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C’était un grand jour pour Darth Odium. Les chagriens avaient habituellement une progéniture nombreuse. Il ne faisait pas exception à la règle. Des trois rejetons qu’il avait eus, deux avaient été aptes à maîtriser la Force et à être entraînés pour devenir des Sith. Après des années d’entraînement, il était enfin temps pour ses filles, [Seuls les administrateurs ont le droit de voir ce lien] et [Seuls les administrateurs ont le droit de voir ce lien] Shari, de devenir des guerrières. Avec les temps qui s’annonçaient, de guerre, d’affrontement et de gloire, elles devaient passer à l’étape supérieure et devenir des éléments plus autonomes au sein de l’Empire. Le maître de Virsune, Fen’Ril, avait d’ailleurs connu une fin dramatique pendant la bataille de Lorrd, ce qui marquait la nécessité de ses filles de passer à l’étape supérieure. Le Sith était de retour de Lorrd spécialement pour cette occasion.

Mais bien sûr, il s’agissait également du moment idéal pour le Seigneur Sith de faire étalage de sa prodigalité. Comment affirmer encore plus sa renommée qu’en lançant une soirée officielle de fin de formation ? Il allait faire en sorte que l’Epire se souvienne du nom de Karza et de Virsune Shari, mais aussi rappeler à quel point lui-même était parvenu à s’imposer comme une figure glorieuse au sein de l’Empire. Ses victoires étaient aussi à fêter dignement. Dernière chose : il s’agirait d’un moment privilégié pour faire la rencontre d’autres éléments de l’Empire Sith qu’il avait sûrement délaissé.

Et quel autre endroit pour marquer le coup que son fief de Korriban pour mettre en branle ses plans ? Il avait choisi les lieux avec soin. Un bâtiment qui avait dû être un lieu de culte jadis, quand les Sith purs dominaient encore Korriban avant leur éradication par les hypocrites jedi, transformé en une vaste salle d’entraînement où les jeunes apprentis s’exerçaient aux katas en groupe. Ils suivaient alors minutieusement un maître, imitant les gestes de leur professeur jusqu’à ce qu’ils parviennent à la perfection. Il avait demandé à ce que des torches soient placées pour donner un aspect plus solennel aux lieux. Les feux crépitaient, éclairant la salle d’une lueur orangée qui flattait l’œil de l’observateur.

En tant que chagrien, Darth Odium n’avait pas de sens du goût. La nourriture, quelle qu’elle soit, lui semblait insipide. Les repas, une perte de temps. Ils connaissaient cependant l’appétence des autres races pour les plaisirs de la bouche. Il avait donc fait venir des traiteurs des colonies Sith pour émerveiller le palais de ses invités. Il espérait simplement sur son investissement était à la hauteur, mais les esclaves en lesquels il avait confiance pour garder ses demeures en son absence lui avaient assuré que c’était le cas. Les tables étaient dressées, les serviteurs mettaient en place les dernières assiettes avec empressement sans abîmer les nappes vermeilles. Sur une table de pierre, des vins, champagnes et alcools des quatre coins de l’Empire attendaient de remplir les verres. On pourrait croire que la guerre n’avait jamais eu lieu. L’heure était plus à remonter le moral des troupes et à ressouder l’Empire. Une tâche difficile.

Les invitations avaient été lancées il y a quelques semaines déjà pour parvenir à temps aux invités de marque les plus éloignés. Tout sympathisant de l’Empire était cependant le bienvenu, apprenti comme seigneur. Le Seigneur Sith ressentit une pointe de nervosité le traverser. Il n’était pas, il n’était plus tout à fait un homme social. Sa distinction et son affabilité n’étaient que des façades pour dissimuler son manque d’aisance en société. Oh, il savait toujours se comporter avec les apprentis, avec les troupes, mais avec ses égaux dans un cadre informel ? C’était une autre histoire pour le vieux chagrien qui s’était isolé en ermitage pendant quelques années.

Ses filles étaient déjà là. Virsune, si droite qu’elle semblait en pierre, le visage maussade. Loin de la violence sa vie n’avait aucun sens. Darth Odium espérait qu’elle saurait un jour reconnaître l’utilité de qu’elle considérait comme des frivolités. La mort de son maître l’avait laissé indifférente. D’aucuns auraient dit qu’elle souffrait d’un défaut d’empathie inquiétant. Karza était emprunte d’un doux sourire. Personne ne savait ce qu’elle pensait réellement, car elle parlait peu et toujours manière calculée. Les deux chagriennes discutaient tranquillement.

Un esclave s’approcha d’Odium pour lui annoncer l’arrivée des premiers invités. D’un geste, le Sith invita l’orchestre (3 esclaves malingres auxquels on avait donné le peu d’instruments qu’on avait trouvés) à jouer. La salle se remplit petit à petit.
Absalom Thorn
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— Tu ne peux pas juste, je ne sais pas… Mettre un pagne ?
— Je choque ta pudeur ?
— Tu choques la pudeur de tout le monde, Ab, soupira l’Inquisitrice, qui préférait se concentrer sur son datapad que de regarder les fesses musclées de l’Hapien entièrement nu, occupé à s’inspecter dans le miroir.

Quand ils étaient en tête-à-tête, Anna Su parlait au Seigneur avec beaucoup plus de liberté qu’elle ne l’aurait fait devant les autres, à l’extérieur, dans ce vaste Empire où, d’Ombre Jedi, elle était devenue Inquisitrice Sith, occupée à briser impitoyablement celles et ceux qui s’écartaient du chemin que Noctis avait tracé pour eux. C’était un rôle qui ne disposait guère aux mondanités mais Absalom avait tenu à ce qu’elle l’accompagnât sur Korriban, à la réception en l’honneur des filles d’Odium, pour observer les invités.

Noctis referma le pot de crème qu’il avait soigneusement appliquée sur son visage. Sa beauté surhumaine était tout autant le fruit de la Force et de soins minutieux que de la génétique exceptionnelle des Hapiens. Il n’entretenait avec beaucoup de vanité, mais certainement aussi avec pragmatisme, conscient qu’elle constituait l’une de ses armes les plus redoutables. Sans se presser, il traversa sa vaste cabine, sur le vaisseau qui le conduisait à Korriban, pour pénétrer dans la garde-robe.

— Toujours pas décidé à profiter du voyage pour repérer un apprenti digne de ce nom ?
— Si la Force m’en destine un, il trouvera bien son chemin tout seul, répondit Noctis depuis la garde-robe.
— J’aime ton optimisme.

Elle-même ne croyait plus en grand-chose, si ce n’était en Noctis. L’Hapien dispensait sa sagesse au compte-goutte, mais c’était suffisant pour que l’ancienne Jedi le considérât comme la seule voie sûre pour approfondir sa connaissance de la Force. Le datapad de la jeune femme vibra.

— On arrive sur Korriban.

Une bonne heure plus tard, Darth Noctis et Darth Venenous pénétraient dans la salle éclairée de torches où Darth Odium avait choisi de tenir sa réception. L’Hapien était vêtu d’une tunique d’un bleu nuit filé d’or, faite de rubans entrecroisés en des dessins complexes mais l’humaine de Coruscant, beaucoup plus discrète, avait conservé une tunique noire d’Inquisitrice. Elle veillait à marcher toujours un pas derrière lui, dans une attitude qui tenait beaucoup plus de celle de la garde du corps que de l’invitée, et une capuche dissimulait presque entièrement son visage.

À vrai dire, Anna était nerveuse. Noctis avait une solide réputation de pacifiste au sein de l’Empire Sith et Odium une réputation plus solide encore de seigneur de guerre. À son humble avis, la rencontre relevait de l’inconscience de la part de l’Hapien mais il devait compter sur le sens du décorum de leur hôte pour que la conversation demeure civile. En vérité, Noctis n’avait pas un mépris de principe pour le chef de guerre, bien conscient que l’Empire ne pouvait se priver de militaires s’il voulait un jour assurer le statu quo avec la République.

Il fallait bien avouer cependant que sa présence parut aussitôt incongrue aux quelques invités déjà affairés devant le buffet. Sans hésiter cependant, Noctis traversa la salle pour rejoindre Darth Odium, qu’il salua d’un signe de la tête, avant de déclarer avec une honnêteté à toute épreuve :

— Tout le monde m’a suggéré de décliner l’invitation de peur que le diplomate que je suis ne se jette ici en pâture au militaire que vous êtes mais je crains que mes associés ne soient pas toujours aussi perspicaces que je le souhaiterais.

Odium était un guerrier et, autant que Noctis en savait, un guerrier d’honneur. L’honneur des Siths était une notion fragile et fuyante, certes, mais une notion essentielle malgré tout que Noctis s’attachait à bien comprendre. C’était pourquoi il avait préféré crever l’abcès de but en blanc que de feindre la cordiale entente en poussant les différends sous le tapis.

Il tourna les yeux vers les deux jeunes femmes qui, pour être les héroïnes du jour, paraissaient malgré tout reléguées dans l’ombre de leur saisissant paternel.

— Vous devez être très fier. Toutes mes félicitations.
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Korriban. J'entretenais avec cette planète une histoire bien complexe, ambiguë au possible. Si lors de mes premières années en tant qu'apprenti, j'avais haï chaque grain de sable de cette planète désertique. Mais à force de duel, de sang versé, j'avais fini par tisser un lien fort, un lien émotionnel avec ce qui était le fer de lance de l'Empire.
Cela faisait pourtant plus de deux ans que je n'y avais pas mis les pieds. Je n'avais jamais osé y retourner depuis ma défaite cuisante sur Makem Te. Ce maudit contrebandier... Il m'avait fallu plusieurs mois immergés dans le bacta, des greffes de peau, et de la rééducation, pour me remettre de l'explosion de cette grenade qui avait ravagé mon dos, désormais marqué des brûlures et de cicatrices entremêlées.

Ce malheureux incident m'avait brisé. Non seulement physiquement, mais aussi au niveau psychologique. Mon ego avait été ruiné. J'avais passé les mois qui avaient suivi à faire profil bas. J'avais renoncé à mon envie de faire cavalier seul, j'étais rentré dans le rang, me soumettant à chacun des ordres, me contentant des petites missions sans envergures, pas à la mesure de mes talents de bretteur et d'assassin.
Mais il m'avait fallu au moins cela pour me permettre de mettre derrière moi cette odieuse défaite, infligée par un bandit lambda dont je ne connaissais même plus le nom. Cependant, avec le retrait de Darth Ynnitach, il m'était impossible de rester plus longtemps sur la touche. Je me devais de signer mon grand retour. Une fois de plus, j'étais prêt à prêter serment auprès de l'apprentie de la Dame Noire, pressentie pour lui succéder. Il ne me fallait plus qu'une occasion de sortir à nouveau du rang, de me démarquer des autres apprentis.

Aussi, lorsque j'eus vent de la cérémonie donnée par Darth Odium en l'occasion du passage au rang de guerrière de ses filles. Bien qu'il m'était déjà arrivé d'entrer en opposition avec ce seigneur, sa réputation le précédait. Et alors que j'avais fait en sorte de me faire le plus petit possible, celui-ci n'avait cessé de briller. Il aurait été malvenu de vouloir rester en mauvais terme avec une figure montante de l'Empire. De plus, notre rixe était entièrement du fait de mon arrogance. Je m'étais élevé contre son autorité, comme le plus imbécile des ingrats, alors que le Sith aguerri avait choisi de s'investir dans la formation de tous les apprentis. S'il m'était possible de recoller les morceaux, une telle occasion était tombée du ciel.

Aussi, j'étais parmi les premiers arrivés dans la salle de réception, salle dans laquelle j'avais déjà répété des katas au début de ma formation, désireux d'apprendre les bases du maniement du sabre laser. Cependant, l'endroit était méconnaissable. Darth Odium avait mis les petits plats dans les grands. L'éclairage et les nappes créaient une ambiance des plus solennelles, dans des camaïeux de couleurs chaudes.
J'avais finalement choisi de porter une bure Sith des plus classiques. Dissimulant ainsi mon armure de combat, que j'avais cependant entretenue pour l'occasion, ma silhouette était entièrement recouverte par la tenue en nuances de rouge et de noir, ample à souhait. Je regrettais presque de ne pas avoir de tenue véritablement élégante à enfiler. J'avais déjà fait la démarche d'ôter mon casque, un véritable effort face à autant de visages inconnus. Ma capuche était rabattue sur mes épaules, laissant apparaître mon visage, toujours aussi pâle, ferme mais doux, cette maudite douceur que je ne parvenais pas à en faire disparaître. Une barbe de trois jours et mon épaisse tignasse, le tout d'un blanc pur, cernait mon visage, tandis que mes yeux rouges tranchaient sur ce paysage laiteux.

Je ne savais pas quelle posture adopter. J'avais tenu à être présent, même si j'étais conscient de n'être jamais qu'un apprenti, dans une probable foule de Sith et d'impériaux accompli. Je me contentais de rester en retrait, bras croisés, à observer, en faisant de mon mieux pour sembler impassible, ne pas montrer à quel point je me sentais illégitime.
Pour noyer mes sombres pensées, je me concentrais alors sur les deux chagriennes, toutes deux plus imposantes physiquement que moi. Leurs gênes, comme en témoignait la carrure de leur père, en faisait des forces de la nature. Nul doute qu'elles feraient trembler bien des républicains...
Mon regard se posa alors sur Darth Odium, qui semblait être déjà abordé par des Sith mille fois plus éminents que moi, dont un vêtu d'une tenue de soirée reluisante, au visage d'ange.
Ne voulant surtout outrepasser mes prérogatives, je me contente de rester là, à l'observer timidement de loin. Lorsque je finis -sans l'avoir cherché- par capter son regard, j'incline la tête, courbe légèrement l'échine, pour lui témoigner tout mon respect, sans pour autant dire un mot.
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Yana respira pleinement, l’air sec et brûlant de Korriban lui remplissant les poumons. Cela faisait plus d’un an qu’elle n’y avait pas mis les pieds, et rien que d’atterrir sur la planète avait été… difficile. Après tout, pouvait-on toujours la considérer comme une apprentie après avoir quitté les lieux si longtemps ? Elle avait été interrogée à la descente de son vaisseau, mais son esprit était resté inflexible durant toutes ses années, et sa loyauté pour l’Empire entière. Ouvrant son esprit aux… ‘douces’ attentions de l’inquisiteur, il lui fut aisé de voir sa loyauté. Elle n’avait pas trahi, et était toujours apprentie. Cela fut suffisant pour l’interrogateur qui la libéra peu après sans un mot ni une excuse. Elle n’en attendait pas de toute manière, et ça l’aurait plus effrayée qu’autre chose d’en recevoir.

Les informations qu’elle avait elle-même reçues durant l’interrogatoire valaient l’inconfort qu’elle avait subi. La Dame Noire avait disparu des yeux du public, laissant Ysanne en charge de relayer ses ordres. Lorsqu’elle avait mentionné Ysanne comme un de ses contacts possibles à l’académie, elle ne s’attendait pas à ce genre de nouvelles… Enfin, cela n’avait que peu d’importance, si elle était sur Korriban, c’était pour une raison bien précise : renouer les liens avec ses… collègues et supérieurs. Ainsi, lorsqu’elle avait entendu parler d’une réception organisée par Darth Odium en l’honneur de l’ascension de ses filles au rang de guerrier Sith, elle avait trouvé l’occasion idéale pour réapparaitre.

La tenue qu’elle portait était taillée pour l’occasion, une robe élégante tout en restant utilitaire et en lui permettant de bouger sans aucun souci en cas d’urgence. Son sabre était visible à sa ceinture, un symbole de son rang d’apprentie. Il n’y avait pas de symbole particulier pour les guerriers, autre que le fait qu’ils étaient connus, bien plus qu’elle ne l’était. Et le peu de réputation qu’elle avait glané sur Makem Te avait sans doute été effacée par le temps et son absence loin des yeux des Seigneurs. Non, elle allait être humble, saluer respectueusement les femmes de la soirée, saluer plus respectueusement encore le seigneur Odium, et profiter du reste de la soirée afin de m’intégrer et de faire des contacts. Voila le plan qu’elle avait pour ce soir. Facile, simple et efficace.

L’arrivée au lieu de la réception fut rapide, et elle put voir avec admiration la splendeur du lieu. On pouvait penser, mais pas trop fort, ce qu’on voulait sur les seigneurs Sith, mais ils avaient pour la plupart un don pour la grandiloquence et un goût tout à fait admirables. Elle n’avait aucun doute que l’intérieur était bien plus impressionnant encore.

Et ce fut en effet le cas. L’endroit respirait le côté obscur de la Force, mais ce n’était pas oppressant comme à certains endroits de Korriban. Non, c’était un endroit qui appelait le respect, la fierté de nos anciens face aux merveilles qu’ils ont accomplies. La décoration était sobre mais inspirée, et la jeune Sith eut du mal à décoller ses yeux du décor pour s’intéresser plutôt aux convives. Si on pouvait appeler des Sith dans une telle réunion des convives. Il fut immédiatement possible de repérer les deux Chagriennes pour lesquelles cette fête avait été organisée, ainsi que leur père non loin. Ne souhaitant pas faire de faux pas social, Yana se mêla au petit groupe de convives n’ayant pas encore salué leurs hôtes et souhaitant le faire.

Elle n’était pas digne d’adresser la parole au seigneur Sith, donc elle s’inclina respectueusement devant lui, montrant sa dévotion et son respect. Pour ce qui était des jeunes femmes, elle s’inclina légèrement moins devant elles avant de leur adresser la parole d’un ton respectueux.

« Tout mon respect et mes félicitations pour votre ascension au rang de Guerrières. »

En dire moins aurait été malpoli, tout comme en dire plus. Yana n’était qu’apprentie après tout, et les règles de bienséance imposait un certain respect et une certaine distance entre les personnes de rang différent, surtout sur Korriban.

Rapidement après coup, elle se redressa et laissa la place au convive suivant, se mêlant à la foule. Elle était dans son élément, écoutant des conversations, se présentant aux apprentis. Elle n’avait pas d’autre idée en tête que de montrer qu’elle était bien présente, et qu’elle était toujours une des sujettes de l’Empire.
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Bille en tête elle a mis le cap sur Korriban, certaine de la fiabilité de son vieil ami et informateur bothan, Fedor Lith’kodog. Darth Odium, ce nom résonne dans sa caboche depuis près de deux mois maintenant. Elle a quitté Lorrd en catastrophe, fini le Gauntlet, fini de jouer les rebelles. Le Gauntlet, une façon de se défouler, un exécutoire nécessaire après la mort de Gaby. Ca ne pèse pas plus lourd que ça.

Mais cette réception organisée en l’honneur des fifilles de monsieur, ça c’est quelque chose de pesant ! L’intrépide n’a pas réfléchi en renseignant les coordonnées et a quitté le secteur Kanz à vitesse supraluminique. L’occasion est trop belle.

Lorsqu’elle fait atterrir le Firespray qu’elle pilote, elle expire à débit contrôlé. La dette qu’elle a envers Fedor a encore pris du bide. Sans son code de sécurité atmosphérique, sans ses petits détails contextuels qui font la différence, les intercepteurs de la planète rouge l’auraient descendu sans sommation. Car notre Frey n’a jamais mis les pieds sur Korriban, rien n’atteste son affiliation à l’Empire et son nom est parfaitement inconnu dans les bases de données. Elle n’est rien et va devoir convaincre le comité inquisiteur qui l’attend.

Elle descend de son appareil et les semelles de ses bottines frappent la passerelle avec une sauvage détermination, sabre à dextre et pistolet blaster LPA NN-7 à senestre. Son droïde T3-GS est resté dans le Firespray, bien planqué, prêt à faire décoller l’engin si Frey le demande. Elle stoppe puisqu’elle y est contrainte. Face à elle, trois représentants de l’Inquisition. Elle lève le nez vers celui-ci, au centre. Il ne lui fait aucun effet, vaccinée qu’elle est de la terreur Sith grâce à Darth Fho. Et ils s’en rendent bien compte. La force que délivre le regard de cette petite femme à cet instant à quelque chose d’unique. On la somme d’emboîter le pas et elle s’exécute sans renâcler.

Assise dans une petite pièce aux murs noirs laqués, elle se soumet à l’interrogatoire. Elle n’a pas le droit à l’erreur.

Votre nom ?

Frey, Frey Qweency.

Votre Maître ?


Darth Fho.

Le premier interroge et lit dans la Force, le deuxième entre les données dans le fichier et le troisième vérifie les informations en surveillant les instruments de détection du mensonge. Frey a décidé de s’en tenir à la vérité, pour une part du moins. Elle mise tout sur ses facultés de persuasion, ses yeux et le charisme dont elle dispose malgré son âge.

Nos données indiquent qu’il a disparu depuis près de deux décennies.

Oui, il est mort sur Dathomir.

De quelle façon ?

Il est tombé dans un piège tendu par des sauvages.

Des sauvages ?


Oui, des femmes, solides dans la Force.

Et vous ?


Elles m’ont gardé aussi longtemps qu’elles ont pu. Elles ont cru faire de moi l’une des leurs.

Et ?

Mon pouvoir a grandi et je suis parvenu à m’échapper.

De longues secondes filent. L’inquisiteur derrière les instruments ne trouve rien à dire. Les relevés sont formels, elle ne ment pas. Par ailleurs, la Force n’est pas bien bavarde et celui qui pose les questions finit par acquiescer, lentement, sans la lâcher de ses yeux caves.

Que faites-vous ici ?

Je viens parfaire ma technique au sabre et me rendre utile à l’Empire.


Vous n'avez pas entendu parler des festivités ?

Quelles festivités ?

Là encore, une pause où il s’agit de la jauger en profondeur. Mais la jeune guerrière est terriblement d’aplomb. L’autre opine de nouveau du chef.

Vous serez entretenue demain pour une inquisition plus poussée. Si mon supérieur a foi en vous, vous devrez vous soumettre à une batterie de tests physiques et psychiques pour une éventuelle affectation. D’ici là, vous êtes confinée dans vos quartiers.

Il se tourne vers l’acolyte à sa droite.

Amenez-la.


En chemin vers cette chambre qui aura tout d’une cellule, Frey sait que c’est maintenant ou jamais. Ce jeune homme qui l’accompagne, elle l’observe depuis le début du numéro. C’est un faiblard, et malgré le sabre qu’il arbore à la ceinture son envergure dans la Force n’est pas plus importante que celle d’un concombre. Alors elle y va, et lorsqu’elle capte ses yeux elle sait qu’elle a déjà gagné.

Tu vas me guider et m’introduire jusqu’à la salle de réception. Maintenant.

Et les voilà en route. Elle se couvre du Voile lorsque son chemin doit croiser une caméra et suit tranquillement le concombre, le regard électrique et le sourire aux lèvres. Avec son partenaire du jour, elle passe le dispositif de sécurité sans difficulté aucune. La voici dans le grand bain.

Elle reste en retrait, beaucoup de monde et il est facile de se fondre. Appréhender l’environnement, la Lorrdienne sait très bien faire ça et en moins de rien elle sait parfaitement à quelle faune elle a affaire et dans quel espace elle évolue. Sa tenue de pilote est plutôt classe et ne détonne pas. Cuir de très bonne facture teinté dans un vert profond ourlé de pourpre, cape élégante, on pourrait la confondre avec un officier NAV. Elle goûte un gentil toast quand elle aperçoit Darth Odium. Ce ne peut être que lui, il est loin et d’ici elle peut le détailler à loisir, s’attacher à chacun de ses gestes et chacune des fluctuations dont il est l’origine. Elle le fixe intensément et lit parfaitement sur les lèvres du Chagrien.
Kolin Valkizath
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Un jour ordinaire pour un prisonnier ordinaire qui fêtait bientôt ses neuf mois de captivité à l’Académie Sith. Neuf mois, Kolin n’en était en réalité plus sûr ayant perdu depuis longtemps les notions les plus élémentaires du temps et de l’espace en raison de l’enfermement quasi-permanent que lui avait imposé les Siths. Chaque jour passant, le Coruscanti croyait de moins en moins à un retour à la liberté. Si aux premiers jours il s’était convaincu que la porte de sa cellule s’ouvrirait rapidement sur le visage rassurant de son Maître venu le délivrer de ce bagne, cette certitude s’était effritée pour ne devenir qu’un secret espoir auquel il ne croyait presque plus. Il finirait ses jours ici.

Les visites de Lloyd et de Syn étaient les seuls instants qui le tiraient de sa torpeur et de la léthargie qui l’habitait. Ces rencontres avaient toujours été instructives et avaient semé la graine du doute dans l’esprit du padawan, tiraillé entre le serment prêté à l’Ordre Jedi et la promesse de cette puissance et de cette liberté que lui garantissait Syn lorsqu’il abandonnerait la faiblesse des Jedis. Il devait reconnaître que ses conditions de détention s’étaient améliorées depuis sa rencontre avec l’apprenti en armure. Malgré tout, le petit humain restait malingre, harassé, sous-alimenté et profondément ébranlé dans ses convictions.

Une fête ?

Une moue d’interrogation s’était peinte sur le visage tiré de Kolin lorsque son garde chiourme l’avait informé qu’il était attendu à une cérémonie festive organisée par un certain Odium. Le padawan ne s’imaginait pas vraiment les meilleurs adversaires des Jedis en train de danser tout en picorant des canapés en discourant sur les derniers potins du « tout Korriban ».

J’ai vraiment la gueule d’un mec qu’a envie de participer à une fête ? Tu diras à ton Odium d’aller se faire voir sur Félucia.

Le solide garde – peu sensible à la fine répartie de Kolin – émit un grondement mauvais et s’avança dans la cellule. Il attrapa le padawan par les cheveux et le plaqua au sol sans ménagement écrasant sa tête contre le métal avec sa botte.

Montre du respect au Seigneur Odium ou il t’en cuira morveux, il existe des châtiments bien pire que la prison, t’as pas le choix !

Quelques secondes plus tard, c’est un Kolin solidement menotté dans le dos qui dévalait les couloirs de l’Académie. Le garde peu loquace le tenait par le col visiblement agacé. De toute évidence, lui n’y était pas invité à cette fête : un honneur dont le padawan se serait bien passé. L’improbable duo s’arrête devant une large porte encadrée par deux soldats. Le garde lâcha le padawan et entreprit de la rendre présentable avec les moyens du bord : il réajusta sa chemise malodorante, lécha sa main pour tenter de coiffer les cheveux trop longs du gamin. Les rudimentaires préparatifs terminés, il ouvrit la porte menant à la grande salle.

La vision de l’immense pièce coupa le souffle du padawan à mesure qu’il sentait la puissance ténébreuse du côté obscur, omniprésente autour de lui, cette noirceur le fit frémir alors qu’elle se mêlait à son propre aura lumineux devenu si blafard.

Poussé dans le dos, il avança à travers la salle remplie de visages terrifiants dont certains le dévisageaient avec une haine qu’il n’avait que rarement ressentie. D’autres étaient amusés ou gourmands. Au loin, la longue litanie musicale qui s’élevait dans la salle ajoutait encore un peu plus à son malaise. Malgré lui, il ne put retenir un regard envieux vers le buffet couvert de victuailles affamé qu’il était.

La salle traversée, il ne put soutenir le regard mortifère du Maître des Lieux. Le Seigneur Odium qui lui faisait à présent face. Ce nom ne lui était pas inconnu, il l’avait déjà entendu au Temple : le Seigneur Sith était réputé pour être l’une des têtes pensantes de l’Empire, l’architecte de l’attaque de Lorrd et de Gavlex Med.

Seigneur, voici le padawan.

Déclara le mignon en s’inclinant devant l’imposant Chagrien en pleine discussion avec deux de ses invités. Le garde appuya sur l’échine de Kolin pour qu’il incline à son tour envers la montagne qui lui faisait face. Kolin sentit le sol s’écrouler sous ses pieds. Rien n’aurait pu être pire que de se retrouver au milieu d’une cérémonie Sith à laquelle tout le gratin de l’Empire était convié. Il ne donnait pas cher de sa peau. Les deux filles du chagrien étaient bien présentes, un peu plus loin discourant longuement avec ce qui devait être leurs amis. Kolin ne dit mot, gardant le regard vers le sol ; happé qu’il était par la densité du côté obscur et par le charisme de son obligé.




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La vaste salle se remplissait rapidement. Darth Odium pouvait voir de nombreux guerriers et apprentis qui se pressaient, vêtus de noir. Ils saluaient le Seigneur Sith avant d'aller voir les filles de ce dernier, en respect de son rang. Même Virsune, d'habitude si renfermée, faisait un effort pour paraître affable. Dommage que le sourire qu'elle arborait ressemblait plus à un rictus moqueur qu'à de la joie. Le premier à venir le saluer était un seigneur discret dont le nom lui échappa dans un premier temps. L'homme était d'une beauté saisissante pour des critères humains. Bien que chagrien, il pouvait reconnaître des traits que les humains considéraient comme séduisants. Un hapien. Noctis. Darth Noctis. Comment avait-il pu l'oublier ?

- Vos conseillers sont bien trop méfiants. Je suis plus un stratège avisé qu'un guerrier.

Darth Odium n'avait pas cherché à s'illustrer pendant les dernières batailles. Il était curieux de voir comme il avait réussi à atteindre les cimes que d'autres cherchaient pendant des années sans les effleurer. Mais la gloire est une amante aussi inconstante que cruelle et le chagrien ne tenait pour acquis ses récentes réussites. De plus, il n'avait nul grief envers Noctis. Au contraire, il pensait qu'il était pour les grands Sith de constituer un état fort et de se regrouper face à un ennemi commun.

- En effet, mes filles sont parvenues à s'illustrer lors des récentes batailles.

Il fit signe aux deux chagriennes de s'approcher. Il croisa le regard bien connu d'un apprenti au passage. Syn Kieffer. Ce jeune imbécile avait fini par sortir du coma ? Le jeune homme sembla démontrer un semblant d'humilité, la cuisante défaite qu'il avait subi avait-il apaisé son insupportable caractère ? Darth Odium se contenta d'un regard dédaigneux avant de reporter son attention sur le Seigneur Noctis.

- Voici Virsune et Karza. Karza souhaite se consacrer à devenir inquisitrice. Mais vous-même avait été très discret dernièrement. A quoi vous êtes-vous occupé ?

Le fait que deux seigneurs Sith discutent semblaient intimider le reste de l'audience. Une jeune zeltronne osa tout de même lui adresser des félicitations. Le chagrien reconnut Yana Silvasi, un des éléments les plus prometteurs de l'académie. Malheureusement, elle n'avait plus de Maître pour se charger de sa formation, ce qui retarderait sans doute un peu son adoubement. D'un geste étonnamment fluide pour sa taille, Odium saisit un petit four au passage, trahissant volontairement son passé de duelliste prodige dans sa jeunesse.

- Cette jeune zeltronne est Yana Silvasi. C'est une apprentie redoutable qui est déjà capable de mener à bien des missions sans l'aide de ses supérieurs. Autonome et rusée, exactement ce dont nous avons besoin.

Il connaissait chaque personne qui se trouvait autour de lui. Chaque personne côtoyait de près ou de loin l'Académie ou les hautes sphères de Dromund Kaas. Sauf peut-être cette jeune femme dont le visage ne lui disait absolument rien et qui le fixait avec insistance. Il désignait la jeune femme, une petite brune d'allure débrouillarde et demanda à Noctis et à Yana Silvasi qui présentait ses hommages à Virsune et Karza.

- Vous connaissez cette personne ?

Mais la distraction de la soirée daigna enfin montrer sa blondeur angélique au reste des invités. Odium avait trouvé... amusant de sortir le petit padawan qui moisissait dans une des cellules. C'était toujours plus constructif et c'était un signe de victoire pour l'ensemble de l'Empire. Les créatures sentimentales des jedi haïssaient par-dessus tout perdre l'un de leurs précieux protégés.

- Fort bien. Nous n'attendions que lui.

Il s'excusa auprès de ses interlocuteurs et se dirigea vers le centre de la salle. Il claudiquait légèrement et sa prothèse émettait un bruit métallique lugubre qui fit taire les palabres de ses invités. Il jeta un regard inquiétant de ses yeux mordorés, colorés par le côté Obscur.

- Comme vous le savez, nous sommes ici pour célébrer l'entrée de mes filles dans le statut de guerrières Sith.

Il choppa une flute de champagne d'un plateau qui passait à sa portée et la leva à leur honneur.

- Je bois à votre santé et à votre réussite ! Mais je vous ai aussi réunis pour célébrer notre victoire face aux mondes neutres et nos nouvelles conquêtes. Nous avons prouvé à nos opposants que l'Empire était toujours une force redoutable qu'il fallait craindre. Comme preuve, nous avons récupéré ce gamin lors de nos dernières conquêtes. Gamin, dis-nous ton nom et ce que tu es ?

L'imposant chagrien fixa un regard curieux sur le jeune homme.

Absalom Thorn
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Donc, personne n’avait l’air de vouloir le décapiter entre les petits fours et le champagne et ça, mine de rien, c’était une bonne nouvelle. Noctis avait engagé la conversation avec le maître des lieux, qu’il ne connaissait pas si bien que cela, à force de passer son propre temps en diverses expériences, sur la Bordure Extérieure, quand il n’était pas tout simplement en vadrouille dans l’Espace Hutt, voire incognito sur des terres républicaines.

— Oh, moi, vous savez, je vaque à mes occupations.

Ce qui était certes toujours inquiétant, de la part d’un Seigneur Sith.

— Des recherches principalement, sur les mécanismes profonds de la Force, et sur les meilleures manières d’exploiter des pouvoirs essentiels… Qui ne sont pas sans application pratique.

Les Sorciers Siths avaient parfois la réputation de se laisser absorber par des considérations occultistes essentiellement théoriques, des méditations profondes et des démonstrations certes spectaculaires, mais somme toute peu utiles pour le reste de l’Empire. Histoire de ne pas avoir l’air du chercheur dans sa tour d’ivoire, le Hapien avait tenu à souligner qu’il se préoccupait malgré tout des réalités immédiates.

Et c’est cette même préoccupation qui le poussa à considérer longuement et Syn, et Yana, dont il sentit confusément qu’ils pourraient lui être utiles un jour, sans prendre pleinement conscience de l’importance respective qu’ils auraient dans un futur proche. D’ailleurs, il finit par s’en désintéresser, avoua son ignorance quant à la dernière venue et s’excusa d’un mot auprès d’Odium pour laisser aux autres invités l’occasion de présenter leurs hommages.

S’il pouvait éviter d’être lui-même au centre de l’attention en restant trop près du maître de cérémonie, c’était tout aussi bien : il n’était pas venu en représentation, mais pour observer. Il se transporta donc vers les deux jeunes femmes pour les saluer l’une et l’autre, sans approfondir plus la conversation, craignant que leur père vit d’un mauvais œil qu’un bellâtre un peu trop séducteur se penche de trop près sur sa progéniture.

Un nouveau pas de côté et il observait désormais la cérémonie. On ne tarda pas à conduire un Padawan au centre de la pièce. Noctis haussa un sourcil dubitatif. Il n’avait jamais aimé ni l’esclavage, ni les humiliations collectives, mais il y avait des habitudes que l’on apprenait à supporter quand on frayait avec l’Empire. Il comprenait bien l’enjeu pour Odium. Le pauvre Padawan incarnait dans sa chair meurtrie leur victoire collective sur l’Ordre Jedi et les succès personnels du Chagrien.

Noctis se pencha vers l’un des gardes qui servaient quasi de sentinelles décoratives à chaque entrée de couloir et murmura :

— C’est qui, le petit jeune ?

L’Acolyte se raidit, surpris que quelqu’un comme Noctis adresse la parole à quelqu’un comme lui.

— Kolin quelque chose. Capturé il y a plusieurs mois. Retenu ici depuis tout ce temps, répondit-il aussi bas que possible, parce que Darth Odium se préparait à faire un discours.

Neuf mois, c’était long, surtout pour quelqu’un d’aussi jeune, et le Padawan ne semblait pas encore brisé. Soit les Inquisiteurs de Korriban commençaient à perdre la main, soit ce gamin avait du potentiel. On n’appelait pas Noctis le Corrupteur pour rien et la perspective d’ajouter un nouveau Jedi à sa collection personnelle d’apostats réveilla ses instincts prédateurs.

Alors qu’Odium prenait la parole pour le petit discours d’usage, l’esprit du Sorcier Sith se concentrait sur celui de l’Hapien, pour en pénétrer les secrets, et Noctis ne faisait pas l’effort de dissimuler sa présence envahissante aux pensées du Padawan. C’était une obscurité qui se mêlait à l’esprit de Kolin, alors que Noctis cherchait ce qui, pendant tous ces mois, avait pu lui permettre de résister, au moins un peu, à sa captivité sur Korriban.
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J'observais la masse toujours plus dense de convives se presser autour de Darth Odium et de ses filles, tout en conservant mes propres distances. Il aurait été mal venu que je me comporte comme si le chagrien et moi n'avions pas de passif. Notre échange de regard m'avait fixé sur une chose : il avait toujours une mauvaise image de moi, et sans doute conservait-il une part de rancœur. Sur Korriban, j'avais remis en cause son autorité face à une foule d'élève, en le défiant de front. C'était non seulement un acte irréfléchi, mais une erreur tactique et relationnelle. J'aurais de loin préféré qu'il loue ma valeur, comme il avait semblé le faire, de ce que j'avais aperçu, avec cette zeltronne.

Je dévisageai longuement cette dernière, me rappelant d'échos qui m'étaient parvenus à mon retour sur Korriban, concernant une zeltronne qui aurait acquis une certaine renommée au cours de je ne savais quelle bataille.
Après l'avoir longtemps observé, d'un bout à l'autre de sa silhouette, je finis cependant par conclure qu'elle ne détenait rien qui puisse sérieusement m'inquiéter. J'avais eu vent du tournoi des apprentis s'étant déroulés sur l'académie, et auquel je n'avais hélas pu participer. J'étais convaincu qu'un tel évènement ne tarderait pas à se reproduire, et qu'il s'agirait là d'une occasion pour écraser mes quelques concurrents, comme semblait l'être cette femme un peu plus jeune que moi. Si un tel tournoi devait se présenter de nouveau, je saurais saisir ma chance, et écraser tous mes adversaires. J'étais la plus fine lame que cette académie n'ait jamais donné, du moins c'est ce que je considérais alors. Rien ne saurait m'effrayer.

Je me contentai donc de faire office de décoration, remarquant chaque visiteur qui sortait un peu du lot, lorsque je le vis soudain. Kolin. J'avais rencontré ce padawan quelque temps auparavant, et décelé chez lui un véritable potentiel encore inexploité. Un garçon aux qualités et à l'endurance morale indéniables, qui méritait réellement que l'on se penche sérieusement sur son cas. J'avais ainsi fait en sorte, à mon échelle, d'améliorer ses conditions de détention.
Les circonstances se prêtaient à ce qu'on s'intéresse en effet à lui, mais hélas pas de la manière que j'avais souhaité. Il était exhibé là comme un animal de foire, un trophée visant à prouver la valeur du Seigneur Sith. Quelle manque de discernement et de civilité.

Après que j'eus reconnu Kolin, je tentai de m'approcher du padawan, tout en me creusant les méninges pour trouver une façon de lui venir en aide. Je nourrissais une sympathie sincère pour ce garçon. J'avais tenté d'initier sa reconversion parmi les Sith, mais la plupart de mes paires étaient trop imbéciles pour voir par-delà leur mépris des jedi. Kolin était un élément prometteur, et alors que j'étais parvenu à dédiaboliser l'ordre à ses yeux, il était confronté à une foule de détraqués venus rendre hommage à un éminent Seigneur.

J'aurais voulu m'interposer entre le garçon et ses geôliers. Entre lui et l'immense chagrien. Mais le faire aurait été du suicide. J'avais depuis longtemps déjà épuisé la patience de Darth Odium, j'étais donc très loin de pouvoir apaiser celui-ci, encore moins le convaincre de se comporter autrement envers qui que fut.
J'observais donc du plus près que je le pouvais la rencontre entre une force de la nature cornue et tatouée, et ce garçon rendu affable par des mois de captivité infernale. Je craignais une exécution sommaire, démonstrative. Si tel était le cas, je ne pourrais jamais opposer la moindre résistance à l'illustre Sith. Il était sans nul doute plus puissant que moi, et si son âge et son handicap m'offraient tout de même la possibilité de le blesser suffisamment pour le repousser, ses deux filles, guerrières dans la fleur de l'âge, me feraient mordre la poussière en moins de temps qu'il n'en faudrait pour le dire. C'était peine perdue.

Je m'immobilisai ainsi au plus près de la confrontation, cherchant le Coruscanti du regard. Je voulais tenter de lui transmettre un peu de sérénité. Sans doute était-il effrayé. Je cherchai à lui venir en aide, mais hélas, la notion d'aide était ici bien peu de choses. Je priais ainsi pour que, l'espace d'une soirée, mes congénères renoncent à leur barbarie.
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En allant saluer les filles du Seigneur Odium, Yana ne s’attendait pas à recevoir de tels compliments provenant du Chagrien, et s’en retrouva presque embarrassée. Elle savait qu’elle avait eu une réputation après les événements sur Makem Te, mais elle ne se doutait pas qu’elle avait ce genre de réputation, même après deux ans loin des yeux des Sith de l’académie de Korriban. Enfin, elle ne comptait pas rester malpolie, et s’inclina respectueusement une fois de plus devant les Seigneurs pour remercier le Seigneur Odium du compliment.

Elle pensa s’éclipser après et retourner dans l’obscurité de l’anonymat, mais elle fut interpelée par le maitre des lieux, qui regardait une Sith présente et qu’il ne connaissait pas. Elle lui était parfaitement inconnue à elle aussi, donc Yana se contenta de secouer de la tête avant de lui répondre.

« Je suis désolée Seigneur, je ne l’ai jamais croisée de ma vie. »

Il n’avait plus son attention sur elle donc la jeune Zeltronne en profita pour laisser la place à d’autres, allant s’isoler afin de mieux garder un œil sur les présents. Elle reconnaissait quelques visages d’apprentis et d’instructeurs de l’académie, mais personne avec qui elle avait vraiment discuté auparavant.

Le clou du spectacle était cependant arrivé, et il s’agissait d’un jeune padawan, apparemment capturé durant la dernière grosse offensive de l’Empire… si elle calculait bien cela faisait à peu près neuf mois. Un moment très long pour résister sans avoir été brisé. Soit les inquisiteurs sur Korriban avaient perdu la main, ce qu’elle ne croyait pas trop, soit le padawan était plus puissant mentalement qu’il ne paraissait au premier abord. Se concentrant sur lui, elle pouvait sentir sa terreur alors qu’il était mené en ce lieu, entouré de Sith, et ne put s’empêcher de soupirer.

Même si elle comprenait pourquoi Odium l’avait convoqué en ce lieu pendant la fête, montrer une des preuves de sa victoire contre l’ordre Jedi, ce n’était clairement pas une action que Yana aurait entreprise. Le fait qu’il ressentait des sentiments aussi puissants voulait clairement dire qu’il n’était plus vraiment un padawan, et n’était pas encore un Sith. Il serait possible de le convertir à leur cause, mais ce n’était certainement pas en l’humiliant et en l’aliénant. Ils pourraient sans doute le briser ainsi, mais ils n’obtiendraient pas un Sith, simplement une loque utilisant le côté obscur de la Force.

Se rapprochant légèrement du padawan, Yana considéra une action risquée. L’aider, même un tout petit peu ou le laisser face aux guerriers et seigneurs en ce lieu. Se disant qu’au final elle n’avait rien à perdre, son action ne pouvant pas vraiment être considérée comme traitresse, la Zeltronne commença à exsuder des phéromones conçues pour apaiser la terreur, pour bloquer en partie la sécrétion des hormones causant la peur chez les humains. Subtil, et pas vraiment utile pour autre chose qu’être une gentillesse gratuite, un possible point d’ancrage pour discuter et aider le jeune homme à s’acclimater à la vie sur Korriban, voire même a finir sa transition vers les Sith.

Elle pouvait toujours rêver. En tout cas, il était plutôt mignon, donc au pire même si une future visite ne menait à rien de concret, elle n’y aurait rien perdu au change.
Kolin Valkizath
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Dans le monde réel

Interrogé comme un petit enfant par un Maître bienveillant, Kolin qui ne cessait de fixer le sol pour éviter les regards de ses mortels adversaires finit par répondre d’une voix chevrotante en fixant un point imaginaire au fond de la salle.

J’mappelle Ko.

Comment était-ce possible d’avoir si froid sur Korriban ?

Je suis un Jedi., clarifia-il ne jugeant pas utile de donner son rang qui du reste n’échappait à personne.

Ses pensées étaient confuses aussi bien que son regard éteint qui jonglait entre les différents éléments du décorum Sith. Le garçon était terrifié. Pourtant réputé pour sa volubilité et son naturel frondeur il ne restait plus rien du jeune padawan qui avait affronté fièrement Borenga le Hutt un an plus tôt. Sa hardiesse lui avait été volée par tous ces mois en cellule. Kolin était mort, il n’en restait qu’une vulgaire copie, pantin docile entre les mains de forces supérieures. Dans sa terreur, il tendit un bras implorant en voyant Syn Kieffer un peu plus loin, mû par le désespoir de voir celui qui lui avait tendu une main secourable, implorant en silence une aide qui ne viendrait jamais.

Je suis né sur Coruscant. J’ai été pris en otage sur Lorrd. Je voulais, protéger les réfugiés, continua l’adolescent cherchant ses mots.

Dans l’esprit de Kolin



Une autre présence plus noire encore s’était immiscée dans son esprit sans frapper. Une aura aussi profonde qu’un abysse dont il ne parvenait pas à se défaire. Pareille à l’ombre d’une fin de journée printanière, il la sentit s’emparer, se repaître de chaque zone ensoleillée. L’homme si c’en était un traversait les méandres de son esprit comme si il y avait toujours habité.

Dans le labyrinthe de sa conscience et de ses souvenirs l’esprit de Noctis entrouvrait les portes de ses souvenirs les plus intimes. Dans une des grandes salles de la représentation de son être : Il y vit le combat, la victoire puis la défaite dans ses missions pour l’Ordre. Dans la salle, Borenga riait aux côtés de la représentation de ses autres combats : duels sabre en main contre des mercenaires ou contre des apprentis sur lesquels il avait pris le dessus. Lloyd était aussi présent, tenant plus du monarque déchu et du prince consort que du véritable héros conquérant. L’ombre de son père bouteille à la main dormait au sol dans son ivresse, lui aussi avait été vaincu par Kolin lorsque celui-ci avait passé deux ans à le remplacer en tant que petit homme de la famille.

Il y croisa l’amour juste à côté de la haine ; les deux avaient une chambre communicante. Dans la pièce de l’amour, son grand frère souriait tristement en tenant par la main Arn et Mikko qui riait – les deux petits frères de Kolin -.  La Princesse d’Ondéron chantait joyeusement avec l’espièglerie de son innocence.

La pièce de la haine était-elle déserte, il n’avait jamais su haïr. Même en cet instant, même Lloyd. Plus loin dans un autre couloir du dédale, il pénétra dans ses peurs. La solitude, l’abandon, la crainte des coups paternels, l’enfance misérable dans la pauvreté et la honte. La peur de voir son petit frère malade être rappelé à la Force, celle de décevoir son Maître qui l’avait pourtant abandonné. Darth Odium prenait une bonne place lui et toute sa suite.

Alors que Noctis se retrouvait à nouveau dans le couloir de son esprit pour s’approcher des chambres les plus intimes de son esprit, il vit apparaître Kolin qui se dressait devant lui. « Laisse-moi en paix, c’est privé ! Sors de là, je t’interdis d’aller plus loin. » Le padawan faisait barrage devant les portes de ses cauchemars, de ses envies, de sa honte et de sa jalousie.

Dans le monde réel

Dans la salle il reprit la parole et répondit une nouvelle fois au Seigneur Sith aussi calmement que possible, voulant conserver un minimum de dignité.

Vous allez me tuer ? Ça ne vous apportera rien. Vous avez juste gagné la première bataille, la guerre est loin d’être terminée.

Il ne le défiait pas vraiment. Non, il avait trop peur pour cela. Mais le réflexe pavlovien de la survie le gagnait, le même qui l’avait tant de fois sortit des situations délicates. Le pouls du padawan s’accéléra en regardant une jeune fille impétueuse qui s’était approché de lui. Les marques sur son visage sculptural de Zeltronne lui firent un drôle d’effet ou était-ce la profondeur de la beauté ténébreuse de ses yeux encore même sa simple présence si tentatrice. Son cœur se serra, il ne savait comment même il se sentait attiré vers la jeune fille. Sans prononcer un seul mot, il connecta son esprit à elle. Un peu revigoré, Kolin chercha aussi à connecter son esprit avec Syn pour lui offrir l'accès à son labyrinthe.

Dans l’esprit de Kolin

Noctis debout dans les couloirs de son esprit vit apparaître Syn et Yana. Quatre forceux dans une seule tête, il y avait de quoi devenir complétement dingue. Pour ne rien bouder au plaisir de ces ramifications, la silhouette fantomatique de l’inconscient de Kolin pris la parole.

Puis-je savoir ce qui vous amène ? Je doute que mon enveloppe charnelle vous ait ouvert la porte juste par plaisir ?

Dans le monde réel.

Kolin sentait la multiplication des êtres dans sa psyché, il eut très mal au crâne devant cette situation inédite et potentiellement dangereuse. Mais revigoré par les phéromones de Yana, il voulut à son essayer de pénétrer dans l’esprit de Darth Noctis. Il se concentra en direction de l’être de lumière à la beauté presque irréelle et frappa à la porte.

Dans l’esprit de Noctis.


Un Kolin fantomatique arriva devant un grand bâtiment stylisée dont le parc était fermé par un immense portail haut de plusieurs dizaines de mètres. L’esprit du Seigneur Sith était de toute évidence mieux protégé que le sien. Kolin frappa à porte du portail.

Laisse-moi entrer, ça ne serait que justice.  
Spoiler:
Absalom Thorn
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La surprise party se déroulait finalement pour l’essentiel dans l’esprit du Padawan. Celui de Noctis s’y répandait de plus en plus, avec une facilité qui devait beaucoup à l’absence entière de sans-gêne. Un Maître Jedi procédait avec une prudence souvent respectueuse ; le Seigneur Sith, lui, ne s’embarrassait pas de semblables précautions. Quand il trouvait une émotion trop vive, au lieu de la laisser en paix, il l’agitait : ici c’était la colère, là c’était la peur. Tout était bon pour abattre, petit à petit, les maigres défenses que des pensées encore juvéniles, et éprouvées par une longue captivité, pouvaient opposer à un homme rompu à la manipulation.

* Je ne veux rien d’autre que votre bien-être et votre liberté. *

C’était sincère.
D’une certaine façon.

Que Kolin fût encore capable de réagir, de parler, d’argumenter, de dresser des remparts, même dérisoires, contre les intrusions dont il était victime, était un témoignage sensible de sa force de caractère et du potentiel qui dormait là. Et Noctis, comme à son habitude, répugnait à voir ce potentiel gâché par les habitudes de Korriban, à ses yeux d’un autre temps. Le don de la Force était une chose précieuse et ceux qui le possédaient devaient être cultivés, et jamais brisés.

* Patience, jeune Padawan. Si la Force vous a préservé jusqu’ici, c’est qu’elle vous trouvera un chemin. *

Ce que ces paroles pouvaient avoir d’apaisant était sans aucun doute compromis par la noirceur du Seigneur Sith, mais l’ombre que Noctis étendait sur Kolin était bien différente de celles que l’on croisait couramment dans les couloirs de l’Académie. Moins brutale. Moins étouffante. Elle était l’ombre des forêts anciennes, dangereuses et traîtresses, mais fertiles, et parfois protectrices.

Quand il sentit que d’autres esprits tentaient de se mêler à leurs pensées néanmoins, le Seigneur Sith se retira. Il n’avait aucune confiance envers les autres protagonistes de cette petite mise en scène et, quoique ses intentions à l’égard de Kolin n’aillent guère au-delà de la simple exploration, il préférait ne pas exposer la bienveillance toute relative qu’il pouvait avoir envers le jeune Padawan aux regards de ses semblables.

— Loin de moi l’idée de vouloir entamer l’enthousiasme carnassier de vos convives, Seigneur Odium, déclara alors l’Hapien à haute voix, mais il serait en effet préférable de continuer à exploiter un atout si précieux. C’est qu’avec les méthodes de ces derniers temps, les prisonniers sont des denrées rares.

Une manière à peine détournée de suggérer que la brutalité qui avait désormais cours dans les opérations militaires siths était peu favorable aux activités de renseignement. Noctis était persuadé qu’une guerre froide aurait été autrement plus préférable au développement impérial que l’obsession militaire qui paraissait habiter les hautes sphères impériales. Sa guerre à lui était menée par des espions, des capitaines d’industrie et des diplomates. Pas par des soldats.

Et les soldats impériaux tuaient beaucoup plus souvent qu’ils ne capturaient. Ils avaient moins de scrupules que les Républicains, mais ce qui était sans aucun doute en bien des circonstances un gage d’efficacité compliquait considérablement le travail des analystes et des interrogateurs.

— J’imagine bien qu’un jeune Padawan ne nous permettra pas de pénétrer les mystères du Conseil Jedi mais l’étude psychologique des jeunes combattants ennemis est toujours riche en enseignements, en tout cas quand ils ne sont pas trop traumatisés par leur captivité. Ceux qui en sont réduits à se rouler en boule dans un coin en attendant la mort ne sont, hélas, pas très utiles à nos services de renseignements.

Un instant, il se demanda s’il pouvait pousser son petit argumentaire jusqu’à proposer de prendre en charge Kolin, pour le faire interroger par ses spécialités. Après tout, Darth Noctis était réputé pour s’entourer d’anciens Jedis et de Sorciers adeptes des manipulations mentales. N’était-il pas l’homme tout désigné pour percer les secrets de l’esprit de leur captif ? Mais cette suggestion lui parut prématurée, et elle risquait de sembler suspecte. Alors il se contenta de conclure, d’un ton léger :

— Mais enfin, le cas échéant, nous ne manquerons pas de trouver d’autres sujets d’étude.
Absalom Thorn
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N.B. : Ce message clôture du côté d’Absalom Thorn un sujet auquel les autres participants n’ont plus répondu.


Comme souvent, ces suggestions ne furent pas des plus populaires. Dans une congrégation de psychopathes, ceux qui prônaient la douceur et la modération n’avaient pas précisément le vent en poupe. Le regard de Darth Noctis balaya l’assemblée, les visages fermés et austères de ces Siths qui, sur Korriban, avaient érigé sur Korriban une Académie bien étrangère à ce qu’eussent été ses propres principes pédagogiques, et puis ses yeux revinrent sur le jeune Padawan, si cruellement malmené.


* Je n’ai pas besoin d’être juste *, souffla-t-il dans l’esprit du jeune Jedi, qui exigeait de pouvoir pénétrer dans le sien, * parce que je suis puissant. Vous devez vous rendre compte à présent que la justice et l’honneur qu’on cultive avec tant de soin au sein de l’Ordre Jedi ne sont que les masques que portent en ce monde le pouvoir de ceux qui n’ont de force que la faiblesse des autres. *


L’humain n’était peut-être pas en état, certes, de suivre les aphorismes tortueux du Seigneur Sith, mais déjà l’esprit de l’Hapien se tournait vers d’autres considérations. Ce qui tenait lieu de bavardages entre Siths avait repris son cours, essentiellement pour distraire l’assemblée du cas de Kolin, et de la divergence d’opinions qu’il était apparemment susceptible de susciter. Dans une réception aussi protocolaire, hors de question de se laisser aller à un affrontement même voilé.


Les pensées de Darth Noctis prenaient à nouveau forme, dans un autre esprit cette fois-ci.


* Par pitié, dis moi qu’une affaire urgente exige que je lui accorde toute mon attention. *
* Pas vraiment *, lui répondit presque aussitôt la voix de son Inquisitrice personnelle, * mais on peut faire semblant. *
* S’il te plaît, si je dois supporter encore un quart d’heure de discussion sur les sabres lasers des filles de notre hôte, je vais me trépaner avec les chandeliers de cérémonie. *


Cinq minutes plus tard, une Kaminoane traversait le hall pour murmurer quelque chose à l’oreille attentive de son Seigneur. Absalom inclina légèrement la tête, avant de dire tout haut :


Seigneur, mes chers amis…


« Amis. »
Qu’est-ce qu’il ne fallait pas dire…


… j’ai le regret de devoir prendre congé de vous, je crains que les diplomates de Mytus ne fassent encore des siennes.


Après quelques banalités échangées pour faire bonne mesure, et un dernier regard au Padawan, le jeune Seigneur s’éclipsa, escorté par son Inquisitrice, Darth Venenous. Quand ils furent sur l’une des terrasses balayées par les vents désertiques qui menaient de l’Académie elle-même aux plateformes dédiées au speeder, l’ancienne Jedi demanda :


Kolin Valkizath ?
Pardon ?
L’humain, enchaîné. C’était Kolin ?
Tu le connais, fit Absalom d’un ton surpris ?
Aperçu seulement, répondit la Kaminoane d’un ton calme, dans les couloirs du Temple, sur Ondéron.
Il aurait mieux fait de rester sur Ondéron, répliqua Absalom avec une pointe d’amertume.


Il y eut un silence.
Ils s’installèrent dans le speeder. Comme toujours, il lui laissait le soin de piloter l’appareil jusqu’à l’hôtel où il descendait quand il venait sur Korriban.


Si tu songes à le libérer…, commença prudemment l’Inquisitrice, qui savait combien son maître avait du mal à supporter la captivité des jeunes gens sans défense.
Évidemment que non, coupa Darth Noctis.


Évidemment que oui.
Un peu.


Son regard était fixé sur les bâtiments de l’Académie qui se découpaient dans le paysage ocre.


Sans parler même de la difficulté à accomplir une mission de la sorte, les conséquences seraient… si jamais cela venait à se savoir…
Je n’ai pas besoin d’une leçon de sagesse.


Cette fois-ci, le ton était sans appel : l’Inquisitrice, traitée parfois en amie, était brusquement ravalée à son rang de subordonnée et elle adopta aussitôt un silence respectueux. Au fond, cependant, Absalom savait qu’il avait tort : il avait souvent besoin de leçon de sagesse, quand ses vieux instincts de Jedi refaisaient surface et que son pragmatisme était menacé par cet appel à la bonté du protecteur jamais tout à fait réduit au silence en lui par la corruption du Côté Obscur.


Le lendemain, il quitta Korriban, aussi vite que possible, c’était presque une fuite, pour laisser derrière lui, et au fond de sa mémoire, enseveli par les montagnes de sable que charriaient dans les vallées désertiques des tempêtes presque surnaturelles le souvenir de la silhouette faible et meurtrie d’un jeune Jedi qu’il aurait ramené, si la Galaxie avait été meilleure, et si lui-même avait été plus puissant, jusqu’aux portes même du temple d’Ondéron.
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