Bataille de Byss, Alycius El'Dor, le seul adversaire qui lui ait jamais fait ployer le genou. Vaincu, le roi Nero est évacué par son loyal équipage et retrouve la sérénité du Palassio Reyal sur la planète Belkadan.

Rétabli dans la Force, le colosse se reconsidère. Lui qui goûte à la défaite, lui qui s’est nommé champion devant sa reine. Quelle bouffonnerie, quel abîme. Personne, pas même la princesse Zebell, ne parvient à lui arracher un mot, plongé qu’il est dans une intense introspection, rivé à son trône de pierre, le regard figé et dirigé vers ses deux sabres qui gisent sur le marbre.

Près de deux semaines s’écoulent ainsi avant que les agents de l’Inquisition pénètrent l’enceinte de son temple au cœur de la jungle. Ils ont terminé leur inspection et leurs conclusions sont accablantes. Darth Nero s’est érigé en dieu et a pris des libertés intolérables avec le Culte. Son règne est un véritable blasphème, une insulte à l’héritage Sith. Il suffit de déchiffrer les fresques qui ornent les édifices dont Nero est le maître d’ouvrage, il suffit d’échanger avec les Belkadiens, ici on considère les premiers princes de l’Obscur moins précieux qu’une malheureuse peau de serpent, aussi sacrés qu’un fruit pourri.

Les deux Inquisiteurs ne sont pas inquiétés par les banshees à leur arrivée. Puissants dans la Force, ils écartent sans peine les sanguinaires guerrières de leur chemin et s’acheminent sans hâte jusqu’à la salle du trône. Nero ne daigne pas relever le menton lorsque l’écho de leurs pas s’éteint. Alignés l’un sur l’autre, les deux masques rouges font face au roi sacrilège. Déjà les flux éthérés se mettent en mouvement, déjà l’air produit un son sourd. La voix monocorde de l’agent de gauche s’élève sous la voûte.

Entièrement nu, le roi de Belkadan ne se départit pas de son attitude statuaire. Sa massive poitrine se soulève et il expire profondément. De longues secondes s’égrainent. L’Inquisiteurs légèrement en retrait contracte la mâchoire. Malgré son mutisme et son immobilisme, leur hôte déploie des énergies dont il ne soupçonnait pas l’envergure. Ce qu’il lit dans la Force à cet instant lui fait pivoter la tête vers son confrère. Derrière ce masque pourpre, une face inquiète. Celui qui a pris la parole fait un pas en avant.

Tout à coup deux lasers bleus saillissent et s’élancent rageusement depuis sol. L’Inquisiteur de droite est transpercé au cœur, foudroyé. L’autre a le temps de dégainer et de dévier le sabre impie. Alors Nero se soulève vivement du siège de sa royauté, avance sur le cultiste et referme ses doigts sur le manche de son arme, souple et implacable comme un puma. Le rouge tend aussitôt le bras et concentre la Force en traits de foudre. Le roi reçoit de plein fouet le choc électrique, s'immobilise et s’affaisse. Il ouvre la bouche sans un son et les arcs d’énergies rebondissent sur ses épaules. La souffrance est intense et stridente. L’Inquisiteur hurle de haine, toujours relié à sa cible.

Les pupilles de Nero se dilatent brusquement et la Force souffle chaudement au visage du cultiste. Le puma se redresse, le corps électrisé. En moins de rien il est sur l’autre. La lame de Nero rencontre si durement le sabre rouge que ce dernier échappe à son propriétaire. D’un geste vif et puissant, il saisit l’autre à la gorge et le soulève de terre, irradiant de foudre. Il avance encore tandis que l’Inquisiteur se débat dans l’orage.

Finalement plaqué contre un pilier, l’agent Sith rend son dernier souffle, la trachée enfoncée entre les doigts du roi. Nero fixe ce cadavre que son bras musculeux maintient au-dessus du sol. Doucement, son visage marmoréen se déforme, une intense tristesse se peint dans ses yeux et sur ses lèvres. Il pleure, son bras tremble, la Force gronde en lui. l’Obscur s’enroule autour de ses membres et le palais entre en vibration. L’édifice sacré s’écroule autour de lui.

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La Reine lui réclame des conquêtes, des conquêtes qu’il devra mener par ses propres moyens, sans l’appui militaire de l’Empire. Le défi lui plaît, il est la hauteur de son ego et de sa folie, mais sa seule puissance ajoutée à celle de son armée actuelle ne suffira pas.

Lorsqu’il pose le pied sur Gree, planète située à quelques parsecs de Belkadan, Nero s’y voit déjà chez lui. Lui et son petit équipage visitent les grandes cités et constatent les trésors qu’elles recèlent. Notre seigneur s’y sent à l’aise, la corruption et les secrets sont partout dans cette société de castes et il est facile de se frayer un chemin vers les allées du pouvoir. Grâce à l’intermédiaire des Verkars, Nero a l’occasion de s’entretenir avec nombre de notables et un membre du Conseil Planétaire. Nero et sa suite listent un nombre faramineux de faiblesses chez la race Gree, tout à fait décadente. Toutefois, il n’est pas question de leur faire accepter le moindre assujettissement, Garuda arrive à la même conclusion que Nero, les Gree ne seront jamais les vassaux d’un roi humain ou d’une jeune race. Multimillénaire, autrefois à la tête d’un véritable empire et détenteur d’une technologie avancée, ce peuple gris vit dans un total déni, le regard entièrement tournée vers le passé, son âge d’or, parfaitement inconscient de sa vulnérabilité. Même son aura d’envergure ne suffit pas à éveiller le doute chez ce maître du Conseil qui le reçoit pour son seul divertissement. Les Gree méprisent les hommes et tous les ADN qui leur sont antérieurs. Conservateurs et mauvais diplomates, le roi de Belkadan n’obtiendra rien d’eux sans les armes.

Dans son vaisseau qui s’élance vers la planète verte, Nero s’entretient avec son Grand Mestre Garuda. Il va s’agir d’engager une intense campagne de recrutement et de doter Banshee et Scorpion d’un équipement militaire digne de ce nom. Ils conviennent tous deux qu’ils peuvent triompher sans le moindre soutien extérieur, Gree constitue une cible de choix pour une première conquête au nom de l’Empire. Dans l’intervalle, l’Inquisition ne s’est pas remontrée sur Belkadan, il semblerait que l’affaire soit enterrée et que l’Empire ait d’autres préoccupations.

De retour, Nero et les siens s’attèlent au chantier. En premier lieu, recruter des combattants et quintupler l’effectif de la garde royale pour former une véritable armée de métier. En parallèle, moderniser l’équipement militaire des troupes belkadiennes. Son passage sur Dromund Kass lui a ouvert de nombreuses portes chez des fournisseurs de l’Empire et le roi passe commande sans peine. Des millions de crédits sont engagés dans une flotille de débarquement, un vaisseau de commandement, 15000 armures vanquish, 5000 armures banshee, et 25000 blaster d’assaut.

Le roi s’amuse beaucoup à préparer cette guerre et il prend une part active à l’entraînement des guerriers qui composeront ses deux légions. Trois années défilent ainsi lorsqu'une rencontre va le détourner du commun, la rencontre de Vuldo.

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Depuis plusieurs mois, Darth Nero mène une sauvage existence sur la planète Helska. Les conditions sont extrêmes et notre homme s’impose un quotidien d’ascète. Aucune créature intelligible à la surface de ce globe aux reflets d’acier, seul le froid, dans toutes ses nuances de blanc. Celui qui l’accompagne et qui tient encore debout, c’est Vuldo, un étrange Ayrou que la Force a mené jusqu’à lui. Il est son apprenti, et il ne cesse de démontrer sa valeur au fil des jours. Le roi ne lui épargne aucune difficulté mais ne lui cache jamais rien. Aux questions de son élève, Nero répond toujours avec une terrible franchise. Vuldo apprend vite, autant sur lui que son maître, et sur les flux éthérés qu’il est capable de manipuler. Les desseins du Seigneur lui apparaissent des plus nobles, ils transcendent ce manichéisme béat qui agite la société formée par ceux usent de la Force. Mais aussi et surtout, Darth Nero est un pur guerrier qui lui enseignera comment tuer ses ennemis. La puissance du Maître résonne en lui comme aucune autre lorsqu’ils croisent le laser et Vuldo a la pleine conscience d’être un privilégié. Même si le quotidien est effroyable sur cette planète, il lui permet d’accéder à un monde que jamais il n’aurait espérer fouler, le monde des dieux.

La passerelle du vieux HWK-290 s’ouvre sur le petit comité d’accueil. Il y a Shino, l’Adminimestre encadrée par l’immense Garuda et la longue Priss.
 

Priss, Shino, vous le découvrez aujourd’hui puisque j’ai quitté notre royaume dans l’heure où je l’ai rencontré. Je vous présente Vuldo, mon Apprenti, prince de Belkadan.

Cette fois la petite brunette s’intéresse très franchement à lui. Un nom complet, deux titres, et une rare importance pour le roi. L’intonation de Nero, son regard à cet instant, Shino connait assez bien le monarque pour savoir que ce jeune Ayrou compte. Elle opine du chef, ni chaude ni froide dans le ton.

Bienvenu, tes quartiers au palais sont aménagés.

Priss redresse le menton et plisse les paupières. Et puis ses traits se relâchent et retrouvent cet air éthéré qui la caractérise. Sa la pointe de sa langue rencontre l’intérieur de sa joue. Elle sourit finalement.


Enchanté, prince Vuldo.

Elle détache chaque syllabe, le regard piquant. Pour elle il n’y a que les actes, et pour l’instant elle n’a que ses noms et titres. Darth Nero goûte aux énergies qui se frôlent et tournoient au centre de leur petite assemblée. Les rencontres l'amusent toujours beaucoup. Et puis il pose un regard doux sur Shino.

Shino, nous t’écoutons. Pense à mon jeune frère.

Et l’Adminimestre prend seulement dix minutes pour résumer un an d’activité. Sa voix est monocorde et ses mots sont expulsés à débit régulier. Malgré la relative vitesse du flot, elle articule très clairement, chaque mot gardant la juste distance avec celui qu’il précède. Elle passe très rapidement sur les chiffres, l’économie et la démographie belkadienne se portent bien, et sait parfaitement ce qui intéresse son roi et surtout ce qu’il a envie de gérer. Elle insiste sur des fanatiques récemment sortis de l’anonymat. Un ancien Archonte est à la tête de ce groupuscule qui se montre tout à fait intolérant et sanguinaire à l’égard de la population. Elle cite par ailleurs le nom d’Ysanne Ha’mi, l’Apprentie de la Dame Noire dont les prérogatives semblent aujourd’hui très importantes. Elle fait part de la chute de Borenga le Hutt.

Tiens donc.

Shino hoche la tête comme un petit oiseau et conclut avec le dossier majeur. Aucun retard de livraison n’est à déploré, les deux légions de dix mille guerriers chacune sont intégralement équipées et leur entraînement au combat est achevé depuis plusieurs mois. Il devient difficile de gérer l’effervescence des casernes tant ces hommes et ces femmes sont impatients de livrer bataille. Le Tailleur de Sang expire profondément, il est fatigué de canaliser les chefs de guerre.

Shino en a fini. Le corps de Nero se balance doucement d’avant en arrière et son regard se perd dans le vague. De longues secondes s’écoulent avant qu’il n’accroche finalement Vuldo. Il parle calmement.

Merci l’oiseau, fais annoncer les festivités. Priss, je te retrouve là-haut. Garuda, demain à l’aube à la caserne d’Aztlann.

Il a prononcé ça sans lâcher l’Apprenti du regard. Un léger sourire point sur son visage marmoréen.

Viens Vuldo !

Il se redresse de toute sa hauteur et quitte la pièce, direction la salle du trône. Lorsqu’il y parvient, il découvre le beau travail réalisé par les tailleurs. A la droite de son siège royal, un second ouvragé dans la même pierre et parfaitement aligné au sien. Les deux trônes sont différents dans l’approche artistique mais leurs mesures sont comparables et leurs dessins dégagent autant de noblesse et d’envergure. Simplement, celui de Nero occupe le centre.

Le roi applaudit et l’écho du clap clap remplit l’espace.

Ma-gni-fi-que !

Il pose une main ferme sur le nouveau siège de pierre blanche et se penche dessus un instant.

Magnifique.

Expire-t-il en se laissant choir sur son séant. Le bleu de ses yeux dans l’opacité de ceux de Vuldo, il ouvre la main et l’invite à prendre place à sa droite.

Dans quelques jours nous te fêterons, il faut que le visage du nouveau prince s’imprime dans les âmes belkadiennes.

Darth Nero s’exprime avec délectation, sa joie est palpable.