Le Masque de la Force
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Quelques minutes plus tôt, à bord du Vent-de-fuite

- On récapitule, reprend le Drall, la mine extrêmement sérieuse. Kana, tu vas escalader le palais en passant par le versant nord de la montagne. De là-haut, si nos informations sont bonnes, tu devrais pouvoir te glisser dans la salle des radars – attention, elle sera peut-être gardée. Tu poses tes artifices, tu ressors, et tu attends mon signal pour faire sauter.

Etiam se tient debout sur le siège, pour pouvoir se pencher au-dessus de la table et parler à chacun des cinq Jedi, tous de taille humaine et plus jeunes que lui, présents autour de la carte. Durant le voyage, ils avaient eu le temps de faire brièvement connaissance. Elle représente très succinctement le palais Hutt, une espèce de vieille place forte comme on en trouve pas mal sur cette planète désertique.

- Aurora et Shraa, vous devez simplement créer la diversion : vous vous rendez dans le hangar, vous démarrez le plus de machines possibles, vous faites un raffut du diable, et vous filez. Surtout, pas de risques inconsidérés ! Une fois votre travail fait, vous sortez et vous revenez dans cette navette, et vous attendez de nos nouvelles. Si ça tourne mal… Vous filez.

Le Conseil avait bien insisté auprès du Drall : Aurora et Shraa n’étaient que des padawan, il était hors de question de les mettre inutilement en danger. Elles auraient pourtant un rôle capital.

- Dès que la diversion aura commencé, je m’introduirai dans le palais, suivi de près par Makwis Makwis. Je vais faire le ménage, vous pouvez me faire confiance. Makwis, dès que tu as l’opportunité, tu passes au travers de leurs premières défenses pour aller dans la salle arrière, où il devrait se trouver le passage pour atteindre Borenga. On ne le tue pas, il s’agit juste de lui faire peur et qu’il prenne la fuite par son système d’évacuation secret. N’oublie d’envoyer le signal à Kana lorsque ce sera nécessaire.

Secret, mais qui ne l’était plus. Selon les informations des Jedi, le Hutt disposait d’un mécanisme qui, en cas de danger, le ferait remonter directeur par chariot répulseur, par une voie secrète, vers la plate-forme de décollage, pour s’envoler avec son vaisseau.

- Et donc, Borenga va prendre la fuite… poursuit Etiam en faisant glisser son doigt le long d’une coursive en pointillé, … jusqu’à la plateforme de décollage, où toi, Joclad, tu t’assureras que son vaisseau est hors d’état de nuire. Nous te rejoindrons dès que possible pour escorter le Hutt dans la navette.

Bref instant de silence, pendant lequel le Drall les regarda un à un. Tout le monde semblait avoir compris son rôle. C’était parfait, ils allaient atterrir dans quelques minutes. La seule chose qui gênait Etiam, c’étaient toutes ces informations dans la source unique n’était autre que l’ex-bras droit de Borenga lui-même. Si jamais elles étaient fausses, tout leur plan tombait à l’eau. Pourtant, il était relativement serein : la Force ne faisait pas peser sur lui le danger imminent d’une trahison…


| ¤ |


Pensivement, la mirialan observe les étoiles. Elle est postée là depuis des heures – c’est son tour de garde pour surveiller la voie de secours de Borenga, même si ce n’est pas le plus passionnant des jobs. Mais ce soir est tout particulier, et sera différent des autres, enfin.

Voilà des jours qu’elle est de retour dans les rangs du Hutt. Elle ne l’a pas revu en personne – Borenga se cache sous ce palais et se fait amener tout ce dont il a besoin par des droïdes – la paranoïa à l’état pur. Elle est payée un bon salaire pour faire partie de son équipe de protection ici, sur Tatooïne, même si elle ne s’est pas trop intégrée aux autres mercenaires. Il faut dire qu’elle en a profité pour être une observatrice et transférer à El toutes les informations requises sur le palais… Et voilà que ce soir, sa mission prendra fin.

Il lui reste une dernière tâche : El lui a demandé d’écarter les Jedi de la plateforme, sous prétexte d’un danger possible. Aucun d’entre eux ne doit y rester, pas même pour saboter la navette de Borenga, qui n’a aucune importance. La plateforme doit rester vide. L’ordre est un peu louche, mais elle ne peut pas tout savoir des plans de son supérieur hiérarchique. Ce n’est peut-être qu’une simple question de sécurité. Et puis, s’il ne s’agit que de repousser un ou deux Jedi, elle devrait pouvoir s’en sortir…

Soudain, alors qu’elle est allongée sur un caisson de transport à regarder les étoiles, elle sursaute et se redresse. Elle a senti avant même d’entendre le Jedi arriver. Et ce n’est pas n’importe quel Jedi…

Joclad atteint la plateforme d’atterrissage à pas de loups. Au loin, le vacarme du combat se fait entendre – l’opération a commencé et d’ici quelques poignées de minutes, Borenga devra arriver, si tout se passe bien. Mais tout ne va pas bien se passer comme prévu. Quelqu’un est là pour le faire déguerpir d’ici, par la force s’il le faut. Quelqu’un qui a peut-être doublement intérêt à ce que Joclad ne risque pas sa vie sur cette plateforme… Car Darth Velvet le sait : si elle ne l’éloigne pas d’ici, si elle ne le détourne pas de sa mission, alors le jeune homme courra un très, très grand danger…



Seuls les joueurs Darth Velvet & Joclad Draayi peuvent intervenir dans ce sujet. S’agissant d’un combat purement RP, vous serez départagés sur la qualité d’écriture de votre RP, la pertinence, l’originalité et le réalisme de vos actions et de vos choix ainsi que votre fair-play vis-à-vis de vos adversaires.
Ordre de post : Joclad - Velvet.
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Partir à la recherche de Borenga, il y a de ça déjà plusieurs mois, fut une bonne idée. L’Espace Hutt était très vaste, et cela revenait à chercher une aiguille dans une botte de foin. Pourtant, l’Ordre Jedi y était parvenu, pas que grâce à moi, certes, mais nos actions y étaient sans doute tout de même pour quelque chose. Ma traque avait commencé sur Ondéron, lorsque j’avais embarqué le trandoshan des Rangers, Galdur, et un Nautolan pas mal cinglé dans mon épopée. Ils avaient tout deux été impliqué dans l’énorme barouf qu’avait causé le Hutt sur la lune des contrebandiers, bien que ce fut pour des raisons diverses et variées. L’un avait participé à la protection des délégations, alors que le rôle de l’autre était resté assez flou. Je n’avais pas cherché à en savoir plus sur le passé de Reed Caoren, car ce qui m’importait à l’époque était de retrouver la trace de Borenga, et peut-être même de cette fameuse Sith dont on parlait dans certaines rumeurs. De fait, j’avais seulement besoin de personnes loyales et qui avaient eu un passif, de près ou de loin, avec l’énorme seigneur de guerre.

Parce qu’ils l’avaient vu à l’œuvre, ils étaient les mieux placés pour interpréter les futures actions du Hutt. C’est avec cette idée en tête que j’avais commencé mon enquête, d’abord en infiltrant avec un de mes camarades Jedi le palais qu’il avait fracassé avec les droïdes reprogrammés, puis plus tard en s’attaquant directement à ses possessions. La plus grande opération de la sorte que nous avions menée était l’assaut d’une des stations pénitentiaires de Dennogra. L’idée était de libérer l’ensemble des prisonniers et de provoquer suffisamment de dégâts pour le mettre en difficulté. L’opération fut difficile à menée, mais elle nous avait permit de semer le doute chez Borenga et ses sbires tout en libérant des prisonniers de guerre. Tous n’étaient pas parvenus à s’échapper, mais le résultat restait tout de même positif.

En effet, Borenga avait commencé à s’inquiéter. Lui qui avait l’habitude de se déplacer assez régulièrement, il commençait désormais à disparaître des écrans radars. Sans doute cherchait-il à se cacher, ou même à se faire oublier. Peut-être qu’ilse sentait épié, ou même trahi. Car une trahison, il y en avait bien eu une. Le fameux adepte de la Force que j’avais traqué au début de mon périple s’était livré à l’Ordre Jedi dans un message qu’il leur avait envoyé. Il affirmait connaître la position du Seigneur de Guerre, et il souhaitait collaborer à sa capture. Et maintenant que le gros Hutt n’osait plus bouger, nous étions presque certains de pouvoir le cueillir. C’était, en somme, une forme de consécration. J’avais réellement l’impression d’avoir agi et mit le Hutt sur la défensive. Mais je n’étais probablement pas le seul instigateur, et sans doute était-ce une succession de facteurs qui l’avaient contraint à se terrer. Nous avions découvert, au cours de notre traque, que d’autres personnes s’activaient pour le faire chuter.

Mais maintenant que nous étions sur le point de lui mettre la main dessus, le Conseil m’avait demandé de me séparer de mes collaborateurs. Si cela ne posa pas de problèmes au trandoshan, ce fut bien différent pour le Nautolan. Lui qui, visiblement, avait trahiBorenga et avait plutôt bien servi notre cause n’avait eu aucune reconnaissance, et encore moins de crédits. C’était assez honteux, mais Reed devrait se consoler avec sa pauvre paire de gants, alors qu’il aurait réellement mérité plus.

De mon côté, je n’attendais aucune véritable reconnaissance. J’étais un Jedi, membre de l’Ordre. Ce genre de choses ne m’intéressait pas vraiment. Néanmoins, j’avais tout de même été sélectionné pour faire partie du commando qui allait récupérer le paquet au fond de son terrier. J’avais pris connaissance du plan à bord du Vent-de-fuite, avec le reste des Jedi embarqué dans cette mission, et c’est à cet instant que j’avais commencé à avoir un mauvais pressentiment.

L’idée de faire équipe avec cet adepte inconnu ne me plaisait pas. Je ne le connaissais pas, et l’Ordre non plus, d’ailleurs, sans doute. Tout ce que j’en savais, c’était qu’il avait servi Borenga et tenté d’éliminer des Jedi sur NarShaddaa, ce qui n’était pas vraiment flatteur. Sa traîtrise me semblait donc étrange, surtout lorsque l’on recoupait les éléments avec la possibilité que le Hutt pouvait être en réalité télécommandé par cette Sith portée disparue. Peut-être, qu’en réalité, nous étions embarqués malgré nous dans un règlement de compte. Peut-être que l’on était en train de nous manipuler. Ou alors l’homme était honnête, et nous n’aurions pas le moindre problème.

Pourtant, ma boule au ventre s’était intensifiée, la Force m’avertissant une fois encore que les choses ne tournaient pas rond, ou étaient sur le point de déraper. Le plan me semblait très facile bien qu’il fut osé. Se baser sur la paranoïa des grands Hutts était une bonne idée, mais pour un bastion censé être ultra protégé, c’était peut-être un peu léger. Surtout que le commando n’était composé que d’une poignée d’hommes…

… est-ce que vous aussi vous la sentez venir, la catastrophe ?

M’enfin… j’étais un membre de l’Ordre, auquel j’étais loyal, alors j’allais m’en charger de cette mission. De ma partie de mission, plutôt. On m’avait demandé d’infiltrer la place forte par l’aire d’atterrissage, pour y saboter le vaisseau de Borenga. L’idée était que, par le concours de mes camarades, le Hutt se verrait contraint d’emprunter un seul chemin qui le mènerait droit à cette issue de secours. Le tout était donc qu’elle lui reste fermée, pour que nous puissions le capturer. Traduction, je devais me démerder pour que cette navette ne puisse jamais décoller.

Pour cela, on aurait pu la pulvériser depuis l’orbite. Mais niveau discrétion, entre nous, ce n’était pas vraiment la meilleure façon de procéder. Tenez, d’ailleurs, on aurait pu tout simplement vaporiser le complexe… mais niveau moral, ce n’était pas non plus très fin. Enfin… bon… les Jedi et la moralité, des fois, c’est assez flou. On n’avait quand même pas hésité à massacrer tous les Sith sur Korriban il y a de ça quelques siècles. Alors un Hutt, avec ses quelques sbires... vous me direz que ce n’était pas très cher payé. Mais moi, la moralité, j’y tenais vraiment. Pour reprendre une expression de mon ancien mentor, le massacre, ce n’était clairement pas ma tasse de thé.
Bref, du coup, j’avais pour idée de me glisser discrètement le long de la plateforme après avoir escaladé une partie du versant nord-est de la montagne. De là, je neutraliserais l’éventuel garde ou pilote à bord de la navette, sans doute un droïde vu la paranoïa du Hutt, et je retirerais l’ensemble des puces isolinéaires de l’ordinateur de bord et de l’hypernavigateur avant de court-circuiter le système de diagnostic informatique. Sans ces équipements électroniques, la navette ne démarrerait même pas et le Hutt ne pourrait même pas savoir pourquoi. Suite à cela, je me planquerais et j’attendrais que la limace débarque pour évacuer avec le reste du commando.

C’était une tactique qui semblait bonne sur le papier, mais une fois en train d’escalader la falaise, je réalisais ô combien la première partie était une idée de merde. Grimper était épuisant, surtout avec ce que j’avais sur le dos pour bidouiller le vaisseau. Fort heureusement, mes dons dans la Force me permettaient de soulager mes efforts tout en montant plus rapidement et facilement. Mais plus je montais, et plus je doutais de la réussite du plan d’ensemble. Sérieusement, il y avait quelque chose de louche. Ou alors, peut-être que je ressentais quelque chose d’étrange… ou d’anormal.

L’ascension m’avait prit du temps, mais maintenant que je parvenais au sommet, je touchais enfin de mes doigts le durabéton de la plateforme d’atterrissage. Mes sens étaient en alerte, et je ressentais toujours cette ondulation anormale dans la Force, comme si quelque chose allait se passer, ou que quelqu’un se trouvait dans les environs. Une personne qui n’avait rien de lambda, et dont je pouvais confirmer ou non l’existence en m’ouvrant à la Force Vivante pour chercher à la toucher. C’est là une chose que je me gardais de faire, car cela trahirait ma présence et il était possible qu’elle ne m’ait pas senti.

De fait, j’appliquais mon idée initiale tout en restant d’autant plus sur mes gardes. Pour cela, je m’enveloppais de la Force, dans un voile que j’avais eu le temps de bien développer pour maitriser une partie de ses facettes. Au même moment, le vacarme devant être déclenché par mes comparses se fit entendre, signe que l’opération avait officiellement atteint sa première phase. Il ne me restait donc plus beaucoup de temps, et j’accélérais donc la cadence, surtout que la navette était désormais en vue. La personne que je sentais l’était également.

Je me figeais d‘ailleurs presque immédiatement en comprenant pourquoi ce titillement dans la Force me semblait si familier, car le visage de la Mirialan qui se dressait face à moi l’était tout autant. Mon nœud au ventre se fit plus intense, et avec son regard rivé dans ma direction je compris qu’elle était capable de me repérer malgré mon artifice.Petchuk, saleté de wagyx, j’aurais dû m’en douter depuis le début ! Ce plan puait, et j’avais été incapable de savoir pourquoi. Et maintenant que j’avais la raison en face de moi, je n’avais plus vraiment le choix.

D’une pensée, je laissais mon voile de Force disparaître, laissant apparaître mon corps tout autant que ma surprise. Je m’étais préparé à pas mal de choses, mais pas à rencontrer un fantôme du passé, qui avait tant perturbé Léonard et partagé des moments… disons inattendus, avec moi.

« Petchuk, Velvet, mais qu’est-ce que tu fous là ? »

Sérieux, la galaxie n’était pas assez grande pour que la Force nous force à nous rencontrer, là, maintenant, alors que j’ai une mission extrêmement importante à mener ? Etait-elle là pour faire du mal à Borenga ? Ou bien, au contraire, était-elle au service du seigneur de guerre ? On aurait pas pu tout simplement me mettre n’importe quel adepte de l’obscur ou de je ne sais quel dogme, mais elle ? Non mais sans blague, après Zora et Riakath, pourquoi il faut encore que ce soit moi qui me tape les retrouvailles ? Hé, la Force, on ne pourra pas changer pour une fois ? Qu’est-ce que je dois faire moi maintenant, la sabrer tout de suite pour m’épargner un débat trop houleux où, à coup sur, j’entendrais parler de Léonard, Zélonion ou encore Impératrice Téta ?

Bah vous savez quoi, j’en savais foutrement rien. Alors tant qu’à faire, autant tenter de forcer gentiment le passage. Et éventuellement, on improvisera. Encore une fois.

Mon regard glissa alors instinctivement vers sa navette, et je grimaçais. La mission devait être menée,à tout prix. J’étais un élément déterminant du plan, et il se devait de réussir.

Allez, hop, en avant :

« Bon, écoute, j’aurais vraiment voulu discuter avec toi mais je n’ai absolument pas le temps, je suis débordé. Alors tu ne m’en voudras pas, hein, mais je dois te laisser. On discutera plus tard, d’accord ?»

J’essayais alors de me décaler pour passer, mais elle sembla s’interposer. Je soupirais en réponse, avant de laisser mon regard osciller entre le sien et l’immense porte d’où devait normalement sortir le Hutt.Le temps pressait, je devais absolument passer.

« Je dois prendre ça pour un non ? »

Allez Velvet, tu vas pas m’obliger à passer en force, tu sais très bien qu’il faut l’arrêter…


Darth Velvet
Darth Velvet
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Là, allongée sous l'obscurité liquide, le corps lové dans les herbes caressantes, je m'abandonne au frôlement parfumé d'une brise d'été, au chant nocturne des feuillages dans le vent et du hululements d'un oiseau en chasse. Les étoiles scintillent furieusement, épinglées sur le velours du ciel, laissant, de temps à autre, comme une incitation aux vœux ou rêves, l'une d'entre elles se noyer d'un miroitement effilé, dans l'encre de la nuit. Mes lèvres s'entrouvrent, exhalent un soupir discret et sibyllin. Faut-il que cette heure parfaite, soit troublée par la mélopée guerrière des sabres et des blasters, avilie par les sombres prétentions et les ambitions dévorantes ? Malheureusement... et mon cœur à ce constat se serre, non parce qu'il demeure en sa chair, l'ombre néfaste de la peur, du regret ou de la haine, mais parce que la quiétude de cette nuit, douce comme la berceuse d'une mère, se verra à jamais déflorée de sa sérénité.

Mes paupières se closent, emportant dans leurs souvenirs, la beauté éphémère de cette endroit qui ne peut devenir qu'une arène à mesure que s'écoulent les grains de la Temporalité. A ma grande amertume, mais il est des choses, en cet univers qui ne peuvent continuellement être remise au lendemain. Borenga, est de celle-là. Peut-être finalement, existe-t-il en mon sein, l'écho d'une vengeance à son encontre... Oui très probablement. Ou plutôt certainement, même si me refuse à boire dans son calice, préférant user de ce sentiment comme d'une arme létale, plutôt que d'en subir le baiser brûlant et anihilateur.

Des frémissements secrets, légers, ailes de papillons emprisonnés, englués dans la toile de la Force, attisent ma vigilance, soufflent mes rêveries, étirent la commissure de mes lèvres d'une moue impatiente. Tout a commencer. Ils viendront, bientôt, jusqu'ici,portant les graines de leur volonté de justice, oubliant qu'il n'existe nul salut pour les êtes tels que Borenga. Mais ils ne trouveront que moi, gardienne de notre désir, à El et moi. Et je me dresse, effigie de jade au cœur des ténèbres, étendard de cette commune détermination à assister à la chute irrémédiable et définitive de ce Tyran. Ma pèlerine d'obsidienne hantée par le vent, gonfle et virevolte, oriflamme guerrière de mes intentions,alors qu'il se découpe des falaises, une silhouette nimbée des Ombres et de la Force. A cette heure avancée, sous l'étreinte de l'Obscurité et de l’Éthérée, je ne devine que son profil et l'étoile muselée dans ses yeux. Mais aussi furtive soit-elle, elle ne saurait se glisser par delà mon attention, et mon regard, tesson de givre d'un bleu crève-cœur, de cette couleur dont née la nuit et les cauchemars, déchire sa dissimulation.


« Petchuk, Velvet, mais qu'est ce que tu fous là ? »

Sa voix sillonnée, d'un étonnement légitime, se répercute dans le silence ouaté de la nuit. La vie s'est tue, pressentant le drame dont nous sommes les instigateurs, lui, ce jedi dont je n'ignore plus grand chose, et moi-même. De tous, faut-il que l'on m'envoie celui-ci, Joclad, dont l'évocation du seul nom rogne ma maîtrise comme l'océan, la roche. Mon âme se fissure , se lézarde d'un tourbillon d'émotions contradictoires. Et... une réminiscence s'impose dans ma chair, rappelant à ma mémoire la douceur d'une étreinte, la chaleur du désir et ses mains conquérantes dévalant d'une caresse ma peau alanguie. Là où s'érigeait autrefois la tendresse et l'envie de goûter la coupe de ses lèvres, il ne reste que les ruines brisée et les vestiges de cette drogue et au dessus, comme un voile de brume, l'amertume emprunte de colère, de celui qui, dérobant baiser et désir sous sa contrainte involontaire, m'a absous de moi-même. Malgré tout, malgré cet accroc à mon cœur, cette douleur, cette marque aigre, il reste Joclad et en cela réside toute l'affection que je lui porte, ambivalente, de clair et d'obscur.

Il se décale, s'osant à imaginer que je lui offre une ouverture, une opportunité, mais il n'y a là, rien d'autre qu'un espoir rapidement déçu. Je file au travers de son chemin, barricade à sa mission, droite et fière, arborant mes couleurs qu'il ignore, tous comme les desseins animant mes pas et mon bras. Si jusqu'à présent je ne lui est imposé que l'ombre de mon silence, et le mutisme de ma voix, pour qu'il ne decelle ma faiblesse, et l'agitation de nos retrouvailles, je romps le jeun et, aussi hivernal que je le suis lorsque la glace se livre à la jade sur les courbes de mon visage, je prononce quelques mots, brisant le silence tendu et la tension palpable entre nous.


« Effectivement, c'est un non. »

J'infléchie, à peine, la couleur de mes pensées teintant brièvement d'une inquiétude réelle et marquée, mes propos

«  Tu ne peux pas rester ici Joclad, pour ta sécurité... entre autre, je suis désolée. Je ne peux te laisser de mettre en travers de ma route, pas ici, pas maintenant, pas alors que l'enjeu est aussi important. Mais sache que je ne suis pas ton ennemi dans cette affaire qui t'amène. Je t'en prie, fais demi-tour, ne me force pas sortir ma lame contre un ami. »

J'appelle à moi la Force, provoquant un brusque reflux de mon aura en mon sein, avant de le libérer, créant par surprise une vague puissante. Suffisamment pour qu'elle le repousse contre la falaise, libérant son talon dans le vide du précipice, insuffisamment pour qu'il chute en contrebas. Un parfait dosage, une mise en garde délivrée avec une précision mortelle, le signe que je ne plaisante pas.

«  Repars... ce sera mon unique avertissement, Joclad » commençais-je, inflexible, un regard en lame avant de reprendre, presque suppliante sous la politesse « … s'il te plait. »
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Effectivement, c’était un non. Inacceptable, certes, mais un non tout de même.

Ma vaine tentative de l’esquiver fut accueillit par un décalage similaire de sa part, de sorte que son corps restait intercalé entre moi et mon objectif. Un corps que je ne connaissais que très bien pour l’avoir découvert sur Impératrice Téta. Je pouvais encore ressentir les courbes et les cicatrices au creux de ma main, tant ces souvenirs restaient forts. Je me souvenais de sa délicatesse à mon égard, lorsque nos deux corps s’étaient rapprochés au terme d’une première cavalcade, de ces baisers échangés et des sensations de ses mains sur mon corps. Tout était encore présent dans mon esprit, ancré profondément en moi au point de ressentir une certaine anxiété à l’idée de devoir écarter la Mirialan. Malgré ce qu’elle avait pu être, et ce qu’elle était désormais, je ne pouvais pas nier tout ce qu’elle avait fait pour moi, pour Zélonion ou pour Léonard. A ce sujet, je ne souhaitais pas paraître aussi ingrat que mon mentor avait pu l’être à l’égard de Velvet, en refusant son aide et en constatant que sa méthode pour la ramener vers la Lumière avait échoué. Je ne voulais pas non plus lui courir après, comme Zélonion avait été tenté de le faire après qu’elle l’eut libéré de l’Atramentar.

Je ne souhaitais pas m’ingérer dans ses affaires comme eux avaient pu vouloir le faire, mais il fallait pourtant que la Force nous réunisse une fois de plus, cette fois-ci face à face, aux confins les plus désertiques de la Galaxie. Devant moi se tenait désormais non plus un être empli de tendresse et de désir, mais plutôt un glaçon, glacialement froid, au cœur d’une planète où régnait un climat pourtant des plus arides. Je n’étais pas pour autant surpris par ce changement de personnalité chez Velvet, puisque j’avais déjà pu m’y confronter sur Cinnagar lors de notre seconde et dernièrecavalcade. J’étais plutôt inquiet, en réalité, car je me souvenais encore de la manière dont elle s’était débarrassée de nos geôliers, et j’espérais qu’elle ne comptait pas réitérer cette expérience malsaine sur ma personne.

Car sa présence à cet endroit m’intriguait profondément. De ce que je savais d’elle, ce n’était pas vraiment son genre de travailler pour un Hutt comme Borenga. Certains aspects de la personnalité de la limace se rapprochaient beaucoup de ce que la Mirialan haïssait, et je préférais donc privilégier l’idée qu’elle était plutôt là pour s’en débarrasser. Pour autant, je n’en avais aucune preuve. Au contraire, même, son refus de me laisser poursuivre ma route semblait plutôt accréditer la thèse de son allégeance au seigneur de guerre.

Sauf que ses paroles vinrent rapidement balayer cette hypothèse, à moins que la Velvet n’ait choisit de bluffer. Néanmoins, je la voyais mal chercher à me tromper. Je ne saurais dire si c’était là une pensée conséquente aux émotions que nous avions pu partager ou tout autre facteur, mais mon nœud au ventre s’était fait plus serré. Je ressentais un certain malaise à l’idée de devoir croiser le fer avec elle, mais son appel soudain à la Force, à mon encontre, venait de changer la donne.

J’avais bien senti l’afflux d’énergie autour de son poignet, mais je n’avais pas osé réellement m’interposer pleinement avec une protection télékinésique. Je m’étais soudainement fait happer par sa légère vague de Force, mes pieds glissants et repoussants le sable de part et d’autre de mes bottes. L’une de mes chaussures manqua de glisser dans le vide, mais j’étais parvenu à rétablir mon équilibre avant la chute. Velvet avait également pris soin de ne pas trop accentuer son action, qui se traduisait plus comme un avertissement que comme une véritable agression.

Son mouvement s’était révélé être la pure continuité de son intention première. Elle voulait m’empêcher d’atteindre cette navette, pour une raison que j’ignorais mais que j’espérais découvrir. Sa présence n’était pas anodine et cachait quelque chose de bien plus grand. Peut-être faisait-elle partie des fameux mercenaires dont l’homme masqué avait parlé, mais dans ce cas pourquoi s’interposerait-elle à la réussite de notre plan commun ? Quelque chose me semblait clocher depuis le début, comme si nous, Jedi, nous étions engagés dans cette mission aveuglément, sans réellement interroger la Force sur les véritables intentions de celui qui fut précédemment un des bras armés de Borenga.

Je ne ferais pas demi-tour, pas aussi proche du but. Tout comme face à Nosfera, je ne pouvais pas échouer. Ma mission était trop importante pour être abandonnée sur les simples recommandations d’une amie. Elle devait, au contraire, être menée jusqu’au bout, quand bien même j’étais acculé au bord du vide, sur le point de chuter, et qu’une ancienne Sith s’apprêtait à m’y jeter.

« Je ne peux pas, Velvet. Repartir m’est impossible, pas alors que nous sommes sur le point de mettre la main sur ce criminel de guerre. L’enjeu est effectivement important, et si tu n’es pas mon ennemie, tu n’as pas de raison de t’interposer. Il doit être traduit en justice pour les crimes qu’il a commis envers la Galaxie. »

Mon pied quitta le rebord de la falaise pour retrouver une assise plus stable. J’avais senti la pointe d’inquiétude qu’elle avait quant à ma présence en ces lieux. Je la partageais, car je ne voulais surtout pas apprendre qu’elle était là pour protéger un homme qui avait massacré sans pitié des milliers de gens dans le seul but d’assouvir une conquête personnelle.

« Je ne sais pas pourquoi tu es là, Velvet. Mais tu dois absolument me laisser passer avant qu’il ne soit trop tard, et qu’il ne s’échappe !»

En fait si, je m’en doutais. C’était à présent une quasi-certitude, quand bien même je manquais de preuve. Pourtant, les éléments semblaient concorder. A mon humble avis, l’homme masqué jouait double jeu, et comptait nous utiliser pour s’assurer que Borenga débarquerait bien sur cette plateforme. Sauf qu’au lieu de nous laisser le capturer, il l’éliminerait. Pourquoi, sinon, Velvet m’aurait-elle dit que l’enjeu était aussi important ?

Je me devais de découvrir la vérité, et cela nécessitait de convaincre Velvet. Ou de la mettre hors-jeu…

« J’ai une mission à remplir, que tu t’interposes ou non. Je n’ai pas envie de faire ça, Velvet. Mais si tu t’obstines, alors je n’ai pas le choix. »

J’appelais la Force autour de moi, dans un élan protecteur, pour former une seconde peau destinée à encaisser une prochaine vague de force, ou une quelconque autre attaque. Je ne serais pas celui qui viendrait frapper le premier, quand bien même je n’hésiterais pas à avancer.

Déjà, je faisais un pas en avant, puis un second et enfin un troisième. Mon sabre venait d’atterrir dans ma main, extension d’une volonté de fer, et d’un regard d’acier. Il n’était plus question d’émotions. Je les avais traité comme m’avait appris à le faire Léonard, de sorte à ne focaliser mon esprit que sur ma propre personne, ainsi que sur celle de Velvet.

Et tandis que je m’avançais, je laissais échapper une dernière supplique :

« Je t’en prie Velvet. Laisse-moi passer. »


Darth Velvet
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« Il ne s’échappera pas » claque ma voix, avec une rudesse acérée qui ne laisse aucun doute sur la véracité de mes propos.

Je lis, dans ce regard de bronze, la flamme mordoré de sa détermination et les doutes qui empoisonnent ses pensées, serpents venimeux d’une méfiance dont je suis l’instigatrice. Et en dessous, le calme trompeur d’une fragilité, qu’autrefois je découvris dans l’alcôve moite de nos perditions et des effluves licencieuses de l’Elixir. La réminiscence de sa tiédeur, de son corps lové contre le mien, de ses mains aventureuses, douces comme une étreinte de soie, de la saveur de ses lèvres, de son souffle, s’impose à moi en relief de cette terreur, sourde et violente, noyant ses prunelles et inscrivant de répugnance ses traits. Parce qu’au final de nos épreuves, sous le désir et l’avidité de satisfaire à notre passion, de boire au calice de notre inclinaison sensuelle, il ne restait, de lui envers moi, que ce dégout entre effroi et aversion.

Et cela… je ne peux l’oublier. Et lui… le peut-il ? Ou sous ses airs de bravoure, existe-t-il encore les braises, le frisson de cette panique viscérale d’antan à mon encontre… Peut-être n’ai-je d’autres solutions que d’éveiller cette graine déposée dans sa poitrine par mes ténèbres, alimentée du sang et des cris de nos geôliers. Ensommeillée, en son sein, elle est la traitrise qu’il me faut insuffler à son âme pour le voir abandonner. Peut-être… Mais l’idée me révolte, me révulse, il faut croire que la glace de mon cœur se fêle, s’infléchit. Pourquoi ? je ne saurais l’affirmer… parce que malgré toutes les horreurs qu’il pense de moi, je l’apprécie ? Ou bien est-ce parce qu’il existe un lien, pour ceux qui, comme nous, affrontèrent dos à dos, main dans la main, pourfendant d’une même lame, la félonie ignominieuse et les désirs fallacieux dont nous fûmes les jouets pervertis… Une chance, une ultime chance, c’est tout ce qu’il m’est possible de lui accorder…

Alors mes paupières se closent sur ma promesse muette, refusant de lui concéder cette victoire dont il ignore tout. Je dois le convaincre, même si, hélas, au fond de mon cœur je n’ignore rien du choix qu’il décidera. Il est Joclad, l’ancien padawan de Léonard, et en cela le digne héritier de son entêtement aveugle. Ne me l’a-t-il pas déjà affirmé ? Qu’importe… je ne romps jamais mes serments, même ceux murmurés dans le secret de mon âme.

« Borenga est semblable à une anguille. Tu crois que tu peux le capturer ? Tu crois que tu peux l’emmener devant les tribunaux pour qu’il soit condamné ? Ta cause est louable, Joclad, mais crois-tu qu’elle soit réellement adaptée à ce monstre ? On n’attrape pas les anguilles à main nue, parce qu’elles vous filent entre les doigts, et avant même d’avoir dit ouf… elles disparaissent. Il saisira la moindre opportunité, et jamais il ne comparaitra devant votre justice. Il vous roulera dans la farine, parce que vous le sous-estimez, et que vous vous surestimez. Et parce qu’il a encore des alliés… il est loin d’être aussi désemparé que vous le croyez. Il n’y a qu’un moyen de s’assurer qu’une anguille ne s’échappe, tu sais… il faut lui trancher la tête. »

Il est là, devant moi, plus qu’à quelques pas, à la fois proche et éloigné, et déjà je devine l’inflexibilité de sa résolution et  de sa démarche, de son choix. Je n’ai pas envie d’entendre la sentence couler de ses lèvres, avec l’animosité de ceux qui vont s’affronter. Mais l’espoir ténu auquel je m’accroche, s’effrite irrémédiablement, et ma voix trahissant la faiblesse de mon bras résonne dans la nuit silencieuse, dénuée du bruissement du vent dans les herbes folles et du hululement des nocturnes.

« Jamais, il ne quittera cette planète. Je t’en fais le serment. Mais à présent il te faut choisir entre abandonner ou persévérer. Tu sais… il n’est pas trop tard, nous ne sommes pas obligé de nous affronter stupidement… Tu pourrais me rejoindre, bien que je doute, te connaissant, que tu acceptes. Ou bien fais demi-tour… et laisse moi m’occuper de ce monstre. Mais Joclad, s’il te plait, ne fais pas un pas de plus. Je ne m’écarterais pas… alors ne m’oblige pas à te faire du mal. »

Inutile… je le sais, je le savais. J’inspire profondément, et mes paupières s’ouvrent brutalement, d’azur et d’ombre comme le présage d’une menace, augure de nos décisions fratricides, de nos souffles douloureux et des larmes à venir. Mon profil, lui, s’effile dangereusement, dégainant l’esquisse d’un sourire attristé, de regret et d’amertume.

« C’est ta décision ? Il n’est pas trop tard… je crois… ou peut-être que si … »

Je ne peux permettre qu’il avance encore. Ma raison de brouille, mon esprit se perd glissant vers l’onde argenté de la Force, puisant à sa source, dirigeant son flot pour tisser mon sortilège de haine et de peine, comme l’on file la soie. Et là, dans sa poitrine, autour de son cœur, s’enlacent les fils éthérés d’un piège invisible et sournois, cruel comme une torsion de lame, implacable. Mes doigts frôlent ma cuisse gainée de cuir et de nuit, marionnettistes perfides, retenant du bout des ongles, l’ensecret de cette nasse traitresse en son sein. Puis, lentement, en miroir de mon poing qui se referme, j’étreins d’une douceur perfide, l’organe du jedi, ressentant avec une précision mortelle, ses pulsations affolées et la douleur irradiant sa poitrine.

« A chacun de tes pas , je resserrais ma prise, augmenterai la pression. Jusqu'à ce qu'il cesse de battre ou que tu fléchisses. Fais demi-tour Joclad, renonces, s'il te plait… »

Et mon regard s’accroche au sien, d’une muette supplique, dévoilant à mon corps défendant, le tumulte de mes émotions et la souffrance que je m’inflige, comme un reflet à ce qu’il endure, lézardant le givre et le jade de mon masque impénétrable, malgré ma voix, hivernal et coupante.

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Anonymous


« Le tuer. C’est là tout ce que tu veux. »

Si sa voix venait de claquer, la mienne venait de siffler dans un mélange de réprobation et d’incompréhension.

J’avais très bien compris qu’elle ne comptait pas laisser le Hutt quitter cette planète, mais je ne comprenais toujours pas pourquoi. Ses buts m’étaient inconnus, et peut-être avait-elle été engagée pour mettre fin aux jours de Borenga. Ou peut-être avait-elle simplement trouvé cette cause juste. Je votais personnellement pour la première solution, que je trouvais plus logique, mais je restais ouvert à la moindre révélation qui me permettrait d’éviter cet affrontement. Car si je ne laissais plus rien transparaître extérieurement de mes émotions, je ressemblais intérieurement à un volcan endormi. Je ne voulais surtout pas l’attaquer, au risque de briser cette entente formée il y a de ça des années, avec la récupération de Zélonion, et qui s’était approfondie avec le piège d’Impératrice Téta. Ce n’était pas une alliance, et encore moins une amitié. C’était un lien étrange, de ceux que partageaient les individus qui, un jour, étaient venus à s’entraider malgré une divergence radicale d’opinion.

Je ne pouvais pas oublier l’entrelacement de nos corps, le désir mutuel, partagé mais faussé, dont nous nous étions épris tout les deux. Je ne pouvais pas ignorer qu’à un instant, j’avais pu ressentir quelque chose pour elle. Mais tous ces instants partagés n’étaient que tromperie. Ils ne furent guère réels, et Darel m’avait confirmé la certitude que j’avais adopté quelques semaines après ma cavalcade hors du système Koros : ces émotions ne furent pas les miennes. On avait violé le caractère privé de mes sens et de mes sentiments. On m’avait agressé, pour me forcer à accepter l’idée que les effets des phéromones et de l’Elixir étaient naturels, et non artificiels.

Tout ceci appartenait au passé, et n’aurait désormais plus aucune influence sur le présent. J’avais créé une bulle, un véritable rempart entre mes émotions et ma mission, et excepté quelques fissures qui me retenaient de lui sauter dessus, il était impénétrable. Si une chose me retenait de l’attaquer pour la repousser loin de mon chemin, et par extension, de mon but, c’était le respect que j’avais pour elle et pour Léonard. Mais les secondes s’égrenaient, et Borenga risquait de sortir de sa cachette à tout moment pour s’élancer droit dans un piège mortel. Ma mission était désormais double : l’arrêter, tout en l’empêchant d’exploser.

Mon regard restait donc rivé dans le sien et mon pied faisait un nouveau pas en avant. Nous étions désormais tout proches, et je n’avais plus à hausser le niveau de ma voix pour lui faire entendre ma réprimande :

« Est-ce réellement un désir de justice qui t’anime, Velvet ? Ou bien est-ce plutôt, comme à Cinnagar, de la vengeance ? La tienne, ou celle d’un autre ? »

Toi qui disais ne plus être Sith, et ne pas partager leurs principes, pourquoi agirais-tu de la sorte ? Parce que la corruption du Côté Obscur tendait irrémédiablement son utilisateur à plonger ? Ce n’était certainement pas cela. J’avais vu Yun Silthar, j’avais longuement discuté avec lui de ce sujet. C’était un repenti, ce qui signifiait que le retour vers la lumière, ou même la neutralité, était une chose possible et non plus seulement envisageable. Léonard avait eu raison, fut une époque, de tenter de ramener Velvet vers des jardins plus lumineux, mais il avait sans doute commit l’erreur de vouloir l’emmener trop loin vers la clarté.

Néanmoins, je connaissais très bien les travers dans lesquels Velvet risquait de tomber si elle s’entêtait à me refuser le passage. Je savais très bien ce que la vengeance pouvait nourrir en elle, tant nos geôliers avaient fait les frais de sa fureur au cours de notre évasion. Elle voulait le tuer, et elle allait sans doute faire de même avec moi, car je ne pouvais adhérer à ses explications, et encore moins la rejoindre elle et ses idées. Et ses propos, à mon égard, sonnaient à mes oreilles comme une insulte inacceptable. L’espoir que j’avais de la faire changer d’idée s’amenuisait, et serait bientôt épuisé. Pour autant, je ne me sentais pas capable de venir croiser nos sabres avec elle sans avoir tout tenté. Sans avoir agi comme Léonard avec elle autrefois :

« Je ne le sous-estime pas, tout comme je ne me surestime pas. Il doit être jugé pour les crimes qu’il a commis, mais vengeance n’est pas justice. Que t’apporteras sa mort ? Un soulagement ? Un sentiment de devoir accompli ? Rien de cela, évidemment. Ta volonté est sans doute partagée par bien des gens dans cette galaxie, mais elle n’apportera que plus de détresse et d’incompréhension. Tu crois que sa mort serait une libération, je crois au contraire qu’il s’agirait d’une immense perte. »

Ce serait même catastrophique, car je n’avais absolument aucune autre piste à suivre pour remonter aux gens qui se terraient derrière Borenga, et agitaient sa marionnette en écran de fumée pour camoufler leurs méfaits. Il resterait bien l’homme masqué qui nous avait conduit ici, sans doute dans un piège servant ses intérêts à Velvet et lui. Ou même la Mirialan elle-même, au final, mais je ne pouvais pas me résoudre à cette idée. Jamais je ne chercherais à l’utiliser de la sorte, j’avais encore trop de respect pour ce qu’elle avait accompli par le passé : la libération de Zélonion ou encore notre fuite de Koros Major.

Trainer Borenga en justice était une nécessité. C’était un Hutt, et il serait assez simple de lui tirer les vers du nez. C’était un être ambitieux, sans doute vaniteux. Il suffirait de lui faire une offre si alléchante qu’il ne pourrait la refuser. Je me devais de l’arrêter pour rendre justice à tout ces gens qui avaient périt par sa faute et celles de ses homes. Ses crimes contre la galaxie ne pouvaient pas rester impunis, mais seuls un procès équitable, et non une vendetta personnelle, pourrait soulager les proches de ses victimes et ramener la paix aux fonds de leurs âmes.

« Ce n’est qu’un pantin, Velvet ! Borenga n’est en rien l’instigateur de toutes ces choses. Quelqu’un, derrière lui, tire les ficelles pour tenter de plonger notre galaxie, déjà au bord du gouffre, dans les méandres du chaos. On en a la preuve, et la capture de ce Hutt serait une aubaine. Je ne peux te laisser gâcher tout ce travail que nous avons déjà accompli pour retrouver sa trace. S’il meurt, alors il me faudrait repartir de zéro. Et des gens continueront d’endurer, de subir et de mourir. C’est cela que tu souhaites, Velvet ? »

Si c’était bel et bien le cas, alors elle ne vaudrait pas mieux que les Sith, et je n’hésiterais plus. Je l’attaquerais, sans lui laisser le moindre répit. Je la vaincrais, pour remplir la mission qui était la mienne. Elle serait irrévocablement mon ennemie, jusqu’à ce qu’elle s’écroule, ou n’accepte de se retirer. Mais avant cela, je me devais de lui offrir une dernière garantie, preuve de ma volonté de toujours négocier, jusqu’à l’impasse si nécessaire. Je voulais absolument tout tenter, pour la protéger. Car ce Joclad là, elle ne l’avait encore jamais vu à l’œuvre. Il n’avait rien à voir avec celui d’Impératrice Téta :

«Je le traque depuis plusieurs mois, le laisser filer n’est absolument pas dans mes intentions. Je le surveillerais aussi longtemps qu’il me le sera possible ; aussi longtemps que j’y serais autorisé. Il ne s’échappera pas sous ma surveillance, Velvet. Tu as ma parole.»

Mes propos venaient de s’échapper dans un murmure à son unique attention, telle une dernière supplique avant la frappe fatidique. Car mes prochaines paroles n’avaient déjà plus rien de diplomatiques. Elles n’étaient plus qu’ultimatum :

« Je ne m’arrêterais pas parce que c’est toi, Velvet. Je ne suis pas Léonard, tu le sais très bien. Si tu reste entre cette navette et moi, alors c’est que tu cherches l’affrontement et non l’apaisement. »

Je n’étais peut-être pas Léonard, mais je partageais désormais avec lui beaucoup de point commun, à commencer par cette détermination sans faille à poursuivre et atteindre mes objectifs. Velvet allait devoir agir ou bien se pousser, mais ce fut la première solution que la Mirialan retînt car ce fut avec un certain étonnement que je ressentis ce soudain appel à la Force, ciblé contre ma personne, et contre mon organe le plus précieux.

La première pression me fit l’effet d’un choc tant la douleur fut fulgurante. Je m’étais aussitôt immobilisé, alors que je ressentais se tisser autour de mon cœur cette toile de Force caractéristique, que j’avais toujours appréhendé. Ma sénestre s’était apposée sur mon torse dans un réflexe vain, et mon regard s’était courbé pour venir lécher le sol. Il me fallut quelques secondes pour réaliser et inventer une parade qui, malgré tout, prenait du temps à mettre en place. La douleur était tétanisante, mais je ne cherchais pas à la combattre. Je l’acceptais au contraire pour ce qu’elle était, à savoir une alerte de mon corps à l’intention de mon esprit, pour susciter une réaction de ce dernier, qui ne se fit pas prier. Je m’ouvrais à la Force en opposition à Velvet, dans une volonté de conserver au mieux le fonctionnement normal de mon organe qui, malgré tout, restait à la peine.

Mon regard se relevait, alors que mon alliée venait me renseigner sur la teneur du filet qui m’enserrait et que je me préparais déjà à forcer la Mirialan à desserrer son étau. Mon corps se redressait, doucement, m’arrachant une grimace lancinante, et avec difficulté, je lâchais à son attention :

« Alors… c’est ça que… que tu veux réellement ?... Me tuer ? »

Elle semblait bien partit pour le faire, mais je ne lui en laisserais pas l’occasion. Je faisais un pas en signe de défiance, de sorte qu’elle resserrait un peu plus son étau et s’épuise contre ma défense. J’y étais préparé, car la Force ne m’avait pas abandonné. Elle était là, protectrice, prête à couper un à un les mailles du filet qui cherchait à me tuer.

Je m’adaptais, faisant usage intensif de la guérison pour accentuer mon débit sanguin, apaiser les lésions et compenser les effets infligés par la poigne invisible de Velvet par une amélioration de mes facultés. Puis, une fois une partie de mes esprits retrouvés, j’appliquais une télékinésie sur son poing fermé, cherchant à l’ouvrir avec force, dans le but de l’épuiser, et qu’elle constata la nécessité pour elle de changer de technique. Je canalisais la Force autour de moi, laissant le flux me transcender.

« Je ne suis pas… aussi frêle que tu ne sembles le croire, Velvet. J’ai… survécu à l’Atramentar et à bien d’autres choses encore. Tu crois…Tu crois me connaître, mais tu n’as connu que mon corps ainsi qu’une facette faussée de ma personne. »

Son attaque, vicieuse, venait de sonner le glas de la négociation. Il n’y aura plus de tractation, car il était inutile de repousser l’inéluctable. Il était temps pour moi de me battre et de laisser mon alliée cisailler les dernières mailles de ce filet invisible, pour en repousser cette nasse traîtresse et passer à l’attaque avec fermeté.

L’usage permanent de la guérison m’épuisait, mais à un rythme plus soutenable que l’attaque pernicieuse de l’ancienne Sith. Ma lame s’éleva dans les airs, signe de la fin de la trêve, pour s’abattre avec fracas contre mon adversaire.




EDIT : Rajout du formatage du texte, que j'avais oublié. Du coup c'était moche ! Very Happy
Darth Velvet
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Comment peut-il juger la mort de Borenga comme une perte ? Une tragédie ? L'incompréhension fustige mon profil, et mon sourcil s'arque sous ce sentiment inattendu. Ce hutt est un monstre, un criminel de guerre, un être dont l'essence corrompue distille en cet univers son venin perfide et ses ambitions comme l'on sème les blés à la nouvelle saison. Conserver sa vie pour accéder à ses connaissances, aux secrets qu'il dissimule dans ce gouffre qu'il nomme cœur ? Et par quel moyen de pression ? La peur, l'argent, ou espère-t-il attiser sa bonté et sa citoyenneté avec quelques mots doux et la promesse de sa liberté recouvrée. Quelle naïveté, quelle faiblesse d'esprit d'imaginer qu'il succombera aux belles paroles et aux mensonges, poursuivant une quête illusoire d'une immunité à ses tractations funèbres et à sa dépravation. Joclad ne connaît pas Borenga. S'il le connaissait autant que moi, il saurait l'inconsistance de sa stratégie et les faiblesses de sa tactique. Borenga n'est pas un pleutre, ni un lâche, il ne craint pas la mort ou l'emprisonnement, il s'en moque, ce qu'il veut c'est le pouvoir, l'assurance d’asseoir sa puissance et son règne, et le désir sournois d'en abuser. Et à cela, tout chevalier jedi qu'il soit, il ne pourra rien modifier.

Quand à ceux qui souffrent et meurent sous la caresse de la Fatalité, en suis-je responsable ? A-t-il oublié que l'Univers croule sous le danger et les menaces, et Borenga s'il est de celles-là, ne doit-il pas d'autant plus être annihilé plutôt que protégé ? M’accabler du poids de la Destinée, faire de moi l'une des Tisseuses est un coup bas. Les gens vivent et meurent, tous les jours, à chacune des secondes qui s'écoulent, grains d'un sablier dont je ne suis ni la gardienne, ni la maîtresse. Et lui, que fait-il pour ceux qui ploient sous le joug de l'Impératrice, sous les coups de fouets des esclavagistes, se traînent pour mourir dans la fange des autres. Eux qui ne sont pas si loin du Temple, ces parents auxquels on arrache les enfants pour un dogme sujet à controverses, ces travailleurs s'usant à la tache pour nourrir tout juste décemment leurs familles, ces hommes et ses femmes torturés, enroulés dans la misère comme dans une mante crasseuse. Ceux là, quels crédits leur accorde-t-il alors qu'il est ici à vouloir défendre ce qui ne peut l'être, oubliant que le malheur s'abat en tout endroit, sans distinction d'age ou de race. Et que... ma responsabilité et mes actes ne sauraient être engagées dans ces accusations.

L'envie de resserrer la nasse autour de son cœur s'égare dans mon esprit. Le tuer ? Non... je veux juste qu'il recule, abandonne cette croisade mensongère, oublie un instant cette idée démente que la justice résous tout. Mais qu'importe, il se moque bien de mes motivations, affirmant ce qu'il ignore avec cet orgueil propre aux gens de son Ordre. Un véritable Léonard en latence, et , il n'y a là, aucune admiration ou compliment.


« Rassures toi, Joclad...je ne te ferais pas l'affront de croire que nous nous connaissons. »

Mes doigts luttent contre l’afflux de Force qu'il enroule autour de ma main, à la recherche d'une liberté que je ne peux lui accorder. Au contraire, loin de desserrer mon poing, ils pressent davantage son cœur. Et je devine dans l'éclat d'ambre de son regard, sa sourde résolution, implacable et brûlante, et sous son teint de sélénite, les prémices bistres d'une vitalité retrouvée. Pour autant, je ne relâche rien de mon étreinte, me préparant à sa réplique prochaine. Sous ma peau de jade, derrière ce masque dessinant les traits de mon visage d'une gangue impénétrable, mes muscles se tendent, prêts à le recevoir, prêt à riposter, prêts à en découdre malgré l'amertume assiégeant mon âme et mon cœur.

Son sabre se fend d'un vrombissement, traçant entre nous, l'arabesque mortelle de sa volonté, violente et létale, furtive et meurtrière, comme le souffle d'une Faucheuse, comme l'annonce d'une mort promise. Il n'y a , dans la fermeté de son bras, dans l’immuabilité de son regard, pas la moindre hésitation, pas un seul soupçon de remords, pas même l'esquisse d'un regret. Je soupire en réponse, libérant mon emprise sur lui, au tout dernier instant, presque trop tardivement pour éviter son agression. La tension de mes muscles se délie instantanément, brutalement, et sa lame céruléenne frôle mon visage, volant une mèche de mes cheveux dans un grésillement évocateur.

Et comme une danse depuis longtemps acquise, mes pas s'inscrivent dans l'herbe saturé de rosée, stables et assurés. Un sur le coté pour esquiver la ligne de son attaque. Je glisse le long de son bras, et, simultanément, pose ma main droite sur son poignet, pour m'en saisir, pour qu'il ne dévie pas son sabre de sa trajectoire initiale, pour exercer une torsion douloureuse vers son dos, alors que j'avance d'une seconde enjambée, apposant ma senestre juste derrière son omoplate. Et je tire vers l'arrière la prise de ma dextre, vers l'avant celle sur son épaule, resserrant ma clé sur son corps, maîtrisant le sien contre le mien, comme l'étreinte d'une amante sadique, tendre et immobilisante.


« Te tuer Joclad ? Tu es si prompte à me juger, tout comme lui. Mais tu fais fausse route, si je suis celle qui garde ce passage, c'est parce qu'il m'importe, à moi, qu'aucun des tiens ne flanchent sous mon sabre.» chuchote ma voix au creux de son oreille, mon souffle chatouillant la peau fine de son cou alors que je le contrains à lâcher son arme. « Parce que crois bien que si j'avais voulu t'éliminer, nous n'aurions pas cette discussion. Je savais parfaitement qu'un jedi ou plus viendrait. J'ignorais seulement que ce serait toi. »

Je serre davantage, sachant que ce n'est qu'une question de secondes, avant qu'il s'échappe de mon emprise, avant qu'il se retourne contre moi.

« Toi aussi, tu ne lis en moi que ce que tu as envie de lire. L'obscurité, la vengeance et ce que tu nommes probablement souillure. Oui, j'ai assassiné ces personnes sur Cinnegar, par vengeance, par haine, sous l'emprise de ma névrose et de ma folie, qu'importe. Oh ! Je ne le nie pas. Mais Joclad, ces êtres dont tu me reproches la mort, voulais-tu demeurer leur chose, leur esclave de sexe, à jouer sur des talons haut perchés, dans des nuisettes, à user et abuser de ton corps selon leurs modalités? C'est une vie à laquelle je me suis abreuvée, contrainte et forcée, crois moi, elle n'a rien d'attrayant ou d'enviable. Et je t'ai pourtant laisser appliquer ta justice... Et vois ce qu'il est advenu... rien. Et la formule de l'Elixir, toujours dans la nature. Pour Borenga, il n'est pas question de vengeance quoique j'ai quelques querelles à vider avec lui, mais de survie, pour moi, pour d'autres. »

Mes paupières se closent, alors que je le libère, me servant de mon corps comme d'un balancier, usant d'une pointe de télékinésie pour le repousser du coté de la falaise, pétrifiée entre lui et le vaisseau du hutt, et à mes pieds, son sabre abandonné.

«  Tu me crois stupide au point d'ignorer qu'un autre tire ses ficelles... Joclad, je suis dans son ombre depuis plus longtemps que toi et ma traque est aussi acharnée que la sienne à mon égard. Ce marionnettiste n'est pas de ceux qu'on attire avec du miel. Borenga lui est fidèle et l'emprisonner ne te permettra pas de découvrir ce qu'il se trame. Comment saurais tu que le hutt ne t'envoie pas sur des impasses, qu'il ne te manipule pas, lui qui est rompu à cet art ! Et tu sais comme moi, que son organisation ne se démantèlera pas avec son procès et sa condamnation. Son cartel survivra et lui jouira de ses pouvoirs à distance parce que c'est ainsi que le monde tourne, c'est ainsi que cela se passe toujours, et se leurrer n'avancera à rien. N'est ce pas indirectement ce qu'il s'est aussi passé avec Impératrice Têta ? Mais pendant que tu boiras ses mensonges, poursuivras ses chimères, le marionnettiste avancera ses pions dans l'ombre jusqu'à être prêt pour frapper. La mort de Borenga, c'est la mort de ses projets, l'obligation de se révéler ou de changer de stratégie au risque d'être repéré. La mort de Borenga c'est le grain de sable dans son rouage.... c'est une chance de découvrir le qui et le pourquoi. »

« Je t'en prie... entends raison, et pour une fois, ne t'entête pas à essayer de me combattre. » Mais cela je le tais, me contentant d'attendre le prochain assaut sans en prendre l'initiative.
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Anonymous


Je l’avais attaqué non par envie mais par nécessité.

Je ne retirerais rien de sa défaite, si ce n’était mon échec personnel de n’être pas parvenu à éviter cet affrontement futile. Par nos réactions, nous venions de briser le maigre petit filament qui nous unissait, à savoir les sentiments de ceux qui avaient autrefois combattus ensemble. Si je lui pardonnais allègrement la vague de Force qu’elle avait déchaîné à mon égard, sa prise sur mon cœur était en revanche inexcusable. Nous ne nous connaissions pas, sur ce point nous étions parfaitement d’accord. En vérité, je pensais en savoir plus sur elle qu’elle sur moi, car si Léonard n’avait pas pour habitude de parler d’elle, j’étais tout de même parvenu, au fil des ans, à lui tirer quelques vers du nez. Je lui avais en réalité forcé quelque peu forcé la main lorsque je lui avais avoué avoir rencontré la Mirialan dans l’Espace Hutt en compagnie de son neveu. C’était là qu’il s’était réellement mit à me parler d’elle, bien qu’il ne semblait pas en connaître énormément à son sujet mais ce que j’avais pu apprendre m’avait beaucoup aidé à cerner l’individu et à éviter de me faire découper en petites rondelles dès la rencontre suivante. En revanche, elle, que savait-elle de moi ? Je ne pensais pas que Léonard lui ait un jour tenu cette conversation, et je doutais qu’elle en sut guère plus que ce qu’elle avait pu entrevoir à Cinnagar. De fait, si l’on partait du principe que le Joclad d’Impératrice Téta ne fut pas vraiment le vrai Joclad, alors Velvet ne savait pas grand-chose de ma véritable personnalité, à commencer par ma détermination à toute épreuve.Elle ignorait tout de ma maitrise du sabre-laser, de mon niveau de connexion à la Force ou encore de mon ingéniosité. Tout ce qu’elle avait pu voir de ma personne n’était qu’une fausse faiblesse, une naïveté depuis longtemps tue et une peur inventée de toute pièce par ceux qui nous avaient honteusement drogués. Autant dire que Velvet allait vite déchanter si elle était restée sur ces fausses certitudes, même si pour l’instant c’était plutôt moi qui me faisais surprendre par sa vivacité et sa grâce féline, celle-là même dont elle avait fait preuve à Cinnagar contre nos kidnappeurs. J’avais prévu qu’elle relâcherait son étreinte au moment où je lèverais mon sabre et je m’étais préparé au choc anatomique que la libération soudaine de mon cœur allait provoquer, à savoir une sur irrigation sanguine et une douleur épouvantable. J’acceptais une fois encore pleinement celle-ci comme une alerte de mon corps et je la régulais en conséquence du mieux possible. Ma lame virevolta, frôlant le visage de la Mirialan sans jamais le toucher car mon but n’était pas de la blesser et encore moins de la tuer. Velvet se dressait sur mon chemin et je ne souhaitais que l’en écarter. Rien de plus, rien de moins. Tout ne dépendait plus que d’elle. Ma décision était prise et je n’en dévierais plus d’un iota. C’était elle le point bloquant désormais, ce n’était plus moi. Ça n’avait jamais été moi.

Je venais tout de même payer cher mon coup de semonce lâché dans l’air car la réaction de Velvet était réellement exceptionnelle. Son décalage fut rapide et parfaitement orchestré, la glissade de son bras le long du mien, légère et élégante et sa saisie de mon poignet, violente et foudroyante. Mon manque de volonté à la frapper réellement, de vouloir lui offrir une dernière chance, venait me mettre dans une situation délicate et inattendue. C’était en sentant glisser mon bras dans son dos que je décidais de ne pas m’interposer, de la laisser jouer son coup jusqu’au bout pour éventuellement contre-attaquer, car étant donné la situation une réaction précoce n’aurait eu que pour résultat de me déchirer le bras. J’avais d’ailleurs bien compris qu’elle aussi ne souhaitait pas ma mort, et,en réalité,mes précédents propos à ce sujet n’avaient été lancés dans les airs que pour chercher une remise en question chez la Mirialan. Pour la faire douter. Je l’avais déjà vu à l’œuvre et réagir précipitamment ne ferait que la brusquer. Je me laissais donc attirer contre elle, alors qu’elle accentuait suffisamment la pression sur sa clef pour assurer sa prise. Je taisais ma volonté de résistance pour l’écouter disserter, attentif au moindre des indices qu’elle venait m’offrir sur un plateau d’argent. J’avais en effet noté le fait qu’elle s’était attendu à notre visite, ce qui corroborait ma théorie sur le double jeu du guerrier masqué, celui-là même qui avait affirmé devant le Conseil avoir retourné sa veste pour servir un intérêt bien plus grand que le sien. Ainsi, toute ma théorie sur la manipulation des membres du Conseil était vraie, ce qui ne cessait d’attiser ma volonté de mettre des bâtons dans les roues du Jedi Noir et de sa comparse Grise en neutralisant la navette et les explosifs qui s’y trouvaient sûrement avant l’arrivée du seigneur de guerre Hutt. Je ne pouvais pas accepter de m’être fait mener en bateau de la sorte, pour voir Borenga rejoindre stupidement la Force. Désormais, je n’avais que faire de ces accusations fallacieuses et de ses arguments hypocrites. Elle savait très bien que jamais, ô grand jamais je n’aurais accepté de rester dans cette situation. La Force m’aurait sans aucun doute rappelé à mes origines, tout comme elle l’avait fait avec elle. Preuve en était notre première tentative commune, avortée, de nous échapper.

« La formule de l’Elixir est toujours dans la nature parce que tu ne m’as pas contacté, comme nous l’avions pourtant prévu. » rétorquais-je subitement tandis que je me préparais, doucement, à me libérer de son emprise. La chute de mon sabre au sol était inacceptable. De me désarmer, elle n’avait pas le droit.

Je l’avais laissé faire mais cela ne pouvait plus durer. Je ne pouvais accepter d’entendre plus longtemps ses vérités déformées. Fort heureusement pour elle, Velvet décida de me libérer de son étreinte avant que je ne passasse à l’acte, me repoussant d’une vulgaire et piètre télékinésie qui ne me fit reculer que de quelques pas, car je retrouvai bien vite mon équilibre. Je me retournais pour lui faire face, avisant mon sabre-laser posé à ses pieds et jaugeant la distance entre elle, l’objet, et moi. Déjà, des esquisses d’approches, de plan, se dessinaient dans mon esprit tandis que j’écoutais sa nouvelle tirade tout aussi véhémente que la première. Celle que j’avais pu croire un instant être une personne un minimum respectable venait me confirmer son ancienne allégeance –peut-être relative, certes- au seigneur de guerre des Hutts et je m’en révulsais. Cette simple affirmation venait vider de tout son sens le reste de ses arguments. Je n’avais que faire de sa morale, car elle-même ne l’avait pas respecté. Pour le reste, il était évident que ce n’était pas en coupant la tête de l’organisation que nous aurions sa peau, tout comme il était certain que l’arrestation envisagée du Hutt n’allait pas refréner les ardeurs de celle suspectée de tirer les ficelles depuis les recoins obscurs de la galaxie. Néanmoins, cela aurait le mérite de faire réfléchir cette personne, en plus de la forcer à se débarrasser de certains de ses sbires les plus proches de Borenga. Quant aux moyens pour le faire parler, ils étaient bien plus nombreux qu’elle ne le pensait, à commencer par le pire de tous –ou le meilleur, question de point de vue- : la faim.

« Je ne te permets pas de remettre sur la table cette histoire à Cinnagar. Tu le sais aussi bien que moi, nous n’étions pas préparés à affronter ces épreuves mais nous nous en sommes sortis parce que, quelque part au fond de nous, nous avions compris que toute ces choses n’étaient que de la poudre aux yeux ; une tromperie. Notre connexion à la Force est sans doute ce qui nous a sauvés, et si j’ai cautionné tes méthodes, c’était uniquement parce que la situation l’exigeait. »

Je secouais la tête, appuyant un peu plus mon désaccord complet avec elle. Déjà, je préparais mon nouveau coup et je puisais dans la Force. Cette fois-ci, il n’était pas question qu’elle pusse m’interrompre aussi facilement que la précédente. L’échec n’était pas acceptable.

« Or la situation a changé. Je ne suis plus à moitié drogué, et tu n’es plus obligé de tuer pour parvenir à tes fins. Mais ça, tu ne le comprends pas. La mort de Borenga ne remplacera absolument rien. Quelqu’un le remplacera, d’une manière ou d’une autre, et tu devras à nouveau tout recommencer. En l’arrêtant, en revanche, on se donne une chance de pouvoir l’interroger, le faire parler. Et pour cela, il suffit de trouver le bon levier. Le laisser gouverner son cartel depuis la prison n’est d’ailleurs pas une idée idiote, car il nous suffira alors de se servir de lui, à son insu, pour démanteler son organisation. Ton jugement est obstrué par ta haine, et ta vue aveuglée par la colère. »

Il était hors de question de poursuivre plus longtemps cette discussion, car c’était donner du temps à la Mirialan. Un temps que je ne pouvais gâcher, ou bien Borenga me glisserait sous le nez et exploserait en mettant le pied dans sa navette.

« Je ne peux tolérer que tu te tiennes sur mon chemin plus longtemps, Velvet. Je suis vraiment désolé d’en arriver là. »

C’était là mon dernier avertissement, car je passais presque immédiatement à l’action. Ma senestre s’agita, soulevant le sable brûlant de Tatooïne pour l’envoyer au visage de la Mirialan avant de m’élancer dans sa direction, d’un bon appuyé, alors que ma dextre s’ouvrait pour attirer à elle l’extension de ma volonté. La lame de mon arme jaillit en plein vol, pour venir s’abattre sur le flanc de la main forte de celle qui était dorénavant mon adversaire, avec la simple volonté de forcer le passage en l’obligeant à se décaler, pour ensuite éventuellement retourner le combat en la plaçant dos au précipice.

Je maintenais alors la pression, prêt à me retirer dès que j’en aurais l’occasion, pour foncer en direction du vaisseau du Hutt pour y poursuivre le combat, tout en le sabotant définitivement. Quand bien même Velvet était devenu mon adversaire, j’aurais préféré trouver une autre solution. J’aurais aimé pouvoir bénéficier d’un équivalent au pouvoir qu’avait utilisé Nosfera lors de notre dernière rencontre et ainsi pouvoir me dédoubler. J’aurais ainsi pu leurrer la Mirialan sans jamais l’affronter, mon double servant de diversion tandis que j’aurais désarmé et saboté la navette de Borenga. Mais je n’avais pas encore eu le temps de m’entrainer au développement d’une version plus lumineuse de cette faculté et je devais donc me contenter d’un affrontement direct avec celle que j’aurais franchement voulu épargner.

Peut-être était-ce à la volonté de la Force, au final, que de nous opposer définitivement. Quoiqu’il en fût, Velvet, je le regrettais sincèrement.


Darth Velvet
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« Non ! » Et ma voix claque brutalement dans la nuit, avec la force de mes convictions et une pointe d’agacement acerbe. « Tu te trompes. Ce qui nous a sauvé à Cinnagar, c’est moi. Moi qui me suis battue et salie les mains pour nous sortir de ce guêpier, moi qui t’ai arraché à cette sordide orgie, moi à qui tu reproches ces exactions, alors que l’ai fait sans aucune autre alternative et avec l'unique objectif de nous extirper de cette nasse. Comme il est facile de m’attribuer tous les reproches, alors qu’il me fallait te prendre en main comme un gamin. Mais qu’importe ! Tu as raison. Qu’importe que tu te reposes sur une fugitive pour appréhender les responsables de ce désastre, pour résoudre le problème de TA république et de TA justice. Mais dis-moi ? N’est-ce pas là ton devoir ? Ton engagement ? Ta responsabilité et non la mienne. Te délester de tes erreurs et de tes échecs sur les autres est une facilité à laquelle j’ignorais que tu t’adonnais aussi aisément. »

Pourquoi devrais-je le détromper, le détourner de cette assurance aveugle ? Pourquoi devrais-je me justifier de ce dont il m’accuse et dont je suis innocente ? Si je ne l’ai pas contacté, c’est que je ne le pouvais, me débattant dans un flot de tourments et d’ennuis gracieusement offerts par Borenga et sa Station S. Mais lui, quelles sont ses raisons pour avoir abandonné la trace de trafiquants et de criminels ? A-t-il envisagé, ne serait ce qu'un seul instant, mon impossibilité à tenir cet engagement pour des motifs extérieurs à ma volonté ? Non, évidemment non. Ne suis-je pas, après tout, cette méchante et cruelle sith, sur qui on ne peut compter ou avoir confiance ? N’est-ce pas Joclad ? N’est ce pas ce que tu vois en moi, lorsque tes prunelles s’attardent, hautaines, sur les reliefs de mon visage, distillant leur jugement sans appel. Tu ne veux lire que le monstre, épris de haine, abreuvé de colère, ersatz d'idées préconçues et insidieuses, mais si mon cœur et mon âme recèlent des ténèbres, le tien est loin d'en être exempt. Peut-être devrais-je libérer ma férocité meurtrière, l'appel à la guerre et brandir les oriflammes de ces sentiments dont tu me pare à mes dépends, pour résoudre ce conflit entre nous. Pourtant je me refuse à incarner cette égérie barbare que tu imagines en moi. Je ne suis plus une sith, plus une Darth, juste Velvet, et mon bras ne s'aligne plus, depuis longtemps, sur celui d'un Maitre, ne assujettit plus à mes émotions de clair et d'obscur. Tu l'ignores parce que tu t'attardes sur ce que tu crois connaître, dans ton arrogant orgueil, à ce que l'on t'a dit sans chercher à comprendre et constater par toi même, ou peut-être t'es-t-il plus aisé de l'ignorer … pour assumer tes actes et ta lame fratricide.

« Mais cela n'a aucune importance. Je n'ai aucune envie de continuer à t'écouter, alors que tes arguments fallacieux sonnent aussi creux que ta morale est souple. Et c'est moi la sith ? Alors que tu proposes de torturer un hutt, sans le moindre état d'âme et pour des raisons qui prêtent à la controverse ? Non seulement tu empruntes un chemin bien sombre, Joclad, mais en plus, tu ignores qui est Borenga. Oh oui... si tu imagines pouvoir le briser avec quelques spécialités de ton Ordre ou de ta République. Tu oublies un détail.. Tu oublies le conseil des Kajidics et Nar Shaddaa. Il ne connaît pas la peur hormis celle que lui inspire son marionnettiste, mais j'admire ton optimisme inconditionnel... ou alors est ce de la stupidité ? Allons, vidons maintenant cette querelle, puisqu'à ceci tu as déjà fait le choix de l'issue qui te convient, puisqu'il n'y a aucun espoir de te faire entendre une autre voix , et qu'il est de ton désir, jedi, de verser mon sang, par suffisance, par naïveté, par sottise. »

« Je ne peux tolérer que tu te tiennes sur mon chemin plus longtemps, Velvet. Je suis vraiment désolé d’en arriver là. »

Probablement pas autant que je le suis.

Et la réminiscence de ce qui fut entre nous, de la douceur de nos étreintes passionnées, du souffle partagé et des baisers enflammés, s'effrite, se dissout dans cette nuit d'encre et d'hostilités, désagrégeant dans l'incompréhension de nos âmes, les derniers fils d'une fraternité, d'une complicité née de l'épreuve, de l'adversité, de la sueur et du sang versés l'un pour l'autre. Dans ma poitrine, l'étrange pincement d'une douleur inattendue, fuse, broie mon cœur de remords dentelés d'amertume et de larmes versées dans le secret de mon être comme un adieu à une amitié morte-née. A mes yeux, il n'est plus Joclad, l'ancien padawan d'un amour déçu, l'ami inquiet et fidèle de Zélonion courant la galaxie à sa recherche, l'homme séduisant et envoûtant soumis, asservis à la perversité illusoire d'une drogue lorsque nos corps se mêlaient sensuellement. Il n'est rien de plus qu'un jedi, un chevalier parmi d'autres pour qui je n'éprouve qu'indifférence...

Et alors que j'effiloche les derniers brins du lien qui nous unissait, sa lame libère un vrombissement menaçant. Perçant le voile obscur de la nuit, d'un trait de bleu et de souffrance, elle délivre sur ma main, sa morsure brûlante. La douleur me transperce sans m'atteindre, alors que je m'enferme derrière les murs d'acier et d'airain de ma forteresse, impassible et impénétrable, de jade et de givre, le regard en meurtrière et les lèvres closes . Mes muscles tendus, roulent sous ma peau émeraude, réponse immédiate à son assaut, et je me retire de cette ligne d'azur mortelle, glissant au dessous, brisant notre proximité d'un bond arrière emprunt de Force et de puissance, insérant entre lui et moi, plusieurs mètres alors que, toujours dos au vaisseau de Borenga, je m'en approche irrémédiablement.

Il peut me blesser, brûler, briser ma main, m’empêcher d'user de ce sabre que je me refuse encore à dégainer, mais agissant ainsi, il s'absout de l'essentiel. Ne suis je pas une guerrière ? Et mon sabre n'est-il pas que le prolongement , par ailleurs, d'une arme déjà mortelle ? C'est là, sa toute première erreur, commise sous l'impulsion de sa jeunesse, et l'arrogance de son cœur. A-t-il oublié celle que je suis, mes capacités, mon expérience ? Sa seconde erreur réside dans son impétuosité à s’astreindre aux apparences, à s'imaginer, que n'ignorant rien de l'assaut et de la venue des siens, je puisse sagement attendre, la fleur au blaster, les prémices du conflit. La fierté et l'orgueil ne gonflent pas mes voiles au point d'oublier ma faillibilité et ma mortalité. Autour de nous, l'assurance que je n'échouerais pas , se couvrent d'herbes et de fleurs sauvages, dessinant les fils d'une toile, les spirales d'un piège emprisonné dans le sol, où chacune de mes positions sur échiquier de ce tarmac prends une signification calculatrice.

Tout juste les semelles de mes bottes frôlent-elle le sol herbeux lors de cette retraite fulgurante, que je lance mon offensive, déclenche le détonateur de ma ceinture. Et l'espace entre Joclad et moi, se répercute de plusieurs détonations. Les mines savamment orchestrées se désagrègent dans une chaîne d'explosions et de fumée blanchâtre, s'infiltrant dans les failles du sous-sol, fragilisant la falaise, ce promontoire précaire de roches où se découpe encore la silhouette vacillante du chevalier, avant que le sol ne s’effondre sous lui. Et si l'idée de se sauver du précipice en bondissant auprès de moi, l'effleure, ce n'est que pour être fauché en plein vol, violemment par ma vague de force .


Edit : juste modifié la police
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Qu’il était si facile pour elle de m’accuser, à son tour, de tous les maux. Certes, je n’avais pas été au meilleur de ma forme à Cinnagar. Certes, elle m’avait sans doute permis de sortir plus tôt que prévu de cette torpeur dans laquelle nos geôliers nous avaient tout les deux plongés. Pour autant, m’avoir libéré de leur joug ne suffisait pas à l’absoudre de ses actes. Elle n’était peut-être plus une Sith, mais cela ne l’avait pas empêché de torturer et de mutiler ceux qui étaient déjà à terre ; Cela ne l’avait pas empêché de prendre un plaisir malsain à mettre à mort les gens qui l’avaient humiliée, dans le seul but d’assouvir une vengeance personnelle. Alors oui, Sith, elle ne n’était peut-être plus, mais marionnette de l’obscur, elle le restait. Elle le restait d’autant plus qu’elle s’aveuglait à se convaincre du contraire. Elle n’était plus lumineuse depuis longtemps, et encore moins grise ou à cheval sur un équilibre entre clarté et opacité. Velvet n’avait peut-être plus de Maitre physique, mais elle restait en tout point l’esclave de son bouillonnement intérieur. Encore une fois, je n’étais pas là pour en finir avec elle. Je ne lui faisais pas face avec la volonté de transformer son être en vulgaire poupée de chiffons. Je n’étais en rien un Sith, mais elle, par contre, était parfaite démagogue. Je n’avais jamais affirmé vouloir torturer le seigneur de guerre Hutt, mais seulement le prendre à son propre jeu, tandis qu’elle, que souhaitait-elle déjà ? Sa mort, pure et simple, par un jugement frénétiquement partial. La Justice n’était pas sa volonté et ne l’avait sans doute jamais été. Velvet ne souhaitait que vengeance. Vengeance contre Borenga, contre les Sith, et contre les Jedi. Léonard en avait déjà fait les frais avant de refuser tout nouveau contact avec elle et je comprenais désormais, après tout ce temps, pourquoi une quelque entente avec la Mirialan était impossible. De nous deux, qui avait réellement le plus d’orgueil ? Qui était le plus aveugle ? Peut-être a-t-elle été dans l’incapacité de me recontacter pour que nous poursuivions le démantèlement du réseau de l’Élixir, mais n’a-t-elle jamais pensé que, moi-même, j’ai pu me retrouver dans une situation similaire ? N’a-t-elle jamais pensé que l’on ait pu m’interdire la poursuite de cette quête pour m’en imposer une autre plus importante encore pour le sort de la Galaxie ? Bien évidemment que non, puisque la seule chose qui lui importait, une fois encore, c’était elle. Elle, qui osait parler de stupidité alors qu’elle se retrouvait à affirmer vouloir protéger la vie de bon nombre d’innocents d’un monstre qu’elle avait elle-même servi ? Et de quelle manière déjà, si ce n’était en massacrant ces mêmes innocents ?

Tu oses me parler de morale Velvet, mais encore faut-il que tu en ais eue une un jour.

Je n’avais désormais cure de ses paroles, lesquelles tombèrent rapidement dans le puits sans fond de l’oubli. Ce qui s’était passé sur Cinnagar n’était que tromperie. Je ne ressentais absolument rien pour elle. Ni plaisir, ni désir. Ni haine, ni colère. Elle n’était qu’un adversaire au milieu du chemin de la Vérité et de la Justice. Ma lame ne s’abattait et ne s’abattrait pas sur elle avec la volonté de vaincre, par la blessure grave ou la mort, mais uniquement avec le souhait de l’écarter de ma route. Je m’attendais à une défense plus innée du roc qui me bloquait le passage lorsque ma lame virevolta pour s’abattre sur sa main forte mais je n’y trouvai que de la surprise qui me contraignit à retenir mon coup. Malgré ma détermination à franchir l’obstacle, je ne souhaitais pas l’amputer. Ma frappe n’était que le dernier coup de semonce, l’ultime avertissement avant l’attaque véritable. Je savais pertinemment que frapper de la sorte ne la désarmerait pas car la Force coulait aussi bien en elle qu’en moi. Le sabre-laser n’a toujours été qu’une simple extension de la volonté du Jedi, lequel se reposait essentiellement sur sa maîtrise de la Force pour le manipuler avec grâce et précision, et ce qui était valable pour un membre de l’ordre l’était tout autant pour une Sith, ou du moins, dans mon cas, d’une ancienne Sith et Jedi.

Son esquive soudaine était attendue et je m’étais élancé à sa suite après son bond appuyé en arrière, alors que sa maîtrise du terrain ne me surprenait guère, car n’avait-elle pas servi ce Hutt que je venais emprisonner ? N’avait-elle pas eu tout le temps de préparer son coup, avant de se servir de nous, Jedi, comme l’élément déclencheur de la perdition de Borenga le Hutt ? Nous étions tombés dans un piège et j’en faisais les frais. Voir Velvet glisser sa main à sa ceinture me noua le ventre alors que la Force venait se porter à mon secours par un violent avertissement, et la première détonation me coupa le souffle tandis que la déflagration venait lécher avec envie la paroi d’énergie de mon bouclier, dressé instinctivement autour de moi par la Force pour protéger la Vie. Les vibrations de l’explosion s’instillèrent dans mon corps par mes bottes, secouant mes os et mes muscles pour se répandre vers le ciel alors que le sol s’affaissait sous mes pieds pour me happer vers la terre. Mon temps de réaction ne fut pourtant que de quelques brèves demi-secondes mais je chutai déjà entre deux rochers, ne me laissant que peu de solutions pour espérer remonter. La Force m’avait déjà avertit du nouveau danger qui planait sur moi, vague d’énergie balayant d’emblée l’idée de me projeter dans les airs pour retomber d’un salto sur la piste d’atterrissage, ne me laissant guère d’autre choix que de me laisser entraîner dans l’éboulement.

C’est ainsi que je m’élançais vers un autre rocher qui chutait, bouillonnant intérieurement de l’énergie transcendante de la Force qui portait mes pas et accentuait la vitesse et la puissance de mes mouvements, améliorant mes capacités physiques pour me permettre d’atteindre un nouveau bloc de roche alors qu’explosait déjà en morceaux celui qui je venais de quitter. J’accédais à un nouveau bloc de pierre plus volumineux tel un funambule sur son fil, détectant par avance la chute de la rocaille pour l’éviter, avant de me projeter contre la paroi de la portion encore intacte de la falaise soutenant la plateforme d’atterrissage. Je m’y agrippais comme une araignée sur sa toile avant de disparaître totalement en me drapant d’un nouveau voile invisible, plus dense et moins perméable, laissant passer l’orage pour mieux profiter de l’accalmie. Je savais désormais à qui j’avais à faire, et il était hors de question de la charger une nouvelle fois de front. Il était temps de ruser une fois de plus, ce qui m’amenait à me plonger dans une profonde transe pour réduire mes signes vitaux par mes dons de guérison. Je calmais mon flux sanguin et ralentissait le fonctionnement de mes organes à un strict minimum pour réduire mon rayonnement dans la Force tout en sachant que le moindre effort se révélerait difficile et douloureux. C’était là un mal nécessaire et je me décalais donc doucement, en connaissance de cause, sous une protubérance de la roche avec l’idée de contourner calmement l’Obstacle Vert. Je me transformais en ombre insidieuse, agrippant fermement une prise pour poursuivre mon ascension et profiter du vacarme de la roche s’échouant au pied de la falaise pour m’approcher au mieux du rebord, et c’est seulement une fois la main posée dans le sable chaud, ma paume collée au plat rugueux de la plateforme d’atterrissage, que je me hissais sur celle-ci avec la volonté d’en finir.

A présent, Velvet, voyons de nous deux lequel est le plus malin...


Darth Velvet
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Sa silhouette, vacillante, se découpe en ombre chinoise sur la fumée blême, sous les gémissements de la falaise. Et mon regard, de regrets et de tristesse, s'attarde sur lui. Une seconde s'écoule où peut-être une minute avant qu'il ne se noie dans l'obscurité liquide et épaisse de cette nuit fratricide, entre les éboulis et la chute des rochers, la Temporalité s'effritant, griffant mon cœur meurtri par la fatalité avouée de nos différents. Il faut croire que mon armure se pare de trop nombreuses failles, pour que, malgré ma volonté de rejeter de lui tout ce qu'il m'inspire, je ne parvienne à rien d'autre que m'assener la faveur de remords inévitables. Honteux... douloureux... comme un millier d'aiguillons de conscience s'enfonçant au travers de mon impassibilité factice. Pourtant je ne ploie devant le spectacle en pyrotechnie, devant cette falaise mutilée, devant ce gouffre qui le happe, avide de dévorer sa vie et ses cris silencieux, muets parmi les hurlements de pierres et de la terre. Je reste de jaspe, et de givre, pétrifiée devant l'inévitable chute, et la portée irrémédiable de mon geste. Mais s'il me coûte de jouer l'Etincelle, fidèle à ce surnom dont on m'affuble non sans raison, il ne m'a offert aucune autre alternative, et la mort de Borenga, même entachée de celle d'un Joclad, est une nécessite vitale.

J'amorce un pas, puis un second, m'approchant du précipice comme l'eau du ruisseau va à l'océan, sinueuse et calme, froide d'une onde glacée. Mes yeux s’effilent en meurtrière, guette ce chevalier coriace et têtu, espérant qu'il soit cloué en dessous de l'avalanche tout en souhaitant qu'il n'en soit rien. Et, son aura dans la Force, s'effiloche lentement, abandonnant sur les ronces de sa toile, les derniers lambeaux de sa présence avant de se dissoudre. Autour de moi, le silence résonne lugubrement, défloré du dernier dévalement de roches, le long de la ravine. Il est comme une couverture tendue sur cette nuit voilée, d'ouate et crimes inavoués, du murmure mécontent de la Planète et du chant des âmes en peine.

Gît-il sous le tertre de mes attentions létales  ? Ou se joue-t-il de moi, glissé entre les ténèbres nocturnes et les aspérités de la falaise balafrée ? Mes paupières se closent, sur mon visage tendu, offert à cette brise tiède aux odeurs de poudre, de feu et de trahison consommée. Sa désertion de la Force s'imprimait d'une lenteur calculée, différente de la rupture nette orchestrée par la mort de l'un des nôtres. Se pourrait-il, qu'il tente de me berner ? Probablement oui... et un sourire ourle mes lèvres admiratif, rassuré, dégainé éclair sur le jade de ma peau.


« Il est trop tard Joclad. Borenga arrive. Tu n'as plus le temps de désamorcer mes pièges, et placer les tiens. A nous battre ainsi, nous nous desservons l'un, l'autre, et ta pugnacité à vouloir m'abattre ne pourra que renforcer sa paranoïa, s'il nous découvre. Et si c'est le cas... il ne cédera pas devant la mort et refusera toute arrestation, quitte à réduire en cendres cette planète pour ne pas se voir pris. Tu le sais, je le devine, tu ne peux oublier Nar Shaddaa. Pars pendant que tu le peux encore, parce que lorsqu'il apparaîtra sur ce tarmac pour fuir, il n'y aura aucune clémence, que la mort et le sang. Tu n'es pas taillé à cette mesure, mais moi oui. » clame ma voix, de velours et de raison, à cet interlocuteur invisible.

Mais elle résonne, seule, dans cette nuit d'encre et d'incendie, comme un phare qu'il rejette, qu'il ne souhaite rejoindre. Il n'y a dans l'air que cette lourdeur asphyxiante, la senteur acre du conflit et du refus, et par dessous mon espoir éclot d'apaiser les braises de nos différents, qu'il comprenne, qu'il avise de l'erreur de son appréciation et de la futilité de son jugement. Pourtant, dans le secret de mon cœur, je devine qu'il est vain. L'homme est obtus... imperméable à l'évidence et la raison.

Lentement je pose un genou à terre, et ma main se dégante pour sentir sous la pulpe de ses doigts, la douceur velouté des herbes, et le poinçon des ronces. Et mes ongles s'enfoncent dans l'humus, s'enracinent, focalisant ma conscience sur cette terre meuble, meurtrie par mes attentions pyromanes. S'il se dissimule dans les ténèbres de la nuit, s'enroule dans cette mante de noirceur et de coton, pour se diluer dans les ombres qui nous entourent, s'il tait le roulis de son cœur, et les inspirations de son corps à mes sens, c'est qu'il néglige notre passé, et l'expérience distillée dans mes veines. Est-ce au vieux Sai qu'on apprend à faire la grimace ? Comme s'échinait à le répéter mon amant de jedi, avant que la vie me réclame sa dîme et ses cauchemars ?
N'ai-je pas déjà, par une fois, ce soir, levé l'étoffe de Force sur son front et révéler sa présence en ces lieux ? Alors, sous la fente d'azur de mon regard perçant, je sonde les alentours, et sous mes doigts qui pianotent, la Force s'étend d'un écho dans cette terre, me renvoyant le sonar de chaque mouvement. Le froissement du vent dans les herbes folles, le chuchotement d'une musaraigne dans son terrier, que craquement des écorces et la vibration si légère d'un pas qui ne peut qu'être le sien.

Je me redresse brutalement, et me décale, une fois encore, entre lui et ses idéaux, vif argent de jade, et sourire en lame.

« Ca suffit Joclad. Ils arrivent. Il est trop tard ! »
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Lorsque Darth Velvet a une idée en tête il n'est pas facile de lui faire changer d'avis et le chevalier Jedi Joclad Draayi vient de l'apprendre à ses dépens !

Lui qui devait saboter le moyen de transport du Hutt Borenga s'est heurté à la volonté de fer de l'ancienne Sith qui avait pour mission de protéger le dit vaisseau. L'échange entre les deux utilisateurs de la Force s'est montré particulièrement tendu et s'il a commencé avec des mots, c'est bel et bien avec les armes qu'il s'est poursuivi dans une escalade de violence cela dit toute maîtrisée...

Darth Velvet aurait sans doute pu causer bien plus de dégâts avec ses explosifs, tout comme elle aurait sans l'ombre d'un doute pu transpercer le corps du Jedi de part en part avec son arme, mais au lieu de cela elle a choisi de faire perdre du temps au Jedi jusqu'à ce que celui-ci ne puisse accomplir sa mission... Dans un ultime effort pour éviter les pièges tendus par la mirialan, le chevalier est repoussé hors de la plateforme et en chute. Seule la Force lui permet de ne pas se blesser trop lourdement…



Victoire de Darth Velvet.

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