Dalla Tellura
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Dalla sentit une petite pointe de trac la saisir quand elle descendit de l’ascenseur pimpant qui l'avait emmenée à l'étage où habitait Maître Benhult. Enfin Monsieur Benhult. On ne pouvait pas appeler "Maître" un renégat, tout de même ! D'ailleurs, il n'avait pas fini sa formation, lui semblait-il...
"Mais qu'est-ce que je fais là ? gémit-elle intérieurement."
Certes, personne ne lui avait interdit de venir, elle pouvait se promener dans certains quartiers de la planète comme elle le voulait, et tous ses professeurs l'avaient encouragée à s'ouvrir aux autres, à une meilleure compréhension du monde et de sa propre conscience. Mais elle doutait que ses professeurs aient eu en tête une discussion avec un jedi gris...
Dalla prit une profonde inspiration en regardant, en contrebas, l’enfilade des niveaux, qui s'étiraient à perte de vue vers des quartiers moins riches. Elle eut une rapide pensée pour la très courte virée dans les bas-fonds qu'elle avait faite avec Kolin et Samaël. L'ambiance était on ne peut plus différente ici, mais Dalla aurait presque préféré être de retour en bas, plutôt que de devoir rencontrer ce monsieur qui avait choisi de ne pas être un jedi. Presque.

Elle ne devait pas voir les choses comme cela, se morigéna-t-elle. Elle était en vacances, elle avait fini -et réussi-, ses examens, ses cours ne recommenceraient pas avant plusieurs mois, et elle avait décidé de mettre ce temps à profit pour s'ouvrir à de nouveaux horizons. Elle était ici pour devenir plus sage, plus consciente d'elle, plus à même de devenir quelqu'un d'utile à l'Ordre et à la République. Elle pouvait être fière d'elle !
Elle vérifia l'adresse sur son datapad et entra d'un pas résolu dans le hall de l'immeuble. Elle avait un bon quart d'heure d'avance, elle s'accorda une pause à l'abri des regards de la rue. Elle afficha le compte-rendu de La Voie du Clair-obscur qu'elle avait téléchargé sur son datapad. Elle n'avait pas osé emprunté le livre à la bibliothèque, mais elle avait relu plusieurs fois ce compte-rendu, en accès libre dans les bornes des salles de consultation.

Elle était tombée sur ce livre dans une note bibliographique, à l'occasion de sa première lecture libre post-examen : Le Jedi et l'Autre, une relation ambiguë. L'auteur citait en note de la troisième édition plusieurs passages de la
La Voie du Clair-obscur. Certaines avaient beaucoup choqué Dalla, d'autres l'avaient hantée de nombreux jours. Elle avait fini par en parler à Arila Yarub, estimant que la padawan, un peu plus âgée, serait de bon conseil. Après de longues discussions, celle-ci avait fini par envoyer un message de la part de Dalla à Etiam Benhult.



Bonjour Monsieur,
Je m'appelle Dalla Tellura, je suis initiée de l'Ordre Jedi, je m'intéresse beaucoup à la philosophie de la Force et de sa maîtrise, et j'ai eu l'occasion de lire plusieurs passages de votre plume sur l'amour, les erreurs des doctrines jedi et sith et la relativité de la Force et de son rapport à la vie. Dans le cadre de ma formation, j'aimerais avoir plus d'informations sur ce que vous avez voulu dire.
Je me trouve actuellement au Temple de Coruscant. Vous serait-il possible, monsieur, d'accorder un entretien à une Novice en quête de vérité et d'union avec la Force ?

Bien à vous,

Dalla Tellura.


Dalla avait été vaguement tentée d'étrangler Arila quand elle lui avait dit qu'elle avait envoyé ce message à Etiam Benhult, mais elle s'était ravisée en songeant que ce message plus un meurtre risquaient vraiment d’attirer sur elle le courroux du Conseil.
Elle avait fini par se rendre au rendez-vous que lui avait proposé l’ancien jedi, non sans avoir beaucoup gémi et maudit Arila.

-Non mais tu te rends compte que je ne l'ai même pas lu, son fichu bouquin ! Qu'est-ce que je réponds s'il me demande pourquoi je viens le voir sans l'avoir lu ? Quand on veut des éclaircissements sur un livre, on commence par le lire !
-Il est encore temps de le faire...
-...
-Sinon, tu peux dire que tu as essayé de le lire, mais que c'était trop dur.
-...
-Et si tu as trop d'orgueil pour dire que tu n'as pas compris un livre, tu dis que le Conseil l'a interdit aux padawans de moins de seize ans. Même si tu fais seize ans, tu pourras lui prouver que tu n'en as que treize.
-Je ne vais pas mentir !

À ce stade de la conversation, Arila haussait généralement les épaules et passait à un autre sujet.

Il n'était plus question, évidemment, maintenant, de lire le livre, et il était même temps de monter à l'appartement de Monsieur Benhult. Elle aviserait bien s'il lui demandait pourquoi elle n'avait pas lu son livre.

Dalla fixa quelques instants la porte d'entrée, puis, après avoir vérifié une dernière fois l'heure, elle sonna.

[HRP : pour ne pas faire dire à ton livre des choses qu'il ne dit pas, j'ai décidé que Dalla n'avait lu qu'un compte-rendu. Comme ça, elle peut avoir lu un truc qui interprétait mal ou résumait trop.]
Etiam Benhult
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« Évite juste de te mettre le Conseil à dos, tu seras un chou.
- Mais qu’est-ce que le Conseil vient faire dans cette histoire ? Je me contente de satisfaire la curiosité d’un Padawan.
- Ben je sais pas, il pourrait ne pas voir d’un bon œil le fait que tu cherches à détourner leurs Padawans du droit chemin ?
- Si leur chemin était si droit que ça, je ferais sans doute parti du Conseil à l’heure actuel. »

Sildi pouffa, visiblement amusée par la remarque d’Etiam. Ce dernier déposa la tasse de thé qu’il était en train de boire et jeta à la Tynnienne un regard interrogateur. Elle finit par déposer sa propre tasse et par en dire d’avantage :

« J’ai vraiment du mal à t’imaginer assis en tailleur sur un coussin à jouer le grand sage. Toi, tu te sens bien uniquement au milieu du feu et du sang.
- Et du fric.
- Oui, c’est vrai. Comment ai-je pu oublier ça ? Et du fric bien sûr. Et du sexe également.
- Vilaine ! Tu me fais passer pour une brute cupide et dissolue !
- J’aime les brutes cupides et dissolues ! »

Le Drall et la Tynnienne se penchèrent par-dessus la table basse et s’embrassèrent avec une passion toujours vivace. Leurs propos, riches de complicité, étaient le fruit d’une union informelle mais fidèle qu’aucun drame ne semblait pouvoir dénouer.

« L’art aussi, murmura Sildi.
- Alors je ne suis pas une brute ?
- Possible. Et moi, qui suis-je ? »

Un carillon interrompit l’échange. Sildi se recula, Etiam se leva. Une montre à gousset, véritable antiquité, venait de se matérialiser dans sa main.

« Ponctuel ! constata-t-il. Essaie de ne pas faire ta sauvageonne en présence de ma jeune invitée !
- Hô ! Espèce de goujat ! » fit semblant de s’offusquer la Tynnienne.

Etiam gagna le hall et ouvrit la porte. Celle-ci coulissa dans un murmure velouté. Elle dévoila une jeune Twi'lek qu’il pouvait sentir sensible à la Force.

« Mademoiselle Tellura, soyez la bienvenue. Je vous en prie, entrez ! »

Le ton était affable. Etiam s’effaça courtoisement. Il était fort présentable dans son costume sur mesures loin d’être à la portée de toutes les bourses. Pour autant, il n’inspirait pas le bourgeois pédant, plutôt le riche décontracté. Son ample chemise blanche s’offrait d’être un rien déboutonnée et son pantalon noir ainsi que ses bottines cirées n’auraient pas été un handicap dans le feu de l’action auxquels les Jedi étaient parfois coutumiers. Les anneaux d’or à ses oreilles et la chaînette à son cou prouvaient quant à eux qu’il n’avait pas totalement rompu avec la culture Drall.

Dalla put aussi découvrir le hall, d’une taille plus que respectable. Abondamment illuminé, le sol était façon marbre blanc, les murs lambrissés, couleur crème. Une étrange structure attirait inévitablement le regard dans un des angles. Il s’agissait d’une sculpture semi réelle, semi holographique, aux dominantes bleues, illustrant une constellation d’étoiles en rotation autour d’une belle créature féminine qui semblait danser de manière obsédante. Une œuvre d’art abstraite assez imposante, surtout chez un particulier.
Dalla Tellura
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Dalla retint sa respiration en voyant la porte s'ouvrir... et dut réajuster la hauteur de son regard quand son interlocuteur se trouva en face d'elle. Elle n’avait pas pensé à se renseigner sur l'espèce de Monsieur Benhult, et s'était, de façon très anthropoïdocentrée, attendue à voir quelqu’un de plus grand qu'elle. Comme si une figure d'autorité, un sage, devait nécessairement être grand....

-B... bonjour, Maî... Monsieur, balbutia-t-elle en passant la porte, après une petite courbette.

Pour cacher son trouble, elle regarda autour d'elle. La pièce lui évoquait un peu le Sénat... pour le peu qu'elle en avait vu, en tout cas. Presque feutrée, loin de l'ambiance du Temple, mais surtout loin de la plupart des habitations qu'elle avait pu voir dans sa courte vie.

-Je vous remercie de me recevoir chez vous, et d'accepter de répondre à mes questions, je... J'espère que je ne vous dérange pas trop...

Elle ne savait pas où se mettre. Elle jeta un regard aux bottines cirées de son hôte, et tenta d'oublier l'état de ses propres bottes, qui avaient déjà beaucoup vécu. Elles n'étaient ni cirées ni en bon état, et ne devaient sûrement d'être encore présentables qu'à la rapidité de croissance des pieds de Dalla, qui la poussait à changer de chaussures tous les dix ou douze mois.
Elle cacha les manches un peu élimées de sa tunique derrière son dos avant de reprendre :



-Comme... vous le disait mon message (impossible de se résoudre à dire "je vous le disais"), je suis encore une initiée, mais je cherche à me renseigner sur la philosophie de la Force. Je... Il me semble que... c'est un aspect fondamental de la vie d'un jedi de comprendre la s... OH ! Bonjour madame.


Elle n'avait pas remarqué l'autre personne qui se tenait avec eux dans la pièce. Une femelle. Elle ne s'était pas non plus attendue à cela. Est-ce que c'était sa... compagne ? Oui, ça ne pouvait être que ça...

-Je... euh...


Après tout, il avait quitté l'Ordre Jedi, rien ne l'obligeait plus au célibat. D'ailleurs, vu ce qu'elle avait lu sur lui, elle aurait dû s'y attendre...

-Je... Je... Je n'ai pas pu lire votre livre en entier, mais j'ai cru comprendre que vous estimiez que les jedi faisaient fausse route dans leur compréhension de la Force.

Certains padawans plus âgés affirmaient même que certains jedi entretenaient des relations charnelles et sentimentales... Elle avait du mal à le croire, cependant...

-On nous dit souvent que nous devons éprouver de la compassion, mais, je crois que vous... que vous donnez une toute autre place à... au... aux... sentiments...

Ses joues avaient vraisemblablement viré au pourpre soutenu. Elle n'avait pas pensé que parler de ce genre de choses, surtout devant une dame inconnue, serait aussi gênant.

Etiam Benhult
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Sildi s’était en effet avancée jusqu’au seuil du hall. Elle arborait pour sa part une mignonne robe bleu claire frangée de dentelle. Avec son attendrissante apparence de rongeur, elle ne pouvait qu’inspirer la sympathie. Elle l’inspirait d’autant plus qu’elle était une experte des masques sociaux, sachant toujours adopter la bonne attitude au bon moment, une qualité essentielle dans le milieu mafieux où elle avait tant d’années officié, et où elle officiait encore au besoin.

Etiam, l’ombre d’un sourire peint sur ses babines, laissa s’exprimer Dalla, se contentant de poser sur elle ses yeux noirs de Drall. Un regard pénétrant, emprunt d’expérience, mais pétillant de malice. Lorsque la Padawan eut terminé de s’exprimer, Etiam fit un geste en direction de la Tynnienne.

« Sildi, ma compagne. »

Et sur ce, il embrassa langoureusement la concernée, tout à fait conscient qu’il allait accroître l’embarra chez sa jeune invitée. Ce serait, selon son opinion, formateur. Dieu que les Jedi était coincé ! Comment pouvaient-ils espérer comprendre le monde eux qui s’en coupaient ? Le baisé achevé, il poursuivit :

« Ne vous fiez pas trop à sa mine mignonette, elle cache un blaster lourd sous ses jupes.
- Ho ! Etiam ! Ne divulgue pas mes petits secrets à la première venue ! fit semblant de s’offusquer Sildi. Je tiens à mon image. »

Le Drall sourit franchement, puis invita Dalla à les suivre dans le salon.

« Que vous n’ayez pas lu l’intégralité de mon livre ne m’étonne pas. Il n’est en rien destiné aux Padawans. Je suis d’ailleurs surpris que vous ayez ne serait-ce que commencé à le lire. En revanche, il est bon que vous vous posiez des questions. L’art de sans cesse s’interroger sur soi et sur ce qui nous entoure est essentiel pour progresser, s’épanouir. Les certitudes inébranlables flétrissent l’âme. »

C’était là des propos de philosophe. Etiam, comme bon nombre de ses semblables, était rompu aux pensées abstraites et autres réflexions métaphysiques ou existentielles.
À mesure qu’il progressait, son luxueux appartement se dévoilait d’avantage. Définitivement très vaste et lumineux, il se donnait des airs d’exposition artistique tant les sculptures et les tableaux étaient nombreux. Certaines de ces pièces avaient de quoi déranger les pudibonds : toiles et statues de nus où exprimant le charnel dans toute sa fougue donnait à la collection un côté sulfureux. La diversité des origines des artistes assurait l’exotisme. Nul doute qu’il avait fallut du temps et de l’argent pour rassembler pareille ensemble.

Le salon était coquet au possible. Petits divans et fauteuils, table basse, dans un coin fontaine d’intérieur meublant le calme par le chant de l’eau, vaste baie vitrée par laquelle se déversait le soleil de Coruscant et s’offrait la vue du cartier mondain... ici on se sentait bien.
Sur la table basse se trouvait un service à thé en porcelaine. Deux des trois tasses avaient servis. La théière fumait encore.

« Je vous en prie, mettez-vous à l’aise.
- Du thé ? On a aussi d’excellent jus de fruits. De la liqueur également, si vous aimez les boissons fortes.
- Halala, ma pauvre Dalla, on doit vous paraître bien étranges. Je peux me mettre à votre place, j’ai été Padawan. Je ne connais pas le temple de Coruscant, j’ai été formé sur Ondéron. Mais je gage que l’ambiance ne doit pas être très différente. »
Dalla Tellura
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Dalla ne savait plus où regarder. Elle avait déjà vu des gens s'embrasser, mais jamais en vrai ! D'ailleurs, même dans les holovidéos, elle était gênée, si elle les regardaient avec d'autres apprentis, quand les protagonistes s'embrassaient, surtout s'ils le faisaient en public. Elle n'avait rien contre le fait que les gens s'embrassent ! Au contraire, c'était visiblement un signe d'affection, de confiance et de lien entre deux individus... Mais, il lui semblait, même si elle n'était pas concernée, que c'était quelque chose que l'on était censé faire en privé. Pas dans la rue, et surtout pas devant une pauvre petite padawan !

Elle fut presque soulagée quand Monsieur Benhult lui parla de cette histoire de blaster.



-Oh... euh... oui, je suppose que c'est bien utile, parfois... Nous, nous avons nos sabres... Enfin...

Elle ne savait pas si Monsieur Benhult avait pu garder son sabre. Sûrement, s'il avait mérité ce surnom de Lame d'Or...

Elle sourit de soulagement, et aussi un peu de fierté quand il expliqua que son livre était difficile.

-Les dangers du dogmatisme, répéta-t-elle en hochant la tête avec conviction. J'ai vu en effet que c'était un problème récurrent en philosophie. Mais ce sont généralement les doctrines sith qui sont accusées... au Temple, on nous apprend que les Jedi doivent toujours être réceptifs aux choses, à la Force. Je ne vois pas vraiment où est le danger de dogmatisme, là-dedans...

Concentrée sur son interlocuteur, elle ne faisait pas vraiment attention à ce qui l'entourait. Mais ses yeux furent soudain attirés par un grand tableau rectangulaire, représentant deux hommes et une femmes autour d'un grand holoprojecteur éteint [dans ma tête je vois un Titien]. C'était magnifique. Alderaanien, peut-être...

Le salon était très agréable, un bel équilibre entre le calme de l'eau et l'ouverture sur la vie de la planète.

-Oh, euh... Je veux bien du thé, merci.

De la liqueur ? Ce n'était même vraisemblablement pas légal d'en proposer à une mineure...

-Oui, celui de Coruscant, on vient de le remettre en état... C'est toujours le même genre d'ambiance... Mais il y a moins de très jeunes initiés... Mais... j'aime bien... C'est ma maison...
Etiam Benhult
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Etiam se demanda un instant si lui-même aurait apprécié étudier au temple de Coruscant. Peut-être se serait-il senti moins isolé qu’à Ondéron, lui qui avait vécu ses jeunes années dans la capitale Corrélienn. Ou alors, il se serait senti oppressé, écrasé par la cité monde. L’effervescence d’inconnus n’avaient jamais été un remède au cafard. Combien de personnes se sentaient seules au milieu d’une foule ?

Sildi offrit à Dalla une tasse de thé à l’arôme capiteux. Une expériences exotique pour les papilles, preuve que chez Monsieur Benhult, on prenait de la qualité, du raffiné. Le maître des lieux s’installa dans un fauteuil et fit un signe à sa compagne qui remplit les deux autres tasses, en garda une pour elle et tendit l’autre au Drall.

Le mobilier, dans sa grande majorité, était adapté à ses occupants en terme de dimensions, mais il en allait autrement pour certains sièges, certaines tables, ceci dans le but évident de pouvoir accueillir des invités à taille humaine. Dalla allait donc pouvoir s’assoir sans avoir l’impression d’être subitement devenue une géante.

« Il est assez aisé de pointer du doigt la doctrine Sith car ses défauts ne passent pas inaperçus. En général, ils se traduisent par du sang et des larmes. Mais la doctrine Jedi n’est pas exempte de défauts. Ils sont juste plus... discrets. Mais n’en doutez pas, jeune Tellura, ils font parfois tout aussi mal. »

Etiam prit quelques gorgées. À sa manière posée de s’exprimer, à l’expression de son visage, l’on pouvait deviner l’expérience qui était la sienne. En cet instant, on pouvait presque le prendre pour un Maître Jedi. Sans doute n’en avait-il pas lui-même conscience. En même temps, c’était la toute première fois qu’il se retrouvait face à un Padawan, pour lui parler de la Force.

« Commençons par pauser les bases de la vision que je défends. Je ne dis pas, pas une seule seconde, qu’un Jedi, c’est pareil qu’un Sith. Je dis qu’ils sont dans l’erreur sur certaines choses. Les Sith, eux, sont des dangers publics. »

Nouvelle gorgée.

« Ensuite, selon moi, et j’ai pu le constater, le côté obscur, vous savez, ce fameux sujet tabou qui met mal à l’aise vos professeurs, n’est pas lui-même dangereux. Si le côté obscur est dangereux, c’est parce que nous-mêmes, nous sommes dangereux. Nous avons tous une part d’ombre. Nous avons tous notre orgueil, notre colère, nos peurs. La seule différence intrinsèque entre le côté obscur et le côté lumineux, c’est que le premier puise dans les émotions alors que le second puise dans la retenue de ces mêmes émotions. Dans un cas, vous ouvrez la vanne, dans l’autre, vous la laissez fermer. Ce sont deux extrêmes. Or, un comportement naturel se trouve entre ces deux extrêmes. C’est le juste milieux. »

Etiam adopta subitement une attitude plus nonchalante. Il vida d’un trait ce qui lui restait de thé et envoya d’un geste négligeant sa tasse et la coupelle dans le petit plateau, sur la table basse. La trajectoire parfaite que suivirent les deux fragiles objets de porcelaine, et le fait qu’ils ne se brisèrent pas à l’arrivée, prouvèrent que le Drall venait de faire usage de télékinésie. Et avec classe ! Il rajusta sa position, appuyé sur un coude, le regard malicieux.

« Avouez que ce blabla théorique ne vous a pas inspiré grand-chose ! »
Dalla Tellura
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Le thé était délicieux, quoique peut-être un peu trop sucré pour Dalla. Elle demanda néanmoins poliment d'où il venait, intriguée par l'arrière goût velouté qu'elle sentait.
Dalla posa en suite sa tasse pour écouter attentivement l'ancien jedi. Cette précaution n'était pas superflue : il lui était déjà arrivée de se renverser du jus de jogan sur la tunique pour avoir discuté avec trop de ferveur. Elle ne tenait pas à s'ébouillanter le genou devant des inconnus !
Elle fut rassurée de l'entendre admettre que la différence entre jedi et sith n'était pas négligeable. Le relativisme de Monsieur Benhult était une chose qui l'avait un peu inquiétée, quand il s'était agi de le rencontrer face à face. Elle ne tenait pas à se jeter dans un coupe gorge où côté obscur et côté lumineux alternaient en toute égalité et indifférence !
Elle fronça cependant les sourcils en l'entendant poser comme différence entre les deux la question de la retenue des sentiments. Évidemment, les sith n'avaient aucune retenue, et les jedi apprenaient qu "il n'y a pas d'émotions", etc. Cependant, il lui semblait que l'empathie que l'on demandait aux jedi d'exercer envers autrui favoriser une forme de ressenti assez proche du sentiment ou de l'émotion.
Dalla observa l'impressionnant lancé de tasse de Monsieur Benhult. En tout cas, avoir quitté l'Ordre ne l'empêchait pas de maîtriser encore très largement la Force.

-Je dois avouer, Monsieur Benhult, que je suis assez décontenancée par la façon dont vous opposer jedi et sith. Je veux dire, je vois ce que vous voulez dire, je crois, mais...

Elle avait du mal à exprimer son problème.

-C'est vrai que d'après ce que j'ai lu c'est souvent comme ça que se fait le basculement vers le côté obscur, mais...

Comment disait Maître Demaïs-kin, déjà ?

-On m'a aussi appris que c'était les jedi qui essayaient de trouver le "juste milieu", comme vous avez dit, entre l'indifférence et la vulnérabilité émotionnelle. Ou la passion non raisonnée...

Elle avala lentement une gorgée de thé.

-En fait, il m'a toujours semblé que la différence entre jedi et sith tenait à leur rapport aux autres. Les sith sont égoïstes, alors que les jedi sont...

Elle chercha un instant ses mots.

-Désintéressés.

Elle observa sa tasse. Elle réfléchissait en termes de jedi et de sith, pas en termes de côtés obscur et lumineux. Mais ce n'était pas la même chose, puisque Monsieur Benhult disait que chacun avait une part d'ombre en lui. Est-ce que cela voulait dire qu'il y avait aussi du bon en chacun ? Elle se rappela du moment où ce Darth Anetherion avait enlevé son masque, sur Félucia, pour la regarder en face.

-Mais, est-ce qu’on peut céder au côté obscur sans être un sith ? Vous... vous avez dit que le fait de retenir ou non ses émotions c'est la différence entre les jedi et les sith, ou bien entre le côté lumineux et le côté obscur ? Je ne me rappelle plus bien...
Etiam Benhult
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Cette Dalla semblait être quelqu’un de particulièrement réfléchi. Le contraire aurait étonné Etiam. Peu de Padawan osait ainsi prendre rendez-vous pour discuter de la Force avec des personnes extérieurs à l’ordre. C’était... plaisant, oui, plaisant.

« Disons que la logique met la chute avant le Sith, être Sith étant l’aboutissement de la chute pour un Jedi, répondit le Drall, un rien malicieux. Tout le monde peut chuter, et pas seulement les adeptes de la Force, car tout le monde, un jour, est confronté à sa part d’ombre et peut ne pas y résister. Ce qui est rigolo, c’est que les gens du commun appelle ça "péter un câble". Les Jedi préfère employer des termes plus mystiques, genre "être tenté par le côté obscur". Mais passons, ce sont des détails de sémantique.
- Le thé vient de Daglary-8, un monde de la bordure extérieur ayant des traditions millénaires dans ce genre de culture, déclara Sildi, qui était aller chercher la boîte dudit thé. En tout cas, c’est ce qui est écrit. Moi, j’aurais plus tendance à parier que c’est un monde où les gens sont payer au lance-pierres par une grosse firme qui, elle, a une tradition millénaire de l’exploitation ouvrière.
- Fichtre, mais quelle cynisme ! C’est sinistre !
- C’est du pragmatisme, mon chou.
- Mais je croyais que tu prenais que de la qualité ?
- Mais ça en ai. Une grosse firme qui fait son chiffre dans le luxe a intérêt d’être nickel chrome sur ses processus productifs, sans quoi un de ses clients fortunés finira par faire un scandale et ruinera, aidé par les médiats, en un rien de temps sa réputation, donc ce fameux chiffre auquel elle tient tant.
- Sildi a fait du commerce, expliqua le Drall à la Padawan.
- Oui, chez un mafieux. Ça aide à voir l’envers du décor.
- Ha, par tous les dieux, je ne suis pas aidé... » feignit de se lamenter le Drall.

Sur ce, il se leva et fit les cent pas devant son fauteuil.

« Bon, j’en étais où, moi ? Ha oui, j’allais aborder la relativité de l’altruisme. Certains affirment en effet que, quoi qu’il arrive, on rapporte toujours tout à nous. Si quelqu’un se sacrifie pour les autres, c’est qu’il en a envie, ce serait donc une forme d’égoïsme inversé. Je n’abonde pas forcément en ce sens, j’aime à croire qu’il y a du beau dans le monde. Quoi qu’il en soit, le rapport aux autre est très relatif, selon le point de vu, ne serait-ce que par les conventions culturelles de chaque monde. On pourrait débattre des siècles sur ses sujets et l’éternel conflit entre Jedi et Sith. Seulement, là n’est pas mon principal point de divergence avec ces écoles de pensées. »

Le Jedi Gris s’immobilisa, fixa Dalla dans les yeux.

« Dites-moi, jeune Padawan, ne trouvez-vous pas étrange qu’être adepte de la Force se résume à être un Jedi ou un Sith ? L’ordre vous apprends deux choses, qui à mon sens sont tout à fait différentes. D’un côté, il vous apprend à maîtriser la Force, ce qui est très bien, mais de l’autre, il vous endoctrine pour l’utiliser selon un certain code de conduite. Je veux bien admettre qu’un peu de déontologie s’impose lorsqu’on a accès à de grands pouvoirs, d’autant plus lorsque ces pouvoirs puisent dans nos émotions et qu’il est donc impératif de savoir se contrôler. Mais faut-il pour autant que cette maitrise régisse toute notre vie ? »

Etiam s’approcha, poursuivit avec conviction :

« Quand on est venu me chercher pour m’emmener sur Ondéron, on ne m’a jamais dit que je deviendrais un soldat monastique, que je n’aurais pas le droit d’aimer, pas le droit de mener d’autres projets que ceux de l’ordre. Et vous ? Vous avez signé pour ça ? Pensez-vous que la Force ne sert qu’à se battre ou à protéger ? »
Dalla Tellura
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Dalla écouta les explications de Madame Sildi avec un certain malaise. Son thé avait soudain un goût beaucoup plus amer. Elle regarda rapidement la boite, dans le but de retenir le nom de la marque et de faire de recherches sur le sujet. Elle ne savait pas d'où venaient les thés des Temples jedi (sauf ceux rapportés personnellement par des Maîtres et des Chevaliers, qui permettaient souvent aux autres jedi d'y goûter, pour connaître les saveurs exotiques et rares de mondes peu intégrés au marché galactique), mais elle espérait que quelqu'un se renseignait sur la provenance des produits et leurs conditions d'élaboration !

-Votre compagne a l'air de savoir beaucoup de choses,
murmura Dalla, avec un petit sourire timide vers Sildi,  pour prouver qu'elle n'était pas trop choquée par tout ce qui l'entourait.

À vrai dire, elle l'était tout de même un peu. Mais elle comprenait ce que voulait dire la tynienne : l'envers du décor, c'était un point de vue nécessaire pour comprendre l'ensemble du système. Les systèmes parallèles et illégaux occupaient une grande place dans ses cours de géographe et d’économie galactiques. Et ce n'était sûrement pas uniquement parce qu'il s'agissait de milieux que les jedi pouvaient avoir à affronter dans des missions.
Le malaise qu'elle ressentait face à ce couple et à la vie qu'il semblait mener s'accompagnait de plus en plus d'une compréhension de la logique interne du parcours de Monsieur Benhult. Sa compagne était visiblement quelqu'un d'intelligent, qui avait une vision lucide du monde. Une bonne compagne, donc, pour quelqu'un qui avait un parcours comme celui du jedi gris.
Par contre, elle ne se faisait toujours pas à tout ce luxe dans une sphère privée...

Dalla leva machinalement les yeux vers son hôte quand il se leva, et elle l'observa faire les cent pas en songeant à toutes les interactions entre des catégories de la société que, jusqu'à il n'y a pas si longtemps, elle estimait presque étanches les unes aux autres. Jedi, mafieux, grandes entreprises, politiques...

Les paroles de Monsieur Benhult la tirèrent cependant de ses pensées.

L'altruisme, de l'égoïsme ? Cela semblait complètement paradoxal ! Et pourtant... Dalla sentait un léger vertige la saisir. il y avait... quelque chose qui faisait écho en elle à cette idée. Elle songea à toutes les fois où, enfant, elle s'était consolée de voir certains de ses cousins couverts de cadeaux luxueux en se disant que sa famille, au moins, n'avait pas à se reprocher les activités douteuses d'une partie du clan Tellura. Elle n'eut pas le loisir de réfléchir plus à la question, car Monsieur Benhult l'interpella directement, les yeux plongés dans les siens.

-Il faut... peut-être vraiment une grande attention à son mode de vie, hasarda-t-elle, pour vérifier que les émotions n'empiètent pas sur nos... comportements. Certains... Certains jedi ont peut-être besoin de règles, qui régissent leurs vies et les empêchent de succomber à leurs émotions... égoïstes.

Toujours cette question de l'égoïsme...

Dalla se sentit un peu déstabilisée par la virulence des questions de Monsieur Benhult. Elle ouvrit la bouche pour répondre, mais son cerveau ne lui envoyait pas de réponse convaincante.

-Je... je... Je ne sais pas.

Elle déglutit, et tenta de rassembler ses esprits, malgré cette histoire d'altruisme et d'égoïsme qui lui trottait dans la tête.

-J'ai toujours eu l'impression que l'Ordre était un cadre qui m'aiderait à réaliser les projets qui me tiendraient à cœur... Mes études, mes voyages...

Elle haussa doucement les épaules.

-Il y a plein de voies possibles pour un jedi. Pas uniquement la guerre... On peut être médecin, chercheur, explorateur, diplomate...

Il ne pouvait pas y vivre avec sa compagne.

-Et puis... on peut quitter l'Ordre si on trouve qu'on n'y a plus sa place... C'est ce que vous avez fait, non ? Enfin, on n'a pas vraiment signé...

Elle n'avait pas le sentiment que l'Ordre lui ait jamais caché quoi que ce soit sur ce que serait son destin d'initiée et de jedi. Mais... Ses aspirations d'enfance n’étaient pas très éloignées de ce que proposait l'Ordre. Entre un papa vétérinaire qui soignait gratis pour les plus pauvres et une maman libraire qui vantait les trésors culturels de la Galaxie...
Mais tout le monde n'était pas dans son cas... Certains initiés avaient peut-être d'autres aspirations.

-Je... J'ai toujours pensé que la Force n'était pas la seule chose qui caractérisait un jedi... Et... enfin, vous dites se battre et protéger... Finalement, il y a beaucoup de choses dans la vie qui peuvent se résumer à cela, même pour les non jedi...

Se battre contre l'adversité et protéger ce qu'on aime. C'était ce que faisaient les parents pour leurs enfants, les amis pour leurs amis, les sénateurs pour leurs planètes...

Bien sûr, dans un monde parfait, où tout le monde serait à l'abri des dangers et des exactions, les choses seraient différentes, mais dans le monde réel...

-Simplement, les jedi le font pour autrui, pour des gens qui n'ont pas de lien avec eux... Vous... Vous croyez que c'est du faux altruisme ? Ou... que l'altruisme pur n'existe pas ? Comment... comment peut-on savoir ses véritables intentions ?

Le devoir accompli apportait une grande satisfaction, est-ce que cela dévalorisait l'acte en lui-même ? Devoir et bonheur n'avaient pourtant pas à être incompatibles !
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