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Le Zero sortit de l’hyper-espace et Saerian, sous le choc, bascula en arrière. Il se heurta au dossier de son fauteuil, il rebondit et se renversa vers l’avant, où son souffle se coupa à cause du harnais qui le retenait. Il prit quelques minutes pour se remettre du contrecoup et respirer de nouveau normalement. Ses yeux papillonnèrent, tandis qu’il chassait les derniers corps flottant devant ses pupilles. Le Cathar déboucla son harnais de sécurité et se leva péniblement, avant de tituber en direction de sa salle de bain, une main sur une temple, une série de jurons à l’intention de certains mécaniciens sur les lèvres.
Ce ne fut qu’une fois qu’il se soit appliqué une compresse froide contre son crâne, qu’il revint au poste de pilotage et put donc enfin contempler la planète qui flottait dans l’espace, devant lui. Un globe désertique, un caillou aride plus sec encore que le cœur d’un Toydarien. Duro. Là où se cachaient ses cibles. Zhelt Numb et Cud Boks.

Ces deux Duro étaient des membres d’un groupuscule terroriste mettant des épines dans les pieds du gouvernement neimoidien et la prime avait été émise par Grendo S’orn, sénateur de Neimodia. Il gratta son menton. Cela n’allait pas être facile : ils étaient appréciés, à tout le moins, par une partie de la population, car défendant leurs intérêts. Sa patte passa à plusieurs reprises sur son menton, produisant un son rappelant la paille de fer grattant une pièce métallique. La prudence était de mise, d’autant plus qu’il risquait de ne pas être le seul sur ce coup. La prime en elle-même était assez attirante pour expliquer cet attrait : pas moins de 45.000 crédits républicains par tête. Le félin humanoïde s’affala dans son fauteuil et se pencha sur sa console. Pianotant rapidement, il fit défiler la liste des spatioports pouvant accueillir son vaisseau ET en assurer une bonne garde, avant d’en sélectionner une dizaine. Ouvrant des canaux de communications avec chacun d’entre eux, il en chercha un dans lequel de la place restait. Une vingtaine de minutes plus tard, et après avoir essuyé maints refus, quand l’administration daignait lui répondre, il finit par tomber sur un fonctionnaire plus aimable que les autres… Ou ayant plus de temps à perdre.

"Pouvez-vous décliner votre identité ?"

"Saerian El’Ros, enregistré auprès de la Guilde des Chasseurs de Primes, matricule 31415. Mon vaisseau est un Mante D-5, nomination : Zero."

"Un instant, je vous prie. Saerian s’alluma un fin cigarillo, pendant que son interlocuteur effectuait une série de vérifications. Ah, très bien, je confirme que vous n’êtes pas un quelconque usurpateur et que nous n’aurons pas à vous faire abattre après vous avoir indiqué un endroit où atterrir."

"C’est fort aimable à vous."

"Merci. Afin de compléter votre dossier, pouvez-vous me donner les raisons de votre venue sur Duro : loisir, travail, affaires, autres. De plus quelle est la durée de votre visite ? Et, avez-vous besoin d’une maintenance ?"

"Je viens pour le travail. Durée : un mois minimum. Besoin d’une maintenance au niveau des réacteurs et des moteurs, la sortie d’hyper-espace fut assez rude, ces derniers temps."

"Merci beaucoup. Nous vous transférons les coordonnées du spatioport, et la désignation du hangar. Vous réglerez les frais d’entretien et de location à votre départ."

"Merci bien."

Il souffla une bouffée de fumée bleuâtre, et pilota le Zero jusqu’aux coordonnées indiquées sur sa console. Saerian ralluma son cigarillo et se leva, une fois que les moteurs de son vaisseau furent coupés. D’un pas traînant, les échos résonnant et se répercutant sur les parois métalliques, il se dirigea vers sa cabine. Là, il enfila son armure. Confortable, à sa taille, elle s’adaptait à chacun de ses mouvements, tandis que son poids était équitablement réparti sur son corps. Venait ensuite le choix de l’équipement : il ne comptait pas user de son vaisseau comme base arrière, c’était bien trop contraignant s’il devait s’éloigner.

Il finit par jeter son dévolu sur sa chère vibrolame, ainsi que son set de blasters. Cela lui offrait une certaine puissance de feu à courte et moyenne portée, tout en lui permettant de se défendre au corps-à-corps. Saerian s’approcha de la porte de sortie coulissante de son vaisseau, attrapant une boite de cigarillos et de cigares, ainsi qu’une réserve d’épice pour deux semaines en passant.

Il plissa les yeux, tandis que la lumière artificielle dans laquelle baignait le hangar inondait le sas d’entrée.

"Bon. Au boulot."
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Dans les rues tentaculaires de cette station orbitale, une parmi tant d’autres, Saerian ne passait guère inaperçu, au milieu de tous ces Duros. D’un pas calme et assuré, il marchait, un peu au hasard. Les personnes qu’il recherchait étaient des terroristes, ça c’était comprit. Le problème était qu’il allait devoir fouiller toutes les stations pour avoir un indice un tant soit peu tangible.
Si ses renseignements étaient corrects, et ils avaient intérêts à l’être si certaines de ses sources tenaient à leur intégrité physique, ses proies avaient notamment orchestré un attentat contre un Neimodien, une bonne grosse huile politique comme on les aime. Les deux Duros s’étaient ensuite enfuis sur leur planète natale, où ils se cachaient depuis, tandis que Grendo S’orn tempêtait depuis ses bureaux du Ministère de la Sécurité Intérieure et réclamait la tête des assassins en herbe, morts ou vifs.

Le principal problème était de pouvoir retrouver deux Duros dans une population d’environ un milliard d’individus. Il y avait de quoi déprimer. Dire qu’à une époque, les suspects avaient la décence de laisser un minimum de piste, comme une veuve éplorée, ou une ex-petite amie délaissée, histoire de permettre aux Chasseurs de Primes de faire consciencieusement leur travail.
Pas étonnant que certains collègues du Cathar se reconvertissaient dans la sécurité privée, afin de joindre les deux bouts. Quelle misère…

Saerian remarqua qu’il avait changé de « quartier » : les bâtiments et infrastructures qui l’entouraient semblaient en relatif meilleur état que les autres qu’il avait pu croiser, et la population était bien plus cosmopolite. Il y avait des Humains, ou des proches-Humains, en grande majorité, ainsi que quelques races aliennes : des Twi’Leks et des Neimoidiens, notamment. Le félinoïde remarqua que ces derniers étaient bien escortés, et qu’ils semblaient nerveux. Les Duros, quant à eux, adoptaient un comportement hostile quand ils passaient près des Neimodiens.
Saerian s’avança jusqu’à une petite place proprette, entourée de jardinets. Au vu des bâtiments, il se trouvait dans un quartier d’affaires. Il s’avança et alla s’asseoir sur un banc, avant de sortir un cigare de sa boîte. Il l’embrasa en grattant une allumette. Tirant sur le rouleau de tabac, il prit le temps de réflechir à ses options. Techniquement, il se trouvait sur l’une des principales stations orbitales de Duro, et donc un des meilleurs endroits pour commencer son enquête. Mais comment trouver ? Peu de chance qu’un armurier dise de son plein gré : "Ouais, je leur ai vendu des explosifs, à ceux-là. Tenez d’ailleurs, voici la facture, vous avez tous les détails, y compris le lieu où j’ai effectue la livraison."

Bref, ça n’allait pas être une mince affaire…
Son cigare s’était consumé pendant sa réflexion, et il ne restait à présent entre l’index et le majeur du Cathar qu’un petit bout mâchonné se consumant lentement. La chaleur atteignit ses doigts et il lâcha le morceau de tabac en étouffant un juron de douleur. Il se leva et, du talon, écrasa le mégot, avant de sortir son comlink et de s’éloigner à pas lents.
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Le félin humanoïde se morfondait prodigieusement. Il avait tiré bon nombre de ficelles auprès de ses contacts Duros présents sur la planète, mais aucun d’entre eux n’avait pu lui donner ne serait-ce qu’un début de piste. Se massant les tempes, le Cathar essayait de se sortir de l’impasse. Que pouvait-il faire ? Il y avait bien de petits « trucs » pour trouver un début de piste. Comme s’enivrer dans une cantina, en laissant les neurones pas encore noyées par l’éthanol travailler à sa place. A vrai dire, l’idée était assez séduisante pour qu’il se laisse succomber à la tentation, et pas seulement parce que sa gorge était aussi sèche que Tatooine en période caniculaire.
La majorité des cantinas des environs étaient d’un bien trop haut standard pour lui (et pour son larfeuille), ainsi Saerian décida-t-il de se rendre dans des quartiers plus populaires aux prix bien plus abordables.

Avançant pesamment, flânant dans les rues, il laissait son esprit battre la campagne.
Le Cathar savait pertinemment qu’il n’était pas le seul à être sur les traces des deux Duros. Une option viable pouvait être de retrouver d’autres Chasseurs de Primes travaillant sur le même contrat. Il restait à espérer qu’il puisse leur apporter quelque-chose de concret de son côté, histoire qu’ils soient plus disposés à se partager les quelques 90.000 crédits qui pouvaient les attendre.
Malheureusement, les muscles et les talents martiaux n’étaient pas un argument aussi vendeur qu’auparavant, à moins de tomber sur des intellectuels qui misaient plus sur le mental que sur le physique pour appréhender leurs cibles. Mais ceux-là étaient aussi rares qu’un politicien honnête au Sénat Galactique.

Il soupira et s’adossa à un mur sur lequel s’étalait un immense graffiti représentant un vaisseau s’élançant vers les confins de l’univers. Là, il cessa de penser à ses ennuis, afin de laisser son esprit vagabonder. Son regard se promenait à travers la foule. Toujours autant de Duros, mais moins de races extraplanétaires. Il aperçut, près d’une ruelle, deux Duros s’approcher d’une Neimoidienne qui semblait avoir eu le malheur de s’aventurer sans bonne protection.
Saerian poussa un long soupir. Pas difficile de savoir ce qui allait se passer : l’imprudent alien allait se faire massacrer par ses agresseurs et il était à parier que personne ne ferait quoi que ce soit pour empêcher cela. Il observa les deux ruffians attirer leur victime dans la ruelle, puis l’un d’entre eux l’immobiliser, tandis que son compère flanquait deux vicieux coups de poings à l’estomac de sa prisonnière. Cette dernière commença à crier de douleur, mais les passants ne firent que jeter un coup d’œil, avant de s’éloigner.
Le Cathar passa une main sur son visage.

"Saerian, t’es vraiment qu’un con !"

Il se remit d’aplomb d’un mouvement d’épaule et, faisant craquer ses articulations, s’avança vers la scène. Il ne prit même pas la peine de lancer une insulte ou une provocation quelconque : profitant de sa carrure plus développée, il attrapa le bourreau par l’épaule et l’envoya bouler contre le mur, avant de s’avancer vers l’autre. Ce dernier balança sa victime dans sa direction et Saerian cessa son avancée afin de la rattraper. Il lui recommanda de l’attendre, puis se lança à la poursuite du fuyard. Il parvint à le rattraper en lui faisant un violent plaquage. Le choc, combiné à son poids et à son armure, fit entendre un craquement. Sans laisser à sa proie le temps de se ressaisir, il lui envoya son poing dans le visage à deux reprises, la laissant inconsciente. En se relevant, le Cathar constata qu’il avait dû casser une des jambes du Duro durant leur chute, au vu de l’angle qu’elle prenait. Il se pencha et le fouilla rapidement, avant d’en sortir son porte-feuille. Il le dépouilla rapidement et revint vers la Neimoidienne. Cette dernière semblait agée et regardait craintivement le premier Duro qui reprenait ses esprits. Saerian ne lui en laissa pas le temps et lui flanqua un coup de genou au plexus solaire, avant de le dépouiller à son tour. Enfin, il se tourna vers l’alienne :

"Vous vous portez bien ?"

"Je… Oui, merci beaucoup à vous."

"Vous ne devriez pas rester ici. J’ignore ce qu’il se passe entre vous et les Duros, mais je pense que vous devriez partir au plus vite d’ici. Et ne sortez plus seule, ça sent le cramé. Tenez, prenez ça, en guise de dédommagement."

La Neimoidienne se confondit en remerciements, tandis qu’il lui tendait l’argent qu’il avait prit à ses victimes. Elle partit en tricotant sur ses deux jambes, tandis que le Chasseur de Primes, se morigénant intérieurement, partait à la recherche d’une cantina où se soûler.
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Attablé devant une bouteille de whisky, Saerian contemplait le fond de son verre. Cela l’ennuyait, d’avoir eu à passer à tabac les deux Duros, plus tôt dans la journée. Non pas parce qu’il les plaignait réellement, loin de là. Ce qu’il regrettait, c’est qu’ils l’aient détourné de sa tâche. Certes, c’était dans un bon but, mais tout de même… Il ignorait ce qu’il se passait sur cette station, mais cela devait peut-être à voir avec cette histoire de terroristes dont il suivait la piste.
Suite à sa rencontre avec les ruffians, il avait erré une bonne heure durant, jusqu’à ce que la station orbitale entre dans sa phase de crépuscule. Il avait réussi à trouver une cantina pas trop chère, et à l’ambiance calme. Un bref échange de crédits plus tard et il pouvait biberonner une bouteille de whisky bon marché mais assez fort pour remplir sa fonction désignée : permettre au Cathar de se plonger dans une douce torpeur.

"Je vois que tu t’amuses bien."

Il leva le regard et plongea ses yeux dans ceux de son capitaine. Il était vêtu comme ce jour-là, sur Nal Hutta, bien des années auparavant. Sa moustache, qu’il appelait à la fois sa fierté et son honneur, était parfaitement cirée. Son uniforme tombait impeccablement sur ses épaules. Il s’assit devant le félinoïde interdit. Croisant ses doigts sous son menton, il inspecta son subalterne de haut en bas, d’un œil inquisiteur, celui capable de repérer LE grain de poussière dans une chambre propre.

"Et c’est ainsi que tu comptes nous venger ? En t’enivrant et en recherchant des criminels de bas étages ?"

Saerian leva le regard. Ses autres camarades de l’Escouade Zero étaient là, eux aussi. Mais, contrairement au Cap’taine, ils étaient tels que la mort les avait prit. Eclats métalliques dans la chair, membres ou mâchoires brisées, traces de brûlures, marques de sabre-laser…
Si l’estomac du Chasseur de Primes n’était aussi bien accroché, il aurait rendu son repas sur le sol de l’établissement.
Il était seul face à ses hallucinations et un client qui s’intéresserait à lui aurait juste l’impression de voir un ivrogne parler seul à voix basse. Il regarda son supérieur à travers le verre déformé de sa bouteille de whisky, l’œil vitreux.

"Zyrtan Evir est introuvable. Il a très bien couvert ses traces. Pour autant que j’en sache, il pourrait être au sein de l’Empire comme au service d’un Hutt ou de lui-même. J’ignore à quoi il pourrait ressembler, parce qu’il a sûrement dû modifier son apparence d’une façon ou d’une autre…"

"Conneries. Dis plutôt que tu baisses les bras, ça t’ éviteras de mentir longtemps."

Les oreilles de Saerian se couchèrent sur son crâne et il serra les mâchoires. Il avait mit le doigt sur le problème : l’abandon. Le Cathar n’osait se l’avouer, mais il avait perdu tout espoir de retrouver le Zabrak et lui faire convenablement la peau. Il se prit la tête entre les mains, tandis que disparaissaient les membres de l’escouade, à l’exception du Cap’taine.
Ce dernier fixait son subordonné, sans bouger, attendant que celui-ci accepte la vérité.

"Merde… Merde de merde… Vous avez raison, Cap’taine. Je suis désolé."

Un sourire franc s’étala sur le visage de l’Humain. Il tendit le bras et tapota gentiment l’épaule de Saerian.

"Je ne peux t’en vouloir pour cela. Tu vis déjà avec le poids de la culpabilité, tous les putains de jours… On ne peut t’en vouloir pour ça. Tu as tout fait pour oublier, tout. Tu n’y es pas parvenu. Alors… Fais un trait dessus, vis ta vie comme tu le sens. Mais promets-moi une chose : si tu croises Zyrtan, quel que soit son camp, abats-le. Mais arrêtes de te mentir. Compris ?"

"Oui, Cap’taine."

L’Humain se leva et s’éloigna, avant de disparaître. Saerian leva son verre à sa santé et en but une gorgée. Il venait de commander sa seconde bouteille quand deux Humains, bien tangibles ceux-là, vinrent le voir. Il s’agissait de faux jumeaux, une femme et un homme, tous deux portant une tenue de protection adaptée aux combats brutaux et sales, ainsi qu’un petit arsenal utilisable dans n’importe quelle situation. Le Cathar sentit un sourire béat se dessiner sur son visage.

"Saerian, c’est bien toi ? T’as tellement sombré dans l’alcool que tu parles tout seul, maintenant ?"

"Que j’sois maudit… Les frangins Varkun… Alexandar et Alessia. Qu’est-ce qu’il se passe, vous avez amassé assez de primes pour vous poser et enfin ouvrir un bordel ?"

"Ouais, c’est à peu près ça. On pensait proposer le boulot à ta mère."

"Désolé, les enfants, elle a une patte folle et bouge plus de chez elle."

"Pas grave, on se contentera d’Alexandar. Avec une perruque, une robe un peu chic, trois kilos de maquillage et une lumière tamisée, mon frangin joue parfaitement l’illusion."

Le Cathar se leva et s’avança vers ses amis. Ils tombèrent dans les bras les uns des autres et s’étreignirent joyeusement :

"Enfant de putaaaaaaaaaaaaaaain !"
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Aux effusions de joie s’étaient ajoutées les effluves d’alcool.
Alexandar, Alessia et Saerian étaient assis à leur table, biberonnant chacun une bonne chope de bière. Ils passaient le temps en se racontant leurs aventures et leurs primes. Les jumeaux se relayaient, quand la mémoire leur faisaient défauts, tandis que Saerian faisait de même seul, en fouillant les recoins de ses souvenirs pas encore obstrués par l’alcool.
Ils se donnèrent aussi des nouvelles d’autres Chasseurs, portant des toasts à la mémoire des disparus et buvant à la santé des vivants… Ce qui expliqua aisément la démarche pataude des trois comparses, quand ils se rendirent de la cantina jusqu’à l’hôtel où les jumeaux avaient prit une chambre. Ivres morts, la gorge desséchée à force de chanter des ritournelles à boire, ils s’effondrèrent dans les lits pêle-mêle, avant de ronfler à poings fermés une fois les paupières closes.

Ils passèrent ensuite la majeure partie de la matinée à se remettre de leurs excès de la veille, alternant les douches froides et l’ingestion de plusieurs litres d’eau. Quand enfin ils parvinrent à regarder au-dehors par la fenêtre sans avoir l’impression que la lumière leur faisait fondre les yeux dans les orbites, ils sortirent et allèrent se restaurer. Là, rompant enfin le jeûne de la nuit sans craindre de rendre au sol le contenu de leur estomac, ils discutèrent des raisons de la présence de chacun.

"On avait quelques affaires dans les parages. Pas grand-chose, juste l’arrestation de quelques contrebandiers pour le gouvernement local. Et toi ?"

"Vous pensez bien, je ne suis pas ici pour le plaisir, ce serait trop beau. Non, je suis à la recherche de deux Duros. Ils ont leurs gueules sur une affiche de prime pour terrorisme, entre autre. Mais, jusque-là, rien, quetchi, peau d’zob, que dalle. Cela fait bien trois jours que je suis là et je n’ai aucune piste. Même mes contacts vivant sur d’autres stations orbitales sont aussi muets que des tombes."

"On voit le genre."

"Vous accepteriez de travailler avec moi sur cette affaire ? 90.000 crédits à se partager. 30.000 pour moi, 60.000 pour vous deux. Et là, encore, je me tranche la gorge."

Les deux faux jumeaux se regardèrent, pensifs. Saerian se fit la réflexion que si Alexandar cessait de se raser la barbe et que si Alessia se coupait les cheveux, il n’y aurait plus aucune différence entre eux, sinon d’ordre physiologique, bien que, pour en avoir été témoin, Alexandar était tout à fait capable de se faire passer pour sa sœur, si on le laissait avec les accessoires adéquats.
C’était… Perturbant, à vrai dire. Tout comme leur façon de communiquer entre eux, sans pratiquement jamais parler, laissait à penser qu’ils partageaient un esprit commun. C’était une théorie que, par ailleurs, certains scientifiques essayaient de discréditer à tout prix.
Pour Saerian, cette entreprise était vouée à l’échec : dans cette galaxie se trouvait des êtres capables de briser les cages thoraciques de leurs ennemis en faisant vibrer leurs os, tandis que d’autres, d’une simple pensée, étaient capables de soulever des masses 20 supérieures à la leur.
Alors, des jumeaux pratiquement liés par l’esprit…
Ils se tournèrent vers lui d’un même mouvement :

"Très bien, nous acceptons. On finit le casse-dalle et on y va ?"

La bouche du Cathar s’étira en un sourire velu :

"Avec plaisir."
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L’appartement était sale. Pas « sale » du style « un peu de poussière et des emballages de nourriture consommée et oubliée là ». Mais plutôt du type : « le sol est tellement collant sous les pieds des visiteurs qu’il donne l’impression d’être dans un marécage. Qui a développé son propre-écosystème ». Alessia se bouchait le nez avec distinction, tout en laissant une grimace de dégout transparaître sur son visage. Saerian, quant à lui, avait mit un mouchoir contre son "nez". Quant à Alexandar, il refermait la porte et faisait en sorte de la garder close en empilant une partie du bordel qui se trouvait autour de lui contre elle. Les trois Chasseurs de Primes étaient allés directement rendre visite à l’un des contacts réticents du Cathar, afin de lui tirer une bonne fois pour toutes les vers du nez.

Or, Thorund avait la particularité d’être extrêmement bordélique. Saerian l’avait déjà rencontré à quelques reprises et avait apprécié son allure passe-partout de vagabond qui, selon le félinoïde, permettait de passer outre son manque d’hygiène latent et sa tendance à cuver de l’alcool bon marché n’importe où. Sauf en cet instant. Alors qu’il se frayait un chemin à travers les ordures et les déchets, il se jurait intérieurement de ne PAS fumer tant qu’il se trouvait en ces lieux : il devait s’y trouver une telle concentration de méthane qu’une petite étincelle suffirait pour transformer le quartier en un trou béant. Et fumant.

Alessia s’arrêta quelques instants, afin de rendre son déjeuner, ne pouvant plus supporter l’odeur qui régnait dans les lieux et commençait à leur piquer les yeux. Enfin, ils parvinrent dans le salon. Le Duro qui vivait là était couvert d’une telle crasse qu’il semblait impensable que sa chemise soit en réalité blanche. Du moins, au départ. Il était concevable qu’elle l’ait été, autant dans le magasin que dans les quelques deux premières semaines durant lesquelles il l’avait porté sans arrêt. Il semblait être en train de cuver le pack de bière quotidien qu’il avait bu la veille.
Alexandar s’approcha et, avec une certaine répugnance, l’attrapa par le col de sa chemise et le souleva, avant de lui mettre une claque retentissante.

"Quoi ? Qu’est-ce que vous m’voulez ?"

"Causer. Tu vas nous dire ce que tu sais sur Zhelt Numb et Cud Boks."

L’alien se pencha afin de voir qui d’autre se trouvait là.

"Parce que vous pensez que je connais tout le monde ? J’ai déjà dit à Saerian que je ne savais strictement rien à ce sujet !"

Alexandar lui envoya un coup de poing au visage.

"Menteur. La seule raison pour laquelle un sale rat comme toi est encore en vie est parce qu’il possède de précieuses informations. Sinon, crois-moi, tes voisins auraient déjà foutu le feu à ton appartement."

Saerian se plaça aux côtés de son ami, essayant de jouer les médiateurs, malgré le fait qu’il soit bien plus imposant physiquement que ce dernier. Alessia, pendant ce temps, se démenait pour tenter d’ouvrir une fenêtre.

"Écoutes-moi, Thorund. Écoutes-moi attentivement. Alexandar ici présent va réellement te refaire la gueule si tu refuses de parler et crois-moi, il a la main aussi leste que celle de ton père quand il avait 3 grammes."

"Non, je refuses de parler."

L'Humain leva un poing serré en direction du visage de l'alien.

"Non, non, non, non, Alexandar… un instant. Aller, Thorund. Aides-nous à t’aider."

"Ça signifie quoi ?"

"J’en sais rien, mais c’est toujours plus sympathique que d’entendre : « Parles, salaud, où j’te met l’balai ! », non ?"

Un bruit de verre cassé les fit se retourner : Alessia avait prit un tabouret et s’en était servi pour briser une des vitres, ne parvenant pas à en tourner le loquet. Elle était à présent à moitié dehors, aspirant de larges goulées d’air. L’attention des deux hommes revint à Thorund.

"Et si je parle pas…"

"Bah, là, c’est sûr, on va se laisser aller à une petite débauche de violence sur ta personne, mais après, tu connais les risques du métier d’informateur. Et on te paiera quetchi."

Le Duro contempla rapidement les possibilités et les options qui s’ouvraient à lui, avant de parvenir à s’affaler entre les mains de l’Humain.

"Vous comprenez que si je parle, je me fais flinguer."

"C’est aussi ce que tu disais quand j’enquêtais sur cette mafia dont les nettoyeurs se défonçaient à la coke et à l’aphrodisiaque pour nexu avant de se mettre au boulot. Argument invalide."

"Mais… mais…"

"Bon, Saerian, je t’aime bien, mais je pense que dans ce cas de figure, on va devoir passer à l’acte de violence gratuite et irraisonnée."

Le Cathar regarda son collègue dans les yeux, avant de tourner la tête en direction d’Alessia. Cette dernière avait ramené sa tête à l’intérieur de l’appartement et ne s’éloignait pas de la fenêtre.
Saerian hocha la tête. Positivement.
Malgré la porte d’entrée verrouillée, ceux et celles qui passaient dans le couloirs parvenaient à saisir les cris de douleur de Thorund.
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