tombait derrière lui. Alakam n’avait fait aucun geste en sa direction et, surtout, aucun éclair de Force n’était venu saper son bel enthousiasme. La réincarnation devait être un processus compliqué et éprouvant, et aussi tordue et détestable fût-elle, elle devait, songea le Jedi, répondre aux mêmes lois générales que le reste des pouvoirs de la Force : exiger une énergie qui ne se reconstituait pas facilement. Si Alakam avait tenté de les piéger dans la hutte, c’était peut-être parce que ses ressources propres étaient limitées.

— OK, Jo l’manchot, murmura l’explorateur en faisant tournoyer le sabre de Luke d’une main à l’autre, c’est l’heure d’l’épreuve du feu.

Et le Jedi s’élança. Une vague de flammes le coupa dans son élan. La chaleur dans la cabane était étouffante. Littéralement. La fumée remplissait la pièce, les chairs putréfiées exhalaient leur vapeur et Karm comprit brusquement que le feu lui-même n’était pas son principal ennemi. Abandonnant son assaut, il tendit une main en direction de l’un des murs et puisa en lui-même pour propager une vague de Force dans sa direction.

Des cendres, des doigts sectionnés, de la paille à moitié carbonisée s’agitèrent en tourbillon sous le passage de cette puissance soudaine, avant que le mur déjà fragile ne s’ouvre en deux. L’appel d’air chassa une partie de la fumée et Karm se précipita à son tour à l’extérieur, pour respirer à pleins poumons la fraîcheur certes toute relative de la jungle tropicale, empourprée par la violence des combats. Ne pas mourir d’asphyxie était un préalable essentiel à la victoire, songeait-il.

Le rire d’Alakam s’était tu derrière lui, mais Karm percevait encore son aura méphitique et, bientôt, le pas titubant du Seigneur Sith à moitié rafistolé bousculait les débris de la cabane. Karm espérait de tout coeur que Korgan, Marja et les Typhons sauraient mettre promptement la main sur les secrets du centre de commandement mobile, parce qu’il doutait que sa détermination fût éternellement à la hauteur de son épuisement.

Les contours difformes de son adversaire se dessinèrent bientôt dans la fumée qui continuait à s’échapper de la hutte embrasée. Des membres putréfiés et sectionnés rampaient péniblement jusqu’à lui et s’agrégeaient à la masse de plus en plus informe au petit bonheur la chance.

— Mec, c’est anatomiquement douteux, ton histoire, là, remarqua Karm, en réprimant son dégoût, alors qu’une main se soudait au genou de la créature et qu’une langue se fondait dans son téton à moitié déchiré. j’veux dire, j’suis vachement pansexuel, mais même moi j’ai mes limites, quoi…

Peu accessible à la raison, Alakam choisit de se jeter sur lui.
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