Darth Velvet
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La brise chaude balaye mon visage d’une caresse, s’engouffre dans la soie vivante de ma chevelure. Elle claque, ondule dans le vent, oriflamme d’obscurité sous la douceur d’un soleil moribond. Et là, dans le crépuscule flamboyant, dans la lumière poudrée des rayons déliquescents, je me dresse, silhouette évanescente dans cette nuit naissante, gardienne au profil acéré par la vigilance tranquille de ceux qui se savent les leurs en sécurité. Au-dessous, dans la faille, entaille arborée de l’émeraude éclatant d’une végétation plus dense que celles des plaines qui la surplombe, la pulsation du campement, la lueur des bungalows filtrent au travers des frondaisons, ponctués des jeux et des cris d’enfants. Mes lèvres s’ourlent d’un sourire, et de cette glace comme un heaume de miséricorde déposée sur mon front, se brise d’un millier d’éclats.

Je m’appuie sur la pierre encore gorgée de soleil, les herbes longues, duveteuses me frôlant dans leur danse aérienne. Il y a dans l’air, comme le parfum d’une sérénité profonde, ou peut-être le sceau éphémère d’une légère mélancolie. Mes pensées s’envolent dans le vent, feuilles mortes virevoltantes alors que je m’effondre lentement contre la roche. Mes doigts effleurent le satin des corolles, vagabondent sur cette terre noire et fertile, s’imprègnent de cette vie éclose. Et, sous la paume de mes mains, je sens la vibration de la Force, le chant de son essence. Mes paupières se closent, effaçant ma rêverie, la souillure de la guerre et des meurtres, mon désir de revoir Dranor, l’oppression de mes responsabilités et les fantômes hantant la limite de ma conscience. Il ne reste plus rien dans mon esprit que le flux prégnant de la Force, le frémissement de sa présence. Elle m’envahit et sous les cieux apaisés de mon âme, mes forteresses, vaincues, abaissent leurs pavillons guerriers, s’abandonnant à son étreinte fraîche, ensorcelante.

S’abandonner, pour renaitre. S’oublier pour s’approprier. Et dans mon cœur lavé à ce ruisseau éthéré, je ne suis plus Velvet. Je ne suis pas Velyrianna. Je suis le zéphyr sur la plaine, chargé du parfum des digitales pourpres. Je suis ce petit scarabée qui gratte et ronge le bois tendre d’un bois d’orme. Je suis cette libellule translucide happée dans l’ondée par un poisson. Je suis cette brindille foulée sous la botte d’un humain, silencieuse ombre mortelle sous un crépuscule rougeoyant. Je suis absolue, éternelle, intemporelle, et pourtant j’incarne chaque chose de cette terre, du cailloux lisse dans le lit de la rivière, au sifflement du vent entre les montagnes, à la fois animal, végétal, minéral, soumise au cycle de l’univers, à la naissance et à la mort.

Je ne ressens plus les entraves de mon corps, la faiblesse de mon sang. Il n’est qu’un parmi ces innombrables vies grouillantes à la surface de cette planète, une couleur se mêlant aux teintes des autres dans le miroitement. Et parmi cet enchevêtrement inextricable, sous le boisseau arc-en-ciel de ces auras moirées, dans le chant harmonieux de la Force, elle se détache, vibrante à l’unisson de mon âme, cette ombre filante sur le chemin qui mène aux miens. Ame-sœur ou résurgence d’une parfaite complémentarité, elle m’aspire dans son sillage, ou peut-être est-ce moi qui la guide.

Immergée dans le bruissement de la Force, il n’y a ni secondes, ni minutes, ni heures, aucun sablier capable de mesurer l’éphéméride et le temps. J’ignore si je demeure ainsi longtemps avant que ne résonne le bruit de ses pas sur le gravier et les mousses, avant qu’il ne grimpe jusqu’à mon piedestal de roches et d’herbes, avant que son aura ne rayonne, léchant mes sens d’une saveur reconnaissable et unique. Mes yeux s’ouvrent, à l’instant où je réintégré mon corps. La violence de cette brutale réincarnation, de la perte d’un savoir que je ne devine à présent qu’au travers un voile brumeux, d’un murmure ténu, m’arrache un gémissement douloureux que mes lèvres scellent sous un rictus.


« Je n’étais pas certaine de vous revoir… » commençais-je, d’une voix rendue rauque par ma méditation, éraillée par ma faiblesse « … mais je suis heureuse que vous ayez choisit de le faire. »
Halussius Arnor
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Vu de loin, Halussius était semblable à un vieil ermite qui marchait lentement, s'aidant de son bâton de marche pour avancer. Couvert d'une vieille bure de Jedi, Halussius marchait ainsi depuis qu'il avait quitté l'astroport de Boz Pity. Revenir ici lui laissait un étrange sentiment... Il n'avait pas imaginé un instant venir vivre ici... et pourtant... ce monde sans réelle importance, cet avant poste en devenir était devenu « sa maison ».

A peine avait-il franchi le périmètre du camp qu'il perçu aussitôt la présence de Ragda et Velvet, ainsi que les autres habitants du campement... Halussius était comme une ombre qui se mouvait avec discrétion. Certes on puvait le voir, mais il faisait en sorte que l'on ne s'intéresse pas à lui ... Il n'avait nul besoin d'annoncer son retour. Si lui percevait leur présence, eux aussi percevraient la sienne. Une fois dans ce qui lui servait de « quartier personnel », Halussius s'assit un instant sur son lit, défaisant lentement sa bure pour se rendre vite vers la douche. Le contact de l'eau chaude sur sa peau lui donnait la chaire de poule tellement l'effet délassant était prenant. Les jours passer dernièrement sur Bothawui encore frais dans sa mémoire au point que le chagrin qui s'était emparé de lui laissait encore une marque dans la Force autour de lui. Une chose qui justifia que son séjour sous la douche se prolonge plus que de raison.

Halussius finit par sortir et s’attela à ranger l'uniforme de Jedi avec précaution dans une malle qu'il rangea en dessous de son lit. Dans une autre malle, située juste à côté de l'autre, se trouvait les vêtements qui composait à présent la nouvelle tenue courante d'Halussius, mêlant habillement plaques d'armure légère et tissus. Tout comme son bâton, cette tenue était un présent spécialement fait pour lui.

Une fois dehors, il ne lui fallut pas longtemps pour percevoir le flux particulier qui animait la Force non loin de lui. La nuit était en train de s'étendre et de voiler le ciel de sa douce obscurité. Dans ce flux particulier, Halussius percevait une aura familière qui piquait sa curiosité... La Force lui avait permis d'arriver jusqu'à elle... jusqu'à Velvet. Halussius marchait doucement, amoindrissant ces propres pas afin de ne pas troubler outre mesure la communion de la jeune femme avec la Force.

Pour tous les êtres sensibles à la Force et ayant reçu la connaissance pour la maîtriser, la méditation ou la communion, peut importe l’appellation, était un moment particulier, un moment privilégié, presque intime, au combien nécessaire. S’abandonner à la Force, transcender les limites physiques de cet univers... C'est comme entrer dans une autre dimension et devenir un autre... Il s'était arrêté juste un instant, puis il entendit la voix de Velvet s'adresser à lui. Il est vrai qu'il n'avait pas jugé bon de prévenir Ragda outre mesure que par un simple « Je dois partir »... le trouble qui s'était saisi de lui à ce moment là l'en avait dispensé. D'une voix douce et apaisante, Halussis lui répondit.


 « Je suis heureux d'être de retour parmi vous. Mais il fallait que je parte pendant un temps... Un vieil ami méritait que je lui présente mes respects, une dernière fois. »

Le fait d'évoquer la disparition de son maître le touchait encore, mais de manière bien moins intense.


 « Vous n'auriez pas dû interrompre ce que vous étiez en train de faire... Je sais au combien cela est nécessaire et agréable ce genre de moment. »
Darth Velvet
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« Je suis désolée, pour votre ami, et… pour vous aussi. » susurrais-je d’une voix vide, comme le pâle reflet tronqué de ma silhouette sur la surface mercuriale d’un miroir terni par l’âge ou l’usure.

La tristesse est le linceul des vivants, la trame de leurs projets déçus, de la carence des amitiés ou des amours éteints, la perte et la privation aux arômes de dénuement fataliste. Mais elle s’effiloche au crochet du temps et de la patience, éparpillant sur ses fils irrévocables, la nostalgie des souvenirs heureux et ce léger pincement, comme un rappel adouci et érodé de nos pertes. Pourtant, en cet instant, alors que toujours mon âme dérive aux frontières de l’éther, l’ivresse de la méditation transcendant d’un feu d’argent et d’obsidienne l’azur profond de mes yeux, je n’appréhende pas la disparition de son ami, et l’amertume de son chagrin comme tel.

Plus qu’une perte, un retour au cycle, une nouvelle naissance dans le flux éthéré de la Force… un renouveau. Et, au travers du voile de cette perception altérée, engendrée dans l’immersion de ce fleuve-vie, comme détachée du monde tout en m’inscrivant dans son cercle inexorable, je lève sur Halussius, mon regard intemporel, absout d’empathie quoique vibrant d’une compassion légère, résidu tenace de mes émotions propres.

« L’ai-je réellement interrompue ? »

Et la flamme irradiant mes iris de ses volutes lactescentes, trahissant la communion de mon esprit dans les eaux tumultueuses, m’envahit entièrement, avant de se dissoudre partiellement, lentement noyée sous ma volonté à m’extirper de sa bienveillante emprise.

Et je me redresse avec la grâce des prédateurs en chasse, le mouvement fluide et la gestuelle nonchalante. Mes doigts râpent involontairement le délié granuleux de la pierre, usant d’elle comme d’un appui pour m’élancer à la rencontre du non-jedi. Et dans la nuit naissante, mes pupilles s’effilent, iridescentes sous le voile de ma chevelure.

« Il est aisé de se laisse couler à la source de la Force, s’en imprégner jusqu’à se perdre soi-même, jusqu’à s’oublier totalement. Je plonge toujours trop profondément, et, il m’arrive parfois de sentir le désir de m’absoudre complétement à son eau. »

Mon regard, moins intense, se lève vers lui, s’affranchissant des boucles et de la soie d’ébène. De ma transe, il ne demeure rien, à présent, qu’une voix fébrile dans le murmure du vent et une aura résiduelle déposée sur mes épaules tel un châle d’énergie évanescente.

« Il est préférable que je ne m’attarde pas plus qu’il ne faut dans cet état. Vous n’avez pas à vous excuser, et peut-être devrais-je vous remercier. L’envie d’abandonner sur le bord du chemin ses chaines et ses difficultés, fusionner avec la Force , tout cela est ô combien tentant. Entêtant même. Mais ce serait faire preuve de lâcheté que de se délier de ses obligations ainsi, avant que les aiguilles de nos vies n’affichent minuit. »

Un instant encore j’observe son profil. Il existe entre nous, ces silences ouatés de curiosité, un peu comme deux combattants se jaugeant avant l’assaut et le combat, comme les deux inconnus que nous sommes, réunis sous l’aile d’un destin bien nébuleux. Et si nos auras s’inscrivent d’une harmonie complémentaire, similaires, nos consciences, elles, peinent à se découvrir. Ou peut-être est-ce que nous peinons, l’un et l’autre à nous ouvrir.

Exhalant un soupir, entre gêne et frustration, je ramasse un sac, abandonné contre la roche dressée du promontoire.

« Du thé et une nuit à contempler les étoiles ? Si vous n’êtes pas trop épuisé de votre voyage…  » lui proposais-je, extirpant de la besace en toile, un thermos brûlant.
Halussius Arnor
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Les dernières lueurs du jour disparaissant, l'idée de partager ce mélange de plantes et d'eau chaude que l'on appelait communément « thé » plaisait beaucoup à Halussius. Il en buvait depuis aussi longtemps que pouvait aller sa mémoire. Ses fonctions à la chancellerie n'avait fait qu'augmenter sa consommation.

Le godet d'aspect aluminium que lui donna Velvet lui réchauffa vite les mains lorsque le liquide brûlant s'y déversa, tout en caressant le nez fin d' Halussius de ces effluves épicées. Il n'attendit d'ailleurs pas que le thé refroidisse un peu et le porta directement à ses lèvres pour en boire une gorgée. D'aucun se serait étranglé de douleur à cause la sensation de brûlure quasi immédiate, mais Halussius en avait prit l'habitude depuis tellement longtemps que cela ne lui faisait presque plus rien. Un petit mouvement de tête s'enchaîna pour la remercier.

Éloignant le récipient de sa bouche, Halussius leva la tête vers le ciel. La pénombre grandissante faisait déjà ressortir les étoiles en myriade.


 « Lorsque j'étais padawan, il me plaisait parfois d'aller sur la colline dominant les abords du Temple. Je m'allongeais là le soir et je regardais inlassablement les étoiles... Laissant aller mon esprit à ses propres chimères, à ses propres instincts, complètement libre de toute discipline... Parfois, je méditais tout en les regardant... et il m'arrivait de les entendre chanter. Avez vous déjà entendu le chant des étoiles ? Mon maître avait de la peine à me croire... »

Posant son regard sur celui de Velvet, Halussius se rendait parfaitement compte de la nature saugrenu des ses propos. Comment un corps céleste de cette nature, une étoile, masse de gaz en fusion pouvait « chanter » ? Une folie si l'on écarte le fait que la Force offrait un panel supérieur de sens inconnu du commun de la population.

Machinalement et tout en attendant une réponse de la part de Velvet, Halussius se mit assis sur le sol, les jambes pliées et légèrement élancées devant lui.


 « Vous ne devez pas craindre de vous abandonner à la Force, de l'explorer et de vous oublier en elle. Nous faisons partie des rares êtres de cette galaxie à être en interaction avec elle. Cela nous donne du pouvoir, des capacités hors du commun, des responsabilités quand à la manière dont nous utilisons ce cadeau que nous avons reçu... Mais en contre partie de cette vie hors du commun et tumultueuse, la Force se livre à nous et nous ouvre les portes de son univers regorgeant de merveilles qui dépassent l'entendement. »

Halussius reprit une gorgée de thé tandis qu'il n'avait pas quitté le ciel des yeux.

« Ce thé est vraiment bon...»

Il était revenu soudainement à un sujet beau coup plus terre à terre... Peut être pensait-il que ces propos allaient le faire passer au mieux pour un exalté au pire pour un fou.
Darth Velvet
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Mes doigts, enlacés sur le métal terni, se réchauffent contre la tasse devenue tiède. Là, sous les étoiles naissantes épinglées sur le velours d’ombre du ciel, enveloppée de l’arôme suave du thé qui s’infuse, je me sens à ma place. Au-dessous du promontoire, les bruits du campement s’estompent lentement, remplacés par le grattement et l’hululement des nocturnes. Les lumières, une à une disparaissent sous la brise parfumée des fragrances sélénites de la nuit.

Arquant un sourire sur la courbe pleine de ma bouche, je porte le liquide chaud à mes lèvres, goutant avec plaisir à la saveur épicée sur ma langue. Je pourrais demeurer éternellement ainsi, accolée à la roche granuleuse, à la lueur des filantes et la sérénade des grillons. Juste ici, immobile à scruter la nuit, sentir son odeur m’envahir, écouter son chant sous le miroitement des étoiles.

« Non… je crois n’avoir jamais entendu le chant des étoiles, Halussius… peut-être parce que celui qui nous entoure en noie la subtile mélodie ? En revanche, il y a dans le vent, sous l’oscillation des herbes, dans le gargouillis des sources, toujours quelques notes d’une mélopée… celle-là, je la sens batte à l’unisson de mon cœur. Surtout si la nuit est d’encre et le silence ouaté…comme ce soir. En tous cas, lorsque j'étais encore padawan, je n'avais pas à l'esprit d'écouter le chant des étoiles, rien d'autres je crois, à vrai dire, que mon cœur énamouré... »

Je soupire et dépose sur la mousse, ma tasse vide. Mon visage se tourne vers les cieux et mes paupières se closent.

« C’est bien ça le problème Halussius. L’attrait obsessionnel de la Force lorsqu’on se livre à elle. Elle nous transcende, si bien que si l’on s’oublie, l’on cisaillerai un à un les liens qui nous retiennent ici. C’est pourquoi, j’essaye de ne pas me perdre, de ne pas fusionner jusqu’au point de non-retour, jusqu’à l’absorption de mon essence. Ce n’est pas de la peur, juste une élémentaire prudence. »

Ou de la méfiance envers moi, ma propre lâcheté. S’il est tentateur de se dissoudre dans la sérénité bienfaitrice de la Force, je ne suis pas encore prête à mêler mon être dans son fleuve jusqu’à ce qu’il ne reste de mon âme qu’un souvenir délavée et une odeur d’oubli. Je veux vivre, je veux courir, je veux rire et pleurer encore, jusqu’à ce qu’il soit l’heure pour moi de sombrer dans les turpitudes du passé, de n’être plus qu’une rémanence, une évanescente silhouette, un éclat fantomatique ou la fraction infime de la Force incarnée sous mes traits de jade.

« Ce thé est vraiment bon… »

J’ouvre les yeux, tournant légèrement mon visage vers l’ancien jedi.

« Il l’est… »

Il y a des silences qui n’en sont pas, comme les soupirs d’une partition de musique. Loin de marquer une pause, une interruption, ils soulignent la composition de la portée, la mettent en valeur, un écrin de soie noire pour quelques croches nacrées. Celui-ci est de ceux-là. Une ode à la beauté des cieux, à la tranquillité de cette soirée, une mise en relief de ma voix curieuse, et pourtant emprunte d’une pudique hésitation.

« Halussius, me raconterez-vous les circonstances qui ont fait de vous un non-jedi ? »
Halussius Arnor
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C'était sans doute là une différence entre Velvet et Halussius. Si la Force leur donnait le potentiel de voir et ressentir la même chose, leur personnalité et leur affinité faisaient qu'ils s'attardaient sur des choses différentes. Le vent, la nature, les choses terre à terre, Halussius y était sensible, indubitablement et encore plus depuis son séjour sur Anoth. Mais son attrait pour les choses plus grades, plus lointaines et d'une envergure incommensurable était resté plus fort. C'est pourquoi il préférait se laisser bercer par le chant du cosmos.

Ne disant rien de plus que ce qu'il avait dit, Halussius dégustait son thé avec plaisir. La présence de Velvet ajoutait quelque chose de plus à ce moment paisible, propice à d'éventuelles confidences. C'est ce qu'envisageait visiblement la non-sith. Halussius porta son regard sur elle un bref instant avant de porter son godet à ses lèvres.

Par où commencer... Comment présenter les choses … et surtout que raconter … et qu'est ce qui devait rester pour lui seul... Halussius était quelqu'un d'assez réservé par nature, pour ne pas dire secret et cela dés son arrivé au Temple Jedi. Comme tout à chacun, la vie et l'expérience lui avaient fait évoluer vers plus d'ouverture et de prévenance, mais cette réserve ne l'avait cependant pas quittée. Tout en posant sa tasse sur le sol nappé de velours végétale, il commença à parler.


 « Probablement, pour les mêmes raisons qui ont fait que vous vous êtes retirée des Sith. Peut être que je ne me sentais plus tout à fait à ma place là où j'étais... »

Il resta un court instant à faire une pause... Il leva alors à nouveau son regard vers les étoiles.

 « Sur le vaisseau amiral de Darth Ynnitach... j'ai ressentis des choses qui m'étaient inconnues jusqu'ici. Dans les parois, sur le sol, à travers les lumières, dans l'air, le Côté obscur était absolument partout... Il était impossible de lui résister et de l'empêcher de laisser son empreinte... C'est comme être marqué au fer rouge d'une certaine manière... Ce n'était pas l'attrait pour le Côté obscur, pour sa puissance ou pour son pouvoir que je ressentais, non, mais tout ce qu'il y avait de malsain en lui.

Lorsqu'ensuite fut venu le temps de négocier ce fameux « Traité d'Artorias », ou plutôt de signer au nom de la République, lorsque j'appris que Ragda et Darth Ynnitach s'étaient d'une certaine manière entendue, je me suis senti trahis... Le retour sur Coruscant ne fut pas meilleur. Depuis le départ, les sénateurs voyais d'un œil curieux, voir hostile le fait qu'un Jedi eut été élu à la Chancellerie par un concours de circonstances. Certains d'entre eux ont comploté pour me destituer alors même que la bataille n'était pas terminée.

Trahis par mes collaborateurs les plus proches, trahis par le Sénat... alors que je venais de voir mon monde natale brûler... Je n'ai pas reçu beaucoup plus de réconfort ou de soutient de la part de l'Ordre. Là aussi, beaucoup de Jedis étaient en désaccord avec le fait qu'un des leurs s'occupe de la politique de la République et les choses s'aggravèrent après Artorias...

J'étais en colère, j'étais déçu, j'étais anéanti... autant de sentiments et d'émotions qu'un Jedi ne devait pas ressentir car de fait, cela ne faisait que nourrir le germe que le Côté obscur avait laissé en moi... J'ai décidé de partir... de disparaître... pour oublier et laisser tout cela derrière moi... Mais tout cela ne faisait que laisser toujours un peu plus de place au Côté obscur... »


Évoquer tous ses souvenirs devant Velvet ne semblait visiblement pas déranger Halussius qui s'adressait à elle avec un ton nature et très calme. Tout comme lorsqu'ils s'étaient affrontés sur l'avant-poste commercial, les auras respectives de Velvet et d'Halussius s'accordaient... en d'autres termes, Halussius se sentait à l'aise en sa présence. Il reprit alors sa tasse afin de boire une nouvelle gorgée.



Darth Velvet
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« Vous savez Halussius… l’Ordre, avec ses idées, ses préceptes, ses philosophies et ses enseignements me rappelle ces longs fleuves sur la planète où je suis née. Lorsqu’on les regarde, on ne voit pas le courant, on ne devine pas qu’il sévit sous la surface paisible et calme de leurs eaux miroitantes sous le soleil. Mais si vous vous glissez dans une embarcation pour suivre leur fil, alors inévitablement vous dérivez, vous dévalez des lieux jusqu’à rejoindre l’embouchure sur l’Océan. Essayez de sortir les rames, de pagayer à contre-courant. Peut-être, réussirez-vous à vous maintenir quelques temps dans un relatif surplace, mais au final, c’est toujours le fleuve qui choisira votre chemin, lorsque la fatigue ankylosera vos muscles et que vos forces déserteront votre corps. La politique étaient vos rames, Halussius, et votre poste de chancelier un contre-courant. Vous ne pouviez que finir par rejoindre la mer ou alors trouver votre propre voie d’eau, parallèle et pourtant en dehors de ce flux dirigiste. »

J’inspire doucement, buvant une gorgée de temps avant de continuer.

« Je ne suis pas étonnée que vous soyez parti. Je connais ce fragment de votre histoire pour la majeure partie. Je vous l’ai dit, j’étais présente même si l’on oublie facilement le visage et les frivolités d’une demi-mondaine. Je les comprends, les approuve même, mais ma question n’était pas de connaitre les causes qui vous ont fait disparaitre, mais celles qui ont fait de vous ce que vous êtes aujourd’hui… même si intrinsèquement vous ne pourriez l’être sans ces événements. »

Je dépose, à nouveau délicatement ma tasse sur l’herbe, cherchant le regard de l’ancien jedi.

« En fait, pour avoir été effleurée par votre aura et votre Force… je m’interroge. Mais… »

Je m’interromps. Mes lèvres s’ourlent d’un sourire malicieux, suivi d’un léger éclat de rire qui perle dans l’écrin ouaté de la nuit.

« Je suis persuadée que vous vous en doutiez et que vous éludez ! Mais soit, je vais faire comme si de rien et vous poserez de nouveau la question d’ici quelques secondes. »

Et ma voix s’éteint, laissant les secondes s’égrener, les yeux perdus dans la contemplation de la voute stellaire, et la bouche amusée. Pourtant lorsqu’elle s’élève entre nous, elle ne réitère pas mes questions.

« Je ne me suis pas retirée des Siths… l’ai-je réellement été, sith, si ce n’est par l’usage de l’Obscurité dont ils font l’éloge ? Au fond, leur crédo, tout comme celui des Jedi avant eux, n’a jamais réellement fait vibrer mon âme et murmuré à mon cœur. Je n’ai rejoint Korriban que parce que la rage et la folie qui pulsaient en moi, trouvait un écho en ces lieux. »
Halussius Arnor
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Halussius sourit spontanément lorsque Velvet avança l'idée selon laquelle il éludait le véritable tenant de sa question. C'est pourquoi il lui répondit simplement une fois qu'elle eut fini de parler.

 « Je n'élude rien... Mais c'est là une conséquence d'avoir passer tant de temps à arpenter les rayonnages des Archives du temple qui attiraient au droit et à avoir fréquenter autant de politiciens et de juristes. J'envisage les choses dans leur globalité afin de permettre une compréhension la plus précise possible. C'est une chose que j'ai jamais réussi à corriger. »

Alors qu'il venait de porter sa tasse à ses lèvres, le non-jedi remarqua qu'elle était vide. Halussius chercha un bref instant le thermos. Il se trouvait aux côtés de Velvet. Désignant le récipient, il dit amicalement à sa compagne de récits :  « Puis je me permettre ? ». Sa tasse à nouveau remplie et fumante, Halussius reprit plus sérieusement.

 « C'est intéressant ce que vous venez de décrire... Avez vous seulement été réellement Sith ? Ai-je été réellement Jedi ? Avec le recul, la vision de notre condition passée change et elle évolue. J'étais convaincu par le bien fondé des enseignements que j'avais reçu au Temple... et en même temps... Je me suis vite rendu compte qu'ils n'étaient pas adaptés à la réalité de la vie dans la galaxie. Il manquait quelque chose... Il me manquait quelque chose. »

Il commençait peu à peu à s'avancer sur le terrain plus sombre de son passé. Plus intime aussi, hésitant encore sur l'étendue de révélations qu'il pouvait consentir à son interlocutrice.

 « Le pouvoir.»

Prononcer ce simple mot était comme lâché un poids sur un sol métallique dans un espace libre de tous bruits. Un bruit sourd et pesant se libérait à leur rencontre mue par la seule force de sa propre masse. Le silence volontaire d'Halussius simulait d'une certaine manière cette image.

 « Voilà bien une curieuse chose émanant d'un Jedi, n'est ce pas ? Mais encore une fois, il faut envisager ce terme de « pouvoir » dans sa globalité et ne pas s'en tenir au sens restreint et péjoratif du terme. Je voulais obtenir du pouvoir, non pas pour contrôler ou diriger, mais pour comprendre. La véritable nature de la Force, ses possibilités réelles etc...

J'ai compris très tôt que la vision des Jedis n'était que partielle et que pour avoir une véritable compréhension de la Force, le Côté obscur ne devait pas être écarté. Mais l'idée même de pouvoir m'intéresser à cet aspect de la Force me terrifiait d'une certaine manière... Après tout, j'étais un Jedi !


Il marqua à nouveau une pause à la fois pour boire une nouvelle gorgée de thé et pour laisser un peu de temps à Velvet pour assimiler ce qu'il venait de dire.

 « Lorsque j'ai été nommé sur Coruscant en tant qu’émissaire de l'Ordre au Sénat, j'y ai vu une opportunité. Les Archives du Temple d'Ondéron sont très exhaustives mais le Temple de Coruscant, délaissé, en contenaient encore bien d'autres et j’espérai bien pouvoir mettre à profit cette proximité. Mais vous connaissez la suite...

Le moins que l'on puisse dire est que d'être le Chancelier suprême de la République est une tâche qui vous occupe pleinement.. et qui vous change pleinement aussi. Lorsque j'ai voulu réformer les liens unissant la République et l'Ordre Jedi, visant à l'intégrer plus pleinement dans le système républicain, je l'avoue aujourd'hui, j'y voyais aussi un moyen d'accéder aux Archives de Coruscant.... »


Halussius se rendait compte que les révélations qu'il était en train de faire pourrait en déstabiliser plus d'un, en premier lieu Velvet. Halussius était un Jedi à l'époque mais cependant, il ne réussi pas à s'affranchir complètement des travers et des déformations engendrés par ce monde si particulier de la politique au sommet du pouvoir.

 « Artorias, tout ce qui s'est passé ensuite, mon poussé à l'exil et à renoncer à la Force. Mais paradoxalement, cela n'a fait qu'amplifier ce besoin de pouvoir et de compréhension. C'est ce qui m'amena, alors que j'étais au plus profond de ma solitude, à devenir le compagnon d'aventures d'un de vos anciens frères d'armes. Un seigneur des Sith ! J'allais enfin pouvoir étudier à la source la véritable la nature du Côté obscur... Mais c'était passé d'un extrême à l'autre. Je voulais connaître le côté obscur mais la voie des Sith n'était pas faite pour moi, quand bien même l'obscurité qui m'habite s'en délectait. »

Les souvenirs tragiques de Dantooïne lui revinrent d'un coup... Encore maintenant, il s'agissait de choses qu'il regrattait profondément. Ce jour funeste où il découvrit l'ampleur de la férocité et de la violence dont il pouvait faire preuve lorsqu'il laissait parler les ténèbres.

 « J'ai finalement décidé de me séparer de lui... La voie des Jedis et la voie des Siths ne me convenant pas, je ne savais pas où aller ni ce que j'allais devenir. Mais j'ai fini par venir à lui... par le rencontrer... Atheras. »

A nouveau Halussius marqua une pause, ne faisant ainsi qu'amplifier le mystère de ses propos.

 « C'est l'être pensant le plus sage et le plus puissant que je n'avais jamais rencontré. Sa connaissance et sa compréhension de notre univers étaient sans commune mesure... mais ce n'était rien en comparaison de sa connaissance de la Force. »

Il se tourna un instant vers Velvet et reprit/

 « Imaginez un instant que la Force avec laquelle nous sommes liée et qui parcours tout l'univers se concentre... et se matérialise physiquement... en une entité consciente. C'est comme si vous parliez à l'Univers. C'est en suivant ses enseignements que je suis celui qui se trouve à côté de vous en ce moment. Il a non seulement répondu à mes questions les plus profondes, mais il a ouvert mon esprit à une compréhension bien plus grande et profonde de la Force quant à sa nature réelle et au lien qui nous unie à elle.

Le visage d'Halussius se teinta alors d'une sorte de mélancolie ou d'une triste exaltation lorsque ses yeux se posèrent à nouveau sur la voûte céleste.

 « Si vous aviez vu ce que j'ai vu là-bas, la vie que j'ai vécu... tous ces prodiges... cette proximité avec la Force... Lorsque je me suis joint à vous tout à l'heure vous disiez lutter pour ne pas vous abandonner complètement à la Force... mais vivre sur le monde d'Artheras, c'était comme vivre « au sein » de la Force... faire pleinement partie d'elle... »

Bien qu'il ne soit plus en mesure de se rendre sur le monde en question, Anoth, Halussius en gardait un parfait souvenir et s'était fait à l'idée de ne plus jamais ressentir de telles impressions. Une idée qu'il accueillait avec de la nostalgie mais aussi avec une grande sérénité...

Il était entré en vérité dans le vif du sujet avancé par Velvet. Il se doutait qu'elle souhaiterai creuser d'avantage sous les strates dévoilées par Halussius, quand bien même le non-jedi savait que cela pourrait être déconcertant et troublant pour elle.
Darth Velvet
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Je l’écoute sans l’interrompre, laissant sa voix et ses mots m’infuser. Parfois, lorsqu’il s’accorde une légère pause dans la rythmique de son récit, je porte à mes lèvres ma tasse, ou opine légèrement de la tête lui accordant toute mon attention. Et si je ne dis rien, c’est pour mieux réfléchir aux flots d’information qu’il me délivre.

« Je crois comprendre votre refus de la voie des Jedis, et de celle des Siths. »

Le pouvoir. Avec une vision restrictive, je crois pouvoir dire que les jedis ne manquent pas de cette volonté. Oh bien sûr, ils diraient que leur quête du pouvoir n’en est pas une, qu’ils ne cherchent qu’à préserver l’harmonie et la paix et réduire à néant la menace de l’Obscurité, et que, fondamentalement ils sont très différents de ceux qui s’abandonnent à son Ombre. Mais n’est-ce pas se fourvoyer ? Cette volonté à vaincre les siths, les conduit inévitablement sur les mêmes chemins que ceux qu’ils méprisent, pour des raisons différentes, certes, mais si l’objectif diffère, la quête, au fond, demeure identique. Les jedis le font pour l’équilibre et la paix, les siths par ambition et domination, Halussius par curiosité et moi… simplement pour survivre et préserver les miens.

« Hmmm, j’avoue avoir un peu de mal à le concevoir, Halussius. Je dois manquer d’imagination, probablement, mais je crois deviner aux expressions de votre visage et à l’éclat de vos yeux, combien ce monde et combien cette rencontre vous sont chères. »

Il y a comme un linceul de tristesse voilant ses traits, posé sur ses épaules légèrement voutées. Un instant, je laisse le silence s’installer, n’osant le briser par mes questions malvenues. Aussi, mes lèvres demeurent scellées, mon regard glissant de lui vers les étoiles. Je ne sais pas combien de temps, nous restons là, simplement, à coté l’un de l’autre sans qu’un mot soit partagé, avant que ma voix perce la nuit, de velours et d’une pointe de compassion.

« J’imagine, que c’est sur cette planète et en compagnie de Artheras que vous avez appris cette étrange maitrise de La Force… Je crois que j’aurais aimé pourvoir sentir ce que vous décrivez, le ressentir dans chaque fibre de mon être. »

Je laisse un sourire vagabonder sur mon visage avant qu’il ne s’étiole.

« Mais Halussius… qu’est-il arrivé que vous soyez contraint de vous arracher à cette vie ? Je me trompe peut-être mais je lis du regret dans vos yeux et de la peine dans votre aura. Si… » commençais je, devenant légèrement hésitante sous mon manque de tact « …vous ne voulez rien m’en dire, ne vous sentez pas obligé. Comme vous l’avez si justement dis, nous ne sommes pas amis, il y a quelques temps, et je comprendrais votre refus.»]
Halussius Arnor
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En d'autres circonstances, la curiosité de Velvet aurait dérangé Halussius au point où il aurait détrouné la conversation faute de l'interrompre et de quitter les lieux. Mais les choses était différente avec elle. Il n'éprouvait certes pas les même sentiments qu'envers Alyria, qui occupait toujours une amitié particulière dans son cœur, mais force et de constater que son instinct lui renvoyait des échos positifs concernant la non-Sith.

Comment Velvet pourrait ne serait-ce qu'appréhender les sensations qu'il avait pu ressentir lorsqu'il était sur la planète d'Atheras... Il s'agissait là d'une expérience tout aussi unique que singulière.


*Peut être que...*

De manière involontaire, son esprit fouillait en lui même afin de palier à cette difficulté de compréhension de la jeune femme. Il avait démontré précédemment qu'il pouvait maîtriser et duper l'esprit des individus avec une redoutable efficacité. La chose serait simple de reproduire le phénomène afin que Velvet puisse voir et ressentir à travers lui... Mais cette solution ne trouvait guère la faveur de l'ancien-Jedi. Deux esprits aussi forts que les leur... il y avait trop de risque que cela dérive comme la dernière fois. Une solution autre venait de lui venir à l'esprit...

Velvet n'avait pas totalement terminé ces derniers propos qu'Halussius ferma un instant les yeux afin d'affiner sa concentration. La Force était tout autour de lui à la manière de centaines de millions de fils lumineux, formant une toile d'énergie complexe, dont il n'avait qu'a effleurer la surface d'un seul pour satisfaire sa volonté. Pour ne pas interrompre Velvet, Halussius, qui n'avait cependant rien loupé de ses propos, prononça quelques choses dans sa tête.


*...Olor hala... *

Cela prit quelques secondes, mais la Force qui s'était concentrée autour dans la personne d'Halussius se diffusa et s'anime paisiblement tout autour d'eux. Alors que Velvet venait de finir de parler en tentant de satisfaire une nouvelle fois sa curiosité, son visage commença à être illuminé par une douce lueur dorée...

Le sol duveteux sur lequel ils étaient tranquillement assis c'était mu en en sol étincelant à la fois translucide et plein de lumières divers. Au dessus d'eux, le ciel noir tacheté d'étoiles était devenu d'un bleu vif et parsemé de fins traits nuageux. Un léger vent caressait même leur visage tandis que les rayons du soleil qui venait d’apparaître tempérait l'endroit de leur douce chaleur. Ré-ouvrant les yeux, Halussius esquissa un sourire. Il ne regardait pas Velvet pour le moment... il était pour le moment trop heureux, non pas d'avoir réussi sa technique, mais de revoir la cité de Praxis autrement que dans son esprit.


 « Peut être cela aidera un peu à votre compréhension... »

Halussius était en train de s'adonner à un type particulier de projection astrale comme certains utilisateurs de la Force savent le faire. Là où la projection astrale matérialisait l'esprit de son utilisateur son une forme spectrale de son corps, Halussius lui projetait ses pensées de manière immersive, comme si un écran les entourait et les enveloppait totalement. C'est pourquoi tout en étant encore assis tous les deux à côté de leur campement, les deux forceux ne voyait rien d'autre que le décor d'Anoth. La projection chimérique...

Musique d'ambiance :

Devant eux, en lieu et place des plaines de Boz Pity se dressait l'imposante citadelle d'Orca au milieu de l'urbanisme végétal de la cité de Praxis. Alors qu'ils étaient seuls jusqu’ici, d'autres personnes finirent par apparaître sous formes spectrales relativement complètes.

 « Comme vous le voyez, je n'étais pas seul en compagnie d'Atheras... »

Les gens autour d'eux vaquaient à leur occupation, comme s'ils n'étaient pas là. A un moment, des enfants en train de jouer à courir les uns après les autres les traversèrent littéralement.

 « Rassurez-vous, je ne me suis pas lié à votre esprit à nouveau. Je ne me le serait pas permis. J'utilise ce que l'on appelle la projection chimérique qui permet à la Force de plier à sa volonté les éléments composant la lumière naturelle afin de générer et reproduire les images de notre esprit. »

Comme une ombre se mouvant à la faveur du vent, le décor se changea. Velvet et lui n'était plus dans les rues de Praxis mais à l'intérieur de la citadelle, au milieu des disciples d'Atheras en train de s'exercer à la manipulation de la Force selon son enseignement. Certains disciples arrivaient à plier la roche comme on plie de la mousse. D'autres planaient et se déplaçaient littéralement dans les airs sans artifices d'aucunes sortes. Il y avait aussi ce disciple qui se trouvait juste en dessous d'une formation orageuse et qui faisait tomber la foudre à loisir sur des rochers précis. Les exemples étaient nombreux et Vevlet pouvait les voir et les ressentir comme si elle y était. Non loin d'eux, un disciple semblait apparaître et disparaître à volonté. A chaque fois il se matérialisait à un endroit différent en un battement de cil.

Musique d'ambiance :

Jugeant qu'il en avait assez montré, Halussius fit changer le décor autour d'eux pour entrer dans le vif du sujet. Fermant à nouveau les yeux, il usa de la Force afin d’accentuer l'effet immersif de sa projection. Velvet et lui sr trouvait à présent dans une immense caverne ouvragée, juste devant une forme cristalline monumentale. Halussius s'efforçait de recréer au mieux l'effet qu'il ressentait en la présence directe d'Atheras, manipulant la Force avec précision.

 « Atheras... »

C'est ainsi que Velvet ressentir comme une chaleur agréable et apaisante dans tout son être. De même, la lumière émanant d'Atheras était vive mais pas violente et ne heurtait en rien les pupilles même les plus sensibles. Les sensations qu'Halussius était en train de recréer étaient cependant loin de la réalité. Cette technique bien qu'extra-ordinaire, souffrait de limites qu'Halussius venait d'atteindre. Le seul autre moyen d'obtenir pour elle un ressenti complet était de lier son esprit au sien.

C'est alors que la lumière émise commença tout doucement à perdre en intensité...


 « Atheras était un être exceptionnel, d'une puissance redoutable, d'une sagesse infinie mais il n'était pas fait pour rester dans notre univers... Il réussissait à vivre survivre sous cette forme de cristal, mais ce n'était que temporaire. Il déclinait peu à peu au fil des siècles...

Ce monde magnifique était stérile avant qu'Atheras ne lui donne vie par sa présence... une fois qu'il aura disparut, la planète s'éteindra et avec elle, tout ce qu'il a réalisé. C'est pourquoi, ils nous a envoyés.»


Quatre silhouettes vaporeuses se matérialisèrent autour d'eux, contrairement aux autres apparitions, celle-ci n'étaient pas très précise dans le sens où l'on n'arrivait à distinguer que leur silhouette.

 « L'enseignement d'Atheras, ce que nous savons, ce que nous avons appris, tout cela doit survivre à sa disparition. C'est la tâche qui nous à été confiés... Et pour être certains que personnes d'autres ne viendrait sur ce monde condamné, Atheras a effacé de nos mémoires la localisation de son monde, ne nous laissant que nos souvenirs... »
Darth Velvet
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« Oh… Halussius… »

Je me redresse lentement, tournant sur moi-même pour apprécier l’ensemble du panorama. Et sous ce soleil factice dont les rayons chauffent agréablement ma peau, sous cette brise gorgée des arômes inconnus d’un autre monde, je lève ma main, doucement, comme pour appréhender du bout des doigts la réalité de cette chimère.

« C’est… »

Y’a-t-il de mots suffisamment forts pour que je décrive le sentiment qui m’assaille ? J’ignore comment il renvoie le réalisme de cette illusion, mais emprisonnée dans sa toile de songes et de souvenirs, je ne peux que suivre son voyage, m’emplissant de ces émotions, de ces détails qu’il insuffle avec tant de véracité que je pourrais m’imaginer arpentant ces rues en sa compagnie.

« Je ne crains pas de lier à nouveau mon esprit au vôtre. Vous m’avez surprise la dernière fois, c’est une chose qui n’arrivera plus, d’autant que j’ai renforcé mes barrières mentales » ponctuais-je d’un léger sourire en commissure de mes lèvres tout en buvant d’un regard intrigué les ombres mentales des disciples sous l’entrainement.

J’aurais aimé observer encore un peu, le ballet des katas, et les prouesses de ces élèves, mais c’est ailleurs que mon guide me conduit.

« Artheras… »

Je ferme les yeux goutant à la quiétude qui m’envahit, me délectant de cette énergie qui électrise ma peau, apaise le tourment de mon âme, m’enlace de ses bras éthérés et tendres. Je laisse cette sensation conquérir chaque atome de mon corps, et se lover au creux de mon cœur, comme un nid accueille la présence nouvelle d’un œuf… d’un espoir. Et malgré la limite de la projection astrale, bien qu’Halussius ne me transmet que partiellement ce qui fut ou est la présence d’Artharas, le désir d’un jour, jouir de son essence m’assaille, bien qu’il s’agisse là que d’un rêve , une illusion, une impossibilité… Mon sourire s’étiole et mes paupières s’ouvrent lentement, dégrisées peut-être.

« Je crois que je comprends. Et une part de moi, vous envie d’avoir découvert cet endroit, cet être… Une part seulement, parce que vos épaules portent un bien lourd fardeau. Etre le détenteur et le gardien d’un tel savoir fait de votre destinée ou de votre avenir, un chemin tortueux… «

J’expire longuement me resservant du thé, tout en demeurant silencieuse, inaccessible, drapée dans mes pensées comme certains se retranchent derrière les murs d’une forteresse. Oh, je n’envie pas ce qu’Artheras a fait d’Halussius, un homme seul, au devoir, à la mission si importante qu’il ne doit ou ne peut faillir. Et, sous l’obscurité recouvrée de la nuit, sous le ciel de Boz Pity, j’éprouve une pointe de compassion pour ce non-jedi, la cruauté de sa perte, pour cette quête qu’il porte en étendard, pour cette solitude qui étreint chacun de ses pas. Il y a dans son vide, l’écho de sa détermination, mais la volonté seule ne suffit pas, quel qu’en soit l’objectif. La solitude est un frein. Je m’interroge sur ce qu’il a vu en moi, pour m’offrir la possibilité d’effleurer du bout des doigts toute cette connaissance… une âme sœur, ou peut-être un schéma dont ni lui, ni moi ne comprenons les rouages.

« Je crois Halussius que je ne suis pas celle à qui est dévolue ce que vous avez appris auprès d’Artheras. Croyez bien que j’en suis curieuse, et que j’aimerai découvrir ce que vous avez-vous-même découvert, cependant, je pense que je ne suis qu’un vecteur. Vous avez vu les enfants ? Eux, ils sont l’avenir, le futur et la promesse de lendemains meilleurs pour ceux qui comme nous se sont dévoyés des chemins qu’on leur offrait. Lorsque j’ai créé cet endroit, ce refuge, je voulais offrir une autre alternative, un autre chemin à ceux que l’on contraint sur une voie qui n’est pas la leur et surtout un endroit où se dissimuler. Aux yeux de l’Empire. Aux yeux de l’Ordre Jedi. Aux yeux de ceux qui profiteraient de nos dons. Mais il est ardu de s’éloigner des sentiers battus, d’emprunter d’autres routes, et surtout de l’enseigner à ces enfants. Peut-être parce que je suis issue de plusieurs dogmes, et que ma façon de voir le monde a évoluée, au fil des ans, des expériences, des rencontres. Mais si l’on se forge aux feux des épreuves, elles n’ont pas besoin de marquer leur chair tendre plus durement qu’elles ne l’ont déjà, parfois, fait. J’imagines.. que je ne saurais pas comment leur enseigner ce que j’ai appris, et en cela, probablement ai-je fauter. Ne dit-on pas que l’enfer se pave des meilleures intentions, et Boz Pity n’est peut être qu’une erreur de plus. Mon erreur ou mon inachevé. Mais vous Halussius, vous avez cette connaissance. Peut-être diverge-t-elle de ce que je ressens, peut-être n’est-elle pas parfaite dans sa sémantique, mais elle aborde la Force sous un autre angle, ni celui des siths, ni celui des jedis. Je crois… que vous devriez l’enseigner aux enfants. A tous les enfants d’ici, sans distinction, parce que de l’incompréhension, né la dissension puis la jalousie, la haine et le rejet. »

Lentement, je porte ma tasse à mes lèvres, mesurant, une fois les mots retombés entre nous, toute la portée de ma proposition. Une nouvelle voie, une nouvelle façon d’appréhender la Force loin de cette fracture entre bien ou mal dont se targuent les jedis comme les siths.

« Vous savez Halussius, peut-être que ce que vous avez lu en moi, au final, n’est rien d’autre que la résonnance de vos croyances en la Force… je veux dire l’aspect indissociable, ambivalent entre la Lumière et l’Ombre. Rien n’est Noir, rien n’est blanc, tout n’est que nuances de gris… comme nos auras sont d’argent, de clair et d’obscur…»
Halussius Arnor
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Un chemin tortueux... Entendre ces mots prononcer par Velvet mit Halussius comme devant ce qui était devenu subitement une évidence. Il ne s'était jamais posé la question de savoir quelle difficulté l'accomplissement de sa mission représentait. La question se présenta dans son esprit tandis que la projection chimérique se dissipait telle une brume soufflée par une brise légère, sans qu'il ne puisse en donner une réponse. Il resta l'espace de quelques secondes silencieux, non pas qu'il éprouvait du doute, mais réalisait l'ampleur de la tâche.

Son godet de thé était vide, mais il ne ressentait pas le besoin de le remplir à nouveau. Il avait écouté avec attention les propos de Velvet en la regardant, sans jamais détourner son regard, ni sans jamais cligner des yeux.


 « Je ne vois aucune erreur dans ce que vous avez accompli. Lorsque je regarde ce campement, ces gens, ces familles, utilisateurs de la Force ou non, je ne vois là que le futur. Vous dites ne pas être dévolue au savoir d'Atheras... Peut être. Pourtant, vous avez engagez les choses d'une manière similaire à lui...

Les premières disciples d'Atheras étaient des Jedis et des Siths, tous différents et pourtant ayant tous cette même prédisposition qui leur faisait comprendre que les voies de leur Ordre respectif ne leur convenaient pas. Ce n'étaient pas des novices loin de là. Pratiquement tous étaient des maîtres ou des seigneurs. Pourtant, ils ont ouverts leurs esprits et leurs cœurs et ont réussis à assimiler ce savoir totalement inédit.

Vous n'êtes qu'au début de cette nouvelle aventure que vous avez initié en créant ici ce refuge. Ne soyez pas trop prompte à vous accabler. On ne peut qualifier d'inachevé quelque chose qui est encore en construction. »


Tout en là regardant, Halussisu cherchait à partager avec elle ce petit sourire complice et réconfortant qui venait de se dessiner sur ses lèvres. Cette fois, le moment était venu pour lui de se resservir du thé. Portant le godet fumant à ses lèvres, il reprit

 « Vous avez votre rôle à jouer dans tout ceci, Dame Velvet. Cela a commencé lorsque vous avez vous attirer et convaincre tout ce monde là. Personnellement, je ne sais pas comment je m'y serait pris pour réaliser ce que vous avez accompli. Lorsque nous étions sur la station Gul'Sar, je vous ai dis que je ne savais pas pourquoi je vous avait choisi vous, pourquoi je me proposais de vous rejoindre alors que je ne savais pas qui vous étiez, ni même que ce refuge existait, mais mon intuition me disait qu'il fallait que je m'allie à vous.

Ma connaissance de la Force est grande, beaucoup plus grande que lorsque j'étais Chevalier Jedi, mais aussi grande soit elle et que quoi je fasse pour l'approfondir encore, il y a des choses que jamais je ne pourrais comprendre, et que personnes ne pourra jamais comprendre. La Force n'est pas un élément naturel de notre univers, du fait même que cette énergie est native d'une autre dimension, nous ne pourrons jamais l'appréhender totalement. Il y aura toujours des choses qui nous échapperont tout comme le fait que nos auras se soient rencontrer à un moment précis et se soient liées. La Force transcende le temps et l'espace mais elle agit aussi sur des forces dont nous ignorons l'existence et qui permettent ce que certains appellent le hasard ou la providence.

Oui, vous êtes un vecteur... Mais ne sous estimez pas l'importance de ce rôle et il ne tient qu'à vous de jouer un autre rôle. Je ne dis pas que ce sera facile, loin de là, mais vous pouvez assimiler cet enseignement que je détiens... »


Les mots étaient pesés et le ton qu'employait Halussius était choisit de telle manière à ce que Velvet considère le sérieux de ces propos ainsi que sa conviction.

A cet instant, l'esprit d'Halussius se focalisa sur les autres disciples partageant la même mission que lui. Il ignorait où ils se trouvaient, s'ils étaient même encore en vie ou même s'il les reverraient un jour. D'une certaine manière, il se disait qu'il n'était pas tout à fait seul et grâce à cela il arrivait à prendre du recul et à relativiser l'immensité de la tâche qui lui était confiée. Prenant une nouvelle gorgée de thé, Halussius laissa ensuite échappé un petit soupire amusé.


 « Enseigner à des enfants... Je ne m'étais jamais imaginé dans ce rôle, je l'avoue. Même lorsque j'étais Chevalier, je n'envisageait pas d'avoir un jour un padawan. Tenir en haleine et faire en sorte que son discours soit compréhensible pour leur jeune esprit... En voilà un réel défi ! Pourquoi pas... Mais il faudra sûrement convaincre les parents, non ? »

Aussitôt dans son esprit apparut un souvenir du temps de ses fonctions à la tête de la République... Cette classe d'élèves du niveau élémentaire qui faisait la visite du Sénat. Cela n'avait duré que quelques dizaines de minutes tout au plus, mais il se souvenait de chacun de ces regards curieux et émerveillés lorsqu'il leur fit visiter en personne cet immense espace qui lui servait de bureau. Il se souvenait aussi du plaisir que cela lui avait procuré non seulement de répondre à leurs questions mais encore plus de pouvoir lire ce regard si particulier que prend un enfant lorsqu'on s'intéresse à lui et qu'on étanche sa curiosité.
Darth Velvet
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« C’est un joli compliment, lorsqu’on devine le respect que vous vouez à Artheras. »

Je souris légèrement, abandonnant ma tasse vide pour me couler dans la végétation, dos contre la terre ferme, enlacée du frôlement versatile des herbes, les yeux rivés sur le ciel d’encre. J’inspire doucement, suivant le balancement des graminées contre mon corps.

« Vous avez raison… ce n’est qu’un début et pourtant, parfois, j’ai le sentiment d’avoir eu les yeux plus gros que le ventre, de douter de la pertinence de mes décisions, de mes actions. Comme je le disais à un ami très proche, il y a peu, c’est toujours plus simple de jouer les cavaliers solitaires sillonnant l’Univers soumis à sa seule volonté. On attend rien de vous et vos erreurs n’impactent que vous-même… avoir à sa charge d’autres âmes… ce n’est plus jouer avec les mêmes cartes. La responsabilité de vos actions repose sur vos épaules mais vous n’êtes plus le seul à en subir les conséquences. Vous savez, Halussius, je n’ai pas eu à convaincre qui que ce soit. Chacune des personnes ici, avec son histoire, son passé, est venue me trouver parce qu’elle recherchait un endroit où elle pourrait vivre en paix, sans se soumettre à la dictature d’un ordre politique ou idéologique. Et moi, je leur ai garantie un havre où elles pourraient jouir de cette liberté, sans se perdre, sans perdre leurs enfants…. Je n’ai aucun mérite, parce que d’une certaine façon, je n’ai fait que leur vendre un rêve, le mien. Et encore est-il inachevé dans sa forme… Alors… je ne crois pas que je sous-estime mon rôle, simplement, je ne peux m’ériger en même temps en gardienne, protectrice, en pionnière… et être davantage qu’un vecteur pour vous et votre mission. C’est trop pour une seule femme. »

Je laisse, un instant, mon esprit vagabonder sur les innombrables problèmes qu’il me faut urgemment résoudre, la lune éclairant d’une lueur diaphane, mon profil préoccupé. C’est amusant, pourtant, inlassablement mes pensées se retournent vers ces enseignements qu’il garde précieusement, et, je souris aux étoiles, légèrement, de cette curiosité qui me chatouille insidieusement.

« Mais… j’avoue que je pourrais me laisser tenter … et vous demander de m’enseigner lorsque les événements et le processus de notre installation ici ne requerront pas mon attention complète. Enfin, seulement si vous cessez de me donner du Dame, Halussius ! » concluais-je d’un rire.

Je le laisse cascader entre nous, avant de me redresser légèrement sur mes coudes. Il est là, tenant sous le clair de lune, sa tasse encore fumante, et je le dévisage longuement comme pour boire ses traits, cette sérénité qui irradie de lui, de cette assurance peut-être aussi, dont je manque cruellement.

« Les enfants doivent apprendre, qu’ils soient ou non sensible à la Force. Ceux qui ne le sont pas, doivent apprendre à la connaitre, parce que de l’incompréhension découle systématiquement la méfiance, puis la peur avant de muer en haine. Quant à ceux qui ont cette sensibilité, il est nécessaire qu’il la canalise. Leurs parents en sont parfaitement conscients. Mais vous serez peut-être surpris qu’il n’y ait probablement pas uniquement des enfants à ces cours. Certains nous ayant rejoints ceux sont échappés d’un réseau d’esclavagistes, et bien qu’ayant une affinité avec la Force, ignorent ce qu’Elle est, ou comment puiser à sa Source. »

Je marque une pause et reprend après m’être, à nouveau, lovée dans mon lit d’herbes.

« Je crois que c’est un rôle qui vous irait bien. Vous savez capter un auditoire, du moins vous saviez le faire, au Senat, et les enfants de Boz Pity, s’ils sont curieux, sont aussi beaucoup moins retors qu’une assemblée de politiciens ambitieux. Si vous le souhaitez … nous pourrions voir ensemble quoi et comment enseigner, nous devrions peut-être même envisager de débuter les cours sur la méditation et la Force ensemble… Je pensais qu’il serait judicieux de le proposer à tous, de n’ajouter qu’un cours d’apprentissage pratique à ceux qui y sont sensibles, mais que le tronc d’enseignement sur la méditation, la compréhension, le renforcement du corps soit commun à tous. »

Halussius Arnor
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Les derniers gouttes de thé venaient d'être absorbée par Halussius. Sa tasse était vide. Il se savait difficilement raisonnable lorsqu'il était question de déguster cette boisson. Il pouvait en boire des litres sans que cela ne lui procure du dégoût ou de la lassitude. Le thé était sans doute la seule chose dans cet univers qui pouvait rendre Halussius irrationnel...

Un instant, il songea à ce qui se passait sur l'instant. Un ancien Jedi et une ancienne Sith, partageant un simple moment de convivialité et devisant d'une manière tout aussi simple. Une chose impensable au regard des circonstances ébranlant la galaxie.

« Vous savez capter un auditoire... » Ce remémorant le temps où il siégeait sur la colonne centrale de la Rotonde, Halussius n'allait pas jouer de la fausse modestie, surtout pas à lui même. Velvet disait vrai. Mais argumenter et plaider fasse à des sénateurs et une toute autre chose que d'enseigner à des enfants, jeunes ou moins jeunes, de capter leur attention, de l'entretenir et de la satisfaire. Il ne savait pas quoi en penser, mais il serait mal honnête d'affirmer que l'idée déplaisait à Halussius... Laissant ses songes où ils étaient, Halussius répondit à Velvet tout en s'allongeant paisiblement sur l'herbe grasse.


 « C'est un sujet auquel vous semblez avoir déjà bien réfléchi. »

Il marqua une pause, comme s'il hésitait sur la suite à apporter à ses propos. Mais il n'en était rien...

 « La citadelle d'Orca était extraordinaire à bien des égards... mais le plus intéressant, c'était que l'on pouvait y trouver aussi bien des êtres sensibles à la Force que non sensibles, chacun occupant des responsabilités diverses indépendamment du fait que la Force soi avec eux ou non.

C'était la même chose pour l'éducation des enfants... Tous les enfants suivaient le même enseignement à ceci près que ceux sensibles à la Force suivaient des enseignements supplémentaires pour apprendre à la maîtriser, des cours pratiques. Mais la théorie était suivie par tous... »


Le ton d'Halussius oscillait entre neutralité et nostalgie... Mais il finit par regarder Velvet dans les yeux.

 « En vous entendant parler ainsi... Je sais que je ne me trompe pas à votre sujet... La Force est puissante en vous, mais ce n'est pas elle qui fait de vous ce que vous êtes. Vous êtes plus forte que vous ne le soupçonner, à la fois dans votre détermination et... dans votre cœur. Je vous aiderai à le découvrir, Velyriana. »

Le véritable nom de Darth Velvet... Il s'agissait là d'une information résiduelle perçue lors de leur confrontation sur la station spatiale. Il ne savait pas comment la chose serait prise par l'intéressée et à dire vrai, il ne s'en souciais guère. Cela lui était venue spontanément, comme s'il connaissait Velvet depuis des années.

 « J'avoue que je me questionne seulement maintenant, mais... Est ce qu'il y a déjà des enseignants dans le camps et qui s'occupent des enfants ? »
Darth Velvet
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Pourquoi faut-il qu’il invoque les spectres de mon passé ? Je ne suis plus Velyriana depuis l’instant où mes poignets furent gravés des fers de la servitude, depuis l’instant ou mon Maitre et amant, ou mon Ordre m’a abandonnée, oubliée et déclarée morte alors qu’on jouissait de mon corps martyrisé, alors que j’apprenais le goût de l’innocence bafouée et l’amertume de la déchéance. Ne plus s’appartenir. Ne plus sentir sur sa peau que le contact avilissant et écœurant de mains vicieuses, indésirables sans pouvoir échapper à leur insanité. Oh oui, Velyriana est morte ce jour-là, et tous les jours qui suivirent davantage encore. A chaque graine d’espoir distillée dans de vains souhaits mort-nés, à chaque morsure de lame supplémentaire, à chaque viol… jusqu’à ce qu’il n’en reste plus rien… Je ne suis pas Vélyriana, et si elle fut moi, autrefois, je ne suis plus elle, aujourd’hui.  Je refuse qu’il m’appelle ainsi, qu’il m’ampute de celle que je suis devenue, de ces épreuves où je me suis forgée à l’encre de mon sang et de mes larmes. C’est tellement facile de me réduire à elle, de me retrancher de cette essence, de cette haine, de cette colère dont je suis issue que pour ne conserver la douceur innocente d’une adolescente énamourée… Trop simple, trop injuste, de taire mon passé par pudeur, ou par ignorance.

« Velvet. Velyriana n’est qu’un spectre du passé, rien d’autre. » crisse ma voix de givre

Non, pas uniquement rien d’autre. Je n’ignore pas qu’en faisant resurgir ce nom de la tombe où je l’avais enfermé, il délivre par inadvertance mes démons, ceux-là même qui se repaissent de mon Obscurité telle une meute affamée. J’inspire lentement, cherchant à dissiper le trouble de mon cœur, l’angoisse enserrant ma poitrine de ses anneaux serrés. Nul doute que mon aura, jusqu’alors chatoyante d’une harmonie partagée se désagrège et s’effrite sous le ressac inexorable de mes ténèbres, la colorant de chaos et d’ébène.

Je me lève brutalement, pour ne pas sombrer, pour ne pas me laisser submerger par la colère induite, comme si le simple fait de marcher pouvait endiguer le flot d’émotions. J’inspire de nouveau profondément, et mon regard chavire, d’un bleu incendie similaire au feu qui court mes veines que je peine à contenir. Mon regard harponne le sien, de braise, de flamme, de colère muselée.

« Ne m’appelez plus jamais comme cela. »

Je devine son désarroi, la pointe de son interrogation comme une lame dans son regard. Peut-être, aurais-je pu parvenir à dissiper toute ma hargne, à me recentrer si j’avais été seule, si j’avais pu libérer sur un exutoire toute cette énergie négative accumulée au creux de mon ventre. Mais là, sous son jugement, je ne parviens à rien. Pourquoi faut-il que cet éclat dans ses prunelles pèse si durement sur moi ? Que je me sente coupable, incapable…idiote.. ? Et comme un ballon de baudruche que l’on percerait, tout s’effondre. Ma colère, ma rancœur, mes souvenirs. Il ne reste rien de toute cette tension entre nous, du crépitement de ma noirceur dans le silence nocturne, du spectre de mes cauchemars. Juste moi, de clair et d’obscur, sensiblement gênée, sous le miroitement des étoiles

« Ça ne fait pas ressortir le meilleur de moi-même. »
Halussius Arnor
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Des fragments... de simples fragments... voilà ce que Halussius avait capté de la mémoire de Velvet. Des informations décousues et sans liens véritables entre elles... Velyriana était son nom jadis, mais Halussius aurait été incapable de savoir que cette simple information renvoyait à un passé douloureux.

Un instant, lorsque Velvet se leva promptement, il fut tenter de répliquer mais décida de s'abstenir lorsqu'il perçu pleinement l'enveloppe harmonique de Velvet se fragmenter et s'effacer doucement mais sûrement. La stupeur le prit lorsqu'elle se retourna vers lui pour lui intimer l'ordre de ne plus jamais employer ce prénom. Que pouvait-il dire... que pouvait-il faire sans envenimer l'instant. Sa maladresse venait de lui faire commettre un impair malheureux

Pourquoi avait-elle réagit si vivement à l'énoncé de ce prénom tel le vent du large changeant précipitamment de direction à l'approche d'une tempête ? Le regard fixait celui de Velvet... Il ne disait rien... Il ne voulait, ni ne pouvait rien dire. Néanmoins, il ne pouvait se résoudre à laisser son aura s'assombrir ainsi. Tout en fixant Velvet, d'une manière douce et discrète, Halussius faisait en sorte d'irradier Velvet dans la Force avec sa propre aura afin de l'apaiser, comme la chaleur d'un feu bienveillant dont les flammes grandissantes éloignent froid et obscurité. Le visage d'Halussius n'exprime aucune expression particulière mais son regard finit par montrer sa bienveillance l'égard de la jeune femme.

Cela fonctionne...

En un instant, tout change ! Bien qu'elle se tienne toujours debout près de lui, Velvet s'effondre intérieurement, sa colère, sa peur sa rage... L'obscurité s'apaise et se renfrogne sous l'effet de ce flux de Force particulier qu'Halussius diffuse autour d'elle. Halussius ose alors bouger légèrement et décide de s'adresser à elle, sentant le moment propice.


 « Cela n'arrivera plus. »

Bien que le calme se faisait sentir. Halusisus percevait encore les échos du tumulte d'émotions qui s'était soudainement emparé de Velvet. Elle n'était pas comme une de ces âmes torturées qu'il avait eut l'occasion de croiser dans le passé. Quoi qu'il ai pu se passer lorsqu'elle portait encore ce prénom, cela l'avait affecté au point de lui arracher une part de son être... que le côté obscur avait réussi à combler sans jamais lui permettre de guérir. L'ancien Jedi prenait soudainement conscience de la fragilité qu'elle masquait si habillement.

Que dire d'autre ? Il le savait parfaitement, mais avant qu'il ne poursuive, son regard se tourna vers le ciel et ses étoiles instinctivement. Il observait... Non... Il contemplait et son regard s'en trouvait soudainement fasciné comme s'il venait enfin de trouver une chose qu'il cherchait depuis longtemps. Baissant son regard vers Vevelt, Halussius se leva et regarda a nouveau le ciel avant de revenir sur elle et de s'approcher.


 « Malgré les responsabilités et les années, je suis toujours aussi maladroit à ce que je vois. Lorsque je veux faire plaisir ou aider, mon cœur est si ardent et sincère que mon esprit s'en trouve déstabilisé... et l'effet souhaité s'en trouve soit terni, soit complètement loupé. C'est un fardeau dont je n'arrive pas à me débarrasser et avec lequel j'ai appris à vivre...

J'essayai de trouver du réconfort pour palier à se manque de confiance en moi qui m'envahissait... C'est dans ces moments là que j'ai commencé à entendre les étoiles chanter... Cela n'arrivait pas souvent mais lorsqu'elles y consentaient alors... »


Tout en finissant ces derniers mots, Halussius tendit sa main vers Velvet, de façon distinguée, comme s'il voulait la conduire quelque part. Tout dans le regard et le ton d'Halussius l'implorait presque de lui faire confiance et de saisir cette main tendue. Après un instant plus ou moins long, leurs mains finirent par se rencontrer... De part se geste si anodin en apparence, Halussius lui offrait l'opportunité de partager un moment rare...

Spoiler:

 « Les entendez vous ? »

Peu à peu, l'aura d'Halussius était en train d'envelopper Velvet... A mesure que le phénomène se réalisait, le chant des étoiles se faisait entendre au milieu du bruit de l'immensité profonde de l'univers, comme un tel un vent soufflant dans le creuset infini d'une abyme... Cette voix claire et douce, à la fois mélancolique, joyeuse et profonde... Halussius l'entendait seulement à nouveau pour la première fois depuis des années... Son corps tout entier tremblait de cette émotion bouleversante qui l'envahissait. Face a une si grande merveille, l'homme qu'il était se trouvait aussi petit qu'un enfant, aussi insignifiant qu'une poussière et empreint d'une réelle humilité... Autant de choses que Velvet pouvait percevoir de lui pleinement à présent qu'elle se trouvait dans son aura.
Darth Velvet
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Je croise les bras sous a poitrine, refermant leur cercle protecteur autour de moi, comme l’on cerne de remparts inexpugnables, les crénelés d’une forteresse en friche. Et, de cette crise entre nous, il ne reste rien hormis, peut-être, une légère plissure amère à la commissure de mes lèvres, et le crépitement résiduel de mon obscurité dans l’iris igné de mes prunelles. De nouveau, mon visage revêt ce heaume de glace, de jade, telle une miséricorde impassible glissée sur mon front, et mon regard se fend vers cette main tendue entre nous. Elle est une passerelle, l’empreinte d’une réconciliation muette sur le champ de nos incompréhensions mutuelles, sur les vestiges de cette querelle mort-née. Et pourtant, je n’ose déposer aux creux de ces doigts, les mien. Un geste anodin pour tout autre que moi et pourtant si difficile me concernant. 
 
« Et malgré les années … je suis, moi, prompte à me laisser dominer par les spectres d’antan… Il faut croire que le temps ne sait pallier à toutes nos déficiences… » murmurais-je, plus pour moi que pour lui. 
 
J’inspire doucement, profondément, rassemblant un peu de courage, un peu d’audace en mon cœur, pour élever ma main jusqu’à la sienne, enlacer mes doigts aux siens. Peau contre peau. Chaleur contre chaleur. Je frissonne sous cette nuit étoilée, innocente des émotions qui m’assaillent inévitablement à cet effleurement consenti. Pourtant ce n’est ni la colère, ni la haine ou le dégout qui prédominent le flot sauvage de mes pensées, mais un sentiment de confusion et de gêne. 
 
« Les entendez-vous ? » 
 
Mes yeux s’arrondissent sous la note vibrante d’une mélopé imperceptible. Comme les battements d’un cœur lointain. Comme l’écho persistant d’une voix. A mesure que le temps s’écoule, que les secondes se succèdent inexorablement les unes aux autres, le chant se révèle. Plus présent. Plus intense. Plus poignant. Plus transcendant. Ce n’est pas juste une musique céleste, de celles qui finissent inévitablement par se ternir sous l’érosion du temps, mais l’une de celles qui vous envahissent, pulsent à l’unisson de vos veines, embrasent votre âme entière dans une flambée d’étincelles. Je frémis en miroir d’Halussius, m’abandonnant un instant, les yeux clos, à cette sérénade mélancolique. 
 
« Oui.. » 
 
Superflu… pourtant ma voix rompt légèrement le charme, suffisamment pour que je m’absous des émotions soulevées par cette mélopée, que je me retranche des sensations qu’elle ouvre en moi. Ma main se retire de celle du non-jedi, presque avec réticence, demeurant suspendue au-dessus de sa paume, indécise, un long moment. 
 
« Merci… » 
 
Je me tais, me refusant à mutiler davantage cet instant et la réminiscence du chant stellaire encore vivace dans mon esprit. Alors, doucement, je me réinstalle contre la roche, entre les herbes duveteuses, infusée du bruit et des odeurs de la nuit, encore parcourue du frisson libéré par les étoiles.
Halussius Arnor
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Aucune nouvelle maladresse ne venait d'être commise. Le bras amical d'Halussius se repliait le long de son corps paisible alors qu'il regardait Darth Velvet s'éloigner et s'asseoir à sa précédente place, opérant ainsi une retraite maîtrisée, comme pour se replier sur elle même.

Halussius l'avais pré-sentis dés leur affrontement sur la station. La personnalité de le jeune femme semblait plus beaucoup plus complexe qu'il n'y paraissait. Ce genre de complexité inhérente aux êtres qui, très top dans leur vie, eurent à essuyer des épreuves d'une dureté et d'une gravité incommensurable.

En vérité, entendre le chant des étoiles pouvaient avoir cet effet bouleversant sur qui l'entendait pour la première fois. L'intensité, la profondeur mais surtout l'absolue infinité sur laquelle cette douce sérénade ouvrait... chacun réagissait à sa mesure en vérité. Il n'était encore qu'un adolescent en passe de devenir un jeune adulte lorsque son esprit s'ouvrit suffisamment pour entendre le chant. Il en avait été transporté d'admiration et de crainte... Il se souvint encore qu'a mesure que la mélodie lui parvenait, son corps frêle et son esprit tressaillaient de concert. Ses larmes, il n'avait put les retenir ce jour là tant il se sentait petit et empreint d'une humilité dévorante face à l'immensité de l'Univers qu'il percevait à mesure que la mélodie lui venait.

Alors que le spectacle lyrique touchait à sa fin et que la mélodie se dissipait peu à peu, Halussis à son tour se remis assis. Mais contrairement à précédemment, il se mit assis en face de Velvet en se tenant d'une posture noble et posant sur elle ce regard toujours aussi bienveillant.


 « Je n'avais que dix-sept ans lorsque je l'ai perçu pour la première fois... A cet âge, nous sommes encore suffisamment « nouveau » pour que nos émotions ne nous bouleverses pas outre mesure mais paradoxalement déjà « trop ancien » pour éviter qu'elles ne nous fasses tressaillirent. »

Tout au long du moment où Velvet avait posé sa main sur la sienne, Halussius avait perçu pleinement les émotions qui avait parcourut sa partenaire d'aventure. Aussi bien l'émerveillement que le bouleversement irrésistible poussant comme de manière impérieuse l'ancienne Sith à se retirer.

 « Ce que vous venez de ressentir, cela vous appartient, Velvet... Ne vous fermez pas à vos émotions. Ce chant est bouleversant... il fait resurgir en nous des sensations multiples que notre esprit à associer à des souvenirs tout aussi multiples que divers et... parfois tumultueux.

Ce chant est comme un miroir par lequel la Force nous présente notre propre reflet... parfois agréable, parfois terrifiant, mais ce miroir n'a pas pour but de nous embarrasser, de nous miner ou encore de faire naître en nous une quelconque forme de découragement. Ce miroir est une aide précieuse mise à notre disposition pour que nous puissions nous connaître nous même, pour nous acceptez.... mais aussi pour nous aider à progresser et à évoluer. »


La voix douce et éloquente d'Halussius se stoppa alors à la faveur d'un sourire ample se dessinant sur ses lèvres.

 « Ou bien il s'agit seulement d'un chant cosmique banal et tout rend tout ce que je viens de dire ridicule ! »

Évoquer cette idée faisait sourire, voir presque rire Halussius. Il se rendait parfois compte que la sagesse acquise auprès d'Atheras le faisait parler comme ses anciens précepteurs et mentors du Temple qu'il moquait volontiers gentillement lorsqu'il était padawan et même encore tout jeune chevalier. Et cela au point de leur ressembler... ou bien était-ce là seulement un effet de l'âge et de la maturité l'accompagnant?

Profitant de cette sortie légère apportant une certaine décontraction, Halussius chercha s'il y avait encore du thé en quantité suffisante pour se resservir l'un et l'autre. S'emparant de la réserve, Halussius jaugea à l’œil qu'il restait au mieux une tasse et demi.


 « Je vous ressers ? »
Darth Velvet
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Une brise délicate m’effleure, aile de phalène douce et tiède, balayant la soie noire de ma chevelure. La caresse subtile, est tendre, presque consolante, comme les bras et le baiser d’une mère effacent la tristesse ou les pleurs. Mes paupières se closent sous cette étreinte évanescente et j’inspire longuement l’air parfumé de la nuit, me refusant à ternir le silence bruissant, la réminiscence du chant stellaire de ma voix éraillée par l’émotion. Alors, naturellement, ma tête s’incline et j’acquiesce à sa question demeurée en suspens. Davantage pour m’offrir le répit de quelques secondes, quelques grains volés sur le Sablier du Temps que par désir réel de tremper à nouveau mes lèvres dans ce breuvage.

Tout contre mes doigts, la chaleur du thé se diffuse, brisant l’écrin glacé de ma retraite, morcelant cette minéralité muette où je me réfugiais que pour mieux apaiser le tumulte de mes sentiments.
Lentement, mes yeux se relèvent vers lui, et mon regard se heurte au sien, ambré et chaud.

« Je ne suis pas fermée à mes émotions Halussius. Je refuse simplement qu’elles me submergent. Surtout certaines… extrèmes… Et, je crois que vous avez tort, cette mélodie, ce chant d’Etoiles, n’est pas un miroir de ce que nous sommes. Il est un vif argent qui s’engouffre dans nos plaies, s’infiltre dans les félures de nos âmes, un guérisseur qui assainit les meurtrissures de nos êtres pour finalement tracer dans ses eaux mercuriale, la silhouette de ce que nous pourrions ou devrions être. Du moins se révèle-t-il ainsi, pour moi, mais nous avons tous notre propre sensibilité, notre appréhension de l’Univers, peut-être que les étoiles nous fredonnent ce que notre cœur a besoin d’entendre … »

J’exhale un soupir, et ma main dépose au creux de l’herbe duveteuse, ma tasse intouchée.

« Lorsque je vous ai proposé de venir ici, sur Boz Pity, je vous ai énoncé un certain nombre de règle me concernant… Je me rends compte que je suis demeurée parfaitement vague, peut-être parce qu’il n’est pas dans mes habitudes de me dévoiler plus qu’il ne le faut. Mais peut-être est-ce une erreur de ma part, qui nous conduira fatalement à une incompréhension. »

J’hésite à peine, empruntant le chemin de mes souvenirs en pèlerinage, glissant vers la pente de mes secrets, lui dévoilant cette…, ces faiblesses qu’usuellement je tais. Mais il y a chez cet humain, cette aura chaleureuse de compréhension qui me drape de sa bienveillance, et cette lueur de bonté pénétrante dans l’éclat mordorée de ses prunelles qui me pousse à me confier. Peut-être la Force n’est-elle pas étrangère à la proximité que je ressens, peut-être n’est-ce que l’effet secondaire de la résonnance de nos empruntes dans son flux, et de cette complémentarité entre elles. Ou peut-être ai-je simplement besoin de lui ouvrir mon cœur, non par volonté de compréhension mutuelle, mais pour assouvir un besoin primaire et égoiste.

« Je n’ai pas toujours été une sith… ou une non-sith suivant comment l’on envisage les événements. Lorsque j’étais plus jeune, j’ai été comme vous, une padawan de l’Ordre Jedi. Pas toujours respectueuse des consignes, c’est certain, mais dévouée au Temple. Il y a eu… un événement… particulier… et je me suis retrouvée, arrachée de l’Ordre. J’ai longtemps espéré que l’on me dépêcherait des secours. Lorsque vous avez 18 ans, vous n’envisagez pas une seconde que les vôtres, que ceux qui constituent votre foyer et votre famille, vous laisse moisir dans la situation où vous vous noyez. Mais personne n’est jamais venu… et j’ai choisi de survivre à mes épreuves, choisi de ne pas me laisser abattre, de ne pas mourir. Quel qu’en soit le prix. Ai-je tenu le Temple responsable de ma souffrance, et de ma déchéance ? Oui… très longtemps et aujourd’hui encore j’estime que mon Maitre possédait une autre alternative que de me sacrifier. Mais c’est moi qui ait choisit les ténèbres pour me préserver, pour ne pas m’éteindre, même lorsque la folie me guettait. Si je ne supporte pas les contacts, c’est parce qu’ils sont un écho de mon calvaire. Ils font remonter le pire en moi, ils délivrent mes fantômes, mes démons, mes peurs, mon instinct de survie. Tout contact m’est un rappel si vivace de cette époque que je peine à me contenir. Je ne rejette pas ces années, Halussius, comprenons nous bien, elles m’ont forgées, elles font de moi celle que je suis aujourd’hui. Cependant il est des blessures qu’il vaut mieux ne pas rouvrir par plaisir. Et de même que l’évocation de mon nom attise des souvenirs anciens et mon obscurité, me toucher par surprise délivre ma part d’Ombre et de folie. Alors… je ne bride pas mes émotions Halussius… je les canalise.
Halussius Arnor
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Le thé fumant était resté sur l'herbe grasse, il n'avait pas bougé. Halussius était resté là, interdit à toute forme d'interruption face à Velvet. Il prenait conscience de l'importance et de la rareté du moment. Velvet lui faisait l'honneur de se dévoiler à lui et il ne voulait en rien altérer ce moment de peur qu'elle ne se renfrogne et se mure à nouveau.

Comment ne pas rester insensible à ce qu'elle avait vécu. Et surtout, comment les jedis avaient-ils pu l'abandonner. Halussius réfléchissait et ressassait les souvenirs de sa vie de padawan. Velvet était un peu plus jeune que lui, ils étaient donc tous les deux au Temple en même temps à une certaine période. Peut être même s'étaient ils déjà parlés ou croisés... Mais il n'en trouvait aucun souvenir, même approximatif. Halussius comprenait parfaitement à présent non seulement ses propres maladresses mais aussi les réactions vives de Velvet.


 « Comment ne pas comprendre que l'Obscurité ait pu être un refuge pour vous... lorsque la Lumière vous abandonne... »

Car tel était le cas en le circonstance. L'Ordre Jedi « la Lumière qui éclaire et guide la galaxie » l'avait abandonné. Lui même s'était rangé dans l'Obscurité à la recherche de réponses et pour y trouver une forme de soulagement, mue par le désespoir et l'épuisement.

 « Lorsque je vous écoute, j'entends une jeune femme que la vie à rendue forte par des épreuves qu'elle n’était pas en mesure d'affronter. Un procédé efficace mais brutale car il ne vous laisse pas indemne. Vos épreuves vous ont rendues fortes, Velvet, elles ont alimenté votre Obscurité pendant des années vous permettant ainsi de supporter vos blessures et les épreuves. Mais cela fait aussi paradoxalement votre faiblesse et votre fragilité. »

Le ton d'Halussius envers Velvet était dès plus doux, il modulait sa voix naturellement de manière à ce que ses propos soient perçus comme ce qu'ils étaient, bienveillants.

 « Je l'ai bien vu dans votre regard, lorsque j'ai prononcé votre prénom... J'y ai vu la colère et la fureur qui se dégage en réaction à une blessure profonde. J'aurais prononcé un mot de plus que vous m'auriez foudroyer sur place. L'Obscurité est une protection efficace, mais elle va et elle est en train de vous consumer. Face à votre réaction précédente et à ce que vous venez de me dire, qui canalise qui ? Ou qui croit canaliser quelque chose ? »

Cette fois, Halussius ponctua son propos en prenant sa tasse et en en buvant une gorgée. Il détourna un instant ses yeux de Velvet, comme pour la libérer ou la soulager.

 « Lorsque j'ai décidé de vous rejoindre, je vous ai dis que je vous aiderai. Je ne parlais pas seulement du camp et de cette nouvelle manière d'appréhender la Force. Je parlais aussi de vous.

Je peux vous montrer comment faire en sorte que vos blessures cicatrises réellement pour qu'elles ne se rouvrent jamais. Vous n'oublierez pas votre passé, ni les émotions qui y sont associées, et il ne le faut pas. Les vives émotions que vous ressentez vous contrôlent sans que vous vous en rendiez compte et pourquoi elles vous contrôlent ? Parce que vous les brider inconsciemment, à votre manière.

Accepter ses émotions... les laisser « couler » lorsqu'elles se manifestent... Comme l'eau qui se repend le long de la roche et tombe en cascade... Voilà le moyen de les canaliser, de s'en libérer et de pouvoir s'en servir au mieux. »


Halussius tenait encore sa tasse dans sa main. Dans un mouvement improbable, il leva alors sa tasse et commença à verser le thé brûlant sur son autre main qu'il venait de poser à une vingtaine de centimètre en dessous. Mais au moment de toucher la peau, le liquide fumant dévia de sa course pour remonter littéralement dans le sens inverse. Halussius reposa sa tasse sur l'herbe. Dans son autre main toujours levé à présent entre lui et Velvet, le thé s'animait en une sorte de cascade infinie lévitant au dessus de sa paume.

 « Et vous constaterez que cela vous changera aussi dans la Force »
Darth Velvet
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Je ris. Un instant. D’un rire sans joie, reflet amer de cette tristesse qui m’enlace de ses bras évanescents. Et, sous la frange sombre de mes cils, mon regard s’élève vers lui, embrasse ce visage chaleureux et sa compassion. J’apprécie sa proposition, enfin, je crois. Ou peut-être pas autant que je devrais. Mais cela ne vient pas de lui. Uniquement de moi. De mon appréhension des choses, de ma vision des événements. Lui, il ne veut qu’effacer le doute et la peur logés en mon cœur telle une flèche empoisonnée. Mais m’absoudre de cette douleur, de cette peine, de cette rancœur, de ne ressentir les émotions qui m’animent qu’au travers d’un voile, d’un bouclier ou d’une protection quelconque destinés à en atténuer mes ressentiments, n’est-ce pas une façon d’effacer celle que je suis ? Ne serais-je pas différente de moi-même, parée de mes souvenirs tronqués ? Aurais-je souhaité Refuge sans les gifles que le passé m’infligent encore ? Non.. Non… jouer ce jeu, c’est se perdre ou du moins perdre une part de soi. Et même si ce monceau est de ténèbres et d’ombres, il n’est pas mauvais, il n’est pas aussi néfaste qu’il le croit. Même de la plus grande des peines, de la plus grande des pertes, même du chaos le plus terrible, il peut naitre un espoir en graine. Et puis… mes sacrifices, les stigmates sur ma peau, sont un rappel aux erreurs de mon passé, à la folie entrée dans mon âme comme une sœur salvatrice, mais aussi de la force de ma volonté, de mon courage. S’il les dilue, ce qui fais de moi celle que je suis, ne sera plus qu’une ombre sans substance, une aquarelle délavée. Et je m’effacerais… sous les premières pluies, emportée sous les difficultés, inaptes à user de ces émotions instructrices de nos souvenirs, qui permettent de franchir les difficultés sans choir à nouveau.

« Non. »

Un simple mot. Prononcé sans emphase. Et pourtant chargé d’une émotion que je doute qu’il perce à jour. Mes lèvres se scellent, lui refusant d’approfondir mon refus, alors que je me retranche derrière le voile obsidienne de ma chevelure, laissant goutter les secondes, les minutes entre nous, sans que le silence ne se brise.

« Vous vous méprenez Halussius… » et ma voix semble comme un murmure du vent, en harmonie avec le silence qu’elle dérange pourtant « … l’obscurité ne me dévore pas. Pas davantage qu’elle ne me consume ou ne me contrôle. Elle et la Clarté ne sont que les facettes d’une même entité, complémentaires et opposées, l’une ne peut aller sans l’autre. Mais au final, ceux sont des forces que l’on déchaine, que l’on use comme d’instruments ou d’armes ou même parfois comme d’un écu, elles sont juste le reflet de notre âme. Ma blessure n’est pas mon obscurité, juste sa résultante. Non… Ma blessure est de celle qui lézarde l’esprit et balafre le cœur parce qu’un jour j’ai préféré ne plus être moi-même pour endurer mon supplice et mes actions, parce qu’un jour, j’ai laissé mon âme se fendre pour qu’une autre supporte les sévices et les conséquences de mes actes. J’ai laissé celle que je suis se partager, planter en moi les graines d’une Peur, et offert à cette autre la folie en terre d’accueil. »

J’inspire doucement, mes doigts glissant sur l’herbe d’une caresse fugitive.

« Museler cette part de moi, l’étouffer ne sert à rien parce qu’elle fait partie de ce que je suis. Ce n’est pas la solution et ne le sera jamais. Je dois vaincre cette peur, cette phobie du contact qui m’enserre, je dois réconcilier les deux facettes de mon âme, mais en ceci Halussius, vous ne pouvez rien. Ce n’est pas de votre ressort. »

J’esquisse un sourire, doux et amical, qui sans éteindre mon refus en atténue la brutalité.

« Merci pour votre sollicitude, mais vous ne pouvez m’aider. Le temps guérira ma plaie… le temps et… d’autres … » complétais-je laissant mes pensées dériver vers mon bungalow et la forme nichée masculine nichée au creux d’un lit d’appoint. « …  Ou vous peut-être… mais ni maintenant, ni aujourd’hui et certainement pas de cette façon dont vous l’envisagiez. »
Halussius Arnor
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Une dernière gorgée et Halussius venait de finir sa tasse de thé. Voulant se resservir, il se ravisa aussitôt que ses pupilles remarquèrent que le récipient isotherme était vide lui aussi. Était-ce un signe sonnant la fin de cette intéressante et agréable entrevue entre les deux antithèses de la Force qu'ils étaient devenus ?

Sous les cieux étoilés de Boz Pity, tous les deux venaient d'échanger des pensées profondes et, d'une certaine manière, c'était confié l'un à l'autre. Regardant l'espace d'un instant Velvet qui était en train de détourner le regard, l'ancien Jedi se disait qu'il commençait vraiment à l'apprécier. Etait-il attiré par la cause perdue ? Non... et il ne considérait de toute façon pas Vevlet comme tel. Il apprenait à appréhender sa personnalité et son caractère. Après tout, Halussius s'était fait récemment la réflexion qu'il avait décidé de la suivre alors qu'il ne l'a connaissait pas. Il avait suivit son intuition simplement.


 « Je n'envisage pas de façon particulière de vous aider, ni même de prétendre savoir comment le faire. De plus, je vous crois suffisamment sage et perspicace pour juger au mieux de ce qui est bon pour vous ou ne l'est pas. N'oubliez pas toute fois, que le jour où vous en déciderez autrement, vous me trouverez présent à vos côtés.

De même, si vous souhaitez quelques éclaircissements à propos de l'enseignement que j'ai reçu, ce sera un plaisir réel pour moi de partager cela avec vous. »


Sans plus attendre, Halussius se releva calmement d'un mouvement qui mit étonnement en valeur sa silhouette athlétique.

 « Si vous me le permettez, je vais prendre congés. Une chose ne change pas lorsque l'on devient un « illuminé », c'est le besoin de sommeil. »

Un petit trait d'humour et d'autodérision auquel Halussius s'essayait tant cela n'était pas sa nature, lui qui était souvent sérieux et flegmatique.

 « Nous nous reverrons très prochainement pour parler de cette idée d'enseigner aux les jeunes et les moins jeunes du camp. Je trouve cela vraiment intéressant. Et... si vous restez là encore un peu... tendez l'oreille... il se pourrait bien que les étoiles aient décidé de vous gratifier d'un rappel de leur chant, si vous en avez bien-sûr envie. »

Un sourire, une moue franchement amicale et bienveillante, Halussius était sur le point de poser doucement sa main sur l'épaule de Vevlet lorsqu'il se rappela soudain que ce n'était pas une bonne idée. Heureusement, il se ravisa au commencement de son mouvement et botta en touche en ne faisant que survoler cette dernière. Mais ce geste était bien plus en réalité qu'une simple démonstration de son amitié envers elle, car par un procédé imperceptible et anodin de la Force, Halussius venait de donner à Velvet la capacité d'entendre le « chant des étoiles ».
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