Karm Torr
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Soruan et Karm s’étaient séparés dans le hall du Temple d’Ondéron, après [Seuls les administrateurs ont le droit de voir ce lien], et ils avaient regagné chacun leur chambre, pour se rafraîchir. À peine la porte fermée, Karm s’était débarrassé de ses vêtements pour gagner sa douche et, sous l’eau froide qu’il préférait le plus souvent, il médita plus posément les paroles du Bothan.

Il ne se sentait décidément pas de taille à assurer la formation d’une Padawan mais il était bien conscient que tout grand changement s’abordait avec appréhension. Il ne s’était pas senti à la hauteur des épreuves de Chevalier non plus, jadis, et pourtant il les avait passées sans grande difficulté. Avoir sa propre Padawan était la suite naturelle et il ne pouvait nier qu’il avait de plus en plus envie de transmettre ce qu’il élaborait au fil des mois.

La douche achevée, les cheveux abandonnés à une coiffure à l’ordre pour le moins relatif, Karm émergea de sa chambre vêtu d’un tee-shirt à la gloire d’un obscur groupe de musique et d’un pantalon essentiellement constitué de poches. À part le sabre laser à sa hanche, il n’y avait pas grand-chose qui annonçait le Jedi mais, en bon habitué de la Bordure Extérieure, Karm avait très tôt compris qu’il valait mieux passer pour un civil. La tunique jedi n’était un passe-partout miraculeux que dans le territoire républicain, et encore, surtout dans le monde du Noyau.

Quelques Maîtres Jedis un peu trop conformistes lui jetèrent des regards un brin accusateurs sur le chemin mais Karm avait appris à les ignorer. Sa réputation au sein de l’Ordre était faite de dents de scie, où la gloire des faits d’armes en pleine bataille le disputait à ses remarques impertinentes et ses allures d’adolescent rebelle. Karm aurait préféré se faire oublier mais c’était en vain.

Arrivé à la cantine, il s’empara d’un plateau, récupéra quelques plats qu’il choisit exclusivement pour leur valeur nutritive, sans s’intéresser vraiment à leur goût, et rejoignit Soruan qu’il avait repérée. À cette heure-là, il n’y avait pas grand-monde, à part peut-être les Jedis dont la physiologie particulière exigeait des repas plus réguliers que les autres. Karm s’installa en face de la jeune femme et déclara de but en blanc :

— Y a un Maître, tout à l’heure, qu’a suggéré que je devrais te prendre comme Padawan.

Au moins, il n’y allait pas par quatre chemins — l’une des nombreuses raisons qui expliquaient qu’on ne lui confiait pas de missions diplomatiques. Il plongea sa fourchette dans une purée de racines aux baies, content de s’être résolu à aborder la question sans détour.

— J’crois que c’t’une bonne idée. J’suis pas, genre, super confiant sur la question, mais t’es déjà expérimentée et à mon avis, ça peut être productif.

Une chose était certaine : Karm considérait ses défauts avec lucidité et il n’hésitait pas à les partager. Du reste, il ne voyait pas comment faire autrement : si Soruan et lui devaient nouer une relation aussi complexe et essentielle que celle qui liait un Maître à sa Padawan, il fallait que la Miraluka puisse juger en tout état de cause.

— T’aurais 8 ans et tout à apprendre, j’dis pas, mais là… ‘Fin bref. J’suis, hm…

Comment dire ça élégamment ?

— Un peu particulier, de toute évidence.

Dans la catégorie « Peu Protocolaire », Karm Torr méritait certainement un trophée.

— J’suis un Gardien spécialisé dans le combat, armé et à mains nues, puis dans l’exploration scientifique et archéologique. J’passe le plus clair de mon temps dans la Bordure Extérieure, dans des missions de prospection ou d’extraction. Ponctuellement, j’interviens sur des problèmes aéronautiques. Sans ça, euh… J’sais pas trop ce qu’on est censé dire dans ce genre de situations, là. J’suis un Ark-Ni, tu connais sans doute pas, certains disent humains, d’autres presque-humains, ‘fin, c’est une nation nomade qui vit sur des vaisseaux dans la Bordure Extérieure, pas intégrée à la République. J’ai 26 ans, j’ai été formé par Tavaï, la Maître d’Armes Amarane, j’étais d’abord dans les batailles avec l’Armée Républicaine avant d’passer dans le Corps d’Exploration. Voilà voilà.

Il s’était débrouillé pour engloutir une bonne partie de son repas tout en parlant, alors il reposa sa fourchette et se cala contre le dossier de sa chaise, pour observer Soruan.

— Avec moi, faut s’attendre à du collaboratif, beaucoup de conditions extrêmes et une certaine dose de, euh… Hétérodoxie, disons. T’en dis quoi ? Qu’est-ce que tu penses que t’aurais besoin ?
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Soruan jugea la température de l'eau en passant sa main sur le jet, avant de s'y engouffrer. L'eau coulait le long de son visage et dans sa bouche ouverte qui appréciait la fraicheur de celle ci.
Pensive, la Miraluka repensait au parole de la Kel'dor, elle n'aurait jamais dû lui reparler de Maitre Navegu. Son Maitre lui manquait affreusement, son comportement stricte mais son fond généreux et aimant laissaient un vide dans le cœur de la Miraluka. Elle espérait lui avoir fait honneur aujourd'hui en aidant au sauvetage d'un petit Padawan. Dans un chuchotement, malgré l'eau qui coulait sur ses lèvres, Soruan remercia son défunt Mentor pour ses années d'enseignements, courtes certes, mais utiles.

Une fois sa douche terminée, elle se sécha brièvement les cheveux qu'elle coiffa d'une grossière tresse et enfila un large pantalon ainsi qu'un simple poncho noir qui cachait un débardeur pour la couvrir d'éventuel courant d'air. Si elle respectait le Code jedi, elle avait cependant toujours du mal à mettre la traditionnelle tenue des Jedi, ils n'étaient pas inconfortables, mais... Elle préférait les porter en de rares cérémonies ou en extérieur du Temple pour montrer qu'elle était Jedi. Voire même au parc, pour ne pas déstabiliser les puristes ou Jedi âgés qui aimaient, comme elle, le calme du parc du Temple.

Quand elle arriva à la cantina, elle observa les différents Jedi présents mais Tor n'était pas encore sur les lieux. Visiblement il trainait encore plus qu'elle.
Elle prit un fruit ainsi qu'un morceau de volaille séché qui était accompagné de toute sorte de légumes et s'installa loin des autres Jedi.
Elle décida de commencer son repas sans attendre Tor, mais à peine eut elle croqué dans la viande que Tor la rejoignit.
Quand il arriva à sa portée, Soruan ne sentit aucun déplacement de l'air, aucun bruit indiquant qu'il portait la large bure Jedi et le bruit des ses pas indiquait qu'il ne portait pas non plus leurs bottes. Et son repas était tout aussi basique que le siens.
Tor et elle avaient bien des points en communs.

Soruan resta bouche bée devant les paroles de Tor, les Maitres proposaient qu'elle passe sous la tutelle de ce dernier ? Allait elle devoir oublier Maitre Navegu ? Et si Tor n'était pas à la hauteur du puissant Cathar et des attentes de la Miraluka ? C'était donc à cela que la Kel'dor faisait allusion, en lui parlant de l'absence de Maitre dans sa formation. Elle aurait au-moins pu être franche et lui révéler la réelle intention de ses paroles.. La Padawan faisait de son mieux pour se ressaisir, pour éviter de continuer de penser à son défunt Maitre et se concentra sur le moment présent. Elle dissimula au mieux la tristesse et l'énervement qui montaient en elle et se forçait à écouter Tor.

" Hé bien, quel CV dites donc " Se força elle a dire sous le ton de l'humour. Elle ne voulait pas donner une mauvaise image d'elle, même si il était presque évident que Tor ait pu ressentir ses sentiments à ce moment, elle souhaitait paraitre autrement.

" Je pense, enfin j'en suis même convaincue, que ça serait bénéfique d'apprendre à vos côtés et je dois avouer qu'avoir un Mentor me ferait le plus grand bien. Je n'ai rien contre les cours en communs mais...Mais ce n'est pas la même chose qu'avec un Maître. "


Après avoir pris repris un coup de fourchette, elle but une gorgée d'eau pour reprendre.

" Et je dois l'avouer... Je vous apprécie... Mais si vous devez me former, il y a des choses que vous devez savoir sur moi ou bien vous laisserez l'avenir le découvrir ? "
Karm Torr
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— J’sais pas si c’est un très bon signe de m’apprécier, en vrai.

Le Jedi eut un sourire tranquille. Lucide, il savait que sa popularité n’était pas toujours au beau fixe au sein de l’Ordre. Sa volonté obstinée de se tenir aussi éloigné que possible des affaires républicaines, sa familiarité universelle et son éducation martiale à l’excès ne plaidaient pas en sa faveur. Cependant l’opinion des autres ne l’affectait pas considérablement, tant qu’elle n’entravait pas ses projets.

Les yeux fixés sur la Miraluka, il était songeur. Il avait bien senti les sentiments contraires s’agiter en elle et il supposait qu’en faisant sa proposition, il remplaçait un autre Maître. Soruan avait été entraînée déjà, et plutôt bien, s’il devait en juger par leur brève aventure dans la jungle, et elle était trop âgée pour n’avoir tiré ses talents que de la formation académique. Son précédent Maître avait sans doute disparu, mort, plus probablement, comme il arrivait hélas trop souvent en ces temps troublés.

— Ben, disons, si je te pose des questions sur toi, et que tu me réponds ce que tu penses être, je saurai ce que tu penses mais pas ce que tu es.

Limpide.

— C’est dans les autres qu’on se découvre soi-même, on est pas forcément les mieux placés pour juger de ce qu’on a en soi.

Une déclaration quelque peu étrange de la part de quelqu’un qui venait de se décrire une carrière faite d’explorations solitaires sur la Bordure Extérieure mais Karm, néanmoins, y croyait fermement : le miroir de l’âme, pour lui, était le regard que les autres portaient. C’était précisément à son sens l’intérêt des duos de Maîtres et de Padawans : les uns se découvraient à travers les autres.

Tavaï avait essayé de lui imposer bien des choses, quand il avait été Padawan, et elle l’avait enfermé dans l’idée qu’il se faisait de lui et qu’elle lui avait soufflé pour l’essentiel. Karm était résolu à ne pas reproduire les mêmes heures.

— Par contre, j'veux bien savoir ce que tu comptes faire, une fois Chevalière. C’est pas, genre, un choix d’orientation définitif mais c’est pour me donner une idée de ce dont tu aurais besoin. C’est pas tout à fait la même chose de vouloir devenir une géologue de l’AgriCorps ou une Ombre.

Bien sûr, ces spécialisations venaient plus tard, encore après les épreuves d’accès à la Chevalerie, mais Karm voulait faire sentir à Soruan toute la diversité des voies qui s’offraient à elle au sein de l’Ordre et qui dépassaient souvent de beaucoup les idées simples que l’on présentait aux Padawans au cours de leur formation collective. Lui n’avait jamais eu qu’une seule opportunité, celle de la guerre, dans laquelle il avait excellé, certes, mais dont il regrettait désormais l’étroitesse.

— C’est pas forcément quelque chose de précis, d’ailleurs, hein. Perso, à ton âge, j’étais persuadé que je finirais Maître d’Armes, comme Tavaï, après avoir enchainé les batailles, jamais j’aurais pensé que je rejoindrais l’ExploCorps. Mais je savais déjà que j’aimais… T’sais, l’aventure. J’aurais jamais pu être bibliothécaire. Ou guérisseur. C’qui veut pas dire que je considère que c’est des voies moins intéressantes. Juste pas pour moi.

Et, pour être honnête, il espérait que Soruan n’aspirait pas à une carrière d’archiviste jedi, parce qu’alors, il n’était pas certain de pouvoir lui être très utile. En réalité, plus il lui parlait, plus il prenait conscience de l’ampleur de la tâche qu’il se proposait d’accomplir et de la responsabilité qui pèserait désormais sur ses épaules. La perspective d’avoir le futur de la jeune femme entre ses mains était pour le moins intimidante, même s’il savait que, au bout du compte, la Miraluka volerait de ses propres ailes et prendrait ses propres décisions.

— Et stresse pas de paraître trop ambitieuse ou irréaliste ou alors trop banale. C’est des questions ouvertes, histoire de voir, pas un test.

Ce qui n’était peut-être pas tout à fait exact : le regard insistant et pénétrant que l’Ark-Ni posait sur la Padawan et l’attention qu’il concentrait sur elle à travers la Force disaient assez que les réponses de Soruan seraient aussitôt disséquées, interprétés et méditées par le Chevalier. On ne se séparait pas de son esprit tactique si facilement.
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" Je dois avouer que toutes les voies sont intéressantes. J'aime apprendre les voies de la Force, l'histoire de l'Ordre et me pencher sur la philosophie des Jedi. "

Soruan s'arrêta quelques secondes. Il est vrai qu'elle aimait méditer sur divers sujets et parfois même simplement sentir la Force et rien d'autre. Elle se voyait au parc ou encore en salle de méditation. Elle réfléchissait à ce qu'elle pouvait bien apporter à l'Ordre Jedi, à la façon dont elle pouvait s'épanouir tout en ayant une utilité.

" Mais je me sens moi même que lorsque je m'entraine et quand je subis un effort physique intense...Même si je doute que ce genre de voie soit bien adaptée aux Miraluka."

Aveugle, inapte aux combats dignes de ce nom. Voilà ce qui résonnait dans sa tête. Elle était incapable de voir certains obstacles ou certaines formes, alors que lors d'une bataille on se devait de faire attention à tout. Elle ne voyait peut être pas comme un ennemi, mais elle voyait ce qu'il ne pouvait pas voir et elle compterait bien en tirer profit.

" Et en toute honnêteté, la voie du Jedi Sentinelle et celle du Gardien m'intéresse. Particulièrement la Sentinelle. Même si d'après ce qu'on entend les Miraluka devraient être des Consulaires. "

La couleur de son cristal n'était peut être pas la couleur de référence de ces deux voies, mais son intérêt s'y trouvait. Son cristal était vert, comme de nombreux consulaires et même si cette voie pourrait lui allait, ce n'était pas ce dont l'Ordre avait besoin. Malheureusement ces jours et surtout les jours futurs allaient être sombres voire violents, ne laissant pas place au calme et à la patience.. L'Ordre avait besoin de combattant et, il fallait l'avouer, de nombreux Jedi ne suivaient pas la voie de la bataille. Heureusement ou malheureusement ?

" Vous voulez peut être savoir pourquoi cette voie plus que les autres ? On dit bien que les Sentinelles sont les fléaux du Côté Obscure, non ? On ne devrait pas avoir de pitié pour les serviteurs du Côté Obscure, il faudrait les traquer et les éliminer. Et je pense... Non je VAIS même tirer profit de ma Vision de Force pour cerner la nature d'un individu, même si c'est un bon utilisateur de la Force et qu'il la cache, je ferais tout mon possible pour cerner le personnage. "


Peut être, étant plus jeune, elle aurait souhaité suivre une voie de Guérisseuse ou de Consulaire, mais il était évident que sa place était ailleurs que dans ces voies désormais. Après la mort de son Mentor, Soruan ne souhaité qu'une seule chose, anéantir le mal sous toutes ses formes. Sa colère envers les Siths pourrait choquer certains Jedi, mais c'était un fait : L'ennemi des Jedi devait disparaitre. Contrairement aux Sith, Soruan ne souhaitait pas que son adversaire souffre mais bien qu'il disparaisse, qu'il soit anéanti de façon nette et rapide. Que ces guerriers du mal aient une mort descente.

" Vous n'êtes pas d'accord ? "


Soruan espérait que ce potentiel Maitre soit d'accord avec elle, qu'il ne soit pas de ce genre de Jedi, sans vouloir les critiquer, à la sermonner sur sa volonté, le genre de personne qui prétend qu'il y a du bon en tout être vivant et que la vengeance et la colère n'est pas la voie à suivre pour un Jedi. Si ils souhaitent tant la paix, ne faut il pas en finir avec cette guerre avant tout ? La paix ne veut elle pas dire qu'on n'a plus d'ennemi ?


Karm Torr
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— C’pas important que j’sois d’accord ou non.

Une pédagogie décidément bien particulière. Karm avait fini son plateau repas et, comme Soruan en avait fait de même, il murmura « viens » et les deux Jedis partirent déposer leurs plateaux sur la machine qui les lavait en continu.

— Un Maître, ça doit pas imposer son point de vue à sa Padawan mais aider sa Padawan à être certaine qu’elle voit bien ce qu’elle voit, et veut bien c’qu’elle veut. Chaque Jedi est différent et si tout le monde était d’accord, au sein de l’Ordre, on irait droit dans l’mur. La vertu de la multitude, c’est dans le désaccord, la confrontation des opinions, et la découverte de solutions qui sont impensables quand on est tout seul. L’intelligence collective, quoi.

C’était une perspective typiquement ark-ni de l’organisation idéale de l’Ordre Jedi, qui prenait le contrepied des habitudes hiérarchiques bien ancrées chez la plupart des Jedis. Mais il demeurait vrai que, de tout temps, il y avait des communautés de Chevaliers qui avaient considéré que la gestion des affaires relevait plutôt de la concertation que de décisions imposées par un conseil de sages triés sur le volet.

— Perso, j’pense que le Côté Obscur doit être éradiqué dans ce qu’il a d’exclusif mais que c’est un exercice vachement difficile que de déterminer ce qui relève de l’excès ou de la normale, et qu’en plus, c’est deux choses très différentes d’éradiquer le Côté Obscur et d’éradiquer les praticiens du Côté Obscur.

Ce n’était pas nécessairement fort clair et Karm en avait conscience. Ils avaient quitté le self et ils marchaient à présent dans les couloirs du Temple d’Ondéron, où les larges baies vitrées faisaient tomber sur les tapis épais la lumière d’une journée tropicale.

— Concrètement, la mort, la destruction, la violence, la colère, ça fait partie d’la vie, même la volonté de pouvoir. Si c’est ça le Côté Obscur, on peut pas vouloir annihiler le Côté Obscur. Parce que y a des prédateurs qui sont nés pour être violents. Y a des colères qui sont légitimes. Le problème des Siths, c’est pas dans la nature de leurs motivations mais dans le degré. Dans le fait qu’elles soient exclusives de n’importe quoi d’autre. Qu’ils sont aveugles à l’harmonie. Et que donc ils tordent la nature. Pour la tordre, ils l’attrapent par un bout qui est bien réel, qui en fait bien partie, celui d’la mort par exemple, mais au bout du compte, ce qui en sort, c’est méconnaissable.

Karm avait beaucoup médité ces questions, à cause de l’entraînement même qu’il avait reçu et de sa propre réputation au sein de l’Ordre. Il savait que, pour beaucoup de ses camarades, sa spécialisation excessive dans les arts martiaux, ses talents de guerrier, étaient suspects en raison même de leur violence. Karm, qui ne se sentait pas le moins du monde engagé sur une pente dangereuse, avait donc dû beaucoup réfléchir, pour construire les raisons de ses intuitions.

— Et donc, des fois, c’est possible de tordre à l’endroit ce qui a été tordu à l’envers. Comme une tige de métal. Mais y a des tiges, si tu fais ça, elles cassent, ou elles résistent. Et c’est pareil. Y a des Siths qui sont sans doute sauvables, même si ces temps-ci, on a plutôt l’impression de voir des Jedis qui se laissent corrompre. Détruire le Côté Obscur, ça peut être détruire un Sith qu’on peut pas remettre à l’endroit mais ça peut aussi être détruire les problèmes de quelqu’un de paumé et le ramener dans le droit chemin. J’dis pas que c’est facile, note.

Et même, il n’était pas sûr de pouvoir en donner un exemple concret et très convaincant. La puissance de l’Empire avait transformé les errances qui relevaient jadis de cas isolés en situations relativement confortables dont il était difficile de revenir.

— Mais ça, c’est mon point d’vue. Y a des gens qui te diront qu’il faut tapisser l’Empire de bombes jusqu’à ce qu’il en reste plus rien, et d’autres qui te diront qu’il faut sauver tout le monde. À mon avis, tu ferais bien d’écouter tout le monde avec attention, même si ça te parait chelou au début, et comme ça, quand tu te seras fait ton opinion, ce sera vraiment ton opinion à toi. Quant à savoir se battre…

Karm esquissa un sourire léger.

— … voir, ça aide, mais c’est pas nécessaire. Si tu veux apprendre, j’peux t’assurer que je t’apprendrai. Si tu veux être Gardien, tu le seras. Écoute pas les pessimistes.
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Le soleil qui tapait contre les longues baies vitrées du Temple offrait une chaleur agréable, Soruan profitait de cet instant en levant le visage en l'air, l'offrant aux rayons du soleil, alors que le Chevalier Jedi lui causait.
Quand eut terminé de dire son point de vue, la Padawan concentra son regard sur lui.

" Vous êtes pour éradiquer le Côté Obscur, mais vous pensez que certains Siths peuvent être sauvés ? Comment peuvent ils êtres sauvés ? Ils sont l'essence même de ce que nous combattons... "

La jeune Miraluka semblait réellement ne pas comprendre ce que Tor venait de dire. Après avoir posé sa question, elle réfléchissait à ce qu'elle venait de dire et se remémorait les paroles du Jedi.

" Si vous élevez un chien et qu'un jour il vous mord, il réessayera tôt ou tard de vous mordre à nouveau... C'est dans la nature de cet animal. Pourquoi ça serait différent avec eux ? "

Soruan resta immobile, prête à entendre le Chevalier répondre à sa question. Elle paraissait bien petite à côté des ces hautes baies vitrées mais elle semblait tout aussi petite face à Tor, ses histoires, ses connaissances et son expérience du terrain. Soruan espérait ne pas décevoir cette personne, tant physiquement que psychologiquement
Alors ainsi, Tor faisait peut être parti de ceux qui pensent qu'il y a du bon en tout le monde ? Comment, avec toute cette guerre, cette violence, pouvait on encore croire qu'il y avait du bien chez les Siths ? Même après l'attaque envers le temple, certains Jedi ne ressentaient aucune rancœur envers ces personnes.

Ou alors Soruan était dans l'erreur de haire toujours autant ces êtres pour avoir tué son Maitre ? Si l'imposant Cathar était la seule victime des Siths, ça irait... Mais le nombre de victimes causé par la guerre, elle même causée par les Siths était trop important pour qu'on les laisse s'en tirer comme ça.
Ils étaient dans un camps qui n'était pas le siens, et la Padawan trouvait légitime de vouloir la mort de tous. Tous, sans exceptions aucunes.

" Certains d'entre eux tentent de faire succomber des Jedi dans leur camps.. Mais je doute que ça soit une bonne idée de faire de même... "

Soruan se racla la gorge, elle parlait surement trop et révélait trop de choses la concernant, concernant son avis sur l'ennemi. Après tout, elle parlait à une personne qu'elle venait de rencontrer et devrait sans doutes cacher un peu plus sa personnalité. Mais si Tor devenait son Maitre, Soruan devrait lui dire ses ressentis ? Et puis, son Aura lui paraissait toujours aussi agréable.

"P..Pardon si mes propos peuvent vous marquer... Mais je ne les supporte pas..Et je sais que ce genre d'avis n'est pas approuvé par l'Ordre."

Peut être devrait elle se taire, hocher la tête et dire oui Maitre en faisant semblant d'écouter le Jedi. Mais Tor semblait toujours honnête, aussi agréable et ouvert que lors de leur rencontre et pendant l'aventure qu'ils ont vécu ensemble en tout cas. Alors pourquoi devrait elle lui cacher ses questions et son point de vue ?
Karm Torr
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— Ah ben non, ‘tends, si les gens se mettent à garder toutes leurs idées secrètes, on a pas le cul sorti des r…

Karm toussota et reprit avec une expression sans doute plus appropriée à son nouveau standing de Chevalier à Padawan.

— … on est pas sortis de l’auberge. À mon avis, l’Ordre, ça devrait pas être un État totalitaire mais une communauté de discussions.

Certes, Karm avait une définition singulièrement extensive de ce qui relevait de l’État totalitaire mais, parfois, il avait du mal à admettre les dérives de certains Jedis, qui prônaient une hiérarchie implacable, une surveillance entière sur la vie personnelle et une adhésion idéologique sans nuance à un Code qui n’était plus interprété, plus vivant, mais rigide et mortifère. Il se demandait même si la victoire la plus facile des Siths ne viendrait pas finalement d’un repli de l’Ordre sur le radicalisme.

— J’pense que y a des chiens, ils mordent parce qu’ils sont méchants, et y en a d’autres, ils mordent parce qu’ils ont peur et qu’ils savent pas faire autrement. Et que vu de l’extérieur, c’est pas toujours facile de savoir qui est qui.

En tant qu’explorateur, les métaphores animales lui parlaient évidemment beaucoup.

— Bon, après, y a le problème que les chiens, ça existe pas in abstracto, tu vois ? Ouais, ‘fin, j’veux dire…

Par définition, Soruan ne voyait pas grand-chose.

— Tu sais, quoi. Bon. Ben les Siths c’est pareil. Y a chaque Sith individuellement, qui est peut-être sauvable, peut-être pas, et ensuite y a la machine impériale, ses administrations, son armée, et tout ça. À mon avis, cette machine-là, cet État et tout, y a pas d’autres choix que de l’annihiler. Par la guerre, par l’entrisme économique, j’sais pas, j’suis pas un politicien, mais fondamentalement, ça me parait le gros du problème. Si tous les Siths venaient brusquement à disparaitre, si on rasait l’Académie de Korriban, l’Empire serait toujours debout, probablement, avec ses moffs, ses généraux et tout le bazar.

Et très franchement, c’était le genre de vérités désespérantes qui parfois décourageait Karm. La République existait depuis des siècles et des siècles et il avait du mal à croire qu’un système aussi étendu et complexe que l’Empire n’en ferait pas de même. L’idée de le démanteler était une tâche immense que son esprit peinait à saisir dans toute son étendue.

Il reprit la marche à côté de Soruan le long des baies vitrées.

— Du coup, au bout du compte, c’t’une question systématique. Bon, je dois pas être très clair, mais prenons un cas concret. Un gamin qui est né y a deux trois ans dans l’Empire. Il est sensible à la Force. Il est repéré, il est envoyé sur Korriban, on l’entraine, il devient un Sith. Bon. Est-ce qu’il mérite nécessairement d’être buté ? Est-ce qu’on est sûr qu’il peut pas être amené à la raison ? Parce que bon, le mec, il a jamais été exposé à rien d’autres que les Siths, on peut pas vraiment deviner à l’avance s’il est réceptif à d’autres points de vue. Tous les Siths choisissent pas d’être Siths, de la même manière que, faut pas se l’cacher, tous les Jedis choisissent pas d’être Jedis.

Et c’était à son avis l’une des grandes raisons qui pouvaient les conduire à perdre la guerre : le refus de reconnaître cette réalité dont on ne parlait pas vraiment au sein de l’Ordre. C’était la contrainte qu’exerçait l’Ordre sur certains Padawans qui développaient en eux une frustration propice au Côté Obscur et c’était le refus de reconnaître que certains Siths l’étaient pour ainsi dire par un concours de circonstances qui retenait l’Ordre de faire de la propagande active auprès de gens qu’il pourrait peut-être aisément convertir.

— Après, soyons vraiment concret, hein. Le mec qui sort son sabre rouge devant moi et qui fait le chaud et tout, bon, je me défends, y a pas de mystère. Si je peux pas faire autrement, je le tue.

D’un ton un peu sombre, et plus bas encore que d’habitude, Karm rajouta :

— Ce serait pas l’premier…

Des Siths, il en avait croisés beaucoup sur les champs de bataille et, puisqu’il était toujours vivant, c’était qu’il en avait laissés beaucoup derrière lui.

— Mais tu dois avoir une expérience de première main sur le sujet, non, reprit-il doucement, pour être aussi déterminée. Ton premier Maître… ?

C’était la conclusion qui s’imposait le plus naturellement. Du même ton doux, Karm précisa :

— C’est normal et légitime d’être en colère…
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"Hum... Ma colère envers notre ennemi s'est aggravée depuis le décès de mon Maî...De mon ancien Maître."

La Miraluka se secoua la tête, il fallait qu'elle parle du Cathar au passé, sans pour autant l'oublier. Ses enseignements, ses paroles, ses entrainements étaient passés mais servaient au présent. Oublier cette personne ne serait pas aussi simple...Soruan se demandait parfois si son Maître avait réellement disparu ? Après tout, elle avait pourtant ressenti sa présence lors des événements d'Ilum alors qu'elle "dormait". Cependant elle sentait quand même quelque chose de brisé et c'était dure pour elle de se l'expliquer... Si elle ne le sentait plus, comment avait elle pu sentir sa présence ? peut être devrait elle questionner les gradés là dessus ?

"Quand il était vivant, j'ai très vite pris cette personne comme modèle à suivre. A l'instar de nombreux Maîtres pour leurs élèves, il était comme un père.. Il n'était pas le genre de Jedi a avoir pitié pour son ennemi, enfin.. il n'éprouvait aucune émotion quand il se battait.. Pour les rares fois où je l'ai vu réellement se battre.."

Soruan s'arrêta et se mis de face d'une une baie vitrée. Son regard était fixé sur le paysage qui s'étalait et dont la vie était présente. Dans tout ce noir autour d'elle, elle pouvait voir de petites lueurs de différentes couleurs et de différentes intensités. Toutes ces lueurs étaient des vies, des êtres vivants, certains êtres étaient des Jedi, le reste représentait des créatures ou habitants d'Ondéron.

"C'est pour ceci qu'il se battait...Pour la vie, pour la paix... C'est paradoxal non ? Se battre pour la paix...Il représentait le parfait Jedi."


Soruan détourna son visage de la baie vitrée et du paysage d'Ondéron pour fixer le Chevalier.

"Mais les Sith me l'ont pris et...Et particulièrement cette guerre..."

La Miraluka allait changer de Mentor, elle allait profiter des enseignements de Maître Navegu ET de ceux du Chevalier en face d'elle. Ainsi elle allait devenir plus forte, plus expérimentée. Tor avait quelques similitudes avec le Cathar, ce n'était donc pas un hasard si Soruan et lui avaient fait connaissances. La Force les a guidé pour les réunir. Dans un but précis ? Cela ne faisait aucune doute dans l'esprit de Soruan.

"Et je souhaite honorer sa mémoire, qu'il soit fière de moi et de ce que je deviendrais. Qu'il sache que son entrainement ne sera pas vain..Et qu'un jour nous gagnerons contre cet Empire malsain.


La jeune Padawan inclina la tête légèrement vers Tor, ses doigts s’entre-mêlèrent et elle fléchit l'un de ses genoux.

"Mais je serais heureuse d'apprendre auprès de vous désormais.."

Soruan allait suivre les enseignements de Tor, même si le personnage lui rappelait son ancien Maître, ils auraient tous deux des façons différentes d'enseigner, de voir la Force ou de suivre le Code Jedi. La Miraluka allait prendre note de chaque paroles du Chevalier, elle allait méditer sur chaque cours et ainsi élargir ses connaissances pour parfaire sa voie.
Karm Torr
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— Wow wow wow, pas de génuflexions, ça va m’stresser.

Karm et l’autorité, ça faisait deux. Quand Soruan se fut relevée, il reprit la marche avec elle, empruntant la direction des salles d’entraînement. Si la Padawan était en colère, si la guerre hantait son esprit, la voix des armes serait le meilleur moyen de s’apaiser. Karm ne croyait pas à la fuite. À l’abstraction. Il était persuadé que pour trouver la paix dans la bataille, il ne fallait pas éviter la violence, mais apprendre à s’apaiser par le combat. Que pour se prémunir des ravages d’une passion dévorante, il ne fallait pas fuir tous les occasions de désir, mais apprendre à aimer à travers la Force. C’était son interprétation du Code Jedi.

— Des fois, quand t’écoutes les gens parler ici, t’as un peu l’impression que les Jedis et leurs préceptes vivent dans un monde éthéré et qu’il faudrait appliquer les choses comme si on était sans circonstance réelle. Ouais, enfin, ce que je veux dire, tu sais, c’est que quand on te dit qu’il faut être pacifiste, c’est joli sur le papier, mais en pratique, ça marche pas comme ça. Évidemment que les Jedis sont des guerriers. Évidemment que la diplomatie marche pas toujours. Même l’harmonie de la nature est faite de prédation et de créatures qui se défendent.

Le Chevalier poussa la porte d’une première salle d’entraînement, mais elle était pleine de très jeunes Padawans, qui s’exerçaient plus ou moins adroitement à reproduire les premiers mouvements qu’ils avaient appris au sabre. Ils posèrent un regard plein d’espoir sur le Chevalier réputé pour être habile en la matière mais Karm se contenta de leur adresser un sourire encourageant avant de recommencer à longer le couloir.

— Y a pas de paradoxe, dans l’attitude de ton Maître. Ce serait comme considérer qu’aimer les animaux, c’est incompatible avec le fait de pas se laisser charger par un rancor. Et bon, quand un rancor charge, tu peux essayer de fuir, tu peux essayer de l’apaiser, mais quand ni l’un ni l’autre ne marche, faut bien se battre. C’que j’voulais dire, c’est juste que se battre contre un rancor en particulier, ça veut pas nécessairement dire exterminer tous les rancors en général. Ah, voilà, s’exclama-t-il, en poussant la porte d’une salle déserte.

À l’entrée, il retira ses chaussures et ses chaussettes.

— Pose ton sabre sur le banc.

Il en fit de même et emmena ensuite Soruan au centre du tatami.

— La colère, c’est une saine émotion. On peut dire que y a, genre, trois termes. L’indignation, qui est la juste colère, la colère épurée de ce qu’elle a de mauvais, et l’indignation exprime ton sens de la justice et ta volonté de faire le bien. De réparer les torts. De l’autre côté, y a la rage. C’est la colère aveugle. Peut-être que c’est une colère aveugle égoïste, genre, je sais pas, ton mec t’a trompée, tu décides de partir le buter avec sa maîtresse. Ou bien une colère qui nait aussi d’une injustice. Et entre l’indignation et la rage, y a la colère, cet état intermédiaire qui sait pas trop encore ce qu’il est. Si tu fuis la colère, elle pourra bien te rattraper. Si tu le ressens, tu la comprends et que tu tentes d’en faire quelque chose, elle se transforme en indignation et conseille.

Ce n’était certes pas des conseils fort orthodoxes mais Soruan devait déjà se rendre compte que le Chevalier Karm, à bien des égards, n’avait rien du Jedi typique. Entre son indifférence au protocole et son approche très favorable aux émotions, il s’inscrivait dans une longue tradition au sein de l’Ordre, mais une tradition très minoritaire.

— Et pour faire tout ça, tout ce travail, y a au moins deux choses qui sont essentielles. La première, c’est d’intellectualiser, évidemment. Ça, chez les Jedis, on est des pros. On médite, on raisonne, on réfléchit, tout ce que tu veux. Et c’est super utile, j’dis pas. Bien comprendre sa colère, c’t’évidemment l’analyser. En saisir les tenants et les aboutissants. Mais faut aussi… L’exprimer. Comme quand t’es vachement triste, ben pleurer un bon coup, ça soulage quand même vachement, et après tu peux relativiser. Ben être un bon coup en colère, dans un environnement sécurisé et tout, c’est pas céder au Côté Obscur, c’est comme pousser un gros soupir qui reste sinon coincé dans les poumons.

Karm glissa une mèche de ses cheveux gris derrière son oreille.

— Allez. Frappe moi. Montre moi c’que t’as dans le ventre. Frappe pas en pensant à combien tu souffres mais à pourquoi t’as le droit d’être en colère. Frappe et ça épurera. Comme l’eau des larmes lavent nos peines de ce qu’elles ont d’impur. Bon, j’te dis pas que j’vais pas m’défendre, hein.
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La salle était encore fraiche, à la limite du "froid" mais la température n'allait pas tarder à monter et encore une fois une douche allait être nécessaire. Malgré la ventilation de la pièce, on pouvait encore sentir un mélange entre l'odeur caractéristique du tatami mélangée à celle des précédents occupants de la salle.

A son tour, Soruan marcha pieds nus sur le tatamis, elle sautilla légèrement dessus puis déposa son sabre ainsi que son poncho sur le banc. La Padawan réfléchit un moment puis retira son bandeau qu'elle déposa sur son sabre, ne laissant apparaitre que des orbites vides. Cette vue pourrait dégouter ou intriguer certaines personnes mais elle voulait se mettre plus à l'aise et Le Chevalier n'allait certainement pas prendre note l'absence d'yeux.

"Pas trop envie de le nettoyer si je transpire..."

Vêtue à présent simplement d'un débardeur et d'un large pantalon, Soruan fit quelques étirements tout en écoutant le Chevalier lui expliquer son point de vue.

"Pleurer et avoir des larmes ? Hum..Vous savez que j'en suis incapable non ?"
Soruan sourit au Mentor, et se positionna face au lui. Les genoux légèrement fléchis, les doigts pliés pour pouvoir cogner avec la paume des mains, elle se prépara à affronter Tor.
De toute évidence, le Chevalier acceptait la colère, il ne semblait pas vouloir qu'on cache ce sentiment, ce qui rassurait la Padawan.
Soruan ouvrit tous ses sens, la Force commençait à affluer en elle, circulant dans ses membres et organes.
La Miraluka emplit ses poumons d'air, son cœur ralentit tandis que son sang bouillonnait, prête à exploser vers le Chevalier.
Son attention se portait sur l'Aura de Tor, cette Aura si amicale voire même familière allait devenir son adversaire pendant une courte période. Soruan commença à concentrer l'énergie de la Force dans ses jambes et accumula un maximum de cette énergie. Elle sentait une chaleur dans ses mollets et cuisses accompagnée de battements étranges.

Une fois suffisamment d'énergie accumulée, la jeune Padawan relâcha le tout dans un gémissement et se propulsa en direction de son adversaire, la paume de sa main droite tendue vers le visage de l'humain
Karm Torr
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Combien de fois avait-il été à la place de Soruan, en face de Tavaï, à tenter en vain d’atteindre l’Amarane trop vive pour lui ? Avec tout ce qu’il pouvait lui reprocher, il était bien forcé de reconnaître que sa Maître lui avait délivré des leçons nombreuses et précieuses. La puissance physique était importante mais elle n’était pas nécessaire. Le combat reposait tout autant sur les aptitudes de l’adversaire que sur les siennes propres. Tout était une question de rythme. Et de tempo.

Soruan se jeta sur lui, Karm fit un pas de côté, geste souple et tranquille, s’il n’avait été accompagné d’une main ferme sur le poignet de la Miraluka, pour la dévier dans son élan, et la laisser s’emporter toute seule à l’autre bout de la salle.

- Le désavantage de la colère, et de la puissance en général, c’est que c’est comme la vitesse d’un speeder. On est emporté sans pouvoir toujours contrôler. Encore une fois.

Les entraînements étaient tout aussi fastidieux que l’étude. Certains Padawans, lorsqu’ils sortaient de leur Noviciat, s’imaginaient que, sabres lasers à la main, ils enchaîneraient les duels épiques pour apprendre à mieux manier leurs armes et, déçus alors, ils découvraient que c’était à nouveau l’enchaînemenr répétif des mêmes gestes, les mêmes katas exécutés année après année, jusqu’à ce que le savoir technique devienen un réflexe, et les réflexes une seconde nature.

Karm ne croyait pas aux raccourcis. Son style de combat reposait sur une technicité infaillible, qui exigeait de la persévérance. C’était elle qui venait compenser une carrure un peu fragile, pour un guerrier d’exception. Souvent, l’aspect un peu désordonné de son style, qui ne laissait aucune place à l’esthétique, faisait croire à un apprentissage brouillon mais la discipline de l’Ark-Ni était en réalité parfaitement rigoureuse.

Pendant une heure, il laissa Soruan s’élancer vers lui, et pendant une heure, il l’exposa aux différents évitements, accompagnés de conseils de plus en plus laconiques. La théorie, ce serait pour plus tard : d’abord, l’enseignement par l’exemple. Il ne s’attendait pas à une révélation spectaculaire : tout progrès martial arrivait petit à petit, et il croyait deviner en sa Padawan la détermination nécessaire pour s’atteler à cet apprentissage exigeant, qui mettait la patience à rude épreuve.

Au bout d’un moment cependant, il finit par interrompre l’exercice d’un :

- Excellent.

Son souffle encore régulier, il fit voler jusqu’à ses mains deux sabres d’entraînement, pour l’essentiel inoffensif.

- C’est comme ça qu’on apprend à transformer la colère en énergie. C’est comme filtrer l’eau. Ca prend du temps. Attrape.

Un sabre lancé à Soruan, il activa le sien, déployant la lame d’une blancheur laiteuse.

- C’est le même principe avec une arme. Si tu m’attaques en fonçant, que j’fais un pas de côté, que je désactive ma lame, t’es emportée par ton prorpe élan. La puissance physique, elle a toute sa valeur quand elle rencontre la résistance, mais si l’on cède devant elle, elle peine à se contenir. Ce qui est essentiel à comprendre, c’est que y a aucun intérêt à dominer un combat. Ce qui compte, c’est de remplir son objectif, au final.

Comme souvent avec Karm, ces remarques en apparence purement techniques avaient également un sens philosophique. Pour lui, le combat, le style que l’on y employait, les méthodes que l’on y développait, étaient autant de métaphores pour le rapport à la Force et à l’existence. Ainsi considérait-il qu’il était vain de tenter de l’emporter à tout le coup, et certainement inutile de prouver sa supériorité constante sur les adversaires : l’opposition ne pouvait être qu’un moyen de parvenir à son but, un obstacle qu’il était parfois tout aussi profitable de contourner, de fuir ou de temporiser, que d’affronter directement.

- Tu vois, la colère on la sent toujours bouillonner en nous d’abord comme une force physique. Ca gonfle les muscles, ça donne envie de frapper, de courir. C’est un peu pareil avec la peur, en fait. Avec plein d’émotions. Et l’entraînement, c’est d’arriver à transformer cette force physique en détermination mentale. Je suis en colère, je comprends pourquoi je suis en colère, ça me motive à persévérer et à atteindre mon objectif. Je suis plus là pour me déchainer mais pour corriger l’injustice qu’est à la source de mon indignation. Du coup, ce qui est important, c’est moins d’être fort que de se sentir fort, et avec cette sensation, d’en tirer de la confiance et de la détermination.

C’était en somme une technique de méditation qu’il exposait là, mais une méditation qui n’avait rien avoir avec les salles silencieuses et obscures où des Jedis en tailleur sondaient, immobiles, les mystères de la Force. Pour Karm, la sublimation se trouvait au coeur du combat.

- Allez, c’est parti, montre moi ce que tu sais faire avec un sabre laser.
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Soruan sentait son sang bouillir, son coeur ne cessait de battre à une vitesse telle que la Miraluka crut qu'il allait exploser. Leurs petites passes avec le Chevalier avaient été, visiblement, plus longues que ce qu'elle avait pensé et cela se faisait sentir. Elle respirait lentement, reprenait son souffle dans un gémissement après avoir repris une grande bouffée d'air, tout en fixant son adversaire qui s'adressait à elle.
La Padawan colla l'une de ses mains contre ses joues et sentait la chaleur dégagée par son visage. Nul doute qu'elle devait être toute rouge, et la sueur qui luisait et coulait jusqu'à ses orbites vides ne la rendait pas plus charmante. Soruan fit la moue, se disant qu'il aurait été préférable de prendre une brassière de sport et un jogging, plutôt que ses actuels vêtements en tissus.

Tout en se reposant, Soruan soupesa le sabre que Tor venait de lui lancer puis caressa le sabre dans tout sa longueur. Chaque détail de celui ci était différent de son sabre à elle et la moindre petite chose présente sur ce manche pouvait la déstabiliser.
Soruan jugeait que la lame de ce sabre devait être blanche, le regard toujours fixé vers la lumière émise par la présence de Tor, elle calma son souffle.

La jeune Miraluka était légèrement perdue l'espace de quelques secondes.. Que devait elle faire au final ? utiliser sa colère ? la retenir ? Se servir de cette "peine" et faire au mieux pour la transformer en justice ? Même si ça semblait compliqué pourquoi pas après tout il fallait essayé. Et puis surtout il s'agissait de conseil venant de son nouveau Maitre.

"Hum...D'accord...Cette fois vous allez en goûter du tatamis."

Soruan s'approcha de Tor, la lame de son sabre était parallèle au sol et la Padawan fit mine d'asséner un Sai Tok à son Mentor. Au dernier moment, prenant appui sur l'un de ses pied en se reculant, elle changea d'avis (déjà car c'est désapprouvé) pour exécuter un Shiak en direction de l'épaule du bras qui tenait le sabre.
Sans faire attention si elle avait touché ou non sa cible, Soruan se mit en garde, la lame de son sabre en oblique entre son visage et son épaule pour protéger un maximum son corps d'une riposte de son adversaire.

Peut importe le nombre de ripostes et de coups qu'allait lui infliger Tor, peut importe le nombre de fois où le dos de la Padawan touchera le sol.. Chaque coup, chaque douleur, chaque honte qu'il allait lui infliger serait une leçon. Une leçon qui, espérait elle, allait lui donner des réflexes, des mouvements naturels et instinctifs que l'on acquiert qu'au combat. La Padawan était prête. Ravie d'affronter un Chevalier, ravie d'avoir à nouveau en Mentor qui allait lui enseigner l'art du combat et les voies de la Forces.
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Le style développé par l’Ark-Ni au fil des années, après une formation intensive aux côtés d’une Maître d’Armes de l’Ordre, était loin du standard des instructions qu’on dispensait aux Novices et aux Padawans dans les cours communs. Les mouvements saccadés, imprévisibles, peu orthodoxes, s’enchaînaient dans un désordre qui n’était qu’apparent : Karm exploitait la surprise, la rapidité et la technicité inattendue pour compenser sa relative faiblesse musculaire et sa petite taille. Son art du combat était tout en presque de risque et un changement soudain.

Plus d’une fois, Soruan eut l’occasion de le toucher ou de le repousser, mais il était toujours difficile de savoir si ces victoires d’un instant avaient été réelles, ou prévues et acceptées par Karm, comme on sacrifice un pion pour emporter la partie. Une bonne demi-heure plus tard, les lames blanches des sabres se rétractèrent. Karm aussi était fatigué, mais sa respiration demeurait régulière : la force de l’habitude.

— C’est bien, déclara-t-il d’abord laconiquement, en tendant une bouteille d’eau à sa Padawan, avant d’en prendre une pour lui-même. Tu as beaucoup appris déjà. Et maîtriser ce qu est admis par tous, c’est une étape essentielle. Ensuite… Ensuite, y a d’autres voies. Comme tu as pu le constater.

Karm acheva de vider sa bouteille d’eau avant de ranger les sabres.

— J’ai été formé par Tavaï, la Maître d’Armes, avant qu’elle trahisse l’Ordre, comme je te disais. Pendant longtemps, le sabre, c’était toute ma vie. J’pense que j’ai eu de la chance de pas finir en Gardien obtus.

Chacun connaissait de ces Chevaliers talentueux au combat mais dont les vues étaient limitées aux champs de bataille. C’était notamment de peur de finir en simple guerrier, fantassin aveugle aux réalités supérieures de l’existence, que Karm s’était éloigné des Gardiens pour rejoindre l’ExploCorps.

— Si ta colère te pousse au combat, c’est pas un drame. Y a un moyen d’utiliser le combat, les arts martiaux jedis, comme… Comme une voie pour se calmer, pour se purifier, pour canaliser sa violence et la transformer en quelque chose d’utile. Pour ça, il faut méditer sur le sabre lui-même. Sur ses styles. Sur ce qu’ils veulent dire. Ce qu’ils représentent. Comme ça, quand on pratique, quand on s’entraîne, quand on est sur le terrain, le combat devient pas seulement l’instrument de la douleur, mais une réflexion qui se poursuit.

Le jeune homme prit le chemin des vestiaires.

— Bon, j’avoue, là, dis comme ça, c’t’un peu flou. Mais je suis plutôt partisan de l’apprentissage pratique avant toute chose, et de la réflexion théorique une fois que c’est concret. On remet donc ça demain. Et hm, après demain. Et après, après demain. ‘Fin bref, tu vois le tableau.

Karm disparut dans les vestiaires pour hommes après avoir annoncé ce programme d’entraînement ambitieux. Une douche rapide et énergique plus tard, il attendait Soruan à la sortie des salles d’exercice. Quand la jeune femme refit son apparition, il avertit préventivement :

— T’inquiètes, hein, j’vais pas être constamment sur ton dos. T’es en âge où t’as besoin d’indépendance et tout, j’compte pas te coller en permanence. C’est juste histoire de mettre les choses en place.

Il commença à prendre la direction du département d’archéologie, où du travail l’attendait.

— Concrètement, t’as encore trois à cinq ans devant toi pour les épreuves de Chevalerie. T’es de solides bases à ce que je peux en juger. Faut persévérer dans tout ça, arriver à gérer tes émotions, parce que le Conseil va se concentrer sur ça, et ensuite, te faire une idée de ce que tu voudrais devenir, comme genre de Chevalier. Pas seulement, t’sais, Consulaire, Sentinelle ou Gardienne. Mais plus dans le détail, quoi. Te faire une expérience avec les spécialisations, regarder un peu les corps auxiliaires, ce genre de choses. T’as le temps, hein, te mets pas la pression, mais y a beaucoup de trucs alors autant commencer maintenant.

Nombre de Chevaliers sortaient de leurs examens un peu déboussolés, et mal préparés à trouver leur place en toute indépendance dans la structure complexe de l’organisation jedi. Beaucoup se contentaient de suivre les traces de leur Maître, ce qui n’était pas sans porter ses fruits, mais Karm jugeait qu’il était préférable d’acquérir son indépendance le plus tôt possible.

Arrivés aux portes du département d’archéologie, il se retourna vers Soruan.

— Repose toi, essaie de réfléchir un peu à ce que tu voudrais, comme formation, comme premières découvertes, et on s’arrangera pour se dénicher quelques projets où on pourrait être utile et qui te permettraient de découvrir ça.
Karm Torr
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N.B. : Ce message clôture un sujet après disparition de l’autre joueur-se.


Les jours puis les semaines avaient passé.
Quelques semaines seulement.


Souvent dans les années qui allaient suivre, Karm songerait à ces instants opaques et incertains, pour tenter d’en percer les mystères. Où avait-il échoué ? À quel moment précis, dans quel geste ou avec quelle parole, avait-il compromis la relation qui était en train de naître et déçu les espoirs que le Conseil avait pu placer en lui ? Devait-il simplement songer que la Force, dans son infinie sagesse, avait cherché à le mettre en garde ? Contre quoi ?


Avec Soruan, il avait visité le Temple. Bien sûr, la Padawane le connaissait déjà. Comme tous les novices, jadis, elle avait été entraînée d’un bout à l’autre de la vénérable institution : on lui avait présenté des Consulaires et des Sentinelles, des Gardiens et des Auxiliaires, ici l’infirmerie, là les archives. La bibliothèque et les jardins. Mais Karm avait tenu à lui faire appréhender le Temple dans ce qu’il avait d’organique, leur communauté dans ce qu’elle avait de vivant. Il était persuadé qu’en-deçà des institutions, l’Ordre respirait, et qu’il fallait en quelque sorte apprendre à le considérer dans les interstices de ses règles et de ses organigrammes.


La colère de Soruan avait changé. C’était tout du moins ce qu’il avait cru. Il avait pensé qu’en s’engageant sur la Voie du Guerrier, comme lui, elle apprendrait à sublimer en quelque sorte les pulsions terribles qui montaient en elle. À investir ses émotions d’abord dans le sabre, puis par le sabre à les muer en détermination. Karm croyait – et il croirait sans doute toujours — que le Côté Obscur n’était pas en réalité en soi, mais une inflexion particulière intervenue au mauvais moment.


La colère mène au Côté Obscur, lui avait-il dit, mais le colère peut mener à l’indignation et l’indignation à la justice.


Mais le colère de Soruan le dépassait.
Il n’avait jamais éprouvé cela.

Il ne s’était jamais battu pour donner libre cours à ses émotions, il n’avait jamais cherché un exutoire : toute sa vie, il avait éprouvé ce calme étrange, presque coupable. Luke lui avait souvent assuré qu’il n’était pas sensible, que le calme était sa manière à lui d’affronter les épreuves, que chacun avait la sienne. Mais en regardant Soruan se débattre avec ses démons, Karm s’était demandé plus que jamais ce qui ne tournait pas rond chez lui.


J’suis pas sûr d’en être capable, avait-il confié à Maître Gelvta, vers qui il avait fini par se tourner, pour profiter de son expérience pédagogique.
Deaell, lui avait-elle demandé, sans relever les yeux du blaster antique qu’elle était en train d’examiner ?
Hm.


Karm maniait machinalement l’un des innombrables gadgets qui encombraient le bureau de sa supérieure. Leti leva finalement les yeux vers lui.


Tu es encore très jeune, Karm.
Donc tu dis que j’suis trop jeune pour prendre un Padawan ?


Un sourire se dessina sur les lèvres de la Maître.


Sans doute pas trop jeune, puisque le Conseil me l’a confié.
Le Conseil a p’têt fait une erreur.


Il y eut un silence.
Tous les Chevaliers Jedi n’osaient pas remettre en doute l’autorité de leurs aînés.
Mais Leti Gelvta était habituée à l’esprit frondeur de l’Ark-Ni.


Peut-être bien, reconnut-elle, après un moment de réflexion. Mais peut-être que parfois, une Padawan a besoin de rencontrer différents Chevaliers, et un Chevalier différents Padawans, avant que l’un et l’autre ne se sentent prêts à s’engager dans un partenariat durable.
Vous faites dans le speed-dating, maintenant, répliqua le Jedi du tac-au-tac, d’un ton égal ?
Penses-tu qu’elle ait appris quelque chose à tes côtés, demanda la Conseillère, sans se laisser déstabiliser ?


Il y eut un silence.


J’crois…, répondit prudemment Karm, En tout cas au moins, disons… une manière d’appréhender ses émotions. P’têt pas encore totalement la pratique, mais un point de vue.
Un point de vue, c’est déjà beaucoup.


Karm haussa les épaules.


Et toi, penses-tu avoir appris quelque chose à ses côtés ?


Le regard du jeune homme se fit fuyant.


Que j’suis pas prêt.
Mais encore… ?


Silence.


Ça m’laisse pas indifférent. Que Tavaï ait trahi l’Ordre. Ou la manière dont elle m’a élevé. Ça me laisse pas indifférent.
Est-ce que tu crois que tu devrais être en colère ? Comme Soruan ?
Soruan est en colère pour d’autres raisons.
Ça ne répond pas à ma question.
Du coup, j’fais quoi ? J’lui dis que je l’abandonne ?


Maître Gelvta considéra le Chevalier un long moment, pensive. Elle avait parfois regretté ne pas avoir su devancer Maître Tavaï, une vingtaine d’années plus tard, comme il avait été l’époque de le prendre comme Padawan. Elle lui aurait épargné sans aucun doute bien des souffrances.


Que tu vas l’aider à trouver un Maître expérimenté et psychologue, qui pourra la guider au mieux, et que tu continueras toi à l’accompagner, mais différemment ?
Et elle va pas vivre ça comme une trahison ?
Pas si tu lui expliques bien.
Ouais, fit l’Ark-Ni avec une pointe d’amertume tout à fait exceptionnelle chez lui, parce que tout l’monde sait qu’expliquer bien les choses, c’est définitivement ma spécialité.


Il s’était relevé et puis, près de la porte, en se retournant, il avait demandé :


Maître ?
Oui… ?


Leti avait repris l’examen du blaster, exhumé on ne savait trop où au cours de l’une de ses innombrables aventures.


Et si j’étais jamais capable de former un Padawan… ?
Karm, je suis prête à mettre ma main à couper qu’un jour, tu trouveras un, peut-être plusieurs, Padawan que tu mèneras d’aventure à aventure, jusqu’à en faire un Chevalier qui fera honneur à notre Ordre.
OK, j’vais de ce pas de faire construire une prothèse, alors.


Et puis il était sorti, pour aller retrouver Soruan. Pas la peine de retourner dix fois la conversation dans son esprit : il savait d’avance qu’il ne trouverait pas les mots. Il ne trouvait jamais les mots. Les autres lui échappaient, dans une large mesure, et ce qu’il comprenait d’eux restait embrouillé quelque part dans sa gorge, avec des comparaisons et des métaphores. Personne ne lui avait appris à parler comme Luke.


Ces quelques minutes avaient été peut-être la pire conversation de sa vie, juste après celle où Maître Tavaï avait tenté de le convaincre de quitter l’Ordre pour la rejoindre dans sa croisade terroriste contre la République et l’Empire. C’était une chose de comprendre le bien-fondé des conseils de Maître Gelvta, c’en était une autre de parvenir à les expliquer. De sentir dans la Force les émotions de la jeune femme.


Et d’autres semaines avaient passé.
Après la séparation.
L’impression persistante de l’échec, qui obscurcissait tout son horizon.


Jamais, c’était évident, jamais il ne serait capable de former un Padawan.
(Et certainement pas une Miraluka !)
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