Voilà bien des semaines, maintenant, que les Anx font face à l’envahisseur. D’abord, il leur a fallu résister aux bombardements orbitaux, qui ont décimé nombre de civils sur de larges zones de la planète. Les militaires de Gravlex Med ont mis en œuvre leur plan de défense d’urgence – révisé dès que la crise de Dubrillion les a sérieusement exposés au courroux de l’Empire.
Curieusement, ce dernier n’est pas parvenu à prendre rapidement le contrôle de la planète. Ce qui devait être une attaque-vengeance éclair, avec l’intervention de la flotte alsakanie quelques jours plus tard, s’est transformée en un marathon guerrier qui consiste à maîtriser les lieux le plus rapidement possible – autant dire, avant que la flotte républicaine ne décide de venir prêter main forte à ses alliés. Les forces d’Alsakan ont retardé l’échéance de l’Empire, sans pouvoir non plus les débouter.

Au milieu de ce conflit qui dure donc depuis des semaines, dans les airs comme au sol, où ils dominent encore grâce à leur résistance à la gravité naturellement importante de ce monde, les Anx commencent à s’épuiser plus que sérieusement. Au début, ils ont eu les informations selon lesquelles des Jedi se sont joints aux Alsakanis pour les défendre, mais rien ne s’est passé de plus. Jedi ou pas, la résistance patine devant les forces impériales, qui semblent refuser de reculer.

Au fil des jours, une réorganisation de la vie locale, souterraine, a permis la survie. Au travers de lunettes et de radars, les Anx scrutent les batailles qui se déroulent au-dessus de leurs têtes, conscients que leur destin ne se jouera pas à grand-chose. Demain, dans une semaine ou dans un mois, ils seront impériaux, ou bien républicains. Ou bien libres… Ou bien morts.

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- Les renforts de la République arrivent !

La voix est montée de la fosse opérationnelle. Sur l’écran principal stratégique, des points lumineux apparaissent à proximité de la flotte d’Alsakan. Le pont du croiseur ne désemplit pas, et cela dure depuis des semaines. Les visages sont marqués par la fatigue, mais la détermination aussi. Les officiers donnent l’exemple. Ils manquent de sommeil, mais ils ne se reposent que lorsque l’heure du repos obligatoire vient, afin de ne pas entâcher leurs performances. Au-dehors, au-delà des baies vitrées du pont, on ne peut pourtant pas dire qu’une véritable bataille soit menée. En apparence, tout du moins : ce n’est qu’une accalmie. L’Empire a opéré une retraite… Mais elle n’est certainement que temporaire.

- Combien ?
- Un groupe de combat, dont 6 croiseurs légers, capitaine.

Je’styylir acquiesce, avant de se tourner vers le Sénateur Fylesan, qui est plongé en grande conversation avec deux Jedi d’une importance visiblement hors norme. Difficile de ne pas reconnaître l’un des deux, qui n’est autre que l’ex-Chancelière Von…

- Amiral, ils arrivent.

Fylesan acquiesce, et les Jedi ont compris de quoi il s’agissait.

- Je veux une communication directe avec le contre-amiral qui les dirige.

Des chasseurs tous frais vont donc leur prêter main forte, et il s’agira de les coordonner avec ceux déjà engagés, malgré les difficultés que faire se côtoyer les militaires républicains et alsakanis peut générer. Mais à ce stade, il faut prendre le risque avant de s’essoufler définitivement.

- Nous allons donc pouvoir opérer un nouvel assaut d’ici une heure sur le cirque Shusu, reprend l’amiral avant de se tourner vers les Jedi. Vous serez prêts ?
- Toujours, répond Maître Von, avec son aplomb habituel. Mais je vais vous demander de nous prêter une navette d’approche, et dès que la diversion sera assez importante… Nous pénètrerons dans le principal bastion de résistance des Anx pour les aider à évacuer. Cela vous convient ?
- Bien sûr. Que la Force soit avec vous.

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- Les Anx se sont retranchés dans cette montagne-ci, votre Majesté. Nous les avons cernés depuis des semaines, explique le Moff Stoker, sûr de lui malgré la fatigue qui pointe à cause des jours passés à peu veiller sur la bataille. Cette bataille est devenue une vraie guerre des tranchées. Mais cette fois, on leur en a préparé une belle, de tranchée…

Autour de lui, la salle de réunion est vide. Il est seul dans cette pièce entièrement grise. La lumière est tamisée pour mieux percevoir l’hologramme qui se tient au centre de la table : Darth Ynnitach, la mine sévère, apparaît assise dans un confortable fauteuil, probablement dans une navette. Parfois, la qualité de l’holocommunication laisse à désirer, mais cela n’empêche pas les deux protagonistes de poursuivre.

- Vous pensez que les Jedi vont mordre à l’hameçon ?
- Sans aucun doute. Une population en détresse, prête à coopérer pour évacuer, menacée par l’Empire à quelques pieds au-dessus de leur tête… Ils vont tenter une opération, ils ne pourront pas résister, ricane le falleen.

Moins encline à plaisanter, l’Impératrice acquiesce toutefois.

- Envoyez-moi des visuels dès que vous en aurez. En fonction des Jedi envoyés sur place, je veux pouvoir piloter l’opération à distance.

Soudain, elle sourit. Elle a entrevu l’avenir : ce piège pourrait se refermer sur une belle pêche. Une très belle pêche…

- Nous ferez-vous l’honneur de vous joindre à la bataille ? ose demander le Moff Stoker, conscient de ce que peut apporter la présence de l’Impératrice parmi les troupes.

Darth Ynnitach daigne à peine faire un signe négatif de la tête, et balaie la question d’un revers de la main.

- Moff, faites-moi le plaisir de faire rapidement le ménage sur la planète. Ne traînez pas.
- Bien, Votre Majesté.

Aussitôt, la communication est coupée. Le falleen passe une main sur son visage, le temps de rassembler ses esprits, puis une nouvelle communication se manifeste par un petit bip sonore sur la console devant lui. Il l’accepte.

- Mon Général ! Deux nouvelles escadres ont été détectées, républicaines ! Ce sont les renforts, ça ne sent pas bon du tout… !
- J’arrive tout de suite, répond Vaas, dont un nœud se forme dans l’estomac.

Alors que la bataille fait rage, au milieu des disparitions de pans entiers de sa flotte, Vaas Stoker, dents serrés, parvient à se maîtriser sur son pont de commandement. Si seulement la chance, ou cette foutue Force, pouvait lui venir en aide, ce ne serait pas de refus…

Il fallait croire que la Force l’avait entendu : un sous-officier chargé des communications attira son attention en accourant.

- Mon général, des nouvelles du terrain !
- Des bonnes j’espère, major ?
- Heu… En partie mon général ! L’opération du cirque Shusu a moyennement fonctionné. Voici le rapport de l’apprenti Yemenwo. Il vous y informe que les Jedi sont en train de tenter une fuite du cirque avec un certain nombre d’Anx… Un certain nombre ont déjà péri. Bref, leur identité a été confirmé : il s’agit de deux Maîtres Jedi du Conseil, Lorn Vocklan et… Alyria Von. Et leur position et leur trajectoire est connue de façon relativement précise.

Un large sourire étire les lèvres du falleen.

- Et la moins bonne partie ?
- Ils risquent de parvenir à s’enfuir, si nous n’agisson pas très, très vite. Le cirque Shusu s’étend sur plusieurs dizaines de kilomètres, il leur faudra des heures pour sortir… Sauf s’ils ont des renforts extérieurs. Et… Des troupes républicaines ont pris d’assaut nos campements au sud-ouest. Il ne reste… Plus grand-chose à nous là-bas.

Vaas fit un signe compréhensif de la tête avant de renvoyer le sous-officier à ses tâches. Le datapad en main, ouvert sur une carte du cirque Shusu, il quitta à pas rapides le pont de commandement pour retourner dans une salle de réunion où il pourrait avoir une conversation privée. Quelques minutes plus tard, la silhouette gracieuse de l’Impératrice en personne réapparaissait.

- Stoker ? Faites vite, je suis pressée, signala-t-elle. La communication était encore moins bonne que quelques heures plus tôt.
- Votre Majesté, le piège s’est refermé sur les Jedi, mais nous n’allons pas tenir longtemps, fit le falleen, concis. Ai-je l’autorisation de bombarder ?

Vaas crut voir un sourire fugace sur les lèvres de Darth Ynnitach.

- Bombardez, mais ne les tuez pas… Pas tous, corrigea-t-elle. Servons-nous d’eux tant que nous les avons sous la main…

L’Impératrice avait une idée en tête. Et le général le savait : cela n’augurait rien de bon pour leurs ennemis…

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- ET C’EST QUI LES MEILLEURS ?
- C’EST NOUUUUS !
- ET C’EST QUI QUI A MOUILLE SON FROC ?
- C’EST EUUUUUX !
- ET C’EST QUI QUI VA RENTRER A LA MAISON ?
- C’EST NEOUUXS !
- Hein ?
- Nous !
- Eux !
- Ca veut dire qui a gagné ou qui rentre chez sa mère ?
- J’sais pas moi…
- C’EST LES ANX BANDE DE MOUS DU BULBE !
- OUAAAIIIIIIS !
- ON EST DES HEROS ?
- OUAAAIIIIIIS !
- ON EST L’ESCOUADE ?
- TYPHON !!!!

Et l’escouade Typhon a littéralement ravagé le camp impérial en bordure du cirque Shusu. En attendant les ordres suivants, le caporal Kessel prend soin de garder sa troupe en forme, qui d’ailleurs ne se fait pas prier pour crier sa joie d’avoir vaincu l’Empire, au moins pour quelques instants. Quelques minutes après avoir eu ce chaleureux petit moment de cohésion, l’escouade Typhon s’est dispersée sur les lieux et savoure quelques minutes de détente.
On en profite pour regarder un peu ce qu’il reste de l’équipement des impériaux – c’est toujours intéressant de récupérer quelques munitions, quelques plans, quelques datapads qu’on enverra au service des renseignements de l’armée républicaine.
Korgan, lui, essaie d’obtenir des nouvelles du commandement. Malheureusement, les nouvelles ne sont pas excellentes. La bataille là-haut n’a pas du tout l’air d’être finie, et les Jedi ne sont pas sortis du guêpier… A tous les cas, ça va retomber sur la figure de Typhon, qui va devoir sauver les miches de tout le monde, comme d’habitude !

- Et alors, je fais quoi ? On va pas se lustrer le… Je veux dire mon lieutenant, on va pas attendre trois plombes ! rugit Korgan dans son comlink.
- Non Caporal ! Vous allez –

BRAAAOUUUUUM !

Les militaires, par réflexe, se jettent tous brusquement à terre. Ils sont bombardés ! Mais où sont les vaisseaux qui…

- PUTAIN CA VIENT DE L’ESPACE ! ON VA SE FAIRE ATOMISER !
- On sait caporal !! Gardez votre calme ! Attendez, on dirait que…

Silence angoissant au bout de la communication. Nouvelle explosion à quelques mètres seulement. Les gars n’osent plus bouger d’un pouce, même recouvert de terres et de morceaux de roches qui sont retombés sur eux après la première détonation.

- Caporal ! Ils bombardent l’extérieur tout l’extérieur du cirque pour empêcher les Jedi de sortir ! Votre seule chance c’est de…
- RECU !

Et Kessel raccroche avant de se relever au milieu de la fumée.

- ESCOUADE TYPHON ! C’EST L’HEURE DE SAUVER VOS MICHES : ON COURT DANS LE CIRQUE !!

Des cris de triomphe éclatent partout sur les navires impériaux : les flottes alsakanies et républicaines ont entamé une évidente retraite devant les nouvelles forces amenées par les Sith. Après la catastrophe de Dubrillion, une si éclatante victoire remontera durablement le moral des troupes de l'Empire. Gravlex Med est désormais encerclée. Le Cirque Shusu, positionné prochede l'équateur de la planète, est survolé de centaines de vaisseaux légers impériaux, à la recherche des derniers survivants, qu'ils soient des leurs ou de l'ennemi. Quelquse Anx n'ayant pu fuir sont capturés sans que l'on ne sache ce qu'ils deviendront – seule l'Impératrice, désormais, à la pouvoir de les laisser vivre ou mourir.

Pourtant, ce n'est pas une victoire aussi totale que sur Lorrd : Darth Odium et Vaas Stoker, les deux leaders dirigeant les opérations, savent que les Jedi ont réussi à sauver un certain nombre d'Anx et surtout, à s'extirper du piège préparé à leur intention. Le plan n'était donc pas parfait, mais le principal objectif, à savoir de faire de Gravlex Med un exemple de la fureur de l'Impératrice, est atteint.