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-Vous m'avez fait demander Excellence ? L'Herglic venait d'entrer dans le salon spacieux, richement décoré. Deux séries de banquettes étaient réparties face à face et un feu artificiel brûlait non loin dans une fausse cheminée.
Il tenait une mallette dans sa main droite.

-Ah, Waldu ! Vous tombez bien, j'ai à discuter de plusieurs choses qui me trament dans la tête en ce moment. Bien qu'il vouvoyait son homologue, Waldu était son premier partenaire de confiance. Lors de l’ascension du tyran il y a plus d'une vingtaine d'années, le chirurgien et ingénieur Herglic était celui qui avait apporté la plus grande contribution. Mid lui devait tout et le traitait dignement, depuis.

-Où en êtes-vous dans vos travaux ?

Walu prit place sur le large siège qui faisait face au sofa azur dans lequel était assis son interlocuteur. Le cyborg croisa les mains en fixant l'Herglic.

-Si votre noble Excellence parle effectivement du programme O-X5, mes ingénieurs y travaillent toujours et .. il retira plusieurs documents de sa pochette avant de les passer rapidement en revue et d'en tendre un au Secrétaire-général. Voici un prototype expérimental.

Le cyborg scruta le schéma avec attention en lisant les détails manuscrits inscris dans les marges, autour du dessin centré sur la page.

-Pas mal. J'aime assez bien l'apparence qui n'est pas sans me rappeler la mienne. Il s'agit donc d'un modèle plus performant ?

-En l'état actuel nous avons calculé une augmentation de 20% pour toutes les caractéristiques. Le seul problème est que nous buttons sur le choix de plusieurs matériaux, notamment pour les circuits d'interface corps-programme.

Mid rendit la fiche à Waldu qui la remit dans sa pochette. Un majordome rentra dans la pièce avec deux verres d'une boisson choisie par Mid. il servit les deux individus.

-Et .. quand pouvons-nous espérer la mise en fonction opérationnelle ?

-C'est là ce qui est le plus incertain, Excellence. Dans l'état actuel de notre travail, je ne saurais être véritablement optimiste avant une année, voir deux peut-être. Nous manquons cruellement d'ingénieurs. La production constituera un autre défi encore, car nous ne disposons pas pour le moment de ressources suffisantes pour accomplir le projet que vous m'avez confié, dans ses lignes strictes, sans faire basculer l'économie dans un déficit.

Mid scrutait la robe de son vin des mers de Mon Cala. Il avait un goût plus acide que les autres, ce n'était clairement pas son favori.
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Une heure et demi plus tard, le Secrétaire-général et son subalterne, le Citoyen Waldu, quittent le salon dans lequel ils viennent de s'entretenir. Il traversent plusieurs longs corridors, empruntent deux ascenseurs, et débouchent à l'avant dernier étage de du bâtiment suprême d'où ils se rendent sur l'une des plate-formes reliées à la structure depuis l'extérieur.
Un sas s'ouvre, puis les deux politiciens flanqués de gardes s'avancent vers le transport atmosphérique prêt à décoller.

-Direction la Grande Manufacture de Zokholk, messieurs. Déclare t-il à l'intention des pilotes, tandis qu'il prend place sur un large fauteuil face à son homologue confortablement installé dans l'assise d'un autre siège, face à lui.

Le vaisseau s'élève bientôt verticalement ende glisser hors de la plate-forme, avant de prendre significativement de l'altitude. Il est rapidement suivit par une escorte de deux chasseurs atmosphériques qui viennent se ranger à ses côtés.
On passe alors d'un paysage urbain à des steppes gelées et désolées, recouvertes d'un large pergélisol. Rapidement toutefois, le véhicule se met à voler bien trop vite pour que l'on aperçoive distinctement le paysage en contrebas. Seuls les énormes reliefs montagneux qui s'élèvent à plusieurs milliers de mètres d'altitude au-dessus du sol sont correctement discernables. La température externe avoisine les -30°C.

Une quinzaine de minutes permet de relier la capitale planétaire à la ville secondaire de Zokholk, nettement plus petite et moins peuplée. En périphérie s'étend un vaste complexe d'usines qui s'élèvent parfois à plus de deux-cent mètres au-dessus du sol. Le transport atterrit sur une piste dégagée, légèrement en retrait de la zone industrielle. La trappe arrière s'ouvre, deux mercenaires d'élite sortent les premiers, suivis de Mid et de son comparse.
Dehors, une garde rapprochée du Téknéou est alignée sur quarante mètres. Les Kedorzhans, seule ethnie autorisée à servir dans la terrible police politique du régime, emboîtent aussitôt le pas du Secrétaire-général qu'ils entourent d'un cordon impénétrable.

-Vous allez-voir, Excellence, les travaux actuels avancent très correctement.

-Je l'espère mon cher Waldu, et cessez de m'appeler « Excellence », vous savez bien que je vous accorde une place à part parmi mes sous-fifres.

On pénètre bientôt dans le complexe. Le comité se retrouve dans un vaste hall qui semble précéder les zones de production. Le bruit sourd et soutenu des laminoirs, sans doute proches, s'entend nettement par-delà les parois des murs. La salle est gigantesque, le plafond culmine à une centaine de mètres de hauteur.

[color=#99ccff]-Je vais vous faire visiter les lieux, si vous voulez bien me suivre, Citoyen Mid.[/b] L'Herglic invita son supérieur à lui emboîter le pas, tandis que l'escorte commençait à se disséminer dans les points clés de l'usine.
En traversant plusieurs sas, les politiciens débouchèrent sur une immense zone de production à la chaîne. Il y avait d'énormes tapis roulants sur lesquels étaient repartis des rangée de prototypes droïdes non terminés, unijambistes pour les uns, manchots pour les autres ou même dépourvus de tête. Une légion de bras robotisés s'activaient dans tous les sens pour assembler les automates qui continuaient leur course sur les bande transporteuses dans un vaste brouhaha mécanique.

-Ces modèles OX-5 disposent de circuits internes utilisant le Chanlon comme composant d'alliage. Les tests expérimentaux effectués sur ces prototypes se sont révélés relativement satisfaisants. Nous ne sommes toutefois pas encore certain de préserver ce matériaux, et à vrai dire, nous attendons les prochaines batteries de tests.

-Qu'en est-il de leur constitution ?

-Nous utilisons le carbonite à 97%, mais la surface de leur armure est plaquée de platocéramique, ce qui les rend subséquemment bien plus résistants que les modèles actuels.

Mid observait religieusement les modèles. Instinctivement, il commença à se frotter les mains tandis qu'il était traversé par un doux sentiment de diligence.

-Très intéressant, Waldu. Vraiment très intéressant..
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-Qui va les commander ? Les bras croisés, il a lancé à Waldu un regard interrogateur.

-Je vous prie de me suivre, Citoyen Mid. L'Herglic se déplaça en direction d'un sas qui bordait le l'un des coins de l'immense salle des machines, suivit par son supérieure et quelques prétoriens.

Ils marchèrent un moment à travers la gigantesque usine implantée dans les faubourgs de la métropole de Zokholk, traversant plusieurs salles parfois remplies d'ingénieurs au travail.
Ils sortirent à l'extérieur, de l'autre côté de l'usine, pour se retrouver sur un terrain bétonisé. Une rangée d'automates en service étaient alignés devant un parapet qui les séparaient d'un champs de tir. Les machines, équipées de blasters standards, tiraient sur les cibles qui se trouvaient de l'autre côté avec une cadence de feu relativement médiocre. Un droïde aux couleurs sensiblement différentes de ses homologues se tenait en bout de ligne, sur la droite, et observait les impacts de tirs à l'aide d'une paire de jumelles tactiques. Waldu invita de nouveau son supérieur à lui emboîter le pas tandis qu'il s'approchait du prototype.

-Citoyen Mid, voici OIT-IV, modèle expérimental de commandement.

Aussitôt, une voix métallique émana de la tête de l'automate qui se tourna vers le Secrétaire-général dans une démarche mécanique.

-Au rapport, votre Excellence suprême. Déclara simplement la machine en restant parfaitement inerte devant le dirigeant suprême. Ce dernier, les mains passées derrière son dos, toisa son subalterne d'un regard mitigé.

-Je suis un peu inquiet par leur mobilité, sans oublier la direction que prennent leurs tirs. Ce sont bien les nouveaux prototypes ? S'enquit Mid qui ne semblait pas très impressionné par les modèles OX-5. Waldu posa sa main sur le bras gauche du cyborg.

-Ce ne sont là que de prototype expérimentaux. Nous avons encore beaucoup de réglages à faire, et comme vous pouvez le voir, nous le faisons au fur et à mesure. Je vous donne ma certitude que ces droïdes s’avéreront autrement plus redoutables une fois que nous les aurons perfectionnés. Ce qui va inévitablement nous demander du temps.

-Expliquez-moi concrètement ce que ces prototypes ont de plus performants que leurs prédécesseurs.

-Le droïde OX-5 dispose d'une armure bien plus résistance à celle des anciens modèles, ce qui lui permet de mieux se protéger et de pouvoir endurer des tirs bien plus puissants et plus soutenus. Ce renforcement masque l'unité d'alimentation primaire qui était externe sur l'ancien modèle, et le rendait subséquemment bien plus vulnérable. Plusieurs récepteurs de signaux sont présents sous la carapace, empêchant l'automate d'être mis hors de combat tant qu'il en reste un de valide. Le problème principal demeure toutefois la faiblesse des processeurs, ce qui accentue grandement l'autonomie et la nécessaire performance des droïdes leaders.

Mid continua d'observer les modèles pendant quelques minutes, avant de quitter les lieux et de traverser l'usine sur le chemin inverse, l'esprit mitigé par le bilan de sa visite. Il était pratiquement certain que l'ouverture d'autres manufactures serait nécessaire pour accomplir le travail qui lui avait été réclamé.
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La navette volait à plusieurs centaines de pieds au-dessus du pergélisol, se frayant un chemin au sein de l'épaisse couche nuageuse carmine et orangêatre qui emplissait les cieux d'Anoat.
Il y eu quelques turbulences pendant un temps, puis le vaisseau perdit significativement en altitude au-dessus d'un relief montagneux. Le pilote vira plusieurs fois de bord afin de s'approcher de ce qui ressemblait à des aménagement artificialisés qu'on apercevait par les hublot en contrebas, à l'orée d'une vallée encaissée. Le vaisseau s'immobilisa dans les airs avant d’atterrir à la verticale sur une sorte de grosse dalle ronde, partiellement recouverte de neige. Le transport se trouvait dans une sorte de petit cirque dont l'ouverture sur l'une de ses faces donnait sur un panorama vertigineux de montagnes culminant sans doute parfois à plus de huit mille mètres. Une barrière métallique, pas particulièrement haute, séparait le bord du cirque du gouffre abyssal qui s'étendait en contrebas. Il y avait facilement plus de huit cent mètres entre la barrière de la piste circulaire et le sol de la vallée présente en aval.

-Nous sommes arrivés ? Le dirigeant jeta un regard interrogateur à son second.

-Presque, nous devons encore descendre à l'intérieur.

Mid qui n'avait pas saisis ce que Waldu voulait dire eu très rapidement la réponse à sa question. Telle un ascenseur monte-charge, la dalle sur laquelle le transport était posé commença à descendre, plongeant momentanément les passagers de l'aéronef dans le noir, avant de retrouver la lumière quelques cinquante mètres plus bas.

-Bienvenue dans la Zone M, Citoyen Mid. Il laissa à son interlocuteur le temps d'observer le paysage manufacturier qui s'offrait à lui par son hublot, puis il poursuivit son discours. J'ai fait aménager cet endroit en quelques semaines pour y poursuivre les derniers travaux que vous m'avez confié. L'usine que nous utilisions jusqu'à présent n'était plus assez discrète à la vue des récentes tentatives d’espionnage.

Ils arrivèrent dans un endroit qui ressemblait à une grande chambre vierge, le plafond était particulièrement haut, il y avait des individus agglutinés une centaine de mètres plus loin autour d'une sorte de véhicule qui semblait à l'arrêt.
Le cyborg et son âme damnée s'approchèrent de la chose.

-Voici le modèle dont je vous ai parlé. Il ne s'agit pour le moment que d'un prototype expérimental, qui nous a coûté relativement cher à réaliser.

L'objet, ou plutôt la machine, consistait en une sorte de grosse plate-forme ovale à l'allure de carapace, posée sur le sol, et reliée à quatre bras robotiques qui étaient apparemment pliés.

-Il s'agit d'une plate-forme d'assaut lourde, et mobile. Basé sur l'un de nos modèles de machines d’extraction minière, ce prototype a été reconverti pour le transport.
Il s'agit donc comme vous pouvez le voir d'un vaste véhicule quadrupède, pouvant accueillir une dizaine de membres d'équipage en plus d'une centaine de droïdes. Un canon turbolaser est fixé à l'avant, sous la cabine de pilotage. Pour le reste de l'armement, deux armes automatiques manuelles sont fixées sur les rebords des parois latérales et sont maniées par deux servants.


Le cyborg tourna autour de l'appareil qui devait probablement se dresser à une trentaine de mètres au-dessus du sol une fois qu'il était mis sur pieds.

-Intéressant Waldu. J'aime déjà bien mieux cela.
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Le dirigeant et le dignitaire prirent congés des ingénieurs et se dirigèrent de nouveau vers leur transport qui reposait en bas d'une cheminée d'extraction faisant office de tunnel d'évacuation des vaisseaux. Le cyborg regagna son siège, l'Herglic prit place sur un fauteuil en face de lui, puis les pilotes procédèrent au décollage. Le vaisseau s'éleva verticalement sur cinquante mètres pour déboucher via le sas métallique qui venait de s'ouvrir au sommet du conduit. L'aéronef prit significativement de l'altitude avant d'accélérer progressivement pour maintenir une allure constante dépassant les trois mille kilomètres à l'heure.
Le trajet durant une vingtaine de minutes, puis le comité arriva au-dessus de la ville de Nor Chusa, réputée pour sa forte industrie minière. C'était également l'une des villes les plus pauvres de la planète, et sans doute la ville secondaire la plus médiocre. Cela s'expliquait probablement par l'empreinte industrielle qui grignotait littéralement une partie intégrante de la ville, traversée par d’innombrables usines qui avaient été érigées sur des quartiers résidentiels, nécessitant la pure et simple destruction de ces derniers par le passé. Un exode urbain s'en était suivi et des dizaines de milliers de personnes avaient dû trouver un nouveau domicile. Aussi, un vaste quartier de slums s'était développé en périphérie de Nor Cusa, et s'étendait à présent sur prêt de trois kilomètres. Les habitations étaient faites de tuiles d'aciers recouvertes de larges fourrures d'animaux, chassés à même dans les plaines gelées, de laine ou d'autres matériaux permettant de protéger du froid glacial de l'extérieur. La température pouvait chuter jusqu'à -40°C dans l'année. Les décès liés au froid étaient fréquents, pour ne pas dire hebdomadaire, à la grande indifférence du gouvernement planétaire.

Le transport s'immobilisa au-dessus de la métropole, et amorça sa descente verticale pendant que son escorte de chasseurs tournoyait autour, tel deux lunes orbitant autour de la présence planétaire du vaisseau du Secrétaire-général.
L'aéronef se posa sur le toit d'un énorme complexe manufacturier qui culminait à plus de deux cent mètres. Seules certaines tours-ruches le dépassait de plusieurs centaines de mètres. La trappe arrière s'ouvrit, deux mercenaires en sortirent, selon le protocole, puis Mid et Waldu apparurent. Il se dirigèrent aussitôt vers un petit cube de permabéton qui faisait office d'entrée sur le toit, et disparurent derrière un sas qui s'ouvrit sur leur passage. Une garde prétorienne d'une dizaine de Kedorzhan méconnaissables du Teknéou leur avait emboîté le pas dès leur arrivée.

On descendit les étages par un ascenseur ovale dont les parois externes étaient vitrées, ce qui permettait d'observer le paysage industriel alentour. En contrebas, il y avait une large salle qui faisait peut-être cinq cent mètres de longueur pour la moitié de large. Des séries de véhicules incomplets, non terminés, étaient répartis sur deux files espacées d'une quarantaine de mètres. Il y avait environ une trentaine de véhicules dans chaque file. Lorsque l’élévateur parvint au rez-de-chaussé, on vint admirer de plus prêt un prototype.

-Excellence, euh .. je veux dire Citoyen Mid, pardonnez-moi, voici les modèles opérationnels KAB-II. La phase expérimentale est terminée depuis deux semaines et nous avons commencé la production de soixante véhicules destinés sur deux ans à remplacer le modèle KAB-I de nos actuelles forces de sécurité droïdes.

Le cyborg observa un appareil presque terminé qui consistait en un cylindre ocre d'une quinzaine de mètres, fonctionnant visiblement par anti-gravité. Il y avait une unique tourelle au sommet de chaque véhicule, qui pouvait manifestement pivoter sur 360° horizontalement et 180° verticalement.

-La cadence de tir est supérieure aux anciens modèles, le blindage est plus résistant, et la maniabilité est nettement supérieure.

-Les nouveaux véhicules d'assaut ? Questionna Mid qui tournait autour du véhicule, les bras passés derrière son dos.

-Exactement, Citoyen Mid.
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