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"- Car Cinnagar, c'est vous. Cinagar c'est la somme de nous tous, de nos histoires, de celle de nos ancêtres et de celles de ceux qui nous ont rejoint au fil des siècles. Oui, Cinnagar est une planète d'immigration, d'aggrégation où chacun est venu apporter au fil du temps sa propre brique et aujourd'hui, je – et je parle au nom du gouvernement entier -, je, nous et tous sommes fiers de s'arrêter un moment, de regarder autour de soi et de pouvoir contempler une cité qui n'envie rien à Coruscant par la taille et le pouvoir, et qui n'envie rien à Naboo par sa beauté !"


La sénatrice Yorshka se tut un moment, comme si des vivats avaient répondu à son discours. Pourtant, les représentants des divers associations culturelles de la ville, dispersés devant elle dans le hall principal de la Grande Librairie de Cinnagar n'étaient pas un public très prolixe, ni très démonstratif. Les caméras et autres appareils de captations qui diffusaient en direct son discours, commencé un quart d'heure plus tôt, dans toute la planète du Noyau l'étaient encore moins. Après avoir repris un peu de souffle et avoir vérifié son retour à l'image et ses cheveux parfois rebelles, la native de Caamas attaqua la fin de son envolée lyrico-politique.

"- C'est donc pourquoi j'ai décidé d'ouvrir aujourd'hui les premières Journées de la Culture. Un congé pour tous a été accepté par le conseil des syndicats de la planète et je m'assurerai en leur compagnie que cette journée de visites gratuites, de mise en valeur des artistes de la planète et d'ébullition de colloques et rencontres culturelles sera respectée et suivie par tous. C'est chacun d'entre nous que nous célébrons aujourd'hui en s'ouvrant à d'autres culture, d'autres lieux, d'autres espaces qui forment notre maison à tous. Je pense avoir assez donné de détails ennuyants pour aujourd'hui alors.. au nom de la famille impériale, de l'Impératrice Téta et de la République Galactique, habitants de Cinnagar, la ville est, aujourd'hui plus que jamais, à vous !"

Sur un geste discret mais autoritaire de la seule humaine qui se tenait aux côtés de la sénatrice durant cette allocution, tous les appareils d'enregistrement s'interrompirent peu à peu et les spectateurs massés dans la Grande Librairie, d'où étaient chapeautées toutes les animations prévues sur la planète, quittèrent leur places pour commencer à arpenter les ruelles tortueuses et pourtant dorées du savoir. Quant à Sobée Yorshka, elle remercia longuement chacun de ses ministres, aides de camp et autres personnalités faisant le lien entre le gouvernement et la Bibliothèque pour se retrouver finalement seule avec la mystérieuse humaine. Cette dernière anticipa la question qui commençait à se former entre les lèvres de sa supérieure et répondit avec calme à une interrogation n'ayant pourtant jamais été formulé.

- Un taxi nous a été avancé comme vous l'aviez demandé. Vous demandiez un speeder mais j'ai pensé qu'un petit vaisseau rapide et surtout opaque serait plus adapté. C'est une réunion importante que nous.. que vous avez aujourd'hui et il serait préférable de n'être vues

"- Je sais, Grékova. Merci."

L'interlocutrice répondit d'un coup de tête gracieux et laissa la sénatrice prendre le pas sur elle et mener le duo en dehors de l'immense bibliothèque dont la beauté confondante n'avait d'égal que l'impression de puissance et d'une solidité. La Grande Bibliothèque de Koros Major ou Cinnagar était d'une telle hauteur, d'une telle majesté que le Temps lui même, pourtant dévoreur de toutes choses, semblait s'être cassé les dents sur l'immense structure et l'avoir laissée tranquille au delà de toute menace, de Lethé et de Thanatos, de toute idée d'oubli et de ruines. C'était comme si le Savoir en personne, le maillon manquant et pourtant nécessaire qui différenciait les espèces intelligentes et civilisée des autres créatures de la Force s'était matérérialisé sous la forme de ce bâtiment doré et millénaire qui regardait, sans jamais baisser les yeux ni les volets, les bibliothèques d'Ossus et de Tython bien en face. D'un côté, Sobée ne se sentit pas peu soulagée d'enfin quitter une structure aussi pesante mais elle retrouva vite cette sensation étrange de quitter sa mère nourricière et de l'abandonner derrière soi qu'elle avait dèjà eu lorsqu'elle avait arrêté de travailler pour cet établissement. Désormais, elle était Sénatrice et son devoir se trouvait dans ce taxi où s'était déjà engouffrée Grékova. Grékova et ses gants violets posés sur ses genoux avec une délicatesse et une précision régalienne qui avait rendu fou bien des observateurs. Grékova et son accent aristocrate qui donnait au lexique des luttes sociales la musique épique des poèmes d'Honoghr.

Les portes du taxi se refermèrent sur les deux femmes les plus puissantes du pays. L'officielle et l'officieuse. Toutes les deux silencieuses alors qu'elles se dirigeaient vers un sommet important pour l'avenir du pays qu'elles avaient préparées ensembles, et qui s'annonçait sous de bons auspices après les discussions préliminaires menées entre Sobée et la secrétaire général de l'UGSS quelques temps plus tôt. Perdue dans ses réflexions, la maîtresse du pouvoir exécutif souriait imaginait ses millions, ses milliards de sujets fourmillier grâce à elle à des milliers de kilomètres autour de son petit taxi comme autant d'explorateurs à la rencontre de leur propre planète. Elle avait du peuple une vision idéaliste qui, tout en étant lucide devant les dangers de l'ochlocratie, la voyait comme responsable du bonheur de milliards de gens trop longtemps privés de leur voix et leurs droits. Pendant quelques jours elle s'était sentie à la hauteur, portée par ses propres promesses et ses projets sociaux. Mais depuis quelques temps, devant les folies du Sénat qu'elle n'avait su endiguer, elle s'était soudain sentie faible, s'était demandée si elle avait les épaules pour mener Téta là où Téta méritait d'être. L'UGSS avait été un tremplin pour retrouver l'envie du fait politique et l'aplomb, l'ambition qui allai avec. Des projets gourmands comme la fin de la professionalisation administrative, obligeant les directeurs de comtés et les maires des zones de Cinnagar, ainsi qu'elle même, à trouver un autre emploi pour faire de la politique une contination nourrie de leur vie active allait être un de ses grands combats.

L'UGSS pouvait devenir l'alliance avec laquelle elle ménerait les luttes qui comptaient. Pendant un temps son envie de transparence, de restaurer l'image du gouvernement planétaire lui avait faite caresser l'idée d'une réunion au sommet en pleine Journées de la Culture, dans une salle de séjour du palais impérial. Mais son cabinet proche, sous le regard impérieux de Grékova avait réussi à l'en dissuader. Finalement, cette rencontre n'aurait rien d'original, et se placerait sous le giron de la famille impé....
Sobée s'agita soudain sur son siège et posa la main sur l'épaule du droîde chauffeur.

"- Nous changeons de destination. Suivez mes instructions. Grékova, contacte le reste du cabinet et mets moi en relation avec l'équipe des sénateurs Fylesan et Laz'ziark."

…......

La salle était plutot étroite. L'éclairage n'était pas au point, si bien que la lumière tremblotait de temps en temps. En général la pièce paraissait trop propre pour l'être réellement. C'était parfait. La salle de réunion A-2 du complexe 9S de minage d'épices sur Atale était à la fois secrète, difficilement accessible et aisément défendable mais c'était aussi un territoire plutôt neutre contrairement au palais où elle avait son bureau. Elle était surtout au milieu de son peuple, au sein des mines qui étaient le quotidien des travailleurs par lesquelles elle avait été élue. Pour lesquelles elle avait été élue.
C'était parfait. La famille impériale était restée au palais. Les murs d'un blanc douteux n'avaient rien du luxe d'un bureau sénatorial mais ressemblaient plutôt à des miroirs flous dans lesquels les regards d'estoc, de côté, vicieux ou entendus pouvaient se refléter. Au dessus d'eux, tout autour d'eux, Téta se faisait. Et surtout, le changement s'était fait au dernier moment : les membres de l'UBB s'attendaient à un palais, ils verraient les lieux dont se préoccupait vraiment Sobée.
Autour de la table Jeohr, un petit Utai qui n'avait pas peur de s'asseoir sur un réhausseur, attendait les délégations extérieures, les bras croisés. Il représentait l'alliance de syndicats la plus puissante de la planète. A quelques mètres de lui, la seule femme capable de le faire taire ou de le museler, Grékova attendait silencieusement, assise en Amazone sur sa chaise pour garder un œil sur Sobée qui se tenait debout, les mains sur la table, occupée à surveiller le plan holographique des mines et suivre les succès et les ratés de son initiative culturelle ainsi que l'arrivée des membres de l'UGSS. Dans l'autre coin de la table, tout seul, Périvallon, chargé de la partie non-urbaine de la planète et de l'écologie méditait comme seuls savent le faire les Ayrous. Il s'attendait à ce qu'on le congédie d'un moment à l'autre mais comptait bien profiter de sa convocation pour proposer ses idées progressistes aux agents des puissances étrangères.


La table était mise, le repas pouvait commencer et Sobée comptait bien négocier assez de victuailles pour contenter tout le monde. C'était ça, pour elle, une République.
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« … Cessez donc de vous inquiéter, Jonn. Vous en faites trop, vous allez finir par nous claquer entre les doigts. » »

« Et vous, Sire, votre insouciance va vous mener à votre perte ! Ce n’est pas parce que vous avez déjoué la dernière tentative d’assassinat contre votre personne avec l’aide de cette Mirialan que vous sentir en sécurité. Ces nouveaux renseignements sont sérieux et… »

« Et ? Qu’est-ce que vous auriez souhaité, Jonn, que nous fassions le voyage jusqu’à Cinnagar à bord d’un croiseur de combat ? Ca n’aurait rien changé, si ce n’est de nous exposer d’autant plus tout en offrant une image erronée et scandaleuse au peuple de Koros Major. »

Jeresen marqua la pause, l’espace d’une seconde, ne laissant certainement pas la parole à Jonn.

« Les choses sont faites, alors contentez-vous de faire ce pourquoi nous vous avons convié à cette entrevue : nous assister et représenter les intérêts de notre monde. » Son regard glissa vers son deuxième conseiller, ou plutôt sa conseillère : « Vous concernant, Ishale, maintenant que vous savez pourquoi nous vous avons choisi pour ce poste, nous attendons de vous que vous soyez exemplaire.

Est-ce que nous nous sommes bien fait comprendre ? »


Son index tapa sur la table autour de laquelle les trois étaient installés pour leur réunion de dernière minute avant leur arrivée à Cinnagar. L’air déterminé, Jeresen avait fait valoir son autorité pour recadrer la situation tout autant que leur débat, ce qu’il faisait plutôt rarement. Pour autant, il comprenait les inquiétudes de Jonn, son plus fidèle allié. Il savait que la décision prise par la famille royale lors des troubles, qui était de sa plus intime conviction la bonne chose à faire, avait fait naître de nouveaux ennemis au cœur d’Alsakan. Les anciennes maisons, désormais déchues, n’allaient pas rester dans l’ombre bien longtemps, quand bien même bon nombre de leurs membres avaient été arrêtés et condamnés. Pour autant, ce n’était pas de nouvelles menaces contre sa personne qui allait ébranler le Sénateur : il en avait vu d’autres tout au long de son existence.

De plus, si Jonn était certes là pour assurer sa sécurité, il ne devait pas oublier qu’il était également l’un de ses assistants sénatoriaux au même titre qu’Ishale Teroalaas. Cette dernière était déjà apparue publiquement à ses côtés mais venait de prendre son poste que très récemment. Issue de ce que l’Archaïad appelle communément la populace, les qualités et les compétences de cette jeune femme avaient convaincu Jeresen, ce pourquoi il avait décidé de la nommer comme sa conseillère à l’UGSS. Une posture nouvelle qui amenait des responsabilités d’autant plus grandes. Avec ce poste, il n’était pas question pour elle de s’occuper uniquement des intérêts d’Alsakan devant la Rotonde. Ceux de l’Union devaient compter avant tout. De fait, sa présence était obligatoire.

« Tout à fait, Sire. » fit-elle, avec une assurance et une prestance digne de l’aristocrate.

Ce qu’elle n’était pas.

« En effet, c’est très clair. »

« Bien. Dans ce cas, nous en avons terminé. Finissez donc de vous préparer, nous allons amorcer notre descente. » annonça-t-il donc, quittant son confortable fauteuil pour toiser ses deux conseillers de sa hauteur retrouvée. « Vous pouvez disposer. »

Il ne quitta pas sa place tant que se deux assistants n’aient quitté la pièce. Jonn, avec sa stature impeccable et son code plus militaire que diplomate fut le premier à s’éclipser, une pile de dossier sous un bras et un pad de données sous l’autre. Pour le besoin de l’entrevue à venir, Ishale venait cruellement jurer avec ses origines. Bien qu’elle n’ait aucune raison de se parer du pur style aristocratique alsakani, la robe mi-longue qu’elle portait, assortie à ses longs gants, semblait être toute droite issue de la garde-robe de l’Archaïad. Pourtant, les yeux avisés de la noblesse d’Alsakan n’auraient pu être trompé par le léger style populaire qui parvenait tout de même un peu à se démarquer du distingué, signe que la jeune humaine cherchait tout de même à rester elle-même.

Fermant le dossier situé devant lui, il se leva et quitta à son tour la salle de réunion pour gagner le poste de pilotage de l’imposante navette diplomatique qui venait de se positionner dans l’orbite d’Impératrice Teta et attendait l’autorisation de poursuivre sa descente vers le palais impérial. Vue de l’espace, Koros Major était tout aussi sublime que ne l’étaient les holophotos prises à sa surface. Bien qu’étant une vaste oecuménopole, la préservation de l’environnement était des plus surprenants. Alsakan avait tenté de suivre un chemin similaire, mais la décision fut prise bien trop tard, alors qu’une grande partie de la planète avait déjà été aménagée. Pourtant, l’écosystème avait pu être sauvé et protégé, à l’image de la Région des Dix-Vallées.

« Nous recevons une communication provenant du cabinet de la Sénatrice d’Impératrice Teta, Sire. » lança soudainement un des officiers de bord à l’intention de l’Alsakani, alors qu’Ishale et Jonn venait de le rejoindre dans le poste de pilotage.

« Ouvrez un canal et écoutons ce qu’ils ont à nous dire. »

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« C’est une plaisanterie ?! J’espère sincèrement que s’en est une, ce n’est pas sérieux… »

La frustration et l’incompréhension de Jonn était repérable à plusieurs parsecs. L’humain était rouge de colère et ne cessait de souffler son insatisfaction. Sans doute était-il en train de s’imaginer les pires scénarios, sans évoquer ses fascinations pour les complots. Ishale, elle, était restée impassible et songeuse. Pour sa part, Jeresen évaluait encore le nouveau scénario que venait de lui offrir la sénatrice d’Impératrice Téta, à commencer par le nouveau lieu de réunion. C’était effectivement impensable d’annuler une entrevue au cœur du palais impérial pour le reporter dans une mine méconnue de la surface d’Atale, l’une des lunes de Koros Major. Pourtant, les raisons semblaient évidentes pour celui qui travaillait depuis quelques temps maintenant avec Ress Laz’ziark, Sénatrice de Balosar. Cette dernière, justement, était également attendue et il lui tardait de pouvoir de nouveau faire front avec elle pour porter leurs idéaux communs et mettre de côté leurs divergences d’opinions.

Décroisant les bras, se détournant de l’écran d’affichage, il interpella sa conseillère :

« Vous avez étudié l’évolution d’Impératrice Téta depuis l’ascension de la Sénatrice Yorshka. Qu’en pensez-vous ? »

« Moi ?... Et bien… c’est un choix surprenant mais qui ne manque pas de logique. En nous déroutant vers les mines d’Atale, la Sénatrice va sans doute chercher à montrer qu’elle défend les intérêts de son peuple et non pas uniquement ceux de la famille impériale. Les mines d’épices d’Atale sont importantes pour Koros Major, à l’instar des ouvriers pour la Sénatrice Yorshka. Il ne serait pas surprenant que des représentants syndicaux soient conviés à nos discussions. »

« Il ne manquerait plus que ça, des syndicats ! Ils ne voudraient tout de même pas que l’on débarque avec un casque sur la tête et une foreuse entre les mains, si ?! »

Jeresen tapa du poing sur la console située devant lui pour mettre un terme au mécontentement de son conseiller tout autant que pour reprendre la main sur la discussion.

« Il suffit, Jonn ! Si vous ne souhaitez pas venir, vous pouvez rester à bord de la navette. Nous trouvons votre analyse pertinente, Ishale. Il est évident que la Sénatrice Yorshka cherchera à nous impressionner. »

Il marqua une pause, avant de faire volte-face et de quitter la pièce tout en lançant une invitation à le suivre :

« Nous arrivons, alors allons nous préparer à descendre. Nous retrouverons la Sénatrice Laz’ziark avant de nous enfoncer dans le complexe. »

La navette fit son approche à faible altitude, ralentissant pour s’immobiliser au dessus de la plateforme d’atterrissage métallique qui jurait avec le sol rougeâtre de la lune. Ses crampons d’atterrissage crissèrent contre la surface, avant que la rampe d’embarquement ne s’abaisse pour laisser apparaître le trio flanqué de deux gardes protecteurs de la délégation. Les deux soldats ne restèrent pas longtemps à l’extérieur, alors que les trois représentants s’avançaient vers le comité d’accueil. Jeresen porta son regard vers la gauche et constata que Ress Laz’ziark était déjà arrivée.

L’atmosphère de la lune était assez ténue, c’est pourquoi ils furent invités à entrer dans le complexe par un lourd et imposant sas de décompression. Une fois l’entrée franchie, ils arrivèrent dans une vaste salle et Jeresen reconnue immédiatement la Balosar par l’intermédiaire de ses antennes. Elle était accompagnée par un humain, de grande taille, aux origines que l’Alsakani ne parvenait pas à définir. Il ne l’avait jamais vu, ou il n’en avait aucun souvenir. Il fut un temps où il aurait pu déterminer ce genre de choses en peu de temps, mais avec l’âge et le manque d’entrainement, ce genre de capacité tendaient à s’amoindrir.

Quand bien même, c’est avec un sourire sincère qu’il s’approcha du duo, son regard glissant un instant sur la Balosar avec une discrétion somme toute plutôt relative. Il avait pensé que ce qu’il s’était passé entre eux sur Bilbringi n’était rien d’autre qu’une histoire sans futur, un bref entracte du plaisir et du désir. Pourtant, il n’était toujours pas parvenu à effacer ce qu’il avait ressenti ce jour-là…

« Madame la Secrétaire Générale, c’est un plaisir de vous revoir ! » lança-t-il à l’intension de la Balosar, et ce avant de se tourner vers son accompagnant pour se présenter.

Une chose bien futile mais protocolaire, qui invitait l’interlocuteur à répondre à son tour. La réplique qu’il offrit manqua de faire sourire l’Alsakani, tant il aurait du parvenir à prévoir les origines de l’homme avant même de lui adresser la parole.

Altas Porter, Vice-Secrétaire du CRT. Syndicaliste, donc.

Jeresen voyait déjà Jonn d’étrangler à se savoir entouré par une flopée de syndicaliste au fond d’une mine remplie de travailleurs. Le pauvre, il allait sans doute avoir bien des haut-le-cœur au cours des négociations à venir, mais il avait tout de même insisté pour faire partie du voyage. Il devrait donc assumer. D’un signe de la main, il fit avancer ses deux collaborateurs, qui se présentèrent à leur tour. Ress connaissait déjà Jonn pour l’avoir vu à de nombreuses reprises aux côtés de Jeresen, mais Ishale avait encore tout à prouver.

Une fois les présentations faites, ils se firent tous guider vers le cœur de la mine, et la salle de réunion réservée par la sénatrice Yorshka. Jeresen laissa les collaborateurs prendre les devants, restant volontairement en arrière avec Ress pour pouvoir discuter plus discrètement, à l’abri des oreilles indiscrètes.

« Vous vous êtes donné le mot pour me faire une démonstration de force syndicale, très chère ? » lança-t-il à voix basse sur un ton amusé mais qui trahissait tout de même la proximité qu’il ressentait pour la Balosar.

Cette proximité née sur Bilbringi et qu’il n’était pas parvenu à dissiper –ou plus exactement, qu’il se refusait à supprimer.

« Tu as reçu les dernières corrections que je t’ai transmise pendant le voyage ? Je pense sincèrement que nous sommes prêts. »

Les corrections en question concernaient évidemment la réunion qui allait suivre, mais aussi et surtout le projet commercial naissant et découlant de la fondation de l’UGSS. Ça et bien d’autres choses. Des choses que noyautait justement Ishale.

Alors qu’ils arrivaient devant la porte de la salle, Jeresen accéléra le pas pour rattraper les quelques mètres qui les séparaient du groupe, non sans lancer une dernière demande discrète à la Balosar :

« Il faudra que nous discutions après la réunion. En privé. »

C’est à cet instant que Jonn l’accosta, pour lui faire part de ses remarques et de ses craintes concernant le collaborateur de la sénatrice Laz’ziark, Altas Porter. Mais Jeresen le débouta, affirmant que la chose ne le surprenait pas, et que lui-même n’était pas tout à fait blanc –quand bien même aucune preuve ou indice n’existait pour étayer ce fait.

Finalement, l’Alsakani entra dans la salle, découvrant un lieu assez exigu, faussement propre, à l’éclairage incertain. Sa première pensée fut celle d’une salle d’interrogatoire qu’il n’avait que trop souvent côtoyé au cours de sa vie de jeune adulte au service de l’organe de renseignement de la République. Jonn sembla déstabilisé, mais il restaura rapidement sa stature peu après avoir fait irruption dans la salle. Ishale, elle, semblait un peu plus à son aise, ce qui trahissait un peu plus ses origines plus… populaires ?

Le regard de Jeresen glissa rapidement le long de la pièce, scrutant les différentes personnes présentes, un groupe pluriel rassemblant la classe ouvrière, sans doute représentée par le Utai posé sur son rehausseur jusqu’à l’aristocratie Korosii représentée par l’officielle Ministre des Affaires Etrangères.

Il y eut tout d’abord les présentations, puis vînt l’ouverture de la session…

« Mesdames, Messieurs, Sénatrice Yorshka. Tout d’abord merci de nous recevoir sur Impératrice Teta… et Atale. Nous devons bien admettre que nous trouvons ce changement soudain du lieu de réunion quelque peu… étonnant ; Mais en aucun cas dérangeant. Nous espérons que cette réunion s’avérera des plus fructueuses.

Sénatrice Laz’ziark ? »


Ou peut-être que « Madame la Secrétaire Générale ? » était plus adapté à la situation ?

Dans tout les cas, l’invitation était faite.
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« Non mais je te jure, t’aurais vu cette bombe ! Entre sa chute de reins et ses … »

« Merci, Altas, tu vas éviter de prononcer un mot supplémentaire avant que je ne vomisse. »

« Fais pas ta prude, à l’époque, t’es arrivée plus d’une fois à demi-débraillée en réunion parce que t’étais occupée avec Elan, hein …

Hum, pardon. Désolé, j’voulais pas … »

« Ce n’est pas grave. Et pour ta gouverne, je te ferais remarquer que j’arrivais en retard, pas au moment de conclure … »


« Bah, c’est que j’étais en train de conclure justement … »

Les yeux pétillants de malice, Altas Porter décocha à son amie son sourire le plus ravageur tandis que Ress levait les yeux au ciel, ne sachant si elle était amusée ou excédée par l’attitude salace de son vis-à-vis. Pourtant, en plus de vingt ans qu’elle le connaissait, elle aurait dû être habituée au fait que l’ardent syndicaliste n’avait pas sa langue dans sa poche … ni d’autres outils d’ailleurs qu’elle aurait beaucoup apprécié qu’il garde dans son pantalon quand le comité central de leur organisation se réunissait pour définir ses grandes orientations stratégiques. Mais c’était peut-être par moment trop demander à ce vieux célibataire endurci qui n’aimait rien tant que les jolies femmes. Au moins avait-il l’avantage de ne pas courir après les jeunesses comme certains. Après tout, un incident avec une mineure était vite arrivé chez les barbons amateurs de chair fraîche, et suffisait souvent à jeter le discrédit sur tous les comparses du malavisé pervers. Or si la balosar était fort tolérante en ce qui concernait les mœurs des uns et des autres, venant tout de même un milieu relativement libéré, elle n’aurait pas supporté qu’un inconséquent mette toute son œuvre en péril pour une paire de fesses trop aguicheuses et juvéniles. Heureusement pour elle, le corellien avait toujours eu au contraire un certain goût pour les femmes entre deux âges, ce qui était donc parfaitement convenable tant que cela n’empiétait pas sur leur vie professionnelle.

« En plus t’étais là, je faisais de la figuration … Comme aujourd’hui tiens. »

« Tu sais pertinemment que ta présence est essentielle. »

« Oui, oui, pour ne pas donner l’impression que tu tires toutes les ficelles, je sais. N’empêche qu’écouter les délégués débattre d’un truc sur lequel on est tous d’accord, j’vois pas l’intérêt. Surtout quand cette beauté twi’lek repartait sur sa planète le lendemain … »

« Change de métier mon vieux, si les discussions stériles ne t’intéressent pas. »

L’ironie mordante de sa réplique n’échappa pas à l’humain, qui se contenta néanmoins de grommeler dans sa barbe pour la forme. En vérité, Ress savait pertinemment que l’homme n’en pensait pas moins et qu’il faisait tout ce cirque simplement pour donner le change, en grand amateur d’esbrouffe qu’il était. C’était quasiment un jeu entre eux, de se taquiner de la sorte. Ils avaient tout vécu ensemble, et s’il leur était arrivé d’être en désaccord, voir fut un temps de se livrer un combat sans merci pour les rênes de la CRT, leur opposition avait toujours été dans le cadre de leur syndicat et sur ses orientations. Altas était de la vieille garde, plus conservateur sur les méthodes, moins soucieux des apparences aussi. C’était un militant à l’ancienne, qui n’avait que peu de goût pour la négociation discrète et les ronds-de-jambe. Lui aimait la joute, le combat, la sueur le sang et les larmes, en quelque sorte. Et à cause de ça, ils se complétaient parfaitement, et aujourd’hui, l’humain le reconnaissait sans mal, conscient que la balosar avait élevé leur organisation plus haut qu’il n’aurait jamais été capable de le faire. L’âge et la maturité avait fait le reste, de même que la perte de plusieurs de leurs camarades, dont Elan. Après son assassinat, le corellien avait été le premier soutien de la sénatrice, l’épaulant au mieux, partageant son deuil douloureux et la convainquant de prendre les meilleures dispositions pour sa fille, et rien que pour cela, elle lui était infiniment reconnaissante, tout comme il ne manquait jamais une occasion de rappeler qu’elle avait réussi à le sortir de prison.

« Nan, je risquerais de louper les bons moments. Et les occasions de faire du tourisme. »

La fausse nonchalance de l’humain ne la laissa pas dupe : Altas ne se retirerait que quand il serait cloué sur un lit d’hôpital par la démence sénile. Il était bien trop impliqué dans leurs combats pour arrêter. Mais il aimait se donner cette image de faux dur, de méchant indifférent, embarrassé peut-être par sa trop grande humanité et son soucis ineffable de l’autre. C’était le premier à lancer une collecte pour un camarade dans le besoin, le premier à prendre des nouvelles, le premier toujours à donner de sa personne pour la cause … Elle savait par exemple que les récents événements sur sa planète le troublaient profondément, et qu’il avait fait un voyage sur Corellia pour activer tous les réseaux protestataires et tenter de prendre la température avant de déclencher des actions plus directes, même s’il avait d’ores et déjà pris contact avec les mouvements les plus radicaux. Nul doute d’ailleurs qu’il était à l’origine de certaines actions destinées à jauger le nouveau gouvernement, ou plus exactement la nouvelle dictature. Après tout, Ress ne connaissait que trop bien ses méthodes et pour cause : elle avait exactement les mêmes.

« Tu vas être servi … Déjà qu’on fait apparemment le tour de cette planète … »

« Eh, au moins, on évite la réunion dans leur palais. Trop d’aristos dans le même coin et je meurs moi ! »


Une fois de plus, Ress soupira d’amusement, ne connaissant que trop bien le couplet égalitariste d’Altas. Non pas qu’elle ne le partageât pas. Au fond, si elle s’écoutait, la République en aurait fini depuis bien longtemps avec ces castes et privilèges d’un autre âge. Pour autant, en raison de l’histoire troublée de sa planète et des menaces récurrentes de mise sous tutelle de Balosar, elle devait admettre qu’imaginer un organe central lui dicter la manière de conduire son gouvernement l’aurait pour le moins agacé. Ce n’était pas la bonne méthode. En bonne démocrate un brin idéaliste, elle estimait que le dialogue et l’encouragement du peuple menait naturellement les régimes à s’assouplir pour adopter peu à peu de nouvelles méthodes de leadership. Aussi sa position était plus modérée, et elle était capable de voir par-delà les titres si la valeur de la personne était suffisante. Sinon, elle ne se serait pas associée avec Jeresen Fylesan.

Ce dernier serait présent à leur petite réunion, en toute logique. La pensée de sa tête en apprenant le changement de programme décidé à la dernière minute par Sobée Yorshka ne manqua pas de la faire sourire quelques secondes. Ress devait admettre que l’idée était un brin incongru, mais elle avait suffisamment été baladée de salles obscures en sous-sol du temps de son passé d’activiste pour ne plus se braquer à propos d’un revirement intempestif, ni d’un lieu relativement improbable. Elle avait bien tenu des réunions dans des usines, alors des mines … Pourquoi pas. Il y avait un début à tout. Le pourquoi du comment l’intriguait néanmoins, car protocolairement, c’était quelque peu cavalier. Etait-ce un moyen d’avoir plus de discrétion ? De se dissocier de la famille régnante ? De les jauger ? Elle le saurait bien assez tôt.

Enfin, ils arrivèrent, et Altas sortit le premier en grognant pour s’étirer, tandis qu’elle-même ramassait soigneusement ses dossiers et les fiches préparatoires éparpillées. Apparemment, elle était arrivée en premier, même si la navette d’Alsakan ne mit pas longtemps avant de se poser à son tour. Elle fit donc un signe à son comparse d’attendre, et vit émerger Jeresen Fylesan accompagné de celui qu’elle reconnut comme Jonn, qu’elle avait entraperçut lors de leur premier véritable tête à tête à l’opéra de Coruscant, ainsi qu’une charmante créature féminine, ce qui lui fit froncer légèrement les sourcils, avant qu’elle ne se reprenne, étonnée par cette manifestation réflexe de jalousie. Voilà qui ne lui ressemblait guère, encore plus pour une vulgaire affaire d’un soir … Bon, il était temps d’arrêter de se laisser distraire par ces pensées aussi idiotes qu’inopportunes. Le sénateur avait bien le droit de s’entourer de qui il voulait, et en plus, sauter les secrétaires n’était pas son genre. Enfin qu’est-ce qu’elle en savait ? Argh, non, concentration ! Et en plus le bougre ne l’aidait pas, avec son regard caressant.

« Bonjour, Monsieur le Président. »

« Ah, notre Président … Eh, ça doit vous faire tout drôle un titre pareil ? »

Le coup de coude qu’Altas reçut dans les côtes lui rappela que l’humour subversif n’était peut-être pas le mieux pour entamer une conversation, aussi celui-ci ajouta précipitamment :

« Hum, Altas Porter, Vice-Secrétaire du CRT. »

Les présentations faites, tous se mirent en marche, Ress et Jeresen légèrement en retrait. L’humain vint d’ailleurs lui glisser à l’oreille quelques plaisanteries, auxquelles elle répondit d’un ton léger :

« Bien sûr, d’ailleurs, vous êtes notre caution non-syndicale, cher sénateur. »

La discussion redevint sérieuse, et elle approuva ses dires :

« En effet. J’ai mis quelques addendum de dernières minutes, mais l’ensemble me semble suffisamment solide pour passer l’épreuve du feu. »

Sa dernière demande, en revanche, la laissa perplexe. Elle ne voyait pas vraiment de quoi ils devraient discuter qui n’était pas déjà sur la table. Peut-être avait-il des nouvelles particulières à lui transmettre ?

« Si tu veux, je n’ai pas un besoin urgent de repartir immédiatement. »

Déjà, ils arrivaient dans la salle de réunion, et tous s’installèrent puis se présentèrent, la routine de toute tractation diplomatique. Jeresen entama les démarches, mais parut décidé à lui laisser exposer le sujet du jour, ce qui lui convenait parfaitement. Après tout, c’était elle qui avait établi en premier le contact avec la représentante d’Impératrice Têta. Restait maintenant à conclure, finalement, comme aurait dit Altas …

« Merci pour cette introduction, Sénateur Fylesan.

Bien, il est, je crois, inutile de nous perdre en longues circonvolutions qui ne sont jamais d’une grande utilité quand nous savons tous autour de cette table pourquoi nous sommes réunis aujourd’hui.

La sénatrice Yorshka ici présente m’a expliqué longuement son souhait d’effectuer un rapprochement entre Impératrice Têta et l’Union Galactique des Systèmes Solidaires. Si nous sommes ici, c’est donc pour mener à bien ce rapprochement qui serait, je le pense, des plus fructueux pour l’ensemble des partenaires impliqués et présents aujourd’hui pour ces négociations. Néanmoins, il me semble judicieux de savoir si votre décision est bien prise, Sénatrice, ou si vous désirez soulever des points qui auraient pu être laissés de côté pendant notre entretien.

Ainsi, nous aurons rapidement une direction claire pour cette discussion. Sachez que pour notre part, tout est sur la table. Vous connaissez nos engagements, nos idéaux, et je vous ai transmis nos projets commerciaux et de développements communs, que nous pouvons bien sûr amender selon vos désirs et votre envie de participer à leur réalisation.

Mais de grâce, n’imitons pas les errements de la Rotonde et soyons précis : êtes-vous, en l’état, intéressée pour adhérer à l’UGSS au nom d’Impératrice Têta et construire un avenir commun avec nos peuples, dans l'intérêt de ces derniers ? »

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