Karm Torr
Karm Torr
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— C’était long.
— Long et ch… Pénible.
— Tu étais avec qui ?
— Torr, là.
— Il est sympa.
— Il parle jamais.


Ce soir-là, le grand hall du Temple Jedi de Coruscant vrombissait d’une activité particulière. Un sommet diplomatique organisé par le Sénat de la République, à propos de la sécurisation des routes commerciales, avait valu à plusieurs chevaliers de l’Ordre une mission de protections des dignitaires venus discuter de cette question rendue épineuse par l’expansion hutt et le conflit avec l’Empire. Dans certaines des planètes du Noyau, des voix alarmistes s’élevaient, qui prédisaient un futur catastrophique à l’approvisionnement des planètes trop industrielles pour produire elles-mêmes leur propre nourriture. Comme Coruscant, précisément.

Karm avait été du lot des protecteurs. Ça lui arrivait, parfois, la faute à ses états de service militaire, et il ne se plaignait pas mais, à sa connaissance, c’était bien l’une des activités les plus fastidieuses. Concrètement, on patrouillait, en long, en large, deux par deux, dans les immenses galeries du Sénat, on surveillait les toits, on se penchait sur quelques speeders suspects qui finalement ne présentaient aucun danger, et les journées s’écoulaient comme ça, sans qu’aucun événement exceptionnel ne justifiât la présence des Jedis plutôt que de n’importe quel service de sécurité.

Il n’était pas le seul à sentir que ses compétences étaient mal employées et à se demander si la République ne se servait pas d’eux comme d’un joli vase ou d’une belle tapisserie, pour impressionner les invités. Ainsi donc, l’humeur était maussade, au Temple, et les commentaires irrités allaient bon train. Karm avait eu la malchance de surprendre la conversation de sa partenaire de jour avec un autre Chevalier.

Ce n’était rien à quoi il ne fût habitué. Mais il accéléra le pas, quand même, et les dépassa. La Sentinelle qui l’accompagnait dans ses rondes lors du sommet se rendit compte qu’il l’avait entendu, elle esquissa un geste pour le rattraper mais son ami la retint par la manche.

— Laisse-le tranquille, tu lui parleras demain.

Cinq minutes plus tard, Karm s’était réfugié dans l’un des endroits qu’il aimait le plus, avec les salles des machines des vaisseaux spatiaux : une salle d’entraînement du Temple. Appuyé contre un mur, le jeune homme prit une profonde inspiration, les yeux fermés, pour se calmer. Padawan, sans responsabilité, seul à seul avec son Maître, il avait composé avec sa timidité et sa discrétion. Désormais qu’il était Chevalier, il lui semblait qu’on lui rappelait sans cesse qu’il n’était pas à la hauteur charismatique de ses fonctions.

Karm se détacha du mur pour se débarrasser de la robe de bure traditionnelle qu’on les avait forcés à porter, question de décorum. Dessous, la chemise blanche de toile légère, le pantalon de pilot, lui paraissaient plus adaptés à la réalité de l’existence, mal contenue dans les traditions parfois à ses yeux surannées de l’Ordre. Au centre de la salle, il tendit la main et le sabre laser vint s’y loger comme de lui-même.

C’était ça qu’il savait faire, ça qu’il faisait le mieux, et mieux que beaucoup d’autres Chevaliers. Il n’avait pas l’esprit de compétition mais, de temps à autre, ça le rassurait de se dire qu’il y avait au moins un domaine — celui auquel il avait consacré l’essentiel de sa vie depuis presque dix ans — où il excellait. Son pouce effleura le pommeau, la lame bleue qui se reflétait dans ses yeux si particuliers en jaillit, et puis le sabre s’envola, fila à travers la pièce, s’arrêta au milieu des airs, revint vers lui, se logea dans sa main.

Les quelques mouvements qui s’enchainèrent alors étaient rapides, souples et précis. Caractéristiques, surtout, d’un style qui commençait de plus en plus à devenir le sien, un style bien particulier. De seconde en seconde, ses doigts changeaient de position sur le pommeau, avec la souplesse de ceux d’un prestidigitateur, alternant prise droite et prise inversée, en pleine main ou sur la partie incurvée — la lame tourbillonnait en suivant des angles peu traditionnels, elle empruntait des trajectoires inattendues, et c’était la marque de Karm, cultivée par la méthode de son Maître, Tavaï : une agressivité incomparable avec les styles défensifs qui avaient la faveur de la majorité des Jedis et une technicité des plus exigeantes.

Karm finit par baisser la lame à ses côtés et par lancer, à l’intention de l’ordinateur :

— Simulation Canyon 3. 5 drones, 2 stations, 4 droïdes.

Karm recula de quelques pas, pour laisser aux murs et au sol de la salle le temps de s’adapter. Des portes s’ouvraient, des robots sortaient et puis les différentes plateformes modelaient le relief choisi. Il avait apporté lui-même, dans certains temples, des modifications personnelles à de semblables dispositifs. Quelques minutes plus tard, la couverture d’hologrammes apportait la dernière touche à l’ambiance ainsi créée et une bande-son préenregistrée s’ajoutait au tout. La climatisation se changea en chauffage sec, comme sur une planète désertique. Si Karm n’avait pas senti par la Force toute la différence entre ce petit bout de canyon artificiel et la vraie nature sauvage, il se serait laissé prendre à l’illusion.

Bientôt, en tout cas, il s’élançait, sabre à la main, entouré par les rayons lasers inoffensifs mais constants des droïdes d’entraînement.
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Pour l'amour du ciel, pourquoi fallait-il que la seule journée où elle se pointait on l'envoie s'ennuyer?  Et pas n'importe où.  Dans l'endroit le plus bourré de politique qu'on pouvait trouver!  Elle n'était jamais là, ou bien elle se faisait très absente, juste pour éviter d'être dérangée, mais ils semblait que cette fois, tout le monde y était.  Elle n'avait même pas compris ce qui se passait exactement, quel genre de politique il se passait, c'était au-dessus d'elle.  La tâche elle-même n'était pas si pénible, elle avait récolté un poste de garde, assez tranquille, bien que trop près des nombreuses discussions de politique dont elle aurait pu se passer.  La partie pénible et ô combien désagréable était la présence de son confrère Jedi au même poste qu'elle.   Un vieux Mon Calamari turquoise un peu gris à l'humeur terrible.  Elle n'aurait jamais manqué de respect à un Maître Jedi, mais elle avait affreusement envie de l'informer de son odeur de "pas lavé depuis un mois" et de son manque de sourire.  Elle-même essayait de ne pas paraître désagréable, malgré le peu de joie qu'elle ressentait par rapport à cette journée pourrie.  Mais le pire, LE PIRE, c'était les commentaires négatifs qu'il lachait de temps à autre au sujet de la petite créature sagement couchée dans le cou de la Jedi.  Jayleen envoyait parfois la petite chatte se balader, juste pour éviter qu'elle saute au visage de son collègue.

Au bout de longues heures à supporter môsieur grincheux, elle eut enfin un répit.  Elle se dit qu'après avoir été aussi immobile toute la journée, ce qui lui ferait le plus de bien serait de bouger un peu.  Peut-être taper dans quelque chose, ou quelqu'un, si elle pouvait trouver un Jedi assez cinglé pour laisser une Echani lui taper dessus.  Très rares étaient ceux qui voulaient bien, ou bien ils ne savaient simplement pas à qui ils avaient affaire.  Elle se mit donc à chercher les salles d'entraînement.  Elle connaissait que peu le Temple de Coruscant, seulement le nécessaire.  Elle tomba enfin sur le bon endroit, rapidement attirée par le bruit provenant d'un endroit occupé.  Elle s'en approcha, curieuse, et se permit un coup d'oeil à l'intérieur.  Et quelle bonne idée c'était.  Elle appréciait le style de l'individu présent dans cette salle, bien qu'il semblait pouvoir être balayé au loin par un simple coup de pied.  Il avait de la technique, comme quelqu'un qui connait son propre corps et elle pouvait comprendre ça mieux que bien d'autres.  Pour elle, c'était comme regarder quelqu'un danser, c'était de l'art pur et simple.  Une façon de penser propre à son espèce.

Elle ne pût s'empêcher de lâcher un "Wahow...." peut-être un peu trop fort.  Elle se pinça les lèvre, sans essayer de se cacher toutefois.
Karm Torr
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Les tirs de laser fusaient dans la salle, Karm bondissait de roc en roc, sous le vent chaud et artificiel, et la lame bleue percutait les rayons rouges, systématiquement. Le Jedi aimait Coruscant : c’était comme vivre dans un gigantesque vaisseau spatial et le Temple avait des technologies qu’on ne retrouvait dans nulle autre installation jedi de la Galaxie. Un bond de plus, un droïde en moins.

Malgré sa carrure, son style n’avait rien de défensif. Il fusait vers les stations pour les démembrer, prenait des risques, s’exposait et esquivait. Tout ne lui venait pas de Tavaï mais assurément, il avait bien assimilé l’un des préceptes phares de la Maîtresse d’Armes amarane : un ennemi n’est jamais moins dangereux que lorsqu’il ne peut plus se battre. Se défendre, c’était utile mais on se défendait mieux quand on attaquait. Et qu’on gagnait.

À mi-parcours, il sentit la présence de quelqu’un d’autre dans la salle mais il ne s’interrompit pas pour autant. La concentration était sans faille, pendant le combat : c’était comme cela qu’il avait été éduqué. Cinq minutes plus tard, donc, il atterrissait devant Jayleen, laissant derrière lui les restes fumants des droïdes et les panneaux brûlés par les lasers. Son souffle était rapide mais maîtrisé.

— Y a une réservation, demanda-t-il en murmurant, comme toujours ?

Les salles d’entraînement étaient généralement en libre service mais il arrivait, dans des circonstances particulières, que des Jedis qui n’avaient accès qu’un jour ou deux au Temple aient le droit de s’en approprier une. La lame bleue se rétracta dans le pommeau incurvé du sabre, tandis que, derrière Karm, l’illusion holographe et la bande-son prenait fin. De petits droïdes mécaniciens étaient sortis des trapes du mur, pour réparer ce qui pouvait déjà l’être, et emporter sinon les pièces à remplacer.

Après avoir rejeté ses cheveux argentés en arrière, le jeune humain détailla la nouvelle venue.

— J’t’ai vue tout à l’heure. Tu te coltines aussi le baby-sitting des je-sais-pas-quoi.

Autant dire que la tâche du jour l’enchantait à peu près autant que Jayleen. Il avait l’effort de se renseigner sur l’objectif du sommet mais, comme souvent, ces grandes politiques commerciales, censées englober toute une partie de la Galaxie, lui paraissaient irréalistes, à lui qui venait d’une société où tout accord de ce genre se faisait entre deux personnes qui se connaissaient, sur un territoire bien défini.

Karm accrocha son sabre à sa ceinture et se retourna pour juger de l’état de la salle. Les panneaux avaient pivoté dans les murs pour présenter une face intact, les droïdes de rangement avaient fait leur office et avaient disparu : tout était rentré dans l’ordre. Pour sa part, il était parti pour s’installer une bonne heure, peut-être plus, mais la politesse ark-ni impliquait de libérer l’espace quand quelqu’un se présentait et de ne pas s’imposer, alors il suggéra :

— J’te laisse la salle, tu dois avoir besoin de te défouler. J’pense qu’il doit rester deux sets de droïdes pour simulations. J’en ai implanté une nouvelle avant l’début du sommet, version planète glaciaire, avec pentes qui glissent et tout ça. Si jamais ça te tente.

Créer les simulations, concevoir les droïdes adéquats, programmer les ordinateurs, c’était un passe-temps qu’il appréciait et qui faisait appel à la fois au goût de la mécanique et de la robotique qu’il partageait avec la plupart des siens et à son sens de la tactique et du combat. Au fil des années, les salles de simulation du Temple de Coruscant lui devaient beaucoup de leur répertoire martial.

— Par contre, bande-son, c’pas encore trop ça, mais j’y travaille.

Sur ces explications, il s’apprêtait à s’éclipser, pour ne pas déranger.
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Jayleen devait sérieusement essayer de se taire parfois.  Elle aurait pu l'observer faire bien plus longtemps si elle aurait su ne pas attirer l'attention autant.  Le jeune homme, si c'en était bel et bien un, elle n'en était pas tout à fait certaine vu son apparence délicate, ne manqua pas de la remarquer et de cesser son entrainement.  Pire encore, il pensait qu'il dérangeait!  

- Je regardais juste...

Elle ne voulait pas qu'il cesse, elle voulait l'observer encore, apprendre un peu plus de lui en le regardant.  Elle fit une tête un peu déçue, le regardant tout ranger.  Elle se sentait maintenant un peu mal de l'avoir dérangée.  Elle n'aimait pas être dérangée elle-même, elle pouvait comprendre.

— J’te laisse la salle, tu dois avoir besoin de te défouler. J’pense qu’il doit rester deux sets de droïdes pour simulations. J’en ai implanté une nouvelle avant l’début du sommet, version planète glaciaire, avec pentes qui glissent et tout ça. Si jamais ça te tente.

Quoi? C'était lui qui avait ajouter ça aux salles?  La jeune femme était bien étonnée et plutôt impressionnée.
Sur quelques mots de plus, il s'apprêtait à partir, mais Jay posa brièvement une main sur son épaule pour le retenir.

- Attends.  J'ai jamais dit que j'avais besoin de la salle.  Tu t'es rendu plutôt loin dans la vie pour quelqu'un qui tire des conclusions aussi rapidement.

Quoi que c'était plus simple de réparer une situation d'un bon coup de poing dans la gueule que d'essayer d'expliquer, surtout quand il sagit d'un jeune twi'lek un peu débile incapable de se tasser d'une porte et qu'on est pressé.  On lui avait appris à utiliser la Force de façon réfléchie, mais son Maître était plutôt flexible quant à quand donner des coups.  Enfin, c'était une histoire pour une autre fois.

- J'admet être plutôt, hum, irritée par cette longue journée, que je n'ai pas beaucoup bougé et que oui, je me défoulerais bien.  Mais, car il y en a plus qu'un mais, je n'aime pas me battre contre des machines, ni dans un environnement contrôlé.  Et puis....  Je pense avoir repéré quelqu'un avec qui j'aimerais bien m'entrainer...  

Disant cela, elle se damanda si il pouvait vraiment résister aux attaques d'une Echani....  Depuis l'enfance qu'elle apprenait à se battre, à observer les autres.  De plus, elle avait déjà un avantage sur lui, elle l'avait vu s'entrainer, bien que pendant peu de temps.
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— Perso, j’préfère les machines, sur le terrain. C’est moins…

Comme souvent parmi les gens de son peuple, la phrase de l’Ark-Ni resta en suspend, laissant le soin à son interlocutrice de compléter avec ce qui devait paraitre évident — le seul problème étant que l’évidence n’était pas toujours partagée par les autres que Karm. Ce qu’il voulait dire, c’était que les machines avaient le mérite de ne pas être vivante, en tout cas pas organiquement, et qu’on avait moins de scrupules à les tuer.

Karm dévisagea la jeune femme de la tête aux pieds, une attitude qu’il ne lui paraissait pas impolie — mais la politesse et lui, en général, ça faisait deux. Le jeune homme n’était pas un consulaire et ça se sentait.

— Echani, hein ?

Ses connaissances en arts martiaux et militaires étaient encyclopédiques, la faute à son entraînement intensif, presque inhumain, qui s’était mué rapidement en passion sincère. Inévitablement, les Echani figuraient en bonne part dans les chroniques qu’il avait pu lire. Une partie substantielle de l’enseignement de Tavaï, il le savait, avait été inspiré par les pratiques de cette race : comme eux, l’Amarane considérait que l’art martial était la voie privilégiée vers l’esthétique, la connaissance de soi et celle des autres.

— À la traditionnelle, ça risque de pas être super intéressant pour toi.

La tradition à laquelle il faisait référence, c’était celle des Echanis : pas d’armes, pas de protection, pas de Force.

— J’suis pas exactement M. Muscle.

Sans blague.

— Mais en sabre ou en art martial jedi…

Le second était bien moins populaire que le premier, à mesure que les Guerriers de la Force s’étaient vus préférés la pratique du sabre, certes plus adaptée à une galaxie remplie de blasters. Mas Karm faisait parti de ceux qui considéraient que la pratique du combat à mains nus était sinon un substitut, du moins un complément nécessaire à celle du sabre. De la même manière, d’ailleurs, qu’il veillait à s’entrainer régulièrement au blaster.

— C’la dit, j’suis jamais contre apprendre des trucs.

Il doutait que les méthodes echanies soient parfaitement adaptées à sa morphologie particulière mais ça n’empêchait pas de se renseigner.

— C’la dit, pourquoi choisir quand on peut tout faire…

Le sabre du jeune homme se détacha de lui-même de sa ceinture pour se loger contre la paume de sa main et la lame bleue ne tarda pas à en sortir avec le vrombissement caractéristique. Karm se recula par un bond arrière dont l’ampleur fut considérablement soutenue par la Force : c’était sa maîtrise de la Force qui compensait largement ce que sa physiologie peu puissante lui aurait sinon interdit d’accomplir.

La lame étendue sur le côté, il avait adopté une pose typique du Makashi, un style qui avait rapidement regagné en popularité au sein de l’Ordre à mesure que les Jedis avaient pris pleinement conscience de la menace représentée par les Siths. Les duels de sabres laser n’étaient plus désormais, comme quelques décennies auparavant, une rareté ou une formalité d’entraînement mais bien une réalité de terrain.

Les yeux fixés sur Jayleen, dont il ignorait encore le nom, Karm laissa sa conscience embrasser les mouvements de la jeune femme et son instinct, nourri par la Force, guider ses réactions à une attaque dont il laissait à sa partenaire du jour la pleine initiative.
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N.B. : Ce message vient clore un sujet après la disparition de l’autre joueur-se.


La lame mauve avait répondu à la lame bleutée du Gardien et, quelques secondes plus tard, elles commencèrent à s’entrechoquer. L’Echani était incomparablement plus forte que son adversaire : ses coups avaient une brusquerie que la silhouette menue de l’Ark-Ni ne pouvait prétendre concurrencer. Mais Karm était rapide, souple et agile, et chaque attaque puissante de son adversaire, parée par une esquive, était suivie de sa contre-attaque soudaine.

En quelques secondes, l’esprit vif du jeune homme eut tiré les conclusions qui s’imposaient : dans un espace confiné comme le leur, un combat prolongé contre une Echani s’avérerait pour lui une stratégie peu payante. La puissance physique de la jeune femme lui imposait des trésors d’agilité pour esquiver des coups qu’il ne pouvait pas contenir à la seule force de son sabre et il était probable aussi qu’elle fût plus endurante que lui.

C’était donc dans les ressources du Djem So qu’il lui fallait puiser. Jaylenn lui semblait trop dominée par ses émotions et elle manquait de mesure dans ses attaques : là se trouvait la clé du succès. Karm fit un nouveau bond en arrière, cette fois-ci beaucoup trop long pour lui permettre de répliquer. Mais il lui laissait quelques secondes pour puiser profondément dans la Force et laisser l’énergie affluer dans son corps. Le Djem So était un style épuisant et exigeant et le Gardien n’avait pas pour habitude de s’économiser.

Quand son adversaire revint à la charge, il esquiva au dernier moment, déviant la lame mauve de justesse avec la sienne et, en pirouettant autour de la jeune femme, il la poussa du plat de la main vers le mur, pour qu’emportée par la force de son propre assaut et de sa propre vélocité, elle parte s’y heurter la tête la première. Presque aussitôt, avec une vitesse que la Force rendait surnaturelle, sa lame vint se loger tout près du coup de son adversaire, diffusant une chaleur menaçante.

Round 1, murmura-t-il calmement, mais d’une voix altérée par la concentration.

Le jeune homme se recula de quelques pas pour la laisser entamer la seconde passe d’armes. Il laissa la Force refluer, curieux d’éprouver une autre tactique. La rapidité était une arme avérée contre un style qui se reposait trop sur la puissance : il était temps d’en explorer une autre. C’était toute la différence entre son adversaire et lui : elle était là pour se défouler, il venait pour s’entraîner, avec un calme méthodique et professionnel.

Les attaques droites, opiniâtres, presque brutales de l’Echani lui avaient paru trahir une difficulté certaine à s’adapter aux situations nouvelles. Jayleen réfléchissait peu en se combattant : elle se reposait manifestement sur sa force. Le combat reprit. La lame mauve déferla sur lui d’abord trop soudainement pour lui permettre de faire autre chose que parer, se dérober et parer encore. Il avait besoin de prendre de la distance pour mettre son plan à exécution.

Un peu de douleur serait le prix de la seconde de répit nécessaire.

Presque garde contre garde, Karm parvint à dévier une énième attaque, mais cette fois-ci sans essayer d’esquive et, percuté de plein fouet par son adversaire, il glissa en arrière de trois ou quatre mètres sur le tatami, le souffle coupé, le flanc endolori. Sans prendre le temps d’écouter sa douleur, le Gardien projeta son sabre bleu, guidé par la télékinésie. Et s’élança à sa suite.

Jayleen fut obligée de se concentrer sur le sabre, alors que l’Ark-Ni se lançait dans la démonstration de ses talents acrobatiques, en bondissant au-dessus d’elle. Alors qu’elle devait dévier d’un revers de sabre la lame bleutée, Karm ratterri avec une main au sol, derrière elle, l’autre tendue pour y attirer la garde incurvée de son sabre et, a seconde suivante, la lame bleutée frôla le flanc de la jeune femme.

Round 2.

Karm se releva en désactivant son sabre.

Si j’peux m’permettre…

Il craignait toujours que ses conseils ne parussent déplacés aux autres Chevaliers de son âge, mais, après tout, chacun sa spécialité, et le combat était la sienne, n’est-ce pas ? Tout Jedi devait avoir l’humilité d’écouter les critiques de ceux qui étaient plus accomplis dans leur domaine, pour progresser sur la voie commune.

L’combat au sabre, c’est beaucoup d’intuitif, c’est sûr, et pas mal de puissance évidemment, mais ça demande aussi… De la patience, en un sens. La patience de l’instant. C’est pas parce que le temps paraît manquer pour réfléchir qu’il faut pas analyser. Aucun style ni aucune… disons école, ou avantage, n’devrait être un carcan, tu vois ? Être solidement bâtie, c’est bien, c’est clair que c’t’un sacré avantage, mais si ton adversaire est plus tactique et rapide que toi, ça peut se retourner contre toi.

D’un geste de la main, il ramena ses cheveux argentés en arrière. La fatigue commençait à se faire sentir, à mesure que l’adrénaline retombait.

J’suggère qu’on ressaie ça un jour où tu seras plus… relax.

Ce n’était sans doute pas le commentaire le plus agréable qu’elle eût entendu, mais Karm avait toujours préféré être utile qu’agréable.
(Ceci explique cela.)

Avec la politesse toute relative des siens, l’Ark-Ni quitta le tatami pour rejoindre le vestiaire — et la séance de méditation régénératrice dont il aurait besoin pour se remettre de cet affrontement brutal.
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