Kolin Valkizath
Kolin Valkizath
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Les heures s’étaient transformées en jours, les jours en mois. Kolin ne savait plus estimer à quand remontait sa captivité. Sa vaine tentative de compter les jours en tenant un calendrier sur le mur de sa cellule avait été un échec. Cette cellule, il aurait pu la reconnaître entre mille tant il y passait de temps. La routine de sa vie de prisonnier était aussi précise et accordée qu’un instrument à vents. Ouverture de la trappe dans la porte pour le repas quotidien, promenade dans une petite courette une heure par jour, douche sonique une fois tous les trois semaines. La monotonie et l’ennui se chargeaient de meubler le reste de ses journées. Les interrogatoires qu’il avait subis ou les rares fois où il avait pu sortir solidement escortés faisaient figures d’événements exceptionnels et en devenaient presque appréciables.

Le seul élément qui lui permettait de situer l’heure était la minuscule fenêtre au plafond de sa cellule qui distillait un peu de lumière. Autrement, il était totalement déconnecté de l’espace et du temps.
Voilà en réalité plus de six mois que Kolin avait été fait prisonnier. Il avait perdu beaucoup de poids, était sale, fatigué, éteint, il n’était plus que l’ombre de lui-même. Le frêle padawan avait arrêté les exercices physiques qu’il s’était imposés les premières semaines, sous-alimenté, il était devenu trop faible. S’il était relativement bien traité par l’Empire, l’ennui et la solitude finirait par le tuer peu à peu. Les contacts humains lui manquaient terriblement, lui si habitué à l’effervescence de Coruscant et Temple, il en arrivait à parler tout seul, pour ne pas s’oublier. Pour se prouver qu’il existait encore ; même si personne n’était jamais venu à son secours.

Les Jedis étaient des couards, laissant l’un des leurs dans l’antre de la folie. Qu’attendait les Siths pour mettre fin à sa pitoyable existante, attendaient-ils qu’il devienne fou ? Que les larmes silencieuses qui parfois s’échappaient de ses joues dans la nuit noire se transforment en hurlements d’agonie ?

Ouverture de la porte, recule.

Une diode rouge s’alluma au-dessus de la porte métallique tandis qu’un bruit de sirène se fit entendre dans l’antre de l’humain. La porte glissa sur ses gonds pour laisser apparaître un garde à la mine patibulaire, Kolin le connaissait.

Promenade, amène-toi.

Grogna le Sith en se dirigeant vers Kolin qu’il menotta sans ménagement dans le dos avec des entraves l’empêchant d’utiliser la Force. Dans la cellule c’était un champ d’inhibiteur de Force qui l’empêchait de communier pleinement avec la Force - source de toute vie - et d’utiliser ses pouvoirs. Comme ce contact lui manquait, ne pas ressentir à son plein potentiel le contact presque amoureux de cette Force.

J’peux pas y aller sans menottes, tu crois que je vais m’envoler.

Une claque sonore et cinglante fut la seule réponse à la tentative de Kolin qui sans ménagement empoigna le padawan par le col de sa bure pour le traîner dans un dédale de couloirs pour atteindre finalement la courette baignée par le soleil et la chaleur de Korriban. Le jeune humain ferma les yeux en levant la tête vers le soleil comme pour se laisser emplir par l’astre divin qu’il n’avait que trop rarement l’occasion de contempler.

La cour dont la diagonale ne dépassait pas les trente mètres de larges était encerclée par des murs de grès rouge si hauts qu’ils empêchaient toute identification des alentours. Mais ce minuscule espace était sa liberté, sa seule liberté.

Une ombre à forme humaine zébra le sol annonçant une présence, déjà la fin de la promenade. C’était trop injuste. Le padawan fit volteface pour contempler son vis-à-vis, les yeux encore plissés par la puissance du soleil.
Oui ?

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Korriban, bien que j'avais été dans un premier temps heureux d'y retourner, je m'y ennuyais à nouveau. Mon entraînement physique avait atteint une sorte de plafond de verre. J'étais devenu certes un excellent bretteur, mais il m'était difficile de progresser en poursuivant une formation basique, trop peu spirituelle.
Aussi, pour tromper mon ennui, je me mis en tête de rencontrer de nouveaux individus. Ma solitude avait fini par me peser, et je commençais à comprendre que je ne pourrais plus progresser si je restais en autarcie.

Cependant, je connaissais déjà par cœur tous les archétypes d'apprentis différents qui peuplaient l'académie. Ce n'était pas bien difficile : une brute par si, une folle furieuse par là. J'eus alors l'idée de jeter un œil dans les geôles. Et alors que je consultais la liste des prisonniers captifs sur Korriban, un personnage m'intrigua. Ce padawan, répondant au nom de Kolin, était un jeune humain captif depuis près de six mois. Six mois, c'était énorme. Darth Lucius, à l'époque où il avait voulu faire de moi un apprenti Sith, m'avait retenu captif dans des conditions déplorables durant une année entière. Je savais donc très bien à quel point être enfermé de la sorte pouvait faire souffrir un jeune adolescent.

De plus, depuis ma victoire sur le jeune padawan lors des batailles sur Félucia, je n'avais plus eu l'occasion de discuter avec des jedi. Pourtant, mon bref échange avec ce jeune humain que j'avais mis en déroute m'avait marqué. J'avais remarqué chez les jedi que j'avais rencontrés une certaine valeur, une noblesse morale. Et bien que je n'adhérai pas à leur cause, je trouvais remarquable leur dévotion. Aussi, je pris la résolution de rencontrer ce padawan. Lui qui devait souffrir de son isolement ne refuserait probablement pas une entrevue.

Ce jour là, alors que j'étais venu lui rendre visite dans sa cellule, on m'informa qu'il était en balade. Je pris alors la direction de l'étroite cours mordue par le soleil ardent. Lorsque je passais la porte, revêtu de mon armure et de mon casque, je constatais que l'adolescent profitait d'être enfin confronté à la lumière. Il se retourna alors en voyant mon ombre apparaître sur le sol. Il avait l'air affaibli. Il me rappela tant mes années de captivité que je fus aussitôt pris d'empathie, et pris la résolution de soigner mon approche.

-Monsieur Valkizath, je me présente : Syn Kieffer. Me feriez-vous le plaisir d'une entrevue ?
Kolin Valkizath
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L’homme qui lui faisait face n’était pas un gardien, un regard vertical sur le masque et l’armure du Sith suffisait à s’en assurer. Les geôliers de l’Académie Sith ne possédaient sans doute pas ce type d’équipements qui semblaient être de bonne facture. D’un réflexe pavlovien, Kolin fit un pas en arrière lorsque Syn ouvrit la bouche pour se présenter, les mains menottées dans le dos, il ne pouvait pas se défendre contre un éventuel coup gratuit comme cela lui était régulièrement arrivé. Son regard méfiant se morcela devant la politesse et l’apparente bienveillance de son vis-à-vis qui tranchait par rapport à ce dont il avait l’habitude surtout chez des habitants aussi sympathiques que les Siths.

Dans le rapport de force qui opposait Kolin aux Siths, il était toujours le perdant, personne n’avait besoin de lui parler avec respect, cette attitude s’il était incongrue le mit en confiance et il se radoucit en posant son regard d’albâtre sur le casque qui dissimulait le visage de son mystérieux visiteur.

Il ne se présenta pas car visiblement il avait été devancé mais il répondit calmement avec peu de mots.

Bien sûr, vous pouvez m’appeler Kolin.

Cette docilité qui ne le caractérisait pas d’habitude était le fruit du temps qui avait passé. Les fois où il avait osé refuser les questions de ses bourreaux, la correction avait été si sévère qu’il n’avait jamais osé recommencer. Courber l’échine, si ce n’était pas dans ses habitudes, c’était le seul corolaire de la survie. Survivre, car l’espoir se trouvait toujours au bout du chemin.

Plus encore, chaque nouvelle rencontre était aussi l’occasion de le sortir un peu de l’état de léthargie dans lequel il se trouvait. Enfin, il avait déjà été questionné sur l’Ordre, l’organisation des Jedi, son rôle dans la mégastructure de la République, sa mission sur Llord il n’avait pas grand de plus à dire dans le cadre formel d’un interrogatoire classique. Non, Syn venait pour autre chose.

On peut marcher en même temps, je n’ai pas trop l’occasion de me dégourdir les jambes depuis quelques temps.

Sans attendre la réponse, il entreprit sa marche quotidienne autour de la courette, la même qu’à l’accoutumée en attendant.

Que puis-je faire pour vous Monsieur Kieffer ?

Commenta sobrement Kolin en tournant derechef son regard vers le Sith.
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Je constatai avec plaisir que mon approche avenante et respectueuse avait permis au garçon de ne pas se braquer. Si tous mes camarades avaient pu faire preuve d'autant de courtoisie, l'Empire aurait sans doute joui d'une meilleure presse, et certainement même plus d'efficacité à rallier à sa cause.

J'emboitai le pas de l'adolescent, bien partis pour tourner en cage ensemble, profitant de ce maigre espace, seul coin de liberté qu'il pouvait conquérir dans cette planète qui était pour lui encore plus hostile qu'elle ne l'était déjà pour le commun des mortels.
Peut-être que si je parvenais à déclencher un électrochoc chez ce jeune garçon, à le convaincre de suivre mes directives sans poser de questions, je parviendrais à le faire sortir d'ici, et lui montrer l'académie. Tout du moins, les secteurs qu'il pourrait voir sans pour compromettre notre système de sécurité. Mais j'allais trop vite en besogne, tout restait encore à faire.

Ainsi, je suivis Kolin dans son exploration de ce petit carré aride. Lorsqu'il me demanda ce que je pouvais bien faire là, avec lui, je marquai une petite pause, ne sachant pas moi-même les réelles raisons de ma présence dans cette cours ridicule.
J'étais ici pour satisfaire ma curiosité, mais comment lui expliquer cela sans qu'il pense que je lui rendais visite uniquement pour satisfaire un besoin pervers et indiscret. Alors, je me creusai les méninges, trouvant une formulation détournée pour lui faire comprendre implicitement que je voulais en savoir plus sur lui :

-Sans vouloir vous vexer, j'aurais voulu savoir ce qui a pu pousser un padawan, qui n'est même pas en âge de se raser, à croire qu'il serait capable de s'opposer à l'Empire Sith.

J'avais conscience que la formulation restait tout de même percutante, mais je comptais sur le fait que cet enfant ait des regrets, et qu'il veuille bien me les confier. Six mois emprisonné dans une des pires prisons de la galaxie, ça pouvait rendre fou, mais ça laissait au moins le temps de réfléchir. Avant qu'il ne puisse répondre, je poursuivis donc :

-Non pas que je trouve cela ridicule, mais je voudrais savoir si j'ai affaire à un jeune inconscient, ou bien un courageux homme en devenir, qui en remerciement de sa bravoure et de son abnégation, a été retenu prisonnier dans des conditions aussi exécrables.

Je pensais ce que je disais. Il m'était moi-même arrivé de m'opposer à des individus bien plus forts que moi, qui auraient pu m'écraser d'un revers de main, simplement parce que je n'avais pas voulu courber l'échine, rester fidèle à moi-même. Si ce garçon me ressemblait un tant soit peu, le fait d'être ainsi livré à lui-même, juste pour avoir combattu pour son ordre et ses idées, devait le confronter à une sorte d'injustice du sort. Il devrait alors certainement ressentir une certaine envie de se rebeller contre cette galaxie si injuste. Or, je comptais sur cette rébellion pour qu'il se confie à moi.
Kolin Valkizath
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Je sais me battre ! J’ai déjà défait des Siths, plusieurs fois même.

Répondit Kolin à la remarque de l’homme en armure en continuant à marcher doucement dans la courette. Il repensa à sa rencontre avec Hel-Karn, un Sith qu’ils avaient affronté avec son compagnon d’armes et ami des premiers jours Kanien. Félucia avait été le premier théâtre d’opération où ils avaient été envoyés. Initialement pour garder un vaisseau, le deux padawans, hauts comme trois pommes avaient affrontés un redoutable adversaire avant de se livrer à une partie de cache-cache avec un Rancor pour réactiver une station radio afin de prévenir les civils de se mettre à l’abri. Au gré des missions, Kolin et Kanien se fréquentaient moins qu’avant mais leur franche et solide amitié demeurait toujours vivace.

La réponse du padawan avait en premier lieu guidé par une forme d’orgueil que lui octroyait son immaturité. Il ne s’était jamais considéré comme un grand bretteur, ni même comme un grand Jedi mais il se savait protéger par la Force. De plus, la dureté extrême de son enfant l’avait endurci, le combat ne lui avait jamais fait peur. Jamais. Le combat contre Lloyd l’avait tout de même grisé. L’idéal du Jedi n’était pas l’affrontement, l’affrontement était même un échec mais leur bataille l’avait grisé.

Une réponse instinctive pour une question qui ne l’était pas. C’était même une très bonne question. La voix grave de Syn s’éleva à nouveau, cette nouvelle tirade était plus déstabilisante que la première.

J’ai fait mon devoir de Jedi, j’avais une mission. J’étais sur Lorrd pour évacuer des civils, les choses ne sont pas passées exactement comme prévu. Je ne recherchais pas forcément le combat avec l’Empire.

Répliqua maladroitement Kolin, légèrement ébranlé par la seconde remarque qui laissant sous-entendre que malgré qu’il fût envoyé sous le feu ennemi, personne ne s’était préoccupé de son sort. Aucune mission de sauvetage n’avait été diligentée, aucune négociation pour exiger sa libération. Lyrae n’avait jamais été un rapide mais à ce point-là. Bien sûr, il n’était qu’un padawan, un gamin sans valeur mais, tout au fond de lui, il se demandait si quelqu’un pensait encore à lui.

Je sais pas si je suis inconscient, je l’ai peut-être été sur ce coup-là mais que pouvais-je faire ? Fuir, affronter les regards de ces gens condamnés à la mort. Non, je refuse de détourner les yeux, je ne suis pas brave. J’ai fait ce que n’importe qui aurait fait. Les Jedis m’ont peut être abandonnés mais au moins, je peux me regarder dans la glace. Si c’était à refaire, je le referai.

Les images des massacres sur Lordd demeuraient tenaces, les bombardements, le gaz, le froid. Cette atmosphère de cauchemars se lisait dans les yeux apeurés des civils que lui et les Jedis avaient voulus sauver. Le plan initial fut un immense échec, il portait aussi sa part de responsabilités, bien moindre que celle des Siths.

Étiez-vous sur Lordd ces jours-là ? L’Empire a envoyé à la mort des milliers de gens, dont certains étaient plus jeunes que moi. Au nom de quoi ? Je ne sais pas même pas pourquoi, vous le savez-vous ? Vous les servez après tout. Je ne vous juge pas, peut être que vous n’êtes pas au courant au fond.

Il n’y avait pas de colère dans les paroles de Kolin, pas de haine, simplement une forme de résignation et de tristesse. La situation était injuste.
Les Jedis finiront par me faire libérer, ils ne laissent jamais les leurs au bord de la route.

Conclut-il dans une lueur d’espoir à laquelle il croyait un peu moins chaque matin.



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Passionnant. Combien de fois avais-je risqué ma vie par principe ? Lors d'un cours de Darth Riakath, j'avais refusé de tuer pour rien. En m'opposant à son autorité, j'avais pris un risque énorme, et j'avais failli mourir. Pour rester fier, j'avais défié Darth Odium au sabre, alors qu'il aurait pu m'écraser d'un revers de main. J'avais traité Darth Bhalir et Darth Anetherion avec insolence, risquant par la même ma vie. J'avais affronté l'apprentie de la Dame Noire, Zora Shâar-Là, et avait subi une défaite écrasante. Alors que j'avais été blessé sur Felucia, je m'étais rué sur le premier vaisseau en direction de Makem Te, où j'avais frôlé la mort.
A chaque fois, pour faire honneur à ma fierté, ne pas me trahir moi-même, j'avais misé tout ce que j'avais. Mon corps en portait toutes les séquelles, mais c'était grâce à cela que je pouvais encore être fier de ce que j'étais.

Ce garçon avait un sens du devoir, et un honneur. Les deux choses que je respectais sans doute le plus dans cette galaxie. De plus, le fait d'avoir ainsi mis sa vie en jeu sur Lorrd ne semblait même pas lui servir à flatter son ego. C'était un garçon dévoué à sa cause, comme il en aurait fallu plus dan l'Empire.

-Non jeune homme. Tout le monde n'en aurait pas fait autant. Si tout le monde pouvait se comporter comme toi, la galaxie serait plus juste.

Une fois de plus, mes pensées retournaient dans le passé. Les jeux du Colisée avaient duré des années. Des centaines d'enfants comme moi avaient grandi pour être sacrifié dans des jeux, où des imbéciles cupides se régalaient de voir des enfants s'entretuer dans une arène recouverte de sable. La république et les jedi, qui se vantaient de défendre l'ordre, n'avaient jamais rien fait pour eux. Tout ça car il n'avait jamais eu ni la force ni le cran nécessaire pour imposer l'ordre par la force. C'est cela que je voulais transmettre à ce garçon : cette façon de concevoir la justice et l'ordre.

-Je n'étais pas sur Lorrd. J'étais envoyé en mission loin de là par l'Empire. Mais peux-tu concevoir qu'il s'agissait d'un mal pour un bien ?

Je m'arrêtais pour faire face au padawan, me plaçant droit, fier, devant lui, les mains croisées dans mon dos. Je le dominais de toute ma stature, mais je fis en sorte de ne pas avoir l'air de le dominer. Je voulais que ma démarche soit avant tout pédagogique.

-Les jedi sont remplis de nobles intentions. Votre dévotion est remarquable Kolin. Mais votre morale vous empêche de faire ce qui doit être fait. Nous autres Sith, avons fait les renoncements nécessaires pour imposer l'ordre par la force. Il fallait conquérir Lorrd par la force, pour espérer la voir plus tard prospérer en paix.

Je tournai les talons, reprenant la même ronde dans cet espace confiné, suivi par Kolin. Je réfléchissais du mieux que je pouvais à mes prochains mots. Que dire pour essayer de faire germer les graines de la puissance dans l'esprit de ce jeune garçon ? J'avais le sentiment d'être face à un individu qui avait trois fois la valeur de certains apprentis qui arpentaient les couloirs de l'académie, mais qui aurait pu encore creuser cet écart et sortir de cette prison pour s'accomplir. Dommage.

-Quel est votre vécu padawan ? N'avez-vous jamais eu le sentiment de vivre dans l'injustice ? Ne pensez-vous pas que cette injustice pourrait être écrasée par des individus comme le sont les jedis ? Pour ma part, je pense que l'ordre peut maintenir la paix. Mais seulement si l'on a le cran d'imposer l'ordre et la paix par la force.

Ce jeune garçon, après six mois enfermé dans de telles conditions, continuait à espérer. Naïveté ou optimisme ? Cela était-il seulement dissociable ? Peut-être qu'en le ramenant à la réalité, je pourrais le placer dans une sorte de fragilité. Créer une brèche dans laquelle engouffrer mes idées.

-Vous êtes sur Korriban. Fief suprême de l'Empire après Dromund Kaas. Cela fait des années que l'Empire met les jedis et la République en déroute. Vous ne serez jamais libéré, sauf si cette volonté vient de vous, ou de nous. De moi.

Je savais comment illustrer ce que je décrivais. Comment lui faire une démonstration qui lui serait impossible de nier. Je m'arrêtai une fois de plus, puis désignai ses menottes d'un de mes doigts terminé par une lame de rasoir. Même si je les lui ôtais, je ne risquerais rien. J'étais bien plus fort, et armé. J'ajoutai, d'un ton nonchalant :

-A titre d'exemple : ces liens me semblent inconfortables. N'est-ce pas ?
Kolin Valkizath
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Je sais, manqua de peu de répondre le padawan quand Syn le flatta. Ce compliment lui fit chaud au cœur même si il n’en montra rien. Pourtant assez peu porté sur la gentillesse et les bons sentiments il reconnut que Syn était le premier à lui montrer un peu de reconnaissance. Venant d’un « ennemi » cette simple phrase avait d’autant plus d’impact.

De son point de vue, le padawan n’avait aucun mérite. C’était Joris, son grand frère qui lui avait mis ces idées dans la tête dès le plus jeune âge. Ce frère qu’il admirait tant et qu’il érigeait en parangon de vertu qui l’avait pourtant abandonné du jour au lendemain sans explications, comme Lyrae, comme les Jedis. Kolin lui ne s’était jamais dérobé face aux difficultés et aux doutes qui auraient pu mettre en doute ses croyances profondes. Il était un miraculeux, natif d’un des pires endroits de la galaxie, devenir un salaud aurait été plus facile mais ce n’était pas lui, il n’était pas fait de ce bois. Le feu sacré de la justice brûlait en lui.

Je ne vois pas en quoi ça aurait pu être un bien pour un mal, il y avait d’autres moyens. Que les Siths et les Jedis se fassent la guerre me semble être normal mais rien ne peut justifier à mes yeux le massacre d’innocents. Je ne dis pas que la République est parfaite et que tout est tout noir ou tout blanc, loin de là mais je ne pourrais jamais oublier ce que j’ai vu sur ce système.

Kolin interrompit sa marche lorsque Syn lui passa devant. Il était Imposant de toute sa hauteur, le son son cuivré de sa voix à travers son casque semblait raisonner jusque dans l’éternité. Dans son apparence inhospitalière se trouvait pourtant une réflexion et un raisonnement que Kolin trouva juste, une forme de douce tranquillité que savaient manier ceux qui sont convaincus de ce qu’ils disent.

J’espère que vous avez raison.

Admit finalement le padawan quand Syn fit mention que Lordd pourrait renaître de ses cendres sous un ordre nouveau. L’ordre de l’Empire. Au fond, il n’avait jamais su par quoi était motivée cette guerre à laquelle il avait participé. En son for intérieur il détestait les politiques et les Sénateurs bien plus intéressés par leur image et leur confort que par le bien être des peuples sous leurs responsabilités. Il s’en était rendu compte lors de la remise de sa médaille par la Chancelière Suprême de la République, cette guerre avait-elle seulement un sens ? L’acuité de Syn sur le sujet n’était peut-être pas tant tirée par les cheveux sur le sujet.

Il quitta se réflexion en voyant l’apprenti reprendre sa marche et l’interroger de nouveau, il lui emboita le pas se mettant à sa hauteur et répondit.

Je ne suis pas un Jedi depuis très longtemps, on m’a repéré quand j’avais douze treize ans sur Coruscant. Je vivais dans la poubelle de la galaxie, les étages proches de souterrains. J’ai failli ne pas accepter la proposition du Conseil. Ma mère est une tâche elle ne savait pas s’occuper de mes petits frères, mon père s’était barré depuis longtemps et mon frère aussi. Finalement, j’ai accepté en croyant que je pourrais jouer un rôle pour rendre cette putain de galaxie un peu meilleure. Ce qui est sûr, c’est que les politiques ne veulent pas que les choses s’améliorent mais les Jedis eux ils sont différents, ils sont guidés par la Force, c’est vrai que des fois, ils ne font pas ce qu’il faut comme il faut, mais ils font de leur mieux.

Kolin repensa à l’attaque du croiseur où des dizaines de padawans avaient péris, les Jedis n’avaient même pas su faire justice en attaquant à leur tour les belligérants.

Si vous les connaissiez, vous sauriez que ce sont des gens bien ; pas tous, normal. Il y a mon Maître, il est pas parfait, même il fait des grosses boulettes tout le temps mais je sais qu’il sera toujours là pour défendre les faibles et imposer l’ordre. Il sera toujours là pour moi.

Déclara Kolin d’une petite voix en pensant à Lyrae ressentant une profonde tristesse qu’il ressentit jusque dans son cœur. « Toujours là pour moi », sauf maintenant, sauf sur Lorrd. Amèrement le padawan inclina la tête vers le sable blanc qui jonchait la cour. Syn acheva lui remettre le moral dans les talons. L’implacable réalité des choses était bien plus tangible que des espoirs nourris en secret au fond d’une cellule. L’argumentaire implacable de l'homme en armure commençait à faire mouche.

Et vous, c’est quoi votre histoire ? Comment on finit volontairement dans un endroit comme ça ?

Terriblement affaibli par ces longs mois de privations et de mauvais traitements, Kolin flancha en oubliant jusqu’à sa dignité. Ses seize années de vie n’étaient pas suffisantes pour l’endurcir à ce point. Le simple pouvoir de lui délier les mains qui était avancé avec tant de nonchalance, le fit un peu craquer.

Vous pourriez me libérer ?

Demanda le padawan calmement en cherchant le contact avec Syn.
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Je laissais Kolin répondre à chacune de mes affirmations ou questions. Je notais chacune de ses idées, mais aussi sa façon de les exprimer. J'étais à présent convaincu d'être en face d'un potentiel guerrier. Il en avait la valeur. Je savais très précisément quoi lui opposer pour semer en lui les graines de la discorde. J'avais le sentiment d'être sur la bonne lancée, il me suffisait de persévérer. Mais je prêchais ma bonne parole auprès d'un garçon déjà convaincu d'être dans le vrai. Le convaincre serait un travail de longue haleine.

Son histoire me fournit cependant un argument de plus, tout en me révoltant. Bien que je ne l'exprimai pas, je fus moi-même convaincu par l'exemple très représentatif qu'était le passé de ce jeune homme. Alors la république et les jedi étaient assez faibles pour laisser des jeunes gens dans des conditions sur Coruscant, le cœur même de la république ? Ridicule. Quel manque de bravoure injustifiable.

Ce garçon semblait nourrir une vraie admiration sur ses pairs jedi, bien qu'ils ne l'aient abandonné à son sort. J'éprouvais désormais une sincère bienveillance envers ce jeune garçon aussi obstiné. Je ne craignais qu'après seulement un ou deux moi passés de plus ainsi internés, sa bravoure ne finisse par s'éteindre, tout comme l'étincelle de la vie dans le crâne de ce garçon. Après un an passé en captivité, il n'y avait aucun doute que ce jeune homme finirait par devenir fou, ou totalement brisé. Quel gâchis ça aurait été.

L'heure était venu de lui faire une démonstration de force. La preuve ultime que j'étais celui qu'il lui fallait, si il acceptait cependant de suivre mes pas. Je saisissais ses menottes avec attention. Il y avait un contraste flagrant entre la bienveillance avec laquelle je lui fit tendre les bras droits devant lui, et l'agressivité qui se dégageait de mon armure, jusque dans les lames dont étaient pourvus mes doigts.

-Ne bougez surtout pas.

Ma lame ne fut activée en tout et pour tout même pas une seconde. Un éclair rouge jaillit une seconde, mon bras fit un mouvement circulaire vers le haut, puis rengaina immédiatement. Un mouvement expert, exécuté avec une précision chirurgicale. Les menottes s'écrasèrent sur le sable blanc, fendues en deux.
Que Kolin soit menotté ou pas ne changeait rien pour moi. Il n'était pas une menace. Et je doutais qu'il veuille en devenir une.

De plus, le padawan me tendit la perche. Evoquer mon passé me permettrait une fois de plus de fournir une preuve étayant à la perfection mon propos.

-Je ne suis fils de rien. De personne. A priori, je suis né sur Naboo. J'ai été élevé par des "hommes d'affaires" véreux qui m'ont formé, moi et d'autres garçons, dans le but d'organiser de grands jeux au cours desquels nous nous entretuerions pour le plaisir des yeux de pourritures trop riches. Pour miser les deniers qu'ils avaient en trop sans doute. J'ai vu mourir tous ceux avec lesquels j'avais grandi. Tout cela se déroulait sur une zone de non droit, un système appartenant à des forbans. déclarai-je avec une once de nostalgie palpable.

Je marquais une pause, tournant le dos au captif. Au travers de mon casque, je contemplais le soleil ardent de Korriban. Tourner ainsi le dos à un padawan qui aurait pu me tuer en me désarmant était un gage de confiance, bien que j'étais convaincu d'être capable de vaincre un padawan affaibli, même s'il s'était emparé de mon arme.

-Dans un monde parfait, nous autres, inondés par la Force, devrions diriger d'une main de fer. Nous seuls détenons la puissance nécessaire au maintien de la paix. Sache qu'au sein de l'Empire, il n'est aucun soldat que je ne puisse écraser, moi, simple apprenti. D'une part je respecte les jedi, pour leurs nobles idéaux et leur valeur au combat. Mais je méprise leur faiblesse. Ils ont le potentiel pour dominer la galaxie et y imposer leurs idées. S'ils étaient assez forts, ils auraient envahis chaque système, et jamais des enfants comme vous et moi n'aurions eu à endurer toutes ces souffrances.

Je me retournai de nouveau face à Kolin. J'ouvris la main à la hauteur de son regard. Des étincelles bleues crépitaient entre mes doigts.

-Sur cette planète, les gens comme vous et moi font le premier pas vers un monde idéal, ou leur force et leurs sacrifices permettent de bâtir une galaxie bien plus noble. Vous y voyez aujourd'hui une prison, peut-être un jour pourras y verrez-vous une liberté. Je ne peux pas vous libérer pour le moment, mais si j'estime que vous le méritez, je vous mettrai sous ma protection. Si vous acceptez la main que je vous tends, alors votre prochaine balade se fera loin de votre cellule. Sous mon aile, aucun apprenti n'osera s'opposer à vous. Il est encore trop tôt, je le sais, mais plutôt que de placer votre confiance dans de gentils incapables, placez la en moi. Je n'ai pas la prétention d'être un saint, mais je suis juste.
Kolin Valkizath
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Comme demandé, le padawan ne bougea pas et ferma les yeux attendant de voir ce que lui réservait son mystérieux vis-à-vis. Le bruit familier d’un sabre laser qui s’allume fendit l’air alors qu’il sentit ses liens se défaire en s’écrasant sur le sable chaud. Kolin prit une grande bouffée d’oxygène sentant la Force reconquérir chaque parcelle de son corps. Ses poignets étaient douloureux et encore marqués par la morsure de ses liens toutefois il se sentit presque immédiatement mieux.

Merci.

L’idée d’attaquer Syn lui traversa l’esprit une fraction de seconde, ce sabre laser qui pendait à sa ceinture avait des airs de porte de sortie. Il ne faudrait qu’une seconde pour s’emparer de l’arme, mettre à terre le Sith. Ce plan si il était basique ne prenait pas en compte les centaines de Siths qui peuplaient l’Académie, sans compter la difficulté de trouver un vaisseau et de parvenir à quitter l’espace orbital de Korriban. Sans trop douter de ses capacités martiales, les chances de rejoindre Ondéron en un seul morceau ne jouaient pas en sa faveur.

De plus, il y avait quelque chose chez ce Syn qui le fascinait, au-delà de la liberté relative qu’il venait de lui rendre, le Sith l’intriguait par ses paroles et sa capacité à le faire douter. Papillon attiré vers le feu qui finirait par le brûler. Il était évident à présent qu’il s’était lancé dans une opération de séduction. L’armure noire qu’il portait tranchait avec son urbanité, sa bienveillance, sa gentillesse.

Je suis désolé, personne ne devrait avoir a enduré une enfance pareille. Ni vous, ni moi, ni personne dans cette foutue galaxie.

Il était sincère, Sith ou pas, Kolin avait été trop souvent, victime ou témoin des pires injustices et de la bassesse des hommes pour imaginer ce qu’avait pu subir. C’était aussi pour cela qu’il avait accepté de devenir un Jedi, innocent et naïf qu’il était à vouloir changer les choses. Syn de son côté avait pris un autre chemin, une voie que le Coruscanti aurait pu suivre lui aussi. Si ce jour-là ça n’avait pas été un Maître Jedi mais un Seigneur Sith qui lui avait tendu une main secourable. Cette révélation rendait l’homme en armure beaucoup plus humain, terriblement humain.

Je comprends que vous en soyez arrivé là mais un autre chemin que l’Empire était possible. Les Jedis ne veulent pas dominer, ils croient que tous peuvent vivre en harmonie et n’interviennent que pour maintenir la paix pour l’harmonie et l’équilibre, c’est ce qu’on m’a appris.

Dans cette nouvelle réponse maladroite se trouvait toute la contradiction qui agitait Kolin. Il venait de mentir, cette réflexion il l’avait déjà partagée avec Samaël et avec Joclad. Les Jedis travaillaient à la botte de la République. Si la Force avait octroyé ses pouvoirs aux Jedis ce n’était pas un acte manqué. Pourquoi continuer à courber l’échine face à ceux qui ne faisaient rien pour que les choses s’améliorent alors que d’autres, guidés par des idéaux avaient réellement le pouvoir de changer les choses. Joclad lui avait expliqué que remettre tout le pouvoir entre les mains des Jedis seraient dangereux, car nul homme ne possédait assez de sagesse pour décider seul.

Qu’avez-vous fait de ces forbans ? Vous vous êtes vengés en les massacrant ?

Demanda Kolin, curieux de savoir ce qu’avait fait le Sith. La vengeance aurait été légitime. Dans sa jeunesse, plusieurs fois Kolin avait voulu se venger.

J’ai eu envie de me venger aussi, de ceux qui ont fait du mal à mes frères, à mes amis. Moi je m’en tape, j’ai jamais pensé à ma tronche je l’aurai fait pour eux mais si je l’avais fait, je ne vaudrais pas mieux qu’eux.

La proposition qu’il lui fit rejoignait celle que Lloyd lui avait aussi proposé, rejoindre l’Empire. Il ne pouvait pas. La prison était une épreuve, terrible mais baisser les bras et passer du côté de l’ennemi était au-dessus de ses forces.

Je sais ce que vous essayez de faire, vous avez de bons arguments, merci même mais je ne peux pas, je suis un Jedi pas un tueur et croyez-moi sur parole, les Jedis finiront par gagner cette guerre et ils viendront me libérer ; mon Maître viendra, j’en suis sûr.

Il se sentait presque désolé. L’évocation de cette liberté, quitter cette cellule sombre et froide était si tentant, sans compter la presque gentillesse de Syn mais il y avait tant à perdre. Pourtant, pour la première fois, il hésita.
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J'avais été pris à mon propre jeu. En pénétrant dans cette cours, j'avais eu pour intention de semer la discorde dans l'esprit de Kolin. Je voulais le convaincre, briser ses arguments, y opposer une dure réalité. J'aimais à penser que j'avais peut-être en partie réussi. Mais au final, c'était ce jeune padawan qui avait réellement réussi à me toucher. Sa naïveté, son obstination, étaient dignes d'éloge.

Je crois qu'il m'avait même rendu un peu triste. Je ressentais entre nous une certaine dualité : d'une part un homme ayant trop vite mûri et ne voyant plus le monde qu'en nuances de gris, et d'autre part un garçon à la foi intacte en ce monde coloré dans lequel il voulait encore croire. J'aurais voulu que mon parti ait le charme du sien. Réalisme ou idéalisme.

Petit à petit, la Force me guidait, me permettait de distinguer la présence spirituelle, l'état de l'âme de mon interlocuteur. Et je distinguais une lumière. Ténue, menacée, mais une lumière qui s'acharnait à rester allumée. J'avais le sentiment de pouvoir user de la Force pour la souffler, ou même de pouvoir écraser Kolin d'un revers de main pour étouffer ce feu persistant, mais faire cela aurait brisé quelque chose en moi. Je ne pouvais pas m'en prendre à lui. J'avais toujours eu besoin d'une raison pour me laisser aller à l'obscurité. C'était cela qui me permettait de vivre encore au quotidien, malgré tout ce sang sur mes mains. Si je prenais l'espoir de ce garçon, j'y laisserais ma dignité, mon amour propre.

Lorsqu'il évoqua ces fameux forbans et leur destin, ma gorge se noua. J'aurais pu esquiver la question, rien ne m'obligeait à répondre à un captif. Pourtant, je lui confiai une de mes frustrations les plus intimes :

-Il ne leur est rien arrivé. Je n'avais ni noms, ni visage. Je n'ai pas pu rendre justice. Les autres sont morts pour rien. Moi monsieur Valkizath, je me moque de valoir plus ou moins qu'eux. Si j'avais pu mettre la main sur ces monstres, je n'aurais pas hésité une fraction de seconde.

Soudain, l'un de mes poings, désormais pendant le long de mon corps, se serra, émettant un petit cliquetis.

-Les jedi se sont privés de leur pouvoir de décision. Leurs idées sont nobles, mais effacés au profit de pourritures corrompues qui défendent leurs propres intérêts. Sous couvert d'une fausse humilité, ils justifient leur passivité !

Je sortis juste après cette ultime affirmation d'une sorte de contemplation pensive. Je témoignai ici de toute ma désillusion, toute ma rancœur envers ce système qui laissait des horreurs se perpétrer.
Kolin refusait mon aide. Je ne pouvais pas le forcer à accepter la main que je lui tendais, cela faisait partie du jeu, depuis le début. Hélas, ce garçon prometteur refusait que je lui vienne davantage en aide. Tant pis. J'espérais qu'il conserverait la force morale requise pour garder l'espoir au fond de cette planète si inhospitalière.

-Très bien Kolin, vous êtes seul maître de votre destin, même en ces lieux.

J'affirmai cela sans une once d'agression. Je voulais mon ton et ma démarche bienveillante, et je pensais avoir plutôt bien réussi. Enfin, j'étais parvenu à avoir une vraie discussion avec un jedi !

-En gage de bonne foi, je veillerai à ce que vous aillez le droit de vous balader sans menottes. Faites moi confiance monsieur Valkizath. J'ai été sincèrement heureux de partager votre compagnie !
Kolin Valkizath
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La réponse de Syn sur le sort des forbans ne l’étonna pas. Libre de ses perceptions, Kolin pu ressentir le conflit qui agitait l’aura sombre de l’humain en face de lui. Comment aurait-il pu le blâmer pour cela ? Rouvrir les plaies revenait souvent à libérer des démons enfermés dont les cris ne cesseraient jamais de le hanter. Les deux partageaient cela. L’abandon pour Kolin, la mort omniprésente pour Syn. Le padawan se sentit compris par cet homme qu’il aurait voulu apaiser en pansant les blessures de son cœur. Si les vies des Jedis n’étaient pas toutes rangées et parfaites, ces drames étaient moins communs au Temple ou mieux dissimulés derrière les apparences.

En plusieurs années au Temple, les seules personnes à qui Kolin avait révélés une partie des secrets de son passé se comptaient sur les doigts d’une main. Encore enfant, tiré de la fange des souterrains, ses premiers jours au Temple avaient été un cauchemar. Cible des quolibets des autres padawans et du mépris des Maîtres car il n’était pas comme les autres et ne pourrait jamais rentrer dans le moule du parfait petit Jedi. Ce ne fut qu’à force de sacrifices et de temps qu’il était parvenu à se faire accepter : tout en sachant que malgré tout, il resterait un animal sauvage, indomptable sauf aux yeux de quelques rares camarades Jedis. Cet état de fait expliquait pourquoi il se sentait proche du Sith en armure dont les diatribes raisonnaient en lui comme autant d’évidences.

Je deviendrai un grand Jedi un jour et je te promets que je me souviendrai de cette journée. Je ferai en sorte que les choses changent et que plus personne n’ait à souffrir comme tu as souffert, je te le jure.

Dit-il le plus sérieusement du monde en levant les yeux vers le soleil hâbleur se souvenant que cette promesse était sa deuxième, Melysa Kira la fille de la Chancelière avait été son moteur dans cette destinée qu’il cherchait à accomplir. Cette promesse, il n’était pas sûr de pouvoir la tenir, au fond de sa prison qui pourrait-il sauver, même pas sa propre personne. L’espoir était tout ce à quoi il pouvait se raccrocher pour garder la raison.

Syn sonnait la fin de l’entrevue, à grand regret car cela signifiait un retour en cellule. Kolin ne voulut pas que leur discussion s’arrête déjà ; quel autre secret dissimulait l’homme en armure dont il n’avait toujours pas vu le visage mais qu’il avait l’impression de si bien connaître et qui lui offrait même la possibilité de ne plus subir les menottes inhibitrices de Force lorsqu’il était en promenade, ce contact il en avait besoin. Non, l’entretien ne pouvait pas s’arrêter là.
Il coupa Syn fermement au moment où celui-ci allait conclure leur rencontre.

Je crois que ces forbans, j’aurai aussi eu envie de les tuer.  

A l’aide de ses pouvoirs il attira l’une des menottes au sol dans ses mains et la sera au creux de son poing comme pour retenir la colère et la frustration qui naissait en lui.  Il déversa ensuite son flot de ressentiment d’une voix dure comme la pierre qui n’allait pas avec son visage encore marqué par le sceau de l’enfance.

J’ai voulu tuer mon père, chaque fois qu’il me cognait, moi et mes frères en rentrant bourré de la cantina, j’ai voulu tuer ma mère d’avoir été trop lâche pour s’occuper de nous et ne pas nous avoir trouvé un autre foyer, j’ai voulu tuer les gosses des Districts Financiers de Coruscant qui nous regardaient comme de la merde bonne à jeter avec nos fringues trouées et la crasse sous nos ongles, j'ai voulu tuer tous les membres des gangs après qu'ils aient coupé l'oreille de notre voisine pour lui rappeler de payer ses dettes, j’ai voulu tuer mon grand frère pour m’avoir abandonné sans un regard alors qu’il était tout pour moi, j’ai voulu tuer le Sith que j’ai affronté sur Lorrd, si j’avais pu le faire, je l’aurai fait. J’suis pas un mec bien.

Malgré lui, sous l’effet d'une sourde colère le padawan usa de la Force pour envoyer la menotte qu’il tenait au loin, l’objet de métal s’enfonça dans le mur opposé à lui en le lézardant. Cette révélation, il ne l’avait jamais faite à personne, ce n’était pas Jedi que d’avouer des idées de meurtres, les émotions étaient les ennemis des Jedis, il fallait les taire, mais pas cette fois. Cette colère, il avait su l'étouffer mais elle éclatait à présent au grand jour. Bien sûr, en se retrouvant face à son géniteur il n’aurait probablement eut pour seul geste envers lui que celui du mépris mais les faits étaient là :

Syn et lui étaient les mêmes, il s’en rendit compte de manière plus brutale encore.  

Je ne veux pas y retourner, j’en peux plus de cette prison, je ne pourrais pas tenir, pourquoi toute cette merde ! Pourquoi c'est à moi que ça arrive ; La Force pourrait pas emmerder quelqu'un d'autre pour une fois !

Avoua-t-il, criant presque sous le coup de l’émotion sentant presque les larmes lui monter aux yeux. Il n’avait rien fait pour mériter cela. Où étaient les Jedis, où était son Maître qui avait juré de le protéger. Fragilisé, il fit un pas pour s'adosser au mur et s'assit au sol plongeant la tête dans ses genoux en fermant les yeux pour espérer se réveiller de cet enfer.
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Alors que je m'apprêtais à disparaître, Kolin m'interpella. Je pensais avoir échoué à distillé mes idées dans cette graine de jedi déjà si convaincu. Bien que j'admirais sa détermination, et son innocence, j'avais trouvé dommage qu'il ne soit pas plus réceptif que cela à mes idées. J'avais presque eu le sentiment d'être bel et bien et monstre, incapable d'éprouver autant de bienveillance que lui. Pourtant, il n'était pas prêt à me laisser partir, et bien qu'il ne l'avait pas démontré, je lui avais sans aucun doute fait éprouver quelque chose.
Sa promesse d'empêcher d'autres enfants de souffrir comme moi me toucha très profondément. Sous mon casque, une sourire radieux apparut, un sourire que j'aurais aimé dévoiler au jeune Coruscanti.

Après six mois de captivité, il avait été capable de supporter l'enfer sur terre. Aussi, le fait de lui tendre la main avec bienveillance puis de la retirer avait fini par le faire craquer. Ce garçon était attendrissant. Admirable même. Peut-être tout n'était pas perdu ? Il méritait sa chance. Il méritait plus que de dépérir dans une prison impériale jusqu'à mourir de faim et d'épuisement.

Sa franchise me mit du baume au cœur. En avouant que lui aussi aurait voulu tuer mes bourreaux et mes geôliers, que lui aussi avait déjà eu envie de tuer. Son honnêteté m'empêcha de l'abandonner dans cette cours sinistre. Je me retournai, et le regardai utiliser ses pouvoirs contre ces pauvres menottes déjà trop malmenées. Il y avait une certaine rage dans son comportement. Une rage franche, qu'il devait s'échiner à refouler depuis des mois. Une rage qui pourrait, comme pour moi, le guider vers la puissance. Il n'y avait pas de meilleur moteur que la rage. La rage pouvait transformer un agneau en loup, faire d'un enfant un homme.

Je butais sur son allusion à son grand frère, qui était, paraissait-il, tout pour lui. Cela me rappela Léo, ce jeune hapien que j'avais recueilli, aimé comme mon petit frère, et qui, alors qu'il était faible et innocent, avait été massacré par les rebelles de l'ordre. Ils avaient profité du fait que je sois parti en guerre sur Byss pour l'assassiner. J'avais échoué dans mon rôle de grand frère, j'avais échoué à assurer sa sécurité.

-J'ai eu un petit frère moi aussi. lui avouai-je alors avec tristesse.

Je me retournai, face à lui, puis d'un pas lent et assuré, je m'approchai, tandis qu'il envoyait voler ces pauvres menottes contre le mur, lézardant celui-ci. Sa rage le rendait fort, mais comme cette dernière n'était pas contrôlée, n'était pas froide, comme celle que j'éprouvais constamment, le padawan s'effondra juste après avoir exprimé son sentiment d'injustice, son désespoir.
Il s'assit ainsi dot au mur, au sens propre comme au figuré. Un mètre seulement nous rejoignait. Je m'agenouillai, face à lui, le visage d'acier que je lui confrontai n'exprimai aucune émotion, mais ma démarche faisait cela pour lui.

-Vous ne seriez pas un homme bien ? Définissez le bien.

Je n'étais pas de son avis bien sûr. Pour moi, j'étais en face d'un diamant d'innocence, un garçon qui avait du subir toute la violence et l'injustice du monde, mais qui n'en avait pas été corrompu pour autant. Il était fascinant.
Kolin Valkizath
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Kolin se voyait déjà loin, ailleurs que dans cette geôle à ciel ouvert. Que la distance entre lui et cet autre en armure se creuse comme une tombe. Qu'il puisse y tomber et oublier qu'un cœur pur ne disparait qu'à son dernier battement.

Personne encore n'avait su toucher la plaie si profonde qui baillait en Kolin. Cet étranger avait fait plus que cela. Sentiment diffus d'une colère inutile, importune, correspondant si peu à ce qu'il était. Padawan sans âme, vraiment ? Alors pourquoi souffrait-il autant? Ne pas chercher à savoir, se cacher, tel un enfant dans ses genoux en se bouchant les oreilles. Ultime provocation, cendres d'un puéril orgueil.

Le padawan s'abandonna pourtant à l’emprise de Syn. Dans chacune de ses paroles se cachait un goût qu’il avait l’impression de reconnaître. Ce frère qu’il avait eu était un nouveau point commun. Une nouvelle ressemblance envers celui qu’il aurait dû détester mais qui lui était si semblable, qui le comprenait si bien.

Kolin qui se croyait intouchable, à l'abri ou presque derrière les barreaux de ses principes volait en éclat. Le marionnettiste au visage masqué s'amuse du pantin tourmenté, le spectacle se poursuit sous les applaudissements cruels des spectateurs qui n'attendent qu'une seule chose, que le bois brûle, que les fils cassent, que la victime cède totalement à ces réalités que lui proposait le Sith.

Mais l'adolescent n'était pas la victime, elles sont toujours innocentes. Lui, ne l’était pas. Toutes les vies ne peuvent être drapées de velours et de soie, de rose et d'argent. Où serait le prestige de l'or si la boue n'existait pas.

Pourquoi tu as rejoint l’empire ? C’est ton enfance ? Ton frère ?

La tête du pénitent en bure se releva affichant la dualité qui l’habitait en même temps que la peur qui s’était emparée de lui.

Il n'y a pas d'émotion, il y a la paix. Il n'y a pas d'ignorance, il y a la connaissance. Il n'y a pas de passion, il y a la sérénité. Il n'y a pas de chaos, il y a l'harmonie. Il n'y a pas la mort, il y a la Force.

Répéta-il plusieurs fois, comme pour se convaincre et se défendre contre ses propres doutes. Comme si le code Jedi pourrait l’aider dans un moment pareil.

J’ai pensé à tuer mon propre frère quand il m’a abandonné, qu’il s’est envolé à travers les étoiles pour vivre sa vie en me laissant dans la misère et en me demandant d’être toujours juste et courageux, de toujours faire le bien. Alors j’ai fait semblant, d’être heureux pour lui, de lui faire croire que tout irait toujours bien, que je serai fort et que je prendrai soin de tout le monde et j’en ai été incapable ; Lui l’aurait fait mais pas moi, il a toujours été meilleur que tout le monde, personne lui arrive à la cheville mais il a fallu qu’il abandonne, qu'il m'abandonne.

Le visage rougi, le garçon se frotta les yeux toujours adossé à son mur. Il releva ensuite ses prunelles océanes vers le Sith, cherchant un lien à créer à travers l’implacable placidité que renvoyait son armure polie.

Sa voix fluette se para des accents de la brûlure à mesure qu’elle montait en lui et s’expulsait de pleins fouets dans ses paroles, pareille à l’eau d’un barrage cédant sous la pression. Après des mois de captivité, de souffrance, de faim et de solitude : il n’en fallait pas plus.

Tu sais ce que c’est toi, de tout donner, tout le temps pour les autres et de n’avoir en retour que du mépris. Que des coups des ceux qui devraient t’aimer. De partager ta piaule avec des padawans qui te méprissent alors que tu voudrais tellement être comme eux. D’avoir des amis en sachant que tu leur seras toujours inférieur ? D’avoir un Maître qui te laisse croupir sur Korriban ? De prendre tous les coups, tout le temps pour les Jedis ? De voir ceux que tu devais protéger mourir ? Tout ça pour finir en taule, tout seul. D’avoir tout le monde, tout le temps qui t’abandonne, ton frère, ton Maître, les Jedis ? Tu le sais ? Tu le sais ?

Il se mit à crier, les yeux remplis de larmes.

Tu le sais ?

Et de plus belle.

J’en sais rien, je ne sais pas, je sais plus ce que ce putain de bien veut dire !

Plus fort encore.

Qu’est-ce que je dois faire pour que ça s’arrête ?

Toujours plus fort, les yeux brouillés par les larmes.

Je veux plus qu’on m’abandonne.

À s’en déchirer les cordes vocales, le ton noué par la douleur.

J’en peux plus !

La tête vers le sol derechef, Kolin ressentait la douce chaleur de ce quidam qui lui offrait son Monde dans un simple regard. Il ne cherchait pas à comprendre, ne cherchait plus à savoir. À quoi bon. Si le destin était une compagne, elle lui avait désigné un nouvel amant en la personne de Syn Kieffer.
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La question du padawan me laissa pensif. Moi-même, je ne m'étais jamais posé cette question. Je n'avais jamais eu à le faire. Quelle était l'origine de mon allégeance à l'Empire ? Cette allégeance qui avait à mes yeux tant d'importance mais qui m'avait pourtant coûté si cher. Je pensais rapidement à tout mon vécu, comme si ma vie était un holofilm que je passais de force à mon crâne dans une option d'avance très, très rapide. Je présentai alors à Kolin un très rapide résumé de ce film :

-Tout a commencé en ce monde, sur Korriban. J'y suis entré pour devenir un Sith, car je pensais qu'en le devenant, je serais assez fort devenir libre. Mais plus je m'intégrais l'ordre, plus je rejoignais les idéaux, les vérités que je partage avec vous. A partir du moment où je suis entré chez les Sith, et où j'ai eu l'envie d'apporter ma pierre à l'édifice, de changer les choses, prêter allégeance à l'Empire était la suite logique des choses.

Après que j'eus évoqué les raisons de mon allégeance, je vis le jeune sombrer un peu plus dans le désespoir. Après avoir passé les six derniers mois enfermés, il avait du passer tant de temps seul avec son passé qu'il lui était désormais impossible de ne pas laisser celui-ci ressurgir de la sorte.
Il était accablé par le chagrin, et comme je l'avais espéré, il avait trouvé en moi le seul confident valable. Je ne pouvais m'empêcher de penser que ses geôliers devaient être véritablement inhumains pour ne pas avoir pu ressentir le mal-être de cet innocent, et à défaut de l'appuyer, l'enfoncer encore davantage dans sa misère.

Ce pauvre garçon semblait souffrir des abandons successifs dont il avait été la victime. A en juger par son histoire et ses précédentes réponses, j'étais persuadé que pour soulager la conscience de ses proches, et certainement pour ne pas être un poids, ce garçon avait enchaîné renoncement sur renoncement. Or, à force de renoncement désintéressé, si l'on ne reçoit en retour aucune bienveillance, on finit toujours par craquer. Cela n'avait rien d'égoïste, rien de condamnable. C'était seulement un signe d'humanité, et la preuve de la profondeur de son cœur.

Une fois qu'il eût émis son dernier cri de détresse, je vins m'assoir à ses côtés. Je voulais affirmer notre ressemblance, et afin de servir cet objectif, je veillai à ce que ma posture soit sensiblement la même que la sienne dans un premier temps. Je laissai un silence s'installer. Je comptai sur le fait qu'il se calme un peu, que le fait d'avoir ainsi vidé son sac l'aurait d'une part apaisé, mais aussi rendu plus réceptif. J'avais trouvé très intéressant qu'il s'en remette de la sorte au code jedi. Cela me donnait une réponse toute faite, mais m'en servir immédiatement aurait pu braquer le jeune coruscanti.
Nous étions tous les deux adossés côte à côte avec l'adolescent, contre le mur de cette maudite cours, et je pris une initiative singulière : celle d'enlever mon casque. Je le déposai sur ma droite. Tandis que je sentais sur moi le regard de mon tout nouveau confident et que je soupçonnai que celui-ci soit médusé, je me débarrassai également de mes gants aux doigts griffus, les disposant près de mon casque. Mon visage doux, presque enfantin ainsi mis à jour fut alors barré d'un petit rictus, à la fois gêné et amusé par l'absurdité de la situation. Nous avions la capacité d'arpenter une galaxie qui ne connaissaient pas de limites physiques, et pourtant, nous étions tous deux là, emprisonnés dans une misérable cours de quelques mètres seulement.

-Les sith n'ont pas eu de mal à me convaincre. J'étais persuadé, je le suis toujours, que l'ordre détient la force requise pour rendre la galaxie meilleure. J'étais prêt à tout sacrifier pour la cause, pour le côté obscur. Mon corps a changé, s'est marqué, a dépéri. lui confia-je en jouant avec une mèche de mes cheveux au blanc immaculé.

Je marquai une pause. Je disposai avec une certaine aisance, une certaine nonchalance mes bras sur mes deux genoux, que j'avais ramenés contre ma poitrine. J'affichais un léger sourire de façade, qui exprimai à lui seul ma nostalgie. Mon regard vermeille se tourna vers un point dans le ciel que j'étais le seul à percevoir. Je repris alors :

-D'abord, ma première maîtresse s'est enfuie. Ensuite, au nom de mon engagement, j'ai été blessé, à plusieurs reprises. Sur Félucia, j'ai combattu du mieux que je pouvais pour défendre notre territoire, et alors que j'étais déjà blessé, j'ai accouru sur Makem Te, où j'ai frôlé la mort. Je n'y étais pas obligé, j'avais fait ma part. Makem Te, c'était mon devoir. Mais ce sacrifice ne m'a valu que d'être méprisé pour ma défaite. Lorsque l'Empire s'est divisé, et que j'ai affirmé mon engagement, les rebelles ont assassiné mon petit frère. Il était comme toi pourtant. Innocent, gentil. Moi aussi, j'ai tout perdu. Je crois que plus d'une fois, j'ai voulu mourir.

Mon regard revint sur le sable blanc. Ma main le parcourut, en saisit une poignée, que je laissais ensuite s'égrainer lentement entre mes doigts.

-"La paix n'est que mensonge.
Il n'y a que la passion.
Par ma passion, j'obtiens la puissance.
Par ma puissance, j'obtiens le pouvoir."

Le début seulement du code Sith. La suite, peut-être aurait-il l'occasion de la découvrir. Mais certains vers étaient encore trop brutaux pour qu'il les assimile déjà.

-C'est en acceptant que l'on est humain que l'on devient plus fort. La peur, la colère, l'amour aussi... ce sont tous des sentiments très humains. Vouloir y renoncer est une aberration. L'ordre jedi, en voulant imposer une telle inhumanité à tous ses membres, incarne la seule vraie tyrannie, le seul vrai obscurantisme. Renonce à ces principes monstrueux, et tes faiblesses pourront devenir des forces. "Il n'y a pas de faiblesse, il y a le Côté Obscur" nous enseigne le code Sith. Je t'accorde que ça peut avoir l'air sinistre, mais c'est la promesse d'un avenir meilleur pour ceux qui vont au-delà des apparences.
Kolin Valkizath
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Le padawan malingre avait crié si fort que le garde chiourme de service avait quitté son poste pour s’enquérir de ce qu’il se passait. L’imposant garde se tint dans un coin de la cour pour garder un œil sur son prisonnier en souffrance.

Kolin gardait les mains sur son visage pour cacher cette souffrance qu’il ne parvenait plus à contrôler. Sa respiration bruyante ne suffisait pas à cacher les sanglots qui s’échappaient tristement de l’adolescent en tourmente, Joris aurait eu honte de lui. De là où il venait, on disait que les larmes des miraculeux n’avaient pas le droit de couler, pleurer revenait à cracher sur la tombe de ses aïeux.

En se frottant les yeux rougis par les larmes, il repensa aux paroles de Syn. La simplicité de son histoire le frappa, si la vie du Sith avait commencé dans le sang, les raisons de son départ pour l’Empire n’avaient rien de tragique ou de spectaculaires, point de duel à mort à la pointe du sabre, simplement cette implacable conviction qui était la sienne et qu’il étalait avec tant de calme, avec tant de cohérence.

Désolé pour ce spectacle.

Grogna un Kolin qui reprenait peu à peu ses esprits avec cette triste démonstration de manque de contrôle de sa propre personne, un grand Jedi, tu parles. Il n’était qu’un gosse apeuré dans un endroit trop dur pour lui, cette ascension vers la liberté il ne pourrait pas la terminer seul. Il n’était pas assez fort. A son inverse Syn semblait si sûr de lui et de ses choix, la différence de maturité et de charisme était flagrante. Pas assez fort pour vaincre Lloyd, pas assez fort pour résister à cet étrange personnage.

Kolin avait toujours pensé que les problèmes le cherchaient, qu’un destin divin se jouait de lui pour lui infliger autant d’épreuves pour une si petite vie et si le problème venait de lui. Dans d’autres circonstances, aurait-il pu défendre ses frères contre son père, sortir sa famille de la misère. Empêcher Joris de partir ?

Et si finalement, le problème c’était lui, sa faiblesse.

Lorsque l’impérial s’assit à ses côtés, l’absurdité de la situation lui sauta un peu plus aux yeux, un regard extérieur aurait pu les croire amis, dans le même camp. L’image d’un mentor consolant son filleul d’un geste bienveillant, tous les repères volaient en éclat, qui était vraiment l’ennemi à présent. Kolin le regarda retirer son casque et ses gants, curieux de voir ce qui se cachait derrière cette armure. Difficile de donner un âge à un tel homme, d’autant plus qu’il venait de préciser que le côté obscur avait flétri son corps, ses yeux rouges accentuait son étrange aura : quelque part entre vive et mort, entre bien et mal ; si ces mots avaient encore un sens.

C’est le côté obscur qui t’as transformé comme ça ? Que t’a-t-il offert en échange ?

Demanda Kolin sans gêne.

Le côté obscur de la Force n’était pas enseigné au Temple. Tous tremblaient devant son pouvoir ; les anciens Jedis bien des siècles auparavant avaient décidé que pour ne pas tenter les jeunes Jedis à prendre le mauvais chemin il suffisait de ne pas en parler, ces vieux croutons n’avaient jamais compris que tout ce qui est interdit est tentateur. Tout ce qui est mystérieux appelle des questions.

Le discours rempli d’humanité de Syn lui rappela toutes les histoires de la guerre. Cette injustice si vive qui grésillait dans son aura de Force.

Ton frère est avec la Force maintenant, sans doute mieux installé que nous à combattre sans cesse, une victime de la folie des combats. J’ai plus de chance que toi, mes petits frères sont en vie, mon grand frère est dans l’armée j’ai pas de nouvelles, je sais pas où il est mais je suis sûr qu'il pense à moi, même si il m'a abandonné, j'avais pas le droit de le retenir.

Philosopha le padawan en pensant à ses propres frères ne pouvant détacher son regard de celui de son adversaire, les pupilles posées sur lui, il l’écouta dérouler ce qui devait être le code Sith fasciné par cette doctrine si éloignée de ce qu’on s’échinait à lui apprendre depuis son arrivée sur Ondéron.

Si les émotions sont des forces pour les Sith, les Jedis les interdissent car elles empêchent de prendre de bonnes décisions, la colère, l’amour sont des poisons qui empêchent d’être juste et de regarder avec la distance qu’il faut. Nous croyons aussi que la violence engendre la violence que le calme provoque la paix.

Le sabre s’écoule comme le temps dans le creux d’une main au rythme des idées.

Pourtant les Jedis l’avaient abandonnés, était-ce à cause du code Jedi ?

Le côté obscur pourrait me rendre plus fort ? J’veux dire, c’est comment ?

Vision du futur.

Un avenir meilleur, aucun avenir ne m’attend, quand tu seras parti, on me refoutra en cage jusqu'à ce que j'en crève.
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La scène avait bel et bien quelque chose d'absurde. Cette convivialité que j'étais parvenu à installer tranchait avec le fait qu'il était implicitement mon prisonnier, bien que ça n'ait jamais été mon souhait. Mais malgré cela, tout fonctionnait. Je n'avais rien besoin de forcer, qu'il s'agisse de son attitude ou de la mienne. Beaucoup de mes confrères employaient la manipulation et le mensonge de manière presque systématique. Pourtant, ce qui faisait ma crédibilité, et ici, ma force de persuasion, c'était bien ma sincérité. Rien de ce que je n'avais dit à Kolin n'avait été inventé, ni même exagéré pour rendre mon discours plus convaincant qu'il ne l'était déjà.

Je ne me faisais pas violence en restant ainsi auprès du padawan. C'était un moment réellement enrichissant, dans lequel je confrontais mes convictions à celles d'un jeune homme. Mais force était de constater que sa foi en l'ordre jedi, après tout ce qu'il venait de traverser, était indubitablement ébranlée. Nos idées ne s'entrechoquaient donc pas de padawan à apprenti Sith, mais plutôt de Sith à jeune idéaliste. Et mes arguments semblaient avoir fait mouche, avoir trouvé plusieurs atomes crochus pour hameçonner l'adolescent.

Mais je devais aborder l'un des aspects les plus difficiles de mes choix de vie : les sacrifices physiques que j'avais du faire pour accepter dans chaque parcelle de mon être la puissance du côté obscur. Si nous étions amenés à nous revoir, peut-être lui révèlerai-je les longues traces pigmentées de noir que la Force avait tracé sur ma peau d'origine si pâle.
Mais avant cela, je préférais détourner un peu le sujet. Marquer un petit temps de pause avant d'aborder ces sujets pénibles. M'accorder le temps de trouver les mots aussi.
Je décidai alors de lui faire un nouveau compliment, non démérité, et qui me permettrait d'initier une nouvelle thématique essentielle : celle des choix.

-Je crois que l'on a toujours le choix. Tu aurais pu choisir de retenir ton frère, ou bien le laisser partir. Les deux choix étaient possibles, mais l'un des deux était digne de louanges et de respect. Tu as fait celui-là.

Je tournai mon visage complètement vers le sien pour qu'il puisse distinguer tous mes traits. Je les savais encore presque enfantins. Mis à part les teintes si atypiques de mes cheveux et de mes yeux, je savais que mon visage trahissait la douceur que je m'échinais depuis si longtemps à refouler.

-Pour les yeux, je ne sais pas. Je suis né avec. Mais pour les cheveux, oui. A partir de mon entrée ici, ils ont lentement perdu toute leur couleur.

Je marquai une pause, puis je fis jouer quelques étincelles entre mes doigts, pour illustrer ma maîtrise de ce pouvoir. Un pouvoir auquel mon jeune ami avait rarement du être confronté, tandis que j'en avais fait ma signature.

-Mais en contrepartie, le côté obscur m'a rendu fort. Bien plus fort que je l'aurais jamais été sinon. Moi aussi, j'ai du faire un choix.

J'avais enfin trouvé la formulation qui me manquait. Une démonstration simple, loin de toute démonstration scientifique, mais tellement criante de vérité selon moi :

-Toi aussi tu pourrais faire ce choix. Devenir fort. Pour le devenir, à titre personnel, j'ai du embrasser mon humanité. L'humanité est faite de toutes ces choses qui répugnent aux jedi : la colère, la peur, l'amour. En réalité, si tu faisais de même, tu ne choisirais pas la voie de la puissance, mais tu renoncerais aux vœux de faiblesse des jedi. L'humanité est faite de tous ces sentiments. Être humain, c'est ressentir. Être humain, c'est ressentir la force de ce que vous autres avez baptisé "côté obscur". Toutes ces émotions nous rendent plus fort. Elles nous permettent de vivre, d'être libre. A quoi bon vouloir être juste envers les autres, lorsque l'on est pas juste avec soi-même.

Je finis par détourner le regard, observant de nouveau un point que j'étais le seul à voir, au beau milieu du sable blanc de cette misérable cours.

-Même ici, en cet instant, en ce lieu, tu peux faire des choix. Par exemple, celui de me revoir. Tu mérites de sortir un peu de cette cellule. Il te suffit juste d'accepter de te mettre sous mon aile quelques heures. Mais là aussi, il s'agit d'un choix difficile, je te l'accorde...
Kolin Valkizath
Kolin Valkizath
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Le choix. Il y avait dans le choix le destin entier de la galaxie. Chaque choix laissait une porte ouverte à d’autres choix qui s’embranchaient et s’entremêlaient à des choix précédents. Maître Abraham avait une fois expliqué que chaque homme et femme n’était qu’une construction empilée de ces choix qui façonnaient à jamais notre destin et ce que nous étions. Âgé de treize ans à peine lorsqu’il avait entendu cette maxime sibylline, il n’avait pu en saisir les subtilités et les contours. A presque dix-sept ans, Kolin comprenait enfin où avait voulu en venir l’Epicantix. Syn avait fait le choix du côté obscur qui avait fait de lui l’homme qu’il était devenu. Le choix de croire qu’un grand fatum était au bout de ce chemin, ce chemin pavé de bonnes intentions qui l’avait finalement conduit d’un enfer vers un autre.

Mais ce nouvel enfer, il l’avait choisi en son âme et conscience.

L’évocation du départ de son grand frère glaça le sang du frêle padawan. [Seuls les administrateurs ont le droit de voir ce lien] avait marqué la fin de son enfance. Son frère, son héros, son modèle et idole : Joris. Comment aurait-il pu lui en vouloir ?

La fuite comme un souffle de vie. En le serrant si fort dans ses bras, Kolin avait rêvé de l'amour et de la protection, il avait aimé ce rêve, trahi. Cette soirée lui avait appris qu'il n'était pas beau, pas bon, de croire aux illusions des magiciens fous chantant des berceuses. Parce que l'espoir était le plus doué de tous. Le padawan ne lui en avait pourtant jamais voulu, il ne savait ni aimer ni haïr à moitié, pardonnant tout. Faisant taire ses brûlures, acceptant l’inacceptable avec le sourire. À vif, écorché par les bas-fonds, il était sauvage comme un étalon des plaines de Naboo mais savait aimer plus que de raison.

Le choix de le retenir à l’époque aurait été inimaginable mais que ce serait-il passé si finalement son modèle était resté à ses côtés ? Quelle aurait-été sa vie ?

Je crois aussi qu’on a toujours le choix, dit le padawan sobrement en regardant curieux la petite martingale d’étincelles du Sith.

Les prunelles du padawan plongèrent toutes entières dans celles rougeoyantes de l’homme à ses côtés. Son visage était si paisible si tranquille. Le padawan savait cerner les hommes. Derrière ce masque si savamment appliqué, il pouvait sentir les blessures, des ecchymoses si semblables aux siennes. Ce faciès albâtre dissimulait parfaitement les choix difficiles qui avaient été les siens. Un visage si impavide ne pouvait être mauvais, Kolin en était à présent totalement convaincu. Syn Kieffer était un homme bon.

J’espère que tu ne le regrettes pas et que tu ne le regretteras pas. Il fallait être très brave pour emprunter cette voie.

Il tourna la tête en direction opposée de l’apprenti pour sécher une larme qui s’était tapie dans le recoin de sa paupière. Il haïssait cette faiblesse : là où ses tourments étaient mis à nu, plaie qu'on exhibe pour mieux y enfoncer la lame. Cette sensibilité qu’il retranscrivait, il la maudissait. Cette partie de lui qui parfois surgissait hors de son armure de glace. En se livrant comme il le faisait en ce moment-même, il laissait s'éveiller celui qu'il tenait étranglé, quelque part au fond de lui. Quelque chose qui finirait par le dévorer.

Quelque chose qui lui hurlait de s’abandonner à la porte de sortie que lui offrait Syn.

Je n’ai jamais vraiment su masquer cette humanité. Colère, peur, joie, amour. J’ai refoulé tout ça quand je suis entré chez les Jedis, mal bien sûr. Mais tu sais, ce sont ces mêmes sentiments qui m’ont maintenu en vie là où j’ai grandi. La peur qui te fait fuir devant un chasseur de prime, l’amour quand tu fais un câlin à ton frère, colère devant ceux qui ne font rien alors qu’ils peuvent tout, joie en voyant ton père rentrer sobre et savoir que tu passeras une nuit tranquille.

Il marqua une longue pause en levant les yeux vers le ciel.

Je crois que je comprends où tu veux en venir. La vérité c’est que les Jedis sont vieux jeu ; vieux jeu et ils n’ont même pas le courage d’avoir de la compassion pour venir me délivrer. Ils sont prisonniers de leur absence de sentiments. Enfin, je crois.

Une nouvelle main tendue, il voulait tant la saisir. Promesse d’une libération, de quitter pour un temps cette cellule. « A quoi bon vouloir être juste envers les autres, lorsque l'on est pas juste avec soi-même. », cette assertion le hanterait.

A l’autre bout de la cour deux gardes arrivèrent, ils s’inclinèrent devant Syn et l’informèrent que la récréation était terminée. Dans un soupir résigné Kolin se releva et sa plaça docilement entre les deux gardes. Les balmoréens avaient vu que les menottes avaient été retirées mais un geste de Syn leur fit comprendre que tout était sous contrôle.

Je vais réfléchir à ta proposition.

L’un des garde l’empoigna par le col avec violence et le fit avancer vers la sortie de la courette.

Merci, merci Syn Kieffer, , souffla Kolin pour lui même.

Sans ménagement, Kolin fut escorté vers sa chambre. Jeté avec violence à l’intérieur, il finit par gagner le lit dégoûtant et s’y allongea fixant le néon blafard accroché au plafond. Il ferma les yeux, s’abandonnant dans un songe.

Pardonne-moi Joris, pardonne-moi. Tu m’as appris que parfois, le chemin que la vie nous dicte d’emprunter est sinueux et nous oblige à prendre des décisions douloureuses, je crois que j’ai enfin pourquoi tu m’as abandonné.
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